PARTIE II.

DE LA NAISSANCE DU CHRIST À L’INVENTION DE L’IMPRIMERIE.

CHAPITRE IV.

VIe SIÈCLE.

Théodoric le Goth — Cassiodore — Avitus — Version syriaque philoxénienne — Philoxène — Mar Abba — Géorgien Conciles d’Agde, de Tolède et de Vaison — Monastère de Iona—Columba—Culdees—Baithen—Arator—Grégoire le Grand—Augustin—Bibliothèque de la première L’église chrétienne de Cantorbéry — Codex Ephremi — Codices Rescripti — Abréviations.

La fin du Ve siècle et le commencement du VIe siècle présentèrent la fait singulier d’un Goth illettré promouvant les intérêts de la littérature. Théodoric, le souverain des Ostrogoths, ayant envahi et vaincu Italie, se fit proclamer roi. Par une politique sage et conciliante Il maintint ses nouveaux sujets en possession de leurs anciennes lois, qu’il ordonné d’être inviolablement observé ; conservé la même forme de gouvernement, le même répartition des provinces, mêmes magistrats et mêmes dignités ; et la tolérance la plus libérale à l’égard de ceux dont les principes religieux différait de la sienne. Éduqué parmi ses compatriotes barbares, et ses militaire, il était extrêmement illettré et incapable d’écrire son propre nom. Aux fins de la signature des édits royaux, les quatre lettres ΘΕΟΔ., formant les abréviations de son nom, ont été gravées pour lui dans un plaque d’or, et la plaque étant posée sur du papier, il traça la lettres à la plume. Toutefois, cela n’enlève rien au mérite réel de Théodoric, qui, s’élevant au-dessus des préjugés de son éducation, devint le chaleureux patron de l’apprentissage chez les autres. Une preuve de son esprit de discernement a été donnée dans choisissant pour conseiller principal un homme d’une grande érudition et d’une grande intégrité, le célébré Cassiodore. Théodoric meurt en 526.*

Hist. littéraire de Berington, du milieu Âges, p. 103, 104. Beckmann’s Hist, of Inventions, vol. II, p. 214.

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Marcus Aurelius Cassiodorus naquit en Calabre, d’une famille illustre. À l’Italie lui devait son repos, et Théodoric sa renommée. Il avait connu le patronage d’Odoacre ; mais sous Théodoric avait été élevé aux plus hautes fonctions de l’État, qu’il continua d’administrer sous son successeurs jusqu’au commencement de la guerre des Goths.

Il se retira alors de tous les emplois publics et, en 542 apr. J.-C., il construisit un monastère. qu’il a fourni non seulement le nécessaire, mais aussi les commodités, et même les élégances de la vie, telles que les étangs à poissons, les bains, les fontaines, cadrans solaires, etc. À sa retraite, il s’appliqua à des sujets adaptés à son nouvelle vocation. Il employa ses moines aux travaux méritoires de la transcription ; il joua un rôle déterminant dans l’obtention de traductions d’auteurs grecs, et il enrichit son monastère avec une abondante collection de livres. Ceux des moines qui n’étaient pas Il employa de bons scribes à l’agriculture et au jardinage, qu’il leur dirigea sur la base de principes scientifiques. Dans ses écrits, il fait l’éloge de ceux qui s’efforça de se procurer et de multiplier des copies exactes des Écritures sacrées. « L' (antiquarius), dit-il, inflige autant de blessures à Satan qu’il produit des copies. Dans son propre monastère, il ne négligeait rien de ce qui pouvait tendre à l’exactitude des transcriptions de la Bible. « Pour quel bénéfice, » dit-il s’enquiert : « peut résulter d’une multitude de copies incorrectes ? » Et même dans la copie d’autres manuscrits. il s’efforçait avec ses moines de préserver la la phraséologie et l’orthographe des écrits les plus grossiers et les plus désuets qu’ils qu’il nous informe, ils l’ont réclamé à grands cris parce qu’il refusait de moderniser certaines des œuvres qu’ils ont transcrites, et d’éviter ainsi le divertissement et le profit qu’ils devraient en tirer. Dans l' bibliothèque de son monastère, il plaça les originaux hébreux et grecs de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que la version des Septante, et celle de Jérôme aussi comme l’ancien italique ; et a pris soin d’en faire prendre des copies correctes pour le l’usage des moines ; à qui il recommandait une comparaison minutieuse des différents et surtout du texte original, pour la solution de la question difficultés qu’ils pourraient rencontrer dans la lecture des Écritures, ainsi que pour constater, en général, le vrai sens des Saintes Écritures. Il a également été veiller à ce que les copies des Écritures, transcrites sous sa direction, doit être écrit d’une main uniforme et juste ; et que les divers articles et divisions en lesquelles la Bible avait d’abord été divisée par Jérôme, exemple d’auteurs profanes, doivent être soigneusement conservés pour l’hébergement du lecteur. Il a fait plus ; car il n’a pas seulement promu les intérêts de la littérature, par l’exactitude et le nombre de ses transcriptions de la Bible, mais Il a également illustré les écrits sacrés par les délimitations de son crayon. Bede (De Tabernaculo., lib. ii,) qui florissait environ deux cents ans après Cassiodore, mentionne avoir vu une délimitation sciographique du tabernacle, formé à partir de la description donnée par Moïse dans le vingt-sixième chapitre de Exode. Ce grand homme termina une longue vie de piété et d’utilité vers l’année 562.* On peut voir une liste de ses œuvres dans l’Historia Literaria de Cave. Ils ont été imprimés plusieurs fois, mais la meilleure édition est de J. B. Garet, imprimé à Rouen, en 1672, en deux vol. in-folio. Ils se trouvent aussi dans la Bibliotheca Patrumt. XI, p. 1094.

Sixt. Senensi, Biblioth. Sanct., lib. iv., p S61, Colon. Agrip. 1626, in-4°. Hist. critique de Simon, des versions du N. T., t. ii, ch. viii, x. Bibliog. Dictionary, t. II, p. 138.

Vers le commencement de ce siècle, Alcimus Ecdicius Avitus, noble de Gaulois, et archevêque de Vienne, devint célèbre par ses écrits et ses pieux et travail fructueux dans sa charge épiscopale, en particulier dans la Gundobaid, roi de Bourgogne, et son fils Sigismond, avec d’autres, des erreurs d’Arius. Outre d’autres poèmes, il en a écrit un en vers hexamètres, en cinq livres, chaque livre étant approprié à quelque sujet biblique : le premier était : « De la Origine du monde ; » le second, « Du péché originel ; le troisième, » Du jugement de Dieu le quatrième, « Du déluge » et le cinquième, « Du passage sur le rouge Mer. On dit de sa poésie qu’elle était d’une rare élégance pour l’époque rude de l’époque. qu’il a vécu. Il mourut le 5 février de l’an 523.+

+ Berington, ubi sup. Simondi Opuscula, vol. II, S. Opéra Aviti. Paris, 1643.

