DAN

Premier fils de Jacob et de Bilha, servante de Rachel (Ge 30:6,E; Ge 35:25, P); sa naissance contribua à atténuer l'amertumequ'éprouvait de sa stérilité la femme préférée de Jacob, aussi luidonna-t-elle un nom qui est une exclamation de joie: «Dieu a rendujustice!» Le mot hébreu Dan est en effet apparenté à un verbe quisignifie juger, faire droit. Un prénom de même étymologie retientl'attention: celui de Dina, demi-soeur de Dan, fille de Léa (Ge30:21). L'assyriologie connaît des noms presque identiques: Ashour-dân (Assur est juge), Akou-dana (le dieu Lune estjuge), noms contemporains de Hammourabi. Il doit y avoir là unesource commune; primitivement l'expression correspondait à quelquedivinité ou attribut de nature religieuse: Dan et Dina proviennent dufonds mythique des peuples sémites, mais au temps où la traditionbiblique recueille ces noms, ils ont perdu leur sens symboliqueprimitif. De Dan l'on ne connaît rien de bien saillant; d'après Jos 19:40et suivants son territoire s'étendait à l'Ouest de celui deBenjamin et au Nord-O, de Juda; formé de collines et de plaines, ilétait limité par la mer. En fait, l'occupation se heurta à desérieuses difficultés, créées par la résistance philistine; s'il fautse rapporter à l'allusion de Jug 5:17 qui fait de Dan un peuplede marins, la transformation d'un fils du désert en matelot supposetoute une préparation technique. Rien d'impossible à ce que lespopula-, tions de ces rivages aient servi de modèles aux Danites.D'autre part, Jug 1:34-36 rapporte que les Amoréens repoussèrentDan dans la partie montagneuse du pays; se sentant trop à l'étroit,la tribu émigra en grande partie vers l'extrême N. de Canaan où elleconquit l'ancienne ville sidonienne de Laïs (Jug 18:1-13,27-29),dont le nom fut modifié en celui de Dan (voir art. suiv.). Cettedécision sauva le clan de l'absorption philistine, voire même decelle de Juda, car le tronçon resté dans le S. y fondit sous lapression de ces deux voisins. Le souvenir de la prise de Laïs et du massacre de ses habitantsse complète par celui de l'érection d'un sanctuaire de Jéhovah, enremplacement de celui de Baal jadis dressé au même endroit. Lorsqueles Danites entrèrent en Éphraïm, ils s'emparèrent de divers objetsde culte déposés dans une sorte de chapelle privée appartenant à uncertain Mica (Jug 18:14) et desservie par un prêtre nomméJonathan, fils de Guersom, petit-fils de Moïse; les pillardsobligèrent Jonathan à les suivre et à remplir ses fonctionssacerdotales dans le nouveau sanctuaire de Laïs qui devint célèbrepar la suite. Le déplacement de la tribu ajoute à l'incertitude habituelle desrecensements; d'après les passages sacerdotaux, dont les chiffressont fortement amplifiés, sa population aurait représenté environ les10 pour cent d'Israël, non compris Lévi (No 1:39 26:43). Le seul nom dela tribu du S. qui reste présent à la mémoire est celui deSamson (Jug 13-16). Jug 18:11 compte 600 guerriers danitespour l'enlèvement de Laïs. Ge 46:23 ne connaît qu'un seuldescendant: Husim, appelé Sucham dans No 26:42.Après l'exil, Dandisparaît des listes des tribus (1Ch 2 à 2Ch 9). Lecaractère des Danites est ainsi dépeint: «une vipère sur le sentier,mordant les paturons du cheval» (Ge 49:16 et suivant), «un jeunelion qui s'élance de Basan» (De 33:22). P. W.