PARTIE III, suite.
XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.
CHAPITRE VI.
XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.
Concile de Trente. — Décrets. — Règles de l’index. — François Foreiro. — Jean Hentenius. — Bible de Louvain. — François Lucas Brugensis. — Jean-Benoît. — Isidore Clarius. — Édition papale de la Vulgate latine. — Sixte V. — Éditeurs de la Vulgate.
Les progrès rapides de la Réforme, et son influence sur les conseils de plusieurs princes allemands et autres, alarmèrent la cour de Rome, qui, après divers expédients infructueux pour empêcher la diffusion d’opinions funestes à l’autorité despotique de la hiérarchie catholique, adopta la mesure d’un concile général. Les motifs apparents de la convocation du concile étaient la réforme des abus ecclésiastiques, la préservation de l’unité de l’Église et la prévention de la propagation de l’hérésie luthérienne ; Mais les décrets du concile prouvèrent que c’était l’ambition, et non la religion, qui influençait les pontifes par l’autorité desquels elle était appelée et continuée. D’abord, le pape était enclin à nommer le concile pour qu’il se réunisse dans quelque ville d’Italie ; mais, voyant que le projet s’opposait aussi bien aux princes catholiques qu’aux princes protestants, il chargea son nonce, à la diète de Spires, tenue le 3 mars 1542, de proposer pour lieu de réunion Trente, ville du Tyrol, soumise au roi des Romains, et située sur les confins de l’Allemagne et de l’Italie. Les princes catholiques y ayant acquiescé, quoique les protestants s’y opposèrent, le pape Paul III, par une bulle du 22 mai 1542, nomma trois cardinaux pour ses légats, et fixa le concile à Trente, le 1er novembre de la même année. Les légats, qui étaient Johannes-Maria de Monte, Marcellus Cervinus, et Reginald Pole, un Anglais, se rendirent donc dans cette ville ; Mais après y être resté plusieurs mois, sans que personne n’y assistât, à l’exception de quelques prélats des États ecclésiastiques, le pape rappela les légats et prorogea le concile. Après divers retards, le concile général s’ouvrit enfin avec les solennités accoutumées, le 13 décembre 1545. La première séance a été consacrée à la forme. Une autre a été employée pour rédiger une confession de foi. La quatrième session, tenue le 8 avril, promulgua des décrets concernant les Écritures canoniques, l’édition de la Vulgate de la Bible et l’usage des livres sacrés. La publication de ces décrets fut précédée d’un sermon latin, prêché devant le concile, par Augustin Bonuccio, général de l’ordre des Servites, qui, dans une violente invective prononcée contre Luther, le représenta comme un faux disciple, et un impie corrupteur de la parole de Dieu, qui prétendait établir par l’Évangile ce qui lui était diamétralement opposé. et qui conduisait avec lui une foule de gens armés d’épées et de bâtons, pour enseigner des doctrines qui ne pouvaient être inspirées que par la chair et le sang. Voici les décrets de la session :
« 1. Des Écritures canoniques. »
« Le saint concile œcuménique et général de Trente, légalement assemblé sous l’influence du Saint-Esprit, présidé par les trois légats du siège apostolique ; ayant constamment en vue la conservation de la pureté de l’Évangile dans l’Église, par l’élimination de l’erreur, qui ayant été promise auparavant par les prophètes dans les saintes Écritures, a été promulguée d’abord par la bouche de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, et ensuite par ses apôtres, à qui il a ordonné de la prêcher à toute la création, comme la source de toute vérité concernant le salut et la discipline ; et considérant que cette vérité et cette discipline sont contenues dans des livres écrits, et dans des traditions non écrites, qui, ayant été reçues par les apôtres de la bouche de Jésus-Christ lui-même, ou leur ayant été dictées par le Saint-Esprit, nous ont été transmises ; ce saint concile, à l’exemple des Pères orthodoxes, reçoit et vénère avec une égale piété et une égale révérence (pari pietatis affectu ac reverentia) tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, le même Dieu en étant l’auteur de l’un et de l’autre ; et aussi les traditions relatives à la foi et aux mœurs, comme étant soit reçues de la bouche de Jésus-Christ, soit dictées par le Saint-Esprit, et conservées dans l’Église catholique par une succession ininterrompue. C’est pourquoi, afin que personne ne puisse douter quels sont les livres sacrés reçus par le concile, le catalogue suivant en est inséré dans le présent décret :
Ce sont, dans leTESTAMENT, les cinq livres de Moïse, savoir : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, Josué, les Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, le premier livre d’Esdras, et le second qui s’appelle Néhémie ; Tobie, Judith, Esther, Job, le Psautier de David, contenant cent cinquante Psaumes ; Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse, Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel ; les douze prophètes mineurs, savoir : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, le premier et le second livre des Maccabées.— Du Nouveau Testament, les quatre Évangiles, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean ; les Actes des Apôtres, écrits par l’évangéliste Luc ; quatorze épîtres du bienheureux apôtre Paul, savoir : aux Romains, deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux, deux épîtres de l’apôtre Pierre, trois épîtres de l’apôtre Jean, une épître de l’apôtre Jacques, et l’Apocalypse de l’apôtre Jean.
Mais si quelqu’un refuse de recevoir la totalité de ces livres, avec toutes leurs parties, tels qu’ils sont lus dans l’Église catholique, et contenus dans l’ancienne édition de la Vulgate latine, comme sacrés et canoniques ; ou méprise sciemment et délibérément les traditions mentionnées ci-dessus, qu’il soit anathème.
2. « De l’édition et de l’usage des livres sacrés. »
Le saint concile, considérant qu’il ne sera pas d’une petite utilité pour l’Église de Dieu, de distinguer parmi toutes les éditions latines des livres sacrés qui sont en circulation, celle qui doit être considérée comme authentique, ordonne et déclare que la même édition ancienne et Vulgate, qui a été approuvée par son usage dans l’Église depuis tant de siècles, doit être reçue comme authentique (pro authentica habeatur) dans toutes les conférences, disputes, prédications et explications publiques ; et que personne, sous quelque prétexte que ce soit, n’osera ou ne prétendra la rejeter.
De plus, afin de contenir les esprits irrités, le concile décrète qu’en matière de foi et de morale, et tout ce qui concerne le maintien de la doctrine chrétienne, personne, se confiant à son propre jugement, n’osera plier les Écritures à son propre sens d’elles, contrairement à ce qui est donné ou a été donné par la sainte mère l’Église. qui a le droit de juger du vrai sens et de l’interprétation des Saintes Écritures ; ou contraire au consentement unanime des Pères, bien que de telles interprétations ne soient jamais publiées. Ceux qui s’y opposeront seront dénoncés par les ordinaires et soumis à la peine de la loi.
Désirant aussi, comme il est raisonnable, mettre des bornes aux imprimeurs, qui sont actuellement libres, pensant qu’ils ont le droit de faire tout ce qu’ils veulent, non seulement imprimant sans la permission de leurs supérieurs ecclésiastiques les livres des Saintes Écritures eux-mêmes, avec les notes et les explications indifféremment de quiconque, mais souvent sans mentionner le lieu où ils sont imprimés, ou bien en apposer une fausse, et, ce qui est pis encore, supprimer les noms des auteurs, et aussi exposer imprudemment à la vente dans d’autres pays des livres imprimés de cette nature ; le saint concile décrète et ordonne que les Saintes Écritures seront imprimées de la manière la plus correcte possible, selon l’ancienne édition et la Vulgate, et qu’il ne sera permis à personne d’imprimer des livres relatifs à la religion (de rebus sacris) sans le nom de l’auteur ; et qu’à l’avenir aussi, personne ne les aura en sa possession, ni ne les vendra, sans avoir été préalablement examinés et approuvés par l’Ordinaire, sous peine d’anathème et d’amende pécuniaire, selon le canon du dernier concile de Latran : et s’ils sont réguliers , ils obtiendront, outre cette sorte d’examen et d’approbation, avec la permission de leurs supérieurs, qui les examineront conformément à la forme de leurs statuts. Ceux qui les diffuseront ou les publieront en manuscrit, sans avoir été examinés et approuvés, seront soumis aux mêmes peines que ceux qui les imprimeront ; et ceux qui les possèdent ou les lisent, et qui n’en déclarent pas les auteurs, seront eux-mêmes considérés comme les auteurs. L’approbation accordée aux livres de cette nature sera donnée par écrit, et sera placée en bonne et due forme en tête de chaque livre, qu’il soit manuscrit ou imprimé, et le tout, c’est-à-dire à la fois l’examen et l’approbation, sera fait gratuitement, afin que ce qui est digne puisse être approuvé, et ce qui l’est indigne peut être rejeté.
« Le saint concile voulant aussi réprimer la témérité (impie) d’appliquer et de pervertir les paroles et les phrases de l’Écriture Sainte à toutes sortes d’usages profanes, en les faisant servir à des railleries, à des applications vaines et fabuleuses, à des flatteries, à des détractions, à des superstitions, à des incantations impies et diaboliques, à des divinations, à des sortes de choses, et des libelles, des commandements et des ordonnances infâmes, afin d’abolir cette sorte d’irrévérence et de mépris, et d’empêcher quiconque à l’avenir d’oser abuser des paroles de l’Écriture de la même manière ou d’une manière similaire, que toutes ces sortes de personnes seront punies par les évêques, selon les peines de la loi, et à la discrétion desdits prélats, comme profanateurs et corrupteurs de la parole de Dieu.♦
♦ Labbei S. S. Concilia, tom. xiv, p. 746 à 748.
Après plusieurs autres sessions tenues à Trente, le concile fut transféré à Bologne, où la neuvième session du concile se tint le 21 avril 1547. La dixième session se tint dans la même ville le 2 juin de la même année, après quoi le conseil fut prorogé. Pape Paul III. mourant avant la reprise du concile, son successeur, Jules III, publia une bulle dans la première année de son pontificat, pour la réunion du concile de Trente, qui se réunit en conséquence l’année suivante, 1551. À la fin de la seizième session, tenue en 1552, le concile fut suspendu, à cause de la confusion et du danger occasionnés par la guerre. Cette suspension se poursuivit pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’enfin le concile fût de nouveau convoqué par le pape Pie IV, qui avait succédé à Jules III. en 1555 ; et d’accord avec la bulle du pontife, assemblée à Trente au commencement de l’année 1562. Des lettres ayant été reçues du pape et lues au concile, demandant à l’assemblée de composer un index des livres prohibés, les légats furent priés de nommer un comité, ou députation, pour entreprendre le travail et préparer le décret pour la session suivante. Les personnes choisies pour cette entreprise étaient George Draskowitz, évêque des Cinq-Églises, ville de Tolna, en Hongrie, neveu du cardinal Martinusius, ♦ et ambassadeur de l’empereur pour le royaume de Hongrie ; Jean Jérôme Trevisan, patriarche de Venise ; quatre archevêques, neuf évêques, un abbé et deux généraux d’ordres, savoir : des Frères mineurs de l’Observance et des Augustins. Mais, malgré cette nomination d’un comité, il fut convenu que l’Index ne serait lu qu’à la fin du concile, de peur d’offenser les protestants.
