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ÉCLECTISME

En 1974, Eldon Jay Epp écrivait : « La méthode « éclectique » est, en fait, la méthode du XXe siècle de la critique textuelle du Nouveau Testament, et quiconque la critique devient immédiatement une autocritique, car nous l’utilisons tous, certains d’entre nous avec une certaine mesure de réticence et de retenue, d’autres avec un abandon complet. » 1

1 E.J. Epp, « L’interlude du XXe siècle dans la critique textuelle du Nouveau Testament », Journal of Biblical Literature, XCIII (1974), p. 403.

Ainsi, la RSV (Revised Standard Version), la NEB (New English Bible) et la NIV (New International Version) sont de l’aveu même d’un texte éclectique.

Les deux grands efforts de traduction de ces années-là – RSV et NEB – ont chacun choisi le texte grec à traduire sur la base de l’évidence interne des lectures. Le chapitre de F. C. Grant dans la brochure explicative sur le RSV l’a clairement montré. Les traducteurs, dit-il, ont suivi deux règles : (1) choisir la lecture qui correspond le mieux au contexte ; (2) Choisissez la lecture qui explique l’origine des autres lectures. Professeur C. H. Dodd m’a informé que les traducteurs britanniques utilisaient également ces deux principes : la probabilité intrinsèque et la probabilité transcriptionnelle de Hort. L’un des traducteurs de la RSV, alors qu’il donnait une conférence au New Testament Club de l’Université de Chicago, a répondu à une question concernant le texte grec qu’il utilisait en disant que cela dépendait de l’endroit où il travaillait : il utilisait Souter au bureau et Nestlé à la maison. L’un des traducteurs britanniques, admettant l’inégalité de la qualité textuelle de la traduction de l’Office, a expliqué que la qualité dépendait de l’habileté de l’homme qui avait fait la première ébauche de la traduction d’un livre.

Que ce soit au début de l’ère chrétienne ou aujourd’hui, les traducteurs ont si souvent traité le texte de manière cavalière que les critiques textuels devraient s’y endurcir. Mais beaucoup plus grave est la prévalence de cette même dépendance à l’égard de l’évidence interne des lectures dans les articles savants sur la critique textuelle, et dans la popularité des éditions manuelles du Nouveau Testament grec. Ces derniers, avec leurs citations limitées de variantes et de témoins, réduisent en fait l’utilisateur à se fier à la preuve interne des lectures. Les documents cités par ces appareils rigoureusement abrégés ne peuvent conduire l’utilisateur à dépendre de preuves externes de documents. Ces éditions utilisent des documents (pour citer Housman) « comme les ivrognes utilisent les lampadaires – non pas pour les éclairer sur leur chemin, mais pour dissimuler leur instabilité ». 2

2 E.C. Colwell, « Hort Redivivus : A Plea and a Program », Studies in Methodology in Textual Criticism of the New Testament, E.C. Colwell (Leiden : E.J. Brill, 1969), pp. 152-53. Tasker consigne les principes suivis par les traducteurs de l’Office : « Le texte à traduire sera nécessairement éclectique,... » » (p. vii).

L’affirmation de la préface de la NIV a déjà été notée : « Le texte grec utilisé dans le travail de traduction était éclectique ».

L’introduction du texte grec publiée par les Sociétés bibliques unies, pp. x-xi (1966), dit :

Au moyen des lettres A, B, C et D, placées entre accolades au début de chaque série de variantes textuelles, le Comité s’est efforcé d’indiquer le degré relatif de certitude, obtenu sur la base de considérations internes et de preuves externes, pour la lecture adoptée comme texte. La lettre A signifie que le texte est pratiquement certain, tandis que B indique qu’il y a un certain degré de doute. La lettre C signifie qu’il y a un degré considérable de doute quant à savoir si le texte ou l’appareil contient la lecture supérieure, tandis que D montre qu’il y a un très haut degré de doute concernant la lecture choisie pour le texte.

Un examen de leur appareil et de son absence de modèle dans la corrélation entre le degré de certitude attribué et les preuves externes montre clairement qu’il est éclectique. Dans Actes 16 :12, ils ont même incorporé une conjecture ! On se souviendra que ce texte a été préparé spécialement pour l’usage des traducteurs de la Bible. La TEV (Today’s English Version) est directement traduite à partir de celle-ci, tout comme la version populaire, etc. Les conclusions de G.D. Kilpatrick, un éclecticien consciencieux, ont trouvé leur expression dans A Greek-English Diglot for the Use of Translators, publié par la British and Foreign Bible Society. Et ainsi de suite. Suffisamment de preuves ont été données pour montrer que l’éclectisme est un facteur majeur, sinon dominant, sur la scène textuelle d’aujourd’hui.