PARTIE II.

DE LA NAISSANCE DU CHRIST À L’INVENTION DE L’IMPRIMERIE.

CHAPITRE XII.

QUATORZIÈME SIÈCLE.

État de la société. — Concile de Vienne. — Bibliothèques. — Version française. — Raoul de Presles. — Jean de Vignay. — Frères mendiants. — Nicolas de Lyre. — Petrus Berchorius. — Pétrarque. — Allemagne. — Version suédoise. — Sainte Brigitte. — Version polonaise. — Hedwige. — Version danoise. — Grecs savants. — Évangiles persans. — Nouveau Testament irlandais. — Richard Fitzralph. — Richard de Bury. — Peintures de l’Écriture. — Versions anglaises anciennes. — Jean de Trevisa. — Wicliff.

L’état de la société au commencement du XIVE siècle était singulièrement défavorable à la culture de la littérature sacrée et à l’étude des Écritures. L’orgueil et le luxe régnaient dans tous les ordres du clergé, et induisaient l’ignorance et la débauche universelles. Leurs vices étaient l’objet de la satire dans tous les pays d’Europe. En Italie, Pétrarque dénonce la dépravation de la cour pontificale ; et en Angleterre, Chaucer faisait la satire, avec la même sévérité, de la corruption des laïcs et du clergé. À propos d’Avignon, résidence du pontife romain, Pétrarque écrit dans une épître à un ami : « Dans cette ville, il n’y a ni piété, ni révérence, ni crainte de Dieu, ni foi ni charité, rien de saint, de juste, d’équitable ou d’humain. Pourquoi parlerais-je de vérité, alors que non seulement les maisons, les palais, les tribunaux, les églises, les trônes des papes et des cardinaux, mais la terre et l’air eux-mêmes, semblent regorger de mensonges ? L’état futur, le ciel, l’enfer et le jugement, sont ouvertement tournés en ridicule, comme des fables puériles. Ces derniers temps, les hommes de bien ont été traités avec tant de mépris et de mépris, qu’il n’en reste plus un seul parmi eux pour être l’objet de leurs rires. +

 +Henry’s Hist, of Great Britain, vol. VIII, p. 361 ;

Les poèmes de Chaucer abondent en invectives contre les vices du clergé, particulièrement le Conte du laboureur, où il les accuse d’ignorance, de cruauté, de convoitise, de simonie, de vanité, d’orgueil, d’ambition, d’ivrognerie, de gourmandise et de lubricité : un ou deux exemples suffiront à découvrir la teneur du poème.

« Tels qu’ils peuvent dire leur croyance,

Par la prière, on fera des prélats ;

D’autres ne peuvent pas être traités par l’Évangile,

De tels shul soudent maintenant ses domaines.

******

« Ils utilisent l’horedome et la prostituée,

Et la convoitise, et la pompe, et l’orgueil,

Et la paresse, et la colère, et l’envie,

Et sevvine péché de tous côtés.

******

« Comme les dieux des godènes ■aucun homme ne dit le pouvoir,

N’écris, ne speke, ne pense pas en pensée,

Ainsi ils ont été falsifiés, et ils ont été injustes,

Que personne ne le dise avant que Dieu n’ait opéré. *

* Œuvres de Chaucer, par Urry, pp. 179-189, in-folio.

Wicliff, qui a écrit à peu près à la même époque, dit qu’il y avait « beaucoup de vicaires incapables qui ne connaissaient pas les Dix Commandements, ne lisaient pas leur Sauter, n’en comprenaient pas un verset ».+ Édouard III, roi d’Angleterre, adressa au pape une forte remontrance contre ses empiétements, dans laquelle il représentait que « les encouragements de la religion étaient accordés à des étrangers non qualifiés, mercenaires, qui ne résidaient pas dans le pays et n’en comprenaient pas la langue ; par quels moyens les fins du sacerdoce n’étaient pas atteintes, ses propres sujets étaient découragés de poursuivre leurs études, les trésors du royaume étaient emportés par des étrangers, et la juridiction de ses tribunaux déconcertée par des appels constants à une autorité étrangère.++ Lewis Beaumont, évêque de Durham, fut un exemple, parmi tant d’autres, de la nécessité des remontrances d’Édouard. C’était un noble français très boiteux et illettré, si incapable de lire et d’épeler qu’il ne pouvait, bien qu’il les eût étudiées, relire les bulles annoncées au peuple lors de sa consécration. Au mot métropolite il s’arrêta, essaya en vain de le répéter, et finit par dire : « Soit pour dit ! » Puis il en vint à « In Ænigmate» ce qui l’intrigua de nouveau : « Par Saint-Louis, dit-il, il ri est pas courtois qui a escrit cette parole ici... Par Saint-Louis ! Ce ne peut être aucun gentleman qui a écrit ce genre de choses. §

+ Lewis’s Hist, of the Life, &c., de John Wicliff, D. D., p. 38.

++ Henry’s Hist, of Great Britain, vol. VIII, p. 55.

§ Andrews' Hist, of Great Britain, vol. I, p. 425. Londres, 1794, in-4°.

VolI. — 26

A cette époque, le brigandage était le vice régnant dans toutes les nations de l’Europe ; et les brigands, protégés par les barons, qui partageaient leur butin, pillaient tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin, sans distinction. Une troupe de ces pillards, commandée par Gilbert Middleton et Walter Selby, attaqua deux cardinaux, qui étaient escortés par notre prélat illettré et son frère lord Beaumont, suivis d’une suite nombreuse de gentilshommes et de serviteurs, près de Darlington. Ils dépouillèrent les cardinaux de leur argent et de leurs effets, puis leur permirent de continuer leur voyage ; mais il conduisit l’évêque et son frère, l’un au château de Morpeth, et l’autre au château de Mitford, et les retint jusqu’à ce qu’ils eussent payé certaines sommes à titre de rançon. Le même malheureux prélat fit ensuite piller son palais jusque dans ses murs nus, par sir Joselin Deinville.

Quelque préjudiciable qu’un tel état de société ait dû nécessairement être pour la promotion de la religion et de l’instruction, il se produisit divers exemples qui prouvèrent qu’à une époque de luttes, d’ignorance et de dépravation, il y avait néanmoins des gens qui appréciaient comme il se doit les écrits sacrés et qui étaient convaincus des avantages qui résultaient de l’étude des langues orientales. En 1311, le concile de Vienne promulgua un décret ordonnant que l’hébreu, le chaldéen et l’arabe, ainsi que la langue grecque, seraient enseignés au collège de Rome et dans les universités de Paris, d’Oxford, de Bologne et de Salamanque. Des écoles ou académies furent aussi érigées à Cologne, à Orléans, à Cahors, à Pérouse, à Florence et à Pise ; et des personnes opulentes fondèrent et dotèrent amplement des collèges particuliers dans les universités publiques, dans lesquels, outre les moines, des jeunes gens de condition étroite étaient instruits dans toutes les branches de la littérature. On rassembla aussi des bibliothèques, dont quelques-unes furent successivement augmentées par les généreux mécènes de la littérature, et devinrent éminentes par le nombre et la valeur des livres qu’elles contenaient. + Sir Richard Whittington construisit la bibliothèque des Frères Gris, aujourd’hui appelée Christ’s Hospital, à Londres, qui mesurait cent vingt-neuf pieds de long et douze de large (Pennant dit trente-et-un), avec vingt-huit pupitres et huit doubles lambris de lambris, et était également recouverte de lambris. En trois ans, il fut rempli de livres d’une valeur de £556, dont Sir Richard contribua à hauteur de £400, et le docteur Thomas Win-chelsey, un frère, fournit le reste. Vers l’an 1430, cent marcs furent payés pour la transcription du Commentaire sur la Bible de Nicolas de Lyre, en deux volumes, pour être enchaîné dans cette bibliothèque. Leland (Script. Brit., p. 441 , et Collectan., III, p. 52) rapporte que Thomas Walden, savant moime carmélite, qui se rendit par ordre de Henri V au concile de Constance, et mourut approuvé en 1430, légua à la même bibliothèque autant de manuscrits d’auteurs, écrits en caractères romains majuscules, qu’on estimait alors à plus de deux mille pièces d’or ; et ajoute : que cette bibliothèque, même de son temps, surpassait toutes les autres de Londres, par la multitude de livres et l’antiquité des copies.++

+ Fabricy, Titres Primitifs, tom. ii, p. 150. Mosheim’s Eccles. Hist., vol. iii, p. 305.

++Hist. de la poésie anglaise de Warton, t. I, p. 291, 292. Pennant’s Account of London, p. 198. Londres, 1791, in-4°.

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Vers l’an 1320, Thomas Cobham, évêque de Worcester, commença à faire des préparatifs pour une bibliothèque à Oxford, mais mourant peu de temps après, peu de progrès furent faits dans l’œuvre jusqu’en 1367, date à laquelle ses livres y furent déposés, et les érudits autorisés à les consulter à certaines conditions. Un différend surgit entre l’université et le collège d’Oriel, il ne fut finalement achevé que vers l’année 1411. Il semble qu’il s’agisse de la première bibliothèque publique de cette université. On l’appela d’abord la bibliothèque de Cobham, mais en 1480 les livres furent ajoutés à la collection du duc Humphrey,  dont on trouvera un compte rendu dans le chapitre suivant.

♦ Chalmer’s Hist, of the Colleges, &c., attaché à l’Université d’Oxford, vol. II, p. 458. Oxford, 1810, in-8°.

Une autre bibliothèque publique fut établie à Oxford, dans le collège de Durham (aujourd’hui Trinity), par Richard de Bury, ou Richard Aunger-ville, évêque de Durham, au temps d’Édouard III, qui légua ses livres aux étudiants de ce collège. Selon la pratique de l’époque, ces livres ont été conservés dans des coffres, jusqu’en 1370, lorsque Thomas Hatfield, qui a succédé à Richard de Bury dans le s.ee de Durham, a construit la bibliothèque.+

+ Ibid., ut sup.

En France, Charles Quint peut à juste titre être considéré comme le fondateur de la Bibliothèque du Roi, aujourd’hui considérée comme l’une des plus belles D’EUROPE. Ce prince, qui aimait à lire, et à qui un livre était un présent acceptable, commença sa bibliothèque par vingt volumes, que son père lui laissa en héritage royal.++ Il les porta par la suite à neuf cents, « un nombre très élevé pour une époque où l’art typographique n’était pas encore inventé ». Ils se composaient de livres de dévotion, d’astrologie, de physique, de droit, d’histoire et de romance ; un très petit nombre d’auteurs anciens de l’âge classique, parmi lesquels il n’y avait pas un seul exemplaire des œuvres de Cicéron ; des poètes latins seulement Ovide, Lucain et Boèce. À cela s’ajoutèrent quelques traductions françaises de la Bible, de la Cité de Dieu d’Augustin, de Tite-Live, de Valérius Maximus, etc. De nombreux volumes ont été superbement enluminés par Jean de Bruges, le meilleur artiste de miniatures de l’époque. Le tout fut déposé dans trois chambres, dans l’une des tours du Louvre, d’où l’on appela la Touré de la Libraire. Les pièces destinées à les recevoir étaient, pour cette occasion, lambrissées de chêne d’Irlande, et plafonnées de cyprès curieusement sculptés. Les fenêtres étaient peintes verre, clôturé avec des barres de fer et du fil de cuivre. Les Anglais se rendirent maîtres de Paris en 1425, et le duc de Bedford, régent de France, envoya en Angleterre la plus grande partie des livres, évaluée à deux mille deux cent vingt-trois livres. Une parole rapportée de Charles mérite d’être rappelée : quelques personnes s’étant plaintes du respect qu’il témoignait aux gens de lettres, qu’on appelait alors clercs, il répondit : « On ne saurait trop chérir les clercs ; car, tant que nous honorerons l’érudition, ce royaume continuera à prospérer ; mais, quand nous commencerons à la mépriser, la monarchie française déclinera.+++

++ Il y a au British Museum un beau manuscrit sur vélin d’une traduction française de la Biblequi a été trouvé dans la tente du roi Jean, père de Charles-Quint, après la bataille de Poictiers, dans laquelle il avait été fait prisonnier par Édouard le Prince Noir. Vol. III, p. 204. Débloquer le niveau <>.

♦ Abrégé chronologique de l’Histoire de France par Hénault, traduit par Nugent, vol. I, sub ann. 1380, p. 268. Warton’s Hist, of English Poetry, vol. I, diss. 2.

+++ Henault, ut sup.

Une nouvelle traduction plus exacte de la Bible en français fut également entreprise sur l’ordre du même prince. Les versions antérieures à cette époque avaient généralement été faites à partir de l’Historia Scholastica de Comestor, dont la principale était de Guiars des Mou-Uns, chanoine et ensuite doyen de Saint-Pierre d’Air, commencée en juin 1291 et achevée en février 1294. Le roi Jean avait aussi chargé Jean de Sy de traduire les Écritures en français, et d’en ajouter un exposé, mais il semble qu’il n’ait achevé qu’Isaïe, Jérémie et cinq livres de Salomon. Charles forma donc, avec cette sagesse qui caractérisa son règne, le dessein d’une nouvelle traduction des saintes Écritures. Christina de Pisan,|| une poétesse et historienne, patronnée et pensionnée par ce prince, nous apprend qu’il « aimait les livres, et par sa libéralité se procurait des traductions des meilleurs auteurs en français ; surtout la Bible, qu’il fit traduire d’une triple manière : d’abord le texte lui-même ; puis le texte accompagné d’une glose ; et enfin une exposition allégorique.§

|| Au British Museum, parmi les manuscrits Harleiann° 4431, il y a un grand volume, contenant une partie des œuvres de cette femme célèbre. Il s’agit d’un manuscrit en vélin, écrit en petites lettres gothiques, à deux colonnes. Au recto du premier feuillet, d’une grosse main, on peut lire l’autographe suivant : « Henry, duc de Newcastle, son livre, 1676. » Les enluminures sont de diverses mains : une belle sKetch d’une partie de la principale est copiée dans le Décaméron bibliographique de Dibdin, p. cxxxv, qui représente l’auteure présentant son livre à la reine de France. Vers l’époque de la composition de ses poèmes, ou balades, le duc de Berry ne lui donna pas moins de deux cents écus pour un ensemble de poèmes. Voir le Décaméron bibliographique de Dibdint. I, p. cxxxiv.

§ Le Long, Biblioth. Sacra, tom i, cap. iv, pp. 321, 324. Paris, folio.

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Cette version a souvent été attribuée à Nicolas Oresme, évêque de Lisieux, en Normandie, mort en 1382. François Grudé, sieur de la Croix du Maine, est le premier écrivain qui parle d’Oresme comme de la personne déléguée par le roi de France, pour traduire les Écritures en langue vernaculaire. Dans sa Bibliothèque des Auteurs, etc., imprimée à Paris en 1584, in-folio, il affirme : « Il a traduit la Bible de Latin en François ». Le Long a cependant prouvé que c’est Raoul de Presles, et non N. Oresme, qui est l’auteur de cette traduction ; et explique l’erreur qui a été si généralement adoptée, en supposant que La Croix du Maine a mal compris un passage du Recueil général des Rois et des affaires de France jusqu’à Louis XIII, par Jean du Tillet, évêque de Meaux, dans lequel il dit : « Nicolas Oresme, homme instruit, dont les conseils et les conseils ont été particulièrement suivis par le roi Charles-Quint, traduit les œuvres d’Aristote et de Cicéron, et de beaucoup d’autres, du latin au français. Car le roi aimait et admirait beaucoup les lettres et les gens de lettres. Il a également ordonné que les livres saints de la Bible soient traduits avec diligence et véritable. Mais bien que l’évêque Oresme et la Bible soient tous deux mentionnés par Du Tillet, il ne parle pas d’Oresme comme traducteur.

♦Le Long, Biblioth. Sacra, tom. i, cap. iv, p. 320.