Philoxenus, évêque de Hiérapolis, aujourd’hui Pambouk, en Syrie, était un autre personnage éminent de cet âge. C’est à lui que nous devons la version syriaque du Nouveau Testament, appelée de lui le Philoxenian. Cette traduction a été faite à sa demande, et sous son patronage, par Polycarpe, son chorepiscopus, ou évêque rural, du grec, en 508 apr. J.-C. En 616 Thomas, natif de Harkel, en Palestine, et évêque de Germanicie, entreprit une révision critique de cette version, et à cette fin il s’est rendu en Égypte afin de de le rassembler avec quelques-uns des meilleurs manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie ; le diverses lectures qu’il plaça ensuite dans la marge de son propre exemplaire, d’où ils paraissent avoir été transcrits par d’autres copistes. Dans l' XIIe siècle Denys Barsalibée, qui était évêque d’Amida, aujourd’hui appelé Diarbékir, de 1166 à 1171, révisa à nouveau la version philoxénienne, et en publia une nouvelle édition. Il n’était cependant que peu connu en Europe avant le milieu du siècle dernier, lorsque l’attention des érudits bibliques y a été adressé, par les excellentes copies qu’il a envoyées d’Amida, par M. Palmer, au révérend Gloster Ridley, ministre de Poplar, près de Londres, et puis prébendier de Salisbury. Le savant Wetstein visita l’Angleterre pour dans ses Prolégomènes, préfixés à sa précieuse édition de le Nouveau Testament grec, privilégiait la publication d’une description particulière de eux. Un compte rendu encore plus détaillé en a été donné en 1761, par M. Ridley, qui, à la demande du professeur Michaelis, a publié un excellent essai sur cette dissertatio de Syriacarum Novi Fœderis versionum indole atque usu ; Philoxenianam cum Simplici e duobus pervetustis Codd. MSS. ab Amida transmisis conf erente Glocestrio Ridley. Les quatre Évangiles copiés à partir de ces manuscrits ont été imprimés à Oxford en 1778, par le Dr. White, professeur d’arabe, qui a depuis publié les Actes des Apôtres et les épîtres catholiques.*

§ « Ceux à qui l’instruction et la gestion du pays environnant » Les églises étaient confiées par les diocésains, étaient appelées chorepiscopi, c’est-à-dire τής χώρας επίσκοποί, « évêques ruraux ». Des personnes de cette nature doivent sans doute être considéré comme ayant occupé un rang intermédiaire entre les évêques et les presbytres ; car il est impossible de les mettre au niveau des premiers, puisqu’ils étaient soumis à leur diocèse ; mais, en même temps, c’est manifestaient qu’ils étaient supérieurs en rang aux prêtres, dans la mesure où ils n’avaient pas l’habitude de se tourner vers l’évêque pour obtenir des ordres ou des directives, mais ont été investis d’une autorité constante pour enseigner et, à d’autres égards, pour exercer les fonctions épiscopales ». —Mosheim’s Commentaires sur les affaires des chrétiens avant l’époque de Constantin, traduit par R. S. Vidalt. I, p. 334.

Marsh’s Michaelis, vol. ii, pt. i, ch. vii, 11, et partie II, p. 568-580.

Philoxène, ou Xénayas, était un Persan, né dans la ville de Tahal. Il était de la secte des monophysites, et par son zèle pour les doctrines qu’il avait embrassées, et son opposition à l’image le culte, qui prévalait déjà beaucoup dans l’Église grecque, irritait tellement son qu’ils saisissaient toutes les occasions de le calomnier, et même de le calomnier, stigmatiser en le traitant de manichéen. Promu à l’évêché de Hiérapolis, ou, comme l’appelaient les Syriens, Mabug, il épousa chaleureusement la cause de Sévère, célèbre prêtre monophysite, et lui procura le siège d’Antioche. Ayant encouru le mécontentement de l’empereur Justin, il fut banni dans Thrace, et de là en Paphlagonie, où ses ennemis l’assassinèrent cruellement en l’étouffant dans une pièce remplie de fumée. Les Monophysites le placent parmi leurs martyrs. Sa mort survint vers l’an 520 apr. J.-C. après avoir occupé le siège épiscopal de Hiérapolis près de quarante ans. Une liste de ses œuvres est donnée par Asseman, dans sa Bibliotheca Orientalisvol. II, pp. 23-46. À l’exception d’un commentaire sur les Écritures, et d’une traduction de syriaques en arabe, il s’agit principalement de traités controversés en défense de ses principes particuliers.*

*Assemanni Biblioth. Orient., vol. ii, pp. 10-23. La Croze, Histoire du Christianisme d’Ethiopie, pp. 36-39.

L’Ancien Testament a également été traduit du grec en syriaque, par Mar Abba, en même temps que la version philoxénienne du Nouveau. Ce Mar Abba était mafregan, ou primate de l’Orient, entre les années 535 et 552. Il était persan de naissance, instruit dans la religion de Zoroastre, sans aucune instruction ni en grec ni en syriaque ; mais après s’être converti au christianisme, il apprit le syriaque à Nisibe, et grec à Édesse, d’un chrétien jacobite, du nom de Thomas, qu’il ensuite accompagné à Alexandrie, et là il s’appliqua à faire Traductions.+ Il y avait aussi une autre version de l’Ancien Testament du grec au syriaque, exécuté quelques années après par Paulus, évêque de Tela, de Mauzalat. À peine un Il reste aujourd’hui des fragments de ces deux versions.++

+ Marsh’s Michaelis, vol. II, partie i, p. 53.

++ Revue classique, vol. VII, p. 196.

Le professeur Adler, dans son Voyage biblique et critique à Rome, publié à Altona, en 1783, donne une description d’un Lectionariumqu’il a rencontré dans la bibliothèque du Vatican, contenant des parties d’un syriaque du Nouveau Testament, dans le dialecte parlé à Jérusalem, et qu’il suppose, au point de vue de l’antiquité, tenir un rang moyen entre les Peshito et les les versions philoxéniennes.§

§ Michaelis de Marsh, vol. II, pt. i, p. 75. 582 ; ANA Pt. II, p. 585-<>.

Asseman, dans sa Bibliotheca Medicearemarque un manuscrit enluminé de la version syriaque des Évangiles, écrite après J.-C. 586 ; et donne vingt-six planches, illustrant les illuiriinations. Et dans dans sa Bibliotheca Orientalis, il mentionne un autre manuscrit des Évangiles syriaques qui porte la date de 548 apr. J.-C.

|| Décaméron biographique de Dibdin, vol. i, p. xxxiii. Michaelis de Marsh, vol. II, partie I, p. 21.

