LITTÉRATURE BIBLIQUE.

PARTIE III, suite.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

CHAPITRE IX.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

Bibles allemandes — Éditeurs de la Bible allemande — Version bas-saxonne — Polyglottes — Versions hébraïques — Tremellius — Junius — Vergerius — Persécutions en Allemagne et aux Pays-Bas — Bibles hollandaises — Versions danoise, islandaise, suédoise, finnoise, hongroise, bohémienne, lituanienne, vandale, polonaise et slavonienne.

La mort de Luther, survenue en 1546, fut universellement et profondément regrettée par les amis de la Réforme, surtout en Allemagne, où ses travaux avaient si singulièrement réussi à établir et à défendre la vérité. Ce fut cependant un motif de satisfaction pour les défenseurs de l’Évangile, que le très sage Organisateur des événements ait prolongé sa vie jusqu’à ce que les principes qu’il avait inculqués eussent acquis une influence pratique et étendue ; et son excellente traduction de la Bible avait été achevée et révisée, et un nombre immense d’exemplaires de celle-ci s’étaient répandus dans tout l’empire germanique. Après sa mort, les éditions de sa version des Écritures se multiplièrent encore plus rapidement, comme on peut s’en apercevoir par la liste qu’en contient le Catalogue biblique de la bibliothèque du duc de Wurtembourg d’Adler, qui énumère, entre la mort de Luther et la fin du siècle, quarante-sept éditions in-folio, de l’ensemble, ou des parties séparées de la Bible de sa traduction ; vingt éditions in-quarto ; trente et un in-octavo ; et deux du Nouveau Testament seulement en duodecimo ; outre trois in-folio ; deux in-quarto ; et sept in-octavo, par d’autres réformés ; quatre éditions catholiques in-folio de la traduction de Jean Dietenberger, et un Psautier in-quarto : auxquels on peut ajouter plusieurs éditions de la version saxonne de la traduction de Luther, savoir onze in-folio ; six in-quarto ; trente-trois in-octavo ; et quatre dans une taille plus petite.♦♦

♦♦ Adleri Bibliotheca Biblica, Sereniss. Wurtenbergensium Ducis, olim Lorckiana, sec. 28, p. 22, &c.

♦ La virulence avec laquelle les adversaires de Luther attaquèrent son caractère, et s’efforcèrent de rendre sa mémoire odieuse au peuple, est illustrée par le quintuple acrostiche suivant, publié par le célèbre jésuite français, Andreas Frusius, dans ses Epigrammataimprimées à Cologne, 1582.

“ ELOGIUM MARTINI LUTHERI, EX IPSIUS NOMINE ET COGNOMINE.

Depingent dignis te nemo coloribus unquam ;

Nomen ego ut potero, sic celebrabo tuum.

Magni crépus

Mendax

Morosus

Morio

Geek

Ambitiosus

L’Atrox

Astutus

Apostat

Agaso

Ridiculus

Rhéteur

Rabiosus

Rabula

Rapace

Tabificus

Tumidus

Ténébrosus

Renégat

Turpis

Impie

Inconstans

Imposteur

L’Iniquus

Incompétent

Le Nycticorax

Nébuleuse

Nugator

Le Noxa

Nefandus

Ventosus

Âge

Willis

Vulpecula

Vecors

Schismaticus

Stolidus

Séducteur

Simia

Scurra

Lascivus

Leno

Larvatus

Latro

Lanista

Les ventripotens

Vautour

Vinosus

Vappa

Voluptas

Tartare

Torris

Tempestas

Turbo

Tyrannus

Hæresiarcha

Horrendus

Hypocrite

Hydre

Hermaphrodite

Erreur

Execrandus

Effrons

L’Effronis

Erinnis

Rétrograde

Reprobus

Resupinus

Rana

Rebelle

Vésanus

Varius

Vétérinaire

Vipère

Virus

Sacrilège

Satanas

Cale

Sophista

Scelestus.

ANDREAS FRUSIUS était originaire de Chartres, en France. Il entra dans l’ordre des Jésuites, à Rome, en 1541 ; et s’est distingué par son érudition et ses diverses réalisations. Ses talents poétiques s’employèrent surtout à des sujets qui se rattachaient à l’état de l’Église catholique ; ses épigrammes étaient dirigées contre ceux qu’il regardait comme hérétiques, et furent imprimées à différentes époques à Cologne, à Anvers, à Leyde et en d’autres lieux. Après avoir rempli les fonctions de recteur dans plusieurs collèges, il mourut à Rome en 1556. Voir Shoberl’s Historical Account of the House of Saxony, pp. 87, 88, Lond., 1816, 8 vol. : et Ribadeneiræ Catalogus Scriptorum Religionis Societatis Jesupp. 16, 17. Anvers, 1613, in-8°.

En 1565, une nouvelle traduction latine de la Bible, ou plutôt une édition révisée de la Vulgate, accompagnée de la version allemande de Luther, fut publiée, en dix vol. in-4°, par Paul Eber, par l’ordre, et aux frais d’Auguste, électeur de Saxe, avec une préface de l’éditeur, adressée à Alexandre, duc de Saxe.+

+ Le Long, tom. t. I, p. 385. Paris, 1723.

PAUL EBER est originaire de Kitzingen, en Franconie, où il est né, en 1511. Après avoir reçu la première partie de son éducation à Anspach et à Nuremberg, il fut envoyé par le sénat de cette dernière ville à Wittemberg, où il obtint sa maîtrise, en 1536. Son habileté dans la calligraphie engagea Mélancthon à l’employer comme son aide, qui, se découvrant en lui des talents de premier ordre, lui accorda la plus grande confiance et le consulta en toute occasion. Pendant quelques années, il dirigea un séminaire dans sa propre maison, avec une aisance et un effet qui lui étaient particuliers, et eut le bonheur de diriger les études de beaucoup de ceux qui devinrent plus tard éminents par leur piété et leur utilité, tant dans l’Église que dans l’État. En 1541, il se maria et, en 1544, il fut élevé à un poste de professeur à l’université. À la mort du vénérable Bugenhagius, en 1558, il fut désigné pour lui succéder comme premier pasteur de Wittemberg ; et obtint son diplôme de docteur l’année suivante. Après la mort de Mélancthon, il fut considéré comme le premier de ses disciples qui, après avoir adopté certaines des vues du grand réformateur Calvin, furent appelés Crypto-Calvinistes, ou « Calvinistes Secrets ». Il mourut le 10 décembre 1569, dans la cinquante-neuvième année de son âge. Parmi ses ouvrages, on peut citer : « Exposition des Évangiles dominicaux », c’est-à-dire ceux qui sont lus comme les leçons du dimanche ; une « Histoire des Juifs, depuis leur retour de la captivité babylonienne jusqu’à la dernière destruction de Jérusalem » et des « Hymnes », en langue vernaculaire, à l’usage de son église, où ils continuèrent longtemps à être chantés.

♦Melch. Adami Vit. Theolog. Germ., p. 428-436. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xiii, p. 9.

Une traduction allemande du Nouveau Testament aurait été faite vers 1570 ; et accompagné d’annotations, par William Xylander, professeur de grec à Heidelberg ; mais ni Le Long, ni Melchior Adam, qui s’en aperçoivent, ne disent où et par qui elle a été imprimée, quoique placée par le premier dans la liste des éditions imprimées.+

+ Le Long, tom. i, p. 404. Melch. Adami Vit. Germ. Philos., p. 290. Heidelberg, 1615, 8vo.

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William Xylanderdont le nom vernaculaire était HOLZMAN, naquit à Augsbourg, le 26 décembre 1532, de parents pauvres mais honnêtes. Le goût de l’étude qu’il découvrit dès son enfance fut encouragé par le patronage de Wolffgang Relinger, sénateur de la ville, qui l’instruisit à ses frais, jusqu’à ce que ses progrès littéraires lui valurent d’être admis dans les collèges, où un certain nombre d’élèves étaient entretenus par les citoyens. En 1549, il est envoyé à l’université de Tübingen ; et en 1556 à celle de Basile. Son érudition lui ayant valu une grande renommée, il fut invité à la chaire de professeur de grec à Heidelberg, en 1558 ; et sa perspicacité logique lui valut d’être choisi comme une personne apte à défendre les doctrines de la Réforme dans plusieurs disputes publiques. Il employa sa profonde connaissance de la langue grecque, principalement, à traduire en latin des auteurs grecs, parmi lesquels sont énumérés Dion Cassius, Marcus Antoninus, Plutarque et Strabon. Il était « logicien, poète, mathématicien, musicien, historien et médecin ; et il était profondément versé dans les langues hébraïque, grecque et latine. Dans sa vie et ses manières, grave et chaste ; dans l’expression et les rapports familiers, agréables ; patient de l’accouchement, candide, ouvert, satisfait ; et dans toutes ses actions, et toute sa vie, le philosophe vraiment chrétien, qui n’a jamais vécu pour lui-même, mais pour Dieu et pour les autres. Il mourut à Heidelberg, le 10 février 1576, dans la quarante-quatrième année de son âge.

En 1579, une édition de la Bible allemande de Luther fut imprimée in-folio, à Neustadt, dans le Bas-Palatinat, sous les auspices de Jean Casimir, administrateur de l’Électorat palatin ; qui fut ensuite réimprimé en 1587-8, en in-4°, avec des préfaces, des résumés et des notes marginales, par David Pareus, professeur à Heidelberg. Les résumés, etc., de Parée, ont été fréquemment réimprimés avec les éditions ultérieures de la traduction de Luther.

David Pareusdont le nom vernaculaire était WANGLER, qu’il remplaça par un nom grec de même signification, naquit à Frankenstein, en Silésie, en 1548. Il fut d’abord apprenti chez un cordonnier ; mais ses talents déterminèrent son père, ou, selon d’autres, son maître, à l’envoyer, à l’âge de seize ans, au collège voisin de Hirchberg. C’est là qu’il poursuivit ses études sous la direction du savant Christopher Schilling, recteur du collège, dont il s’imprégna des principes relatifs à la doctrine de la présence réelle dans l’eucharistie, qui, différant de ceux de l’Église luthérienne, l’entraînèrent dans des difficultés considérables avec son père, qui le menaça de le déshériter. Mais, ayant enfin obtenu le consentement de son père, à condition de subvenir à ses besoins, il suivit son ami et maître Schilling, qui avait été invité par l’électeur Frédéric III. pour être directeur de son nouveau collège à Amberg, et y arriva en 1566. Peu de temps après, il fut envoyé à Heidelberg, avec dix de ses condisciples, et y poursuivit ses études avec la plus grande diligence et le plus grand succès jusqu’en 1571, date à laquelle il fut admis au ministère et envoyé exercer ses fonctions dans un village appelé Schlettenbach ; d’où il fut bientôt rappelé pour enseigner la troisième classe à Heidelberg, et peu après promu à la deuxième classe ; et en 1573 il fut nommé curé principal de Hemsbach, dans le diocèse de Worms. Quelques mois après son arrivée, il épousa la sœur de Jean Stibelius, ministre d’Hippenheim. Dans cette situation, il promouvait avec succès les doctrines de la Réforme, mais à la mort de l’électeur Frédéric III, en 1577, son fils Louis, qui était un luthérien zélé, exclut des églises de ses États tous les ministres qui avaient embrassé les sentiments de Calvin relatifs au sacrement du Seigneur souper, parmi lesquels se trouvait Parée, qui se retira dans les territoires du prince Jean Casimir, frère de l’électeur. Il fut alors choisi comme ministre à Ogersheim, près de Frankenthal, et trois ans plus tard, il se retira à Winzingen, près de Neustadt, où le prince Casimir avait fondé une école en 1578, et y installa tous les professeurs chassés de Heidelberg. À la mort de l’électeur Louis, en 1583, l’administration du palatinat étant dévolue au prince Casimir, pendant la minorité de son neveu en bas âge, Parée obtint la seconde chaire du collège de la Sagesse, à Heidelberg. Par la suite, il commença à écrire en imprimant sa Méthode de la controverse ubiquitaire et son édition de la Bible allemande ; ce dernier provoqua une vive controverse entre lui et James Andreas, un éminent théologien luthérien de Tübingen. En 1591, il fut nommé premier professeur de son collège ; et en 1592, conseiller au sénat ecclésiastique ; En 1593, il fut reçu docteur en théologie ; en 1595, il est nommé professeur de théologie dans l’Ancien Testament à l’université ; et à la mort de Tossanus, en 1602, il succéda à la chaire de professeur de théologie pour le Nouveau Testament. En 1617, un jubilé fut institué en mémoire de la Réforme par Luther, qui dura trois jours, au cours desquels des discours, des disputes, des poèmes et des sermons appropriés furent prononcés ; et Parée ayant publié quelques pièces sur ce sujet, le ressentiment des jésuites de Mentz l’entraîna dans une controverse avec eux, qui cependant ne paraît pas avoir duré longtemps.ion. Après cela, il résida quelque temps à Anweil, dans le duché des Deux-Ponts, près de Landau, et à Neustadt ; mais de retour à Heidelberg, il y mourut, le 15 juin 1622 ; et fut inhumé avec les honneurs funèbres de l’université. Ses œuvres, y compris ses commentaires sur différents livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, ont été publiées par son fils, en 1647, en quatre vol. fol. Le Commentaire de l’épître de saint Paul aux Romains, lorsqu’il fut publié en 1617, offensa tellement Jacques Ier, roi d’Angleterre, parce qu’il contenait quelques principes antimonarchiques, qu’il la fit brûler par le bourreau ordinaire ; l’université d’Oxford l’a également condamné ; et le Dr David Owen, aumônier du comte de Holderness, en a écrit une réfutation.

Vers la fin de ce siècle, une édition de la Bible allemande de Luther en in-4 fut entreprise sous les auspices de Christian I., électeur de Saxe, sur les instances du chancelier Nicolas Crellius, par Jean Salmuth, chapelain de l’électeur, qui le récompensa par un don de cinq cents écus, en recevant de lui la première partie de la Bible. Dans ce travail, Salmuth a été assisté par Urban Pierius, professeur et pasteur de Wittemberg ; et David Steinbach, et Caspar Rudelius, ministres. Dans cette édition, commencée en 1589, les préfaces de Luther à l’Ancien Testament ont été omises, et des extraits des Pères sur l’excellence des livres de Moïse, etc., insérés dans leur lieu; Des arguments de Tremellius ont été ajoutés, ainsi que des gloses de douze auteurs différents. L’impression de cette Bible n’avait été faite qu’à la fin du dernier livre des Chroniques, lorsque la mort de l’électeur l’empêcha d’être achevée. Pour le prince Frédéric-Guillaume, duc de Saxe-Altenbourg, accédant à l’administration de l’électorat, l’édition fut supprimée, par l’idée que les sentiments des crypto-calvinistes étaient favorisés par les gloses, etc. La plupart des copies semblent avoir été livrées aux flammes ou détruites. Cette Bible porte la date de 1593.

♦Le Long, tom. i, pp. 396, 397. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, pp. 398-402.

Une autre édition de la Bible allemande de Luther a été publiée en 1595, en in-8°, par les théologiens de Herborn, dans laquelle les préfaces de Luther ont été omises, et des notes marginales ajoutées. Ces notes contenant des sentiments différents de ceux des luthériens zélés, l’édition fut censurée en 1598 par la faculté de théologie de l’université de Wittemberg.+

+ Le Long, p. 397.                   

Une traduction catholique romaine de la Bible en allemand a également été faite par Melchior Brunius, un prêtre allemand, de Saint-Martin de Cologne, quelque temps avant 1590, qui, bien que non imprimée, a été consultée par Ulemberg dans la traduction qu’il a publiée par la suite.++

++ Ibid., tom. t. I, p. 375.

En 1588, une traduction de la Bible en langue poméranienne, dialecte de la Basse-Saxe, fut imprimée à Bardi, en 4to., par l’ordre, et aux frais de Bogislas XIII, duc de Poméranie. On dit qu’il a été imprimé sur du bon papier, avec des caractères soignés, et accompagné de planches.

§ Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, pp. 396-399. Le Long, tom. i, p. 399.

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Une révision de la Bible dans le dialecte de la Basse-Saxe a également été publiée à Hambourg en 1596 au fol., avec des planches, par David Wolder, pasteur de l’église Saint-Pierre, dans cette ville, auteur d’un Donatus hébreu, ou « Introduction à la grammaire hébraïque ». Dans sa préface, il nous informe qu'« il avait remarqué avec regret que dans l’ancienne traduction des Écritures en langue saxonne, beaucoup d’endroits étaient mal traduits, et le style inélégant et non grammatical, d’où il avait été amené à essayer une version plus correcte et plus élégante. » Dans cette édition, Wolder inséra les « Remarques de Bugenhagius » et les « Résumés » de Vitus Theodericus ; et divisa les chapitres en versets, au lieu des paragraphes adoptés dans les éditions précédentes. Il a aussi placé dans le texte, mais sous un caractère différent, le passage célèbre 1 Jean V, 7, qui manquait dans toutes les éditions antérieures de la Bible saxonne faites d’après la traduction allemande de Luther ; et préfixé à l’Ancien Testament une liste des livres de toute la Bible, avec le numéro de leurs chapitres, dans laquelle les livres du Nouveau Testament sont singulièrement divisés en canoniques et apocryphes, classant sous ce dernier titre, l’épître aux Hébreux, les épîtres de Jacques et de Jude, et l’Apocalypse.

||Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, pp. 401-404.

Le même éditeur publia en 1596 une Bible polyglotte, en quatre vol. in-folio, imprimée à Hambourg par Jacobus Lucius, in usum ecclesiarum Germanicarum, præsertim carum, quœ sunt in ditionibus Illustrissimorum Ducum Holsatiæ, « à l’usage des églises allemandes, surtout de celles qui sont dans les domaines du très illustre duc de Holstein. » Il contient la version grecque des Septante de l’Ancien Testament, de l’édition vénitienne de 1518 ; avec les versions latines de Jérôme et de Pagninus ; La traduction latine du Nouveau Testament par Bèze ; et la version allemande de l’Ancien et du Nouveau Testament par Luther , selon l’édition de 1545. Elle porte le nom de Polyglotte de Hambourg et est fréquemment liée à la Bible hébraïque de Hutter de 1587.+

+ Le Long, édit. Masch, t. i, ch. iii, sec. ix, p. 387, 388. Compte-rendu succinct de Clarke sur les Bibles polyglottes, p. 9. Liverpool, 1802.