D’autre part, il y a des preuves indubitables que Raoul de Presles s’est engagé dans une traduction des Écritures, à la demande du roi ; car, dans une belle copie enluminée sur vélin, in-folio, d’une ancienne traduction française, nous rencontrons le Prologue, ou Préface suivant :

« Au très excellent et puissant prince, Charles-Quint, roi de France ; Moi, Raoul de Praëlle, votre indigne serviteur et sujet :

« Lorsque mon redoutable et souverain seigneur m’ordonna de traduire la Bible en français, tout ce que je pus faire fut de délibérer si je devais l’entreprendre ou la refuser. D’une part, je considérais la grandeur de l’œuvre et ma propre capacité élancée ; et de l’autre, qu’il n’y avait rien que je pusse ou doive vous refuser. Je considérais en outre mon âge, mon malheureux désordre et les différents ouvrages que j’avais déjà composés, à savoir la Traduction et l’Exposition de la Cité de Dieu de saint Augustin, le livre intitulé Compendium Historialeun autre appelé Musa, et diverses épîtres. Mais tandis que je délibérais avec moi-même, je me souvenais d’avoir lu que la nature humaine (comme le fer, qui est précieux quand on l’utilise, mais qui, s’il n’est pas utilisé, rouille et se gâte) subit moins de dommages en tout par le travail que par l’indolence, je jugeai qu’il valait mieux être épuisé par l’exercice que consumé par l’oisiveté ; car, selon le dicton du sage : Le loisir sans lettres, c’est la mort. Permettez-moi donc de prier Votre Majesté d’accepter mes travaux. Quant à la méthode à suivre dans ma traduction ; là où je conçois qu’un abrégé est nécessaire, je donnerai la substance de l’ensemble ; et là où j’aperçois une répétition de la même chose, comme dans les Chroniques et le second livre d’Esdras, et ailleurs, je me retirerai ; Je laisserai aussi de côté beaucoup de noms de personnes et de lieux où ils seraient peu édifiants et ennuyeux pour le lecteur ; et où ils sauraient à peine s’ils étaient des noms propres de personnes, ou de leurs pères, ou de leurs ancêtres, ou de villes ou de villes ; agissant dans ces choses selon ton commandement. J’ai aussi l’intention de préfixer des préfaces, en expliquant ce qui est nécessaire en ce qui concerne la conception des livres ; et des résumés au commencement des chapitres, afin d’en comprendre plus facilement le sens ; et de distinguer ce qui n’est pas dans le texte par une ligne tracée en dessous ; car, sans explications, le texte est en beaucoup d’endroits extrêmement obscur, particulièrement pour les laïcs, qui ne sont pas versés dans l’Écriture Sainte. Et que rien de ce que j’ai entrepris ne soit imputé à l’orgueil, mais que ton commandement soit mon apologie en toutes choses.

« Enfin, je prie tous ceux qui verront cet ouvrage, lorsqu’ils découvriront des inexactitudes, de supporter mes défauts ; et tout ce qu’ils y trouvent d’excellent, de l’attribuer à Notre-Seigneur, de qui vient tout ce qui est bon ; et de plus, en tout ce qui concerne la foi, je me soumets à ce qui est dicté par la (vraie) foi et à ce qui est tenu par notre sainte mère l’Église.+

+Le Long, ubi sup.

De cette traduction très rare, Le Long, dans sa Bibliotheca Sacra, a donné des extraits considérables.Ni l’un ni l’autre des deux manuscrits d’où sont tirés les extraits n’est parfait, l’un et l’autre se terminant par les Proverbes de Salomon ; et le premier feuillet du premier, qui appartenait à l’origine à Jean, duc de Berry, frère du roi Charles-Quint, ayant été arraché, probablement à cause de ses ornements, et le second étant dépourvu du Prologue.

++ Ibid., p. 319.

R aoul de Presles, le traducteur, était le fils illégitime deRAOUL DE PRESLES, secrétaire de Philippe le Bel, de Louis X et de Philippe V, et qui fonda à Paris le collège qui porte son nom. Il embrassa la profession d’avocat et devint célèbre pour ses écrits divers et érudits. L’une de ses premières œuvres fut celle qui fut appelée Musa, écrite en latin et dédiée à Charles-Quint. C’est une fiction ingénieuse, sur les moyens de remédier aux désordres du siècle. Vers l’année 1369, il composa une Dissertation sur l’Oriflame, ou bannière royale des rois de France, dans leurs guerres contre les infidèles. Dans ce discours, l’auteur s’attarde moins sur l’ancienne bannière que sur la nécessité d’implorer le secours du ciel, lorsqu’on est engagé dans une guerre. Vers l’année 1379, il fut employé par le roi pour traduire en français la Cité de Dieu d’Augustin, et il reçut à cet effet une pension considérable. Il commença cette traduction en 1371 et l’acheva, avec l’ajout d’un commentaire, en 1375. Il a également traduit en français un livre intitulé le Roi du Pacifique, censé être un ouvrage historique et politique, probablement le même que le Compendium Historiale. Une autre de ses œuvres était un abrégé du Somnium Viridarii, ou Songe du Verger, contenant une dispute entre les ecclésiastiques, les temporalistes et les séculiers. Mais son entreprise la plus grande et la plus importante fut la TRADUCTION DES SAINTES ÉCRITURES du latin en français, qui parut vers 1377. La Croix du Maine a vu un manuscrit contenant les traductions de la Cité de Dieu par de Presles et du Compendium Historialeen deux gros volumes, sur parchemin. Le premier, accompagné du Commentaire, fut imprimé à Abbeville en 1486, en deux volumes in-folio, et de nouveau à Paris, en deux volumes in-folio. L’édition d’Abbeville est extrêmement rare, et l’on dit qu’elle a été le premier livre imprimé dans cette ville, bien que Marchand cite la Somme rurale de Bouthellier, qui a été imprimée la même année, comme le premier ouvrage qui est sorti des presses d’Abbeville. La Croix du Maine remarque également un exemplaire manuscrit de l’abrégé du Somnium Viridariiécrit sur vélin, et conservé dans la bibliothèque du président Fauchet, à Paris. De la Traduction de la Bible, l’infatigable bibliographe Le Long n’avait jamais vu que les deux exemplaires d’où sont tirés ses extraits.

♦ L’orifiame était autrefois le principal étendard porté par les rois de France à la guerre. Notre auteur la définit ainsi : « L’oriflambe, c’est à savoir, un glaive (une lance) tout doré, où est attachée bannière vermeille » — « L’oriflame est une lance dorée, à laquelle est apposée une bannière vermillon ou couleur de flamme d’où l’appellation auri-flamma, d’où le terme corrompu ? oriflambe, oliflamma, &c. C’était originairement l’enseigne de l’abbaye de Saint-Denis, et portée par les comtes de Vexin, qui tenaient ce comté comme fief de cette abbaye, avec l’obligation de conduire ses vassaux à la guerre, et de défendre ses terres et ses privilèges, sous le titre d’avocat. En temps de paix, on le plaçait sur le tombeau de saint Denis, mais lorsqu’on le demandait pour qu’on le portât au combat, il était remis entre les mains de l’avocat par l’abbé lui-même, qui accompagnait la remise de l’étendard de certaines prières.

Le Vexin s’étant uni avec le temps à la couronne, le souverain devint l’avocat de Saint-Denis, l’étendard fut compté comme acred, et porté comme la bannière royale. L’ancien cri de guerre des Français dans la batailleMont joie Saint-Denys, a pris son essor à partir de cette circonstance. Voir Du Cange, glose. Lat., v. Auriflamma. Advocati Ecclesiarum.

Raoul de Presles fut nommé procureur général en 1371, et maître des requêtes en 1373. Il mourut en 1382, âgé d’environ soixante-huit ans.+

R de Juvigny, Les Bibliothèques Francoises de la Croix du Maine, et de Du Verdier, &c., tom. ii, pp. 347-350. Paris, 1772, 4to.

La diffusion des Écritures semble avoir été l’un des objets favoris de Charles Quint de France. En effet, avant que Raoul de Presles ne s’occupât de la nouvelle traduction de la Bible, de nombreuses transcriptions avaient été faites, par son ordre, de la version de Guiars des Moulins. Plusieurs d’entre elles, dont quelques-unes sont richement enluminées et ornées de peintures en miniature exquises, et ayant appartenu autrefois au roi et à son frère Jean, duc de Berry, sont encore conservées dans les bibliothèques du roi et dans d’autres bibliothèques de France ; parmi lesquelles il est fait mention d’une grande Bible en deux volumes, que Charles avait l’habitude d’emporter constamment avec lui.|| Molinée, ou, selon son nom français, Charles du Moulin, dans son ouvrage sur l’Origine et le Progrès de la monarchie française, dit : « Il fit traduire la Bible en français, et non seulement dans le dialecte de Paris, mais encore dans les dialectes de Picardie, de Normandie et des autres provinces du royaume, afin que chacun pût avoir les Écritures dans sa langue maternelle ; dont beaucoup d’anciennes traductions existent encore, avec l’inscription : « Par l’ordre de Charles Quint » Antoine Du Verdiers dit la même chose, et ajoute : « Je possède une de ces copies, écrites sur parchemin, dans le dialecte de Picardie. » Il est probable que la plupart de ces traductions, faites par ordre du roi, étaient des copies corrigées de la version de Guiars des Moulins, puisqu’aucune ne figure dans les dialectes provinciaux, dans la liste des manuscrits donnée par Le Long, à l’exception de ceux de cette version. Dans la bibliothèque cotonnienne, au British Museum, parmi d’autres manuscrits français anciens, il y en a un d’une date incertaine, avec le titre : « L’Évangile traduit de Latine en franceys, in usum Laïcorum » — « L’Évangile traduit du latin en français, à l’usage des laïcs.§

|| Le Long, ut sup.

♦ Usserii Hist. Dogmat., p. 158. Le Long, ut sup.

§ Le Long, vol. i, p. 318.

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Une traduction antérieure à celle de Raoul de Presles avait été faite des Évangiles et des Épîtres, contenus dans le Missel, par Jean de Vignay, ou Du Vignes, à la demande de Jeanne de Bourgogne, reine du roi Philippe de France.

JEAN DE VIGNAY, ou DU VIGNES, qui florissait vers l’an 1306, fut un hospitalier de Saint-Jacques du Haut-Pas, et le traducteur, comme on l’a déjà remarqué, de la Légende dorée de De Voragine et du Speculum Ecclesice de De Riga. Il y a aussi une traduction de lui de La Partie d’échecs moralisée.

La reine Jeanne ordonna également que plusieurs des premiers écrivains chrétiens latins soient traduits en français, et chargea à cette fin l’archevêque de Rouen d’entreprendre cette tâche. Mais voyant que ce dignitaire ne comprenait pas le latin, elle employa un frère mendiant pour accomplir son dessein ; car, à cette époque, les ordres mendiants s’étaient élevés à une célébrité considérable, par leur érudition et leur diligence.+

+ Waxton’s Hist, of English Poetry, vol. II, p. 111.

Les mendiants dut, vers le commencement du XIIIe siècle, leur essor au luxe et à l’indolence des ordres monastiques, qui rendaient nécessaire d’adopter des mesures pour remédier aux désordres créés par leur dissipation et leur licence. Dans ce but, un nouvel ordre de fraternité religieuse fut introduit dans l’Église, dont les membres, dépourvus de biens fixes, pouvaient rétablir le respect de l’institution monastique et recouvrer l’honneur de l’Église, par la sévérité de leurs mœurs, un mépris professé des richesses et une persévérance infatigable dans les devoirs de la prédication et de la prière.

Les quatre ordres de frères mendiants ou mendiants, établis par un décret du second concile de Lyon, en 1274, étaient les dominicains, les franciscains, les carmélites et les augustins, ou austins. Les franciscains étaient souvent appelés Frères Mineurs, ou Minorites, et Frères Gris ; les Dominicains étaient généralement appelés Frères Prêcheurs, et parfois Frères Noirs ; les Carmélites portaient le nom de Frères Blancs ; et les Austin, de Gray Friars. Les dominicains et les franciscains étaient les plus éminents. Les papes, entre autres immunités, leur laissaient la liberté de voyager où bon leur semblait, de converser avec des personnes de tous rangs, d’instruire la jeunesse et le peuple en général, et d’entendre les confessions sans réserve et sans restriction : et comme dans ces occasions, qui leur donnaient l’occasion de paraître dans des situations publiques et visibles, ils montraient des marques plus frappantes de gravité et de sainteté que l’on pouvait observer dans le comportement et la conduite des membres d’autres monastères, ils étaient considérés avec la plus haute estime et la plus grande vénération tous les pays d’Europe.

Dans l’intervalle, ils acquirent l’influence la plus étendue, par l’assiduité et le succès extraordinaires avec lesquels ils cultivaient les diverses branches de la littérature alors poursuivies. La plupart des professeurs de théologie de l’université de Naples, fondée en 1222, ont été choisis parmi eux. Ils étaient les principaux professeurs de théologie à Paris ; et à Oxford et à Cambridge, respectivement, les quatre ordres avaient des monastères florissants. Les savants les plus érudits de l’université d’Oxford, à la fin du XIIIe siècle, étaient des frères franciscains ; et, longtemps après cette époque, les franciscains paraissent avoir été le seul soutien et l’unique ornement de cette université. Leur assiduité à collectionner les livres était proverbiale ; et chaque couvent mendiant était pourvu de ce qu’on considérait comme une grande et noble bibliothèque, (« grandis et nobilis libraria »). Ils furent les rénovateurs de la philosophie aristotélicienne, et obtinrent le mérite d’avoir ouvert un nouveau système de science, qui dégénéra trop tôt en simples disputes scolastiques et en jargon inintelligible. Les dominicains d’Espagne s’appliquèrent à l’étude des langues orientales et de la littérature rabbinique, et furent employés par les rois d’Espagne à l’instruction et à la conversion des nombreux Juifs et Sarrasins qui résidaient dans leurs États. Aux activités littéraires, ils joignirent les arts du divertissement populaire et furent probablement les seuls ordres religieux en Angleterre à jouer des pièces de théâtre. La Création du monde, jouée chaque année par les Frères Gris à Coventry, existe toujours. Gualvanei de la Flamma, qui florissait vers l’an 1340, a le curieux passage suivant dans sa Chronique des vice-comités de Milan. « En l’an 1336, dit-il, le jour de l’Épiphanie, la première fête des rois mages fut célébrée à Milan, par le couvent des Frères Prêcheurs. Les trois rois parurent couronnés, montés sur trois grands chevaux, richement vêtus, entourés de pages, de gardes du corps et d’une suite innombrable. Une étoile d’or était exposée dans le ciel, marchant devant eux. Ils se rendirent aux colonnes de Saint-Laurent, où le roi Hérode était représenté avec ses scribes et ses sages. Les trois rois demandent à Hérode où le Christ doit naître ; et ses sages, ayant consulté leurs livres, lui répondent, à Bethléem. Sur quoi les trois rois avec leurs couronnes d’or, ayant à la main des coupes d’or remplies d’encens, de myrrhe et d’or, l’étoile marchant toujours devant, marchèrent vers l’église de Saint-Eustorgie, avec tous leurs serviteurs, précédés de trompettes et de cornes, de singes, de babouins et d’une grande variété d’animaux. Dans l’église, d’un côté du maître-autel, il y avait une mangeoire avec un bœuf et un âne, et dans laquelle l’enfant Jésus dans les bras de sa mère. Ici, les trois rois offrent leurs présents, etc. Le concours du peuple, des chevaliers, des dames et des ecclésiastiques, était tel qu’on n’en avait jamais vu auparavant. Dans le même siècle, on joua à Eisenach, en Allemagne, un drame religieux si singulier dans son dessein, et si funeste dans ses effets, qu’il mérite bien d’être remarqué. Le mystère des cinq vierges sages et des cinq vierges folles a été exposé devant le margrave Frédéric. Les vierges « sages » étaient représentées comme sainte Marie, sainte Catherine, sainte Barbe, sainte Dorothée et sainte Marguerite. Les vierges « folles » leur demandèrent de l’huile, ce que l’acteur interpréta comme signifiant des prières qui leur étaient offertes, pour intercéder auprès de Dieu en faveur des suppliants, des prières qui leur étaient offertes.Ils pouvaient être admis au repas des noces, c’est-à-dire dans le royaume des cieux : mais les sages refusaient de leur donner de leur huile. Les vierges folles étaient maintenant jetées dans une agonie de détresse ; ils frappaient, ils pleuraient, ils suppliaient, mais en vain ; On leur refusa du pétrole, et on leur ordonna d’aller en acheter pour eux-mêmes. La scène, et la doctrine qu’elle insinuait sur l’inutilité de prier les saints, alarmèrent le prince et le jetèrent dans la plus grande consternation : « À quoi sert, s’écria-t-il, notre foi, si ni Marie ni les autres saints ne peuvent être amenés à prier pour nous ? À quoi servent tant d’actions méritoires et de bonnes œuvres, afin que, par leur intercession, nous obtenions la grâce et la faveur de Dieu ? Son alarme produisit une apoplexie qui, en quatre jours, mit fin à sa vie. Il fut enterré à Eisenach. {Adami Vit. Gobelin. Person., p. 3.)

Les bâtiments des monastères mendiants, surtout en Angleterre, étaient remarquablement magnifiques. Ces confréries étant prétendument pauvres, et empêchées par leur institution originelle de recevoir des biens, la munificence de leurs bienfaiteurs fut employée à orner leurs maisons de réfectoires et d’églises majestueuses. Des personnes du plus haut rang léguèrent leurs corps pour être enterrés dans les églises des couvents, qui étaient considérées comme plus sacrées que les autres, et étaient par conséquent remplies de sanctuaires somptueux et de monuments superbes. Dans la noble église des Frères Gris à Londres, achevée en 1325, mais détruite depuis longtemps, quatre reines, outre plus de six cents personnes de qualité, ont été enterrées, dont les beaux tombeaux sont restés jusqu’à la dissolution. Ces inhumations importaient des sommes considérables dans les sociétés mendiantes, de sorte qu’il n’est pas improbable qu’elles tiraient plus de profit d’une charité occasionnelle qu’elles n’en auraient retiré d’une dotation régulière. Les franciscains jouissaient en effet de la part des papes du privilège de distribuer des indulgences, ce qui produisait une compensation précieuse pour leur pauvreté volontaire.

