§ 5.

Il est singulier de raconter les circonstances dans lesquelles Simon et André, Jacques et Jean a été appelé à l’apostolat pour la dernière fois (St. Matt. iv. 17-22 : St. Marc i. 14-20 : Saint Luc v. i-ii) n’ont jamais encore été expliqués1. Les faits étaient les suivants.

1 « N’ayant pas réussi à pêcher, deux d’entre eux, assis sur sur le rivage, occupaient leur temps à se laver, — et deux, assis dans leur bateau... réparaient. — leurs filets. (Farrar’s Life of Christ, i. 241-2.) La note de bas de page jointe à cette « tentative de combiner , autant qu’il est possible dans un récit continu », les « récits des synoptiques », est tout à fait une curiosité.

C’était le matin sur la mer de Galilée. Deux bateaux étaient amarrés au rivage. Le pêcheurs ayant ' travaillé toute la nuit et n’ayant rien pris1,' — ' étaient descendus, et lavaient (ἀ πέπλυναν) leurs filets (τὰ δίκτυα)2.' Mais bien que la pêche en eau profonde se soit avérée un échec, ils le savaient en pataugeant dans les bas-fonds, ils pourraient même maintenant employer un filet de coulée avec avantage. C'est donc ainsi que notre SAUVEUR, arrivant à ce moment précis, vit Simon et André employés (βάλλοντας ἀμφίβληστρον3Là-dessus, entrant dans la barque de Simon, "Il le pria de la mener un peu loin de terre4.' Le reste ne nécessite aucune explication.

1 Saint Luc, v. 5.             2 Ibid., versets 1 et 2.

3 S. Matt. iv. 18 = Saint Marc i. 16.             4 Saint Luc, v. 3.

Maintenant, il est clair que la clé qui déverrouille cette histoire intéressante est le précision graphique du verbe composé employé, et l’usage bien connu du langue qui donne au temps aoriste en des occasions comme celle-ci une signification de plus-que-parfait.5. Les traducteurs de 1611, ne comprenant pas l’incident, étaient satisfaits, comme Tyndale, à la suite de la Vulgate6, avait été avant eux, pour rendre ἀ πέπλυναν τὰ δίκτυα, — « lavaient leurs filets. De cette traduction, tant qu’on laissait le grec tranquille, il n’y avait pas de De graves préjudices pourraient survenir. Cependant, les réviseurs de 1881, non seulement en conservant la traduction incorrecte ' lavaient leurs filets,' mais, en faisant correspondre le grec à l'anglais — en substituant en abrégé ἔπλυνον à πέπλυναν, — ont obscurcissait si efficacement la Vérité qu’elle la rendait tout simplement irrécupérable par les Étudiants. Le seul point sur lequel l’attention du lecteur n’est que de s’arrêter — que le verbe composé au temps de l’aoriste (πέπλυναν) a été retenu par l’ensemble des cursives, tel qu’il est transmis tout au long de la cursive. Tandis que le barbare ἔπλυνον ne se trouve aujourd’hui que dans les deux onciales corrompues BD1 et une seule cursive (Evan. 91) 2.

5 Comme dans saint Matthieu, xxvii. 2, 60 ; Saint Luc, v. 4 ; xiii. 16 ; Saint Jean, xviii. 24 ; XXI. 15 ; Actes xii. 17 ; Hébreux. iv. 8, etc., etc.

6 Lavabant retia, it. vulg. La seule exception connue est (1) le Cod. Rehdigeranus [VII] (Tischendorf).

1 La même paire d’autorités est unique en ce qu’elle substitue βαπτίσαντες (pour βαπτίζοντες) dans Saint Matthieu, xxviii. 19; c’est-à-dire que les Apôtres devaient baptiser les gens en premier, et faites-en des disciples par la suite.

2 אC pièce ἔπλυνα ν : A (de loin la plus pure des cinq ' vieilles onciales ') conserve le texte traditionnel.

§ 6.

' Combien ceux qui ont des richesses entreront dans le Royaume des Cieux, s’écria notre Éternel en une occasion mémorable. Les disciples étaient stupéfaits. Répondant à leurs pensées, — « Enfants, ajouta-t-il, combien il est difficile pour ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! (Saint Marc, x. 23, 24). Ces mots familiers, attestées par 16 onciales et toutes les cursives, sont tout à fait au-dessus de tout soupçon. Mais en fait, toutes les versions les prennent en charge de la même manière. Il n’y a vraiment aucun prétexte pour troubler ce qui est si bien attesté, pour ne pas dire si précieux. Pourtant, Tischendorf et Westcott et Hort éjectent τοὺς πεποιθότας ἐπὶ τοῖς χρήμασιν du texte, au seul motif que la clause en question est omise par אBΔ, une copie de l’Italique (k) et une copie du Bohaïrique. Conscient qu’une telle procédure exige des excuses, — « Je pense qu’il n’est pas prudent, dit Tischendorf, d'abandonner en ce lieu les très anciennes autorités auxquelles je suis habitué suivre ' : c’est-à-dire Codex א et B. Mais de quelle nature est cet argument ? Le critique veut-il dire qu’il doit s’en tenir à l’antiquité ? Si c’est ce qu’il veut dire, qu’on lui rappelle que Clemens 3, une autorité plus ancienne que אB de 150 ans, — pour ne pas dire les versions latine et syriaque, qui sont plus ancien encore, — reconnaît les mots de la question4. Est-ce que le savant critique ne veulent rien dire de plus que cela, — Que c’est pour lui une principe de la critique textuelle de soutenir à tout prix l’autorité de B et א ? Il ne peut pas vouloir dire cela ; comme je vais l’expliquer.

4 C’est ce que fait Aphraates, contemporain de B et א, p. 392.

Car la circonstance la plus étrange est derrière. Immédiatement après qu’il a ainsi (au vers. 24) proclamé la suprématie de אBTischendorf est contraint de rejeter les preuves combinées de אBCΔ. Au verset 26, ces 4 copies préconisent la lecture absurde λέγοντες πρὸς ΑΥΤΟΝ Καὶ τίς δύναται σωθῆναιalors que c’était évidemment à eux-mêmes (πρὸς ἑαυτοὺς) que les disciples le disaient. Sachant que cette fois-ci, l''antiquissimae quas sequi solet auctoritates ' se condamnent eux-mêmes, au lieu d’avouer ingénument En fait, Tischendorf fonde son rejet de προς αυτόν sur la considération que « Marc n’utilise jamais l’expression λεγειν προς αυτον ». C’est comme si le texte d’un endroit dans l’Évangile doit être déterminé par la pratique du même évangéliste dans un autre lieu, — et non par sa propre preuve ; qui, en l’espèce, est (le lecteur peut en être sûr) tout simplement écrasant !

Westcott et Hort supposent à tort que toutes les copies, à l’exception de quatre, — toutes les versions sauf une (le Bohairique), — peut être dans l’erreur : mais que B-אC, et Cod. Δ, qui est curieux à Saint-Marc, doit nécessairement être à droite.

§ 7.

Il y a de nombreuses occasions — comme je l’ai déjà fait remarquer — où la logique même de L’affaire devient un argument de poids. Sans valeur en eux-mêmes et par eux-mêmes, — dans le visage, je veux dire, d’un témoignage général, — des considérations tirées de la la raison de la chose justifient parfois leur droit d’assister au jugement où les preuves sont à peu près équilibrées. Mais leur force de frappe est ressentie comme accablant lorsque, après un examen minutieux des seules preuves, Nous n’avons aucun doute quant à ce que doit être la bonne lecture d’un lieu. Ils semblent alors balayer le terrain. Une telle occasion est présentée par saint Luc xvi. 9, — où notre Seigneur, après avoir montré ce que l’intendant malhonnête avait fait contre le jour où il se retrouverait sans abri, — le Divin Orateur en déduit que quelque chose d’analogue devrait être fait par nous-mêmes avec notre propre argent, — « afin que » (dit-il) « afin que , lorsque vous échouez, vous soyez reçus dans les tabernacles éternels. » La cohérence logique de tout cela est d’autant plus exact que le choix des termes dans l’Original est exquis : le mot employé pour désigner le départ de l’homme de cette vie (ἐκλίπητε), véhiculant l’image d’un évanouissement ou d’une défaillance à la fin de sa course. C’est en fait le mot utilisé dans la LXX pour désigner la fin pacifique d’Abraham, et de Ismaël, et d’Isaac, et de Jacob1.

1 Genèse, xxv. 8, 17 ; xxxv. 29 ; xlix. 33. Aussi Jér. xlii. 17, 22 ; Lamentation, i. 20 ; Job xiii. 19 ; Psaume ciii. Chapitre 30.

Mais au lieu de cela, אBDLRΠ avec AX nous présentent εκλιπη ou εκλειπη, — montrant que l’auteur de cette lecture a imaginé, sans discrimination, que ce que notre Seigneur voulait dire, c’est que lorsqu’enfin notre argent nous manquera, nous pourrons ne veulent pas d’une maison. Le reste des onciales au nombre de douze, ainsi que deux correcteurs de א, la majeure partie des Cursives, et les copies de l’ancien latin, la Vulgate, le Gothique, Harkleian, et Ethiopic Versions, avec Irénée2, Clemens Alex. 3, Origène4, Méthode5, Basile6, Éphrem Syrus7, Grégory Naz. 8, Didyme 9, Chrysostome 10, Severianus11, Jérôme12, Augustin13, Euloge 14 et Théodoret15, ainsi qu’Aphraate (A. D. 325) 16, Prise en charge de la lecture de Ἐκλίπητε. Cyrille semble avoir connu les deux lectures17.

2 268 et 661. 3 942, 953 (Tr. lat.). 4 162, 338 (Tr. lat.), 666

5 ap. Phot. 791. 6 i. 353. 7 iii.  120.

8 i. 861. 9 280. 10 i. 920 ; iii. 344 ; iv. 27 ; vi.  606.

11 vi. 520. 12 i. 859 b. 13 31· 772·

14 mai, 2. 15 i. 517. 16 388.

17 À un endroit de la version syriaque de ses Homélies sur saint Luc (Luc. no), la lecture est clairement ina otan eklipete (grec) mais quand le grec du même passage est exposé par Mai (II. 196, ligne 28-38), on constate qu’il est dépourvu de la clause contestée. D’autre part, à la p. 512 du syriaque, la lecture est eklipe (grec). Mais alors toute la citation est absente de l’original de Gieek (Mai, ii. 349, ligne 11 à partir du bas). En mai, ii. 380, la lecture de Cyrille est certainement ἐκλίπητε.

Son témoignage, tel qu’il est, ne peut être deviné que par ses restes fragmentaires ; et la divination est une faculté à laquelle je ne prétends pas.

Dans p. 349, après δε δ πάντως ατος ποπεσεν τς οκονομίας πιπηδντος θανάτου, κα τν καθ' μς πραγμάτων ξελκότος. διάφυκτον γρ νθρώπ παντ το θανάτου τν λίνον, — Cyril est représenté par la phrase (6 lignes plus bas) ταν ατος  πίγειος κλείπ ΠΛΟΥΤΟΣ, avec lequel correspond le syriaque de Luc. 509. Mais lorsque nous rencontrons le même passage de la Catena de Cramer (p. 122), outre la référence à la mort, ποπεσονται πάντως τς οκονομίας, πιπηδντος ατος το θανάτου (lignes 21-3), on nous présente ταν ατος πίγειος κλείποι Ζωή, ce qui renverse clairement le témoignage. Si Cyrille a écrit cela, il a lu (comme tous les autres Pères) ἐκλίπητε. Il n’est que juste d’ajouter que κλίπ se trouve d’ailleurs aux pp. 525, 526 (= Mai ii. 358) et 572 du syriaque de Cyrille Homélies sur saint Luc. Ceci cependant (comme la citation de la p. 506) pourrait bien être à cause de la Peshitta. Je dois avouer qu’au milieu de tant de preuves contradictoires, mon jugement concernant le texte de Cyrille est fautif.

§ 8.

Il est difficile de trouver une déclaration plus précieuse concernant la et l’office lumineux du Saint-Esprit, que la promesse de notre Seigneur que « lorsque Lui, l’Esprit de Vérité, viendra, Il vous guidera dans toute la Vérité » : ὁδηγήσει ὑμᾶς εἰς πάσαν τῆν ἀλήθειαν (Saint Jean xvi. 13). Or, les six mots qui viennent d’être cités ont fait l’expérience d’une une quantité extraordinaire de perturbations ; beaucoup plus que ce qui peut être dû au fait que Il se trouve que ce sont les derniers mots d’une lection. Pour être bref, — tous les La variété dans la lecture de ce passage peut être regroupée sous l’une des trois catégories suivantes :

I. Avec le premier, — qui est en fait une glose, et non une lecture (διηγήσεται μν τν λήθειαν πσαν), — nous Nous n’avons pas besoin de tarder. Eusèbe en deux lieux1, Cyrille Jér.2, copies de l’ancien latin3, et de Jérôme4 à un certain endroit, Alors lisez l’endroit. Malheureusement, la même lecture se retrouve également dans la Vulgate5. Elle ne rencontre cependant pas la faveur et peut être rejetée.

1 Eus. Marc 330, ־ps 251 ( — πσαν). 2 Cyr hr 270.

3 e, inducet vobis veritatem omnem : m, disseret vobis omnem veritatem.

4 docebit vos omnem veritatem (ii. 301).

5 Cod. suis. (qui expose docebit vos in omnem, &c.) confond clairement deux types distinct.

2. La suivante, qui obscurcit encore plus fatalement le sens de notre Seigneur, aurait pu être aussi sans ménagement, la lecture du Cod. L (δηγήσει μς ν τ ληθεί πάσ), mais qu’elle a malheureusement trouvé grâce aux yeux de Tischendorf, — je suppose, parce qu'à l’exception de πάσν , c’est la lecture de son propre Cod. א.C6 C'est ainsi que Cyril Alex7 lit trois fois l’endroit, et en effet la même chose chose se trouve pratiquement dans D8 ; alors que tant d’exemplaires de la Vielle Latine expose in omni veritate, ou in veritate omni, que l’on est forcé de se demander : Comment comptabiliser  ἐν ληθεί πάσ?

6 א om. πάσ7 Cyr. Alex., iv. 347 ; v. 369, 593.

8 D, ἐκεῖνος μς δηγήσει ν τ ληθεί πάσ.

9 So Cod. b, deducet vos in veritate omni. Cod. c, docebit vos in veritate omni.

Nous n'avons pas à chercher bien loin. δηγεν suivi de ν apparaît dans la LXX, principalement dans les Psaumes, plus de 16 fois. Particulièrement l’expression familière dans le Ps. xxiv. 5 (δήγησόν με ν τ ληθεί σου, Dirige me in veritate tua), en s’insinuant inopportunément à l’esprit de quelque copiste primitif, influencé le texte de saint Jean xvi. 13 de cette manière fatale. On est seulement étonné qu’un critique aussi perspicace que Tischendorf eût négligé une circonstance. L'usage constant du Psaume dans le service divin, et l'entière familiarité avec le Psautier qui en résulte, expliquent suffisamment comment il est arrivé qu'ici comme ailleurs, sa phraséologie ait dû influencer la mémoire.

3. La seule vraie lecture du lieu (δηγήσει μς ες πσαν τν λήθειαν) est attestée par 12 des onciales (EGHIbKMSUΓΔΛΠ), le corps entier des cursives, et par les Pères suivants, — Didyme83, Épiphane 84, Basilic 85, Chrysostome86, Théodote, évêque d’Antioche87, Cyril Alex. 88, Théodoret89 ; outre Tertullien à cinq endroits, Hilaire et Jérôme à deux90.

83 Did. 278, 446, 388 (προς), 443 ( — την). 84 Épiph. i. 898 ; il 78.

85 Bas. iii. 42 (προς : et ainsi Evan. 249. Codd. de Cyril Alex. (πί).

86 Chrys. VIII. 527 : aussi 460, 461 ( — την). 87 Théod. ant 541, ap. Wegn.

88 Cyr. Alex. txt iv. 923 : v. 628. 89 Thdt. iii. 15 (ἐκεῖ, ος μδ.).

90 Tert. i. 762, 765, 884 ; ii. 11 et 21. Hil. 805, 959. Jer. ii. 140 et 141. Il y a beaucoup de variantes moins importantes : — ' (diriget vos Tert. i. 884, deducet vos Tert. ii. 21, Vercell, vos deducet ; i. 762 vos ducet : Hil. 805, vos diriget) in omnem veritatem.' Quelques tas D, Tert. i. 762 ; ii. 21. Morue. a, Fait. 388. Thdrt. iii. 15) préfixe ἐκεῖνος.

Mais parce que les mots πσαν τν λήθειαν se trouvent transposés dans ABY seul des manuscrits, et parce que Peter Alex.91, et Didyme92 une fois, Origène93 et Cyrille Alex. 12 en deux endroits, sont observés pour sanctionner la même arrangement malheureux (c.-à-d. την αλήθειαν πάσαν), — Lachmann, Tregelles, Alford, Westcott et Hort, adoptez sans hésiter cet ordre des mots 13. Il ne peut pas bien sûr être maintenue. Le lecteur candide, dans l’intervalle, ne manquera pas de remarquer que, comme d’habitude, la vérité n’a été conservée ni par A, ni par B, ni par D, et encore moins par tout cela par א : mais nous est parvenu intact dans la grande masse des autorités du manuscrit, des onciales et des cursive, ainsi que dans les plus anciennes Versions et Pères.

91 Pet. Alex. ap. Routh, p. 9. 

92 l’a fait.  55.

93 Orig. i. 387, 388.                 12 Cyr. Alex. iv. 925 et 986.

13 ες τν ληθ. πσαν L., Tr., W.*H. : ν τ ληθ. πάσ Τ.

 

§9.

Les lecteurs de ces pages ont peut-être anticipé que le Divin Auteur de l’Ecriture a planté a planté ici et là de haut en bas de la page sacrée — souvent dans les endroits les plus improbables et certainement sous des formes que nous aurions le moins des tests d’exactitude, en s’apercevant desquels nous pouvons former une jugement concernant la fidélité d’une copie du texte sacré. Il s’agit d’un découverte qui m’étonna d’abord : mais après mûre réflexion, je vis qu’il devait être anticipé avec confiance. Est-il vraiment crédible que la Sagesse Toute-Puissante, dont on observe qu’elle a fait des provisions si abondantes pour la sécurité des formes les plus humbles de la vie animale, pour la préservation des graines, souvent des graines de plantes nuisibles, — auraient pourtant omis de faire provision pour la semence vivifiante de Sa propre Parole éternelle ?

Par exemple, chose étrange à raconter, c’est un fait évident (dont tout le monde peut s’en convaincre en ouvrant un exemplaire des Évangiles muni d’un apparatus critique), que, bien qu’en relatant la guérison de la serviteur (S. Matt. VIII. 5-13) l’évangéliste écrit ἑκατόνταρχΟΣ dans les versets 5 et 8, il écrit εκατονταρχΗ au lieu de -χΩ dans le verset 13. Cette variété infime a été fidèlement conservée par les onciales et les cursives de la même manière. Une seule onciale (c’est-à-dire א) s’est aventuré à assimiler les deux lieux, écrivant εκατονταρχης tout au long. Avec l’aveuglement proverbialement attribué à l’amour parental, Tischendorf suit א, bien que l’insouciance qui règne sur ce manuscrit soit visible pour tous ceux qui l’examinent.

L’affaire est une bagatelle, il faut l’avouer. Mais il en était de même de l’ébauche d’une ballade qui a identifié le meurtrier, un autre morceau de celui-ci a été retrouvé avec la balle dans le corps de l’homme assassiné.

Quand nous voyons καί disparaître devant κρίσιν (dans la déclaration solennelle ἐξουσίαν ἔδωκεν αὐτῷ [sc.  Πατρ] ΚΑῚ κρίσιν ποιεῖν)1, rien ne nous émeut de découvrir que 4 Codex grecs (ABL 33), autant d’anciens versions2, et comme beaucoup d’anciens Pères3 sont sans cela petit mot mais significatif. Le fait que toutes les autres copies grecques l’aient est concluant pour le conserver. Et pourquoi ? Parce que si rien n’est plus facile que l’absence de καί à cet endroit d’une petite poignée de documents, tout à fait inexplicable est sa présence dans tous lesautres 4 sauf dans l’hypothèse qu’il a été trouvé dans l’autographe de saint Jean.

1 Saint Jean v. 27. 2 Bohaïrique, Cureton, Arménien, Éthiopique.

3 Origène, ii. 548, 558 ; iv. 41, 359, 360 ; Didyme, Trim iii. 17, ap. Chrys. viii. 230 a ; Paul de Samos, Ath. Gen. v. 168 c ; Thdrt. v. 1108.

4 Dans l’ancien lat., Peshitto et Harkleian, Chrys. viii. 229 de ; Cyrille, iv. 235 ; V· 1 562 ; v.a 177, 179 (= Conc. iii. 310 et 311) ; Gennadius, Cordon. Chat. dans le Psaume i. 69.

§10.

Encore une fois, cette anticipation pathétique du seigneur de la vigne (Saint Luc, XX, 13) selon laquelle lorsque le serviteurs avaient jadis « vu » son « fils bien-aimé » (ἰδόντες), ils le révéreraient, — disparaît sous l’influence néfaste de אBCDLQ, et leur petite poignée d’adhérents. (Considérez à cet égard le dernière partie d’Es. liii. 2.) La répétition même de ἰδόντες δέ, dans le verset suivant, ne semble-t-elle pas exiger la présence du mot que les Cursives, presque jusqu'au manuscrit, ont si jalousement conservé, mais que Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Alford, Westcott et Hort ont effacé ? . Alors de plus, les pensées intérieures du cœur, ces πονηροὶ διαλογισμοὶ dont notre Sauveur parle ailleurs5, et qui n'ont jamais été plus visibles que chez les hommes qui ont entouré sa mort honteuse, sont presque effacées de la parabole. C’était « en eux-mêmes » (S. Matt. XXI. 38) — « à eux-mêmes » (S. Marc, XII, 7), Il dit que ces hommes pécheurs ont déclaré leur but meurtrier. C’était leur cœur, et non leurs lèvres, qui parlaient. D’où St. Luc dit clairement : « Ils pensaient en eux-mêmes » (xx. 14). Mais nous sommes maintenant invités sur des preuves encore plus minces qu’auparavant, au lieu de διελ. πρς αυτούς, lire πρς λλήλους, ce qui est certainement faux..... Enfin, cette résolution meurtrière des serviteurs, ' Celui-ci est l'héritier; venez, tuons-le » (Δετε ποκτείνωμεν), — qui (comme tous les étudiants le savent) n’est rien d’autre qu’une citation de la Septante de la Genèse (xxxvii. 19), est dépouillée de son mot caractéristique par déférence pour ARMQΠ et les copies latines : Tischendorf, s'abritant complaisamment derrière le dicton aveugle et insipide de Schulz, — « Lucas nunquam usus est hoc verbo ' : comme si c’était une raison pour qu’il ne cite pas la Septante! De cette manière, le soin providentiel qui a fait que la même expression frappante se retrouve chez les trois évangélistes est frustré ; et le lecteur du troisième Évangile pourrait même oublier que Joseph est un type divinement prévu de notre Sauveur Christ.

 

§ 11.

Les exemples qui ont été donnés dans ce chapitre de la supériorité du texte exposé dans les dernières onciales et les cursives aurait pu être augmenté en nombre presque dans une certaine mesure des papiers laissés par le doyen Burgon. Le lecteur trouveront bien d’autres illustrations dans la suite de ces deux volumes. Même le Dr. Hort admet que le Texte Traditionnel qu’ils représentent est « entièrement irréprochable pour des raisons littéraires ou religieuses, en ce qui concerne les diction indigne1 », tandis que « l’étude répétée et diligente » ne peut que conduisent, si elles sont menées avec des recherches approfondies et étendues, à la découverte de beautés et de significations qui n’ont pas été révélées à l’étudiant auparavant.

