CORBEAU

L'hébreu ôreb est certainement un nom générique s'appliquant àtous les Corvidés, nombreux en Palestine: on y compte huit espèces dugenre corvus ; et nous voyons «toutes les espèces de corbeaux»comprises dans l'interdiction de manger cet oiseau, déclaréimpur (Le 11:15,De 14:14). Très carnassières en effet, elles se nourrissent toutes dereptiles ou de rongeurs, et presque toutes éventuellement de corpsmorts. Dans le poème caldéen du Déluge (voir ce mot), par Guilgamès,l'homme lâche de son vaisseau successivement une colombe, unehirondelle et un corbeau; seul celui-ci ne revient pas, comme dans lerécit biblique (Ge 8:7), et il est précisé qu' «il croassa etmangea...» évidemment des charognes sur les eaux. Chez les Grecs, était proverbiale la locution: «être jeté auxcorbeaux». On prétend même, D'après les observations de certainsbergers, que ces oiseaux voraces attaquent quelques fois les bêtesjeunes ou malades en leur crevant les yeux, ce qui expliquerait Pr30:17. Ce passage place les corbeaux au torrent: comme presque tousles animaux des déserts brûlés (Esa 34:11), ils se massentvolontiers dans les défilés des ouâdi, dont les falaises leur offrentdes grottes pour nicher; c'est là que se situe l'histoired'Élie (1Ro 17:4,6) providentiellement nourri grâce à l'instinctpillard de l'oiseau qui, encore aujourd'hui, dérobe des provisionsaux habitations voisines ou aux caravanes de passage. Les idoles sont comparées, pour leur impuissance, aux corneillesqui volent entre ciel et terre. (Lettre de Jérémie 54) Les principales espèces de corbeaux sont remarquables pour lanoirceur de leur plumage; la Sunamite lui compare les beaux cheveuxde son bien-aimé (Ca 5:11); mais cette couleur sombre, jointe àses moeurs rapaces et souvent répugnantes, a contribué à en faire unoiseau de mauvais augure pour les gens superstitieux. Le Talmud dit:«Le corbeau, le chien et le Couchite (nègre) seront noirs à cause deleurs méfaits.» (Traité Sanhédr.). Buffon constate: «Partout on met le corbeau au nombre des oiseauxsinistres, qui n'ont le pressentiment de l'avenir que pour annoncerdes malheurs.» Les croyants ont pourtant su voir en lui un exempleinstructif de la Providence divine (Job 39:3,Ps 147:9), confirmépar Jésus lui-même (Lu 12:24). Jn L.