On peut ainsi décrire une erreur répandue chez certains auteurs critiques sur le sujet auquel le présent volume est consacré. Dans le cas d’une lecture contestée, ils semblent penser qu’ils en font assez s’ils se contentent de rassembler les autorités pour et contre, et de rendre un verdict oraculaire. Dans les éditions critiques du texte grec, une telle méthode de résumé est peut-être inévitable. Mais je me permets de faire remarquer que, dans la Critique textuelle sacrée, il y a plusieurs autres considérations qui exigent absolument de l’attention, et que ces considérations doivent s’exprimer là où l’espace le permet. C’est sur quelques-uns d’entre eux que j’invite maintenant l’attention du lecteur.
Un mot, — une phrase, — une proposition, — ou même une phrase ou un paragraphe, — doit avoir quelque rapport avec le reste du passage entier qui la précède ou la suit. Par conséquent, il sera souvent nécessaire, afin d’obtenir tous les éléments de preuve qui se rapportent à une question litigieuse, d’examiner à la fois le sens et le langage qui se trouvent de part et d’autre de la question en litige. À l’heure actuelle, nous n’insistons pas autant sur le sens contextuel, parce que les gens ne sont généralement pas indisposés à l’observer, et qu’il est souvent sujet à de nombreuses divergences d’opinions : — nous nous abstenons surtout, parce que nous constatons par expérience qu’il y a toujours dans le cas du Nouveau Testament assez de preuves extérieures dont l’existence peut sans doute être admise pour résoudre toute question textuelle qui peut se poser.
Néanmoins, il peut être bon de donner un seul exemple. Dans 1 Corinthiens xiii. 5, Codex B et Clément d’Alexandrie lisent τὸ μὴ ἑαυτῆς au lieu de τὰ ἑαυτῆς, c’est-à-dire : « La charité ne cherche pas ce qui ne lui appartient pas », au lieu de « elle ne cherche point son propre profit ». C’est-à-dire que nous sommes invités, au milieu de ce magnifique passage qui est plein de principes élevés, à supposer qu’une violation grossière du huitième commandement est interdite, et à insérer une répudiation banale de la malhonnêteté grossière. Nous allons sombrer tout d’un coup d’une atmosphère grandiose à un niveau vulgaire. En fait, la lumière apportée sur les mots en question par le contexte de part et d’autre exclut bien sûr totalement une telle supposition ; Par conséquent, le seul résultat est que nous sommes amenés à nous méfier des témoins qui ont fait des dépositions si manifestement absurdes.
Mais en ce qui concerne la forme précise du langage employé, on trouvera aussi une garantie salutaire contre l’erreur dans tous les cas, d’examiner avec une exactitude critique sévère tout le contexte du passage en litige. Si, dans certains Codex, ce contexte s’avère être dans un état très corrompu, alors il devient même évident que ces Codex ne peuvent être admis comme témoins qu’avec beaucoup de suspicion et de réserve.
Prenez comme illustration de ce que je viens de dire le verset extrêmement précieux : « Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne » (St. Matt. XVII. 21), qui a été rejetée par la récente école de critiques. Ici, la preuve contre le verset se limite à B et à la première lecture de א parmi les onciales, Evan. 33 seulement des Cursives, e et ff1 des versions de la Vieille Latine, ainsi que le Curétonien et le Lewis, Jérusalem, Sahidique, quelques copies bohaïriques, quelques éthiopiens, et le grec des canons d’Eusèbe : — des preuves d’un caractère léger et changeant, lorsqu’on les compare au témoignage de toutes les autres onciales et cursives, du reste des versions, et de plus de treize des Pères, à commencer par Tertullien et Origène 1. Il est évident que l’accent mis sur l’argument du rejet, puisque א étant corrigé par la suite parle d’une manière incertaine, repose comme il l’est sur B ; et que si le témoignage de ce manuscrit est jugé indigne de crédit dans tout le passage, l’argument qui consiste principalement en un tel appui doit être faible.
1 Voir Révision révisée, p. 91, 206, et ci-dessous, chapitre V.
Maintenant, si nous examinons les versets 19, 20, 22 et 23, pour ne pas aller plus loin, nous découvrirons que tout le passage de B est enveloppé d’un brouillard d’erreur. Il diffère du corps principal des témoins en dix endroits ; dans quatre d’entre elles, sa preuve est rejetée par Lachmann, Tischendorf, Tregelles, Westcott et Hort, et les réviseurs2 ; dans deux autres par les Réviseurs3 ; et des quatre autres, il n’est soutenu dans deux que par א et séparément par une ou six cursives, et dans les deux autres par seulement א et D avec séparément quatre ou cinq copies cursives4.
2 Kath' Idian, Edunethemen, Triemera, Anastesetai (grec).
3 metaba, enthen (grec).
4 Sustrephomenon, oligopistien ; l’omission d’Iesous, legei (grec).
L’inspection du Contexte ajoute donc ici une forte confirmation : — bien qu’en effet, dans ce cas, avoir recours à une telle arme, c’est tuer ceux qui ont déjà été tués.
Saint Matthieu (xi. 2, 3) rapporte que Jean-Baptiste « ayant ouï parler dans la prison des actions de Christ, envoya deux de ses disciples » (δύο τῶν μαθητῶν αὑτοῦ) avec la question, ' Es-tu celui qui devait venir 5, ou si nous devons en attendre un autre (ἕτερον) ? ' Donc, tous les exemplaires connus, sauf neuf. Donc la Vulgate, la Bohairique, l’Ethiopique. Donc Origène. Donc Chrysostome. Il est intéressant de noter avec quelles différences d’expression saint Luc reproduit cette affirmation. Après avoir expliqué au verset 18 que ce sont les disciples du Précurseur qui lui apportaient des nouvelles concernant le Christ, saint Luc (vii. 19) ajoute que Jean « en appela deux » (δύο τινὰς) d’entre eux, et les « envoya à Jésus », soulignant ainsi, tout en répétant, le récit de l’évangéliste précédent. Cependant, dans la mesure où ἕτερον signifie, à proprement parler, « l’autre de deux », pour ne pas se répéter, il lui substitue ἄλλον. Maintenant, tout cela est désespérément obscurci par la plus ancienne de nos autorités manuscrites. Il n’est nullement surprenant de constater que τινὰς a disparu du D, du peshitto, du latin, du bohaïrique, du gothique et de l’éthiopien. Le mot a également disparu de notre version anglaise. Mais cela nous offense beaucoup de découvrir que (1) א BLRXΞ (avec Cyrille) effacent ἄλλον de saint Luc, VII, 19, et repoussèrent ἕτερον à sa place, — l’exemple le plus clair d’assimilation vicieuse qu’on puisse trouver nulle part : tandis que (2) pour δύο (in St. Matt. xi. 3) אBCDPZΔ écrit διά : ce qui est accepté par les versions peshitto, harkleienne, gothique et arménienne. Les anciennes versions latines tergiversent comme d’habitude : deux lisent, mittens duos ex discipulis suis : tout le reste, — mittens discipulos suos, — qui est la lecture du syriaque et du Dialogus de Cureton (p. 819), mais d’aucun manuscrit grec connu.1 Enfin (3) pour Ἰησοῦν dans Saint-Luc, BLRΞ substituer κύριον. Que penserions-nous de nous si nous étions librement imposés par des lectures aussi manifestement corrompues que ces trois-là ?
5 o erchomène (grec), auquel D substitue absurdement o ergazomenos (grec), « celui qui travaille ».
1 Donc, comme il semble, le Lewis, mais la colonne est défectueuse.
Mais la lumière est jetée sur eux par le contexte de saint Luc. Dans les treize versets qui suivent immédiatement, Tischendorf lui-même en juge, le texte a connu la dépravation dans au moins quatorze détails2.
2 C’est-à-dire verset 20, apesteilen pour les apestalken (grec), אB ; eteron pour allon, אDLXΞ. Ver. 22, omettre oti, אBLXΞ ; insérer kai avant κωφοί, אBDFΓΔ*Λ ; insérer kai devant πτωχοί, אFX. Ver. 23, os an for os ean, אD. Ver. 24, tois ochlois pour pros tous ochlous, אD et huit autres ; exelthate pour exeleluthate, אABDLΞ. Ver. 25, exelthate pour exeleluthate, אABDLΞ. Ver. 26, exelthate pour exeleluthate, אBDLΞ. Ver. 28, insérer amen avant λέγω, אLX ; omettre προφήτης, אBKLMX. Ver. 30, omettre eis eautous, אD. Ver. 32, un legei pour legoutes, א*B. Voir Tischendorf, huitième édition, in loco. Les discors de Concordia seront remarqués.
Avec quelle raison le même critique peut-il tout de suite insister sur d’autres lectures qui s’appuient exclusivement sur les mêmes autorités que les quatorze lectures que nous venons de citer revendiquent pour leur appui ?
