Art. L'originalité de l'Egypte est particulièrement frappante dans lesmanifestations de l'art, où elle se révèle indépendante de touteinfluence étrangère. Dès ses débuts, le peuple de la vallée du Nilmontre une tendance à donner aux moindres objets de belles lignes,des formes pures et, dès qu'il est en possession de matières dechoix, il fait preuve d'aptitudes particulières à y adapter lestechniques voulues. L'art paraît une qualité innée de la raceégyptienne et non le privilège de quelques-uns: un goût très sûr,très viril se manifeste aussi bien dans les grands monuments que dansles objets les plus humbles, ne sacrifie jamais la beauté del'ensemble à l'exagération du décor, mais ne sort pas des cadresstéréotypés. Chaque artisan a en lui l'étoffe d'un artiste, maisaucun n'a le génie nécessaire pour trouver une formule nouvelle; il ya eu parmi eux des ouvriers incomparables qui ont laissé deschefs-d'oeuvre de noblesse, de puissance et de sentiment aussi bienque de technique, dignes d'occuper une des premières places parmi lesproduits de l'art de l'humanité, mais qui restent toujours dansl'esprit de la tradition. Les véritables créateurs de l'art égyptiensont perdus dans la nuit des temps; ils ont créé sans subir aucuneinfluence étrangère et leurs successeurs se sont toujours gardés defaire le moindre emprunt aux arts des peuples voisins. Les idées religieuses et les croyances funéraires ont activé leprodigieux développement de la sculpture et de la peinture, dont lebut principal était la reproduction de la figure humaine dans sonessence plutôt que dans ses infinies variations. Le choix de quelquesattitudes simples donnant l'impression du calme et de la sérénité, larecherche de la pureté des lignes, la stylisation harmonieuse desformes sont les caractéristiques de la statuaire qui, en plus decela, cherche à marquer la personnalité du sujet par un travail trèspoussé de la tête: nulle part ailleurs on ne retrouve une impressionaussi parfaite et aussi intense de la vie que sur certaines figureségyptiennes. Les reliefs et les peintures, destinés à couvrir degrandes surfaces, obéissent aux mêmes lois, et en plus à celle del'équilibre des masses, qui donne à ces tableaux une allure sidécorative et si familière, malgré certaines conventions du dessin,contraires au sentiment classique de la perspective, conventions quin'ont pas varié pendant toute la durée de l'empire pharaonique. L'architecture est plus dépendante que la peinture et lasculpture de l'évolution industrielle et des circonstances politiqueset sociales; elle subit au cours des siècles une série detransformations suivant les besoins et les possibilités, mais cesvariations successives se produisent dans la même ligne directrice etsans aucun emprunt étranger. Nous suivons l'enchaînement des grandesphases de cet art, l'apparition soudaine d'une architecture de pierreparfaite en sa technique et en ses formes, pour remplacerl'architecture en briques crues, puis ses fluctuations, l'adoptiondes mégalithes, le retour à des matériaux plus maniables, ledéveloppement toujours croissant du décor mural. Techniquement, aussibien que dans la disposition intérieure et extérieure des édifices,tout est original dans l'architecture égyptienne, dont la création laplus intéressante est celle des supports, des colonnes floralessurtout, qui donnent aux monuments antiques de la vallée du Nil leuraspect si caractéristique. Les arts mineurs vont de pair avec leurs aînés, dont ils suiventles traditions de sobriété, d'élégance et de belle tenue.