Pendant près de trois siècles, deux de ces institutions mendiantes, les dominicains et les franciscains, paraissent avoir gouverné l’Église et l’État européens avec une influence absolue et universelle ; pendant cette période, remplissant les postes ecclésiastiques et civils les plus éminents, enseignant dans les universités avec une autorité qui faisait taire toute opposition, et maintenant la prérogative contestée du pontife romain contre l’influence réunie des prélats et des rois, avec une vigueur qui n’a d’égal que son succès, et qui est, avant la Réforme, exactement ce que les jésuites ont été depuis.

♦Voir Warton’s Hist, of English Poetry, vol. I, pp. 288-294, d’où le récit ci-dessus des mendiants est principalement extrait.

C’est pourquoi, à l’époque où la reine Jeanne de France employait un moine mendiant à exécuter les traductions de certains écrivains chrétiens, cet ordre occupait un rang élevé dans les réalisations littéraires, et produisait, dans différents pays de l’Europe, des hommes savants dont les écrits leur valurent une juste célébrité. C’est Petrus de Bruniquello, évêque de Civita Nuova, frère d’Austin, et natif de France, qui a écrit un ouvrage dans lequel toutes les histoires de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été réduites à l’ordre alphabétique ; et a compilé un commentaire sur l’Ancien Testament.+ NICOLAS DE LYRE aussi, qui a illustré cette période par son érudition et ses écrits, réclame particulièrement notre estime. Il est né de parents juifs, à Lyre, ville de Normandie, dans le diocèse d’Evreux. Après avoir été instruit dans la langue hébraïque et dans l’érudition rabbinique, il embrassa le christianisme, entra chez les franciscains à Verneuil, et étudia ensuite à Paris, où il obtint le grade de docteur et enseigna à l’université avec beaucoup d’honneur. Par son mérite, il s’éleva aux plus hautes fonctions de son ordre, et gagna l’estime des grands. La reine Jeanne, épouse de Philippe de France, le nomma l’un de ses exécuteurs testamentaires, en 1325. Il mourut à un âge très avancé, le 23 octobre 1340.++

+ Le Long, Biblioth. Sacra, tom. ii, p. 900.

++ Jewish Repository, vol. iii, p. 41. London, 1815, 8vo. Simon, Lettres Choisies, tom. iv, p. 213. De Juvigny, tom. v, p. 128.

 

Il est particulièrement célèbre pour ses Postillæ latins, ou brefs commentaires sur toute la Bible, qui sont permis d’être très judicieux. Voici le jugement d’un savant critique étranger : « Les commentaires du De Lyra ne manifestent pas seulement de l’industrie, mais font preuve d’une érudition considérable, et placent à juste titre leur auteur au premier rang des exposants bibliques de son temps. Ils découvrent que l’écrivain est habile dans la langue hébraïque et qu’il connaît bien les écrits rabbiniques ; mais sa connaissance du grec n’étant pas aussi étendue que celle de l’hébreu, son commentaire sur le Nouveau Testament n’égale pas celui de l’Ancien, en félicité et en exactitude. Parmi les écrivains juifs, il suit généralement R. Solomon Jarchi, et l’applaudit fréquemment dans ses notes. En expliquant le sens littéral des Saintes Écritures, il surpassait la plupart de ses contemporains. Sur les passages du Nouveau Testament qui tirent leur illustration des antiquités juives, il a jeté une lumière considérable. Libéré de l’autorité des pères, il pensait par lui-même, comme ses ouvrages le découvrent suffisamment ; mais il n’était pas exempt de défauts, car il est parfois inexact dans ce qu’il attribue aux Juifs, et parfois adopte témérairement et incorrectement la philosophie aristotélicienne.

♦ Walchius dans Le Long, Bib. Sacra, édit. Masch., t. II, sec. 3, p. 357.

Les Notes du De Lyre ont été annexées à une édition de la Vulgate latine, imprimée à Rome, en 1472, en sept volumes in-folio, et ont été le premier commentaire jamais imprimé. Ils étaient aussi souvent rattachés à la Glossa. Ordinaria, ou un commentaire de Walfridus Strabus, ou Strabon ; les additions de Paul, évêque de Burgos ; et les réponses de Matthias Doringk, ou Thoringk, et imprimées avec la Vulgate ou Bible latine. La meilleure édition est celle d’Anvers, 1634, six vol. in-folio. Ils sont incorporés dans la Biblia Maximaéditée par Jean de la Haye, Paris, 1660, dix-neuf vol., in-folio. Une traduction française fut publiée à Paris, en 1511 et 1512, en cinq vol. in-folio.

De Lyra fut aussi l’auteur d’une Dispute contre les Juifs, publiée par Bratheringius, à Francfort, en 1602 ; et traduit en anglais d’après une copie préfixée à l’édition de Basil (1506, tom. 7) du Lyra’s Commentary, par un membre du Queen’s College, Cam-bridge, et imprimé dans le Jewish Repository de 1815, Lond. 8 vol., Un autre ouvrage écrit par lui, et joint à sa Biblia, est un traité contre un rabbin particulier qui s’est servi du Nouveau Testament pour combattre le christianisme. D’ailleurs, Le Long (tome 2) mentionne un traité intitulé Liber differentiarum Veteris et Novi Testamenti cum explanatione nominum Hebraorumdont une édition a été imprimée très tôt à Rouen, en in-8°. Il semble avoir traité de la différence des diverses traductions de l’hébreu , etc. D’autres écrits restent encore inédits ; et Cave (Hist. Lit.) remarque un petit tract ou deux imprimés avec les œuvres d’autres personnes.

Wicliff et Luther étaient tous deux considérablement redevables aux postillaires de Lyre. L’auteur du Prologue, qu’on attribue ordinairement à Wicliff, dit que notre réformateur anglais a consulté le Commentaire de Lyre, dans sa traduction de la Bible ; et de Luther il a été affirmé,

Oui Lyra pas lyrasset,

Lutherus n’est pas saltasset.

Si Lyra n’avait pas insisté sur la profanation,

Luther n’avait jamais planifié la Réforme. *

* Lewis’s Life of Wicliff, p. 73. Commentaire du Dr A. Clarke, Gen. Pref., p. 5.

Les écrits de notre auteur le présentent comme un défenseur de la nouveauté des points de voyelle hébraïques, en opposition à l’opinion rabbinique de leur ancienneté. « Les points, dit-il, ne sont pas une partie essentielle des lettres, et ils n’existaient pas non plus lorsque les Écritures ont été écrites, mais ont été inventés longtemps après, pour aider à la lecture ; c’est pourquoi les rôles qu’on lit dans les synagogues sont sans pointes. Ils nous informent aussi de la conduite impie des Juifs envers les chrétiens et l’Évangile. Parlant des raisons pour lesquelles les Juifs n’embrassent pas le christianisme, il observe : « Beaucoup se détournent de la foi de Jésus pour une triple cause : l’une, à cause de la crainte de la disette temporelle, car ils sont toujours avares ; et dans leur loi une abondance de choses temporelles est toujours promise ; c’est pourquoi, au-delà de toute mesure, ils abhorrent la pauvreté. Une autre cause, c’est que, dès leur berceau, ils sont nourris de haine pour Jésus ; et ils maudissent la loi chrétienne et les adorateurs de Jésus dans leurs synagogues tous les jours. Mais ces choses auxquelles les hommes sont accoutumés dès leur jeunesse, deviennent comme une seconde nature ; et, par conséquent, ils détournent le jugement de l’entendement de la vérité qui leur est contraire. La troisième cause est à cause de la difficulté et de la profondeur des choses qu’on se propose de croire dans la foi chrétienne ; car par expérience, ils savent qui s’entretient fréquemment avec eux sur ces sujets.

♦ Hody, De Bibl. Text. Orig., lib. iii, par. ii, p. 433. Jewish Repos., vol. III, p. 324. Débloquer le niveau <>.

1

Un autre frère franciscain notable était Petrus Aureolus, ou Oriel, originaire de France, et archevêque d’Aix, en Provence. On l’appelait le Docteur Éloquent. Il enseigna publiquement à l’université de Paris, de 1318 à 1321, date à laquelle il fut transféré au siège archiépiscopal. En 1345, il écrivit le Breviarium Bibliorumou Compendium de la Bible, imprimé à Paris, 1508, in-8°. Il a également écrit des Commentaires sur les Quatre Livres de Sentences, et d’autres ouvrages. Il mourut le 27 avril, mais on ne sait pas en quelle année.

♦ Cavei Hist. Lit., App., p. 22. t Voyage de Montfaucon à travers l’Italie, p. 438.

Montfaucon, dans son Voyage à travers l’Italie, nous donne un autre exemple de l’attention portée à l’étude par les frères mendiants. À Bologne, on lui montra une très ancienne BIBLE HÉBRAÏQUE, avec cette inscription préfixée :

Cette Bible hébraïque a été donnée par le frère Guillaume de Paris, de l’ordre des frères prêcheurs, confesseur du très illustre roi de France, au monastère de Bologne, pour la bibliothèque commune des frères, en l’honneur de saint Dominique Ann. 1310, la veille des ides de février. Quiconque le lit est prié de prier pour lui. Amen.+

+ Le Long, Bibliotheca Sacra, t. II, p. 634. Warton’s Hist, of English Poetry, vol. III, Dissert, sur la Gesta Romanorumpp. i-vi, .xxxvi, Ixxxvii. Biographie universelle de Lempriere. Lond., 1808, in-4°.

Mais l’érudition, quoique principalement cultivée par les mendiants, ne leur était pas entièrement réservée ; il y en avait quelques-uns appartenant aux autres ordres monastiques qui se consacraient à l’étude. C’est le cas de PETRUS BERCHORIUS, ou PIERRE BERCHEUR. Il était originaire du Poitou, et moine de l’ordre de Saint-Benoît. Son érudition était variée et étendue, et sa mémoire si tenace, qu’on dit qu’il était capable de citer des textes et des autorités de la Bible, sur tous les sujets, sans aucune autre aide. Il devint prieur du couvent de Saint-Éloï, à Paris, où il mourut, et fut enterré en 1362. De ses écrits, qui sont volumineux, quelques-uns sont perdus : les plus importants, cependant, demeurent, et sont, 1. Reductorium Morale utriusque Testamenti ; deux. Repertorium Morale, seu Dictionarium Morale ; et 2. La Gesta Romanorum. On sait aussi qu’il fut le traducteur de Lévy, par ordre de Jean, roi de France, et qu’à ce titre il inventa et introduisit divers mots qui ont aujourd’hui une bonne autorité dans la langue française. Un manuscrit de cette traduction est conservé à la Sorbonne, à Parish Les Reductorim Morale sont divisés en deux parties , dont la première contient trente-quatre livres, et consiste en des exposés allégoriques de différents passages de l’Écriture, choisis selon leur ordre dans les livres historiques et prophétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament, et des Apocryphes. Le bref extrait suivant de l’exposé de la Genèse I peut donner une idée de l’ouvrage :

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre, etc. — Il semble que, de même que Dieu s’exerçait à la création du grand monde, il s’exerçait continuellement à la création du petit monde, l’homme, et à la formation de l’homme moral. Je dis donc que la lumière est la foi, le firmament est l’espérance. Les eaux d’en haut (le firmament) sont des troubles envoyés par Dieu ; Les eaux sous (le firmament) sont des tentations provenant de la nature charnelle. La terre, c’est le corps ; les herbes et les arbres sont de bonnes œuvres ; Les fruits et les graines sont des vertus et des actions méritoires. Les lumières signifient la discrétion ; Le soleil est la sagesse divine, la lune la connaissance du monde. Les poissons, qui sont toujours dans l’eau, signifient la dévotion ; mais les oiseaux, la contemplation divine ; le bétail, l’aide et l’assistance des pauvres ; les reptiles, la compassion pour les souffrances d’autrui ; Les bêtes signifient les démons et les mauvaises pensées. L’homme, fait à l’image de Dieu, désigne la formation de l’homme moral et la perfection morale de l’esprit. Le paradis dénote la béatitude finale et la gloire qui en découle. Je dis donc que, dans le petit monde, c’est-à-dire dans l’homme moralement parfait, la première chose nécessaire est la lumière de la foi, pour éclairer l’esprit et découvrir la vérité ; et pour dissiper et confondre l’erreur et les ténèbres : c’est pourquoi il est dit (Actes IX) : Une lumière du ciel brilla autour de lui.

La seconde partie du Reductorium Morale traite du Dererum proprietatibus, et est un curieux recueil de pneumatologie, d’histoire naturelle, etc. Il est divisé en vingt-quatre livres, dans lesquels chaque sujet est allégorisé à la manière de l’exposé ou du commentaire précédent : en voici un exemple :

« De Grande-Bretagne. »

La Grande-Bretagne, c’est-à-dire l’Angleterre, est une grande île, entourée d’autres îles. Près d’elle en est une appelée Siluradont le sol est si odieux aux serpents, qu’il tue tout serpent qui y est introduit, et les habitants extraordinaires, car ils rejettent entièrement l’argent et l’usage de celui-ci, troquant une chose contre une autre, se procurant les choses nécessaires plutôt par l’échange que par l’achat, et révélant aux hommes et aux femmes la connaissance des événements futurs. Par cette île, j’entends la religion, surtout les ordres mendiants ; par le sol qui leur donne de la nourriture, la connaissance des Écritures, qui s’oppose, tue et détruit les serpents, c’est-à-dire les vices et les tentations : ils sont aussi accoutumés à ne pas estimer l’argent, mais à chercher les choses nécessaires en échangeant, c’est-à-dire en mendiant, et à ne penser qu’à l’avenir : Sagesse, et conjecture correctement ce qui est à venir.

♦ L’une des îles Scilly.

1

D’après Solinus, il y avait autrefois en Bretagne un temple dédié à la déesse Minerve, où les feux perpétuels ne blanchissaient jamais en cendres, mais, lorsqu’on les laissait s’éteindre, ils se transformaient en globes de pierre. Dites donc, s’il vous plaît, que la déesse Minerve est la Sainte Vierge, dont le temple est la conscience d’un homme juste, dans laquelle, sans doute, le feu de la charité perpétuelle doit brûler, et ne jamais se perdre dans les cendres des pécheurs, mais se transformer en pierre de persévérance.

Le Repertoriumou Dictionarium Morale, est la plus précieuse des œuvres de Berchorius. Il s’agit d’un volumineux dictionnaire théologique, dans lequel tous les mots de la version Vulgate de la Bible sont classés par ordre alphabétique et expliqués ; et découvre des connaissances théologiques étendues et une connaissance peu commune des Écritures. L’article suivant, choisi pour sa brièveté, servira de spécimen de l’ouvrage :

« Proverbium. (Proverbe.) Une énigme, ou parabole, c’est-à-dire un discours obscur, ou un dicton commun, promulgué comme une loi ou une règle. Un proverbe est utilisé pour

Une proposition allégorique ;

Une déclaration authentique ;

Une énonciation prophétique ;

Une expression méprisante.

On le prend pour une proposition allégorique, et c’est ainsi qu’on l’emploie dans Jean XV, où il est dit : « Maintenant tu parles clairement, et tu ne dis point de proverbe. » Aussi, pour une déclaration authentique, et est ainsi utilisé 1 Sam. XXIV : « Comme le dit le proverbe des anciens : la méchanceté vient des méchants. » De plus, pour une énonciation prophétique, comme Eccles, xxxix : « Il cherchera les secrets des sentences graves, ( Vulg. Proverbiorum,) et soyez familiers avec les paraboles obscures. C’est aussi une expression méprisante, et c’est ainsi qu’il est employé 1 Rois ix : « Israël sera un proverbe et un mot d’ordre parmi toutes les nations. »+

+Berchorii Opera, tom. t. I, p. 1, 906 ; euh, tom. t. II, p. 959. Côlon. Agrip. 1620, fol.

Ces ouvrages ont été imprimés à plusieurs reprises ; l’édition d’où les traductions ci-dessus ont été faites est en deux gros volumes in-folio, imprimés à Cologne, 1620.

