Les anciens Hébreux considéraient que l'abondance de la chevelureet le développement de la barbe étaient pour l'homme un élément debeauté. Absalom, type de l'Israélite élégant, portait une longuechevelure, que l'on coupait une fois par an, en telle abondance qu'onpouvait la peser (2Sa 14:26). L'historien Josèphe raconte que dejeunes nobles parmi les écuyers de Salomon mettaient tellement depoudre d'or dans leur chevelure que leurs têtes étincelaient auxrayons du soleil (Ant., VIII, 7:3). Après l'exil, les prêtres ne devaient ni se raser les cheveux niles laisser croître: ils les coupaient (Eze 44:20); au temps desaint Paul, c'était une honte de laisser croître ses cheveux (1Co11:14). La calvitie était une disgrâce (Esa 3:24) ou un sujetde moquerie, comme le montre l'anecdote d'Elisée raillé par demauvais garçons (2Ro 2:23); elle pouvait être considérée commeétant en rapport avec la lèpre (Le 13:40 et suivants). Lescheveux noirs ou foncés étaient particulièrement admirés (Ca 5:117:6); mais les cheveux blancs de la vieillesse étaient grandementhonorés (Le 19:32,Pr 16:31 20:29, Sir 6:18, cf. Sag 2:10). La représentation de Dieu comme un vieillard à cheveux blancs setrouve dans Da 7:9, cf. Ap 1:14. Les femmes ont toujoursporté une longue chevelure (Ca 4:1 5:11,Ap 9:8) que l'on pouvaitarranger et parer (2Ro 9:30,Jug 10:3 16:8) et mêmeartificiellement onduler (Esa 3:24). Les apocryphes décriventl'un des frères martyrs subissant la torture du scalp (2Ma7:7), et Judithsaisissant par les cheveux la tête d'Holopherne pourle décapiter (Jug 13:7). Le Lévitique interdisait aux Israélites de se couper en rond lescoins des cheveux ou de la barbe (Le 19:27 21:5). Cetteinterdiction était une réaction contre les coutumes païennes despeuples du voisinage, chez lesquels les jeunes gens conservaient desmèches de cheveux sur les tempes, devant les oreilles, mèches qu'onrasait solennellement lors des cérémonies d'initiation de ces jeunesgens au rôle d'homme, cérémonies à la fois idolâtres et immorales. Les prophètes flétrissent les peuples païens comme ceux qui serasent les tempes (Jer 9:26 25:23) ou se coupent les coins de labarbe (Jer 49:32), signe visible de paganisme; les Israélitesdevaient se distinguer d'eux et repousser de pareils usages. C'est àcause de ce précepte qu'aujourd'hui encore certains Juifs orthodoxesconservent une sorte d'accroche-coeur; le Talmud parle de la mèche decheveux de l'occiput, le Coran de la mèche frontale, par laquelle lesbédouins musulmans pensent que Mahomet les prendra pour les porter auciel: comp. les prophètes ainsi enlevés dans une vision (Eze8:3, Be 1:36). Les Assyriens portaient leur chevelure en longues tresses(Hérod., I 195); de même les Arabes; comp. Samson (Jug16:13,19). En Egypte les femmes portaient de longues chevelures; leshommes se rasaient (Ge 41:14) mais portaient de fausses barbesdont la longueur était proportionnée au rang et à la dignité dechacun. Les peignes étaient en usage en Egypte et devaient l'êtreégalement en Palestine. (cf. 2Sa 19:24) Le rasoir du barbierapparaît dans Eze 5:1. (cf. Esa 7:20) Hérode le Gd se teintles cheveux en noir pour se donner un air plus jeune (Jos., Ant., XVI, 8:1). De légers ornements de métal, voire même des monnaiesd'or et d'argent, sont parfois portés dans les cheveux (Esa3:18 et suivants). Vu l'importance des soins donnés à la chevelure et à la barbe, laplus grossière insulte qui pourra être faite à quelqu'un sera de luiraser la chevelure ou de lui couper la barbe (2Sa 10:4,5,Esa 7:2050:6). Une chevelure