Valentine Schindler originaire de Haute-Saxe, professeur d’hébreu à l’université de Helmstadt, publia un Epitome Bibliorumcontenant des extraits de l’Ancien et du Nouveau Testament, en six langues, à savoir l’hébreu, le chaldéen, le syriaque, le grec, le latin et l’allemand, imprimé à Wittemberg, 1578, in-8°. Il est aussi l’auteur d’un Lexique du Pentaglotte, des langues chaldéenne, syriaque, arabe et rabbinique-hébraïque, publié après sa mort à Hanau, 1612, fol.$

$ Le Long, édit. Masch, t. i, ch. iii, sec. 40, p. 423.

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Jean Draconitesnatif de Carolostadt, en Franconie, qui avait étudié l’hébreu sous la direction de Paulus Fagius, et qui, après avoir résidé à Wittemberg, à Marpurg et à Rostoch, avait été invité par Albert, duc de Prusse, à accepter l’évêché de Szamland, commença une Bible polyglotte en hébreu, en chaldéen, en grec, en latin et en allemand. Pour avoir le loisir d’accomplir ce projet favori, où il était encouragé par la libéralité d’Auguste, électeur de Saxe, il renonça aux émoluments et aux honneurs de son évêché, et se retira à Wittemberg. C’est dans cette université qu’il poursuivit son travail, et, selon Le Long, il publia le livre de la Genèse (ou une partie de celui-ci), les Psaumes, le livre des Proverbes et quelques-uns des petits prophètes ; et a traduit certains livres de l’Ancien Testament de l’hébreu vers le latin. Il mourut avant l’achèvement de la Polyglotte, en 1566, à un âge avancé. D’après la préface de la prophétie de Zacharie, imprimée à Wittemberg, 1565, fol., il semble que le savant éditeur ait été occupé trente ans à cet ouvrage.

 Melch. Adami Vit. Germ. Theolog., pp. 405-407. Le LongIndex Auctardéchiré, i, p. 554. Paris, 1723, fol. Le Long, édit. Masch, tom. I, ch. III, p. 388-390.

La facilité avec laquelle Elias Hutter, un autre savant allemand, compila, et la rapidité avec laquelle il publia des éditions polyglottes de l’ensemble ou d’une partie des Saintes Écritures, forment un contraste avec la procédure prudente et tardive des Draconites. ELIAS HUTTER était un théologien protestant, né à Ulm en 1553, et devint professeur d’hébreu à Leipzig. En 1587, il publia une Bible hébraïque, imprimée par Jacobus Lucius, à Hambourg, in-folio ; et remarquable par son plan ingénieux et utile ; les lettres radicales étant imprimées avec des caractères pleins et noirs, les serviles avec des caractères creux et blancs ; et les lettres au repos, ou manquantes, en caractères plus petits au-dessus de la ligne, exposant ainsi la racine de chaque mot. Cette Bible a ensuite été fréquemment unie à la Polyglotte de Wolder, avec une nouvelle page de titre préfixée, ce qui a occasionné plusieurs erreurs de bibliographes, en ce qui concerne les œuvres polyglottes de notre auteur. Après la publication de sa Bible hébraïque, Hutter forma le dessein de compiler un ouvrage polyglotte qui contiendrait plusieurs des versions modernes et anciennes les plus importantes des Écritures ; mais il n’est pas certain que l’Ancien ou le Nouveau Testament ait été d’abord mis sous presse. Clément dit qu’il a commencé par le Nouveau Testament. Cependant, une difficulté sérieuse se présenta ; il n’avait pas d’exemplaire d’une version hébraïque ; et, à l’exception de l’édition de Basile de l’Évangile de saint Matthieu, il ne put en obtenir aucune, ni dans les bibliothèques publiques, ni dans aucune collection privée, bien qu’il offrît des sommes considérables pour l’une d’entre elles. (Cujus copiam nec in ulla Bibliotheca nec ab ullo hominum, etiamsi multis millibus aureorum redimere voluerim, nancisci potui.) Il s’engagea donc lui-même dans ce travail, et, par une application infatigable, termina une traduction hébraïque du Nouveau Testament en l’espace d’un an(integrum Novum Testamentumà capite ad calcem in linguam sanctam divino fretus auxilio, convertendum suscepi . . . Converti, correxi, onera domestica, et rei familiaris sustinui, annuo temporis spacio ξυν&εω absolvi.) Ayant achevé cette traduction, il imprima son Nouveau Testament, en douze langues, à Nuremberg, en 1599-1600, en deux vol. fol.

Le premier volume contient les Évangiles et les Actes des Apôtres, et le second, les Épîtres de saint Paul et le reste du Nouveau Testament. La version syriaquedans cet ouvrage, est tirée de la seconde édition de Tremellius, imprimée en 1569, avec quelques additions par l’éditeur actuel ; l’hébreu est la traduction de Hutter lui-même ; la version latine est la version de la Vulgate ; l’allemand , la traduction de Luther ; le bohémien a été copié de l’édition de 1593 l’italien de la version genevoise de 1562, l’espagnol de la traduction de Cassiodore Reyna, imprimée en 1562, le français de la révision genevoise de 1588. l’anglais de la Grande Bible de 1562 ou d’une édition similaire ; le danoisnon pas, comme l’affirme Le Long, (t. I, p. 45, édit. de 1723), de l’édition de 1589, mais de celle de 1550, « comme le montre la collation la plus superficielle, dit le Dr Henderson, et comme on peut le voir par la déclaration de Hutter lui-même au sujet de 1 John v, 7, dans la liste des passages qu’il avait modifiés, en tête du second volume. « Le passage, dit-il, a été omis à la fois en allemand et en danois », ce qui n’aurait pas pu être confirmé si la Bible de Frédéric II l’avait fait. menti devant lui. La traduction polonaise est tirée de l’édition de 1596.

Malheureusement, les talents critiques de Hutter étaient bien inférieurs à son zèle pieux, ce qui l’amena à traduire et à insérer dans les différentes versions tout ce qu’il considérait comme défectueux dans les copies qu’il possédait, en particulier le syriaque, qui voulait les quatre « épîtres générales » et la relation de « la femme prise en adultère ». Il a aussi interpolé en certains endroits le texte original lui-même, où il a conçu l’expression comme voulant de la perspicacité ; ainsi, selon le Dr Henderson, « Actes xx, 28, 'pour nourrir l’Église de [l’Éternel et] de Dieu [Jésus-Christ] qu’il a rachetée par son propre sang', est le texte exposé dans toutes les langues, l’original lui-même n’étant pas excepté. » Ces libertés impies prises avec la parole de Dieu ne peuvent jamais être trop fortement blâmées ; et, dans ce cas, « donnent une leçon mortifiante mais instructive à ceux qui entreprennent la défense d’une cause qu’ils ne comprennent pas : et montrent le peu de valeur de ce Polyglotte d’un point de vue critique ». Une autre édition de cet ouvrage a été publiée à la même époque, en 4to. ; et en 1602 parut son Novum Testamentum Harmonicumimprimé à Nuremberg, in-4°, en langues hébraïque, grecque, latine et allemande. Dans ce Nouveau Testament, l’hébreu est imprimé avec les caractères habituels, et non pas, comme dans les éditions précédentes, avec des caractères creux. Il a également publié Lectiones Evangeliorum et Epistolarum anniversaries, Ebraice, cum radice, literis servilibus et Latine lectione, Græce, Latine, et Germanice. Norimberg, 1601, 8 vol.

Après avoir achevé le Nouveau Testament en douze langues, Hutter conçut alors, s’il ne l’avait pas fait auparavant, le dessein de publier également l’Ancien Testament en six ou douze langues, avec les grammaires, les lexiques nécessaires, etc., et d’ajouter un autre Nouveau Testament en douze autres langues, à savoir l’arabe, l’éthiopien, le moscovitique, le hongrois, etc. Il commença par l’Ancien Testament, et publia quatre exemplaires différents en même temps, contenant chacun six langues, mais ne différant que par l’une d’elles ; ainsi le premier contenait l’Ancien Testament en langues hébraïque, chaldéenne, grecque, latine, allemande et slave ; le second le même, à l’exception du Slavon, qui fut échangé contre l’Italien ; le troisième avait le Saxon au lieu de l’Italien ; et le quatrième, les Français, à la place de l’Italien. Ces éditions sextules de l’Ancien Testament ont été imprimées à Nuremberg en 1599 en in-folio, mais n’ont jamais été terminées, n’étant pas portées plus loin que le livre de Ruth. Ce projet n’ayant pas abouti, le projet d’imprimer le Nouveau Testament en douze langues supplémentaires semble avoir été abandonné, la dépense étant grande, et très probablement dévolue à l’éditeur lui-même. Quelques parties de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été publiées séparément, parmi lesquelles Le Long et Masch mentionnent la prophétie d’Isaïe, en hébreu, en grec et en latin, Norimberg, 1601, in-4°. ; Malachie, en hébreu, en chaldéen, en grec, en latin et en allemand, Norimberg, 1601, in-4°. ; les Psaumes, en hébreu, grec, latin et allemand, Norimberg, 1602, in-8 ; et les Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc, en syriaque, italien, hébreu, espagnol, grec, français, latin, anglais, allemand, danois, bohémien et polonais, Norimberg, 1599-1600, 4to. Hutter mourut à Nuremberg, mais on ne sait pas en quelle année.+

+ Le Long, édit. Masch, t. i, ch. iii, sec. 11, p. 390-393. Clémentut sup Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xviii, p. 373.

Outre les traductions luthériennes et chrétiennes des Écritures en langue allemande, il y en a eu d’autres faites par des Juifs, sinon de l’ensemble, du moins de parties de l’Ancien Testament. En 1542, une traduction allemande du Pentateuque et de la Megilloth, ou Ruth, Esther, de l’Ecclésiaste, des Lamentations et du Cantique des Cantiques, fut imprimée en caractères hébreux, in-folio, à Crémone, en Italie. L’auteur de cette traduction n’est pas connu avec certitude, mais on l’a attribué, avec quelque probabilité, à Elias Levita, célèbre grammairien juif, originaire d’Allemagne, mais qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome et à Venise, où il enseigna l’hébreu à beaucoup de savants de ces deux villes, et même à quelques cardinaux. Il publia divers ouvrages grammaticaux et masorétiques, qui lui valurent une grande réputation de critique judicieux et érudit, et dans lesquels il défendit l’opinion que les voyelles hébraïques étaient d’invention moderne. Les autres Juifs le blâmèrent si sévèrement pour avoir enseigné aux chrétiens l’hébreu Ianguage, qu’il fut obligé de prouver formellement qu’un Juif pouvait le faire en bonne conscience. Il meurt en 1549.

Le Pentateuque, Megilloth et Haphtaroth, ou leçons choisies dans les Prophètes, et lues dans les synagogues, traduites en allemand par Michel Adam, furent imprimées en caractères hébreux, à Constance, en Suisse, en 1544, in-4°, avec une préface de Paul Fagius. Une autre édition a été imprimée in-folio.

Michael Adam était un juif converti qui, après sa conversion, a été admis citoyen de Zurich. Il traduisit en allemand les six livres des Guerres des Juifs de Josippe ben Gorion, et les imprima en lettres hébraïques, à Zurich, en 1546, in-4°. Sa traduction du Pentateuque, etc., aurait été imprimée sans son nom, de peur que les Juifs ne la méprisent, parce qu’il l’avait entreprise pour le gain. Il mourut après 1550.+

+ Wolfii Biblioth. Heb., tom. i, p. 758 ; et tom. ii, p. 455. Le Long, tom. i, pp. 407, 408.

Paul Fagius imprima les quatre premiers chapitres de la Genèse, à Constance, 1543, in-4°, d’après la traduction juive allemande. Les livres de l’Exode, de Josué, d’Ézéchiel et du Cantique des Cantiques, en allemand, ont été imprimés en caractères hébreux, à Prague, 1553, in-4°. Quelques livres séparés de l’Ancien Testament, en allemand, ont également été publiés par R. R. Nathan F. Eliezer Michol, Mardochæus, F. Jacob, et d’autres.§

§ Le Long, ubi sup.

2

Tandis que les Juifs allemands promouvaient ainsi la connaissance de l’Ancien Testament au moyen de ces traductions, les chrétiens allemands s’efforçaient d’introduire le Nouveau Testament à la mémoire de l’ancien peuple de Dieu, au moyen de versions vernaculaires exprimées en caractères hébreux. Le premier Nouveau Testament de ce genre a été imprimé à Cracovie, en lettres rabbiniques allemandes, en 1540, in-folio. Il suit la traduction de Luther et contient tous les livres du Nouveau Testament, à l’exception de l’Apocalypse. On dit qu’il s’agit de l’œuvre de Johan Hersuge, un juif converti. Il fut suivi de cinq livres du Nouveau Testament, en allemand, imprimés en caractères hébreux, à Strasbourg, en 1592. Ces cinq livres étaient les Évangiles de saint Luc et de saint Jean ; les Actes des Apôtres ; et les épîtres aux Romains et aux Hébreux ; auxquels ont été ajoutés quelques passages des chap. I et II. de l’Évangile de saint Matthieu ; Le Long se trompe donc en supposant que cette édition comprenait les « Quatre Évangiles ». L’auteur était Elias Schadæus, un pasteur allemand, de l’église de Strasbourg. Il mourut en 1593. À cette version, qui est aussi principalement tirée de celle de Luther, s’ajoute un traité sur la conversion des Juifs, intitulé Mysterium S. Pauli ad Romanos, cap. II. de conversione Judœorum explicatum et pro condone propositum. Argentorati per Schadæum, Ecclesiasten et Professorem ; cui in fine additur instructio de ratione scribendi Hebræo-Germanica.+

Les efforts des chrétiens pour répandre l’Évangile parmi les Juifs ne se limitaient pas à ces versions juives allemandes, mais étaient aidés par des traductions de l’ensemble ou de parties séparées du Nouveau Testament en langue hébraïque. La version de Hutter, publiée dans son Nouveau Testament polyglotte en 1599, a déjà été mentionnée. Il a ensuite été publié dans le Nouveau Testament polyglotte de 1602 ; et par le savant William Robertson, un Anglais, Lond., 1661, 8 vol., mais la plus grande partie de l’édition a été consumée dans l’incendie de Londres. En 1798, le révérend Richard Caddick, un pieux ecclésiastique anglais, réédita l’édition corrigée de Robertson, accompagnée de la version anglaise, en trois volumes in-12.++

++ Clarke’s Bibliog. Diet., vol. VI, pp. 217, 218. Le Long, tom. t. I, p. 81.

La traduction de Hutter est généralement considérée comme la première dans l’ordre chronologique, mais Freherus affirme QU’ÉRASME OSWALDUS SCHRECCEFUCHSIUS, ou SCHRECKENFUCHSIUS, a traduit le Nouveau Testament en hébreu à une époque antérieure, et a été le premier à le traduire dans cette langue. Ce savant allemand naquit en 1511, et après avoir étudié dans les universités d’Ingolstadt, de Leipzig et de Basile, il fonda une école à Memmingen, en Souabe, sous la sanction des magistrats de la ville. De là, il se rendit à Tübingen, où il enseigna l’hébreu avec de grands applaudissements ; et, en 1541, il fut appelé à la chaire de professeur à Fribourg, à Brisgaw, où, à l’exemple de son précepteur Munster, il se consacra à l’hébreu et aux mathématiques. Il mourut en 1579, à l’âge de soixante-huit ans. Il est l’auteur d’une traduction latine du Targoum sur les Cantiques et l’Ecclésiaste, et de plusieurs autres ouvrages savants, en plus de sa version hébraïque du Nouveau Testament.

Freheri Theatrum Viror. Érudit, tome. II, t. IV, p. 1474. Norib., 1688, fol. Wolfii Biblioth. Héb., t. II, sec. 5, p. 117. Le Long, tom. Ier, p. 91 ; et Index Auctor., p. 581.

L’Évangile de saint Matthieu, en hébreu, a été publié par Seb. Munster, Basile, 1537, fol. Cette œuvre de Munster est dédiée à Édouard VI, roi d’Angleterre ; et il y annexa certains tracts en réponse aux objections des Juifs contre le christianisme, avec les articles de la foi chrétienne et juive. Le savant éditeur prétend avoir pris sa traduction d’un manuscrit ancien, mais mutilé, dont il a suppléé les lacunes. Cette version fut réimprimée à Basile en 1557, 1580 et 1582, en in-8°, avec l’adjonction d’une traduction hébraïque de l’épître aux Hébreux ; sauf que dans certains exemplaires de l’édition de 1582, cette épître fait défaut. Une édition de la version de Munster de l’Évangile de saint Matthieu a été publiée à Paris, 1551, in-8°, par Johannes Quinquarboreus, ou Jean Cinquarbres ; qui a annexé les sept Psaumes pénitentiels, le Psaume 119, la Prière de Daniel et les Dix Commandements. Ce savant éditeur était professeur d’hébreu et de syriaque au collège de France, et doyen des professeurs royaux, haute fonction qu’il occupait à sa mort, en 1587. Il est l’auteur d’une grammaire hébraïque, imprimée en 1546 ; et d’une traduction latine, avec des notes, du Targoum de Jonathan ben Uzziel sur Jérémie, publié en 1549, et de nouveau en 1556, in-4°, avec des additions, et le titre « Targum in Osean, Joelem, Amosum », etc.+

+ Clarke’s Bibliog. Diet., vol. VI, pp. 219, 220. Chalmers’s Gen. Biog. Diet, vol. xxv, p. 454.

2

Une autre version de l’Évangile de saint Matthieu a été publiée à Paris, 1555, in-8° , par Jean de Tilet, évêque de Brieux, et ensuite de Milden, qui a apporté le manuscrit d’Italie, et accompagnée d’une traduction latine par Jean le Mercier, (en latin, Johannes Mercerus,) professeur d’hébreu au collège royal de Paris. Il était natif d’Usez, dans le Languedoc, et ses connaissances littéraires étaient immenses. Il publia Lectures on Genesis and the Prophets, Genev., 1598, fol. ; Commentaires sur Job, Proverbes, Ecclésiaste et les Cantiques, 1573, deux vol. fol. ; Tables de la grammaire chaldéenne, Paris, 1550,4to. : tous écrits en latin, outre les traductions latines du Targoum de Jonathan ben Uzziel sur les Prophètes mineurs ; et la paraphrase chaldéenne du livre de Ruth. Il meurt en 1572.