Cette Note de Vérité a pour fondement la loi bien connue selon laquelle les erreurs ont tendance à se répéter sous la même forme ou sous d’autres formes. L’insouciance, ou l’atmosphère viciée, qui conduit un copiste à dénaturer un mot est sûr de le conduire à l’erreur sur un autre. L’assiduité mal ordonnée qui provoqua une mauvaise correction ne s’arrêta probablement pas là. Et les erreurs commises par un témoin juste avant ou juste après le témoignage qui est passé au crible ne peuvent qu’être considérées comme étant étroitement liées à l’enquête.
Il en va de même de l’autre côté. La clarté, l’exactitude, l’auto-recueillement, la proximité du moment en question, ajoutent à l’autorité de la preuve. Par conséquent, le témoignage du contexte ne peut qu’être considéré comme positif ou négatif, quoique peut-être plus souvent négativement que positivement, une note de vérité très appropriée.
Ce serait une grave omission, en effet, que de clore cette énumération des épreuves de la vérité sans faire attention à ces considérations internes qui se feront entendre et qui sont parfois sans réponse.
D’où la lecture de panton (grec) (masculin ou neutre) que l’on trouve dans le Cod. B (S. Luc, xix. 37), nous le rejetons d’emblée, à cause de son impossibilité grammaticale, comme s’accordant avec dunameon (féminin) ; et celle de kardiais (2 Cor. iii. 3) selon le témoignage de AאBCDEGLP sur le compte de son impossibilité absolue1. Raisons géographiques sont suffisamment forts contre la lecture avec Codd. אIKNΠ ekaton kai exekonta (grec) dans saint Luc, XXIV, 13 (c’est-à-dire cent soixante stades), pour ne pas avoir d’importance à ce que quelques autres autorités, comme Origène, Eusèbe et Jérôme, puissent être produites à l’appui de la même lecture manifestement corrompue. Pour des raisons de raison ordinaire, nous ne pouvons pas entendre dire que le soleil a été éclipsé quand la lune était pleine, ou que Notre-Seigneur a été percé avant la mort. La vérité de l’histoire, par ailleurs suffisamment attestée par saint Matthieu et par Flavius Josèphe, interdit absolument que l’autou (grec) (אBDLΔ) soit lu pour autes (grec) (S. Marc, VI, 22), et par conséquent la malheureuse fille d’Hérodias d’être considérée comme étant la fille d’Hérode.
1 L’explication donnée par la majorité des réviseurs n’a que leur traduction anglaise pour la recommander, « dans les tables qui sont des cœurs de chair » pour en plaxi kardiais sarkinais (grec). Dans la lecture traditionnelle (a) plaxi sarkinais répond à plaxi lithinais ; et donc sarkinais serait d’accord avec plaxi, pas avec Kardiais. (b) L’opposition entre lithinais et kardiais sarkinais serait bien faible, ce dernier n’étant qu’un appendice en apposition de plaxi, et serait donc une tache dans le passage nerveux de saint Paul. - (c) L’apposition est dure, mal équilibrée (comparez saint Marc, VIII, 8), et à la différence du grec : le Dr Hort est amené à supposer plaxi pour être une « interpolation primitive ». La défectuosité de la majorité des onciales est corrigée par les Cursives, les Versions, les Pères.
Dans ces cas et dans d’autres semblables, les raisons internes sont claires et fortes. Mais il y a un danger manifeste, lorsque les critiques abandonnent les considérations qui dépendent de points clairs et définis, et construisent leurs propres inventions et théories dans un système de canons stricts qu’ils appliquent dans les dents de preuves multiples qui ont vraiment tout pour le recommander. On peut voir jusqu’où certains critiques sont prêts à aller dans le monstrueux Canon proposé par Griesbach, que là où il y a plus de lectures qu’une seule de n’importe quel lieu, la lecture qui favorise l’orthodoxie est un objet de suspicion1. Il y a sans doute quelque raison dans le canon qui affirme que « plus la lecture est dure, moins il est probable qu’elle ait été inventée, et plus elle est susceptible d’être authentique », en vertu de laquelle le δευτεροπρώτῳ (S. Luc, VI, 1) doit recevoir une justification supplémentaire. Mais les gens sont ordinairement constitués de telle sorte que, lorsqu’ils ont une fois construit un système de canons, ils ne mettent aucune limite à leur fonctionnement et en deviennent les esclaves.
1 ' Inter plures unius loci lectiones ea pro suspecta merito habetur, quae orthodoxorum dogmatibus manifeste prae ceteris favet.' N. T. Prolegomena, I. p. Ixvi.
En conséquence, la véritable lecture des passages doit être vérifiée, à une très légère exception près, du poids prépondérant des preuves extérieures, jugées d’après leur ancienneté, du nombre, de la variété, de la valeur relative, de la continuité, et à l’aide du contexte. Les considérations internes, à moins que, dans des cas exceptionnels, elles ne s’opposent fortement à une erreur manifeste, n’ont qu’une force subsidiaire. Souvent, ils sont le produit d’un parti pris personnel, ou d’une observation limitée : et là où un érudit approuve, un autre condamne dogmatiquement. Les preuves circonstancielles sont à juste titre mal notées dans les cours de justice : et les avocats produisent toujours des témoins quand ils le peuvent. Le texte de l’Écriture Sainte ne varie pas avec la girouette selon les vents changeants de l’opinion ou du caprice individuel ou général : il est décidé par la Tradition de l’Église, attestée par des témoins oculaires et écrite noir et blanc et or dans tous les pays de la chrétienté et dans tous les âges depuis la composition du Nouveau Testament.
Je désire faire remarquer à propos des sept Notes de vérité dans les preuves textuelles qui précèdent que l’étudiant ne peut jamais se permettre de perdre entièrement de vue l’une d’entre elles. La raison en est que, bien qu’il ne soit pas douteux qu’il soit concevable que l’un ou l’autre des sept puisse suffire à lui seul à établir presque n’importe quelle lecture qui puisse être nommée, ce n’est pratiquement jamais le cas. Et pourquoi ? Parce que nous ne rencontrons jamais aucun de ces tests dans toute la mesure du possible. Aucun Test n’atteint jamais la perfection, ni ne peut même l’atteindre. Une approximation du Test est tout ce que l’on peut attendre, ou même désirer. Et parfois, nous sommes obligés de nous contenter d’une très légère approximation. Leur force réside dans leur coopération.
LES MANUSCRITS VATICAN ET SINAÏTIQUE.
Aucun progrès n’est possible dans le département de la « critique textuelle » jusqu’à ce que la superstition — car nous sommes persuadés que ce n’est rien de moins — qui prévaut actuellement à l’égard de certaines « vieilles onciales » (comme on les appelle) a été abandonnée. Par « les anciennes onciales », on entend généralement [1] Le Codex du Vatican (B), — et [2] le Codex Sinaïtique (א), — qui, d’un commun accord, sont attribués au IVe siècle : [3] l’Alexandrin (A), et [4] le Cod. Ephraemi rescriptus (C), — qui sont donnés au Ve siècle : et [5] le Codex Bezae (D), — qui est revendiqué pour le VIe siècle : auquel il faut maintenant ajouter [6] le Codex Beratinus (Φ), à la fin du Ve siècle, et [7] le Codex Rossanensis (Σ), au début du VIe siècle. Cinq de ces sept Codex, pour une raison inexpliquée, bien que le plus récent d’entre eux (D) soit séparé de la grande masse des copies, onciales et cursives, d’à peu près autant de siècles que les plus anciens d’entre eux (Bא) sont séparés du dernier de leur groupe, ont été investis d’une autorité oraculaire et sont censés être les véhicules des décrets impériaux. On prétend que ce qui se trouve dans B, dans א ou dans D, bien qu’il ne soit étayé par aucun autre manuscrit, peut raisonnablement être considéré comme démontrant la vérité de l’Écriture, au mépris de l’ensemble des preuves contraires de tous les autres documents. Qu’une lecture soit préconisée par B et א conjointement, et l’on suppose comme allant de soi que cette preuve doit nécessairement l’emporter sur la preuve combinée de tous les autres manuscrits qui peuvent être nommés. Mais quand (comme cela arrive souvent) trois ou quatre de ces « vieilles onciales » sont d’accord, — surtout si (ce qui n’est pas rare) ils ont le soutien d’une seule version ancienne (comme le bohaïrique), — ou un Père primitif solitaire (comme Origène), il semble être considéré comme allant de soi qu’une telle preuve doit nécessairement tout emporter devant elle 1.
1 Voir l’introduction de Hort, p. 210-270.
Je maintiens la proposition contradictoire, et je suis prêt à la prouver. J’insiste sur le fait que les lectures ainsi étayées ne sont clairement pas dignes de confiance et peuvent être rejetées comme certainement non authentiques.
