LITTÉRATURE BIBLIQUE.

PARTIE III, suite.

XVIE SIÈCLE A CONTINUÉ.

CHAPITRE XI.

SUITE DU XVIIE SIÈCLE.

Italie—Version italienne—Congrégation de propaganda fide—Bible arabe—Éditions vénitiennes des Écritures—Espagne et Portugal—Version espagnole—Traductions françaises—Polyglotte parisienne—Bible hollandaise—Versions orientales—Traductions allemandes—Princes allemands—Savants orientaux—Savants. Juifs—Traductions allemandes antitrinitaires—Bible suisse-allemande—Versions sorabie, camiole, croate, valaque, hongroise et bohémienne—Collège philobiblique—Danois, Islandais, Suédois, Finnois, Livonien, Estonien, Laponais, Polonais, Lituanien, Russe, Arménien, versions éthiopienne et turque.

L’Italievers laquelle notre attention se portera ensuite, a montré, au XVIIE SIÈCLE, un exemple extraordinaire et déplorable des principes inhibiteurs de l’Église romaine. Pas une seule édition de la Bible en langue italienne n’est mentionnée par Le Long, Adler ou Haym, comme ayant été publiée par le parti catholique pendant toute cette période ; et les seules parties des Écritures qu’on remarque comme imprimées par eux en langue vernaculaire, sont la réimpression de la traduction des Épîtres et des Évangiles par Remigius Florentinus, destinée à être lue dans les offices ecclésiastiques, imprimée à Venise en 1627, in-4°, où elle avait été publiée pour la première fois en 1584 ; et les livres de Job, des Psaumes, des Proverbes et de l’Ecclésiaste, avec la Sagesse apocryphe de Salomon et de l’Ecclésiastique, imprimés en 1601 !

 Le Long, t. I, p. 338. Paris, 1723, fol. Adleri Bibl. Biblica, t. I, p. 361.

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Cette lacune dans la communication de la connaissance biblique a été partiellement suppléée par une excellente version de la Bible entière de Giovanni Diodati, natif de Lucques, publiée avec des notes, à Genève, 1607, in-4°. Une seconde édition, considérablement améliorée, fut imprimée au même endroit en 1641, fol., avec l’adjonction d’une version métrique des Psaumes. Des éditions du Nouveau Testament ont été publiées à Amsterdam et à Hærlem, 1665, 8 vol., et à Genève, 1608, in-12. Nic. Haym ajoute une édition in-4°, Genève, 1609 ; mais il semble qu’il ne s’agissait que de certaines copies d’une ancienne impression, à laquelle un imprimeur avait ajouté une nouvelle page de titre.

*Nic. Haym, Notizia de' Libri rari, p. 224. Venise, 1728, in-4°. Clément, Biblio-thèque Curieuse, tom. IV, p. 60. Le Long, tom. t. I, p. 359 et 360.

GIOVANNI (JOHN) DIODATI, descendant d’une famille noble de Lucques, est né le 6 juin. En 1576, il fit de si bons progrès dans l’étude, qu’à l’âge de dix-neuf ans seulement, il fut nommé professeur d’hébreu à Genève. En 1619, il fut envoyé au synode de Dort, où il acquit une telle réputation, qu’il fut choisi, avec cinq autres théologiens, pour préparer la confession de foi belge. On dit que sa traduction italienne de la Bible a été imprimée à ses frais et qu’elle lui a causé un grand embarras pécuniaire. Ses Annotations sur la Bible ont été traduites en anglais, dont la troisième et meilleure édition est celle de 1651, fol. De nombreuses notes des " Annotations de l’Assemblée des Divins " ont été tirées de celles de Diodati. Il traduisit la Bible en français, imprimée à Genève, 1664, fol. ; et aussi l’Histoire du Concile de Trente du Père Paul et d’autres ouvrages. Il fut un temps en Angleterre, où il fit la connaissance de l’évêque Bedell et d’autres personnages célèbres ; il fut aussi favorisé de l’amitié de Milton, qui l’avait connu dans ses voyages. Sa mort survint le 3 octobre 1649 et fut considérée comme une perte publique.+

+ Chalmers, vol. XII, p. 105.

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Mais si l’Église de Rome se gardait bien de permettre à ses membres la libre circulation des Écritures dans les dialectes vernaculaires, elle n’était pas inattentive à ces mesures qui, supposait-on, favoriseraient ses intérêts généraux. L’institution de la Congrégation et du Collège de la Propagation de la Foi (De Propaganda Fide) fut l’une des plus honorables et des plus réussies. C’est Grégoire XV qui, sur les conseils de son confesseur Narni, fonda à Rome, en 1622, la Congrégation, composée de treize cardinaux, de deux prêtres, d’un moine et d’un secrétaire, dans le but exprès de propager et de maintenir la foi de l’Église romaine dans toutes les parties du monde. Il dota cette congrégation d’importants revenus. Le collège de la Propagande fut fondé en 1627 par Jean-Baptiste Vives, de Valence, en Espagne, référendaire et prélat domestique d’Urbain VIII, et résidant à la cour de Rome, de l’infante Isabelle d’Autriche,  gouvernante des Pays-Bas. Ce généreux ecclésiastique, qui avait été nommé membre de la Congrégation de la Propagande, lors de sa première institution, forma l’idée de fonder un collège ou séminaire pour l’éducation de ceux qui se destinaient aux missions étrangères, et offrit à cet effet son propre palais et tous ses biens à Urbain VIII. ; qui, prévoyant les avantages qu’on retirerait d’un tel établissement, loua le zèle de Vives, accepta sa proposition, et mit son projet à exécution en instituant le collège apostolique ou séminaire. Le cardinal Antoine Barberini, bibliothécaire du Vatican et frère du pape, augmenta considérablement les revenus du collège ; et en 1637 fonda douze bourses, avec le pouvoir de les porter à dix-huit, pour les jeunes savants âgés de quinze à vingt et un ans, pour apprendre les langues latine et italienne, étant originaires de l’Orient, à savoir les Géorgiens, les Perses, les Nestoriens, les Jacobites, les Melchites et les Coptes ; ou, à défaut de l’un d’eux, des Arméniens. L’année suivante, le cardinal fonda treize autres bourses, pour sept Éthiopiens ou Abyssins et six Indiens, les lacunes devant être comblées par des Arméniens, préférant ceux de Russie ou de Pologne, et successivement ceux de Constantinople, de Tartarie, de Géorgie, d’Arménie ou de Perse. Ce collège fut, en 1641, soumis par le pape à la Congrégation des cardinaux, et de cette union l’institution est appelée tantôt la Congrégation, tantôt le Collège de la Propagande. Urbain VIII. a également accordé au recteur le privilège de conférer des grades, avec des privilèges similaires à ceux reçus dans une université. Quand les étudiants ont terminé leurs études, ils sont employés soit comme missionnaires, soit comme évêques, soit comme vicaires apostoliques, dans les pays étrangers, selon l’exigence de la circonstance ou les capacités des étudiants. Des professeurs compétents dans les langues et les sciences, la théologie, la philosophie et d’autres branches de la science sont soutenus par l’institution, qui a aussi une imprimerie étendue, garnie de caractères dans presque toutes les langues, et dans laquelle sont employés les imprimeurs et les correcteurs les plus habiles. Au cours des cinquante premières années de sa fondation, cette société a imprimé des ouvrages en quarante-huit langues différentes, parmi lesquelles le Dictionarium Malaico-Latinum, et le Latino-Malaicum, ou Malay Lexique, par David Hæx, 1631, in-4°. ; Artem Grammaticam linguae Japonicceou Grammaire japonaise, par Didacus Colladus, 1631, in-4° ; Grammaticam Arabicam, cum versione Latina, ac delucida expositione, ou Grammaire arabe, par Thomas 1 Obicinus, 1631, in-8° ; et Dictionarium Anameticumou Lexique de la langue anam, parlée en Cochinchine et au Tonkin, par Alexandre de Rhodes, 1651. Les troubles de la révolution française ont presque anéanti cette noble institution, qui, entre autres pertes, a soutenu celle de l’ensemble des matrices d’imprimerie, qui ont été emportées à Paris ; mais ceux-ci ont été restaurés depuis, et la Congrégation a repris ses fonctions.♦♦

La traduction et la diffusion des écrits sacrés ne faisaient cependant pas partie du dessein originel de la Congrégation de Propagande ;+++ et toutes les éditions de l’ensemble ou des parties des Écritures, qui ont pu être imprimées à l’imprimerie, ou aux frais de cette institution, ont été entreprises en vue de promouvoir les autres vues de la société, et non dans la seule intention de disperser des exemplaires du volume divin parmi le peuple. La lenteur et la prudence de la Congrégation dans l’impression de la Bible arabe sont une preuve décisive de la répugnance de l’Église de Rome à diffuser indistinctement la Parole de Dieu parmi ses membres. Cette Bible, dont la traduction et la révision durèrent quarante-six ans, fut entreprise en 1625 par ordre du pape Urbain VIII, à la demande pressante de plusieurs prélats orientaux, et confiée aux soins des cardinaux de la Congrégation de propagande fidequi employaient Sergius Risius, archevêque maronite de Damas, et Philippe Guadagnolo. en tant que rédacteurs principaux. À ceux-ci étaient associés d’autres savants, tant du clergé que des laïcs, qui se réunissaient au palais de l’archevêque, pour aider à rassembler différentes copies avec les textes originaux, les versions orientales et la Vulgate, ainsi que pour aider à correpter la presse. Dès que le Pentateuque fut achevé, il fut imprimé au bureau de la Congrégation De Propagandâ Fide, in-folio, accompagné de la Vulgate dans une colonne parallèle. À la mort de Sergius Risius, en 1638, le soin de la traduction et de l’impression a été dévolu entièrement sur Guadagnolo, qui acheva l’Ancien Testament en 1647, et le Nouveau Testament, qui acheva l’ouvrage, en 1650. Avant que la traduction eût obtenu l’approbation du pape et qu’il fût permis de la publier, on se procura subrepticement quelques exemplaires ; mais sur la suggestion d’un des savants associés aux éditeurs, que la version ne correspondait pas suffisamment à la Vulgate, l’édition fut ordonnée d’être supprimée jusqu’à ce qu’elle eût été de nouveau examinée et corrigée. Abraham Ecchellensis et Louis Maracci furent chargés par la Congrégation de Propagandâ Fide de réviser la traduction et de la rendre plus conforme à la Vulgate. Cette version fut achevée en 1664 ; une nouvelle préface et un nouvel index d’errata furent ajoutés par Maracci, en 1668 ; et en 1671 la Bible entière fut publiée en trois vol. fol. La plus grande partie des copies a été transmise en Orient, où, cependant, la traduction a été jugée barbare, et a rencontré une opposition considérable de la part des membres des Églises orientales, qui considéraient les corrections de la Vulgate comme des corruptions du texte.

 Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, pp. 425-431. Le Long, ed. Masch, pt. ii, tom. i, sec. 5, pp. 114-116.

Wolverhampton, 10 décembre 1819.

 

Sergius Risiusle savant archevêque maronite de Damas, vint à Rome dans le dessein d’obtenir la publication des Écritures arabes, vers l’année 1624, et apporta dans ce but un certain nombre de manuscrits de la Bible arabe. Une édition était commencée, et le Pentateuque imprimé, lorsque le pieux éditeur fut appelé à sa récompense, le 29 août 1638. Avant de se rendre à Rome, l’archevêque édita les Psaumes en syriaque et en arabe, imprimés au monastère de Saint-Antoine, et de Saint-Jean l’Évangéliste, sur le mont Liban, 1610, fol. Selon Léon Aatius, il traduisit aussi en latin le Pentateuque syriaque et les prophètes Isaïe et Jérémie, qui ne furent jamais publiés ; Corneille à Lapide dit en outre qu’il a traduit toute la Bible, et que des copies manuscrites sont restées dans les bibliothèques du Vatican et de Médicis.+

Philip Guadagnolo était un Italien de Magliano, où il est né vers 1596. Après avoir fait ses études, il entra dans l’ordre des clercs mineurs réguliers, et se consacra si entièrement à l’acquisition des langues, qu’il acquit la connaissance des langues grecque, hébraïque, chaldéenne, syriaque, persane et arabe, dans laquelle il excella particulièrement, et l’enseigna pendant de nombreuses années, au collège Della Sapienza. à Rome. En 1631, il publia en latin une « Apologie de la religion chrétienne », malgré les objections d’Ahmed fil. Zin Alabedin, savant persan, imprimé à Rome, au bureau de la Congrégation De Propaganda Fide, en in-4°. Il traduisit ensuite cet ouvrage en arabe et l’imprima en 1637. Il publia aussi Institutiones lingua ArabicaRomæ, 1642, fol., et compila un Lexique arabe, laissé en manuscrit à sa mort, et conservé au couvent de San Lorenzo, à Lucina. Il mourut à Rome, le 27 mars 1656.

 Colomesii Italia et Hispania Orientalis, p. 188. Chalmers, vol. xvi, p. 419.

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Abraham Ecchellensis était un maronite érudit, et il était Invité de Rome à Paris par le célèbre Le Jay, pour aider à la publication de sa Bible polyglotte, pour laquelle il recevait six cents écus d’or par an. À Paris, il devint professeur de langues syriaque et arabe au Collège royal ; mais, ayant été choisi par la Congrégation de Propagandâ Fide comme l’un des rédacteurs de la Bible arabe, il retourna à Rome et fut nommé professeur des langues orientales. Il mourut en 1664 à un âge avancé. Les ouvrages qu’il publia constituent une preuve irréfragable de sa connaissance approfondie de la littérature orientale.+

+ Nouv. Diet. Historique, tom. iii, p. 392.

LOUIS MARACCI naquit à Lucques, en Italie, en 1612, et devint membre de la Congrégation des Clercs Réguliers de la « Mère de Dieu ». Il acquit une grande célébrité en publiant une édition du Coran, en arabe et en latin, imprimée à Padoue, en 1698, en deux vol. in-folio, avec une vie de Mahomet et une réfutation du Coran. Il enseigna l’arabe au collège Della Sapienza à Rome, avec beaucoup de succès, et fut si estimé d’Innocent X pour ses vertus et son savoir, qu’il le choisit pour son confesseur, et qu’il l’aurait élevé à la dignité de cardinal, mais la modestie de Maracci l’amena à refuser cet honneur. Il mourut en 1700, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Nicéron (Mémoires, tom. xli) a donné une liste de ses œuvres.+

+ Nouv. Diet. Historique, tom. v, p. 562.

Une édition de la Bible arabe avait été projetée, au début de ce siècle, par François Savary de Brèves, qui employa Victor Scialac et Gabriel Sionita comme traducteurs et éditeurs, mais dont rien de plus que les Psaumes ne fut jamais publié. Il y en eut deux éditions, l’une de l’arabe seulement, traduite du grec, et imprimée en 1614 ; l’autre du syriaque, avec une version latine, imprimée la même année, toutes deux in-quarto.

| Le Long, édit. Masch, t. II, t. I, sec. 5, p. 122. Débloquer le niveau 123.

Le promoteur libéral de cette entreprise, FRANCIS SAVARY DE BRÈVES, était originaire de France, né vers la fin du XVIe siècle. Il fut envoyé par le roi de France comme ambassadeur à Constantinople, où il demeura vingt-deux ans. À son retour vers 1611, Henri IV. l’envoya à Rome, comme ambassadeur sous le pontificat de Paul V. Pendant son séjour à la cour pontificale, il tenta la publication de la Bible arabe, comme moyen de tirer les mahométans de leurs erreurs, pour lesquelles il considérait la dispersion des traductions vernaculaires comme la plus singulièrement calculée. Dans ce dessein, il établit une presse orientale, où les éditions ci-dessus mentionnées ont été imprimées ; et engagea Scialac et Sionita comme rédacteurs et correcteurs. Pour une raison quelconque, les poursuites contre les travaux ont été abandonnées. En 1615, Savary retourna à Paris, emmenant avec lui Gabriel Sionita et son imprimeur, Étienne Paulin, qui fonda dans cette ville la presse orientale sous son patronage ; et, avec une libéralité caractéristique d’un grand esprit, il prêta ses caractères à ceux qui désiraient imprimer des ouvrages en langues orientales. Il meurt en 1627. À sa mort, nous dit-on, les Anglais et les Hollandais firent des propositions pour l’achat de ses types et de ses manuscrits orientaux, dont il avait apporté quatre-vingt-dix-sept exemplaires de l’Orient ; mais le tout fut acheté par le roi de France. On dit que les types existent encore à l’imprimerie royale. Savary publia un récit de ses voyages, d’où nous apprenons qu’il recommanda l’extension du commerce de son pays, et la propagation du christianisme, par certaines conquêtes en Orient.

Chalmers, vol. xxvii, p. 193. Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 580.

Victor Scialac était un maronite du Mont Liban, professeur d’arabe et de langues syriaques au collège Della Sapienza, à Rome.+

+ Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 581.

Gabriel Sionita était un maronite du Mont Liban, professeur de langues orientales à Rome, d’où il se rendit à Paris, et assista Le Jay dans la publication de son magnifique Polyglotte, qui lui confia la transcription et la correction des versions syriaques et arabes, qui étaient principalement tirées de copies apportées par lui-même d’Orient. Malheureusement, des différends surgirent entre Sionita et Le Jay, ce qui conduisit à sa sécession de l’œuvre et lui valut de nombreux mauvais traitements, voire l’emprisonnement. Oppressé par la mélancolie, il sombra dans la tombe en 1648, après avoir occupé la chaire royale des langues syriaque et arabe à Paris, et contribua grandement à la diffusion des connaissances orientales parmi les membres de l’université.++

++ Nouv. Diète. Hist., tom. iv, p. 2.

Ces éditions des Écritures orientales furent les plus importantes des éditions de la Sainte Bible publiées pendant ce siècle, dans les états temporels du pape ; et rien ne peut marquer plus fortement l’influence restrictive du pouvoir pontifical sur la Bible, que le fait singulier, celui de deux mille cinquante éditions de tout ou partie des Écritures, imprimées pendant ce siècle, en langues orientales et latines, il n’en fut publié que vingt-trois§ à Rome, et une à Naples ; et sur plus de neuf cent quarante éditions dans les langues modernes de l’Europe, pas une n’a été imprimée à Rome, ni dans les domaines temporels du pape ; tandis que pas moins de quatorze éditions d’Index prohibitoire des livres {Indices Prohibitorum Librorum) sont sorties des presses de Rome au cours de la même période.

§ C’est-à-dire deux éditions de la Bible arabe, deux de la Bible latine, une du Nouveau Testament latin et dix-huit des Psaumes et d’autres parties de la Bible en différentes langues. L’édition à Naples était celle des Psaumes en latin.

Le Long, edit. Masch, pt. ii, tom. iv, Index Chronologicus. Le Long, tom. i, Elenchus Chronologicus. Paris, 1723, fol. Peignot, Dictionnaire des Livres condamnés, &c., tom. i, pp. 260-264. Paris, 1806, 8vo.

Les restrictions à la liberté de la presse, imposées par l’autorité du pontife romain, s’étendaient à tous les pays soumis au siège pontifical, mais s’opéraient avec plus ou moins de vigueur selon les vues ou les dispositions des puissances dirigeantes, qui reconnaissaient la suprématie du pape. À Venise, où les Juifs étaient protégés par plusieurs des puissantes familles de la république, seize éditions de tout l’Ancien Testament, en hébreu, furent imprimées pendant ce siècle ; beaucoup d’entre eux avec des commentaires rabbiniques, en plus de soixante-treize éditions de portions séparées des Écritures, dans la même langue. Dans le même espace de temps, on imprima aussi , dans la même ville, quinze éditions de toute la Bible latine, une du Nouveau Testament latin, et cinq autres parties de la Bible latine ; une Bible grecqueet une du Nouveau Testament, et cinq portions distinctes des écrits sacrés dans la même langue ; une Bible, et onze autres parties des Écritures en chaldéen ; une partie de la Bible arménienne ; une version italienne de l’Ancien Testament, et deux autres parties de la Bible italienne ; un Ancien Testament espagnol ; une partie de la Bible allemande ; et une partie de la ruthène, ou russe.+

+ Le Long, édit. Masch, ut sup. ; et Tom. I., UT Sup. Paris, 1723.

En ESPAGNE et au Portugal, où l’influence papale était prédominante, on prit le plus grand soin d’empêcher la circulation de livres hostiles AU siège romain, ou différant directement ou constructivement des opinions soutenues par la hiérarchie de Rome. Plusieurs index expurgatoires et prohibitifs ont été publiés à Madrid, notamment par le cardinal Bernard de Sandoval et l’inquisiteur général, Antoine à Sotomajor.++ Dans l’édition de 1667 in-folio, par A. à Sotomajor, que j’ai sous les yeux, plus de cent soixante-dix éditions des Écritures sont censurées, beaucoup d’entre elles ont été commandées pour être supprimées, et d’autres pour être corrigées ou purgées. Nous n’avons donc pas à nous étonner qu’au cours de ce siècle, aucune édition de la Bible ou du Nouveau Testament ne semble avoir été imprimée dans ces royaumes dans aucune langue. Toutes les éditions de portions des Écritures imprimées dans ces pays au cours de ce siècle étaient, d’après Le Long, — en latin, les Psaumes en mètre, par Louis Crucius, jésuite de Lisbonne, Madrid, 1600, in-12 ; les Quatre Évangiles, traduits du grec par Roderic Dosma Delgado, (citoyen et chanoine de Badajos, mort en 1607, ) accompagné de la Vulgate, Madrid, 1601, fol. ; une version métrique des Proverbes, de l’Ecclésiaste et du Cantique des Cantiques, par Jean Marianne, célèbre commentateur espagnol, Madrid, 1619, fol. : Ecclésiaste, en neuf versions, savoir la Vulgate, celle de Munster et celle de Robert Shirwood, d’après l’hébreu ; celle d’Alphonse de Zamora, et celle de Pierre Costus, de Chaldée ; Flaminius Nobilius, et Brylingeriens, ou plutôt Complutensiens, du grec ; et celle de Victorinus Scialac, du syriaque et de l’arabe ; édité et accompagné d’un commentaire de Jean de Pineda, jésuite espagnol, Séville, 1619, fol. ; Pineda mourut en 1637 : et enfin, le Cantique des Cantiques, les Lamentations de Jérémie et le Magnificat, en vers élégiaques, par Pierre de Llerena, licencié en droit canonique, Madrid, 1631, in-4°. :—en espagnol, les Psaumes, 1606, in-8 : les Proverbes de Salomon, traduits par Alphonse Rémon, D. D., Espagnol, Madrid, 1625, in-8 ; Remon mourut en 1632 : et les Épîtres et Évangiles pour toute l’année, d’après la version d’Ambrosius de Montesino, révisée et améliorée par Romanus Vallezilla, Barcelone, 1601, in-8 ; Madrid, 1603, fol. ; Barcelone, 1608, et Madrid, 1615.

++ See Peignot, Diet, des Livres condamnés au feu, <5cc., tom. i, pp. . 261-263.