1 Introduction, p. 135. Le reste de son jugement n’est pas fondé en fait. L’étude constante et minutieuse, combinée à une appréciation subtile, ne révélera pas « faiblesse » ou « appauvrissement » soit dans le « sens », soit dans la « force ».

Qu’il ne reste jamais entendu que (a) les onciales et les cursives ultérieures sont les héritiers successifs de lignées nombreuses et variées dans toute l’Église ; que (b) leur verdict est presque toujours décisif et clair ; c ) cette unanimité ou cette majorité des témoins n’est pas la déposition d’une mais est-ce que la coïncidence, comme les faits le prouvent incontestablement, sauf dans certains cas de déposants indépendants de la même histoire.

Qu’il me soit permis de déclarer1 en conclusion que personne n’est compétent pour se prononcer sur les mérites ou les démérites des copies cursives l’Évangile, qui n’a pas lui-même, d’abord, collationné avec de grandes l’exactitude, du moins quelques-uns d’entre eux. Il recevra une aide matérielle, s’il en a jamais été ainsi. sur son chemin pour se familiariser, ne fût-ce que partiellement, avec le texte de vastes Nombres. Mais rien ne peut tenir lieu de collation exacte d’au moins quelques-uns copies : dont le travail, si un homme n’a pas du tout d’expérience, il doit qu’il n’a vraiment pas le droit de s’exprimer avec confiance dans ce l’objet de l’étude. Il argumente, non pas à partir de faits, mais à partir de sa propre imagination sur ce que seront probablement les faits de l'affaire. Seuls ceux qui ont minutieusement collationné plusieurs exemplaires, et ont examiné avec beaucoup d’attention une grande partie des tous les Codex sacrés existants ont le droit de parler avec autorité ici. De plus, j’ose affirmer qu’aucune condamnation ne s’imposera ainsi irrésistiblement dans l’esprit de celui qui se soumet au travail de la collation exacte d’un copies cursives des Évangiles, car que les documents en question ont été exécuté avec une diligence, une fidélité et une habileté extraordinaires. Cette histoire confirme cette conviction, nous n’avons qu’à examiner les dispositions élaborées dans les monastères pour avoir accompli le devoir, et perfectionné l’art, de copier les Saintes Écritures.

1 Ce sont les mots du doyen jusqu’à la fin du paragraphe.

Si donc ce corps de Manuscrits est ainsi déclaré, par l'excellence de son texte, par les soins évidents apportés à sa production, ainsi que par le consentement d'autres preuves, posséder de hautes caractéristiques ; s'il représente le règlement mûri de nombreuses questions délicates et difficiles par l'Église qui, après des siècles d'hésitation plus ou moins, et même moins plutôt que plus, devait durer pendant un nombre bien plus grand de siècles ; cela ne doit-il pas en effet exiger une grande déférence de la part de tous les étudiants du Nouveau Testament ? Il faut toujours garder à l'esprit qu'aucune cursive n'est ici sélectionnée parmi les autres ou avancée dans une position quelconque qui conférerait à ses verdicts une autorité particulière. C’est le corps principal des Cursives, qui s’accordent comme elles à l’exception de quelques groupes ou individus excentriques, qui a droit à ce respect selon la mesure de leur accord. Et en fait, les cursives qui ont été rassemblées sont si généralement consenties qu'elles ne laissent aucun doute sur le fait que la multitude qui les besoins en matière de collation conviendront de la même manière. Sans doute, les dernières onciales et les cursives ne sont qu’une classe de la preuve générale qui nous est maintenant soumise : mais il est souhaitable que ces Les étudiants qui ont été enclins à sous-évaluer cette classe devraient peser le pour et le contre avec franchise et équité, les arguments en sa faveur, que nous avons tenté d’exposer dans ce chapitre.

CHAPITRE XII.

CONCLUSION.

Le Texte Traditionnel a maintenant été retracé, depuis les premières années de Christianisme dont il ne reste aucune trace du Nouveau Testament, jusqu’à la période lorsqu’il a été consacré dans un grand nombre de manuscrits soigneusement rédigés accord les uns avec les autres. La preuve en a été donnée par les écrits des premiers Pères, que l’idée que le Texte Traditionnel est apparu au milieu du IVe siècle n’est qu’une hallucination, provoquée par une connaissance partielle avec ces écrits. Et témoin de l’existence et de la prédominance de cette forme de texte a été trouvé dans la version de la Peshitta et dans la meilleur des Versions Latines, qui elles-mêmes ont également été suivies jusqu’au début du IIe siècle ou la fin du premier. Nous avons aussi découvert la vérité, que le règlement du Texte, bien qu’il ait été principalement fait au IVe siècle, n’a pas été finalement accompli jusqu’au VIIIe siècle au plus tôt ; et que les Onciales ultérieures, qui ne sont pas les plus anciennes, ainsi que les cursives expriment, non pas individuellement, pas en petits lots ou entreprises, mais dans leur accord principal, les décisions qui s'étaient développées dans l'Église. Ce faisant, une attention particulière a été accordée à toutes les preuves existantes : aucune n’a été omise. Quod semper, quod ubique, quod ab omnibus, a été le principe sous-jacent. Les fondations de l’édifice ont été posées aussi profondément et aussi largement que notre pouvoir le permettait. Il n’y aurait pas d’autre voie à suivre en accord avec la procédure scientifique. Les sept notes de vérité ont été faites aussi complet que possible. L’antiquité, le nombre, la variété, le poids, la continuité, contexte et les preuves internes, englobent tous les points de vue et toutes les méthodes qui sont vraiment solides. Les caractères des manuscrits du Vatican, du Sinaïtique et de Bezan se sont révélés mauvais, et les courants qui ont conduit à leur production à partir de sources syrio-vieux-latines et alexandrines jusqu'à l'école temporaire de Césarée ont été retracés et expliqués. Il a également été démontré qu’il est probable que la corruption a commencé et s’est enracinée avant même que les Évangiles ne soient écrit. La conclusion générale qui s’est imposée à nous est que les affections des chrétiens n’ont pas été détournées ; que l’exercice le plus fort de la raison a prouvé que leurs instincts étaient sains et vrais ; que le Texte dont nous nous sommes servis et que nous avons aimés repose sur un support vaste et varié ; que les documents multiformes de Manuscrits, de Versions et de Pères, se trouve à défendre par dans presque tous les cas, ces précieuses paroles de l’Écriture Sainte, qui ont été remis en question au cours de la seconde moitié de ce siècle.

Nous estimons qu’on ne peut nier que nous avons présenté des arguments solides, et Naturellement, nous regardons ce qui a été dit contre ce point, car, à l'exception de certains aspects, ce document est devant le monde et l'Église depuis quelques années. Nous soumettons qu’il n’a pas reçu l’attention qu’il méritait de la part des critiques adverses. S’il est vrai que les opinions de l’autre École avaient été précédées ou fondées sur un examen, comme nous l’avons fait dans le cas B et א, la grande masse de preuves sur laquelle nous nous appuyons, — si ce grand nombre de témoignages s’était avérée mauvaise en raison d’un témoignage trop équilibré ou d’une autre raison, ont trouvé des raisons de douter, voire de revenir sur nos décisions. Mais Lachmann, Tregelles et Tischendorf ont posé des principes principalement, sinon exclusivement, sur le score de leur probabilité intrinsèque. Westcott et Hort construit leur propre théorie sur des raisonnements internes à celle-ci, sans préalablement déblayé le terrain par un examen minutieux et détaillé. En outre, tous construisirent leurs bâtiments avant que les voyageurs par chemin de fer et les bateaux à vapeur n’eussent mis à leur portée la plus grande partie des matériaux désormais prêts à l'emploi. Nous entendons constamment proclamer, sur un ton dogmatique, qu’ils ont raison : aucune preuve adéquate à la force de notre affirmation n’a été pour montrer que nous avons tort.

Néanmoins, il vaudrait peut-être mieux écouter un instant les objections qui ont été avancées contre des conclusions comme celles-ci, et dont on peut présumer qu'elles seront à nouveau avancées.

1. Après tout, on ne peut nier que B et א sont les plus anciens manuscrits de la Nouvelle testament existant, et qu’ils doivent donc avoir droit à la déférence due à leur âge. Maintenant, la première partie de cette allégation est concédée à première vueil s’agit d’un argument très fort. Mais c’est vraiment à l’examen elle se révèle superficielle. Les Pères et les Versions sont pratiquement plus anciens et, comme on l'a démontré, ils vont à l'encontre de l'affirmation faite au nom de ces anciens manuscrits, selon laquelle ils sont les détenteurs du véritable texte des Évangiles. D’ailleurs, l’antiquité n’est pas la seule note de vérité, pas plus que le nombre. Tant de choses ont déjà été dites sur cette partie du sujet, qu’il est inutile d’entrer dans une discussion plus longue ici.

2. « Les dépositions des témoins doivent être pesées avant d’être prises en compte. » Sans doute : c’est là aussi un truisme, et l’on en a tenu compte dans les diverses « notes de vérité ». Mais cet argument, apparemment si simple, est vraiment l’intention de porter une énorme hypothèse impliquée dans un entretien élaboré du (supposé) excellent caractère de B et א et de leurs associés. Après tant de choses qui a été mis à la charge de ces deux manuscrits. dans ce traité, il est inutile maintenant d’insister davantage sur le fait qu’ils sont apparus dans des temps étranges, lorsque l’Église fut convulsée jusqu’à son centre ; que, ainsi qu’il a été démontré, leur Les lectures particulières étaient en minorité très décidée dans la période qui les a précédées ; et, comme tous l’admettent, ont été rejetés dans les âges qui se sont écoulés après le temps de leur date.

3. Il est dit que le Traditionnel est un texte d’augmentation, c’est-à-dire que des passages ont ont été rassemblés à partir de plus d’un autre texte, de sorte qu’ils soient construction au lieu d’être simple. Nous avons déjà traité cette allégation, mais nous répondons maintenant qu’elle n’a pas été établie : l’opinion du chanoine Cooke qui a analysé tous les exemples cités par Hort1, de Scrivener qui a dit qu'ils n’ont rien prouvé, et de beaucoup d’autres critiques et érudits a été contre elle. La position inverse est maintenue, à savoir que le texte de B et א est écrêté et mutilés. Prenez le passage suivant, qui est assez typique de la grande classe en question : « Car nous sommes membres de son Corps » (écrit saint Paul 3) ' étant de sa chair et de ses os ' (κ τς σαρκς ατο κα κ τν στέων ατο). Mais ces 9 derniers mots sont refusés par les éditeurs récents, parce qu’ils sont absents de B-א, A, 8 et 17, et la marge de 67, en plus de la version bohaïrique. Pourtant, les Des mots authentiques. On les retrouve dans DFGKLP et dans l’ensemble du corps des cursives : dans la Vielle Latine et la Vulgate et les deux versions syriaques : dans Irénée4, — dans Théodore de Mopsueste5, — dans Nil6, — dans Chrysostome7 plus de quatre fois, — dans Severianus8, — dans Théodoret9, — dans Anastase Sinaita10, — et dans Jean Damascène11. Ils ont probablement été lus par Origène1 et par Méthode2. Beaucoup de Pères Latins, c’est-à-dire Ambroise 3, — Pacien 4, — Esaias abb. 5, — Victorinus6, — Jérôme7, — Augustin8 — et Léon P.9 les reconnaissent.

Version révisée, etc., p. 205-218.             2 Introduction, i. 292-93.

3 Éphésiens, v. 30.             4 718 (Mass. 294), Gr. et Lat.

5 Dans loc. éd. Swete, Gr. et Lat.             6 i. 95, 267.

7 iii. 215 b, 216 a ; viii. 272 c ; xi. 147 a b c d.

8 ap. Cramer, vi. 205, 208.             9 iii.  434.

10 (560 apr. J.-C.), 1004 a, 1007 a.             11 ii. 190e.

1 Rufin (iii. 61 c) traduit : « quia membra sumus corporis ejus, et reliqua » Il ne s’agit là que des mots litigieux ?

2 ap. Galland. iii. 688 c : — θεν  Ἀπόστολος εθυβόλως ες Χριστν νηκόντισε τ κατ τν Ἀδάμ. οτως γρ ν μάλιστα κ τν στν ατο κα τς σαρκὸ ς τν κκλησίαν συμφωνήσει γεγονέναιEt plus bas (e, et 689 a) : — ὅπως αξηθσιν ο ν ατ οκοδομηθέντες παντες, ο γεγεννημένοι δι το λουτροκ των στν κα κ τς σαρκός, τουτέστιν κ τς γιωσύνης ατο, κα κ τς δόξης προσειληφότες. στ γρ κα σάρκα Σοφίας  λέγων εναι σύνεσιν κα ρετήν, ρθότατα λέγειIl ressort clairement de cela que Méthode a lu Éphés, v. 30 comme nous ; Bien qu’il ait (III. 614 b), sans la clause litigieuse. Ceux qui s’adonnent à ces études sont bientôt qu’il n’est jamais prudent de déduire du silence d'un Père qu'il a désavoué les paroles qu'il omet, surtout si ces mots sont par nature entre parenthèses, ou supplémentaires, ou ne sont pas absolument nécessaires pour le sens. Qu'une courte clause soit à côté de son objectif immédiat, et un père est tout aussi susceptible de ne pas l'omettre. Ce sujet a été discuté ailleurs : mais il convient à la question qui nous occupe de faire remarquer qu’Augustin termine deux fois (iv. 297 c, 1438 c) sa citation de l’endroit actuel : « Apostolo dicente, Quoniam membra sumus corporis ejus. Et pourtant, ailleurs (III, 794), il donne les paroles en entier.

Il est donc vain de pousser du côté opposé, comme s’il y avait quelque chose dedans, le commentateur anonyme de saint Luc dans le Cat. de Cramer. , p. 88.

3 i. 1310 b. Aussi Ambrosiaster, ii. 248 d.

4 ap. Galland. vii. 262 e (372 apr. J.-C.).                 5 Ibid., p. 314, ch.

6 mai, iii. 140.                     7 vii. 659 b.

8 Voir ci-dessus, fin de la note 2.             9 Concil. iv. 50 b.

Des témoignages aussi nombreux et aussi variés ne doivent pas être écartés par l’insipide et dicton malsain « occidental et syrien », — ou par la faible suggestion que les mots en litige sont une glose non autorisée, fabriquée à partir de la version LXX de Gen. ii. 23. Cette allusion de saint Paul est à l’énonciation oraculaire de notre premier père Adam, est assez vrai : mais, comme Alford l’a bien fait remarquer d’après Bengel, il est incroyable qu’un faussaire ait pu être à l’œuvre ici.

Cependant, de telles questions, sur lesquelles nous devons insister à maintes reprises, ne doivent pas être déterminés par des considérations internes : non, — ni par la dictée, ni par ni par la divination, ni par aucune théorie subjective de l’augmentation que les experts et les critiques peuvent être désespérément en cause : mais par le poids des preuves définitives effectivement productibles et produites de part et d’autre. Et quand, comme en l’espèce, l’Antiquité, la variété des témoignages, la respectabilité des témoins, et le nombre d’entre eux sont massivement en faveur du texte traditionnel, qu'est-ce sinon qu’un outrage aux lois de la preuve que de prétendre que le même petit groupe de documents qui nous ont déjà été présentés si souvent, et qui ont toujours été trouvé dans l’erreur, même si aidés par des suppositions spéculatives, devraient être autorisés à l'emporter sur tous les autres témoignages ?

Par conséquent, s’appuyer sur un caractère augmenté ou composite dans un ensemble de lectures serait contraire à l’évidence : — ou en tout cas, il s’agirait au mieux de jeter des bases sur un terrain qui est approuvé par une école de critiques et contestée par l’autre dans tous les cas. La détermination du texte de l'Écriture Sainte n’a pas été livrée à un simple conflit d’opinions opposées, ou aux sables incertains de la conjecture.

D’ailleurs, comme on l’a déjà dit, aucun augmentation ne fournirait des passages que l’école destructrice laisserait complètement de côté. C’est impossible d'« augmenter » dans des endroits où Bא et leurs associés ne fournissent aucun matériau pour l’augmentation supposée. Une brique ne peut pas être fabriqué sans argile. Les matériaux réellement existants sont ceux du Texte traditionnel lui-même. Mais, en fait, ces questions ne doivent pas être résolues par le goût ou les opinions savantes de l’une ou l’autre école, même de celle que nous préconisons. Ils doivent s’appuyer sur le verdict rendu par les faits en preuve, et ces faits ont déjà été placés dans le tableau.

4. Encore une fois, l’accent est mis sur la généalogie. En effet, comme le dit le doyen Burgon lui-même, Tant de choses ont été écrites ces derniers temps sur « le principe » et « la méthode » « de généalogie », qu’il devient à un haut degré désirable que nous déterminer précisément ce que ces expressions signifient légalement. Pas juste polémiste omettrait volontiers d’assigner sa place et sa valeur légitimes à n’importe quel principe pour lequel il observe un adversaire se battre avec empressement. Mais ici est un ' principe ' et voici une ' méthode ' qui sont déclarées d’égale d’une importance capitale. ' Des documents ... sont tous des fragments, généralement occasionnels et fragments épars, d’un arbre généalogique de transmission, parfois de vastes l’étendue et la complexité. Plus nous sommes en mesure de retracer avec précision les principales ramifications de l’arbre, et de déterminer l’emplacement des différents documents parmi les branches, plus les bases posées pour une critique seront sûres capable de distinguer le texte original de ses corruptions successives 1.'

1 Hort, Introduction, p. 40

L’expression est métaphorique ; appartenant de droit aux familles d’hommes, mais transférée à la science textuelle comme indiquant que des phénomènes similaires familles de manuscrits. Malheureusement, les phénomènes qui accompagnent la transmission, — des Natures d’une part, des Textes de l’autre, — sont essentiellement dissemblables. Un petit couple peut donner naissance à une race de géants. Un génie a été connu pour engendrer un cancre. Une couvée d’enfants présentant une extraordinaire diversité de caractère, d’aspect, d'aptitude naissent parfois du même couple. Rien de tel n'est possible dans le cas de copies honnêtes de manuscrits. L’analogie se brise par conséquent en ce qui concerne sa caractéristique la plus essentielle. Et pourtant, il peut y avoir aucune objection à l’utilisation du terme « Généalogie » en relation avec les manuscrits, pourvu toujours qu’il n’y ait rien d’autre à dire que la dérivation par le processus de copie : rien d’autre que l’identité de lecture implique l’identité d’origine 2. »

2 Ibid., p. 46.

Ce n’est que de cette manière limitée que nous pouvons nous prévaloir du principe mentionnés. Bien sûr, s’il s’agissait d’un fait bien établi concernant trois copies (XYZ), que Z a été copié à partir de Y, et Y à partir de X, XYZ pourrait raisonnablement être on parle de trois descendances dans un pedigree ; Bien que l’intervalle entre Z et Y n’était que de six mois, — l’intervalle entre Y et X, six cent ans. De plus, il ne s’agirait pas de trois autorités indépendantes, mais de un seul. Cependant, un tel cas (le fait ne saurait être trop clairement appréhendé), — est tout simplement inexistant. Ce que l’on sait communément se trouve à la surface : — c’est-à-dire. qu’il existe parfois entre deux ou plusieurs exemplaires une telle quantité de affinité textuelle particulière au point de nous contraindre à adopter la supposition qu’ils ont été dérivés d’un original commun. Ces particularités du texte, nous disons nous-mêmes, ne peut pas être fortuite. Se fondant sur le principe que « l’identité de lecture implique l’identité d’origine », nous insistons sur le raisonnement connu de l’inconnu : et (à notre humble distance) nous sommes pleinement confiants de notre fait scientifique, comme Adams et Le Verrier, aurait été de l’existence de Neptune n’avait jamais réussi à voir cette planète.

Ainsi Loin de nous la négation de la valeur et de l’importance du principe que nous sommes en mesure de démontrer son efficacité dans la résolution de quelques problèmes textuels qui ont été donnés dans cet ouvrage. Ainsi E, l’onciale de saint Paul, n’est « rien de mieux, dit Scrivener, qu’une transcription du Cod. Claromontanus ' D. ' Le grec est manifestement sans valeur, et devrait durer longtemps ont depuis été retirés de la liste des autorités1. » Tischendorf néanmoins, ce n’est pas Tregelles, qui le cite à chaque page. Il n’a rien à faire donc, les Codex D et E, à toutes fins utiles, ne sont qu’un seul Codex. Cette affaire, comme les deux suivantes, n’admet heureusement pas de diversité d’opinions. Ensuite, F et G des épîtres de saint Paul, en tant qu’ils sont de confession dérivée d’un seul et même archétype, ne doivent pas être considérés comme deux autorités, mais comme un seul homme.

1 Meunier Scrivener, Introduction, I. p. 177.

De même, la correspondance entre les neuf manuscrits du groupe Ferrar — Evann. 13 à Paris, 69 à Leicester, 124 à Vienne, 346 à Milan, 556 en Grande-Bretagne Musée, 561 à Bank House, Wisbech, — et, à un moindre degré, 348 à Milan, 624 à Crypta Ferrata, 788 à Athènes, — est si extraordinaire qu’elle rend Il est certain que ces copies sont pour l’essentiel dérivées d’un archétype commun1. Ainsi, bien que l’un d’eux (788) soit du Xe siècle, trois (348, 561, 624) sont du onzième, quatre (13, 124, 346, 556) du douzième, et un (69) du douzième, et un (69) du quatorzième, leur témoignage conjoint est considéré comme équivalant au recouvrement une onciale ou un papyrus perdu de date très ancienne, — qu'onciale ou papyrus, d'ailleurs, il serait commode d’indiquer par un nouveau symbole, comme Fr. Ferrar, puisque Φ qui leur était autrefois attribué est maintenant au Codex Beratinus. S’ils sont indiqués numériquement, les chiffres doit en tout état de cause être relié par un trait d’union (13-69-124-346-&C.) ; Ce n’est pas comme si ils étaient des témoins indépendants, comme les cite Tischendorf. Et enfin, B et א sont indéniablement, plus que n’importe quel autre Codex que l’on puisse nommer, les dépositaires d’un seul et même texte particulier, presque unique.

1 Introduction, I. Annexe F, p. 398*.

Je propose d’appliquer les remarques qui précèdent à la solution de l’un des plus important des problèmes textuels. On sait qu'une controverse a fait rage autour des douze derniers versets de l’Évangile de saint Marc sont connus de tous. On sait aussi qu’un laborieux traité a été publié sur le sujet en 1871, qui, dans l’opinion des juges compétents, a eu pour effet de mettre les "Douze derniers versets de saint Marc" à l'abri de tout soupçon. Malgré cela, au bout de dix années plus tard, on tenta de faire revivre l’ancien plaidoyer. Le passage, disent les docteurs Westcott et Hort, « ne peut manifestement prétendre à aucune autorité apostolique ; mais c’est sans doute fondée sur une tradition de l’âge apostolique », dont « la date précise doit rester inconnus. Il s’agit d’une « interpolation très précoce » (p. 51, 46). En un mot, « les douze derniers versets » de l’Évangile de saint Marc, selon les docteurs Westcott et Hort, sont faux. Mais quel est leur fondement de confiance ? car nous prétendons être aussi compétents qu’eux pour juger des témoignages. Il s’avère être ' l’unique critère fourni par la concordance des attestations indépendantes de א et B » (p. 46).