♦ Le cardinal Martinusius, évêque de Varadin, refusant d’entrer dans les vues de l’empereur Ferdinand, qui voulait qu’il trahisse les intérêts de son pays, Hangar fut lâchement assassiné par l’ordre de l’empereur. Voir Fra Paolo Sarpio , Hist, du Conc. de Trente, liv. 4. Le
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La cause de cette demande du pape au concile, est ainsi racontée par l’historien candide et intelligent du concile. Après que le pape Léon X eut condamné Luther et interdit la lecture de ses livres sous peine d’excommunication, d’autres papes suivirent son exemple, lui ayant été le premier qui excommunia non seulement les auteurs, mais aussi les lecteurs d’œuvres hérétiques. Cependant, la manière vague et générale dont les écrits hérétiques étaient condamnés produisait de la confusion ; se distinguant par les doctrines qu’elles contenaient plutôt que par les noms des auteurs, et chacun jugeant les doctrines selon ses vues particulières. Pour remédier à ce défaut, les inquisiteurs exacts et diligents dressèrent des catalogues des livres dont ils avaient connaissance, et qu’ils soupçonnaient de contenir de fausses doctrines ; mais ces catalogues n’étant pas comparés les uns aux autres, le dessin n’a pas reçu de réponse. Le roi d’Espagne fut le premier à adopter un plan plus favorable, en ordonnant l’impression d’un catalogue des livres, prohibés par l’inquisition d’Espagne, en 1558. Le pape Paul IV, suivant son exemple, enjoignit au bureau de l’inquisition à Rome de préparer et d’imprimer un catalogue ou index similaire. Celle-ci fut exécutée en 1559 ; mais comme cet Index étendait les décrets inhibiteurs du pontife et de l’inquisition à beaucoup d’ouvrages qui avaient été autrefois autorisés, et qui avaient même reçu l’approbation des papes précédents ; et condamné indistinctement tous les livres imprimés par soixante-deux imprimeurs dont les noms étaient expressément mentionnés, un appel fut ensuite fait au pape Pie IV, qui saisit l’occasion de soumettre l’affaire au concile assemblé à Trente.♦
♦ Fra Paolo Sarpio, Hist, du Cone, de Trente, traduite par le Sieur De la Mothe Josseval, [Amelot de la Houssaye,] liv. 6, pp. 451, 452. Amst., 1683, 4to.
La dix-huitième session du concile se tint le 26 février 1562, date à laquelle furent lues les lettres du pape, renvoyant au concile la rédaction de l’Index. Ensuite, le patriarche de Jérusalem a lu le décret, encadré par le comité, relatif au catalogue des livres interdits. Ce décret, après avoir déclaré que le dessein du concile était de promouvoir la pureté de la doctrine et de la discipline, et d’établir l’unité de l’Église ; et déplorant que beaucoup de livres « suspects et dangereux » aient été multipliés d’une manière extraordinaire, sans qu’aucun remède efficace n’ait été appliqué à un si grand mal, sanctionne l’objet des personnes choisies pour la préparation de l’Index, dans les termes suivants : « Le saint concile est d’avis que les Pères choisis pour cet examen doivent examiner avec soin ce qu’il convient de faire à l’égard de ces livres, et de les censurer, et de présenter en temps opportun leur rapport à ce concile, afin de lui permettre de distinguer plus facilement les doctrines étrangères et fausses, comme l’ivraie, du blé de la vérité chrétienne, et plus facilement de délibérer et d’ordonner ce qui est le plus propre à bannir les causes de beaucoup de disputes, et à écarter les scrupules de beaucoup d’esprits.+
+ Labbei S. S. Concilia, tom. xiv, p. 842.
Dans la vingt-cinquième session, qui fut la dernière du concile, et qui se tint les 3 et 4 décembre 1563, après que d’autres décrets eurent été lus relatifs aux jeûnes, aux fêtes, etc., un décret, par lequel l’indexation fut renvoyée au pape, fut publié, dans les termes suivants :
« Le saint concile, dans la seconde session tenue sous notre très saint père Pie IV, ayant donné commission à certains pères, choisis à cet effet, d’examiner ce qu’il y avait à faire relativement aux livres suspects et pernicieux, et aux diverses censures, et de faire rapport au concile ; et comme le saint concile comprend maintenant qu’ils ont mis la dernière main à l’œuvre, mais qu’à cause de la variété et de la multitude des livres, il ne peut pas facilement et distinctement former un jugement à leur sujet, ordonne que ce qu’ils ont fait soit soumis au très saint pontife romain, afin que l’ouvrage soit achevé et publié à sa discrétion et par son autorité (ejus judicio ac auctoritate).♦
♦ Labbei S. S. Concilia, t. xiv, p. 918.
Après avoir lu et confirmé les décrets, ce célèbre concile termina ses délibérations le 4 décembre 1563, qui furent sanctionnées l’année suivante par la bulle de confirmation du pape.
L’Index des livres prohibés reçut l’approbation expresse du pape par une bulle, datée du 24 mars 1564, « défendant à toutes les personnes ecclésiastiques, séculières ou régulières, de tout degré, ordre et dignité, ainsi qu’aux laïcs de tout rang et titre, de prétendre tenir ou lire aucun livre, contrairement aux règles prescrites à leur égard, ou l’un de ceux qui sont interdits dans l’Index. Cette bulle, avec les règles de l’Index, fut ordonnée pour être lue publiquement, et placée dans des lieux d’intérêt général.+
+ Ibid., p. 950 et 951.
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Les règles générales relatives aux livres prohibés, formulées par les pères de la députation, ou par le comité nommé par le concile, et approuvées par le pape, sont les suivantes, et sont généralement préfixées aux index prohibitifs.
I. « Tous les livres condamnés par les souverains pontifes ou conciles généraux avant l’année 1515, et qui ne sont pas compris dans le présent Index, doivent néanmoins être considérés comme condamnés. »
II. « Les livres des hérésiarques, soit de ceux qui ont abordé ou répandu leurs hérésies avant l’année ci-dessus mentionnée, soit de ceux qui ont été, ou sont, les chefs ou les chefs des hérétiques, comme Luther, Zuingle, Calvin, Balthazar Pacimontanus, Swenchfeld et autres semblables, sont absolument interdits, quels que soient leurs noms, titres ou sujets. Et les livres des autres hérétiques, qui traitent de la religion, sont totalement condamnés ; mais ceux qui ne traitent pas de religion sont autorisés à être lus, après avoir été examinés et approuvés par les théologiens catholiques, par ordre des évêques et des inquisiteurs. Il est également permis de lire les livres catholiques qui ont été composés par des auteurs qui sont tombés dans l’hérésie, ou qui, après leur chute, sont retournés dans le sein de l’Église, pourvu qu’ils aient été approuvés par la faculté de théologie de quelque université catholique ou par l’inquisition générale.
III. « Il est permis de lire les traductions d’écrivains ecclésiastiques qui ont été publiées jusqu’ici par des auteurs condamnés, si elles ne contiennent rien de contraire à la saine doctrine. Les traductions de l’Ancien Testament peuvent aussi être admises, mais seulement à des hommes savants et pieux, à la discrétion de l’évêque ; pourvu qu’ils ne s’en servent que comme des éclaircissements de la version de la vulgate, afin de comprendre les Saintes Écritures, et non comme le texte sacré lui-même. Mais les traductions du Nouveau Testament, faites par les auteurs de la première classe de cet Index, ne sont permises à personne, car il n’y a généralement que peu d’avantages, mais beaucoup de dangers, à les lire. Si des notes accompagnent les versions qui peuvent être lues, ou qui sont jointes à l’édition de la Vulgate, elles peuvent être lues par les mêmes personnes que les versions, après que les lieux suspects ont été supprimés par la faculté de théologie d’une université catholique ou par l’inquisiteur général. Aux mêmes conditions, il peut être permis aux hommes pieux et instruits d’avoir ce qu’on appelle la Bible de Vata-blus, ou une partie de celle-ci. Mais la préface et les Prolégomènes des Bibles publiées par Isidore Clarius sont cependant exceptés ; et le texte de ses éditions ne doit pas être considéré comme le texte de l’édition de la Vulgate.
IV. « Puisqu’il est manifeste par l’expérience que si la sainte Bible, traduite en langue vulgaire, est indistinctement admise à tout le monde, la témérité des hommes en fera sortir plus de mal que de bien, elle est, sur ce point, renvoyée au jugement des évêques ou des inquisiteurs, qui peuvent, par l’avis du prêtre, ou confesseur, permettez la lecture de la Bible traduite en langue vulgaire par les auteurs catholiques, à ceux dont la foi et la piété, ils le craignent, en seront augmentées, et non blessées par elle ; et cette permission, ils doivent l’avoir par écrit. Mais si quelqu’un a la présomption de la lire ou de la posséder sans cette permission écrite, il ne recevra pas l’absolution avant d’avoir d’abord remis cette Bible à l’ordinaire.
« Les libraires qui vendront ou disposeront autrement de Bibles en langue vulgaire, à toute personne n’ayant pas cette permission, perdront la valeur des livres, pour être employés par l’évêque à un usage pieux ; et être soumis à telles autres peines que l’évêque jugera convenables, selon la qualité de l’infraction. Mais les habitués ne doivent ni lire ni acheter de telles Bibles sans une autorisation spéciale de leurs supérieurs.
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V. « Les livres dont les hérétiques sont les éditeurs, mais qui ne contiennent que peu ou rien d’eux-mêmes, n’étant que de simples compilations d’autres auteurs, tels que des lexiques, des concordances, des (recueils d’apothicaires), ou des comparaisons, des index et d’autres du même genre, peuvent être autorisés par les évêques et les inquisiteurs, après avoir fait, avec l’avis des théologiens, les corrections et corrections jugées nécessaires. »
VI. « Les livres de controverse entre les catholiques et les hérétiques du temps présent, écrits en langue vulgaire, ne doivent pas être autorisés indistinctement, mais doivent être soumis aux mêmes règles que les Bibles en langue vulgaire. Quant aux ouvrages en langue vulgaire qui traitent de la morale, de la contemplation, de la confession et d’autres sujets semblables, et qui ne contiennent rien de contraire à la saine doctrine, il n’y a aucune raison pour qu’ils soient interdits ; On peut dire la même chose des sermons en langue vulgaire, destinés au peuple. Et si, dans un royaume ou une province, il a été interdit jusqu’à présent des livres, comme contenant des choses qui ne sont pas propres à être lues indistinctement par toutes sortes de personnes, ils peuvent être autorisés par l’évêque et l’inquisiteur, après les avoir corrigés, s’ils ont été écrits par des auteurs catholiques.