VolI. — 27

La Gesta Romanorum est une compilation singulière de romances, d’apologues et d’histoires. C’était l’un des livres les plus appréciés de cette époque ; et semble avoir été compilé à partir des chroniques latines obsolètes de l’histoire romaine ultérieure, ou plutôt de l’histoire allemande rehaussées d’inventions romantiques, de légendes des saints, d’apologues orientaux et de nombreux récits fictifs plus courts qui sont arrivés en Europe avec la littérature arabe, et qui étaient familiers dans les âges de l’ignorance et de l’imagination. Les classiques sont parfois cités pour faire autorité ; mais ceux-ci sont de l’ordre inférieur, tels que Valerius Maximus, Macrobe, Aulus Gellius, Sénèque, Pline et Boèce. À chaque conte est jointe une Moralisation, qui la réduit à une leçon chrétienne ou morale. La plupart des apologues orientaux sont tirés de la Clericalis Disciplinaou dialogue latin entre un philosophe arabe et Edric son fils, jamais imprimé, écrit par Pierre Alphonse, un Juif baptisé, au commencement du XIIe siècle, et recueilli à partir de fables, d’apothicaires et d’exemples arabes. Certains sont également empruntés à une ancienne traduction latine du Calilah u Damnahun célèbre ensemble de fables orientales, auquel Alphonse était également redevable. Cet ouvrage populaire fut l’un des premiers livres imprimés, plusieurs éditions ayant été publiées avant 1500 ; et a été traduit en néerlandais en 1484. Warton a fait précéder une savante Dissertation sur les Gesta Romanorum de son History of English Poetry, vol. III, d’où sont tirées les remarques précédentes.

En ITALIE, l’érudition classique commença à renaître, principalement grâce aux efforts de FRANÇOIS PÉTRARQUE, qui, comme l’a dit un écrivain élégant, « tira le nom de son pays de l’obscurité et le rendit l’admiration de l’Europe ; qui recherchait la société des étrangers savants, et fut parmi les premiers à promouvoir la culture de la langue grecque ; qui, lui-même philosophe, historien, orateur, poète et philologue, encourageait, par son exemple, toutes les activités libérales. Et qui, s’il n’avait pas déshonoré son caractère moral par une passion infâme pour Laure, la femme de Hugo de Sade, seigneur de Saumane, aurait dû réclamer les applaudissements sans réserve de tous les amis de la littérature et du génie.

♦ Histoire littéraire du Moyen Âge de Berington, p. 410.

1                             27*

 

Cependant, avec toute son ardeur et son enthousiasme pour la culture de la littérature, Pétrarque restait si ignorant du grec, que lorsqu’un Homère grec lui fut envoyé de Constantinople, il se plaignit de ne pouvoir en goûter les beautés. Mais sa connaissance défectueuse de cette langue abondante était occasionnée par les ténèbres déplorables de l’époque où il vivait, et non par sa propre indifférence ou négligence. Car telle était la lamentable indifférence pour l’étude du grec, qu’il ne se trouvait pas à Rome un seul savant versé dans cette langue. Il était réservé à son ami Boccace, ou BOCCACE, de jouir du plaisir et d’obtenir l’honneur de faire connaître au public, et par conséquent une rétribution, Léon ou LÉONCE PILATE, le premier professeur de grec à Florence. C’était vers l’an 1360. Il avait été retenu à Florence, lorsqu’il se rendait d’Orient à Avignon, sur les conseils et l’hospitalité de Boccace, qui logea l’étranger dans sa maison, et obtint des magistrats qu’il l’élit membre de leur académie, et qu’il lui accordât une appointement annuelle. L’apparence du conférencier était dégoûtante. Il était vêtu, dit son disciple (De Genetti. Deorum., lib. xv, cap. vii,) dans le manteau d’un philosophe ou d’un mendiant ; sa physionomie était hideuse ; son visage couvert de cheveux noirs ; sa barbe longue et non peignée ; son attitude rustique ; son tempérament sombre et inconstant ; il ne pouvait pas non plus orner son discours des ornements, ou même de la perspicacité de l’élocution latine. Mais son esprit était rempli d’un trésor d’érudition grecque ; L’histoire et la fable, la philosophie et la grammaire, étaient à sa disposition. L’inconstance de ses dispositions le fit retourner à Constantinople, après n’avoir occupé la chaire de professeur que trois ans. Encore inquiet, il résolut de revisiter le pays qu’il avait quitté, et s’embarqua dans ce but à bord d’un vaisseau destiné à l’Italie, mais comme ils approchaient du rivage, le navire fut assailli par une tempête ; et notre malheureux maître, qui s’était attaché au mât, fut frappé mort par un éclair.

■ Histoire littéraire du moyen âge de Beringtor, t. VI, p. 434-436.

Les écrivains théologiques en Italie, à cette époque, étaient peu nombreux, et leurs écrits en général sans importance. Les principaux de ceux qui employaient leur plume sur des sujets de divinité essayaient, par des commentaires allégoriques et mystiques, d’illustrer ou d’expliquer les écrits sacrés ; mais rien ne paraît avoir été publié digne d’être signalé, si ce n’est peut-être la MARGARITA BIBLICA DE GUIDO DE PILEO, frère dominicain, évêque de Ferrare, mort en 1331 ; dans lequel l’auteur s’est efforcé, en vers hexamètres, de donner un résumé et un exposé allégorique de l’Ancien et du Nouveau Testament. Une édition, sans lieu ni date, a été imprimée dès l’enfance de l’art typographique.+

+Le Long, tom. t. II, p. 906,

En ALLEMAGNE, JOANNES RUSBROCHIUS, originaire du Brabant, et prieur du monastère du prieuré de Viridis Vallis, mort après J.-C. En 1380, il écrivit un certain nombre d’ouvrages mystiques, dont un en langue allemande, Sur le tabernacle de Moïse, dans lequel il explique, à sa manière, de nombreuses parties des livres de l’Exode, des Nombres et du Lévitique. L’ensemble de ses ouvrages a été imprimé deux fois à Cologne ; d’abord en 1552, in-folio, puis en 1609, in-quarto. Dans ces éditions, ses œuvres allemandes sont traduites en latin. Vers l’an 1300, une version en prose des Écritures a été traduite en néerlandais, mais l’auteur n’est pas connu.

■ Seci Hist. Lit., App., p. 57. Acta Eruditorum. An. 1733, p. 62, in-4°.

Si nous nous tournons vers le nord de l’Europe, les principaux événements qui intéressent le bibliste sont les traductions privées des Écritures dans la langue vernaculaire de la Suède et de la Pologne, l’une exécutée à la demande d’une princesse, dont le nom a été transmis à juste titre aux siècles suivants, et l’autre traduite par la non moins illustre princesse dont il porte le nom. Sainte Birgite, ou Brigitte, était fille de Birger, ou Birgines, prince du sang royal de Suède, et d’Ingeburgis, fille de Sigridis, dame descendant^ des rois des Goths, et naquit en 1302. Elle épousa Ulpho, prince de Nericia, en Suède, qui mourut en 1344, au monastère d’Alvastre. Après la mort de son mari, elle fonda un ordre religieux, appelé d’elle l’ordre des Brigittins, ou Brigettins ; et construisit le grand monastère de Wastein, dans le diocèse de Lincopen, en Suède. Sur sa demande, Matthias, ou MATTHIEU de Suède, son confesseur et chanoine de Lincopen, traduisit pour son usage, ignorant le latin, la Bible en suédois, accompagnée DE courtes annotations savantes. Le traducteur, qu’on appelait aussi Matthieu de Cracovie, en Pologne, probablement parce qu’il était natif de cette ville, fut ensuite élevé au siège épiscopal de Worms, où il mourut en 141O. + Il a écrit sur plusieurs sujets théologiques, tels que la messe, l’eucharistie, etc. Certains de ses manuscrits seraient encore conservés dans différentes bibliothèques. Sainte Brigitte mourut le 23 juillet 1373. Ses prétendues « Révélations » ont été imprimées à plusieurs reprises, à Lubec en 1492, à Nuremberg, en 1521, avec des coupures, fort estimées ; à Rome, 1521, etc.++ On ne trouve plus d’exemplaire de la traduction des Écritures qu’elle s’est procurée ; mais dans la bibliothèque de l’université de Leipzig, il y a un manuscrit in-12, contenant la Bible latine, assez écrite, qu’on dit avoir été transcrite de sa propre main.

+ Messénius situe sa mort vers l’an 1352 ; et dit qu’il était intime avec les dominicains de Stockholm, au milieu desquels il rendit le dernier soupir ; mais Butler prétend indiquer l’heure de sa mort d’après son épitaphe. Voir Messenii Scandia. Illustrataii, tom. ix, cap. vi, p. 43. Stockholm, 1700, fol.

++ Butler’s Lives, vol. x, 8 octobre, pp. 158-166.

§ Le Long, Biblioth. Sacra, tom. i, p. 240.

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La version polonaise est attribuée à HEDWIGE, fille de Louis, roi de Hongrie et de Pologne ; ou, selon quelques auteurs, fille de Casimir le Grand. Elle fut élue reine souveraine de Pologne en 1384, et ses panégyristes nous assurent qu'« elle était éminente par ses immenses charités envers les pauvres, sa libéralité envers les églises, les monastères et les universités ; son humilité et son aversion pour le faste ou les vêtements voyants ; sa douceur, qui était si merveilleuse, que, dans un rang si élevé, elle était tout à fait étrangère à la colère et à l’envie, » et qu’elle « ne lisait que des livres qui traitaient de piété et de dévotion ; les principales étant les Saintes Écritures, les Homélies des Pères, les Actes des Martyrs et autres saints, et les Méditations de saint Bernard, etc. En 1386, elle épousa Jagello, un duc païen de Lituanie, à condition qu’il embrasse la foi chrétienne et l’établisse dans ses États. À son baptême, il reçut le nom de Vladislas, et persuada ensuite les sujets de son duché de faire profession de l’Évangile. Hedwige meurt à Cracovie en 1399.+ Johannes Lasicius, dans son ouvrage De gentis Franciscæ Gestislib. i, prétend avoir vu un élégant manuscrit de cette traduction.++

Dans la bibliothèque royale de Copenhague, il y a un manuscrit (n° 8 des manuscrits, in-folio, du catalogue thottien) qui appartenait autrefois au comte Thott, et qui contient une version danoise d’une partie de l’Ancien Testament, qui aurait été faite au XIIIe siècle, ou au plus tard au commencement du XIVe siècle. Je dois le récit qui suit à l’obligeance du révérend Ebenezer Henderson, qui m’a fait la faveur d’un précieux manuscrit de l’Histoire des versions danoises, écrit par lui-même, et auquel cet ouvrage sera principalement redevable de ce qui se rapporte à l’histoire biblique du Danemark.

Le manuscrit danois de l’Ancien Testament, déposé à la bibliothèque royale de Copenhague, « forme un in-folio ordinaire, et a été fortement relié dans des planches de bois, recouvertes de peau. Il a déjà subi des dommages considérables par son exposition dans un endroit humide et moisit rapidement aux extrémités. Il est écrit sur papier, en deux colonnes parallèles. Vers le début, les lignes marquant l’espace à remplir par le texte ont été tracées avec de l’encre, dont la couleur est considérablement plus pâle que celle avec laquelle le texte lui-même est écrit ; mais le reste a été réglé avec une plume de plomb. Le texte forme un tout, aucun espace vide n’étant laissé ni entre les chapitres ni entre les livres. Le numéro du chapitre commence sur la même ligne que la fin du précédent, et est plus long ou plus court, selon l’espace qu’il fallait remplir. Le titre du livre est écrit en haut de la page, jusqu’au milieu du douzième chapitre de l’Exode, d’où il est omis jusqu’à la fin. La lettre initiale de chaque chapitre est grossièrement ornée, et est écrite avec une sorte de peinture rouge, qui a quelque chose d’une surface brillante, ressemblant à de la cire. Le même matériel est utilisé pour corriger ce qui a été mal écrit, et pour écrire les titres des livres et des chapitres. Il est également employé dans la ponctuation, qui consiste en un trait tracé transversalement à travers la ligne, répondant aux arrêts les plus courants ; et là où commence un mot ou une phrase remarquable, un trait rouge est tracé à travers la première lettre du mot. Au bas de la page se trouvent un certain nombre de prières et d’effusions pieuses, à travers une partie considérable de la Genèse, mais elles sont l’œuvre d’une main postérieure. Les deux premières feuilles, et une partie de la troisième, ont été dévorées par la dent du temps ; et le texte commence maintenant Genèse ii, 10. Il est également défectueux de Genèse xxx, 36, à xxxi, 29, et se termine par 2 Rois xxiii, 14.

La version est faite exactement d’après la Vulgate, et en reprend fidèlement tous les défauts, et cela ne peut pas être un sujet de surprise pour ceux qui savent qu’il a été douteux, par ceux qui connaissent le mieux l’histoire ecclésiastique de ce pays, qu’à cette époque il y ait eu quelqu’un du clergé qui ait même compris le Testament grec en Danemark ; et que beaucoup d’ecclésiastiques eux-mêmes n’avaient pas eu l’occasion de faire connaissance avec la Vulgate. Le traducteur de la version danoise n’a pas seulement suivi servilement la Vulgate, mais il a parfois essayé d’exprimer la dérivation des mots latins dans sa version, ce qui n’a pas manqué, dans bien des cas, de la rendre ridicule. C’est ainsi que le Tout-Puissant est présenté, Genèse xxvi, 5, comme louant Abraham pour l’usage des cierges de cire dans l’observance de ses rites religieux. La Vulgate a des cérémoniesque cette traduction rend ainsi : « Parce qu’Abraham a obéi à ma voix, et a gardé mes commandements et mes commandements, et a observé les jours de fête avec de la cire, c’est-à-dire des cierges de cierge, et des lois ? Le même rendu se produit également à plusieurs autres endroits. Dans Exode, XXVIII, 4, les termes latins utilisés pour décrire les vêtements des prêtres sont expliqués par l’habillement sacerdotal de l’Église romaine. On fait un grand usage des synonymes pour l’explication, surtout dans les passages où des mots latins sont introduits.

« Les traductions des préfaces de Jérôme sont introduites à leur place ; et parfois, quoique rarement, un passage de l’Historia Scholastica de Pierre Comestor est introduit . Ainsi l’histoire de la tombe de Joseph est racontée d’après Exode, xiii, 19 ; un long récit est donné de l’enfance et de la jeunesse de Moïse à la fin de Nombres XII, et, à la fin de 1 Samuel xxv, une comparaison est faite entre Saül et le diable, et une autre entre David et un homme spirituel, qui se termine ainsi : « 0 Saint David, priez pour nous. » "

Un compte rendu complet de ce manuscrit est donné par le Dr Wöldike, dans le second volume des Transactions of the Royal Society of Copenhagen, qui conclut, d’après la taille du volume, qu’il y en avait peut-être à l’origine deux autres, comprenant toute la Bible ; mais le Dr E. Henderson remarque que « la manière abrupte dont ce fragment se termine, au début de la première colonne de la dernière page, sans tenir compte d’aucune division dans la Bible, montre que sa taille actuelle n’est qu’accidentelle, et que soit l’original [dont ce manuscrit semble être une copie] ne s’est pas étendu plus loin, ou le transcripteur a été empêché par la mort, ou par quelque autre cause inévitable, de poursuivre son travail.

Pontoppidan (Annales Eccles. Danicæ Diplom., t. IV, p. 563) mentionne qu’il a trouvé, dans un ms. B. Bircherodii, un avis concernant un ordre donné en 1671 par Christian V. d’imprimer un très ancien manuscrit de la Bible, qui a été conservé dans la bibliothèque royale, et qu’il suppose avoir été le manuscrit que nous venons de décrire ; mais l’ordre semble n’avoir jamais été mis à exécution. une circonstance qui ne peut qu’être déplorée par le bibliste, comme le MS. est évidemment dans un état de délabrement.

Parmi les GRECS de ce siècle, Euthalius Johannes Cantacuzenus et Simon Jatumæus sont les plus dignes d’attention. CANTACUZÈNE, né à Constantinople, fut élevé dans les lettres et dans les armes, et admis aux plus hautes charges de l’État. L’empereur Andronic le combla de richesses et d’honneurs ; et à sa mort, en 1341, il lui laissa le soin de l’empire et la tutelle de son fils, Jean Paléologue, alors âgé de neuf ans seulement, jusqu’à ce que son fils fût capable de prendre lui-même les rênes du gouvernement. Il s’acquitta de cette confiance pendant quelque temps avec la plus grande fidélité et la plus grande diligence, jusqu’à ce que, l’impératrice douairière et sa faction l’ayant proclamé traître, il fut amené à écouter les supplications de l’armée et des nobles, et à prendre la pourpre impériale. Une guerre civile s’ensuivit, dans laquelle Cantacuzène fut victorieux. À un âge convenable, il associa le jeune Paléologue à lui dans l’empire, et confirma l’union en lui donnant sa fille en mariage. La jalousie et la méfiance donnèrent de nouveau naissance à des commolions civiles, jusqu’à ce que, las des troubles de la souveraineté, et ne voulant pas continuer la lutte, Cantacuzène abdiqua sa part dans l’empire, prit l’habit de moine, et, se retirant dans un monastère, prit le nom de Joasaph ou Josaphat, et se consacra aux devoirs de la religion et à la littérature. Dans cet abandon des grandeurs mondaines, il était accompagné de sa femme, qui entra dans un couvent et changea son nom d’Irène en Eugénie. Dans sa retraite, il écrivit une Histoire de son temps, dont une splendide édition, avec une traduction latine, fut publiée à Paris, en trois volumes, in-folio, 1645 ; — Apologie du christianisme, contre les mahométans, avec quatre livres pour réfuter les erreurs de Mahomet et de l’Alcoran, écrite en 1360, à la demande d’un moine chrétien : qui s’était converti du mahométisme ; et édité par Rodolphe Gualter, qui les traduisit en latin, et les publia avec le grec, à Basile, en 1543, in-folio, et ensuite avec l’Alcoran, en 1555 ; — et un ouvrage contre les Juifs, destiné à réfuter leurs erreurs. Ce dernier ouvrage est aussi parfois noté comme " Neuf sermons " contre les Juifs. Dans ses écrits, Cantacuzène prit le nom de Christodulus. L’heure de sa mort est incertaine, bien qu’il soit censé avoir vécu de nombreuses années dans sa retraite.