" Des attestations indépendantes" ! Mais quand deux copies de l’Évangile sont confessées dérivées d’un seul et même original, comment leurs « attestations » peuvent-elles être qualifiées d'« indépendantes » ? C’est cependant sous-estimer considérablement l’affaire. La non-indépendance de B et א dans respect de saint Marc xvi. 9-20 est absolument unique : car, chose étrange à raconter, il se trouve que le feuillet même sur lequel se trouve la fin de l’Évangile de saint Marc et le début de saint Luc est écrit (S. Marc xvi. 2-Luc i. 56), est l’un des six feuilles de Cod. א qui sont considérées comme ayant été écrites par le scribe de Cod. B. « L’inférence », remarque Scrivener, ' est simple et direct, qu’au moins dans ces feuilles Codd. Bא ne faisons qu’un seul témoin, pas deux1.

1 Introduction, II. 337, note 1. Et pour le dernier avis de Dean Burgon sur la Date de א voir ci-dessus, p. 46, 52, 162. Le manuscrit actuel, que j’ai été obligé d’abréger afin d’éviter répétition d’une grande partie de ce qui a déjà été dit, a été l’une des dernières Productions. Voir l’annexe VII.

Le principe de la Généalogie admet une approche plus étendue et plus importante s’appliquant en l’espèce, car B et א ne sont pas tout à fait isolés, mais sont exclusivement associés à trois ou quatre autres manuscrits dont on peut considérer qu’ils en descendent. Dans la mesure du possible peuvent être considérés comme les fondateurs, ou du moins comme des membres éminents d'une famille, dont les descendants étaient peu nombreux, parce qu’ils étaient généralement condamnés par les générations qui leur ont succédé. Pas eux, mais d’autres familles sur d’autres généalogiques, étaient d’autant plus semblables au patriarche dont la progéniture était égale les étoiles du ciel en multitude.

Je ne serai pas assez simple pour prétendre fixer la date précise et assigner une localité définie à la source ou aux sources fontales de notre présente de notre perplexité et de notre détresse actuelles. Mais je soupçonne que dans la petite poignée d’autorités qui ont acquis une telle notoriété dans les annales de la critique textuelle récente, à la tête de laquelle se trouvent les Codex B et א, on reconnaît les traits caractéristiques d’une famille perdue (autrefois documents bien connus) du IIe ou du IIIe siècle, qui devaient leur existence au zèle malavisé de certaines personnes bien intentionnées, mais tout à fait incompétentes, se consacrèrent à la tâche de corriger le texte de l’Écriture ; mais ont été totalement inapte à l’entreprise1.

1 Depuis la mort du doyen Burgon, il y a eu lieu d’identifier cet ensemble de lectures avec le texte syrio-bas-latin, dont j’ai la première origine remontait aux temps les plus reculés avant que les Évangiles ne soient écrits — par saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, et bien sûr saint Jean.

Cependant j’ose aussi penser que c’est en grande partie à Alexandrie que Le texte en question a été fabriqué. Les principales raisons pour lesquelles je pense qu’il en est ainsi sont les suivantes : (1) Il y a une ressemblance marquée entre les lectures particulières de Bא et les deux versions égyptiennes, — la bohaïrique ou version de la Basse-Égypte surtout. (2) Personne ne peut manquer d’avoir été frappé par l’évidente sympathie entre Origène, — qui, en tout cas, avait passé plus de la moitié de sa vie à Alexandrie, — et le texte en question. (3) Je remarque que Nonnus qui vivait dans la Thébaïde, montre une sympathie considérable pour le texte que je juge si corrompu. (4) Je ne peux pas passer sous silence le fait que Cod. א a été découvert dans un monastère sous l’emprise du patriarche d’Alexandrie, Bien qu’il n’y ait aucune preuve à indiquer. (5) Le licencieux si caractéristique de la version des Septante de l’Ancien Testament, — l’œuvre de Juifs d’Alexandrie, — va dans le même sens, et me fait soupçonner que Alexandrie a été la source finale du texte de B-. (6) J’observe en outre que le texte sacré (κείμενον) dans les Homélies de Cyrille sur saint Jean est souvent semblable à B-א ; et c’est là, je le tiens pour acquis, l’effet de l’école d’Alexandrie, — pas du patriarche lui-même. (7) Denys d’Alexandrie se plaint amèrement des Codex corrompus de son temps : et certainement (8) Clemens avait l’habitude d’employer copies du même genre. Lui aussi était d’Alexandrie1.

1 Ainsi en fut-il de saint Athanase dans ses premiers jours. Voir ci-dessus, p. 119, note 2.

Telles sont les principales considérations qui m’inclinent à soupçonner qu’Alexandrie a largement contribué à nos problèmes textuels.

Les lectures de B-א sont la conséquence d’une jonction de deux ou plusieurs courants puis d’une dérivation à partir d’un seul archétype. Cette inférence est confirmée par le fait que la même Le texte général que B expose est également exposé par le Codex L du VIIIe siècle, l’œuvre probablement d’un scribe égyptien2 : et au Xe siècle Codex 33 : et par le Codex 1 du XIe siècle : et dans une certaine mesure par le Codex 69 du XIIe siècle.

2 Miller’s Scrivener, Introduction, I. 138.

Nous ont déjà pu passer à une autre étape très importante. Rien dans l’histoire des premiers temps de l’Église ne prouve qu’il existait un certain nombre de manuscrits sur vélin du Nouveau Testament avant le quatrième siècle. Aucun document de ce genre ne nous est parvenu. Mais nous savons, comme nous l’avons montré plus haut, que que les écrits sur papyrus ont été transcrits sur vélin dans la bibliothèque de Césarée. Que faut-il en conclure ? Que, comme on l’a déjà suggéré, les manuscrits papyrus, sont principalement les ancêtres des Onciales, et probablement des Onciales les plus anciennes. En plus de cette inférence, nous avons vu qu’il est également très probable que beaucoup des Cursives ont été transcrites directement à partir de livres ou de rouleaux de papyrus. Pour que la généalogie des manuscrits du Nouveau Testament comprend un grand nombre de descendants, et de nombreuses lignes de descendance, qui se ramifiaient à partir d’une tige sur la départ d’origine à partir de l'Autographe de chaque livre. Le Vatican et le Sinaïtiquene sont pas prééminents en raison d'une grande lignée de filiation passant à travers eux jusqu'à une postérité innombrable héritant de la terre, mais ils sont membres d'une famille condamnée dont l'issue a été minime. Les rejetés du IVe siècle ont été dédaigné par les siècles suivants. Et certainement aussi le IVe siècle, riche en une liste d’hommes qui se sont distingués depuis par leur capacité et leur érudition, peut être autorisée de proclamer ses vrais sentiments et d’être jugé d’après ses propres décisions, d’être privé du droit de vote par les critiques du dix-neuvième.

3 p. 2 et 155.

L’histoire du Texte traditionnel, au contraire, est continue et complète sous l’angle de la généalogie. Le pedigree de celui-ci peut être recommandé à la l’examen du Collège des Hérauts. Elle se succède pas à pas dans une succession ininterrompue régulièrement jusqu’à l’époque la plus ancienne. Les présentes éditions imprimées peuvent être comparé, pour une extrême exactitude, avec le texte transmis par les Elzévirs ou Bèze comme le texte reçu par tout leur temps. Érasme suivit ses quelques manuscrits parce qu’il savaient qu’ils étaient de bons représentants de l’esprit de l’Église qui avait été sous les soins incessants et affectueux des transcripteurs médiévaux : et les texte d’Érasme imprimé à Bâle ne s’accordait que peu avec le texte de les éditeurs complutentiens publiés en Espagne, pour lesquels le cardinal Ximenes se procura des manuscrits à n’importe quel prix. Personne ne doute de la coïncidence dans tous les cas points essentiels du texte imprimé avec le texte des cursives. Dr. Hort certifie le texte cursif dès le milieu du IVe siècle. Il dépend de diverses filiations et s’appuie sur le témoignage fourni par de nombreux Pères contemporains antérieurs à l’an 1000 apr. J.-C., lorsque les manuscrits n’ont pas rendu témoignage en foule. L’acceptation par l’Église du Ve siècle, qui vit le règlement des grandes controverses doctrinales soit faite, soit confirmée, prouve que le sceau a été apposé sur la validité des premiers pedigrees par les illustres intellectuels et la foi saine de l'époque. Et dans le cinquième chapitre de cet ouvrage, le témoignage contemporain est ramené aux premiers jours. Il y a donc un groupe de pedigrees, pas dans une seule lignée mais dans de nombreux cours parallèles de descendance, non pas dans un seul pays, mais dans plusieurs, dans toute l’Église catholique où le grec était compris, attesté par des Versions, et abondamment illustrées par les Pères, le long desquelles sans interruption dans la continuité du Texte Traditionnel dans ses principales caractéristiques a été transmis. Sans doute reste-t-il encore quelque chose à faire pour l’Église dans le cadre du présent d’une extraordinaire jurisprudence dans la vérification de certains détails l’émission d’un petit nombre de modifications, et non pas d’une remise en question ou d’une modification l’autre école tout ce qui s’approche d’un huitième du Nouveau Testament1 : c’est pourquoi nous possédons maintenant pour l’essentiel les Paroles mêmes des Saints Évangiles, telles qu’elles de leurs auteurs inspirés, nous sommes enseignés selon le principe de Généalogie dont il n’y a aucune raison valable de douter.

1 Hort, Introduction, p. 2.

À conclure, le système que nous préconisons sera perçu comme contrastant de façon frappante avec ce qui est soutenu par l’école adverse, de trois manières générales :

I. Nous avons avec nous la largeur et la profondeur contre l’étroitesse de leur côté. Il s’agit de visiblement contractée dans le petit nombre de témoins qu’ils jugent dignes de crédibilité. Ils sont limités quant à la période de l’histoire qu'ils considèrent comme la seule à mériter l'attention. Elles sont limitées en ce qui concerne les pays d’où vient leur témoignage. Ils fournissaient aux chrétiens un texte abrégé et les éduquaient dans le cadre d’un système en béton. Au contraire, nous défendons le plus grand nombre contre quelques-uns : nous accueillons tous les témoins, et pesons tous les témoignages : nous soutenons tous les âges contre un ou deux, et tous les pays contre un espace étroit. Nous maintenons le catholicisme authentique et complet de la vraie chrétienté contre un sectarisme abandonné exhumé du IVe siècle. Si nous condamnons, c'est parce que l'évidence condamne. Nous nous accrochons à toutes les Paroles précieuses qui sont descendus jusqu’à nous, parce qu'elles ont été préservées jusqu'à nos jours sous des verdicts dépendant de preuves accablantes.

II. Nous opposons les faits à leurs spéculations. Ils exaltent B et א et D parce qu’à leur avis, ces copies sont les meilleures. Ils tissent des toiles ingénieuses et inventent des théories subtiles, car leur paradoxe de quelques-uns contre le grand nombre requiert de l'ingéniosité et de la subtilité pour être soutenu. Le Dr Hort se délectait de théories finement filées et des termes techniques, tels que « probabilité intrinsèque », 'Probabilité transcriptionnelle', ' Preuve interne des lectures', ' Interne des documents », qui impliquent bien sûr un certain nombre de preuves, mais sont les faibles piliers d’une structure lourde. Même les corrections conjecturales 1 et les décrets incompatibles2 ne sont pas rejetés. Ils sont infectés par la théorisation qui gâte quelques-uns des meilleurs travaux allemands, et par un idéalisme qui est le fléau de nombreux esprits universitaires, en particulier à Oxford et à Cambridge. À l’opposé de ce séjour au pays des nuages, nous sommes essentiellement de la terre, mais pas terreux. Nous ne sommes rien, si nous ne sommes pas fondés sur des faits : notre appel est notre test réside dans les faits, dans la mesure où nous le pouvons, nous construisons témoignages sur témoignages  et empilons faits sur faits. Nous imitons la procédure des tribunaux de la justice dans les décisions résultant du produit convergent de tous les éléments de preuve, lorsqu’elle a été contre-interrogée et passée au crible. En tant qu’hommes d’affaires, pas moins de étudiants, nous nous efforçons de poursuivre les études de la bibliothèque selon les meilleures méthodes du monde.

1 Hort, Introduction, p. 7.

2 Revue trimestrielle, n° 363, Juillet 1895.

III. Nos adversaires se démodent peu à peu : le monde dérive loin d’eux. Des milliers de manuscrits ont été ajoutés aux réserves connues depuis que Tischendorf a formé son système et que Hort a commencé à théoriser, et leur poignée de documents préférés est devenue, en comparaison, de moins en moins nombreuse. Depuis la mort de ces deux éminents critiques, les trésors déterrés en Egypte et ailleurs ont repoussé la date de la science de la paléographie depuis le IVe siècle après l’ère chrétienne jusqu’à au moins le troisième siècle précédent, et le papyrus a surgi dans une importance inattendue dans l’histoire de l’écriture ancienne et médiévale. On découvre qu’il n’y a pas eu de période onciale par laquelle passe nécessairement la généalogie des cursives. Les anciennes théories sur ces points doivent généralement être reconstruites s’ils doivent concorder avec des faits connus. Mais cette acquisition de connaissances qui met nos adversaires dans l’erreur, n’a d’autre effet sur nous que de confirmer notre position avec une nouvelle preuve. En effet, nous nous réjouissons du déblocage du trésor inépuisable de richesses antiques, puisque notre théorie, étant aussi ouverte que possible, et reposant sur le visible et le réel, reste non seulement indemne, mais affermi. S’il fallait le réorganiser, il ne s’agirait que d’un réapprovisionnement de détails, non de nos principes qui sont suffisamment vastes pour admettre tout ajout d'éléments de jugement. Nous faisons confiance à l’Église de tous les temps le gardien et le témoin de l’Écriture Sainte, nous nous inclinons devant l’enseignement du Saint-Esprit, comme le montrent en toute sagesse les faits et les preuves : et nous sommes certains que, n’ayant pas d’idées préconçues, mais guidés par de telles directives, par des principes si raisonnables et si complets, et en observant les règles et les instructions qui nous font appel avec une telle autorité, nous sommes, à tous égards importants

DEBOUT SUR LE ROCHER.

 

ANNEXE I.

Rayon de miel — ἀ π μελισσίου κηρίου.

[Le Doyen a laissé des instructions positives pour la publication de cette Thèse, comme étant terminé pour l’impression.]

I Je propose ensuite d’attirer l’attention sur l’omission de saint Luc, xxiv. 42 d'un incident précieux dans l'histoire de la Résurrection de notre Seigneur. C'est pour convaincre efficacement les Disciples que c'était Lui-même, dans Son corps humain, qui se tenait devant eux dans la chambre haute le soir du premier jour de Pâques,  qu'Il s'enquit : « Avez-vous ici quelque chose à manger? [verset 42] Et ils lui présentèrent une pièce de poisson rôti, et d'un rayon de miel. » Mais ces quatre derniers mots (κα π μελισσίου κηρίου) parce qu’ils ne se trouvent pas dans six exemplaires de l’Évangile, sont par Westcott et Hort éjectés du texte. Chose calamiteuse, les réviseurs de 1881  furent persuadés par ces critiques de les exclure également Comment les hommes peuvent-ils supposer qu’une clause telle s’est universellement établi dans le texte sacré, s’il est faux ? ' Comment pensez-vous, me demandera-t-on en réponse, si elle est authentique, qu'une telle clause ait été omise dans aucun manuscrit ?

Je réponds, — L’omission est due à la prévalence dans le plus jeune âge des expositions fabriquées du récit évangélique ; dans lequel, chose singulière, l’incident rapporté dans saint Luc xxiv. 41-43 a été identifié avec cet autre repas mystérieux que saint Jean décrit dans son dernier chapitre1.

1 Saint Jean xxi. 9 à 13.

Il semble incroyable, à première vue, qu’on ait jamais tenté de établir une harmonie forcée entre des incidents présentant autant de points de contraste marqué : car saint Luc parle de (1) « poisson rôti [χθύος πτο] et d'un rayon de miel », (2) qu’ " ils lui donnèrent " (3) "et qu’il mangea" (4) le premier jour de Pâques, (5) le soir, (6) dans une chambre, (7) à Jérusalem : — considérant que saint Jean précise (1) « le pain et le poisson [ψάριον] de même, (2) qu’Il leur a donné , (3) et dont il n’est pas rapporté qu’il ait pris part Lui-même. (4) L’occasion a été subséquent : (5) l’heure, tôt le matin : (6) la scène, le bord de mer : (7) le pays, Galilée.

Qu’on l’admette franchement, d’autre part, en guise d’excuse pour ceux qui les anciens, que le « poisson rôti » était commun aux deux repas ; qu’ils sont tous les deux appartiennent à la période postérieure à la Résurrection : que les mêmes partis, notre Seigneur et Ses Apôtres étaient concernés dans l’une ou l’autre transaction ; et que Les deux sont précédés de mots d’interrogation similaires. Renoncer à cela, c’est un fait évident qu’Eusèbe, dans son 9e canon, met les deux incidents en parallèle ; numérotation St. Luc (xxix. 41-3), § 341 ; et saint Jean (xxi. 9, 10, 12, première moitié, et 13־), individuellement §§ 221, 223, 225. Les sections syriaques qui ont échappé jusqu’ici à l’attention des érudits critiques1 sont encore plus précises. Que l’intention de leur vénérable compilateur, quel qu’il soit, exposé dans son intégralité. Cela n’a jamais été fait auparavant :

1 Dans Studia Biblica et Eccles. II. vi. (G. H. Gwilliam), publié il y a deux ans après la mort du Doyen, on trouvera une description complète de cette forme de Sections.

(S. Luc, XXIV.) ' (Saint Jean xxi.)
'§ 397· [Jésus] leur dit : '§ 255. Jésus leur dit :
Avez-vous ici quelque chose à manger ? (verset 41.) Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. (verset 5.)
« Id..........

'§ 259. ... Dès qu'ils furent arrivés à terre, ils virent là un feu de braise, du poisson posé dessus et du pain, (verset 9.)

 

' 398. Et ils Lui donnèrent un morceau d’un poisson rôti et d’un rayon de miel, (ver. 42.)

' § 264. Jésus s’approcha, prit du pain, et leur donna, et du poisson de même. (verset 13.)

 

' § 399. Et Il l’a pris et a mangé devant eux. (verset 43.)'

 

' § 262. Jésus leur dit : Venez, et dînez. (verset 12.)'

 

L’intention de tout cela est indubitable. Les lieux sont volontairement identifiés. Mais le mal est d'une date beaucoup plus ancienne que les canons eusébiens, et doit avoir été dérivé en premier lieu d'une source distincte. Eusèbe, comme il nous le dit lui-même, n'a fait que suivre le sillage des autres. Si le Diatessaron d'Ammonius ou celui de Tatien étaient un jour retrouvés, un flot de lumière serait pour la première fois déversé sur un département de preuves où, à l'heure actuelle, nous devons nous contenter de tâtonner1.

1 D’après ce que nous savons aujourd’hui du Diatessaron de Tatien, il les a gardés distinctes. — Ndlr.

Mais je soupçonne qu'un autre élément de confusion vient de ce Commentaire perdu du Cantique de Salomon dans lequel Origène se serait surpassé2. Certains anciens insistent pour découvrir dans saint Luc xxiv. 42 l'accomplissement littéral de la version grecque du Cant. v. 1 : « J’ai mangé mon pain avec du miel » Cyrille de Jérusalem remarque que ces paroles de l’époux « s’accomplirent » lorsqu' « Ils lui donnèrent un morceau d’un poisson rôti et d’un rayon de miel3 » : Grégory Nyss. (faisant allusion au même endroit) que « le vrai Pain », lorsqu’il est apparu à ses disciples, « a été adouci par un rayon de miel4 ». Ces Pères étaient loin de se douter de la perplexité qui, à la fin du XVe siècle, leurs références ferventes et parfois fantaisistes à l’Ecriture occasionneraient !

2 ' Origenes, quum in caeteris libris omnes vicerit, dans Cantico Canticorum ipse se vicit.' — Hiéron. Opp. iii. 499 ; i. 525.

3 Après avoir cité Luc, xxiv, 41, 42 in extenso, il poursuit : βλέπεις πώς πεπλήρωται τό. φαγον ρτον μου μετ μέλιτός μου (ρ. 210 b) : et κα μετ τν ναστασιν λεγεν, φαγον τν ρτον μετ μέλιτός μου. δωκαν γρ ατ π μελισσίου κηρίου (ρ. 341 a).

Ἄρτος γίνεται, οκέτι π πικρίδων σθιόμενος ... λλ' ψον ἑαυτῷ τ μέλι ποιούμενος. Et,  μετ τν ν άστασιν προφανες τος μαθητας ἄρτος στί, τ κηρί το μέλιτος δυνόμενος, — i. 624 a b. Voir plus à propos de cette citation ci-dessous, p. 249 note.

Je poursuis en montrant comment les anciens ont invariablement confondu ces deux récits, ou plutôt ces deux occasions distinctes. « Qui ne sait pas ? » demande Epiphane, ' que notre Sauveur a mangé, après sa résurrection d’entre les morts ? Comme le disent les saints Évangiles de la Vérité, « Il lui fut donné » [ce qui est une référence à saint Luc], « du pain et une part de poisson rôti ». [mais c’est saint Jean qui parle du pain] ; — « Et Il prit et mangea » [mais seulement selon saint Luc], « et donna à ses disciples, » [mais seulement selon saint Jean. Et pourtant, il doit s’agir de Saint-Luc récit, car Épiphane ajoute aussitôt : « comme il l’a fait aussi à la mer de Tibériade ; à la fois en mangeant » [bien qu’il n’y ait pas de repas de sa part concernant ce repas,] « et en distribuant1. » Ephraem Syrus fait de même Inexactitude. « S’il n’était pas chair, demande-t-il, qui était-ce, à la mer de Tibériade, qui en a mangé2 ? « Pendant que Pierre pêche, dit Hésychius3, (en se référant clairement au récit de saint Jean), « voici dans les mains du Seigneur du pain et des rayons de miel4 » : où le 'rayon de miel' s'est clairement égaré et a repoussé le poisson. Épiphane ailleurs encore plus fatalement confond les deux incidents. « Jésus » (dit-il) « une seconde fois après Sa Résurrection mangea à la fois un morceau de poisson rôti et un rayon de miel5. On aurait pu mettre cela sur le compte de la pure inadvertance, mais ce Jérôme par circonstance fait la même affirmation : — « Dans l’Évangile de Jean, nous lisons que pendant que les apôtres pêchaient, il se tint sur le rivage et mangea une partie d’une poisson rôti et d'un rayon de miel. À Jérusalem, il n’est pas apparenté à avoir fait quoi que ce soit du genre96. » De qui Jérôme a-t-il pu tirer cette déclaration farfelue 97 ? Ce n’est certainement pas le sien. Cela apparaît dans sa lettre à Hedibia où il est clairement traducteur uniquement.98. Dans un autre endroit, Jérôme dit : « Il cherchait du poisson rôti sur les braises, afin de pour confirmer la foi de ses apôtres qui doutaient, qui craignaient de s’approcher de lui, parce qu’ils croyaient voir un esprit, et non un corps solide 99' : qui est un mélange du récit de saint Jean avec celui de saint Luc. Clemens Alex., dans un passage qui a échappé jusqu’ici à l’attention, affirme à dessein que Le Seigneur bénit les pains et les poissons rôtis avec lesquels il régalait Ses Disciples100.' Où a-t-il trouvé cette information ?

1 Épiph. i. 143. 2 Éphr. Syr. ii. 48 e.

3 Ou qui que ce soit d’autre qui ait été l’auteur de la première homélie de la Résurrection, attribuée à tort à Gregory Nyss. (iii. 382 à 399). Hésychius était probablement l'auteur de la deuxième homélie. (Douze derniers versets, etc., pp. 57-9) L’un et l’autre sont cependant des compilations, dans lesquelles ont été exposés de précieux passages de Pères beaucoup plus anciens entrelacés sans scrupule, — à l’infinie perplexité de tous les lecteur.

