Étymologiquement, dans le grec comme dans l'hébr., ce mot exprimel'idée d'oppression, d'angoisse. On le traduit aussi par tribulation,douleur, persécution ou même supplice (voir dans 1Ro 22:27 etDe 16:3 le mot sinistre: «pain et eau d'affliction»).L'affliction s'entend aussi bien au sens actif qu'au sens passif,d'une action exercée comme d'un état éprouvé. L'homme échappe bien rarement à l'affliction. Les Ps 22 Ps 73expriment d'une manière émouvante cet aspect de notre destinée.Aucune désespérance ne s'y marque cependant. Le Ps 37 reflète lacalme assurance du croyant qui sait que Dieu n'abandonne jamais sesfidèles: si le juste a des maux en grand nombre, l'Éternel l'endélivre toujours (Ps 34:20,2Sa 4:9,Esa 25:4 30:20). N'entrouve-t-on pas maintes preuves dans la vie des hommes de Dieu, parex. un Joseph, un Job, un Daniel? (cf. Ac 7:10,Jas 5:11 etc.) La conscience de l'Israélite s'est longtemps satisfaite enaffirmant que tout, même la souffrance, venant de Dieu (Ps 88)et d'un Dieu saint, l'affliction ne pouvait atteindre que leméchant (Job 8:20,Ps 32:10 etc.). Trop de faits, et tropcertains, devaient ébranler cette assurance. L'âme croyante finit parse demander: pourquoi le juste souffre-t-il? L'Ecclésiaste se pose laquestion et n'échappe à la tentation du scepticisme (Job 8:149:2) qu'en affirmant que le bien de l'homme est dans l'obéissanceaux commandements de Dieu (Job 8:12 12:3 etc.). Le livre de Jobreprésente un effort pathétique pour résoudre le problème. Sansprétendre apporter une formule définitive, l'auteur montre dansquelle direction il faut chercher la solution et met l'accent sur desvérités essentielles: la justice de Dieu est au-dessus de tous nosdoutes, ses actes peuvent rester mystérieux, son infinie sagessedisposer de moyens qui nous échappent, un jour viendra où, après tantde souffrances et de dépouillements, notre âme le verra; dèsmaintenant il faut nous assurer en Lui par une expériencevivante (Job 4:17 19:25-27,28 42:1-6 etc.). Le livre desLamentations, dans une époque d'afflictions publiques, fait entendreune note analogue: il est bon d'attendre en silence le secours del'Éternel (La 3:26). L'enseignement du N.T. prolonge celui de l'A.T. Jésus ne pouvaitpas ne pas rencontrer ces troublantes questions. Il ne les a pas longuement discutées. Il nous a laissé desdéclarations souveraines qui éclairent et rassurent (Mt 13:2818:14). Il a voulu détourner ses disciples des vaines spéculationspour les amener à rentrer en eux-mêmes. Quel serait leur sort si lajustice de Dieu s'exerçait à leur égard? Ne leur convient-il pas,avant tout, de se repentir et de se donner? (Lu 13:15,Jn 9:1-3)Cependant, pour le disciple du Christ en particulier, l'affliction aquelque chose de fatal. Elle naît de l'opposition entre l'idéalauquel il s'efforce de se conformer et la réalité mauvaise du mondeoù il vit: dans la mesure où il voudra servir son Maître, il seheurtera à l'opposition des hommes (Mt 24:9 10:24 et suivantsMat 24:21,29). Des prédictions analogues se retrouvent dans lesépîtres et dans l'Apocalypse (1Co 7:28,2Co 1:8 2:4,1Pi 4:12,Ap 2:10 etc.). Quelle doit être l'attitude du chrétien dans l'affliction? Jésuset les apôtres se rencontrent dans l'affirmation de la même loi. Lechrétien ne se venge pas, car à Dieu seul appartient la rétribution(Ro 12:19,2Th 1:6,Ac 20:23,Ap 2:22,Ro 2:9, cf. Mt 5:44,etc.); mais il fait l'expérience des magnifiques compensations quel'affliction apporte avec elle: c'est par elle qu'il nous faut entrerdans le Royaume (Ac 14:22, cf. Jas 1:12). Il y a unebénédiction dans les larmes (Mt 5:4). Dans l'ordre normal deschoses, acceptée et comprise comme elle doit l'être, l'afflictionproduit des fruits qui sont: le courage (1Th 3:3,Eph 3:13,Heb10:32,Mt 13:21), la patience (Ro 12:12,2Co 6:4,2Th 1:4,Jas5:10), la joie (2Co 7:4 8:2,Jn 16:21 et suivant, 1Th1:6,1Pi 3:14 4:14,Heb 12:11). Dans les pires extrémités, l'enfantde Dieu se sentira uni à tous ceux qui passent par les mêmestribulations que lui (1Pi 5:9,Ro 12:5,Heb 13:3); il deviendracapable d'un ministère de consolation (2Co 1:3-7); il communieraavec le Christ souffrant et triomphant et sera soutenu par la visionde la gloire a venir (2Co 4:17 et suivant). Vers la fin de sacourse, saint Paul éprouvait la sainte ambition de s'associer à laPassion de son Sauveur (Col 1:24, cf. 1Pi 4:13) et leSeigneur lui-même a dit: «Vous aurez des afflictions dans le monde;mais prenez.courage, j'ai vaincu le monde!» (Jn 16:33). E. P.