 Michaelis de Marsh, vol. III, pan i, p. 201. Le Long, tom. t. I, p. 82. Chalmers, Gen. Biog. Diet., t. XXII, p. 69. Clarke’s Bibliog. Diet., vol. VI, p. 220.

Une version hébraïque de l’Évangile de saint Matthieu avait été entreprise par Ant. Margaritam, un juif converti, dès 1553, dont il publia les deux premiers chapitres, et les six premiers versets du troisième chapitre, en relation avec un psautier ; mais ne rencontrant pas d’encouragement, le projet a été abandonné.+

+ Clarke’s Bibliog. Diet., ut sup.

L’Évangile de saint Marc a été traduit en hébreu par Walther Herbst, et imprimé à Wittemberg, 1575, Svo.++

++ Ibid., ut sup.

L’Évangile de saint Luc a été publié en hébreu par Frédéric Petrus, un Allemand, et le pasteur luthérien de l’église de Brunswick, et imprimé à Wittemberg, 1574, in-8°. Le même auteur a également publié les Évangiles d’anniversaire, lus dans les églises luthériennes, Anvers, 1581, 8 vol.

§ Wolfii Biblioth. Héb., partie II ; 5, p. 418. Le Long, édit. Masch, t. ii, tom. I, sec. 1, p. 12.

Les Évangiles d’anniversaire ont été publiés en allemand, en latin, en grec et en hébreu, par John Clay, {Johannes Claius,) Leipsic, 1576 , 8 vol. Des éditions ont également été imprimées en 1578, 1586 et 1665. Le latin est tiré de la version d’Érasme ; l’hébreu était la traduction de l’éditeur. Le savant éditeur, né à Herzberg, fut recteur, d’abord de l’école de Goldberg, puis de Nordhausen ; et devint ensuite ministre de Bendeleb. On dit qu’il a traduit plusieurs autres œuvres en hébreu, parmi lesquelles le Catéchisme de Luther et la Confession de foi d’Augsbourg. ||

|| Le Long, édit. Masch, t. I, cap. iii, p. 413, 415. Clarke’s Bibliog. Diet., vol. VI, p. 221.

Les épîtres anniversaires, telles qu’elles sont lues dans les églises luthériennes, ont été publiées en hébreu, en grec, en latin et en allemand, avec de brèves notes, à Leipzig, 1586, in-8°. La traduction hébraïque a été formée à partir du grec et du syriaque, par l’éditeur, Conrad Neander, de Bergen, un luthérien. Les premières tentatives de ce genre semblent avoir été la publication du Notre Père et du Magnificat, Tubing., 1513, 4to., par Matthieu Adrien, un Juif converti espagnol ; et les Dix Commandements, le Notre Père, le Credo des Apôtres et certaines prières en l’honneur de la Vierge Marie, par Jean Boeschenstein, dédiés à Reuchlin, imprimés à Augsbourg en 1514, 4à.+ Quelques autres publications d’une nature assez semblable sont remarquées dans l’édition de Masch de la Bibliotheca Sacra de Le Long, t. II, tom. i, sec. 1, pp. 15, 21.

 Le Long, tom. i, p. 47 ; et Index Auctor., p. 572.

+ Le Long, édit. Masch, t. ii, tom. I, sec. 1, p. 16.

Vol. II.—23

Ces tentatives pour répandre la connaissance de l’Évangile parmi les Juifs, si louables qu’elles fussent dans leur dessein, étaient néanmoins bien inférieures en termes d’utilité réelle aux travaux bibliques d’autres critiques éminents, parmi lesquels Tremellius et Junius sont justement énumérés.

Emmanuel Tremellius est né à Ferrare, en Italie, en 1510. Son père était un Juif, qui l’éduqua avec tant de soin qu’il devint célèbre pour sa connaissance de la langue hébraïque. Il fut converti au christianisme, d’abord comme catholique romain, par le cardinal Pole, puis comme protestant, par le célèbre Pierre Martyr, avec qui il visita Lucques, où il résida quelque temps et enseigna l’hébreu. Enfin, quittant tout à fait l’Italie, il passa en Allemagne, et s’établit à Strasbourg ; mais sous le règne d’Édouard VI. Il passa en Angleterre, où il obtint l’amitié des archevêques Cranmer et Parker, et enseigna l’hébreu à Cambridge. À la mort d’Édouard VI. il retourna en Allemagne et, sous les auspices de Wolffgang, duc de Deux-Ponts, enseigna l’hébreu à l’école de Hornbach. Par la suite, sur l’invitation de l’électeur palatin Frédéric III, il accepta la charge de professeur d’hébreu à l’université de Heidelberg. En 1569, Tremellius publia une édition du Nouveau Testament syriaque, in-folio, tirée de celle d’Albert Widmanstadt, collationnée avec un manuscrit syriaque, dont il fut favorisé par l’électeur Frédéric, de la bibliothèque de Heidelberg. Cette édition, qui fut imprimée en lettres hébraïques par Henry Stephens, à Genève, était accompagnée d’une version latine du syriaque, par Tremellius ; et aussi avec le texte grec, et la version latine de Bèze. Elle est dédiée à Élisabeth, reine d’Angleterre ; et a une grammaire chaldéenne et syriaque utile à la fin. Après l’achèvement de ce travail, Tremellius, avec l’aide de François Junius, entreprit une traduction de l’Ancien Testament en latin ; qui a été publié en partie, au fur et à mesure que les savants traducteurs avançaient dans leurs importants travaux. La première partie, contenant le Pentateuque, avec des scholia, ou notes courtes, fut imprimée au bureau d’And. Wechelius, à Francfort-sur-le-Maine, en 1575, in-folio ; la seconde partie, comprenant les livres historiques, fut imprimée en 1576 ; la troisième, comprenant les livres poétiques, en 1579 ; et la quatrième, contenant les livres prophétiques, la même année, 1579. Junius y ajouta les Apocryphes, avec de brèves notes ; et le tout a été publié ensemble, avec le titre général Testamenti veteris Biblia Sacra, etc. 1579. Une édition de cette version, accompagnée de la traduction du Nouveau Testament par Tremellius du syriaque, fut imprimée à Londres en 1580. Une autre édition fut publiée à Londres en 1581, et une troisième en 1585, dans les deux cas, dans laquelle la version du Nouveau Testament de Tremellius fut échangée contre celle de Bèze. La traduction de l’Ancien Testament par Tremellius, surtout révisée par Junius, fut pendant de nombreuses années la version latine la plus populaire parmi les protestants ; et de nombreuses éditions de celui-ci sont sorties de la presse dans différents pays. Trémellius se retira ensuite à Metz, où il s’était marié, lorsqu’il sortit d’Italie ; De là, il se rendit à Sedan, à la demande du duc de Bouillon, qui le nomma professeur d’hébreu dans sa nouvelle université, où il mourut en 1580, dans sa soixante-dixième année. Il est l’auteur d’une traduction latine d’Osée, Heidelberg, 1563, in-8° ; et d’une traduction du Targoum sur les Prophètes mineurs, 1567, in-8°. Il a également publié les Prælectiones de Martin Bucer dans Epistolam Pauli ad Ephesios. ♦

Melch. Adami Vit. Theolog. Exter., p. 142,143. Franc., 1653, in-8°. Le Long, édit. Masch, t. II, tom. i, sec. 4, p. 83, 101 ; et pt. ii, tom. III, cap. III, sec. 1, p. 459-463. Le Long, tom. t. II, p. 993· Walchii Bib. Theolog., tom. IV, cap. viii, p. 134 Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xxx, p· 17·

 

FRANÇOIS JUNIUS, ou DU JON, était d’une noble famille française, et naquit à Bourges, le 1er mai 1545. Dans son enfance, il souffrit beaucoup de diverses maladies, ce qui l’amena à recevoir la première partie de son éducation à la maison, sous la direction immédiate de son excellent père. À l’âge de treize ans, il commença l’étude du droit et, au bout d’environ deux ans, il fut envoyé à Lyon, où il poursuivit ses activités sous la direction de Barthélemy Anneau, président du collège. Pendant qu’il résidait dans cette ville, il s’imprégna malheureusement des principes d’infidélité ; mais il en fut délivré par une intervention très gracieuse de la divine Providence, qui semble en même temps avoir formé le parti pris futur de son esprit, et qui est ainsi racontée par lui-même : « Mon père, qui lisait fréquemment le Nouveau Testament, et qui observait depuis longtemps avec douleur les progrès que j’avais faits dans l’infidélité, Il m’avait mis ce livre dans sa bibliothèque, afin d’attirer mon attention, s’il plaisait à Dieu de bénir son dessein, mais sans m’en donner la moindre idée. Ce Nouveau Testament, ainsi providentiellement mis devant moi, je l’ouvre, profondément engagé dans d’autres pensées. Dès le premier coup d’œil, ce chapitre très auguste de Jean, l’évangéliste et l’apôtre : « Au commencement était le Verbe », etc., se présente à moi. J’ai lu une partie du chapitre, et en lisant j’en suis si affecté, que je suis tout à coup frappé de la divinité de l’argumentation, de la majesté et de l’autorité de la composition, qui surpassent de beaucoup les plus hautes envolées de l’éloquence humaine. Mon corps frissonnait, mon esprit était accablé, et je fus si agité toute la journée, que je savais à peine qui j’étais. Tu t’es souvenu de moi, ô Seigneur mon Dieu, selon ta miséricorde infinie, et tu as reçu les brebis perdues dans ton troupeau ! À partir de ce jour où Dieu a agi si puissamment en moi par la puissance de son Esprit, j’ai commencé à avoir moins de goût pour toutes les autres études et poursuites, et je me suis penché avec plus d’ardeur et d’attention sur tout ce qui avait rapport à Dieu. La conversion du fils de l’infidélité ne causa pas peu de joie au père, qui, sur l’insinuation qu’il voulait changer le cours de ses études, acquiesça à ses désirs et lui permit de partir pour Genève. Déçu des envois de fonds qu’il attendait, à cause des troubles occasionnés par la guerre qui venait de commencer, il ne put se procurer qu’une Bible, les Institutes de Calvin, la Confession de Bèze et la Grammaire hébraïque de Cevallerius ; et fut enfin réduit à travailler comme journalier aux fortifications de la ville, travaillant alternativement et étudier. Mais ayant été reconnu par un pauvre homme dont la mère, veuve et mère nombreuse, avait vécu près des parents de Junius, et avait été soulagée par eux, il lui offrit son secours avec reconnaissance, et le reçut dans sa chaumière pendant près de sept mois, jusqu’à ce que la guerre fût terminée, Junius obtint l’aide pécuniaire nécessaire. Peu de temps après, il reçut de son père l’ordre de s’acquitter de ses dettes et de retourner chez lui ; mais avant d’arriver à Bourges, son père fut cruellement assassiné, et il retourna à Genève. Il ouvrit alors une école, qu’il continua jusqu’en 1565, date à laquelle il fut nommé ministre de l’église wallonne d’Anvers. Mais les conflits tumultueux entre protestants et papistes l’obligent bientôt à se retirer en Allemagne. A Heidelberg, l’électeur Frédéric III. le reçut gracieusement ; et après avoir rendu visite à sa mère, qui vivait encore, il devint ministre de l’église de Schoon. Pendant qu’il occupait cette situation, il fut envoyé par l’électeur à l’armée du prince d’Orange, en 1568, et continua d’être aumônier de ce prince jusqu’au retour des troupes en Allemagne, où il reprit son église ; En 1573, son protecteur, l’électeur, le nomma coadjuteur de Tremellius dans la traduction de l’Ancien Testament, ce qui entraîna son déménagement à Heidelberg. Il lut ensuite des conférences publiques à Neustadt, jusqu’à ce que le prince Casimir, administrateur de l’électorat, lui donne la chaire de professeur de théologie à Heidelberg. Il retourna en France avec le duc de Bouillon ; et, après avoir présenté ses hommages à Henri IV, ce prince l’envoya en mission en Allemagne. De retour pour rendre compte de ses succès, il fut invité, en passant par la Hollande, à accepter la chaire de professeur de théologie à Leyde, qu’il accepta en 1592 avec la permission de l’ambassadeur de France, et dont il jouit d’une grande réputation jusqu’en 1602, date à laquelle il mourut de la peste, dans la cinquante-septième année de son âge. Il se maria quatre fois, et de sa troisième femme eut un fils, appelé de son propre nom, François, qui fut le célèbre auteur de l’Etymologicon Anglicanum, etc. Junius l’aîné n’aida pas seulement Trémellius à traduire l’Ancien Testament en latin, il y ajouta une traduction des Apocryphes avec des notes, et revit ensuite le tout quatre fois ; mais il traduisit aussi les Actes des Apôtres et les Épîtres de saint Paul, de l’arabe au latin, 1578, in-8° ; compilé une grammaire et un lexique hébraïques ; il réédita l’Index Expurgatorius d’Arias Montanus, et publia divers ouvrages savants sur des sujets bibliques et philologiques, dont Melchior Adam a donné la liste, dans ses Décennies duæ continentes Vitas Theologorum Exterorum Prin-cipum, tyc., p. 201, 202. Francofurt, 1653, 8 vol.*

* Melch. Adami Vit. Theolog. Exteror., p. 192-202. Mémoires de Faustus Socinus par Toulmin, p. 394. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xix, pp. 196, 197.

2

L’état général de l’Allemagne, pendant une grande partie de ce siècle, était tel qu’on pouvait l’attendre des vues discordantes des princes qui gouvernaient les différents États qui la composaient, et de l’attachement des empereurs à l’Église de Rome. Les papistes et les protestants se disputaient, non seulement avec la plume, mais avec l’épée ; les papistes pour écraser ce qu’ils considéraient comme les dangereuses doctrines de Luther et des autres réformateurs ; protestants pour défendre les droits inaliénables de la conscience. Dans les deux cas, l’esprit de piété a été trop souvent oublié dans l’esprit de parti, et les actes de sévérité et de violence non autorisés. Pourtant, l’observateur candide doit avouer que les réformateurs ont été poussés à des actes de désespoir par la cruauté implacable des partisans de Rome, qui les ont torturés et sacrifiés pour avoir adoré Dieu selon les préceptes de la conscience ; et qu’aucune concession ne pouvait satisfaire, sans le renoncement absolu aux sentiments sur lesquels ils fondaient leurs espérances de félicité éternelle. L’opposition des papistes aux amis de la Réforme, lorsqu’elle était exercée par les autorités ecclésiastiques ou séculières d’une manière plus douce et plus privée que par la soldatesque sur le champ de bataille ou dans les ravages de la guerre, était encore si furieuse qu’elle était justement redoutée par ceux contre qui elle était dirigée. et dont les dignités, les biens, la liberté et la vie étaient constamment menacés. C’est à l’historien ecclésiastique qu’il appartient d’enregistrer les divers édits, bulles et proclamations prononcés contre les défenseurs de la vérité, et de raconter les souffrances et les sacrifices qui en résultèrent pour les martyrs et les confesseurs de Jésus-Christ ; mais un seul exemple, se rattachant à l’objet du présent ouvrage, suffira pour caractériser la nature des persécutions romaines en Allemagne à cette époque. PIERRE PAUL VERGERIUS, qu’on appelle ordinairement le jeune, pour le distinguer d’un autre savant du même nom, qui florissait au siècle précédent, naquit à Justinopolis (aujourd’hui Capo d’Istria), ville située dans la mer Adriatique. Son habileté dans la jurisprudence et la théologie catholique le recommandèrent à l’attention du pape Clément VII, qui l’employa comme légat à la diète d’Augsbourg en 1530, et lui confia de vastes pouvoirs. L’habileté qu’il déploya en cette occasion et son dévouement absolu aux intérêts du siège pontifical lui valurent d’être choisi comme ambassadeur du pape en Allemagne. À la mort de Clément VII, Vergerius fut rappelé, mais après s’être consulté sur les affaires de l’empire, il fut renvoyé par Paul III. ; et, après avoir employé toute la finesse de l’homme politique à faire avancer les projets du pontife parmi les princes d’Allemagne, il se rendit à Wittemberg dans le dessein d’influencer, s’il était possible, l’esprit du grand réformateur lui-même. Mais l’inflexible intégrité de Luther fut à l’épreuve de toutes les tentatives de Vergerius, qui retourna à Rome avec la connaissance mortifiante que plusieurs des objets de sa mission avaient échoué, et que le seul remède contre l’hérésie luthérienne était de la supprimer par la force, ce que Georges, duc de Saxe, avait déclaré que l’empereur et le pape devaient immédiatement tenter. Le pape écouta le conseil, et dépêcha Vergerius à l’empereur, qui était alors à Naples, pour l’engager à se livrer à cette méthode sommaire de régler la controverse par les armes ; mais sans le succès que le souverain pontife avait escompté. Vergerius, cependant, a été fait bishDe plus, il n’y a pas d’autre choix que d’utiliser la méthode de Modrusch, et peu après de Justinopolis. En 1541, il fut envoyé à la diète de Worms, où il composa et imprima une « Oraison sur l’unité et la paix de l’Église », dans laquelle il s’opposait principalement à la convocation d’un concile général. Après son retour de la diète, le pape songea à récompenser ses services en le créant cardinal, mais il en fut empêché par une rumeur selon laquelle, de son long séjour parmi les Allemands, il était devenu un partisan des doctrines de Luther. Quand Vergerius apprit la cause de sa déception, il fut tout étonné, et, pour se disculper de l’aspersion, il se retira dans son pays, et commença un ouvrage contre les réformateurs, qu’il intitula Adversus Apostatus Germania« Contre les apostats de l’Allemagne ». Mais tandis qu’il était occupé à parcourir attentivement les livres de ses adversaires, et à examiner sérieusement leurs arguments dans le but de les réfuter, il se trouva vaincu par la force de leurs raisonnements et la nature décisive de leurs défenses ; de sorte que, renonçant à tout espoir d’un chapeau de cardinal, il alla demander conseil à son frère, Jean-Baptiste, évêque de Pola. Son frère fut d’abord alarmé et affligé, et déplora profondément son état, mais ayant, à sa demande pressante, examiné diligemment les Écritures et étudié les points en litige, en particulier la grande doctrine de la justification, il conclut que les principes papistes étaient faux. Les deux prélats, s’encourageant l’un l’autre, commencèrent bientôt à prêcher au peuple d’Istrie les vérités de l’Évangile selon les vues qu’ils avaient adoptées ; et imposaient à leurs auditeurs la nécessité d’un culte plus pur que celui auquel ils étaient accoutumés. Leurs doctrines et leur zèle suscitèrent rapidement une foule d’adversaires contre eux, surtout parmi les moines observantins, qui en informèrent les inquisiteurs, dont le chef était Hannibal Grisonio, et son associé, Jérôme Mutio, qui écrivit ensuite une invective contre Vergerius. Ces agents de l’inquisition sonnèrent l’alarme et s’efforcèrent vigoureusement d’arrêter les progrès des opinions anti-papistes. À Pola et à Justinopolis, Grisonio se précipita dans les maisons des citoyens, et chercha des livres prohibés ; puis monta en chaire, et excommunia tous ceux qui ne dénonçaient pas ceux qu’on soupçonnait de favoriser les doctrines de Luther ; promettant cependant une pénitence plus facile à ceux qui se repentiraient et demanderaient volontairement pardon, mais menaçant ceux qui seraient par les flammes et qui, dissimulant leur crime, seraient ensuite accusés par d’autres. Non content de dénoncer publiquement les châtiments infligés aux hérétiques, Grisonio suivit le même système en privé, visitant de maison en maison et lançant les foudres du Vatican contre tous ceux qui soutenaient des sentiments contraires aux dogmes autorisés de l’Église catholique romaine. Beaucoup de personnes, épouvantées par les menaces des inquisiteurs, vinrent s’accuser elles-mêmes, de peur d’être accusées par d’autres ; Et le peuple était si complètement affolé, que quelques-uns d’entre eux s’efforçaient de savoir qui informerait le plus, sans égard à la parenté, à l’amitié ou à l’obligation, le fils n’épargnant pas le père, la femme le mari, ni le fermier son seigneur et maître. Parmi ceux qui confessaient leur crime, les classes les plus riches étaient autorisées à reconnaître leur erreur en privé, mais les pauvres étaient forcés de le faire publiquement ; et ceux qui avaient lu le Nouveau Testament en langue vulgaire étaient strictement tenus de ne plus le faire à l’avenir. À ce procédé de Grisonio succédèrent de fréquents sermons contre Vergerius, qu’on déclara être l’occasion des jugements qui s’abattaient sur le pays depuis plusieurs années ; et conseillant à la multitude de le lapider, lui et ses partisans, comme le meilleur moyen d’éviter les calamités qui menaçaient leur pays. Vergerius fut donc obligé de s’enfuir pour sauver sa vie, et de se réfugier à Mantoue, sous la protection du cardinal Hercule de Gonzague, son ami intime ; mais même là, l’inimitié de ses adversaires invétérés le poursuivait, et les remontrances de la cour pontificale obligeaient Gonzague à retirer sa protection. Il se présenta alors au concile de Trente, avec l’intention de se défendre contre les calomnies de ses ennemis, mais le légat du pape reçut l’ordre de ne pas l’admettre dans le concile. Ainsi chassé de Trente, il se rendit à Venise, et de là à Padoue, où il rencontra l’infortuné François Spira, dont le désespoir et la mort affreuse firent une forte impression sur son esprit, et le déterminèrent à s’exiler volontairement, afin de n’être pas tenté de nier la vérité. Il alla donc s’établir dans les Grisons, et pendant quelques années, il y prêcha l’Évangile et dans la Valteline, jusqu’à ce qu’enfin il fût invité par Christophe, duc de Wurtemberg, à Tübingen, où il mourut le 4 octobre 1566. La plupart de ses écrits ont été publiés occasionnellement sous forme de brochures, pour leur diffusion plus générale parmi le peuple. Schelhorn, dans ses Amœnitates Literariæt. V, p. 242, etc., a mentionné les titres de plusieurs.

