LITTÉRATURE BIBLIQUE.

PARTIE III, suite.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

CHAPITRE V.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

Henri VIII. — Tyndall. — Nouveau Testament anglais. — Abolition du papisme en Angleterre. — Versions anglaises. — Coverdale. — Progrès de la Réforme. — Défense poétique des traductions vernaculaires par Lyndsay. — Réforme en Écosse. — Versions françaises. — Olivétan. — Calvin. — Psaumes de Marot. — Robert Stephens. — Faculté de théologie de Paris. — Servet. — Espagne. — Loyola. — Jésuites. — Versions espagnoles. — Versions italiennes. — Brucioli Marmochino. — Écritures hébraïques. — Bomberg. — Éditions de l’Écriture énumérées par Panzer.

La Réforme étendit bientôt son influence à L’ANGLETERRE, et les œuvres de Luther, de Mélancthon et d’autres réformateurs furent lues et distribuées avec empressement par ceux qui purent se les procurer. On a aussi traduit des écrits favorables à des opinions analogues ; parmi ceux-ci, le Traité d’Érasme sur le Pater Noster, imprimé par Wynkyn de Worde, 1524, in-4°, mérite une attention particulière, étant « traduit en anglais par une jeune dame vertueuse et bien éduquée, âgée de dix-neuf ans et démontrant le sentiment dominant de la nation. Pour contrecarrer cette inclination de ses sujets aux sentiments hérétiques, Henri VIII entra dans la liste contre Martin Luther, en écrivant et en publiant un livreDe Septem Sacramentis, « Des sept sacrements pour lesquels le pape Léon X conféra au controversiste royal le titre de « Défenseur de la Foi ». Mais ni l’éclat de la couronne d’Henri, ni les acclamations des admirateurs de l’exécution royale n’intimidèrent l’intrépide Allemand, qui répondit au traité en termes d’une sévérité inconvenante, suivie d’une lettre reconnaissant la virulence des termes employés. À la réponse de Luther succéda une réponse épistolaire du roi, dont le zèle avait été enflammé par les honneurs qu’il avait reçus du chef pontifical de l’Église. Ces réponses épistolaires, écrites à l’origine en latin, furent ensuite traduites et imprimées par Richard Pynson, imprimeur de Sa Majesté. Dans la dernière de ses épîtres, datée de 1527, parlant d’une des publications de Luther, il dit : « Dans laquelle il feint d’être informé, afin que nous soyons tournés vers la faveur de sa secte. Et avec beaucoup de flattering, il s’efforce de nous contenter qu’il soit capable de nous écrire dans la matière et la cause de l’Évangile : Et là-dessus, sans qu’on ait eu de nous, il a publié la même lettre et l’a imprimée, dans le but que ses adhérentes fussent les plus hardies, sous l’ombre de notre faveur, mais aussi tomba en délit avec une ou deux personnes obscènes, portées dans ce notre royaume, pour la traduction des Nouveaux Testaments en anglais, ainsi qu’avec beaucoup de corruptions de ce texte sacré, comme certaines préfaces, et autres Gloses pestylent dans les margentes, pour l’advauncement et le settyng pour le de ses hérésies abhomynables, entendynge d’abuser de l’inyndes de dieu et de la dévotion que vous portez à notre peuple bien-aimé, pour avertir la sainte crypture, et vous enfecter de la corruption et de l’odeur contagieuse de ses erreurs péstylées. Dans l’advoydynge de laquelle nous, de nos particuliers, tendons zele vers vous, avons, avec l’advyse délibérée du très révérend père en Dieu, Thomas lord Cardynall, légat de Latere du siège apostolyke, archebysshop de Yorke, primat et notre chancelier de ce royaume, et d’autres reve-rende pères de la spiritualité, détermyné lesdits et faux translatyons à apporter, avec plus de correction et de punition contre les kepars et les redars de la même, rekenyng de vos wysdomes très sûrs que vous seriez bien et heureusement par-ceyve notre tendre et aimant mynde pour vous avertir là-bas, et que vous ne serez jamais si avide sur aucun swete wyne, que le raisin ne sera jamais si agréable, que vous désirerez le goûter, étant bien annoncé yt. Ton ennemi l’a déjà fait.+

 Antiquités typographiques de Dibdin, t. II, p. 243.

+Antiquités typographiques de Dibdin, t. II, p. 489.

La traduction anglaise du Nouveau Testament à laquelle le roi fait allusion était une traduction récente du grec, par William Tyndale, ou Tyndall, un Anglais, et imprimée en 1526, in-12, sans le nom du traducteur de l’imprimeur, ni du lieu où elle a été imprimée, bien qu’elle ait probablement été imprimée à Anvers, où Tyndall résidait alors. De cette édition, on n’a tiré que mille cinq cents exemplaires, dont la plupart ont été achetés à la demande de Cuthbert Tonstall, évêque de Londres, par Augustine Packington, marchand anglais, et par l’évêque livré aux flammes. Les assistants de Tyndall dans le travail de traduction étaient John Fry, ou Fryth, et William Roye ; le premier fut l’un des savants étudiants de Cambridge, choisi par le cardinal Wolsey pour son nouveau collège d’Oxford, appelé Frideswide, aujourd’hui Christ Church, et ensuite brûlé à Smithfield pour hérésie, en juillet 1533 ;++ et ce dernier a subi une mort similaire au Portugal, à la même occasion. L’achat de la plus grande partie de l’impression par l’évêque Tonstall, et les commissions ecclésiastiques émises par lui et l’archevêque Warham, par lesquelles toutes les personnes étaient tenues, sous peine d’excommunication, de remettre les exemplaires de cette traduction, les rendirent si rares, que la seule supposée exister est celle qui est conservée dans la bibliothèque baptiste. à Bristol. De cet exemplaire, M. Beloe, dans ses Anecdotes de littérature et de livres rares, a. Il a fourni les renseignements curieux suivants : « Il est en duodecimo, et est écrit au dos : « Nouveau Testament par Tyndall, première édition, 1526. » Il y a un portrait collé sur le premier feuillet. Sur le feuillet opposé se trouve un papier imprimé qui dit : « Mardi soir (13 mai 1760), à la vente des livres de M. Ames par M. Langford, un exemplaire de la traduction du Nouveau Testament, par Tyndall, et supposé être le seul qui restât qui échappa aux flammes, fut vendu pour quatorze guinées et demie. Ce même livre fut recueilli par l’un des collectionneurs de feu lord Oxford (John Murray, écrit dans la marge) et fut considéré comme un achat si précieux par Sa Seigneurie, qu’il fixa 20 livres sterling par an à vie à la personne qui l’avait acheté. La bibliothèque de Sa Seigneurie ayant ensuite été achetée par M. Osburne, de Gray’s Inn, il la marqua à quinze shillings, prix pour lequel M. Ames l’acheta. Cette traduction fut achevée sous le règne d’Henri III. an. 1526, et l’ensemble de l’impression, comme on le suppose, (cette copie exceptée), fut acheté par Tonstall, évêque de Londres, et brûlé à la croix de Saint-Paul, cette année-là. De l’autre côté de la feuille, dans le manuscrit, se trouve ceci : « N. B. Ce livre de choix a été acheté à la vente de M. Langford, le 13 mai 1760, par moi, John White, et le 13 mai 1776, je l’ai vendu au révérend Dr Gifford, pour vingt guinées, le prix payé pour la première fois par feu lord Oxford. Suit une estampe du comte d’Oxford, ancien propriétaire du livre, mort en 1741. À la fin du livre se trouve la note suivante dans le manuscrit de J. Ames : « Cette singulière traduction anglaise du New Testamcnt semble parfaite à une personne qui comprend l’imprimerie, bien qu’elle ne porte pas de date, ce que beaucoup de livres de cette époque voulaient aussi, le sujet à cette époque étant si dangereux de s’en mêler. Le. l’endroit où l’imprimé est généralement censé être Anvers, où l’on avait alors la presse et plus de libertés que dans leur propre pays. La manière dont ce livre est fait le montre très tôt, comme l’enluminure des grandes lettres ou des lettres initiales, de bonne heure employée dans les plus beaux de nos vieux manuscrits, lorsqu’ils avaient un groupe d’hommes appelés enlumineurs, à ces fins. D’ailleurs, les notes marginales faites avec la plume, qui ont été imprimées par la suite, la montrent avant que d’autres aient été imprimées avec elles. La personne qui l’a fait a fait preuve d’une belle main libre qu’il est rare aujourd’hui de dépasser. Ces considérations réunies m’inclinent à souscrire à ce qu’il s’agit de la première édition imprimée du Testament anglais. J. Ames. Au-dessous, il est écrit : « Et ce qui met hors de doute qu’elle est antérieure à toutes les autres éditions, ce sont ses propres mots, dans la deuxième page de son adresse au lecteur. A. Gifford, 11 septembre 1776. L’adresse « au reder », à laquelle il est fait allusion ici, se trouve à la fin du livre. C’est à cet effet : « Ceux qui sont instruits du baptême, je les implore pour autant que je sois sûr, et ma conscience me rend témoignage, que d’un pur ententent, singilly et faythly, je l’ai interprété, (l’Évangile) aussi loin que Dieu m’a donné le gyffte de la connaissance et de la compréhension, de sorte que la rudesse de l’œuvre maintenant au premier tyme ne les offensèrent pas : mais qu’ils considèrent que je n’avais pas d’homme à contrefaire, et qu’ils n’étaient pas non plus harcelés par ceux qui avaient interprété la même chose, ou que l’on eût fait quelque chose dans l’Ecriture avant le tyme, &c. » Suivent les erreurs commises dans le prentynge.♦♦

++ On trouvera un récit des plus intéressants sur ce digne martyr dans l’Actet and Monumentes de Fox, vol. II, p. 303-310. Lond., 1641, fol.

L’opinion du Dr Geddes, traducteur et critique catholique romain tardif, à propos de la traduction de Tyndall, mérite des éloges pour sa franchise et sa justesse : « C’était loin d’être une traduction parfaite, il est vrai, dit-il, mais c’était la première du genre ; et peu de premières traductions lui seront, je crois, préférables. Il est étonnant de voir à quel point son langage est peu désuet, même de nos jours ; et, sous le rapport de la perspicacité, de la noble simplicité, de la convenance de l’idiome et de la pureté du style, aucune version anglaise ne l’a encore surpassée. Les critiques de ceux qui ont écrit contre elle (nous sommes désolés de trouver Sir Thomas More parmi eux) sont généralement trop sévères, souvent captieuses, et parfois manifestement injustes.§

§ Prospectus de Geddes, pp. 88 et 89.

Le spécimen suivant de cette traduction, avec la glose dessus, tiré d’un exemplaire ancien, mais imparfait, que j’ai sous les yeux, permettra au lecteur de juger de son excellence :

Le noble témoignage suivant de l’intégrité de Tyndall, et de sa fidélité dans la traduction, est donné par son ami et compagnon John Fryth le martyr, dans sa réponse à Sir Thomas More : « Et Tyndall, je l’espère, vit bien content de la vie d’un si pauvre apôtre, comme Dieu l’a donnée à son Fils Christ, et à ses fidèles ministres dans ce monde, qui n’est pas sûr d’avoir autant d’acariens que vous l’êtes chaque année de livres, bien que je sois sûr que, pour son érudition et son jugement dans l’Écriture, il était plus digne d’être promu que tous les évêques d’Angleterre. J’ai reçu de lui une lettre qui a été écrite depuis Noël, dans laquelle il écrit entre autres choses ceci ; J’appelle Dieu à témoigner, pour le jour où nous nous présenterons devant notre Seigneur Jésus, pour rendre compte de nos actions, que je n’ai jamais changé une seule syllabe de la parole de Dieu contre ma conscience, et que je ne le ferais pas aujourd’hui, si tout ce qui est sur la terre, que ce soit l’honneur, le plaisir ou les richesses, pouvait m’être donné. De plus, je prends Dieu à témoin pour ma conscience, que je ne désire de Dieu pour moi-même en ce monde, pas plus que cela, sans lequel je ne puis observer ses lois. Jugez, lecteur chrétien, si ces paroles ne sont pas prononcées d’un cœur fidèle, clair et innocent. Et quant à sa conduite, elle est telle, que je suis sûr que personne ne peut lui reprocher aucun péché, mais nul n’est innocent devant Dieu, qui voit le cœur.

Fox, vol. II, p. 367.

Les imprimeurs hollandais piratèrent rapidement le Nouveau Testament de Tyndall, et en conséquence une édition fut publiée par eux sous une petite forme, en 1527, et l’année suivante, une autre. Ces deux épreuves se composaient de cinq mille exemplaires, et étaient vendues par les libraires hollandais à raison de treize pence la pièce, ou trois cents pour 16 livres 5 shillings. En Angleterre, elles étaient vendues à l’unité pour environ une demi-couronne . L’édition de Tyndall se vendait environ trois shillings et six pence le volume : George Joye, un réfugié anglais, qui corrigeait les éditions hollandaises, ne recevait que 4 shillings par feuille, soit 14 shillings pour l’ensemble de son travail.

 Lewis’s Hist, des traductions anglaises de la Bible, pp. 67, 80, 83.

Les évêques anglais usèrent de toute leur influence pour empêcher l’importation et la diffusion de la traduction de Tyndall. Des proclamations sévères furent faites par le roi, à la réquisition du clergé, contre tous ceux qui le liraient ou l’avaient en sa possession. Humphry Monmouth, qui soutenait Tyndall à l’étranger, fut emprisonné dans la tour ; et, quoiqu’il fût riche, il fut presque réduit à la ruine. La pénitence fut enjointe à Thomas Patmore et au frère de l’auteur, John Tyndall, soupçonnés d’avoir importé et dissimulé ces livres ; et Sir Thomas More, lord chancelier, ordonna « qu’ils chevaucheraient la face contre terre jusqu’à la queue de leurs chevaux, ayant des papiers sur la tête, et les Nouveaux Testaments, et d’autres livres qu’ils avaient dispersés, suspendus à leurs manteaux ; et à l’étendard, à Cheapside, les jetteraient eux-mêmes dans un feu préparé à cet effet ; et qu’ils seraient ensuite condamnés à une amende selon le bon plaisir du roi. L’amende qui leur fut infligée s’éleva à £18 840 Os. 10j. Le savant chancelier fut aussi amené, par les grands patrons du papisme, à employer sa plume contre le traducteur et la traduction. En l’an 1530 ou 1531, une proclamation royale fut publiée pour supprimer totalement cette traduction, qu’on prétendait pleine d’hérésies et d’erreurs ; et en espérant qu’une autre traduction, plus fidèle, soit préparée et publiée.++ Le Dr Stokesley, évêque de Londres, qui, au mois de mai 1531, fit apporter tous les Nouveaux Testaments de Tyndall, et beaucoup d’autres livres qu’il avait achetés, dans le cimetière de l’église Saint-Paul, et y fut l’un des plus cruels persécuteurs parmi les prélats de son temps. Fox est entré dans un long détail de ceux qui ont souffert dans son diocèse : nous lui avons extrait les détails suivants des accusations portées contre plusieurs de ceux qui ont été emprisonnés et contraints d’abjurer.

++ Newcome’s Historical View of the English Biblical Translations, pp. 20-22. Dublin, 1792, in-8°, Henry’s Hist, of Great Britain, b. vi, ch. ii, sec. 2, p. 59. Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, vol. i, b. i, ch. xxi, p. 116.

« John Raimund, Hollandais, 1528. »

« Pour avoir fait imprimer quinze cents exemplaires du Nouveau Testament de Tindal à Anvers, et pour en avoir apporté cinq cents en Angleterre. »

« Thomas Curson, moine de Bastacre, à Northfolke, 1530. »

Voici ce qu’il voulait dire : Pour sortir du monastère, et changer sa mauvaise herbe, et laisser croître sa couronne, travailler à l’étranger pour gagner sa vie, confectionnant des chapes et des vêtements. Aussi, pour avoir fait traduire en anglais le Nouveau Testament de Tindal, et un autre livre contenant certains livres de l’Ancien Testament, par certains que les papistes appellent luthériens.

John Row, relieur, Français, 1531.

« Cet homme, pour avoir relié, acheté et distribué des livres empêchés, a été enjoint à d’autres pénitences, d’aller à Smithfield avec ses livres attachés autour de lui, et de les jeter au feu, et d’y demeurer jusqu’à ce qu’ils soient tous réduits en cendres. »

« Christophe, Hollandais d’Anvers, 1531. »

« Cet homme, pour avoir vendu certains Nouveaux Testaments, en anglais, à John Row, a été mis en prison, à Westminster, et y est mort. »

« W. Nelson, prêtre, 1531. »

Son crime fut d’avoir et d’avoir acheté de Périman certains livres de Luther, Tindal, Thorpe, etc., et de les avoir lus et lus contrairement à la proclamation du roi, pour laquelle il fut abjuré. Il était prêtre à Lith.

« Edward Hewet, servant, 1531. »

« Son crime : Qu’après la proclamation du roi, il avait lu le Nouveau Testament en anglais : aussi le livre de Jean Frith contre le Purgatoire, etc. »

Walter Kiry, serviteur, 1531.

« Son article : Qu’après la proclamation du roi, il avait et utilisé ces livres : le Testament en anglais, le Summe of Scripture, un abécédaire et un psautier en anglais, cachés dans sa paille à Worcester. »

John Mel, de Bockstead, 1532.

Son hérésie était celle-ci : pour avoir et lu le Nouveau Testament, en anglais, le Psautier, en anglais, et le livre appelé A, B, C. »

Fox, vol. II, p. 315-322. Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, vol. I, p. 116.

Pendant ce temps, Tyndall était occupé à traduire le Pentateuque, ou Cinq Livres de Moïse, de l’hébreu. Mais comme il avait achevé sa traduction, et qu’il était allé à Hambourg pour l’imprimer, le vaisseau sur lequel il s’embarquait fit naufrage, et ses papiers perdus, de sorte qu’il fut obligé de reprendre son travail ; où il fut assisté de Myles Coverdale, et enfin, en 1530, il le publia dans un petit in-octavo. Il semble avoir été imprimé à plusieurs presses, en raison du danger qui l’accompagnait. La Genèse et les Nombres sont imprimés en lettres hollandaises, les trois autres livres, l’Exode, le Lévitique et le Deutéronome, sont imprimés en lettres romaines, avec de temps en temps une majuscule de la lettre noire entremêlée. À chacun des livres un prologue est préfixé, et à la fin de l’Exode et de la Deutéronomie se trouvent des « Tables exposant certaines paroles ». Dans la marge se trouvent quelques notes ; et le tout est orné de dix gravures sur bois. Dans certains exemplaires, il est ajouté à la fin : « Imprimé à Malborow dans le pays de Hesse par moi Hans Luft l’yere de notre Seigneur M.C.C.C.C.C.X.X.X. le xvii jour de janvier. »

 Lewis, p. 70 et 71.

Vers 1531, Tyndall traduisit et publia la Prophétie de Jonas, à laquelle il ajouta un prologue plein d’invectives contre l’Église de Rome. Strype dit que Tyndall, avant sa mort, termina toute la Bible, à l’exception des apocryphes ; mais l’évêque Newcome pense qu’il n’a traduit que les parties historiques. Hall dit dans sa Chronique, qui a été imprimée sous le règne d’Henri VIII. par Richard Grafton, ami et bienfaiteur de Tyndall, « William Tindall traduisit le Nouveau Testament et le publia d’abord ; et il traduisit aussi les cinq livres de Moïse, de Josué, de Judice, de Ruth, les livres des Rois, les livres de Paralipomène, de Néhémie, et le premier d’Esdras, et le prophète Jonas, et rien de plus des Saintes Écritures. Mais tout ce qu’il a laissé derrière lui en manuscrit, il semble qu’il n’ait imprimé ou publié que la prophétie de Jonas+.

+ Newcome, p. 23 et 24.

Fuller, dans son Histoire de l’Église, a laissé entendre l’incompétence de Tyndall à traduire l’Ancien Testament, en disant : « Son habileté en hébreu n’était pas considérable. » Il n’est cependant que juste de laisser notre traducteur parler pour sa propre défense, et il est probable que le savant qui lira sa préface ou son prologue préfixé à sa seconde édition de l’Évangile de saint Matthieu le déclarera « considérablement » versé dans les particularités de cette langue. Le passage auquel il est fait allusion commence ainsi : « Si vous êtes contrarié, ou si vous n’êtes pas tout à fait d’accord avec le grec, que celui qui trouve la faute considère la phrase Hebrue, ou la manière de speache laissée dans les mots grecs, dont le preterperfectense et le presentencenement sont de l’un et de l’autre, et le futuretence est aussi le mode optatif, et le futur du mode impératif dans le voyce actif, et dans le passif jamais. De même personne pour personne, nombre pour nombre, et interrogatoire pour conditionnel, et un tel lyke est chez les Hébrues un vsage commun. ++

++ Newcome, p. 25. Œuvres de Tyndall, p. 32. Lond., 1573, fol.

Tyndall a également révisé et préparé une deuxième édition de son Nouveau Testament pour l’impression, qui a ensuite été imprimée à Anvers par " Marten Emperour, en 1534, in-8 ; mais avant que l’impression fût tout à fait terminée, Tyndall fut trahi et finit par souffrir le martyre. Une copie singulièrement belle sur vélin, de l’édition révisée du Nouveau Testament de Tyndall, se trouve dans la collection Cracherode, aujourd’hui au British Museum. Il appartenait à l’infortunée ANNE BOLEYN, lorsqu’elle était reine d’Angleterre, comme nous l’apprend son nom en grandes lettres rouges, également divisées sur les bords antérieurs des marges supérieure, latérale et inférieure ; donc en haut ANNA ; sur la marge de droite BORD ANTÉRIEUR REGINA ; en bas ANGLIÆ. L’enluminure du frontispice est également en très bon état. Il est relié en un épais volume en maroquin bleu. Tout amateur de la Bible doit s’intéresser à son histoire, et la brève esquisse qui suit peut lui apporter quelque satisfaction.

 Lewis, p. 85. Décaméron bibliographique de Dibdin, vol. II, p. 370.

WILLIAM TYNDALL, TYNDALE, OU TINDALE, qui portait aussi le nom de Hitchens, naquit en 1500, à peu près sur les frontières du pays de Galles, et d’un enfant élevé à l’université d’Oxford. C’est là qu’il acquit la connaissance des langues et des arts libéraux, et qu’il donna des conférences en privé sur la théologie, en particulier sur les Écritures, aux jeunes boursiers et à d’autres érudits du Magdalen College. En même temps, sa conduite lui valut une grande réputation d’érudition et de moralité, de sorte qu’il fut admis chanoine du nouveau collège du cardinal Wolsey, aujourd’hui Christ Church. Ses opinions religieuses l’empêchant de continuer à Oxford, il se retira à Cambridge, où il obtint un diplôme. Au bout de quelque temps, il quitta l’université et vécut à Little Sudbury, dans le Gloucestershire, avec sir John Welch, chevalier, qui l’estimait beaucoup et le nomma précepteur de ses enfants. En plus de prêcher fréquemment à Bristol et dans les environs, il s’engagea dans des discussions avec beaucoup d’abbés et d’ecclésiastiques dignes, qui avaient l’habitude de rendre visite à Sir John, sur les sujets les plus importants de la religion, prouvant et défendant ses positions par des références aux Saintes Écritures. Ne pouvant le réfuter, ils se plaignirent au chancelier du diocèse, qui, après avoir tenu les termes les plus réprobateurs, le renvoya avec les menaces les plus sévères. Dans la préface de sa traduction du Pentateuque, il donne un curieux récit des combinaisons des prêtres contre lui, et de leur réunion dans des « maisons de bière » pour discuter les doctrines qu’il enseignait, bien que, comme il l’observe, ils « n’aient pas vu plus de latin que ce qu’ils lisaient seulement dans leurs portasses et leurs missels, que beaucoup d’entre eux savaient à peine lire. Pendant qu’il demeurait dans la maison de sir John Welch, il eut une dispute avec un certain théologien érudit au sujet des doctrines qu’il avait embrassées. Au cours du débat, Tyndall pressa son adversaire avec une telle force d’argumentation, tirée des Saintes Écritures, que le docteur s’exclama passionnément : « Nous étions mieux privés des lois de Dieu que de celles du pape, ce à quoi Tyndall, avec un zèle indigné, répondit : « Je défie le pape et toutes ses lois et ajouta en outre que si Dieu lui épargnait la vie, avant de nombreuses années, il ferait en sorte que le garçon de charrue en sache plus de l’Écriture qu’il n’en connaissait.

Trouvant sa situation dangereuse, il se retira à Londres et prêcha pendant quelque temps dans l’église de St. Dunstan, dans l’Ouest. Pendant son séjour, il s’adressa au docteur Cuthbert Tunstall, évêque de Londres, pour devenir l’un de ses chapelains, mais sans succès, malgré Sir Henry Guildford, maître de la cavalerie et contrôleur du roi Henri VIII, qui était l’ami de Sir John Welch et un grand protecteur des hommes instruits, usa de son influence auprès de l’évêque en faveur de Tyndall. qui lui avait présenté une oraison d’Isocrate, traduite du grec, comme une preuve de son érudition à une époque où le grec n’était compris que par très peu de savants en Angleterre. Après cette demande infructueuse à l’évêque Tunstall, il résida pendant six mois dans la maison de M. HUMPHREY MONMOUTH, riche citoyen de Londres ;♦♦ puis il s’en alla à l’étranger, afin d’accomplir avec plus de sûreté son grand dessein de traduire le Nouveau Testament en anglais. Il visita d’abord la Saxe, où il tint des conférences avec Lather et d’autres savants réformateurs, puis retourna aux Pays-Bas et s’établit à Anvers, où il y avait une fabrique très considérable de marchands anglais, dont beaucoup étaient des adhérents très zélés à la doctrine de Luther. C’est là qu’il s’engagea dans sa traduction du Nouveau Testament, puis du Pentateuque, et de la prophétie de Jonas ; et probablement d’autres parties de l’Ancien Testament. En 1503, il s’embarqua pour Hambourg, avec l’intention d’y imprimer sa traduction du Pentateuque ; mais le navire ayant fait naufrage, il perdit tout son argent, ses livres, ses écrits et ses copies, et, arrivé à Hambourg, il fut obligé de recommencer la traduction, qu’il acheva, avec l’aide de Miles Coverdale, évêque d’Exeter, qui avait échappé à la fureur de la persécution, puis il retourna à son ancienne résidence d’Anvers. Pendant son séjour à Hambourg, il logea dans la maison de Mme Margaret Van Emerson, une dame respectable et libérale. À Anvers, il demeura chez Thomas Pointz, un Anglais, qui lui entretint une amitié cordiale et finit par être emprisonné à cause de lui.