♦ Cavéi Hist. Lit., App., p. 37, 38. Fabricii Delectus Argumentorum, &c., p. 124. Hambourg, 1725, in-4°.

SIMON ou JACQUES JATUMÉE, frère dominicain, natif de Constantinople, florissait vers la fin de ce siècle. Il fut d’abord évêque de Geirace, en Calabre Ultra, en Italie, puis archevêque de Thèbes, en Béotie. Sa connaissance du grec, du latin et de l’hébreu, qu’il maîtrisait à fond, lui permit de former, à partir des meilleures et des plus exactes copies grecques, une série régulière ou une harmonie de l’ensemble du Nouveau Testament, et de la traduire en hébreu et en latin. Ces versions, avec la grecque, il les plaça sur trois colonnes parallèles sur chaque page, et, avec beaucoup de travail et de diligence, il les disposa avec tant d’exactitude, que chaque version répondait à l’autre, ligne par ligne, et phrase par phrase, tant par le sens que par les mots. Un exemplaire de cette curieuse Harmonie triglotte était autrefois conservé à la bibliothèque de Gênes.+

+ Sixt. Senens. Bibliotheca Sanct., lib. t. IV, p. 378. Le Long, Bibliotheca Sacra tom. t. I, p. 61,

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EUTHALIUS RHODIUS était un moine de l’ordre de Saint-Basile qui, à l’exemple de l’ouvrage latin du cardinal Hugo, a compilé une Concordance grecque de la Bible. On ne sait rien de plus de lui, si ce n’est qu’il vivait au commencement de ce siècle ; Il n’existe pas non plus de copie de son œuvre à l’heure actuelle.

Sixt. Senens Biblioth. Sanct., lib. iv, p. 286.

En dirigeant nos regards vers l’est, nous trouvons une traduction PERSANE des quatre Évangiles, faite sur ordre du prince Ibn Sahm Addaula ibn Scirana. L’inscription suivante, à la fin d’un manuscrit de cette version, est caractéristique de l’époque et du pays où elle a été écrite :

« Ces quatre glorieux évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, furent achevés dans la ville de Caffa++habitée par des chrétiens, (les prières étant accomplies), le troisième jour de la semaine, le neuvième jour du mois de Tamouz, appelé en latin juillet, en l’an du Christ Messie, 1341, par la main du plus faible du peuple de Dieu, Simon ibn JOSEPH IBN ABRAHAM AL TABRIZI. Que le Dieu de ceux qui le craignent (c’est-à-dire des chrétiens) par sa grâce et sa providence fasse miséricorde, afin que, lorsqu’ils lisent ou entendent ce livre des Évangiles, ils disent un Pater Noster et un Ave Maria, pour le pauvre écrivain, afin que, par la miséricorde divine, il soit aussi pardonné. Amen. Et ce livre des Évangiles a été écrit sur l’ordre et le conseil de son seigneur et roi, (la gloire des princes et des marchands, et l’honneur du peuple du Christ), l’ami et le frère de l’église pure, le seigneur et prince IBN SAHM ADDAULA IBN SCIRANA, surnommé Teflis. Que Dieu lui fasse grâce, ainsi qu’à sa famille. Amen.

++ Caff est une ville de Crimée. On l’appelait autrefois Théodosie, et depuis qu’elle est entrée en possession des Russes, ce nom lui a été rendu. Elle est actuellement principalement habitée par des étrangers de différentes confessions religieuses. En juillet 1815, une Société biblique fut établie dans cette ville, destinée particulièrement à comprendre dans la sphère de ses opérations les pays situés sur les rives de la mer Noire. À cette occasion, Son Excellence Bronefsky, gouverneur de la ville, transmit à la Société biblique russe une communication écrite par lui-même, dans laquelle il dit : « Abhazi, Mingrellia et A.natolia, étant en relation commerciale la plus étroite avec la Théodosie, présentent un vaste champ pour la Société biblique proposée dans cette ville. Il est bien connu que dans les temps anciens, les Abhazi étaient éclairés par la foi du Christ, et appartenaient à la communion grecque, possédaient leurs propres évêques, et étaient comptés à l’Éparché d’Alanie, dont le siège était Théodosie, et ensuite Phanagaria. Cependant, après la chute de l’empire grec, la nation des Ab-Hazi, comme les Circassiens, étant privée de prédicateurs et ne possédant pas de langue écrite, retourna à ses coutumes païennes, et enfin beaucoup d’entre eux embrassèrent la religion mahométane. Des monuments du christianisme existent encore aujourd’hui parmi eux, dans les restes d’églises, pour lesquels le peuple a encore du respect. Une autre preuve en est la vénération qu’ils ont pour la forme de la croix. Certaines tribus abhaziennes dans les environs d’Annapa, accomplissent leur service religieux, qui est très mêlé de paganisme, devant une croix, placée sur un arbre, ou ils découpent simplement la forme de la croix sur l’écorce de l’arbre, et prient et offrent des sacrifices devant elle. Voir le douzième rapport de la Société biblique britannique et étrangèreapp., n° viii, p. 13. Lond. Année 1816.

Waltoni Prolég., xvi.

« Cette version, remarque le Dr A. Clarke, a été faite de la manière la plus évidente par un chrétien de confession catholique romaine, qui a agi sous l’influence la plus prédominante de sa propre croyance particulière ; car il n’est pas seulement interpolé avec des lectures de la Vulgate, mais avec des lectures de rituels et de légendes.+ Il a été imprimé avec la traduction latine du Dr Samuel Clarke, dans le cinquième volume du London Polyglott, d’après un manuscrit appartenant au savant Dr Pocock. Une version beaucoup plus pure et plus simple des quatre Évangiles, mais de date incertaine, a été publiée, avec une traduction latine, en 1657, fol. Il a été traduit en latin et préparé pour l’imprimerie par M. Abraham Wheeloc, professeur d’arabe à l’université de Cambridge, qui a effectivement commencé à l’imprimer en 1652 ; mais mourant peu de temps après, l’ouvrage fut patronné par Thomas Adams, lord-maire de Londres, et achevé sous les soins de M. Pierson, sous la presse de J. Flesher. Il semble que M. Wheeloc ait eu l’intention d’apposer des notes critiques sur chaque chapitre ; mais comme le commentaire régulier semble n’avoir été préparé que jusqu’au dix-septième chapitre de Matthieu, les notes que le poursuivant a trouvées après la fin de ce chapitre sont toutes imprimées à la fin de l’ouvrage.++ Il est probable que la première version ait été faite à partir du syriaque, la seconde à partir de la Vulgate latine.

+ Commentaire du Dr A. Clarke. Introduction aux Évangiles et aux Actes des Apôtres, p. 14.

++ Commentaire du Dr. A. Clarke., ubi sup.

Une autre version des Évangiles en persan est mentionnée par Le Long. Il a été transcrit en l’an 1388, mais d’après un original de date beaucoup plus ancienne ; et fut envoyé au collège de Riome, d’Agra, dans les Indes orientales, par Jeronymo Xavier, missionnaire catholique, qui mourut à Goa en 1617.

§ Le Long, Biblioth. Sacra, tom. i, p. 133.

Pour en revenir à l’Ouest, un événement singulier en Irlande retient notre attention. Vers l’an 1358, Richard Fitzralph, archevêque d’Armagh, possédait une traduction, probablement faite par lui-même, du Nouveau Testament en irlandais. D’après les informations de Bale, citées par l’archevêque Usher, cette copie a été cachée par lui dans un certain mur de son église, || avec la note suivante : « Quand ce livre sera trouvé, la vérité sera révélée au monde ; ou Christ n’apparaissent pas tard. Ceci, observe le narrateur, a été écrit dans l’esprit de la prophétie, car le livre a été trouvé lors de la réparation de l’église d’Armagh, vers l’an du Christ 1530.* Aucun vestige de cette traduction n’est censé subsister ; quoique Fox, dans ses Actes et Monuments de l’Église, vol. I, p. 511, imprimés en 1570, dise : « J’ai entendu parler de manière crédible de certaines vieilles Bibles irlandaises traduites en une longue synce dans la tong d’Irysh, ce qui, s’il est vrai, n’est pas autre chose que d’être l’œuvre de cet Armachanus et ajoute que cela a été « attesté par certains Anglais, qui sont encore alyves, et qui l’ont sene.

|| Un curieux manuscrit original du Nouveau Testament, (un Évangilesaint Marcmanquant / trouvé muré dans l’église de Loddington, dans le Northamptonshire, était en la possession de l’évêque More, qui l’avait emprunté au révérend George Tew, le recteur, mais ne l’a jamais rendu ; et est censé être maintenant dans la bibliothèque publique de Cambridge, parmi la collection de livres achetés à la mort de l’évêque pour £0,6, par le roi George T., et présenté à cette université.—Nichols’s Literary Anecdotesvol. ix, p. 000.

- ↑ Usseria Hist. Dogmat., p. 156.

RICHHARD FITZRALPH, OU FITZRAF, « un homme digne, pour son zèle chrétien, d’éloges immortels », fut élevé à Oxford, sous la direction de John Baconthorpe, qu’on appelait le docteur résolu. Ses capacités le recommandèrent au roi Édouard III, qui le promouva, d’abord à l’archidiaconé de Lichfield, puis à la chancellerie d’Oxford, et ensuite à l’archevêché d’Armagh, en 1347. Il était l’adversaire sévère et déclaré des frères mendiants, qui, par leur arrogance et leurs empiétements sur les droits du clergé, avaient créé un dégoût très général. Cité par eux à comparaître devant le pape Innocent IV, il se défendit en présence du pontife, dans une oraison dont la substance est conservée dans les Actes et Monumentes de Fox, t. I, p. 505-510. Dans ce discours, il observe que les frères mendiants attirent et trompent tant de jeunes savants qui sont envoyés dans les universités, pour entrer dans leur ordre, que « les laïcs, voyant que leurs enfants leur étaient ainsi volés, refusent de les envoyer à leurs études, plutôt disposés à les garder à la maison pour leur occupation, ou de suivre la charrue, plutôt que d’être contournés et vaincus par leurs fils à l’université, comme l’expérience quotidienne le montre manifestement. Car, alors qu’il y avait de mon temps, dit-il, trente mille étudiants à l’université d’Oxford, il n’y en a plus aujourd’hui six mille. Et remarque ainsi la décadence de l’érudition occasionnée par leur monopole des livres : « Ces frères mendiants, par leurs privilèges obtenus des papes de prêcher, d’entendre les confessions et d’enterrer ; et, par leurs chartes d’impropriation, ils acquièrent de si grandes richesses et possessions par la mendicité, la convoitise, la capture et l’ingérence dans les affaires de l’Église, qu’aucun livre ne peut bouger d’aucune science, ni de la théologie, ni de la loi, ni de la physique, qu’ils ne soient capables et prêts à l’acheter. De sorte que chaque couvent ayant une grande bibliothèque pleine et garnie de toutes sortes de livres, et qu’il y a tant de couvents dans le royaume, et dans chaque couvent tant de frères augmentant chaque jour de plus en plus, il arrive par là qu’il ne reste que très peu de livres, ou pas du tout, pour les autres étudiants dont il donne cet exemple. « qu’il envoya lui-même à l’université quatre de ses propres prêtres ou chapelains, qui lui firent dire de nouveau qu’ils ne pouvaient trouver ni la Bible, ni aucun autre bon livre de théologie utile, se réunirent pour leur étude, et qu’il ajouta en outre qu’il était « sûr que l’un d’eux était déjà revenu ».

L’opposition du bon archevêque à ce qu’il considérait comme les abus régnants de son temps, lui attira beaucoup de troubles et de persécutions. Notre martyrologue nous dit que dans une certaine confession ou prière, composée par Fitzralph, et dont il avait lui-même une copie, il raconte les détails de ses nombreuses délivrances providentielles de la main de ses ennemis, et presque toute l’histoire de sa vie, en particulier « comment le Seigneur l’a instruit, et l’a tiré des vanités profondes de la subtilité d’Aristote, à l’étude des Écritures de Dieu. Le début de la prière en latin, tel qu’il nous est donné par Fox, mérite d’être traduit. « À toi soient la louange, la gloire et l’action de grâces, ô Jésus, le très saint, le plus puissant, le plus aimable, qui as dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie, un chemin sans déviation, la vérité sans nuage et la vie sans fin. Car tu m’as montré le chemin ; tu m’as enseigné la vérité ; et tu m’as promis la vie. Tu as été mon chemin dans l’exil ; tu as été ma vérité dans le conseil ; et tu seras ma vie en récompense. Après cette citation, tout personnage pieux regrettera que l’honnête martyrologue n’ait pas exécuté le dessein qu’il avait formé de publier toute la confession.

Fitzralph demeura quelque temps en exil et mourut à Avignon, vers l’an 1360 ; mais tel était le caractère qu’il avait conservé qu’en apprenant sa mort, un certain cardinal déclara ouvertement : « Une puissante colonne de l’Église du Christ est tombée. »

♦Foxes Actes et Monumentes, t. I, p. 502-511. Lond., 1570, fol.

En ANGLETERRE, l’un des principaux promoteurs de l’érudition fut RICHARD DE BURY, ou AUNGERVILLE, évêque de Durham, né en 1281 et mort en 1345. C’était un homme singulièrement instruit et si dévoué à la littérature, qu’il gardait des transcripteurs, des relieurs et des enlumineurs dans ses palais, et qu’il dépensait tout son riche revenu à acheter des manuscrits rares et curieux, pour lesquels il employait des agents non seulement en Angleterre, mais en Italie, en France et en Allemagne. Outre les bibliothèques fixes qu’il avait formées dans ses divers palais, le plancher de son appartement commun était tellement couvert de livres, que ceux qui y entraient risquaient de les fouler aux pieds. Par la faveur d’Édouard III. il eut accès aux bibliothèques des principaux monastères, où il secoua la poussière de divers volumes (tous manuscrits, comme il devait nécessairement en être ainsi à cette époque), conservés dans des coffres et des presses, qui n’avaient pas été ouverts depuis des siècles ; et tandis qu’il était chancelier et trésorier d’Angleterre, au lieu des présents et des cadeaux habituels du jour de l’an qui dépendaient de sa charge, il a choisi de recevoir ces avantages Le récit que l’honnête John Stow a fait de lui , dans ses Annales, est trop intéressant pour ne pas être transcrit dans ses propres termes : « Richard Bury, dit-il, est un peu à rappeler, par exemple, à d’autres. Il naquit près de Saint-Edmundsbury. Par son père, Sir Richard Angaruill, chevalier, et son oncle, Sir John Willowby, son gouernour, il fut d’abord mis à l’école de grammaire, et ensuite envoyé à Oxford, d’où il fut appelé à enseigner Ed. de Windlesore, alors prince : ensuite ce Richard fut fait receveur principal d’Edwarde II en Gascoigne, au moment où Yoong Edward avec sa mère s’enfuit à Paris. dont les dépenses ayant commencé à manquer, ledit Richard vint à eux avec une grande somme d’argent, pour laquelle il fut poursuivi jusqu’à Paris, où il se cacha dans un clocher dans l’espace de deux jours. Après cela, il fut nommé trésorier d’Édouard III, puis trésorier de la garde-robe, puis clarke au sceau priuie par l’espace de belles années, dans lequel il alla au pape Jean. Dans la sixième et la quarantième année de son âge, il fut sacré évêque de Durham, puis il fut fait trésorier d’Angleterre, et après chancellerie, depuis ce temps-là il fut envoyé trois fois au roi de France, pour réclamer le royaume de France, et après cela, à Anvers et dans d’autres endroits du Brabant, en embassage dans l’espace de neuf ans. Il était très enchanté de la compagnie des Clearkes, et en avait toujours beaucoup dans sa famille, parmi lesquels se trouvaient Thomas Bradwardine, plus tard archevêque de Cantorbéry, Richard Fitz Ralph, archevêque d’Armacham, Walter Burley, John Manditt, Robert Holcot, Richard Kilwington, tous docteurs en théologie, Richard Wentworth, ou Beni worth, byshoppe de Londres, et Walter Segraue. byshoppe de Chichester. Chaque jour, à sa table, il avait l’habitude de lire un peu, et tous les jours, après le dîner, il disparaissait avec ses clairs priuates et d’autres personnes de sa maison, à moins qu’une cause ne l’eût laissé faire. D’autres fois, il était ocau-pied, soit dans la seruice de Dieu, soit dans ses livres. Chaque semaine, il donnait, pour le soulagement des pauvres, huit quarters de blé transformés en pain, sans compter les débris ordinaires de sa maison. De plus, en allant ou en venant de Newcastle à Durham, il accordait quelquefois douze marcs en butDe Durham à Stockton, huit markes, de Durham à Aukland, de Durham à Middleham, cent shillings, etc. Il aimait tellement les livres, qu’il en avait plus (comme on le pensait) que tous les marchands d’Angleterre. Il a donné beaucoup de riches ornements à l’église de Durham. Il construisit une salle ou une maison à OxfoM, qu’il mit à rude épreuve pour ses écoliers. Et aussi prouidé dans une bibliothèque grand magasin de livres, pour la vse de toute l’universitie, comme ledit évêque l’écrit lui-même dans son booKe intitulé PHILOBIBLOS,  et a nommé les maîtres de la salle pour assigner cinq écoliers pour la tenue de la bibliothèque commune.+

* Warton’s Hist, of English Poetry, vol. I, diss. 2.