Les persécutions subies par les protestants s’étendirent aux Pays-Bas par l’empereur (Charles-Quint), qui publia contre eux les édits les plus sévères. Dans 1550 l’un fut publié en flamand et en français contre ceux qui avaient embrassé, ou approuvait les doctrines de Luther, dans lesquelles l’empereur « accusait et ordonna que personne, de quelque rang ou qualité qu’il fût, ne avoir la prétention de garder, d’acheter ou de distribuer l’un des livres de Luther, Occolampadius, Zuingle, Bucer, Calvin, ou en général, tous les livres qui ont été publiés dans ces trente ans, sans les noms des auteurs, comme dans le catalogue des théologiens de Louvain est contenu plus largement : Que personne ne reçoive de conventicules secrets dans sa maison : Que personne ne discute en privé ou en public sur l’Ecriture Sainte, surtout sur des passages difficiles et obscurs, ni prendre sur lui de les interpréter, à moins qu’il ne fût un théologien, autorisé par quelque université approuvée et ordonnant, que ceux qui agiraient contrairement à cette loi, « seraient punis comme séditieux, et perturbateurs de la paix publique ; les hommes par l’épée, et les femmes ensevelies vivantes dans la terre, s’ils renoncent à leur erreur ; mais s’ils continuaient à s’entêter, en étant brûlés, et que, quel que fût le châtiment qu’ils subissaient, leurs biens seraient confisqués. Il a été ajouté avec d’autres injonctions : « Que les imprimeurs et les libraires ne doivent pas imprimer, publier, vendre ou distribuer aucun livre ou pamphlet religieux, sans licence ; et que tous les libraires auraient le catalogue des livres rejetés par l’université de Louvain, accroché dans leurs boutiques, afin qu’en l’ayant sous les yeux, ni eux ni les acheteurs ne pussent feindre l’ignorance ; et qu’ils tiennent aussi un catalogue de leurs propres livres, sous peine de perdre cent ducats.

La publication de cet édit créa une inquiétude universelle, surtout parmi les marchands allemands et anglais, dont beaucoup faisaient du commerce dans les villes et provinces de l’empereur, en particulier à Anvers. Un certain nombre d’entre eux fermèrent leurs boutiques et se préparèrent à partir immédiatement. Mais le conseil communal et les particuliers d’Anvers, craignant les pertes qui résulteraient de l’exécution de la loi, en appelèrent à la reine Marie, leur gouvernante, et obtinrent la suspension d’un édit qui, sans cela, eût ruiné leurs intérêts commerciaux.

 Sleiden’s Hist, of the Reformation, t. xxii, p. 497, 498.

Vers la fin de l’année 1555, l’empereur assembla les États des Pays-Bas à Bruxelles, et résigna officiellement le gouvernement de ce pays à son fils Philippe. Au commencement de l’année suivante (1556), Marie, reine de Hongrie, lui remit la régence dont elle avait été chargée par son frère l’empereur pendant l’espace de vingt-cinq ans ; et vers le même temps, Charles abdiqua aussi le trône d’Espagne, en faveur de son fils, qui prit le titre de Philippe II. Cependant, à peine ce prince eut-il obtenu le gouvernement des Pays-Bas, qu’il publia un placard par lequel il confirmait toutes les lois contre les hérétiques qui avaient été publiées contre eux par son père, et s’efforçait, par le même édit, d’introduire l’inquisition espagnole ; mais la ville d’Anvers et les autres grandes villes du Brabant, par de vives remontrances, l’empêcha d’être exécutée.§

§ Abrégé de l’Hist. de la Réforme de Brandt, t. I, p. 80.

La conduite du clergé à cette époque en fit l’objet de la satire et de la représentation dramatique, et les poètes et les orateurs des Pays-Bas exposèrent leurs vices et leurs cruautés à l’horreur et au mépris, par des appels poétiques et scéniques aux passions de la multitude. Le peuple était content, et même les nobles ne désapprouvaient pas. Mais Philippe II, plus attaché à la hiérarchie romaine que convaincu de l’inconvenance générale de soumettre la religion à l’exhibition dramatique, publia, en 1559, une affiche interdisant les farces, les pièces de théâtre, les chansons, les ballades, etc., dans lesquelles il était question des affaires de l’Église ou de la religion ; et ordonnant que les pièces de théâtre, destinées à l’honneur de Dieu et des saints, ou pour le divertissement du peuple, soient examinées par les ecclésiastiques les plus éminents, ou par les magistrats de chaque ville. + Des mesures furent également adoptées pour empêcher la circulation des livres et des tracts favorables aux doctrines de la Réforme ; et par une affiche du 29 mars 1562, « les officiers reçurent l’ordre non seulement de visiter les maisons des libraires, mais aussi de veiller avec soin à ce qu’aucun colporteur ne se promenât avec des livres à vendre, et de fouiller leurs paquets, et parmi leurs autres marchandises.++

+ Ibid., p. 89.

++ Hist. de la Réforme, etc., t. V, p. 144.

Dans l’intervalle, la Bible belge ou hollandaise avait été révisée à la fois par des éditeurs catholiques et protestants. NICOLAS VAN WINGH, chanoine régulier de Louvain, assisté du docteur Pierre de Corte et du docteur Godevaerte, tous deux de la faculté de théologie de cette université, publia une édition de la Bible entière, imprimée à Louvain et à Cologne, 1548, in-folio. « Barthélemy Gravius m’a prié, dit l’éditeur dans sa préface, de corriger la Bible belge, d’après le texte latin vulgaire, récemment révisé par l’université de Louvain, ce que, pour diverses raisons, j’ai volontiers entrepris. J’ai donc traduit toute la Bible dans l’idiome brabançon commun, tel qu’il était parlé à Louvain, où je suis né, et où je réside maintenant. » N. van Wingh mourut en 1552. Cette version fut examinée et approuvée par certains docteurs de la faculté de théologie de Louvain, délégués par l’empereur Charles-Quint. Des éditions ultérieures de la Bible furent publiées à Anvers, en 1553, 1560, 1565, 1566 et 1568, toutes in-folio, en plus de plusieurs éditions séparées du Nouveau Testament dans un format plus petit. Ceux-ci ont tous été conçus pour l’usage des catholiques romains ; mais les protestants ou calvinistes, qui s’étaient servis jusque-là de la version imprimée par J. à Liesveldt, en exécutèrent une autre, en 1556, à l’avantage de ceux qui avaient embrassé les sentiments des réformés. Il a été imprimé à Embden, en in-4°, par Stephen Mierman et John Gaillard. De la Genèse à Job, les éditions de Liesveldt ont été copiées et corrigées selon la traduction zurichoise, qui a été entièrement suivie dans le reste de la Bible. Vers l’an 1560, Nicolas Briestkens imprima une édition de la Bible belge, évidemment formée à partir de l’édition allemande de Luther ; réimprimé en 1563, in-4°. Mais comme ces versions ne satisfaisaient pas pleinement beaucoup de réformés, John Viten-hove, un calviniste, tenta une traduction plus précise du Nouveau Testament, dans laquelle il fut aidé par John à Lasco, Martin Micron et Peter et Walter Delhen. La traduction fut achevée et imprimée à Embden, in-folio, en 1565, en même temps que l’Ancien Testament, qui avait été traduit de la version allemande de Luther. Depuis cette époque jusqu’à ce qu’une nouvelle traduction soit entreprise par ordre du synode de Dort, les nombreuses éditions qui ont été imprimées par les protestants hollandais ont été principalement d’après cette double traduction ; de l’Ancien Testament, formé à partir de la version de Luther, et du Nouveau Testament, à partir de la traduction de Vitenhove. En 1581, une édition fut publiée par autorité, avec des notes choisies dans les commentaires d’Augustin Marlorat et les annotations des Bibles genevoises.

Le Long, t. I, p. 409, 411, 412. Leusdeni Philologus Hebræo-Mixtus, meurt. 10, p. 70 et 72. Ultraject. 1682, in-4°.

De la majeure partie des traducteurs du Nouveau Testament belge, que nous venons de mentionner, nous ne savons presque rien. JOHN VITENHOVE semble avoir été originaire des Pays-Bas et un adepte des opinions de Calvin, par opposition à celles de Luther. Il meurt en 1565.+

+ Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 587.

Martin MicronPETER et Gualther (Walter) Delhen, auraient été ministres de l’Église hollandaise en Angleterre, d’où ils furent expulsés par la suite, probablement pendant les violentes persécutions soulevées contre les protestants sous le règne de la reine Marie. G. Deloen (DELHEN) est également l’auteur d’une édition révisée du Nouveau Testament latin d’Érasme, dédié à Henri VIII Lond., 1540, 4to.++

++ Leusdeni Philolog. Héb.-Mixt., diss. 10, à la p. 72. Le Long, tom. Ier, p. 311.

 

Jean de Lasco était un noble polonais, que Fox appelle l’oncle de Sigismond, roi de Pologne, né vers 1499. Après avoir reçu une éducation convenable à son illustre naissance, il visita divers pays étrangers, et résida quelque temps à Basile, avec Érasme, de qui il semble avoir reçu sa première conviction des corruptions de l’Église romaine. De Basile, il se rendit à Padoue, et de là à Rome. Plus tard, il fit la connaissance du célèbre Zuingle, en Suisse, qui l’amena à examiner plus sérieusement les controverses qui existaient alors entre les catholiques et les protestants. Il en résulta qu’il adopta les sentiments de Zuingle et qu’il s’attacha avec zèle aux doctrines de la Réforme. En 1526, il retourna en Pologne et fut nommé prévôt de Gnezn et de Lencziez. Il continua à résider dans son pays natal jusqu’en 1540, date à laquelle, après avoir lutté contre beaucoup d’opposition, il quitta la Pologne, bien qu’il eût été nommé à l’évêché de Vesprim, préférant un exil volontaire, avec liberté de conscience, aux plus grands honneurs ecclésiastiques de l’Église de Rome. Pendant qu’il demeurait en Pologne, il acheva l’achat de la bibliothèque d’Érasme, pour laquelle il donna trois cents écus d’or et dont il convint que le propriétaire primitif jouirait jusqu’à sa mort : il offrit aussi généreusement cent pièces d’or (centum aureos) à Froben et à Episcopius, pour les aider à publier les œuvres d’Érasme. En 1542, à Lasco fut invité à devenir pasteur d’une église à Embden ; et, l’année suivante, il fut engagé par la comtesse douairière d’Oldenbourg, dans la Frise orientale, pour tenter d’introduire et d’établir la religion réformée dans ce territoire. De là, il se rendit en Prusse, où il avait été appelé par Albert, duc régnant, dans le même dessein ; mais, différant du duc, dans l’article de l’eucharistie, il renonça à l’engagement et se consacra à la promotion de la Réforme dans le Frise orientale. Au bout de quelques années, les troubles de l’Allemagne l’empêchant d’y rester, il accepta l’invitation de l’archevêque Cranmer et passa en Angleterre vers l’an 1550. Grâce à son influence, il obtint le prieuré jadis splendide des Augustins, à Londres, comme lieu de culte pour les étrangers protestants, avec les revenus qui lui appartenaient pour la subsistance de leurs ministres ; et il en devint lui-même le premier et le principal pasteur. Sa charge s’étendait aussi à toutes les autres églises étrangères de Londres, dont il était le surintendant. Sous le règne d’Édouard VI. il était protégé dans l’exercice des devoirs de sa situation officielle ; mais à l’avènement de la reine Marie, il s’embarqua avec ses collègues et un grand nombre de membres de sa congrégation pour le Danemark. Cependant, l’opposition des luthériens aux opinions de Zuingle sur l’eucharistie l’empêcha d’obtenir un accueil hospitalier, et lui et sa compagnie furent obligés, bien qu’au cœur de l’hiver, de quitter le royaume. À Lübeck, à Wismar et à Hambourg, ils se heurtèrent à la même inhumanité. Après avoir été soumis à d’incroyables privations en mer, pendant un hiver des plus rigoureux, ils arrivèrent à Embden au mois de mars 1554, et y rencontrèrent cette bonté et cette hospitalité qui déterminèrent la plus grande partie de la compagnie à s’y établir ; et étaient patronnés par l’excellente comtesse douairière d’Oldenbourg. En 1555, à Lasco se retira à Francfort-sur-le-Maine, où il obtint du sénat la permission d’ériger une église à l’usage des étrangers de la religion réformée, et particulièrement de ceux des Pays-Bas, dont Peter Dathen fut nommé ministre. Enfin, après une absence de vingt ans, il retourna en Pologne, où il trouva dans le roi un ami et un protecteur, qui l’employa à diverses affaires importantes. Il mourut en paix à Francfort, le 13 janvier 1560. Il avait été marié deux fois ; sa seconde femme lui survécut ; et on dit qu’il a eu des enfants de ses deux femmes. Ses écrits ont été principalement controversés : une liste d’entre eux est donnée par Melchior Adam et Chalmers.

Dans le récit précédent de Jean à Lasco, PETER DATHEN, ou DATHENUS, est mentionné comme le premier pasteur de l’église réformée de Frankfort-on-the-Maine. Brandt, dans différentes parties de son Histoire de la Réforme dans les Pays-Bas, fournit les détails suivants à son sujet. C’était un moine qui s’était enfui des Pays-Bas pour éviter le danger auquel il était exposé d’avoir adopté les sentiments des réformateurs. Après avoir quitté le cloître, il se réfugia dans le palatinat, et devint chapelain de l’électeur palatin, à Heidelberg ; mais, après le succès des protestants aux Pays-Bas, il retourna dans son pays. Avant son retour, et probablement pendant son séjour dans le Palatinat, il traduisit les psaumes de Clément Marot et de Théodore de Bèze en bas-néerlandais, les adapta aux airs et à la mesure français, et les publia, avec une dédicace à toutes les congrégations belges et à leurs pasteurs gémissant sous la croix. Ces psaumes devinrent bientôt populaires, et furent utilisés partout où la prédication publique prévalait ; mais son ignorance de la langue hébraïque leur occasionna un certain nombre de fautes. Ils n’en furent pas moins très vantés et lui procurèrent beaucoup de faveur, car, à cette époque, la poésie hollandaise était très peu cultivée. Sa popularité s’accrut encore par son discours et son éloquence en chaire, qui lui valurent des auditoires si nombreux, qu’on dit que ses sermons furent suivis par plus de quinze mille auditeurs à la fois. Sa popularité et son zèle le rendirent fougueux et intolérant, et, devenu ministre de Gand, il enflamma tellement l’esprit de la populace contre les catholiques romains, par ses discours, qu’il contribua, dans une large mesure, aux actes de violence qui furent commis par les réformés dans cette ville. Lorsque le duc de Parme s’empara de Gand, en 1584, Dathen se retira à Staden, dans le duché de Brême, où il prit le nom de Pierre de Montanus et exerça la médecine. Après avoir résidé environ un an à Staden, il se retira à Dantzic, mais fut expulsé de la ville par les magistrats, à l’instigation des anabaptistes, qui l’accusèrent de trahison et de sédition. De là, il s’enfuit à Elbing et continua à exercer la médecine jusqu’à sa mort, survenue le 19 février 1590. Telle était l’estime dont jouissait les habitants de la ville où il mourut, qu’ils élevèrent un monument à sa mémoire et y placèrent sa statue.