♦♦Le récit que Fox fait de ce généreux protecteur de Tyndall est si intéressant, malgré son style suranné, qu’il n’est pas nécessaire de s’excuser de l’insérer. « Maître HUMFREY MUMMUTH était un homme de Londres, très pieux et sincère, qui, à l’époque du cardinal Wolsey, a été troublé et mis dans la tour pour l’Évangile du Christ, et pour avoir entretenu ceux qui le favorisaient. »

Stockesley, alors évêque de Londres, lui administra des articles au nombre de quatre et vingt ; quant à l’adhésion à Luther et à ses opinions ; pour avoir et lu des livres et des traités hérétiques ; pour avoir donné des expositions à William Tindall, Roy et autres ; pour les avoir aidés à traverser la mer jusqu’à Luther ; pour ministring prime helpe à traduire, aussi bien le Testament, que les autres livres en anglais ; pour manger de la chair pendant le Carême ; pour affirmer la foi uniquement pour justifier ; pour déroger aux constitutions des hommes ; pour ne pas avoir prié les saints, pour ne pas avoir permis le pèlerinage, la confession auriculaire, les grâces du pape ; bref, pour avoir été un promoteur de toutes les opinions de Martin Luther, etc.

« Après avoir été examiné et jeté dans la tour, il fut enfin obligé de faire sa purgation, en écrivant au cardinal, à Wolsey, alors lord chancelier, et à tout le conseil de la tour. Dans le contenu de laquelle il répondit à l’accusation criminelle qu’on lui portait de certains livres reçus d’outre-mer ; aussi pour sa connaissance avec maître Tindall. Sur quoi il dit qu’il ne niait pas, mais qu’il y avait quatre ans qu’il avait entendu ledit Tindall prêcher deux ou trois sermons à Saint-Dunstan dans l’Ouest, et qu’après avoir rencontré ledit Tindall, il avait eu certaines communications avec lui au sujet de sa vie ; qui lui dit alors qu’il n’en avait pas du tout, mais qu’il comptait être dans l’évêque de Londres son service ; car alors il s’efforça d’être son aumônier. Mais comme l’évêque l’avait refusé, il revint vers ledit Mummuth cet examen, et le pria de l’aider. Qui en même temps le prit dans sa maison pendant une demi-année : où ledit Tindall vécut (comme il le disait) comme un bon prêtre, étudiant nuit et jour. Il ne mangeait que de la viande détrempée par sa bonne volonté, et ne buvait que de petits ours isolés. On ne l’a jamais vu dans cette maison pour qu’il ait du linge autour de lui, tout l’espace où il était là. Sur quoi ledit Mummuth eut plus d’affection pour lui, de sorte qu’il lui promit dix livres (comme il le dit alors) pour les âmes de son père et de sa mère, et toutes les soules chrétiennes ; cet argent ensuite, il l’envoya à Hamborrow, selon sa promesse. Et pourtant, ce n’est pas à lui seul qu’il a donné son exposition, mais à divers autres Il n’y avait pas non plus d’hérétiques : comme, au docteur Royston, aumônier de l’évêque de Londres, il exhiba quarante ou cinquante livres sterling ; au docteur Wodihall, provincial des frères Augustins, autant, ou plus ; au docteur Watson, chaplaine du roi ; aussi à d’autres scolastiques, et à divers prêtres ; outre d’autres charges accordées aux maisons religieuses, comme au couvent de Denney, au-delà de cinquante livres sterling accordées, etc.

Et en ce qui concerne ses livres, comme Enchiridion, le Pater Noster, Dt Libertate Christianaun testament anglaisdont, certains William Tindall l’ont laissé, d’autres lui ont été envoyés, d’autres ont été apportés dans sa maison, par qui il ne pouvait pas dire ; Ces livres, dit-il, restèrent ouverts dans sa maison, l’espace de deux ans de suite, sans se douter qu’il s’y trouvât de mal. Et, de plus, les mêmes livres étant demandés à diverses personnes, comme à l’abbesse de Denney, frère de Greenewich, le père confesseur de Sion, il les leur a laissés, et cependant il n’a jamais entendu frère, prêtre ou laïque trouver aucun défaut dans lesdits livres. De même au docteur Watson, au docteur Stockhouse, à maître Martin, pasteur de Totingbecke, il confia la lecture des livres du Pater Noster et du De Libertate Christiana, qui n’y trouvèrent pas grand défaut, mais seulement dans le livre De Libertate Christiana. Ils ont dit qu’il y avait des choses un peu difficiles, sauf que le lecteur était sage.

Ainsi il s’excusa, et se plaignant de plus de la perte de son crédit par son emprisonnement dans la tour, et des inconvénients de son occupation, qui avait coutume d’expédier plus de cinq cents vêtements à des étrangers, et mit beaucoup de drapiers au travail dans le Suffolke, et dans d’autres endroits, dont il acheta tous leurs vêtements, qui étaient maintenant presque tous défaits ; c’est pour cette raison qu’à la fin, il fut mis à la liberté, forcé d’abjurer, et qu’après il fut fait chevalier par le roi et shérif de Londres.

De ce Humfrey Mumumuth, nous lisons un exemple remarquable de patience chrétienne, dans les sermons de M. Latimer, que ledit Latimer a entendus à Cambridge, de maître George Stafford, lecteur de la conférence de théologie dans cette université. Lesquels, expliquant aux Romains la place de saint Paul, que nous surmonterons notre ennemi par de bonnes actions, et qu’ils lui entasseront ainsi des coles brûlantes sur la tête, etc., en donnant un exemple, disant qu’il connaissait à Londres un grand et riche marchand (c’est-à-dire ce Humfrey Mummuth) qui avait un voisin très pauvre : cependant, malgré toute sa pauvreté, il l’aimait très bien, et lui prêta de l’argent quand il en avait besoin, et le laissa venir à sa table quand il voudrait. C’était même à cette époque où le docteur Collet était en détresse, et qu’il aurait été brûlé, si Dieu n’avait tourné le cœur du roi vers le contraire. Alors, l’homme riche a commencé à être un homme des Ecritures, il a commencé à sentir l’Evangile. Le pauvre homme était encore papiste. Il arriva par hasard un jour, où l’homme riche parlait de l’Évangile, assis à sa table, où il réprimandait le papisme et d’autres choses semblables ; Le pauvre qui était là présent, prit un grand mécontentement contre le riche, de sorte qu’il ne voulut plus venir chez lui ; Il ne voulut plus lui emprunter d’argent, comme il avait coutume de le faire avant les temps, et conçut une telle haine et une telle malice contre lui, qu’il alla l’accuser devant les évêques. Or, l’homme riche, ne connaissant aucun de ces mécontentements, lui offrit plusieurs fois de lui parler et de le tranquilliser. Ce ne serait pas le cas. Le pauvre homme avait un tel stomacke, qu’il ne voulut pas lui parler. S’il rencontrait l’homme riche dans la rue, il se mettrait en quatre pour le faire. Une fois, il lui arriva de le rencontrer dans une rue étroite, qu’il ne put s’empêcher de venir près de lui ; mais, malgré tout cela, le pauvre (dis-je) avait une telle attitude contre le riche, qu’il voulut aller de l’avant et ne pas lui parler. L’homme riche, s’en apercevant, le saisit par la main, et lui demanda : « Voisin, qu’est-ce qui t’est venu au cœur pour me déplaire ainsi ? Qu’est-ce que j’ai fait contre toi ? Dites-le-moi, et je serai toujours prêt à vous faire amende honorable. Finalement, l’abeille parla si doucement, si charitablement, si affectueusement et amicalement, que cela travailla si bien dans le cœur du pauvre homme, qu’il tomba bientôt à genoux et lui demanda pardon. L’homme riche lui pardonna et le reprit en sa faveur, et ils s’aimèrent autant qu’ils l’avaient toujours fait auparavant. — Fox’s Actes and Monumentcst. II, p. 257, 258.

Les traductions anglaises de Tyndall, ainsi que leur défense en réponse au Dyaloge de Sir Thomas More et à ses autres ouvrages, ont été largement diffusées en Angleterre, Henri VIII. et son conseil, parmi lequel sir Thomas More semble avoir joué un rôle principal, employèrent un certain Henry Phillips pour le trahir. Ce vil misérable passa à Anvers, s’insinua dans son amitié, et ensuite, par un acte de trahison, le leurra entre les mains du procureur général de la cour de l’empereur à Bruxelles et d’autres officiers, par lesquels il fut conduit au château de Filford ou Villefort, et emprisonné, bien que le procurateur déclarât qu’il était homo doctus. Pie XII, et Bonus, « un homme instruit, pieux et bon ». Les marchands anglais adressèrent des lettres en faveur de Tyndall à la cour de Bruxelles, et d’autres furent obtenues du secrétaire Cromwell à la même cour ; mais sa libération fut empêchée par les stratagèmes de Philips, qui accusa Pointz devant la cour, et vainquit ainsi les efforts des amis de Tyndall.

Pointz réussit heureusement à s’échapper de nuit, mais Tyndall était réservé à un sort plus terrible. Traduit en justice, il plaida sa propre cause, mais sans effet, car il fut condamné en vertu du décret de l’empereur, fait dans l’assemblée d’Augsbourg ; et ayant été amené au lieu de l’exécution, il s’écria : « Seigneur ! ouvre les yeux du roi d’Angleterre. Il a d’abord été étranglé puis brûlé. Cette sentence sévère fut exécutée dans la ville de Filford, en 1536, après qu’il eut été en prison environ un an et demi ; Pendant ce temps, sa vie exemplaire et sa conversation influençaient tellement le geôlier et sa fille, ainsi que d’autres membres de sa famille, qu’on dit qu’ils ont embrassé ses opinions.

On rapporte que le traître Philips est mort d’une mort misérable, épuisé par le phthiriasis, ou maladie pédiculaire.

 Actes et Monuinentes de Fox, t. II, p. 361-367. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xxx, pp. 128-133.

Les principaux traités théologiques et controversés de Tyndall ont été rassemblés et imprimés avec les œuvres de John Fryth et de Barnes, en un volume fol., par John Day, 1572.

La rigueur avec laquelle Henri VIII. poursuivie par l’excellent Tyndall et ses partisans, servit à marquer l’inconséquence du caractère de ce monarque, qui, pendant tout son règne, se distingua, tantôt par le zèle avec lequel il promouvait la littérature orientale et biblique, tantôt par la politique cruelle qu’il exerçait contre ceux qui lisaient et étudiaient les oracles de la vérité. Juste avant son opposition à Tyndall, il avait institué, en 1530, la première chaire d’hébreu, à Oxford, et nommé professeur son aumônier, Robert Wakefield, l’un des orientalistes les plus éminents de l’époque, et qui avait été professeur à Louvain et avait enseigné l’hébreu à Tübingen après la mort de Reuchlin.

En 1524, ce savant théologien publia un discours inaugural sur l’utilité des langues arabe, chaldéenne et hébraïque, Oratio de laudibus et utilitate trium linguarum Arabicæ, Chaldaicæ, et Hebraicæ, etc., in-4°. L’imprimeur était Wynkyn de Worde, et l’auteur se plaint d’avoir été obligé d’omettre toute sa troisième partie, parce que l’imprimeur n’avait pas de caractères hébreux. Quelques caractères hébreux et arabes, cependant, sont introduits ; mais extrêmement grossier, et évidemment taillé dans le bois. Ils sont les premiers du genre à être utilisés en Angleterre. Ce grand orientaliste contribua à la conservation, lors de la dissolution des monastères, des manuscrits hébreux appartenant à l’abbaye de Ramsay, rassemblés par Holbech, ou Holbeach. l’un des moines sous le règne de Henri IV, et le Lexique hébreu, compilé par le même moine savant. Robert Wakefield est également l’auteur de plusieurs autres ouvrages, en particulier d’une paraphrase latine du livre de l’Ecclésiaste, 4to.

Hody, De Bibl. Text. Orig., t. II, lib. iii, p. 465. Hist. de Warton, de la poésie angl. Vol. II, p. 124, note.

ROBERT SHIRWOOD, un autre Anglais, qui succéda à Wakefield comme professeur d’Orient à Louvain, publia, en 1523, une traduction latine de l’hébreu du livre de l’Ecclésiaste, accompagnée de courtes notes, principalement de l’Ecclésiaste. essuie-glaces. Il a été imprimé à Anvers, par William Vorstman, en in-4to.+

+ Le Long. édit. Masch, t. II, t. III, cap. III, sec. 1, p. 548.

Henri VIII établit aussi une chaire de grec à Oxiord, et des chaires d’hébreu et de grec à Cambridge ; et fonda les collèges de Christ Church à Oxford et de Trinity à Cambridge. JEAN MALLARD était l’orateur Regius, sous ce règne, et secrétaire épistolaire du roi. Il a laissé une paraphrase élégiaque latine sur le Notre Père, dédiée à Henri ; Le premier livre de la cosmographieen vers, et un psautier latin, magnifiquement écrit par lui-même, à l’usage du roi. Cet élégant petit manuscrit fait partie de la collection royale du British Museum, Bibli-oth. MSS., Reg. 2, A. xvi. Parmi les autres enluminures, il est orné de deux portraits, en miniature, et est encore un objet d’intérêt et de curiosité, car il possède dans la marge quelques notes de la main d’Henri VIII.++

++ Henry’s Hist, of Great Britain, vol. xii, b. vi, chap, iv, sec. iii, pp. 250, 252. Warton’s Hist, of English Poetry, vol. II, p. 132, note.

Henri choisit pour secrétaire latin Richard Pace, qui succéda au Dr Colet dans le doyenné de Saint-Paul. C’était un brave homme, en même temps qu’un excellent érudit ; Il apprit les langues avec une singulière facilité, et ne parla pas seulement plusieurs des langues modernes. mais comprenait le latin, le grec, l’hébreu, le chaldéen et l’arabe. Ayant offensé le cardinal Wolsey, il fut envoyé prisonnier à la tour ; dont il fut si affecté, qu’il devint fou, et mourut dans cet état, en 1532.

§ Henry’s Hist, of Great Britain, vol. XII, p. 237, 238.

En 1533, le papisme fut aboli en Angleterre et Henri fut déclaré chef de l’Église. La même année, Cranmer fut promu au siège épiscopal de Cantorbéry. Lors de la convocation de cette province l’année suivante, les deux chambres députèrent Sa Grâce pour assister Sa Majesté, avec une requête « pour que les Écritures soient traduites en langue vulgaire, par quelques hommes honnêtes et instruits, qui seraient nommés par le roi, et qu’elles fussent remises au peuple, selon leur savoir, bien qu’une clause fût ajoutée : beaucoup moins agréable à l’archevêque, priant Sa Majesté d’ordonner à tous ses sujets « de livrer tous les livres suspects dans un délai de trois mois ». Burnet (Hist. Reform., t. I, p. 195) dit que les arguments en faveur d’une nouvelle traduction de la Bible, joints à l’influence de la reine Anne Boleyn, amenèrent le roi à donner des ordres pour commencer immédiatement la traduction ; mais que l’évêque Gardiner et tout son parti s’opposèrent à la mesure, tant en convocation qu’en secret avec le roi. Mais Cranmer, qui avait le travail à cœur, résolut, s’il était possible, d’accélérer l’affaire ; et pour que la traduction ne fût pas interdite, comme d’autres l’avaient été, sous prétexte d’ignorance ou d’infidélité de la part des traducteurs, « il procéda, dit Strype, de cette manière. Il commença d’abord par la traduction du Nouveau Testament ; en prenant une vieille traduction anglaise, qu’il divisa en neuf ou dix parties ; faire en sorte que chaque partie soit écrite en gros, dans un livre de papier, et qu’elle soit ensuite envoyée aux évêques les plus savants, et à d’autres ; à l’intention qu’ils doivent en faire une correction parfaite. Et quand ils eurent fini, il leur demanda de lui renvoyer leurs parties, ainsi corrigées, à Lambeth, d’un jour fixé à cet effet : et il prit le même parti, sans aucun doute, avec l’Ancien Testament. Le hasard voulut que les Actes des Apôtres fussent envoyés à l’évêque Stokesly, pour qu’il les surveille et les corrige. Quand le jour fut venu, chacun avait envoyé à Lambeth ses parties corrigées, seule la part de Stokesly manquait. De son côté, milord de Cantorbéry écrivit à l’évêque une lettre pour le prier de la remettre à l’apporteur, son secrétaire. Il reçut la lettre de l’archevêque à Fulham ; à quoi il répondit : « Je m’étonne de ce que veut dire mon seigneur de Cantorbéry, qui abuse ainsi du peuple, en lui donnant la liberté de lire les Écritures ; qui ne fait rien d’autre que de les infecter d’hérésie. Je n’ai jamais consacré une heure à ma part, et je ne le ferai jamais. C’est pourquoi mon seigneur aura de nouveau ce livre, car je ne serai jamais coupable d’avoir induit les gens simples en erreur. Le serviteur de milord de Cantorbéry prit le livre et l’apporta à Lambeth, à milord, en annonçant la réponse de milord de Londres. Quand l’archevêque s’aperçut que l’évêque n’y avait rien fait, « je m’étonne, dit-il, que milord de Londres soit si insouciant, qu’il ne fasse pas comme les autres hommes» Un certain M. Thomas Lawney se tenait là ; et, entendant milord parler ainsi Une grande partie de l’intolérance de l’évêque dit : « Je puis dire à Votre Grâce pourquoi milord de Londres n’accordera pas de travail ou de peine de cette façon. » Votre Grâce sait bien que sa part est un morceau du Nouveau Testament. Mais lui, persuadé que le Christ ne lui avait rien légué dans son Testament, pensa que c’était une pure folie d’accorder un travail ou une peine là où il n’y avait aucun gain à tirer. Et en plus de cela, ce sont les Actes des Apôtres ; qui a étéC’est pourquoi milord de Londres dédaignait d’avoir affaire à aucun d’eux. Sur quoi, milord de Cantorbéry et d’autres qui se tenaient là ne purent s’empêcher de rire. Ce Lawney était .... aumônier du vieux duc de Norfolk, et avait été l’un des écoliers placés par le cardinal dans son nouveau collège d’Oxon ; où il était aumônier de la maison, et prisonnier avec Frith, un autre des écoliers. Cependant, par suite de l’opposition du clergé romain, ou d’autres causes, le dessein du bon archevêque échoua pour le moment.

Mémoires de Strype de l’Archb. Cranmer, vol. i, ch. viii, p. 48, 49. Oxford, 1812, in-8°. Newcome’s Historical View of Eng. Bib. Translations, pp. 26-28. Esquisse historique des traductions et de la circulation des Écritures de Thomson et Orme, p. 52.

Dans l’intervalle, des traductions ont été faites de certains livres des Saintes Écritures, par des particuliers, et imprimées dans des presses étrangères. En 1530, une traduction anglaise des Psaumes fut imprimée à Strasbourg, par Francis Foye, en in-12, avec une préface de Johan Aleph et dite « purement et fidèlement traduite d’après le texte de Feline ». Par « texte de Félin », on entendait la version latine de Martin Bucer, publiée par lui sous le nom feint d’Aretius FelinusStrasbourg, 1526, fol.+

+ Lewis’s Eng. Trans., p. 86, 87.

En 1534, George Joye publia également une traduction des PSAUMES, à partir de la version latine de Frère Félix, de l’ordre des Ermites de Saint-Austin, d’abord imprimée A, D. 1515, puis à nouveau en 1522. Il avait déjà publié une traduction anglaise de la prophétie d’Isaïe, imprimée à Strasbourg, en 1530, par Balthasar Backneth, en in-8°. En 1534, il traduisit la prophétie de Jérémie, qui fut imprimée dans Svo.++

++ Lewis, p. 78, 87, 88.

2

GEORGE JOYE était un homme du Bedfordshire et fit ses études au St. Peter’s College de Cambridge, dont il fut admis fellow en 1517. Mais étant accusé d’hérésie par le prieur de Newnham, il fut convoqué. En 1527, il comparut devant la cour des cardinaux de Westminster et l’évêque de Lincoln, mais s’échappa par équivoqueet s’enfuit à Strasbourg. Par la suite, il fut employé par les imprimeurs hollandais pour corriger les éditions piratées du Nouveau Testament de Tyndall. À Strasbourg, il imprima la lettre du prieur de Bedford, qui avait été l’occasion de sa convocation, ainsi que sa réponse ; et en envoya une copie à ce frère de l’abbaye de Newnham à Bedford. Il imprima aussi un morceau du « Unite and Schisme of the olde Cherche. » Quoique savant, il ne paraît pas avoir possédé cette intégrité de conscience qui aurait donné à son caractère la dignité chrétienne ; Et il est à regretter que, tandis qu’il défendait la « vérité », la « vérité » ne semble pas l’avoir « affranchi » de la ruse et de la tromperie.

♦ Lewis, p. 79 et 80. Hist. de Dyer, des universités de Cambridge, vol. II, pp. 17, 18.

2

En 1535, la première traduction de la Bible entière jamais imprimée en anglais a été achevée à l’étranger, sous la direction de Miles Coverdale, et est donc généralement appelée LA BIBLE DE COVERDALE. Il est in-folio, et a été dédié à Henri VIII, et on suppose qu’il a été imprimé à Zurich. Dans la dédicace, le traducteur dit honnêtement à Sa Majesté que le pape lui a donné le titre de Destructeur de la Foi, « uniquement parce que Son Altesse a permis à ses évêques de brûler la parole de Dieu, la racine de la foi, et de persécuter ceux qui l’aiment et les ministres, mais en même temps laisse entendre sa conviction que le titre sera une prophétie, « que par la juste administration de sa grâce, la foi sera défendue de telle sorte que la parole de Dieu, la mère de la foi, aura son libre cours dans tout le Çhristendome, mais surtout dans le royaume de sa grâce. » Quant à la traduction elle-même, il dit « que ce n’était ni son travail ni son désir d’avoir cet ouvrage entre ses mains, mais qu’étant immédiatement requis pour l’entreprendre, et que le Saint-Esprit poussant d’autres hommes à en faire le frais, il était d’autant plus hardi de le prendre en main ». C’est pourquoi, selon qu’on le désirait, il prit d’autant plus sur lui, disait-il, d’exposer cette traduction spéciale, non pas comme un vérificateur, un réprobateur ou un méprisant des traductions d’autrui, mais en suivant humblement et fidèlement ses interprètes, et cela sous correction. Parmi ceux-ci, a-t-il dit, il s’est servi de cinq personnes différentes, qui avaient traduit les Écritures non seulement en latin, mais aussi en néerlandais.

D’après la dédicace aussi, il semble probable que la traduction fut autorisée à être lue par le peuple ; et l’année suivante, 1536, une injonction royale fut émise au clergé de fournir un livre « de toute la Bible, à la fois en latin et aussi en anglais, et de le mettre dans le cahier pour tout homme qui voudrait la lire et la lire, « dans toutes les églises paroissiales ; ce qui équivalait certainement à une approbation expresse de la Bible de Coverdale, car il n’y en avait pas d’autre à l’époque en anglais. Le Dr Geddes dit de cette traduction : « De la Genèse à la fin des Chroniques, et le livre de Jonas, sont de Tyndal ; le reste de l’Ancien Testament par Coverdale. Tout le Nouveau Testament est de Tyndal. Mais d’après la collation de Lewis, il est évident que Coverdale a corrigé la traduction de Tyndall. Fulke (Defence of the E.T. of the Bible) raconte que « lorsque la traduction de Coverdale fut terminée et présentée à Henry, il la donna à l’évêque Gardiner et à quelques autres pour qu’ils l’examiment. Ils le gardèrent si longtemps, qu’à la fin Henri dut le demander lui-même. Lorsqu’ils ont remis le livre, il leur a demandé leur avis sur la traduction. Ils répondirent qu’il y avait beaucoup de fautes en elle. « Eh bien, » dit le roi, « mais y a-t-il des hérésies qui y sont mentionnées ? ? Ils répondirent : « Il n’y avait pas d’hérésies qu’ils pouvaient trouver. » « S’il n’y a pas d’hérésies, dit Henri, alors, au nom de Dieu, qu’elles se répandent parmi notre peuple. »

♦ Lewis, p. 91-100, 103, 104. Newcome, p. 29 à 33. Prospectus de Geddes, p. 88, note. Thomson et Orme’s Historical Sketch, p. 54, note.

MILES COVERDALE est né dans le Yorkshire, vers 1486, et est devenu moine augustin. À l’époque où il publia sa traduction de la Bible, il était en exil pour des raisons religieuses, ayant embrassé les principes de la Réforme. Autorisé à retourner en Angleterre, il fut nommé aumônier de Catherine Parr, la dernière épouse d’Henri VIII. Sous le règne d’Édouard VI. il fut promu à l’évêché d’Exeter ; mais au changement de religion sous le règne de la reine Marie, il fut privé de son siège et jeté en prison, d’où il fut relâché sur la demande pressante du roi de Danemark ; et, comme une très grande faveur, il lui fut permis de quitter le royaume. Peu après l’accession au trône d’Élisabeth, il revint de son exil, mais refusa d’accepter son évêché. La cause de son refus était son attachement aux principes des puritains. Grindal, évêque de Londres, lui donna la petite demeure de Saint-Magnus, près du pont de Londres ; mais, ne se conformant pas aux conditions de conformité alors exigées, il fut privé de sa subsistance, devint odieux au gouvernement, et mourut dans l’indigence, le 20 mai 1567, âgé de quatre-vingt-un ans. Tel fut le sort de cet éminent traducteur des Écritures ; un homme universellement estimé pour sa piété, sa connaissance des Écritures et son assiduité à prêcher.+

+ Esquisse historique de Thomson et Orme, p. 53. Régime biog. gén. de Lempriere.