VII. « Les livres qui traitent de sujets lascifs ou obscènes, ou qui les racontent ou les enseignent, sont absolument défendus, comme corrompant facilement la foi et les mœurs de ceux qui les parcourent ; et ceux qui les possèdent seront sévèrement punis par l’évêque. Mais il est permis de lire les ouvrages de l’antiquité, écrits par les païens, à cause de l’élégance et de la convenance de la langue ; mais en aucun cas qu’ils ne soient lus par des jeunes gens.
VIII. « Les livres dont le sujet principal est bon, mais dans lesquels on introduit quelquefois des choses tendant à l’hérésie et à l’impiété, à la divination ou à la superstition, peuvent être admis, après avoir été corrigés par les théologiens catholiques, par l’autorité de l’inquisition générale. Le même jugement est aussi formé de préfaces, de résumés ou de notes, pris sur des auteurs condamnés ; et inséré dans les œuvres d’auteurs non condamnés ; mais de tels ouvrages ne doivent pas être imprimés à l’avenir, avant d’avoir été modifiés.
IX. « Tous les livres et écrits de géomancie, d’hydromancie, d’aëromancie, de pyromancie, d’onomancie, de chyromancie et de nécromancie ; ou qui traitent de sorcelleries, de poisons, d’augures, d’auspices ou d’incantations magiques, sont totalement rejetés. Les évêques veilleront aussi diligemment à ce que toute personne lise ou tienne des livres, des traités ou des index qui traitent de l’astrologie judiciaire, ou qui contiennent des prédictions présomptueuses sur les événements de contingences futures, et les événements fortuites, ou sur les actions qui dépendent de la volonté de l’homme. Mais ils permettront les opinions et les observations sur les choses naturelles qui sont écrites à l’aide de la navigation, de l’agriculture et de la médecine.
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X. « Dans l’impression des livres et autres écrits, on observera les règles qui ont été établies dans la dixième session du concile de Latran, sous Léon X. C’est pourquoi, si un livre doit être imprimé dans la ville de Rome, il sera d’abord examiné par le vicaire du pape et le maître du saint palais, ou par d’autres personnes choisies à cet effet par notre très saint père. Dans les autres lieux, l’examen de tout livre ou manuscrit destiné à être imprimé sera renvoyé à l’évêque, ou à une personne habile qu’il nommera, et à l’inquisiteur de la ville ou du diocèse où l’empreinte est exécutée, qui apposera gratuitement et sans délai son approbation sur l’ouvrage, de leur propre écriture. soumis, néanmoins, aux peines et censures contenues dans ledit décret ; Cette loi et cette condition étant ajoutées, qu’une copie authentique du livre à imprimer, signée par l’auteur lui-même, restera entre les mains de l’examinateur : et c’est le jugement des pères de la présente députation, que les personnes qui publient des ouvrages en manuscrit, avant qu’ils aient été examinés et approuvés, devraient être passibles des mêmes peines que ceux qui les impriment ; et que ceux qui les lisent ou les possèdent soient considérés comme les auteurs, si les véritables auteurs de ces écrits ne s’avouent pas. L’approbation donnée par écrit sera placée en tête des livres, imprimés ou manuscrits, afin qu’ils paraissent dûment autorisés ; et cet examen et cette approbation, etc., seront accordés gratuitement.
De plus, dans chaque ville et diocèse, la maison ou lieu où s’exerce l’art de l’imprimerie, ainsi que les boutiques des libraires, seront fréquemment visitées par des personnes déléguées par l’évêque ou son vicaire, conjointement avec l’inquisiteur, afin que rien de ce qui est défendu ne puisse être imprimé, conservé ou vendu. Les libraires de toute espèce tiendront un catalogue des livres qu’ils ont en vente, signé par lesdits députés ; Ils ne garderont ni ne vendront, ni ne disposeront en aucune manière d’autres livres sans la permission des députés, sous peine de confiscation des livres, et sous peine de telles autres peines jugées convenables par l’évêque ou l’inquisiteur, qui punira également les acheteurs, lecteurs ou imprimeurs de ces ouvrages.
Si quelqu’un importe des livres étrangers dans une ville, il sera obligé de les annoncer aux députés ; ou si cette espèce de marchandises est exposée à la vente dans quelque lieu public, les officiers publics du lieu signifieront auxdits députés, que ces livres ont été apportés ; et nul n’aura la présomption de donner à lire, de prêter ou de vendre un livre que lui ou une autre personne aura apporté dans la ville, avant de l’avoir montré aux députés et d’avoir obtenu leur permission, à moins que ce ne soit un ouvrage bien connu pour être universellement autorisé.
« Les héritiers et les exécuteurs testamentaires ne feront aucun usage des livres du défunt, ni ne les transféreront en aucune manière à d’autres, jusqu’à ce qu’ils en aient présenté un catalogue aux députés, et obtenu leur licence, sous peine de confiscation des livres, ou de l’infliction de telle autre peine que l’évêque ou l’inquisiteur jugera à propos, selon la contumace ou la qualité du délinquant.
« A l’égard des livres que les pères de la présente députation examineront, ou corrigeront, ou livreront pour être corrigés, ou permettront d’être réimprimés à certaines conditions, les libraires et autres seront tenus d’observer tout ce qui sera ordonné à leur sujet. Les évêques et les inquisiteurs généraux seront néanmoins libres, selon le pouvoir qu’ils possèdent, de prohiber les livres qui leur paraîtront permis par ces règles, s’ils le jugeront nécessaire, pour le bien du royaume, ou de la province, ou du diocèse. Et que le secrétaire de ces pères, selon l’ordre de notre saint père, transmette au notaire de l’inquisiteur général les noms des livres qui ont été corrigés, ainsi que des personnes à qui les pères ont accordé le pouvoir d’examen.
Enfin, il est enjoint à tous les fidèles de ne pas avoir la prétention de garder ou de lire des livres contraires à ces règles, ou interdits par cet Index. Mais si quelqu’un lit ou garde des livres composés par des hérétiques, ou les écrits d’un auteur soupçonné d’hérésie ou de fausse doctrine, il encourra immédiatement la sentence d’excommunication ; et ceux qui liront, ou garderont des ouvrages interdits pour un autre motif, outre le péché mortel commis, seront sévèrement punis par la volonté des évêques.♦
♦ Labbei S. S. Concilia, t. xiv, p. 952-956.
Le secrétaire du comité ou députation pour former l’Index des livres prohibés était Francis Foreiro, de l’ordre des prédicateurs, et professeur de théologie, qui avait non seulement le soin principal de compiler l’Index, mais était aussi l’auteur de la préface qui y précédait. Il était divisé en trois classes, classées par ordre alphabétique. La première classe contenait le Liste des auteurs qui étaient soit considérés comme hérétiques, soit soupçonnés d’hérésie, et par conséquent tous les ouvrages publiés par eux étaient condamnés, ou ordonnés d’être corrigés : la seconde classe contenait un catalogue de livres décrits par leurs titres, qui étaient soupçonnés de contenir de fausses doctrines, et par conséquent soit entièrement condamnés, soit ordonnés d’être corrigés : La troisième classe spécifiait les œuvres anonymes qui étaient soit entièrement condamnées, soit jugées nécessaires à corriger. Les pontifes successifs ont considérablement élargi l’Index tridentin, par l’ajout de nombreux autres livres condamnés et censurés ; les Règles de l’Index ont également été modifiées par des explications et des ajouts ultérieurs. Beaucoup de ces altérations et additions se trouvent dans l’Index Librorum Prohibitorum, et Expurgandorum, par Anton, à Sotomajor. Madrit., 1667, in-folio.
FRANÇOIS, ou FRANCISCO FOREIRO, le principal compilateur de l’Index, fut aussi le principal employé à la révision du Missel et du Bréviaire, conformément à la recommandation du concile, ainsi qu’à la compilation du Catéchisme catholique, généralement appelé le Catéchisme de Trente, parce qu’il avait été rédigé par le désir de ce concile. Il était natif de Lisbonne, au Portugal, et était éminemment habile dans les langues latine, grecque et hébraïque. Entré dans l’ordre des Dominicains, il fit profession le 2 février 1539. Ses talents lui ayant valu la confiance du roi de Portugal, il fut envoyé par ce monarque au concile de Trente en 1561, en qualité de théologien. En 1568, il est nommé provincial de son ordre. Il est l’auteur d’une traduction latine de la Prophétie d’Isaïe, avec un commentaire, imprimée à Venise, 1563, in-folio. On dit qu’il étendit son commentaire à tous les prophètes. Un Lexique hébraïque et d’autres ouvrages lui sont également attribués. Il mourut en 1581, à l’âge de cinquante-huit ans.♦
♦ D. B. Machado, Biblioth. Lusitan., tom. t. II, p. 152. Lisb., 1748. fol.
Les décrets du concile de Trente, confirmés par le pape, furent solennellement reçus par le sénat de Venise, la diète de Pologne et le roi de Portugal ; mais publiés par le roi d’Espagne, en Espagne, aux Pays-Bas, en Sicile et à Naples, avec une condition, quant à certaines lois de discipline, de sauver le droit du roi et du royaume. En France, la reine Catherine de Médicis allégua que le concile défendit plusieurs coutumes permises par la discipline du royaume, et par conséquent ajourna la publication légale ; et bien que de vigoureuses tentatives aient été faites pour faire accepter les décrets, ils n’ont jamais été légalement établis dans ce royaume. Mais les décisions doctrinales du concile en matière de foi ont été généralement reçues par l’Église gallicane. En Allemagne, la Réforme avait étendu l’opposition au concile, et les protestants refusaient de reconnaître son autorité.♦
♦ Dictionnaire Portatif des Conciles, p. 530. Butler’s Lives, vol. xi, p. 92.
La Vulgate latine ayant été déclarée authentique par le concile de Trente, il était désirable qu’une édition aussi correcte que possible en fût imprimée avec toute la célérité. Jean Hentenius, théologien catholique de Louvain, publia donc une édition de la Vulgate, tirée principalement de celle de Robert Stephens, née en 1540, mais collationnée avec plusieurs manuscrits. Il fut imprimé à Louvain, en 1547, in-folio, et fut ensuite fréquemment réimprimé. Cette édition d’Hentenius peut être attribuée aux théologiens de Louvain en général, puisque l’auteur nous assure dans sa préface, qu’elle a été faite par l’ordre des plus savants et des plus judicieux des théologiens de cette université, et qu’il a agi sous leur conseil et leur direction ; Sweertius {Freheri Theatrum) ajoute qu’elle fut entreprise à la demande de l’empereur Charles-Quint.