Mais dans ce chapitre, efforçons-nous de parvenir à une certaine compréhension les uns avec les autres. Ma méthode sera de poser une question claire qui amènera la question à la question. Il s’agit clairement d’une question. Je vais alors (1) inventer les meilleures réponses que je peux à cette question : et ensuite (2) au mieux de mes capacités — Je vais disposer de ces réponses une par une. Si le lecteur (1) est capable d’assigner une meilleure réponse, — ou (2) ne juge pas ma réfutation satisfaisante, — il n’a qu’à me demander publiquement des comptes, et par la réplique je rendrai publiquement, ou lui, ou moi, devons nous contenter d’être publiquement discrédités. Si je connaissais un moyen plus juste d’amener cette question nullement résolue à une question précise, le lecteur peut être bien assuré que je l’adopterais maintenant2. — Ma question générale est la suivante : — Pourquoi, dans tous les Évangiles, B et א sont-ils considérés comme si dignes de foi, que tout, sauf la solution absolue de toute question litigieuse sur le Texte, est considéré comme dépendant de leur témoignage ?
2 J’ai retenu ce défi, bien qu’il ait été rendu caduc par la mort regrettée du doyen, afin de montrer sa sincérité et son intrépidité absolues. — E. M.
Et je commence par demander à un soi-disant étudiant de la Bible, — Pourquoi, dans les Évangiles, les Codex B et א devraient-ils être jugés plus dignes de notre confiance que les autres Codex ?
Étudiant Biblique. Parce qu’il s’agit du plus ancien de nos Codex.
Doyen Burgon. Cette réponse vous semble évidemment transmettre une vérité axiomatique : mais pas à moi. Il faut que je vous dérange pour m’expliquer pourquoi le plus ancien de nos Codex doit être le plus pur ?
É. B. Je n’ai pas dit qu’ils devaient nécessairement être les plus purs Et je vous prie de ne rien m’imputer que je ne dise réellement.
Le Doyen. Je vous remercie pour une très juste réprimande. Allons jusqu’au bout dans le même esprit, et nous arriverons à des résultats importants. Veuillez donc vous expliquer à votre manière.
É. B. Je voulais dire cela parce qu’il est raisonnable de supposer que les Codex les plus anciens s’avéreront les plus purs, donc On peut raisonnablement s’attendre à ce que B א — étant les plus anciens Codex des Évangiles — soient les meilleurs.
Le Doyen. Jusqu’à présent, heureusement, nous sommes d’accord. Vous voulez dire, je présume, que, dans la mesure où c’est un principe admis que le cours d’eau est le plus pur à sa source, l’antiquité de B et de א crée une présomption raisonnable en leur faveur. Est-ce bien ce que vous voulez dire ?
É. B. Quelque chose de ce genre, sans aucun doute. Vous pouvez continuer.
Le Doyen. Oui, mais ce serait une grande satisfaction pour moi de savoir avec certitude si vous pensez réellement ou non ce que je suppose : — c’est-à-dire, pour appliquer le principe, id verum esse quod primum, je suppose que vous voulez dire que c’est en B et א que nous avons l’approche la plus proche des autographes des évangélistes, et que, par conséquent, nous avons en eux la meilleure preuve qui soit actuellement à la portée de ce que ces autographes étaient réellement. Je vais maintenant continuer comme vous me l’avez demandé. Et je me permets de vous faire remarquer qu’il est grand temps que nous ayons les faits de l’affaire devant nous, et que nous les gardions constamment à l’esprit tout au long de notre discussion ultérieure. Maintenant, tous les critiques sont d’accord pour dire que B et א n’ont pas été écrits avant 340 environ, ou disons avant 330 après J.-C. Vous l’admettrez, je suppose ?
É. B. Je n’ai aucune raison d’en douter.
Le Doyen. Il s’est donc écoulé un intervalle d’un peu moins de trois cents ans entre l’écriture des autographes originaux et la copie des Évangiles en B et אa.1 Ces deux codex les plus anciens, ou les plus anciens d’entre eux, se trouvent ainsi séparés de près de trois siècles des écrits originaux. — ou, pour parler plus exactement, — d’environ deux siècles et trois quarts d’après trois des grands autographes, et d’environ 250 ans d’après le quatrième. Par conséquent, on ne peut pas dire que ces manuscrits soient si étroitement liés aux autographes originaux qu’ils aient le droit de décider des passages contestés ce qu’ils étaient ou n’étaient pas. La corruption a largement infecté les divers écrits, comme je le montrerai assez longuement dans quelques chapitres suivants, pendant le grand intervalle auquel j’ai fait allusion.
1 Ici le manuscrit du doyen cesse, et le rédacteur en chef est responsable de ce qui suit. Le manuscrit était marqué au crayon : « Très grossier — mais ça vaut la peine de continuer.
2 Voir un passage de Caïns cité dans The Revision Revised, p. 323. Eusèbe, Hist. Eccles, v. 28.
É. B. Mais je suis surpris de vous entendre dire cela. Vous devez sûrement vous rappeler que B et א étaient dérivés d’un seul et même archétype, et que cet archétype a été produit « dans la première partie du deuxième siècle, sinon plus tôt». et était très proche des autographes, et qu’ils devaient être en conséquence exacts transcriptions des autographes, et...
3 Hort, Introduction, p. 223.
Le Doyen. Je dois vraiment vous prier de faire une pause : — Vous avez laissé les faits loin derrière vous, et vous êtes monté dans le pays des nuages. Je vous prie de ne pas vous oublier que nous partons d’un fait, autant qu’il est possible de s’en assurer, à savoir la production de B et de א, vers le milieu du quatrième siècle. Vous êtes passé de ce fait à ce qui n’est qu’une opinion probable, sur laquelle cependant je suis d’accord avec vous, à savoir que B et א sont dérivés d’un seul et même manuscrit plus ancien. C’est pourquoi, je prie pour que vous n’oubliiez pas, qu’ils ne comptent qu’à peu près comme un. Mais quant à l’âge de cet archétype — pardonnez-moi de dire que, — sans le vouloir, mais sans l’avoir fait — vous avez fait un saut des plus audacieux. Puis-je cependant vous demander si vous pouvez citer une autorité ancienne pour la date que vous avez apposée ?
É. B. Je ne m’en souviens pas pour l’instant.
Le Doyen, Non, ni le Dr Hort non plus, — car je m’aperçois que vous adoptez ses conjectures. Et je nie catégoriquement qu’il y ait la moindre probabilité pour une telle suggestion : — non, il y a de grandes chances, sinon d’une manière décisive, contre l’original dont les lignes de B et de א divergeaient, étant aussi vieux que le IIe siècle. Ces manuscrits portent des traces de l’école origéniste, comme je le montrerai plus loin 1. Ils ont trop de méthode dans leur erreur pour qu’elle soit née dans le premier âge : son caractère systématique prouve qu’elle a été la croissance du temps. Ils témoignent des effets, comme je le démontrerai plus tard, de l’enseignement hérétique, de la pratique du Lectionnaire et de l’édition régulière, qu’aucun manuscrit n’aurait pu contracter dans les premiers âges de l’Église.
1 Voir appendice V et ci-dessous, chapitre IX.
É. B. Mais il est certain que les différences entre B et א, qui sont nombreuses, prouvent qu’ils ne dérivent pas immédiatement de leur ancêtre commun, mais que quelques générations se sont écoulées entre eux. Le niez-vous ?
Monsieur le Doyen, je vous accorde qu’il y a beaucoup de différences entre eux, — tant pis pour la valeur de leur témoignage. Mais vous ne devez pas vous laisser induire en erreur par la figure de la généalogie sur des points où elle n’a pas d’équivalent. Il n’y avait dans les manuscrits aucune période d’enfance, d’enfance et de jeunesse qui dût s’écouler avant qu’ils pussent avoir une progéniture. Dès qu’un manuscrit était terminé, examiné et passé, il pouvait être copié : et il pouvait être copié, non seulement une fois par an, mais aussi souvent que les copistes pouvaient trouver le temps d’écrire et de compléter leurs copies21. Vous devez également prendre en considération une autre circonstance. Après la destruction des manuscrits dans la persécution de Dioclétien, et lorsque les savants se pressaient de toutes parts dans l’Église, les copies ont dû se multiplier avec une grande rapidité. Il y avait d’autant plus de place pour l’insouciance, l’inexactitude, l’incompétence et la réceptivité capricieuse. Plusieurs générations de manuscrits ont pu être publiées en deux ou trois ans. — Mais, en vérité, toute cette idée de fixer la date de l’ancêtre commun de B et de א est basée sur de pures spéculations : — La science textuelle ne peut pas fonder ses conclusions sur des fondations de sable comme celle-là. Il faut que je vous ramène au Rocher : il faut que je vous rappelle les faits. B et א ont été produits au début du milieu du IVe siècle, pour ainsi dire. Nous ne pouvons pas aller plus loin, sauf pour dire — et c’est précisément sur ce point que je dois maintenant solliciter votre attention, — que nous sommes en possession d’éléments de preuve plus anciens qu’eux.