Les Juifs espagnols qui s’étaient enfuis d’Espagne à Amsterdam et à Venise réimprimèrent à plusieurs reprises les version de Ferrare, révisée et corrigée par Menassé ben Israël, et d’autres. À Amsterdam, l’Ancien Testament, 1611, 1630, fol. ; 1639, in-4°. ; 1661, 8 vol. ; le Pentateuque, 1645, in-8° ; 1695, in-4°. ; les Psaumes, 1628, 12mo. A Venise, l’Ancien Testament, 1617, in-4°. À quoi on peut ajouter חשק שלמה (Le désir de Salomon), un ouvrage contenant les mots difficiles du texte hébreu de l’Ancien Testament, à l’exception des livres des Chroniques, avec une traduction espagnole, Venise, 1617, in-4° ; et une ou deux versions de portions séparées de l’Ancien Testament.

 Le Long, t. I, p. 367, 368.

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La seule version espagnole complète de l’Ancien et du Nouveau Testament publiée au cours de ce siècle fut celle de Cyprien de Valera, protestant, imprimée à Amsterdam en 1602, in-folio, par Lawrence Jacob ; dont le Nouveau Testament fut réimprimé à Amsterdam en 1625, in-8°, par Henry Laurence.

Cyprien de VALera était un Espagnol, né vers 1532. Ayant embrassé les principes de la Réforme, il passa en Angleterre et y résida principalement jusqu’à sa mort. Vers 1562, il obtint le diplôme de M. A. à l’université de Cambridge ; et en 1565 incorporé à l’université d’Oxford. Il fut précepteur de M. Walsh (plus tard évêque) en Irlande ; et fut l’auteur de plusieurs ouvrages en espagnol, notamment, 1. Une traduction des Instituts de la religion chrétienne de Calvin ; 2. « Le catholique réformé » ; 3. « De la vie des papes et de leur doctrine » ; 4. « De la messe » ; 5. « Un essaim de faux miracles, par lesquels Marie de la Visitation, prieure de l’Anunciada de Lisbonne, en a trompé un grand nombre, » etc. Les trois derniers d’entre eux ont été publiés vers 1588, et une seconde édition d’entre eux, avec des amendements et des additions de l’auteur, a paru en 1599, in-8°. Ils furent traduits en anglais par John Golburne, prisonnier dans la flotte, et imprimés à Londres, 1600, in-4°. Mais l’œuvre la plus importante de De Valera fut son édition de la Bible espagnole, sur laquelle, nous dit-il dans son Exhortation au lecteur chrétien, il avait passé vingt ans, étant âgé de cinquante ans lorsqu’il commença l’entreprise, et de soixante-dix ans lorsqu’il l’acheva en 1602. Leigh dit qu’il « a apporté en Espagne la Bible traduite en espagnol, ainsi que les Institutions de Calvin, et qu’il est allé les disperser là-bas ». Son zèle dans la promotion des doctrines de la Réforme a valu à sa mémoire d’être exécrée par les écrivains espagnols de la communion catholique.+

Si, de l’Espagne, nous nous tournons vers la FRANCE, qui reconnaissait aussi le pape comme le chef visible de l’Église, mais qui ne s’était jamais soumise à l’établissement de l’inquisition, nous trouverions un esprit plus libéral qui règne parmi le clergé à l’égard des Écritures, et plusieurs de ces traductions en langue vernaculaire, faites et publiées par des membres savants de l’Église catholique gallicane. qui, bien que n’étant pas destinés à une libre circulation parmi les laïcs, étaient d’une importance considérable pour la diffusion d’une connaissance plus générale de la Parole de Dieu.

En 1608, Pierre de Besse, Français, docteur en théologie de Paris, publia une édition révisée de la Bible française de Louvain, avec la Vulgate latine, in-folio, dédiée à Henri IV, roi de France et de Navarre. Il publia également une édition corrigée de la Concordance latine de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, 1611, fol. Il meurt en 1639.

Simon’s Critical History of the Versions of the N. T., pt. ii, ch. xxxi, p. 231. Le Long, tom. t. I, p. 330, 458 ; et Index Auctor., p. 545. Paris, 1723.

Une autre révision de la Bible française de Louvain, destinée à s’opposer aux versions genevoises, fut publiée à Paris, en 1621, in-folio, par Pierre de Frizon, docteur de la Sorbonne, chanoine et pénitencier de Reims, qui dédia son ouvrage au roi. Cette édition était accompagnée de courts extraits des « Annales » de Baronius, et d’instructions pour distinguer les Bibles catholiques françaises de celles des huguenots ou protestants.

Frizon est l’auteur de Gallia Purpur ataou histoire des cardinaux français, et d’autres ouvrages. Il meurt en 1651.++

++ Simon, ut sup. Le Long, t. I, p. 330. Aikin’s Gen. Biog., vol. iii.

En 1641, Jacques Corbin, avocat au parlement, publia une nouvelle version du texte de la Vulgate latine, revue et corrigée par ordre de Louis XIII, et imprimée à Paris, en huit vol. in-16.

|| Simon, ut sup. Le Long, t. I, p. 331.

Vers le même temps, le cardinal de Richelieu, qui désirait vivement réunir les protestants français à l’Église de Rome, résolut qu’en guise d’incitation pour eux, une nouvelle traduction de la Bible serait entreprise par quatre des docteurs parisiens, choisis à cet effet. Dans ce dessein, il rencontra une vive opposition de la faculté de théologie de Paris ; mais sa grande influence l’eût certainement emporté, si son projet n’eût été déjoué par sa mort, survenue le 4 décembre 1642.

§Simon, Mi sup., ch. xliv, p. 378. Le Long, tom. i, p. 331.

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Comme aucune des traductions françaises de la Bible publiées jusqu’alors ne satisfaisait le père François Véron, professeur de controverse, qui avait été jadis jésuite, mais qui avait quitté cet ordre pour s’appliquer à l’étude de la divinité polémique, il entreprit une révision de la version française, qu’il publia à Paris en 1646, in-16 ; et en 1647, 4to. ; et dédié à l’assemblée générale du clergé de France.

F. Simon dit que sa version n’est ni barbare ni trop littérale, bien que le français ne soit pas toujours pur. En tant que polémiste, ses sentiments détestent parfois biaisé sa traduction. C’est cependant tout à l’honneur de F. Véron d’avoir affirmé avec ferveur la nécessité et l’utilité des traductions vernaculaires des Écritures, et de s’être vigoureusement opposé à ceux qui soutenaient l’opinion contraire. F. Veron mourut en 1649.

Simon, Hist. des Versions, ch. xxxi, p. 234-238.

Michel de Marolles, abbé de Villeloin, traducteur de plusieurs auteurs classiques dans sa langue maternelle, est l’auteur d’une version française du NOUVEAU TESTAMENT, imprimée à Paris, 1649, in-8° ; mais comme il ne comprenait pas assez le grec pour le traduire, il se servit de la version latine d’Érasme, comme la plus correcte et celle qui avait été approuvée par Léon X. Une deuxième édition fut imprimée en 1653, une troisième en 1655 et une quatrième en 1660.

Vers l’année 1671, Monsr. De Marolles commença l’impression d’une traduction française de l’Ancien Testament, accompagnée des notes d’Isaac la Peyrereauteur du système des Préadamites, et était allé jusqu’au Lévitique XXIII, lorsqu’il fut ordonné de la supprimer par Pierre Séguier, chancelier de France, et François de Harlay, archevêque de Paris, après que le traducteur eut obtenu du roi « le privilège, » et l’approbation de l’ancien chancelier et des docteurs en théologie. L’occasion de la suppression de cette Bible semble avoir été l’appréhension de sentiments faux contenus dans les notes. De Marolles publia aussi une version française métrique du Cantique des Cantiques de Salomon, Paris, 1677, in-4°. ; et un autre de l’Apocalypse, avec notes, Paris, 1677, in-4°. Il est né en 1600 et mort en 1681.

 Le Long, tom. i, p. 331, 332, 337 ; t. II, p. 848 ; et Index Auctor. Clément, Bibliothèque Curieuse, t. IV, p. 12. Simon, Crit. Histoire des versions, ch. xxxi, pp. 238-240.

Une autre traduction française du Nouveau Testament fut faite, et publiée à Paris en 1666, en trois vol. in-8°, avec ]3rief notes, par Denis Amelotte, prêtre de l’oratoire, qui dédia son ouvrage à Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris. Cette traduction a été faite à partir de la Vulgate, avec des corrections occasionnelles à partir de manuscrits grecs. Denis Amelotte naquit en Saintonge en 1606, et mourut à Paris le 7 octobre 1678.+

+ Ibid., partie II, ch. xxxii, xxxiii. p. 240 à 262. Le Long, tom. t. I, p. 337 et 338 ; et Index Auctor., p. 542.

M. Anthony Godeau, évêque de Vince, publia aussi un Nouveau Testament français, dans lequel il y inséra des termes explicatifs, de manière à en faire plutôt une paraphrase qu’une simple traduction. La première édition de cet ouvrage a été imprimée à Paris, 1668, deux vol. in-8° ; et une seconde édition, en deux vol. in-12, dans la même ville en 1672. Mgr Godeau était un auteur volumineux à la fois en prose et en vers, et on dit qu’il a été la première personne à donner une « Histoire de l’Église » en langue française. Il mourut d’apoplexie, le 17 avril 1671.

Une autre version française du Nouveau Testament a également été publiée à peu près à la même époque que la précédente, ce qui a suscité une attention et une opposition considérables. Le premier qui se livra à cette traduction fut Antoine le Maistre, célèbre plaideur, né à Paris le 2 mai 1608 ; qui, après avoir souvent égayé le sénat de Paris par l’éloquence de ses plaidoiries, s’était retiré dans la société de Port-Royal, institution monastique voisine de la métropole, où il se consacrait aux offices religieux et aux pratiques ascétiques des jansénistes, parti distingué par son attachement à la doctrine de la prédestination et ses habitudes mortifiées, et parmi lesquels il mourut, le 4 novembre 1658. Après sa mort, la traduction fut achevée par Antoine Arnauld, docteur de la Sorbonne, célèbre défenseur du jansénisme et adversaire des jésuites, et Louis Isaac le Maistre, frère d’Antoine, généralement appelé De Saci, qui écrivit la préface, assisté de Pierre Nicole, bachelier de la faculté de théologie de Paris, et de Claude de Sainte-Marthe.

L’influence du parti antijanséniste empêcha les auteurs de cette version d’obtenir de la faculté de théologie de Paris l’autorisation de l’imprimer ; il fut donc imprimé (probablement) à Amsterdam, en deux vol. in-12, en 1667, avec la permission de l’archevêque de Cambray, et le privilège du roi d’Espagne, étant ostensiblement publié à Mons, ville indiquée sur la page de titre comme lieu de publication. C’est de cette circonstance que cette traduction a obtenu le nom de la version monsois ou montense. Une édition contemporaine a également été publiée à Lyon, deux vol. in-12, et elle a été fréquemment réimprimée. En avril 1668, cette traduction fut condamnée par le pape Clément IX. ; en 1679 par Innocent XL ; par le roi en 1667 ; et souvent par des autorités inférieures, comme trop favorables aux protestants, « confirmant, en beaucoup d’endroits, les innovations des hérétiques ».+

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L’opposition des Jésuites et d’autres à l’édition précédente du Nouveau Testament français n’a pas empêché l’un des traducteurs, Louis le Maistre de Saci, d’entreprendre une version complète de la Bible, qu’il a complétée et publiée, avec des notes extraites des Pères et d’autres écrivains ecclésiastiques, Paris, 1672-1695, trente vol. in-8°. Cette version a été souvent réimprimée, quelquefois accompagnée de la Vulgate, et d’autres fois sans la Vulgate ni les notes ; c’est aussi celle qu’a adoptée Aug. Calmet, dans son précieux Commentaire.

 Le Long, tom. i, p. 332. Calmet, Dictionnaire de la Bible, art. Bibles.

Louis ISAAC LE MAISTRE DE SACI naquit en 1613, à Paris, où il fit également ses études. Admis au sacerdoce en 1648, il devint confesseur de la société de Port-Royal, qui, accusée de jansénisme, l’entraîna dans la persécution qu’on lui offrait, et lui valut d’être jeté à la Bastille en 1666. Pendant qu’il était dans cette prison, où il fut enfermé deux ans et demi, il composa sa traduction de la Bible, qui fut terminée la veille de la Toussaint 1668, et ce jour-là il fut libéré de son emprisonnement. Quelques écrivains ont prétendu que l’Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament, publiée sous le nom de Royaumont, fut aussi écrite par lui pendant sa détention ; mais d’autres attribuent l’œuvre à Nicolas Fontaine. Lorsque De Saci présenta sa version des Écritures au roi et à son ministre, il ne demanda qu’une récompense : il lui fut permis de se rendre fréquemment à la Bastille pour inspecter l’état des prisonniers. Il demeura à Paris jusqu’en 1675, époque à laquelle il se retira à Port-Royal ; mais il fut de nouveau obligé de la quitter en 1679 : il se retira alors à Pompona, où il mourut, à l’âge de soixante et onze ans, en 1684. Il est l’auteur de divers ouvrages de piété et de controverse.+

+ Chalmers, vol. xxi, p. 162.

Outre les traductions de l’Ancien et du Nouveau Testament tout entiers, ou du Nouveau Testament seul, déjà remarquées, il y eut aussi plusieurs versions catholiques de parties séparées de la Bible faites au cours de ce siècle ; mais comme il s’agit principalement des Psaumes, ou des Proverbes, ou du Cantique des Cantiques, il n’est pas nécessaire de les détailler. On pourrait cependant considérer comme une négligence blâmable d’omettre les « Réflexions morales » de F. Quesnel sur le Nouveau Testament, car peu d’ouvrages ont été plus généralement jugés excellents, ou plus violemment censurés.

Ce célèbre commentaire doit son origine à un petit ouvrage écrit à l’usage de la jeunesse par Pasquier Quesnel, prieur de l’oratoire de Paris, qui avait été nommé premier directeur de l’institution de son ordre. À la demande de M. Vialart, évêque de Châlons-sur-Marne, il élargit ses observations, et les publia sous le titre de Réflexions morales sur les quatre évangélistes, Paris, 1671, vol. in-12. Un ordre ayant été émis par l’autorité pontificale, exigeant des membres de la Congrégation de l’oratoire qu’ils signent un formulaire désavouant le jansénisme et le cartésianisme, Quesnel quitta Paris et se rendit à Bruxelles, où il augmenta ses Réflexions, qui parurent avec une nouvelle édition du Nouveau Testament français en 1693-1694, en quatre vol. in-8°, y compris des Réflexions morales sur les Évangiles. Actes des Apôtres et les Épîtres. En 1695, le cardinal Noailles, successeur de M. Vialart, au siège de Châlons, enjoignit publiquement au clergé et au peuple de son diocèse de les lire. Les éditions s’en étant multipliées, les jésuites commencèrent à se méfier des doctrines qu’ils contenaient ; un « Discours pastoral sur la prédestination », publié en 1696 par le cardinal, devenu archevêque de Paris, provoqua une réponse du jésuite Doucin ; De violentes disputes s’ensuivirent entre les partisans et les adversaires du jansénisme, ou prédestination, et les « Réflexions morales » furent condamnées et proscrites par les autorités épiscopales, pontificales et sénatoriales, jusqu’à ce qu’elles fussent enfin solennellement anathématisées par le pape Clément XL, qui, à la sollicitation de Louis XIV, publia, le 8 septembre 1713, la fameuse bulle, commençant par les mots Unigenitus Dei Filius : par lequel il condamnait l’ouvrage, en en extrayant cent et une propositions, et défendait toute tentative de le défendre. Mais le mérite intrinsèque des « Réflexions » s’est avéré primordial pour l’indignation papale, et les protestants et les catholiques ont reconnu leur valeur.

L’auteur, PASQUIER QUESNEL, NAQUIT à Paris, le 14 juillet 1634. Il fut arrêté à Bruxelles, le 30 mai 1703 ; évadé de Malines, le 12 septembre de la même année ; et en 1704 il se retira à Amsterdam, où il mourut le 2 décembre 1719, dans sa quatre-vingt-sixième année, après avoir publié de nombreux ouvrages d’ordre pratique et religieux.

 Peignot, Dict, des Livres condamnés au feu, tom. ii, pp. 61-63.

Au commencement de ce siècle, une persécution commença contre les huguenots, comme on les appelait, ou protestants, en France, par une violation des dispositions de l’édit de Nantes, qui leur avait été accordé par Henri IV en 1598, et qui garantissait le libre exercice de leur religion dans toutes les parties de la France, et continua avec une violence croissante jusqu’à ce que, en 1685, l’édit fut révoqué par Louis XIV, et les réformés furent soumis à toutes les cruautés que la malice la plus furieuse pouvait inventer. L’histoire de cette persécution a été racontée de la manière la plus pathétique par Monsr. Claude, ministre de Charenton au moment de la révocation de l’édit , dans Les Plaintes des Protestans, cruellement opprimez dans le Royaume de France.

Des obstacles presque insurmontables à l’édition et à la diffusion des Écritures ont été jetées sur le chemin des protestants de France ; mais leur zèle pour la parole de Dieu ne devait pas être vaincu, puisqu’ils publièrent non seulement de nouvelles traductions, mais aussi de nombreuses éditions de la Bible et du Nouveau Testament, en français, la plupart imprimées à Genève, d’autres à La Rochelle, à Amsterdam, etc. En 1600, une édition de la Bible de la version genevoise, in-folio, fut imprimée à Genève par Jean Lertourt, à laquelle succédèrent pas moins de trente-cinq éditions de la Bible entière, et cinquante-six éditions du Nouveau Testament de la même traduction, imprimées en différents endroits ; et quelques-unes des éditions du Nouveau Testament accompagnées des langues vernaculaires des pays où les protestants français avaient été chassés par la persécution qui sévissait contre eux en France.

Le Long, t. I, p. 349-352. Paris, 1723, fol.

Le savant Jean Diodati, qui avait traduit les Écritures en italien, méditait aussi une traduction latine et française ; mais, rencontrant quelque opposition de la part des synodes de l’Église réformée, il ne publia que sa version française, qui fut imprimée à Genève par Chouet, 1644, fol.+

      + Ibid., tom. t. I, p. 349.

Une splendide édition de la Bible française genevoise, avec des notes, des cartes, etc., a été publiée à Amsterdam en 1669, deux vol., in-folio, par Samuel Maresius, ou Des Marets, professeur de théologie à Groningue et savant écrivain, assisté de son fils Henri. Des Marets, le père, était originaire de Picardie, et mourut à Groningue en 1673.++

++ Ibid., tom. t. I, p. 349 ; et Tom. t. II, p. 846.

En 1671, une édition du Nouveau Testament français de Mons, avec les notes de Denis Amelotte, révisées et corrigées par John Daille, fils, et Valentine Conrart, fut publiée à Paris, en in-12. À peine les exemplaires de cette édition étaient-ils sortis de la presse, qu’ils furent supprimés par l’autorité.

§ Ibid., tom. t. I, p. 352.

Jean Daillel’un des plus habiles défenseurs des protestants, et auteur du célèbre ouvrage De l’usage des Pères, naquit à Châtelleraut, le 6 janvier 1594, et, après une éducation convenable, devint ministre, et exerça son ministère d’abord à Saumur, puis à Paris, où il mourut le 15 avril 1670. Au synode d’Alençon, en 1637, il défendit vigoureusement la doctrine de la grâce universelle, contre beaucoup de théologiens réunis dans ce concile. ||

|| Chalmers, vol. xi, p. 207-212.

VALENTINE CONRART, fondatrice de l’académie de France, et secrétaire du conseil du roi, naquit à Paris en 1603. Élevé dans les sentiments protestants, il demeura ferme dans sa profession, et l’on dit qu’il révisa les écrits de M. Claude, ministre de Charenton, le grand défenseur des protestants français, avant leur publication. Conrart mourut le 23 septembre 1675, à l’âge de soixante-douze ans.

 Chalmers, vol. x, p. 167.

Une révision de la version genevoise de la Bible française a été entreprise par David Martin, ministre de l’Église wallonne ou française d’Utrecht, sous la sanction du synode des Églises réformées de Belgique. Le Nouveau Testament de cette édition a été imprimé à Utrecht en 1696, in-4°. ; et l’Ancien et le Nouveau Testament, avec des notes, à Amsterdam, 1707, deux vol. fol.

David Martin est né à Revel, dans le Languedoc, en 1639, mais s’est installé en Hollande après la révocation de l’édit de Nantes. Sa connaissance de la langue française était essentielle ; et à l’occasion de la publication de la seconde édition de leur Dictionnaire par l’Académie, il transmit quelques remarques, qui furent accueillies avec des applaudissements. Il publia une Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament, Amsterdam, 1707, deux vol., fol., avec quatre cent vingt-quatre belles planches, dont la dernière, à l’exception de quelques-unes des premières épreuves, présente un défaut occasionné par une fracture. On l’appelle parfois « Bible de Mortier », du nom de l’imprimeur. Il est aussi l’auteur de « Deux Dissertations », l’une pour défendre l’authenticité de 1 Jean V, 7, et l’autre en faveur du passage de Josèphe concernant le Christ ; 1722, 8 vol. ; et plusieurs autres œuvres. Il mourut à Utrecht, universellement regretté, en 1721.+

+ Ibid., vol. xxi, p. 367.

L’ensemble des éditions de la Bible française, tant par les catholiques que par les protestants, pendant ce siècle, énumérées par Le Long, s’élève à soixante et onze, et du Nouveau Testament à environ cent trente, sans compter les plus petites portions des Écritures imprimées séparément.++

++ Voyez Le Long, tom. i, Elenchus Chronol.

Il n’y eut cependant pas d’ouvrage biblique exécuté en France, au XVIIe siècle, qui fût égal en splendeur et en célébrité au POLYGLOTTE DE PARIS, publié sous les auspices et aux frais de M. Le Jay.

La conception de ce grand ouvrage est venue du cardinal Perron, qui conçut l’idée de réimprimer la Polyglotte d’Anvers, avec des additions ; mais le cardinal étant mort en 1617, avant que la Polyglotte eût été commencée, M. Le Jay devint le patron de l’entreprise, commencée en 1628, et achevée en 1645, en dix vol. in-folio impérial. Les principaux savants qui s’occupèrent de l’éditer furent Philip Aquino, un Juif converti ; Gabriel Sionita, célèbre maronite, professeur d’arabe et de syriaque à l’université de Paris ; Abraham Ecchellensis, maronite, invité de Rome ; et Jérôme Parent, docteur de la Sorbonne.