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À à la fin du VIe siècle, ou au début du VIIe siècle, les Écritures également traduit en géorgien. Lorsque Sir John Chardin visita l’Orient, au XVIIe siècle, il cette version est toujours en usage, bien que la langue de celle-ci soit devenue presque obsolète. Ses paroles sont : « Il n’y a pas un homme parmi eux » (en Mingrélie) « qui comprend la Bible, ou qui la lit ; il y en a très peu parmi eux qui peuvent lire ou comprendre le géorgien, qui est la seule langue dans laquelle ils ont les Saintes Écritures écrites. Mais comme l’a dit le pour les femmes, elles ne sont pas tout à fait aussi ignorantes que les hommes ; afin que vous il y en aura quelques-uns qui répéteront plusieurs histoires de l’Évangile, qui ils ont lu et appris par cœur. Au début du XVIIIe siècle, le l’ensemble du Nouveau Testament, avec une partie de l’Ancien, composé des Psaumes et des les Prophètes, ont été imprimés à Teflis, en Géorgie, par ordre du prince Vaktangh. En 1743, toute la Bible géorgienne fut imprimée à Moscou, sous le inspection des princes géorgiens, Arcil et Bacchar ; et en 1815 le Moscow La Société biblique auxiliaire a imprimé une édition de cinq mille Testament.*

* Marsh’s Hist, des traductions de la Écritures, p. 32. Voyages de Chardin en Perse, etc., t. I, p. 103. Lond. , 1686, fol. Douzième rapport de la Société biblique B. et F., p. 17.

Celles qui ont déjà été mentionnées sont les seules traductions de la les Écritures dans les langues vernaculaires qui semblent avoir été faites au cours de la VIe siècle, à moins qu’on n’y ajoute quelques latins sans importance, destinés à accompagner les copies dans d’autres langues, et placées dans des colonnes parallèles avec elles, comme les versions grecque et latine, gothique et latine.+

+ Marsh’s Michaelis, vol. ii, pt. i, pp. 133, 136.

Le concile d’Agde, ville de France, tint en l’an 506, dans lequel César, évêque d’Arles, présida, fit un certain nombre de canons relatifs à la discipline, un ou deux dont on peut mentionner qu’il se réfère aux Écritures. L’une d’entre elles interdisait augures et divinations, et l’ouverture des Écrituresen vue de faire un présage des premières paroles qui offraient, sous peine de excommunication. Un autre ordonne aux laïcs de rester dans l’église jusqu’à ce que le la bénédiction est prononcée », puisqu’il était devenu une pratique chez certaines personnes de quittez l’église dès que les Écritures ont été lues. Césarius un jour observant certaines personnes sortir de l’église, pour éviter d’entendre le sermon, s’écria d’une voix forte : « Que faites-vous, mes enfants ? Où êtes-vous allant? Restez, restez pour le bien de vos âmes ; Au jour du jugement, il qu’il soit trop tard pour vous exhorter. Il provoquait aussi fréquemment l’ouverture des portes de l’église. après la lecture de l’Évangile, afin d’empêcher la pratique impie. Son Le zèle juste et charitable finit par réussir, et son peuple fut Le concile de Tolède, en Espagne, tint en l’an 581 de l’an <>, et ordonna que le concile de Tolède, en <>, ordonnât que le concile de Tolède. membres du clergé doivent lire les Écritures aux heures de rafraîchissement d’éviter les conversations insignifiantes et inutiles, et d’édifier et d’instruire Esprits.*

§ Milner’s History of the Church of Christ, vol. III, pp. 10, 11.

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* Antiquités du chrétien de Bingham Église, t. II, p. 340.

Dans 529 Un concile se tint à Vaison, auquel assistèrent douze évêques, parmi lesquels Césarius était l’un d’eux. Ils décrétèrent, selon la coutume observée en Italie, que tous les curés de campagne doivent recevoir dans leurs maisons les jeunes gens qui pourraient être lecteurs dans l’église ; qu’ils les éduquent avec un respect paternel, les amener à apprendre les Psaumes, à lire les Écritures et à faire connaissance avec la parole de Dieu ; et se dotent ainsi d’une Successeurs.+

Milner’s Hist, de l’Église du Christ, Vol. III, p. 31.

De les écoles ou séminaires de cette dans l’étude des Saintes Écritures, le monastère d’Iona, ou Icolmkillune île des Hébrides, « jadis l’éclat des régions calédoniennes » (comme l’appelle le Dr Johnson), « d’où des clans sauvages, et barbares errants, tiraient les bienfaits de la connaissance, et les bénédictions de la religion.

Colomba, le fondateur de ce monastère, était d’origine royale, et né à Gartan, dans le comté de Tyrconnel, en Irlande, en l’an 521. Il a reçu son éducation d’abord sous la direction de Cruinechan, un prêtre pieux, et ensuite sous la direction de Finian, évêque de Cluainiraird, ou Clonard ; Il a également passé du temps avec Ciaran, le fondateur du monastère de Clon, sur le Shenan. En 546, il est s’éleva au sacerdoce, et commença bientôt à être célébré pour son admirable des leçons de piété et d’érudition sacrée. Vers l’an 550, il fonda la grande monastère de Dair-Magh, aujourd’hui appelé Durrogh, dans le comté de King, en plus de plusieurs d’autres plus petits. Il tourna enfin son attention vers les îles, et vers le nord parties de l’Ecosse, qui étaient encore couvertes de ténèbres, et qui se tenaient dans le chaînes de la superstition, et résolut de devenir l’apôtre des Highlands. C’est ainsi qu’en l’an 563 ou 565, « il se mit en route, dit son biographe, dans un barque d’osier, couverte de peaux, accompagné de douze de ses amis et et débarqua dans l’île de Hi, ou Iona, près des confins de la Territoires écossais et pictes.

Par la prédication et les vertus de Colomba, beaucoup de Pictes du Nord ont été amenés à embrasser le christianisme, qui lui a donné la petite île sur laquelle il a débarqué pour la première fois. C’est là qu’il construisit son monastère, qui devint le principal séminaire d’enseignement de l’époque. temps, peut-être l’Europe, et la pépinière d’où non seulement les monastères de dans sa propre île, et plus de trois cents églises, qu’il avait lui-même fondées, mais aussi beaucoup de celles des nations voisines, étaient de théologiens érudits et de pasteurs capables. Dans ce séminaire, qui pourrait qu’on l’a appelé à juste titre un collège missionnaire, les étudiants ont passé une grande partie de leur temps de lecture et de transcription des Écritures et des hymnes sacrés, Columba s’est efforcé d’être fait avec le plus grand soin et la plus grande exactitude, dans ce qu’il a connu avec un succès surprenant. Baithen, l’un de ses disciples, demanda un jour, il a permis à l’un des frères de relire et de corriger une copie du Psautier, qu’il avait écrit ; Colomba répondit qu’il avait été déjà examiné, et qu’il n’y avait qu’une seule erreur, qui était l’absence de la voyelle i, dans un seul cas.