21 À titre d’exemple de la rapidité avec laquelle une copie cursive pouvait être écrite par un copiste accompli, nous pouvons noter l’entrée suivante tirée des lettres du doyen Burgon dans le Guardian au Dr Scrivener, dans une lettre datée du 29 janvier 1873. ' Remarquez en outre qu’il y a . . . une autre copie de l' A. T. en un volume . . . à la fin de laquelle il est dit que Nicodème o xenos (grec), le scribe, commença sa tâche le 8 juin et la termina le 15 juillet 1334, travaillant très dur – comme il a dû le faire en effet.
É. B. Mais vous ne voulez pas me dire qu’on a découvert d’autres onciales antérieures à celles-ci ?
Le Doyen. Non, pas encore, bien qu’il soit possible, et peut-être probable, que de tels manuscrits puissent être mis au jour, non pas en vélin, mais en papyrus ; car, autant que nous le sachions, B et א marquent l’émergence de la classe des grands manuscrits onciales1. Mais bien qu’il n’y ait pas encore entre nos mains de manuscrits plus anciens, nous avons cependant en premier lieu diverses versions, à savoir, la Peshitta du IIe siècle 2, le groupe des versions latines 3 qui commencent à peu près à la même époque, le Bohairique et le Thébaïque du IIIe siècle, sans parler du gothique qui était à peu près contemporain de vos amis le Vatican et le Sinaïtique. Ensuite, il y a les nombreux Pères qui ont cité des passages dans les premiers âges, et qui ont ainsi témoigné des manuscrits qu’ils ont utilisés. Pour prendre un exemple, j’ai cité sur les douze derniers versets de l’Évangile de saint Marc pas moins de douze autorités avant la fin du troisième siècle, c’est-à-dire jusqu’à une date qui est près d’un demi-siècle avant l’apparition de B et א. La masse générale des citations que l’on trouve dans les livres des premiers Pères témoigne de ce que je dis 4. De sorte qu’il n’y a absolument aucune raison de placer ces deux manuscrits sur un piédestal à eux seuls au nom de l’antiquité suprême. Ils sont éclipsés à cet égard par beaucoup d’autres autorités plus anciennes qu’eux. Tel est, je vous prie de le remarquer, le verdict, non pas d’une spéculation incertaine, mais de faits têtus.
1 Voir ci-dessous, chapitre VIII, § 2. 2 Voir chapitre VI.
3 Voir chapitre VII. 4 Voir le chapitre suivant.
É. B. Mais s’il ne m’est pas permis d’invoquer la plus haute antiquité en faveur de la témoignage des deux plus anciennes onciales, —
Le Doyen. Arrêtez, je vous en prie. Ne vous imaginez pas un seul instant que je veuille vous empêcher de plaider quoi que ce soit que vous puissiez plaider équitablement. Ce sont des faits qui refusent d’être expliqués hors de l’existence, et non pas moi-même, qui vous barrent la route. Pardonnez-moi, mais vous ne devez pas vous cogner la tête contre un mur de briques.
É. B. Eh bien,5, je vous rencontrerai immédiatement en vous posant ma propre question. Niez-vous que B et א soient les monuments les plus précieux de leur classe ?
5 Un autre fragment trouvé dans les papiers du doyen est présenté ici.
Le Doyen. Loin de nier, j’affirme avec empressement qu’ils le sont. S’ils étaient mis en vente demain, ils commanderaient une somme fabuleuse. Ils pourraient peut-être aller chercher 100 000 £. Pour tout ce que je sais ou ce dont je me soucie, ils peuvent en valoir la peine. Plus d’une fileuse de coton vaut — ou peut-être plusieurs fois plus.
É. B. Mais ce n’est pas ce que je voulais dire. J’ai parlé de leur importance en tant qu’instruments de critique.
Le Doyen. Encore une fois, nous sommes heureux d’être d’accord. Leur importance est incontestablement de premier ordre. Mais pour en venir au fait, voulez-vous dire clairement si vous voulez affirmer que leur texte est, à votre avis, d’une pureté exceptionnelle ?
É. B. C’est ce que je fais.
Le Doyen. Enfin, nous nous comprenons. J’insiste, au contraire, et je suis prêt à le prouver, que le texte de ces deux Codex est à peu près le plus immonde qui existe. Sur quoi, je vous prie, vous appuyez-vous pour votre opinion qui s’avère être diamétralement l’inverse de la mienne 1 ?
1 Ici s’arrête le fragment.
É. B. Les meilleurs savants me disent que leur texte, et surtout le texte de B, est d’un caractère plus pur qu’aucun autre : et en effet moi-même, après avoir lu B dans l’édition de Mai, je pense qu’il mérite les grands éloges qu’on lui donne.
Le Doyen. Mon cher ami, je vois que vous avez été séduit par l’édition de Mai, imprimée à Leipzig et publiée en Angleterre par Williams & Norgate et D. Nutt. Laissez-moi vous dire que c’est une représentation très défectueuse de B. Il mélange les mains ultérieures avec la première main. Il abonde en erreurs. Il insère perpétuellement des passages qui ne se trouvent nulle part dans la copie. Bref, on s’imaginait alors qu’on trouverait dans le texte du mystérieux manuscrit du Vatican la verba ipsissima des Évangiles : mais quand le cardinal Mai voulut les satisfaire, il trouva que B serait illisible s’il n’était pas édité avec une abondante correction des erreurs. Ainsi, le monde a ensuite reçu au moins deux recensions de B mélangées dans cette édition, tandis que B lui-même est resté derrière. Le monde était généralement satisfait et absorbé. Mais je suis désolé que vous ayez partagé l’illusion.
É. B. Eh bien, bien sûr, je peux me tromper : mais vous respecterez sûrement l’opinion des grands savants.
Le Doyen, Bien sûr, je respecte profondément l’opinion de tous les grands savants, mais avant de l’adopter, je dois connaître et approuver les fondements de leur opinion. Je vous en prie, qu’est-ce que c’est dans ce cas ?
É. B. Ils disent que le texte est meilleur et plus pur que n’importe quel autre.
Le Doyen, Et je dis que c’est presque le plus corrompu que l’on connaisse. S’ils ne donnent pas de motifs particuliers, si ce n’est le fait qu’ils le pensent, il s’agit d’un conflit d’opinions. Il y a un équilibre entre nous. Mais à partir de cette impasse, je passe aux faits. Prenez par exemple, comme précédemment, les douze derniers versets de saint Marc. D’un côté, les allégations B et א, — dont B, par l’exposition d’un espace vide, avoue muettement son omission, et א trahit qu’il est double d’esprit22 ; un manuscrit de la Vieille Latine (k), deux manuscrits arméniens, deux éthiopiens et un lectionnaire arabe ; expression d’Eusèbe, qui cite ailleurs le passage, qui a été copié par Jérôme et Sévère d’Antioche, disant que les versets étaient omis dans certaines copies. L du VIIIe siècle, et quelques Cursives, donnent une terminaison brève, mais impossible. De l’autre côté, j’ai parlé de23 six témoins du IIe siècle, six du IIIe, quinze du quatrième, neuf du cinquième, huit du VIe et du VIIe, toutes les autres onciales et toutes les autres cursives, y compris l’usage liturgique universel et immémorial. Ici, comme vous devez le voir, B et א, sur des tons hésitants et avec seulement un nombre insignifiant de suites, se heurtent à un éventail d’autorités, qui est triomphalement supérieur, non seulement dans l’antiquité, mais aussi en nombre, en variété et en continuité. Je revendique aussi la supériorité en ce qui concerne le contexte, les considérations internes et le poids aussi.
22 Voir les remarques de M. Gwynn qui sont citées ci-dessous, annexe VII.
23 Révision révisée, p. 423. Ajoutez-en quelques-uns ; voir l’annexe VII.
É. B. Mais il est certain que le poids est le motif de discorde entre nous.
Le Doyen. Certainement, et c’est pourquoi je n’assume pas ma prétention tant que je ne l’ai pas étayée. Mais avant d’aller plus loin, puis-je vous demander si vous pouvez contester le fait que les quatre premières Notes de Vérité sont de mon côté ?
É. B. Non : vous avez droit à une certaine tolérance.
Le Doyen. C’est un aveu très franc, et c’est exactement ce que j’attendais de vous. Maintenant, en ce qui concerne le poids. Le passage qui vient d’être cité n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il y en aura d’autres plus loin dans ce livre, et même alors, il en restera nécessairement beaucoup d’autres. En ce qui concerne les faits durs et indubitables, il y a un conflit continuel qui se déroule tout au long des Évangiles entre B et א et quelques-uns de leurs adhérents d’un côté, et la majeure partie des autorités de l’autre, et la nature et le poids de ces deux Codex peuvent en être déduits. On constatera qu’il a été prouvé à maintes reprises qu’ils étaient de mauvais témoins, qu’on laissait à eux-mêmes survivre dans leurs belles robes, tandis qu’on n’accordait presque jamais d’attention à leurs services. Quinze siècles, au cours desquels l’art de copier la Bible a été porté à la perfection et l’imprimerie inventée, ont, par un rejet incessant de leurs prétentions, scellé pour toujours la condamnation de leur caractère, et ainsi diminué de leur poids.
