Le livre des Actes (Ac 17:18) rapporte que «quelques philosophesépicuriens conféraient avec l'apôtre Paul» à Athènes. Ces Épicuriensétaient les disciples du philosophe Épi-cure, fondateur d'une École,à Athènes, vers 306 av. J.-C. Cette doctrine philosophique serépandit bientôt dans tout le monde gréco-romain, si bien qu'au I ersiècle de notre ère, elle était, avec le stoïcisme, l'une desdisciplines morales et intellectuelles qui se partageaient lesesprits. Les principales affirmations de l'École épicurienne sont lessuivantes: 1° La sensation est la source de toute connaissance.Le monde est constitué par des éléments qui se meuvent dans le vide,en nombre infini: les atomes. Par un mouvement d'inclination (cli-namen) qui leur est propre, ces atomes, en s'agglomérant,finissent par constituer l'ensemble des choses et des êtres. 2° Au point de vue moral, la question suprême estcelle du souverain bien. Épicure le place dans le plaisir (hédonisme). Les plaisirs n'ont pas tous la même valeur.Au-dessus des satisfactions matérielles et instables, existe unplaisir stable, auquel on parvient par l'ataraxie: l'absence dedouleur. Pour que ce plaisir ne demeure pas négatif, toutes lesvertus doivent concourir à dispenser au sage une vie exempte desoucis et de crainte; vivre dans cette parfaite tranquillité, c'estla félicité véritable. Cet hédonisme a été rapidement incliné vers un plaisir uniquementsensuel: la volupté et les jouissances plus ou moins grossières ontalors remplacé le plaisir désintéressé et d'une qualité supérieureque prônait Épicure. Au I er siècle, cette interprétation sembledominer (cf. Horace), et épicurien devint, dans le langage familier,synonyme de jouisseur. Il serait injuste d'en faire remonterl'origine à Épicure et à Lucrèce, son disciple latin, dont le poème de Natura Rerum constitue l'exposé le plus beau et le pluscomplet de la doctrine épicurienne. 3° Enfin, religieusement, les Épicuriens n'admettentpas un Dieu suprême: ils ont contribué ainsi à ruiner l'anciennereligion. Les dieux, qu'on ne doit ni craindre ni révérer, étanteux-mêmes le produit des atomes, n'exercent aucune action sur legenre humain. L'homme est donc le maître de sa destinée: en selibérant des craintes et de la servilité religieuses, il atteindra lavéritable sagesse. BIBLIOGRAPHIE --Textes dans Usener, Epicurea, 1887, et leséditions de Lucrèce. Sur Épicure et sa doctrine: Gomperz, lesPenseurs de la Grèce (Paris 1910); Brochard, Études (Paris1912); Bréhier, Histoire de la philosophie, vol. I (Paris 1928);Solovine, Épicure, doctrine et maximes (Paris 1927). P.-G. Ch.