Cependant, l’édition d’Hentenius ne leur satisfaisant pas entièrement, ils corrigeèrent le texte imprimé, en partie d’après les manuscrits latins, en partie d’après les originaux eux-mêmes ; et publia à Louvain, en 1573, une édition de la Bible bien supérieure à la précédente, accompagnée de diverses lectures de manuscrits hébreux, chaldéens, grecs, syriaques, latins, etc. Le rédacteur principal était Francis Lucas, de Bruges, assisté de John Molanus, Augustin Hunnæus, Cornelius Reyner et John Harlem, docteurs de l’université de Louvain.+
+Le Long, édit. Masch, t. II, t. III, cap. II, sec. 1, p. 223-225, 230-232.
JOHN HENTEN, OU HENTENIUS, l’éditeur de la première édition de la Bible latine de Louvain, naquit à Naline, près de Thuin, sur la Sambre. Très tôt, il se rendit au Portugal, où il rejoignit l’ordre des Hiéronymites. Il se retira ensuite à Louvain, entra dans l’ordre des Dominicains, et en 1551 fut fait docteur en théologie. Il mourut à Louvain en 1566, âgé de soixante-sept ans. Outre la révision de la Vulgate, il publia les Commentaires d’Euthyme sur les Évangiles ; ceux d’Œcumène sur les épîtres de saint Paul ; et d’Arétas sur l’Apocalypse.++
t Nouveau Régime. Hist., tom. iv, p. 440 et 441.
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FRANÇOIS LUCAS, surnommé Brugensis, de Bruges, lieu de sa naissance, fut l’un des théologiens de Louvain, et doyen de Saint-Omer, où il mourut, le 19 février 1619. Il avait une connaissance critique de l’hébreu, du syriaque, du chaldéen et du grec. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages critiques et savants. Un traité précieux de lui sur les diverses lectures des évangiles grec et latin, etc., est inséré dans le sixième volume du Polyglott de Londres.♦
♦ Freheri Theatrum, t. I, sec. 3, p. 401. Clarke’s Bibliog. Diet., vol. IV, p. 294.
D’autres éditions de la Vulgate, outre celles des théologiens de Louvain, ont également été publiées par des personnes de la communion catholique, dont deux méritent d’être remarquées, l’une par Jean Benoît, l’autre par Isidore Clarius. L’édition corrigée de Benoît a été imprimée à Paris, par Simon Colinée, 1541, in-folio, et était accompagnée de notes marginales. Il a ensuite été placé dans l’Index expurgatoire de l’Église romaine. L’édition de Clarius a été imprimée à Venise, par Peter Schoeffer, 1542, in-folio. Une édition corrigée de la Vulgate a également été éditée et publiée par Francis Gryphius, le savant imprimeur, à Paris, en 1541, in-8°.+
+ Le Long, édit. Masch, t. II, t. III, cap. II, sec. 1, p. 213-215, 219-222.
JEAN BENOÎT, OU BENOÎT, docteur en théologie, naquit à Verneuil, en France, en 1483. Il mourut à Paris, où il était recteur de l’église Saint-Innocent, en 1573. Outre son édition de la Bible de la Vulgate, il compléta la Scholie de Jean Gagny sur les Évangiles et les Actes des Apôtres, 1563, in-8°.++
++ Nouveau Diet. Hist., tom. t. II, p. 68.
ISIDORE CLARIO, OU Clarius, a pris son nom de famille de Clarius de Chiari, le lieu de sa naissance, sur le territoire de Brescia, d’où il est aussi parfois appelé Brixianus. Il naquit en 1495, et entra à un âge convenable dans l’ordre de Saint-Benoît, au monastère de Saint-Jean, à Parme, où il fit des progrès extraordinaires dans la littérature sacrée et profane, et acquit la réputation d’être l’un des hommes les plus savants de son temps. La pureté de ses mœurs, la chaleur de sa charité, et son zèle pour la réforme des mœurs, lui gagnèrent l’estime générale ; tandis que son éloquence le distinguait comme prédicateur et orateur. En 1537, il est nommé prieur du monastère de Saint-Pierre, à Modène. Il fut ensuite abbé de Pontido, près de Bergame, et de Sainte-Marie, à Cesena. Il fut promu en dernier lieu à l’évêché de Foligno, qu’il gouverna avec une grande réputation, s’occupant assidûment de l’instruction des pauvres et promouvant la littérature parmi les personnes de condition supérieure, par l’institution d’une académie de savants. En 1542, il publia son édition révisée de la Bible de la Vulgate, et y ajouta certains Prolégomènes, ou dissertations préparatoires, qui furent ensuite ordonnés par les règles de l’Index expurgatoire du concile de Trente, publié après sa mort, d’être supprimés, et le texte de son édition ne prononça pas le texte authentique ou pur de la Vulgate. Il assista au concile, à la fois en qualité d’abbé et d’évêque, et défendit vigoureusement la version de la Vulgate des Écritures comme la meilleure qui existe, et la norme à laquelle toutes les autres devraient être amenées, ou plutôt qu’aucune autre ne devrait être permise, bien qu’il reconnût qu’elle avait besoin d’être corrigée. Il mourut d’une fièvre, en 1555, à Foligno, et ses restes furent honorés par le peuple presque comme ceux d’un saint. Un recueil de ses sermons a été publié de son vivant et réimprimé après sa mort. Dans son édition de la Bible latine, il a fait un grand usage de Seb. Munster, mais l’esprit de l’époque l’empêcha de reconnaître ses obligations envers les œuvres d’un auteur protestant.♦
♦ Aikin’s Gen. Biog., vol. III, p. 2. Simon, Hist, du V. T., liv. 2, ch. xx, p. 358.
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Des éditions de la version de la Vulgate ont également été publiées par des éditeurs protestants, en particulier par les savants ministres luthériens, André et Luc Osiander, et leurs descendants, et par Conrad Pellican.
Toutes les révisions précédentes de la Vulgate ont cependant été surpassées en célébrité par celles publiées par l’autorité, et sous l’inspection immédiate des pontifes romains. Le pape Pie IV, sous le pontificat duquel se termina le concile de Trente, adopta les vues du concile, qui avait déclaré la Vulgate authentique, et en avait ordonné l’impression d’éditions correctes ; et, conformément à ce dessein, il choisit plusieurs cardinaux et d’autres personnes, qui connaissaient bien les langues et étaient versés dans l’étude des Écritures, à qui il confia la correction de la version latine, qu’il ordonna de collationner avec les textes hébreux et grecs, et les écrits des pères. Son successeur, Pie V, continua l’entreprise, jusqu’à ce qu’il l’interrompît par ce qu’il considérait comme les préoccupations les plus importantes du siège pontifical, ce qui amena à la suspendre pendant un certain temps. À l’avènement de Sixte V à la suprématie pontificale, le projet fut renouvelé et mis à exécution. Ce pontife actif et résolu ne s’est pas contenté de réunir autour de lui un certain nombre de linguistes et de critiques parmi les plus savants et les plus perspicaces, mais il s’est engagé avec ardeur et personnellement dans l’examen de l’ouvrage lui-même. Angelus Roccha, bibliothécaire du Vatican, raconte que dans la bibliothèque, entre autres inscriptions, il y en avait une qui enregistrait la publication de la Vulgate par Sixte V. « Cette inscription, dit-il, est la quatrième inscription, et indique le soin extraordinaire et vraiment pontifical que Sixte V a pris à corriger et à imprimer la Bible, selon la direction du concile de Trente. dans lequel ses travaux étaient d’une telle nature, et si grands de jour et de nuit, que moi, qui les ai souvent vus et étonnés, je suis persuadé qu’il n’y a pas de mots qui puissent les décrire convenablement. Car il relut chaque mot de la Bible avant de la mettre sous presse, malgré les lourds soucis du monde chrétien qui l’accablaient chaque jour, et les nombreux actes pieux, héroïques et vraiment pontificaux qu’il accomplissait. C’est pourquoi il lut et corrigea assidûment les pages sacrées, afin que tous les livres des Saintes Écritures, et toutes leurs parties, pussent être lus, conformément au décret du concile de Trente, tels qu’ils avaient été autrefois lus dans l’Église catholique, et tels qu’ils sont contenus dans l’ancienne Bible latine de la Vulgate. Et cela ne suffisait pas ; car lorsque la Bible, ainsi corrigée, a été récemment imprimée, il a passé en revue le tout, afin que chaque partie étant fidèlement exécutée, elle puisse être publiée dans le monde.
Il a fait plus que cela ; car non seulement il lisait les feuilles telles qu’elles sortaient de la presse, mais, après que le tout avait été imprimé, il en examinait de nouveau toutes les parties, corrigeait plusieurs endroits de sa propre main, et veillait à ce que les autres fussent rectifiés par des mots ou des phrases imprimés séparément, et collés sur les mots ou les phrases erronés.
Pour ajouter à l’autorité de cette édition, Sixte l’accompagnait d’une bulle par laquelle il défendait à quiconque, sous peine des anathèmes les plus terribles, de la modifier dans les moindres détails. Cette bulle porte la date de mars 1589, bien que la Bible n’ait été publiée qu’en 1590, et enjoint la réception de cette édition comme authentique, selon le décret du concile de Trente : « De notre connaissance certaine et de la plénitude de notre pouvoir apostolique, nous ordonnons et déclarons, dit le pontife, que cette édition seule, qui a maintenant été corrigée de la meilleure manière possible, et imprimée aux presses du Vatican, doit sans aucun doute ni controverse être considérée par le public chrétien comme l’édition latine de la Vulgate de l’Ancien et du Nouveau Testament, reçue comme authentique par le concile de Trente. Et nous ordonnons qu’il soit lu dans tout le monde chrétien, dans toutes les églises, en remarquant que, d’abord par le consentement général de la sainte Église et des saints Pères, puis par le décret du concile général de Trente, et maintenant aussi par cette autorité apostolique que Dieu nous a confiée, il a été et il est enjoint d’être reçu et compté comme un vrai. copie légale, authentique et indubitable, dans toutes les disputes, conférences, sermons ou exposés publics et privés.♦
♦ Le Long, édit. Masch, t. II, t. III, cap. ii, sec. 1, p. 239-244. Clément, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, p. 155 à 158. Schelhornii Amœnitates Literariæ, t. IV, p. 433-454. Francofurt. et Lips., 1730, 8 vol. Traité de la corruption de l’Écriture de Jacques, &c., t. III, pp. 32-36, 54. Londres, 1611, in-4°.