Vol. IL—7

À peu près à la même époque où la Bible de Coverdale fut imprimée, THOMAS GIBSON, OU GYBSON, un homme studieux et imprimeur, publia la première Concordance anglaise du Nouveau Testament. Le titre de celui-ci était : « La concordance du nouveau testament la plus nécessaire à avoir dans les mains de tous les soche, comme le désir de la communication de tout lieu contenu dans le nouveau testament. » — Imprynté par moi, Thomas Gybson. Cum privilegio regali, avec la marque T. G. sur les côtés d’une coupe utilisée par la suite par John Day. L’épître au lecteur, écrite par lui, laisse entendre qu’il est le collecteur ou le compilateur de l’œuvre.

♦ Antiquités typographiques de Dibdin, t. III, p. 400.

Une autre édition remarquable de la Bible, en anglais, a été imprimée en 1537, in-folio, et est généralement appelée MATTHEWE’S BIBLE, à cause du nom qui y est apposé, en tant qu’éditeur. Il fut imprimé à l’étranger, aux frais des imprimeurs anglais, Richard Grafton et Edward Whitchurch ; et fut « mis en route avec la très gracieuse licence du roi ». Le nom de Thomas Matthewe y est apposé en tant que rédacteur en chef ; mais cela, dit-on, était fictif ; et que le véritable éditeur était John Rogers, natif du Lancashire, le premier martyr qui souffrit sous le règne de la reine Marie, et qui fut brûlé à Smithfield, le 4 février 1555. Nicholls, cependant, affirme que Thomas Matthewe était prébendier de St Paul.+

+ Lewis, p. 105 et 111. Newcome, p. 34 et 35. Commentaire de Nicholls sur le Livre de la prière commune L’ordre de la nomination du Psautier, à lire.

Grafton, l’un des éditeurs de cette édition, ayant terminé l’ouvrage, en envoya six exemplaires à lord Cromwell, à la demande de Sa Seigneurie, en les accompagnant d’une lettre dans laquelle il se plaignait qu’après avoir imprimé quinze cents exemplaires à une dépense d’au moins 500 livres sterling, il craignait d’être sous-vendu par les libraires hollandais. qui, remarquant combien la Bible anglaise était acceptable pour le peuple, avaient l’intention de l’imprimer en un plus petit volume ; et bien qu’il croyât que les éditions qu’ils imprimeraient seraient très inférieures en papier, en caractères et en exactitude, cependant, sans l’intervention de Sa Seigneurie, elles le ruineraient probablement, lui et ses amis. Il supplia donc Sa Seigneurie d’obtenir du roi « que personne n’imprimât la Bible pendant trois ans, excepté lui-même, et insista sur l’avantage qui résulterait de l’enjoignement à chaque ecclésiastique d’en avoir un, et d’en placer un certain nombre d’exemplaires, six par exemple, dans chaque abbaye.++

++ Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, vol. i, b. i, ch. xv, pp. 84-86·

2                         7*

En l’an 1538, la Bible anglaise fut autorisée à être exposée à la vente et lue publiquement ; et une injonction fut publiée par le vicaire général du royaume, « ordonnant au clergé de fournir, avant une certaine fête, un livre de toute la Bible, du plus gros volume en anglais, et de le placer dans un endroit commode de leurs églises, où leurs paroissiens pourraient le plus commodément se résoudre à le lire, dont la dépense devait être supportée également par l’ecclésiastique et les paroissiens. Une déclaration royale fut également publiée, que les vicaires devaient lire dans leurs églises respectives, informant le peuple de l’injonction de le placer dans les églises, et de la permission donnée à tous de le lire ; avec des instructions sur la façon de les lire et de les entendre, et de les aviser d’éviter toute dispute sur les Écritures dans les « tavernes ou les tavernes », et plutôt de consulter ceux qui étaient autorisés à les prêcher et à les expliquer. D’où il résulterait que quelques personnes n’ont fait qu’un mauvais usage de la liberté qui leur était accordée, d’entendre ou de lire les Écritures dans leur langue maternelle ; à moins que nous ne supposions que les ennemis de la lecture générale de la Bible aient suggéré la probabilité de telles députations inappropriées ; car le clergé en général n’était pas favorable à la liberté accordée au peuple, et c’est pourquoi il lisait l’injonction et la déclaration de telle manière, dans ses églises, que presque personne ne pouvait comprendre ce qu’il lisait.

♦Newcome, p. 36 et 37. Strype, ut sup., t. I, b. i, ch. xvii, p. 90.

Mais que certaines personnes aient agi imprudemment, en disputant ou non sur les Écritures dans les tavernes, il est certain que la permission qui a été accordée au peuple de les lire a créé une joie extraordinaire. « C’était merveilleux, dit Strype, de voir avec quelle joie ce livre de Dieu était reçu, non seulement parmi les plus savants et ceux qui étaient connus pour aimer la Réforme, mais en général dans toute l’Angleterre, parmi tout le peuple vulgaire et vulgaire ; et avec quelle avidité la parole de Dieu a été lue, et quel recours aux endroits où elle a été lue. Tous ceux qui le pouvaient achetaient le livre, ou le lisaient avec occupation, ou le faisaient lire à d’autres, s’ils ne le pouvaient pas eux-mêmes ; et les personnes plus âgées ont appris à lire exprès. Et même les petits garçons affluaient parmi les autres pour entendre des passages de l’Écriture Sainte. Un certain William Maldon se trouvant en compagnie de John Fox, au commencement du règne de la reine Elisabeth, et Fox étant très curieux de ceux qui avaient souffert pour la religion sous les règnes précédents, lui demanda, s’il en connaissait qui fussent persécutés pour l’Évangile de Jésus-Christ, afin qu’il l’ajoutât à son Livre des Martyrs ; il lui dit qu’il en connaissait un qui avait été fouetté par son propre père sous le règne du roi Henri pour cela. Et comme Fox s’enquérait beaucoup de qui il était et de son nom, il avoua que c’était lui-même, et, sur son désir, il écrivit toutes les circonstances. C’est-à-dire que, lorsque le roi eut permis que la Bible fût lue dans toutes les églises, plusieurs pauvres hommes de la ville de Chelmsford, dans l’Essex, où vivait son père, et où il était né, achetèrent le Nouveau Testament et, le dimanche, s’assirent pour le lire dans l’extrémité inférieure de l’église : beaucoup se pressaient autour d’eux pour entendre leur lecture ; et lui, parmi les autres, n’ayant alors que quinze ans, venait tous les dimanches entendre la bonne et douce nouvelle de l’Évangile. Mais son père, l’ayant remarqué, l’emmena un jour avec colère, et voulut qu’il disît avec lui les mattins latins ; ce qui l’affligea beaucoup. Et comme il revenait à d’autres moments pour entendre la lecture de l’Ecriture, son père continuait à venir le chercher. Cela lui donna l’idée d’apprendre à lire l’anglais, afin de pouvoir lire lui-même le Nouveau Testament : ce qu’il eut fait par diligence, lui et l’apprenti de son père achetèrent le Nouveau Testament, joignant leurs stocks ensemble ; et, pour le cacher, il le mit sous la paille du lit, et le lut à des moments convenables. Une nuit, son père étant endormi, lui et sa mère parlèrent par hasard du crucifix, et s’agenouillant devant lui... : il dit clairement à sa mère que c’était de l’idolâtrie pure et simple. Elle répète à son mari le résumé de la conférence de ce soir : celui-ci, impatient de l’entendre, et bouillant de fureur contre son fils, pour avoir nié que le culte fût dû à la croix, se leva aussitôt, entra dans la chambre de son fils, et, comme un fanatique fou, le prenant par les cheveux de la tête avec ses deux mains, Il le tira du lit et le fouetta sans pitié. Et quand le jeune homme supporta cette raclée, comme il le raconta, avec une sorte de joie, considérant que c’était pour l’amour du Christ, et qu’il ne versa pas une larme ; Son père, voyant cela, était plus furieux, et il courut chercher un licol, et le lui mit autour du cou, disant qu’il le pendrait. À la fin, avec beaucoup de supplications de la mère et du frère, il le laissa presque mort.

2

Mais bien que le peuple ait reçu la parole de Dieu avec joie, beaucoup de membres du clergé ont usé de toute leur influence pour empêcher que les injonctions du roi ne soient mises à exécution. « On remarqua, ajoute Strype, que les pasteurs, les vicaires et les vicaires lisaient confusément la parole de Dieu et les injonctions du roi, récemment énoncées, et qu’ils avaient ordonné de lire, en fredonnant et en colportant, que presque personne ne pouvait comprendre le sens de l’injonction. Et ils ont secrètement suborné certains propagateurs de rumeurs et de fausses histoires dans les coins, qui ont interprété les injonctions dans un faux sens... Et malheureux leurs paroissiens, malgré ce qu’ils lisaient, étant forcés de faire ainsi, qu’ils feraient comme ils faisaient autrefois, pour vivre comme leurs pères ; et que l’ancienne mode est la meilleure. Ils insinuèrent même que le roi avait l’intention de priver le royaume de ses libertés, avec d’autres insinuations séditieuses. Les partisans du papisme condamnaient aussi les traductions elles-mêmes, dans les termes les plus virulents, et traitaient ceux qui avaient l’habitude de les lire avec sévérité et mépris.

Le Dr Fox, évêque de Hereford, promoteur actif de la Réforme, étant mort à Londres, en 1538, l’archevêque Cranmer visita l’église et le diocèse vacants, et donna certaines injonctions au clergé, leur enjoignant de se procurer, « avant le premier août, une Bible entière en latin et en anglais ; ou au moins un Nouveau Testament dans les mêmes langues ; qu’ils étudieraient tous les jours un chapitre de la Bible ou du Testament, en conférant ensemble le latin et l’anglais ; et de commencer par le commencement du livre, et ainsi de suite jusqu’à la fin ; qu’ils ne devraient décourager aucun laïc de lire la Bible ; et de le lire pour réformer leur vie, et la connaissance de leur devoir.+

La même année, en 1538, une édition in-quarto du Nouveau Testament est publiée en latin et en anglais. L’anglais était la version de Coverdale, le latin celle de la Vulgate. Elle était dédiée au roi Henri VIII. par Johan Hollybushe, le nom d’emprunt de James Nicolson, l’imprimeur qui l’a imprimé à Southwark. La dédicace fut de Coverdale, qui assura Sa Majesté « que son dessein principal était d’amener ceux qui ne connaissaient que l’anglais et qui n’étaient pas instruits en latin, qu’en comparant ces deux textes ensemble, ils pourraient mieux comprendre l’un par l’autre ; et il ne doutait pas que ces corps ignorants, ayant la cure et la charge des âmes, n’eussent été très peu instruits dans la langue latine, ne fussent amenés par ce petit travail à acquérir plus de connaissances, et du moins à être contraints de dire du bien de la chose qu’ils avaient blasphémée jusqu’à présent. Une autre édition fut publiée l’année suivante, en 1539, en in-8°. Il y avait aussi une édition du Nouveau Testament anglais imprimée par Robert Redman, Fleet-street, en 1538, in-4°. Cum privilegio ad imprimendum. solum.++

++ Lewis, p. 112, 113, 118.

Vers cette époque, un événement se produisit qui montra la vigilance et la jalousie des romanistes à l’égard des traductions vernaculaires de la Bible. Richard Grafton, désireux d’imprimer une Bible à Paris, à cause de la supériorité de l’habileté des ouvriers, et de la bonté et du bon marché comparatifs du papier, s’adressa à lord Cromwell, qui obtint une lettre de Henri VIII à François Ier, qui, présentée par l’évêque Bonner, qui était alors ambassadeur, lui obtint la permission qu’il demandait. Bonner, qui servait à l’époque, ne se contenta pas de présenter la lettre à François, mais, dans l’espoir d’obtenir l’appui du roi et de lord Cromwell, il montra une grande amitié à Grafton et à ses associés, « et les encouragea tellement que le travail se poursuivit avec une bonne rapidité et un bon succès. Et pour montrer combien il était maintenant touché par la Sainte Bible, il fit imprimer le Nouveau Testament en anglais et en latin par les Anglais de Paris, et en enleva lui-même un grand nombre et les distribua à ses amis. Il a été imprimé sous forme d’in-octavo, par Reignault, en 1538 ; et a 1 Pierre II, 13, ainsi traduit, « au Kynge comme au chef », sans doute par compliment 10 Henry. Mais malgré l’autorisation royale qui avait été accordée à Grafton par le roi de France, pour l’impression de son édition de la Bible, qu’il avait l’intention d’être en grand in-folio, l’autorité dominante de l’inquisition était telle que l’inquisiteur général interposa par un instrument, daté du 17 décembre 1538, empêchant l’impression de ladite Bible en langue anglaise. Les imprimeurs français, leurs patrons anglais, et Coverdale, le correcteur de l’ouvrage, furent convoqués par les inquisiteurs ; et l’épreuve, composée de deux mille cinq cents exemplaires, fut saisie et condamnée aux flammes. Mais l’avarice de l’officier qui supervisait l’incendie de ces livres hérétiquescar c’est ainsi qu’on les appelait, l’incita à en vendre « quatre grandes cuves sèches » comme vieux papiers, à une mercerie, dans le but d’emballer ses marchandises. Ceux-ci ont été rachetés. Au bout de quelque temps, les propriétaires anglais, qui s’étaient enfuis à l’alarme, retournèrent à Paris, encouragés par lord Cromwell, et non seulement récupérèrent quelques-uns des exemplaires qui avaient échappé à l’incendie, mais apportèrent avec eux à Londres les presses, les caractères et les imprimantes. À l’époque où les imprimeurs avaient été obligés de s’arrêter, par l’autorité de l’inquisition, les travaux étaient presque terminés, ce qui rendait la perte proportionnellement plus grande. Des copies de la licence royale de François Ier et de l’instrument de l’Inquisition pour inhiber les Bibles peuvent être vues dans les Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, vol. i, ch. xxi, b i, p. 119 ; et vol. II, Append., n° xxx.

 Fox, vol. II, p. 516. Newcome, p. 41.

Grafton, et Whitchurch, son coadjuteur, reprirent l’œuvre à leur retour en Angleterre, et l’achevèrent en avril 1539. Elle est in-folio de grande taille, et a reçu le nom de Bible du plus gros volume, ou Grande Bible, terme qui semble avoir été donné à l’occasion à d’autres éditions in-folio anciennes. On l’a aussi appelée la Bible de Cranmer, parce qu’elle a été publiée avec son approbation, et surtout, parce qu’il a préfixé une préface à une autre édition de celle-ci, qui a paru l’année suivante, en 1540. Ces éditions comportaient un superbe frontispice, conçu par Hans Holbein, et dont un fac-similé (« très faiblement et insuffisamment copié », dit Dibdin) est inséré dans l’Histoire des traductions anglaises de la Bible de Lewis. Dans le texte, les parties de la version latine qui ne se trouvent pas dans l’hébreu ou le grec, sont insérées dans une lettre plus petite. Des copies en vélin de l’édition de 1539 se trouvent au British Museum et à la bibliothèque du St. John’s College de Cambridge. Des éditions de la Bible de Cranmer ont également été publiées en 1541. L’un d’eux, conçu pour les églises, a été édité par Cuthbert Tunstall, évêque de Durham, et Nicolas Heath, évêque de Rochester, et a été désigné dans la page de titre comme « THE BYBLE IN ENGLYSHE, of the largest and greatest volume, auctorized and apoynted by the commaundement of our most redouté prynce and soveraygne lorde, kynge Henry the VIII. chef suprême de cette église et royaume d’Angleterre : pour être fréquenté et utilisé dans toutes les églises de ce royaume dit, conformément à la teneur des injonctions d’hier à cet égard. *

 Newcome, p. 43, 390. Lewis, p. 122, 128, 129. 134, 140. Anecdotes de la littérature et des livres rares de Beloe, vol. II, p. 313. Bibliomania de Dibdin, p. 327.

Dans le courant de l’année 1539, une autre Bible fut imprimée par John Byddell. Le principal rédacteur en chef en fut Richard Taverner, qui fit ses études à Christ Church, à Oxford, sous le patronage de lord Cromwell, alors secrétaire d’État. Il est probable que son protecteur l’encouragea à entreprendre ce travail, en raison de son habileté dans la langue grecque. Il ne s’agit ni d’une simple révision, ni d’une nouvelle version, mais d’une correction de ce qu’on appelle la Bible de Matthieu, dont beaucoup de notes marginales sont adoptées, et beaucoup omises, et d’autres insérées. Après la mort de son protecteur, Taverner fut emprisonné, croit Wood (Hist, and Antiq. Univ. Oxon.) grâce à l’influence des évêques qui étaient accros à la religion romaine. Il eut cependant l’adresse de se rétablir dans la faveur du roi ; et retrouva sa situation à la cour. Sa mort aurait eu lieu en 1573.+

++ Lewis, p. 130 à 134. Newcome, p. 46-48

Le 13 novembre 1539, le roi, sur l’intercession de Cranmer, nomma son vicaire général, Lord Cromwell, pour « prendre un soin particulier et demander à ce que personne dans le royaume ne tente d’imprimer une Bible anglaise pendant l’espace de cinq ans, sauf celles qui seront admises par ledit Lord Cromwell ». La raison invoquée était que « la Bible devait être lue et considérée dans une seule traduction ; la fragilité des hommes étant telle, que la diversité de ceux-ci peut engendrer et engendrer de multiples inconvénients, comme lorsque des gens obstinés et enivrants conféreront à la diversité desdites traductions.

Au mois de mai 1540, le roi, par sa proclamation, ordonna de nouveau que la Bible du plus grand volume fût fournie avant la Toussaint, par les curés et les paroissiens de chaque paroisse, et placée dans leurs églises ; car, malgré les injonctions précédentes, beaucoup d’églises paroissiales étaient encore dépourvues de la Bible. En même temps, le roi fixa le prix des Bibles à dix schellings non liés, et non au-dessus de douze schellings bien reliés et serrés ; et chargea tous les ordinaires de veiller à ce que l’ordre du roi fût exécuté. Là-dessus, Bonner, qui avait été récemment promu au siège épiscopal de Londres, installa six Bibles dans certains endroits commodes de l’église Saint-Paul, et apposa sur les piliers auxquels les Bibles étaient enchaînées une exhortation aux lecteurs de « se préparer à être édifiés par là ; de n’en faire que ce qui a été déclaré dans les livres eux-mêmes ; de ne pas lire en bruit à l’heure du service divin, ni de se disputer et de se disputer les uns avec les autres ; ni assez pour se réunir au point de former une multitude. Cette proclamation eut aussi un certain effet en faisant fournir la Bible anglaise par quelques-uns des vicaires et des paroissiens qui avaient jusque-là négligé de s’occuper des anciennes injonctions. Ainsi, par exemple, il appert par les comptes des marguilliers de Wye, dans le Kent, pour 1541, que 12 deniers ont été payés pour la fabrication d’un pupitre pour la Bible.+

2

Une autre édition de la Bible anglaise a été imprimée la même année, en 1540, in-folio, par Thomas Petyt et Roberte Redman, pour Thomas Berthelet, l’imprimeur du roi. Lewis mentionne un bel exemplaire de cette édition sur vélin, et finement enluminé, dans la bibliothèque du roi à Westminster, conçu comme un exemplaire de présentation, comme il appert de l’inscription sur le premier feuillet : « Ce livre est présenté à votre très excellente altesse, par votre sujet aimant, fidèle et obéissant, et daylie oratour, Anthonye Marter de Londres, Haberdesher. *

* Lewis, p. 139, 140.

Le 6 mai 1541, le roi publia un autre bref ou décret, pour l’établissement de la Bible du grand volume dans toutes les églises paroissiales de l’Angleterre ; et le 7 mai, Sa Majesté, par ses lettres à l’évêque Bonner, lui ordonna de publier le décret, et de le faire apposer sur toutes les portes d’église de son diocèse. Des injonctions de même nature ont également été adressées au clergé. Mais l’auteur d’un petit opuscule, intitulé : Supplication des pauvres Communes, imprimé en 1546, et adressé au roi, nous apprend que ces décrets et ces injonctions furent partiellement et à regret observés ; qu’un grand nombre d’églises restaient sans Bible, et que dans d’autres églises, elle était placée là où les pauvres n’osaient pas oser venir. Il accuse également les évêques d’avoir tenté de supprimer la Bible, sous prétexte d’en préparer une version pour publication dans les sept ans.++

++Newcome, p. 53. Lewis, p. 141 à 144.

2

La chute de Thomas lord Cromwell, comte d’Essex, qui, d’une position obscure, fils d’un forgeron, s’était élevé aux plus hautes fonctions du royaume, fut durement ressentie par les amis de la Réforme. Pendant la période où il jouissait de la faveur royale, son influence s’était unie à celle de l’archevêque Cranmer, en s’efforçant de promouvoir les intérêts du royaume réformé et la diffusion des Saintes Écritures. Son attachement à la Bible aurait été grandement confirmé par une connaissance intime du Nouveau Testament, ayant mémorisé l’intégralité de la traduction latine d’Érasme, au cours d’un voyage à Rome ! Il perdit la faveur de Henri par la part active qu’il prit au mariage de ce monarque avec Anne de Clèves, et fut tout à coup saisi pendant qu’il siégeait en conseil, et mis à la tour. Il fut atteint par un acte du parlement sans être entendu, et le 28 juillet 1541, il fut décapité sur Tower Hill.

Les ennemis de la traduction anglaise de la Bible avança immédiatement que, puisque Cromwell avait été le principal conseiller du roi à ce sujet, elle devait être considérée comme présentée par un traître, et s’en plaignit comme étant extrêmement erronée et hérétique. Ils représentèrent en outre au roi que le libre usage des Écritures était le moyen d’augmenter l’esprit de faction et de parti, et qu’il nuisait à la paix de la nation ; que les gens du peuple se disputaient et se querellaient à leur sujet dans les tavernes et les tavernes, se traitant mutuellement de papiste et d’hérétique ; et que d’autres les lisent dans les églises au moment du service divin, et d’une voix si forte qu’elle trouble l’assemblée. Ils blâmèrent aussi chaleureusement les préfaces et les notes qui avaient accompagné plusieurs éditions.

2

L’un de ceux qui furent ainsi accusés de troubler la congrégation par leur lecture des Écritures était un jeune homme du nom de John Porter. Suivant la pratique qui s’était perpétuée du vivant de lord Cromwell, ce jeune homme, qui était d’une taille athlétique et bon lecteur, fréquentait l’église Saint-Paul et lisait les Bibles apposées sur les piliers par l’évêque Bonner aux foules qui se rassemblaient pour l’entendre. Après la mort de lord Cromwell, l’évêque et son chapelain l’envoyèrent le voir et le réprimandèrent sévèrement ; À quoi il répondit qu’il espérait n’avoir rien fait de contraire à la loi, ni aux annonces ou aux remontrances que l’évêque avait ordonné de placer sur chacune des Bibles. Bonner l’accusa alors d’avoir fait des exposés sur le texte, et d’avoir rassemblé un certain nombre de personnes dans un but tumultueux : le jeune homme a justifié son innocence et a soutenu que rien de tel ne pouvait être prouvé contre lui. Mais cela ne servit à rien, car Bonner l’envoya à Newgate, où il fut chargé de fers et attaché par un collier de fer autour du cou au mur de son cachot. Dans cet état, il envoya chercher un parent, qui, par ses supplications et son argent, obtint de la geôlier pour le délivrer de ses fers, et lui permettre d’être parmi les autres prisonniers, dont beaucoup ont été emprisonnés pour crime ou meurtre. Dans cette situation Il exhortait ses compagnons de captivité à s’amender de vie, et leur donnait de tels sa connaissance des Écritures le lui permettait. C’est pour cela qu’il a été de nouveau enfermé dans le cachot le plus bas, et cruellement ferté, et en cinq ou six quelques jours plus tard, il fut retrouvé mort dans sa cellule, non sans de forts soupçons de les autres prisonniers ayant entendu ses cris et ses gémissements, comme s’ils avaient été assassinés. terriblement torturés. +

+ Fox, vol. II, p. 536.

Lors de la collation des grades qui s’est réunie en février Le 16 mai 1542, l’archevêque, au nom du roi, demanda aux évêques et au clergé de réviser la traduction du Nouveau Testament, qu’il divisa à cet effet en quatorze parties, et les répartit entre quinze évêques, en attribuant deux à l’Apocalypse ou à l’Apocalypse, à cause de sa difficulté. Mais un dessein avait été formé pour bannir la traduction déjà en usage. On insistait donc sur des bagatelles ; et Gardiner, alors évêque de Winchester, produisit un long catalogue de près d’une centaine de mots latins, qu’il proposait de ne pas traduire, ou, s’il était traduit, avec le moins d’altération possible ; quelques-uns d’entre eux étaient Ecclesia, Pontifex, Ancilla, Idiota, Cisera, Pascha, Hostia, etc ., etc. L’intention évidente de Gardiner et de son groupe était de rendre les Écritures obscures ou inintelligibles pour le simple lecteur anglais. Cranmer, s’apercevant donc de la résolution des évêques d’empêcher cette manière de traduire la Bible, ou de corriger l’ancienne traduction, obtint du roi le consentement de renvoyer la question aux deux universités. Tous les évêques protestèrent, à l’exception de Goodrick, évêque d’Ely, et de Barlow, évêque de Saint-David. Les évêques protestataires affirmaient que dans les universités, qui étaient depuis peu très délabrées, tout était porté par des jeunes gens, les maîtres régents, dont il ne fallait pas se fier aux jugements ; de sorte que l’apprentissage de la terre était principalement dans la collation des grades. Mais l’archevêque n’osa pas se plier à la volonté et au bon plaisir du roi son maître. C’est par cette lutte que la cause semble avoir été décidée ; et peu de temps après, la collation des grades a été dissoute.