4 Apud Greg. Nyss. iii. 399 d. 5 Épiph. i. 652 d.

96 In Joanne legimus quod piscantibus Apostolis, in littore steterit, et partem assi piscis, favumque comederit, quae verae resurrectionis indicia sunt. À Jérusalem, autem nihil horum fecisse narratur. — Hiéron. i. 825 a.

97 Pas du Qu. ad Marinum d’Eusèbe apparemment. Comparez cependant Jérôme, i. 824 d avec Eusèbe (ap. Mai), iv. 295 (cap. x).

98 Voir les douze derniers versets, etc., pp. 51-6. 99 i. 444 b.

100p. 172.

Une chose de plus en rapport avec "le poisson rôti et le rayon de miel." Athanase — et Cyril Alex.101 après lui — répéter l’incident avec une entière exactitude ; mais Athanase ajoute l’affirmation apocryphe que « Il prit ce qui restait et le leur donna ».102' : appendice insipide que l’on trouve d’ailleurs dans le syriaque de Cureton [et non dans le Lewis], — dans les versions bohaïrique, harkleienne, arménienne et éthiopienne ; et doit l’ont emporté dans une mesure formidable, car elle s’est même établie dans la Vulgate103 . Elle est attestée, en outre, par deux onciales du IXe siècle  (ΚΠ) et dix copies cursives, 104. Le lecteur réfléchi se dira à lui-même : « Si le Cod. B s'était joint à cette formidable conspiration de témoins primitifs, la nouvelle école nous l'aurait également imposé comme un évangile indubitable : et les remontrances auraient été vaines !  »

101 iv. 1108 ch.

102 Athanas. i. 644 : κα φαγν νώπιον ατν. ΛΑΒΩΝ ΤΑ ΕΠΙΛΟΙΠΑ ἀ πέδωκεν ατος. Ce passage réapparaît dans le Commentaire fragmentaire publié par Maï (ii. 582). dépouillé seulement des mots κα π μελ. κηρ. — Les mots caractéristiques (en chapiteaux) n’apparaissent pas chez Épiphane (i. 143 c). qui se contente de dire κα δωκε τος μαθητας. — confondre le lieu de saint Luc avec le lieu de saint Jean.

103

Août iii. P. 2, 143 (400 apr. J.-C.) ; VIII. 472 (404 apr. J.-C.).

104

À les 9 spécifiés par Tisch.—(Evann. 13, 42, 88 (τα περισσευματα), 130 (το επαναλειφθεν). 161, 300, 346, 400. 507), — ajouter Evan. 33, dans lequel les mots κα τ πίλοιπα δωκεν ατος ont été négligés par Tregelles.

Maintenant, comme tous doivent le constater, il est tout simplement incroyable que ces nombreux Pères, s'ils avaient employé des copies honnêtes de l'Évangile de saint Luc et de saint Jean, auraient pu tomber dans des déformations si fréquentes et si étranges de ce que disent réellement ces évangélistes. D'après quelque Évangile fabriqué — de quelque « Diatessaron » ou « Vie du Christ », autrefois célèbre dans l'Église, depuis longtemps complètement oublié, — d'un récit non authentique de la mort et de la résurrection de notre Sauveur, je dis que ces diverses dépravations de l'histoire sacrée il faut que cela ait été importé dans l'Évangile de saint Luc. Et voilà que de tout ce fatras, les seules traces manuscrites qui subsistent encore aujourd'hui se trouvent dans les fameux B- ℵ , avec A, D, L et Π, — un exemplaire chacun de la Vielle Latine (e) et le Bohairic [et le Lewis], — qui jouissent exclusivement de la distinction peu enviable d'omettre l'incident du « rayon de miel » : alors que le faux aveu appendice, « Il leur donna ce qui restait », jouit d’une variée et plus respectable, — et pourtant n'a trouvé la faveur d'aucun éditeur du Texte sacré : non, et nos réviseurs n'ont pas non plus jugé bon, par une note marginale, d'avertir le lecteur anglais ordinaire que « de nombreuses autorités onciales » sont défigurées de cette manière particulière. Avec cette dernière accrétion à la vérité inspirée, nous n'avons donc pas besoin de nous retarder : mais que, tant d'influences perturbatrices ayant abouti, à la fin de dix-sept siècles, à l'élimination de la clause κα π μελισσίου κηρίου de six copies corrompues de l’Évangile de saint Luc, — une détermination fixe ou une tendance à l’erreur de mutiler les récits évangéliques de l’incident que ces quatre mots renferment, — cela peut créer de l’anxiété. Elle fait de l’enquête critique un devoir impératif : pas en effet pour notre propre satisfaction, mais pour celle des autres.

Sur nous-mêmes, le seul effet produit par la vue d'une demi-douzaine d'Evangelia, — qu'elles soient écrites en oncial ou en cursif, nous semble de peu d'importance, — s'opposant à l'ensemble des copies, onciales et cursives. , c'est simplement pour nous rendre méfiant à l'égard de ces six Evangelia. Montrez-nous qu'ils ont déjà été jugés à plusieurs reprises et qu'ils ont été condamnés comme souvent, et notre suspicion devient intense. Ajoutez les preuves de l'action d'une force perturbatrice comme celles qui ont déjà été présentées au lecteur ; et une enquête plus approfondie dans notre propre esprit nous semble superflue. Mais nous devons répondre à ces éminents critiques qui ont statué que les Codex B- ℵ , D, L ne peuvent pratiquement pas se tromper, voire jamais.

Le silence des Pères n’a vraiment pas beaucoup d’importance. Certains critiques citent Clemens Alexandrinus. Mais qu’il soit permis à ce Père de parler pour lui-même. Il s'insurge contre la gourmandise. La variété n'est-elle pas compatible avec la simplicité du régime alimentaire ? (il demande); et il énumère les olives, les légumes, le lait, le fromage, etc. S'il faut que ce soit de la chair, poursuit-il, que la chair soit simplement rôtie. Avez-vous ici quelque chose à manger ? dit notre Seigneur à ses disciples après sa résurrection. Après quoi, après avoir été enseignés par Lui à la frugalité en matière de nourriture, « ils lui présentèrent une pièce de poisson rôti ». ... Pourtant, il ne faut pas négliger le fait que ceux qui soupent comme la Parole l'approuve peuvent en outre prendre part au « rayon de miel ». La nourriture la plus saine, en un mot, nous considérons celle qui ne nécessite aucune cuisson : ensuite, comme j'ai commencé par l'expliquer, les produits alimentaires ordinaires et bon marché . Serai-je considéré comme déraisonnable si j'insiste sur le fait que, loin d'admettre que Clemens soit « silencieux » à propos du « rayon de miel », je considère même son témoignage comme la lecture traditionnelle de saint Luc XXIV. 42 comme explicite? À la fin des 1700 ans, je suis aussi sûr que le « rayon de miel » a été trouvé dans sa copie, comme si je l'avais vu de mes yeux.

Origène, qui est ensuite cité, a fait des remarques en un endroit au sujet de notre SAUVEUR :" Il est clair qu’après sa résurrection, il a mangé d’un poisson 2." De même Le Père interprète mystiquement la circonstance que les disciples « lui donnèrent un morceau de poisson rôti3.' Eusèbe de la même manière trois fois mentionne le fait que notre Seigneur a mangé du « poisson rôti4 » après Son Résurrection. Et parce que ces auteurs ne mentionnent pas aussi le « rayon de miel », c’est Tischendorf et son école supposent que les mots κα π μελισσίου κηρίου ne peuvent pas avoir existé dans leurs copies de saint Luc5. L’inférence proposée est clairement inadmissible. Cyrille, après avoir cité avec justesse saint Luc XXIV. 36 à 43 (' rayon de miel ' et tout) 6, poursuit la remarque exclusivement sur l’incident du « poisson»7. Ambroise et Augustin certainement reconnu l’incident du « rayon de miel » : mais celui-ci ne fait que remarque que « manger du poisson avec l’Éternel vaut mieux que manger des lentilles avec Ésaü8 » ; tandis que le premier tire une inférence mystique du récit de l’Évangile selon lequel Jésus mangeait des poissons rôtis9.' N'est-il pas évident que l'incident le plus remarquable, celui du « poisson grillé », étant commun aux deux repas, représente tout ce qui a été mangé à l'une ou l'autre occasion ? en d'autres termes, représente la totalité du repas ? Elle n’exclut ni le « rayon de miel » de la chambre haute, ni le « pain » qui était mangé à côté du Lac galiléen. Tertullien1, n’ayant pas l’intention de faire un affront au ' poisson rôti ' ou au ' pain ' ne fait mention que de l' mangé en rayon de miel après Sa Résurrection. C'est pourquoi Jérôme, s'adressant à Jean, évêque de Jérusalem, s'exclame : « Pourquoi le Seigneur a-t-il mangé du rayon de miel ? Non pas pour te donner le droit de manger du miel, mais pour démontrer la vérité de sa Résurrection2. Tirer des conclusions du silence rhétorique des Pères comme s’il s’agissait d’un problème mathématique ou d’un acte de Parlement, ne peut qu’aboutir à des idées fausses sur le sens de ces hommes anciens.

2 i. 384·         3 iii· 477·             4 Apud Mai, iv. 294, 295 bis.

5 ' Ibi τ κηρίον praeterire non poterat [sc. Origenes] si in exemplis suis additamentum reperisset.' (Extrait de la note de Tischendorf sur Luc xxiv. 42.)

6 iv. 1108 b.

7 Κατεδήδοκε γρ τ προκομισθν ίχθύδιον, τοι τ ξ ατο μέρος. — Idem. d. De même, dans les fragments du Commentaire de Cyrille sur saint Luc, il est observé pour se référer à l’incident du morceau de poisson rôti exclusivement. (Mai, ii. 442, 443, qui réapparaît dans P. Smith, p. 730.)

8 iii. P. i. p. 51. Pour le rayon de miels, voir iii. P. ii. p. 143 a : VIII. 472 d.

9 i· 215.

1 Favos post fella gustavit. — De Corona, c. 14 (i. p. 455.

2ii. 444 a.

Comme pour Origène, il n’y a rien dans l’un ou l’autre des deux endroits communément cités de ses écrits 3, où il ne mentionne que la consommation de « poisson », excluent la croyance qu’Origène connaissait également le « rayon de miel » dans saint Luc xxiv. 42. Nous n’avons que des fragments de son Commentaire sur saint Luc 4, et une traduction abrégée de son célèbre Commentaire sur les Cantiques. Si ces œuvres étaient par la suite récupérées dans leur intégralité, je soupçonne fortement qu’un certain scholium dans la Catena de Cordier sur saint Luc5, qui contient une reconnaissance très élaborée du « rayon de miel » ne sera rien d’autre mais un extrait de l’un ou l’autre d’entre eux. Au pied, le lecteur érudit sera Satisfait de la vue de l’original grec du scholium mentionné6, que Cordier exhibe si malencontreusement en latin. Il sera au moins conscient que si ce n'est pas Origène qui nous parle ici, c'est quelque autre père très ancien, dont le témoignage sur l'authenticité de la clause actuellement examinée est une preuve positive en sa faveur qui l'emporte largement sur les preuves négatives de l’archétype de B-א. Mais en fait, en tant que spécimen de mystique interprétation, le passage en question est tout à fait dans la manière d’Origène1 — a toute sa ferveur sauvage, — selon toute probabilité, c’est en fait le sien.

3 i. 384 ; iii. Chapitre 477.

4 Opp. iii. 932-85 : avec lequel comp. Galland. xiv. Ajouter. 83-90 et 91-109.

5 N° de cat. (1628), p. 622. Cordier traduit de 'Venet. 494' (notre 'Evan. 466').

6 Ce qui suit a été obtenu (28 juin 1884) par la faveur de Sig. Veludo, le savant bibliothécaire de Saint-Marc, d’après la Catena sur l’Évangile de saint Luc à Venise (cod. 494 = notre Evan. 466), que Cordier (en 1628) traduisit en Latin. Le latin de ce passage particulier se trouve à la p. 62 2 de son travail mal imaginé et presque inutile. La première partie de celui-ci (συνέφαγε ... ναπογράψονται) se trouve parfois sous forme de scholium, par exemple dans le Cod. Marc. Venet. 27 (notre Evan. 21o), et est déjà connu des érudits par le N. T. de Matthaei (note sur Luc. xxiv. 42). Le reste du passage (qui apparaît maintenant pour la première fois) je l’expose pour la commodité du lecteur, parallèle avec un passage de Grégoire de Nysse Homélie chrétienne sur les cantiques. Si l’auteur de ce qui se trouve dans le second ne cite pas ce qui se trouve dans la première, il est au moins certain que L’un et l’autre ont eu recours au même original perdu, et ils le citent ici :

ANON. apnide Corderium (fol. 58) : voir ci-dessus. Greg. Nyss. dans Cant. (Opp. i. a) ; le phrase entre parenthèses en cours de transposition.

Il est tout à fait évident qu’en dehors de Grégoire de Nysse, Hésychius (ou qui que ce soit d’autre était l’auteur de la première Homélie sur la Résurrection) avait le même original avant lui, lorsqu’il écrivait ce qui suit :

 

 

(ap. Greg. Nyss. Opp. iii. 399 cd.)

 1 Ainsi Matthaei : « Haec interpretatio sapit ingenium Origenis. » (N.T. iii. 498.)

La question à trancher, cependant, n’est évidemment pas de savoir si certaines copies anciennes de Saint-Luc n’avaient pas l’incident du rayon de miel ; mais seulement s’il s’agit d’un raisonnable de déduire des prémisses que l’évangéliste n’a fait aucune mention de lui. Et j’ose m’attendre à ce que les lecteurs tranchent cette question avec moi dans la négative. Qu’à partir d’une époque de l’antiquité la plus reculée, certains forces perturbatrices ont exercé une influence néfaste sur cette partie de l’Écriture est un fait évident, et que leur action combinée aurait dû en résulter dans l’élimination de l’incident du « rayon de miel » de quelques exemplaires de St. Luc xxiv. 42, il n’y a pas lieu de créer de surprise. D’autre part, cette l’incident est attesté par les témoins suivants :

Dans le IIe siècle, par Justin M.1, — par Clemens Alexandrinus2, — par Tertullien3, — par la Vielle Latine, — et par la version Peshitta :

Dans au IIIe siècle, par le syriaque de Cureton, — et par le bohaïrique :

Dans le IVe siècle, par Athanase 4, — par Grégoire de Nysse5, — par Épiphane6, — par Cyrille de Jérusalem7, — par Jérôme8, — par Augustin9, — et par la Vulgate :

Dans le Ve siècle, par Cyrille d’Alexandrie10, — par Proclus11, — par Vigilius Tapsensis12, — par l’Arménien, — et l’Éthiopien Versions:

Dans le VIe siècle, par Hésychius et Cod. N13 :

Dans au VIIe siècle, par la version Harkleian.

1 Κα φαγε κηρίον κα χθύν, — ii. 240. Extrait du fragment De Resurrectione conservé par Jean Damascène, — ii. 762 une.

3 Voir ci-dessus, note 1, p. 247. 3 Voir ci-dessus, note r, p. 248.

4 I. 644 (voir ci-dessus, p. 244, n. 7). 5 i. 624 (voir ci-dessus, p. 242, n. 3).

6 p. 210 et 431 (voir ci-dessus, p. 243). 7 I. 652 d (voir ci-dessus, p. 247).

8 i. 825 a ; ii. 444 a. 9 Voir ci-dessus, note 1, p. 10.  245.

10 iv. 1108. 11 Apud Galland. ix.  633.

13 Varim. i. 56. 13 Apud Greg. Nyss. iii. Chapitre 399.

Assurément, un incident évangélique attesté par tant de gens, si respectable et si vénérables témoins comme ceux-ci, est clairement au-dessus de tout soupçon. En plus de son reconnaissance dans l'Ancien Scholium sur laquelle l’attention a déjà été largement attirée 1. nous trouvons l’incident du « rayon de miel » reconnu par 13 anciens Pères, — par 8 anciennes Versions, — par l’inébranlable Tradition de l’Église universel, — surtout par chaque exemplaire de l’Évangile de saint Luc existant (comme autant que l’on sache), onciale aussi bien que cursive — à l’exception de six. Qu’il porte sur son front l’empreinte de sa propre authenticité, c’est ce que personne ne niera2. Pourtant, le Dr Hort l'a rejeté sans cérémonie. ' Une interpolation singulière provenant évidemment d’un source étrangère, écrite ou orale », dit-il. Une singulière hallucination, osons-nous répondre, sur la base de motifs idéaux et d’un « système [de critique textuelle] désespérément auto-condamné3 ; voyant que cet ingénieux et savant critique n’a rien à faire valoir, si ce n’est que les mots litigieux sont omis par B-א, — par A que l’on trouve rarement dans les Évangiles dans une telle association, — par D du VIe siècle, — par L du huitième, — par Π du neuvième.

1 Voir ci-dessus, p. 248, note 6.

2 « Les mots ne pouvaient guère être une interpolation. » (Alford, en loc )

3 Introd. de Scrivener. t. II, p. 358.

J’ai été si diffus sur cet endroit parce que je désire exposer un exemple montrant que certaines perturbations du Texte sacré exigent une enquête laborieuse — ont une histoire singulière qui leur est propre, — ne peuvent en aucun cas être éliminés d’une manière autoritaire, en leur appliquant n’importe quel traitement, — je dois même dire, n’importe quel shibboleth arbitraire. La clause litigieuse jouit à la perfection de chaque note d’une lecture authentique : c’est-à-dire le nombre, l’antiquité, la variété, la respectabilité des témoins, outre la continuité de l’attestation, l’une de ces notes est éloignée de l’exposition du texte qui est allégué par mes adversaires4. Tischendorf conjecture que le « rayon de miel » peut-être a-t-il été d’abord tiré de l’Évangile des Hébreux. Et si, sur au contraire, par l’Évangile de la Vérité de Valentinien, composition de l’Évangile de la Vérité, IIe siècle, — le « rayon de miel » aurait dû être le premier à être expulsé1 ? La déclaration claire d’Épiphane (cité ci-dessus2) semble établir le fait que sa citation mutilée découlait de cette source.

4 Il est bien connu que le doyen Burgon considérait B, א et D comme de mauvais manuscrits. Quand j’ai écrit mon Guide textuel, il était en colère contre moi de ne pas l’avoir suivi en cela. Avant sa mort, la logique des faits m’a convaincu qu’il avait raison et que j’avais tort. Nous nous sommes réunis sur la base d’une enquête.

Je trouvent que les manuscrits dans les passages contestés sont presque toujours erronés — principalement, si pas tout à fait, les auteurs de notre confusion. Que pourrait-on dire de pire d’eux ? Et rien de moins ne sera d’accord avec les faits de notre point de vue. Tout compromis sur ce point, qui pourrait être amical, se rétrécit après une enquête devant un vaste éventail de faits. — E. M.

1 Comparez Épiphane (i. 143 c) ut supra (Haer. xxx. c. 19) avec Irénée (iii. c. 11, § 9) : « Hi vero qui sunt a Valentino... In tantum processerunt audaciae, uti quod ab his non olim conscriptum est Veritatis Evangelium titulent.'

2 Voir ci-dessus, p. 243.

Que ce qui précède soit accepté comme un spécimen de la blessure subie à l’occasion par le texte évangélique, à une époque très reculée, de l’influence néfaste des récits fabriqués, ou Diatessarons, qui abondaient autrefois. L’authenticité de la clause κα π μελισσίου κηρίου, nous l’espérons, ne sera plus jamais sérieusement remise en question. C’est sûrement le cas s’est avérée tout à fait au-dessus de tout soupçon 3.

3 Il y a lieu de penser que l’omission était une lecture alexandrine. L’ascétisme égyptien serait étranger à un aliment aussi sucré que le rayon de miel. Voir ci-dessus, , p. 150. Le Cod. Lewis omet les mots. Mais on se souvient peut-être qu’il restreint la nourriture de saint Jean-Baptiste aux sauterelles « et au miel de la montagne ». E. M.

ANNEXE II.

Ὄξος — Vinaigre.

[Le doyen pensait que c’était l’un de ses articles les plus parfaits.]

Lorsqu’il fut arrivé à l’endroit appelé Golgotha, il y en avait qui offraient au Fils de l’Homme (δίδουν ' étaient pour Lui donner') un trait de vin drogué avec de la myrrhe 1. Il n’a même pas voulu y goûter. À l’heure actuelle, le soldats lui ont donné pendant qu’ils étaient pendus à la croix du vinaigre mêlé de fiel 2. Il y goûta, mais refusa d’en boire. Au bout de six heures, il s’écria : « J'ai soif » : sur quoi l’un des soldats courut, remplit une éponge de vinaigre, et lui a donné à boire en offrant l’éponge jusqu’à sa bouche fixée au sommet du roseau d’aspersion : par lequel (comme le remarque de manière significative saint Jean) il couvrait le bouquet d’hysope cérémonielle qui servait à asperger le peuple3. Cette fois, il a bu ; et il s’écria : « C’est fini. »

1 ἐσμυρνισμένον οἶνον, Marc xv. Chapitre 23.

2 ὄξος μετὰ χολῆς μεμιγμένον, Matth, xxvii. 34 (־־Luc xxiii. 37).

πλήσαντες σπόγγον ὄξους καὶ ὑσσώπῳ περιθέντες, John xix. Chapitre 29.

Or, les anciens, et même les modernes, ont désespérément confondu cela histoire pathétique en identifiant le « vinaigre et le fiel » de saint Matthieu, xxvii. 34 avec le ' vin myrrhé ' de saint Marc xv. 23 ; montrant qu’il y avait là un manque de perception critique qui peut raisonnablement exciter l’étonnement ; pour ' Le vin n’est pas du vinaigre, pas plus que la myrrhe n’est du fiel. Et sûrement, l’instinct de l’humanité qui cherchait à alléger le supplice de la crucifixion administrant à notre Sauveur un breuvage soporifique préliminaire, fut entièrement distincte de la méchanceté diabolique qui, par la suite, avec une potion nauséabonde, s’efforçait pour aggraver l’agonie de la dissolution. Encore moins est-il raisonnable d’identifier l’acte tranquille de l’insolente soldatesque à la troisième heure105, avec ce que « l’un d’eux » (visiblement consterné par l’obscurité) « courut » faire à la Neuvième 106. Eusèbe néanmoins, dans son système de sections maladroites, met entre parenthèses107 ces trois lieux (S. Matthieu, xxvii. 34, St. Marc xv. 23, St. Jean xix. 29) : tandis que les modernes (comme l’excellent Isaac Williams) et les anciens (comme Cyrille de Jérusalem)108 soutiennent vigoureusement que les deux premiers doivent nécessairement être identiques. La conséquence aurait pu être prévue. Outre la substitution de ' vin ' à ' vinaigre ' (ονον pour ξος) qui a survécu jusqu’à ce jour dans dix-neuf exemplaires de St. Matthieu, xxvii. 34, les mots « et fiel » sont indûment insérés en quatre ou cinq exemplaires de saint Jean xix. 29. Quant à Eusèbe et à Macaire Magnès, ils lisent Saint Jean xix. 29 d’une manière si monstrueuse qui leur est propre, que je me propose de d’attirer l’attention sur elle dans un autre endroit. Toutefois, étant donné que la tentative de assimiler le quatrième Évangile au premier (en exposant ξος μετ χολς dans saint Jean, XIX, 29) est universellement admis comme indéfendable, il n’est pas nécessaire qu’il nous occuper davantage.

105 Matth., xxvii. 34 ( = Luc xxiii. 37).

106 Καὶ εὐθέως δραμὼν εἷς ἐξ αὐτῶν, Matthieu, xxvii. 48 (T־־Marc, xv. 36).