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Cette édition, qui a obtenu à juste titre le nom de Sixtine, ou Bible de Sixte V, a été imprimée à l’imprimerie vaticane établie par Sixte, en trois volumes in-folio, 1590, et est, dit-on, « l’un des plus grands ouvrages qui soient jamais sortis des presses du Vatican, sous la direction d’Alde. » Certains exemplaires ont été imprimés sur du papier de grande taille et sont extrêmement rares.
Les principaux employés par Sixte dans cette édition furent le cardinal Caraffa, Flaminius Nobilius, Antonius Agellius, Petrus Morinus, Angelus Roccha et Lælius.
Cependant, à peine l’édition sixtine avait-elle paru qu’on s’aperçut qu’elle abondait en erreurs ; et à la mort du pontife, qui arriva l’année même de la publication de sa Bible, les copies furent appelées, et une nouvelle édition fut décidée par son successeur, Grégoire XIV, qui confia la révision de l’ouvrage à une congrégation ou à un comité de cardinaux et d’autres savants. dont le chef, d’après Le Long, (Biblioth. Sacra,) étaient les cardinaux Marcus Antonius, Columna et William Alan ; Bartholomée de Miranda, maître du palais sacré ; Robert Bellarmin, Antonius Agellius, Petrus Morinus, Flaminius Nobilius, Bartholomæus Valverdius et Lælius ; à laquelle Clément ajoute, les cardinaux De Ruvere, De Sarnana, et Columna, junr. ; Petrus Rudolphus, Henricus Gravius, Andreas, abbé de Salvanera, Antonius de Sancto Silvestro, et Angelus Roccha, secrétaire de la congrégation ou du comité.
Grégoire étant mort au mois d’octobre 1591, avant que l’œuvre fût beaucoup avancée, elle fut reprise par Clément VIII, qui monta sur le siège pontifical le 30 janvier 1592. Les savants qu’il choisit comme rédacteurs furent les cardinaux Franciscus Toletus, Augustinus Valerius et Fredericus Borromæus, assistés de Bellarmin, d’Agellius, de Morinus et de deux autres.
L’édition de la Vulgate par Clément a été publiée en 1592, au fol. La préface, anonyme, a été écrite par Robert Bellarmin. A cela est annexé le décret de la quatrième session du concile de Trente, De Canonis Scripturis, et la bulle de Clément VIII, datée de Rome, le 19 novembre 1592, dans laquelle il défend à tout imprimeur ou libraire d’imprimer ou de vendre, pendant l’espace de dix ans, toute Bible qui ne serait pas exactement conforme à celle-ci. sous peine de la grande excommunication. Une seconde édition a été publiée en 1593, en in-4°, différant dans certains cas de la première.
La différence entre les éditions pontificales est considérable , et porte un coup fatal à l’infaillibilité des papes. Le Dr James, le très savant bibliothécaire de la Bodleian Library, dans son célèbre Bellum Papale, imprimé à Londres, 1600, in-4°, et 1678, in-12, signale deux mille variations, quelques-unes de vers entiers, et beaucoup d’autres clairement et décidément contradictoires les unes avec les autres. Cependant les deux éditions ont été respectivement déclarées authentiques par la même plénitude de connaissances et de pouvoir, et toutes deux ont été gardées contre la moindre altération par la même excommunication formidable. Le Dr James, dans son Traité de la corruption de l’Écriture, mentionne également plusieurs autres variations qui n’ont pas été remarquées dans son Bellum Papale. Sixtinus Amamus l’a suivi dans son Anti-barbarus Biblicus , Franequer, 1656, in-4to. Le père Henry de Bukentop, un Ricollet, a fait une collecte semblable dans son traité intitulé Lux de Luce , Cologne, 1710, in-4°, mais il nie les conséquences que le docteur Jacques prétend en tirer contre l’infaillibilité pontificale. Lucas Brugensis a compté quatre cents endroits dans lesquels, à son avis, la Bible de Clément VIII. pourrait être considéré comme voulant une correction. Le cardinal Robert Bellarmin loua son industrie, et lui écrivit que ceux qui s’occupaient de l’ouvrage ne l’avaient pas corrigé avec la plus grande exactitude, et qu’intentionnellement ils avaient passé sous silence beaucoup d’erreurs.
La défense des défenseurs de l’autorité pontificale est que Clément n’a corrigé que les erreurs de la presse que Sixte avait l’intention de faire corriger dans une seconde édition. C’est ce que confirme l’auteur de la préface de l’édition clémentine : mais il n’y a aucune preuve de cela, et peu de vraisemblance. Au contraire, les corrections que Sixte fit de sa propre main, la bulle qu’il fit, son tempérament impérieux et résolu bien connu, et la La nature des éditions, celle de Sixte étant corrigée par l’original hébreu, tandis que celle de Clément était restreinte à l’ancienne Vulgate latine, prouvent qu’une telle intention n’existait pas. L’argument ainsi fourni contre l’infaillibilité des papes est si fort, que Baudouin, le jésuite, affirma hardiment que l’édition de Sixte n’avait jamais été publiée ! Il est certain que les exemplaires en sont extrêmement rares, l’édition ayant été supprimée si peu de temps après sa publication. Deux d’entre elles, cependant, sont connues pour exister en Angleterre, dont l’une se trouve dans la bibliothèque Bodleian. Mais « bien que nous ne puissions pas suivre la Vulgate latine dans toutes ses parties, ni lui attribuer l’autorité qu’elle possède dans l’Église de Rome, elle ne doit cependant en aucun cas être négligée par l’étudiant biblique : en tant que version ancienne, elle aide à la compréhension de l’original, et contribue à corriger certaines erreurs dans le texte hébreu. car il a indubitablement conservé en certains endroits les vraies lectures, qui sont confirmées par les collations, de Kennicott.♦ Ces deux éditions sont parfois vendues sous le nom de Bible de Sixte.
♦Hamilton’s Gen. Introd, to the Hebrew Scriptures, ch. viii, p. 166. Dublin, 1814, in-8°. Le Long, édit. Masch, t. II, t. III, cap. II, sec. 1, p. 244 à 249. Clément, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, p. 156 à 163. Schelhornii Amœnitates Literariæ, ut sup. Traité de la corruption de l’Écriture de Jacques, ut sup.
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Les esquisses biographiques suivantes des papes Sixte V et Clément VIII, et des savants qui ont été employés à la publication de la Vulgate par l’autorité pontificale, ne seront peut-être pas sans intérêt pour le lecteur, si l’on considère l’importance de l’œuvre dans laquelle ils ont été engagés, ou la célébrité de beaucoup d’entre eux comme personnages littéraires. ou des écrivains controversés.
FÉLIX PERETTI, plus tard pape SIXTE V, naquit le 13 décembre 1521 dans la province de La Marca d’Ancône, dans un village appelé Le Grotte, dans la seigneurie de Montalto, d’où il tira son titre, lorsqu’il fut fait cardinal. Son père était jardinier et sa mère servante. Ils auraient volontiers donné une certaine éducation, mais ils en étaient empêchés par leur pauvreté. À l’âge de neuf ans, son père le loua à un habitant de la ville pour garder ses moutons, mais ayant désobliger son maître, il fut dégradé pour être le gardien des porcs. Il fut tiré de cette désagréable occupation par un heureux accident, mais imprévu. F. Michel-Ange Selleri, frère franciscain, allant au commencement de février 1531 prêcher à Ascoli, s’égara près de la Grotte ; et, arrivé à quatre extrémités de ruelles, il ne savait quelle route prendre, et cherchait autour de lui quelqu’un pour le diriger, lorsque le jeune Félix, qui s’occupait de ses porcs près de l’endroit, s’apercevant de sa perplexité, courut à lui, et après l’avoir salué, lui en demanda la cause, et lui offrit ses services, qui furent acceptés avec joie. courut à côté du frère jusqu’à Ascoli. La conversation qui eut lieu entre eux sur la route découvrit chez le jeune porcher de telles marques d’intelligence et de soif de connaissance, qu’il décida F. Michel à le recommander aux soins et au patronage de sa confrérie. Il fut donc revêtu de l’habit d’un frère convers, et placé sous les ordres du sacristain pour aider à balayer l’église, à allumer les cierges et à d’autres travaux semblables, pour lesquels on devait lui enseigner les réponses et les rudiments de la grammaire ; et, ayant ensuite été placé sous la direction d’un instructeur pour qu’on lui enseignât le latin, il fit de tels progrès dans l’étude, qu’à l’âge de treize ans il fut qualifié pour commencer son noviciat, ou promotion d’un an, et à quatorze ans fut admis à faire sa profession. En juin 1545, il fut ordonné prêtre et prit le nom de père Montalto. Il a obtenu son baccalauréat la même année. Après avoir obtenu son doctorat avec honneur, non sans opposition de la part de ceux qu’il avait offensés par la violence de son caractère, il s’éleva successivement au rang de professeur de théologie à Sienne ; prédicateur au couvent des Saints-Apôtres à Rome ; régent du couvent de Saint-Laurent à Naples, et des Cordeliers à Venise ; inquisiteur général à Venise ; procureur général de son ordre ; aumônier du roi d’Espagne ; confesseur extraordinaire du pape ; et évêque de Sainte-Agathe. En 1569, il fut employé à rédiger une bulle pour l’excommunication d’Élisabeth, reine d’Angleterre, et fut peu après créé cardinal, sous le titre de Di Montalto. Cette promotion enflamma l’ambition de Montalto, et il résolut d’aspirer à la papauté. Dans cette vue, il prit adroitement le caractère d’un moine humble, patient, affable, désintéressé, se retira dans sa cellule, pratiqua les austérités du cloître, se déclara mort aux honneurs du monde, et, feignant de sombrer sous les infirmités accumulées de la vieillesse, s’imposa complètement à ses contemporains. Lorsque Grégoire XIII. Il mourut en 1585, entra au conclave avec les autres cardinaux, mais parut tout à fait indifférent à l’événement de l’élection. Prévoyant les querelles qui seraient occasionnées par les candidats rivaux, il n’adhéra à aucun parti, mais flatta tout le monde. Trois cardinaux, incapables de procurer l’élection qui leur était due.Ils ont décidé à l’unanimité de choisir Montalto. Tandis qu’on le félicitait de la probabilité de son accession à la chaire pontificale, il toussait et pleurait, comme s’il lui était arrivé quelque grand malheur ; mais à peine s’aperçut-il qu’un nombre suffisant de voix était donné pour être élu, qu’il jeta au milieu de la chapelle le bâton avec lequel il avait l’habitude de se soutenir, et, se levant de son siège, il parut presque plus grand d’un pied qu’il ne l’avait fait depuis plusieurs années. Les cardinaux étonnés feignant quelque erreur, il vociféra sévèrement : « Il n’y a pas d’erreur », et tonna aussitôt le Te Deum d’une voix qui ébranla la place, et, par l’audace de ses manières, intimida ses adversaires et assura son succès. Il prit alors le titre de Sixte V, et, mettant de côté son humilité et sa complaisance feintes, il traita tout ce qui l’entourait avec orgueil et réserve. Son premier soin fut de corriger les abus et de prévenir les énormités pratiquées dans les états ecclésiastiques. Le libertinage qui avait régné partout fut retenu par les mesures vigoureuses de Sixte, qui ne pardonna jamais à ceux qui essayaient de séduire une femme, et qui punissait avec la même fermeté le dignitaire et le plébéien. Soucieux non seulement d’embellir Rome, mais d’immortaliser sa mémoire, il fit élever un obélisque, que Caligula avait apporté d’Espagne ; et après quatre mois de travail, cette colonne prodigieuse, haute de plus de cent pieds, fut élevée à l’entrée de l’église de Saint-Pierre, et consacrée à la sainte Croix. Il fixa, par une bulle, le nombre des cardinaux à soixante-dix, et introduisit diverses règles salutaires dans le gouvernement de l’Église. Il a construit la célèbre bibliothèque du Vatican ; y établit une imprimerie, pour l’impression des ouvrages catholiques ; et institua la congrégation de l’Index, pour l’examen des livres et des manuscrits destinés à être publiés, et pour la correction ou la suppression de ceux qui étaient soupçonnés d’opinions hérétiques. Sous sa direction, de nouvelles éditions furent publiées des versions de la Septante et de la Vulgate des Écritures : il aurait également fait imprimer une traduction italienne de la Bible, qu’il supprima par la suite, en raison de l’opposition acharnée des Espagnols et de certains cardinaux. De même, alors qu’il était cardinal, il publia une édition des œuvres de saint Ambroise. Après qu’il eut exercé l’autorité pontificale avec une énergie et un effet singuliers pendant cinq ans, la chaire pontificale devint vacante par sa mort, survenue le 27 août 1590, non sans soupçonner qu’il avait été empoisonné par les jésuites, qu’il avait extrêmement irrités contre lui.♦
♦ Vie du pape Sixte V par Leti, traduite de l’italien par E. Fameworth, passim. Dublin, 1766, in-8°.