♦ Voir p. 403 de ce volume.

+ Stow’s Annales, ou Chronique générale d’Angleterre, pp. 240, 241. Londres, 1615, folio.

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Cependant telle était l’influence du mépris général dans lequel les laïques étaient tenus par le clergé, que, tandis que ce grand homme déplorait l’ignorance totale de la langue grecque parmi ses frères clercs, il ne se faisait pas scrupule d’affirmer : « Laid omnium librorum communione indigni sunt— Les laïques sont indignes d’être admis dans aucun commerce de livres, sentiment qui découvre suffisamment l’ignorance profonde qui a dû régner dans toutes les classes de la société, le clergé excepté. C’est avec des sentiments bien différents que le lecteur d’aujourd’hui parcourra son opinion sur les livres, lorsqu’il dira : « Hi sunt magistri qui nos instruunt sine virgis et ferula, sine verbis et colera, sine pane et pecunia. Si accedis non dormiunt ; inquiris non se abscondunt ; non remurmurant si oberres ; Ce sont des maîtres qui nous instruisent sans verge ni férule, sans expressions sévères ni colère, sans nourriture ni argent. Quand nous venons à eux, ils ne dorment pas ; quand on les cherche, ils ne se cachent pas ; quand on les confond, ils ne se plaignent pas ; Si nous sommes ignorants, ils ne nous méprisent pas. Le traité d’où sont tirés ces passages a été écrit en référence à la bibliothèque qu’il a léguée à l’université d’Oxford. Il s’intitule PHILOBIBLOS, ou PHILOBIBLION, est écrit en latin, dans un style déclamatoire, et est divisé en vingt chapitres. Dans cet ouvrage, il déplore que la bonne littérature ait entièrement cessé dans l’université de Paris, qu’il appelle le « paradis du monde », et dit qu’il y a acheté une variété de volumes inestimables dans toutes les sciences, qui étaient pourtant négligés et périssaient. Ce savant prélat mourut en 1345, dans son palais d’Auckland.+

+Savage’s Librarian, vol. III, p. 38-40. Londres, 1809, in-8°.

Au lieu de livres, les laïcs semblent avoir reçu des peintures et des divertissements théâtraux. Henry HL, qui était un des plus généreux encouragements des beaux-arts, a constamment gardé plusieurs peintres à son service. Une chambre du palais de Winchester était peinte en vert, avec des étoiles d’or, et toute l’histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Dans une salle du palais de Westminster, dans une autre de la Tour de Londres, on peignait l’histoire de l’expédition de Richard Ier en Terre-Sainte. Le couronnement, les guerres, les mariages et les funérailles d’Édouard Ier furent peints sur les murs de la grande salle du palais épiscopal de Lichfield, en 1312, sur ordre de l’évêque Langton. Les principales églises et chapelles étaient meublées de représentations de la Vierge Marie, des apôtres et d’autres saints ; et les murs de quelques-uns d’entre eux étaient presque couverts de peintures bibliques, morales et allégoriques. Frère Syméon, qui écrivit un « Itinéraire » en 1322, décrit ainsi une série de peintures dans le palais royal de Westminster : « Près de ce monastère » (de Westminster) « se dresse le palais royal le plus célèbre d’Angleterre, dans lequel se trouve cette chambre célèbre, sur les murs de laquelle toutes les histoires guerrières de toute la Bible sont peintes avec une habileté inexprimable, et expliquées par une série régulière et complète de textes, magnifiquement écrit en français sur chaque bataille, à la grande admiration du spectateur et à l’accroissement de la magnificence royale. Et Falcondus, le vieil historien de la Sicile, raconte qu’à une époque antérieure (vers 1200 après J.-C.), la chapelle du palais royal de Palerme avait ses murs décorés de l’Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament, exécutée dans un beau travail de mosaïque.

 Henry’s Hist, of Great Britain, vol. VIII, pp. 297-299. Hist. de la poésie anglaise de Warton, vol. II, pp. 216, 217.

Les divertissements théâtraux de cette époque, surtout ceux destinés à représenter les miracles et les mystères de l’Écriture, ont déjà été remarqués ; il n’est donc pas nécessaire d’ajouter quoi que ce soit de plus, si ce n’est pour remarquer que, même dans des occasions telles que l’entrée triomphale d’un roi ou d’une reine dans une ville célèbre, les spectacles étaient presque toujours des expositions scripturaires ou religieuses.

Dans ces circonstances, les études bibliques n’ont été que rarement poursuivies, surtout pendant la première partie de ce siècle. L’archevêque Usher, en effet, attribue une traduction de toute la Bible en anglais à la fin du siècle précédent, et suppose que plusieurs exemplaires en sont conservés à Oxford. Mais d’autres ont considéré ces copies comme authentiques ou corrigées de la version de Wicliff, ou de celle qui aurait été faite par Trevisa. Le Dr James, dans son Traité de la corruption de l’Écriture, conjecture qu’une version des Écritures anglaises existait longtemps avant l’époque de Wicliff.* Ce ne sont cependant que de simples suppositions ; Nous n’avons pas non plus de preuve décisive qu’une partie considérable des Écritures ait été traduite en anglais moderne avant le milieu de ce siècle, à moins que l’ancienne BIBLE GLOSÉE que possède le révérend Dr Adam Clarke, et dont il a donné plusieurs spécimens dans la préface générale de son commentaire, ne soit considérée comme d’une date plus ancienne. Quelques traductions, en effet, semblent avoir été faites du Psautier, des Leçons et des Hymnes de l’Église, et de certains livres du Nouveau Testament, mais elles ne semblent pas avoir été publiées, étant selon toute vraisemblance faites pour l’usage personnel des traducteurs, ou pour celui de leurs relations immédiates. La date de ces traductions partielles ne peut être déterminée avec exactitude, puisque, par suite de l’anonymat, le seul moyen de juger de leur ancienneté est l’écriture et la langue, ce qui doit nécessairement rendre la précision impossible. En ce qui concerne l’exemplaire en possession du Dr A. Clarke, l’importante communication suivante, qui m’a obligeamment été gratifiée, fournira de nombreux renseignements.

- ↑ Voir Usserii Hist. Dogmat., p. 157, et Whartoni Auctarium, p. 424. La corruption de l’Écriture par Jacques, p. 74, et Baber’s Account ot English Versions, p. Ixvi.

 Lewis’s Hist, des traductions anglaises de la Bible, p. 17.

1

De ma grande Bible manuscrite anglaise, au sujet de laquelle vous vous renseignez, je peux seulement dire que j’ai des raisons de croire qu’elle est antérieure à l’époque de Wicliff. Je raisonne ainsi d’après la languequi est d’une caste plus ancienne, et aussi l’orthographe et la construction des phrases. À bien des égards, le Nouveau Testament qu’il contient est différent des copies que j’ai vues attribuées à Wicliff. Je ne saurais dire si elles ont été amendées, corrigées et altérées dans les temps postérieurs, et la mienne est l’une de celles qui n’ont subi aucune révision, mais qui sont exactement telles que Wicliff les a faites à l’origine. Ce n’est qu’un cas possible ; et si l’on peut supposer que la mienne est la traduction de Wic-liff, il s’ensuit nécessairement que toutes celles que j’ai vues, et que Lewis a collationnées, ont été considérablement modifiées ; et qu’il ne reste pas un exemplaire aussi ancien de Wicliff que le mien. Je suis porté à penser que quelques-unes des copies examinées par Lewis ne sont pas de Wicliff ; sinon, celles qu’il a principalement suivies sont très modifiées par rapport à l’original. Ma conclusion, cependant, est simplement la suivante. Ou bien la mienne est antérieure à l’époque de Wicliff, parce qu’elle diffère beaucoup des copies généralement attribuées à Wicliff, et du texte publié par Lewis en 1731 ; ou que ce texte, et ceux d’où il est tiré, ont été révisés et altérés par rapport à l’original de Wicliff, et le mien est l’un de ceux qui n’ont pas subi une telle révision.

« En quelle année mon manuscrit a été écrit, je ne saurais le dire : l’écriture et l’orthographe sont assez anciennes pour au moins quatre-vingts ans avant Wicliff, qui commença sa traduction en 1378 ; mais que la mienne n’ait pu être écrite vingt ans plus tard, c’est ce qui ressort absolument de cette circonstance, qu’elle paraît très évidemment avoir été enluminée pour Thomas de Woodstock, frère de Jean de Gand et d’Édouard le Prince Noir, et fils cadet d’Édouard III, car elle porte ses armes dans un bouclier au commencement des Proverbes ; armoiries qui figurent sur son monument à l’abbaye de Westminster ; dont la bordure singulière n’a jamais, autant que je sache, été portée par personne après son temps. Or, ce Thomas de Woodstock fut étouffé entre deux lits de plumes, à Calais, par Thomas Mawbray, comte maréchal d’Angleterre, le 8 septembre 1397, sur l’ordre de Richard IL, neveu de ce prince. Combien de temps avant 1397 ce livre fut-il écrit, je ne saurais le dire ; mais il doit y avoir eu, dans la nature des choses, plusieurs années avant cette époque.

« Je suis, votre serviteur,

— A. Clarke.

Le premier traducteur d’une partie des Écritures en anglais au quatorzième siècle, dont nous connaissons le nom, était Richard Rolle, ermite de l’ordre de Saint-Augustin, qui résidait à Hampole ou dans les environs, dans le Yorkshire, d’où il est parfois appelé Richard de Hampole, ou Richard Hampole. Il a écrit plusieurs traités théologiques latins, à la fois en prose et en vers. Son Stimulus Conscientiæou « Aiguillon de conscience », a été écrit d’abord en prose latine, puis traduit en rimes anglaises. Warton (Hist, of English Poetry, vol. I, pp. 256-266) a donné plusieurs spécimens de cet ouvrage, si célèbre en son temps, mais qui, remarque-t-il, « n’a aucune teinture de sentiment, d’imagination ou d’élégance ». Rolle est aussi l’auteur d’Annotations, ou Commenta-lies, sur les Psaumes ; les Hymnes de l’Ancien Testament, utilisés dans les offices de l’église ; partie du livre de Job ; le Cantique des Cantiques ; les Lamentations de Jérémie ; l’Apocalypse ; Le Notre Père; et le Symbole d’Athanase et le Symbole des Apôtres ; en plus de plusieurs autres ouvrages théologiques. Certaines annotations sont plus proprement des paraphrases poétiques que des commentaires. Son œuvre principale est une version anglaise des Psaumes. À cela, il a ajouté un prologue, dans lequel il parle ainsi de la nature de son entreprise : « Dans ce werke je ne cherche pas straunge Ynglys, bot le plus léger et le plus commun, et swilk qui est le plus semblable au Latyne : de sorte que thai that knawes noght the Latyne be the Ynglys peut venir à beaucoup de mots de Latyne. Dans la traduction, je feloghe la lettre als-mekille comme je peux, et je ne fyne pas d’Ynglys propre je felogh l’esprit du motis, sb que thai que shalle rede il them thar than drede errynge. Dans l’expownyng je felogh holi médecins. Car il peut arriver en somme des hommes envieux qui ne savent pas ce qu’ils disent, et qui disent que je ne sais pas ce que j’ai dit, et qu’ils le font aussi en même temps qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent.++ Le révérend H. H. Baber, dans son « Historical Account of the Saxon and English Versions of the Scriptures », préfixé à son édition du Nouveau Testament de Wicliff, a choisi le psaume vingt-troisième comme spécimen de cette traduction, d’après un manuscrit du British Museum :

« Notre Seigneur m’a aimé, et je n’ai pas besoin d’un état de pâturage qu’il m’a donné. Dans l’eau de l’hémisphère, il me brougte : mon âme il tourne.

« Il m’a chargé sur la stretis de rygtwisnesse : pour son nom. »

« Car si j’avais de la goo dans myddil de l’ombre que nous avons de deeth : je ne dreede pas yueles, car tu es avec moi. »

« Thi geerde et thi staf : thei haue coumfortid me. Tu as greythid dans mon sygt a bord : agens hem qui m’énervent.

« Tu fattides myn heud in oyle : et mon chalys ivre de ce qu’il y a de plus clair. »

« Et ta miséricorde me folewe : in allé les jours de mon lyf. »

« Et que j’ai vécu dans la maison de notre seigneur à la longueur des jours. »

♦ Cavei Hist. Litt., App., p. 35. Le Long, t. II, p. 932.

++ Histoire des traductions anglaises de la Bible par Lewis, p. 13.

28*

Le Commentaire sur les Psaumes, s’il faut en juger par l’extrait suivant donné par Lewis, était excessivement sec et insipide : — Psaume II, 1 : « Whi gnastide the folke ? Et le chiot pensa ydil pensa ? Le prophète snybbyng hem that shulde turmente crist seith, wh ? Comme hoo seith, qu’est-ce qu’Enchesun avait thei ? Sotheli personne d’autre que Yuel Wille car il contredit son ivele lywing en werk et en parole, le folke thei estoit tha knyghtis de rome, qui crucifia crist, thei gnastide aghen hym as bestis wode sans resoun : et le puple C’était l’IUWES. Pensé en ydelc’est-à-dire en vayne, il a été pensé qu’ils avaient holde crist evere deed que leur myghte ne doo pas pour que tu ne le fasses pas comme l’homme le fait que thoruh-pryde et ypocrisye weneth to hude cristis licite l’artillerie.

La traduction est évidemment faite à partir de la Vulgate latine ; et la glose, ou commentaire, formée d’après le modèle des expositions mystiques et allégoriques de cette époque.+

+Lewis, Mt sup.

Un extrait, traduit de son traité De Emendatione Peccatoris, donnera une idée plus favorable de ses écrits théologiques :

« Si vous désirez, dit-il, parvenir à l’amour de Dieu, et être influencés par le désir des joies célestes, et être portés au mépris des choses terrestres, ne négligez pas la lecture et la méditation des Saintes Écritures, et surtout les parties qui nous inculquent la morale et nous enseignent à nous méfier des pièges du diable ; où ils parlent de l’amour de Dieu, et d’une vie contemplative ; mais laissez les passages les plus difficiles à des contestataires et à des hommes ingénieux, qui ont été longtemps exercés dans des doctrines sacrées.

« Cette méthode nous aide grandement à nous améliorer dans ce qui est bon. C’est là que nous constatons nos faiblesses et nos améliorations ; dans les choses que nous avons offensées, et dans ce que nous n’avons pas offensé ; ce que nous devrions éviter, et ce que nous devrions pratiquer. Ils découvrent très habilement les machinations de nos ennemis ; ils nous enflamment à l’amour, et nous émeuvent jusqu’aux larmes ; et ainsi nous préparer un festin délicieux, si nous nous en réjouissons comme de toutes les richesses. Mais ne nous laissons pas pousser à la connaissance des Écritures par un désir d’honneur ou de faveur des hommes, mais seulement par le dessein de plaire à Dieu, afin que nous sachions l’aimer, et que nous puissions enseigner la même chose à notre prochain, et non pour que nous soyons considérés comme savants par le peuple. Nous devons plutôt cacher notre science que de l’exposer à notre propre louange, comme le dit le psalmiste : « J’ai caché ta parole dans mon cœur (c’est-à-dire par vaine exhibition), afin que je ne pèche pas contre toi » (Psaume CXIX, 11). C’est pourquoi, que la cause de nos paroles soit la gloire de Dieu et l’édification de notre prochain, afin que nous puissions accomplir cette parole de l’Écriture : « Sa louange sera continuellement dans ma bouche », Psaume XXXIV, 1, ce qui se fait lorsque nous ne recherchons pas notre propre louange, et que nous ne parlons pas contrairement à sa gloire.+

+ Biblioth. Pat., tom. XXVI, ch. IX, p. 614.