 Mémoires de l’abbé Cranmer de Strype, vol. i, b. i, ch. xxiii, p. 135. Newcome, p. 53 à 55. Lewis, p. 144-148.

Dans le parlement qui se réunit le 22 janvier 1543, le parti romain l’emporta et adopta un acte par lequel il fut décrété : « Que toutes sortes de bokes de l’ancien et nouveau testament en anglais, de cette traduction (de Tyndall), soient par l’autorité de cet acte clairement et complètement abolis, éteints, et défendus d’être gardés et utilisés dans ce royaume. ou où il y a lieu, dans les domaines du roi. Mais d’autres traductions ont été autorisées à rester en vigueur, à condition que les annotations ou les préambules soient « coupés ou effacés, afin de ne pas être perçus ou lus, ce qui était également enjoint sous peine de perdre quarante shillings pour chaque Bible qui les conservait. Il fut également décrété : « Qu’aucune personne ou personnes, après le premier jour d’octobre suivant, ne prendrait sur lui ou sur elles de lire, ouvertement à d’autres, dans une église ou une assemblée publique dans l’un des domaines du roi, la Bible ou toute autre partie de l’Écriture, en anglais, à moins qu’il n’y ait été désigné par le roi. ou par anie ordinarie. Pourvu que le chauncellor d’Angleterre, les capitaines des guerres, les juges du roi, les recorders d’une ville, d’un bourg ou d’une ville, le président du parlement, etc., qui jusqu’à présent ont été accoutumés de déclarer ou d’enseigner de bonnes exhortations vertueuses ou pieuses dans les assemblées, puissent utiliser une partie de la Bible ou de la Sainte Écriture comme ils avaient coutume de le faire ; et que tout noble et gentilhomme étant un habitant, pouvait lire, ou faire lire, par n’importe lequel de ses serviteurs de famille dans sa maison, verger ou jardin, et à sa propre famille, un texte de la Bible ou du Nouveau Testament ; et aussi tout marchand étant maître de maison ; et toute autre personne autre que les femmes, les prenties, etc., pouvait se lire la Bible en privé, etc. Mais aucune femme (à l’exception des femmes nobles et des dames qui pouvaient lire à elles-mêmes et non à d’autres les textes de la Bible, etc.), ni les artisans, les locaux, les compagnons, les hommes de service, les hommes de service du degré de yomen ou inférieur, les laboureurs, ni les ouvriers ne devaient lire la Bible ou le Nouveau Testament en anglais pour lui-même ou pour tout autre en privé ou ouvertement. Les peines par lesquelles la loi était exécutée respiraient l’esprit barbare dont les partisans du papisme étaient alors animés. Pour la première offense, ils devaient se rétracter ; pour le second, de porter un fagot ; et pour le troisième, ils devaient être brûlés.+

 « Cowel dit que les Yomen étaient des officiers dans la famille du roi, au milieu des sergents et des palefreniers. Voir Stat. 33, Hen. VIII., c. 12.

+ Lewis, p. 148-150. Henry’s Hist, of Great Britain, vol. XII, p. 95, 96.

Peu de temps après la promulgation de cette loi, un traité, intitulé « Une doctrine et une érudition nécessaires pour tout homme chrétien », fut publié par l’autorité royale ; Dans la préface à laquelle le roi dit à ses sujets, que « pour la partie de l’Église qui doit être enseignée, il doit être considéré avec certitude que la lecture de l’Ancien et du Nouveau Testament n’est pas si nécessaire à tous ces gens, qu’ils doivent et sont tenus de le lire par devoir, mais que le prince et la politique du royaume jugeront à propos d’être ainsi tolérés, ou qui en sont extraits. Conformément à cela, la loi politique de notre royaume l’a maintenant empêché d’un grand nombre de personnes.++

++ Lewis, p. 150, l&l. Newcome, p. 57.

Après cela, Grafton, l’imprimeur du roi, fut convoqué pour imprimer ce qu’on appelait la Bible de Matthieu, en 1537. On l’interrogea aussi au sujet de la « Grande Bible » et des notes qu’il avait l’intention d’imprimer avec elle ; à quoi il répondit qu’il n’ajouta rien à la Bible qu’il imprimait, lorsqu’il vit que le roi et le clergé ne voulaient pas en avoir, mais il fut envoyé à la prison de la Flotte, et enfermé pendant six semaines, et relâché seulement moyennant une caution de 300 £, de ne plus imprimer ni vendre de Bibles anglaises. jusqu’à ce que le roi et le clergé se soient mis d’accord sur une traduction.§

§ Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, t. I, ch. xxi, p. 121.

En 1544, John Day et William Seres imprimèrent le Pentateuque, « d’après la copie que la majesté du kyng avait présentée », dans un petit volume de 12 mois.

|| Lewis, p. 152.

2

La suppression de la traduction de la Bible par Tyndall et d’autres ouvrages donna lieu à la publication de plusieurs tracts en sa faveur. L’extrait suivant est tiré de l’une d’elles, adressée à l’évêque Gardiner, sous un nom fictif : « Willyam Tyndale a écrit de nombreux livres où il y a beaucoup de phrases et de paroles vraies et pieuses, qu’il avait tirées de l’Écriture sainte, et le Nouveau Testament, qui est la parole incontestable de Dieu, est sorti de la plume dans notre langue anglaise. Willyam Tyndale fut banni d’Angleterre, et brûlé comme hérétique dans le Brabant ; Est-ce bien et sagement don ou non, que les livres d’hys, qui contiennent si miche pieusement savant, et le trou du Nouveau Testament, qui est la plume de l’hys, sont défendus d’être rouges, et si bannis pour une hérésie ou ij que vous dites ar dans les livres hys, et pour une demi-dose de fautes que ar dans la traduction hys ? S’il en est ainsi, pourquoi n’amendez-vous pas votre doyng, et ne souffrez-vous pas que vos livres soient rouges, ce qui effacerait les fautes de sa traduction, et ne condamnerait plus l’érudition de Christis parce qu’elle est passée par la plume de W. Tyndalles ? S’il est bon que les livres de W. Tyndalles et le Nouveau Testament de la traduction de l’hys soient interdits d’être rouges, et qu’ils soient bannis avec l’hym parce qu’ils contiennent des fautes de somme ou une hérésie ou ij, et qu’ils sont sortis de la plume, alors toute la doctrine du trou que le pape a enseignée, avec toutes les traditions et tous les livres qui sont si pleins d’hérésies et de superstitions, et qui contiennent si peu d’Écritures, devraient être bannis avec le pape, et devraient être défendus d’être rouges que les livres de Tindalles et le Testament de sa traduction devraient maintenant être bannis et interdits. Y a-t-il une doctrine sainte dans la loi popis, et dans les cérémonies et les traditions, puis dans la traduction du Nouveau Testament ? N’y a-t-il pas autant d’hérétiques dans les livres de Popis que dans les Tyndalles ? Quelle résonance y a-t-il alors à ce que les tyndalles bokes et le nouveau Testament de la traduction hys soient bannis avec tyndal, et qu’il soit interdit d’être rouge, et que la doctrine et les cérémonies du popis, avec ses livres, ne soient pas bannies avec le pape, mais soient gardées immobiles et rouges dans le chirche comme un nouvel évangile dans la pince mère, afin que tous les chirche puissent comprendre sa doctrine, et l’apprendre lorsque, comme la doctrine du Christ, il faut la dire et chanter d’une manière telle qu’il n’y en a pas un parmi un C. comprendre, parce qu’il appartient que peu de gens l’apprennent ? Est-ce que Tyndal maintenant ou le pape plus fauor montré à l’hym en Angleterre ? Tyndall qui est banni bode bodely et avec tous les hys bokes et doctrines à la fois bonnes et mauvaises ou le pape, qui est doctrine et livres ar red et alowed, après qu’il est ordonné du hiest pouer sous dieu d’être banni d’Englond pour sa beresie et treson ? Si le pape n’a pas plus de fauor, que Christe l’a en anglais, pourquoi l’évangile du pape peut-il être rouge de tous les hommes en anglais, et l’évangile du Christ est-il interdit d’être rouge en anglais, et seulement quelques hommes doux et riches peuvent le refaire ?

 " La rescuynge du renard romain, autrement appelé, L’examen de la Hunter conçu par Steven Gardiner׳ Le deuxième cours de ye Romish Fox et son avocat et mécène juré Steven Gardiner, médecin et défenseur de l' le droit canonique de popis et ses cérémonies impies. Dédié au roi Henri VIII. par William Wagron. Emprinted, 1545, par Hanse Hitprick, 12mo. feuille L.

Les disputes qui s’élevèrent entre ceux qu’on appelait évangélistes et d’autres, produisirent les effets les plus fâcheux ; car les évangélistes, comme on les appelait, se moquaient de l’ignorance et des erreurs des prêtres, et les autres « se faisaient un devoir de déroger à l’Écriture, de la traiter irrévérencieusement, de la rimer, de la chanter et de s’en moquer, dans les brasseries et les tavernes. C’est pourquoi, à la dissolution de son dernier parlement en 1545, Henri s’adressa ainsi aux membres de celui-ci : « Quels sont ces signes de charité, quand l’un traite l’autre d’hérétique et d’anabaptiste, et que l’autre lui rend le langage de papiste et d’hypocrite ? L’occasion de ces animosités est en partie imputable à vous, qui êtes les guides spirituels et les pères de l’Église : car si je connais un homme qui vit dans l’adultère, je dois conclure qu’il est un libertin et un débauché. Si je vois un homme se vanter d’un avantage quelconque, je ne puis m’empêcher de penser qu’il est teinté d’orgueil. On m’apprend tous les jours que vous, membres du clergé, déclamez les uns contre les autres, en chaire : et ici votre charité et votre discrétion se perdent tout à fait dans la véhémence et la satire : les uns sont trop raides dans leur vieux mumpsimus, les autres trop occupés et trop curieux dans leur nouveau sumpsimus. Puis-je supposer que vous gouverniez par des principes de charité pendant que vous vous débrouillez ainsi ? C’est impossible, hélas ! Comment pouvons-nous nous attendre à ce que les pauvres gens vivent dans l’amitié avec leurs voisins, alors qu’ils ont de si malheureux précédents de discorde et de dissension chez ceux qui les instruisent ? Et bien que les spiritualités aient quelque tort de rompre les partis et de vivre en mauvais termes avec ceux qui s’occupent d’eux, vous qui êtes du temporel, vous n’êtes pas à l’abri de l’envie et de la mauvaise nature. Car vous invectivez les évêques, vous diffamez et dénoncez les prêtres, et vous traitez le prédicateur avec mépris et malaise. — Il est vrai qu’il vous est permis de lire les Saintes Écritures et d’avoir la parole de Dieu dans votre langue maternelle. Mais alors, cette permission n’est destinée qu’à l’information privée, et à l’instruction de vos enfants et de votre famille : elle n’était pas destinée à discuter et à disputer, ni à vous fournir des phrases de réprimande et des expressions de reproche contre les prêtres et les prédicateurs. Et pourtant, c’est l’usage qu’un grand nombre de gens désordonnés font du privilège d’avoir les Écritures. Je suis extrêmement fâché de voir combien la parole de Dieu est abusée ; avec le peu de respect qu’on y prête, tant en ce qui concerne le lieu que l’occasion ; comment les gens se chamaillent sur le sens. Comment c’est devenu une rime misérable ; chanté et sifflé dans toutes les tavernes ; et tout cela dans une fausse construction, et contraire aux écrivains inspirés. Je suis désolé de voir que les lecteurs de la Bible en découvrent si peu dans leur pratique. Je dois donc vous recommander le même devoir que j’ai mentionné tout à l’heure : comme le christianisme fait de vous des frères, répondez à cette relation les uns avec les autres. Que la majesté et la bonté de Dieu fassent une impression convenable sur vos esprits ; et puis, je n’en doute pas, mais cette affection et cette bonne correspondance, que je vous rappelais tout à l’heure, se poursuivront toujours entre vous et votre souverain. *

* Collier’s Eccles. Hist., t. II, t. II, p. 208.

En 1546, la dernière année de son règne, le roi publia une autre proclamation, par laquelle il interdisait d’avoir ou de lire les Bibles de Wiclif, Tyndall et Coverdale, ou d’utiliser tout autre chose que ce qui était autorisé par le parlement, sous la « peine d’emprisonnement et de châtiment corporel, selon le bon plaisir du roi, et d’être condamné à une amende par Sa Majesté ou quatre membres de son conseil ». Ainsi, la lecture des Écritures était plus strictement interdite qu’auparavant, puisque la traduction de Coverdale était maintenant interdite ainsi que celle de Tyndall ; et le peuple était plus incertain que jamais de ce qu’était la traduction qui était permise par l’acte. Cette interdiction, pense Strype, a été occasionnée par les luttes et les disputes bruyantes du peuple entre eux ; mais une cause beaucoup plus probable et plus puissante est attribuée par l’archevêque Newcome, qui l’attribue à la force croissante de la faction romaine et à l’affaiblissement de la chaleur du roi pour la Réforme.+

+ Lewis, p. 152 et 153. Newcome, p. 58 et 59. Mémoires de l’archevêque Cranmer de Strype, vol. I, ch. xxx, p. 197.

Henri, cependant, permit à ses sujets d’utiliser une forme anglaise de prière publique, et ordonna qu’on en imprimât une pour leur usage, intitulée « The Primer », qui serait « mise en place par la majesté du roi et son clergé, pour être enseignée, lerned, et rouge : et aucune autre pour être utilisée dans tous ses domaines ». Dans la préface, écrite par le roi, il est dit que « Sa Majesté avait établi et donné à ses sujets une forme déterminée de prière dans leur propre langue maternelle, dans l’intention que ceux qui étaient ignorants d’un langage étranger ou étranger puissent avoir ce qu’ils doivent prier dans leur propre langue familière et familière avec du fruit et de l’intelligence ». Ce petit livre, important comme précurseur de l’exécution de l’office religieux public en anglais, contient, outre les prières, plusieurs psaumes, avec des leçons et des hymnes tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, traduits verbalement de la Vulgate latine.

 Lewis, p. 154.

« L’histoire de nos traductions anglaises, au temps de Henri VIII, dit l’archevêque Newcome, illustre ce que l’on sait, que le roi exerçait un pouvoir très despotique tant dans les affaires religieuses que civiles. Il montre aussi avec quel zèle et quelle prudence les amis de la Réforme se sont conduits dans la grande œuvre d’introduction et d’amélioration des traductions anglaises de la Bible ; quelles difficultés singulières ils eurent à rencontrer de la dangereuse inconstance d’un tyran, et des préjugés invétérés d’un parti romain fort ; et avec quelle avidité les Écritures anglaises étaient lues par la majeure partie du peuple, de sorte que le libre usage de celles-ci devint enfin une marque de distinction honorable pour les rangs supérieurs.+

+ Newcome, p. 59 et 60.

Henri mourut le 28 janvier 1547, âgé de cinquante-six ans ; et malgré l’inconstance de sa conduite en faveur de la Réforme, l’archevêque Newcome énumère quatorze éditions de toute la Bible et dix-huit éditions du Nouveau Testament, sans compter plusieurs éditions de parties distinctes des Écritures, imprimées sous son règne.

Dans l’intervalle, l’Écosse commença à éprouver les heureux effets résultant d’une connaissance plus générale des écrits sacrés. Avant que la Réforme luthérienne n’étende son influence à ce royaume, « les ténèbres grossières », résultat de la superstition papiste, « couvraient le pays ». Les évêques eux-mêmes n’avaient pas honte d’avouer qu’ils ne connaissaient pas le canon de leur foi, et qu’ils n’avaient jamais lu aucune partie des Saintes Écritures, si ce n’est ce qu’ils rencontraient dans leurs missels. Sous de tels pasteurs, le peuple a péri par manque de connaissance. Ce livre qui était capable de les rendre sages pour le salut, et qui devait être également accessible aux Juifs et aux Grecs, aux Barbares et aux Scythes, esclaves et libres, leur fut enfermé, et l’usage, dans leur propre langue, interdit sous les peines les plus sévères. L’office religieux était marmonné dans une langue morte, que beaucoup de prêtres ne comprenaient pas, et quelques-uns d’entre eux savaient à peine lire ; et l’on prit le plus grand soin d’empêcher que même les catéchismes, composés et approuvés par le clergé, ne tombent entre les mains des laïcs.+

++ M’Crie’s Life of John Knox, vol. I, pp. 18, 19.

Andrew Forman, évêque de Murray et légat du pape pour l’Écosse, étant obligé de dire grâce, lors d’un divertissement qu’il donna aux pone et aux cardinaux à Rome, se trompa tellement dans sa latinité, que Sa Sainteté et leurs éminences perdirent leur gravité, ce qui déconcerta tellement l’évêque, qu’il termina la bénédiction en donnant tous les faux carles au diable. in nomine patris, filii, et sancti spiritus ; à quoi la compagnie, ne comprenant pas son scoto-latin, dit Amen. De nombreux membres du clergé écossais affirmèrent « que Martin Luther avait récemment composé un livre méchant appelé le Nouveau Testament ; mais qu’eux, de leur côté, s’en tiendraient à l’Ancien Testament. Même les bibliothèques de leurs monastères n’avaient pas de copie complète des Écritures. Dans le catalogue de la bibliothèque de Stirling, au commencement du seizième siècle, nous ne trouvons que deux psautiers, et un exemplaire des Évangiles et des Épîtres en manuscrit, très probablement en latin ; le reste de son contenu étant purement monactique. Il y avait quatre missels, quatre antiphonaires, trois bréviaires, deux légendes, quatre graduais et dix processionnaux. Rien, cependant, ne peut mieux illustrer l’indifférence aux Écritures qui régnait parmi le digne clergé, que la conversation qui eut lieu entre le doyen Thomas Forest, vicaire de Dollar, et George Chrichton, évêque de Dunkeld, vers l’an 1538. Le vicaire, qui était aussi chanoine de Saint-Colomb, fut accusé d’hérésie à l’évêque pour avoir prêché tous les dimanches sur l’épître ou l’évangile du jour. L’évêque, lorsque le vicaire parut devant lui, s’adressa à lui en ces termes : « Ma joie, monsieur le doyen Thomas, je suis informé que vous prêchez l’épître et l’Évangile tous les dimanches à vos paroissiens, et que vous ne leur prenez pas la meilleure vache et le meilleur vêtement, ce qui est très préjudiciable aux autres ecclésiastiques ; et c’est pourquoi, ma joie, doyen Thomas, je voudrais que vous preniez votre vache et votre étoffe, comme le font les autres ecclésiastiques. C’est trop prêcher tous les dimanches, car ce faisant, vous faites croire aux gens que nous devrions prêcher de même : il suffit que vous, quand vous trouvez une bonne épître, ou un bon évangile, qui établisse les libertés de la sainte église, prêchiez cela, et laissez le reste tranquille. À cette sage admonestation de son évêque, le bon vicaire répondit : « Je crois, monseigneur, qu’aucun de mes panshionneurs ne se plaindra de ce que je ne prends pas la vache et le drap ; mais je sais qu’ils me donneront volontiers tout ce qu’ils auront ; et ils savent que je leur donnerai volontiers tout ce que j’ai. Il n’y a pas de discorde entre nous. Votre Seigneurie dit que c’est trop de prêcher tous les dimanches : je trouve que c’est trop peu ; et je voudrais que Votre Seigneurie en fît autant. « Non, non, doyen Thomas, dit l’évêque, nous n’avons pas été ordonnés à prêcher. » « Votre Seigneurie, dit le vicaire, m’ordonne, quand je rencontre une bonne épître ou un bon évangile, d’y prêcher. J’ai lu l’Ancien et le Nouveau Testament, et je n’ai jamais rencontré une mauvaise épître, ni un mauvais évangile ; mais si Votre Seigneurie veut bien me montrer quels sont les bons et quels sont les méchants, je prêcherai sur les bons et laisserai les méchants tranquilles. « I grâce à mon Dieu, dit l’évêque, je ne sais ni l’Ancien ni le Nouveau Testament ; c’est pourquoi, monsieur le doyen Thomas, je ne connaîtrai que mon portass et mon pontifical. Va-t’en, et mets de côté toutes ces fantaisies, ou tu t’en repentiras quand il sera trop tard. M’Crie (Life of Knox) a donné un récit intéressant de cet excellent ecclésiastique, vicaire de Dollar, d’où nous apprenons que son père avait été maître palefrenier de Jacques IV, qu’après avoir reçu les rudiments de son éducation en Écosse, il poursuivit son éducation à Cologne ; et, à son retour, il fut admis chanoine régulier au monastère de Saint-Colon’s Inch ; où, ayant reçu de l’abbé un volume des œuvres de saint Augustin, son esprit s’éclaircit, et il se mit à étudier les Écritures. Il fut ensuite nommé au presbytère de Dollar, et lorsque les agents du pape tentèrent de vendre des indulgences dans sa paroisse, il mit en garde ses paroissiens contre eux : « Tenez, dit-il, de vous dire la vérité : ce n’est que vous tromper. Il n’y a pas de pardon pour nos péchés qui puisse nous venir, que ce soit du pape ou d’un autre, mais seulement par le sang du Christ. Il avait l’habitude de mémoriser chaque jour trois chapitres de la Bible, et de les faire répéter à son serviteur la nuit. Il souffrit le martyre en 1538.♦♦

Il s’agissait d’un avantage appelé le Cadavre-présentpayé au vicaire de la paroisse, à la mort de l’un de ses paroissiens. Il se composait, dans les paroisses de campagne, de la meilleure vache qui appartenait au défunt, et de l’étoffe ou de la couverture la plus haute de son lit, ou du plus beau de ses vêtements corporels. Le cadavre présent ne se limitait pas à l’Écosse. Nous trouvons la Chambre des Communes d’Angleterre qui s’en plaint, A. D. 1530. Voir la Vie de Knox de M’Crie , vol. I, p. 349, note G.

Vol. IL—8

♦♦ M’Crie’s Life of Knox, vol. I, p. 19, 343, 354, 440, notes. Histoire de la Grande-Bretagne par Henry, vol. xii, b. vi, ch. ii, pp. 126-128. Fox, t. II, p. 614.

2                          8*

Mais malgré l’ignorance générale qui s’étendait à la nation, une lueur de lumière jetait ses rayons sur l’esprit de certains individus, probablement par l’introduction de quelques-uns des écrits de Luther, depuis qu’un acte du parlement avait été passé dès le 17 juillet 1525, pour éviter l’hérésie, qui décrétait, que « na maner de persoun, étrange, que les heureux d’arriver avec thare schip, dans une partie de ce royaume, apportent avec eux ony bukis ou workis, dudit Luther, ses discipulis ou servandis, disputis ou rehersis, ses hérésies, etc., sous la pale de l’escheting de thare schipis et guidis, et de la mise de thaire personis en presoun. Et en 1527, le chancelier et les lords du conseil ajoutèrent cette clause : « Et tout ce qu’il y a de royaux liegis assistaris à sic opunyeons, soit puni en sim sage, et l’effet dudit acte à straike apon thaim. » De sorte qu’il semble qu’en 1525 les livres et les opinions protestants n’étaient distribués que par des étrangers, qui venaient en Écosse dans le but de faire du commerce ; mais qu’en 1527 il fut jugé nécessaire d’étendre les peines de l’acte aux indigènes du royaume. Cet acte fut renouvelé en 1535, avec quelques ajouts.

♦ M’Crie’s Life of Knox, vol. i, période 2, p. 37, note.

La prudence jalouse des patrons du papisme ne pouvait empêcher les progrès de la vérité ; car, par l’intermédiaire de marchands qui commerçaient d’Angleterre et du continent vers les ports de Leith, de Dundee et de Montrose, les traductions des Écritures par Tyndall, avec les écrits de Luther et d’autres réformateurs, furent importées et consignées à des personnes de principes et de prudence éprouvés, qui les firent circuler en privé avec une infatigable industrie. Un exemplaire de la Bible, ou du Nouveau Testament, fournissait plusieurs familles. À l’heure avancée de la nuit, quand les autres dormaient, ils se rassemblaient dans une seule maison ; On tira de sa cachette le livre sacré, et, pendant que l’on lisait, les autres écoutaient avec attention. De cette façon, la connaissance des Écritures a été diffusée à une époque où il ne semble pas qu’il y ait eu d’enseignants publics de la vérité en Écosse.+

+ Ibid., t. I, p. 32.

La poésie est également devenue le moyen de transmettre les sentiments des réformateurs au peuple. L’ignorance et l’immoralité du clergé furent satirisées, et les absurdités du papisme exposées à la risquerie. Ces effusions poétiques étaient facilement mémorisées et pouvaient être communiquées sans l’intervention de la presse, qui était alors sous le contrôle des évêques. Des compositions dramatiques de même tendance furent jouées à plusieurs reprises en présence de la famille royale, de la noblesse et de vastes assemblées du peuple. C’est en vain que les évêques firent promulguer à plusieurs reprises des lois contre la circulation des rimes séditieuses et des ballades blasphématoires ; Le peuple lisait encore avec avidité les épîtres métriques, les morales et les psaumes composés dans sa langue maternelle. KENNEDY et KYLLOR, le premier jeune gentilhomme, le second moine, tous deux cruellement brûlés en 1538, se distinguèrent par leurs drames satiriques. Ce dernier composa une tragédie de l’Écriture sur la crucifixion du Christ, dans laquelle il peignit la conduite du clergé papiste, sous celle des prêtres juifs . Ce drame fut représenté devant Jacques V à Stirling, vers l’année 1535 ; et il peignit si ingénieusement les mœurs des papistes, que les plus simples s’aperçurent de la ressemblance entre les prêtres juifs et le clergé écossais, dans leur opposition à la vérité et à la persécution de ses amis. Un autre poète d’un génie similaire était James Wedderbum, fils d’un marchand de Dundee. Il convertit l’Histoire de la décapitation de Jean-Baptiste en une forme dramatique ; et aussi l’Histoire du tyran Denys, et dans l’un et l’autre il fait la satire de la religion papiste. Ses deux frères, John et Robert, composèrent une version métrique d’un certain nombre de psaumes, qui furent par la suite couramment chantés dans les assemblées protestantes, jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par la version de Sternhold et Hopkins. Ils furent aussi les principaux auteurs de « Gude and Godly ballates, changed out of prophane sangs, for avording of sin, prostituée », etc., ouvrage dont la nature est indiqué par le titre, et qui semble avoir été composé dans le but de faire circuler les opinions réformées en Écosse ; et l’air, la mesure, la ligne initiale, ou le refrain, des ballades les plus couramment chantées à cette époque, ont été transférés dans des hymnes de dévotion et bien que, pour nous, cette association puisse sembler contre nature et grossière, il est certain que ces chants spirituels ont édifié des multitudes à cette époque. Le même principe s’est obtenu, et la même pratique a été adoptée à cette époque en Italie, en France et en Hollande.