É. B. Pourtant, bien que je reconnaisse la justesse d’une grande partie de ce que vous avez dit, je ne comprends pas très bien comment le texte des copies ultérieures peut être vraiment plus ancien que le texte des copies antérieures.
Le Doyen. Il faut savoir qu’une telle chose est tout à fait possible. Des copies beaucoup plus nombreuses et beaucoup plus anciennes que B et א vivent dans leurs descendants survivants. Le pedigree de la reine n’est en aucun cas discrédité parce que Guillaume le Conquérant n’est pas vivant. Mais plus loin que cela. La différence entre le texte de B et א d’une part et celui qui est généralement représenté par A et Φ et Σ d’autre part n’est pas d’une nature qui dépend de la date, mais de la recension ou de la diffusion des lectures. Aucune amplification de B et א n’aurait pu, par un processus de développement naturel, sortir dans les douze derniers versets de saint Marc. Mais il était assez facile pour le scribe de B de ne pas écrire, et pour le scribe de א consciemment et délibérément d’omettre, les versets trouvés dans la copie qu’il avait sous les yeux, s’il était décidé qu’ils le feraient individuellement. Donc, en ce qui concerne les 2 556 omissions de B. Le texte original aurait pu sans difficulté être gâté en omettant les mots, les propositions et les phrases ainsi omis : mais quelque chose de beaucoup plus que le texte abrégé de B était absolument indispensable pour la production des manuscrits plus longs. C’est un point important, et je dois dire quelque chose de plus à ce sujet.
1 Dr Gwynn, Appendice VII.
Tout d'abord 2, on découvre que le Cod. B ne contient pas dans les seuls Évangiles 237 mots, 452 clauses, 748 phrases entières, que l’on voit dans les copies ultérieures présenter aux mêmes endroits et dans les mêmes mots. Par quelle hypothèse possible une telle correspondance des Copies sera-t-elle expliquée, si ces mots, ces propositions et ces phrases ne sont en effet, comme on le prétend, rien d’autre que de fausses accrétions au texte ?
2 Un autre manuscrit entre ici.
Deuxièmement, le même Codex dans tous les Évangiles présente 394 fois des mots dans un certain ordre, qui n’est cependant pas l’ordre préconisé par la grande majorité des Copies. En conséquence de quelle influence subtile prétendra-t-on que, dans le monde entier, pendant mille ans, les scribes ont été universellement amenés à détourner de la collocation authentique des mêmes paroles inspirées, et à dévier toujours exactement de la même manière ?
Mais Cod. B contient également 937 paroles de l’Évangile, dont la grande majorité des copies cursives ne savent rien. Prétendra-t-on que, dans n’importe quelle partie de l’Église, pendant sept cents ans, les copistes d’Evangelia sont entrés dans une grande conspiration pour faire sortir de chaque nouvelle copie de l’Évangile les mêmes paroles dans les mêmes lieux ?1
1 Le manuscrit cesse.
Vous verrez donc que B, et ainsi de suite, א, puisque les mêmes arguments concernent l’un comme l’autre, doivent avoir été tirés du Texte traditionnel, et non le Texte traditionnel de ces deux Codex.
É. B. Vous oubliez qu’à Édesse, à Nisibe et à Antioche, on a fait des recensions qui ont été publiées dans les textes syriens, et que c’est de cette manière qu’a été opéré le changement que vous trouvez si difficile à comprendre.
Le Doyen. Excusez-moi, je n’oublie rien de tel, et pour une très bonne raison, car de telles recensions n’ont jamais eu lieu. Eh bien, il n’y a pas la moindre trace d’eux dans l’histoire : c’est un simple rêve du Dr Hort : ce doivent être des « recensions fantômes », comme les appelle le Dr Scrivener. L’Église de l’époque n’était pas aussi inconsciente de ces questions que le Dr Hort l’imagine. En supposant un instant que de telles recensions aient eu lieu, elles n’auraient dû être que des événements locaux, auquel cas après une controverse sur laquelle l’histoire est muette, elles auraient été inévitablement rejetées par les autres Églises de la chrétienté ; ou bien il faut qu’il s’agisse d’opérations générales de l’Église universelle, et alors, dans la mesure où elles auraient été scellées avec le concours de quinze siècles, je ne puis guère concevoir de plus grandes condamnations de B et de א. D’ailleurs, comment un texte qui a été en fait universel pourrait-il être " syrien "? Nous sommes sur la terra firma, je vous le rappelle, pas dans les nuages. L’action incontestée de quinze siècles n’est pas à écarter par un surnom.
É. B. Mais il y a une autre façon de décrire le processus de changement qui peut s’être produit dans le sens inverse de celui que vous préconisez. Des expressions qui avaient été introduites dans différents groupes de lectures ont été combinées par « Augmentation » en un passage plus diffus et plus faible. Ainsi, dans saint Marc, vi. 33, les deux clauses καὶ προῆλθον αὐτοὺς, καὶ συνῆλθον αὐτοῦ, sont transformées en un seul passage augmenté, dont la dernière clause est 'otiose' après συνέδραμον ἐκεῖ apparaissant immédiatement avant1.
1 Hort, Introduction, p. 95-99.
Le Doyen. Excusez-moi, mais je ne suis pas du tout d’accord avec vous. L’ensemble du passage me semble avoir le goût de la simplicité des premiers récits. Prenons, par exemple, les mots bien connus de Gen. xii. 5, "et ils sortirent pour aller au pays de Canaan; et ils arrivèrent au pays de Canaan,2." Une critique maladroite, dépourvue de toute appréciation fine des temps et des habitudes différents de ceux d’aujourd’hui, pourrait, je suppose, tenter de supprimer cette dernière clause de cet endroit comme étant « otiose ». Mais d’ailleurs, votre explication s’effondre complètement lorsqu’elle est appliquée à d’autres instances. Comment l’augmentation, ou le mélange, pourrait-il expliquer l’apparition du dernier cri dans saint Marc xv. 39, ou des versets 43-44 de saint Luc xxii décrivant l’agonie et la sueur sanglante, ou de la première parole de la croix dans saint Luc xxiii. 34, ou de l’ange descendant et de l’opération de la cure dans saint Jean, v. 3-4, ou de la visite de saint Pierre au sépulcre dans saint Luc xxiv. 12, ou qu’est-ce que c’est que d’imposer des vers ou des passages de différentes longueurs dans les endroits nombreux et semblables que je pourrais facilement citer ? Si elles étaient toutes transcrites à partir d’un texte antérieur dans lequel elles avaient été interpolées, elles ne feraient que repousser la difficulté plus loin. Comment sont-ils arrivés là ? Le texte tronqué de B et א — pour ainsi dire — n’aurait pas pu en être la source. S’ils ont été interpolés par des scribes ou des réviseurs, les interpolations sont si bonnes que, au moins dans de nombreux cas, ils ont dû partager l’inspiration avec les évangélistes. Comparez, par exemple, les interpolations réelles de D et du Curétonien. Il est au moins démontré que cette hypothèse nécessite une autre source du Texte traditionnel, et c’est l’argument sur lequel on insiste maintenant. Au contraire, si vous abandonnez votre processus inverse, et que vous substituez à l'« Augmentation » l’Omission par négligence, ou par ignorance du grec, ou par une assiduité mal placée, ou par un parti pris hérétique, ou par l’une des autres causes que j’expliquerai plus tard, tout sera aussi clair et facile que possible. Ne voyez-vous pas cela ? Aucune explication ne peut tenir si l’on ne tient pas compte de tous les cas existants. L’augmentation ou le mélange est tout à fait incapable de répondre au plus grand nombre de cas. Mais vous constaterez avant la fin de ce traité que diverses méthodes y seront décrites avec soin, et retracées dans leur fonctionnement réel, en vertu desquelles des textes avilis de diverses sortes ont été produits à partir du texte traditionnel.
2
É. B. Je vois qu’il y a beaucoup de vraisemblance dans ce que vous dites, mais j’en garde encore un doute.
Le Doyen. Ce doute, je pense, sera dissipé par le point suivant que je vais maintenant essayer d’élucider. Vous devez savoir qu’il n’y a pas d’accord entre les alliés, sauf en ce qui concerne la négation de la vérité. Dès que la bataille est terminée, ils tournent aussitôt leurs armes l’un contre l’autre. Or, c’est un phénomène plein de suggestions, qu’un tel discors de Concordia soit visible parmi B et א et leurs associés. En effet, ces deux Codex sont individuellement en désaccord avec eux-mêmes, puisque chacun d’eux a subi des corrections ultérieures, et qu’en fait, pas moins de onze mains, de la première à la dernière, ont travaillé sur א, qui a été corrigé et re-corrigé à l’envers et à l’avant comme le document défectueux qu’il est. Ceci soit dit en passant, mais en ce qui concerne les querelles continuelles de ces dissidents 1, qui sont évidentes lorsqu’on essaie de savoir jusqu’à quel point ils sont d’accord entre eux, je dois demander votre attention sur quelques points et passages 2.