La piété de l’auteur le fit regarder comme un saint, et, à la fin de ses souffrances mortelles, en 1349, il fut enterré dans le couvent de Hampole. Plus tard, Henry Parker, lord Morley, noble et poète, qui mourut vieillard à la fin du règne de Henri VIII, et qui a été mentionné par l’évêque Bale comme l’auteur de certaines tragédies et comédies, par lesquelles on entendait probablement des mystères et des morales, donna une preuve plutôt de sa piété que de son goût. en offrant à la princesse Marie, comme cadeau du nouvel an, le Commentaire de Hampole sur les sept psaumes pénitentiels. Ce manuscrit, avec son épître préfixée, est encore conservé parmi les manuscrits royaux du British Museum.

♦Histoire de la poésie anglaise de Warton, vol. III, p. 85

JEAN DE TREVISA, qui a prospéré vers la fin de ce siècle, a également été compté parmi les premiers traducteurs de la Bible en anglais. Il naquit à Caradoc, dans le comté de Cornouailles, et fit ses études à Oxford. Son savoir et ses talents lui valurent le patronage du comte Berkeley, qui le nomma son aumônier et le présenta au presbytère de Berkeley, dans le Gloucestershire. Il fut également chanoine de Westbury, dans le Wiltshire. Warton, dans son History of English Poetry, vol. I, p. 343, parle de lui comme d’un grand voyageur ; et Ant. Wood (Antiq. Oxon.) dit : « C’était un homme d’une grande érudition et d’une éloquence considérable ; et l’un des premiers qui travaillèrent à polir sa langue maternelle et à la sauver de la barbarie. À la demande de son généreux mécène, il se livra à la traduction de plusieurs ouvrages latins en anglais, en particulier le Polychronicon de Higden Bartholomæus de Proprietatibus Rerum ; Vegetius de Arte Militari ; et Ægidius Romanus De Regimine Principum ; en plus de quelques autres de moindre importance. La collection la plus complète de ses écrits se trouve dans un volumineux volume in-folio, écrit sur vélin, et conservé parmi les manuscrits Harleian, n° 1900, au British Museum. Ce volume contient plusieurs opuscules, dont les suivants ont été mentionnés : 1. Dialogue entre un soldat et un ecclésiastique (c’est-à-dire lord Berkeley et l’auteur Trevisa.) 2. Traduction d’un sermon latin de Radulf, ou Fitz-Rauf, archevêque d’Armagh, le 8 novembre 1357, contre les frères mendiants. 3. Le livre de Methodius Patarensis, « de l’avènement du monde et des Rewmes bitwixte, des Folkis, et de la fin des mondes, que le noble homme Sy ent Jerom ï ses werkes ont prysed. » 4, 5. Deux index alphabétiques du Polychronicon. 6. Dialogue sur les traductions. Ce dialogue, entre un ecclésiastique et son patron (c’est-à-dire Trevisa et lord Berkeley), discute de l’utilité des traductions en général, et de celle du Polychroniconauquel il a d’abord été préfixé, en particulier. L’extrait suivant montrera son mode de raisonnement :

« Le Greffier. Le latyn est bon et fayre ; c’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’avoir une traduction en anglais.

« Le Lorde. C’était un homme aux yeux sombres, mais il était tout blynde de wytte myght se la solution de cette raison. Et bien qu’il fût blynde, il tâtonnait la solution. Mais il s’est senti hym fayled. Pour cette raison, il valait la peine de le faire, par un tel maner argumenté que les threscore et tes interpréteurs et Aquyla, Symaque, Théodocion et Origines, étaient occupés de manière obscène lorsqu’ils traduisaient l’écriture sainte de l’hébreu en grec, et aussi que Saynte Jherome était occupé d’une manière obscène lorsqu’il traduisit l’écriture sainte de l’hébreu en latyn. Car l’hébreu est à la fois bon et fayre et je m’écris par inspyracyon du saint goost. Et tout cela, car ils sont hygelés en proie à tous les saints chirche.

« Aussi sainte écriture dans latyn est bothe bon et fayr. Et pourtant, pour faire un sermon de sainte écriture tout en latyn à des hommes qui peuvent Englysshe et pas de latyn, c’était un dede obscène, car ils ne sont pas plus sages. Pour le latyn mais il leur est dit en anglais ce que c’est que de mene. Et l’on ne peut pas dire en anglais ce que le latyn est à mene sans la traduction de latyn en anglais. Ensuite, il est nécessaire d’avoir une traduction d’Englysshe, et pour la garder en mynde qu’il ne soit pas oublié, il vaut mieux qu’une telle traduction soit faite et écrite que dite et non écrite et ainsi cette raison obscène ne doit être aucun homme qui a une wytte pour lever la traduction d’Englysshe.

********

« Aussi à la prière du roi Charles Johan Scot a traduit denys bokes + de greke en latyn, puis de latyn en frensshe, alors ce qu’Englysshe a espacé pour qu’il ne soit pas traduit en anglais. De plus, kynge Alurede, qui a fondé le vnyuersyte d’Oxonford, a traduit les meilleures lois en langue anglaise. Et un grete dele du Psautier de latyn en Englysshe. Et fit traduire saynt Gregoryes les Dyalogues de Latyn en Saxons. Aussi Cedmon de Whytley a été espionné de la sainte gooste et a fait merveille Poysyes en Englysshe nyghe de toutes les histoires de sainte écriture. De même, le saint homme Beda traduisit l’évangile de Johan en anglais. Toi aussi, là où l’Apocalypsys est écrit dans les murs et le toit de chappell bothe en latyn et en frensshe. De même, l’évangile, la prophétie et le rythme de la sainte chyrche doivent être enseignés et enseignés pour englisser les hommes qui ne peuvent pas le faire. Ensuite, l’évangile et la prophétie et la bonne foi de la sainte chyrche doivent leur être dits en anglais, et cela ne se fait que par la traduction anglaise, car telle traduction anglaise est très traduction, et telle traduction anglaise est bonne et nedefull, alors la traduction anglaise est bonne et nedeful.

« Le Greffier. Si une traduction a été faite pour que le champ d’application soit amendé sur un point. Il y a des hommes qu’il n’y a pas de blâme.

« Le Lorde. Les hommes blâment ce qui n’est pas digne d’être blâmé, alors ils sont à blâmer. Les clercs savent bien qu’il n’y a pas d’homme qui fasse si bien qu’il ne puisse pas faire mieux, ni faire une si bonne traduction qu’il ne puisse pas être meilleur. C’est pourquoi Origines a fait deux traductions. Et Jhérom traduisit le Psautier.++

++ Polychronicon, lib. i, Dyalogue Fo. ii.

Au sujet de la traduction de la BIBLE par Trevisa, les auteurs sont divisés dans leurs opinions. En effet, tandis que certains ont vigoureusement soutenu qu’il était l’auteur d’une traduction de la Bible, d’autres ont obstinément nié cette prétention, et ont affirmé qu’il n’avait fait que traduire certaines phrases, qui ont été peintes sur les murs de la chapelle du château de Berkeley. L’opinion affirmative a été reprise pour la première fois par Bale et Pits, à partir d’une assertion vague de Caxton, dans le Prohème de son édition du Polychronicon ; mais sur quelle autorité notre imprimeur l’a affirmée, ou s’il a vu une telle traduction, pourquoi il ne l’a pas jugée au moins aussi digne d’être publiée que le Polychronicon, ce sont des questions dont on peut penser qu’elles pèsent fortement sur la probabilité de son existence. Le savant Wanley, le compilateur du catalogue des manuscrits Harléiens, y trouve les observations lapidaires suivantes : « Quant à la traduction intégrale de la Bible par notre auteur Trevisa, je vois qu’elle est mentionnée par Caxton, et de lui par Bale et Pits, qui en donnent le début de la préface ; de Bale, le primat Usher reprend la notion ; et à la fin, M. Wharton croit qu’elle existe peut-être encore, je n’en dirai pas plus que ceci : je serai très heureux d’en voir un. (Harl. Chat. mss., n° 1900.♦♦ Le révérend T. F. Dibdin, dont les recherches bibliographiques approfondies sont universellement connues et reconnues, a donné des renseignements nouveaux et intéressants sur la traduction de Trevisa, dans ses Antiquités typographiques, vol. I, p. 142.

♦♦ Dibdin’s Typographical Antiquities, vol. iCompte des livres imprimés par W. Caxton, p. 140. Lond., 1810, 4to.

↑ L’auteur du présent ouvrage ne peut laisser passer cette occasion sans reconnaître publiquement ses obligations envers l’ingénieux et laborieux éditeur des Antiquités typographiques, qui, sur la sollicitation d’un étranger, lui donna, de la manière la plus belle, la permission de « se prévaloir de toute partie de ses ouvrages, qu’il était disposé à penser qu’elle pourrait être de la moindre importance pour ses recherches. »

1

« Il arriva, dit-il, au cours du second cours de conférences sur la littérature anglaise ancienne, que je donnai à l’Institution royale, ayant eu l’occasion d’examiner le caractère littéraire de Trevisa, et étant très désireux d’obtenir les renseignements les plus minutieux concernant cette Bible, j’écrivis à mon ami le révérend M. Hughes, qui résidait dans la famille du comte de Berkeley : au château de Berkeley. Sa réponse à mes questions, avec sa permission, je la mets sous les yeux du lecteur ; persuadé qu’il peut lui procurer quelque satisfaction sur un sujet aussi intéressant.

« Château de Berkeley, 7 novembre 1805.

Je saisis la première occasion de répondre à la vôtre, n’étant ici que depuis quelques jours. J’ai fait toutes les recherches et recherches concernant les informations que vous voulez, et je suis désolé de dis-le qu’il n’est pas en mon pouvoir de lever l’incertitude dans laquelle vous travaillez au sujet de la traduction de la Bible par Trevisa ; néanmoins, j’ai les plus fortes raisons de supposer, d’après les circonstances que j’ai rencontrées, qu’une telle traduction a été faite, et même faite en langue anglaise, et qu’elle a existé dans cette famille aussi tard que du temps de Jacques II. Le livre traduit par Trevisa a été donné comme un cadeau très précieux, par le lord de Berkeley au prince de Galles (je suppose), et la lettre du prince, remerciant le seigneur de Berkeley de son don, je l’ai lue : il ne dit pas positivement qu’il s’agissait de la Bible, mais comme il espère (autant que je m’en souvienne) pouvoir faire bon usage d’un don si précieux, il y a lieu de soupçonner qu’il voulait parler de la Bible. La lettre existe encore dans les archives du château. Lord Berkeley, auprès duquel je me suis renseigné pour savoir ce que vous vouliez, s’il était possible, m’a appris que le livre donné par son ancêtre est en ce moment, comme il a lieu de le croire, au Vatican, à Rome : lorsqu’il y était, plusieurs personnes avaient dit avoir vu un tel livre écrit par Trevisa. mais il n’a pas eu l’occasion d’aller l’examiner lui-même, et ne peut donc pas s’assurer que c’était la Bible. Le seul vestige de Trévise qui subsiste aujourd’hui, ce sont quelques fragments de planche, avec des mots de latin presque effacés, qui ne suffisent pas à comprendre ce qu’on voulait dire : le toit de cette chapelle aurait été écrit par lui sur le toit de cette chapelle, et je soupçonne que ces fragments en sont les restes. Les poutres et les plaques murales de la chapelle subsistent encore, et après avoir enlevé plusieurs couches de noir de lampe, etc., on a découvert quatre lignes sur chacune, écrites en vieux caractères anglais, qui sont alternativement normands, français et latins. En enlevant aussi plusieurs couches de badigeon d’une partie du mur de la chapelle, on découvrit beaucoup d’écriture en vieux caractères anglais ; il était dans un grand état de délabrement, mais je pouvais distinguer qu’une partie était en normand-français, et une autre en latin ; on pense aussi que c’est du temps de Trévise : mais il n’en reste pas un seul vestige certain, et on ne connaît même pas sa tombe dans l’église, bien qu’on dise qu’il a été enterré dans le choeur. Je soupçonne que toutes ses traductions, tant du français que du latin, étaient en anglais, mais les soupçons ne suffiront pas pour vous. Je voudrais qu’il fût en mon pouvoir de vous donner des informations plus certaines.

« Cordialement,

— John Hughes.

En réponse aussi à ce qui a été avancé contre l’affirmation de Caxton qu’une traduction ait été faite par Trevisa, il suffit de faire remarquer que le danger qui accompagnait l’impression d’une Bible anglaise, à l’époque de Caxton, était tel, qu’il aurait fallu la plus grande intrépidité religieuse pour l’essayer, et qu’il est donc hautement probable, que, quelle que fût la préférence de notre imprimeur pour les Écritures, il ne mettrait pas sa vie en danger pour sa publication. Sir Thomas More (Dyaloges, fol. 49, col. 1, éd. 1529) défend ainsi les imprimeurs de cette époque : « Qu’à cause des peines ordonnées par la constitution de l’archevêque Arundel, bien que les anciennes traductions qui étaient antérieures à l’époque de Wycliff fussent recommandées légales et qu’elles fussent dans certaines langues et rouges, il pensait cependant qu’aucun prynter ne serait assez chaud pour mettre un Byble en prent à sa propre charge, dont la perte reposerait entièrement sur son propre cou, et pendrait ensuite sur un essai douteux de savoir pourquoi la première copie de sa traduction avait été faite avant les jours ou les synnes de Wycliff. Car yff yt a été fait synnys, yt doit être approncée avant le pryntyng. Mais il n’y avait pas alors une telle approbation, dit sir Thomas.

♦ Dibdin’t Antiquités typographiques. Vie de Caxtrni, p. cxii.

Trevisa acheva sa traduction du Polychronicon en 1387, et l’on dit qu’il mourut en 1412, à un âge très avancé.

Mais quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur la traduction de Trevisa, tout le monde est d’accord pour dire que Wicliff, le Matin. Star of the Reforme, s’engagea dans une traduction de toute la Bible en anglais, qu’il acheva en 1380.

L’opposition faite par ce grand réformateur à la tyrannie de la papauté et aux vices des frères, attira sur lui les foudres de la hiérarchie pontificale et le soumit à toute la virulence des ecclésiastiques irrités. Ses protestations contre leur domination furent déclarées être la conséquence d’une ambition déçue ; et ses sentiments à l’égard de l’Eucharistie ont été dénoncés comme hérétiques. Pour combattre les arguments de ses adversaires et pour se défendre contre les attaques du pouvoir, de l’érudition et de l’intérêt, il s’envola vers la Parole de Dieu et y trouva « une forte prise au jour de la détresse ». Habile dans toutes les subtilités de l’école de théologie, où il régnait, dit-on, sans rival, il savait démasquer les sophismes des plus subtils de ses ennemis : mais seules les saintes Écritures pouvaient lui fournir un système de vérité, et les arguments clairs et clairs par lesquels cette vérité est le mieux défendue. Plus ses adversaires devenaient puissants, et plus les difficultés qu’il avait à rencontrer étaient grandes, plus la Bible devenait précieuse, plus il l’étudiait assidûment et plus il la recommandait vigoureusement à l’attention générale et à la lecture universelle.

De la nécessité d’une traduction anglaise de la Bible, résultant de l’ignorance du clergé et des laïcs, les écrits de Wicliff fournissent une preuve suffisante. Dans sa « Grande Sentence de Malédiction » exposée, il nous assure qu’à son époque il y avait « beaucoup de vicaires incapables qui ne connaissaient pas les Dix Commandements, ne lisaient pas leur Sauter, n’en comprenaient pas un verset ». Bien plus, qu’il était alors « notoire que trop de prélats eux-mêmes étaient pécheurs, en ignorant la loi de Gon, et que les frères fournissaient, pour les évêques, l’office de la prédication, ce qu’ils faisaient d’une manière si fausse et si sophistique, que l’église était trompée au lieu d’être édifiée ». Dans son tract intitulé « The Wickett », il dit que le clergé affirmait : « C’est une hérésie de parler de l’Écriture Sainte en anglais ;et ainsi ils voudront condempner le Saint Goste qui l’a donné en langues aux apôtres de Christe, comme il est écrit de prononcer la Parole de Dieu, dans toutes les langues qui ont été ordayées de Dieu sous le ciel, comme il est écrit et encore dans « La Prière et la Plainte du Laboureur », il se plaint, « Thilk qui ont la clef de l’escroquerie ont verrouillé la vérité de ton enseignement sous de nombreux gardiens, et tu t’es caché de tes enfants. *

* Lewis’s Life of Wicliffe, pp. 38, 67.