rasée, une barbe coupée seront aussi un signede deuil (Jer 7:29 16:5 48:37,Am 8:10) ou de douleur (Esa15:2). S'arracher tes cheveux et la barbe ou les laisser en désordresera l'expression la plus vive de la tristesse (2Sa 19:24,Esd9:3, Add. Est 4:13). Dénouer les cheveux d'une femme seraune marque d'humiliation (No 5:18), qui peut être aussivolontaire (Lu 7:38). Les signes extérieurs du naziréat (voir ce mot) étaientl'abstention totale de vin et de la coupe des cheveux. Laconsécration du nazir à l'Éternel pouvait être temporaire ouperpétuelle; primitivement, elle était temporaire et résultait d'unvoeu fait en telle ou telle circonstance particulière (deuil, voyage,souhait à réaliser, etc.), et par lequel le nazir s'abstenait detoute impureté, de façon à être en contact immédiat avec Dieu (No6:1,21). Quand le voeu était accompli, le nazir pouvait boire du vinet couper sa chevelure, qui était jetée dans le feu destiné ausacrifice d'actions de grâces (verset 18). Si, au cours de son voeu,le nazir contractait une souillure, par suite du contact d'un mortpar exemple, il devait se raser à nouveau et la périoderecommençait (No 6:9-12). Les offrandes de cheveux furent assez fréquentes dansl'antiquité, à cause de l'idée qu'une certaine partie de la vie del'homme résidait dans sa chevelure. Le sang était l'objet de la mêmeconception, mais les offrandes sanglantes ne purent pas se mainteniravec le développement de la civilisation; tandis que les offrandes decheveux n'avaient rien de barbare; aussi se sont-elles maintenues àtravers les siècles et sont-elles même entrées dans certains rituelschrétiens comme la tonsure des prêtres et des nonnes (voir RobertsonSmith, Rel. Sent., IX). Avant de libérer un prisonnier, les Arabes coupaient un morceaude sa chevelure et la conservaient comme preuve qu'il avait été enleur pouvoir; ils plaçaient aussi dans leur propre coiffure lachevelure de tel ou tel grand chef militaire. Ceci expliquel'histoire de Samson qui, consacré à Dieu des sa naissance par samère (Jug 13:6), a perdu sa force le jour où ses adversaires ontréussi a lui couper les cheveux (Jug 16:17-19), lui faisant enmême temps violer ses promesses et perdre le bénéfice des grâcesspéciales qui s'attachaient à son voeu; la force revenait à Samson aufur et à mesure que la chevelure repoussait (verset 22), c-à-d. quel'accomplissement de son voeu rétablissait le contact avec Dieu. Bref, les cheveux «étaient considérés tout particulièrement commele siège des influences spirituelles, bonnes ou mauvaises: ainsi lelévite se rasait avant de se consacrer à Yahvé» (No 8:7) (Bbl.Cent.). Mais il ne semble pas possible de donner une explication trèssûre du voeu de saint Paul à Cenchrées où il se fit, lui aussi,couper les cheveux (Ac 18:18), à moins que ce ne fût Aquilas,car la construction de la phrase pourrait se rapporter à celui-ci. Pour marquer la dépendance de la femme vis-à-vis de l'homme,saint Paul (1Co 11:16) estime que la chevelure féminine est unvoile naturel qui préfigure en quelque sorte le voile dont il siedaux femmes honorables de se couvrir en public; l'homme, au contraire,portera la tête découverte comme signe de son indépendance sociale;loin d'être un ornement, la chevelure de la femme devra doncl'inciter à la modestie, et il conviendra tout spécialement d'éviterla recherche dans l'arrangement des cheveux par les tresses etondulations (1Ti 2:9,1Pi 3:8). A propos des cheveux, Jésus donne deux fois une leçon sur laProvidence et la puissance de Dieu (Mt 5:38 10:30). Mce M. et JnL.