Les disciples de Colomba s’appelaient lesColombiens, ou Keldeesterme dont l’étymon a exercé l’ingéniosité des savants, qui ont offrait une variété de dérivations plausibles, dont les plus satisfaisantes sont ceux qui le renvoient à la vie religieuse qu’ils ont menée, et le considèrent comme équivalent à « serviteurs ou serviteurs de Dieu ». On leur a appris à confirmer leurs doctrines par des témoignages apportés de la source non souillée de la parole de Dieu, et d’enseigner que ce n’est que le conseil divin qui s’y trouvait. À ceux qui étaient sous ses instructions immédiates, Colomba expliqua passages difficiles de l’Écriture avec une perspicacité et une aisance heureuses. Dans son études antérieures, il ne semble pas s’être borné à la théologie, mais Il étendit ses recherches beaucoup plus loin dans le cercle général de la science. Pour son la connaissance de la physique, ou l’habileté à guérir les maladies, était si grande, que ses guérisons étaient souvent considérés comme des miracles. Et dans l’histoire, les lois et les coutumes de Il connaissait si bien les différentes nations, qu’il en fit une figure de proue dans la grand concile tenu à Drimceat, sur le droit de succession aux Écossais trône. Mais quel que soit le degré de connaissance et d’éducation de Columba dans ses premières années, il n’a jamais cessé d’étudier et de s’appliquer pour l’enrichir. Chaque instant qu’une vie si active et si pieuse peut épargner de son L’activité principale était consacrée à l’étude. Quelquefois il entendait ses disciples lire, et quelquefois il lisait lui-même ; tantôt il transcrivait, tantôt lisait et corrigé ce qui avait été transcrit par d’autres. Dans sa vie, nous trouvons mention occasionnellement de divers livres de ses écrits et de ses copies ; Odonellus dit : non moins de trois cents ! Et Sir William Ware (Antiq. Hib.) mentionne une copie manuscrite des quatre Évangiles de la traduction de saint Jérôme, ornés de plaques d’argent, jadis conservé dans l’abbaye de Durrogh, et existant encore, à l’origine dont une inscription, qui atteste qu’elle a été écrite par Colomba, en l’espace de douze jours.

Ayant continué ses travaux en Écosse pendant plus de trente ans, et Conscient de sa fin prochaine, il dit à son serviteur Dermit : « Ce jour est appelé le sabbat, c’est-à-dire le jour du repos, et tel sera vraiment pour moi ; car elle mettra fin à mes travaux. Il monta ensuite sur une petite éminence au-dessus de son monastère, où il se tenait, et levant ses deux mains vers le ciel, prié Dieu de la bénir et de la faire prospérer. De là, il retourna à son et comme il voulait que son utilité pour l’homme fût en rapport avec la moments de sa vie, et de faire partie de sa préparation ultime pour le ciel, il passa quelque temps à transcrire le Psautier. Quand il en est arrivé là passage du Psaume trente-quatrième, où il est écrit : « Ceux qui cherchent la Seigneur ne manquera pas de bonnes choses, dit-il, Me voici arrivé à la fin d’une page, et à une partie très convenable de s’arrêter ; pour les paroles suivantes : « Venez, vous enfants, écoutez-moi ; Je t’enseignerai la crainte de l’Éternel, mon successeur plutôt que moi. Je laisserai donc à Baithen le soin de transcrire eux. Il se leva ensuite et alla à l’office du soir à l’église ; et après être venu s’assit sur son lit, et chargea Dermit de remettre à son disciples, comme ses dernières paroles. Après cela, il garda le silence jusqu’à ce que la cloche fût sonnée. sonné pour les veillées à minuit ; se levant précipitamment et allant à l’église, il Il y arriva avant tout le monde, et s’agenouilla devant l’autel pour prier. Derme, sans attendre les lampes, le suivit, et le trouva dans l’obscurité, couché devant l’autel, dans une posture de prière. Quand les lumières ont été apportées, il a été découvrit qu’il était mourant ; et, bien que sa voix eût manqué, il regarda autour de lui sur les moines, qui s’étaient rassemblés vers leur maître bien-aimé, et avec un sourire de d’une gaieté inexprimable, leva la main droite, et, faisant un mouvement qu’il utilisé pour donner sa bénédiction, rendit le dernier soupir. Ainsi mourut ce grand et bon le 9 juin de l’an 597, et dans la soixante-dix-septième année de son âge.

Baithen, le cousin, disciple préféré et successeur immédiat de Colomba, en tant qu’abbé d’Iona, était très réputé pour sa sagesse, son érudition et son savoir-faire. sainteté. Dans un récit très ancien de sa vie, il est dit qu’aucun homme n’a jamais vu il était oisif, mais toujours occupé à lire, à prier ou à travailler ; qu’à côté de Columba, il était considéré comme le mieux au courant de la Les Écritures, et d’avoir le plus grand degré d’érudition de ce côté-ci des Alpes.

Iona continua d’être le siège de l’érudition et de la piété pendant des siècles, et beaucoup qui y reçurent leur éducation, devinrent des missionnaires zélés et couronnés de succès parmi les idolâtres, surtout dans le nord de l’Europe. Au IXe siècle, les Danois délogèrent les moines, et les Clunisiens furent l’ordre suivant qui s’y établit ; mais il semble qu’avant cela L’érudition de l’époque s’était considérablement dégradée parmi eux, car c’est un fait singulier, que, soit à cause des déprédations des Danois, soit à cause de la l’indifférence des Culdees d’Iona pour les œuvres des pères, le seul livre de cette description qu’ils possédaient dans ce siècle était l’une des œuvres de Chrysostome. Beaucoup de rois d’Écosse, d’Irlande et des îles furent enterré dans l’île ; Et autrefois, c’était l’endroit où les archives d’Ecosse, et beaucoup de vieux manuscrits de valeur ont été conservés, dont la plupart sont censés ont été détruits à la Réforme, et d’autres auraient été détruits porté au collège écossais, à Douay, en France ; et c’est ce qui se passe à l’heure actuelle l’état négligé de l’île, que ce siège jadis illustre de ]gagne-pain et de La piété n’a plus d’école pour l’éducation, plus de temple pour le culte, plus d’instructeur pour religion, sauf lors de la visite du pasteur de la paroisse de Kilfinichin. « Le nom Iona est maintenant aussi tout à fait perdue dans le pays, et on l’appelle toujours I, (sonna À moins que l’orateur ne veuille mettre l’accent sur le mot, il est appelé I-colum-kill. (Stat. Acc., t. xiv, p. 198.) Les ruines, cependant, sont mieux entretenues conservation que la plupart des ruines de ce genre en Ecosse, par l’attention de la famille d’Argyle.+

+ Récit historique de Jamison sur les anciens Culdees, p. 36. Encyc. Perth. Ico-lumkill, 1071a.