Le retard dans la publication de ce magnifique ouvrage est attribué à des différends qui surgirent entre Le Jay et Sionita, qui se terminèrent par l’emprisonnement de ce dernier, et par sa destitution de son poste d’éditeur. Il paraît que Le Jay accusa Sionita de retard dans l’exécution de la partie de l’œuvre qui lui avait été confiée. Cette accusation fut vivement réfutée par le savant maronite, qui se justifie ainsi dans une lettre adressée à Christian Ravis, de Berlin : « J’ai commencé par apposer des accents ou des voyelles, tant au syriaque qu’à l’arabe (car c’est dans ces deux langues, et leur traduction en latin, que consiste mon ouvrage), entreprise nouvelle, mais utile et nécessaire, mais beaucoup plus difficile et fastidieuse que la transcription des textes eux-mêmes. En apposant les voyelles, je divise aussi les vers, et j’examine s’il y a des fautes ou des difficultés ; et comme je n’en ai qu’un exemplaire dans chaque langue, et que ceux-ci sont souvent défectueux, je suis obligé de les comparer mot à mot avec l’hébreu, le grec, le latin et entre eux, c’est-à-dire avec quatre ou cinq textes différents ; ce qui ne peut se faire sans beaucoup de temps et de peine, puisque la Bible doit être lue quatre ou cinq fois, et transcrite deux fois, à cause de l’addition des voyelles. Après avoir placé les voyelles et les versets, et marqué les difficultés, j’arrive à la traduction, dans laquelle il faut peser chaque mot ; et ayant à se servir de manuscrits qui n’ont jamais été imprimés, et qui sont souvent incorrects, il est nécessaire de les collationner avec les textes ci-dessus mentionnés, et sur les passages difficiles de consulter des commentaires, ce qui ne peut se faire sans beaucoup de temps et de peines incroyables. La traduction terminée, nous arrivons à l’impression, que je corrige deux fois, c’est-à-dire que j’ai lu toute la Bible huit fois, deux fois en arabe, deux fois en syriaque, et deux fois dans chacune des traductions latines ; et, pour les rendre exactes, je consacre plus de deux heures à la correction de chaque page, de sorte qu’il n’y a pas une seule page qui n’ait été imprimée qui ne m’ait coûté au moins six heures de travail. Six gros volumes sont terminés, contenant, l’un avec l’autre, sept cents pages, et tous ces six volumes, je les ai composés et transcrits dans l’espace de six ans ; car, bien qu’il y ait huit ans que j’ai commencé, il faut en déduire deux au moins pour les indispositions fréquentes, la conférence au collège royal, .... et la longue et infructueuse tentative de recouvrer ma pension, qui, depuis l’année 1637, a été réduite des deux tiers et réduite à mille livres.

Generali Grammer de Ravis, pour la connaissance des langues ebrew, samaritaine, etc., Sesquidec, p. 16. Lond., 1650, 12mo.

Le Paris Polyglott a été imprimé par Antoine Vitray ou Vitré, en sept langues, hébreu, samaritain, chaldéen, grec, syriaque, latin et arabe. Il contient tout ce qui se trouve dans les éditions complutenvienne ou anversoise, avec plusieurs additions importantes, en particulier du Pentateuque samaritain, qui a été imprimé pour la première fois dans cette Polyglotte, avec sa version, d’après des manuscrits apportés en Europe entre 1620 et 1630. Un grand inconvénient de l’ouvrage est que le Samaritain, le syriaque et l’arabe ne sont pas placés dans des colonnes parallèles avec les autres langues, mais sont placés dans des volumes différents. Il est aussi défectueux en ce qu’il n’a pas d’appareil, ou de prolégomènes ; et étant dépourvu des grammaires et des lexiques accompagnant l’ancienne Polyglotte ; et par conséquent, quoique plus splendide, beaucoup moins utile que le Polyglott de Londres.+

+ Le Long, édit. Masch, t. i, cap. III, sec. 4, p. 349-373. Piegnot, Diet, de Bibliologie, tom. t. II, p. 126. Compte-rendu succinct de Clarke sur les Bibles polyglottes, p. 10.

GUI MICHEL LE JAY, le grand mécène de la Bible polyglotte de Paris, était un avocat au parlement, éminent par sa profonde connaissance des langues. Il dépensa cent mille écus pour la publication du Polyglotte, qui fut mis en vente en Angleterre, mais à un prix trop élevé pour être accepté. Le cardinal de Richelieu offrit de rembourser les frais, à condition d’y faire apposer son nom ; mais l’enflammé Le Jay refusa la proposition, et le cardinal s’efforça mesquinement de déprécier l’ouvrage, en admettant à certaines personnes d’écrire contre lui. La fortune de Le Jay étant ainsi ruinée, et devenu veuf, il embrassa la vie ecclésiastique, fut nommé doyen de Vézalaï, et enfin conseiller d’État, par Louis XIV. Il meurt en 1675.++

++ Peignot ; et Le Long : ut nep.

2

Philippe d’Aquinle correcteur en chef des parties hébraïques et chaldéennes de la Polyglotte de Paris, dont le nom propre était Mardocai, ou Mardocheus, était un rabbin de Carpentras, qui embrassa le christianisme, et fut expulsé de la synagogue pour cette raison d’Avignon, en 1610. Il se rendit ensuite dans le royaume de Naples et fut baptisé à Aquino, d’où il tira son nom. S’installant à Paris, il se consacra principalement à l’enseignement de l’hébreu et de Louis XIII. le nomma professeur au Collège royal et interprète de l’hébreu, poste honorable qu’il occupa jusqu’à sa mort, en 1650 ; à cette époque, dit-on, il préparait une nouvelle version du Nouveau Testament, avec des Notes sur les épîtres de saint Paul. Il est l’auteur du Dictionarium Hebræo-Chaldao-Talmudico-RabbinicumParis, 1629, fol. ; et de plusieurs autres ouvrages savants. Un de ses contemporains loue son habileté dans la langue hébraïque comme si rare et si exquise, qu’il n’a jamais été consulté en vain sur ce sujet.

 Chalmers, vol. II, p. 383. Aikin, vol. i, p. 338.

Jérôme Parentqui corrigea les textes syriaques et arabes du Nouveau Testament, et le Pentateuque hébreu, des Polyglottes, était natif de Paris, médecin et fellow de la Sorbonne. Il meurt en 1637.+

+ Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 174.

De GABRIEL SIONITA et D’ABRAHAM ECCHELLENSIS, nous avons parlé dans une partie précédente de cet ouvrage.

Après avoir contemplé les vastes travaux de ces critiques bibliques industrieux, nous remarquons les humbles, mais précieux efforts des pasteurs des Grisons pour présenter à leurs ouailles les annales divines dans leur langue maternelle, qui était un dialecte roman. Le Nouveau Testament avait été publié par Jacobus Biffrun, dans cette langue, en 1560, in-8°, mais il n’y eut pas de version romane de l’Ancien Testament jusqu’en 1679, date à laquelle une traduction de la Bible entière en deux volumes fol. fut imprimée à Schuol, ville de la Basse-Engadine. Les traducteurs, Jacobus Antonius Vulpius et Jacobus Dorta à Vulperia, étaient ministres des églises réformées de la république des Grisons ; le premier à Fetaun, le second à Schuol, où il mourut probablement en 1700. La traduction semble avoir été faite d’après la version italienne de Diodati, que D. Clément, qui les avait comparées, dit copier servilement. Il fut présenté au synode de la ligue des Grisons en 1674, et approuvé, mais ne fut imprimé qu’en 1679, date à laquelle l’approbation officielle lui fut apposée. Le Long mentionne une édition en 1657, mais à tort, car la précédente était la première édition.

Le Nouveau Testament de Biffrun a été réédité, avec une préface supplémentaire, par Lucius Papa, un Allemand, en 1605, et de nouveau avec de courtes notes, par Delfinos Landolfs, 1607, 8 vol. D’autres traductions du Nouveau Testament dans les dialectes grisons ont été publiées à Basile en 1640 et 1648, in-8 ; le premier par Joannes Gritti ; celui-ci par Lucius Gabriel, natif d’Ilanz, dans la ligue des Grisons, et pasteur de l’église réformée d’Alstetten, ou Altotetten, dans le canton de Zurich. Les Psaumes et les Hymnes sacrés, avec des notes de musique, ont été publiés par Chiampel, Basile, 1606, in-8 ; le Psautier de Gabriel Sapharius, Basile, 1611, 8 vol. ; et Ecclésiastique, d’après la version de Lucius Papa, Zurich, 1628, in-12.

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Nous reprenons maintenant l’histoire de la version autorisée des PAYS-BAS, qui vient d’être remarquée dans les détails du siècle précédent, lorsqu’on remarqua que le soin de la nouvelle traduction de la Bible avait été confié à Philippe Marnix, seigneur de Sainte-Aldegonde, assisté d’Arnold Cornelius et de Wernerus Helmichius, qu’il avait à peine commencée que sa mort en empêcha le progrès.

Pendant quelques années après cet événement, les protestants hollandais continuèrent d’imprimer des éditions de l’ancienne version ; Le Long énumère plus d’une trentaine de la Bible entière, ou Nouveau Testament, imprimée au XVIIe siècle, avant la tenue du synode de Dort, lorsque le sujet d’une nouvelle version des Écritures fut soumis à l’assemblée.

Ce fameux synode national était tenu pour examiner les points litigieux entre les arminiens ou remontrants, et les calvinistes ou anti-remontrants. Elle fut convoquée par les états généraux à Dordrecht, ou Dort, le 13 novembre 1618 ; et comme le président et ses principaux membres étaient décidément du parti calviniste, les arminiens furent condamnés et traités avec une sévérité injustifiable. Mais, tandis que nous déplorons l’esprit de parti qui a influencé le synode dans sa conduite envers les arminiens ou les remontrants, nous sommes heureux de rapporter ses efforts pour obtenir une traduction correcte de la Sainte Bible.

Dans la sixième session, qui se tint le 19 novembre 1618, le synode proposa d’obtenir une traduction de la Bible à partir des textes originaux en néerlandais, ce qui fut jugé nécessaire : dans la septième session et dans quelques-unes des suivantes, la traduction fut finalement approuvée, et des règles fixées pour la direction des traducteurs. Dans la treizième session, le 26 novembre, les traducteurs ont été nommés, et les suivants ont été choisis à la majorité des voix : John Bogerman, président du synode ; William Baudart et Gerson Bucer, pour l’Ancien Testament ; Jacobus Roland, Herman Faukelius et Peter Cornelius, pour le Nouveau Testament et les Apocryphes. Le synode choisit alors seize superviseurs de la traduction ; et il résolut aussi qu’au cas où l’un des traducteurs mourrait, celui qui, après l’examen, aurait le plus de voix à côté de lui, prendrait sa place ; Mais si l’un des surveillants venait à mourir ou à être handicapé par la maladie, le président, avec les deux assesseurs et les scribes, devrait être autorisé à nommer des successeurs.

Après un retard de près de dix ans, les traducteurs de l’Ancien Testament se réunirent à Leyde en 1628, et l’année suivante, en 1629, les traducteurs du Nouveau Testament ; mais comme Herman Faukelius, pasteur de l’église de Middleburgh, et Peter Cornelius, pasteur de l’église d’Enchusan, étaient morts avant leur rencontre, Antoine Walæus et Festus Hommius furent choisis à leur place. Lorsque la traduction de l’Ancien Testament fut avancée jusqu’au premier chapitre d’Ézéchiel, Gerson Bucer mourut, et Antoine Thysius lui succéda dans ses fonctions ; Jacobus Roland mourut aussi lorsque la traduction du Nouveau Testament fut avancée jusqu’aux Actes des Apôtres. La traduction de toute la Bible fut achevée en 1632. Les superviseurs de l’Ancien Testament se réunirent à Leyde, avec les traducteurs, en 1633 ; et celles du Nouveau Testament en 1634 ; et la révision fut achevée en octobre 1635. L’impression de la Bible fut achevée en 1637, lorsqu’elle parut in-folio des presses de Leyde et de La Haye, et in-octavo des presses d’Amsterdam.+

+ Le Long, t. I, p. 413, 414. Leusdeni Hebræo-Mixtus, ut sup.

Voici des notices biographiques des traducteurs actuels :

John Bogerman, ou Boygerman, D. D., président du synode de Dort, fut professeur de théologie à l’université de Franeker, après avoir été pasteur de l’église de Leuwarden. Il était violent dans son adhésion aux doctrines du calvinisme, et on dit qu’il soutenait que les hérétiques devaient être mis à mort. Il meurt en 1640.++

++ Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 546. Hist. de Brandt, de la Réforme, ut sup.

Guillaume Baudart naquit à Deinse, en Flandre, en 1565. Ses parents ayant été obligés de quitter leur pays à cause de la religion, ils se retirèrent d’abord à Cologne, puis à Embden, où il étudia les langues avec diligence et succès. Lors de son admission dans les ordres sacrés, il fut invité à devenir pasteur de l’église de Sueek, dans le Friezland, puis de celle de Zutphen. C’était un homme d’une industrie peu commune, et qui aimait tant les travaux littéraires, qu’il choisit pour devise : Labor mihi quies, « Le travail est pour moi le repos. » Il mourut à Zutphen en 164O.§

§ Chalmers, vol. IV, p. 167.

Gerson Bucer était pasteur de l’église de Veriana, en Zélande, et mourut en 1632, avant que la traduction néerlandaise de la Bible ne soit achevée ; et fut remplacé comme traducteur par ANTOINE THYSIUS, D. D., qui naquit à Harderwyck, vers 1603 ; et devint professeur de théologie, de poésie et d’éloquence, à Leyde, où il fut bibliothécaire de l’université. Il était célèbre comme philologue et a publié plusieurs ouvrages savants, en plus des éditions de nombreux auteurs classiques. Il meurt en 1670.+

+ Chalmers, vol. xxix, p. 358. Leusdeni Heb.-Mixt., p. 80.

Jacobus Roland était pasteur de l’église d’Amsterdam et assesseur du synode de Dort. Il mourut alors que la traduction du Nouveau Testament était avancée jusqu’aux « Actes des Apôtres ».++

++ Le Long, t. I, p. 413. Leusden, ut sup.

Antoine Walæus, docteur en théologie, était natif de Gand, où il naquit le 3 octobre 1573, d’une famille ancienne et distinguée. Après avoir reçu une éducation libérale, il voyagea pour se perfectionner et étudia dans différentes universités, sous la direction des professeurs les plus célèbres. Ayant assumé le caractère pastoral, il officia en divers lieux, plus récemment à Leyde, où il fut aussi professeur de théologie. Il mourut le 9 juillet 1639.

§ Batesii Vitæ Select. Viror. dans Vit. Walæi, p. 600. Lond., 1681, 4to. Chalmers, vol. xxx, p. 487.

Festus Hommius était originaire de Friezland, né en 1576. Il était pasteur de l’église de Leyde ; et docteur et professeur de théologie. Au synode de Dort, il remplit les fonctions de secrétaire, et se distingua par son opposition aux arminiens, ou remontrants. Il assista Walæus dans la traduction des Apocryphes ; et a ajouté l’index et les passages parallèles au Nouveau Testament. Le Long situe sa mort en 1632.||

|| Moreri, Grand Diet. Historique, tom. iii, p. 169. Amstel., 1724, fol. Le Long, tom. i, p. 413 ; et Index Auctor., p. 562.

2

Après la publication de la Bible belge ou néerlandaise autorisée, les éditions de celle-ci se multiplièrent rapidement et furent largement diffusées. De nombreuses éditions de la version de Louvain ou catholique, ainsi que d’autres traductions antérieures, ont également été imprimées et diffusées dans tous les Pays-Bas. Il ne manquait pas non plus d’hommes laborieux et instruits qui essayaient de former et de publier des versions qui pourraient corriger les imperfections des précédentes. De ce nombre se trouvaient Henry Leempute et Andreas Vander Schuren, parmi les catholiques ; et Christian Hartsoeker et Adam Boreel, parmi les réformés.

Henry Leempute, ou LemputHollandais, révisa et publia à Anvers deux éditions in-folio du Nouveau Testament belge, ou hollandais, la première sans date ; la seconde en 1646.

Andreas Vander Schurenégalement originaire des provinces belges, traduisit le Nouveau Testament de la version française de Mons dans la langue vernaculaire de ses compatriotes en 1689-90, dont plusieurs éditions furent imprimées. Il mourut en 1718.

Christian Hartsoekerministre allemand de l’église arménienne de Rotterdam, traduisit le Nouveau Testament du grec et publia sa traduction avec de courtes notes, Amsterdam, 1618, in-12.

Adam Boreelun mennonite érudit, né dans la province de Zélande, a traduit l’Évangile de saint Matthieu et l’épître aux Romains en néerlandais. Après sa mort, survenue en 1666, ces traductions furent imprimées avec le grec, Amsterdam, 1693, in-4°.

 Le Long, tom. i, pp. 414, 415 ; et Index Auctor.

Vol. IL—31

La Réforme s’étant établie dans les Provinces-Unies, la littérature biblique fut cultivée et encouragée par les principaux personnages des différents États ; et la presse jouissant d’une liberté inconnue dans les pays catholiques, de nombreuses éditions des Écritures en sont sorties, de sorte que Le Long énumère deux cent dix éditions de la Bible, ou de parties séparées, de la Bible, imprimées à Amsterdam seulement, pendant ce siècle. Les éminents théologiens et les critiques bibliques de l’Église réformée étaient nombreux, et les noms de Drusius, d’Amama, de Grotius et de Cocceius sont encore prononcés avec vénération.

Les habitants des Provinces-Unies, après avoir secoué le joug espagnol au commencement du XVIIe siècle, et porté leurs armes victorieuses en Orient, où ils s’étaient emparés de quelques-unes des colonies les plus précieuses appartenant à la couronne de Portugal, adoptèrent des mesures pour la diffusion de la religion réformée dans leurs territoires nouvellement acquis. Des ecclésiastiques et des maîtres d’école furent nommés à Ceylan, à Java et dans d’autres endroits de l’Orient, sous la protection des gouverneurs hollandais ; et l’on eut soin de traduire des portions des Écritures en langues malaise, formosienne et portugaise.

Le premier qui tenta de traduire les Saintes Écritures en langue malaise fut John Van Hasel, l’un des directeurs de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui avait acquis la langue pendant son séjour aux Indes orientales. Après avoir traduit l’Évangile de saint Matthieu, il le présenta, vers 1612, au gouverneur de la compagnie ; et traduisit ensuite les autres évangiles, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean. Presque au même temps, Albert, fils de Cornelieus Ruyl, présenta au gouverneur une autre traduction de l’Évangile de saint Matthieu, qui, étant jugée supérieure à l’autre, fut ordonnée d’être imprimée, mais fut retardée de temps considérable, et enfin publiée à Enchusa en 1629, in-4°, avec une version de l’Évangile de saint Marc. par le même traducteur, et la traduction néerlandaise des deux évangélistes. Une seconde édition fut imprimée à Amsterdam en 1638. En 1646, les Évangiles de saint Luc et de saint Jean furent publiés à Amsterdam, d’après la version de Van Hasel, in-4°. En 1648, les cinquante premiers psaumes, en malais et en hollandais, furent publiés à Amsterdam en in-4°, par J. Van Hasel et Justus Heurn. En 1651, les Quatre Évangiles ont été réédités, plus correctement, avec une version des Actes des Apôtres par Just. Heurn, à Amsterdam, en 4to. Justus Heurn a été pasteur de l’église hollandaise aux Indes orientales pendant quinze ans. Il révisa la version des Quatre Évangiles de Ruyl et Van Hasel, en la collationnant avec le texte grec, et la traduction belge, ou hollandaise de 1637 ; et a ajouté une nouvelle version des Actes des Apôtres. Cette édition était accompagnée de la version néerlandaise autorisée ; et fut entreprise sur l’ordre, et aux frais, de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. En 1662, Daniel Brower, un pasteur hollandais, publia le livre de la Genèse en langue malaise, avec la version néerlandaise autorisée, à Amsterdam, 4to. ; et en 1668, le même auteur, qui avait d’abord officié comme ministre de l’Évangile chez lui, puis s’était rendu en Orient en la même qualité, traduisit et publia tout le Nouveau Testament en malais, à Amsterdam, en grand in-8°, ou in-4°, sur ordre et à la charge de la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Les Psaumes traduits par Van Hasel et Heurnius ont été publiés à Amsterdam en malais et en hollandais, 1689, in-4°. Une seconde édition de la Genèse, en malais, a été publiée en 1687, in-4°.

 Le Long, t. II, t. I, sec. 11, p. 194-196, édit. Masch. Recherches asiatiques, t. X, Essai III, p. 187. Lond., 1811, 8 vol.

2                      31*

Les Hollandais s’étant établis dans la partie occidentale de Formose, M. Robert Junius, de Delft, fut envoyé par le sénat des Provinces-Unies pour introduire le christianisme parmi les habitants païens. Son succès fut tel qu’il baptisa, dit-on, cinq mille neuf cents convertis, et implanta vingt-trois églises, sans compter qu’il nomma des maîtres d’école en différents endroits, par lesquels environ six cents enfants apprirent à lire. On dit aussi qu’il composa certaines prières, rassembla les principaux articles de la religion et traduisit divers psaumes en langue formose. Il retourna ensuite dans son pays natal. Plusieurs autres ministres de Hollande travaillèrent aussi dans cette île, en particulier Daniel Gravius, qui traduisit les évangiles de saint Matthieu et de saint Jean en langue de Formose, imprimés à Amsterdam1661, in-4°. La traduction de ces Évangiles fut suivie, l’année suivante, d’un Catéchisme en Formose et en Hollandais, par Simon Vanbreen et John Happart, imprimé à Amsterdam, 1662, in-4°. Mais il est probable que ces ouvrages n’atteignirent jamais Formose, ou qu’ils ne furent que de peu d’utilité pour les habitants, car les Hollandais furent vers cette époque expulsés de l’île.+

Les Hollandais, en prenant possession de Java, de Ceylan et d’autres îles des Indes orientales, y trouvèrent un dialecte portugais corrompu ; C’est pourquoi non seulement ils établirent des ministres pour prêcher en portugais, ainsi qu’en hollandais et dans les dialectes indiens, mais ils distribuèrent entre eux des Bibles portugaises et d’autres livres de piété.

