Les cursives

En ce qui concerne les cursives, Aland propose des résumés pour 150, choisis sur la base de leur « indépendance » par rapport à la norme byzantine. Il ne répertorie 900 manuscrits que par leur numéro parce que « ces minuscules présentent un texte purement ou principalement byzantin », et il considère donc qu'« ils ne sont pas tous pertinents pour la critique textuelle » (The Text, p. 155). Faire pour les 150 cursives « indépendantes » ce que j’ai fait pour les onciales prendrait trop de place, je vais donc résumer les statistiques d’Aland sous forme de graphique, en utilisant ma classification :

cont.

M+++++

M++++

M+++

M++

M+

M

M-

M/E

E-

E

E+

E++

e

 

10

23

12

6

16

1

 

2

1

 

 

a

 

12

15

23

21

14

12

1

4

2

 

1

P

1

25

17

17

28

19

4

 

2

3

1

 

c

1

9

18

6

30

21

10

1

5

10

1

 

total

2

56

73

58

85

70

27

2

13

16

2

1

Même parmi ces cursives « indépendantes », il y a deux segments de contenu qui obtiennent un score de 100 % byzantin ! (Imaginez combien il doit y en avoir d’autres parmi les 900 qui sont si byzantins qu’Aland les a ignorés.) Le meilleur représentant égyptien est 81 dans les Actes, avec un même 80%. 1739 obtient un score de 70 % (E+) en et de 68 % (E+) en p. Ce sont les trois seuls segments que je qualifierais de « clairement égyptiens ». Il y a seize segments qui obtiennent un score compris entre 50 et 66 % (E). En opposant M à M+++++ à E à E++, nous obtenons 344 à 19, et ce à partir des minuscules « indépendantes ». Si l’on ajoute les 900 manuscrits « à prédominance byzantine », qui auront une moyenne de plus de deux segments de contenu chacun, le ratio réel est bien supérieur à 100 pour un. Je suppose que la quasi-totalité de ces 900 obtiendront au moins un score de M++, et que la plupart obtiendront sans aucun doute un score de M+++ ou plus. Si nous ne devions calculer que les segments qui obtiennent un score d’au moins 80 %, le ratio byzantin : égyptien serait plutôt de 1 000 pour un – les manuscrits qui ont été classés par la « collation test » d’Aland, comme indiqué dans son livre, représentent peut-être 40 % du total (à l’exclusion des lectionnaires), mais nous pouvons raisonnablement supposer que la plupart des manuscrits « indépendants » ont déjà été identifiés et présentés. Il s’ensuit que les manuscrits restants, au moins 1 500, ne peuvent qu’augmenter le côté byzantin du ratio. Si le texte byzantin est le « pire », alors tout au long des siècles de copie manuscrite, l’Église s’est lourdement trompée !

Les manuscrits dont il est question dans le livre d’Aland (première édition) reflètent la collation faite à son Institut en 1981. Beaucoup d’autres ont sans doute été rassemblés depuis, mais les proportions générales ne changeront probablement pas de manière significative. Prenons l’exemple de l’étude réalisée par Frederik Wisse. Il a rassemblé et comparé 1 386 manuscrits dans Luc 1, 10 et 20, et n’a trouvé que quatre onciales (sur 34) et quatre cursives (sur 1 352) qui affichaient le type de texte égyptien, plus deux autres de chaque qui étaient égyptiens dans l’un des trois chapitres.1

1 La méthode du profil pour la classification et l’évaluation des preuves manuscrites (Grand Rapids : Eerdmans, 1982).