Dans le VIe siècle aussi florissait le poète latin Arator. Il était un homme de naissance Ligure, et sa profession celle d’avocat ou d’avocat. Athalaric, le roi des Goths, l’éleva à un poste d’un rang et d’une confiance considérables ; mais, fatigué du faste et de l’inquiétude qui accompagnent la vie d’un courtisan, il Enfin il entra dans l’Église, et fut choisi comme sous-diacre. Vers l’an 540 il composa une version métrique des Actes des Apôtres, en deux livres ; quel a été récité publiquement dans l’église de Saint-Pierre, à Rome, devant le pape Vigile, avec des applaudissements sans bornes. Il adressa également une épître poétique au Parthénon : à qui il transmit son Historia Apostolorum, ou « Actes des Apôtres », pour qu’il soit distribué en Gaule. Ses poèmes ont été plusieurs fois imprimé. Les éditions les plus remarquées sont, l’une imprimée à Salamanque, en 1516, in-folio, avec les notes d’Arrius Mendosa, et une autre dans la Bibliotheca Patrumt. X, p. 125.

*Cavei Hist. Literaria, p. 410. Sixt. Senens., lib. t. IV, p. 247.

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Un quelques années plus tard, l’église chrétienne a été témoin de l’exemple rare d’une pontife s’efforçant assidûment de promouvoir la connaissance du sacré Les Écritures parmi tous les rangs de personnes sous son influence. Grégoire I., surnommé le Grand, avait été appelé à la chaire pontificale en 590 apr. J.-C., au mépris de ses souhaits et l’opposition la plus déterminée. Un homme de rang, d’éducation et de talents, il s’était distingué dans sa jeunesse au Sénat, et avait été élevé par l’empereur au rang de préfet ou de gouverneur de Rome ; mais trouver des tribunaux et des les inquiétudes d’une magistrature défavorable à la religion, avait abandonné sa vie mondaine. Honneurs « pour la retraite et les activités religieuses. Les suffrages unanimes de la les électeurs pontificaux, la voix du peuple, et la décision du pouvoir civil, La longueur le tira de sa solitude, et l’obligea à prendre la triple mitre. Lors de son élévation, il prit le titre de « Serviteur des Serviteurs de Jésus » Christ » et il s’est distingué par l’ardeur avec laquelle il a exhorté les lecture des Écritures. Il les compara à une rivière ; dans certains endroits, peu profondes qu’un agneau pourrait facilement les traverser ; et dans d’autres si profondément que un éléphant pourrait s’y noyer. « Le Les Écritures, dit-il, sont infiniment élevées au-dessus de toutes les autres instructions. Ils nous instruisent dans la vérité ; ils nous appellent au ciel ; ils changer le cœur de celui qui les lit, en produisant des désirs plus nobles et plus nobles. d’une nature plus excellente que celle qu’on éprouvait autrefois, — autrefois ils Rampés dans la poussière, ils sont maintenant dirigés vers l’éternité. La douceur et la la condescendance des Saintes Écritures console les faibles et les imparfaits ; leur L’obscurité exerce les forts. Pas au point d’induire le mépris, pas si mystérieux au point de mériter d’être négligés, l’usage d’eux redouble notre attachement à eux; tandis que, aidés par la simplicité de leurs expressions et la profondeur de leurs mystères, plus nous les étudions, plus nous les aimons. Ils semblent s’étendent et s’élèvent à mesure que ceux qui les lisent s’élèvent et s’accroissent connaissance. Comprises par les plus analphabètes, elles sont toujours nouvelles pour les plus appris. Aux éloges funèbres des saintes écritures, Grégoire unissait les Persuasions. Écrivant à un médecin, il représente la parole de Dieu sous la forme d’une épître S’adressant à le Créateur à ses créatures ; et comme personne ne dédaignerait un tel honneur de son prince, où qu’il soit, ou quels que fussent ses engagements, mais serait impatient d’en examiner le contenu ; De même, nous ne devons jamais négliger les épîtres qui nous sont envoyées par le Seigneur des anges et des hommes, mais, au contraire, lues avec ardeur et attention. « Étudiez, méditez, dit-il, les paroles de votre Créateur, afin que tu apprennes d’eux ce qu’il y a dans le cœur de Dieu à ton égard, et que ton âme s’enflamme des désirs les plus ardents après le céleste et le bien éternel. Ce grand homme n’a pas seulement utilisé la persuasion, mais il a et se référait particulièrement à la conduite d’un pauvre paralytique, qui vécut à Rome, appelé Servulus ; qui, ne sachant pas lire lui-même, acheta une Bible, et, en recevant des personnes religieuses, qu’il engageait à lui lire, et à d’autres fois persuadant sa mère d’exercer le même office, avait appris Écritures par cœur ; et qui, même en mourant, a découvert son amour pour en obligeant ses serviteurs à chanter des psaumes avec lui.

La dernière lettre qu’il ait jamais écrite, adressée à Théodelinde, reine des Lombards, découvre, par le présent qui l’accompagnait, sa valeur pour la Écritures. « J’envoie, dit-il, au prince Adoalde, votre fils, une croix, et un livre des Évangiles dans une boîte persane, et à votre fille trois anneaux ; désirant que vous leur donniez ces choses de votre propre main, afin d’en augmenter la valeur du présent. *

* Voir les Œuvres de Grégoire, citées dans Usserii Hist. Dogmat., pp. 92, 93. Chalmers’s Gen. Biog. Diet., vol. xvi, p. 260. <>.

L’opposition résolue de Grégoire à la persécution n’était guère moins remarquable que son amour pour les Écritures. C’était une maxime chez lui qu’il fallait gagner les hommes à la religion chrétienne par la douceur, la bonté et l’instruction diligente, et pas par les menaces et la terreur. « Des conversions dues à la force », dit-il dans un de ses lettres, « ne sont jamais sincères ; et ceux qui sont ainsi convertis ne manquent presque jamais de retourner à leur vomi lorsque la force qui a forgé leur la conversion. Heureux pour l’humanité si les successeurs de Grégoire avaient possédaient le même attachement aux Écritures, et adoptaient les mêmes vues persécution !§

§ Bower’s History of the Popes, vol. II, p. 274.