2

Les États des Pays-Bas unis, désireux de promouvoir la Réforme par des moyens plus doux que ceux auxquels ils avaient été obligés de recourir dans leur lutte pour la liberté religieuse, commencèrent, vers la fin de ce siècle, à méditer une nouvelle traduction de la Bible. L’ancienne traduction hollandaise ayant été faite d’après la version allemande de Luther, fut jugée extrêmement défectueuse et erronée, de sorte que Philippe de Marnix, seigneur de Sainte-Aldegonde, affirma « qu’à partir d’un mauvais allemand, il y avait eu une pire traduction hollandaise ». Ce savant gentilhomme ayant sévèrement critiqué la première traduction, et étant célèbre par sa connaissance de la langue hébraïque, fut jugé comme la personne la plus propre à exécuter les vœux des États ; il fut donc nommé en septembre 1595 pour traduire l’Ancien Testament de l’hébreu vers le néerlandais. On lui accordait un salaire annuel de quatorze cents florins, outre trois cents de plus pour le loyer de sa maison. Dans ce but, il alla résider à Leyde, où il poursuivit ses importants travaux pendant environ quatre ans, lorsque la poursuite du grand objet de la traduction fut empêchée par sa mort, en 1599, dans la soixantième année de son âge.

Philippe de Marnixseigneur de SAINTE-ALDEGONDE, était natif de Bruxelles, né en 1538, d’une famille honorable. Ayant embrassé les principes de Calvin à Genève, il devint l’intrépide défenseur des libertés religieuses des réformés, et fut honoré de la confiance du prince d’Orange, qui l’employa fréquemment dans les ambassades et dans d’autres fonctions exigeant beaucoup d’habileté politique et de jugement. En 1584, il est consul à Anvers, et la défend contre le duc de Parme. Mais, tout en étant chargé d’affaires politiques d’une grande importance, il ne perdit jamais de vue la liberté et la prospérité de l’Église protestante, qu’il s’efforça de promouvoir de toutes les manières possibles, et publia plusieurs tracts pour défendre la cause des réformés. Parmi les plus importants de ses écrits, on trouve une nouvelle traduction néerlandaise des Psaumes et des Cantiques de la Bible, en mètre. Il faut cependant reconnaître que c’est un défaut de son caractère qu’il ait adopté, avec trop de gens de son temps, l’opinion intolérante de la licéité de punir de mort les opinions hétérodoxes. Une liste de ses écrits est donnée par Verheiden.

Quittant les Pays-Bas pour le moment, nous pouvons maintenant nous tourner vers LE DANEMARK, où l’on continua à prendre des mesures énergiques pour favoriser la connaissance générale des Saintes Écritures. En effet, deux ans après la publication de la Bible danoise, une édition des Livres de Salomon fut imprimée à Wittemberg, 1552, in-8°, contenant les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques. La préface de Luther est préfixée, traduite par Hans (ou John) Siuneson, ou Synning, le traducteur de cette partie de la Bible danoise maintenant réimprimée. Les notes marginales de Luther ont été ajoutées au texte.

En 1556, une édition des Psaumes de David fut publiée à Lübeck, in-8°, par Érasme Michel Lætus, qui poursuivait alors ses études à l’étranger, et fut ensuite professeur de théologie à Copenhague. À cette version, qui est présentée comme étant la même que celle de la Bible danoise, une « adresse » de l’évêque Palladius, suit la traduction de la préface de Luther, dans laquelle il dit que cette édition a été publiée afin de remplacer l’usage du Psautier de Schmaltzing, qui avait rencontré trop d’acceptation au Danemark. Après l’allocution, la préface de Létus est jointe ; et à la fin du volume, il y a un classement des différents Psaumes, selon la nature de leur contenu. Ce psautier a été réimprimé sous la même forme à Wittemberg, en 1557 ; et à Copenhague, en 1558.

En 1558, une édition du Nouveau Testament danois parut à Wittemberg, en petit in-4°, « cum gratia et privilegio Regiæ Majestatis ». À l’exception de quelques légères modifications dans l’orthographe et de l’introduction occasionnelle de jurons, cette version est la même que celle de la Bible. « Je ne puis m’empêcher d’exprimer mes soupçons, dit le Dr Henderson, que c’est l’édition du Nouveau Testament danois que Le Long mentionne, comme imprimée à Wittemberg, en 1551, car il est certain qu’il l’a confondue avec une édition de Christiern Pedersen, qu’il dit avoir été imprimée au même endroit, en 1558. On ne trouve aucune trace de ces éditions dans les bibliothèques de Copenhague, et je ne trouve pas un seul mot à leur sujet chez aucun auteur danois.

En 1582, une édition de la version des Psaumes de Christiern Pedersen fut publiée à Copenhague par Matz Viingaard, aux frais de Gregory Ulstand Fruitson, de Soit. Il a été réédité au même endroit en 1584, puis en 1586. Le Long mentionne, sur l’autorité de Bartholin, un Nouveau Testament comme ayant également été imprimé à Copenhague en 1584 par Jonas Turreson, mais aucune édition de ce genre n’est connue au Danemark.

Les progrès de la Réforme en Danemark firent naître chez les habitants de ce pays un ardent désir de posséder ces oracles de vérité auxquels leurs maîtres les soumettaient constamment comme la norme par laquelle ils devaient juger si les doctrines qui leur étaient données étaient de l’autorité divine ou simplement de l’invention humaine. L’appel à une nouvelle édition des Écritures . devenait chaque jour plus bruyant et plus impérieux ; et heureusement pour les Danois, Frédéric II, le monarque qui maniait alors le sceptre, était favorable à leurs vœux, et paraît avoir été lui-même familier avec les écritures sacrées. L’anecdote suivante a été racontée à son sujet, comme un exemple de sa connaissance des Saintes Écritures, et de son habileté à les citer avec jugement : « Un paysan, de l’île de Samsœ, était depuis quelque temps assez gênant pour Sa Majesté ; prétendant qu’il avait vu une sirène, qui lui enjoignit d’annoncer au roi que la reine serait bientôt délivrée d’un prince, qui s’élèverait à une grande éminence parmi les potentats de l’Europe, mais exigeant, comme un acte de reconnaissance reconnaissante pour cette information surnaturelle, qu’il plaisât à Sa Majesté de fixer un jour de jeûne, et mettre un terme à certains vices dominants ; dénonçant les jugements terribles du Tout-Puissant en cas de refus. Ayant été informé un jour de la nouvelle importunité de ce prétendu prophète, le roi fut un peu embarrassé ; mais, après s’être arrêté quelques minutes à la fenêtre, il se retourna et s’adressa à ses courtisans en ces termes : « Nous rendons grâces à Dieu de ce que nous sommes mieux instruits dans sa parole que de nous laisser effrayer par de tels spectres, ou d’y prêter attention. Dieu nous a envoyé sa parole, et ses serviteurs pour nous interpréter sa volonté ; et il est de leur devoir de montrer aux pécheurs le mal de leurs voies, et de leur rappeler le grand jour du compte. Mais nous n’avons reçu aucun commandement d’écouter de tels enseignants étranges et inconnus. Et même s’ils déclarent ce qui semble juste et juste, nous nous en tiendrons à nos pasteurs légitimes, et nous nous conformerons à la décision d’Abraham : ILS ONT MOÏSE ET LES PROPHÈTES, QU’ILS LES ÉCOUTENT. — Voir l’Annale de Pontoppidan. Eccles. Dan.' Diplom., t. III, p. 462.

En l’an 1586, Sa Majesté écrivit au recteur, aux professeurs, etc., de l’université de Copenhague, leur ordonnant, « avec l’aide de trois des prédicateurs de Copenhague, de lire la version de la Bible qui avait été faite sous le règne de son royal père ; de le coller avec le texte hébreu ; et lorsqu’un défaut a été constaté, ou un passage dans lequel le bon sens n’a pas été exprimé, de l’amender et de le corriger. C’est ce qu’ils devaient accomplir comme l’autorité royale l’ordonnait, et comme une question d’une telle importance qu’elle était requise, afin que la gloire de Dieu, l’avancement de la religion et le bien de l’Église puissent ainsi être promus.

Vol. II—24

A la réception de cette lettre, les chefs de l’université prirent immédiatement les mesures nécessaires à l’exécution des ordres de Sa Majesté ; et il a ordonné la révision de la Bible de la manière suivante :

1. Le PENTATEUQUE fut confié à PAUL MADSEN, D. D., évêque de Zélande, l’un des théologiens les plus savants de l’époque, et un homme des plus aimables et des plus modestes. Après avoir terminé ses études à l’université de Copenhague, il avait passé quelque temps dans des universités étrangères, notamment en Hollande. De retour dans son pays natal, il fut d’abord créé évêque de Ribe, puis élevé au plus haut siège ecclésiastique du Danemark, l’évêché de Zélande. Lorsque Jacques VI, roi d’Écosse, visita Copenhague en 1589, le docteur Madsen prononça un discours devant lui, et reçut des preuves de l’attachement de ce monarque pour les savants. {Zevergii Siellandske Clavisie, p. 92.)

2. Les PROPHÈTES ont été révisés par ANDERS LAURITSÖN, D.D., et l’un des professeurs de théologie de l’université. Après des études à Wittemberg, il remplit successivement les fonctions de recteur, de chanoine et de lecteur à Roskilde ; En 1574, il fut nommé à la chaire de théologie à Copenhague. Il mourut en 1589, l’année de la publication de la nouvelle édition de la Bible. (Lexique des vers.)

3Les PSAUMES furent attribués à M. DESIDERIUS ;

4Le reste de L’ANCIEN TESTAMENT a été révisé par le Dr JÖRGEN et M. PEDER AGESÖN ; qui étaient probablement les trois prédicateurs choisis par les professeurs pour les assister dans leur travail.

5. Le NOUVEAU TESTAMENT a été révisé par NICOLAUS HEMMINGIUS, D.D., dont le nom est célèbre dans l’histoire ecclésiastique du Danemark, à cause des troubles que lui causait son attachement aux principes de Calvin. Il était natif de Laaland ; il a passé pas moins de dix-neuf ans dans différentes écoles au Danemark ; et alla, à l’âge de trente ans plus, à l’université de Wittemberg, où il gagna l’amitié et l’estime particulières du célèbre Mélancthon. Après un séjour de cinq ans à Wittemberg, il retourna dans son pays natal et, en 1544, il fut nommé professeur d’hébreu à l’université de Copenhague. En 1553, il est nommé professeur de théologie et, en 1557, il obtient son doctorat. En 1575, un procès fut engagé contre lui pour ses opinions religieuses, à la demande de l’électeur de Saxe, qui écrivit une lettre à ce sujet à Frédéric II. On fit d’abord à son égard plus d’indulgence qu’on n’aurait pu s’y attendre en ces jours de zèle fanatique et intempérant ; mais l’année suivante, il fut obligé de révoquer ce qu’il avait publié quelque temps auparavant au sujet de l’Eucharistie ; et comme on le soupçonnait encore d’enseigner les mêmes principes, quoique d’une manière plus secrète, une nouvelle plainte fut déposée contre lui par l’électeur en 1579, lorsqu’il fut privé de son poste de professeur, et obligé de se retirer à Roskilde, où il officia comme chanoine dans la cathédrale jusqu’à sa mort. Cette dernière circonstance, jointe à sa nomination comme l’un des rédacteurs de la nouvelle édition des Écritures, fournit une preuve suffisante qu’il n’avait pas une part ordinaire de la confiance de son souverain, et rend probable, si ce n’était les clameurs importunes d’un prince étranger, qu’il aurait conservé son honorable position de professeur. Dans sa retraite, il reçut la visite du roi Jacques, qui eut avec lui une conversation sur la doctrine de la prédestination, et lui présenta une coupe d’argent, en témoignage de son estime et de son estime. Il mourut en 1600, dans la quatre-vingt-neuvième année de son âge. (Pontoppidani Annal. Eccles. Dan., t. III, p. 539, 548.)

L’aumônier de Sa Majesté, CHRISTOPHER KNOPF, participa aussi activement à l’exécution des ordres royaux concernant l’impression de la Bible, et il semble qu’il ait été le canal de communication à ce sujet entre le roi et l’université. Il était originaire de Prusse, mais vint au Danemark en 1560, en qualité d’aumônier de la reine douairière, et sept ans plus tard, il fut nommé aumônier de Frédéric II. Dans ses sentiments, il était calviniste, et c’est surtout à cause de son influence auprès du roi que la formule Concordia n’a pas été reçue en Danemark, et que le Dr Hemmingius n’a pas été traité avec plus de sévérité. Sa participation à la publication de la Bible ne semble pas non plus avoir été le résultat d’injonctions reçues de son royal maître, mais semble avoir été un engagement qu’il a pris cordialement, en vue de promouvoir les meilleurs intérêts des hommes. Dans une lettre à l’évêque Madsen, il mentionne qu’il a consacré trois ou quatre cents dollars à l’entreprise et qu’il n’a attendu que le consentement des professeurs pour les envoyer au trésorier.

Comme aucune spécification de contenu n’avait été préfixée aux chapitres dans la première édition, on résolut de suppléer au défaut, et un spécimen fut présenté en 1587, avec le premier et le second chapitre de la Genèse ; mais dans une communication de Knopf à l’évêque, ils sont déclarés contraires à la volonté de Sa Majesté, dont il a plu qu’ils ne s’écartassent pas d’un seul cheveu des Bibles de Wittemberg. En même temps, on insistait assez inconsciemment pour qu’il fût corrigé avec toute la diligence et la fidélité voulues selon le texte hébreu ; car si, dans un cas quelconque, la traduction allemande paraissait aux professeurs différer de l’original hébreu, ils devaient nécessairement être dans l’embarras pour savoir s’il fallait suivre implicitement l’allemand, ou corriger la traduction d’après l’hébreu. Cependant, deux des professeurs les plus habiles dans les langues avaient reçu l’ordre de comparer les mots et les phrases des Bibles danoises avec les textes hébreux, grecs, latins et allemands, et s’il se produisait quelque chose qui méritait d’être observé, ils devaient le noter, et ensuite le soumettre au reste des professeurs et des prédicateurs. que la correction pourrait être faite d’un commun accord. Cependant les travaux n’avançaient que lentement, probablement à cause de l’embarras occasionné par l’incohérence dont nous venons de parler ; Sa Majesté écrivit donc une seconde lettre aux chefs de l’Université en 1588, dans laquelle il leur ordonnait d’entreprendre sur-le-champ, sans plus tarder, la révision la plus diligente de la Bible ; « pour traduire les résumés et les notes marginales préparés par Luther et imprimés dans sa Bible allemande publiée à Wittemberg ; de se procurer un exemplaire de cette Bible chez Hans Aalborg, libraire à Copenhague ; et enfin de veiller à ce que la nouvelle édition soit imprimée de la manière la plus correcte et la meilleure possible.

En réponse à cette lettre, l’évêque Madsen en écrivit une en son nom et en celui de ses frères au chancelier Kaas, prétendant qu’il n’avait pas été fait mention dans l’ancienne lettre de Sa Majesté de l’ajout de résumés et d’annotations au texte ; qu’ils avaient résolu de corriger le texte s’ils trouvaient quelque écart par rapport à l’original. mais il ne voyait pas comment cela était praticable, à moins que les annotations ne fussent entièrement omises, ou changées selon les altérations introduites dans le texte ; et priant le chancelier de soumettre ces choses au roi, de les lui expliquer en détail, et de leur donner des conseils aussitôt qu’il le pourrait, sur l’avancement des travaux. Une lettre semblable fut écrite peu de temps après à Knopf, dans laquelle l’évêque déclarait l’impossibilité absolue d’altérer le texte, sans en même temps altérer les notes marginales ; et il conseilla plutôt d’imprimer les résumés de Vitus Théodoras dans un volume séparé, que de grossir la Bible à une taille incommode par leur insertion. Sa lettre se terminait par l’expression de l’inquiétude d’obtenir, soit par une lettre de Knopf, soit par le roi lui-même, quelque certitude à ce sujet. D’après les réponses de Knopf à l’évêque, il semble que le chancelier n’ait pas choisi de s’immiscer dans l’affaire sans avoir préalablement convenu le roi ; et que Sa Majesté ayant pris en considération les difficultés proposées, avait résolu ce qui suit : « Que la Bible serait imprimée d’après les Bibles allemandes imprimées à Wittemberg, avec les résumés de Vitus Theodoras, et les notes marginales et les concordances de Luther ; mais de manière à ce que le texte danois soit, dans les principaux endroits, rendu conforme à la vérité hébraïque ; — Que les scholies qui différaient du texte, ainsi corrigées, devaient être omises, mais que celles des notes de Luther qui s’accordaient avec lui devaient être conservées ; — Qu’il serait dangereux (periculosam esse) d’ajouter de nouvelles notes ; — et que le texte, une fois corrigée, doit être envoyée à Knopf avant d’être imprimée. Des instructions ont également été données à Knopf, afin qu’il soit nécessaire de prendre soin d’éviter que le volume ne dépasse la taille appropriée ; et la commission fut informée que Sa Majesté était très satisfaite des peines et de la diligence de l’évêque et de ses collègues, et qu’il s’était approprié une certaine somme pour la rétribution de leur peine. Des lettres d’une portée similaire furent envoyées la même année à la commission, par le chancelier également, dans lesquelles les membres ils furent assurés qu’ils n’avaient pas encouru le mécontentement du roi, mais qu’il espérait qu’ils mettraient tous leurs nerfs en œuvre pour achever la Bible ; qu’il doit être imprimé en colonnes ; et que, s’il y avait quelque doute sur la justesse des notes de Luther, ils étaient libres de les omettre. (MS. Registre, ut. sup.)