Mais le poète qui eut la plus grande influence sur la promotion de la Réforme fut Sir David Lindsay de la Montagne, roi d’armes de Lyon, qui jouissait de la faveur de Jacques IV et de son fils. Il passait pour l’un des premiers poètes de son temps, et possédait une vaste érudition, unie à l’esprit le plus vif et le plus pénétrant. Sa Satyre aux Trois États a été jouée à plusieurs reprises devant la famille royale et la noblesse. Elle dénonçait l’avarice, le luxe et la débauche des ordres religieux ; le pouvoir temporel et l’opulence des évêques, avec leur négligence totale de la prédication ; l’interdiction de lire les Écritures en langue vulgaire, etc. Dans sa Monarchie, composée par lui à une époque ultérieure, il a retracé l’essor et les progrès de la papauté, et a découvert une connaissance de l’histoire et des causes qui ont produit la corruption du christianisme, qui ne déshonorerait aucun auteur moderne. Ses poèmes étaient si universellement populaires qu’on dit qu’ils étaient lus par « tous les hommes, les femmes et les enfants ». Sa principale défense de la traduction des Écritures en langue vernaculaire est contenue dans le premier livre de la monarchie, dont elle est extraite ici, comme fournissant un document curieux dans l’histoire des traductions vernaculaires.

 La vie de M’Crie 01 Knox, vol. i, p. 33, 34,50 ; notesp. 354, 362-366

2

 

'י Une exclamation au lecteur, touchant l’écriture en langage vulgaire et maternel.

« Doux lecteur, n’ayez pas de dépit contre moi,

Pensant que je fais semblant,

En langage vulgaire, il est donc important d’écrire :

Mais là où je manque, je te prie de t’amender.

Pour ceux qui n’ont pas de leam, je voudrais que la cause fût connue,

De nos voyages et de nos tourments les plus misérables,

Et comment, sur Terre, aucun endroit n’est permanent.

 

Quoi qu’il en soit, ces divers Clarkes dévoués et rusés,

En langue latine ont écrit des livres divers,

Nos invaincus savent peu de chose de leurs guerres,

Plus qu’ils ne font le délire des Rookes :

C’est pourquoi, à Calliats, à Careers, et à Cookes,

C’est à Jacke et Tom que s’adressera ma Rime,

Avec les hommes rusés, cependant, qu’il fasse défaut.

 

Bien que tous les Communs ne soient pas des Clark,

Et il n’y a pas d’autre Leed que leur langue,

Pourquoi Dieu devrait-il le merveilleux wark céleste

Se cacher d’eux ? Je pense qu’il n’est pas freternell.

Le Père des cieux, qui était et qui est éternel

C’est à Moïse que Moïse donna la Loi sur la montagne DE SINAY,

Ni en grec ni en latin comme on dit.

 

Il a écrit la Loi sur des tables dures de pierre,

Dans leur propre langue vulgaire de l’hébreu :

Que les enfants d’Israël, chacun d’eux,

Pourrait connaître la Loi, et à la même chose.

S’il avait écrit en latin ou en grand,

Il leur avait fait une plaisanterie savoureuse,

Vous savez peut-être que Dieu a tout fait pour le mieux.

 

Ni Aristote ni PLATON, je ne les ai entendus sains d’esprit,

N’ont pas écrit leur Philosophie naturelle,

En néerlandais ni en dence, ni en langue italienne :

Mais dans leur langue maternelle la plus propre,

Dont la renommée et le nom règnent perpétuellement.

Le célèbre Virgile, le prince de la poésie,

Ni CICÉRON, la fleur de l’Orâtrie,

 

Écrit ni en langue chaidie ni en

Ni encore grandi dans la langue sarrasine,

Ni dans la langue naturelle de l’hébreu,

Mais en langue romane, comme on peut le voir.

C’était leur langage propre quand j’ai pleuré.

Quand les Romains régnaient en effet des Dominateurs,

L’ornat Latino était leur propre Leede.

 

Pendant ce temps, quand ces hardis Romanes,

Sur le monde entier avait le Dominion,

Fait des écoles latines, leur glore pour avancer,

Pour que leur langue soit partout commune :

À cette intention par mon opinion.

Confiants que leur Empire durerait,

Mais de la fortune, ils n’étaient toujours pas sûrs.

 

Des langues, la première diversité,

A été faite par la malédiction de Dieu :

Quand BABYLONE naquit à CHALDIE,

Ces bâtisseurs n’ont pas eu d’autre affliction.

Avant le moment de cette punition

Il n’y avait qu’une seule langue, qu’Adam parlait lui-même,

Là où maintenant il y en a soixante-douze.

 

Nonobstant je pense que c’est un grand plaisir,

Là où les hommes rusés ont de nouvelles langues,

Que dans leur jeunesse, par un travail assidu,

Avoir appris le latin, le grec et l’hébreu.

Que je ne sois pas de cette sorte, j’en ai soin.

C’est pourquoi je voudrais que tous les livres soient nécessaires,

Car notre foi était vulgaire dans nos langues.

 

LE CHRIST après sa glorieuse ascension

À ses disciples envoya son saint lutin

En langues de feu, à cette intention,

Que de toutes les langues plénières,

À travers le monde entier, avec des mots doux et doux,

À tout homme la foi qu’ils voudraient répandre,

Dans leur propre Leed, ils leur ont transmis leur loi.

 

C’est pourquoi je pense qu’il y a une grande dérision,

Pour entendre les nonnes et les sœurs nuit et jour,

Chantant et récitant des psaumes et des oraisons,

Ne comprenant pas ce qu’ils chantent ou disent,

Mais comme un geai de Stirling ou de Popin,

Qui ont appris à parler par un long usage,

Je les compare à des oiseaux en cage.

 

Ainsi Mesdames et Messieurs les Enfants et les Dames d’Honneur,

Priez en latin, à eux un Leede grossier,

Marmonnant leur Matine, leur Evensong et leurs Heures,

Leur PATER NOSTER, AVE, et leur CREDO,

C’était tout aussi agréable à leur esprit en effet

Que Dieu ait pitié de moi pour avoir dit ainsi :

Quant à dire MISERERE MEI Deus.

 

SAINCT HIÉROME dans sa propre langue Romane

La Loi de Dieu, en vérité, il l’a traduite,

De l’hébreu, du grec et du latin dans la plaine,

Qui nous a été caché depuis longtemps, Dieu attend,

Jusqu’à ce temps-ci : Mais après ma vanité,

Si Sainct Hierome avait été né dans L’ARGYLE,

En langue irlandaise, ses livres avaient fait compyle.

 

Le prudent saint Paul fait la narration,

Touchant les diverses Leedes de chaque pays,

Dire là, il y a eu plus d’édification

En cinq mots, que les gens comprennent,

Puis pour prononcer dix mille mots,

Dans un langage étrange, et ne sait pas ce que cela signifie ;

Je pense qu’un tel bavardage ne vaut pas deux preans.

 

les ignorants en ce jour saint,

Solennellement ils entendent chanter l’Evangell,

Ne sachant pas ce que le prêtre chante ou dit,

Mais comme une cloche quand ils l’entendent sonner,

Pourtant, les prêtres, dans leur langue maternelle,

Passez à la Chaire et cette doctrine déclare,

Pour les Laicke, c’était plus nécessaire.

 

Je voudrais que les prélats et les docteurs de la loi,

Avec Laicke, les gens n’étaient pas mécontents,

Bien que nous ayons fait dans notre langue vulgaire,

De Jésus-Christ, la Loi et le Testament. '

Et comment nous devons garder le commandement,

Mais dans notre langue, prions et lisons,

Notre PATER NOSTER, AVE, et notre CREDO.

 

Je voudrais quelque prince d’une grande discrétion,

En langage vulgaire, traduisez clairement

Les lois nécessaires de cette région :

Alors n’y aurait-il pas la moitié d’un si grand débat ?

Parmi nous, les gens de la basse souche.

Si tout homme que la vérité connaissait,

Nous n’avions pas besoin de traiter ces hommes de loi.

 

Pour faire du tort à notre prochain, nous nous méfierions,

Si nous craignions le châtiment de Lawes

Il n’y aurait pas de telles bagarres au Barreau,

Ni les hommes de loi ne s’adonnent à une telle rente royale,

Pour observer la Loi : si tous les hommes étaient contents,

Et que chacun fasse, comme il voudrait qu’on le fasse,

Les juges n’auraient pas grand-chose à faire.

 

Le prophète DAVID, roi d’Israël,

Compylde les agréables Psaumes du Psautier,

Dans sa propre langue, comme je le dis ici :

Et Salomon, qui était son Fils et son Haire,

Il a rendu son Livre vulgaire dans sa langue :

Pourquoi leurs paroles ne nous seraient-elles pas montrées ?

Dans notre langue, je voudrais que la cause fût connue.

 

Que les médecins écrivent leurs curieuses questions,

Et des arguments semés de sophismes :

Leur logique et leurs hautes opinions,

Leurs sombres jugements sur l’Astronomie,

Leur Médecine, et leur Philosophie,

Que les poètes montrent leur glorieuse machine,

Comme il leur plaira, en grec ou en latin.

 

Mais ayons les livres nécessaires,

À la République, et à notre Salut :

Justement traduit dans notre langue vulgare,

Et je te fais des supplications,

Ô doux lecteur, ne vous indignez point,

Pensant se mêler d’une si haute matière,

Maintenant, je vais aller de l’avant vers mon but.

La monarchie de Lindsay, b. i. L’exemplaire dont j’ai extrait ce qui précède est un petit in-octavo, imprimé en lettres gothiques. Il n’est pas paginé ; et ayant perdu la page de titre, je ne puis déterminer le lieu où elle a été imprimée, ni la date ; mais il semble qu’il ait été imprimé en Angleterre, tant par la forme du type que par l’orthographe anglicisée.

On essaya aussi d’introduire parmi le clergé et les rangs supérieurs des laïcs l’étude des langues originales des Écritures. En 1534, John Erskine, de Dun, fit venir de France un savant, et l’employa à enseigner le grec à Montrose ; et lors de sa destitution, il encouragea libéralement d’autres personnes à venir de France et à lui succéder. De ce séminaire privé sont sortis de nombreux érudits grecs, et la connaissance de la langue s’est progressivement répandue dans tout le royaume. C’est probablement dans cette école que George Wishart se familiarisa avec cette langue ; et a été employé comme l’un des enseignants. Mais William Chisholm, évêque de Brechin, apprenant que Wishart enseignait le Nouveau Testament grec, le fit comparaître devant lui, sous l’accusation d’hérésie, sur laquelle il s’enfuit du royaume, en 1538, et resta à l’étranger jusqu’en 1544 ; il retourna en Écosse, mais il tomba bientôt dans les pièges du cardinal Beaton, et mourut en martyr à Saint-Andrews. Le célèbre réformateur, John Knox, est censé avoir étudié le grec sous sa direction. La langue hébraïque ne fut enseignée en Écosse que bien des années après, lorsqu’elle fut introduite par M. John Row, ministre de Perth, qui, étant originaire d’Écosse, fut investi du caractère de nonce ou légat par le pape Paul IV, et envoyé, en 1558, pour s’opposer aux progrès de la Réforme ; mais, ayant découvert un prétendu miracle, il fut amené à examiner les Écritures, et ensuite à embrasser les sentiments protestants. Son fils, qui fut plus tard ministre de Charnock, apprit l’alphabet hébreu à l’âge de quatre ou cinq ans, avant qu’il connût les lettres de sa langue maternelle ; et son petit-fils, qui fut directeur du King’s College, Old Aberdeen, publia, en 1634, la première grammaire hébraïque en langue anglaise ; et une seconde édition, avec un vocabulaire hébreu, en 1644. Tous trois portaient le nom de Jean.

Les efforts des réformateurs écossais pour répandre la vérité et rendre les Écritures plus généralement connues et comprises, rencontrèrent l’opposition la plus résolue, et la persécution exerça ses cruautés fatales sur les réformateurs eux-mêmes. Patrick Hamilton, aimable jeune homme d’ascendance royale, d’une érudition et d’une éloquence considérables, fut le premier qui se sacrifia en Écosse. Il fut brûlé sur le bûcher, à Glasgow, dans des circonstances d’une barbarie particulière, en 1527. En 1530, Henry Forrest, un autre jeune homme érudit, souffrit à St. Andrews, pour avoir possédé un exemplaire du Nouveau Testament et affirmé que Patrick Hamilton était un véritable martyr. Et parmi beaucoup d’autres, Sir John Borthwick a été accusé d’entretenir et de propager des opinions hérétiques, et de disperser des livres hérétiques, parmi lesquels, le Nouveau Testament en anglais a été énuméré en premier. S’étant enfui en Angleterre, il fut déclaré hérétique obstiné, et condamné à être brûlé, dès qu’il put être appréhendé : il fut défendu à toute personne de le recevoir, sous peine d’excommunication ; et tous les biens et domaines confisqués ; et son effigie à brûler sur la croix du marché. C’était en 1540.+

+ Henry’s Hist, of Great Britain, t. VI, p. 119, 120, 125, 126. Fox, vol. II, p. 613. M’Crie’s Life of Knox, vol. I, p. 28, 29 ; notes, p. 353.

La mort de Jacques V, en décembre 1542, fut un événement heureux pour la cause de la religion. Le comte d’Arran, qui avait été nommé régent, avait été favorable aux doctrines de la Réforme, et fut bientôt entouré de conseillers qui partageaient les mêmes principes. Il choisit pour aumôniers des prédicateurs qui avaient embrassé les opinions protestantes ; l’un d’eux, qui s’appelait Thomas Guillaume, ou Williams, fut l’instrument honoré d’éclairer le premier, par ses sermons, l’esprit du grand réformateur écossais, John Knox, et « on dit qu’il traduisit le Nouveau Testament en langue vulgaire ». Ces circonstances favorables furent rendues encore plus favorables par une proposition de mariage de Henri VIII, qui pressa avec empressement l’union de son fils Édouard et de la jeune reine d’Écosse. Le parlement écossais a donné son accord au match ; des commissaires furent envoyés en Angleterre pour en régler les conditions ; et le contrat de mariage fut rédigé, souscrit et ratifié par toutes les parties. Mais ces belles apparences furent bientôt brisées par les intrigues du cardinal Beaton et de la reine-mère, par l’inconstance et la timidité du régent, et par la violence du monarque anglais. Le traité de mariage fut rompu ; le régent renonça à ses relations avec l’Angleterre, et abjura publiquement la religion réformée dans l’église de Stirling ; et la jeune reine fut bientôt fiancée au dauphin de France, et envoyée dans ce royaume.

La Réforme avait cependant fait des progrès considérables pendant le peu de temps où elle avait été patronnée par le régent. Au mois de mars 1543, un acte du parlement avait été fait et publié, déclarant qu’il était permis à toute personne de lire les Écritures en langue vulgaire. Cet acte, auquel s’opposèrent les évêques, qui protestèrent, fut d’une utilité signalée pour la cause de la religion. Autrefois, on regardait comme un crime de regarder les livres sacrés ; Maintenant, les lire était sûr, et même le chemin de l’honneur. « À ce moment-là, dit Knox, on aurait pu voir la Bible sur la table de presque tous les gentilshommes. Le Nouveau Testament a été porté entre les mains de beaucoup d’hommes. La connaissance de Dieu s’accrut merveilleusement, et il donna son Saint-Esprit aux hommes simples en grande abondance. Le zèle même du régent avait été tel qu’il avait été amené à demander à sir Ralph Sadler, ambassadeur d’Angleterre, « d’écrire en Angleterre pour obtenir des Bibles en anglais ».

2

Après l’abjuration du comte d’Arran, le régent, et la promotion du cardinal Beaton au pouvoir, la propagation des principes de la Réforme fut considérablement freinée pendant plusieurs années, jusqu’à ce que, par l’intrépidité du célèbre John Knox et d’autres défenseurs intrépides de la liberté et de la vérité de l’Évangile, les sentiments des réformateurs fussent publiquement avoués. et l’Église réformée d’Écosse obtint la sanction du gouvernement. Suspendant donc pour le moment nos recherches sur l’état de la connaissance biblique en Écosse, nos vues se dirigent vers la France, pays qui, à cette époque, lui était intimement lié.

Les traductions françaises de cette époque étaient de deux classes : la première consistant en des éditions révisées de la version de Guiars des Moulins de l’Historia Scholastica de Comestor ; l’autre, des traductions de la Vulgate latine ou des textes originaux. De la première, Le Long (Bibliotheca Sacra) a remarqué plusieurs éditions, et D. Clément, dans sa Bibliothèque Curieusea mentionné les trois suivantes, comme étant à la Bibliothèque royale de Paris :

 Clément, Bibliothèque Curieuse, àc., t. IV, p. 23. Hanovre, 1753, in-4°.

Bayle, dans son Dictionnaire, art. AARON, remarque que, dans la préface de l’édition de Bonnemère, l’éditeur informe ses lecteurs que « la traduction n’a pas été calculée pour les clercs, mais pour les laïcs, et pour les moines et ermites ignorants, et affirme que le traducteur français « n’a rien ajouté d’autre que la vérité véritable, selon les termes exprès de la Bible latine ; ni n’a omis autre chose que ce qui n’était pas convenable à traduire. Mais en dépit de ces professions, deux histoires légendaires juives sont entremêlées dans le trente-deuxième chapitre de l’Exode, où il est rapporté : « Que les cendres du veau d’or, que Moïse fit brûler, et mêlées à l’eau qui avait été bue par les Israélites, collèrent à la barbe de ceux qui étaient tombés devant lui, par quoi ils apparaissaient avec des barbes dorées, comme une marque particulière pour distinguer ceux qui avaient adoré le veau et aussi, « que sur le refus de Hur de faire des dieux pour les Israélites, ils crachèrent sur lui avec tant de fureur et de violence qu’ils l’étouffèrent tout à fait ! »+

+ Dictionnaire général, par Bernard, &c., t. I, p. 1. Londres, 1734-41, in-folio

S’il faut juger des autres éditions de la traduction de Des Moulins par le spécimen donné par Bayle, il faut considérer l’homme qui a offert à la nation française une traduction authentique des Saintes Écritures comme conférant à ses compatriotes un bienfait inestimable. C’est de cette nature qu’est née la deuxième classe de traductions des Écritures en français. La première édition imprimée est universellement attribuée au célèbre Jacques Le Fèvre en tant qu’auteur. Le Nouveau Testament, comme nous l’avons déjà vu, (p. 570) avait été imprimé à Paris, en 1523 ; et Le Long dit qu’une édition de l’Ancien Testament fut imprimée à Anvers, par Martin L’Empereur, en 1528, accompagnée de l’approbation de Nicolas Coppin, inquisiteur catholique, et doyen de Saint-Pierre à Lou-vain. Le même imprimeur réédita l’Ancien Testament, sans les Psaumes, en 1529-32, en quatre vol. in-8 °. Ensuite, il y ajouta les Psaumes et le Nouveau Testament, ainsi que des résumés des livres et des chapitres, et imprima une édition de toute la Bible, en 1530, en caractères gothiques, en deux vol., in-folio, avec des gravures sur bois grossières, et le privilège de l’empereur Charles-Quint annexé ; et un second en 1534. En 1541, une autre édition de cette version fut imprimée au même endroit, pour Antoine de la Haye, par Antoine des Bois, in-folio. Ces éditions furent ensuite interdites par les autorités catholiques, et placées parmi les Libri Prohibiti de l’Église romaine, ce qui a fait dire à Clément, à propos de F. Simon, qui s’était vanté dans son Histoire critique que les premiers éditeurs de la Bible française actuellement en usage étaient catholiques, « que s’il avait su que cette traduction avait été faite par Jacques le Fèvre, et que la faculté de théologie de Paris l’eût déclaré hérétique, et lui eût expressément défendu d’être nommé, dans leurs disputes publiques, comme auteur catholique, il n’aurait probablement pas affirmé si haut que les premiers auteurs de la version française actuelle étaient catholiques.

 Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 4-6. Le Long, Biblioth. Sacra, tom. i, pp. 326-328. De Bure, Bibliographie Instructive, Vol. de Théologie, pp. 77-82.

2

En 1535, la célèbre version française généralement appelée Bible d’Olivier, du nom de son prétendu traducteur, commença à être imprimée à Neufchâtel en Suisse, par Pierre de Wingle, et porte cette date dans le titre, bien que De Bure dise qu’elle ne fut achevée qu’en 1537. Le titre de cette rare édition est le suivant : « La Bible qui est toute la Saincte escripture. En laquelle sont contenus, le Vieil Testament et le Nouveau, traduisez en Françoys. Le Vieil de Lebrieu : et le Nouveau, du Grec. Aussi deux amples Tables, lune pour !interpretation des propres noms : lautre en forme Dindice, pour trouer plusieurs sentences et matières. » En dessous se trouvent deux devises. Les deux premiers mots sont imprimés dans un cadre gravé sur bois, ou bordure, avec une inscription en hébreu sur une étiquette en haut. Au revers se trouve une adresse latine de Calvin, avec un titre pompeux : « JOANNES CALUINUS CESARIBUS, REGIBUS, PRINCIBUS, GENTIBUSQUE OMNIBUS CHRISTI IMPERIO subditis SALUTEM ». S’ensuit une allocution en français de « ROBERT OLIEUETANUS, HUMBLE ET PETIT TRANSLATEUR, A LEGLISE DE JESUS CHRIST SALUT », daté DES ALPES CE XII. DE FEBURIER, 1535. Un grand air de tendresse et de simplicité imprègne toute cette épître. Dans la préface latine de Calvin, on trouve des positions très différentes de celles qu’il a soutenues par la suite. L’imprimeur a reçu quinze cents écus d’or pour l’ensemble de l’épreuve, qui est magnifiquement exécutée dans un petit caractère gothique de secrétaire, in-folio.+

Les extraits suivants de cette préface sont cités dans les Anecdotes of Lite-rature de Beloe, etc., tirées de la dissertation du Dr Winchester sur le dix-septième article :

« Tandem igitur ubi adfuit plenum illud tempus ac dies a domino præordinata, ad-stitit coram Messias ille tot retro sæculis exoptatissimus : atque idem ille omnia cumulate præstitit quæ erant ad omnium redemptionem necessari. Neque vero intra unum Israelm tantum illud vereficum stetit, potius ad universum humanum genus usque porrigendum esset : quia per unum Christum UNIVERSUM HUMANUM GENUS RECONCILIANDUM erat deo, uti his novi foederis tabulis continetur et amplissime demonstrator. »

Encore une fois :

« Ad istam Hæreditatem (regni paterni scilicet) vocamur OMNES SINE PERSONARUM acceptatione, Masculi, Fœminæ, Summi, Infimi, Heri, Servi, Magistri, Discipuli, Doctores, Idiotæ, Judæi, Græci, Galli, Romani. NEMO HINC EXCLUDITUR, qui modo Christum, qualis offertur a Patre in salutem omnium admittat, et Admissum Comptectatur. Voir Beloe’s Anecdotes of Literature and Scarce Booksvol. III, p. 21.

+ Bibliothèque de Dibdin. Spencer., tom. t. I, p. 82 et 84.

On dit que le grand réformateur, Calvin, a eu une part considérable dans la traduction ou la révision de cette Bible, mais qu’il n’a pas divulgué son nom, par crainte de persécution, et qu’il a publié l’ouvrage au nom de Robert Pierre Olivetan, son parent. Mais bien qu’il soit probable que Calvin ait aidé à la traduction, il est incompatible avec l’intrépidité de caractère bien connue, ainsi qu’avec son approbation, exprimée dans sa préface, et avec la publication ultérieure d’une édition révisée, de supposer que la crainte l’a amené à supprimer son nom. Nous considérons donc Olivetan comme le véritable traducteur ou éditeur de cette version, qui paraît avoir été formée à partir de celle de Le Fèvre, et dont il s’avouait être l’auteur. Bonnadventure Des Ferriers, valet de chambre de la reine de Navarre, sœur de François Ier, a aussi été nommé pour assister Olivétan et Calvin dans la traduction ; mais il ne faut pas supposer que ces excellents hommes aient employé, dans cette importante entreprise, un homme qui a été l’auteur d’un ouvrage allégorique impie, intitulé Cymbalum Mundidans lequel, sous prétexte de ridiculiser la recherche de la pierre philosophale, il aurait attaqué la religion en général ; un ouvrage qui a suscité les censures des catholiques et des protestants, et amena Calvin à le classer avec Govean et Rabelais, comme l’un des trois athées. Des Perriers se tua d’un coup de sabre, dans un accès de fièvre, en 1544.++

++ Bibliothèques Françaises, tom. i, pp. 90, 91·

Cette célèbre édition de la Bible française a été imprimée aux frais des Vaudois ou Vaudois. Clément raconte que, dans un exemplaire de cette version, que M. Jordan a vu en la possession de M. de Boze, il a rencontré à la fin les vers acrostiche suivants, qui prouvent ce fait singulier :

Lecteur entends, si Vérité addresse,

Viens donc ouir instamment sa promesse

Et vif parler : lequel en excellence

Veult assurer notre grelle esperance

L’Esprit Jesus qui visite, et ordonne

Nos tendres meurs, ici sans cry estonne

Tout haut raillant escumant son ordure.