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HIPPOLITO ALDOBRANDINO, plus tard pape CLÉMENT VIII, descendait d’une ancienne famille florentine, et naquit à Fano en 1536. Il étudia à Ferrare et à Bologne, et se distingua par son éloquence naturelle et son tempérament droit. Pie V le nomma auditeur de la Roto, ou cour de judicature, qui connaît des affaires des bénéficiaires, et qui tirait son nom de la rota porphyretica, ou pavé de porphyre formé comme une roue, de la chambre où se tenait le tribunal. Sixte-Quint lui donna un chapeau de cardinal, et l’envoya comme légat a latere, ou cardinal légat, en Pologne. Il lui conféra aussi la charge de grand pénitencier, qui a le pouvoir de régler toutes les affaires relatives aux confesseurs et aux confessions. À la vacance après le court pontificat d’Innocent IX, il fut élu pape le 30 janvier 1592. Dès son accession à la chaire pontificale, il s’intitula Clément VIII, et se distingua par son zèle contre les protestants. C’est ce qui ressortit particulièrement de ses efforts pour placer un catholique romain sur le trône de France, à la place de Henri IV, et de la difficulté avec laquelle il se réconcilia avec ce prince après son apostasie de la religion protestante. Parmi ses actes les plus louables, il faut compter son édit sévère contre le duel, sa création d’un collège pour les Slaves et sa publication de la Bible de la Vulgate. Pendant environ treize ans, il posséda le diadème, et pendant cette période, il créa plus de cinquante cardinaux, parmi lesquels se trouvaient des barons, Bellarmin, Du Perron et d’autres hommes éminents. Il mourut le 5 mars 1605.♦
♦ Aikin’s Gen. Biog., t. III, p. 20. Walsh’s Hist, of the Popes, p. 269. Loud., 1759, in-8°, Vie de Sixte V, p. 331, 390.
ANTONIUS CARAFFA était un Italien, d’illustre famille. Il avait pour précepteur Guillaume Sirlet, un savant calabrais, et dans sa jeunesse il fut appelé à la cour du pape Paul IV, son parent, le pontife qui institua le premier l’Index des livres prohibés. Lors de l’élection de Pie IV, la famille Caraffa fut cruellement opprimée et privée de ses principaux bénéfices, auxquels elle fut de nouveau promue par son successeur Pie V, qui lui conféra de nouveaux honneurs et créa Antonius cardinal. Après son avancement, le cardinal Caraffa fut employé à corriger une édition du droit canonique, à rassembler les épîtres décrétales et à aider à la publication des Bibles grecque et latine publiées sous les auspices de Sixte V. Il succéda à son ancien précepteur, le cardinal Sirlet, comme bibliothécaire du Vatican ; et fut nommé patron (patrocinium) des séminaires maronites institués à Rome, par Grégoire XIII. Alors qu’il était occupé à Rome, à préparer un recueil des conciles grec et latin (achevé plus tard par le cardinal Frédéric Borromée), il fut interrompu par la mort, à l’âge de 53 ans, en 1591.+
+Freheri Theatrum Viror. Érudit, tome. I, t. I, sec. 2, p. 55.
FLAMINIUS NOBILIUS était un théologien et un critique célèbre, né à Lucques, mais résidait principalement à Rome. En 1581, il publia un traité « De la prédestination », imprimé à Rome, en in-4°. Il fut aussi l’un des savants employés par Sixte V pour éditer la version vaticane de la Septante, en 1587 ; dont il publia l’année suivante une traduction latine littérale, tirée principalement de l’ancienne version italique, ou latine, et accompagnée de notes. Cette traduction est insérée par Mgr Walton dans le Polyglott de Londres. Il mourut en 1590, âgé de cinquante-huit ans.++
++ Nouv. Diète. Hist., tom. III, p. 637. Fabricy, Tit. Prim., tom. t. I, p. 234 ; Tom. t. II, p. 36.
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ANTONIUS AGELLIUS, évêque d’Acerno, dans le royaume de Na-pies, était de l’ordre des Théatins, ou clercs réguliers. Il naquit à Sorrente ; et mourut en 1608. Il publia des Commentaires sur les Psaumes, Jérémie et Habacuc ; et fut employé par Grégoire XIII. dans la préparation de l’édition vaticane de la Septante, publiée plus tard sous les auspices de Sixte V.♦
♦Nouv. Diète. Hist., tom. t. I, p. 68.
PETRUS MORINUS, OU PIERRE MORIN, né à Paris en 1531, fut pendant quelques années employé par le savant Paul Manuce dans son imprimerie de Venise. Il enseigna ensuite le grec à Vicence ; d’où il fut appelé à Ferrare par le duc régnant. Le cardinal Charles-Borromée, informé de sa profonde connaissance des antiquités ecclésiastiques, de son désintéressement, de son zèle et de sa piété, l’admit dans son amitié et, en 1575, l’engagea à visiter Rome. Grégoire XIII. et Sixte V lui confia, conjointement avec d’autres critiques, la préparation pour l’impression des éditions de la Septante en 1587, et de la Vulgate en 1590. Il publia aussi une édition des Décrétales, 3 vol., in-folio, Rome, 1591 ; et un Recueil des conciles généraux, 4 vol., Rome, 1608. F. Quetif, dominicain, publia en 1675 un de ses traités, De l’usage convenable des sciences, avec quelques autres de ses ouvrages. Il mourut à Rome en 1608, dans la soixante-dix-septième année de son âge. On dit qu’il était un homme d’un esprit franc, sincère, doux, droit et honnête ; d’un tempérament égal, ennemi de l’artifice, indifférent aux richesses et aux honneurs, et sous l’influence d’aucune passion, si ce n’est celle de l’étude. De son séjour à Rome et de son application à la langue, il parlait l’italien avec la plus grande aisance et la plus grande élégance.+
+ Ibid., tom. vi, p. 355,
ANGELUS ROCCHA, le célèbre bibliothécaire du Vatican, naquit en 1545, à Rocca Contrata, dans la Marche d’Ancône, et mourut à Rome, le 7 avril 1620. Il entra de bonne heure dans l’ordre des ermites de Saint-Augustin, et en fut pendant plusieurs années le secrétaire, jusqu’à ce que le pape Sixte-V, informé de sa profonde érudition, l’appelât au Vatican et le chargeât de veiller sur les impressions de la Bible, des conciles et des Pères, qu’il avait fait imprimer à l’imprimerie apostolique. érigé par lui-même. Pour dédommager Roccha de son travail infatigable et de sa diligence, le pape Clément VIII. lui conféra la distinction titulaire d’évêque de Tagaste. Il a publié des Remarques sur les Écritures et sur les Pères, mais ses Remarques, ou Commentaires, sont maintenant rarement lus. Un autre de ses ouvrages est une histoire et une description du Vatican, intitulée Bibliotheca Apostolica. Vaticana illustrata. Elle est dédiée à Grégoire XIV, et est encore tenue en estimation. Il a été imprimé aux presses du Vatican, 1591, in-4°. Son Thesaurus Pontificiarum antiquitatum, necnon rituum ac cæremoniarum, 2 vol., in-folio, Rome, 1745, est considéré comme « une curieuse collection ». Son traité De Campanis est également estimé, et se trouve dans le deuxième volume du Thesaurus Antiquitatum Romanorum de Salengre. Roccha travailla pendant quarante ans à la constitution d’une riche et précieuse collection de livres, qu’il offrit au monastère de Saint-Augustin, à Rome, à condition qu’elle fût ouverte au public. Il eut l’honneur d’être le premier de cette capitale qui destina sa bibliothèque à l’usage du public, qui reçut pour cette raison le nom de Bibliotheca Angelica. ♦
♦Hist., t. VIII, p. 141, 142. Jani Erythræi Pinacotheca Imag Ulust., p. 105.
LÆLIUS, QU’ON surnomme quelquefois Landius, fut théologien+ du cardinal Ant. Caraffa, puis évêque de Narnia.++
+ Par le troisième concile de Latran, tenu sous Alexandre III. en 1179, il fut décrété : « Que les évêques ne pouvant pas, pour diverses causes, administrer régulièrement la parole de Dieu au peuple, surtout dans les diocèses étendus, choisiront des hommes capables de prêcher, qui visiteront les différentes paroisses à leur place, et instruire le peuple, lorsqu’il ne peut le visiter en personne ; et à qui ils accorderont une allocation suffisante. Et par le quatrième concile de Latran, tenu en 1215, sous Innocent III, il est ordonné « que les églises métropolitaines auront un théologien, ou théologal, pour enseigner aux prêtres l’Écriture sainte, et ce qui concerne la direction des âmes, à qui sera assigné le revenu d’une prébende. » — Régime alimentaire. Portatif des Conciles, p. 273, 744,
++ Le Long, Index Auctor., t. I, p. 566.
