EURAQUILON

Vent de «typhon», c-à-d, en tourbillon, qui emporta au large de laCrète, vers le S.-O., le navire où se trouvait saint Paul (Ac27:14), alors que les pilotes avaient compté longer la côte S. decette île, de Beaux-Ports à Phénix, en direction O.-N.-O., grâce àune brise du S. (verset 8-13). Ce mot d 'euraquilon, rare et hybride, provient sans doute duvocabulaire souvent hétéroclite des marins levantins: il combine lelatin Aquilo, vent du N., avec le grec Eurus, mauvais ventd'hiver du S.-E, (figuré sur la Tour des Vents à Athènes par un jeunehomme barbu drapé d'un grand manteau: fig. 85); combinaison désignantdonc un vent violent d'entre N.-E, et E.-N.-E. C'est ainsi que diversauteurs emploient les mots composés analogues: Euronotus = Eurus et Notus (Isidore), ou Eur oauster--Eurus et Auster (Pline l'Ane,Colu-melle), le Notus comme l' Auster étant le vent du S.; deux combinaisons désignant un vent de S.-S.-E. Quelques manuscrits ont: euroclydon, ou euryclydon d'Eurus et clydon =flot agité, ce qui donnerait le sens devent du S.-E, gonflé en ouragan et soulevant les flots. Mais cesmanuscrits, peu nombreux, ont moins d'autorité que tous les autresqui portent euraquilon; leur leçon marque probablement le desseind'expliquer par un terme plus littéraire le mot barbare original. Eneffet, il fallait un vent de N.-E., tombant en trombe des montagnesCretoises, de plus de 2.000 m. d'altitude, pour pousser le bateau deBeaux-Ports vers l'île de Clauda (verset 16 et suivant) et pour faireensuite redouter l'échouage sur les bancs africains de la Syrte(verset 17), fort loin au Sud-O, de la Crète. Une fois entraînés àune grande distance de l'île montagneuse, les navigateurs, dansl'impossibilité de s'orienter pendant plusieurs jours (verset 20), nepeuvent observer le changement de direction du vent, qui devait lesfaire remonter dans le N.-O., jusqu'à Malte, en deux semaines (verset27 et suivants); c'était alors l'Eurus proprement dit, soufflant du S.-E.Jn L.