Le Nouveau Testament, traduit par Jean Ferreira d’Almeida, après avoir été révisé, fut imprimé à Amsterdam, 1681, in-4°, par ordre de l’illustre Compagnie des Indes orientales des Provinces-Unies. Les réviseurs étaient le révérend Barthol. Heynen et J. de Vooght. La préface, ou introduction, occupe trois feuillets. Une seconde édition fut imprimée à Batavia, 1693, in-4°, sur ordre de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, à leur presse, après avoir été révisée et améliorée par Théodoras Zas et Jacobus op den Akker, ministres à Batavia. Les missionnaires danois, cependant, parlent d’une édition imprimée à Batavia avant celle de 1681, et disent que c’est à cause de la première impression défectueuse qu’elle a été envoyée à Amsterdam à réviser et à réimprimer ; mais l’édition de 1693 est expressément indiquée, au verso de la page de titre, comme étant la seconde : « Esta segunda impressao d’o S. S. novo Test ». Les missionnaires ajoutent qu’un exemplaire de l’édition de 1681 leur coûta, en 1709, au cap de Bonne-Espérance, trois piastres.++

Joam (John) Ferreira a d’Almeida était originaire du Portugal, né à Lisbonne. Il était, dans sa jeunesse, d’obédience catholique romaine, et semble être allé comme missionnaire en Orient ; mais par la suite, il embrassa la religion réformée, ce qui irrita tellement les catholiques qu’ils le brûlèrent en effigie à Goa. Après sa conversion au protestantisme, il travailla pendant un an sur la côte de Malabar parmi les chrétiens indigènes de la communion romaine, mais sans grand succès, à cause des préjugés qu’on avait contre lui pour avoir abandonné cette église. Il résida ensuite à Ceylan, où il est probable qu’il commença sa traduction de la Bible, qu’il ne vécut pas assez longtemps pour achever, mourant quand il eut terminé le Nouveau Testament et avancé l’Ancien jusqu’à la fin de la prophétie d’Ézéchiel. Il était contemporain de Baldée, qui, dans sa Description de Ceylan, rapporte la circonstance curieuse suivante : « Je me souviens, dit-il, qu’à mon époque un ministre réformé portugais, nommé Jean Ferreira d’Almeida, voyageant avec sa femme de Galle à Colombo, les coolies, ou porteurs de litière, (selon leur coutume), s’enfuirent à la vue d’un éléphant. qui, cependant, ne fit pas le moindre mal, mais, posant sa trompe sur le palanquin ou la litière de la femme, s’en alla.

Description des côtes de Malabar par Baldæus, etc., dans Churchill’s Voyages, vol. III, p. 648, 825. Adleri Bibliotheca Biblica, t. II, Plut. 22, p. 350.

À Ceylan, les Hollandais érigèrent des églises, établirent des ministres et fondèrent des écoles, mais ne semblent pas avoir traduit une partie des Écritures en cingalais au cours de ce siècle.

Après avoir remarqué les efforts des Hollandais pour promouvoir la connaissance biblique dans leurs possessions orientales, nous revenons à l’attention de quelques-unes des versions allemandes les plus importantes ou les plus rares des Écritures publiées au cours de ce siècle. Le premier d’entre eux fut de John Piscator, un théologien de Herborn, où sa traduction de la Bible fut imprimée, 1602-3, quatre vol., en in-4°, avec des notes ; par la suite, fréquemment réimprimé.+

+ Le Long, tom. t. I, p. 402. Paris, 1723, fol.

John Piscator, ou Fischerétait un théologien protestant, né à Strasbourg en 1546. Il devint professeur de théologie à Herborn ; et publia une version latine de l’Ancien Testament, avec la version du Nouveau Testament de Bèze, en plusieurs vol. in-8°, de 1601 à 1615, imprimée à Herborn ; accompagné d’un commentaire, et de la version de l’Ancien Testament de Junius et Tremellius. Le commentaire a été imprimé séparément, 1646, deux vol. fol. Il mourut à Herborn en 1626, dans la quatre-vingtième année de son âge.++

++ Chalmers, vol. xxiv, p. 524. Le Long, tom. t. I, p. 402. Le Long, édit. Masch, t. ii, tom. III, p. 471 et 472.

2

En 1617, Zacharias Schürers, libraire de Wittembourg, publia une édition de la Bible allemande de Luther, in-4°, qu’il réédita en 1625. Dans cette dernière édition, un imprimeur catholique romain a eu l’audace de corrompre le texte en différents endroits, en particulier dans Apocalypse xiv, 6, où, par la substitution de neu à ewig, le passage se lit comme suit : « J’ai vu un autre ange voler au milieu du ciel, ayant le roman [au lieu de l’Évangile éternel, dans l’intention de mortifier les disciples de Luther, qui avaient coutume d’appliquer ce passage à ce grand réformateur. Quelques exemplaires sont parvenus à l’étranger, mais l’édition a été rapidement supprimée. Une corruption semblable a été tentée dans une édition publiée à Nuremberg en 1670, in-folio, dans laquelle l’imprimeur a introduit la doctrine du purgatoire dans l’épître de Jude 23.+

Une traduction catholique de la Bible de la Vulgate a été faite par Caspar Ulenberg en 1630, et imprimée à Cologne, en in-folio. Cette édition est extrêmement rare ; car les théologiens de Mentz, mécontents de la version, que le Dr Geddes qualifie de « dégoûtante littérale et obscure », surtout avec les provincialismes qu’elle contient, en révisèrent le style et le langage, sous les auspices de Jean-Philippe de Schönborn, archevêque et électeur de Mentz, et la réimprimèrent dans cette ville en 1662, in-folio, et c’est de cette révision que furent tirées les éditions ultérieures de la Bible d’Ulenberg.

Caspar Ulenberg était originaire de Lippe, en Westphalie. Il fut licencié en théologie, régent du Collège Laurentien et curé de l’église Saint-Colomban, à Cologne. Il entreprit la traduction de la Bible sous la sanction de Ferdinand, duc de Bavière, électeur et archevêque de Cologne. Il meurt en 1637.++

++ Ibid., t. III, p. 405. Le Long, tom. t. I, p. 380 ; et Index Auctor., p. 587.

Une traduction de la Bible fut également commencée, mais jamais achevée, par Jean Saubert, professeur de langues orientales à Helmstadt. Les circonstances étaient les suivantes : Le savant et pieux Auguste, duc de Brunswick et de Lunenburg, ayant remarqué, en lisant constamment les Saintes Écritures, que la version allemande de Luther n’était pas toujours strictement conforme à l’original, à cause de son grand souci de s’exprimer en bon allemand, désira avoir une traduction plus littérale, qui exposât le texte hébreu avec la plus grande exactitude possible. Le duc passa trente ans à méditer un plan pour satisfaire ses désirs, sans nuire à la religion, ni discréditer la version de Luther, qu’il estimait beaucoup. Enfin il délégua l’entreprise au jeune Saubert, qui, quoique âgé de vingt-sept ans seulement, était professeur des langues orientales. La traduction fut commencée en 1665, et les dispositions nécessaires à son impression furent prises. Chaque feuille était envoyée, aussitôt imprimée, au duc, qui l’examinait personnellement et la présentait aussi à différents théologiens, en la science et aux talents desquels il avait la plus grande confiance, afin qu’il pût se former un jugement sain et correct sur la traduction et les remarques du traducteur. La translation se poursuivit ainsi jusqu’à la mort de ce digne prince, qui arriva le 17 septembre 1666 ; lorsque Saubert, voyant son ouvrage attaqué de toutes parts, demanda au duc Rodolphe-Auguste de le décharger de son engagement, ce qui, après quelques délibérations, lui fut accordé. Les copies de la traduction, qui avaient été imprimées sur un grand papier, avec de beaux caractères, et qui étaient avancées jusqu’à 1 Samuel xvii, 12, lorsque l’impression en fut suspendue, furent transmises à Wolfenbüttel, et si soigneusement gardées, qu’on n’en aurait pas obtenu un seul exemplaire, si le duc Antoine Ulric n’avait fait présent à quelques-uns de ses amis les plus intimes.

 Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, p. 407. Le Long, tom. i, pp. 389-393. Paris, 1723, fol.              

En 1641, une édition révisée de la traduction allemande de la Bible par Luther, avec de brèves notes, fut publiée à Nuremberg, in-folio, avec une préface de Salomon Glassius, sous les auspices d’Ernest, duc de Saxe-Gotha. Cette édition est tenue en estime par les luthériens ; et est parfois appelée l’Ernestine, et parfois l’édition de Weimai, ou Nuremberg. Les personnes employées dans la révision étaient John Gerhard, John Himmel, Solomon Glassius, John Mich. Dilherrus, et d’autres.+

Fred. Shoberl, dans son « Historical Account of the House of Saxony », Lond., 1816, 8 vol., fournit les renseignements curieux suivants relatifs au grand patron de cette Bible :

Ernest , le pieux, fondateur de la maison moderne de Saxe-Gotha, trouva en 1640 le peuple dans l’ignorance la plus grossière : son premier soin fut donc de réformer l’église et d’établir des écoles. Il obligeait tout le monde à envoyer ses enfants dans ces écoles à l’âge de cinq ans ; et tel fut le succès de ses règlements, qu’il devint un dicton commun que « les rustres de Thuringe étaient mieux instruits que la noblesse des autres pays. » C’est par ses ordres que Seckendorf entreprit sa volumineuse et précieuse Histoire du luthéranisme. Il forma aussi le projet de publier la Bible avec des notes, composée par autant d’écrivains protestants qu’il y a de livres dans l’Ancien et le Nouveau Testament ; qui a toujours été en haute estime, sous la dénomination de la Bible de Weimar.

Ce prince avait l’habitude d’emporter avec lui une liste des cures et des écoles, avec leurs ministres et leurs maîtres. « Traversant un village, il entra dans la maison du ministre, inspecta sa bibliothèque, et voyant sa Bible couverte de poussière, il mit un ducat d’or au début du livre de l’Apocalypse, sans que le divin s’en aperçoive. L’année suivante, il rendit une autre visite au même prêtre et s’enquit de sa méthode de lecture du livre sacré. Le ministre dit à Son Altesse qu’il avait l’habitude de relire toute la Bible tous les quatre mois, avec les observations critiques ; et qu’il passait chaque jour quelques heures à étudier un livre particulier, et à parcourir les meilleurs commentateurs qui avaient écrit sur ce livre. Son Altesse prit alors la Bible, l’ouvrit et, à la grande confusion de l’hypocrite clérical, trouva le ducat à l’endroit où il l’avait déposée l’année précédente.

« Toutes les personnes qui occupaient des postes de confiance sous ses ordres étaient examinées annuellement par lui-même ; et s’il s’avérait que l’un d’eux avait volontairement violé son devoir, il ordonnait que le psaume 101 soit lu au coupable en sa présence, et le déchargeait de son service. De là est né le proverbe appliqué aux intendants inutiles : « On vous lira le psaume du prince. » Il répétait souvent ces paroles : « Les princes sont formés de la terre, règnent sur la terre et retournent sur la terre. » Il mourut en 1675.

 Shoberl’s Historical Account, etc., p. 142-144.

Le même excellent prince, à la suggestion du célèbre Job Ludolph+prit la résolution de répandre la connaissance de l’Évangile, dans sa pureté et sa simplicité, parmi les Abyssins ignorants et superstitieux .

JOB LUDOLPH, le plus grand Érudit éthiopien de son âge, naquit à Erfurt, en Thuringe, le 15 juin 1624, d’une famille très respectable, mais réduite. Dès son plus jeune âge, il se découvre des talents particuliers pour l’acquisition des langues ; et après avoir acquis chez lui quelques connaissances du grec, du latin, du français, de l’italien et de l’espagnol, il se rendit à Leyde en 1645, et étudia les langues orientales sous la direction d’Erpenius, de Golius et d’autres savants célèbres. Après y avoir résidé plus d’un an, il devint précepteur itinérant d’un jeune homme de famille, avec lequel il visita la France et l’Angleterre. De retour en Hollande, le baron de Rosenhahn, ambassadeur de Christine, reine de Suède, à la cour de France, l’envoya chercher à Paris, et le nomma précepteur de ses fils. Peu de temps après, il l’envoya à Rome, à la recherche de papiers qu’on supposait avoir été transportés de Suède par Jean Magnus, archevêque d’Upsal ; mais, quoiqu’il fût déçu du but premier de son voyage, il l’améliora en apprenant la langue polonaise de deux gentilshommes avec lesquels il voyageait ; et en perfectionnant sa connaissance de la Éthiopien, en conversant avec quatre Abyssins à Rome. En 1652, il fut invité à la cour d’Ernest, duc de Saxe-Gotha, qui en fit son conseiller aulique, et gouverneur des princes, ses fils. Il fut employé avec beaucoup d’honneur à diverses négociations politiques ; mais comme l’alliance des puissances de l’Europe avec l’Abyssinie était un objet qui lui tenait à cœur, il passa plusieurs années à essayer de la promouvoir auprès de différentes cours ; et bien qu’il n’ait pas réussi à réaliser ses vœux, il s’appliqua vigoureusement à la diffusion de la littérature et de l’histoire éthiopiennes ; et a écrit une précieuse Histoire de l’Ethiopie, en plus d’une grammaire et d’un lexique de la langue éthiopienne.

Il a également publié les Psaumes, le Cantique des Cantiques et des extraits choisis de l’Ancien et du Nouveau Testament, en Ethiopic et latin, Francfort, 1701, in-4°, et autres ouvrages savants. On dit qu’il comprenait vingt-cinq langues : l’hébreu, la Bible et le rabbinique ; Samaritain, Chaldéen, Syriaque, Arabe, Grec, L’éthiopien et ses dialectes, le copte, le persan, le latin, le français, l’italien, l’espagnol, le portugais, l’allemand, le flamand, l’anglais, le polonais, le slavon et le russe, le finnois, etc. Il était infatigable dans ses études, et avait toujours un livre devant lui aux repas. Il mourut à Francfort, où il était président d’une académie d’histoire, le 8 avril 1704, à près de quatre-vingts ans.— Chalmersvol. xx, p. 471 ; Bib. Diet., t. I, p. 280.

L’abbé Grégoire, un Abyssin, qui avait résidé quelque temps en Europe, fut engagé pour cette mission ; mais, ayant malheureusement fait naufrage en 1657, il fut, en 1663, remplacé dans cette importante commission par John Michael Wansleb, qui reçut l’ordre de ne laisser aucun chômeur qui pût contribuer à donner aux Abyssins une opinion favorable des Allemands ; mais, Se montrant infidèle à sa confiance, il embrassa la profession romaine et entra dans l’ordre dominicain.++

 Mosheim, vol. V, p. 259, 260.

++ John Michael Wansleb est né en 1635, à Erfurt, en Thuringe, où son père était pasteur d’une église luthérienne. Après avoir étudié à Königsberg, il fut envoyé en Angleterre par Job Ludolph, qui lui avait enseigné Ethiopic, pour superviser l’impression de son « Dictionnaire éthiopien » à Londres, où il parut en 1661, in-4°, mais non édité à l’entière satisfaction de l’auteur, qui accusa Wansleb d’avoir inséré beaucoup de choses fausses et ridicules, et en donna ensuite lui-même une nouvelle édition. Le Dr Castell employa également Wansleb à l’édition de son " Lexicon Heptaglotton « , pour lequel il le reçut chez lui pendant trois mois. À son retour en Allemagne, Ernest, duc de Saxe-Gotha, l’envoya comme missionnaire en Abyssinie. Il arriva au Caire en janvier 1664, mais, au lieu de continuer son voyage, il resta en Égypte ; et, à son retour en Europe, au lieu de visiter l’Allemagne, il tenta d’échapper au mécontentement du duc en se rendant à Rome et en embrassant la religion catholique. Il fut ensuite employé par Colbert à l’achat de manuscrits en Égypte, etc., pour la bibliothèque du roi de France, et en acheta trois cent trente-quatre. Sa conduite déplussant à Colbert, il fut rappelé en 1676 à Paris, où il vécut négligé pendant deux ou trois ans, puis mourut en juin 1679 ; exemple d’une grande érudition et de talents prostitués à des habitudes vicieuses. Il est l’auteur d’une Histoire de l’Église d’Alexandrie et d’autres ouvrages. — Chalmersvol. xxxi, p. 96 ; Mosheimt. V, p. 260.

Une version allemande du Nouveau Testament, exécutée par Amandus Polanus a Polansdorf, a été publiée à Basile, 1603, in-8°. Dans cette traduction, la phraséologie grecque est soigneusement conservée.

Amandus Polanus a Polansdorfle traducteur, natif de Troppaw, en Silésie, était docteur et professeur de théologie à Basile. Il mourut en 1610.§

§ Le Long, tom. i, p. 404 ; et Index Auctor., p. 577.

2

Outre les nombreuses éditions de la Bible en langue allemande publiées par les luthériens, et plusieurs par les catholiques, il y avait deux versions allemandes de l’Ancien Testament publiées par les Juifs, à l’usage de leurs frères hébreux.

La première de ces versions a été faite par R. Jekuthiel ben Isaac Blitz, de Wittmund, dans le Friezland oriental, qui a reçu huit florins et seize stivers par feuille pour la traduction ; et a été révisé par R. Meir Stern, grand rabbin de la synagogue d’Amsterdam, qui a reçu six florins et six stivers par feuille pour la révision. L’imprimeur était Uri Veibseh ben Acharon Halevi, qui a entrepris l’édition à ses propres frais ; mais étant impliqué dans des procès coûteux, il abandonna l’entreprise aux chrétiens, Will. Bleau et Laur. Baak, aux frais duquel l’ouvrage fut achevé, et imprimé à Amsterdam, 1679, in-folio. On dit que R. Jekuthiel a corrompu le texte et y a inséré diverses remarques démontrant la haine la plus déterminée contre le christianisme.

* Wolfii Biblioth. Heb., tom. ii, p. 454. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, p. 410. Le Long, tom. i, pp. 406, 407.

L’autre version a été exécutée aux frais de Joseph Athias, le célèbre imprimeur juif d’Amsterdam, où elle a été imprimée la même année que la première, 1679, in-folio. Les principaux personnages qu’il employa à cette traduction furent Joseph Josel ben Aaron Alexander, souvent appelé Josel Witzenhausen, par souci de brièveté, d’une petite ville du pays de Hesse, où résidait ordinairement le grand rabbin de cette région ; R. Schabtai ben Joseph ; et R. Meir Stern, grand rabbin des Juifs allemands à Amsterdam.

Josel Witzenhausen n’a pas seulement été le traducteur principal de cette version, mais il en a également été le compositeur dans le bureau d’Athias. Il recevait quatre impériaux par feuille pour son travail.

R. MEIR STERN a reçu la même somme, et un peu plus, pour la révision de la traduction.

Rabbi SCHABTAI BEN JOSEPH, qui était associé à Rabbi Meir Stern dans la révision de la traduction, était originaire de Pologne. Il étudia à Prague, et acquit une connaissance considérable non seulement de l’hébreu, mais aussi de la Langue latine. Il officia quelque temps comme chanteur dans l’une des synagogues ; et par la suite, il a voyagé dans différents pays pour parfaire sa connaissance des écrits rabbiniques. Sa connaissance approfondie des auteurs juifs lui valut d’être employé par le très érudit Bartalocci pour l’aider à compiler son laborieux ouvrage intitulé Bibliotheca Magna Rabbinica. Il écrivit une « Préface » et ajouta les « Éléments de l’hébreu », en 1669, à la deuxième édition de באר משה Beer Mosheh, par R. Moïse ben Issacar, expliquant en allemand tous les mots difficiles qui se trouvent dans les crochets de Moïse ; avec de courtes notes explicatives de différents exposants. Il publia aussi une édition du Pentateuque hébraïque, accompagnée du Targoum et de plusieurs commentaires juifs, imprimée par Uri Veibsch, Amsterdam, 1680, in-4°, et d’autres ouvrages. Il s’installa ensuite à Dyrenfurt, dans le duché de Glogaw, en Silésie, et y établit une imprimerie, où il imprima une seconde édition du Pentateuque hébreu, avec des additions, en 1693, in-4°. Il fut remplacé à l’imprimerie hébraïque par un fils, dont on dit qu’il était éminemment instruit. Il vivait en 1709.

Wolfii Biblioth. Héb., tom. i, p. 830, 1023 ; tom. II, p. 453 ; Tom. IV, p. 969. Le Long ; et Clément, ut sup.

Rabbi Joseph Athias, l’un des imprimeurs les plus célèbres de son temps, était le fils de Tobias ATHIAS, qui imprima une Bible espagnole à l’usage des Juifs. Il résida à Amsterdam, où il publia une Bible hébraïque en 1661 ; et de nouveau en 1667, en deux vol. in-8°, tous deux imprimés sous l’inspection du savant John Leusden. Pour ce dernier, qui est considéré comme le plus exact, les États généraux lui ont offert une chaîne d’or et un pendentif médaille d’or ! De l’édition de 1661, trois mille exemplaires furent imprimés ; et ont été les premières copies imprimées de la Bible hébraïque dans lesquelles les versets étaient distingués par des chiffres arabes. On affirme aussi qu’il a imprimé un nombre immense de Bibles anglaises, et qu’il s’est même ruiné en essayant de conserver pendant de nombreuses années toutes les formes d’une grande Bible anglaise ! Mais il y a lieu de douter de la justesse de cette affirmation. Le Long situe sa mort en 1700.+

+ Le Long, tom. i, p. 433 ; et Index Auctor. Paris, 1723, fol. ; et édit. Masch. pt. i, cap. Isec. 1, p. 41-44. L’état de l’héb. imprimé de Kennicott. Texte, diss. 2, p. 481. Chalmers, vol. III, p. 93.

D’autres éditions ou versions du Pentateuque, et de livres séparés de l’Ancien Testament, ont été publiées par les Juifs d’Allemagne au cours de ce siècle, mais les plus importantes sont celles qui précèdent.

Les anti-trinitaires ont également publié le Nouveau Testament en langue allemande, traduit par des personnes de leur propre conviction. La plus célèbre fut faite par Jean Crellius et Joachim Stegman, père, et imprimée à Racow, dans le palatinat de Sendo-mir, en Pologne, 1630, in-8°.++

++ Le Long, tom. t. I, p. 406. Paris, 1723.

2

Jean Crelliusl’un des plus célèbres écrivains sociniens, naquit à Helmptzheim, près de Nuremberg, dans le cercle de Franconie, le 26 juillet 1590. Il fut, d’abord, recteur de l’école ou université des Sociniens à Racow ; et ensuite le pasteur de l’église là-bas. Il mourut à Racow, le 11 juin 1633. Ses œuvres, qui sont nombreuses, forment une partie importante de la Bibliotheca Fratrum PolonorumIrenopoli, 1656, huit vol. fol. Dans certains de ses ouvrages, il s’efforce de prouver qu’il y a certains cas où les maris doivent battre leurs femmes !

 Sandii Bibliotheca Anti-Trinitar., p. 115· Bibliog Diet., t. III, p. 67 ; et vol. II, p. 16.

Joachim Stegman, un Allemand, était un autre écrivain controversé célèbre parmi les sociniens. Il succéda à Martin Ruar comme recteur de l’école de Racow. Il fut par la suite pasteur de l’église unitarienne de Claudiopolis, ou Clausenberg, en Transylvanie ; où il mourut vers 1632.+

+ Sandii Bibliotheca Anti-Trinitar., p. 132.

Une autre traduction allemande du Nouveau Testament, selon les vues des Anti-Trinitaires, a été faite par Jeremiah Felbinger, ou Felwinger, Amsterdam, 1660, 8 vol. L’auteur était originaire de Brieg, en Silésie, où il est né le 27 avril 1616. Il devint recteur de l’école de Coslin ; et il écrivit plusieurs ouvrages controversés et savants, parmi lesquels un « Lexique grec et allemand du Nouveau Testament », 1657, in-12 ; « Introduction à la langue grecque », en allemand, 1657, in-8°. Sa version du Nouveau Testament a été faite à partir de l’édition du Testament grec, avec diverses lectures, publiée par Étienne Curcellée.+

+ Ibid., p. 157.