107 Il n’en est pas de même de l’auteur des canons syriaques. Comme Eusèbe, il identifie (1) Matth, xxvii. 34 avec Marc xv. 23; et (2) Matth., xxvii. 48 avec Marc xv. 36 et Luc xxiii. 36 ; mais à la différence d’Eusèbe, il fait Jean xix. 29 parallèles avec ces trois derniers.

108 Le premier, p. 286-7, le second, p. 197. La morue. Fuld. ingénieusement — « Et dederunt ei vinum murratum bibere cum felle mixtum » (Ranke, p. 154).

Je revenir à la substitution proposée de ονον à ξος dans saint Matthieu, xxvii. 34, et je n’ai qu’à faire remarquer qu’il est un exemple d’harmonie forcée tel qu’il est possible de le faire. Qu’il existe dans de nombreux copies de la Vielle Latine, et s’attarde dans la Vulgate : c’est la lecture des versions égyptienne, éthiopienne et arménienne et le Cod.  Lewis; et survit dans BאDKLΠ, outre treize des cursives1 ; — tout cela semblera Étrange seulement pour ceux qui jusqu’à présent n’ont pas reconnu le fait indéniable que les Codd. B-א DL sont parmi les plus immondes qui existent. Cela ne fait que prouver à quel point l'erreur dont il est question a prévalu de manière invétérée et depuis une période très reculée. Et pourtant, la grande et ancienne version de la Peshitta, — Barnabas 2, — Irénée 3, — Tertullien 4, — Celse5, — Origène6, — les vers sibyllins en deux endroits(cités de Lactance), — et ps.-Tatien8, — sont plus anciens autorités que toutes les précédentes, et elles produisent toutes des témoignages défavorables.

1 Evann. I, 22, 33, 63, 69, 73, 114, 122, 209, 222, 253, 507, 513.

2 § 7·

3 p. 526,681 (Mass. 212, 277).

4 De Spect. écrit en 198 (voir Clinton, App. p. 413), c. xxx. — I. p. 62.

5 ' " Et dederunt ei bibere acetum et fel. » Pro eo quod dulci suo vino eos laetificarat, acetum ei porrexerunt ; pro felle autem magna ejus miseratio amaritudinem gentium dulcem Evan. Cône. , p. 245.

6 Celse τ ξος καὶ τν χολν νειδίζει τ Ἰησοῦ, — écrit Origène (i. 416 c d e), citant le blasphématoire de son adversaire et le réfuter, mais en acceptant la référence au récit de l’Évangile. C’est ce qu’il fait deux fois, en remarquant la seconde l’occasion (i. 703be) que des tels que Celse offrent à jamais au fiel de Jésus et le vinaigre » (Ces passages sont inconnus de beaucoup de critiques parce qu’ils ont été négligés par Griesbach.) — Ailleurs, Origène reconnaît deux fois (iii. 920 d e, 921 b) la même chose l’incident, en contraste pour la seconde fois avec le récit de Matt, xxvii. 34 avec que dans Marc xv. 23 d’une manière qui montre qu’il considérait les lieux comme parallèles. — « Et hoc considera, quod secundum Matthaeum quidem Jesus accipiens acetum cum felle permixtum gustavit, et noluit bibere : secundum Marcum autem, cum daretur et myrrhatum vinum, non accepit. » — III. 921 b.

7 Lib. i. 374 et viii. 303 (attribué par Alexandre à l’époque d’Antonin le Pieux), ap. Galland. i. 346 a, 395 ch. La droite (ες δ τ βρμα χολήν, κα ες δίψαν ζος δωκαν,) se trouve aussi dans l’Appendice de Montfaucon (Paléogr. 246). Sibylle. Lib. i. 374, Gall. i. 346 a ες δ τ βρμα χολήνκα ες πύτον ζος άκρατον ; Ibid.. VIII. 303, 395 c . . . πιεν ζος δωκαν ; cité par Lactance, lib. iv. c. 18, A.D. 320, Gall. iv. 300 a . . ες δίψαν ζος δωκαν, c’est ainsi que le vers est cité de la Sibylle dans l’Appendice de Montfaucon (Pal. Graec. 246). Lactance, un peu plus tôt (Gall., iv, 299 b), avait dit : 'Dederunt ei cibum fellis, et miscuerunt ei aceti potionem.'

8 Se référant au miracle de Cana, où (voir à la p. 55) la déclaration est répété. Evan. Cône. , p. 245. Voir ci-dessus, note 5.

En descendant jusqu’au IVe siècle (auquel appartiennent les א B), ces deux Codex se trouvent contredits par Athanase1 en deux endroits, — par un autre du même nomqui a été confondu avec le patriarche de Alexandrie, — par Eusèbe d’Émèse3, — par Théodore d’Héraclée4, — par Didyme5, — par Grégoire de Nysse6, — et par son homonyme de Nazianze7, — par Ephraem Syrus8, — par Lactance9, — par Jérôme10, — par Rufin 11, — par Chrysostome12, — par Séverien de Gabala 13, — par Théodore de Mopsueste14, — par Cyrille d’Alexandrie 15, — et par Titus de Bostra 16. Or, ceux-ci sont de loin des témoins contemporains du texte de l'Écriture plus respectables que les Codex B-א et D (qui doivent aussi compter avec A, Φ et Σ — C étant muet à l’endroit), ainsi que sont plus nombreux qu’eux dans la proportion de 24 contre 2.

1 Apud Montf. ii. 63 ; Corderii, Cat. dans Luc. p. 599.

3 Le Tractatus [ii. 305 b] à la fin du Quaestt. ad Antiochum (Ath. ii. 301-6), qui est certainement de la date d’Athanase, et que l’éditeur déclare qu’il n’est pas indigne de lui (Praefat. II. viii-ix).

3 Opusc. éd. Augusti, p. 16.

4 Cordon. Chat. dans le Psaume II.  393.

5 Cordon. Chat. dans. Psaume ii.  409.

6 Ο σπογγι χολ τε κα ξει διάβροχος, οαν ο Ίουδαῖ οι τ εεργέτ τν φιλοτησίαν νδεικνύμενοι δι το καλάμου προτείνουσι. — i. 624 b (où il convient de noter que le le contenu des versets 34 et 48 (dans Matt, xxvii) est confus).

7 i. 481 a, 538 d, 675 b. Plus clairement, à la p. 612 e, — μιᾶ ς τς χολς, νς ξους, δι' ν τν πικρν γεσιν θεραπεθημεν ( = Cat. Nic. p. 788}.

8 ii. 48 c, 284 a.

9 Lib. iv. c. 18. Voir ci-dessus, dernière page, note 7.

10 VII. 236 C D, cité page suivante.

11 ' Refertur etiam quod aceto potatus sit, vel vino myrrhato, quod est amarius Felle. Rufin, dans Symb. § 26.

12 vii. 819 a b ( = Cat. Nic. p. 792). Voir aussi un passage remarquable attribué à Chrys. dans la Caténa de Nicétas, pp. 371-2.

13 « Jésus de felle una cum aceto amaritudinis libavit. » (Hom. traduit par Aucher de l’arménien, — Venise, 1827, p. 435).

14 Apud Mai, N. Bibl. PP. iii.  455.

15 Apud Mai, ii. 66 ; iii. 42. Est-ce là le même endroit qui est cité dans Cord. Chat. dans Psaume ii. 410 ?

16 Apud Galland. v. 332.

À ceux-ci (8 + 16 =) 24 s’ajoutent l'Évangile apocryphe de Nicodème1, que Tischendorf attribue au IIIe siècle ; les « Actes de Philippe2 », et les apocryphes « Actes des Apôtres3 », que le Dr Wright prétend pour le quatrième ; outre Hésychius4, Amphiloque5, ps.-Chrysostome6, Maxime7, Sévère d’Antioche8, et Jean Damascène9, — neuf noms qui l’emportent de beaucoup dans l’antiquité et l’importance des Codex des VIIIe et IXe siècles KLΠ. En fait, les critiques qui substituerait le mot « vin » au « vinaigre » dans saint Matthieu, xxvii. 34 n'ont manifestement pas de raison d'être. Ce qui est cependant absolument décisif dans la question qui leur est opposée, c'est le fait que toutes les copies onciales et cursives existantes, à l'exception des très rares spécimens déjà cités, attestent que la plus ancienne lecture connue de ce lieu est la véritable lecture. En effet, l’Église a affirmé de la manière la plus claire, dès le début, que ξος (et non ονον) doit être lu ici. Nous sommes donc étonnés de trouver son décret délibéré Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Westcott et Hort, dans un tentative de leur part de faire revivre ce qui est une fabrication manifeste, qui, à l’exception de la Vulgate aurait depuis longtemps disparu de la mémoire de la chrétienté. Ne savaient-ils pas que Jérôme lui-même savait mieux ? 'Usque hodie' (dit-il) 'Judaei et omnes increduli Dominicae resurrectionis, aceto et felle potant Jesum ; et dant ei vinum myrrhatum ut eum consopiant, et mala eorum non videat10 :' — par lequel il montre qu’il a lu saint Matthieu xxvii. 34 selon le texte traditionnel (voir p. 233 c), et qu'il a mis entre parenthèses deux incidents qu'il percevait pourtant comme étant essentiellement distincts et en contraste marqué l'un avec l'autre. Mais ce qui m'offense le plus, c'est la tentative délibérée des réviseurs en ce lieu. Serai-je considéré comme déraisonnable si j'avoue que je ne comprends pas comment un tel groupe d'hommes a pu se persuader qu'il est juste d'écarter la lecture d'un passage important de l'Écriture comme celui-ci et de lui substituer une lecture reposant sur un témoignage si léger sans fournir aux lecteurs chrétiens ordinaires au moins une idée de ce qu'ils avaient fait ? Ils ont considéré les preuves en faveur du « vin » (in St. Matt, xxvii. 34) non seulement « résolument prépondérantes », mais aussi les preuves en faveur du « vinaigre ». si léger qu'il rend le mot indigne même d'une place dans la marge. Trouveront-ils en Grande-Bretagne un jury sensé partageant le même avis ? Est-ce là l’action franche et équitable qui convient à ceux qui devaient représenter l’Église dans cette affaire capitale ?

Ou Acta Pilati, p. 262, 286. 2 P- 85. 3p. 16.

4 Cordon. Chat. dans le Psaume II. 410. 5 p. 87. 6 x 829.

7 II. 84 et 178. 8 Cramer, Cat. i. 235.

9 i· 228, 549. 10 vii. 236 c d.

 

ANNEXE III.

LE JEUNE HOMME RICHE.

LA Divinité éternelle du CHRIST était la marque vers laquelle, dès les premiers âges, Satan s'est acharné à faire tomber ses pires envenimations. Saint Jean, dans beaucoup d’endroits bien connus, le remarque ; commence et termine son Évangile en proclamant la divinité éternelle de notre Sauveur1 ; dénonce comme des « séducteurs », des « menteurs » et des « antéchrists », les enseignants hérétiques de son temps qui ont nié cela2 ; — ce qui montre que leur méchanceté était en pleine activité avant la fin du premier siècle de notre ère ; avant même, en fait, les échos de la Voix divine avaient entièrement disparu de la mémoire des hommes très anciens. Ces Gnostiques trouvèrent quelque chose de singulièrement approprié à leur propos dans un passage célèbre de l'Évangile, où le bienheureux Orateur semble rejeter pour lui-même l'attribut de « bonté », — en fait semble faire une distinction entre lui-même et Dieu. Une allusion est faite à un incident enregistré. avec une similitude d'expression remarquable par saint Matthieu (xix. 16, 17), saint Marc (x. 17, 18) et saint Luc (xviii. 18, 19), concernant un certain jeune souverain riche. Cet homme est déclaré par tous trois avoir adressé à Notre Seigneur une seule et même question, — l'avoir fait préfacer d'une seule et même adresse glaciale, « Bon Maître ! » — et avoir été arrêté par l'objet de son adulation avec un seul et même reproche ; — 'Pourquoi [qui me prends pour un mortel ordinaire comme toi] 110 m'appelles-tu bon? Il n'y a nul bon [essentiellement bon 111] qu'un seul », qui est « Dieu ». Voyez, disaient quelques vieux docteurs en attachant aveuglément sur la lettre, — Il nie être bon : attribue la bonté exclusivement au Père : se sépare du Dieu véritable et éternel 112. . . . L'endroit fut donc avidement occupé par les ennemis de l'Evangile113 : tandis que, pour justifier la déclaration divine contre le but auquel elle était librement pervertie, et d’en établir le sens véritable, se trouve avoir été l’effort de chacun des plus illustres des Pères à tour de rôle. Leur pieuse éloquence remplirait un volume114. Grégoire de Nysse consacre à ce sujet le onzième livre de son traité contre Eunomius115.

1 Saint Jean, i. 1-3, 14 ; XX. 31.

2 1 Saint Jean, ii. 18, 2, 2, 23 ; iv. 1, 2, 3, 15 ; v. 10, 11, 12, 20 ; 2 Saint Jean ver. 7, 9, 10. Ainsi saint Jude verset 4.

110 Ainsi Athanase excellemment :

[n’est pas un attribut ou un ornement de]

 — I. 875 a. Ainsi Macaire Magnès, p. 13. — Voir aussi ci-dessous, note 2, p. 262.

111 Donc, excellemment Cyril Alex. V. 310 d, Suicer’s Thesaurus ; voir Pearson sur le Credo, sur saint Matthieu. xix. 17.

112 Ainsi Marcion (ap. Epiph.), —

 [i. 339 a]· Remarquez que c’est ainsi que Marcion exposa saint Luc xviii. 18, 19. Voir Hippol. Phil. 254, — 

113 Arius (ap. Epiphanium), —

 [i. 742 b], — Arius en déduisit une essence distincte : —

 [i. 780 c.] — Remarquez que cela montre comment l’Évangile de saint Luc a été cité par les ariens.

114 E. g. ps.-Tatian, Evan. Cône. 173, 174. — Ambroise, ii. 473 e-476 d.— Grégoire Naz. i. 549.—Didyme, Trin. 50-3. — Basile, i. 291 c. — Épiphane, i. 780-1. — Macaire Magnès, 12-14. — Théodoret, v. 930-2. — Augustin est très éloquent à ce sujet

115 ii. 689. Voir le sommaire à la p. 281.

Afin de souligner cette glose impie et superficielle, l'hérétique Valentin (A. D. 120), — avec ses disciples, Héracléon et Ptolémée, les Marcosiens, les Naassènes, Marcion (150 apr. J.-C.) et le reste de l’équipage gnostique, — n'a pas seulement substitué " Un seul est bon" mais a manifestement mis un point d'honneur à introduire le nom du PÈRE, soit à la place, soit en plus du nom de "DIEU".116 ». Une dépravation aussi plausible du texte a été adoptée sans méfiance par un grand nombre de personnes des orthodoxes. On le trouve dans Justin Martyr 117, — dans pseudo-Tatien118, — dans les homélies clémentines, p. 119. Et beaucoup qui, comme Clemens Alex., — Origène, — le Dialogus, — et pseudo-Tatien (en cinq endroits), prennent soin de retenir l’expression évangélique ' Il n'y a nul bon qu'un seul [qui est] Dieu' — même ils sont observés pour conclure la phrase avec l’ajout hérétique « LE PÈRE120 ». Je ne nie bien sûr pas que l'expression soit théologiquement correcte : mais je demande seulement au lecteur de noter quedans la présente occasion, elle est clairement inadmissible ; puisque cela ne faisait pas partie du dessein de notre Sauveur, comme le soulignent Didyme, Ambroise, Chrysostome, Théodoret, de se révéler à quelqu'un comme le jeune et riche souverain dans sa propre relation essentielle avec le Père éternel1, — de proclamer en bref , de cette manière fortuite, le grand mystère de la Divinité : mais seulement (comme les anciens aiment à le souligner) pour réprimander l'homme pour sa plénitude en s'adressant à l'un de ses semblables (comme il le supposait) en le qualifiant de « bon2 ». Entre-temps, la prédominance de l'appendice en question dans les écrits patristiques est une illustration singulière du succès avec lequel, soixante ou soixante-dix ans après sa création, le texte de l'Écriture fut assailli ; et la dépravation calamiteuse à laquelle il était sujet. Aussi surprenant que douloureux à raconter, dans chaque recension critique récente du texte grec de l'Évangile de saint Matthieu, les quatre premiers mots de la glose hérétique (ες στιν  γαθός) ont déjà été substitués aux sept mots précédents, qui s’y trouvent (οδες γαθς ε μ ες Θεός); Et (plus grave encore) maintenant, à la fin de 1700 ans, un effort est d’établir cette formule non autorisée dans nos Bibles anglaises aussi. Ceci se fait, remarquez-le, en opposition au torrent suivant de témoignages anciens : — c’est-à-dire, au IIe siècle, la version de la Peshitta, — Justin Martyr1, — ps.-Tatien (5 fois)2, — Clemens Alex, (deux fois)3 : — au IIIe siècle, la version sahidique, — ps.-Denys l’Aréopaire. 4 : — au IVe siècle, Eusèbe (3 fois)5, Macaire Magnès (4 fois)6, — Basile7, — Chrysostome8 : — Athanase9, — Grégoire Nyss. (3 fois) 10, — et Didyme apparemment (deux fois)11 : — au Ve siècle, Cod. C, — Augustin en plusieurs endroits12, — Cyril Alex. 13, — et Théodoret (8 fois)14 : — au VIe siècle, Antiochus mon.15, — l’Opus imperf.16 — avec la version harkleienne et la version éthiopienne. . . Lorsqu’à ces 21 autorités ont été ajoutées toutes les copies connues, à l’exception de six de dissidents, — une quantité de preuves anciennes a été produite qui doit être considérée comme tout à fait décisive pour une question comme celle de la présente17.

116 Ainsi, Valentin (ap Clem. Alex.), — ες δέ στιν γαθός, ο παρουσία  δι το υο φανέρωσις ...  μόνος γαθς Πατήρ [Strom. ii. 409],—Héracléon (αρ. Orig.), —  [iv. 139 b], — Ptolémée à Flore (ap. Epiphanium), —  [i. 221 c], — La glose marcosienne était. —  Irénée, p. 92]. — Les Naassènes ont substitué, —  [αρ. Hippolyte. Philosophe. 102]. — Marcion a introduit la même glose même dans St. Évangile de Luc, —  [αρ. Epiphan. i. 339 d. et comp. 315 c]

117  — Tryph., c. 101 [t. II, p. 344].

118' Unus tantum ' (ait) ' est bonus, Pater qui in coelis est ?—Evan. Cone, p. 173 et à la p. 169, — ' Unus tantum'(ait) ' est bonus' : ast post haec non tacuit, sed adjecit ' Pater ?

119  {ap. Galland. ii. 752 d). Et c’est ainsi qu’à la p. 759 a et d, on ajoute :  — On trouvera ci-dessous ce renvoi justifié : dans la note 8, p. 269.

120 Pour les lieux de Clemens Alex, voir ci-dessous, note 3, p. 263.—Les lieux d’Origène sont au moins au nombre de six : —  [i. 223 c, 279 a, 586 a ; IV. 41 d : et les neuf derniers mots, iv. 65 d, 147 a]. — Pour les lieux du ps. Tatien, voir ci-dessous, note 2, p. 263. — Le lieu dans le Dialogus se trouve ap. Orig. i. 804 b : —  — mots attribués à Megèce l’hérétique.

1 Didyme, — οκ επεν μν οδες γαθς ε μ ες  Πατήρ ; άλλ' οδες γαθς ε μ ες  Θεός [p. 51]. — Et Ambroise, — 1 Circumspectione coelesti non dixit, Nemo bomts nisi umis Pater, sed Plemo bonus nisi unus Deus' [ii. 474 b]. — Et Chrysostome, — πήγαγεν, ε μ ες  Θεός, κα οκ επεν, ε μ  Πατήρ μου. να μάθς <B184>κ ξεκάλυψεν αυτν τ νεανίσκ [vii. 628 b : cité par Victor, Ant. in Cat. p. 220]. — Et Théodoret (à tort attribué à Maxime, ii. 392, 396), —

 [v. p. 931 ]. Epiphane [voir les références ci-dessus, dans la note 1, p. 261] mentionne que cet ajout non autorisé (à Luc xviii. 18) était l’œuvre de la l’hérétique Marcion.

2 ' Dicendo autem " Quid me vocas bonum ? opinionem eius qui interrogaverat suo responso refutavit, quia iste putabat Christum de hâc terrâ et sicut unum ex magistris Israelitarum esse,' — ps.-Tatian, Evan. Cone. p. 17 4. — ' Dives per adulationem honoravit Filium . .. sicut homines sociis suis grata nomina dare volontaire. ('Ibid., p. 168.

1 Apol. i. c. 16 [i. 42], — cité ci-dessous dans la note 2, p. 265.

2 'Cui respondit, ct Non est aliquis bonus ?' ut tu putasti, « nisi tantum unus Deus Pater » .... « Nemo » (sit) " bonus, nisi tantum tinus, Pater qui est in coelis » [Evan. Cone. p. 169]. « Non est bonus, nisi tantum unus » [Ibid.], « Non est bonus, nisi tantum unus qui est in Coelis » [p. 170].Non est bonus nisi tantum unus [p. 173]·

  3 [p. 141]. Et au verso, —

 [p. 142]· Tischendorf admet la référence.

4 i. 315 b. La citation est donnée ci-dessous, dans la note 7, p. 269.

8 Praep. Evan. 542 b ; Ps. 426 d ; ap. Mai, iv.  101.

6  (p. 12).

7 ii. 242 e et 279 e. (Voir aussi i. 291 e et iii. 361 a.)

8 vii. 628 b, —  Voir aussi vii.  329.

9 i. 875 a. Il est prouvé que la citation est de saint Matthieu. XIX. (17-21) par tout ce qui Suit.

10 ii. 691 d ; 694be. Voir ci-dessous, note 10, p. 267. u Trin. 50 et 51.

12' Nemo bonus nisi unités Deus’iv. 383 c ; v. 488 b ; VIII. 770 d, 772 b.

13 v. P. i. 310 d, et 346 a ( = 672 b).

14 v. 931-3. Notez qu’Ambroise, Didyme, Chrysostome, Théodoret, tous les quatre concordent en ce lieu, ce qui ressort clairement de la remarque commune à tous les quatre, citée plus haut dans la note 1, dernière page. Il n’y a rien à montrer d’où L’Évangile de Nil (ii. 362) cite les mots οδες γαθς ε μ  ες  Θεός.

15 p. 1028, sans équivoque. 16 ap. Chrys. vi. 137 d, 138 b.

17 Outre ces témoignages positifs, le passage est souvent cité tel quel donné dans saint Marc et saint Luc, mais sans référence particulière. Certains d’entre eux doivent sûrement faire référence à saint Matthieu ?

Car quelle est, après tout, la preuve appropriée de l’authenticité de toute lecture, sinon le consentement prédominant des copies, des pères, des versions ? Cette vérité fondamentale, étrangement négligée en ces derniers jours, reste inébranlable. Car si le consentement universel des Copies, lorsqu'il est soutenu par un libre appel à l'Antiquité, ne doit pas être tenu pour définitif, qu'est-ce que c'est ? Si le sujet était moins solennel, il y aurait quelque chose de divertissant dans la naïveté de la note marginale des réviseurs de 1881, — « Certaines autorités anciennes lisent... ». . . « Nul n’est bon sauf un seul [même] Dieu. » » Combien d'« autorités anciennes » les réviseurs supposaient-ils qu'elles exhibaient autre chose ?