Après ces communications, les travaux se poursuivirent avec plus de célérité, et furent achevés l’année suivante, mais non sans la mort de Frédéric II, qui tomba dans la tombe en 1588. Il a été imprimé à Copenhague, en 1589, en grand in-folio. Au verso de la page de titre se trouve le portrait de Frédéric II, et sur la page opposée se trouvent les armes danoises. Le papier est de la même qualité que celui utilisé dans l’édition précédente, mais les caractères sont considérablement plus grands. Les gravures sur bois sont conservées, et la première lettre de chaque chapitre est également frappée d’une gravure sur bois. Chaque page est divisée en deux colonnes parallèles, de part et d’autre desquelles se trouvent les notes et les références de Luther. Il est divisé en trois parties ; et à la fin de chacune, la date à laquelle elle a été terminée ; c’est-à-dire le premier en 1588, et les deux derniers en. 1589.

Un « Discours » est préfixé, écrit, très probablement, par l’évêque Madsen, dont voici un extrait :

« . . C’est ainsi qu’il faut féliciter ceux qui, avec des vues chrétiennes, ont eu soin de faire traduire ce livre (la Bible) en différentes langues, afin que tous puissent le lire dans leur propre pays et dans leur propre langue, parmi lesquels doit être compté notre défunt monarque de bienheureuse mémoire, Frédéric II, qui, il y a environ cinq ans, a promu : à grands frais, la publication de la Bible islandaise ; et constatant que la Bible danoise que le roi Christian avait fait imprimer pour la première fois il y a environ quarante ans était maintenant vendue, et qu’il n’y avait plus d’exemplaires à avoir ; et pourtant, béni soit Dieu ! il y en avait beaucoup qui nourrissaient un grand désir d’avoir sa parole en leur possession, Sa Majesté a eu la grâce non seulement de permettre que la Bible soit réimprimée, mais aussi l’année qui précéda que Dieu Tout-Puissant l’appelât à son royaume éternel, pour donner la ferme charge à certains de cette université d’entreprendre l’œuvre et de l’exécuter avec la plus grande diligence possible. Et pour qu’il fût plus facile de le comprendre, Sa Majesté jugea à propos de faire traduire en danois les préfaces et les gloses marginales de Luther, ainsi que les résumés de Vitus Theodoras, et de les insérer à leur place ; qui œuvrent, béni soit Dieu ! est maintenant terminée dans le courant d’un an et demi à compter de son commencement.

 Cette édition sera notée par la suite, dans le récit des versions islandaises.

2

Ce discours est suivi de la préface de Luther ; une liste des livres de la Bible, dans laquelle les livres apocryphes sont déclarés ne pas être dans l’hébreu ; et un registre, ou concordance ; et à la fin du Nouveau Testament est placée une table des épîtres et des évangiles, lus dans les églises les dimanches et les jours de fête.

Le texte a été supposé par Pontoppidan (Hist. Eccles. Dan., t. III, p. 514), Zwergius (Siellandske Clerisiep. 104) et Wandalin (Epist. apud Mayer, de Vers. Lutherip. 69,) ne différant guère de celle de l’édition précédente, si ce n’est par une orthographe plus moderne et un style plus poli ; mais le Dr Ebenezer Henderson, dans un manuscrit intitulé « View of the Danish Bibles », présenté à la bibliothèque de la British and Foreign Bible Society, a montré, par un examen critique des deux éditions : que cette supposition est inexacte, et que les savants éditeurs se sont efforcés en beaucoup d’endroits de rendre la traduction plus agréable à l’original. Il ajoute que « l’on ne trouve que peu ou pas d’altération dans ces passages, dont la traduction particulière a été occasionnée par une lecture différente du texte hébreu ou grec, ce qui montre le peu de progrès que la critique biblique avait fait à cette époque en Danemark. » Le Dr H. remarque en outre qu’il ressort d’un registre manuscrit conservé dans les archives de l’université de Copenhague, qu’il avait lu, que les altérations introduites dans cette dernière édition étaient principalement tirées de la Bible de Zurich, et d’autres versions, alors réputées pour leur exactitude et leur fidélité ; et il conçoit que les éditeurs adopteraient d’autant plus facilement ce mode de correction, que certains professeurs sont attachés aux doctrines de Zuingle et de Calvin, dont l’introduction d’une certaine interprétation d’un passage en faveur de leurs vues est conjecturée avoir jeté les bases des grandes disputes mentionnées par Pontoppidan. dans le troisième volume de ses Annales ecclésiastiques.

Au synode d’Odense, tenu l’année même de la publication de cette Bible, il fut ordonné : « Que chaque église se procurerait une Bible danoise, conformément à la volonté de Sa Majesté ; que le clergé se munit de Bibles latines ; et qu’ils devraient prendre conscience d’en lire une partie chaque jour, afin qu’ils puissent non seulement être édifiés eux-mêmes, mais aussi être qualifiés pour édifier les autres.

En 1591, une nouvelle édition des Psaumes de David, publiée d’abord par Palladius et Lætus, parut à Copenhague, in-8°. Une autre édition a été publiée au même endroit en 1598 ; et un troisième à Lübeck en 1599 ; qui doit être l’édition qui, selon Le Long, a été publiée en allemand et en danois.

 Henderson’s MS. Hist, des Bibles danoises.

La soumission de L’ISLANDE au gouvernement du Danemark en fait le prochain champ de nos recherches bibliques. L’intéressante histoire du Nouveau Testament d’Oddur Gottshalkson a déjà été racontée dans un chapitre précédent ; et une vue d’ensemble présentée de l’état primitif de la littérature biblique en Islande. Nous remarquons donc qu’en 1562, Olaf Hialteson, le premier évêque luthérien de Holum, publia un petit volume in-quarto, appelé Gudspialla Bok, contenant les Évangiles et les Épîtres, rangés dans l’ordre selon lequel ils devaient être lus dans son diocèse, choisis principalement dans la traduction d’Oddur. Il a été imprimé à Breidabolstad, par Jon Matthieson, le premier imprimeur d’Islande ; et a été plusieurs fois réimprimé.

Une traduction des Proverbes de Salomon en norrois ou islandais, parut aussi en 1580, imprimée à Holum, en grand in-12 ; on suppose que c’est la même que celle qui avait été commencée vingt ans auparavant par Gissur Einaison, le premier évêque luthérien de Skalholt, qui traduisit aussi le livre de Sirach, imprimé la même année, à Holum. Il a été réalisé à partir de la version allemande de Luther, à l’exception de quelques corrections de la Vulgate.

En 1584, le célèbre et pieux Gudbrand Thorlakson, évêque de Holum, publia la première édition de toute la Bible. Pour accomplir ce grand travail, dont il avait formé le dessein en étant élevé au siège de Holum, il acheta l’imprimerie qui avait été établie à Breidabolstad par Jon Areson, le dernier évêque catholique de Holum, et la fit transporter, d’abord dans une ferme concédée par Sa Majesté danoise pour une résidence perpétuelle à l’imprimeur et à ses successeurs. et enfin à Holum, afin qu’il pût être sous son inspection immédiate. Comme il était un grand mécanicien, il introduisit diverses améliorations qui rendirent les productions typographiques de sa presse bien supérieures à celles qui en étaient sorties autrefois. L’imprimeur qu’il employait était Jon Johnson, qui, à la demande d’Ins, se rendit à Copenhague, afin de se perfectionner dans ses affaires. L’impression de la Bible fut achevée en juin 1584, au fol., sous les auspices, et en partie aux frais de Sa Majesté Frédéric II. Les pages sont numérotées avec des majuscules, à la manière de la Bible allemande ; et les chapitres sont divisés en paragraphes, distingués aussi par des majuscules placées dans la marge. Gudbrand a également orné l’œuvre d’un certain nombre de gravures, principalement conçues et gravées par lui-même.

La version qui a été faite à partir de la traduction de Luther doit être considérée comme la production de personnes différentes. Pour le Nouveau Testament, la traduction d’Oddur Gottshalkson a été adoptée, après avoir été révisée et corrigée par l’évêque ; ainsi que certains livres de l’Ancien Testament, par la même main. La version des prophètes et les deux livres des Maccabées ont été tirés d’une traduction de Gisle Jonson, que l’évêque Ogmund surprit en train de lire une partie du Nouveau Testament, mais qui fut ensuite promu au siège épiscopal de Skalholt. L’exemplaire manuscrit est maintenant en possession du révérend Dr Henderson. On dit de ce traducteur qu’il « était un homme pieux, diligent et modeste, qui déploya tous ses nerfs pour extirper les superstitions du papisme et établir la vraie religion à leur place. Il connaissait bien le latin, mais étudiait surtout le danois et l’allemand ; et il était assidu à lire les meilleurs auteurs, qui avaient écrit en eux, et surtout les Saintes Écritures. Mais, bien que Gudbrand se soit prévalu de la traduction de Gisle, il s’est donné beaucoup de mal pour la corriger, l’insérant auparavant dans son édition de la Bible. Les autres parties de l’Ancien Testament semblent avoir été traduites par l’évêque Gudbrand lui-même. C’est aussi à lui que revint la correction de la presse et la direction de l’ensemble de l’ouvrage, qu’il poursuivit avec tant de vigueur et de diligence, et dans lequel il déploya une telle habileté, que sa version « est encore considérée par les érudits d’Islande comme une sorte de norme, selon laquelle toute bonne traduction doit être modelée ; et s’il n’y avait pas la phraséologie obsolète inséparable de l’époque à laquelle elle a été faite, elle pourrait être considérée comme absolument inimitable.

L’épreuve se composait de mille exemplaires, dont cent furent envoyés à Hambourg pour être reliés, et un relieur se procura de cette ville pour relier le reste. Les exemplaires, une fois reliés, étaient vendus à des églises et à des particuliers plus pauvres pour environ huit ou neuf rix dollars (environ 2 livres sterling ;) et à ceux qui sont dans de meilleures conditions, pour dix ou douze ; en outre dont un nombre considérable d’exemplaires furent donnés gratuitement par l’excellent évêque, à quelques-unes paroisses dix, à d’autres vingt, accompagnés de ses vœux pieux au profit des receveurs.

En 1609, l’évêque Gudbrand publia une édition du Nouveau Testament séparément, en petit in-octavo, pour un usage général. Cette édition, il l’avait révisée et corrigée d’après les traductions les meilleures et les plus correctes dans d’autres langues, qu’il avait pu obtenir après la publication de la Bible.

Mais Gudbrand ne s’efforça pas seulement de fournir à ses compatriotes les Saintes Écritures et d’autres livres utiles pendant sa vie ; mais dans le cas où son fils ne serait pas qualifié ou disposé à continuer l’imprimerie après sa mort, il légua l’imprimerie à la cathédrale de Holum, afin que ceux qui lui succéderaient puissent continuer à promouvoir les meilleurs intérêts du peuple.

Le livre sacré que cet excellent prélat tenait tant à mettre dans le mains des habitants de l’Islande était la source de sa propre consolation et espoir. Au milieu des divers troubles dans lesquels il a été impliqué, la parole de Dieu lui a donné des encouragements et une direction ; et, à la fin de sa vie, il découvrit une confiance inébranlable dans les vérités qu’elle révèle. « Pendant sa dernière maladie, la Bible était constamment posée sur le lit à côté de lui ; et, bien qu’il fût incapable de lire ou de manier l’in-folio encombrant (étant affecté dans son élocution et dans son côté droit par la paralysie), il indiqua les passages qu’il désirait qu’on lui lise pour son édification et son réconfort. Il mourut le 20 juin 1627, dans la quatre-vingt-cinquième année de son âge, après avoir rempli sa charge officielle pendant l’espace de cinquante-six ans.

 L’Islande de Henderson, vol. II, App. i, pp· 269 à 284.

Tournons-nous maintenant vers la Suède. Ce malheureux royaume était condamné depuis de nombreuses années à subir les funestes effets de l’asservissement et de la guerre ; et bien que son héroïque souverain, Gustave Vasa, ait favorisé l’influence de la Réforme parmi les Suédois et encouragé une traduction suédoise de la Bible, l’opposition du parti catholique romain et l’état confus du royaume ont empêché toute tentative très étendue de faire circuler les Écritures vernaculaires pendant la dernière partie du seizième siècle. Il est vrai que certaines éditions de tout ou partie de la Bible ont été imprimées, mais elles étaient probablement peu nombreuses en comparaison de ce qui aurait été publié, si le grand Gustave n’avait pas été limité dans ses projets par l’état troublé de ses États.

En 1549, une traduction suédoise des livres de Job, de l’Ecclésiastique, de Judith, d’Esther, de l’Ecclésiaste, et de deux autres livres de Salomon, fut imprimée à Stockholm, en in-8°, par Amund Laurentson.+

+ Adleri Binlioth. Biblica Lorckiana, Plut., xii, p. 121.

Les Psaumes, traduits en suédois par ordre de Gustave Ier, furent imprimés à Stockholm en 1554 et 1557. Une autre traduction des Psaumes par Peter Michaelis, avec l’Exposition de Spangenberg de l’allemand, a été publiée à Rostock, 1574, en dvo. D’autres éditions in-8 ont été imprimées en 1589 et 1597, le le premier à Stockholm, le second à Rostock, avec le g.oss de P. J. Gothus. Outre l’édition de la Bible en 1541, le Nouveau Testament en suédois a été imprimé à Stockholm, en 1550, en 4to., d’après la version d’Amund Laurent, un Danois ; et toute la Bible à Upsal, 1576,  au fol.+

On doute de l’existence de cette édition, car elle semble avoir été inconnue de J. Baazius anól Walch ; et ne se trouve pas dans la Bibliotheca Biblica d’Adler.

+ Le Long, tom. t. I, p. 417, 419, 420. Paris, 1723.

Dans le concile d’Upsal, tenu en 1593, on reconnut qu’il était désirable d’obtenir une nouvelle traduction de la Bible, qui pût se rapprocher de la dernière édition de la version allemande de Luther ; mais rien ne fut fait jusqu’au commencement du siècle suivant, sous le règne de Charles IX, lorsque Jona Petrie, L’évêque de Strengnas, assisté d’autres savants, reçut l’ordre de rassembler la Bible suédoise, avec les deux éditions de la Bible de Luther, de 1534 et 1545, en vue d’une nouvelle traduction. Le résultat de la collation a été publié par la suite sous le titre d’Observationes Stregnenses.++

++ Acta Eruditor, Lipo. A. 1704, p. 342, in-4°.

En 1548, le Nouveau Testament et les Psaumes, traduits en FINNOIS par Michel Agricola, furent imprimés à Stockholm en 4to, sous la sanction du roi de Suède.§

§ Le Long, tom. t. I, p. 447. Seckendorf, Comment, de Luther, lib. i, sec. 57, sec. 1A9, p. 267.

MICHAEL AGRICOLA était originaire de la province de Nyland, en Finlande. Il étudia la théologie et la médecine à l’université de Wittemberg, et fut recommandé par Luther à Gustave Ier, qui le nomma recteur d’Abo, en 1539 ; et ensuite il l’envoya comme missionnaire auprès des habitants obscurs de la Laponie. En 1554, il fut nommé évêque d’Abo, puis se rendit en Russie avec Laurentius Petri, dans le but d’avoir une conférence avec le peuple de ce pays. Il mourut en 1556 ou 1557. Outre le Nouveau Testament et le Psautier, il aurait traduit en finnois un ouvrage intitulé " Rituale Ecclesiæ ab erroribus pontificiorum repurgatus.||

|| Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 541. Chalmers, vol. I, p. 235.

2

En 1574, le Nouveau Testament, in-4°, en langue HONGROISE, fut imprimé à Vienne, mais, comme on le voit, sans le nom du traducteur. La première édition de toute la Bible dans cette langue a été publiée à Wysolyin, ou Visoly, près de Gönz, en 1589, en 4to. GASPARD CAROLI, OU KAROLI, pasteur de l’église de Gönz, et doyen des Frères de la vallée de Caschau, est l’auteur de cette version. Il était originaire de Hongrie et avait étudié à Wittemberg, où il s’était probablement imprégné des principes de la Réforme.

Animé du désir de communiquer la Bible à ses compatriotes dans leur propre langue, il entreprit le travail laborieux de la traduction, et employa Albert Molnar, alors jeune homme, et plus tard régent du collège d’Oppenheim, à corriger la presse et à transporter l’ouvrage à l’imprimeur et à en revenir. Afin de faciliter le travail, le comte Stephen Bathory invita Valentine Manskovitz, imprimeur, d’Allemagne, et établit une imprimerie à Visoly, ville qui appartenait au comte et qui n’était pas très éloignée de la résidence du traducteur. La traduction sortit de la presse, comme nous l’avons vu, en 1589. Clément cite les vers suivants, et l’épitaphe sur Caroli, de Deliciæ Poetarum HungarorumFrancof. ad Moen., 1612, in 12mo., p. 100. 340

« Pontificium tenebris alte Plebs mersa jacebat,

Et sine cœca libris, et sine luce cohors.

Indoluit Caspar Carolinus, et auspice Christo,

Præside Rabochio, Biblia versa dedit.

Edocuitque omnes, et sidera lætus adivit,

O pieux magnanimi vitaque morsque viri !

Epitaphium :

Patria, Carolium : Hospitium Viteberga ; Cathèdre

Et tumulus· magno Goncia terra viro est.”