MARCUS ANTONIUS COLONNA, OU COLUMNA, descendant d’une noble famille italienne, fut l’élève de F. Montalto, (plus tard pape Sixte V), et devint archevêque de Salerne, et bibliothécaire du Vatican. Il fut créé cardinal par le pape Pie IV, qui l’envoya au concile de Trente. Grégoire XIII, Sixte-Quint et Grégoire XIV l’employèrent comme légat. Il mourut à Zagoralla, le 13 mars 1597.
§ Nouv. Diète. Hist., tom. III, p. 26. Vie de Sixte V de Leti, t. I, p. 55 ; B. II, p. 99.
WILLIAM ALAN, ALLEN, OU ALLYN, cardinal-prêtre de l’Église romaine, Anglais, naquit à Rossal, dans le Lancashire, en 1532, d’une bonne famille et d’une certaine fortune. Dans sa quinzième année, il entra à l’Oriel College d’Oxford et eut pour précepteur Morgan Philips, ou Morgan Philip, un papiste zélé. En 1550, il fut élu à l’unanimité fellow de ce collège ; et, la même année, il obtint le grade de bachelier ès arts, et peu après celui de maître ès arts, avec des applaudissements considérables. En 1556, il devint directeur de St. Mary’s Hall et, cette année-là et l’année suivante, l’un des surveillants de l’université. En 1558, il fut nommé chanoine d’York ; mais, perdant tout espoir d’une nouvelle avancement, à l’avènement d’Élisabeth au trône, il quitta le royaume en 1560, et se retira à Louvain, dans les Pays-Bas espagnols, où un an. On érigea un collège anglais, dont il devint le principal soutien ; le but de l’institution n’étant pas seulement d’éduquer les jeunes dans les principes de la théologie en général, mais surtout de les former à l’art de défendre les principes de l’Église catholique. C’est là qu’il commença ses écrits controversés ; et il s’appliqua avec tant de zèle à l’étude et aux devoirs de sa situation, au détriment de sa santé, que les médecins crurent nécessaire qu’il jouît du bienfait de l’air de son pays. Il se hasarda donc à visiter l’Angleterre vers l’année 1565, et aurait probablement pu continuer sans être dérangé, si son zèle pour la cause catholique ne l’avait porté à franchir les bornes de la prudence, par des efforts assidus pour obtenir des convertis, et pour empêcher les membres de l’Église romaine d’embrasser les doctrines de la Réforme ; ce qui le rendit si odieux au gouvernement, qu’il fut obligé de s’enfuir, d’abord à Londres, puis en Flandre, où il débarqua en 1568. Après son retour aux Pays-Bas espagnols, il se rendit à Malines, dans le duché de Brabant, où il lut une leçon de théologie dans un certain monastère. De là, il se rendit à Douay, où il devint docteur en théologie et travailla assidûment à l’établissement d’un séminaire destiné à soutenir les savants anglais. Pendant qu’il était ainsi employé, il fut nommé chanoine de Cambray. Au séminaire de Douay, on composa beaucoup de livres pour justifier les principes de l’Église catholique, et en réponse à ceux écrits pour défendre l’Église d’Angleterre, ce qui amena la reine Élisabeth à publier une proclamation interdisant la vente ou la lecture de ces livres. Peu de temps après, le Dr Alan fut nommé chanoine de Reims, ville à laquelle il transféra le séminaire qu’il avait institué. Par ses travaux infatigables, il obtint l’établissement de séminaires semblables à Rome et en Espagne. S’il s’était borné à défendre les vues théologiques de l’Église dont il défendait la cause avec tant de zèle, il aurait pu être considéré comme l’ami droit, quoique fanatique, du papisme ; mais mêlant les principes politiques les plus détestables à ses autres opinions, il était justement réputé chez lui comme l’ennemi capital de l’État, et toute correspondance avec lui regardée comme une haute trahison ; et Thomas Alfield a été exécuté pour avoir apporté ses écrits en Angleterre. Conformément aux sentiments qu’il soutenait, lui et plusieurs nobles anglais fugitifs persuadèrent Philippe II., roi d’Espagne, d’entreprendre la conquête de leur patrie. Pour faciliter ce dessein, Sixte-Quint fut amené à renouveler l’excommunication d’Élisabeth, tonnée contre elle par Pie IV. En 1587, il fut créé cardinal par Sixte, qui le plaça également dans la congrégation de l’Index des livres prohibés ; et peu de temps après, le roi d’Espagne lui donna une abbaye de grande valeur dans le royaume de Naples. En avril 1588, il rédigea une défense de l’excommunication de la reine Élisabeth, et exhorta la noblesse et le peuple d’Angleterre à l’abandonner et à prendre les armes en faveur des Espagnols. De cet infâme livre, mille exemplaires furent imprimés à Anvers, afin d’être mis à bord de l’armada pour être dispersés en Angleterre ; mais, à la suite de l’échec de l’entreprise, la plupart d’entre eux furent soigneusement détruits. Le roi le promut ensuite à l’archevêché de Malines, en Flandre ; et Grégoire XIV. l’a nommé bibliothécaire du Vatican, à la place du cardinal Caraffa, qui était décédé. On dit qu’il se repentit, vers la fin de sa vie, de sa trahison et de sa violence antipatriotique, au grand mécontentement des jésuites. Sa mort est généralement attribuée à une suppression de l’urine, mais on soupçonna fortement qu’il avait été empoisonné par les Jésuites, qui, tout en admettant qu’il avait été empoisonné, l’accusèrent de son antagoniste, l’évêque de Cassana. Il mourut le 6 octobre 1594 à Rome. En plus de publier ses écrits controversés, il s’occupa de la traduction de la Bible anglaise, publiée à Reims et à Douay ; et dans la correction de la Vulgate latine, publiée par Clément VIII.♦
♦Biographia Britannica, par Kippis, t. I, p. 108-114. Lond., 1778, fol., 2e édit. Alph. Ciaconii Vitæ et Res Gestæ Pontif. Romanor., &c., tom. t. IV, p. 166. Romæ, 1677, fol.
BARTHOLOMÆUS DE MIRANDA était un Espagnol, de l’ordre de Saint-Dominique, et maître du palais sacré sous Grégoire XIV. Il meurt en 1597.+
+ Le Long, Index Auctor., t. I, p. 571.
ROBERT BELLARMIN, le grand défenseur des prérogatives du siège romain, naquit à Monte-Pulciano, en Toscane, en 1542. Sa mère, Cynthia Cervin, était la sœur du pape Marcellus II. À l’âge de dix-huit ans, il entra dans la société des Jésuites, et se découvrit une telle précocité de génie, qu’il fut employé à la prédication avant d’être ordonné prêtre, ce qui n’eut lieu qu’en 1569, lorsqu’il reçut le sacerdoce des mains de Cornelius Jansenius, évêque de Gand, et fut placé dans la chaire théologique de l’université de Louvain. Son succès dans l’enseignement et la prédication fut si grand, qu’on dit qu’il eut pour auditeurs des personnes d’obédience protestante de Hollande et d’Angleterre. Après un séjour de sept ans à Louvain, il retourna en Italie, où Grégoire XIII. le choisit pour donner des conférences controversées dans le collège qu’il venait de fonder. Sixte V l’envoya en France, en 1590, comme théologien du légat, le cardinal Gætano. Clément VIII, neuf ans après, l’éleva au cardinalat, avec cet éloge : « Nous le choisissons parce que l’Église de Dieu n’a pas son égal dans la science. » En 1601, il fut promu à l’archevêché de Capoue, et déploya dans son diocèse un zèle égal à son savoir. Il consacrait le tiers de ses revenus au soulagement des pauvres, visitait les malades dans les hôpitaux, et les prisonniers dans les cachots ; et, cachant le donateur, leur transmettait secrètement de l’argent. Après avoir exercé ses fonctions archiépiscopales avec une attention singulière pendant environ quatre ans, il fut rappelé à Rome par Paul V pour y rester auprès de sa personne ; à cette occasion, il démissionna de son archevêché, sans en recevoir aucune pension. Il continua à s’occuper des affaires ecclésiastiques jusqu’en 1621, époque à laquelle il quitta ses appartements du Vatican et se retira dans une maison de son ordre, où il mourut le 17 septembre de la même année, à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Aucun auteur n’a défendu plus vigoureusement l’Église et la cour de Rome que Bellarmin, sur les opinions duquel il peut suffire de citer les remarques des auteurs du Nouveau Dictionnaire historique, qui observent : « Il regardait le saint-père comme le monarque absolu de l’Église universelle, le maître indirect des couronnes et des rois, la source de toute juridiction ecclésiastique, et le juge infaillible de la foi, supérieur même aux conciles généraux. La plus célèbre de ses œuvres est le Corps de la controverse, écrit en latin et fréquemment réimprimé. C’est là le grand arsenal d’où les combattants de l’Église de Rome ont tiré leurs armes les plus redoutables. Les meilleures éditions sont celles de Paris et de Prague, en 4 vol. in-folio, la première appelée le Triadelphi, la seconde imprimée en 1721. Ses autres ouvrages ont été publiés à Cologne en 1619, 3 vol., in-folio ; parmi lesquels se trouvent un Commentaire sur les Psaumes ; un Traité des historiens ecclésiastiques ; un Traité de l’autorité temporelle du pape ; une Grammaire hébraïque, imprimée séparément à Rome, 1578, in-8°, etc. Quelques-uns d’entre eux, en particulier son livre sur l’autorité temporelle du pape, excitèrent contre lui des adversaires dans sa propre communion ; la défense qu’elle contenait du droit des pontifes de déposer les princes la fit condamner par le parlement de Paris ; et Sixte-Quint ordonna qu’on le mît à l’Index des livres prohibés, parce qu’il affirmait, par tempérament, non pas un pouvoir direct, mais indirect des papes dans les choses temporelles. À sa mort, il légua la moitié de son âme à la Vierge Marie, et l’autre moitié à Jésus-Christ ; et, après sa mort, il fut regardé comme un saint, bien que la crainte d’offenser les souverains dont il avait comproché les droits temporels empêcha sa canonisation.♦
♦ Nouv. Diète. Hist., tom. II, p. 40 à 42. Aikin’s Gen. Biog., vol. II, pp. 26, 27.