Étienne Curcellée, ou de Courcellesdescendant d’une famille de Picardie, naquit à Genève le 2 mai 1586. Après avoir officié comme ministre de l’Église réformée en France, il fut choisi pour succéder à Episcopius comme professeur de théologie à Amsterdam ; et en 1650 il publia les œuvres de son prédécesseur, avec une préface, et la vie de l’auteur. Il écrivit divers tracts, principalement pour la défense de l’arminianisme ; mais l’ouvrage par lequel il est le plus connu est son édition du Testament grec avec diverses lectures, imprimée à Amsterdam, 1658, in-12, qui a été plusieurs fois réimprimée. Il mourut à Amsterdam le 22 mai 1659. Ses pièces théologiques et polémiques furent rassemblées et publiées sous l’inspection de son successeur, Philippe à Limborch, à 4msterdam, 1675, fol.§

§ Ibid., p. 109. Chalmers, vol. x, p. 354.

Vers le milieu de ce siècle une révision de la Bible de Zurich, ou Suisse alémanique, a eu lieu. Cela fut fait par ordre des magistrats helvètes ; elle fut commencée en 1662, et fut imprimée à Zurich, 1665-7, in-folio et en deux vol. in-4°. ; et fréquemment par la suite. Les savants employés à cet important ouvrage furent Henry Zeller, John Rodolph Hoffmeister, William Freigius ou Freitz, William Simler, Caspar Wolfius, John Lavater, Peter Fushn, Caspar Ziegler, John Huldric, Caspar Brunner, Huldric Schædler et Caspar Waser ; (dont aucun récit biographique n’a été retrouvé ;) en collaboration avec les éminents savants suivants.

Le Long, t. I, p. 402. Walchii Biblioth. Theolog., tom. t. IV, p. 106.

John Henry Hottinger, D. D., naquit à Zurich, le 10 mars 1620. Il reçut de bonne heure les instructions d’une pieuse mère, aux prières de laquelle il se reconnaissait redevable des dons du Saint-Esprit que Dieu lui avait donnés. Sa capacité d’apprentissage peu commune lui valut d’être envoyé, aux frais de l’État, étudier dans différentes universités étrangères. À son retour, il est nommé professeur d’histoire ecclésiastique, de théologie catéchétique et de langues orientales. En 1642, il se maria ; et, en 1655, il fut invité par l’électeur palatin à Heidelberg, pour faire revivre la littérature dans cette université, où ses travaux furent éminemment couronnés de succès. Il retourna à Zurich en 1661 et fut employé dans d’importantes affaires civiles et ecclésiastiques. En 1667, il fut choisi pour occuper la chaire de théologie à l’université de Leyde, et se préparait à son voyage, lorsque lui et une partie de sa famille furent malheureusement noyés dans la rivière qui traverse Zurich, le 5 juin 1667. Ses nombreuses œuvres témoignent d’une recherche approfondie et d’une connaissance intime de la littérature orientale.+

+ Freheri Theatrum. Chalmers, vol. xviii, p. 210-213.

John Müller était un Suisse, pasteur et professeur de théologie à Zurich. Il est mort A. D. 1684.++

++Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 572.

Jean Caspar Suicer était natif de Zurich, où il naquit le 26 juin 1620 ; il y devint professeur d’hébreu et de grec ; et mourut à Heidelberg, le 6 novembre 1684, ou, selon d’autres, à Zurich, en 1688. Il fut le compilateur d’un lexique utile, ou dictionnaire de termes théologiques ou ecclésiastiques grecs, intitulé Thesaurus Ecclesiasticus, &c. grec et latin. Il passa vingt ans à la compilation de cet ouvrage. La meilleure édition est celle d’Amsterdam, 1728, deux vol. in-folio.

§ Chalmers, vol. xxix, p. 9. Nouv. Diète. Historique, tom. VIII, p. 577. Suiceri Thesaurus, in tit.

2

Jean-Henri Ottius, ou Ottnaquit dans le canton de Zurich, en 1617. Après avoir terminé ses études, il visita l’Angleterre et la France, et, à son retour dans son pays natal, obtint la subsistance de Dietlickon, qu’il occupa pendant vingt-cinq ans. En 1651, il fut nommé professeur d’éloquence à Zurich ; en 1655, à celle de l’hébreu ; et en 1668, à celle de l’histoire ecclésiastique. Il mourut en 1682, laissant derrière lui plusieurs ouvrages d’érudition et de recherche. John Henry Ott, le savant bibliothécaire de l’archevêque Wake, était probablement son fils ; ainsi que John Baptist Ott, l’estimé correspondant du grand bibliographe Le Long.

Chalmers, vol. xxiii, p. 418.

John Henry Heidegger, D. D., naquit à Barotisvilla, ou Ursevellon, près de Zurich, le 1er juillet 1633. Il fut d’abord professeur d’hébreu et de philosophie à Heidelberg, puis de théologie et d’histoire ecclésiastique à Steinfurt ; et enfin, de morale et de divinité à Zurich, où il mourut le 18 janvier 1698. Il a publié Exercitationes selectæ de Historiâ sacra Patriarcharumdeux vol. in-4°, et d’autres ouvrages.+

+ Ibid., vol. xvii, p. 306. Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 560.

La traduction ou la révision de la Bible de Zurich a été faite, avec le plus grand soin et la plus grande précision, selon un plan quelque peu semblable à celui adopté par les traducteurs de notre version anglaise autorisée actuelle. Lorsque les savants chargés d’entreprendre la révision se réunirent pour réviser l’Ancien Testament, Hottinger et Müller firent remettre chacun le texte hébreu entre leurs mains ; Zeller avait l’ancienne version zurichoise ; Waser a pris l’italien de Diodati et l’édition de Parée de la Bible de Luther ; Hoffmeister avait sous les yeux la version des Septante et la version junio-trémellienne ; et les versions de Freitz le Belge et de Piscator. Lorsqu’il s’élevait quelque différend, tous discutaient ce point, chacun était appelé à donner son opinion sur la traduction qu’il avait entre les mains, et l’on adoptait la lecture qui, après mûre réflexion, semblait la plus agréable à l’hébreu. En révisant le Nouveau Testament, Waser et Suicer ont examiné les textes grecs ; Wolfius avait la version latine zurichoise ; Ott la Vulgate et la version de Bèze ; Lavater la version belge et la traduction allemande de Gaulter ; Freitz examina la version de Polanus ; et Fuslin celui de Piscator. Le tout était accompagné de notes marginales, d’index ou de concordances, etc.++

++ Le Long, tom. t. I, p. 402 et 403. Enquête historique et critique de Whitaker sur l’interprétation des Écritures hébraïques, etc., p. 33. Camb., 1819, 8 vol.

John James Breitingerantistes de l’église principale de Zurich, publia aussi une traduction du Nouveau Testament en dialecte helvétique ou suisse-allemand, faite avec beaucoup de soin immédiatement à partir du grec, et accompagnée d’une préface. Il a été imprimé à Zurich, 1629, 4to. ; 1642, 12 mois ; et 1656, in-8°. Breitinger mourut en 1646.

Le Long, tom. i, p. 404 ; et Index Auctor., p. 547.

La vue rapide ainsi prise des principales versions allemandes publiées au cours de ce siècle, montre l’accroissement de l’érudition biblique en Allemagne à un point de vue intéressant ; et place ce pays et ses dépendances parmi les premiers et les plus actifs dans la circulation générale des Saintes Écritures ; un fait encore plus pleinement confirmé par le nombre d’éditions de la Bible, ou de parties de celle-ci, imprimées en langue vernaculaire, dans l’étendue de ce siècle, dont Le Long énumère environ deux cent quatre-vingts.+

+ Le Long, Elenchus Chronolog.

La publication des Écritures dans les dialectes vernaculaires des pays sous l’influence des puissances germaniques ne se limita cependant pas à la langue allemande, mais s’étendit à d’autres dialectes de ce vaste empire, tels que le carniolan, le wendish ou sorabe, le croate, le valaque, le hongrois et le bohémien.

Les Évangiles destinés à être lus dans les services publics de l’Église catholique, avec un Catéchisme, ont été imprimés, en dialecte carniolien, à Gratz, en 1612. Ils ont été imprimés sans le nom du traducteur, mais on sait qu’il s’agissait d’un jésuite, dont le nom était John Tzandeck. C’était un natif de Carniole, né à Weichseiburg, qui entra, en 1600, dans la société des Jésuites, à Gratz, où il perdit la vie en visitant, comme leur confesseur, ceux qui avaient été infectés de la peste, en l’an 1624.++

++ Placcii Theatrum Anonymous., tom. t. I, p. 669. Hambnrg, 1708, fol. Alegambe, Biblioth. Script. Soc. Jesu, p. 276.

Les Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc ont été imprimés en SORABE, ou langue des Vénètes ou Wenden, à Budissin ou Bautzen, en Haute-Lusace, en 1670 ; et les Épîtres de saint Paul aux Romains et aux Galates, en 1694, in-8 ; traduit par Michel Frencelius ou Frenzeln, natif de Cosela, en Lusace, et ministre luthérien de Postwic. Il mourut en 1706, à l’âge de soixante-dix-huit ans.§ Les Épîtres et les Évangiles furent aussi traduits en dialecte sorabe, wendish ou lusacien, par l’ordre exprès des États de Haute-Lusace, et imprimés à Budissen, ou Bautzen, 1695, in-8°. Les traducteurs étaient Paul Prætor, Tobia Zschüderly, John Christopher Cruger, George Matthæi et Michael Rœzio.

§ Le Long, tom. i, p. 443 ; et Index Auctor., p. 557. Adleri, Biblioth. Biblica, Plut. 47, pp. 138, 139.

 Le Long, t. I, p. 443.

Placcius, dans son Theatrum Anonymorum, mentionne une traduction des Écritures en dialecte CROATE, sous le titre de « Manuel », imprimée à Presbourg, en 1639 ; mais comme ni Le Long ni Kohlius ne remarquent une telle traduction, on peut douter qu’elle ait jamais existé.+

+ Placcii Theatr. Anon., tom. t. I, p. 669.

Les habitants de la Valachie se vantent de descendre des anciens Romains, et leurs mœurs et leur langue sont, dit-on, plus voisines de l’Italien que de la Slavonie ou du Russe ; c’est pourquoi ils s’appellent eux-mêmes Roumanos. Helladius (Status præsens Eccles. Grcec.) dit que vers l’année 1664, les saints offices et la Bible elle-même furent lus en Valachie, soit en langue grecque, soit en langue slavonne, mais que lorsque l’art typographique commença à fleurir, les Écritures furent traduites en langue vernaculaire et lues par le peuple ; en conséquence, nous trouvons que le Nouveau Testament en VALACHIQUE a été imprimé à Belgrade en 1648, in-folio, bien que nous ignorions tout à fait le nom du traducteur. Un exemplaire de cette très rare édition se trouve à la Bodleian library, n° 5225.++

++ Le Long, t. I, p. 370. Hist. de Marsh, des traductions des Écritures, p. 8.

La version hongroise de la Bible, faite par Gaspard Caroli, vers la fin du siècle précédent, fut révisée par Albert Molnar, qui avait été son assistant, et imprimée à Hanau, 1608, in-4°, accompagnée d’une traduction hongroise du Catéchisme de Heidelberg, de la Liturgie des Églises HONGROISES, et d’une version métrique des Psaumes, adaptée aux airs des Psaumes français de Marot et de Bèze. D’autres éditions ont été imprimées à Oppenheim, 1612, 8 vol., et à Amsterdam, 1645. Le Nouveau Testament et les Psaumes ont été publiés séparément, Amsterdam, 1646, in-12.

Albert Molnar était Hongrois de naissance et, dans sa jeunesse, il avait l’habitude de fréquenter le collège de Gönz. C’est là que Gaspard Caroli le rencontra et l’employa soit à corriger les épreuves de la traduction de la Bible qu’il publiait alors, soit à quelque autre charge moins importante à ce sujet. Cela augmenta l’attachement de Molnar à l’étude des langues et l’amena à former le projet de publier une Bible hongroise. Il n’a pas été déçu ; car après avoir poursuivi ses études à Wittemberg, Strasbourg, Altdorf ; et Heidelberg, et acquis des connaissances suffisantes, il publia la révision ou traduction ci-dessus de la Bible ; et envoya dans son pays les exemplaires de l’édition imprimée à Oppenheim ; ce qui les a rendus difficiles à rencontrer par les bibliographes et les collectionneurs. Il épousa Cunigunda Ferinaria, une descendante de Caspar Cruciger, l’associé de Luther dans la traduction de la Bible en allemand. Il fut régent du collège d’Oppenheim ; et publia un opuscule intitulé Idea Christianorum Ungarorum sub Tyrannide Turcicaetc., dédié aux réfugiés français et flamands de Francfort et de Hanau, et imprimé à Oppenheim, 1616, in-4°.

 Clément, Bibliothèque Curieuse, t. IV, p. 40-44 ; où le lecteur trouvera plusieurs erreurs de Le Long et d’autres corrigées.

Les exemplaires des éditions de Molnar ayant tous été dispersés, le comte Étienne Bethlen d’lktar, frère du prince Gabriel Bethlen, établit une imprimerie à Waradin, et rassembla un certain nombre d’hommes instruits, connaissant bien l’hébreu et le grec, qui exécutèrent une nouvelle traduction, ou, plus probablement, une révision de la Bible hongroise, sur la base de celle de Dort. Ils remplirent les marges de notes et de références, et commencèrent à imprimer l’ouvrage en 1657, avec l’intention d’en imprimer dix mille exemplaires ; mais la ville de Waradin ayant été prise par les Turcs, le 27 août 1660, alors que la moitié seulement de la Bible avait été imprimée, quatre mille exemplaires furent perdus ou détruits ; les autres furent sauvés en étant transportés à Claudiopolis, appelée aussi Clausenberg, ou Coloswar, en Transylvanie ; où Abraham Kertesz, l’imprimeur, ayant enlevé l’imprimerie, l’édition fut achevée en 1661.+

+ Clément, sup.                   

Une autre édition (la sixième) de la Bible a été éditée à Amsterdam en 1684-5, 8 vol., par Nicholas Kis M. Totfalusi ; qui imprima en même temps le Nouveau Testament et les Psaumes, en 12mo. On dit que cette édition est belle et correcte.++

++ Clément, sup.

Les éditions précédentes ont toutes été publiées par des personnes qui n’avaient aucune union avec l’Église de Rome ; en outre, une traduction a également été faite de la Vulgate, selon les sentiments de cette église, par George Kaldi, jésuite, et imprimée à Vienne, 1626, in-folio.

George Kaldi naquit à Tirnau, en Hongrie, vers 1572. Il entra dans la société des Jésuites, à Rome, à l’âge de vingt-six ans ; et prononça ses vœux le 27 mai 1612. Lui et les autres membres de son ordre ayant été bannis pendant les violentes émeutes qui agitaient son pays natal, il se rendit à Olmutz, en Moravie, et devint professeur de théologie morale dans cette université. Après avoir rempli plusieurs autres fonctions, il retourna à Tirnau, dont il fut nommé supérieur et recteur ; mais il se retira ensuite au collège qu’il avait fondé à Presbourg ; où il mourut, le 30 octobre 1634, âgé de soixante-deux ans Outre sa traduction de la Bible, il publia un volume de sermons, et en laissa deux autres prêts à être imprimés, étant considéré comme l’un des prédicateurs les plus éloquents de la Hongrie. Il fit aussi imprimer en langue hongroise les Évangiles et les Épîtres de toute l’année, tels qu’ils étaient lus à la messe, Vienne, 1629. On dit de lui qu’il était ardent, courtois et ferme ; et très estimé par les rangs inférieurs et supérieurs de la société civile.

♦ Legambe, p. 156. Kortholtus, De variis Script. Édit. C. 31, p. 373.

En Bohême, les persécutions soulevées contre les Unitas Fratrumou Frères de Bohême, empêchèrent que les Écritures fussent imprimées aussi fréquemment en langue vernaculaire, qu’il est probable qu’elles l’auraient été autrement, et arrêtèrent considérablement la diffusion des écrits sacrés, bien que quelques tentatives fussent néanmoins faites pour répandre la connaissance des vérités divines contenues dans la Bible. Le Nouveau Testament, avec annotations, a été publié en langue bohémienne en 1601, in-4°, par Zachariah Aston, père, et une édition de toute la Bible a été imprimée en 1613, petit in-folio, à Prague, d’après Le Long ; mais d’après Baumgarten et Adler, à Kralitz ; et fut la seule édition complète de la Bible de Bohême publiée pendant tout ce siècle.+

+ Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, pp. 440, 442. Le Long, tom. i, p. 439. Adleri Bibliotheca Biblica, pt. iv, Plut. 46, p. 132.

Les cruautés exercées sur les Frères unis, tant par les catholiques que par les luthériens, pendant les troubles qui agitèrent la Bohême et les pays environnants, ont été détaillées, à l’infamie durable de ceux qui les ont promues, par les historiens des Frères, mais ne peuvent être considérées dans le présent ouvrage que dans la mesure où elles se rattachent à l’histoire de la connaissance biblique. et la circulation des Écritures. Les malheureux souffrants avaient cependant trop de raisons de se plaindre de ce que ces hommes insensibles, qui criaient : « Ravage et lâchez les chiens de guerre », n’étaient que peu gouvernés par le respect des saintes écritures, et dans de nombreux cas déversaient une malice furieuse contre le livre de Dieu lui-même. D’après le témoignage même d’un ennemi et d’un apostat++nous apprenons que les Frères de Bohême « parlaient beaucoup de s’aimer les uns les autres ; s’insurgeait beaucoup contre le luxe de l’habillement et les autres vices ; chassèrent de la communauté ceux qui avaient mal agi et qui ne s’étaient pas réformés après trois remontrances ; et tous se vantaient de comprendre l’Écriture, et qu’en effet ils pouvaient, en dire une grande partie par cœur.״ Quand donc ils furent chassés de leurs habitations, d’abord par l’expulsion de leurs ministres de Prague et des villes libres en 1624, puis par l’expulsion de toute la noblesse protestante, et la confiscation de leurs biens en 1627 ; beaucoup de ministres se cachèrent dans les montagnes et les cavernes, et visitaient secrètement leurs congrégations ; et les membres de la congrégation qui restaient en Bohême, cachaient très soigneusement leurs Bibles et autres livres protestants, souvent à leurs maris ou à leurs femmes, à leurs enfants ou à leurs serviteurs, en qui ils ne pouvaient pas avoir confiance, et les lisaient en secret, sauf lorsqu’ils pouvaient parfois saisir une occasion d’édifier leur famille avec eux. Des édits ultérieurs défendirent à tous les barons, nobles et citoyens, d’avoir des précepteurs protestants pour leurs familles ; et déclarèrent les protestants sans protection des lois, tandis que leurs enfants leur étaient violemment arrachés, enfermés dans des monastères et placés sous des instructeurs catholiques. Les mêmes mesures violentes furent prises à l’égard des livres qu’ils avaient publiés et des Bibles qu’ils possédaient. Des milliers de Bibles furent brûlées publiquement, quelques-unes sur la place du marché, comme à Fulneck ; d’autres hors des murailles, comme à Zatetz, Trautenau, et en d’autres lieux ; et d’autres à la potence ou au lieu de l’exécution criminelle, comme à Hradisch. Georges, baron de Nachod, qui avait apostasié de la religion réformée, prit ses Bibles, qu’il avait autrefois fait relier de soie et orner d’or, les dépouillèrent de leurs magnifiques couvertures, de leurs ornements d’or et d’argent, et ordonnèrent (horrible à dire !) qu’on les jetât en sa présence dans l’égout commun ! Don Martin, un autre agent des persécuteurs, fit proclamer que quiconque aurait des Bibles, ou d’autres livres évangéliques, serait condamné à une amende de cinq cents florins, ou à cinq semaines de prison, s’il ne les livrait pas immédiatement ; et tous les livres qu’on lui apporta à la suite de cette proclamation, il les brûla hors de la muraille, écartelant les soldats sur tous ceux qui refuseraient d’obéir à ses ordres. Les ennemis des protestants poussaient leur violence à un tel excès, que lorsqu’on voulait être convaincu de leurs erreurs par l’Écriture, ils ne répondaient que par des railleries et des railleries, accusant la Bible d’imperfection et d’obscurité ; l’appelant la fontaine de l’hérésie et le sanctuaire des hérétiques ; affirmant que les laïcs n’y étaient pour rien ; et le désignant blasphématoirement par le terme Wiblia, qui dans la langue bohémienne signifie « vomi ».

++ Lord WiHiam, de l’ancienne et noble maison de Slavata, qui avait été élevé parmi les baptistes moraves, mais qui embrassa ensuite le papisme, et devint chancelier du royaume de Bohême, vers le temps de Ferdinand II. Voir Robinson’s Eccles. Researches, p. 534.

 Clément, Bibliothèque Curieuse, t. III, p. 441. Schelhornii Amœnitates Literariae, tom. VIII, p. 368 et 483. Mise en garde contre le Prétendant, pp. 29-33. Lond., 1723. Crantz' Hist, of the Brethren, pp. 67, 87.

Vol. IL—32

Pour encourager ceux qui souffraient ainsi, et autant que la situation de détresse du pays le permettait, à fournir des bibles, le pieux et savant Jean Amos Comenius, président ou évêque de l’Unitas Fratrumou Frères de Bohême, publia un catéchisme, qu’il fit imprimer à Amsterdam, en 1661 ; et un Manuale Biblicum, ou « Moelle de toute l’Écriture sainte », contenant des extraits de la Bible en langue bohémienne, et imprimé à Amsterdam, 1658, in-12. Ces livres, ainsi que d’autres qu’il a publiés, il les envoyait par des personnes de confiance à ceux qui étaient dispersés et à ceux qui restaient dans leur pays natal ; et particulièrement, vers l’année 1663, il employa John Kopulansky, qui visita la Moravie, la Hongrie et la Pologne.+

+ Ibid., p. 77 et 89. Adleri Biblioth. Biblique, t. iv, Plut. 46, p. 136.