Il c’est ce Grégoire qui, zélé pour la conversion des habitants de la Bretagne, envoya le moine Augustin, ou Austin avec quarante compagnons, en mission dans la Anglo-Saxons.+

+ Bedae Eccles. Hist., lib. I, ch. xxiii, et lib. II, ch. i.

Le christianisme, en effet, avait été implanté en Grande-Bretagne à une époque très ancienne, soit par les apôtres eux-mêmes, comme beaucoup l’ont supposé, ou, selon ceux qui d’anciens documents britanniques, « Les Triades », par Bran ou Brennus, le père de Caradoc, ou Caractacus, le célèbre général anglais ; qui, étant fait prisonnier avec son fils, et emmené à Rome, en 51 ou 52 apr. J.-C., embrassa le christianisme, et À son retour, il eut le désir d’évangéliser le pays des Silures ou Bretons, qui habitaient le sud du pays de Galles. Mais telles avaient été les cruautés et les persécutions des Saxons et d’autres, réunies à l’influence des conquêtes païennes, qu’avant la mission d’Austin et ses compagnons, le paganisme s’était de nouveau répandu dans le pays, excepté dans le pays de Galles, Cornwall et Cumberland, où les Bretons conservaient encore un certain appui.

* Henry’s Hist, of Great Britain, vol. i, b. i, ch. ii, sec. 2, p. 183, 8 vol. Horæ Britanniçæ de Hughes, vol. II, ch. i, à la p. 19. Lond. 1819, in-8°.

Austin et les autres missionnaires furent favorablement accueillis par Ethelbert, roi de Kent, qui avait épousé Birtha, princesse chrétienne d’une grande vertu et d’un grand mérite ; un on leur accorda audience en plein air ; et par la suite, la permission leur a été donnée de faire de leur mieux pour convertir le peuple de l’adoration des idoles, et tournez-les vers le Dieu vrai et vivant. La tentative était, dans une certaine mesure, mais fut déshonoré par les instructions reçues du pontife romain d’accommoder les cérémonies de l’union chrétienne aux usages de la Idolâtres. Les temples païens, où l’on pouvait s’en procurer, devaient être préférés Des églises spécialement érigées pour le culte chrétien, afin que les nouveaux convertis puissent ne pas s’étonner d’un trop grand changement, et parce que les païens avaient été accoutumés à sacrifier des bœufs au diable, et à se régaler des sacrifices, Les chrétiens devaient être autorisés, lors de certaines fêtes, à ériger des kiosques ou des tabernacles près des églises, quand les boeufs devaient être tués, et que le peuple devait festoyez ensemble à l’honneur de Dieu. Bien plus, ce principe de que le vénérable Bède, l’un de nos plus anciens ecclésiastiques, historiens, qui naquit en 672 après J.-C., nous assure qu’il y avait dans le même temple un autel pour les sacrifices de l’idolâtrie, et un autre pour les services de Christianisme;+ et Procope, qui vivait vers le milieu du VIe siècle, affirme que même les sacrifices humains continuaient d’être offerts par ceux qui Des Francs qui avaient embrassé la religion chrétienne ! !++

+ Bedæ, Hist. Eccles., lib. I, ch. xxx et lib. II, ch. xv.

++ Procope, De Bello Gothico, b. ii, cité dans les Antiquités de Borlase Cornouailles, b. ii, ch. xxiii, p. 154.

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Grégoire, qui avait désiré établir cette mission bien avant son l’avancement au pontificat, ne négligeait rien de ce qu’il supposait contribuer à son succès. Afin que les missionnaires accomplissent donc la devoirs publics de la religion avec décence et convenance, il envoya un certain nombre de des vêtements sacerdotaux, des ustensiles sacrés et des reliques, accompagnés d’un précieux présent de livres ; un présent singulièrement désiré, de la part de la impossibilité de se procurer des livres en Grande-Bretagne ; qu’il soit douteux que la conquérants païens n’avaient pas complètement détruit tout ce qui s’y trouvait, et, par la à l’époque de l’arrivée d’Austin, il n’a pas laissé un seul livre dans toute l’île.

* Bedæ, Hist. Eccles., lib. I, cap. XXIX. Histoire de la Grande-Bretagne de Henry, t. IV, t. II, ch. iv, p. 20.

Un curieux récit des livres appartenant à la première église chrétienne érigée à Cantorbéry par le missionnaire moine et ses compagnons, est fourni par H. Wanley, dans son Catalogus Librorum Veterum Septentrionalium, du Liber Cantuarensis, conservé à la bibliothèque du Trinity College de Cambridge. Le suivant- !ng est un Traduction abrégée du catalogue de ces articles :—1

" La Bible grégorienne, en deux Volumes. Dans le premier volume, le titre du livre de la Genèse est écrit en rouge lettres; et dans les deux volumes, plusieurs splendides feuilles violettes et roses sont insérés au début de chaque livre.

" Un Psautier, appelé le Psautier de Augustin,' de lui avoir été présenté par Grégoire lui-même.

" Les Quatre Évangiles, dénommés St. Celle de Mildred ; et dont on raconte qu’un rustique, dans l’île de Thanet, Ayant juré faussement sur eux, il fut frappé de cécité.

« Un Psautier, orné d’un peinture miniature de Samuel le prêtre ; et orné à l’extérieur de la image du Christ et des quatre évangélistes, sur une plaque d’argent.

" Les quatre évangiles.

" Un Martyrologe, contenant le Les souffrances des apôtres, la vie de saint Jean et la dispute de saint Pierre et saint Paul avec Simon le Magicien ; orné de l’image du Christ, gravé en relief de l’argent.

" Un Martyrologe, commençant par Apollinaire et finissant par Simplicius, Faustinus, et Béatrice ; et orné d’une image de la divine Majesté, argent doré, et enrichi de pierres précieuses.

" Une exposition des Évangiles et des Épîtres, pour être lu à partir du troisième dimanche après l’octave de Pâques, jusqu’à la quatrième dimanche après l’octave de la Pentecôte ; richement orné d’un grand béryl, serti de diamants et d’autres pierres précieuses.

" Ceux-ci, ajoute l’écrivain antique, sont les prémices des livres appartenant à l’ancien écrivain. à toute l’Église anglicane.* Mais on peut remarquer qu’en plus de cela, Austin apporta avec lui un exemplaire de l’ouvrage de Gregory sur la « Pastorale ».

