DISCIPLINE SPIRITUELLE

Discipline que le croyant s'impose afin d'exercer sa foi et dedévelopper sa piété. L'expérience nous apprend en effet que nous nepouvons compter sur les mouvements spontanés de notre coeur pourréaliser nos bonnes intentions. Notre attention est inévitablementdétournée des vérités auxquelles nous adhérons en esprit, il nous lesfaut donc ramener dans le champ de la conscience par un effortpériodique. De là la nécessité de règles spirituelles que le fidèlese fixe spontanément ou qu'il reçoit de la tradition. Comme exemple de règle imposée par la tradition, il faut citerl'institution du sabbat. Elle a été la pierre d'assise du judaïsmedans les temps tragiques de l'Exil et dans les épreuvespostérieures (Ex 20:8-11,No 15:32-36,Esa 56:2-7 58:13 etsuivant). L'institution des fêtes religieuses, qu'elles soient juivesou chrétiennes, s'explique également par la nécessité de ramenerpériodiquement l'attention des fidèles sur les vérités fondamentalesde la religion. Rappelons l'institution de la Pâque juive et toutesles exhortations à se souvenir des délivrances passées (De 8 et16,Le 23). Dans l'Évangile on peut citer comme éléments de disciplinespirituelle les recommandations de Jésus sur la prière, la récitationdu «Notre Père», l'institution de la sainte Cène surtout, avec larecommandation: «Faites ceci en mémoire de moi» (Mt 26:17-29,Mr14:12-25,Lu 22:7-20,1Co 11:23-26). Le livre des Actes nous montreles premiers chrétiens fidèles aux pratiques juives, y joignant lafraction du pain (Ac 2:42-47). Dans les épîtres la plupart desprescriptions concernent la discipline morale; cependant lesexhortations répétées à l'intercession, à l'action de grâces, à lalouange rappellent bien la nécessité d'une discipline spirituelle(Eph 5:19 et suivant, Col 3:16 et suivant, 1Th 5:16,Jas5:13-18). Les Églises protestantes ont réduit au minimum les commémorationset les pratiques obligatoires. On les trouve dans les engagementsproposés aux catéchumènes lors de leur confirmation. Elles engagent àla prière quotidienne, à la lecture régulière de la Bible et à lapratique de la sainte Cène, mais laissent au fidèle le soind'approprier ces prescriptions à sa condition et à ses capacités. Il ne suffit pas de fixer les heures et la durée de la méditationet de la prière. Comment développer par exemple notre reconnaissanceenvers Dieu sans quelques pratiques propres à y ramener notre coeur,naturellement oublieux et ingrat? Comment «apprendre à être content»sans une discipline spirituelle appropriée? Comment pratiquerfidèlement l'intercession sans ordre ni méthode? Pour le repentirlui-même, l'acte qui exige apparemment le plus de spontanéité, nefaut-il pas prévoir des échéances régulières si l'on veut entreteniren soi l'humilité chrétienne? Les vérités les plus élémentairestelles que la présence de Dieu, la communion avec Jésus souffrant,l'assurance du salut, l'excellence de la charité, seront sans effetsi nous ne trouvons pas le moyen de les ramener régulièrement dans lechamp de notre attention. En fait, il n'est aucune doctrineessentielle, aucune forme de l'idéal chrétien qui n'ait suscité unediscipline spéciale et qui par suite n'ait provoqué (sous formed'ordres religieux, de sectes, de confessions particulières) desgroupements de fidèles animés d'une ambition identique. Les pratiques les meilleures ne produisent pas nécessairement leseffets attendus. La paresse spirituelle que l'on a voulu vaincre parune discipline rigoureuse se glisse dans l'observance elle-même etdevient formalisme ou légalisme. Il arrive qu'on ne prie plus pourobtenir le secours de Dieu, mais pour «avoir prié», c-à-d. pour êtreen règle. De là la nécessité des «Réveils», qui vivifient lespratiques ou les rejettent pour en créer de nouvelles. La discipline spirituelle peut être considérée comme une desformes de l'ascétisme, terme qui englobe toutes les pratiquesemployées pour vaincre la matière et la soumettre à l'Esprit. On peuttrouver une description de l'ascétisme et même sa définition dans1Co 9:24-27. Voir Jeûne. Gab. B.