ABDIAS

Le quatrième des douze petits prophètes, vivait, d'après son uniqueoracle, dirigé contre Édom, à une époque où Jérusalem avait été priseet pillée par une coalition de peuples voisins, dont les Édomitesfaisaient partie. Il leur déclare à tous, mais particulièrement àceux-ci, comme les plus coupables à cause de leur parenté avec lesIsraélites, qu'ils seront abaissés à leur tour. Comme ils prirent unelarge part à la ruine de Jérusalem par Nébucadnetsar (Ps 137,La4:21 etc.), on a cru longtemps que cet oracle fut composé pendantl'exil. Mais rien n'indique qu'à l'époque d'Abdias Jérusalem eût étédétruite, et rien non plus ne suppose la période caldéenne ou perse.De plus, Jérémie a connu et reproduit en partie cet oracle (Jer49:7-22). Joe 2:32 l'a même cité: «Sur la colline de Sion il yaura délivrance, comme l'a dit l'Éternel. » (Cf. Ab 1:17) Or il y eut en effet, avant Joël et Amos, une époque où Jérusalemfut prise et pillée par les Philistins, les Phéniciens et diverseshordes arabes (2Ch 21:16, Joe 3:5, Am 1:6-9). Il est donc biennaturel de placer Abdias peu avant ces deux prophètes. D'autant plusqu'en le mettant à la suite d' Osée et de ces mêmes prophètes, ceux quiformaient le recueil des Douze montraient évidemment par là qu'ils leconsidéraient (avec raison) comme l'un des plus anciens. Seulement,comme son livre est beaucoup plus court, ils le placèrent après lesleurs. Procédé qui a été adopté aussi dans le N.T. pour les épîtresde saint Paul, qui sont rangées d'après leur importance et leurétendue, sans égard pour leur ordre chronologique. Ils auraient pu setromper sans doute, mais on voit qu'il y a d'assez bonnes raisons depenser qu'ils ne se sont pas fait illusion. Il faut considérer aussi qu'il est peu probable que lalittérature prophétique ait commencé chez les Hébreux seulement auVIII e siècle par l'ouvrage d'un berger, un ouvrage remarquable àbien des égards (voir P. Humbert, La religion d'Amos, dans Rev.Laus., 1929); et pourquoi aucune de ces premières productions ne seserait-elle conservée, quand des poésies bien plus anciennes, commele chant de Débora et bien d'autres, sont parvenues jusqu'à nous? Onsait qu'Ésaïe en a cité une relative à Moab. Celle d'Abdias relativeà Édom, son imitation par Joël et sa reproduction par Jérémie avecquelques modifications, n'ont rien de plus surprenant. Il nous estresté de l'ancienne littérature hébraïque plus de monuments qu'unecritique trop sceptique ne veut le croire, pour des raisons parfoisbien insuffisantes.Cf. Histoire critique de la littérature prophétique des Hébreux, etc., par Ch. Bruston, 1881. Les plus anciens prophètes, par lemême, 1907, etc. L'opinion contraire a été adoptée par L. Gautier,Intr. A.T.; P. Fargues, Intr. A.T., etc. Il n'y a aucune raison sérieuse de douter de l'intégrité du textede cet oracle, mais il semble avoir subi au moins une légèrealtération. Ce qui n'a rien de surprenant. Il y en a ailleurs de bienplus nombreuses et plus graves, surtout dans le livre d'Osée,cependant plus récent. Ch. Br.