Leland (De Script. Brit., pp. 299, 300) laisse entendre que cette bibliothèque a été par la suite, considérablement agrandie par les efforts de l’archevêque moine. " Augustin, dit-il, rassembla chez ses amis d’Italie plusieurs volumes tant latins grec et grec, et il eut soin de les lui envoyer, qu’il laissa tous à sa mort à ses moines, comme gages de sa bonté envers eux ; les Grecs sont perdus, en partie par la violence des temps, en partie par le feu, en partie aussi par le vol ; mais quant au latinécrit à la manière des anciens, en gros caractères romains, Ceux-ci subsistent encore aujourd’hui, présentant un air incroyablement majestueux de l’antiquité dans deux volumes contenant les quatre Évangiles, mais dans une version différente de celle de la Vulgate ; un Psautier, dédié même par Jérôme lui-même à Damase, le pontife romain, que je croirais volontiers être le plus Langue source; outre deux très élégants Commentaires sur les Psaumes, qui, d’après leur trop grand âge, n’admettent aucun lecteur, excepté un lecteur qui a l’œil très perçant.+ Astle, dans son " Origine et progrès de l’écriture « , remarque plusieurs des volumes appartenant à l’origine à cette bibliothèque, qui existent encore, et dont il donne des fac-similfes. Mais cette bibliothèque chrétienne doit certainement être considérée comme extrêmement défectueux qui ne contenait pas plus de l’Ancien Testament que le Psautier ; ni du Nouveau Testament plus que les quatre Évangiles, et une exposition de quelques parties des épîtres !

Les Actes des Apôtres, les Épîtres, et l’Apocalypse, ou Révélation, ont été à notre époque, mais rarement copié, et par conséquent rarement lu. Les quatre Les Évangiles étaient ce qui était le plus souvent transcrit, et beaucoup de personnes de la plus haute rang illustre semblent n’avoir possédé aucune autre portion de la Sainte Écritures. Grégoire de Tours raconte un événement singulier qui s’est passé vers la fin du VIe siècle, ce qui illustre ce fait. Childebert, roi d’Austrasie, dans une de ses victoires sur les Goths, ayant obtenu possession des trésors de l’église, comme une partie du butin, trouvé parmi les soixante calices ou coupes ; quinze patènes, ou plaques à l’usage de la communion; et vingt boîtes, ou étuis pour contenir les livres des Évangilestous d’or pur, et richement ornés de pierreries. Le célèbre exemplaire de la Traduction gothique, appelée Codex Argenteus, est, avec quelque probabilité, supposé avoir été trouvé dans l’un d’eux des cas.*

*Greg. Turon. Hist. Franc., lib. Iii casquette. x. Michaelis de Marsh, vol. II, pt. i, p. 146.

Le Codex Ephremi, conservé en la bibliothèque royale de Paris, et que Wetstein suppose avoir été écrite avant l’an 542 de notre ère, constitue une exception à la pratique générale, étant à l’origine une copie de toute la Bible grecque, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il est écrit sur vélin, et c’est ce que les critiques bibliques appellent un Codex Rescriptusc’est-à-dire un manuscrit qui a été défiguré, et un autre ouvrage écrit dessus sur le même vélin ou parchemin ; et c’est une preuve démonstrative de cette rareté des matériaux d’écriture qui prévalaient au moyen âge, et des cette ignorance barbare qui s’est répandue en Europe pendant plusieurs siècles. C’est vrai appelé le Codex Ephremi du fait que plusieurs œuvres grecques d’Ephrem le Syrien ont été écrites sur les écrits plus anciens de la Bible. Les traces, cependant, de l’ancien l’écriture sont visibles, et dans beaucoup d’endroits lisibles au point d’être lues par une personne d’une bonne vue.+

+ Michaelis de Marsh, vol. ii, ch. viii, pt. i, sec. 6, p. 258

Vol. I. — 12

Un Le très précieux Codex Rescriptus a été découvert il y a une trentaine d’années, par le révérend Dr. Barrett, chercheur principal du Trinity College de Dublin. Pendant qu’il examinait différents livres de la bibliothèque de ce collège, il rencontra par hasard un manuscrit grec très ancien, certaines feuilles dont il remarqua une double écriture, l’une ancienne, et la d’autres relativement récents, transcrits sur les premiers. L’écriture originale sur ces feuilles avaient été grandement défigurées, soit par les blessures du temps, soit par art. Après un examen attentif, il trouva que cet ancien manuscrit se composait des trois fragments suivants ; le prophète Isaïe, l’évangéliste saint Matthieu, et certains discours de Grégoire de Nazianze. Le frag-ment contenant l’église Saint-Mathieu L’Évangile qu’il a soigneusement transcrit, et le tout a été gravé avec précision dans fac-similé, par ordre et aux frais de l’Université, présentant au lecteur une ressemblance parfaite de chaque page, ligne et lettre de l’original. Il ne reste que soixante-quatre feuillets du fragment original de l’Évangile de saint Matthieu, Et même ceux-ci sont dans un état très mutilé. Chaque page contient une colonne, et Les colonnes se composent de vingt et une lignes, et quelquefois, quoique rarement, de vingt-deux ou vingt-trois ; Les lignes sont de longueurs à peu près égales, et se composent de ordinairement de dix-huit ou vingt lettres. Dr, Barrett avec une grande probabilité fixe son âge au VIe siècle. Le médecin donne les raisons suivantes pour cette opinion, qui montrent à la fois sa sagacité critique, et présentent la lecteur avec des informations intéressantes :—

L’écrit ultérieur contient plusieurs traités de quelques-uns des pères grecs, et est attribué par le Dr Barrett à un scribe du treizième siècle.*

* Voir la critique de l’Evangelium Secundum Matthmim du Dr Barrett, etc., dans Eclec-tic Review, vol. III, pt. i, p. 193.

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Les rédacteurs des Codices Rescripti, ou, comme on les appelait quelquefois des Codices Palimpsestiemployèrent diverses méthodes pour effacer les anciens écrits ; tantôt ils enlevaient la surface du manuscrit de parchemin ou de vélin, tantôt ils les faisaient bouillir dans de l’eau ; tantôt l’encre se déchargeait par quelque procédé chimique, notamment par l’emploi de la chaux vive ; et parfois seulement partiellement défiguré l’écriture avec une éponge ; ou, là où elle était déjà effacée par l’âge, ont poursuivi leurs transcriptions sans autre effacement.* Ces procédés, si destructeurs pour la littérature, ont commencé de bonne heure, car dans les canons du concile de Trullo, tenu au VIIe siècle, nous en trouvons un qui s’oppose expressément à cette pratique et à d’autres semblables : — Can. 68. « Ceux qui déchirent, ou coupent les livres de l’Ancien ou du Nouveau Testament, ou des saints docteurs, ou les vendent à des dépravateurs de livres, ou à des apothicaires, ou à quiconque les enlèvera, à moins qu’ils ne soient usés et inutiles, sont excommuniés pour un an : ceux qui les achètent, sauf pour les garder, ou les revendre pour eux-mêmes ou pour les autres, ou allez les corrompre, qu’ils soient excommuniés. + Montfaucon, qui était peut-être plus qualifié qu’aucun autre homme en Europe pour donner une opinion sur ce sujet, nous apprend que ces procédés destructeurs étaient d’un usage très fréquent aux XIIe, XIIIe et XIVe siècles, et qu’ils étaient rarement appliqués à d’autres matériaux que le parchemin ou le vélin, puisqu’il n’avait rencontré qu’un seul cas où l’écriture sur papier de coton, (Charta bombycina,) avait été effacée, afin qu’un autre ouvrage pût être écrit à sa place, bien que la plus grande partie des ouvrages sur parchemin qu’il avait vus, du XIIe siècle et des siècles suivants, fussent écrits sur du parchemin, dont on avait effacé quelques ouvrages antérieurs.§