1 Un exemple est fourni dans saint Marc, VIII, 7, où « les Cinq Vieilles Onciales » exposent ainsi le passage ;
Lachmann et Tischendorf (1859) suivent A ; Alford et Tischendorf (1869) suivent א ; Tregelles et Westcott, et Hort adoptent B. Il se trouve qu’ils ont tous tort, et que le Textus Receptus a raison. Le seul mot sur lequel ils sont tous d’accord est l’initiale καί.
2 Après cela, les manuscrits recommencent.
Lorsqu’il est brusquement indiqué que אBCD — quatre des « cinq vieilles onciales » — omettent du texte de l’Évangile de saint Jean le récit de l’ange descendant dans la piscine et troublant l’eau, — on suppose tout de suite qu’il faut renoncer à l’authenticité de saint Jean, v. 4. Mais ce n’est pas du tout ainsi qu’il faut régler des questions de ce genre. Que les témoins soient convoqués de nouveau et interrogés.
Or, je soutiens que, puisque ces quatre témoins, omettant A (outre une multitude de divergences moindres), ne peuvent s’entendre entre eux sur la question de savoir si « il y avait à Jérusalem une piscine à brebis » (א), ou « une piscine à la porte des brebis » : qu’elle ait été « surnommée » (BC), ou ' nommé ' (D), ou ni l’un ni l’autre (א) : — quelle appellation, sur trente qui ont été proposées pour cette piscine, ils adopteront, — vu que C est pour ' Bethesda ' ; B pour ' Bethsaïde ' ; א pour ' Bethzatha ' ; D comme ' Belzetha ' : — si la foule était nombreuse ou non, ce dont ils ne savent rien, — et si quelques-uns étaient des paralytiques, — un fait qui n’a évidemment été révélé qu’à D : — sans parler des aléas de construction que l’on découvre dans les versets 11 et 12 : — quand, voyez-vous, enfin ces quatre témoins conspirent pour dissimuler le fait qu’un Ange est descendu dans la piscine pour troubler l’eau ; — Cette concorde de leur part tire une illustration suggestive de leur discorde évidente. Puisque, dis-je, il y a tant de divergences à ce sujet dans B et א et leurs deux associés en cette occasion, rien de moins que l’unanimité en ce qui concerne les trente-deux mots contestés — cinq au verset 3, et vingt-sept au verset 4 — libéreraient leur témoignage de tout soupçon. Mais nous faisons ici la découverte remarquable que trois d’entre eux seulement omettent tous les mots en question, et que le second correcteur de C les remplace dans ce manuscrit. D conserve les cinq premières et rend les vingt-sept dernières : dans cette étape, D est contredit par une autre des « Vieilles Onciales », A, dont la première lecture retient les vingt-sept dernières, et abandonne les cinq premières. Même leur satellite L les abandonne, sauf dans la mesure où il suit la première main de A. Il n’y a que cinq cursives qui se soient égarées, et elles montrent d’une manière frappante ce Concordia discors. L’un d’eux (157) suit les membres extrêmes de la compagnie aimante tout au long. Deux (18, 314) imitent A et L : et deux autres (33, 134) ont l’avantage de D pour chef. Quand les témoins tergiversent si désespérément, jusqu’à quel point pouvez-vous les croire ?
Maintenant — pour passer un instant de l’autre côté — c’est une question sur laquelle les traductions et les Pères qui citent le passage sont en mesure de rendre des preuves aussi bonnes que les copies grecques : et l’on trouve que la Peshitta, la plupart de la Vieille Latine, ainsi que la Vulgate et la Jérusalem, avec Tertullien, Ammonius, Hilaire, Éphrem le Syrien, Ambroise (deux), Didyme, Chrysostome (huit), Nil (quatre), Jérôme, Cyrille d’Alexandrie (cinq), Augustin (deux) et Théodore Studita, outre le reste des Onciales1, et les Cursives2, à la légère exception déjà mentionnée, sont opposés aux Anciennes Onciales 3.
1 SΠ marquent l’endroit avec des astérisques, et Λ avec un obèle.
3 En douze, des astérisques : en deux, un obéli.
3 Le manuscrit, qui n’a pas été parfait, s’arrête ici.
Permettez-moi maintenant de vous rappeler un exemple remarquable de cette incohérence, que j’ai déjà décrit dans mon livre sur la révision révisée (pp. 34-36). Les cinq Vieilles Onciales (אABCD) falsifient le Notre Père tel qu’il a été donné par saint Luc en pas moins de quarante-cinq mots. Mais ils s’accordent si peu entre eux, qu’ils se jettent dans six combinaisons différentes en s’écartant du texte traditionnel ; Et cependant ils ne sont jamais capables de s’entendre entre eux sur une seule lecture différente : tandis qu’une seule fois on voit plus de deux d’entre eux se tenir ensemble, et leur grand point d’union n’est rien moins qu’une omission de l’article. Leur tendance excentrique est telle qu’à l’égard de trente-deux mots sur l’ensemble des quarante-cinq, ils portent à leur tour des preuves solitaires.
Je vous fatiguerais, mon cher étudiant, si je vous faisais passer en revue toutes les preuves que je pourrais amasser sur ce désaccord les uns avec les autres. — ce Concordia discors. Mais j’attirerai un instant votre attention sur quelques points qui, étant des spécimens, peuvent indiquer les divisions continuelles sur l’orthographe qui subsistent entre les anciennes onciales et leurs fréquentes erreurs. Et d’abord4, comment écrivent-ils les « Marie » des Évangiles, dont il n’y a que trois à proprement parler ?
4 Dans le syriaque, une forme semble être utilisée pour toutes les Marie ( Mar-yam, aussi parfois, mais pas toujours, orthographié dans le syriaque de Jérusalem = Mar-yaam), également pour Miriam dans l'A. T., pour Mariamne, femme d’Hérode, et d’autres, en fait, partout où il est destiné à représenter un nom féminin hébreu. En Rom. xvi. 6, la Peshitta a = maria (grec), évidemment comme une traduction de la forme grecque dans le texte qui a été suivi. (Voir Thesaurus Syriacus, Payne Smith, coll. 2225, 2 2 26.)
Dans la littérature syriaque = Maria apparaît de temps en temps comme le nom d’un saint ou d’un martyr — par exemple dans un volume d’Acta Mart, décrit par Wright dans Cat. Syr. MSS. dans B. M. p. 1081, et qui semble être un manuscrit du Ve siècle.
Dans l’hypothèse où l’hébreu-araméen était parlé en Palestine (voir les docteurs Abbot et Roberts), je ne doute pas qu’une seule forme (cf. Pearson, Creed, art. iii et notes) du nom n’ait été utilisée, « Maryam », une forme vulgarisée de « Miriam » ; mais il se pourrait bien que les chrétiens grecs aient conservé la forme hébraïque Μαριαμ pour la Vierge, tandis qu’ils adoptaient un mot plus grec pour les autres femmes. Cette distinction subtile a été perdue dans les onciales corrompues, tandis qu’elle a été observée dans les onciales et les cursives correctes, ce qui est tout ce que l’argument du doyen exige. — (G. H. G.)
« La Mère de Jésus1 », comme la plupart d’entre nous le savent, n’était pas du tout « Marie » (Μαριά), mais « Mariam » (Μαριάμ), un nom strictement identique à celui de la sœur de Moïse 2. Nous l’appelons « Marie » uniquement parce que les Latins écrivent invariablement son nom « Marie ». Effacement si complet de la distinction entre le nom de la sainte Vierge — et celui (1) de sa sœur, Marie femme de Clopas3, de (2) Marie de Magdala, et de (3) Marie sœur de Lazare, peut être déploré, mais il est trop tard pour remédier au mal d’ici 1800 ans. La question qui se pose à nous n’est pas celle-là ; mais seulement — dans quelle mesure la distinction entre « Mariam » et « Maria » a-t-elle été maintenue par les copies grecques ?
1 Les manuscrits continuent ici.
2 LXX.
3 Saint Jean xix. 25. Comme le passage est une syndète, l’omission du καί qui serait nécessaire si Μαρία ἡ τοῦ Κλωπᾶ était différente de ἡ ἀδελφὴ τῆς μητρὸς αὐτοῦ ne pouvait être justifiée. Comparez, par exemple, la construction dans la mention de quatre dans saint Marc, xiii. 3. En ne tenant pas compte de l’usage qui exige exclusivement une syndète ou une asyndéte, même les érudits sont guidés inconsciemment par leur expérience anglaise. — (N.D.E.)