Avant de quitter l’histoire biblique de l’Allemagne et de ses dépendances proches ou lointaines, il convient de noter le COLLÈGE PHILOBIBLIQUE, OU SOCIÉTÉ, comme on l’appelait, qui a été établi parmi les étudiants et les professeurs de l’université de Leipzig. Cette institution a été fondée par quelques-uns des diplômés de l’université, qui se sont réunis vers l’année 1688 pour des conférences privées, l’étude des Écritures et la réglementation de leurs activités académiques. L’un des principaux promoteurs de ce projet fut M. Franck, plus tard le professeur Franck. Leur pratique originelle était, pour l’un des membres de la société, de lire une partie de l’Ancien Testament en hébreu, ou du Nouveau Testament en grec ; et après qu’il eut expliqué le texte d’un œil critique, les autres firent part de leurs observations à ce sujet. Le résultat de leurs pieux travaux fut une attention accrue aux Écritures parmi les étudiants, et une diffusion plus générale de la religion et une solide érudition. Les candidats à la théologie qui avaient négligé leurs études bibliques pour des recherches métaphysiques étaient convaincus de la nécessité de s’appliquer diligemment à l’examen des textes originaux du volume divin ; plusieurs en lisent à peine d’autres ; et la demande d’éditions grecques du Nouveau Testament devint si grande, que les libraires purent difficilement s’en procurer une quantité suffisante. Ces effets extraordinaires furent néanmoins traités avec mépris par d’autres de moins grande piété, et le terme piétiste fut inventé et appliqué par dérision, d’abord à la membres du Collège Philobiblique, puis aux auditeurs de M. Franck et à ceux qui ont assisté aux exercices bibliques ; et enfin, à tous ceux qui ont été éminents pour la dévotion religieuse et l’intégrité. L’opposition s’étant une fois soulevée, les premiers instruments du piétisme furent bientôt bannis de Leipzig ; mais leur déplacement en d’autres lieux n’a fait que répandre plus généralement la lumière sacrée ; et l’érection de l’orphelinat de Glaucha, près de Halle, en Saxe, perpétuera la mémoire du professeur Franck, lorsque les noms de ses adversaires se perdront dans un oubli mérité.

Tournons-nous maintenant vers le DANEMARK, qui présente une histoire intéressante des travaux bibliques, et que l’auteur est en mesure de présenter au lecteur à partir des précieuses et exactes communications du Dr Henderson.

Au début de ce siècle, des efforts ont été faits pour étendre la connaissance de la parole divine, sous les auspices de Christian IV. Ce monarque, le plus grand que le Danemark ait jamais eu, était lui-même très attaché à l’étude des Écritures. Même jeune, il lisait régulièrement plusieurs chapitres tous les matins et tous les soirs ; et il n’est pas douteux qu’il ne se soit familiarisé de bonne heure avec les vérités incomparablement nobles et sublimes qui sont contenues dans le volume de l’Apocalypse, et qu’il n’ait eu une influence considérable dans la formation de ce caractère qui a excité la révérence et l’admiration de la postérité. Un nombre considérable de nouveaux règlements furent faits pendant son règne, qui avaient pour but d’éradiquer complètement tout vestige de superstition de ses États. On s’occupa davantage de l’éducation de la jeunesse ; et en multipliant les petites éditions des Écritures, les classes les moins aisées de la communauté avaient un plus grand accès à ces sources inépuisables de sagesse et de connaissance.++

+ Vie de Christian IV de Slang. Trad. allemande, t. I, p. 65.

++ Le manuscrit d’Henderson.

2

La première qui se présente à notre attention est une édition du Nouveau Testament, imprimée à Copenhague, en 1604. Il est en deux colonnes, ornées des insignes des évangélistes, et des gravures sur bois habituelles de l’Apocalypse.

Cette édition du Nouveau Testament n’a été conçue que comme un approvisionnement temporaire, jusqu’à ce qu’une impression plus correcte des Écritures puisse être publiée en petit format, pour la commodité de ceux qui n’étaient pas en mesure de se procurer la Bible in-folio. Hans Aalborg, libraire, et Nicholas Swabe, maître de la monnaie à Copenhague, avaient obtenu le privilège d’imprimer une telle édition, à leurs frais, en 1603 ; et une lettre royale avait été adressée au docteur Claudius Theophilus, recteur de l’université, datée de Colding-Palace, le 24 novembre 1603 ; mais aucune mesure efficace ne fut prise jusqu’à la fin de l’année 1604, lorsque le roi envoya chercher le docteur Resen et s’enquit de la cause de ce retard. Comme ce savant personnage eut par la suite la main principale dans l’ouvrage, qui fut distingué par le nom de Bible de Resen, nous présentons une brève esquisse de sa vie.

Hans Paulsen Resen , D. D., évêque de Zélande, est né dans le village du même nom dans le Jutland en 1561. À l’âge de onze ans, il fut mis à l’école ; et après avoir passé neuf ans dans les écoles de Holtsbroe, de Ribe et de Viborg, il fut envoyé, en 1551, à l’université de Copenhague, où, la même année, il obtint son diplôme de bachelier en philosophie. Obligé de quitter la métropole par l’éclatement de la peste en 1583, il retourna dans son pays natal, et fut aussitôt engagé par son vieux maître comme co-recteur de l’école de Viborg. Cependant, il ne resta pas longtemps dans cette situation, ayant été nommé précepteur d’un jeune noble, du nom de Rosenkrantz, avec lequel il voyagea en Italie, en Sicile et à Malte. À son retour au Danemark, en 1591, il fut immédiatement nommé professeur extraordinaire de théologie et professeur de logique à l’université de Copenhague. En 1597, il fut nommé professeur ordinaire de théologie et, la même année, il obtint son doctorat. Lorsque Christian IV. vint en Angleterre, en 1606, pour rendre visite à son beau-frère, le roi Jacques, il choisit Resen et Vénus pour l’accompagner. C’est là que le docteur Resen eut l’occasion de faire connaissance avec des hommes de la plus haute réputation de la république des lettres, et qu’il recueillit plus de trente manuscrits anciens et rares, qui furent ensuite présentés par son petit-fils à la république des lettres. bibliothèque universitaire de Copenhague. À la mort de l’évêque Winstrup en 1615, il fut créé évêque de Zélande, charge qu’il remplit, dit Zwergius, avec une grande vigilance et un grand zèle, tant à l’égard de la pureté extérieure de la religion et l’avancement de la vraie piété, jusqu’à sa mort, en 1638. Zwergii Siellandske Clerissie, p. 132-169. Pontopp. Annal. Eccles. Dan. Diplom., tom. iii, pp· 103 à 108. 

 Le manuscrit d’Henderson.

Le résultat de l’entrevue de Resen avec Sa Majesté danoise fut sa nomination pour superviser une nouvelle édition des Saintes Écritures, qui devait être révisée selon les textes hébreux et grecs. En 1605, le Nouveau Testament parut, en deux vol. in-18, imprimé sur du papier ordinaire, avec un petit caractère, mais assez distinct ; et il est remarquable en ce qu’il est le premier de toutes les parties des Écritures danoises dans lequel la division des chapitres en versets est introduite. Une édition du PENTATEUQUE, répondant au Nouveau Testament que nous venons de décrire par la taille, le papier et l’arrangement, fut terminée le 19 avril 1605 ; et on dit qu’il a été imprimé par Niels Michelson, chez John Albert. Le texte de ces éditions est exactement le même que celui de toute la Bible imprimée en 1607.

La Bible de Resen, une fois achevée, fut publiée à Copenhague, en 1607, « avec le privilège spécial de Sa Majesté ». Au verso de la page de titre se trouve le portrait de Christian IV, avec sa devise, Régna firmat pietas, « La piété est la force des royaumes ».

Lorsque cette version fut publiée pour la première fois, elle rencontra un grand succès, probablement en raison de la haute réputation de Resen en tant qu’érudit, et de la considération qu’elle avait été traduite d’après le texte original, avec toute l’aide que l’on pouvait obtenir de l’état avancé de la science et des différentes traductions qui avaient été faites dans les langues européennes. Cependant on ne tarda pas à s’apercevoir qu’elle était très défectueuse en beaucoup d’endroits au point de vue de la perspicacité, par suite de ce que Resen n’avait pas consulté le génie et les propriétés de sa propre langue autant que celles de l’original, étant d’avis que la principale excellence d’une traduction consistait en ce qu’elle était littérale. Pour la même raison, il considérait la traduction allemande de Luther comme trop libre et paraphrastique, et s’en écarte donc fréquemment.

La publication de la Bible de Resen a donné lieu à une célèbre controverse entre Resen et Ivar Stubb, professeur d’hébreu à l’université de Copenhague, qui s’est terminée par l’expulsion du professeur de son bureau, et on dit qu’elle a causé sa fin.

Plusieurs éditions des Psaumes succédèrent à la publication de la Bible de Resen : parmi lesquelles on peut citer une édition imprimée par H. Waldkirch, Copenhague, 1614, in-8°, accompagnée d’un portrait de Luther ; une version métrique par Christian Berg, Copenhague, 1614, in-12, avec les airs de Sobwasser, qui étaient très estimés dans les églises luthériennes d’Allemagne ; une autre élégante version métrique par A, C. Arreboe, qui avait été destitué du siège de Drontheim pour sa vie irrégulière, Copenhague, 1623, 16mo. ; et une petite édition in-folio des Psaumes, imprimée par Tyge Nelson à Copenhague en 1632, aux frais de la noble et bienveillante dame Ellen Marsvin, d’Ellenborg. Le but qu’elle avait en vue en publiant cette édition était que les saintes et sublimes vérités qu’elle contenait pussent être accessibles aux vieillards aux yeux faibles, ce à quoi il est certainement bien fait de répondre, les caractères étant si exceptionnellement grands, que, bien que la taille soit petite folio, il n’y a parfois pas plus de trois versets sur une page.

 Le manuscrit d’Henderson.

Le Danemark possédait alors trois éditions de la Bible, et plusieurs épreuves de certaines parties de celle-ci ; mais les exemplaires ainsi mis en circulation étaient insuffisants pour les besoins de la nation. Dans certaines paroisses, on n’en rencontrait guère d’exemplaires, si ce n’est ceux qui appartenaient à l’église, et un ou deux dans les maisons des nobles, ou d’autres dans l’aisance. C’était particulièrement le cas en Norvège, pays qui s’est toujours distingué de la capitale par l’éloignement des habitants de tous les bienfaits des soins paternels de son souverain ou de l’esprit public des individus. Des représentations à ce sujet furent donc faites au roi par ceux aux frais desquels l’ancienne édition avait été publiée, et une pétition fut présentée, demandant la liberté d’entreprendre une nouvelle impression, que Sa Majesté approuva cordialement. Mais, avant d’accéder à la demande, il a été jugé opportun de consulter l’université sur la manière dont les travaux devaient être exécutés ; qui recommandait la réédition des deux éditions, ou, si l’on n’en choisissait qu’une, la version tirée de celle de Luther, et qui devait être imprimée en in-4to.

Cependant, l’œuvre n’avança guère pendant un certain temps, ce qui était très probablement dû au fait que Sa Majesté avait résolu que la Bible serait in-folio, et au manque d’une somme suffisante pour les dépenses d’une telle entreprise. Des démarches furent néanmoins entreprises pour se procurer du papier et engager un imprimeur ; et une proclamation royale fut publiée, autorisant les lords lieutenants des provinces à lever une somme auprès de chaque église de Zélande et de Norvège, afin de défrayer les dépenses ; à cette occasion, les églises norvégiennes firent preuve d’un esprit de noble libéralité, en contribuant, dans leur grande pauvreté, à une somme non inférieure à quatre mille rix-dollars.

La Bible parut en 1633, en grand in-folio, imprimée à Copenhague, accompagnée de planches. Le portrait de la télévision chrétienne. est inséré avant la préface, et des portraits de rois danois, de plus petite taille, remplissent la bordure. Quelques copies furent imprimées sur parchemin, et présentées par Sa Majesté aux cours étrangères.

Les bénéfices provenant de la vente de cette édition furent ordonnés pour être appliqués à la publication d’une Bible hébraïque et latine, dont les émoluments devaient être consacrés à l’impression d’autres livres utiles et vendables ; et trois cents rix-dollars de la somme avancée par les Norvégiens furent envoyés à Amsterdam, comme contribution à la construction de l’église luthérienne dans cette ville. Le plan de la Bible hébraïque ayant échoué, on rendit compte au consistoire, par lequel il apparut que le bénéfice net provenant de la vente de cette édition de la Bible danoise s’élevait à sept mille dollars ; dont mille furent donnés à la bibliothèque, et deux mille au bibliothécaire ; deux mille ont servi à l’achat de combustible et de chandelles pour les étudiants du King’s College ; et l’intérêt des deux mille autres employés à soulager les veuves des professeurs. Les exemplaires de cette édition continuent de se vendre très bien, même au Danemark. Le Dr Henderson fait observer ,.. « Je ne puis m’empêcher de remarquer que j’ai vu un exemplaire usagé de la Bible de Christian IV exposé à la vente, parmi un certain nombre d’autres livres anciens, à Copenhague, vers la fin de 1813, pour le prix exorbitant de huit dollars en espèces, tandis que j’achetais un exemplaire de la Bible hébraïque de Michaelis dans la même maison pour un et demi. »

 Le manuscrit d’Henderson.

En 1639, on obtint l’autorisation royale de réimprimer la Bible de Resen, l’ancienne impression étant épuisée. Le Nouveau Testament fut d’abord prêt, et fut publié séparément, en 1644 ; et toute la Bible parut en 1647, in-4°. L’ensemble porte un double titre, le premier entouré de figures, et accompagné d’un beau portrait de Christian IV, le second tout à fait simple ; Des doubles titres sont également apposés à chaque partie, l’une ornée de figures, l’autre unie.

Une autre édition parut la même année (1647) en six petits volumes in-8°. Plusieurs auteurs ont également mentionné une édition in-folio ; mais c’est une erreur, parce que certains exemplaires de l’édition in-quarto ont été imprimés sur grand papier, et reliés en format in-folio.+

+Ibid.

Cette révision de la version de Resen est généralement appelée la Bible de Svaning, parce qu’elle a été corrigée principalement par L’ARCHEVÊQUE SVANING, qui a modifié et amélioré la version, selon les corrections et les améliorations que Resen avait laissées en manuscrit.

HANS SVANING, prélat distingué par son érudition et ses capacités, naquit à Horsens, dans le Jutland, le 27 mars 1606. Il continua à suivre des cours particuliers jusqu’à sa quatorzième année, époque à laquelle il fut envoyé au noble séminaire de Soro, où il s’appliqua si intensément à l’étude qu’il en souffrit pour sa santé. Ses parents furent donc obligés de le confier aux soins d’un ecclésiastique, qui le prépara à l’université. Après avoir passé deux ans à Copenhague, il se rendit en Hollande, et profita des leçons du célèbre Sixtinus Amama, professeur de langues orientales à Franeker. En 1629, il retourna à Copenhague, mais retourna ensuite en Hollande et étudia à l’université de Leyde. En 1633, il vint à Oxford, puis visita Paris, où il apprit l’arabe avec Gabriel Sionita. Il retourna chez lui en 1635 et entra dans la chaire de langues orientales, qui lui avait été conférée en 1629, et remplit la chaire avec réputation jusqu’en 1646, date à laquelle il fut nommé professeur de théologie. En 1655, il succéda au docteur Scavenius au siège épiscopal de Zélande, et fut le premier au Danemark, après la Réforme, à être honoré du titre d’archevêque. Il jouissait d’une grande faveur auprès de Frédéric III., et non seulement il usa de toute son influence pour promouvoir en général le bien-être temporel et spirituel de la nation, mais il fut, d’une manière particulière, zélé pour la défense des principes fondamentaux de l’Évangile, en opposition à Lubieniskey, un noble polonais, et à ses partisans, qui avaient été persécutés en Pologne à cause de leur aveu de socinianisme. et s’était réfugié au Danemark en 1660. À cet égard, noble, il était certainement sévère et même intolérant, ce qui, si l’on pouvait invoquer une excuse, ce devait être la crainte de l’archevêque de voir son influence auprès du roi favoriser la diffusion de ses doctrines religieuses et des principes intolérants de l’époque où il vivait. Il mourut le 26 juillet 1668.

 Le manuscrit d’Henderson.

En 1650, 1652 et 1655, des éditions des Psaumes, etc., furent imprimées ; et en 1670 une édition de la Bible a été publiée en petit in-8 à Copenhague, pour l’usage commun, et est donc appelée par le Dr Henderson « The Family and Travelling Bible » ; et en 1690 et 1699, deux autres éditions de la même Bible ont été publiées.+

+Ibid.

Nous avons maintenant retracé les progrès des traductions bibliques vernaculaires au Danemark à travers un autre siècle, et nous avons marqué avec une satisfaction croissante l’émancipation de la parole de Dieu de l’obscurité des langues inconnues de la multitude, par lesquelles la lumière de la vérité de l’Évangile a été diffusée dans cet État septentrional ; et si le peuple avait amélioré la bénédiction de la connaissance des Écritures, La gratification aurait été complète. Mais, comme trop d’autres nations de l’Europe, ils dédaignaient les grands privilèges dont ils étaient favorisés ; « les laissa tomber dans le rang des choses ordinaires ; devint ingrat envers le Donateur ; et étaient finalement sur le point de l’oublier, lui et eux. La sécurité charnelle prenait alors les devants, et l’immoralité sous toutes ses formes monstrueuses suivait dans le train.

 Le manuscrit d’Henderson.

Aucun pays européen ne paraît avoir été plus libre de cette censure que l’île D’ISLANDE, où les mœurs les plus simples et la piété la plus sincère semblent avoir régné parmi ses habitants grossiers. Politiquement soumis à la cour de Danemark, mais séparé de ce royaume par l’intervention de la mer, sa situation isolée le préservait de la contamination des principes irréligieux qui prévalaient dans beaucoup d’États continentaux. Au début de ce siècle, l’excellent évêque Gudbrand avait publié les Écritures en islandais et établi une imprimerie dans l’île. En 1644, Thorlak Skuleson, évêque de Hulum, son petit-fils et successeur dans l’épiscopat, publia une édition de la Bible islandaise, au format in-folio, qui, bien que moins grande que celle imprimée par son grand-père, est néanmoins considérée comme préférable à la fois en papier et en caractères.

Mgr THORLAK, qui s’efforçait ainsi de marcher sur les traces de son ancêtre, avait passé trois ans à l’université de Copenhague et avait exercé les fonctions de recteur et de recteur de l’école diocésaine. Élevé au siège épiscopal de Holum, il s’était adressé à Christian IV. pour la permission d’imprimer une nouvelle édition des Écritures, qui fut immédiatement accordée, et l’édit qui avait été passé en faveur de l’édition de l’évêque Gudbrand fut renouvelé en faveur du présent, et généreusement accompagné d’un don royal de deux cents rix-piastres. En même temps, l’évêque reçut l’ordre de réviser et de corriger l’ancienne traduction, et de la rendre conforme à la version danoise de Resen, ou, comme le suppose le Dr Henderson, à l’édition danoise de 1633, qui a souvent été confondue avec celle de Resen. Dans ce travail, il fut assisté par Svein Jonson, qui avait également étudié à Copenhague et officiait à cette époque comme recteur de la cathédrale de Holum. L’édition est considérée comme remarquable parce qu’elle est la première dans laquelle le texte est divisé en versets ; et cette révision est maintenant considérée comme la version standard des Écritures islandaises.

Trois ans plus tard (1647), l’évêque Thorlak publia un édition, in-8 vol., des Psaumes de David, d’après la version de Gudbrand ; qui a été réimprimé en 1675. Le Long affirme aussi que les Psaumes ont été imprimés séparément en 1619 ; mais le Dr. Henderson suppose qu’il s’agissait soit du Commentaire sur le psaume quatre-vingt-onzième d’Angrim Jonas, imprimé à Holum en 1618, soit d’un recueil de cantiques (psalmabok) sorti de la même presse en 1618, 1619, dont la première édition avait été publiée en 1589.

Théodore Thorlakson (fils de l’évêque Thorlak), qui devint évêque de Skalholt, ayant obtenu de Sa Majesté danoise, en 1685, l’ordre de transporter l’imprimerie sur son propre siège, l’y construisit à grands frais et peines. Il imprima, en 1687 Harmonia Evangelicaou « L’harmonie des récits évangéliques de l’Incarnation, etc., de notre Seigneur Jésus-Christ, selon qu’ils sont décrits séparément par les saints évangélistes, Matthieu, Marc, Luc et Jean », in-8°. Cette harmonie n’est qu’une traduction de celle publiée par Chemnitius, Lyserus et Gerhardus, à laquelle s’ajoute un appendice historique.

En passant en SUÈDE, nous constatons que depuis l’époque de la publication de la Bible, sur ordre du roi Gustave Vasa, en 1541, aucune autre édition des Écritures entières n’a été imprimée en langue vernaculaire (si l’on excepte celle d’Upsal, 1576, dont l’existence est douteuse) pendant environ soixante-dix ans ! Il est vrai que quelques petites parties de l’Écriture sainte avaient été imprimées séparément, mais elles étaient tout à fait insuffisantes pour combler le manque considérable de la parole de Dieu. Jacobus Eric Skinner, professeur d’éloquence et de théologie, traduisit et publia les Psaumes à Stockholm, 1604, in-8°. En 1610, les sept psaumes pénitentiels furent imprimés à Rostock, in-8°, d’après la version d’Ægidius Aurelius, syndic de Stockholm, accompagnés de petites coupures grossières. En 1605, une édition du Nouveau Testament fut imprimée à Stockholm, en 4to. ; réimprimé à Stockholm en 1621 ; et à Leyde en 1633.+

En 1602, le synode ou convention de Stockholm décréta qu’une nouvelle édition de la Bible serait préparée et imprimée ; mais l’exécution de ce décret fut, pour diverses raisons, retardée jusqu’après l’avènement du grand Gustave-Adolphe au trône, lorsque ce prince reprit et acheva le projet à ses frais. Le soin de la publication fut confié à John Rudbeck et John Lenæus, qui reçurent l’ordre de conserver le texte de l’ancienne édition, mais d’en corriger les nombreuses erreurs typographiques, et d’ajouter des résumés aux chapitres, des références parallèles, de brèves annotations et les index nécessaires. L’ensemble fut achevé et parut en 1618, in-folio. Le portrait de Gustave-Adolphe est préfixé, et le tout orné de plaques de cuivre.

 Acta Eruditor., A. 1704, p. 343, 344. Lipsiæ, 1704, in-4°. Clément, Biblioth. Curieuse, tom. t. IV, p. 198. Adleri Biblioth. Biblica, t. iv, Plut. n° 41, p. 117

Jean Rudbeck et Jean Lenævs étaient tous deux originaires de Suède ; le premier naquit dans la province de Néricia, et devint professeur de langues orientales et de théologie, et évêque d’Arose ou de Vesteras. Il fut un mécène considérable des lettres, et favorisa particulièrement la publication de la Bible. Il mourut en 1646.+

+Le Long, tom. i, Index Auctor., p. 579. Chalmers, vol. xxvi, p. 444.

Cette édition étant, en quelques années, si complètement épuisée, qu’il n’y en eut pas un seul exemplaire restant à vendre, Samuel Jauchen, imprimeur de Lübeck, entreprit et imprima un autre en 1622, en 4to. ; mais elle était tellement défigurée par des erreurs typographiques et transpositions, qu’elle fut supprimée par un ordre du roi. En 1633, le Le Nouveau Testament a été imprimé in-4°, à Leyde, par Jacob Marcus, avec le privilège de Sa Majesté suédoise. Le même imprimeur (selon les Acta Eruditorum) a exécuté des éditions in-octavo de la Bible entière en 1633, 1634, 1635, 1636 et 1637; mais tous les exemplaires de l’édition de 1637 furent perdus par le naufrage de le navire qui les transportait au lieu de leur destination. Adler signale aussi une édition de la Bible, en in-8°, imprimée par Wailian, Upsal, 1636. L’impression de la Bible dans ce format portatif, dont le privilège était accordée à Marcus par le roi Gustave-Adolphe, peu de temps avant sa mort, à la bataille de Lutzen, en 1632, fut conçue par ce prince pour l’usage de l’armée, et pour la plus grande commodité des citoyens dans leur lecture privée.++

++ Acta Eruditor., A. 1704, p. 344. Adleri Biblioth. Biblica, ut sup. Le Long, t. I, p. 418. Clément, ut sup.