*Peignot, Essai sur !’ Histoire du Parchemin, pp. 83-88. ' Classical Journal, No. xxiii. Wetstenii Proleg., ch. i, p. 8. Amstel. 1730, 4to. ’

+ Le Vade-mecum de Johnson, vol. I, p. 280. Wetstenii Proleg., ch. i, p. 8.

§ Montfaucon, Palæogr. Gr., lib. iii, p. 231 ; and lib. iv, p. 319. Mémoires de l’Academie Royale des Inscriptions, &c. Dissertation sur la Papyrus, vol. vi, p. 606. Paris, 1729, 4to.

Par cette opération barbare, la religion et la science ont été également outragées, et les paroles mêmes de Dieu effacées, pour faire place à des écrits qui n’ont que peu cédé à l’instruction ou à l’amélioration de la postérité. En effet, comme il y a toujours des personnes chez qui le gain est la piété, quelques-uns des misérables bibliothécaires, ou transcripteurs de livres, se firent scrupule de n’effacer même les saintes Écritures, afin d’écrire des ouvrages plus modernes ou plus populaires sur le parchemin qui les avait contenus. La pratique ne se limitait pas non plus à l’effacement des annales sacrées ; De nombreuses œuvres classiques de grande réputation ont également été sacrifiées au profit de la superstition. Ainsi, à la place probablement de quelques-uns des meilleurs écrivains de l’antiquité, philosophes, poètes, historiens et grammairiens, nous avons des missels, des confessionnaux, des rimes monastiques, des légendes exécrables et puériles. Aux XIVe et XVe siècles, l’effacement ou l’écriture devint si commune en Allemagne, que, craignant que l’emploi du parchemin effacé dans les instruments publics ne fût préjudiciable au public, des mesures efficaces furent prises pour prévenir ce désordre. Aussi les lettres patentes par lesquelles les empereurs élevaient les personnes à la dignité de comte, avec le pouvoir d’élever les notaires impériaux, contenaient ordinairement la clause suivante : « À condition qu’ils n’emploieront pas de parchemin vieux et effacé, mais qu’il sera vierge (c’est-à-dire fait de peaux avortées) et tout à fait neuf. » *

Ces déprédations littéraires ont été occasionnées, comme nous l’avons déjà dit, par cette rareté et cette cherté extraordinaires de matériaux pour écrire, qui ont existé pendant plusieurs siècles dans la plupart des parties de l’Europe. Les grands domaines étaient souvent transférés d’un propriétaire à un autre par un simple accord verbal, et la remise de la terre et de la pierre devant témoins, sans aucun acte écrit. Le parchemin, sur lequel presque tous leurs livres étaient écrits, était si rare, que vers l’an 1124, un maître Hugues, nommé par le couvent de Saint-Edmundsbury, dans le Suffolk, pour écrire et enluminer un grand exemplaire de la Bible pour leur bibliothèque, n’a pu se procurer aucun parchemin à cet effet en Angleterre ! Et dans le grand rôle des revenus de John Gurveys, évêque de Winchester, en 1226, il y a un article de cinq shillings, dépensé pour le parchemin en un an ; somme considérable pour une telle denrée, à une époque où le blé n’était que de deux à trois schellings le quarter, ou huit boisseaux ; et quelques années plus tard, en 1283, nous trouvons dans les annales du prieuré de Dunstable la courte inscription suivante : « Cette année, au mois de juillet, nous avons vendu notre esclave William Pyke, et nous avons reçu un marc (treize schellings et quatre pence) de l’acheteur. »+

La rareté et la cherté du parchemin furent sans doute les causes d’un autre abus, celui des abréviations. Sous prétexte de rendre les manuscrits moins volumineux et par conséquent moins coûteux, d’économiser le temps de ceux qui étaient employés à la transcription, et enfin de réunir plusieurs volumes en un seul, les abréviations se multiplièrent tellement, surtout au moyen âge, qu’il faut plus qu’ordinaire l’habileté de les comprendre et de les lire. Ces abréviations ont continué à être utilisées après l’intention d’imprimer. Dans la Logique d’Okam imprimée à Paris, en 1488, in-folio, les mots sont abrégés au point d’être presque inintelligibles. En voici un spécimen : — Sic hic e fal sm qd ad simplr a e pducibile a Deo g a e. et silr hic a n e g a n e pducible a Do. Ces abréviations sont destinées à la phrase suivante : mais qui pourrait les comprendre ? Sicut hic est fallacia secundum quid ad, simpliciter. A est producibile à Deo, ergo A est, et similiter hic : A non est, ergo A non est producibile à Deo.

Vers la fin du XVe siècle, ces abréviations devinrent si fréquentes et si excessives, tant dans les manuscrits que dans les livres imprimés, qu’il devint nécessaire de se procurer des ouvrages pour les expliquer, et faciliter la lecture des ouvrages ainsi abrégés. De cette description se trouvait un traité de Jean Petit , intitulé, Modus legendi abbreviaturas in utroque jure, Paris, 1498, in-8°, et un autre imprimé à Cologne, en 1582, intitulé Modus legendi abbreviaturas passim in jur. tarn civil, quam pontifical, occurrent* Buxtorf publia aussi un ouvrage utile sur l’hébreu abréviations, intitulées De abbreviaturis Hebraicis. Franeq.1696, in-12. L’Explanatio Notarum et Literarum de Sertorius Ursatus , fyc., Paris, 1723, in-12, est un petit ouvrage précieux sur les abréviations latines. La Palæographia Græca est bien connue, et les diverses abréviations et contractions des mots et des lettres grecques que l’on trouve dans les inscriptions, les manuscrits et les livres, sont magnifiquement gravées dans la Calligraphia Græca et Poecilographia Græca de Hodgkin, petit in-folio, Lond. 1807. Ces planches sont publiées dans le Classical Journal, nos xvii, xviii, xix, xxi.

* Peignot, Essui sur Parchemin, pp. 89, 90.