EGYPTE (3)

Langue. On considère, à juste raison, la langue d'un peuple comme son indicele plus caractéristique. L'ancien égyptien se présente à nous avec unvocabulaire entièrement différent de celui des autres langues,composé de racines monosyllabiques, tandis qu'au point de vuegrammatical on remarque certaines affinités avec les languessémitiques, en particulier dans l'emploi des suffixes, dans quelquesformes de la conjugaison et même dans les noms de nombre. Cesparticularités dénotent des apports orientaux à une époque trèsancienne, alors que la langue était encore en voie de formation, etnon pas une origine commune; l'égyptien, malgré ces apparences, n'estnullement une langue sémitique, et peut tout au plus se rapprocher durameau hamitique, c-à-d, d'un groupe de langues, relativementrécentes, du Nord-Africain. Cette langue s'exprime au moyen d'une écriture pour le moinsaussi originale que la langue elle-même: le système hiéroglyphique,qui n'a de commun avec celui de Babylonie que le principepictographique, s'est développé conformément au sens artistique de larace égyptienne pour donner dès le début de l'ère historique uneécriture monumentale d'une grande pureté de style qui contribue pourbeaucoup à la décoration des édifices. Ce système assez compliqué, où se combinent les signesphonétiques et les idéogrammes, a donné naissance à une écriturecursive, plus appropriée à toutes les nécessités de la vie que leshiéroglyphes et qui n'en est qu'un dérivé direct; cette écriture,dite hiératique, est celle qui a été employée pour la plupart desdocuments littéraires, scientifiques, juridiques ou administratifsqui nous sont parvenus. L'écriture démotique, en usage aux bassesépoques, n'est autre qu'une nouvelle simplification de l'hiératique. C'est très probablement des hiéroglyphes ou de l'hiératique quedérive l'écriture phénicienne, et par suite tous les alphabets grecset sémitiques, mais la filiation n'est pas encore clairement établie.