Dans la préface de sa traduction, notre savant auteur nous apprend qu’il a consulté non seulement les originaux hébreux et grecs, mais aussi la Vulgate, et les versions de Vatablus, de Pagninus, de Munster et de Tremellius, afin de présenter au public une version aussi exacte que possible. On ne pouvait cependant pas supposer qu’un ouvrage d’une telle ampleur et d’une telle difficulté fût perfectionné du premier coup, et Albert Molnar, son assistant, le révisa et le réédita par la suite.+

Une traduction catholique romaine de l’Ancien Testament, en langue hongroise, a été faite vers la fin de ce siècle par ÉTIENNE ARATOR, dont le vrai nom était Szantus, mais n’a jamais été imprimée. Le traducteur était hongrois de naissance et on dit qu’il connaissait bien les langues hébraïque, grecque et latine. En 1592, il prononce les vœux de l’ordre des Jésuites ; et continua l’intrépide défenseur de leurs principes jusqu’à sa mort, qui arriva à Olmutz, en 1612, dans la soixante-dixième année de son âge, et la cinquantième de sa profession religieuse. Il est l’auteur d’un catéchisme en langue hongroise.

Alegambe, p. 425. Le Long, tom. t. I, p. 447.

Les travaux bibliques des frères de Bohême, ou Unitas Fratramqui, au milieu de toutes les persécutions auxquelles ils ont été soumis, ont poursuivi la diffusion de la vérité scripturaire, sont également très dignes de notre considération. Dès la fin du XVe siècle, ou commencement de ce siècle, ils avaient eu soin d’obtenir une traduction vernaculaire de la Bible, qui avait été plusieurs fois réimprimée. La première édition avait été imprimée à Venise, et les deux éditions suivantes à Nuremberg ; après quoi, des imprimeries furent établies à Prague, à Bunzlau, en Bohême, et à Kralitz en Moravie, où, au début, on n’imprimait que des Bibles de Bohême. Des éditions de la Bible de Bohême ont été imprimées à Prague en 1549, 1556, 1557, 1561, 1577, toutes in-folio. Il y avait aussi des éditions d’une taille plus petite, et par conséquent plus portables.+

+ Crantz' History of the Brethren, partie II, sec. 19, p. 35. Le Long, tom. t. I, p. 438. Adleri Biblioth. Biblica, &c., Plut, xlvi, p. 134-136.

Une traduction du Nouveau Testament en langue bohémienne a été faite à partir de l’original grec par John Blahoslaus, et imprimée en 1564, in-12. Il y avait les passages parallèles notés dans la marge.

JEAN BLAHOSLAUS, OU BLAHOSLOW, le traducteur de ce Nouveau Testament, probablement le premier qui ait été fait directement à partir du grec, était l’un des évêques de l’Unitas Fratrum. Ses études avaient été poursuivies sous Trotzendorf, à Goldberg, à Wittemberg, à Königsberg et à Basile. Il est l’auteur d’une « Histoire de l’unité » et d’une « Vie des principaux ministres ».++

++ Histoire des Frères de Crantz, partie IV, p. 79. Adler, ut sup.

2

Au fur et à mesure que la connaissance de la littérature biblique s’étendait et que les langues originales des Écritures devenaient plus générales et plus critiques, l’attention s’est portée sur les textes hébreux et grecs, et des versions vernaculaires ont été immédiatement faites à partir d’eux. C’était le cas des frères de Bohême ; la publication de la Bible polyglotte d’Anvers, et de la version latine de Junius et Tremellius, avec d’autres ouvrages semblables, avait éveillé le désir d’avoir une autre traduction bohémienne, faite à partir des textes originaux. Dans ce dessein, ils envoyèrent quelques-uns de leurs jeunes élèves à Wittemberg et à Basile, pour acquérir la connaissance de ces langues ; comme quelques nobles d’entre eux l’avaient fait auparavant avec leurs propres fils, qu’ils avaient envoyés, sous l’inspection d’un diacre, dans les universités allemandes et autres, pour étudier les langues et la théologie.

Les savants choisis pour la grande œuvre de la traduction bohémienne des Écritures furent Jean Énée, M. A., l’un des évêques ou doyens de l’Unitas Fratrumet président pendant quatre ans, à qui fut confiée l’inspection principale de l’œuvre. Il meurt en 1594. Albert Nicolaï, Silésien : Luc Helitz, ou Helicæus, natif de Posnanie, en Pologne, homme savant et pieux, et ministre de l’Évangile parmi les Bohémiens. Il était d’origine juive, son père étant un juif converti. Isaïe Cæpolla, un Bohémien ; et George Stregicius, ou Wetter, un Bohémien, co-aînés, ou évêques, ce dernier mourut en 1599. John Éphraïm, Bohémien, le plus âgé des frères, qui avait étudié à Heidelberg. Il meurt en 1608. Paul Jessenius, Bohémien, né à Hunnabrod, et l’un des aînés des frères. Il meurt en 1600. Et enfin, John Capito, un autre ministre de Bohême.

Dans le but de poursuivre leur importante entreprise avec le plus grand succès, le château de Kralitz, en Moravie, leur fut assigné par Jean, baron de Zerotin, ou Schérotine, le grand protecteur de l’ouvrage, et aux frais duquel il fut publié. Pour la commodité des traducteurs, et pour que l’impression pût être exécutée sous leur direction personnelle, il établit une imprimerie dans le château ; sa propre résidence étant à Namest, dans le voisinage. La traduction a été achevée en quatorze ans, ayant été commencée en 1579 et terminée en 1593. La première partie, ou volume, contenant le Pentateuque, a été publiée en in-4°, le 29 mai 1579 ; la seconde partie, ou volume, en 1580 ; le troisième en 1582 ; la quatrième en 1587 ; le cinquième en 1588 ; et le sixième, contenant le Nouveau Testament, avec des annotations, en 1593. L’auteur des annotations était Jean Niemchan, l’un des aînés, ou évêques, des frères de Bohême, un Bohémien, né à Hunnobrod. Il meurt en 1611. D’autres éditions de cette version ont été publiées en 1595 et 1596, in-8 ; et en 1601, la traduction fut révisée, et les annotations corrigées et augmentées, par l’évêque ou l’aîné, Zacharias Aston, ou Ariston. Cette édition était en 4to.

♦ Clément, Bibliothèque Curieuse, t. III, p. 437-442. Crantz' History of the Brethren, partie II, p. 36 ; et partie IV, p. 79. Le Long, tom. t. I, p. 438,439 ; et Index Avclor. Adleri Biblioth. Biblica, Plut, xlvi, p. 134-136.

La première traduction de toute la Bible dans le dialecte lituanien a également été faite au cours de la dernière partie de ce siècle. Le traducteur était Jean Bretkius, de Bammeln, près de Friedland, et curé de Labiau. Il commença par le Nouveau Testament, qu’il commença le 9 octobre 1579 ; et ayant été appelé au poste de pasteur de l’église lituanienne de Königsberg, il se mit à lire les Psaumes et d’autres livres de l’Ancien Testament, et termina toute la Bible en 1590. Bretkius n’eut pas le plaisir de voir imprimer sa traduction, mais l’exemplaire manuscrit fut déposé par lui à la bibliothèque royale de Königsberg ; le Nouveau Testament, avec les Psaumes, occupant trois volumes, en 4to. ; et le reste de l’Ancien Testament en cinq volumes, in-folio.

Jean Rhésa, le successeur de Bretkius, assisté de quelques autres ministres qui connaissaient la langue lituanienne, corrigea les Psaumes de cette traduction, et les publia avec la version allemande de Luther en 1625. Une préface a été préfixée par John Behme, premier aumônier de l’électeur, George William, sur l’ordre duquel elle a été écrite.

 Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 166, 167.

Les Écritures VANDALES se présentent ensuite à notre attention. Sous cette dénomination sont incluses les traductions dans les dialectes de la langue slave qui sont parlés en Camiole, en Carinthie, en Styrie, en Croatie et en Istrie. La première de ces versions a été faite par Primus Truber, un pasteur luthérien. Le projet de le former semble provenir de Jean Ungnad, baron de Sonneck, de la famille noble des comtes de Weissenfelswoolf. Il gouverna quelque temps la Styrie et la Carinthie, sous l’empereur Ferdinand Ier, mais, pour des raisons de liberté religieuse, il quitta son pays natal et se retira dans les États de Christophe, duc de Wurtemberg, qui le reçut avec hospitalité. Il résida d’abord à Arach, et, animé d’un ardent désir de propager les vérités de la religion dans son pays et dans les provinces environnantes, il fit traduire divers ouvrages dans différents dialectes slavons, et même en langue turque, et les distribua à ses frais. Pour mieux faire avancer ses projets de bienfaisance, il fonda, en 1561, une imprimerie à Tübingen, sous la direction de Primus Truber ; Antoine Dalmata, prêtre de Serbie ; et Stephen Consul, prêtre de Bosnie ; dans le but exprès d’imprimer des ouvrages en caractères cyrilliens, glaglolithiques et latins. Il fut aidé dans cette entreprise par la munificence de Maximilien, roi de Bohême, les électeurs de Saxe, de Brandebourg, et le palatinat, le landgrave de Hesse, et le duc de Wurtemberg. Les principaux ouvrages qui sortirent de cette presse furent les traductions du Nouveau Testament et des Psaumes, en croate, ou plus probablement en dialecte carniolien, par Primus Tiuber ; car, bien que Le Long et d’autres disent qu’il s’agit de la première langue, le Dr Pinkerton affirme que les Croates « n’ont aucune partie des Saintes Écritures dans leur langue, à l’exception des évangiles pour les dimanches et les jours fériés, et Le Long signale une édition des « Évangiles pour les dimanches et les jours fériés », en dialecte croate, par Primus Truber, Antoine Dalmata, et Étienne Consul, imprimé à Tragurium, ou Trau, en Dalmatie, 1562, in-4°. ; et une autre édition des Évangiles et épîtres de l’année, imprimée à Venise, 1586, in-folio. Le Nouveau Testament de Truber a été publié à Tübingen, en deux parties ; le premier, contenant les Évangiles et les Actes des Apôtres, en 1562 ; la seconde, comprenant les Épîtres et l’Apocalypse, en 1563, in-4°. Selon Le Long, une édition de ce Nouveau Testament avait déjà été imprimée au même endroit en 1553. Dans la préface, Truber observe : « Les habitants de la Croatie, de la Dalmatie, de la Bosnie, de la Serbie et de la Bulgarie, n’ont jamais eu jusqu’à présent tous les livres de l’Écriture, ni aucun catéchisme, traduits dans leur langue ; ils n’utilisent que des missels, des bréviaires et d’autres livres liturgiques. En 1565, une autre édition du Nouveau Testament de Truber (dédiée à Albert, marquis de Brandebourg) fut imprimée à Tübingen, en deux vol. in-4°. ; et en 1577, en deux vol. in-8°. Les Psaumes, traduits par Truber, furent également imprimés à Tübingen en 1566, in-4°. En 1581, Truber révisa et corrigea sa traduction du Nouveau Testament et dédia cette édition à Lewis, duc de Wurtemberg. La dédicace est datée du 1er mai 1582. Il a été imprimé à Tübingen, deux vol. in-4°. La page de titre du premier volumeume est daté de 1582 ; tandis que la seconde est datée de l’année précédente, 1581. Le dernier feuillet du premier volume présente un portrait de Truber, d’après une gravure sur bois. L’imprimerie érigée par le baron Ungnad était comparativement d’une très courte durée, car le gouvernement autrichien saisissait et supprimait les livres qu’il publiait. Herman Fabricius Mosemannus remarque ainsi la traduction vandalique du Nouveau Testament, qu’il appelle à tort « la Bible », puisque Truber n’a pas traduit l’Ancien Testament. Jean Ungnad, baron de Sonneck, en Croatie, à l’époque de la confession d’Augsbourg, fit traduire la Bible en langue slavonne à Aurach, dans le duché de Wurtemberg. Dans cette traduction, il employa trois savants Slaves ; le premier s’appelait Primus Truber, le second Antoine Dalmata et le troisième Étienne Consul. Mais ces livres ont été saisis sur la route, et sont encore enfermés dans des tonneaux à Neustadt, en Autriche. Le caractère est tout à fait singulier, ressemblant presque à un caractère asiatique ou syriaque, avec des lettres assez grandes et carrées. Un exemplaire de cette Bible se trouve dans la bibliothèque du landgrave de Hesse. Il en existe aussi quelques copies en Slavonie. Les éditions de 1562, en in-4°, et de 1582, en in-8°, se trouvent dans la bibliothèque du roi de Wurtemberg. Le baron Ungnad mourut à un âge avancé, en 1565, laissant un digne exemple de piété et de véritable usage des richesses.

 Freheri Theat. Viror. Erud., iie partie, sec. 3, p. 767. Norib., 1688, fol. Clément, Bibliothèque Curieuse, tom. t. IV, p. 199 à 205. Kohlii Introductio in Hist. Litt. Slavorum, pp. 154-158. Altonaviæ, 1729, 8 vol. Adleri Biblioth. Biblica, Plut, xlv, p. 131, 132. Bacmeister, Essai sur la Bibliothèque, &c., de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, p. 107. Extraits de lettres du révérend Robert Pinkerton, etc., imprimés par la Société biblique britannique et étrangère, p. 35. Lond., 1817, 8 vol. Le ■ Long, tom. t. I, p. 443. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xxx, p. 46.

PRIMUS TRUBER naquit à Rosterlic, en Carniole, en 1508. Alors qu’il était enfant, il a été envoyé à Saltzbourg pour y être éduqué ; De là, il se rendit à Vienne, où il obtint un soutien pendant ses études en sollicitant l’aumône, selon la coutume de ce pays et de ce temps-là. En 1527, il fut ordonné pasteur de Lach, et en 1542 il reçut le titre de chanoine de Laybach. La résolution avec laquelle il s’opposa aux superstitions catholiques romaines et soutint plusieurs des doctrines de Luther provoqua une violente persécution contre lui, dans laquelle sa bibliothèque, évaluée à plus de quatre cents florins, fut détruite. Il quitta donc l’Allemagne et retourna en Carniole ; mais en 1548 ses adversaires l’obligèrent à chercher un nouvel asile à Nuremberg. De là, il fut invité à Rotenberg, où il servit fidèlement l’église de cet endroit pendant un certain temps, et se maria également. En 1552, il fut choisi comme pasteur de l’église de Campis, ou Kempten, et y prêcha l’Évangile jusqu’en 1560, date à laquelle il fut rappelé par les Carniolans et démissionna de sa charge. Mais on mit de tels obstacles à son retour, qu’on jugea plus à propos qu’il restât en Allemagne, et il accepta le curé d’Aurach, qui lui fut conféré par Christophe, prince de Wurtemberg. Sur ces entrefaites, Primus Truber ayant inventé une manière d’écrire les dialectes vandales (qui n’avaient jamais été écrits ni imprimés auparavant) en caractères latins ou romains, il fut engagé par le baron Ungnad, aidé de la munificence du duc de Wurtemberg, pour entreprendre l’établissement d’une imprimerie vandale à Tübingen. Il accomplit ce travail, et y imprima ensuite son Nouveau Testament vandale. Après seulement un an à Aurach, il fut de nouveau appelé à Laybach, et, avec la permission du duc de Wurtemberg, transféré dans cette église en 1562 : ses vues éclairées sur les doctrines de l’Écriture renouvelèrent ses troubles, et il fut cité au tribunal de l’évêque de Laybach. Il défendait ses doctrines avec une intrépidité chrétienne ; mais la malveillance de ses ennemis triompha, et il reçut l’ordre de quitter la place. Il s’établit enfin à Deredingen, dans les environs de Tübingen, et y résida jusqu’à la fin de sa vie, vénéré et honoré ; continuant, tant que sa santé le lui permettait, à prêcher, à administrer les sacrements, à visiter les malades et à se livrer à tous les actes de bienfaisance avec gaieté et libéralité. Il. fut appelé à sa récompense éternelle, le 29 juin 1586, dans la soixante-dix-huitième année de son âge. Dans une lettre adressée aux députés de Carniole au cours de la dernière année de sa vie, il s’inscrit ainsi : « Primus Truber, ancien chanoine ordinaire, appelé et confirmé à Laybach, curé à Lach, à Tuffer, près de Ratschach, et à Saint-Barthélemy, aumônier à Saint-Maximilien, de Cilly, prédicateur slavon à Trieste, et après la première persécution prédicateur à Rosembourg-sur-le-Tauber, pasteur à Kempten et à Aurais, (Aurach ?) ensuite prédicateur dans les États de Carniole, et à Rubia, dans le comté de Goergh, et après la seconde persécution pasteur à Cauffen, et maintenant à Deredingen, près de Tübingen. Outre le Nouveau Testament, notre auteur a publié, en dialecte vandale, le Catéchisme de Luther, les Lieux communs de Mélancthon, et d’autres ouvrages théologiques.

