Bien que Brooke Foss Westcott se soit pleinement identifié au projet et aux résultats, il est généralement admis que c’est principalement Fenton John Anthony Hort1 qui a développé la théorie et composé l’introduction de leur ouvrage en deux volumes. 2 Dans la discussion qui suit, je considère que la théorie W-H est une création de Hort.
1 F.J.A. Hort et B.F. Westcott étaient des ecclésiastiques anglicans très respectés et influents du 19e siècle, en particulier dans les années 70 et 80. Westcott était évêque de Durham et Hort professeur à Cambridge. Le texte grec du N.T. préparé par eux a été adopté (pour l’essentiel) par le comité qui a produit la version révisée anglaise de 1881, et la version française corrompue Louis Segond de 1910. Westcott a écrit un certain nombre de commentaires sur les livres du Nouveau Testament qui sont toujours considérés comme des ouvrages de référence. Son prestige et son influence ont joué un rôle important dans le succès de leur entreprise.
2 B.F. Westcott et F.J.A. Hort, Le Nouveau Testament dans l’original grec (2 vol. ; Londres : Macmillan and Co., 1881).
À l’âge de 23 ans, à la fin de 1851, Hort écrivit à un ami : « Je n’avais aucune idée jusqu’à ces dernières semaines de l’importance des textes, ayant lu si peu de Testament grec et traîné avec le méchant Textus Receptus... Pensez à ce vil Textus Receptus qui s’appuie entièrement sur des manuscrits tardifs ; c’est une bénédiction qu’il y en ait de tels anciens. »3
3 A.F. Hort, Life and Letters of Fenton John Anthony Hort (2 vol. ; Londres : Macmillan and Co. Ltd., 1896), l,211.
À peine plus d’un an plus tard, « le projet d’une révision conjointe [avec B.F. Westcott] du texte du Testament grec a été définitivement convenu pour la première fois ».4 Et cette année-là (1853), Hort écrivit à un ami qu’il espérait que le nouveau texte serait publié « dans un peu plus d’un an ». 5 Le fait qu’il ait fallu vingt-huit ans n’occulte pas le fait que, bien qu’il n’ait pas été informé, de son propre aveu, Hort conçut une animosité personnelle pour le Textus Receptus,6 et seulement parce qu’il était entièrement basé, selon lui, sur des manuscrits tardifs. Il semble que Hort ne soit pas arrivé à sa théorie par un rapport impartial avec les faits. Au lieu de cela, il a délibérément entrepris de construire une théorie qui justifierait son animosité préconçue pour le Texte reçu.
4 Ibid., p. 240.
5 Ibid., p. 264.
6 L’expression « Textus Receptus » désigne proprement l’une des éditions imprimées du texte grec du Nouveau Testament qui se rapproche du texte préparé par Érasme au XVIe siècle. (Sur plus d’une trentaine d’éditions de ce type, peu sont identiques.) Il n’est pas identique au texte reflété dans l’AV (bien qu’il soit assez proche) ni encore au texte dit « syrien » ou « byzantin » (ces termes seront introduits tout à l’heure). L’édition critique du texte « byzantin » préparée par Zane C. Hodges, ancien professeur de littérature et d’exégèse du Nouveau Testament au Dallas Theological Seminary, Arthur L. Farstad, et d’autres, et publiée par Thomas Nelson en 1982, diffère du Textus Receptus à plus de 1 500 endroits.
Colwell a fait la même observation : « Hort a organisé toute son argumentation pour déposer le Textus Receptus ».7 Et encore, « Westcott et Hort ont écrit avec deux choses constamment à l’esprit ; le Textus Receptus et le Codex Vaticanus. Mais ils ne les gardaient pas à l’esprit avec cette objectivité passive que les romantiques attribuent à l’esprit scientifique. 8
7 Colwell, « Hort Redivivus », p. 158.
8 Colwell, « La méthode généalogique : ses réalisations et ses limites », Journal of Biblical Literature, LXVI (1947), 111.
Au fil des années, Hort a dû se rendre compte que pour arriver à ses fins, il devait avoir une histoire convaincante du texte – il devait être capable d’expliquer pourquoi on ne trouvait essentiellement qu’un seul type de texte dans la masse des manuscrits ultérieurs et de montrer comment cette explication justifiait le rejet de ce type de texte.