Mais tout cela, aussi intéressant et instructif soit-il, n’aurait guère attiré l’attention sans la corruption bien plus grave du Texte sacré, qu’il convient ensuite d’examiner. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'à l'époque très reculée dont nous parlons, il semble que certains orthodoxes, — avec les meilleures intentions sans doute, mais avec un zèle malavisé, — pour contrecarrer l'enseignement pernicieux que les ennemis du christianisme issus de ce lieu de l'Écriture, ont délibérément falsifié le récit inspiré121 . Profitant d'une légère particularité dans la manière de saint Matthieu d'exposer les paroles du jeune souverain, — (à savoir : « Quelle bonne chose ferai-je ? ») — ils tournèrent la réponse de notre Seigneur : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? dans le premier Évangile, en ceci : « Pourquoi m'interroges-tu sur le bien ? » La formule suivante que les hérétiques avaient imaginée : « Il y a Un qui est bon », avec quelques mots en annexe concernant Dieu le Père, comme déjà expliqué, — ne les offensait pas, car elle ne leur causait aucune difficulté. Cela convenait même mieux à leur objectif que les mots qu'ils supplantaient. D'un autre côté, ils ne manquèrent pas de percevoir que l'épithète « bon », « Bon Maître », si on la laissait rester dans le texte, témoignerait de manière gênante contre eux, en suggérant la réponse réelle de notre Seigneur, à savoir. « Pourquoi m'appelles-tu bon ? ' En conséquence, à une heure mauvaise, ils ont continué à effacer le mot γαθέ de leurs copies. C'est une circonstance significative que les quatre Codex oncials (BאDL) qui présentent exclusivement τί με ρωτς περ το γαθο ; sont exclusivement les quatre qui omettent l’épithète γαθέ.

121 Pour d’autres exemples de ce zèle indiscret, voir vol. II.

L'histoire ultérieure de cette croissance d'erreur aurait pu être prévue. A peine le passage fut-il reconstitué qu'il commença à montrer des symptômes de désintégration ; et au cours de quelques siècles, il avait si effectivement disparu, que des traces de son apparition ici et là n'en sont trouvées que dans quelques-uns des documents les plus anciens. Premièrement, l’épithète (γαθέ) était trop solidement enracinée pour admettre une sentence de bannissement perpétuel du texte. En plus de conserver sa place dans toutes les copies connues des Évangiles, à l’exception de huit122, il survit jusqu’à cette heure dans la grande majorité des documents anciens. Ainsi, γαθέ se trouve dans Justin Martyr 123 et dans ps.-Tatien124 : — dans les restes du Marcosien125, — et des Naassène126 Gnostiques ; — ainsi que dans la Peshitta, — et dans les versions la Vielle Latine : — dans la version sahidique, — et bohaïrique, — en plus dans la clémentine Homélies127, in Cureton et Lewis, — et dans la Vulgate : — dans Origène128, — dans Athanase, 129, — et dans Basile130, — et dans Cyrille de Jérusalem131 : — dans Ephraem Syrus132, et dans Grégoire de Nysse133 : dans Macaire Magnès134, — et dans Chrysostome135 : — dans Juvencus136, — Hilaire137, — Gaudentius138, — Jérôme139, — et Augustin140 ; — enfin, dans Vigilius Tapsensis,  141 : — dans Cyril Alex. 142, — dans Théodoret143, — dans Cod. C, — dans la version harkleienne, — et dans l’Opus imperfectum16. De sorte qu’à la fin de 1700 ans, 6 témoins du IIe siècle, — 3 des troisième, — 14 de la quatrième, — 4 de la cinquième, — 2 de la sixième, reviennent de toutes les parties de la chrétienté à dénoncer la liberté prise par les anciens, et à témoin de l’authenticité du texte traditionnel.

122 BאDL, I, 22, 479, Evst. 5. Le

123

 — Apol. I. c. 16 [t. I. p. 42]. Et c’est ainsi qu’à Tryph. c. 101 [t. II, p. 344], —

124

« Ad iudicem dives venit, donis dulcis linguae eum capturus » (La référence est donc à l’Évangile de saint Matthieu, ce qui est encore prouvé par la citation plus bas de la dernière partie du verset 17 : aussi par l’enquête : « Quid adhuc mihi deest ? ') ' Hie dives bonum eum vocavit.' ' Dives Dominum « Magistrum bonum " vocaverat sicut unum ex bonis magistris' — Evan. Chapitre 168 et 169.

125 ap. Irénée, — p. 92. Voir ci-dessous, note 2, p. 267.

126 ap. Hippolyte, Philosoph. 102. Voir ci-dessous, note 3, p. 267.

127 μή με λέγε γαθόν (ap. Galland. ii. 759 d : comp. 752 b). Pour la référence et son indication, voir ci-dessous, note 8, p. 269.

128 Commentaire, dans Matt. xv. (dans l0c.).

129 i. 875 a, — il s’agit clairement d’une citation de la mémoire de saint Matthieu. xix. 17, 18, 19, 20, 21.

130 Adv. Eunom. i. 291 e,— γαθ διδάσκαλε, κούσας. De nouveau en ii. 242 c, et 279 e, expressément. Voir aussi iii. 361 une.

131  ;—Catech.  299.

132 iii. 296 d (certainement de saint Matthieu).

133

 — Contr. Eunom. ii. 692 b. Aussi  ; (ap. Mai, iv. 12).

134  — p. 12.

135 VII. 628 b. 136 Lib. III. 503·

137 994 c. 138 Ap. Sabatier.

139 vii. 147-8.

140 III.1 761 j ; Iii. 2 82 d [ibi enim et bonum nominavit] ; iv. 1279 g ; v. 196 g.

141 Ap. Sabatier.

142 v. P. i. 34׳) a ( = 672 b), — 

143 Τί με λέγεις γαθόν ; — v. 931· Voir note i, p. 262.

16 Magister bone, qtiid boni faciam ut vitam aeternam possideam ?— (ap. Chrysost. vi. 137 d, 138 b).

Ainsi beaucoup alors, — (1) Pour l’omission non autorisée de γαθέ, et — (2) Pour la substitution hérétique de ες στιν  γαθός dans la chambre de οδες γαθς ε μ ες  Θεός. Il nous reste à nous enquérir du sort de la fabrication la plus visible des trois : savoir : (3) La substitution de Τί με ρωτς περ το γαθο ; for τί με λέγεις γαθόν ; Quel appui les premiers témoins apportent-ils à l’enquête, — « Pourquoi m’interroges-tu sur le bien ? » . Cela perversion patente de la portée évidente du discours de notre Sauveur, réponds-je, est désavoué par Justin Martyr(140 apr. J.-C.), — par les Marcosiens2, — et le Naassène (150 ap. J.-C.), — par les homélies clémentines4, — et ps.-Tatien5 (IIIe siècle) ; — par la Peshitta et la version thébaïque ; — par Macaire Magnès6, — Athanase7, — et Basile8 ; — par Hilaire9, — Grégoire de Nysse10 ; — par Chrysostome11, — par Cyrille Alex. 12, — par Théodoret13, — par l’Opus imperfectum14, — par les  versions Harkléienne, — et Arménienne. J’ai produit 18 témoins, — 4 appartenant au IIe siècle : 3 à la troisième : 6 à la quatrième : 5 à la cinquième. De plus, ils viennent de tous les partie de l’ancienne chrétienté. Une telle quantité de preuves, il faut qu’il y en ait une déclarée, est absolument décisive d’une question de ce genre nature. Que les hommes se soucient plus de l’antiquité ou de la variété des témoignages ; qu’il s’agisse de la respectabilité des témoins ou d’un nombre largement prépondérant, impressionne l’imagination, — il faut bien avouer que la porte est ici fermée contre la poursuite du débat. Le texte traditionnel de saint Matthieu. xix. 16, 17 est certainement authentique, et il faut le laisser subsister sans être inquiété.

1  [Tryph. C. 101, vol. ii. 344]· Et voyez l’endroit (Apol. i. 16) cité ci-dessus, note 2, p. 265.

2 Marcosiens (ap. Irénée), —

[à la p. 92]. Quiconque étudie la question n’affectera pas de douter que cette et la suivante sont tirées de l’Évangile de saint Matthieu. —

3 Les Naassènes (ap. Hippolytum), —

 [Philosoph. 102]. Voir la remarque de la note 5 précédente, p. 265.

4 Voir ci-dessous, note 8, p. 269.

5 « Cur vocas me bonum, quum in eo quod a me discere vis, iustus sim ? » — Evan. Cone., p. 168. Et ainsi aux pp. 173, 174. Voir ci-dessus, note 3, p. 265.

6 Il s’agit en fait d’un double témoignage, car la difficulté avait été soulevée par le philosophe païen que Macaire réfute. Τί με λέγεις γαθόν ; — p. 12 et 13 (éd. 1876). Voir ci-dessus, note 6, p. 263.

7 i. 875 a. Voir dernière page, note 9. 8 ii. 279 e.

9 Quid me vocas bonum — 703.

10 ii. 692 d. Aussi ap. Mai, iv. 7, 12 (πρς τν νεάνισκον).

11 VII 628 b. L’endroit est cité dans la note 1, p. 262.

12 v. 346 a (προσέρχεταί τις ν τος εαγγελίοις κ.τ.λ.) = p. 672 b.

13 v. 931, — qui est manifestement une reproduction de la place de Chrysostome (vii. 628 b) mentionnée à l’avant-dernière note. Lire toute la page.

14 ap. Chrysost. vi. 137 d, 138 b.

Car il est grand temps de se demander : quelle est, après tout, la preuve produite de l’autre côté ? L'exposition du texte, répondis-je, qui s'impose si fortement à mes adversaires qu'ils l'ont inséré corps dans l'Évangile, ne se trouve dans son intégralité que chez ce petit groupe de témoins qui sont déjà si souvent venus devant nous ; et toujours avec de faux témoignages. Je dis qu'Origèneau IIIe siècle, — Codd. B-א dans le quatrième, — Cod. D dans la cinquième, — Cod. L dans le huitième, — outre quelques Codex cursifs (Evann. 1 et 22), — constituent littéralement la totalité des preuves productibles du texte des Réviseurs dans son intégralité. Non pas que même ces sept soi-disant témoins consentants soient en parfait accord entre eux. Au contraire. La divergence entre eux est perpétuelle. Voici une collation d'entre eux avec le texte traditionnel :

Και ιδου είς προσελθων ειπεν (D [non Orig. BאL] λεγείαυτω (Bא [non Orig. DL] αυτω ειπε), Διδασκαλε αγαθε (Orig. BאDL — αγαθε), τι αγαθον ποιήσω (אL [pas Orig. BD] ποιησαςινα εχω (Orig. BD [pas אL] σχωζωην αιωνιον (Orig. 664b [et non Orig. 664a BD] ζωην αιωνιον κληρονομησω) ; ο δε ειπεν αυτω, Τι με λεγείς αγαθον (Orig. 664-5 BאDL τι με ερωτας [Orig. 666b επερωταςπερι του (Orig. 664c D [non Orig. 665c 666 b BאL] — του) αγαθου) ; ουδείς αγαθος ει μή είς ο Θεός (BאDL είς εστιν ο (D [pas Orig. BאL] — ο) αγαθος).

1   ; (mais à la fin de huit lignes, Origène expose (comme les cinq autorités spécifié dans la note 8, page suivante)  (mais το six lignes plus bas) γαθο ;ες στιν  γαθός. — dans Matt. iii. 664 a b. Et donc p. 665 c. Cf. 666 b.

Peut-il être raisonnable d’admettre qu’un tel écart entre les témoins qui prétendent être consentants, inspire confiance plutôt que méfiance à l’égard de chacun d’entre eux ?

Le lecteur apprend ensuite qu'il existe, comme on pouvait s'y attendre, des traces en divers endroits de cette triple fraude ancienne (comme cela semble être plutôt qu'une erreur) ; — comme dans Justin1, et le Marcosien2, et les hérétiques de Naasène3 ; les versions latines4 ; le Bohairic5 ; le Cureton et Lewis6 ; pseudo-Denys7, le Homélies clémentines8 et Eusèbe9 ; Cyril Alex. 10 et le moine Antiochus11 (614 apr. J.-C.) ; Hilaire12, Jérôme13, et Augustin14 ; d’ailleurs à Evann. 479 et 604, et Evst. 5. Mais le point auquel il faut prêter attention est le suivant : qu’aucune des autorités précédentes n’approuve le texte que Lachmann, Tischendorf, Tregelles, W.-Hort et les réviseurs de 1881 adoptent à l’unanimité. C’est la première. Et ensuite, à peine ces seize témoins furent-ils confrontés équitablement, qu'ils se mirent à se contredire désespérément les uns les autres, de sorte qu'il en fut pour eux comme il en fut pour les Philistins aux jours de Saül : voici, les Philistins avaient les épées tirées les uns contre les autres, et il y avait un fort grand effroi1.' C’est ce que le lecteur comprendra mieux s’il permet à ' (I),' de représenter l’omission de l’épithète ἀ γαθέ — '(II),' la substitution de τ ί με ρωτς περ το γαθο — et '(III)', la substitution de ες στιν  γαθός avec ou sans annexe. Car il apparaîtra que, —

(a) Evan. 479 et Evst. 5, bien qu’ils témoignent en faveur de (I), ils témoignent cependant contre (II) et (III) : — et que,

(b) Les versions latine et bohaïrique, avec Jérôme et Evan. 604, bien qu’ils en faveur de (II) et (III), mais contre (I).

1 Voir ci-dessus, note 2, p. 261. 2 Voir ci-dessus, note 2, p. 261.

3 Voir ci-dessus, note 2, p. 261.

4 a e ff1 omettre l’os  ; B C f ff 2 G1-2 h-q Vulg. insérez-le ; a b c e ff1.2 g1 h1 Vulg. écrire de bono, f q bonum ; a b c ff1.2 1 Vulg. écrire unus ; f g1 h m q nemo.

5 Voir ci-dessus, p. 149.

6 Cette performance sauvage est unique dans son témoignage (voir ci-dessous, p. 277). Cureton rend le texte ainsi : " Pourquoi m’interroges-tu sur le bien ? car un seul est bon, Dieu." Et Mme Lewis ainsi : — " Pourquoi m’interroges-tu sur le bien ? car Un seul est le bon."

7  — i. 315 b.

  8 (ap. Galland. ii. 759 d e)· — Remarquez que la référence est certainement à l’Évangile de saint Matthieu, comme tout ce qui suit le prouve : l’enquête du verset 16 (par assimilation de Luc xviii. 18) exposés de la même manière dans א, L, — Irénée, Int. p. 241 ; Orig. iii. 664 b ; Cyril, Alex, v.1 310 d ; Basile, ii. 2796; et Chrysostome, iii. 182; vii. 627-8 ; VIII. Chapitre 234.

9 Eusèbe —  — Praep. Evan. 542 b. — Les sept derniers mots se trouvent aussi dans le Ps. (éd. Montf.) 426 d ; et ap. Mai, iv.  101.

10  (Remarquez que tous les mots, sauf les sept derniers, = א, L, et Basile, ii. 279 e.) — V.1 3rod. — Mais ailleurs (citant aussi St. Matthieu) Cyrille expose —  — Ibid. p. 346 a ( = p. 672 b).

11  — p. 1028.

12 Magister, quid boni faciam, ut habeam vitam aeternam. Cui Dominus, Quid me vocas bonum (703) : — Unus enim bonus est, ait Dominus (489). Mais ailleurs, l’os de Magister, quid boni faciam (994 c).

13 Magister bone, quid boni faciam ut habeam vitam aeternam ? Qui dicit ei, Quid me Interrogas de Bono ? Unus est bonus Deus. — vii. 147-8.

14 Pour « os », voir ci-dessus, note 12, p. 266 ; pour « nemo », etc., voir note 12, p. 263.

1 1 Sam. xiv. 20.

Remarquez que Cureton et Lewis font la même chose : mais alors le Cureton s'abrutit en omettant dans l’enquête introductive introductive le mot souligné et clairement indispensable : « Quelle [chose] de bien dois-je faire ? » La même particularité est présentée par la version thébaïque et par Cyrille de Jér.Or cela est tout simplement fatal au témoignage de Cureton’s Syr. au sujet de « (II) », — vu que, sans elle, la réponse proposée ne peut pas avoir été prononcée. — Il apparaît en outre que,

(c) Augustin, bien qu’il témoigne en faveur de (II), témoigne cependant contre l’un et l’autre (I) et (III) : — et que,

(d) Hilaire, bien qu’il témoigne en faveur de (III), et donne un témoignage incertain concernant (I), mais témoigne contre (II) : — et que,

(e) Justin M. (en un seul endroit) et les hérétiques Marcosiens et Naassènes, ainsi que les homélies clémentines, bien qu’elles témoignent en faveur 0f (III), témoignent cependant contre (I) et (II) : — et que,

(f) Ps.-Denys, Eusèbe et Antiochus mon. (614 apr. J.-C.), bien qu’ils témoignent en faveur de (II), mais témoignez contre (III).

(g) Cyrille aussi, bien qu’il livre un témoignage incertain concernant (I) et (II), témoins contre (III).

2 à la p. 299.

Le fait est que l’endroit que nous avons sous les yeux présente toutes les caractéristiques principales d’une fabrication maladroite. À peine l’avait-il reconstitué avec une ingéniosité perverse ensemble, que le processus de désintégration s’est mis en place. Les phrases fallacieuses τί με ρωτ̷ς περ το γαθο, et ες στιν γαθός, n’ayant pas de place légale, ont quitté le premier Évangile pour le troisième dès qu'elles ont été inventées. Cureton dans St. Luc xviii. 19 a Lewis non plus, — Marcion, dans sa recension hérétique de St. L’Évangile de Luc (i. J.-C. i50), outre les disciples d’Arius, adoptent ce dernier144. « La clé de toute la position », comme le souligne Scrivener, « est l’épithète « bon » avant « Maître » au verset 16 : car si cela est authentique, la seule réponse pertinente est contenu dans le Texte Reçu 145.' C’est précisément le cas, et il a été prouvé qu’il était authentique dans une certaine mesure d’attestation continue, ce qui est absolument accablant. Nous venons d’analyser les témoignages incohérents de seize autorités anciennes ; et a constaté que seulement Les deux copies cursives sont favorables à l’omission de αγαθέ, tandis que neuf des plus anciens témoins sont en faveur de son maintien. En ce qui concerne la expression τί με ρωτς περ το γαθο, ces témoins incohérents sont également divisés, — sept étant pour, sept contre. Tout, en fait, n’est qu’erreur, confusion, discorde, à l’instant où nous obtenons en dehors du texte traditionnel.

144 Épiphane [i. 339 d], et Hippolyte [Phil. 254], montrent que Marcion c’est ainsi que l’on lit Luc xviii. 19. — Épiphane [i. 742 b] cite Arius. Voir les mots ci-dessus, dans les notes 3, 4, p. 260.

145 Six conférences sur le texte (1875), — à la p. 130.

La raison de toute cette contradiction a déjà été indiquée. Avant que le christianisme n’ait cent ans, deux influences maléfiques opposées étaient à l’œuvre ici : l’une, hérétique – qui a abouti à (III) ; l’autre, orthodoxe, – qui a abouti à (II) et (I). Ces influences, provenant de camps opposés, ont été à l'origine de la propagation indépendante de copies de deux archétypes. Mais l’Église, en sa qualité collective, a refusé de rien savoir de l’un ou l’autre. Elle a veillé tout au long des siècles à ce que la lecture authentique soit répétée dans chaque assemblée de fidèles le 12ème dimanche après la Pentecôte ; et voici, à cette heure, cela est attesté par toutes les copies du monde, à l'exception de cette petite poignée de documents fabriqués, que c'était la folie des cinquante dernières années de crier comme les seuls témoins authentiques de la vérité de l'Écriture, c’est-à-dire Codd. BאDL et Origène. Maintenant, en ce qui concerne les deux premiers le Dr Scrivener a déclaré 146 que (Bא), « des enquêtes ultérieures ont mis en lumière relation étroite de telle sorte qu’il soit impossible de les considérer comme indépendantes Témoins; tandis que chaque page de l'Évangile témoigne avec force du fait que Codd. BDL sont, comme on l’a dit, les dépositaires d’un texte désespérément dépravé.

146 Introduction simple (éd. 4), t. II, p. 329.

Mais qu’en est-il d’Origène ? Lui, en 250 après JC, commentant la place actuelle de l'Évangile de saint Matthieu, a beaucoup à dire sur l'état gravement corrompu des copies qui se trouvent ici. Or, les copies dont il parle doivent être plus anciennes, d'au moins 100 ans, que celles de Cod. B ou Cod. א. Il fait cet aveu avec désinvolture au cours de quelques remarques qui donnent un bon échantillon de sa méthode critique et méritent donc attention : — Il déduit de Rom. XIII. 9 que si le jeune dirigeant riche réellement « aimait son prochain comme lui-même », ce qu'il disait pratiquement, selon les trois évangélistes,147 , il était parfait 148 ! Pourtant, la réponse de notre Sauveur est :« Si tu veux être parfait », va et fais telle ou telle chose. Ayant ainsi inventé une difficulté là où il n'y en a pas, Origène propose, pour s'en sortir, de considérer le précepte (dans saint Matthieu XIX, 20 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ») comme une addition non autorisée à la difficulté. Texte, — l'œuvre d'un scribe de mauvais goût 149 . Le caractère raisonnable de soupçonner son authenticité (dit-il) est renforcé par le fait que ni dans le récit parallèle de saint Marc ni dans le récit parallèle de saint Luc, on ne trouve les mots sur « aimer son prochain comme soi-même ». Comme si ce n’était pas plutôt une raison pour le présumer authentique ! Certes (continue Origène), il serait monstrueux de considérer ces mots : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », comme une interpolation, s'il n'existait pas tant d'autres divergences par ici. Les copies de saint Matthieu sont en effet toutes en conflit entre elles. Il en va de même pour les copies des autres Évangiles. En effet, et il conclut sur ce point, la divergence entre saint Matthieu est immense.150 : si cela est dû à l'insouciance des scribes ; — soit par audace criminelle des correcteurs de l'Écriture ; — ou si, enfin, cela a été le résultat du libertinage de ceux qui, prétendant « corriger » le texte, ont ajouté ou omis selon leur caprice individuel 151.

147 Mat. xix. 20 = Marc x. 20 = Luc xviii. Chapitre 21.

148 III. 669 c d.

149  — III. 670 ab.

150  — III. 671 b.

151

 — iii. 671 ch.

Or tout cela est très instructif. Voici le critique le plus célèbre de l'Antiquité estimant l'authenticité d'une clause de l'Évangile, non pas par la quantité d'attestation extérieure dont elle bénéficie, mais par ses propres imaginations à son sujet. En fait, aucune copie existante, aucun père ou version n'est dépourvu de la clause en discussion. En proposant donc qu'il soit considéré comme fallacieux, Origène ne fait que se convaincre d'imprudence et d'incompétence. Mais lorsque ce même critique, — qui, de son propre aveu, a eu le malheur de tomber sur une collection de documents singulièrement corrompus — se met à traiter un texte de l'Écriture qui a manifestement eu une histoire calamiteuse depuis les premiers jours de l'humanité. Évangile jusqu'à présent; — deux questions incommodes s'imposent à notre attention : — La première : — Quelle confiance peut-on avoir dans son jugement ? La seconde : Qu'y a-t-il qui puisse concilier notre estime pour le Codex particulier qu'il cite ? D'un autre côté, le lecteur a déjà été manifesté par un appel plus ouvert à l'Antiquité qu'on n'a jamais tenté auparavant, que la lecture de saint Matthieu XIX. 16,17 qui se trouve exclusivement dans B ℵ DL et la copie dont Origène cite, manque d'attestation externe.