BARTHOLOMÆUS VALVERDIUS, OU DE VALVERDE, était un Espagnol, natif de Villena, en Murcie, éminemment versé dans les langues hébraïque, grecque et latine. Il devint docteur en théologie et occupa une haute position officielle sous sa majesté catholique. Il meurt en 1590. Il est l’auteur de commentaires sur le Cantique des Cantiques et du dernier chapitre des Proverbes.+
+ Le Long, tom. t. II, p. 998. Paris, 1723, fol.
JÉRÔME de Ruvere, De la Rovere, ou Du Rouvre, en latin Ruverus, OU ROBOREUS, était de la famille des Ruvere de Turin, ville dans laquelle il naquit. Il fut, en 1559, nommé évêque de Toulon ; par la suite, il fut promu à l’archevêché de Turin et, en 1564, il fut élevé au cardinalat. Il mourut au cours du conclave au cours duquel Clément VIII. fut élu pape le 26 février 1592, à l’âge de soixante-deux ans. Un recueil de poèmes, écrit par lui à l’âge de dix ans, fut publié à Pavie en 1540, et réimprimé à Ratisbonne en 1683, in-8°.++
++ Nouv. Diète. Hist., tom. VIII, p. 190.
CONSTANCE BUCCAFOCUS, OU SALIGA, Italien, naquit le 4 octobre 1531, de parents méchants, au château de Sarnano, et du lieu de sa naissance fut communément appelé père Sarnano. nom qu’il conserva lorsqu’il fut ensuite fait cardinal par Sixte V. À l’âge de dix ans, il entra dans l’ordre franciscain, et changea le nom de Gaspar, qui lui avait été donné au baptême, pour celui de Constance. Dans sa vingt-huitième année, il reçut le grade de maître ès arts. Il enseigna ensuite la théologie et la philosophie à Pérouse, à Padoue et à Rome ; et se distinguait par sa piété et son érudition. Il fut l’ami dévoué de F. Félix Montalto (plus tard Sixte V) et, avec une fermeté et une constance invincibles, il le défendit et le soutint lorsqu’il n’y avait pas la moindre chance qu’il parvînt à la papauté. Cetteamitié invincible fut finalement récompensée par le chapeau de cardinal et l’évêché de Verceil, qui lui furent conférés par Montalto lorsqu’il obtint la chaire pontificale. Il mourut subitement au couvent des saints apôtres à Rome, le 31 décembre 1595. Il est l’auteur d’un Commentaire sur l’épître aux Hébreux ; additions au commentaire de Jo. Ant. Delphinus sur l’Évangile de saint Jean ; et de plusieurs ouvrages théologiques et métaphysiques. Il édita aussi les « Œuvres » de saint Bonaventure, sur ordre de Sixte V.
*Alphons. Ciaconii Vit. et Res Gest. Pontif. Roman., &c., tom. t. I, p. 166. Vie de Sixte V de Lett, p. 91, 142.
ASCANIO COLONNA, OU COLUMNA, fils, fils du duc de Palliano, fut élevé dans la maison de son père à Rome, sous le célèbre Muretus, et donna de bonne heure des preuves de talents littéraires. Encore jeune, il accompagna son père en Espagne et, pendant dix ans, poursuivit des études de théologie, de philosophie et de droit dans les universités d’Alcalá et de Salamanque. Le roi Philippe II. lui donna une abbatiale ; et, grâce à sa recommandation, il fut promu à la pourpre par Sixte V, en 1586. Son palais à Rome était toujours ouvert aux hommes instruits, qu’il patronnait avec une grande libéralité. Il rassembla une magnifique bibliothèque, dont il confia le soin à Pompeo Ugoni, homme d’une érudition distinguée. À la mort de Philippe II, en 1599, il prononça l’oraison funèbre, qui fut imprimée par la suite. Son étude particulière était celle du droit canonique. Il mourut à Rome, en 16O8.+
+ Aikin’s Gen. Biog., vol. iii.
PETRUS RUDOLPHUS, OU RODULPHUS, de Tossignano, de l’ordre des Frères Mineurs, consultant de l’inquisition, fut élevé à l’évêché de Venosa par Sixte-V, et transféré au siège de Senigaglia par Grégoire XIV, en 1591. Il dépensa des sommes considérables pour embellir la cathédrale et le palais épiscopal. Au cours d’un synode qu’il convoqua, il élabora un certain nombre de règlements visant à promouvoir la pureté des mœurs parmi le clergé. Il mourut et fut enterré dans l’église métropolitaine en 1601.++
++ Ughelli Italia Sacra, tom. t. II, p. 671. Romæ, 1647, fol.
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HENRICUS GRAVIUS était le fils d’un imprimeur de Louvain, où il est né. Il enseigna la théologie pendant vingt ans, avec beaucoup de succès, et fut appelé à Rome par Sixte V, pour aider à l’édition de la Bible de la Vulgate. Il fut ensuite admis à la cour de Grégoire XIV, et jouit de l’amitié des cardinaux Carafia, Borromée, Colonna et surtout Baronius. Il mourut à Rome, au mois de mai 1591, après avoir dépassé sa cinquante-cinquième année. Baronius composa son épitaphe, et écrivit une lettre à la faculté de théologie de Louvain, dans laquelle il déplore la mort de Gravius, comme la perte de son meilleur ami. Les notes contenues dans le septième volume des œuvres de saint Augustin, imprimé à Anvers en 1578, ont été écrites par Gravius.♦
♦Nouv. Diète. Hist., tom. t. IV, p. 216.
D’ANDRÉAS, abbé de Salvanera, et D’ANTONIUS DE SANCTO SILVESTRO+, aucune information n’a été obtenue.
+ Le monastère de Saint-Silvestre est situé sur une montagne en Italie près du Tibre, autrefois appelée Soractes, mais maintenant Monte di S. Silvestro, ou corrompu Monte S. Tresto. Il est difficile d’accès, et on dit qu’il a reçu son nom de ce qu’il a été érigé par Carloman, frère de Pépin de France, en l’honneur de saint Silvestre, qui s’y est enfui pendant la persécution soulevée contre les chrétiens.
FRANCISCUS TOLETUS naquit à Cordoue, en Espagne, en l’an 1532. a étudié à l’université de Salamanque, sous la direction de Dominic Soto, l’un des professeurs, qui l’appelaient « un prodige de l’esprit ». Entré dans la société des Jésuites, il fut envoyé à Rome, où il enseigna la théologie et la philosophie, et plut si fort à Pie V, qu’il fut nommé prédicateur de Sa Sainteté, charge qu’il conserva sous les pontifes qui lui succédèrent. Grégoire XIII. fait juge et censeur de ses œuvres. Grégoire XIV, Innocent IX et Clément VIII, qui l’éleva au cardinalat, lui confia plusieurs affaires ecclésiastiques. Il fut le premier jésuite à être créé cardinal. Bien que Espagnol et jésuite, il travailla avec acharnement à la réconciliation des Henri IV. de France au siège de Rome, nonobstant Philippe II. de l’Espagne n’a pas tout ce qu’il pouvait pour l’empêcher. Henri, reconnaissant de sa bonté, saisit tous les l’occasion de témoigner de son sentiment de l’obligation et, en apprenant qu’il mort, survenue en 1596, dans la soixante-quatrième année de son âge, service solennel à célébrer à Paris et à Rouen. Ce savant cardinal a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : 1. Commentaires sur saint Jean, Lyon, 1614, fol. ; sur Saint-Luc, Rome, 1600, fol. ; sur l’épître de saint Paul aux Romains, Rome, 1602, in-4°. : 2. Une somme de cas de conscience, pour le usage des prêtres, Paris, 1613, in-4°. Dans cet ouvrage, il soutient que les sujets doivent de ne pas obéir à un prince excommunié ; et admet la licéité de l’équivoque et des réserves mentales.++
++ Nouv. Diète. Hist., tom. IX, p. 164.
AUGUSTINUS VALERIUS, OU VALERIO, né à Venise, le 7 avril 1531, d’une des principales familles de cette ville, devint docteur en théologie et en droit canonique, et en 1558 il fut nommé professeur de morale dans son pays natal. Ayant pris l’habit ecclésiastique, il fut nommé à l’évêché de Vérone, à la destitution de son oncle, le cardinal Bernard Navagero, en 1565. Son zèle, son activité et son érudition lui valurent l’amitié du cardinal Charles Borromée. Il fut appelé à Rome par Grégoire XIII, qui le plaça à la tête de plusieurs congrégations, après l’avoir élevé à la pourpre romaine. Il mourut dans cette ville, le 24 mai 1606, à l’âge de soixante-quinze ans. Les plus estimés de ses ouvrages sont : 1° La Rhétorique des Prêcheurs, composée d’après les conseils et d’après le plan de saint Charles Borromée. On dit qu’il contient « des réflexions judicieuses sur l’art d’exciter les passions des auditeurs, sur l’illustration et la défense des doctrines, et sur les erreurs dans lesquelles les prédicateurs sont susceptibles de tomber ». Il est en latin, mais une traduction française en a été publiée à Paris, par l’abbé Dinouart, en 1750, in-12. De cautione adhibenda in edendis libris, 1719, in-4°. Ce dernier ouvrage contient un catalogue de toutes les œuvres de l’auteur, qu’elles soient imprimées ou manuscrites.♦
♦ Nouv. Diète. Hist., tom. IX, p. 260.
FRÉDÉRIC BORROMÉE, OU Borromée, savant cardinal, était le fils cadet du comte Jules César, frère du comte Gilbert, père du célèbre saint Charles Borromée. Il fit ses études à Pavie, dans le collège fondé par son cousin Charles, qu’il s’efforça d’imiter dans toute sa conduite. Il fut sacré archevêque de Milan en 1595 et mourut en 1632. Il célébra le septième concile de Milan, écrivit plusieurs ouvrages pieux, et fonda à Milan la célèbre bibliothèque ambrosienne, qui contient, dit-on, trente-huit mille volumes, dont quatorze mille manuscrits, avec beaucoup d’excellents tableaux, des curiosités littéraires et des monuments.+
+ Butler’s Lives, vol. xi, p. 108, note.
L’édition corrigée de la Vulgate, produite par les travaux de ces savants, est celle à partir de laquelle ont été formées toutes les éditions ultérieures en usage parmi les membres de l’Église romaine. Ceux-ci sont trop nombreux pour être particulièrement spécifiés ; l’édition parisienne de Didot en 1785, en deux volumes in-quarto, peut cependant être remarquée par sa beauté et sa précision singulières.++
++J Clarke (Dr. A.) Introd, aux Évangiles, etc., p. 22. Introd de Horne, à l’étude critique de la Bible, vol. I, p. 296.
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