Dans 1624 et 1643, éditions des Évangiles et des Épîtres, telles qu’elles sont lues dans les offices de l’église, ont été imprimées à Stockholm, en in-8 ; avec des coupes grossières insérées. Dans 1623 une « Introduction à la lecture de la Bible » (Den Swensta, A. B. C. Boken, &c.,) contenant des extraits des Écritures, a été imprimé à Upsal, en in-8°, dans Caractères runiques soignés, par Estil Makon : en 1651, un manuel d’écriture a été imprimé à Stockholm, en 12 mois, contenant les Psaumes, les Proverbes, la Sagesse de Jésus fils de Sirach, la Prière de Manassé, les Évangiles et les Épîtres des religieux l’Histoire de la Passion de Jésus et de sa Résurrection, avec une page de titre gravée, par Wolfgang Hardtman ; et en 1654 les Psaumes de David, avec La glose de Luther sur chaque vers, a été imprimée à Stockholm, en in-8°.§

§ Adleri Biblioth. Biblique, t. iv, Plut. 41, p. 122 et 125.

2

Près de trente ans se sont écoulés depuis la publication du dernier in-folio de la Bible, la reine Christine, rendue si célèbre dans l’histoire par son ses réalisations littéraires, sa renonciation à la religion protestante et son abdication de la couronne de Suède, fit imprimer une nouvelle édition à Stockholm en 1646, in-folio, par Henry Keyser, senr., qui a obtenu la désignation de la « Bible de la reine Christine ».

Acta Eruditor., A. 1704, p. 344. Le Long, tom. t. I, p. 418.

Une autre édition de la Bible suédoise a été imprimée à Strengnes, en 1650, 4to., sous la direction de John Matthiæ. Ce savant prélat avait été aumônier de Gustave-Adolphe, et fut ensuite nommé par ce prince précepteur de son sa fille Christina. Élevé au siège épiscopal de Stregnès, il s’efforça de promouvoir l’union entre l’Église réformée et l’Église luthérienne et, dans cette optique, ce qu’il intitulait « Rameaux d’olivier » ; mais ses productions pacifiques étaient, par des édit, publiquement condamné et supprimé en Suède ; et leur auteur, afin de pour apaiser la violence de ses ennemis, fut obligé de démissionner de son évêché, et passer le reste de ses jours à la retraite. Son édition de la Bible, cependant, considérés comme préférables aux copies plus petites, n’en est pas moins excessivement défectueuse, occasionnée par l’omission de versets entiers par la négligence de l’imprimante.+

+ Acta Eruditor., A. 1704, p. 344. Mosheim’s Eccles. Hist., vol. v, sec. 2, II, p. 278 et 279.

Dans En 1655, sous la direction de Charles-Auguste, une nouvelle édition de la Bible in-folio fut imprimée à Stockholm. Elle est dédiée au roi et à la reine ; avec la préface de l' consistoire de Stockholm, par Eric Gabr. Emporagrius. Les plaques de cuivre sont préfixées à l’œuvre ; et les gloses sont jointes à la fin des chapitres. Quelques exemplaires de cette édition ont la date de 1666 sur le titre, mais la vraie date se trouve à la fin de l’Ancien et du Nouveau Testament.++ Elle fut suivie d’une édition in-4°, à Stockholm, en 1657, et d’une autre de même grandeur, sous Charles XI, en 1672. En 1674, une édition in-8 fut imprimé à Stockholm par Nicolas Wankiif. Les portraits du roi Charles sont précédés XI. et son épouse, et du comte M. G. de la Gardie. Une édition du même la taille a été imprimée à Amsterdam en 1688 ; mais on dit qu’il est plus incorrect que n’importe quel précédent. Des éditions ont également été imprimées à Stockholm en 8 vol., en 1684 et 1688. Les nombreuses divergences et erreurs qui s’étaient glissées dans les éditions de les saintes écritures, amena Charles XI, peu de temps avant sa mort, à envisager une nouvelle édition in-octavo, mais l’entreprise ayant été retardée par diverses causes, sa mort en empêcha l’achèvement ; et les types qui avaient ont été préparés à cet effet ont été appliqués à l’impression 01 soignée et correcte éditions d’autres livres ecclésiastiques.

++ Acta Eruditor. ut sup. Adleri Bibliotheca Biblica, t. iv, Plut. 41, p. 118.

Acta Eruditor., A. 1704, p. 345. Adleri Biblioth. Biblica, ut sup.

Les Épîtres et les Évangiles, lus dans les offices ecclésiastiques publics, étaient imprimé à Stockholm 1694, in-8° ; et en 1671 les Quatre Évangiles, dans le Suéo-gothique, ou dialecte suédois vulgaire, par George Stiernhelm, un Suédois nobles§ ont été insérés par lui dans une édition polyglotte des Quatre Évangiles, contenant la version gothique d’Ulphilas ; le Saxo, ou Suéo-Gothiqueet le Nordique, ou Islandais Versions; et la Vulgate latine ; le tout en caractères romains, imprimé à Stockholm, in-4°, sous l’inspection de le comte de la Gardie, chancelier de Suède.§§

§ Voyez le tome I, p. 121, de cet ouvrage.

§§ Le Long, tom. t. I, p. 46, 372, 420.

Les souverains de Suède étendirent aussi leurs pieux soins aux différentes provinces qui dépendent de leur gouvernement, et qui sont directement promues, ou librement sanctionnée, la publication des Saintes Écritures dans les dialectes de Finlande, Livonie, Estonie et Laponie.

La Bible FINLANDAISE a été entreprise à Abo, capitale des duchés de Finlande, à cause de l’université et la plus grande pureté de la langue parlée dans cette ville. Les savants employés à la traduction étaient, Æschillus Petraeus, médecin et professeur de théologie, évêque d’Abo ;§§§ Martin Stodius, professeur de langues orientales à l’université d’Abo ; Grégoire Matthæi, curé de Puken ; et Henry Hoffman, professeur de théologie, et curé de Maschoen. Il est dédié à la reine Christine, dont le portrait est préfixé, gravé par Sigism Vogel ; et a une page de titre gravée. Gravures sur bois sont insérés ; et les gloses marginales de Luther sont jointes aux chapitres. Il a été imprimé à Stockholm, in-folio, par Henry Keyser ; et réimprimé en 1644, dans fol.|| Une autre traduction a été faite par Henry Florin, originaire de Finlande, pasteur, et prepositus ou surintendant, de Pæmaren, mort en 1705. Son a été publiée à Abo, 1685, in-4°, et est dédicacée, en finnois, à Charles XI.

§§§ Il mourut en 1657.

|| Le Long, t. I, p. 447. Placcii Theatr. Anon., tom. t. I, p. 671. Adleri Biblioth. Biblica, t. iv, Plut. 42, p. 126. Walchii Biblioth. Théolog., Tom. t. IV, p. 99.

 Adleri Biblioth. Biblica, ut sup. Le Long, tom. i, p. 447.

Le Nouveau Testament en LETTON, ou LE LIVONIEN, un dialecte de Slavonie, a été imprimé à Riga, 1685, in-4°, sous les auspices de Charles XI, édité ou traduit par John Fischer, professeur allemand de théologie, et général surintendant de la Livonie. Il se retira ensuite à Magdebourg et mourut après J.-C. 1703. La publication du Nouveau Testament fut suivie de celle de l’ensemble Bible, imprimée à Riga, 1689, in-4°. Cette traduction, qui a également été exécutée par John Fischer, aurait été fabriqué immédiatement à partir de l’hébreu et du grec Originaux; et non de la version allemande de Luther, comme plusieurs autres. C’est vrai dédié au roi Charles XL par le traducteur, qui en profite pour faire l’éloge funèbre la bienveillance du souverain, qui n’avait pas seulement ordonné la publication de l’édition, mais il fournissait toutes les dépenses nécessaires, et plaçait ainsi le divin entre les mains d’un peuple abandonné à l’ignorance, et réduit à l’ignorance un état de barbarie épouvantable, comme de vivre presque dans l’athéisme réel, et dans superstitions dignes des païens. Il ajoute qu’en l’espace de quelques années, le projet de création d’écoles pour l’instruction des habitants de la Livonie et la Courlande, qui parlaient la langue lettone, et pour leur avoir appris à pour les délivrer de leur grossière et déplorable ignorance, avait par de nombreuses personnes ont été jugées tout à fait impraticables. Il ajoute que le peuple s’étaient opposés à ces institutions salutaires, mais que, les efforts leur avait été fait pour leur donner les Écritures dans leur langue maternelle, la grâce de Dieu s’était tellement manifesté parmi eux, qu’ils n’étaient pas seulement devenus disposés à mais avait fait des progrès étonnants dans la connaissance de la vérité. Seulement quinze cents exemplaires de cette édition ont été imprimés, en raison de la difficulté de l’obtention de papier de France pendant la guerre. Un incident qui le respecte mérite, Toutefois, à noter : le navire qui transportait le papier pour le l’édition a été prise par un pirate, qui, après avoir été informé que le journal était destiné à une impression de la Bible, relâcha instantanément le vase, avec son cargaison, et le laissa poursuivre son voyage. L’ensemble de l’impression était bientôt épuisée, et l’on ne put en obtenir une copie qu’avec la plus grande difficulté, ce qui a donné lieu à l’entreprise d’une autre édition, au début de la siècle suivant. —Georges Eiger, Livonien, entré dans l’ordre des Jésuites en 1607, et publia en 1620 un ouvrage intitulé « Instituts chrétiens », dans sa langue maternelle, Alegambe dit qu’il a aussi traduit les Évangiles en lotanique, ou Lettish, mais il ne semble pas que la version ait jamais été imprimée ou non.♦♦

 Le Long, tom. i, p. 447. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, p. 162. Adleri Biblioth. Biblica, pt. iv, Plut. 50, p. 145.

♦♦Alegambe, Biblioth. Script. Soc. Jesu, p. 155.      

Le Nouveau Testament et la Bible lettons ont été accompagnés d’éditions correspondantes du Nouveau Testament et de la Bible, dans le dialecte ESTONIEN, OU ESTHON, le premier en 1686, 4to., le second en 1689, 4to., dirigé par le même traducteur ou éditeur, John Fischer, qui fut Il assista aux deux traductions de Gosekenius, et les entreprit toutes les deux par des commander.+

+ Le Long, tom. t. I, p. 447.

Un Manuel, dans l’un des dialectes lapons, contenant les Psaumes, les Proverbes de Salomon, l’Ecclésiaste, l’Ecclésiastique, les Évangiles et les Épîtres dominicales, et d’autres pactes pieux, a été publié à Stockholm, 1648, 8 vol., imprimé par Henri Keyser. Le traducteur et éditeur était John Jonæ Tornæus, originaire de l' province de Botnie, en Suède, et pasteur à Tornea. Il mourut en 1681.|| Le le manuel précédent n’étant pas généralement compris, à cause de la particularité du dialecte dans lequel il a été imprimé, Olaus Stephen Graan, maître d’école, et pasteur de Lyckzele, dans l’Umea-Lappmark, a compilé un autre manuel lapone, un dialecte plus généralement compris, contenant des extraits du dominical et du Gospels and Epistles, qui a été imprimé à Stockholm en 1669, 8 vol., par Nicolas Wankiif.§

|| Ibid., tom. i, p. 447 ; et Index Auctor., p. 585. Adleri Biblioth. Biblica, t. iv, Plut. 43, p. 128.

§ Le Long, tom. i, p. 447 ; et Index Auctor., p. 558. Adleri Biblioth. Biblica, ut sup.

J. Scheffer, dans son Histoire de la Laponie, fournit les informations suivantes l’information relative aux tentatives qui ont été faites pour diffuser la connaissance sacrée parmi les indigènes de ce morne pays, sous la sanction des Suédois souverains :—

" Les écoles ont été instituées pour la première fois par Gustave-Adolphe, et je suppose dans la ville de Pithen, quelque chose avant l’année 1619, car cette année-là Nicolaus Andræa, ministre de Pithen, lui dédie son Rituel, en signe de remerciement et recommandation pour cela sa piété. La raison pour laquelle Gustave-Adolphe a fondé principalement parce qu’il voyait que les Lapons ne profitaient que très peu de la prédication des prêtres suédois dans une langue étrangère, comme ils l’avaient fait jusqu’alors. D’ailleurs, la rudesse de l’air et la grossièreté de l’alimentation tuaient une grande partie des prêtres, qui s’étaient accoutumés à un meilleur climat, et qui rendaient les autres plus ne voulant pas subir ces épreuves ; C’est pourquoi la première école a été instituée À la charge de Nicolaus Andræa, qui fut aussi commandé, pour une meilleure promotion de la connaissance, de traduire les livres utiles et nécessaires du suédois dans la langue laponde : pour avant cela, les Lapons ignoraient tout des lettres, et n’avaient pas un livre écrit dans leur langue ! Le le premier qu’ils avaient, je suppose, était l’Abécédairetel que les enfants ont l’habitude de l’apprendre, contenant les principales têtes de l’Église chrétienne. religion, c’est-à-dire les Dix Commandements, le Symbole des Apôtres, le Notre Père, et semblables, compilées par ledit Nicolas, comme il en est lui-même témoin. Il de même fut le premier qui publia le Rituel en langue laponde ; le Il existe aujourd’hui un livre imprimé à Stockolm par Ignatius Meurer, sous ce titre, Liber Cantionum quomodo sit celebranda Missa sermone Lappico. Ceux-ci étaient les éléments dans lesquels ils ont été instruits pour la première fois ; Par la suite, il y a eu d’autres livres imprimés, parmi lesquels un manuel traduit du suédois par Joannes Tornæus, ministre et maître d’école de Tornen, (Tornea.·) D’autre part, par exemple, un encouragement à ceux qui enverraient leurs enfants à l’école, Gustave Adolphe leur accorda de l’argent, non seulement pour leur nourriture, mais aussi pour leurs vêtements, et autres choses nécessaires, avec une allocation pour le maître d’école. Avec ces aides, le Les Lapolands commencèrent à s’intéresser plus sérieusement à la religion chrétienne, qui était ne leur prêchait pas d’autre langue que la leur. Jusqu’à présent, leur ministres n’utilisant que la langue suédoise, ils ont appris quelque chose, mais ont compris ce n’est pas le cas ; et murmurèrent quelques prières, mais ils ne savaient pas quoi ; car parfois il n’y a pas sous la chaire un interprète qui expliqua au peuple, ainsi qu’aux ce que le ministre a dit longuement. Au bénéfice de ce qui précède livres, ils ont commencé à comprendre ce pour quoi ils priaient ; et certains des jeunes de La Laponie, ayant étudié à l’université d’Upsal, a fait de si bons progrès dans le connaissance des arts et des sciences libérales, et de la religion chrétienne, on leur a confié le ministère.

 Scheller’s Hist. of Lapland, p. 27. Oxford, 1674, fol.

Vol. IL—33

Après avoir remarqué la maigre littérature sur les régions gelées de la Laponie, nous revenons dans les plaines de POLOGNE, où les parties en conflit dans l’Église chrétienne s’étaient stimulées mutuellement à la la critique biblique, bien qu’elle ait malheureusement été dirigée plutôt aux subtilités de la controverse théologique qu’à la diffusion de la vérité évangélique. Diverses éditions de la Bible ont cependant été publiés par les différents partis, catholique, réformé et anti-trinitaire.

Une édition catholique du Nouveau Testament polonais a été imprimé à Cracovie en 1606, in-4°, réimprimé en 1621-2, in-8°. En 1608, l’ensemble de la La Bible a été imprimée à Hannau, en in-8°, et de nouveau à Cracovie en 1619, fol. Ceux-ci semblent avoir été tirés soit de l’ancienne version polonaise, soit de celle de Jacob Wuyck ; mais à la fin du siècle précédent, ou à la fin du siècle au commencement du dix-septième, Justus Rabus, jésuite, fit une nouvelle traduction de la Bible en langue polonaise, qui a été imprimée en 1657, après son décès.+

+ Le Long, tom. t. I, p. 439.

JUSTUS RABUS, descendant d’une opulente et ancienne famille protestante, est né à Cracovie, en Pologne. Dans sa jeunesse, il a été envoyé poursuivre ses études à Wittemberg, Leipzig, Strasbourg et d’autres universités protestantes. Visiter Paris, il assista aux conférences de John Maldonat, qui l’amena à déserter le religion réformée, et d’embrasser les principes catholiques romains. En 1569, il entra la société des Jésuites, et pendant une vingtaine d’années, il s’est activement engagé en tant que professeur public dans les principales villes de Pologne et de Lituanie ; Il s’en alla alors en tant que missionnaire en Valachie, où il resta trois ans. Par la suite, il accompagna Sigismond III, roi de Pologne, en Suède ; et, à son retour, il fut nommé par l’archevêque de Gnezen pour présider le collège de Kamenieck, capitale du palatinat de Podolie, où il résida jusqu’à sa mort, en avril 1er 1612, à l’âge de près de soixante-dix ans. Il ne comprenait pas seulement le latin et le Le grec, mais aussi le polonais, l’allemand, l’italien et le français.++

++ Alegambe, Biblioth. Script. Soc. Jesu, p. 293.

2                       33*

La version protestante polonaise de la Bible de 1563, qui était celle en général parmi les membres des Églises réformées, étant devenu extrêmement rare, une nouvelle édition de la Bible polonaise a été publiée à Dantzic en 1632, 8 vol., dédié à Uladislas IV, roi de Pologne. Il a été procuré pour les amoureux de vérité sacrée par Paul Paliurus, doyen des églises de Grande-Pologne, natif de Moravie, qui mourut l’année même où la Bible fut imprimée. Lui, avec Daniel Mikolaïevius, surintendant des églises de Grande-Pologne, et Thomas Wengierscius, qui avait le principal travail de l’entreprise, étaient les réviseurs ou traducteurs de cette édition. Pour rendre la version plus correcte, ils ont consulté non seulement l’ancienne Bible de Brescia, mais la version bohémienne de 1579, 4to., La traduction du Nouveau Testament par Bèze, et la version de Junius et Tremellius, en plus de collationner le tout avec l’hébreu et le grec originaux.

Malheureusement, cette traduction a été l’occasion d’une grande opposition à la les églises réformées de Pologne ; elle souleva contre eux presque toute la nation, et a servi de prétexte pour brûler des milliers de Bibles polonaises, les rendant ainsi plus rare encore, à l’époque même où les réformés s’efforçaient de rendre les Écritures plus généralement parmi les membres de leurs églises. La transposition d’une seule lettre était la cause de tous ces maux. Dix correcteurs de la presse avaient revu sept fois la feuille de cette édition, et n’avaient pas remarqué l’erreur ; consistait à mettre do for od, dans Matth, iv, 1, équivalent à une insertion de to for by dans la version anglaise. À peine l’édition était-elle sortie de la presse, que les ennemis de la cause protestante s’élevèrent contre les réformés, et s’écrièrent contre eux comme corrupteurs de la parole de Dieu. John Wonzyk, archevêque de Gnezen, convoqua un synode à Varsovie en 1634, au cours duquel cette Bible fut prohibé, sous peine d’anathème et d’excommunication ; Pape Urbain VIII, le Le 29 juillet de la même année, confirma la décision par son approbation formelle ; et les Jésuites n’ont cessé depuis de suivre le décret, en achetant et en brûler tous les exemplaires de cette édition, et des éditions ultérieures de cette qui se sont mis en travers de leur chemin. La Bible Dantzic étant ainsi exposée à efforts constants pour la détruire, devint bientôt difficile à obtenir : une copie, à l’exception de la correction des erreurs, a été imprimée à Amsterdam, 1660, in-8°. En outre, Le Long mentionne une édition imprimée à Dantzic, 1635, in-8°, et un autre à Amsterdam, 1658, in-12 ; mais ni Walch ni Pinkerton ne s’en aperçoivent l’un ou l’autre.+ Le Nouveau Testament a été imprimé séparément en 1601, in-4°, et en 1606 et 1632, à Dantzic, in-8°.++ Les Évangiles et les Épîtres, lus dans les offices ecclésiastiques publics, étaient aussi imprimé à Dantzic, avec l’allemand en colonnes parallèles, en 1675 et 1697, in-8°. ; et une version catholique de l’Apocalypse, avec un court commentaire, par Alb. Sulkowsky, jésuite, Dantzic, 1694, 8 vol.§

Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, p. 195. Pinkerton’s Letters, p. 29.

+ Voir Walchii Biblioth. Theolog., tom. t. IV, p. 131 ; et Pinkerton’s Letters, ut sup. ; et Le Long, tom. t. I, p. 440.

++ Le Long, tom. i, ut sup.

§ Adleri Biblioth. Biblica, t. iv, Plut. 48, p. 141.

Les Anti-Trinitaires, qui étaient nombreux en Pologne, ne l’étaient pas tout à fait inattentif à la publication de certaines parties de la Bible, en particulier de la Nouveau Testament, comme contenant la partie des Saintes Écritures dans laquelle le doctrines dont leurs vues différaient si largement des autres du monde chrétien. En 1620, Valentin Smalcius traduit le Nouveau Testament du grec en polonais, qui a été imprimé à Racow, 1620, 12mo. Les Psaumes de David, ainsi que les hymnes utilisés dans les églises des Sociniens, ont été publié par le même traducteur à Racow, 1610, in-12 ; et encore, 1625, 12mo.

Valentin Smalcius est né dans la province de Thuringe, en Allemagne, le 12 mars 1572. Il a d’abord fut recteur de Smigla, en Pologne ; puis curé de Racow, puis de Lublin ; enfin, il retourna à Racow, où il mourut le 4 décembre (ou, selon la tradition). Crellius, 8 décembre 1622. Il est l’auteur de nombreux ouvrages controversés ; et publia un Catéchisme polonais, imprimé à Racow, 1605, in-12, qui fut traduit ensuite en latin par Jérôme Moscorovius, et dédié à Jacques Ier, roi de Grande-Bretagne. Une autre édition du Nouveau Testament polonais a été publiée par les Sociniens, imprimé à Amsterdam par J. Krellius, 1686, in-8 ; et un troisième, ou le même avec un titre différent, également mentionné par Adler comme étant dans la bibliothèque du roi de Wurtemberg.+

Sandii Biblioth. Anti-Trinitar., pp. 99-105.

+ Adleri Biblioth. Biblica. ,ut sup.