Or, si l’on considère que B ℵ représente avoué un seul et même archétype, qui pourrait très bien être de l’époque d’Origène lui-même, — comment résister à la conviction que ces trois voix ne sont pas des voix indépendantes, mais des échos de une seule et même voix ? Et si certains Codex conservés dans la bibliothèque de Césarée en Palestine 1 ; — Des codex qui furent tour à tour manipulés par Origène, par Eusèbe, par Jérôme, et qui fournissèrent aussi l'archétype dont dérivent B et א ; — et, dis-je, s'il devait un jour être généralement admis, que ces codex de césarienne sont très probablement le véritable fons et origo d'une grande partie de notre perplexité passée et de nos troubles présents ? Puisque « la coïncidence des lectures implique infailliblement l'identité de l'ascendance 1 », ne sommes-nous même pas amenés à voir qu'il devait exister dans la célèbre bibliothèque de Césarée un petit nid d'exemplaires crédité, à juste titre, de contenir toutes les « dernières nouveautés » dans le sens de la critique textuelle, à laquelle les critiques du type d'Origène et de Jérôme, et peut-être d'Eusèbe, n'ont dû que trop aimer recourir ? Quelques exemplaires corrigés de manière critique fourniraient une explication complète de chaque particularité de lecture présentée exclusivement par les Codex B et א, et [caressés, peut-être avec un certain cynisme critique, par] ces trois Pères.

1 Voir ci-dessus, pp. 152-154.

1 W.-Hort, p. 287.

Cependant, il faut se rappeler (en référence au passage qui nous occupe) que « Origène, Eusèbe et Jérôme ' ne sont pas d’accord ici, sauf dans la lecture τί με ἐρωτᾷς περὶ τοῦ ἀγαθοῦ ; — car Eusèbe diffère d’Origène et Jérôme en procédant avec le texte traditionnel οδες γαθς ε μ ες : tandis que Jérôme et même Origène sont d’accord avec le texte traditionnel pour reconnaître l'épithète αγαθέ, — circonstance qui, comme nous l’avons déjà expliqué, peut être considérée comme fatale à la formule τί με ρωτς κ.τ.λ. qui suit.

Ceci cependant d’ailleurs. Qu’une fraude si mal étayée ait pu s'imposer Griesbach, Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Alford, Westcott et Hort, ainsi que le Réviseurs de 1881, y compris Scrivener, — est pour moi inintelligible. La lecture substituée est impossible au départ, car elle est incompatible avec son contexte. Et bien que je considère comme illégale l’introduction de la probabilité intrinsèque dans ces enquêtes, jusqu’à ce que la vérité ait été établie sur la base de preuves extérieures ; pourtant, lorsque cela est accompli, non seulement des considérations internes réclament une audition, mais leur effet est souvent, comme dans le cas présent, de balayer entièrement le terrain. Il est impossible, du moins me semble-t-il, d’examiner le récit à la lumière de la probabilité interne, sans être submergé par l’incohérence et la stupidité essentielle de la lecture qui nous est proposée. C'est un point qui mérite attention.

1. Que notre Seigneur ait effectivement fait des remontrances au jeune dirigeant pour l'avoir qualifié de « bon », est au moins certain. Saint Marc (x. 17,18) et saint Luc (xviii. 18,19) enregistrent ce fait, et le texte d'aucun des deux n'est contesté. Combien improbable est alors la déclaration selon laquelle il aurait également réprimandé le jeune homme pour l'avoir invité à une discussion philosophique concernant τ γαθόν, ce que pourtant le jeune homme n'avait manifestement pas fait. Selon deux des trois évangélistes, sinon le troisième aussi, sa question ne portait pas sur le caractère abstrait ; mais concernant la chose concrète, comme moyen pour parvenir à une fin : — « Quelle bonne œuvre dois-je faire pour pouvoir hériter de la vie éternelle ? — une question purement pratique. De plus, la prétendue enquête n'est pas touchée par la réplique proposée : « Il y en a un qui est bon », ou : « Il n'y a de bon qu'un seul, c'est Dieu ». Les termes mêmes de cette réplique ne montrent-ils pas qu'elle a dû être précédée de la question : 1 Pourquoi m'appelles-tu bon ? On dit en outre au jeune homme que s'il veut « hériter de la vie éternelle », il doit respecter les commandements de Dieu. La question et la réponse dans le texte authentique sont strictement corrélatives. Dans le texte fabriqué, ils sont contradictoires et largement incompatibles les uns avec les autres.

2. Supposons cependant un instant que la réponse de notre Seigneur était en réalité : « Pourquoi m'interroges-tu sur la bonté abstraite ? Notez les résultats. Puisqu'on ne peut pas penser qu'une telle interrogation soit substantiellement équivalente à : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? le dicton, s'il est prononcé, doit avoir été prononcé en plus. A-t-on alors parlé au même homme ? — « Oui », répond l'auteur du syriaque de Cureton : « la réplique était ainsi : « Pourquoi m'appelles-tu bon ? et : « Pourquoi me demandes-tu concernant le bien ?1 » — « Pas exactement », remarque l'auteur d'Evan. 251, « La seconde de ces deux questions était interposée après le mot « Lequel ? dans la ver. 18.' — « Non », crie l'auteur de l'Évangile aux Hébreux. 'Les hommes qui sont venus vers notre Seigneur étaient au nombre de deux .2 ' Il y a des raisons de soupçonner que certains des premiers hérétiques étaient du même avis 3 . Tout lecteur honnête n'admettra-t-il pas que plus nous examinons de près l'enchevêtrement perplexe qui se trouve devant nous, plus il devient intolérable, plus nous sommes convaincus de sa stupidité essentielle ? Et — Est-ce trop espérer qu’après avoir délibérément exposé l’insuffisance des preuves sur lesquelles il repose, aucun effort supplémentaire ne soit fait pour renforcer une lecture aussi clairement indéfendable ?

1 C’est ainsi que Cureton rend saint Luc xviii. 19. Le 19.

2 ' Scriptum est in evangelio quodam quod dicitur secundum Hebraeos, .... Dixit ei alter divitum : Magister quid boni faciens vivam ?' — (Orig. Vet. Interp. iii. 670.) Je suppose que C’est ce que suggère la mention de ες προσελθών, au verset 16.

3 L’Évangile marcionite exposé Μή με λέγετε γαθόν (Hippol. Phil. 254 ; Épiph. i. 315 c). — Comp, le Clément. Hom. (ap. Galland. ii. 752 b, 759 a d).

Rien de plus, je suppose, n'a besoin d'être ajouté. J'ai été si diffus concernant la place actuelle de l'Écriture parce que je désire ardemment voir certaines des questions vexatae de la critique textuelle équitablement débattues et réglées.  Et c'est un lieu qui a été célèbre dès les premiers temps, — a θρυλλούμενον κεφάλαιον comme l’appelle Macaire Magnès (p. 12), dans sa réponse au philosophe païen qui l’avait proposé comme sujet de discussion. C’est (de l’avis des critiques) un ' passage test 4.' Tischendorf en a fait le sujet d’une dissertation séparée en 18405. Tregelles, qui en parle à grande longueur6, nous informe qu'il « s'appuie même sur ce seul passage comme fournissant un argument sur l'ensemble de la question » qui sous-tend sa Recension critique du texte grec. Elle a égaré tous les critiques, Griesbach, Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Alford, W.-Hort, les réviseurs, et même Scrivener 1 . Les critiques dépenseront en vain leurs forces s'ils cherchent à établir sur une base rationnelle des modifications apportées sur la base d'un témoignage à la fois restreint et en contradiction avec lui-même.

4 Hammond, cité avec approbation par Scrivener, — I. 328 (éd. 4).

5 Prolégomènes de C. R. Gregory, p. 7.

6 Texte imprimé, pp. 133-8.

1 Introduction (1883), — pp. 573-6. [Aussi Vol. II. (1894), p. 327-329. En tant que rédacteur, je ne me croyais pas en droit de modifier l'opinion exprimée par le Dr Scrivener. E. M.]

Notons que notre appel persistant concernant St. Matt. XIX. 17, 18 ont été apportés à l'Antiquité. Nous rejetons l'innovation proposée comme étant sans aucun doute fallacieuse, en raison de l'importance et du nombre écrasant de témoins des deuxième, troisième et quatrième siècles qui se présentent pour la condamner ; ainsi qu'en raison de l'insuffisance manifeste et du manque de variété des éléments de preuve présentés à l'appui. Chaque fois qu'une proposition de correction du Texte Sacré est insuffisamment attestée, et surtout lorsque cette attestation est dépourvue de variété, nous affirmons que la lecture traditionnelle sera maintenue.

ANNEXE IV.

SAINT MARC I. I.

L'Évangile de saint Marc s'ouvre ainsi : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, FILS DE DIEU. La signification de cette annonce apparaît clairement lorsqu'on considère le début de l'Évangile de saint Matthieu : « Le livre de la génération de Jésus-Christ, le Fils de David ». S'il y a une clause dans l'Évangile qui porte sur elle la preuve de son authenticité, c'est bien celle-ci 1 . Mais en fait, les mots se retrouvent dans toutes les copies connues sauf trois (255, 28 , א) ; dans toutes les versions ; chez de nombreux Pères. Les preuves en sa faveur sont donc accablantes. Pourtant, c'est devenu récemment une mode de remettre en question la clause — Υο το Θεο. Westcott et Hort ont mis les mots entre parenthèses. Tischendorf les éjecte à partir du texte. Les réviseurs les considèrent avec méfiance. Il est grand temps de vérifier dans quelle mesure le doute entoure réellement la clause ainsi attaquée.

1 Il est juste d’affirmer que Tischendorf pensait différemment. ' Videtur illud huic quidem loco parum apte illatum.' Il ne peut que se résoudre à admettre que le texte avait été « jam Irenaei tempore nobili additamento auctum ». Il insiste sur le fait que c’est absurde, en plus d’être en contradiction avec toute l’histoire du texte sacré, supposer que le titre de « Fils de Dieu » a été ici supprimé par une incrédulité sans scrupules, plutôt que introduit par une piété officieuse.

Tischendorf s’appuie sur le témoignage de dix Pères anciens, qu’il cite dans l’ordre suivant : Irénée, Épiphane, Origène, Basile, Titus, Sérapion, Cyrille de Jérusalem, Sévérien, Victorin, Jérôme. Mais il faut rappeler au savant critique (1) que pro hac vice, Origène, Sérapion, Titus, Basile, Victorin et Cyrille de Jérusalem ne sont pas six pères, mais un seul. Ensuite (2), qu’Épiphane ne livre aucun témoignage sur le point litigieux. Suivant (3), que Jérôme1 doit plutôt être compté avec les défendeurs, que les contestataires, de la clause litigieuse : (4) Irénée et Sévérien rendent un témoignage emphatique en sa faveur. Tout cela tout à fait change l’aspect du témoignage patristique. Le maigre résidu de preuves hostiles s'avère être Origène et trois Codex, dont deux cursifs. Je vais montrer que les faits sont tels que je les ai exposés.

1 v. 10 ; vii. 17 ; et dans la Vulgate. Deux fois cependant (c’est-à-dire i. 311 et vi. 969) Jérôme omet la clause.

Comme on pouvait s’attendre à ce que le véritable auteur de tout ce mal fût Origène. D’entrée de jeu de son commentaire sur saint Jean, il écrit en se référant à saint Marc, i. 1 : « Soit il est question ici de tout l’Ancien Testament (représenté par Jean-Baptiste) comme « le commencement » du Nouveau ; ou bien, seulement la fin de celui-ci (que Jean cite) C’est ainsi qu’on parle de ce lien entre le Nouveau Testament et l’Ancien. Car Marc dit : « Le commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, tel qu’il est écrit dans le prophète Ésaïe : Voici, j’envoie mon messager, etc. La voix d’un seul, etc. Je ne peux donc que m'étonner de ces hérétiques, — il veut dire les disciples de Basilide, Valentin, Cerdon, Marcion et le reste de l’équipage gnostique, — « qui attribuent les deux Testaments à deux Dieux différents ; étant donné que Cet endroit même les réfute suffisamment. Car comment Jean peut-il être « le commencement » de l’Évangile », si, comme ils le prétendent, il appartient à un autre Dieu, et ne reconnaître la divinité du Nouveau Testament ? À l’heure actuelle, — « À titre d’illustration de la première façon de prendre le passage, c’est-à-dire que Jean représente tout l’Ancien Testament, je citerai ce qui se trouve dans les Actes [viii. 35] « Commençant à la même Ecriture de Ésaïe, Il a été amené comme un agneau, etc., Philippe a prêché à l’eunuque le Seigneur Jésus. Comment Philippe a-t-il pu, en commençant par le prophète, lui prêcher Jésus ? à moins qu’Ésaïe ne fasse partie du « commencement de l’Évangile1 » ? Depuis le jour où Origène écrivit ces paroles mémorables [230 apr. J.-C.], un appel à saint Marc i. 1-3 est devenu l’un des lieux communs de la controverse théologique. St. L’affirmation de Marc selon laquelle les voix des anciens prophètes étaient « le commencement » de l’Évangile » — dont Jean-Baptiste était supposé être le symbole, — a été habituellement jeté dans les dents des Manichéens.

1 Dans Joan. iv. 15, 16. — Voir aussi contra Cels. i. 389 def, où Origène dit la même chose plus brièvement. Les autres endroits sont iv. 125 et 464.

Dans de telles occasions, non seulement le raisonnement d'Origène, mais souvent le texte mutilé d'Origène était reproduit. Les hérétiques en question, bien qu’ils rejetaient la loi, professaient de tenir fermement à l’Évangile. « Mais » (dit Sérapion) « ils ne comprennent pas l'Évangile ; car ils n'en reçoivent pas le début : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, tel qu'il est écrit dans le prophète Ésaïe 2.» Ce que l’auteur de cette brève déclaration voulait dire, c’est ce qu’explique Titus de Bostra : qui expose la citation mot pour mot, comme Sérapion, à la suite d’Origène, l'avait exposée devant lui ; et ajoutant que saint Marc, de cette manière, "relie l'Évangile avec la Loi ; reconnaissant la Loi comme le commencement de l’Évangile3 ". Comment cela prouve-t-il que Sérapion ou Tite ont interdit les mots υο το Θεο ? Le simple fait est qu’ils reproduisent tous deux Origène, et en plus de profiter de son argument, ils se contentent d’adopter la méthode de citation avec laquelle il l’impose.

2   adv. Manichéos (ap. Galland. v. 61).

3 ap. Galland. v. 329.

Ensuite, pour le témoignage de Basile. Ses paroles sont : « Marc fait de la prédication de Jean le début de l'Évangile, en disant : « Le début de l'Évangile de Jésus-Christ. . . comme il est écrit dans Ésaïe le prophète. . . La voix de celui qui crie dans le désert 1 . » Cela montre certainement que Basile marchait sur les traces d'Origène ; mais cela ne prouve pas plus qu'il a désavoué les trois mots en litige au v. 1, puis qu'il a rejeté les seize mots non contestés dans le ver. 2, — d'où il est indéniable qu'il les omet intentionnellement, sachant qu'ils sont là. Quant à Victorin (290 après J.-C.), sa manière de citer le début de l’Évangile de saint Marc est identique à celle de Basile 2 , et suggère la même observation.

1 i- 250.

ap. Galland. iv.  55.

Si la preuve est nécessaire que ce qui précède est le véritable récit du phénomène qui nous est présenté, elle est fournie par Cyrille de Jérusalem, en référence à ce passage même. Il souligne que « Jean était la fin des prophètes, car « Tous les prophètes et la Loi jusqu'à Jean n'étaient que le début de la dispensation de l'Évangile, car il est dit : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ », et ainsi de suite. . Jean baptisait dans le désert 3 ' Cyrille est donc passé directement du milieu du premier verset de saint Marc 1. au début du ver. 4 : non, bien sûr, parce qu'il a interdit les trente-huit mots qui se situent entre les deux ; mais seulement parce que cela ne faisait pas partie de son intention de les citer. Comme Sérapion et Titus, Basile et Cyrille de Jérusalem reproduisent en fait Origène : mais contrairement aux deux premiers, les deux derniers citent l'Évangile de manière elliptique. La liberté en effet qu'exerçaient librement les anciens Pères, lorsqu'ils citaient l'Écriture dans un but précis, — d'omettre tout ce qui n'était pas pertinent ; de conserver la seule partie du texte destinée à leur argumentation, - ne doit jamais être laissée de côté. Ces hommes anciens n'imaginaient pas qu'au bout de 1 500 ans environ surgirait une école de critiques qui insisterait pour considérer toute irrégularité dans des appels aussi occasionnels à l'Écriture comme une affirmation délibérée concernant l'état du texte 1 500 ans auparavant. Parfois, heureusement, ils montrent clairement, par ce qu'ils ont eux-mêmes laissé tomber, que leurs citations de l'Écriture ne peuvent pas être traitées de la même manière. Ainsi, Sévérien, évêque de Gabala, après avoir fait appel au fait que saint Marc commence son Évangile en appelant notre Sauveur Υς Θεοῦ , cite aussitôt le ver. 1 sans ce récit de la filiation divine, — un procédé qui ne semblera étrange qu'à ceux qui omettent de lire son contexte. Sévérien attire l'attention sur la réserve attentionnée des évangélistes en déclarant la génération éternelle de Jésus-Christ. » Marc dit bien « Fils de Dieu » ; mais aussitôt, pour apaiser ses auditeurs, il se retient et coupe court à cette suite de pensées ; abordant immédiatement Jean-Baptiste : disant : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ... » . . comme il est écrit dans Ésaïe le prophète : Voici, etc. A peine l'Évangéliste a-t-il déployé le flambeau de la Vérité, qu'il le cache 1 . Comment Sévérianus aurait-il pu rendre son témoignage plus catégorique ?

1 A. D. 400. De Sigill. ap. Chrys. xii. 412 : — 

p. Chapitre 42.

Et maintenant, le lecteur est en mesure de comprendre ce qu’Épiphane a livré. Il montre que tandis que saint Matthieu commence son Évangile par l'histoire de la Nativité, « le saint Marc fait de ce qui s'est passé au Jourdain l'introduction de l'Évangile : en disant : — Le commencement de l'Évangile... comme il est écrit dans Ésaïe le prophète... La voix de celui qui crie dans le désert 2.' Cela ne fait pas ne prouve pas, bien sûr, qu’Épiphane ait lu le verset 1 différemment de nous-mêmes. Il ne fait qu’omettre le vingt-cinq mots (5 dans le verset 1 : 16 dans le verset 2) qui n’ont pas d’importance pour son dessein. La désignation glorieuse de Notre-Seigneur (« Jésus-Christ, le Fils de Dieu ») et la citation de Malachie qui précède la citation d’Ésaïe, se dressent sur le chemin de cet écrivain : son seul but étant d'atteindre « la voix de celui qui crie dans le désert ». Épiphane, en effet, est silencieux sur le point litigieux.

2 i. 42: — 

Mais le nom le plus illustre est derrière. Irénée (170 apr. J.-C.) a incontestablement lu Υο το ῦ Θεο dans cet endroit. Il consacre un chapitre de son grand ouvrage à la preuve que Jésus est le Christ, véritable Dieu aussi bien que véritable Homme ; et établit la doctrine contre les Gnostiques, en citant tour à tour les Évangélistes. Le témoignage de saint Marc, il le présente par un appel approprié à Rom. je. 1-4, ix. 5, et Gal. iv. 4, 5 : ajoutant : « Le Fils de Dieu a été fait Fils de l'homme, afin que par Lui nous obtenions l'adoption : L'homme portant, recevant et enveloppant le Fils de Dieu. C'est pourquoi Marc dit : « Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu, tel qu'il est écrit dans les prophètes 1 ». Irénée avait déjà, dans un chapitre précédent, prouvé par un appel aux deuxième et troisième Évangiles selon lesquels Jésus-Christ est Dieu. « Quapropter et Marcus », dit-il, « interpres et sectator Petri, initium Evangelicae conscriptionis fecit sic : « Initium Evangelii Jesu Christi Filii Dei, quemadmodum scriptum est in Prophetis, »  etc.2' C’est en tout cas décisif. Le latin de l’un ou l’autre seul subsiste : mais on ne peut pas prétendre à l’ombre d’un doute sur la façon dont le L’homme qui a écrit ces deux passages a lu le premier verset de l’Évangile 3 de saint Marc.

I. 506 (lib. III, cap. xvi).             2 I. 461 (lib. III. cap. x).

3 À mi-chemin entre les deux endroits cités ci-dessus, Irénée montre comment les quatre Évangiles peuvent être identifiés séparément avec les quatre créatures vivantes décrites dans l’Apocalypse. Il voit le lion dans saint Jean, qui dit : « Au commencement était la Parole, et... toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui : l’aigle volant dans saint Marc, parce qu’il commence son évangile par un appel à « L’esprit prophétique qui descend d’en haut sur les hommes ; en disant : « Le commencement de l’Évangile. ... Dans l’état actuel des choses, écrit dans les prophètes ! D’où la manière concise et elliptique des évangélistes, qui est une caractéristique de la prophétie » (lib. III. cap. xi. § 8, p. 470). Des citations comme celles-ci (18 mots omis dans un cas, 5 dans l’autre) ne nous aident pas. J’en déduis le ci-dessus notice du scholium dans Evan. 238 (Matthaei’s e, — N. T. ii. 21) ; Curzon’s ' 73. 8.'

Le grec perdu du passage d’Irénée a d’abord été fourni par Grabe à partir d’un manuscrit. des Quaestiones d’Anastase Sinaïta) dans le Bodléien (Barocc. 206, fol. πβ). C’est la solution de la 144e Quaestio. Mais on la retrouve dans beaucoup d’autres d’ailleurs. Dans Evan. 238, soit dit en passant, douze autres des mots perdus de On y trouve Irénée, c’est-à-dire  aussi Germain (715 ap. J.-C Gall. xiii. 215) citant le lieu, confirme la lecture  — qui devait évidemment figurer dans l'original.

Plus intéressant encore est le témoignage de Victor d’Antioche ; car, bien qu’il reproduit la critique d’Origène, il dit clairement qu’il n’aura rien à dire au texte d’Origène 1. Il paraphrase, parlant en la personne de l'Évangéliste, les deux premiers versets de l’Évangile de saint Marc, comme suit ! — ' Je vais faire « le commencement de l’Évangile » de Jean : de l’Évangile, je dis « du Fils » de Dieu, car c’est ainsi qu’il est écrit dans les prophètes, c’est-à-dire qu’il est le Fils de Dieu. Dieu.... Ou bien, vous pouvez relier « comme il est écrit dans les prophètes » avec « Voici, J’envoie mon messager » : auquel cas, je ferai « le commencement de l’Évangile » du Fils de Dieu » ce qui a été dit par les prophètes au sujet de Jean. Et Marc dit que Jean, le dernier des prophètes, est « le commencement de l’Évangile » : ajoutant : « comme il est écrit dans les prophètes : Voici, » etc., etc.2' Il est donc clair comment Victor a au moins lu l’endroit.

1 Remarquez qu’il lit en fait : « Le commencement de l’Évangile du Fils de Dieu », — en omettant les mots « JÉSUS-CHRIST » : non pas, bien sûr, pour les interdire, mais pour mettre l’accent sur la filiation divine du Messie.

2  Il s’agit du premier scholium la Catena telle qu’elle a été éditée par Possinus, — p. 6. Ce qui suit est un scholium bien connu de la même Catena, (la première dans l’éd. de Cramer), que C. F. Matthaei (N. T. ii. 20) estampes de six de ses manuscrits : — 

Il est temps de clore cette discussion. Que les Codex qu'Origène employait habituellement étaient du même type que Cod. א, — et que parmi eux les mots Υο το Θεο étaient absents, — est indéniable. Mais c’est là l’ensemble des preuves de leur omission. J’ai montré que Sérapion et Tite, Basile et Victorin et Cyrille de Jérusalem, ne font que reproduire l’enseignement d’Origène : qu’Épiphane délivre aucun témoignage dans un sens ou dans l’autre, tandis qu’Irénée et Séverien témoignent avec force de l'authenticité de la clause en litige. À ceux-ci, il faut ajouter Porphyre (270 après JC1, Cyrille d’Alexandrie2, Victor d’Antioche, Ps.-Athanase 3, et Photius 4, — avec Ambroise 5, et Augustin6 chez les Latins. L’article est le suivant : que l’on trouve d’ailleurs dans toutes les Versions, et dans toutes les copies connues des Évangiles, mais Trois; dont deux sont des cursives. Sur quel principe Tischendorf maintiendrait-il la l’autorité de א et d’Origène contre une telle masse de preuves, n’a jamais été expliquée. Entre-temps, la disparition de la clause (Υο το Θεο) de certains des premiers exemplaires de l’Évangile de saint Marc ne s'explique que trop facilement. La doctrine fondamentale qu'elle incarne était si odieuse pour certains précurseurs de la secte gnostique que saint Jean (xx, 31) déclare que le but même de son Évangile était d'établir « que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu ». .' Quoi de plus évident que le fait que ces paroles, à une époque très reculée, aient été frauduleusement supprimées de certaines copies de l'Évangile ?