Vol. II.—25

Vers l’époque où Truber publia son Nouveau Testament, George Dalmatin, un autre théologien luthérien, forma le dessein de favoriser ses compatriotes par une traduction de toute la Bible, dans leur langue vernaculaire ; pour ce faire, il n’épargna ni soins ni peines. Il commença donc une traduction de la Bible à partir des originaux hébreux et grecs, en comparant soigneusement sa version avec celle de Luther. En 1578, il publia le Pentateuque en LANGUE CARNIOLIENNE, en lettres romaines, tel qu’il avait été inventé par Truber ; et, vers la même époque, les Proverbes de Salomon et de l’Ecclésiastique. La traduction de Dalmatin est approuvée par les États de Carniole, de Styrie et de Carinthie, ils prirent la résolution de le fit imprimer, et ordonna à cet effet à Jean Mannel, ou Manlius, imprimeur de Laybach, de fournir ce qui était nécessaire pour compléter l’épreuve ; mais l’archiduc Charles d’Autriche, ayant été informé de ce projet, défendit à Mannel de publier la Bible, sous de sévères peines. Les États n’abandonnèrent pas cependant leur dessein, mais députèrent un certain nombre de théologiens, qui s’assemblèrent à Laybach le 24 août 1581 pour examiner et réviser la traduction. Il s’agit de Jeremiah Hamburger, D. D., pasteur et surintendant des églises évangéliques de Gratz, député de Styrie ; Bernard Steiner, curé de Klagenfurt, député de Carinthie ; notre George Dalmatin, député de Carniole ; auquel s’attachèrent Christofle Spindler, pasteur et surintendant de Laybach ; Adam Bohoritz, ou Bohorizh ; John Schweiger ; et Felician Truber. Constatant qu’aucune impression de cette Bible ne serait permise dans les possessions autrichiennes, les États envoyèrent George Dalmatin et Adam Bohoritz à Wittemberg, avec des recommandations à l’électeur de Saxe. Ils commencèrent leur voyage le 10 avril 1583 ; et, à leur arrivée à Wittemberg, ils s’engageaient avec Samuel Seelfisch, libraire, pour un tirage de quinze cents exemplaires, contenant chacun deux cent quatre-vingts feuilles du plus gros papier, à imprimer avec de beaux caractères et ornés de gravures sur bois, que les États de Carniole devaient payer à raison de vingt florins pour chaque balle de cinq cents feuilles. La dépense de l’ensemble de l’impression fut d’environ huit mille florins ; à laquelle les États de Styrie contribuèrent mille florins, ceux de Carinthie neuf cents, et les États évangéliques de Carniole six mille cents. Ils commencèrent à imprimer la Bible le 28 mai 1583 et l’achevèrent en l’espace de sept mois. Il était divisé en trois parties : la première contenant les préfaces de Dalmatin et de Luther, une table des matières, et le texte sacré jusqu’à la fin du Cantique des Cantiques ; la seconde contenant le reste de l’Ancien Testament, et les livres apocryphes ; une préface générale aux livres prophétiques, et la préface de Luther à la prophétie d’Isaïe : la troisième comprenant tout le Nouveau Testament, accompagnée d’un tableau des Évangiles et des Épîtres dominicales ; et un tableau, ou lexique, des mots du dialecte vandale qui diffèrent du slavon et des autres langues dont il est dérivé. Il est daté de Wittemberg, 1584, et est in-folio. Dalmatin, dans sa préface, observe qu’il a traduit l’ensemble des Écritures des langues originales, et qu’il a collationné sa version avec la traduction allemande de Luther et les versions d’autres, conduisant ses travaux dans la crainte du Seigneur et avec la prière quotidienne à Dieu.

 Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 199-205. Kohlii Introductio, &c., pp. 156-158.

25*

La publication de la Bible vandalique s’accompagna d’un travail orthographique et grammatical, par Adam Bohoritz, régent du collège de Laybach. qui, ainsi que le tableau de Dalmatin, était destiné à faciliter la lecture des Écritures vandales entre les États voisins. Il s’intitulait Arcticæ Horulæ succisivæ de Latino-Carniolana literatura, ad Latinæ linguæ analogiam accommodata, unde Moschoviticæ, Rutenicæ, Polonicæ, Boemicæ, et Lusaticœ Linguæ, cum Dalmatien et Croatica cognitio facile deprehenditur. Cum Tabulis ad Cyrillicam et Glogoliticam, Rutenicam, et Moscoviticam Orthographiam. Wittenbergæ, 1584, in-8°. M. Valvasor dit que c’est une sorte de grammaire, exécutée avec beaucoup d’habileté, et Clément en parle comme d’un résultat des observations de Bohoritz sur la manière dont Truber exprime la langue vandale en caractères romains. Ce n’est qu’une brochure d’une vingtaine de feuillets, mais on l’achète rarement, et on la vend à des prix excessivement élevés.

Clement, Biblioth. Curieuse, tom. iv, pp. 478-480.

George Dalmatinle pieux et savant traducteur de la Bible vandale, était un théologien luthérien de Carniole. On dit qu’il commença une traduction de la Bible à partir de la version allemande de Luther dès 1568, qui fut acceptée par les États évangéliques, qui formèrent alors la résolution de l’imprimer ; mais il est probable que sa traduction de l’hébreu et du grec a été confondue avec une version de l’allemand de Luther. Après l’impression de sa Bible vandale à Wittemberg, on nous dit qu’il fut mis en possession de la cure de saint Khazaïm, ou saint Catiani, près d’Aurspergh, par Christophe, baron d’Aurspergh. Mais banni par le parti catholique, son ancien protecteur lui offrit un asile, et le tint caché dans sa maison : un caveau sous l’écurie devant le château fut longtemps montré comme le trou du prédicateur. L’heure de sa mort est contestée ; mais Clément a donné quelques raisons convaincantes pour prouver que sa mort est survenue en 1589.||

|| Chalmers, rôle. t. II, p. 216 et 217. Clément. Bib. Curieuse, tome. IV, p. 204 et 205.

Certains auteurs ont mentionné une édition du Nouveau Testament CROATE, publiée par Faber Creim, et d’autres, en 1562 et 1563.+ Mais comme ni Le Long, ni Walch, ni Adler ne remarquent une telle édition, et comme la date s’accorde avec celle de Truber, il ne semble pas y avoir de bonne raison de supposer qu’une telle édition ait jamais paru.

+ Voir Ency. Perth., art. Bibles        

Vers l’année 1574, une traduction des sept psaumes pénitentiels en WENDISH, OU SORABIC, la langue vulgaire de la Lusace, fut publiée par un pasteur de l’une des églises.

 § Le Long, tom. t. I, p. 143

La première édition de la Bible POLONAISE a été imprimée à Cracovie en 1561, in-folio. Cette traduction a été publiée par les catholiques, mais de nombreux passages de celle-ci étant tirés de la Bible protestante de Bohême, elle n’a jamais reçu la sanction du pape ; bien qu’il ait connu deux autres éditions en 1575 et 1577. Nicolas Scharffenberger, qui, avec son frère Stanislas, imprima la première édition, et la dédia à Sigismond Auguste, roi de Pologne, dit dans sa dédicace « que le traducteur n’ayant pas jugé à propos d’apposer son nom sur la traduction, il ne put s’en assurer ; mais que, ayant le dessein de publier une Bible polonaise, ce qu’il désirait ardemment, il avait confié le manuscrit à Jean Léopolite, prêtre, professeur à Cracovie, pour qu’il le corrige, qui se chargea de la tâche. Sixte Senensis appelle ce professeur Hieronymus Leopolitanus, et dit qu’il était Moscovite, de l’ordre des frères de l’observance régulière de saint François, prêtre et lecteur de l’église métropolitaine de Cracovie, en Pologne, et un adversaire chaud des doctrines soutenues par Luther. Une préface de cet éditeur est préfixée à la Bible, dont les exemplaires sont aujourd’hui rarement rencontrés. même dans les meilleures bibliothèques de Pologne.

La seconde version de la Bible polonaise a été publiée par les protestants de Pinckzovie, qui ont obtenu cette dénomination de l’église réformée qui avait été fondée à Pinckzow par François Stancarus, un savant italien, professeur d’hébreu au collège de Cracovie, sous le patronage de Nicolas Olesnicki, le seigneur de la ville. Les personnes qui s’occupèrent de cette traduction, qu’on dit avoir été faite d’après l’hébreu et le grec, et qui a employé six ans, étaient, entre autres, Simon Zacius, Petrus Statorius Tonvillanus, Gregorius Orsacius, Andreas Tricesius, Jacobus Lubelius, appelé aussi Lublinius, et Lublinski ; auquel certains écrivains ajoutent le célèbre Michel Servet. La dépense de cette édition fut supportée par le prince Nicolas Radzivil, palatin de Wilna, qui la fit imprimer à Brescz, ou Brest, ville royale de Lithuanie, dont il était gouverneur, et où il avait établi une imprimerie. Le coût de l’impression était de dix mille florins. Il a été imprimé en 1563 par Bernard Woiewodka, de Cracovie, que le prince a fait venir exprès. Les Psaumes de David, en mètre polonais, un recueil de cantiques, et plusieurs autres ouvrages semblables, sont sortis de la même presse. Le prince Radzivil « mourut en 1567 et fut porté au tombeau sur les épaules de ses quatre fils, Nicolas, Georges, Albert et Stanislas, qui entendirent d’abord son sermon funèbre dans un flot de larmes, puis remplirent l’office filial de le porter à terre ». L’un d’eux, qui était resté catholique, acheta soigneusement l’édition de la Bible et la brûla ; Les exemplaires de la Bible de Radzivil sont donc extrêmement rares. Il y en a un dans la bibliothèque de lord Spencer, pour lequel il aurait donné cent livres sterling !

2

De quelques-uns des traducteurs de la Bible ci-dessus, on ne sait pas grand-chose avec certitude : les notices suivantes d’une partie d’entre eux sont glanées dans SandiiBibliotheca Anti-trinitariorumFriestad., 1684, 12 mois, et Stan. Lubieniecii Historia Reformationis PolonicceFriestad., 1685, 12mo., et Clément, Bib. Curieuse. De GRÉGOIRE ORSACUS, je n’ai rencontré aucun récit biographique.

SIMON ZACIUS était le pasteur principal de l’église de Wilna, en Lituanie ; et publia une « Confession de foi » relative au baptême des enfants en 1559. Il semble qu’il ait été par la suite ministre d’une congrégation à Cracovie.

PETRUS STATORIUS était Français de naissance. Il avait été disciple de Bèze à Genève, et vint en Pologne en 1559. Il apporta avec lui les écrits de Servet ; et succéda à Paulus Orsacius comme recteur de l’école ou académie de Pinckzow. Après avoir étudié la langue polonaise avec un succès considérable, il est devenu l’auteur d’une " Grammaire de la langue polonaise « . Il a également écrit plusieurs tracts pour défendre les doctrines anti-trinitaires.

Andreas Tricessius était le fils de Jean TRICESSIUS, l’un des unitariens polonais les plus érudits. Il s’est distingué par son zèle dans la promotion de la réforme anti-trinitaire en Pologne. Il jouissait de l’amitié des savants de son parti ; et on dit qu’il était poète.

JACOBUS LUBLINIUS, OU LUBELIUS, était pasteur d’une église en Petite-Pologne.

La troisième version de la Bible polonaise était une édition révisée de celle de Radzivil, imprimée en 1570, et de nouveau en 1572, en 4to., éditée par Simon Budney, un socinien, né en Mazovie, ministre de l’église de Loski, et l’un des plus éminents défenseurs des doctrines sociniennes. Cette dernière édition, d’après Clément, a été imprimée à Zaslaw, en Lituanie, mais Pinkerton dit que les deux ont été imprimées à Nieswiez. De cette traduction, on dit qu’il n’en existe que trois exemplaires, et ceux qui se trouvent dans des bibliothèques distinguées. Dans cette révision ou traduction, Budney fut aidé par Matthias KaViezinski, préfet de Nieswiez, qui, avec son frère, supporta les frais de l’impression. Budney a comparé la première traduction avec l’hébreu et le grec ; et Kaviezinski l’a collationné avec l’allemand, mais l’a trouvé si incorrect, qu’ils ont préféré s’appuyer sur les versions latine et française. Une édition séparée et corrigée du Nouveau Testament a été imprimée à Loski, ou Losco, en 1574, in-8°. Le bureau où l’édition de la Bible a été imprimée avait été établi par Matthias Kaviezinski, et la presse a ensuite été transférée à Losco, sous le patronage de Jean Kiska, châtelain de Wilna. L’imprimeur s’appelait Daniel de Leczyca.

Pinkerton’s Letters, &c., p. 29. Le Long, tom. i, ut sup. et Index Auctor. Robmson's Eccles. Researches, p. 609. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 192-194. Sandii Biblioth. Antitrinitar. De Typographies Unitariorum, p. 201.

Une autre traduction polonaise du Nouveau Testament, du grec, accompagnée d’annotations, a été faite par Martin Czechovicius, originaire de Pologne ou de Lituanie, ministre des baptistes ariens ou sociniens, à Lublin, dédiée à son patron Jean Kiska, de Ciechanowicz, châtelain de Wilna, gouverneur de Samogitie, et imprimée à Racow, par Alexis Rodeck, 1577, in-4°. Le traducteur de cette édition est l’auteur de divers ouvrages pour défendre ses sentiments particuliers ; dans certains d’entre eux, il attaque la version de Budney avec sévérité. Il mourut en 1608. Le gouverneur Kiska mourut en 1592, et laissa son immense domaine à un prince de la maison de Radzivil, pour lui permettre de soutenir la cause des ariens et des sociniens. Il avait fait ses études à Basile, sous Castalio ; et par la suite, il reçut le baptême d’adulte en Pologne, parmi les baptistes sociniens.+

+ Le Long, tom. i, p. 440, et Index Auctor., p. 552. Recherches ecclésiastiques de Robinson, p. 580, 608, 613. Sandn Biblioth. Antitrinitar., pp 50-52.

Une autre version polonaise du Nouveau Testament a été publiée par les protestants calvinistes en Pologne, en 1585. Il a été imprimé à Thorn, in-folio.

++ Le Long. tom. i, ut sup.

En 1596, une traduction de toute la Bible en langue polonaise fut achevée par Martin Janicius, un ministre calviniste, qui mourut la même année ; et une traduction de la Bible, de l’allemand de Luther, a été publiée en 1596, in-8°, que Le Long suppose être la même.

§ Le Long, ut sup.

2

Ces diverses traductions alarmant le parti pontifical, une nouvelle traduction de l’ensemble des Écritures en langue polonaise, à partir de la Vulgate latine, fut décidée et ordonnée par le pape Grégoire XIII, et la publication fut ensuite approuvée par le pape Clément VIII. Une telle version a été exécutée par Jacob Wuyck, sous les auspices de Stanislaus Karnkowski, archevêque de Gnezn, et imprimée à Cracovie, par Andrew Petricovius, en 1599, in-folio, et est toujours la version catholique autorisée en Pologne. L’impression fut exécutée sous l’inspection du collège des Jésuites, qui joignit un Appareil à la préface préfixée par l’archevêque, qui dans la préface témoigne publiquement le plaisir qu’il tirait de ce que cette Bible avait été achevée sous son patronage ; et exhorte les ecclésiastiques de tout ordre à le recevoir avec vénération, et à empêcher les orthodoxes de lire les versions faites par les hérétiques, sous peine de censures ecclésiastiques et d’anathèmes.

Pinkerton’s Letters, &c., p. 30. Le Long, tom. i, p. 439. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 194, 195.

Jacob Wuyck était originaire de Pologne, né de parents honnêtes et pieux, et dès l’enfance enclin à l’étude. Pour poursuivre l’acquisition de connaissances avec plus de succès, il s’installa à Vienne et obtint une maîtrise en philosophie. De là, il se rendit à Rome, entra dans un ordre religieux en 1565 et enseigna publiquement les mathématiques. À son retour en Pologne, il fut créé docteur en théologie, à Pultowa ; et, en juillet 1571, il prêta serment de l’ordre des Jésuites. Après avoir rempli plusieurs hautes fonctions religieuses et littéraires en Transylvanie et en Pologne, il expira à Cracovie, le 27 juillet 1597, dans la cinquante-septième année de son âge. Les derniers actes de sa vie furent ceux de la piété ; et il mourut au milieu des soupirs et des larmes des frères de son ordre. Il connaissait bien l’hébreu, le grec et le latin ; et tel était son attachement aux saintes Écritures, que son biographe nous assure qu’il pleurait en les entendant lire. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages controversés, en défense de la divinité de Jésus-Christ, et de certaines doctrines de sa propre Église. Il traduisit aussi en polonais les « Heures de la Bienheureuse Vierge Marie » ; et la Vie et la Doctrine du Christ, notre Sauveur, recueillies dans les quatre Évangiles, par Jansénius. Il publia les Évangiles et les Épîtres dominicales, pour toute l’année, de la Vulgate ; le Nouveau Testament, avec des notes marginales, et les arguments des chapitres ; et les Psaumes de David, avec des notes semblables, et des scholies contre les opinions hérétiques. Ce dernier ouvrage a été imprimé à Cracovie, 1594, in-4°.+

+ Alegambe. Biblioth. Scriptor. Soc. Jesu., p. 214, 215

De la Pologne, nous passons à la Russie. Au début du siècle, les Actes des Apôtres avaient été imprimés à Wilna, et le Pentateuque à Prague, d’après une traduction en langue slavonne par le médecin François Scorino ; et en 1564, les Actes et les Épîtres des Apôtres furent imprimés en slavon, à Moscou, et furent le premier ouvrage imprimé dans cette ville.

Voir un compte rendu complet de ces éditions, t. I, p. 237, de cet ouvrage.

En 1581, la première édition des Écritures entières de l’Ancien et du Nouveau Testament, en langue slavonne, fut imprimée à Ostrog, par Jean-Théodore fils, en un volume, in-folio, d’après la version de Méthode et de Cyrille, qui vivaient au neuvième siècle, et étaient natifs de Thessalonique, et apôtres des Slavons. Avant cette époque, les Russes, ou Slavons, qui désiraient posséder des copies des écrits sacrés, transcrivaient pour leur propre usage le tout ou les parties qu’ils voulaient, étant, selon Kohl, remarquables par leur diligence et leur persévérance dans la transcription des livres en général, et des ouvrages religieux en particulier ; une pratique qui se continua jusqu’à son époque (1679), où il n’était pas rare, comme il nous l’assure, de rencontrer des parties des œuvres de saint Jean Chrysostome ou d’Éphraïm Syrus, ou des parties des Saintes Écritures, dans les manuscrits, dans les boutiques des marchands.

Cette édition d’Ostrog de la Bible de Slavonie fut commencée sous les auspices et exécutée aux frais du duc Constantin, prince d’Ostrog, waywode de Kiow et palatin de Volhénie, qui, excellent en piété et vaillant en armes, non seulement défendit son pays par ses prouesses militaires, mais éclaira ses compatriotes par la diffusion des Écritures.+ Un compte rendu bibliographique de cette rare édition est donné par M. Dibdin, dans sa magnifique Bibliotheca Spencerianatom. i, pp. 90, 91. Les Psaumes ont été publiés séparément, en in-8°, à Wilna, la même année 1581.++

+ Kohlii Introductio, &c., lib. 1, p. 10 à 16. Marsh’s Michaelis, vol. ii, pt. i, ch. vii, pp. 153-15S Le Long, tom. t. I, p. 440.

++ Le Long, ut sup.

Nous quittons maintenant le seizième siècle, période comprenant des événements qui, soit que l’on considère leur influence sur la littérature, les arts et la politique, soit leurs effets sur la diffusion de la vérité sacrée, mérite à juste titre d’être considéré comme le siècle le plus important qui se soit écoulé depuis l’ère du christianisme.