Maintenant, en ce qui concerne les cursives, à l’exception mémorable d’Evann. 1 et 33, — que cette dernière, parce qu’elle est défigurée par des bévues plus graves qu’aucune autre copie écrite en caractères cursifs, Tregelles par une mauvaise plaisanterie désigne comme « la reine des cursives », — on peut dire tout de suite qu’ils sont admirablement fidèles. À en juger par la pratique de cinquante ou soixante qui ont été minutieusement examinés dans cette vue, les traces d’irrégularité sont si rares que le phénomène mérite à peine d’être remarqué. Ce n’est pas le cas des anciennes onciales. Cod. B, dans la première fois qu’une bévue est possible 1 (c’est-à-dire dans St. Matthieu i. 20), montre Μαρία au lieu de Μαριάμ : — il en va de même pour Cod. C en xiii. 55, — Cod. D dans saint Luc i. 30, 39, 56 : ii. 5, 16, 34, — Codd. CD à Saint-Luc en אBC., à Saint-Matthieu. i. 34, 38, 46, — Codd. BאD, en ii. 19.
1 Le génitif Μαρίας est utilisé dans le Textus Receptus de Matt. i. 16, 18 ; ii. 11 ; Marc vi. 3 ; Luc 1. 41. Μαριάμ est employé au nominatif, Matt. xiii. 55 ; Luc i. 27, 34, 39, 46, 56 ; ii. 5 et 19. Dans le Vocatif, Luc i. 30. L’accusatif, Matt. i. 20 ; Luc ii. 16. Datif, Luc ii. 5; Actes i. 14. Μαριάμ se rencontre pour une autre Marie dans le Textus Receptus, Rom. xvi. 6.
D’autre part, la sœur de la Vierge (Μαρία), est écrite deux fois Μαριάμ : c’est-à-dire par C, dans saint Matthieu, xxvii, 56, et par א, dans saint Jean, xix, 25 : — tandis que Marie-Madeleine est écrite Μαριάμ par (les cinq vieilles onciales ' pas moins de onze fois : savoir par C, dans saint Matthieu, xxvii. 56, — par א, dans saint Luc, xxiv. 10, saint Jean, xix. 25, xx. 11,· — par A, dans saint Luc viii. 2, — par אA, dans Saint-Jean, xx. 1, — par אC, dans Saint-Matthieu, xxviii. 1, — par אB, dans Saint-Jean, xx. 16 et 18, — par BC, dans St. Mark xv. 40, — par אBC, dans Saint-Matthieu, xxvii. 61.
Enfin, Marie (Μαρία), la sœur de Lazare, est appelée Μαριάμ par Cod. B dans saint Luc x. 42 : saint Jean xi. 2 : xii. 3 ; — par BC, dans saint Luc xi. 32 ; — par אC, dans saint Luc, x. 39. — Je soutiens que de tels spécimens de licence ou d’inattention ne sont guère propres à concilier la confiance dans Codd. BאCD. On trouve que B se trompe neuf fois : D, dix (exclusivement en ce qui concerne la Vierge Marie) : C, onze : א, douze. — Evan. 33 se trompe treize fois : 1, dix-neuf fois. — A, le moins corrompu, ne se trompe que deux fois.
Un autre exemple d’une bévue dans les Codex BאL33 est fourni par leur traitement des paroles de notre Seigneur : — " Tu es Simon, fils de Jonas". Que ce soit là la véritable lecture de saint Jean, i. 43, c’est ce qui est suffisamment établi par le fait qu’il s’agit de la lecture de tous les Codex, onciaux et cursifs, — à l’exception toujours des quatre spécimens vicieux mentionnés ci-dessus. Ajoutez au corps principal des Codex la Vulgate, la Peshitta et le syriaque harkleian, les versions arménienne, éthiopienne, géorgienne et slave : — outre plusieurs Pères, tels que Sérapion1, — Basile2, — Épiphane3, — Chrysostome 4, — Astérius 5, — et un autre écrivain (inconnu) du IVe siècle6 : — avec Cyrille7 du Ve siècle, — et un ensemble de preuves a été produit, qui, tant par son ancienneté, son nombre, sa variété que par sa respectabilité, jettent de tels témoins comme B-א entièrement à l’ombre. Quand on se souvient en outre que nous avons conservé à Saint-Matthieu. xvi. 17 la désignation par notre Sauveur du patronyme de Simon dans la langue vernaculaire de la Palestine, " Simon Bar-jona, " qu’aucun manuscrit n’a osé troubler, qu’est-ce que l’affirmation de l’école moderne d’autre qu’irrationnelle est que pour « Jona » dans saint Jean, i. 43, nous devons lire « Jean » ? Le fait évident est qu’un critique du IIe siècle a supposé que « Jonas » et « Jean » sont identiques : et de sa faible imagination, les seuls témoins survivants à la fin de 1700 ans sont trois onciales et une copie cursive. — quelques exemplaires de la Vieille Latine (qui oscillent entre "Johannis", "Johanna" et "Johna"), — la version bohaïrique, et Nonnus. Et pourtant, forts de cette mince minorité, les réviseurs exposent dans leur texte : « Simon, fils de Jean », — et dans leur marge se portent l’information que le mot grec est « Joanes », — ce qui n’est tout simplement pas le fait : Ιωανης n’étant la lecture d’aucun manuscrit grec au monde, à l’exception du Cod. B 8.
1 Sérapion, évêque de Thmuis (à l’embouchure du Nil) en 340 apr. J.-C. (ap. Galland, v. 60 a).
2 Basile, i. 240 d. 3 Épiphane, i. 435 c.
4 Chrysostome, iii. 120 d e ; vii. 180 a, 547 e quat. ; VIII. 112 a c (neuf fois).
5 Astérius, p. 128 b.
6 Basil Opp. (i. Append.), i. 5006 (cf. p. 377 Monitum).
7 Cyrille, iv. 131 c.
8 A donne Ιωνα ; א, Ιωαννης ; C et D sont silencieux. Il est évident que le texte révisé de saint Jean, i. 43 et de xxi. 15, 16, 17, — doivent se tenir debout ou tomber ensemble. Dans ce dernier endroit, la Vulgate nous abandonne, et אB sont rejoints par C et D. D’autre part, Cyrille (iv. 1117), — Basile (ii. 298), — Chrysostome (viii. 525 c d), — Théodoret (ii. 426), — Jo. Damascène (ii. 510 e), — et Eulogius ([a. d. 580] ap. Photium, p. 1612), viennent à notre secours. Non pas que nous l’exigeons.
De plus, dans la marge de saint Jean i. 28, nous sommes informés qu’au lieu de Béthanie — la lecture indubitable de l’endroit, — certaines autorités anciennes lisent « Betharaba ». Eh bien, il n’y a pas un seul Codex ancien, — pas un seul ancien Père, — pas une seule ancienne Version, — qui lit ainsi le lieu 1.
1 'Araba' (au lieu de 'abara'} est un mot qui a dû exercer une influence si puissante et si séduisante sur les anciens scribes orientaux, — (ayant été pendant trente-quatre siècles la désignation établie de l’oued stérile, qui s’étend de l’extrémité méridionale de la mer Morte au nord du golfe Persique) — que le seul miracle est qu’il n’ait pas trouvé son chemin dans Evangelia. Voir Gesenius sur (Araba (grec) dans la LXX de Dent. ii. 8, etc. Ainsi dans l’A. T. révisée).
É. B. Mais2, bien que je vous accorde que ce désaccord général entre B et א et les autres anciennes onciales qui, pendant un certain temps, se joignent à leur désaccord avec le texte traditionnel, fait naître le plus grave soupçon qu’elles sont dans l’erreur, il me semble cependant que ces points d’orthographe sont trop petits pour avoir une importance réelle.
2 Les manuscrits ont cessé.
Le doyen, Si les exemples qui viennent d’être donnés n’étaient que des exceptions, je serais d’accord avec vous. Au contraire, ils indiquent le caractère dominant des manuscrits. B et א sont entièrement recouverts de taches 3, — א encore plus que B. Comment ont-ils pu acquérir les caractères qu’on leur a donnés, c’est étrange. Mais même les grands érudits sont humains, et ont leurs préjugés et autres faiblesses ; et leurs disciples les suivent partout avec la soumission des brebis. Sans parler de beaucoup de grands savants qui n’ont jamais exploré ce domaine, si les hommes d’une érudition ordinaire voulaient seulement s’émanciper et juger de leurs propres yeux, ils verraient bientôt la vérité de ce que je dis.
3 Voir l’annexe V.
É. B. J’approuverais tout ce que vous m’avez dit, si je pouvais seulement avoir sous les yeux un nombre suffisant d’exemples pour former une induction solide, pourvu toujours qu’ils s’accordent avec ceux que vous avez cités. Je pense que je dois former mes opinions sur des bases de faits solides, profondes et larges.