1 ap. Hiéron. vii. 17.         2 vi. 330 diserte.         3 ii.  413.

4 A. D. 890. De objectionibus Manichaeorum, ap. Galland. xiii.  667.

5 i. 1529 d.         6 Cons. 39.

ANNEXE V.

LE CARACTÈRE SCEPTIQUE DE B ET א.

Le caractère sceptique des manuscrits du Vatican et sinaïtiques fournit une preuve forte de l’alliance entre eux et l’école origéniste. Les instances trouvées dans ces codex peuvent être classés ainsi :

Remarque 1. Les exemples suivants sont prétendument tirés des Évangiles. Seuls quelques-uns sont ajoutés d’ailleurs.

Remarque 2. D’autres onciales sont également ajoutées, pour indiquer par des spécimens jusqu’à quel point ces deux manuscrits reçoivent ou non d’autres sources, et aussi en partie dans quelle mesure la même influence les pénétre.

I. Passages qui portent atteinte à la reconnaissance biblique de la divinité de notre Seigneur :

Υο το Θεο omis — Saint Marc i. 1 (א*).

 Χριστὸς  υἱὸς . . τοῦ ζῶντος omis — Saint Jean vi. 69 (אBC*DL).

Κύριε omis — S. Marc ix. 24 (אABC*DL).

τοῦ Κυρίου Ἰησοῦ omis — Saint Luc xxiv. 3 (D).

Θεο changé en Κυρίου — Actes xx. 28 (AC*DES).

Omission de la foi dans le Christ, εἰς ἐμὲ — Saint Jean vi. 47 (אBLΓ).

Insulte sur l’efficacité de la prière par le Christ :

Insérez μέ — Saint Jean xiv. 14 (אBEHUΓΔ).

Transfert ν τ νόματί μου — Saint Jean xxi. 23 (אBC*LXVΔ).

Omission de εὐθέως dans la cure — S. Marc vii. 35 (אBDLWdΔ) Cf. St. Marc ii.  12.

Le tribunal de Dieu au lieu de Christ — Rom. xiv. 10 (א*ABC*D &c.).

 ὢν ἐν τῷ οὐρανῷ omis — Saint Jean iii. 13 (אBLΓb).

Omission de Κύριε dans la prière du voleur pénitent — Saint Luc xxiii. 42 (אBC*DLM*).

Omission de l’Ascension dans saint Luc, ἀνεφέρετο εἰς τὸν οὐρανόν — Saint Luc, xxiv. 51 (א*D).

Insertion de οὐδὲ  υἱὸς de saint Marc xiii. 32 dans saint Matth. XXIV. 36. Cf. Basile à Amphiloque, iii. 360-2 (Révision révisée, p. 210, note).

Omission de Θεός en référence à la création de l’homme — Saint Marc x. 6 (אBCIΔ). Cf. S. Matth. xii. 30 (BD).

Omission de ἐπάνω πάντων ἐστίν — Saint Jean, iii. 31 (א*D).

Omission de  υἱὸς μένει εἰς τὸν αἰῶνα — S. John viii. 35 (אΧΓ).

Omission de διελθὼν διὰ μέσου αὐτῶν· καὶ παρῆγεν οὕτω — Saint Jean viii. 59 (אBD).

τὸν υἱὸν τοῦ ανθρώπου for τ. Υ. τ. Θεο — Saint Jean IX. 35 (אBC).

Κυρίου for Θεο — 2 Pi. i. I (א).

Omission 0f ὅτι ἐγὼ ὑπάγω πρὸς τὸν πατέρα — Saint Jean XVI. 16 (אBD).

Omission 0f κύριος — I Cor. XV. 47 (א*BCD*EFG).

ς pour Θεὸς — 1 Tim. iii. 16 (א, révision révisée, p. 431-443).

 pour ὅς — Col. ii. 10, faisant de la plénitude de la Divinité le chef de toute principauté et de toute puissance (BDEFG).

II. Tendance généralement sceptique :

N.B. — L’omission est en soi sceptique.

Πνεμα Θεού au lieu de τ Πνεμα το Θεο — Matt. iii. 16 (אB). Cf. Actes XVI. 7, τό Πνεύμα Ἰησοῦ for τὸ Πνεύμα — (אABC2DE2153).

153 E2 des Actes et Cath. Epp. (Laudianus) à la Bodleian Library d’Oxford, du VIe siècle.

Γέ νεσις pour γέ ννησις, brouillant la naissance divine — Matt. i. 18 (אBCPSZΔ).

Omission du titre de « bon » appliqué à notre Seigneur — Matth., xix. 16, 17 (אBDL).

Omission de la nécessité pour notre Seigneur de souffrir, καὶ οὕτως ἔδει — S. Luc, xxiv. 46 (אav. J.-C.*DL).

Omission des douze derniers versets de saint Marc (אB).

Omission des passages relatifs au châtiment éternel (étroitement origéniste) :

αἰωνίου ἁμαρτήματος for αἰωνίου κρίσεως — Saint Marc iii. 29 (אBLΔ).

μαρτίας (D) — ibid.

ὅπου  σκώληξ αὐτῶν οὐ τελευτᾷ, καὶ τὸ πῦρ οὐ σβέννυται — Saint Marc ix. 44, 46 (אBCLΔ).

Omission du danger de rejeter notre Seigneur — Saint Matt. Xxi.

44 (D).

Omission de καὶ πᾶσα θυσία ἀλὶ ἁλισθήσεται — Saint Marc IX. 49 (אBLΔ).

Omission de la condamnation du traitement pharisaïque des veuves — Saint Matthieu, xxiii. 14 (אBDLZ).

Omission de καὶ τὸ βάπτισμα ὁ ἐγὼ βαπτίζομαι, βαπτισθῆναι — Saint Matthieu, xx. 22, 23 (אBDLZ).

Omission de αὑτῆς τὸν πρωτότοκον — S. Matt. i. 25 (אBZ).

Omission du verset sur la prière et le jeûne — Saint Matt. xvii. 21 (א*B).

Omission des mots donnant l’autorité aux Apôtres de guérir les maladies — Saint Marc, iii. 15 (אBC*).

Omission du pardon des péchés à ceux qui se tournent vers lui — Marc, iv. 12 (אBCL).

Omission de la condamnation des villes et mention du Jour du Jugement — Saint Marc vi. 11 (אBCDLΔ).

Omission du jeûne — Saint Marc, ix, 29 (א*B).

Omission de prendre la croix — Saint Marc x. 21 (אBCDΔ).

Omission du danger des richesses — Saint Marc, x. 24 (אBΔ).

Omission du danger de ne pas pardonner aux autres — Saint Marc, xi. 26 (אBLSΔ).

Omission de εὐλογημένη σὺ ἐν γυναιξίν — Saint Luc i. 28 (אBL).

Omission de ἀλλ ̓ ἐπὶ παντὶ ῥήματι Θεοῦ — Saint Luc IV. 4 (אBL).

Omission de  διάβολος εἰς ὄρος ὑψηλὸν — S. Luc IV. 5 (אBL).

Omission de Ὕπαγε ὀπίσω μου σατανᾶ — S. Luc IV. 8 (אBDLΞ)·

Omission de la référence au châtiment d’Élie, et à la manière d’esprit — Saint Luc ix. 55, 56.

Omission de l’effet salvifique de la foi — S. Luc xvii. 19 (B).

Omission du jour du Fils de l’homme — Saint Luc xvii. 24 (BD).

Omission de la descente de l’Ange à Béthesda — Saint Jean v. 3, 4 (אBC*D).

Omission de ἣν ἐγὼ δώσω — Saint Jean vi. 51 (אBCLΔ).

III. Faisant preuve d’une obstination « philosophique » à l’égard des passages tendres :

Omissions dans les registres de l’Institution du Saint-Sacrement : ainsi...

φάγετε . . τὸ . . . καινῆς — Saint Marc XIV. 22 — 24 (אBCD).

καινής — Saint Matt. xxvi. 28 (אB).

λάβετε, φάγετε .... κλώμενον — 1 C0r. XI. 24 (אABC*).

L’omission de l’agonie dans le jardin et l’ange fortifiant — Saint Luc xxii. 43, 44 (ABRT, premier correcteur).

Omission de la Première Parole de la Croix — Saint Luc xxiii. 34 (אaBD*).

Mutilation du Notre Père — Saint Luc xi. 2-4 : i.e.

Omission de ἡμῶν  ἐν τοῖς οὐρανοῖς (אBL).

Omission de γενηθήτω τὸ θέλημά σου, ὡς ἐν οὐρανῷ , καὶ ἐπὶ τῆς γῆς (BL).

Omission de ἀλλὰ ῥῦσαι ἡμᾶς ἀπὸ τοῦ πονηροῦ (א*BL).

Omission de εἰκῆ — Matt. v. 22 (אB).

Omission de le verset qui raconte la venue de notre Seigneur pour sauver ce qui a été perdue — Saint Matthieu, xviii. 11 (אBL*).

Omission de εὐλογεῖτε τοὺς καταρωμένους ὑμᾶς, καλῶς ποιεῖτε τοὺς μισοῦντας ὑμᾶς — S. Matt. V. 44 (אB).

Omission de la prophétie d’être compté avec les transgresseurs — Saint Marc xv. 28 (אABC* et 3 DX).

Omission de ἐν τῷ φανερῷ — S. Matt. VI. 6 (אBDZ).

Omission de allusion au dernier cri — Saint Marc xv. 39 (אBL).

Omission de frappant sur le visage — Saint Luc xxii. 64 (אBLMTΠ).

Omission de triple suscription (γράμμασιν Ἑλληνικοῖς καὶ Ρωμαϊκοῖς καὶ Ἑβραϊκοῖς) — Saint Luc, xxiii. 38 (BCL). Ainsi א* dans saint Jean xix. 20 et 21.

Omission de καὶ ἀπὸ μελισσίου κηρίου — Saint Luc XXIV. 42 (אABDLΠ).

Omission de καὶ ἐζήτουν αὐτὸν ἀποκτεῖναι — Saint Jean V. 16 (אBCDL).

λύσαντι pour λούσαντι — Rev. i. 5 (אAC).

δικαιοσύνην for ἐλεημοσύνην — Matt. VI. 1 (אet b BD).

IV. Tentative de classicisation du grec du Nouveau Testament.

Ces tentatives ont laissé leurs traces, remarquables notamment par leurs omissions, partout dans B et א dans une multiplicité de passages trop nombreux pour être cités. Leur caractère général peut être recueilli à la lecture de l'Introduction du Dr Hort, pp. 223-227, passage à partir duquel nous pouvons comprendre comment ces manuscrits ont peut-être fait l'éloge de leurs périodes d'avancement général dans l'apprentissage auprès d'éminents érudits comme Origène et le Dr Hort. Mais malheureusement une compacité thucididienne, condensée et bien taillée selon le goût fastidieux de l'étude, est justement celle qui ne prend pas à la longue chez les gens versés dans les habitudes de la vie ordinaire, ni chez les savants exercés dans de nombreux domaines, comme le montre la chute en désuétude des manuscrits critiques d'Origène. Les échos du IVe siècle se sont sûrement fait entendre au XIXe.

ANNEXE VI.

LA PESHITTA ET LE CURETONIEN.

[Le Révérend C. H. Waller, D.D., directeur de St. John’s Hall, Highbury.]

Une collation minutieuse du syriaque curétonien avec la Peshitta ne laisserait pas, je pense, de doute dans l’esprit de quiconque que le Curetonien, tel qu’il a été exposé par Cureton lui-même, est la version la plus récente. Mais pour donner pleinement effet à l’argument, il serait nécessaire de montrer l'intégralité du fragment curétonien côte à côte avec les parties correspondantes de la Peshitta. Autrement, il est à peine possible de se rendre compte (1) à quel point une version est entièrement fondée sur l'autre — (2) à quel point la version curétonienne est manifestement une tentative d'amélioration de l'autre ; ou (3) comment le curétonien présuppose et exige une connaissance des Évangiles en général, ou des vues de l'histoire évangélique qui appartiennent à l'Église plutôt qu'au texte sacré.

Même dans les brefs passages exposés par le Dr Scrivener dans les deux éditions, cela peut être démontré. Et il est possible d'encore plus d'illustrations à partir de presque chaque page du livre du Dr Cureton.

Prenez d’abord les fragments exposés par le Dr Scrivener. (a) À St. Matt. xii. 1-4, où la Peshitta traduit simplement le Textus Receptus (non modifiée par nos réviseurs), disant que les disciples avaient faim « et commencèrent à cueillir des épis de blé et à manger », le Curétonien s’amende ainsi : — « et les disciples furent affamés et se mirent à cueillir des épis de blé, à les briser dans leurs mains et à les manger, en introduisant (comme cela se produit fréquemment, par exemple saint Matt. iv. 11, « pour une saison' ; Saint Matthieu. iv. 21, « imposant sa main » ; Saint Matthieu. v. 12, « vos pères » ; Saint Matthieu. v. 47 : « qu'avez-vous à remercier? ») paroles empruntées à saint Luc vi. 1. Le

Mais dans le verset suivant du passage, où les mots « le jour du sabbat » sont absolument nécessaire pour rendre la question des pharisiens intelligible pour les premiers lecteurs de saint Matthieu, « Voici, tes disciples font ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du sabbat » (Textus Receptus et Peshitta ; non altéré par nos Réviseurs), le curétonien doit nécessairement s’appuyer sur les connaissances communes des lecteurs en posant la question suivante : « Pourquoi tes disciples font-ils ce qu'il n'est pas permis de faire ? » une lecture abrégée qui nous laisse ignorer ce que pourrait être l'action contestée ; faut-il arracher les épis dans le champ d'autrui, ou en frotter le grain le jour du sabbat ? Pour quelle raison de telles corrections peuvent-elles avoir en leur faveur la préférence de l'antiquité ?

Encore une fois, les pains de proposition du verset 4 de ce passage ne sont pas tels que nous les avons dans la Peshitta, « le pain de la table du Seigneur »,  un simple phrase que tout le monde peut comprendre, mais l’expression de l’Ancien Testament, « pain de visage »,  qui expose la connaissance du traducteur des Écritures antérieures, tout comme ses corrections de la liste de noms dans le premier chapitre de saint Matthieu et, si je ne me trompe, ses citations aussi.

(b) Ou, pour nous tourner vers saint Marc, xvi, 17-20 (l’autre passage exposé par le Dr. Scrivener). la Peshitta et le Curétonien montrent leur accord, par le points sur lesquels ils diffèrent de notre texte reçu. « Le Seigneur Jésus, après avoir commandé à ses disciples, fut élevé au ciel et s’assit à la main droite de Dieu » — est l’expression curétonienne. La plus simple Peshitta fonctionne ainsi. « Jésus , le Seigneur, après avoir parlé avec eux, monta au ciel et s’assit à la main droite de Dieu. » Les deux introduisent tous les deux le mot « Jésus » comme le font nos réviseurs : mais les deux légères touches d’amélioration les Curétoniens sont évidents, et appartiennent à cet aspect de la question qui se trouve dans le Credo et dans l’obéissance de l’Église. Qui peut en douter La phrase est la plus tardive des deux ? Un léger contact similaire apparaît dans l'Ajout curétonien au verset 17 de « ceux qui croient en moi » au lieu de simplement « ceux qui croient ?

J’ai moi-même observé les points suivants dans la collation de quelques chapitres de saint Matthieu des deux versions. Leur minutie elle-même témoigne de l’amélioration du caractère du Curétonien. À St. Matt. v. 32 que nous avons l’habitude de lire, avec notre Texte reçu et révisé et avec toutes les autres autorités, ' Quiconque répudiera sa femme, à l’exception de la cause de fornication » Ainsi lit-on dans la Peshitta. Mais d’où vient que le syriaque curétonien substitue ici l’adultère à la fornication, et sanctionne par là non pas le précepte délivré par Notre-Seigneur, mais l' interprétation qui en est presque universellement donnée ? Comment peut-on prétendre qu'ici le syriaque curétonien a seul conservé la vraie lecture ? Pourtant, soit cela doit être le cas, soit nous avons une modification délibérée d'un type très distinct et précis, nous indiquant non pas ce que notre Seigneur a dit, mais ce qu'il est généralement censé vouloir dire.

Non moins curieux est l’ajout du verset 41 : « Quiconque t’obligera à aller un mille, vas avec lui deux autres'. Notre-Seigneur a dit : « vas avec lui deux », comme tous les manuscrits grecs, à l’exception de D, en témoignent. Le curétonien et le D et certaines copies latines disent Pratiquement, ' vas avec lui trois'. S’agit-il encore d’une lecture originale, ou d’une amélioration ? Ce n’est pas un changement accidentel.

Mais de loin les « améliorations » les plus frappantes introduites par le manuscrit curétonien. sont, à mon avis, celles qui attestent la virginité perpétuelle de la Mère de Notre-Seigneur. Les altérations de ce genre dans le premier chapitre forment un groupe tout à fait unique. À partir de la version 18, nous lisons comme suit : —

 

Dans la Peshitta et notre Texte Grec sans aucune variation.

Dans le Curétonien.

 

Ver. 16. « Jacob engendra Joseph , l’époux de Marie, de qui naquit Jésus, qui est appelé Messie. » « Jacob engendra Joseph à qui fut mariée Marie la vierge, qui enfanta Jésus le Messie !
verset 18. « Or, la naissance de Jésus-Christ s'est déroulée de cette manière (Peshitta, et Textus Receptus : Révisé aussi, mais avec une certaine incertitude).'

' La naissance du Messie fut ainsi.

 

 

verset 19. « Joseph, son mari , étant un homme juste », etc.

 

 

verset 19. « Joseph, parce qu’il était un homme juste », etc. [il n’y a pas d’autorité grecque ou latine avec Cn. ici].

verset 20. Ne crains pas de prendre avec toi Marie , ta femme !

 

 

. . . ' Marie ta fiancée » (Cn ; semble être seule ici).
verset 24. « Joseph... fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit sa femme !

 

 

.....' et prit Marie ' (Cn. semble être le seul à omettre ' sa femme ').

verset 25. « Et il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle enfantât [son premier-né] un fils. »

 

« Et demeura purement avec elle jusqu’à ce qu’elle enfantât le fils » (Cn. ici n’est pas seul, sauf dans l’insertion de l’article).

L’omission absolue dans le syriaque curétonien de toute mention de Joseph comme mari de Marie , ou de Marie comme sa femme, est très remarquable. Le dernier verset du chapitre a souffert dans d’autres autorités de la perte du mot « premier-né », probablement à cause d’un sentiment d’objection à l’inférence que les Helvidiens en tiraient. Il semble avoir été oublié (1) que le fait que notre Seigneur soit un « premier-né » dans le sens lévitique est prouvé par saint Luc à partir de la présentation dans le temple (voir Néh. x. 36) ; et (2) que le fait qu’il soit appelé « premier-né » n’implique en aucune façon que sa mère ait eu d’autres enfants après lui. Mais, si l’on met cela de côté, le sentiment en faveur de la virginité perpétuelle de Marie dans l’esprit du traducteur du syriaque curétonien était si fort qu’il l’attirait à quatre omissions distinctes et séparées, dans lesquelles il se trouve sans aucun appui, du mot « mari » en deux endroits, et en deux autres du mot « femme ».

Je ne vois pas comment on peut nier qu’il s’agit là de corrections des plus délibérées et des plus singulières. Il n’y a pas non plus de famille de lectures antérieures qui les contienne, ou à laquelle on puisse les renvoyer. Le fait que le texte curétonien ait des lectures communes avec la famille de textes dite occidentale (par exemple, la transposition des béatitudes dans Matt. v. 4, 5) n’est pas suffisante pour nous justifier de rendre compte de tels caprices. Il s’agit en effet d’une superstition « occidentale » qui a élevé la Vierge Marie dans une sphère au-delà du niveau de tous ceux qui se réjouissent en Dieu son Sauveur. Mais la question qui se pose ici est de savoir si cette manière de considérer la question est vraiment ancienne ; et si le manuscrit d’une version ancienne qui présente des phénomènes si singuliers sur sa première page est digne d’être placé au-dessus de la version commune qui en est manifestement la base. Dans la première phrase de la préface, le Dr Cureton déclare qu’il a été obtenu d’un monastère syrien dédié à sainte Marie Deipara. Je ne peux m’empêcher de me demander s’il ne lui est jamais venu à l’esprit que le culte des Deipara, et le goût qu’il indique, peuvent expliquer en partie qu’un manuscrit d’un certain caractère et d’un certain parti pris y ait finalement été domicilié. [Voir la note à la fin du présent chapitre.]

Serai-je considéré comme très irrespectueux si je dis que l'étude que j'ai pu consacrer au livre du Dr Cureton m'a impressionné par une profonde méfiance à l'égard de son érudition ? « Elle t’enfantera un fils, » dit-il à la première page de sa traduction ; — ce qui n’est pas simplement simple et littéral, mais absolument non anglais dans de nombreux endroits.

Dans Matt. VI. Dans le premier verset, nous avons l’aumône et dans le troisième et le quatrième verset, la justice. Une explication.

Au verset 13, le Cn. a la doxologie, mais avec le pouvoir omisla Peshitta pas.

Dans le verset 17. lave ton visage et oins ta tête à la place de notre texte.

Dans le verset 19. Cn. laisse de côté βρῶσις 'rouille' et met « Où tombe le papillon de nuit ? »

Dans x. 42. Le discipulat au lieu de disciple.

Dans xi. 2. De Jésus au lieu de Christ.

En xiii. 6. Parabole du Semeur, une altération semblable à celle du Targum.

verset 13 un Targum des plus importants.

verset 33 Une femme sage prit et se cacha dans le repas.

xiv. 13 laisse de côté « par bateau » et dit « à pied », là où la Peshitta a « sur la terre ferme », un changement étrange, d’un genre opposé à ceux que j’ai mentionnés.

Dans Saint Jean, III, 6, Cn. dit : « Ce qui est né de la chair est chair, parce que de la chair il est né ; et ce qui est né de l'Esprit est esprit, parce que Dieu est esprit, et de Dieu il est né. » Et au verset 8 : « Ainsi en est-il de tous ceux qui sont nés d’eau et de l’Esprit. » Il s’agit d’une extension de type Targum : peut-être anti-arienne. Voir le Gr. Test de Tischendorf, in loco. Tous les changements ci-dessus ressemblent à des corrections délibérées du texte.

[Il est curieux que le Codex Lewis et le Curetonien rompent tous deux avec le récit traditionnel de la Virginité, mais dans des directions opposées. Le Codex de Lewis fait de Joseph le Père réel de notre Seigneur : le Curétonien traite la question comme décrit ci-dessus. Qu’il y ait eu deux courants d’enseignement sur ce sujet, qui ont particulièrement caractérisé le Ve siècle, est bien connu : l’un exagérant la division nestorienne des deux natures, l’autre tendant dans une direction eutychienne. Que deux manuscrits du Ve siècle illustrent ces déviations n’est que naturel, et leur survivance n’est pas peu remarquable.