Dans le dialecte LITUANIEN, un traduction de la Bible, conjecturée comme étant tirée d’une version polonaise, a été par Samuel Boguslaus Chylinski, Lituanien de naissance et luthérien par profession. Il fut imprimé en 1660, à Londres, où le traducteur mourut en 1668. La seule partie de cette Bible dont on a découvert l’existence jusqu’à présent est une fragment sans titre, et ne s’étendant pas plus loin que les Psaumes, heureusement obtenu par M. Quandt, un ecclésiastique prussien.++ Les Psaumes, en lituanien et en allemand, ont été publiés en 1625 ; et le Nouveau Le testament a été imprimé à Strasbourg, 1700-1, in-4°.§ Clément donne ce qui suit compte rendu de la version d’où ils ont été tirés :—John Bretkius, de Bammeln, près de Friedland, et curé de Labiau, fut le premier qui s’appliqua à la traduction des Saintes Écritures en dialecte lituanien. Il commença traduction du Nouveau Testament le 9 octobre 1579 ; et ayant été appelé à la l’église lituanienne de Koningsberg, il a procédé avec les Psaumes et les autres livres de l’Ancien Testament, et compléta toute la Bible en 1590. Il n’avait pas le plaisir, cependant, de voir sa traduction imprimée ; mais il s’est contenté en le déposant à la bibliothèque royale de Koningsberg. Le manuscrit de la Nouvelle Le Testament et les Psaumes occupaient trois vol., in-4to. ; et le reste de l’Ancien Testament rempli de cinq vol., in-folio. Jean Rhésa, le successeur de Bretkius, avec l’aide de quelques autres ministres connaissant la langue lituanienne, corrigea sa version des Psaumes, qu’il publia avec l’allemand de Luther version en 1625 ; avec une préface du révérend John Behme, premier aumônier de la l’électeur George William, sur l’ordre duquel il a été imprimé. Les circonstances de l' XVIIe siècle ne permettant pas l’impression de toute la Bible de ce le Nouveau Testament a été imprimé en 4to., aux frais de Frédéric I., roi de Prusse, avec une préface du révérend Bernard von Sanden, premier aumônier du roi, et ensuite évêque de Prusse, qui l’offrit à ses majesté le jour de son couronnement, le 18 janvier 1701. La préface contenait un bref historique des versions vernaculaires en général ; la traduction s’est adaptée au dialecte parlé en prussien Territoires.

++ Guil. Crowæi Elenchus Scriptorum in Sacram Scripturam, p. 22. Lond., 1672, small 8vo. Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iv, p. 165.

§ Adleri Biblioth. Biblica, t. iv, Plut. 49, à la p. 143.

Si nous nous tournons vers LA RUSSIE, nous ne trouvons que une édition de toute la Bible en langue russe, ou plutôt en langue slavonne, imprimé pendant tout ce siècle. Il est tiré de l’édition d’Ostrog de 1581, et imprimé à Moscou, 1663, fol., sous les auspices du czar Alexeï Michaëlovitch. Il est imprimé sur du bon papier, avec de beaux lettres, en doubles colonnes.♦♦ Une édition du Nouveau Testament, avec les Psaumes chantés dans les églises, a été imprimé à Wilna, 1623, in-8°. Les Quatre Évangiles semblent également avoir été publiés in-folio en 1698 ;§§ et les Psaumes, de l’édition de 1663, ont été imprimés au monastère de la Saint-Esprit, à Kiow, 1691, 4to.|| Outre ces éditions, Le Long note que les Psaumes, imprimés à Wilna, 1629, 32 mo. ; de nouveau à Venise, avec le Bréviaire, 1658, in-4°. ; et deux éditions du Nouveau Testament sans date.+++ Le Long affirme aussi qu’une édition de la Bible entière en 1698, et de la Nouvelle Testament en 1702, ont été imprimés d’après la traduction d’Ernest Gluck, un Livonien prêtre; Mais ce grand bibliographe a été induit en erreur par les inexactitudes de quelques-unes des revues critiques de l’époque. Ernest Gluck était surintendant et premier pasteur de l’église de Marienburg, qui, désireux de placer la Bible entre les mains des laïcs, à qui la langue slavonne ou russe ancienne était devenu presque inintelligible, déterminé à tenter une version de la Écritures en russe, ou dialecte russe moderne. Il avait fait des progrès dans sa traduction du Nouveau Testament du grec, assisté d’un quand Marienburg fut prise d’assaut et prise par le général Sheremitoff, ses biens furent pillés, le manuscrit détruit et lui-même emmené captif à Moscou. Ce compte-rendu que le baron Huiissen a reçu de Gluck lui-même, en 1704. Après que ce savant ecclésiastique eut été fait prisonnier à Moscou, Pierre Ier lui accorda un traitement de trois mille roubles par an, pour l’établissement d’une académie ou d’un gymnase. Il mourut en 1705.

♦♦ Clement, Bibliothèque Curieuse, tom. iii, p. 445. Kohlii Introd, in Hist, et Rem Literar. Sclav., lib. i, pp. 10-16.             

§§ Le Long, tom. t. I, p. 442.

♦L’état actuel de l’Église de Consett Russie, Préface, pp. xviii-xxii. Lond., 1729, 8 vol. Acta Eruditor., A. 1705, p. 240, 382 et 383. Le Long, tom. t. I, p. 441.

L’état de l’Église russe pendant ce siècle fut des plus déplorables ; l’ignorance la plus profonde et les superstitions les plus lamentables partout prévalait, accompagnée d’une corruption générale des mœurs, et presque barbarie universelle. Pendant de nombreuses années, il n’y a pas eu d’écoles d’éducation ; ni aucun moyens d’instruction, soit par la catéchèse, soit par la prédication ; et même les quelques les savants qui, vers la fin de cet âge, prêchaient au peuple, prêchaient seulement dans la langue slavonne. On croyait que si quelqu’un qui mourait sans repentir a été enterré dans le monastère Petcherski à Kiow, il aurait été sauvé, malgré son impénitence : une autre fable superstitieuse, d’une grande influence, que si l’on n’observait pas les vacances, mais qu’on travaillait à Vendredi, Panitsa+la déesse de ce jour-là, se fâchait contre eux et les suivait avec elle malédictions les plus lourdes. Dans la Petite-Russie, dans le quartier de Starodubski Starodub, ils avaient l’habitude, à un jour fixe, de conduire une femme aux cheveux ébouriffés, sous le nom de Panitsa, et la conduire avec une procession ecclésiastique l’église, où les gens la révéraient et lui présentaient des dons, l’espérance de quelque profit de l’objet de leur vénération païenne : et en un autre endroit où le prêtre et le peuple avaient coutume de prier devant un chêne, et le papaou le prêtre, pour secouer les branches sur les gens, pendant qu’il les bénissait. Un grand nombre d’entre eux les prêtres ignoraient les Saintes Écritures, et lisaient même l’église sans les comprendre, « se contentant de la faculté de s’acharnant sur le service à la hâte et avec précipitation, sans comprendre le vrai sens de ce qu’ils lisaient ou chantaient », et, aussi tard que le à l’époque du tsar Pierre le Grand, en 1722, nous trouvons ce qui suit comme l’un des ses règles pour l’Église de Russie, que « les évêques ne doivent pas seulement observer si les prêtres, les diacres et les ecclésiastiques inférieurs fréquentent les ragoûts, ou, étant ivre, beuglant dans les rues, ou, ce qui est pire, dans leur boisson et halloo dans l’église, ou lire l’office de l’église avec un double ton ; qu’ils soient turbulents dans leurs repas, ou qu’ils aient besoin de divertissements lorsqu’ils visite; et, ce qui est intolérablement honteux, qu’ils se battent dans le Boï Kulachni », (une pièce dans laquelle ils se poussaient publiquement la poitrine l’un de l’autre avec leurs poings, avec leurs gants,) « et pour de tels délits pour les punir sévèrement; mais surtout de leur ordonner de porter un habit décent, que leur robe supérieure, bien que uni, sois pur, et non pas un noir et un autre rouge ; qu’ils ne marchent pas dans un Dron, paresseux, ni couché dans les rues pour dormir, ni boire dans cabacks, » (brasseries ou brandy-houses), « et ne se vantent pas de la force de leur tête dans boire dans les divertissements et autres choses semblables.

+ Panilsaou Vendredisemble être la même que la Vénus des païens, et autrefois adorée par les Russes.

Vers le milieu du siècle, Nicon, le célèbre patriarche de Russie, s’efforça de promouvoir la réforme du clergé et d’éclairer son paysans barbares ; et quoique ses manières fussent fermes et austères, sa mémoire méritera toujours d’être compté parmi les meilleurs bienfaiteurs de son pays. « Il a institué des séminaires pour l’instruction des prêtres en grec et en latin langues étrangères, et enrichit la bibliothèque patriarcale de rares documents ecclésiastiques et manuscrits classiques tirés d’un couvent du Mont Athos.|| Par une révision assidue des Saintes Écritures, et une collation des diverses éditions de l’Ancien et du Nouveau Testament, percevant beaucoup d’erreurs dans les copies imprimées de la Bible et la liturgie utilisées pour le service divin, il obtint du tsar qu’il convoqua un concile général de l’Église grecque à Moscou, qu’il présidait. Par ses arguments, son autorité et son influence, il a été déterminé que le plus ancien la version slavonne de la Bible était exacte, et que les erreurs avec lesquelles les Les copies ultérieures abondantes devraient être corrigées. Il inspectait et supervisait le l’impression d’une nouvelle édition de la Bible de Slavonie, qui est devenue extrêmement rare. Il enleva des églises les images des personnes décédées, auxquelles beaucoup de Russes offraient une adoration aveugle ; il abolit quelques cérémonies qui avait été porté à un excès superstitieux : en un mot, ses travaux tendaient plus à la réforme de l’Église que les efforts conjugués de tous ses prédécesseurs à la chaire patriarcale.

 Voyez Coxe’s Travels into Poland, &c., vol. i, b. iii, ch. iv, pp. 347-360. Lond., 1802, 8 vol.

|| Le Mont Athos, célébré à la fois dans l’histoire ancienne et moderne, est une chaîne de montagnes de Macédoine, tirant leur nom de l’une des et formant une presqu’île qui s’étend dans la mer Égée. Il est habitée par des moines et des ermites, qui sont tenus en si haute estime par les l’église grecque, que ceux qui étudient la théologie sont envoyés dans les monastères la péninsule, comme leurs principales écoles théologiques. Montfaucon, dans sa Palaographia, Graçaa décrit les monastères de cette montagne, appelée la « montagne sainte » tant par les Grecs que par les Turcs ; et notre savant compatriote, le Dr Pococke, il n’en visita pas moins de dix-neuf au cours de ses voyages en Orient. Le le meilleur compte rendu moderne en est donné par M. Walpole, d’après les papiers de la le regretté professeur Carlyle et le Dr Hunt.

« Le nombre total de couvents sur le montagne, observe le professeur Carlyle, se compose de vingt-deux, et chacun d’eux ceux-ci sont pourvus d’une bibliothèque de mss., plus ou moins nombreux selon à la richesse et à l’importance de la société à laquelle il appartient. Le monastères se trouvent à des distances différentes les uns des autres, et, en fait, leurs dépendances de cellules et de fermes, les gens de la péninsule, dans lesquels ils ne sont pas Une femelle de n’importe quelle espèce, même à un mouton ou à une poule, est jamais admise. Leur situation est la plus variée, et en même temps la plus romantique qui soit. peuvent être conçus. Sur les vingt-deux couvents, il n’y en a guère que deux sites similaires ; mais tous sont soit d’une beauté saisissante, soit d’une beauté saisissante magnifique; et chacun semble destiné soit à apaiser l’ennui de la vie, soit pour apaiser solitude, ou pour réveiller les ferveurs de la dévotion. — ↑ Voyez les Mémoires de Walpole relatifs à l’Europe et à l’Asie. Turquie et autres pays de l’Orient, pp. 194-196, 198-220. Lond., 1818, 4à.

Les institutions monastiques de la péninsule était autrefois le grand entrepôt ou le dépôt des manuscrits grecs. d’où, sur la renaissance des lettres, beaucoup de ces précieux mss., particulièrement du Nouveau Testament, ont été obtenus qui ornent aujourd’hui les principales bibliothèques d’Europe. Jacques Lascaris, l’agent actif de Laurent de Médicis, visita l’Orient iu recherche d’anciens manuscrits, et retourna en Italie avec un cargaison de deux cents qu’on dit avoir été trouvée en Thrace, sur le mont Athos, dont quatre-vingts étaient jusque-là inconnus de l’Europe. Aux moines du Mont Athos, en Russie, est également redevable du plus riche de ses trésors littéraires. Dans la bibliothèque du Saint-Synode à Moscou, nous en est informé par M. Coxe, sont cinq cent deux manuscrits grecs, dont la plus grande partie sont recueilli dans l’un des monastères du Mont Athos, par le moine Arsène, à la suggestion du patriarche Nicon ; y compris non seulement des précieux manuscrits du Nouveau Testament et de la Septante, mais aussi d’Homère, Hésiode, Eschyle, Sophocle, Démosthène, Eschine, etc. Voyages en Pologne, en Russie, etc., t. II, p. 50-54, 8 vol., cité dans Illustrations of Prophecyvol. II, ch. xxx, , p. 684. Lond., 1796.

Les efforts acharnés de Nicon pour promouvoir les intérêts religieux et civils de son pays étant combattu par les nobles et le clergé indolents et ignorants, peu de choses ont été faites jusqu’à l’avancement de Pierre Alexiovitch, généralement appelé le Grand, sur le trône de Russie, qui, par ses efforts extraordinaires, la fondation de la grandeur future de l’empire russe.

Avant de conclure nos recherches sur la littérature biblique de ce siècle, nous n’avons pas encore remarqué la version ARMÉNIENNE, et les tentatives qui ont été faites pour communiquer les Écritures dans le langues vernaculaires aux Éthiopiens ou aux Abyssins, et aux Turcs.

Les éditions des Écritures imprimées en langue arménienne au cours de cette siècle ayant été présenté dans un volume précédent, il n’est pas nécessaire d’ajouter quoi que ce soit de plus à ce qui y est dit,  si ce n’est de dire : que, bien que l’on dise communément que cette version a été faite à partir du syriaque, d’autres croient que le texte arménien a été tiré du grec de l’époque Septante; mais les deux opinions sont réconciliées par le savant abbé Villefroy, qui dit qu’il a été « fait d’après le texte grec, mais perfectionné d’après le syriaque ». Dans la bibliothèque du roi de Wurtemberg, il y a une édition de la prophétie d’Abdias, avec une analyse grammaticale, Ac., imprimé à Leipzig, 1680, in-4°. Le rédacteur en chef était ANDREAS ACOLUTHUS, un érudit Orientaliste, professeur au collège de Breslau. Il mourut en 1704. Il se peut que ce soit le cas remarqua en outre qu’un Nouveau Testament arménien, imprimé à Amsterdam, en 1698, 12mo., a été publié aux frais de THOMAS GOLTHAN, archevêque des Arméniens.+

Voir Le premier volume de cet ouvrage, p. 136.

+ Bibliog. Diet., t. VI, p. 210. Onzième rapport de la Société biblique britannique et étrangère, App., p. 44. Le Long, édit. Masch, t. ii, tom. I, sec. 9, p. 180. Adleri Biblioth. Biblica, pt. i, Plut. 15, p. 145.

Les travaux de Job Ludolph et de W. Seaman ont déjà été mentionnés, auxquels il faut ajouter ceux de Louis de Azevedo, Louis de Cardeira, George Nisselius, Théodore Petræus et Ali Beigh.

++ Voir la notep. 487, 488, de ce volume.

§ Voir p. 441 de ce volume.

LOUIS DE AZEVEDO était natif de Portugal, né à Carrazedo, dans l’archevêché de Braga. À dix-sept ans Il entra dans l’ordre des Jésuites à Coïmbre, le 7 décembre 1588. Il il s’embarqua ensuite pour l’Inde, où ses manières exemplaires lui valurent d’être gouverneur élu de la maison des noviciats de Goa. En 1605, il s’y rendit en qualité de missionnaire en Ethiopie ou en Abyssinie, et resta avec Laurentius Romanus en cette situation pénible depuis plus de vingt-huit ans. Pour l’instruction de son convertis, il traduisit le Nouveau Testament en amharique, ou langue royale de Abyssinie; Il a également traduit dans la langue vernaculaire de ce pays, le Commentaires de Fran. Tolède, sur l’épître de saint Paul aux Romains ; de Fran. Ribeira, sur l’épître de saint Paul aux Hébreux ; et de B. Viegas, sur la Révélation. Il mourut le 22 février 1634.||

|| D. B. Machado, Biblioth. Lusitana, ton. III, p. 60. Alegambe, p. 307

LOUIS DE CARDEIRA, (Alegambe l’appelle Caldeira,) né à Freguezia, près de Beja, au Portugal, descendait de parents nobles et riches. Il entra dans l’ordre des Jésuites, en décembre le 25 1600, à l’âge de quinze ans ; et a étudié à l’université d’Evora et à l’université d’Evora Coimbra. Pénétré de zèle pour la conversion des païens, il obtint congé de ses supérieurs pour s’embarquer pour l’Inde, où il s’embarqua en 1611, et arriva sain et sauf avec les compagnons de son entreprise. Il continua à Goa à douze heures années, puis, en compagnie du père Manuel de Almeida, un autre missionnaire, partit pour l’Abyssinie, où il arriva après bien des malheurs ; et après bien des difficultés, il fut admis dans ce pays. Il a consacré plusieurs années à l’étude de la langue éthiopienne ; et être bien doué en musique, l’introduisit dans les services religieux publics des Abyssins. Il était à longtemps banni dans le royaume de Tigre, avec le patriarche Alphonse Mendès ; et mis à mort le 16 avril 1640, dans la cinquante-cinquième année de son âge. En plus d’autres œuvres en langue éthiopienne, il assista Louis de Azevedo dans la traduction du Nouveau Testament dans le dialecte amharique, tel qu’il était parlé à la cour d’Abyssinie.

Jean-Georges Nisseliussavant imprimeur à Leyde, Allemand, né dans le Palatinat, était très versé dans les langues orientales, et publia, outre quelques traités mineurs, le livre de Ruth, 1660, in-4°. ; la Prophétie de Sophonie, 1660, in-4°. ; à la fois dans le Langue éthiopienne, et imprimée sur sa propre presse : les trois épîtres de saint S. Jean, en arabe et en éthiopien, imprimé à l’imprimerie d’Elzévir, 1654, in-4°. ; Cantique de Salomon, éthiopien et arabe, 1656, in-4°. ; et l’épître de saint Jude, 1654, Ito. ; le premier de sa propre presse, le second imprimé par les Elzévir ; (dans deux de ces ouvrages, il fut assisté de Théodore Petræus ;) et enfin, un Bible hébraïque, 1662, in-8°, imprimée sur sa propre presse. Il mourut en 1662, avant que la Bible hébraïque ne fût terminé.+

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Théodore Petræus, ou Petrisavant natif du Danemark, naquit à Flensburg. Le roi du Danemark, Frédéric III, l’envoya en Orient, d’où, à son retour, il ramena un certain nombre de manuscrits bibliques, à partir desquels il publia son Ethiopic et son Arabe Versions. Il était l’ami de Nisselius, à la presse duquel il imprima plusieurs de ses ses savants ouvrages. Il publia la Prophétie de Joël, en éthiopien, avec un à Leyde, 1661, in-4°, avec l’hébreu, l’arabe, le syriaque, les mots chaldéens , coptes et grecs dans la marge ; Prophétie de Jonas, en éthiopien, avec une version latine, et quatre chapitres de Genèse, en éthiopien, Leyde, 1660, in-4°. ; la prophétie de Malachie, en éthiopien, avec une traduction latine, Leyde, 1661, in-4°. ; l’épître de saint Jacques, dans arabe et éthiopien ; et conjointement avec J. G. Nisselius, les épîtres de Jean et Jude, 1654, in-4°. Il mourut en 1673.

Le Long, tom. i, et Index Auctor., p. 575 ; et edit. Masch, pt. ii, tom. i, sec. 5, pp. 135-137 ; et sec. 6, pp. 146, 150, 151, 156.

Ali Beigh, ou Hali Beyde son vrai nom ALBERT BOBOWSKI, appelé aussi Bobovius, était originaire de Pologne. Lorsqu’il était jeune, il a été volé par le Tartares, et vendu aux Turcs, qui, découvrant ses grands talents, l’instruisirent au Sérail vingt ans ; après quoi il se rendit en Égypte, au service d’un homme de haut rang, et ayant obtenu sa liberté, retourna à Constantinople, où son une connaissance intime de plusieurs langues européennes et asiatiques lui valut l’office de Tergjumân Bashi, ou premier interprète de Mohammed IV. En embrassant le mahométisme, il selon l’usage général, changea son nom paternel pour celui d’Ali Beigh. Il a été studieux, et composa plusieurs ouvrages, en particulier une Grammaire et un Lexique de la Langue turque. Il a traduit toute la Bible en langue turque sur l’année 1666, à la demande de Levin Warner, l’ambassadeur des Pays-Bas, qui l’a transmis à la bibliothèque de Leyde, où il est encore conservé dans le manuscrit. Vers 1653, il traduisit le Catéchisme de l’Église d’Angleterre en Turc, à la demande du Dr Basire. Ses tracts sur les « Cérémonies religieuses de les mahométans » ont été publiés parmi les œuvres du Dr Hyde, Oxon., 1767. Il Il a également traduit d’autres ouvrages, dont certains se trouveraient à la Bibliothèque royale à Paris. Vers la fin de sa vie, il se sentit extrêmement mal à l’aise d’avoir embrassé l’islamisme, et se proposait de venir en Angleterre, avec l’intention d’abandonner son infidélité, et d’obtenir un gagne-pain d’une manière compatible avec la profession de christianisme, lorsqu’il fut arrêté par la mort en 1675, à la grande regret des chrétiens de Constantinople, avec lesquels il s’était toujours lié d’amitié. Il dix-sept langues, et on dit qu’il parlait en français, en allemand, et l’anglais, comme un natif.+

+ Hyde, Syntagma Dissertationum, à Greg. Sharpe, LL.D., déchiré, i, p. 247. Oxon., 1767, in-4°. Le Long, édit. Masch, t. ii, tom. I, sec. 8, p. 166.

Nous Nous avons maintenant mené nos recherches à une époque où « la lumière qui s’était levée dans les ténèbres » au siècle précédent s’était avancé vers la splendeur méridienne, et non seulement illumina l’Europe, mais étendit son influence jusqu’aux plus reculés colonies des États européens. Le droit de tout homme de « fouiller les Les Écritures » devint le principe reconnu des églises protestantes ; et même l’Église de Rome était de connivence avec les traductions catholiques vernaculaires entre les mains de ses membres, à la discrétion du autorités compétentes, avec certaines restrictions. Le droit à la libre enquête les Saintes Écritures, par tous ceux qui s’intéressent à leurs vérités inestimables, ainsi généralement et durablement, il devient inutile d’adopter, en nos enquêtes restantes, les mêmes détails minutieux et élaborés faits comme dans le précédent ; et il suffira donc d’enregistrer les des événements plus importants et plus importants relatifs à la littérature sacrée et traductions vernaculaires.