Le Doyen. Loin d’exiger de moi le pardon, vous méritez tous les éloges. Mon principe directeur est de m’appuyer uniquement sur des faits, — sur des faits réels, non imaginaires, — non pas sur quelques faits favoris, mais sur tout ce qui se rattache à la question dont nous sommes saisis. Et s’il m’avait été permis d’exécuter dans son intégrité le plan que je m’étais tracé 24, — qui cependant a été retenu sous la bonne Providence du Dieu Tout-Puissant. — Cependant je crois que vous découvrirez dans la suite assez de choses pour justifier amplement tous les mots que j’ai employés. Vous serez, je m’en aperçois, d’accord avec moi sur ce point, — Que le côté de la prétention est le plus complet et repose sur l’induction de faits la plus solide et la plus large, — ce côté-là, et ce côté-là seul, tiendra.
24 Voir préface.
L’ANTIQUITÉ DU TEXTE TRADITIONNEL 1.
I. Témoignage des premiers Pères.
§ I. Témoignage involontaire du Dr Hort.
1 Ce chapitre et les trois suivants ont été entièrement fournis par l’éditeur.
Nos lecteurs auront remarqué que le principal obstacle à un examen franc et impartial du système solide et complet construit par le doyen Burgon se trouve dans la théorie du Dr Hort. Personne ne peut douter de la cohérence interne et de l’ingéniosité singulière déployées dans le traité du Dr Hort, et je m’empresse de rendre un respect mérité et sincère à la mémoire de l’auteur si accompli dont les étudiants de l’Ecriture sainte déplorent encore aujourd’hui la perte. C’est à ses arguments logiquement passés au crible, au jugement qu’il a exercé sur les textes et les lectures, sur les manuscrits, les versions et les Pères, et à ses collisions avec les annales de l’histoire, qu’un devoir plus élevé que l’appréciation d’un théologien, si savant et si pieux soit-il, nous oblige à nous y opposer.
Mais il n’y aura pas d’examen approfondi des liens séparés et des détails de l’argument dans l’introduction du Dr Hort à son édition du Nouveau Testament. essayée maintenant. Une telle critique a déjà été formulée par Dean Burgon dans le numéro 306 de la Quarterly Review, et a été republiée dans The Revision Revised 1. Le but poursuivi ici n’est que d’écarter les difficultés que le Dr Hort interpose dans le développement de notre propre traité. Le Dr Hort a rendu un service précieux à la cause de la critique textuelle en fournissant la justification de l’attitude de l’école de Lachmann. Nous savons ce que cela signifie réellement, et contre quels principes nous devons lutter. Il a également montré un contraste et un arrière-plan avec la vraie théorie ; et a montré où le dessin et le coloris sont mal faits ou défectueux. Plus que tout, il a pratiquement détruit sa propre théorie.
1 Voir aussi Miller’s Textual Guide, chapitre iv. Aucune réponse n’a été donnée aux restrictions du doyen.
Les parties auxquelles je fais allusion sont, en substance, les suivantes :
Le texte que l’on trouve dans la masse des manuscrits existants ne remonte pas plus loin que le milieu du IVe siècle. Avant que ce texte ne soit composé, d’autres formes de texte étaient en vogue, que l’on peut qualifier respectivement de neutre, d’occidental et d’alexandrin. Le texte mentionné pour la première fois est apparu en Syrie et plus particulièrement à Antioche. À l’origine, il y avait eu en Syrie un vieux syriaque, qui, après Cureton, doit être identifié avec le curétonien. Au IIIe siècle, vers 250 apr. J.-C., « une révision faisant autorité, acceptée par la chrétienté syriaque », fut faite, dont la localité serait soit Édesse, soit Nisibe, soit Antioche elle-même. « Cette révision était probablement fondée sur une révision faisant autorité à Antioche » (p. 137) des textes grecs qui exigeaient une telle recension en raison de leur « diversité et de leur confusion croissantes ». En plus de ces deux-là, une seconde révision des textes grecs, ou une troisième en comptant la révision syriaque, faisant également autorité, fut achevée à Antioche « vers 350 environ » ; mais ce qui était maintenant le texte syriaque de la Vulgate, c’est-à-dire la Peshitta, n’a plus subi de révision correspondante. De la dernière révision grecque a été publié un texte qui a ensuite été porté à Constantinople — « Antioche étant la véritable mère ecclésiastique de Constantinople » — et dès lors devint le texte dominant dans la chrétienté jusqu’à ce siècle. Néanmoins, ce n’est pas le vrai Texte, car c’est le texte « Neutre », et on peut l’appeler « syrien ». En conséquence, dans les recherches sur le caractère et la forme du vrai Texte, les lectures « syriennes » doivent être « rejetées immédiatement, car il a été prouvé qu’elles ont une origine relativement tardive ». '
Quelques mots montreront clairement aux juges impartiaux que le Dr Hort s’est trahi lui-même dans cette partie de sa théorie.
1. La critique du canon et du langage des livres du Nouveau Testament n’est que la découverte et l’application du récit du témoignage rendu dans l’histoire à ces livres ou à cette langue. Pour une preuve de cette position en ce qui concerne le Canon, il suffit de se référer à l’admirable discussion de l’évêque Westcott sur le Canon du Nouveau Testament. Et comme pour les Livres en général, il en est de même pour les détails de ces Livres — leurs paragraphes, leurs phrases, leurs propositions, leurs phrases et leurs mots. Pour exprimer ce dicton en d’autres termes : — L’Église, à travers les âges, depuis la délivrance des autographes originaux, a laissé dans les copies, dans les versions ou dans les Pères de multiples témoignages des livres composés et des paroles écrites. Le Dr Hort a eu l’imprudence de nous présenter une quinzaine de siècles, et — je dois par devoir le dire — l'audace de qualifier ces quinze siècles de vie de l'Église du titre de "Syrien", que je ne caractériserai pas comme il l'utilise, car il en a fait parmi ses disciples un mot d'ordre vers une négligence méprisante. Pourtant, ces quinze siècles englobent tout. Ils ont commencé lorsque l'Église se libérait de l'hérésie et formulait sa Foi. Ils progressaient au milieu de la plus grande attention portée aux Saintes Écritures. Ils impliquaient d'abord un récit consentant, sauf là où prévalait l'ignorance, l'inexactitude, l'insouciance ou l'hérésie. Et le Dr Hort n’était-il pas conscient, et ses adhérents ne le savent-ils pas aujourd’hui, que la vie de l’Église ne signifie rien d’arbitraire, mais tout ce qu’il y a de plus sain, de plus sage et de plus complet dans les preuves, et le plus large d’esprit dans les conclusions ? Par-dessus tout, a-t-il imaginé, et ses disciples imaginent-ils, que le SAINT-ESPRIT, qui a inspiré le Nouveau Testament, a pu laisser le texte authentique de celui-ci tomber dans l'obscurité pendant les quinze siècles de son existence, et qu'une enquête approfondie, large et complète (qu'ils n'admettent pas en raison de leurs prémisses) doit aboutir à la preuve que, par Ses soins, la PAROLE de DIEU a été préservée à travers les âges avec l'intégrité qui s'impose ? — Cet aveu seul, lorsqu’il est dépouillé de son déguisement, est évidemment fatal à la théorie du docteur Hort.
2. Encore une fois, pour étayer son affirmation, le Dr Hort est obligé d’évoquer l’ombre de deux ou trois « révisions fantômes », dont il n’existe aucune preuve écrite 1. Nous ne devons jamais oublier que la théorie subjective ou la spéculation individuelle n’ont aucune valeur, lorsqu’elles ne s’accordent pas avec les faits, sauf en tant qu’échecs conduisant à un meilleur système. Mais le Dr Hort, dès qu’il s’est aperçu qu’il ne pouvait pas maintenir son point de vue avec l’histoire telle qu’elle était, au lieu de reprendre sa théorie et de la modifier pour qu’elle soit conforme aux faits, a trafiqué les faits historiques afin de les faire concorder avec sa théorie. Cela va de soi : personne n’a été en mesure d’apporter, pendant le quart de siècle qui s’est écoulé depuis que le Dr Hort a publié son livre, des passages pour montrer que le Dr Hort avait raison et que ses prétendues révisions ont réellement eu lieu. Les calculs perspicaces d’Adams et de Leverrier auraient été bientôt oubliés, si Neptune n’avait pas paru en confirmer la justesse.
1 Voir la critique incisive de la théorie du Dr Hort, Introduction, édit. 4, ii. 284 à 296.
Mais je ne m’arrêterai pas là, bien qu’il soit évident que le Dr Hort est réfuté de sa propre bouche. Les quinze siècles de preuves dominantes, qu’il admet avoir été de notre côté, impliquent les autres siècles qui se sont écoulés auparavant, parce que l’Église catholique du Christ est toujours cohérente avec elle-même, et est ainsi virtuellement décisive dans la controverse ; en plus de l’effondrement de sa théorie lorsqu’elle se superpose aux faits de l’histoire et qu’elle ne coïncide pas avec eux. Je prouve, d’après les documents qui nous sont parvenus des trois ou quatre premiers siècles, pendant la longue période qui s’est écoulée entre la copie des manuscrits du Vatican et du Sinaïtique et l’époque des évangélistes, que l’évidence des Versions et des Pères est de notre côté.
Et premier des Pères.