ESDRAS

1. L'un des principaux artisans de la restauration de lacommunauté juive à Jérusalem, après l'exil babylonien, au V e siècleav. J.-C. Son oeuvre est racontée dans les livres bibliques d'Esdras(Esd 7-10) et de Néhémie (Ne 8 à Ne 9). La tradition biblique. Esdras, fils de Séraja, prêtre et scribe«versé dans la Loi de Moïse», vivait en Perse. Le roi Artaxerxès Ier(465-424 av. J.-C), la septième année de son règne, lui donnel'autorisation de retourner à Jérusalem et lui confie une doublemission: s'informer de l'état, moral et religieux de Jérusalem et yporter les présents en or et en argent faits par le roi, sa cour etles Juifs de la province de Babylone (Esd 7:10-26). Esdrasemmène avec lui une troupe d'exilés, parmi lesquels de nombreuxprêtres et fonctionnaires du temple; il est investi par le roi despouvoirs civils les plus étendus (Esd 7:25). Il réunit sa troupeau bord du fleuve (ou du canal) «qui coule vers Ahava». Le voyage,préparé par le jeûne et la prière, dure quatre mois et s'accomplitsans obstacle; les voyageurs arrivèrent en août 458 àJérusalem (Esd 8:21-32). Après trois jours de repos, Esdrasremit au prêtre Mérémoth les présents qu'il apportait, offrit à Dieuun important sacrifice, et transmit aux satrapes et aux gouverneursles ordres du roi (Esd 8:33-36) Esdras rencontra de grandes difficultés à Jérusalem, où les Juifsrésidents s'étaient relâchés de la fidélité à la Loi, et voyaient demauvais oeil ces nouveaux venus, animés d'un grand zèle religieux. Enapprenant que beaucoup de Juifs imitaient les abominations» despaïens et avaient épousé des étrangères, il en ressentit une profondeaffliction, qui s'exprima dans une prière d'humiliation (Esd 9).Il convoqua une grande assemblée du peuple et obtint, malgré unecertaine opposition, le renvoi de toutes les femmesétrangères (Esd 10). On peut se représenter les douleurs et lesdéchirements causés dans les familles par une mesure aussi rigoureuse. Après cela, Esdras entreprit la réforme du culte (Ne 7:73-9:37).En automne, le premier jour du septième mois (tisri)d'une année qui, d'après le texte biblique (Ne 5:14), serait l'an444 av. J.-C., Esdras, avec l'aide de Néhémie, qui l'avait rejoint,convoqua une solennelle assemblée du peuple sur la place devant laPorte des Eaux (Ne 8:1), et lut, du haut d'une estrade, pendanttoute une matinée, «le livre de la loi de Moïse, prescrite parl'Éternel à Israël», tandis que des lévites l'expliquaient au peuple.Cette «loi de Moïse» ne peut être la loi solennellement lue parJosias dans des circonstances analogues (2Ro 22:11), et quicorrespond à De 12-26 (voir Deutéronome). A juger par l'effroiqu'elle produit, ce doit être une loi nouvelle. Cette loi n'est pasnon plus la Loi-Pentateuque, car les parties anciennes du Pentateuque(J et E), que connaissait bien le peuple, ne l'auraient pas effrayéet affligé (Ne 8:9); le livre d'Esdras ne devait pas être aussiétendu. Il comprenait cette partie de la Loi que l'on appelle le CodeSacerdotal ou P (voir Pentateuque), car c'est ce code qui renfermeles parties les plus ritualistes de la loi, celle qu'Esdras met envigueur. Il peut avoir rédigé ce code pendant qu'il était encore enPerse ou depuis son retour à Jérusalem. Ce livre reçut encore denombreuses adjonctions dans la suite. L'impression solennelle causée par la lecture de la Loi futtempérée par la célébration de la fête des Tabernacles ou des Huttes (Soukkôt), que la Loi ordonnait de célébrer dans ce septièmemois. Tous les toits des maisons et toutes les places de la ville secouvrirent de rameaux et de verdure, et il y eut de très grandesréjouissances (Ne 8:17). Le vingt-quatrième jour du même moiseut lieu un jeûne solennel avec confession des péchés par le peupleet prière d'Esdras (Ne 9). La Bible ne nous dit rien sur lasuite de l'activité d'Esdras ni sur sa mort. Nous ne savons pas s'ilest resté à Jérusalem ou s'il est retourné en Perse. Critique de la tradition. Quelques historiens ont mis en doute lavaleur de la tradition biblique et même la réalité historiqued'Esdras. Constatant que «les Mémoires d'Esdras», comparés aux«Mémoires de Néhémie», sont très impersonnels et ne consistent guèrequ'en prières (Esd 7:27 9:6,15), en listes de noms (Esd8:1-20 10:16-44), ces auteurs en tirent la conclusion que lesMémoires d'Esdras ne sont qu'une imitation artificielle des Mémoiresde Néhémie, et qu'Esdras ne serait qu'un personnage imaginaireinventé pour glorifier les scribes et donner la première place, surNéhémie le laïque, à un prêtre. Cette conclusion radicale ne nousparaît pas suffisamment prouvée. Il paraît plus juste d'admettre quele véritable ordre chronologique n'a pas été suivi par la Bible et desupposer que Néhémie est revenu avant Esdras à Jérusalem. En effet,on remarque que le nom d'Esdras n'apparaît jamais dans les Mémoiresde Néhémie, pas plus que dans les listes détaillées de ceux qui onttravaillé à la réfection des murs (Ne 3), et qu'Esdras, dans saprière (Esd 9:9), s'exprime comme si ces murailles étaientrebâties. Les nombreuses réformes entreprises par Néhémie (Ne11 à Ne 13) s'expliquent mal après la solennelle réformationd'Esdras (Ne 8-9). Pour ces raisons, et pour d'autres d'ordrelittéraire, la chronologie des livres bibliques doit être modifiéedans le sens que nous avons indiqué (voir art. suiv.). La difficulté est de fixer des dates précises. Les uns proposent,au passage Esd 7:8, de lire, au lieu de «la 7 e année», la 27 eou même la 37 e année, en voyant dans le roi perse Artaxerxès I er(voir plus haut), ce qui donnerait pour la proclamation du CodeSacerdotal la date de 438 ou celle de 428 av. J.-C. Les autresproposent de voir, dans l'Artaxerxès de ce verset, Artaxerxès IIMnémon (404-359), ce qui ferait descendre la date de la 7 e année à397. Au point de vue psychologique, la succession «Néhémie puisEsdras» est plus naturelle que la succession inverse. Néhémie seraitrevenu le premier à Jérusalem, aurait relevé les murailles,réorganisé la communauté, et préparé ainsi l'oeuvre d'Esdras, qui futavant tout religieuse et morale. Aug. G. 2. Chef de famille en Juda (1Ch 4:17). 3. Ancêtre d'une famille qui revint de l'exil avecZorobabel (Ne 12:1,13,39); on l'identifie avec Azaria de Ne10:2.