Remercions étemelle nature :

Prenons vouloir bien-faire librement ;

Jesus querons veoir éternellement.

 

Pour percevoir le dessin de ces lignes, il faut remarquer que les premières lettres des mots forment ce couplet :

Les Vaudois, Peuple Evangélique,

Ont mis ce Thresor en publique.

« Les Vaudois, ce peuple évangélique, ont donné ce trésor au public. »

« C’est, ajoute Clément, la principale raison de la rareté de cette édition. Les Vaudois ayant transporté la plus grande partie de l’empreinte dans leurs vallées, un nombre considérable d’exemplaires ont été détruits, non seulement par l’usage, mais surtout par les flammes, et par mille procédés semblables, conséquences naturelles des persécutions réitérées qu’un zèle aveugle et indiscret leur a faites.

Clement, Bibliothèque Curieuse, 10m. iv, p. 7, note (3.)

Une seconde édition de la version olivétaine fut imprimée à Genève, en 1540, en petit in-quarto. De Bure en attribue la révision à Calvin, comme il appert de la notice suivante dans sa Bibliographie instructive :

“ LA SAINTE BIBLE, en laquelle sont contenus tous les Livres canoniques de l’Ecriture Sainte et pareillement des Apocryphes, le tout translaté en Langue Françoise, de la version de Robert Pierre Olivetan, revue par Jehan Calvin ; avec l’indice des matieres, ordonné par N. Malingre, Prêcheur du S. Evangile. (Geneve, a L'Epée,} 1540, in 4to.” De Bure remarque en outre que la représentation d'une épée sur la page de titre a valu à cette édition d'être connue dans la république des lettres sous le nom de "Bible de l'épée",” (Bible de l'Epée.)+

+ De Bure, Bibliog. Instruct.—Vol. de Théologie, pp. 79, 80,

D’autres ont attribué la correction de cette édition à Martin Bucer, mais sans autorité suffisante. Le Long dit que la première édition que Calvin a révisée a été publiée en 1545, à Lyon, en 4to.+ En outre, plusieurs autres éditions ont été publiées par J. de Toames et d’autres, comme on peut le voir en se référant à la Bibliotheca Sacra de Le Long, t. I, cap. iv, p. 345-353, édit. Paris, 1723, in-folio.

 Le Long, t. I, p. 345.

+ Ibid..

ROBERT PIERRE OLIVETAN, le traducteur de cette version, était apparenté à Calvin, qui l’assista dans sa traduction. Son vrai nom était Olivetau, mais ayant pris le nom d’Olivetanus en latin, il était généralement appelé Olivetan. Son traduction a été transcrite pour la presse par un amanuensis, appelé Joannes Eutichus Deperius, que M. de la Monnoye suppose être le même Bonaventure, ou Bonnadventure des Perriers, mais, d’après les motifs exposés ci-dessus, Nous le croyons, à tort. Olivetan mourut à Rome en 1538, non sans soupçon d’empoisonnement. ++

++ R de Juvigny, Bibliothèques Françoises, tom. ii, p. 315.

JEAN CALVIN, parent d’Olivétan, et son coadjuteur dans la publication de la Bible française, naquit à Noyon, en Picardie, le 10 juillet 1509. Son vrai nom était Cauvin, ou Chauvin, qu’il latinisa en Calvinus, selon l’usage des savants de son temps. Il était primitivement destiné à l’église, et après avoir poursuivi ses études à Paris, à Orléans et à Bourges, avec un succès rapide et étonnant, il avait obtenu le presbytère de Pont-l’Evêque, lorsqu’il fut amené, par la préférence donnée par son père à l’étude du droit, et surtout par le changement qui s’était opéré dans ses vues religieuses. par ses relations avec son parent, Robert Pierre Olivetan, à renoncer à sa vocation ecclésiastique dans l’Église de Rome, et à se consacrer à la profession d’avocat. En 1532, il publia un commentaire sur Seneca De Clementia, dans lequel il adopta pour la première fois le nom de Calvinus. La persécution soulevée contre les protestants l’obligea à quitter Paris, d’où il se retira à Angoulême, où il prit le nom de Parcan ; mais, ne se croyant pas en sûreté, il se retira à Ferrare, où la duchesse le reçut gracieusement et lui promit protection. C’est là qu’il portait le nom de Happeville, ou Heppeville. De retour à Paris, il trouva que la persécution faisait toujours rage avec tant de violence contre ceux qui différaient de l’Église romaine, qu’il jugea prudent de quitter complètement la France. Il se retira donc à Bâle, où il acheva et publia ses célèbres « Instituts de la religion chrétienne ». En 1536, il fut choisi professeur de théologie et ministre de l’église de Genève ; mais son refus d’administrer la Cène du Seigneur à ce peuple, à cause de l’immoralité de sa conduite, amena le conseil des deux cents à lui bannir la ville, et à ordonner qu’il la quittât dans les deux jours, avec deux autres ministres. De Genève, il se rendit à Strasbourg, où il fonda une église française, dont il devint le premier pasteur, et fut également choisi comme professeur de théologie. C’est là qu’il épousa, en 1540, Idolette De Bure, veuve d’un ministre anabaptiste. En 1541, il fut rappelé avec honneur à Genève, et y passa le reste de ses jours dans une estime et une influence si universelles, que ses adversaires l’appelèrent le pape de Genève. Cet éminent réformateur mourut le 27 mai 1564, âgé de cinquante-quatre ans et dix mois.

 R. de Juvigny, Bibliothèques françaises, t. I, p. 467-469 Ceux qui désirent voir un récit plus complet de ce grand homme peuvent consulter la Vitas Thcologorum Exterorum Principum de Melchior Adam, p. 63.

2

Une version française des Psaumes, ou plutôt d’une partie d’entre eux, par Clément Marot, réclame une attention particulière, non pas tant pour son excellence intrinsèque, que pour le fait qu’elle est le fondement de la psalmodie adoptée dans le rituel des églises réformées, et, dans sa réception populaire, elle montre fortement la légèreté de la cour et de la nation françaises. L’auteur, CLÉMENT MAROT, était natif de Cahors, dans le Querci, près de Toulouse, et né en 1495. Comme son père, Jean Marot, il fut valet de chambre de François Ier ; et aussi page à Marguerite de France, femme du duc d’Alençon. Il accompagna ce prince au siège de la guerre, en 1521, et fut blessé et fait prisonnier à la bataille de Pavie. De retour à Paris, il fut accusé d’hérésie et jeté en prison ; et, ayant été amené devant le lieutenant criminelon lui reprocha son ancienne irréligion et la licence de ses écrits, et tout ce qu’il put obtenir par les sollicitations les plus pressantes fut d’être transféré de l’obscure et malsaine prison de Châtelet à celle de Chartres. C’est dans cet état de confinement qu’il écrivit son Enfersatire sévère et acérée, et révisa le célèbre Roman de la Rose. Il fut gardé en prison jusqu’après la délivrance de François Ier d’Espagne, en 1526, où il obtint sa liberté ; mais il fut ensuite obligé de s’enfuir à Genève, d’où il passa à Turin, où il mourut indigent en 1544.

Clément Marot était le poète favori de la France, et dans la première partie de sa vie, il s’est distingué par ses pastorales, ses ballades, ses fables, ses élégies, ses épigrammes et ses traductions poétiques. Mais après son retour de Ferrare en France, il se laissa persuader, sur les conseils de Vatablus, professeur d’hébreu à l’université de Paris, d’essayer une version des Psaumes de David en rimes françaises. Dans cette tentative, il fut aidé par Francis Melin de S. Gelays et d’autres savants, dont il forma la version poétique des traductions en prose. Sa première édition ne contenait que trente psaumes et était dédiée à François Ier. Après son départ pour Genève, il continua son travail jusqu’à ce qu’il eût achevé vingt autres psaumes, qui, avec les trente premiers, et huit autres, dont les traducteurs n’ont jamais été bien connus, ont été imprimés à Rome, en 1542, par l’ordre du pape, par Théodore Drust, un Allemand, imprimeur ordinaire de Sa Sainteté. Cette édition a été imprimée en caractères gothiques, in-octavo. Le reste des psaumes a été versifié par Bèze, à Genève. Cependant la traduction fut censurée par la faculté de théologie de Paris, qui alla jusqu’à porter leurs plaintes au roi, qui pendant quelque temps n’y fit que peu d’attention, et exprima même sa satisfaction du spécimen qu’on lui avait donné de la traduction, et pressa l’achèvement de l’ouvrage. Marot, satisfait de la physionomie de son souverain, lui transmit l’épigramme suivante :

“ Puisque voulez que je poursuive, O sire,

L’œuvre royal du Pseautier commencé

Et que tout cœur aimant Dieu le desire,

De besogner ne me tiens dispensé.

S’en sente donc, qui voudra offensé ;

Car ceux à qui un tel bien ne peut plaire

Doivent penser, si jà ne l’ont pensé,

Qu’en vous plaisant me plaît de leur déplaire.”

« Puisque, 0 Sire, il vous plaît que je poursuive l’œuvre royale des Psaumes que j’ai commencée ; et puisque tous ceux qui aiment Dieu désirent la même chose, je pense que j’ai une licence valide pour y procéder. C’est pourquoi, que quiconque veut s’en offusque, car ceux qui ne peuvent se concilier avec un dessein d’un si grand usage doivent savoir, s’ils n’y sont pas déjà sensibles, que si je fais plaisir à Votre Majesté, je suis heureux, quelque offense que j’aie de telles personnes.

Enfin les remontrances réitérées du clergé au roi contre la version de Marot la firent interdire. Mais l’interdiction n’a fait qu’augmenter le désir de posséder les Psaumes ainsi interdiétés. Ils se vendirent si rapidement que les imprimeurs ne purent en fournir au public des exemplaires ; et elle. c’est un trait singulier dans l’histoire du temps, qu’ils devinrent bientôt les chansons les plus populaires qui fussent chantées par toutes les classes de la société ; C’étaient les accompagnements ordinaires des instruments de musique, et chacun les chantait sur l’air qui lui plaisait. À la cour de François, chacun des princes et de la noblesse choisissait un psaume et le chantait sur l’air de ballade que chacun d’eux préférait. Le dauphin, le prince Henri, qui aimait la chasse, aimait Ainsi qu’on oit le cerf meurtri, « Comme le cerf halète après les ruisseaux d’eau », qu’il chantait constamment en allant à la chasse. Le favori de la reine était Ne veuilles pas, O Sire, « Ô Seigneur ! Ne me réprimande pas dans ta colère », qu’elle chantait sur une gigue à la mode. Antoine, roi de Navarre, chanta : Vengeance moy, pren le querelle, « Lève-toi, Seigneur, pour venger ma querelle », sur l’air d’une danse du Poitou.

Histoire de la poésie anglaise de Warton, vol. III, pp. 161-163.

 2                            9*

Outre la dédicace poétique à François Ier, Marot accompagna sa version d’une épître Aux Dames de France« Aux Dames de France », dans laquelle il déclare, dans un esprit de galanterie religieuse, que son dessein est d’ajouter au bonheur de ses belles lectrices, en substituant des hymnes divins aux chansonnettes amoureuses : d’inspirer à leurs cœurs sensibles une passion dans laquelle il n’y a pas de tourment, de bannir du monde cette divinité volage et fantastique Cupidon, et de remplir leurs appartements des louanges du vrai JÉHOVAH.

Les psaumes traduits par Bèze, et versifiés à l’imitation de ceux de Marot, furent favorablement accueillis, et, comme ceux de Marot, furent chantés par des catholiques aussi bien que par d’autres, qui ne soupçonnèrent aucun mal de leur part, jusqu’à ce qu’ils fussent nommés pour être chantés dans les congrégations calvinistes en 1553, et commencèrent à être annexés aux catéchismes de Genève. Mais après cela, l’usage en fut absolument interdit par les autorités catholiques, et les anciennes interdictions furent renouvelées et appliquées par des peines sévères.

Vers cette époque, Calvin, sur les conseils, dit-on, de Luther, avait projeté une espèce de chant religieux, composé de portions des Psaumes, intelligiblement traduites en langue vernaculaire, et adaptées à des mélodies simples et faciles que tous les pourrait apprendre, et dans lequel tous pourraient se joindre, et qui servirait de substitut au chant antiphonaire des offices romains dans le culte public de Dieu. Ce projet d’adoption du chant de congrégation a été favorisé par la publication des psaumes métriques de Marot, que Calvin a immédiatement introduits dans sa congrégation à Genève. Mis en musique sur des notes simples et presque monotones par Guillaume de Franc et d’autres compositeurs célèbres, ils s’établirent bientôt parmi les églises réformées, et devinrent une marque caractéristique de la profession et du culte calvinistes. Ils exaltaient leurs assemblées mondaines, se faisaient entendre dans les rues et accompagnaient le travail de l’artisan, de sorte que les tisserands de Flandre se firent remarquer par leur habileté dans la science de la psalmodie. Bayle dit que dix mille exemplaires de ces psaumes, en vers et mis en musique, furent alors imprimés et très généralement distribués. Florimond de Rémond objecta à la musique des psaumes de Marot que les airs de quelques-uns d’entre eux étaient empruntés à des ballades vulgaires ; à quoi le sieur de Pours répondit que ce qui appartenait autrefois aux chants profanes en était maintenant séparé et sanctifié dans une certaine mesure. « Dans les temps anciens, ajoute-t-il, les choses qui étaient d’un usage commun, même si elles étaient prises comme butin, lorsqu’elles étaient séparées et séquestrées pour le service du sanctuaire avec les rites appropriés, étaient considérées comme saintes et quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur la manière d’adopter les airs populaires dans le culte public, il est certain que dans ce cas, l’effet a été rapide et bénéfique, l’attention de la multitude a été attirée sur les doctrines de la Réforme, et leur a donné une large diffusion et une grande influence.

Cette version étant enfin tombée en désuétude et barbare, l’église de Genève, qui l’avait adoptée la première, fut la première à l’abandonner. M. Conrart commença la révision, et M. de La Bastide l’acheva. Pendant un certain temps, les Églises réformées ont hésité à adopter la version révisée, mais elle a ensuite été introduite à Genève, en Hesse, à Çassel et dans divers autres endroits.

Les Pseaumes de David mis en rime Françoise, par Clement Marot et Theodore Beze. Sedan, 1630, 8vo. Nouveau Dictionnaire Historique, tom. vi, pp. 44, 45. Bibliothèques Françaises, tom. i, p. 156. Gen. Dictionary,—Bayle, art. Marot, notes N. P., pp. 465-469.

L’interdiction de chanter la version métrique des Psaumes de Marot n’était qu’une petite partie de cette persécution qui faisait rage à cette époque contre tous ceux qui osaient différer de l’Église de Rome, ou qui tentaient de faire circuler les Saintes Écritures. Un ou deux exemples de la sévérité avec laquelle ont été traités ceux qui ont vendu ou dispersé les volumes sacrés montreront sous son vrai jour l’antipathie de la superstition pour la vérité de l’Évangile.

À Avignon, l’évêque de Rieux donna un banquet à l’évêque d’Aix et à d’autres prélats engagés dans la violente persécution des habitants de Merindola, auquel les plus belles femmes étaient invitées. Après le banquet, la compagnie s’amusa à danser, à jouer aux dés et à dissiper d’autres plaisirs semblables ; après quoi les prélats, avec chacun une femme appuyée sur son bras, se promenaient dans les rues, pour passer le temps jusqu’au souper, lorsque, voyant un homme offrir à la vente des images et des chansons obscènes, ils achetèrent tout son stock, « autant qu’un mulet pouvait en porter ». Avec eux, ils divertissaient leurs compagnes, aux dépens de toute pudeur et de toute gravité, et expliquaient avec la plus indécente légèreté les peines difficiles qui leur arrivaient. Au cours de leur promenade dans la ville, ils rencontrèrent aussi un libraire qui avait exposé à la vente certaines Bibles latines et françaises. Les prélats, indignés de son audace hérétique, lui demandèrent sévèrement : « Oses-tu l’audace de vendre dans cette ville de telles marchandises ? Ne sais-tu pas que de tels livres sont interdits ? Le libraire répondit : « La sainte Bible n’est-elle pas aussi bonne que ces belles images que vous avez achetées pour ces dames ? » À peine avait-il prononcé ces paroles, que l’évêque d’Aix lui dit : « Je renonce à ma part du paradis, si cet homme n’est pas luthérien. Qu’on le prenne et qu’on l’examine. Aussitôt, une troupe de bandits, qui accompagnait les prélats, se mit à crier : « Un luthérien, un luthérien ; au feu avec lui, au feu avec lui, tandis que l’un le frappait, l’autre le tirait par les cheveux, et qu’un troisième le tirait par la barbe, de sorte que le pauvre homme était couvert de sang avant d’arriver à la prison où on le traînait.

Le lendemain, il fut amené devant les juges et interrogé en présence des évêques. On lui demanda : « N’as-tu pas entrepris de vendre la Bible et le Nouveau Testament en français ? » Il a honnêtement reconnu qu’il l’avait fait. On lui demanda alors « s’il ne savait pas et ne comprenait pas qu’il était défendu dans toute la chrétienté d’imprimer ou de vendre la Bible dans une autre langue que le latin ? » A quoi il répondit « qu’il savait que le contraire était vrai ; et qu’il avait vendu beaucoup de Bibles en langue française avec le privilège de l’empereur dedans, et beaucoup d’autres imprimées à Lyon, et aussi des Nouveaux Testaments imprimés par le privilège du roi, et il ajoutait qu’il ne connaissait aucune nation dans toute la chrétienté qui n’eût les Saintes Écritures dans leur langue vulgaire. Il s’adressa alors courageusement à eux en ces termes : « Ô habitants d’Avignon, êtes-vous seuls, dans toute la chrétienté, les hommes qui méprisent et abhorrent le Testament du Père céleste ? Défendrez-vous et cacherez-vous ce que Jésus-Christ a ordonné de révéler et de publier ? Ne savez-vous pas que Notre-Seigneur Jésus-Christ a donné à ses apôtres le pouvoir de parler toutes sortes de langues, afin que son saint Évangile fût enseigné à toutes les créatures, dans toutes les langues ? Et pourquoi n’interdisez-vous pas ces livres et ces images, qui sont pleins de souillure et d’abomination, et qui excitent le peuple à la prostitution et à l’impureté, et provoquent la vengeance et la grande indignation de Dieu contre vous ? Quel plus grand blasphème peut-il y avoir que d’interdire les livres très saints de Dieu, qu’il a ordonnés pour instruire les ignorants, et pour réduire et ramener dans le chemin ceux qui se sont égarés ? Quelle cruauté que d’ôter aux pauvres âmes simples leur nourriture et leur subsistance ! Mais, mes seigneurs, vous rendrez un lourd compte, vous qui appelez aigre et aigre, et qui tolérez des livres et des images abominables et détestables, mais qui rejetez ce qui est saint. Les évêques, furieux de ces paroles, s’écrièrent violemment : « Qu’avez-vous besoin d’un nouvel examen ? Qu’on l’envoie droit au feu, sans plus de paroles. Mais le juge Libère et quelques autres, qui comprirent que le prisonnier n’avait rien fait qui méritât la mort, proposèrent d’adopter une sentence plus douce, voulant seulement le faire condamner à une amende, et reconnaître que l’évêque d’Aix et ses compagnons étaient les vrais pasteurs de l’Église. Ce que le pieux et intrépide libraire refusa, disant qu’il ne pouvait pas le faire en bonne conscience, puisqu’il avait un exemple sous les yeux, que ces évêques approuvaient des livres souillés et des images abominables, rejetant et refusant les livres saints de Dieu, et qu’il les jugeait donc plutôt comme des prêtres de Bacchus et de Vénus. que les vrais pasteurs de l’Église du Christ. Sur ce refus, le libraire fut aussitôt condamné à être brûlé ; et l’affreuse sentence fut exécutée le jour même. En gage de la cause de sa condamnation, deux Bibles furent suspendues à son cou, l’une devant et l’autre derrière, et il fut ainsi conduit au lieu de l’exécution. Cependant, la fermeté de son esprit et l’appui divin qu’il éprouvait étaient tels, qu’avec une ardeur inébranlable, il continuait d’exhorter la multitude, alors qu’il passait sur le chemin de l’exécution, à lire les Saintes Écritures ; et avec un tel effet, que plusieurs devinrent des chercheurs de vérité.

La mort du pieux libraire causa une grande émotion parmi les habitants de la ville, qui non seulement murmurèrent à l’exécution de l’excellent homme qui avait souffert, mais s’indignèrent du mépris que les prélats avaient montré pour les Écritures. Les évêques, donc, pour faire taire le peuple, firent proclamer par le son de la trompette, dans toute la ville et dans tout le pays, « que tous ceux qui avaient des livres, en langue française, traitant des Saintes Écritures, les apporteraient et les remettraient entre les mains des commissaires nommés à cet effet, sous peine de mort, si l’on trouvait par la suite de tels livres à leur sujet.

 Fox’s Actes and Monumentes, t. II, p. 190, 191.

2

Un autre qui a souffert pour l’Évangile était Pierre Chapot, correcteur de presse d’un imprimeur à Paris. Après avoir été à Genève, il retourna en France, avec un certain nombre d’exemplaires des Écritures. Il les dispersa parmi ceux de sa propre conviction. Mais son zèle lui coûta la vie ; car, ayant été appréhendé, sur les dénonciations de Jean-André, libraire, il fut condamné, puis étranglé et brûlé. C’était à Paris en 1546.+

+ Ibid., p. 133.

Les cruautés épouvantables ainsi exercées sur les défenseurs de la vérité et les amis de la Bible, n’ont pas entièrement supprimé tous les efforts pour donner de la publicité à la parole pure de Dieu ; car il s’en trouvait encore dont les nobles efforts, pour la cause de la littérature sacrée, exigent la reconnaissance reconnaissante de la postérité. Parmi ceux-ci, outre ceux que nous avons déjà remarqués, la famille des Stephens, les savants imprimeurs, était la plus célèbre. Leur histoire a été écrite par l’industrieux Maittaire , et son Historia Stephanorum nous les présente, non pas comme de simples artistes mécaniques, mais comme les grands mécènes de la littérature, et se classant parmi les hommes les plus savants de l’époque où ils ont vécu ; une période qui s’étend du commencement du XVIe siècle au commencement du XVIIe, et pendant laquelle ils ont publié, outre des ouvrages classiques et grammaticaux presque innombrables, dont ils ont été les auteurs et les imprimeurs, quarante-cinq éditions de la Bible, en différentes langues, trois éditions de Concordances et quarante-huit éditions de Commentaires de divers auteurs. Henri, le premier de ces célèbres imprimeurs, imprima le Quintuplex Psautier de Le Fèvre, en 1509, la première publication dans laquelle les versets des Écritures étaient distingués par des chiffres numériques. Il mourut à Lyon en 1520. Sa veuve épousa Colinée, un autre imprimeur parisien éminent, et le premier après Érasme qui publia une édition du Nouveau Testament grec, corrigée d’après les manuscrits. Cette édition fut imprimée à Paris, en 1534, in-8°. Henry Stephens laissa trois fils, François, Robert et Charles, qui vécurent tous dans une grande réputation d’hommes instruits et d’excellents imprimeurs, mais comme Robert était le grand bibliste, nous nous bornerons principalement à une courte esquisse biographique de lui, comme étant le plus lié par ses travaux à l’histoire et à la circulation des Écritures.

ROBERT STEPHENS, fils d’Henri, naquit à Paris, en 1503. Après avoir reçu une éducation savante, il entra à l’imprimerie de son beau-père Colinée, et pendant quelques années il aida à éditer les ouvrages publiés par cet excellent imprimeur. Plus tard, il se mit à son compte et épousa la fille de Jodocus Badius, qui parlait le latin avec presque autant de facilité que le français, et qui convenait particulièrement à la femme de quelqu’un qui recevait quelquefois dix savants de sa famille, comme rédacteurs et correcteurs de sa presse, qui s’entretenaient constamment en latin. En 1528, il· publia une édition de la Bible latine, in-folio cum privilegio regiscorrigée d’après les meilleurs manuscrits qu’il put se procurer de la version de la Vulgate, ainsi que de la Bible polyglotte du cardinal Ximenes, et de toutes les autres éditions imprimées qu’il put se procurer. Il signale particulièrement deux manuscrits qu’il rencontra dans la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prez, dont l’un est d’un grand âge, et d’une écriture très-exacte ; et un autre qu’il trouva dans la bibliothèque de Saint-Denis ; et remarque qu’il en commença la collation en 1524. Il publia une seconde édition in-fol. en 1532, cum privilegio regis ; et un troisième en in-8 en 1534. Ces éditions furent cependant surpassées par une qu’il publia en 1543, au fol., et dont la typographie et le papier sont remarquablement bons ; et qui est rendue particulièrement précieuse par les diverses lectures, données en marge, d’un nombre considérable de manuscrits et d’éditions imprimées, avec des références correctes aux manuscrits ou aux éditions dans lesquelles ils se trouvent. Il y fut assisté par Guillaume Fabricius, chanoine du Poitou, qui connaissait bien les langues hébraïque, grecque et latine. Il a été imprimé avec le privilège du roi, cum privilégia regis. Notre savant imprimeur publia aussi une Bible hébraïque en in-4°, qu’il acheva en 1544, et une belle édition de petite taille en 1546, en 8 vol.

En 1545, il imprima une autre édition de la Bible latine, in-folio. Les versions de la Vulgate et de Zurich étaient placées dans des colonnes parallèles, et accompagnées de scholies ou de brèves notes, expliquant les hébraïsmes et d’autres difficultés critiques. Plusieurs de ces notes étaient celles qui avaient été notées, lors des conférences publiques du professeur d’hébreu Vatablus, à la demande de Robert Stephens, par Bertinus le Comte, et c’est pourquoi cette édition a reçu le nom de « Bible du Vatablus ». Il publia aussi des éditions du Nouveau Testament, avec des notes similaires, en 12 mois, 1541, 1543 et 1545. Les notes qui accompagnaient ces éditions, attribuées à Vatablus par l’éditeur, lui causèrent une grande inquiétude, et devinrent enfin l’occasion de quitter Paris et de se retirer à Genève.

