ADAM

Le mot Adam (hébreu Adam) se rattache probablement au termeassyrien adamou-- créer, produire. Il désigne donc l'être créé,la créature, l'homme dans le sens de genre humain.Il ne peut avoir pour racine adâmâh =le sol (mot dérivé de dam =rouge), adâmâh étant féminin. Le rapprochement de cesdeux termes dans Ge 2:7 n'est qu'un jeu de mots conforme auxhabitudes constantes de la littérature hébraïque.Sur les 31 fois où le mot Adam se trouve dans les cinq premierschapitres de la Genèse, il n'a le caractère de nom propre qu'unefois (Ge 5:3-5), dans la généalogie sacerdotale introduite parle raccord du rédacteur qui mit ensemble J et P. Partout ailleurs,dans le récit qui est de J, il sert pour raconter les débuts du genrehumain (homo) et non la biographie d'un homme (vir) Tout le récit Ge 2:7-5:5 doit être envisagé comme ladescription, non d'événements qui se sont passés au cours de la viede quatre personnages, mais comme une narration où, dans un stylefiguré et dans une image ramassée, sont racontés les commencements del'humanité dans ses rapports avec Dieu (voir Chute).La mention d'Adam premier homme ne se retrouve nulle part dansl'A.T., sauf dans les chronologies composées très postérieurement parles milieux sacerdotaux (Ge 5:3-5 et 1Ch 1:1). La Vers.Syn. a eu le tort de rétablir en français le mot Adam dans Job31:33 que Segond, Reuss et l'ensemble des critiques avaientjudicieusement remplacé par «comme les hommes» ou «à la manière deshommes». Cacher ses fautes est représenté dans Job comme un faithumain. La littérature hébraïque antérieure à l'exil ne revient pas surle récit de la chute comme sur un fait historique individuel, mais ony retrouve partout l'enseignement qui se dégage de cette parabole oùsont caractérisées les circonstances qui séparèrent de Dieul'humanité primitive et la constituèrent dans le péché (Jer13:23,Ps 51:7 etc.).Des chronologies juives, Adam, considéré comme le premier homme, apassé dans la chronologie de Lu 3:23, laquelle, d'ailleurs,établie pour prouver que le peuple juif est fils d'Adam par ordre deprimogéniture, appelle Adam «fils de Dieu». Dans ce parallélismeentre les deux fils de Dieu (cf. Lu 1:35 avec Lu 3:38) onreconnaît en Luc le disciple de Paul. Jésus, qui connaissait bien lerécit Ge 2-4 (Mt 19:4-6,Mr 10:6-8 = Ge 2:24), ne faitaucune allusion à Adam.Paul, élevé à l'école des rabbins, voit en Adam un personnage etfonde sur le parallélisme entre Adam et le Christ des partiesessentielles de son système théologique: péché d'Adam, oeuvre deChrist; nature psychique par Adam, nature spirituelle par Christ;mort par Adam, résurrection par Christ; premier Adam, second Adamfils de Dieu resté obéissant (Ro 5:12-21,1Co 15:12-49). DansPhp 2:6-11, Paul met les sentiments du Christ et sa destinée encontraste avec les sentiments et la destinée du premier couple humain(cf. Php 2:3 et Ge 35:5-22). Dans 1Ti 2:9-15, Paulrevient une dernière fois au récit de la chute. Dans ce passage oùl'apôtre laisse voir combien il est encore influencé par la théologierabbinique et la philosophie sociale de l'Orient, Paul montre--et cetémoignage est précieux à recueillir--que pour lui le premier coupledoit être envisagé avant tout comme le type primitif de l'homme et dela femme symbolisant les débuts du genre humain (voir Eve). Alex. W.