CIEL

Dans la cosmologie des anciens, en particulier chez les Hébreux, laterre était plate, s'étendant au-dessus du gouffre où descendaientles ombres des morts (voir Hadès), et recouverte par une voûteimmense. Ce dôme, posé sur des piliers plantés à l'extrêmehorizon (2Sa 22:8,Pr 8:27-29), était considéré comme solide,d'où le mot firmament (=ce qui est ferme, solide) qui désigne lavoûte céleste et que nous employons encore. Le ciel, ainsi conçu,c'est la demeure de Dieu et des anges; c'est là que vont les justesaprès leur résurrection. Les Hébreux, comme les autres peuples anciens, croyaient à unepluralité de cieux (De 10:14); la littérature judaïque en comptesept; le plus élevé, Aravoth, contenait le trône de Dieu. Bienque les descriptions de ces différents cieux varient souvent, c'estdans le troisième qu'on plaçait en général le Paradis. C'est jusqu'àcelui-là que saint Paul dit avoir été ravi (2Co 12:2). Ces cieuxsuperposés étaient regardés comme habités par des êtres surhumains dedifférentes sortes. Dans la pensée juive tardive, le deuxième cielétait la demeure des esprits mauvais et des anges déchus attendantleur punition. Le N.T. ne se risque guère dans ces spéculationshasardeuses, bien qu'il soit question, dans Eph 6:12, «desesprits méchants dans les lieux célestes». (cf. Eph 2:2) Cette conception d'un ciel localisé au-dessus d'une terre plateexplique bon nombre d'expressions religieuses encore courantes, dontnous n'avons retenu que le sens imagé. C'est dans cet esprit qu'ilfaut également accueillir les innombrables spéculations quiprétendent faire connaître d'une manière sensible l'existence dansles cieux. Les descriptions du ciel que donne la Bible ne sont passcientifiques mais symboliques, et ces symboles sont d'une richessemagnifique pour qui sait y chercher l'esprit, sans s'arrêter à lalettre. A cet égard, l'Apocalypse de saint Jean contient des beautésincomparables parce qu'animées du souffle chrétien. Mais pour ensaisir toute la vraie valeur, il est bon de connaître les idéeseschatologiques des premiers chrétiens et des milieux juifscontemporains (voir ESCHATOLOGIE). On sera frappé de constatercombien les auteurs du N.T. restent sobres, excluant les exagérationsapocalyptiques, si fréquentes dans les écrits juifs, et plus tardchez les Musulmans. Certes, ils ont des conceptions eschatologiques,mais ils gardent une grande réserve dans toutes leurs descriptions dela vie des rachetés. D'ailleurs, des paroles comme celles de Jésussur les conditions du mariage dans l'au-delà (Mr 12:25), ou desaint Paul sur la résurrection des corps spirituels (1Co 15:44),doivent rendre le chrétien attentif à ne pas dépeindre matériellementce qui ne peut qu'être suggéré par des images et des symboles. Edm. R.