Prélèvement de la dixième partie du revenu, destiné à être consacré àDieu. Cette pratique est fort ancienne, et antérieure à l'histoired'Israël. Beaucoup de peuples, de race indogermanique aussi bien quesémitique, offraient à leurs divinités le dixième des troupeaux, desproduits du sol et du butin de guerre. Dans l'A.T., la Loi de Moïse réglemente cet usage déjà mis enpratique par les patriarches (Ge 14:20 28:22, cf. Heb7:1-10). L'idée qui l'inspire est que l'Éternel est le possesseursuprême du sol, de tout ce qu'il produit, et de ce qui vit à sasurface. Chaque Israélite, considéré comme fermier de l'Éternel, doità son maître et propriétaire la dîme des produits du sol et dubétail. L'Éternel a droit à la dîme (Le 27:30-32). A ce principefondamental s'ajoutent: 1° une idée de propitiation ; si le possesseur dusol ne reçoit pas son dû, sa faveur et sa bénédiction feront défautdans la suite; 2° une idée plus morale, de reconnaissance pourles bénédictions reçues. Selon la Loi, la dîme était perçue et affectée à l'entretien desLévites, comme compensation du fait qu'ils n'avaient reçu aucune partdans la distribution du territoire (No 18: et suivants); ils lapercevaient au nom de l'Éternel et, à leur tour, ils devaient donneraux prêtres la dîme de ce qu'ils recevaient, «la dîme de ladîme» (No 18:25-32). D'après les prescriptions assez différentes duDeutéronome (De 14:22-29 26:12), il semble qu'une partie de ladîme, prélevée chaque année sur les récoltes, était destinée à êtremangée dans une sorte de repas rituel, «devant l'Éternel», dans unsanctuaire; la troisième année, toute la dîme était mise à part pourla nourriture des Lévites, des étrangers, des orphelins et des veuves. Mais on peut se demander, -car ces prescriptions manquent un peu de clarté -si chaque année il n'y avait pas une double dîme, oubien si elle avait lieu tous les trois ans, ou encore si tous lestrois ans la dîme des Lévites était étendue aux indigents et auxétrangers. Il n'est guère possible, d'après les textes, de résoudreces questions. Dans la pratique, la perception de ces dîmes dut souvent êtreassez délicate, et on dut à plusieurs reprises larégulariser (2Ch 31:4-12,Ne 10:37-39 13:4-13,Mal 3:8-10). Ladîme fut considérée en Israël comme un devoir toujours plus essentielavec le temps; les pharisiens, pour qui l'observation littérale de laloi avait une telle importance, donnaient la dîme des herbes mêmes dujardin destinées à la cuisine (Mt 23:23). L'Église primitive laissa de côté les prescriptions légales;pendant les quatre premiers siècles, elle ne reçut que des offrandesvolontaires. La dîme prit peu à peu un caractère obligatoire qui futsanctionné par le deuxième concile de Mâcon en 585. En France, ladîme, imposée au profit de l'Église romaine, ne fut abolie que par laRévolution. Dans les Églises de la Réforme, elle n'a jamais été unerègle et se pratique en général comme une offrande volontaire etreconnaissante. R. de R.