Stephens ayant imprimé, avec les notes du professeur, des remarques de son cru, qui étaient teintées des doctrines de la Réforme, Vatablus nia être l’auteur de ces notes ; et les docteurs de la Sorbonne condamnèrent unanimement ces éditions, et les jugèrent supprimées, et mises au nombre des livres prohibés. Les théologiens de Louvain paraissent avoir été les premiers à censurer l’édition de 1545, quoiqu’elle eût été imprimée avec la permission du roi, et à publier un catalogue des erreurs qu’elle contenait. François Ier, dans une lettre datée du 27 octobre 1546, défendit aux docteurs de Paris d’imiter ceux de Louvain dans cette circonstance, mais leur ordonna de réviser cette Bible et de recueillir les erreurs, « afin qu’elles fussent imprimées à la fin de chaque livre ». Les théologiens parisiens, mécontents de la décision de François Ier, présentèrent ensuite plusieurs pétitions à son successeur, Henri II, qui finit par céder à leur demande, et leur adressa une lettre, datée du 25 novembre 1547, ainsi conçue : « Chers et bien-aimés, ayant délibérément pesé et considéré les remontrances que vous nous avez faites, à cause des Bibles imprimées par R. Stephens, et n’étant pas disposé, par aucun moyen, à tolérer ou à permettre quoi que ce soit qui tende à détourner nos sujets de la bonne voie catholique, — nous vous demandons donc de mettre lesdites Bibles dans le catalogue des livres censurés et prohibés, si vous y trouvez des erreurs qui rendent leur lecture offensante et pernicieuse, nonobstant toutes les lettres que nous avons pu émettre antérieurement à l’effet contraire. Les libraires s’opposèrent à cette procédure, et insistèrent pour qu’un catalogue des erreurs fût placé au début de chaque livre, sous forme d’errata ; mais leur opposition ne fut pas prise en compte, et les Bibles et les Nouveaux Testaments de Robert Stephens furent placés dans le nombre des livres interdits. La censure des docteurs de la Sorbonne est ainsi copiée par F. Simon :

Anno Domini 1548, die 15, mensis Maii, Sacra Theologiæ Facultas post Sacrosanctæ de Sancto Spiritu Missæ celebrationem apud S. Matthurinum Sacramento fidei convocata, perlectis et animadversis erroribus contentis in Bibliis Roberti Stephani excusis anno 1528, 1532, 1534, 1540, 1545, et 1546, nec non in Novis Testamentis per eundem impressis annis 1541, 1543, 1545, acetiam in Psalterio sou libro Psalmorum Davidis annotationibus ex Hebræorum commentariis seorsim excuso ; denique in indicibus editis annis 1528, 1532, 1540, et 1546, communi omnium calculo conclusit prædicta Biblia, Nova Testamenta, Psalterium seu Librum Psalmorum, annotationibus ex Hebræorum commentariis, et indices dictorum Bibliorum juxla designatum sui temporis annum ob errores in iis contentos et hæreses suppressione digna, atque in communem librorum reprobatorum catalogum reponenda.

« Il faut reconnaître, dit F. Berthier, que dans ce jugement doctrinal, Robert Stephens a été traité avec sévérité. En effet, bien que de nombreuses parties de ses œuvres inculquent ce qui est erroné, [c’est-à-dire selon les vues des Églises catholiques romaines], d’autres encore sont susceptibles d’une interprétation plus favorable. Mais à cette époque, la moindre apparence d’hérésie était redoutée.

Pierre du Châtel, ou Castellanus, le savant évêque de Mâcon, qui avait autrefois assisté Érasme, et qui avait été l’un des correcteurs de l’imprimerie de Froben, défendit quelque temps la cause de Robert Stephens, craignant que la censure de notre laborieux imprimeur ne nuisît à la littérature en général ; « mais malheureusement, ajoute F. Berthier, il ne put dissimuler l’hérésie qui influençait son cœur. »

Après la mort de François Ier, et la censure portée sur ses éditions des Écritures, Robert Stephens se retira à Genève, où il publia une Apologie pour se défendre contre les censures des docteurs de la Sorbonne ; et continua à publier une variété d’ouvrages savants jusqu’à sa mort, survenue dans cette ville en 1559. Il légua ses biens à ce fils qui devait continuer à résider à Genève. Il laissa trois fils, Henry, Robert et Francis, et une fille.

Outre ses ouvrages bibliques, il publia de précieuses éditions de nombreux auteurs classiques, et un Dictionnaire de la langue latine, en quatre volumes in-folio, ouvrage d’un travail et d’une érudition immenses. De cet ouvrage, intitulé Thesaurus Latinæ Linguades éditions ont été imprimées depuis à Lyon, Leipzig, Bâle et Londres.

Maittaire, Historia Stephanorum, passim. Lond., 1709, in-8°. Nouveau Diet. Hist., tom. iii, art. Etienne, (Robert.) Longueval, Hist, de !' Eglise Gallicane, continuée par G. F. Berthier, tom. XVIII, p. 485 à 488. Paris, 1749, in-4°. Le courage de Simon. Hist, des versions du N. T., t. ii, ch. xi, p. 100-104.

Le grand historien Thuanus, ou De Thou, a fait un éloge mérité de cet ingénieux et savant imprimeur. « Ce n’est pas seulement la France, dit-il, mais le monde chrétien tout entier, qui lui doit plus qu’au plus grand guerrier qui ait jamais étendu les possessions de son pays ; et la seule industrie de Robert Stephens a rendu plus de gloire à François Ier que de toutes les entreprises illustres, guerrières et pacifiques dans lesquelles il s’est engagé.++ Et que François Ier fût sensible à l’importance et à la célébrité de R. Stephens, c’est ce qu’atteste le patronage dont il l’honora, le nommant son imprimeur et son bibliothécaire, et faisant graver à ses frais des matrices, pour la fondation de beaux caractères grecs et hébreux. Ces matrices, qui lui furent très probablement offertes par son royal protecteur, comme un gage de son approbation et de son estime, auraient été transportées à Genève par R. Stephens, et ensuite auraient été réclamées aux Genevois, et une forte somme aurait été payée pour elles par Louis XIII. Mais la dernière partie de cette histoire est considérée comme douteuse par les auteurs du Nouveau Dictionnaire Historique.

++ Monumenta Literaria, ex Hist. Thuani, p. 70. Lond., 1640, 4to.

Les obligations de la France, et du monde chrétien en général, à l’égard de ce savant imprimeur français, seront mieux appréciées, en ce qui concerne les services rendus au christianisme, par la liste suivante de ses publications bibliques, extraite de l’Historia Stephanorum de Maittaire, t. II , par. II, p. 85-95. Les remarques à leur sujet sont principalement tirées du Dictionnaire bibliographique du Dr Clarke.

Éditions des Écritures dans les langues originales.

Vetus Testamentum Hebraicum, 4to. 1544

Idem................... 12rao. 1546

Novum Testamentum Græcum, fol. 1550

« Une très belle et magnifique édition publiée avec diverses lectures de quinze mss., outre celles de l’édition complutensienne. »

Idem...............  12mo. 1546

C’est ce qu’on appelle l’édition 0 mirificum. La préface de Stephens commence ainsi : O mirificam Regis nostri optimi et praestantissimi Principis liberalilatem, &c. Le personnage dont il parle, c’est François Ier.— Une très belle édition. » Bib. Dict.

Idem.................... 12mo. 1549

« Quelques-uns prétendent que c’est exactement la même chose que la première, avec un changement de date seulement. »

R. S. a imprimé deux Nouveaux Testaments grecs, avec la même préface, l’un en 1546, dans lequel il y a quelques fautes corrigées dans les Errata, à la fin ; l’autre en 1549, qui est la meilleure et la plus rare. Les libraires les appellent O mirificam, à cause de la préface, que R. S. commença de cette manière, à cause de l’obligation qu’il avait envers François Ier pour les poinçons et les matrices fabriqués dans le but de lui permettre d’imprimer le grec d’une belle manière, avec un petit caractère. Voir Chevillier De l’Origine de l’imprimerie de Paris t. II, ch. iii, p. 142.

 

Versions.

Bible latine.................... fol. 1528

Eadem.................... fol. 1532

Eadem.................... fol. 1540

« La meilleure édition. » Bib. Dict.

Eadem.................... fol. 1546

Eadem.................... 8 vol. 1534

Eadem.................... N° d’article 1555

Eadem, juxta Veter. et Nov. Test.

Translat.................... fol. 1557

Contenir la Vulgate et zurichoises.

Eadem.................... 8 vol. 1545

Nov. Test. Græcé cum Veter, et Nov.

Lat. Vers................ 8vo. 1551

« La première édition divisée en vers, ce qui a été fait par Stephens au cours d’un voyage de Paris à Lyon ; et inter equitandumsûrement pas à chevalcomme la plupart ont interprété les mots, mais pendant le voyage ; c’est-à-dire toutes les fois qu’il s’arrêtait pour rafraîchir son cheval, comme un étudiant infatigable qui n’avait pas un instant à perdre, mais qui employait ces intervalles à préparer cette édition pour l’imprimerie. Et quoiqu’on dise qu’elle a été faite avec négligenceil n’y a probablement pas un seul de ceux qui ont critiqué l’entreprise, qui eût fait une première tentative sur le même sujet, moins imparfaite.


Je vais faire du latin
... 8vo 1541

Idem Latiné................ 12mo. 1543

Idem Latiné................ 12mo. 1545

LA Bible................ fol. 1553

Les Pseaulmes tant en Latin qu’en Francois 8vo. 1552

Proverbes, Ecclesiaste, Cantique, Sapience, Ecclesiastique 8vo. 1552

Lenouveau Testament -.... 12 mois 1560

Le meme tant en Latin qu’en Francois 8vo. 1552

 

Concordance et index.

Concordantiæ Latinæ utriusque Testaments.................. fol. 1555

Hebræa et Chaldæa Nomina Propria  4to. 1549

Avoir. Chald. Græca et Latina Nomina Propria, Index rerum ac sententiarum............... 8 vol. 1537


 

Commentaires juifs et chrétiens.

Prophetæ quinque, Osee cum Thargum.................... 4to. 1556

Kimchi à Habacuc......... 4to. 1559

Libri Mosis quinque cum Annot. 4to. 1541

Idem Calvini commentariis, fol. 1559

Genèse Calvini commentariis, fol. 1554

Commentaire de Buceri, dans Judic. Psaume, Sophon.................. fol. 1554

Commentaire de Calvini, dans Psalmos. . fol. 1557

Liber Psalmorum annotationibus

ex Hebræorum Comment. .. 8vo. 1546

Cantica Bibliorum cum annot. ex

Commentaire héb........... 8 vol. 1546

Liber Psalmorum, annotum. Vatabli ex Hebr. Commentaire........ 8 vol. 1556

Psalmi, Proverbia, Ecclésiaste, Canticurn cum brevibus annotat. 4to. 1528

Glossæ in tres Evangelistas, cum Calvin. Comment, adjecto seorsim Joanne ____________fol. 1560

Buceri Enarrationes in quatuor Evangelistas............... fol. 1553


 

Commentaire, dans Matt. Marc. Luc. Fol. 1553

Harmonia ex trib. Evang, adjecto se-orsim Joanne, cum Calvin. Commentaire........-........... fol. 1555

(Réimprimé).............. 1560

Harmonie évangélique d’Osiandri .. Fol.

Eadem.................. 12 1545

Annotationes in eandem   12mo. 1545

Calvini Commentarii, dans Joannem fol. 1553

Idem dans Acta Apostolorum ____fol. 1555

Idem dans les épîtres omnes....... Fol. 1556

Idem dans Pauli Epistolas....... Fol. 1557

Decern Præcepta, et Scnpturæ summa, utraque singulis foliis..... 1540

Summa totius Sacræ Écriture Decem Dei verba............ 8 vol. 1542

Sommaire en forme d’exposition du contenu des Pseaumes..... 8vo. 1552

Claire declaration du contenu au Vieil et Nouveau Testament .... 8vo. 1552

Exposition continuelle sur les Evangelistes ................... fol. 1554

 

Outre ces ouvrages, strictement bibliques, il publia Justini Martyris Opera, Græcé, fol., 1551 ; Eusebii Pr æ paratio EvangelicaGræcé, fol., 1544 ; Eusebii Demonstratio EvangelicaGræcé, fol., 1545 ; Calvini Institutionesfol., 1553, 1559 ; Catéchisme de Calvin, en hébreu, 1554, en grec, 1551, et en français, 1553 ; avec d’autres œuvres de même nature.

Ces efforts acharnés pour promouvoir la connaissance des Écritures ne pouvaient manquer d’attirer sur lui la vengeance d’une hiérarchie fanatique et superstitieuse, dont la sécurité résidait principalement dans l’ignorance. L’hérésie, comme on l’appelait, des Stephens, était leur crime impardonnable. « Nous donnerions, dit Chevillier, aux Stephens, à Robert et à Henri son fils, des éloges sans réserve et sans réserve, si, avec leurs grandes capacités et tout l’honneur acquis dans l’art de l’imprimerie, ils n’avaient pas quitté la religion catholique et embrassé les nouveautés de Calvin. » — » Nous donnerions aux Etiennes, Robert, et Henri son fils, la louange entière et sans aucune réserve, si avec leur grande capacité, et tout l’honneur qu’ils ont acquis dans l’art d’imprimerie, ils n’avoient point quitté la religion catholique, pour suivre les nouveautez de Calvin. »

Maittaire, dans ses Annales Typographicia donné des copies des catalogues de livres imprimés par les Stephens, et les prix qu’ils ont fixés à leurs publications. C’est d’eux que l’on prend les prix suivants de quelques-unes de leurs Bibles.+

Solides.

Bible Hébræa, forme médiocre â 1544,

4à.................... 100

Bible magno volumine, 1540, fol.... 60

Bible, volumine, 1545-8 .... 45

 

Solides.

Vetus Testamentum, parva formâ

1525, 12mo.................... 14

Novum Testamentum, parva formâ

1525, 12mo.................... 6
 

 

La même année (1547) qu’Henri II. ordonna à la faculté de théologie de Paris d’examiner les Bibles publiées par R. Stephens, il publia l’édit inquisitoire suivant concernant toutes les publications religieuses imprimées ou vendues par les libraires français.

« Nous défendons à tous les libraires et imprimeurs, sous peine de confiscation des corps et des biens, d’imprimer, de faire imprimer, de vendre ou de publier des livres concernant les Saintes Écritures, ou ceux qui ont été apportés de Genève, d’Allemagne et d’autres pays étrangers, à moins qu’ils n’aient été préalablement vus et examinés par la faculté de théologie de Paris ; aucun imprimeur ou libraire ne peut non plus vendre, ou exposer à la vente, aucun livre de l’Ecriture Sainte avec commentaires ou scholie, à moins que le nom et le prénom de l’auteur ne soient exprimés ou placés au début du livre ; et aussi le nom et le signe de la résidence de l’imprimeur : et aucun imprimeur ne peut imprimer dans des lieux secrets ou cachés, mais dans son propre bureau, dans quelque lieu public, afin que chacun soit responsable des ouvrages qu’il imprime. Nous défendons également à toute personne, de quelque rang ou condition qu’elle soit, de garder en sa possession les livres mentionnés dans le Catalogue des livres condamnés par ladite faculté de théologie.

Avant la promulgation de cet édit, le parlement de Paris avait, en 1542, ordonné à tous les imprimeurs et libraires, sous de grandes peines, de n’imprimer, publier ou vendre aucun livre condamné ou suspect ; et ensuite, à la demande de l’inquisiteur, il avait décrété que le peuple serait exhorté du haut de la chaire à obéir à l’Église ; et s’ils connaissaient un luthérien, ou si quelqu’un pensait mal de la religion, qu’ils le présentent, car ce serait une œuvre très agréable à Dieu. Une forme d’enquête fut prescrite aux vicaires et aux ministres de l’église, par laquelle ils devaient interroger les dénonciateurs, afin d’obtenir des preuves contre les personnes soupçonnées d’hérésie ; quelques-uns des chefs d’enquête étaient de savoir si les accusés avaient soutenu qu’il était nécessaire que tous les hommes, quel que fût leur rang ou leur situation, de comprendre l’Évangile, que tous les hommes devaient lire les Écritures en langue vulgaire, que c’était une chose oiseuse pour les gens du peuple de prier Dieu en latin. &c. Cette forme d’enquête était prescrite pour l’usage privé des prêtres ; mais il y avait aussi un mandat publié, par lequel il était ordonné à tous d’informer et d’accuser ceux qui négligeaient les rites et les constitutions de l’Église ; qui avaient eux-mêmes des livres hérétiques, ou les donnaient à lire à d’autres, ou les laissaient tomber à dessein dans les rues pour qu’ils fussent dispersés ; qui tenaient des réunions particulières dans les maisons ou les jardins, et formaient des desseins contraires aux constitutions de l’Église ; ou qui recevaient de telles personnes dans leurs maisons ou leurs jardins ; et ceux qui étaient au courant d’une telle chose reçurent l’ordre, sous peine d’excommunication, de présenter toutes ces personnes, dans un délai de six jours, aux docteurs en théologie choisis par l’inquisiteur. Les libraires étaient également tenus d’apporter, dans un délai de six jours, tous les manuscrits et livres suspects en leur possession auxdits médecins, ce qui, s’ils ne le faisaient pas, ne devait plus être admis sous aucun prétexte.

 Bochelli Décréta Eccles. Gallican., lib. i, tit. 10, p. 96, 97. Paris, 1609, in-folio. Sleidan’s Hist, de la Réforme, t. xiv, p. 296, 297.

Cet esprit de persécution n’était pas seulement exercé par les adhérents de l’Église romaine, mais infectait même ceux qui résistaient à l’autorité papale et enduraient les privations d’intrépides défenseurs de l’Évangile. Le sort de MICHEL SERVET, brûlé vif par un feu lent, est un exemple terrible de la vérité de cette remarque. L’histoire de cet homme savant et infortuné est bien connue. Il naquit à Villanueva, en Arragon, en 1509, mais fit ses études à Paris, où il obtint le grade de docteur en médecine. La singularité et la hardiesse de ses opinions lui créèrent des ennemis ; il quitta donc Paris et se rendit à Lyon, où il fut employé par les Frelonéminents imprimeurs, comme correcteur de presse. De Lyon, il se rendit à Charlieu, et de là à Vienne, à la demande de Pierre Palmer, archevêque de cette ville, qui l’honora de son amitié et lui donna un appartement dans son palais. Ses relations littéraires l’amenèrent à faire de fréquentes visites à Lyon, où il révisa une édition de la traduction latine de la Bible par Pagninus, qui fut imprimée in-folio, en 1542, par Caspar Trechsel, pour Hugo de la Parte. Servet accompagnait le texte de scholies ou notes, dans lesquelles il défendait un certain nombre de positions sociniennes ; et il a fait précéder une préface, dans laquelle il concluait que les prophéties de l’Écriture n’ont aucune référence au Christ, mais dans un sens secondaire. Pour cet ouvrage, il aurait reçu cinq cents livres des libraires qui l’employaient. Ses Notes sur la Bible et ses autres écrits anti-trinitaires lui valurent d’être arrêté et emprisonné à Vienne. Il s’évada cependant de prison ; et, dans le dessein de s’établir à Naples et d’exercer sa profession de médecin, il visita imprudemment Genève sous un déguisement. Calvin n’eut pas plus tôt appris son arrivée qu’il le dénonça aux magistrats comme un impie et un propagateur de doctrines dangereuses pour le salut. À la suite de la représentation de Calvin, il fut emprisonné, et ensuite, ayant été traduit en justice, il fut condamné à être brûlé vif. La terrible sentence fut exécutée le 27 octobre 1553. « Il a passé plus de deux heures dans le feu, le bois étant vert, peu abondant, et le vent défavorable. » Les catholiques romains, comme on pouvait s’y attendre, se sont efforcés de justifier leur conduite en brûlant les hérétiques par l’exemple de Servet. Mais leurs arguments sont ainsi réfutés par un savant écrivain aux sentiments doctrinaux bien différents de ceux de Calvin : « Il y a, dit-il, une différence très, essentielle, entre cet acte infâme du réformateur et des magistrats genevois, et les persécutions sanglantes entretenues par les catholiques. La religion catholique prescrit et ordonne systématiquement de brûler ceux qu’elle choisit d’appeler hérétiques ; la religion protestante, loin de l’enjoindre, l’abhorre et la déteste.

L’esprit qui a conduit Calvin à brûler Servet, il l’a emporté avec lui de l’Église catholique, dont il était alors à peine démêlé. Les protestants de toutes les sectes et de tous les partis abhorrent, détestent et abjurent sa conduite dans cette affaire. Car le protestantisme, aussi bien que la religion du Christ, proclame haut et fort que tous ceux qui ôtent la vie à un homme simplement pour hétérodoxie religieuse sont de leur père le diable, qui était un meurtrier dès le commencement.  Cependant, nous ne pouvons que regretter que l’un ou l’autre des réformateurs ait conservé l’esprit persécuteur de l’Église romaine, dont il n’était pas encore émancipé, il y a lieu de se réjouir que ses vues sur la nécessité et l’importance des traductions vernaculaires des Écritures aient été claires et décisives, et accompagnées d’efforts inlassables pour répandre la parole de vie.

Clarke’s Bibliog. Diet., vol. VI, pp. 82-85.

À ces vues, les amis du papisme en Espagne présentaient un contraste singulier et frappant ; car, tandis que Luther, Zuingle, Tyndall et d’autres étaient infatigablement employés à exécuter et à faire circuler des traductions de la Bible, Loyola et Xavier s’occupaient de confirmer et d’étendre l’influence de la papauté, le premier en instituant l’ordre des JÉSUITES, le second en visitant et en promouvant les intérêts de l’Église catholique en ORIENT. Ignace, ou IGNACE DE LOYOLA, noble biscayen, né en 1491, fut introduit de bonne heure au service de Ferdinand V, en qualité de page du roi ; mais embrassant ensuite la vie militaire, fut dangereusement blessé au siège de Pampelune, en 1521. Pendant les progrès d’une cure prolongée, il s’amusa à lire les Vies des Saints, et en vain il s’enquit de romans qui convenaient mieux à son goût et à son génie. L’effet de ses lectures, sur son esprit actif et résolu, fut le désir d’imiter les personnages qu’il avait étudiés. Guéri de ses blessures, il se retira au monastère de Montserrat, et commença une série de pénitences et de mortifications des plus sévères ; mais rien de tout cela ne produisit cette tranquillité d’esprit qu’il recherchait ardemment. « Il ne trouvait aucune consolation, dit son biographe, dans la prière, aucun soulagement dans le jeûne, aucun remède dans les disciplines, aucune consolation des sacrements, et son âme était accablée d’une tristesse amère. » « Il appréhendait quelque péché dans chacun de ses pas, et semblait souvent au bord du désespoir ; mais il était entre les mains de Celui dont les épreuves sont des faveurs. Il implora instamment l’assistance divine, et ne prit pas de nourriture pendant sept jours, jusqu’à ce que son confesseur l’obligeât à manger. Peu de temps après, sa tranquillité d’esprit fut parfaitement rétablie, et son âme déborda de joie spirituelle. Analphabète et ardent, Loyola obéissait implicitement aux préceptes les plus superstitieux de ceux qu’il considérait comme ses guides spirituels ; et il se signala par ses austérités et son dévouement aveugle aux intérêts de l’Église catholique romaine. Après avoir visité Jérusalem et tenté en vain d’étudier à Barcelone, il se rendit à Paris, où, trouvant plusieurs autres personnes d’un tempérament qui lui convenait, il résolut, avec ses associés, de s’offrir au pape, pour être employé par lui dans la situation et dans le pays qu’il lui plairait. Lui et ses compagnons s’étant présentés à Rome, ils furent, après quelques objections d’un comité de cardinaux, nommés pour examiner leur projet, institué comme ordre religieux par le pape Paul III, le 27 septembre 1540, sous le titre de « Compagnie de Jésus », d’où la dénomination de Jesu-istes, ou Jésuites. Cette société a été bien décrite comme « la plus politique et la mieux réglée de tous les ordres monastiques ». et dont l’humanité a tiré plus d’avantages et reçu plus de tort que de toute autre de ces fraternités religieuses. Un excellent compte rendu de cette institution extraordinaire et politique est donné par le docteur Robertson, dans son Histoire du règne de Charles-Quint, vol. III, t. VI. L’entière soumission de l’ordre au pape en formait un des principaux traits ; car, outre qu’ils faisaient les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance monastique, les membres de celle-ci faisaient un quatrième vœu d’obéissance au pape, s’engageant à aller à la paix.qu’il commande pour le service de la religion, et sans rien exiger du Saint-Siège pour leur soutien. On peut juger du zèle dont cette société était animée, quand on nous apprend que, « sous la protection de bon augure de Jean III, roi de Portugal, il (Loyola) envoya saint François-Xavier aux Indes orientales, où il gagna un monde nouveau à la foi du Christ ; qu’il envoya John Nugnez et Lewis Gonzales dans les royaumes de Fès et du Maroc, pour instruire et assister les esclaves chrétiens ; en 1547, quatre autres au Congo, en Afrique ; en 1555, treize en Abyssinie ; et enfin, d’autres dans les colonies portugaises de l’Amérique du Sud. Loyola mourut en 1556, dans la soixante-cinquième année de son âge, après avoir vécu assez longtemps pour voir sa société répandue dans presque tout le monde, et possédant plus de cent collèges.

 Butler’s Saints, vol. VII, 31 juillet, pp. 403-442. Robertson’s Hist, of Charles V, t vol. ii, b. ii, pp. 155, 156 ; Vol. III, B. VI, pp. 171-190.

