COMPASSION

Comme la bonté, la compassion de Dieu tient une bien plus grandeplace dans l'A.T. que dans le N.T. car, dans celui-ci, c'est l'amourqui est toujours au premier plan et tout le reste lui estsubordonné. (voir De 30:3,2Sa 24:14,Ps 79:8 103:13,14 116:5119:77,156,Esa 54:8,Jer 12:15,La 3:22,Da 9:18,Os 14:3,Ro 12:1,Jas5:11) La-compassion de Dieu est sa bonté qui s'émeut à la vue de lasouffrance et de l'angoisse des hommes. Dieu sait de quoi nous sommesfaits. Il connaît notre faiblesse, II compatit à nos douleurs. Cetterévélation de la compassion divine dans l'A.T. marque une très grandedifférence entre la religion d'Israël et celle des autres peuples,car c'est déjà un Dieu très près des hommes que nous trouvons ici etnon un Dieu qui reste insensible et sourd à leurs cris de détresse.La certitude de cette compassion donne au fidèle un sentiment deconfiance et de sécurité: il n'est pas seul, perdu dans sa douleur;Dieu le comprend et se tient près de lui pour l'aider et le consoler. La compassion est aussi un sentiment éprouvé par l'homme enprésence de la souffrance de son semblable. Littéralement, compatir,c'est souffrir avec quelqu'un. A vrai dire, il n'est pas possible departager la souffrance des autres, à moins d'être atteint par le mêmecoup. Compatir, c'est donc plus exactement: souffrir de voirsouffrir. La compassion est bien une souffrance réelle, mais produitepar contre-coup, par une sorte d'ébranlement intérieur ou derésonance profonde. «La voyant pleurer et voyant pleurer les Juifsqui l'accompagnaient, Jésus frémit en lui-même et fut tout ému»(Jn 11:38, cf. Mt 9:38 20:34,Lu 10:33). Il faut se garderde confondre, sur le plan humain, la compassion avec la pitié; carcelle-ci implique trop souvent un sentiment de supériorité ou decondescendance de la part de celui qui la ressent, une certainehumiliation pour celui qui en est l'objet. Elle marque ainsi unedistance, un intervalle. Ce qui le montre bien, c'est qu'il ne nousest pas agréable d'être un objet de pitié pour les autres. Nous nedevons donc pas faire à autrui l'injure d'une pitié dont nous nevoulons pas pour nous-mêmes. La pitié ne peut vraiment venir que de Dieu, précisément à causede l'intervalle, de l'abîme qui existe entre sa grandeur et notrepetitesse, entre sa perfection et notre misère. En Lui, compassion etpitié sont une seule et même réalité et c'est aussi bien à l'une qu'àl'autre que nous faisons appel lorsque nous nous écrions: «Seigneur,aie pitié de nous!» Le «Kyrie eleison» (voir art.) est le vrai cri dedétresse de l'âme humaine qui cherche son refuge dans la compassioninfinie de Dieu. Alb. D. Voir Amour, Bonté, Miséricorde.