2

FRANCIS Xavier, appelé par les catholiques romains « l’apôtre des Indes », était d’une famille noble espagnole, et naquit en Navarreau château de Xavier, en 1506. Il fut l’ami et le disciple d’Ignace de Loyola, qu’il connut à Paris, en 1528 ; et était l’un des membres de l’ordre des Jésuites à l’époque de sa formation. En 1540, il s’embarqua pour les Indes, en tant que légat ou nonce du pape, et débarqua à Goa le 6 mai 1542. Ses travaux de missionnaire ont été couronnés, dit-on, d’un succès distingué, non seulement à Travancore, dans l’île de Ceylan, dans les îles Moluques, etc., mais aussi au Japon et dans les îles adjacentes. Il se disposait à visiter la Chine, en obtenant la permission d’accompagner l’ambassadeur du roi de Siam, lorsqu’il fut pris d’une fièvre qui mit fin à sa vie, le 2 décembre 1552. Les seuls ouvrages qu’il composa pour l’instruction de ses catéchumènes, si l’on excepte ses Lettres, furent un Catéchisme en langue malabare ou tamoule, encore en usage chez les catholiques de la côte de Coromandel, et un Epitome de la doctrine chrétienne, en portugais. Les Saintes Écritures paraissent donc n’avoir fait aucune partie, ou du moins une partie très inférieure, de la source des instructions de ce célèbre missionnaire catholique.+

Vol. IL—10

Occupés à fixer sur le peuple les chaînes de la superstition papale, les théologiens d’Espagne étaient beaucoup plus enclins à supprimer qu’à encourager la lecture des Écritures, et étaient beaucoup plus disposés à anathématiser le lecteur et à en emprisonner le traducteur, qu’à exposer et à faire respecter les doctrines pures et inestimables qu’elles contenaient. François Enzinas, qui publia une traduction espagnole du Nouveau Testament, en 1542, in-8°, fut obligé de faire imprimer sa traduction hors du royaume, à Anvers ; et lui-même fut jeté en prison, d’où il s’évada, après quinze mois d’emprisonnement. Il dédia sa traduction à l’empereur Charles V. F. Simon dit que les exemplaires de cette édition étaient devenus si rares de son temps. qu’il ne pouvait en obtenir la vue ; C’est pour cette raison qu’il attribue cette raison, que « la rigueur de l’inquisition, qui prédominait dans ces pays, les avait détruits ». Le Long, cependant, paraît avoir été plus heureux, et observe qu’après avoir comparé deux autres traductions espagnoles avec celle d’Enzinas, il les trouva à peu près les mêmes, à l’exception de quelques corrections et altérations ; et considère donc que le caractère donné par F. Simon de la traduction publiée plus tard par Philadelphe, ou Perez, est dû à juste titre à la traduction d’Enzinas. Les paroles de F. Simon sont : « Dans sa traduction, il observe un juste milieu entre celles qui sont trop littérales, et celles qui sont trop licencieuses ; et s’en tient à son texte, mais sans être obscur, car il ajoute ce qu’il est nécessaire de fournir pour le rendre intelligible, et pour ne pas laisser le sens incertain ; mais il ne marque pas toujours ces additions en caractères italiques, et n’y maintient pas d’uniformité. Je suis enclin à croire qu’il a plutôt traduit d’après les versions qui ont été composées à partir du texte grec devant lui, que d’après l’original. Il a inséré entre deux noires, certains mots qui n’existent pas dans le grec, afin qu’il n’y ait rien d’obscur dans sa traduction, ou, comme il l’explique, « pour conserver l’idiome de la langue ; et pour une meilleure compréhension de ce qui est lu. Cette traduction a été placée avec d’autres versions dans l’Index expurgatoire de l’Église romaine.

Simon’s Crit. Hist, of the Versions of the N. T., t. ii, ch. xli, p. 344, 345, 346. Le Long, Biblioth. Sacra., tom. t. I, p. 364. Paris, 1723, fol.

FRANÇOIS ENZINAS ou D’ENZINA, né à Burgos, en Espagne, vers l’an 1515, est connu aussi sous le nom de Dryander. En France, il prit le nom de Du Chesne, et les Allemands l’appelaient Eyck, Eycken ou Eyckman. Marchand a une dissertation sur ces noms. Il fut emprisonné à Bruxelles pour avoir tenté de présenter à ses compatriotes le Nouveau Testament dans leur langue, de novembre 1543 au 1er février 1545. puis, trouvant les portes de sa prison ouvertes, il s’évada et se rendit auprès de ses parents à Anvers. Environ trois ans plus tard, il visita l’Angleterre, comme nous l’apprend une lettre d’introduction de Melancthon à Cranmer. Vers 1552, Mélancthon lui remet une lettre similaire à Calvin. L’heure de sa mort n’est pas connue. Il a écrit une Histoire de l’état des Pays-Bas et de la religion de l’Espagne ; imprimé à Genève, in-8°. Cet ouvrage, extrêmement rare, fait partie du Martyrologe protestant imprimé en Allemagne. Il a été écrit en latin et a ensuite été traduit en français. Son frère John Dryander, qui avait embrassé le luthéranisme, fut brûlé à Rome, comme hérétique, en 1545.+

+ Nic. Antonio, Biblioth. Hisp., tom. t. I, p. 322. Nouveau Diet. Hist., tom. t. III, p. 443. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xii, pp. 215, 216.

2                       10*

Une version ESPAGNOLE du Pentateuque, ou Cinq Livres de Moïse, fut imprimée par les Juifs à Constantinople, en 1547, fol. Il faisait partie d’une édition polyglotte du Pentateuque, qui contenait le texte hébreu, avec des versions espagnoles et grecques modernes ; et était accompagné des Targums d’Onkelos et de R. Salomon Jarchi. Il a été imprimé par Eliezer Berab Gerson, d’une famille qui avait déménagé de Soncino, en Italie, à Constantinople.

Ambroise de Montesino, Espagnol, de l’ordre de Saint-François, et évêque de Sardaigne, publia aussi, en 1512, une traduction espagnole des Épîtres et des Évangiles, destinée à être lue dans les églises pendant l’année. Il a été réimprimé à Anvers, en 1544, in-8°.

En ITALIE, la culture des lettres, sous le patronage de plusieurs pontifes romains, particulièrement ceux de la famille des Médicis, avait produit des vues plus libérales, et plusieurs éditions de l’ancienne version italienne des Écritures furent imprimées par les Giunti, ou Junti, les célèbres imprimeurs de Venise, Bernard Bindoni et d’autres. Brucioli et Marmochino ont également publié de nouvelles traductions de la Bible. La traduction du Nouveau Testament par Brucioli a été imprimée à Venise, par Luc. Anton. Giunti, 1530, 8 vol. La première édition de sa traduction de toute la Bible a été imprimée par le même imprimeur, à Venise, 1532, fol., avec de nombreuses et élégantes gravures sur bois, formant un volume rare et magnifique. Mais l’édition la plus ample et la plus précieuse de cette Bible est celle avec des notes, imprimée à Venise, 1544-1547, sept volumes, en trois vol., fol., avec diverses épîtres dédicatoires. À la première édition de sa Bible, Brucioli a fait précéder une épître dédiée à François Ier, roi de France, dans laquelle, après avoir longuement parlé du Messie, il ajoute « qu’on regarde comme un reproche à un philosophe de ne pas connaître les principes de sa secte, tandis que nous, chrétiens, nous ne considérons pas les conséquences fâcheuses de ne pas comprendre les doctrines fondamentales de l’Évangile ». Il a aussi ajouté à sa version du Nouveau Testament une autre épître dédicacée au même prince, dans laquelle il blâme sévèrement ceux qui condamnent les traductions de la Bible en langue vulgaire ; les traite d’hypocrites, et de personnes plutôt revêtues de l’esprit du diable, chan de celui de Dieu, et qui en cela s’opposent à la charité chrétienne ; considère comme impies ceux qui prétendent contredire ce que le Saint-Esprit avait déclaré par la bouche des prophètes et des apôtres ; et affirme « que s’ils avaient même parcouru avec diligence les livres de Moïse, ils ne persisteraient pas dans une malignité diabolique si contraire à la charité chrétienne ». Outre cette vue générale des sentiments contenus dans ces épîtres ; que j’ai donné de F. Simon, Clément cite le passage suivant, cité par M. Beyer, pour montrer la conformité des vues de Brucioli avec celles des réformateurs : « Et perche adunque, &c. » « Ah ! pourquoi donc ne semblerait-il pas convenable que chacun prononce l’Évangile dans sa langue maternelle ? comme l’italien en italien ; le Français en français ; l’Anglais en anglais ; l’Allemand en allemand ; et l’Indien en Indien. Je ne saurais dire non plus pourquoi il ne paraît pas ridicule à tout le monde que des hommes et des femmes répètent, comme des perroquets, leurs prières et leurs psaumes en langues latine et grecque, sans comprendre ce qu’ils disent, et sans en tirer aucune édification mentale, mais qu’ils en tireraient s’ils étaient écrits dans leur propre langue. « Après cela, peut-on s’étonner, demande Clément, que notre traducteur ait une place honorable dans l’Index Librorum prohibitorum et expergandorum de Sandoval, Panorm., 1628, fol., p. 8, col. 2, ou qu’il figure parmi les auteurs condamnés de première classe ? Et aussi dans l’Index Lib. prohib. et expurg. de Sotomajor, Madrit., 1640, in-fol., p. 20, col. 2. À quoi s’ajoute peut-être l’Index Lib. prohib. et expurg. d’Alexandre VII juxta exemplar excusum Romce1667, in-fol., p. 7, col. 2 ; et l’Index Lib. prohib. et expurg. d’Innocent XI Romœ1681, in-8°, p. 14, et toutes les éditions ultérieures.

Brucioli prétend avoir traduit d’après les originaux hébreux et grecs, mais cela a été mis en doute, et la version latine de Pagninus aurait été la véritable source de sa traduction : très probablement il a suivi Pagninus, ne comparant que sa version avec les textes originaux. La popularité de la traduction de Brucioli ayant donné lieu à plusieurs éditions piratées et dépravées, il résolut de n’en reconnaître aucune comme authentique, sauf celles imprimées par son frère Francis Brucioli, ce qui a rendu ces éditions particulièrement précieuses et extrêmement rares.

2

Notre traducteur Francis Brucioli était natif de Florence, et né vers la fin du XVe siècle. En 1522, il s’expatria et s’enfuit en France, pour éviter les conséquences d’avoir conspiré avec plusieurs citoyens de Florence contre le cardinal Jules de Médicis, plus tard pape sous le nom de Clément VIII. Une révolution ayant eu lieu dans cette ville en 1527, et les Médicis en ayant été chassés, Brucioli fut autorisé à revenir. Mais la liberté avec laquelle il censurait les moines et les prêtres l’entraîna de nouveau dans des difficultés. Soupçonné d’avoir les opinions des réformateurs, il fut jeté en prison, d’où il n’échappa qu’avec la vie, grâce à l’intercession de ses amis, qui obtinrent une commutation de peine, et il fut banni pour deux ans. Molinæus (Collât. Evang., p. 142) dit qu’il fut condamné « à ne dire ni bien ni mal de Dieu ! » Après sa sortie de prison, il se retira à Venise, où se trouvaient ses frères imprimeurs et libraires et où il publia la plus grande partie de ses ouvrages. Outre sa Bible, il publia des traductions en italien de l’Histoire naturelle de Pline ; et de plusieurs œuvres d’Aristote et de Cicéron ; éditions de Pétrarque et de Boccace ; Dialogues, etc. D’après le témoignage de Pierre Aretin, il connaissait bien l’hébreu, le chaldéen, le grec et le latin. L’époque de sa mort est incertaine : Julio Negri (Hist. Scrip. Florent., p. 36) dit que cela se passa vers 1550 ; mais les rédacteurs du Nouv. Diète. Hist. Remarquez qu’il vivait encore en l’an 1564, et que, par conséquent, sa mort devait être postérieure à cette époque.

Santi Marmochino, ou Sanctes Marmochinus, savant dominicain, Italien de naissance, mort vers 1545, publia une traduction de la Bible en italien, en 1538, fol., qui fut imprimée à Venise par les héritiers de Luc. Giunti ; et dédiée à Georges d’Armaignac, évêque de Rondes et Vabres. Cette traduction comprend le troisième livre des Maccabées, alors imprimé pour la première fois en italien. Le Long décide que la traduction de Marmochino n’est qu’une édition révisée de celle de Brucioli, plus complète à la Vulgate ; et Clément remarque : « Il n’est pas étonnant que Marmochino ait achevé cette version dans l’espace de vingt-deux mois, puisqu’il n’a modifié la traduction de Brucioli qu’en la collationnant avec la Vulgate. » Des éditions de cette traduction furent également imprimées à Venise, en 1542, 1546 et 1547, etc., et le Nouveau Testament séparément, en 1542. L’édition du Nouveau Testament a été publiée sous le nom de F. Zacharie, un frère dominicain de Florence.+

+ Clement Bibliothèque Curieuse, tom. iv, pp. 54, 55. Juntarum Typog. Annales, pt. i, pp. 17-19. Le Long, Biblioth. Sacra, tom. i, p. 356, et Index, p. 569.

Pierre Aretin, poète italien licencieux, a traduit le livre de la Genèse et les sept psaumes pénitentiels, dont plusieurs éditions ont été publiées. Jean-François del Pozzo, ou Puteolanus, publia aussi une version italienne des Psaumes et de l’Ecclésiaste, imprimée à Venise, 1537, in-4°. Une édition de la version latine du Nouveau Testament d’Érasme, avec une traduction italienne, a été imprimée à Venise, en 1545, en 2 vol. in-16 ; et l’Apocalypse, en italien, avec un commentaire de N. Gilbert, a été publiée à Milan dès 1520, au fol.

La publication d’éditions des Écritures, soit dans les langues originales, soit dans des versions plus modernes, n’était cependant pas limitée aux États dans lesquels le christianisme était la religion reconnue du pays, car nous voyons les Juifs qui avaient été poussés par la persécution à se réfugier sous des gouvernements infidèles, établissant des presses à imprimer en divers endroits. particulièrement à Constantinople et à Thessalonique. En 1522, Samuel ben David Nachmias, un célèbre imprimeur de Constantinople, publia le Pentateuque hébreu, Megilloth et Haphtaroth+avec les Targums et les commentaires juifs, au fol. En 1546, un Pentateuque polyglotte, in-fol., fut imprimé dans la même ville par Eliezer Berab Gerson Soncinatis. Il contenait le texte hébreu, le Targoum d’Onkelos, la version persane de R. Jacob F. Joseph Tavos, ou Tusensis, la version arabe de Saadias Gaon, et le Commentaire rabbinique de Rachi, ou R. Salomon ben Jarchi. Le livre de l’Exode de ce Polyglotte porte la date de 1545. En 1547, il y eut un autre Pentateuque polyglotte publié par la même presse, avec le texte hébreu ; l’ancienne version espagnole pour les Juifs espagnols réfugiés ; le grec moderne, tel qu’il est utilisé par le les Caraïtes de Constantinople, qui ne comprennent pas l’hébreu ; et le Targum, et le Commentaire, comme dans les éditions précédentes.

+ La Megilloth est le terme appliqué par les Juifs à la partie des écrits sacrés qui comprend Ruth, Esther, l’Ecclésiaste, les Lamentations et le Cantique des Cantiques de Salomon : les Haphtaroth sont cinquante-quatre chapitres ou leçons choisis parmi les Prophètes, et lus dans les synagogues par les Juifs, lors de leurs sabbats et autres fêtes. Voir Kennicott’s Dissertations, diss. 2, pp. 517, 518.

En 1516, le Pentateuque et Megilloth, en hébreu, avec le Targoum et le Commentaire rabbinique, furent imprimés à Thessalo-nica ; en 1517, Job, en hébreu et en chaldéen ; en 1522, et plusieurs fois par la suite, les Psaumes, en hébreu, avec des commentaires rabbiniques ; et en 1535, les Prophètes prieurs (comme les Juifs nomment Josué, Juges, Samuel et Rois) avec le Commentaire de R. Kimchi.+ Le Long (édit. Masch) mentionne quelques autres passages des Écritures hébraïques publiés par les Juifs de Constantinople et de Thessalonique, à peu près à la même époque.

+ De Rossi, De Ignotis Editionibus, &c., cap. xii, xiii, p. 19 à 23 ; et Append., p. 33-40. Erlangæ, 1772, in-4°. Le Long, édit. Masch, t. i, cap. III, p. 393 et 394 ; et pt. i, cap. I, sec. 2, p. 119, 137, 145, etc.

L’imprimeur et éditeur de livres hébraïques le plus célèbre de cette époque, et qui n’a que rarement ou jamais été égalé depuis dans l’étendue et l’ampleur de ses publications hébraïques, était Daniel Bomberg, originaire d’Anvers. Il s’installa à Venise, où il commença ses affaires. Ayant appris l’hébreu de Felix Pratensis, un juif converti, il imprima plusieurs éditions de la Bible hébraïque, dont les plus célèbres furent celles qu’il publia avec les Targums, les Commentaires rabbiniques et la Masorah. La première édition de la Grande Bible rabbinique de Bomberg fut commencée en 1517 et terminée le 27 novembre de l’année suivante, 1518. Cette édition, cependant, n’était pas tenue en estime par les Juifs, à cause de ce qu’ils considéraient comme l’apostasie de l’éditeur, Felix Pratensis. Une autre édition améliorée, en quatre volumes in-folio, fut publiée par Bomberg en 1525, 1526, qui employa comme éditeur R. Jacob ben Haïm, un savant juif de Tunis. Une édition encore plus ample et plus complète fut imprimée par lui en 1547-1549, quatre volumes in-folio, sous l’inspection de Cornelius Adelkind, un autre juif érudit, avec une curieuse préface de l’ancien éditeur Jacob ben Chaim, dont une traduction latine est donnée dans les Dissertations de Kennicott sur l’état du texte hébreu imprimé, diss, ii, p. 229 à 244. Oxon, 1759. Le Dr. Adam Clarke (Gen. Pref, to Comment., p. 4) caractérise cette édition comme « la Bible hébraïque la plus utile, la plus correcte et la plus précieuse jamais publiée ». En 1520, Bomberg commença une édition du Talmud, qu’il termina quelques années plus tard, en douze volumes in-folio. Il le réimprima deux fois, et chaque édition lui coûta, dit-on, cent mille écus. En tant qu’imprimeur, il était très zélé pour l’honneur de son art, n’épargnait rien en embellissements, et on dit qu’il avait retenu une centaine de Juifs comme correcteurs de sa presse, les plus savants qu’il ait pu trouver. Rien qu’en imprimerie, on pense qu’il a dépensé dans le cours de sa vie quatre millions, d’autres disent trois millions, d’écus d’or ; et Vossius semble croire qu’il a nui à sa fortune par sa libéralité. Il meurt à Venise en 1549.

 Simon, Hist. Crit. du V. T., p. 574, 575. Le Long, édit. Masch, t. i, cap. I, sec. 2, p. 96-103. Chalmers’s Biog. Diet., vol. vi.

Mais Bomberg n’était pas le seul chrétien qui se livrât à la publication de Bibles hébraïques : les Étienne de Paris, les Giunti de Venise, Frobenius de Basile, et d’autres de moindre importance, publièrent diverses éditions, bien qu’aucune d’elles ne puisse être comparée à Bomberg pour le nombre d’impressions qui sortirent de sa presse, ou pour les services généraux qu’il rendit à la littérature hébraïque.

On peut se faire une idée assez juste des progrès de la typographie biblique, au cours de la première partie du XVIe siècle, à partir de la liste suivante d’éditions de tout ou partie des Saintes Écritures, imprimées entre 1500 et 1500 apr. J.-C. Mort en 1536, compilé principalement à partir des Annales Typognaphici de Panzer, à savoir :

1 Bible polyglotte.

10 --------Psaumes.

8 Bibles hébraïques.

12 ------Pentateuque, certains d’entre eux avec

le Targum, &c.

avec Com. Kimchi.

Douze prophètes mineurs ; avec Com. Rab.

1 -------Emploi ; ---------------

I ------Psaumes.

1 -------------avec Rab. Com.

1 -------Psaumes, Proverbes, Job, Daniel ;

avec Jarchi’s Com.

1 Psaumes hébreux et latins.

2 ----------------- Sept Pénitents

Psaumes.

1 Ecclésiaste ; Hébreu.

1 Cantique des Cantiques ; l’hébreu et le latin.

1 Ruth et les Lamentations ; Hébreu.

1 Jérémie et les Lamentations ; Hébreu.

2 Daniel ; Hébreu.

Moi, Joël et Daniel ; Hébreu.

1 Joël et Malachie ; Hébreu.

1----------------Hébreu, avec Kimchi’s Com.

3 Abdias ; Hébreu.

3 Tobie ; Hébreu.

1 ------hébreu et latin.

6 Nouveau Testament, grec.

6 ■-----------------■ Grec et latin.


 

1 Romains ; Grec.

1 Épîtres de saint Paul ; Grec.

1 Galates ; Grec.

1 Colossiens ; Grec.

3 Ancien Testament, LXX. et le Nouveau Testament ; Grec.

3 Psaumes, --------------------grec.

1 Sept Psaumes pénitentiels ; Grec

99 Bibles · Latin.

2------avec le commentaire du cardinal Hugo. ; Latin.

4 ------De Lyra’s com. ; Latin.

1 -------Trans. de Pagninus ; Latin.

1 Ancien Testament, traduction d’Érasme ; Latin.

1 Pentateuque ; Latin.

1 Pentateuque, Josué, Ruth, Juges. Rois, et le Nouveau Testament ; Latin.

4 Pentateuque, Josué, Juges, Ruth ; Latin.

2 Genèse ; Latin.

2 Deutéronome ; avec l’Annot de Luther. ; Latin.

1 Les livres historiques ; Latin.

1 Ruth et les Lamentations ; Latin.

1 Rois, Chroniques, Esther et Job ; Latin.

3 Emploi ; Latin.

44 Psaumes ; Latin, plusieurs d’entre eux avec des notes.

1 Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse ; Latin.

12 Proverbes ; Latin.

8 Ecclésiaste ; Latin, certains avec des notes.

2 Cantique des Cantiques ; Latin.

2 Prophètes et Maccabées ; Latin.

2 Michée, avec notes ; Latin.

Moi Sophonie ; Latin.

I Tobit, Latin.

1 Jésus Siracide ; Latin.


 

62 Nouveau Testament ; Latin.

1--------------- (sauf Apocalypse ;)

Latin.

■' Les quatre Évangiles ; Latin.

5 Les Évangiles et les Épîtres ; Latin.

1 Toutes les épîtres ; Latin.

1 Épîtres de saint Paul : latin.

1 Saint-Paul et le chanoine ; Épîtres; Latin.

15 Bibles ; Belge.

6 Évangiles et épîtres ; Belge.

34 Nouveau Testament ; Belge et latin.

3 Psaumes ; Belge et latin.

7 Psaumes ; Allemand et latin.

1 Sept Psaumes pénitentiels ; Allemand et latin.

2 Nouveau Testament ; Allemand et latin.

1 Bible ; Espagnol.

1 Évangiles et épîtres ; Espagnol.

1 Épîtres et Évangiles ; Espagnol.

2 Psaumes ; Suédois.

1 Nouveau Testament ; Suédois.

1 Évangiles et Apocalypse ; Latin.

1 Matthieu ; Latin.

3 Actes ; Latin.

3 Les Épîtres ; Latin.

1 Épîtres et Apocalypse ; Latin.

7 Épîtres de saint Paul ; Latin.

2 Romains ; Latin.

1 I. et II. Corinthiens; Latin.

1 Galates ; Latin.

3 épîtres catholiques ; Latin.

. 12 Bibles ; Italien.


 

2 Emploi ; l’un avec Commentaire ; Italien.

9 Psaumes ; Italien.

3 Sept Psaumes pénitentiels ; Italien.

I Proverbes ; Italien.

1 Ecclésiastique ; Italien.

3 Nouveau Testament ; Italien.

7 Évangélistes et épîtres ; Italien.

1 Épîtres et Évangiles ; Italien.

1 Apocalypse ; Italien.

 

1 Bible ; Bohémien.

 

1 Pentateuque ; Danois.

1 Juges ; Danois.

3 Psaumes ; Danois.

2 Nouveau Testament ; Danois.

2 Épîtres et Évangiles ; Danois.

 

4 Bibles ; Français.

1 Ancien Testament ; Français.

7 Brillant. Bible Historiée ; Français.

3 Psaumes ; Français.

11 Nouveau Testament ; Français.

1 Quatre évangélistes ; Français.

2 Épîtres de saint Paul ; Français.

1 Psaumes ; Français et latin.

 

1 Quatre évangélistes ; Hongrie.

 

1 Bible ; Anglais.

1 Pentateuque et Nouveau Testament ; Anglais.

1 Isaïe, avec le Pentateuque ; Anglais.

1 Jérémie et le Cantique de Moïse ; Anglais.

1 Nouveau Testament ; Anglais.

 

1 Psaumes et Cantique des Cantiques ; Éthiopique.*

* Panzeri Annales Typographici, tom. xi, pp. 156-172, 552.

 

Ce récit ne nous présente pas moins de cinq cent soixante-huit éditions de l’Écriture entière, ou de parties de celles-ci, en différentes langues, imprimées dans l’espace de trente-six ans, préparant ainsi la voie à cette heureuse Réforme et à cette circulation accrue de la parole de Dieu, qui suivit si tôt. Il est également probable que, pendant la période choisie par Panzer pour ses Annales de typographie, il y eut de nombreuses éditions imprimées de tout ou partie des écrits sacrés, dont il n’avait pas obtenu de renseignements, comme dans le cas du nombre d’impressions des Écritures anglaises, qu’il a déclaré être de six au lieu de vingt-trois. c’est le nombre remarqué par les écrivains anglais. Voir l’ouvrage de l’évêque Newcome, Historical View of the English Biblical Translations, p. 387, 388, 411 ; et la Bible de l’évêque Wilson, éditée par C. Cruttwell, volume I. Préface de l’éditeur.