Les vues que ce grand homme avait sur la distinction entre les écrits canoniques et apocryphes, et sur les qualifications requises pour un exposant de l’Écriture, découvrent la justesse de son jugement, et nous préparent à le recevoir comme un traducteur distingué et intelligent des écrits sacrés « Je pense qu’il est absurde, dit-il, d’être chaud pour défendre les livres apocryphes, alors que nous en avons tant qui sont indéniablement authentiques. Afin de distinguer les livres canoniques de ceux qui sont apocryphes, utilisez les règles suivantes : 1. Regardez dans le Nouveau Testament, et voyez quels livres de l’Ancien Testament sont cités et authentifiés par le Saint-Esprit. 2. Examinez si la même doctrine est transmise par le Saint-Esprit ailleurs dans les Écritures. Et parlant d’un exposant de l’Écriture, il observe : « 1. Il devrait être capable, par la collation des manuscrits, de bien régler le texte sacré. 2. Il doit être familier avec la logique. 3. Il doit être constamment occupé à comparer une partie de l’Écriture avec une autre. 4. L’étudiant doit être un homme de prière, et son tempérament doit être droit. 5. Il a besoin de l’instruction intérieure de l’Instructeur de la Primaire, qui remarque, dans une autre partie de ses écrits, que « certains sont éclairés d’en haut afin qu’ils puissent expliquer le sens propre, vivant et historique de l’Écriture, qui sens que toutes les choses nécessaires dans l’Écriture sont contenues ». + Probablement dans l’intention, par cette dernière remarque, de mettre ses lecteurs en garde contre la méthode fantastique et allégorique d’exposer les Écritures, qui avait été si répandue dans l’Église depuis l’époque d’Origène, dont l’imagination ardente et sportive s’était livrée sans retenue à des interprétations figuratives et fantaisistes des oracles divins. Ce souci que les commentateurs donnassent le sens juste de l’Écriture, l’amena à insister sur la nécessité de rechercher l’illumination de l’inspirateur de la parole sacrée ; D’où l’instruction donnée à l’étudiant d’être « un homme de prière » et de là aussi son observation, que « la sainteté de la vie favorise cette illumination si nécessaire à la compréhension de la parole révélée ; continuer ce qui, dans l’Église, est le devoir des théologiens, qui doivent rester dans leurs propres limites, et ne pas inventer des choses étrangères à la foi de l’Écriture.++

+ Voir Milner’s Hist, of the Church of Christ, vol. IV, pp. 132-134.

++ Milner, ut sup.

Sous l’influence de ces vues sur la nature et l’importance d’une traduction fidèle et perspicace des Saintes Écritures dans la langue vernaculaire de la nation, notre réformateur s’est lancé dans la vaste entreprise. Dans cet ouvrage, Wicliff semble avoir été aidé par d’autres savants, dont les opinions religieuses étaient semblables aux siennes ; mais il n’est pas possible aujourd’hui de dire jusqu’à quel point ils lui ont prêté assistance. Le révérend H. H. Baber, dans son Historical Account of Saxon and English Versions of the Scriptures, dit que dans un manuscrit de la Bible de Wicliff, dans la précieuse bibliothèque de M. Douce, il est écrit explicitement le translacionem Nicholay de Herford, à la fin d’une partie du livre de Baruch (c’est-à-dire les deux premiers chapitres et une partie du troisième). ) et il ajoute que « cette notice remarquable est signée d’une autre main, et avec une encre moins durable, que celle employée par le transcripteur du manuscrit, et, si elle n’a pas été écrite par Herford lui-même, elle a probablement été faite par quelqu’un qui avait une bonne autorité pour ce qu’il affirmait ainsi par sa plume. » Ce Nicholas de Herford, ou Hereford, était du Queen’s College d’Oxford et un ardent défenseur des doctrines de Wicliff. C’est pour cette raison qu’il fut cité à comparaître, avec John Aston, prêtre, et Philip Rampingdon, ou Repingden, deux des disciples du réformateur, devant l’archevêque Courtney, à sa cour tenue chez les Frères prêcheurs, à Londres, en 1382. Les réponses que lui et le docteur Repingdon donnèrent par écrit à la cour ayant été jugées insuffisantes, hérétiques et trompeuses, ils reçurent l’ordre de comparaître de nouveau huit jours après ; mais ne paraissant pas alors, ils furent déclarés contumaces et excommuniés avec tous leurs adhérents. Par la suite, il abjura ses principes, mais n’échappa pas à la persécution ; car l’archevêque Arundel, jaloux de ses principes, le jeta en prison, et ne le relâcha jamais par la suite.

Lewis’s Life of Wiclifle, pp. 208-212.

Les manuscrits de la version de Wicliff sont nombreux et se trouvent dans la plupart des bibliothèques publiques du Royaume-Uni, et dans quelques-unes des précieuses bibliothèques de particuliers. À la fin de certains de ces exemplaires se trouvent des tables des parties de l’Écriture destinées à être lues, ou choisies, pour les « Pistlis » et les Évangiles tout au long de l’office de l’année. Quelquefois nous trouvons ces leçons transcrites longuement, et, dans certains cas, d’une traduction différente de celle à laquelle elles sont annexées. Une édition, composée de seulement cent quarante exemplaires, du Nouveau Testament de Wicliff, a été publiée en 1731, in-folio, par le révérend John Lewis, ministre de Margate, dans le comté de Kent, qui a préfixé une « Histoire des traductions anglaises de la Bible imprimée séparément, avec des ajouts, in-octavo, en 1739. Une autre édition de cette traduction du Nouveau Testament, accompagnée des « Mémoires de la vie, etc., de John Wicliff, D.D. », d’un excellent « Récit historique des versions saxonnes et anglaises des Écritures, avant l’ouverture du XVe siècle », et d’un portrait de notre grand réformateur, a été publiée par le révérend Henry Hervey Baber. M. A., bibliothécaire adjoint du British Museum et prédicateur adjoint à Lincoln’s Inn, en 1810, magnifiquement imprimé in-quarto, par R. Edwards, Londres. Ce sont les seules éditions qui aient été publiées jusqu’à présent d’une partie quelconque de cette traduction, et nous avons encore à déplorer que la plus grande partie, l’Ancien Testament, d’un ouvrage si intéressant pour le théologien et le philologue, soit restée jusqu’ici dans le manuscrit sans une seule édition imprimée, bien que ce dernier éditeur, avec un zèle très louable, s’exprime ainsi dans la préface de son édition du Nouveau Testament : « J’aurais volontiers étendu mes travaux, en donnant au monde la version de Wicliff de l’Ancien Testament aussi bien que du Nouveau Testament (un ouvrage que personne n’a encore eu le courage d’entreprendre), et j’aurais ainsi effacé un opprobre qu’un savant étranger a, avec trop de raison, jeté sur l’Angleterre ; mais comme ma fortune n’est nullement en rapport avec mon zèle, je dois, je le crains, renoncer à l’espoir le plus lointain de jamais m’engager dans un emploi aussi honorable.

* Fabricius, après avoir mentionné la version de Wicliff de la Bible, s’exprime ainsi : « Mirum vero est, Anglos earn [versionem] tarn diu neglexisse, quum vel linguæ causa ipsis in pretio esse debeat. » — Bibl. Lot. et inf. atatist. V, p. 321, édit. 1754.

Cette traduction a été faite par Wicliff d’après les Bibles latines alors d’usage courant, ou qui étaient alors habituellement lues dans l’église ; la raison en est non pas qu’il ait pensé que le latin était l’original, ou qu’il avait la même autorité que le texte hébreu et le texte grec, mais parce qu’il ne comprenait pas assez ces langues pour les traduire ; peu d’entre eux, à l’époque, possédaient une connaissance approfondie ou critique de leur part. Il traduisait aussi mot à mot, comme cela avait été fait auparavant dans la version anglo-saxonne, sans toujours observer les idiomes des différentes langues, ce qui rend cette traduction peu intelligible, en certains endroits, pour ceux qui ne comprennent pas le latin. Cela a probablement été fait, comme il est dit dans un prologue au Psautier de cette traduction, afin que « ceux qui ne connaissaient pas le latin, par l’anglais, puissent arriver à beaucoup de mots latins ».+

+ Histoire des traductions anglaises de Lewis, p. 19.

1

À peine Wicliff eut-il achevé sa traduction et l’eut-il rendue publique, qu’il rencontra l’opposition la plus violente. La traduction des Écritures en langue vernaculaire était considérée comme une hérésie, et considérée comme une mesure pleine des maux les plus graves. Henry de Knyghton, chanoine de Leicester, et contemporain de Wicliff, déclame ainsi contre la traduction, dans son ouvrage De Eventis Anglia : « Christ a confié l’Évangile au clergé et aux docteurs de l’Église, afin qu’ils puissent le prêcher aux laïcs et aux personnes plus faibles, selon l’exigence des temps, des personnes et des besoins ; mais ce maître John Wicliff l’a traduit du latin en anglais, et par ce moyen l’a rendu plus ouvert aux laïcs et aux femmes qui savaient lire, qu’il ne l’était autrefois aux plus savants du clergé, et à ceux d’entre eux qui avaient le mieux d’intelligence : et ainsi la perle de l’Évangile est jetée au loin et foulée aux pieds des pourceaux. et ce qui était autrefois précieux à la fois au clergé et aux laïcs est fait, pour ainsi dire, la plaisanterie commune de l’un et de l’autre ; et le joyau de l’église est transformé en sport des laïcs, et ce qui était auparavant le principal talent du clergé et des docteurs de l’Église est rendu à jamais commun aux laïcs. William Butler, un frère franciscain, dans un tract écrit contre cette traduction, va jusqu’à affirmer que « les prélats ne doivent pas souffrir que chacun à son gré lise l’Écriture traduite (même) en latin ; parce que, comme il est évident par l’expérience, cela a été l’occasion de nombreuses manières de tomber dans les hérésies et les erreurs. Il n’est donc pas politique que quelqu’un, où et quand il veut, s’adonne à l’étude fréquente des Écritures.+

♦Lewis, Vie de Wicliffe, p. 67.

+ Ibid., p. 71.

Wicliff lui-même, dans une homélie sur Matthieu XI, 23, se plaint ainsi de l’usage sévère qu’il a rencontré à cause de la traduction des Saintes Écritures : « Lui, Antécrist, dit-il, a changé les clercs hyse à la convoitise et à l’amour mondain, et a ainsi blyndé le peple et derké la loi de Crist, que hys servauntes ben thikke et few ben on Cristes syde ; Et algates ils dyspysen que les hommes shulden know Crystes lyfe, pour thenne priestes schulden schome of hyre lyves, et spécialement ces hye prestes, pour leur reversen crist à la fois en mot et en dede. Et c’est pourquoy on gret byschop d’englelond++ est yuel payed, que la loi de Godde est écrite en englysche pour lewede men, et il poursuit un prest car il écrit aux hommes cet englysche, et sompneth hym et traveleth hym that hyt is harde to hym to route. Et c’est ainsi qu’il poursuit un autre prêtre à l’aide des pharyses, [c’est-à-dire des frères], car il prêche l’évangile de Criste sans fables. 0 hommes qui êtes de la moitié de la chrétienté, aidez-vous à n’avoir pas d’ageyns Antécriste. Car le perelouse tyme est comen que crist et poule [Paul] a dit ci-dessus Mais on coumfort est de knyghtes* qu’ils saveren muche l’évangile, et ont wylle pour rede en englysche l’évangile de crist’s lyf. +

Les soldats, avec les ducs et les comtes, étaient les principaux partisans et partisans de cette secte. Ils étaient leurs promoteurs les plus acharnés, leurs combattants les plus hardis, leurs défenseurs les plus puissants et leurs protecteurs invincibles. — Knyghton, De Event., cité par Lewis dans son History of English Translations, p. 22, note.

+ Lewis’s Hist, of English Translations, p. 21, 22.

++ Par grand évêque d’Angleterreon entend probablement John Bokynham, ou Bukking-ham, à cette époque évêque de Lincoln, dans le diocèse duquel Wicliff fut promu, et par qui, semble-t-il, il a été convoqué et poursuivi pour avoir traduit les Écritures en anglais. Par un autre prêtreil semble avoir l’intention de Wylliam de Swyndurby, prêtre de Leicester, et partisan des sentiments de Wicliff. Knyghton nous dit : que « le peuple l’appelait Guillaume l’Ermite, parce qu’il avait autrefois adopté ce genre de vie, et qu’à sa première venue à Leicester, il se conformait aux habitudes habituelles de la vie, et conversait avec le peuple ; mais commençant à prêcher contre les défauts, et particulièrement contre l’orgueil des femmes, ils furent si furieux contre lui qu’ils proposèrent de le lapider hors de la place, jusqu’à ce qu’il changeât de sujet, et prêchât contre les riches, et contre leur orgueil, et leur vanité, et leur amour excessif de ce monde. Par la suite, il dirigea ses déclamations contre le clergé et l’Église, affirmant que le clergé menait une vie obscène, et recevait mal les biens de l’Église, et les dépensait pire, et prêchant que « les paroissiens n’étaient pas obligés de payer leurs dîmes et leurs offrandes au clergé, s’ils ne vivaient pas chastement, et à tous les autres égards comme il convenait aux prêtres de Dieu ; ou s’ils ne sont pas restés dans leurs paroisses, et n’ont pas dépensé les biens de l’église où ils les ont reçus ; ou s’ils n’étaient pas habiles ou n’étaient pas prêts à parler la langue dans laquelle ils devaient prêcher, de sorte qu’ils ne pouvaient pas instruire le peuple d’une manière adéquate ou suffisante. Il prêchait de même, ajoute Knyghton, que les hommes pouvaient, conformément à la charité, demander à ceux qui leur devaient de l’argent ce qu’ils leur devaient, mais qu’ils ne pouvaient en aucun cas les poursuivre en justice ou les emprisonner pour dettes, et que « quiconque vivait contrairement à la loi de Dieu n’était prêtre, bien qu’il eût été ordonné par l’évêque ». Par ces doctrines et d’autres semblables, le même auteur nous apprend que Swyndurby captiva l’affection du peuple, de sorte qu’ils déclarèrent qu’ils n’avaient jamais vu ni entendu quelqu’un qui leur expliquât si bien la vérité, et « le révérèrent comme un autre dieu ».

Lorsque l’évêque Bukkyngham apprit ce qu’il faisait, il le suspendit immédiatement de toute prédication dans une chapelle, une église ou un cimetière, dans le diocèse de Lincoln, et il empêcha le peuple de s’aviser de l’entendre prêcher ni de favoriser le prédicateur, sous peine d’excommunication. Swyndurby, cependant, ne se laissa pas décourager ; mais, en entendant l’interdit de l’évêque, il se fit une chaire sur deux meules qui se trouvaient dans la grande rue, près de la chapelle qu’il avait occupée autrefois, où il convoqua le peuple, et lui prêcha plusieurs fois, disant : « Il pouvait et voulait, malgré les dents de l’évêque, prêcher sur la grande route du roi, tant qu’il avait la bonne volonté du peuple. » Alors vous pourriez voir, dit Knyghton, des foules de gens de toutes parts, aussi bien de la ville que de la campagne, doubler le nombre qu’il y avait autrefois lorsqu’ils pouvaient l’entendre prêcher beaucoup plus légalement, pressant de l’entendre prêcher après cette inhibition et tonnant la sentence d’excommunication, qui avait été dénoncée dans l’abbaye et dans beaucoup d’autres églises. L’évêque le convoqua donc pour qu’il apparaisse dans la cathédrale de Lincoln. Knyghton dit qu’ayant été condamné, il a rechuté et s’est rendu à Coventry, où il a été expulsé du diocèse, avec honte et mépris, par le diocèse et le clergé. Ce récit, cependant, ne peut guère être admis ; car il n’est pas probable que, s’il avait été convaincu d’hérésie et d’erreur, s’il avait adjuré publiquement, et ensuite rechuté, il aurait été traité avec tant de douceur. Le récit de Walsingham est donc plus probable, qui dit que « lorsque l’évêque de Lincoln eut fait des préparatifs pour corriger cet homme et lui retirer sa licence de prêcher, la multitude folle se déchaîna d’une manière telle qu’elle effraya l’évêque et le dissuada de procéder contre lui ». On ignore ce qu’il devint par la suite : Fox, dans ses Actes et Monuments, conjecture qu’il fut brûlé sous le règne suivant. Voir Lewis’s Life of Widiffe, pp. 222-228.

Mais notre réformateur, qui avait longtemps et avec zèle défendu l’opportunité d’une traduction de la Bible en langue anglaise, n’en était que plus convaincu, par l’opposition de ses ennemis et par la faiblesse de leurs arguments, de l’importance et de l’utilité d’une telle entreprise. Les extraits suivants montreront la manière dont ce grand homme a défendu le droit du peuple de lire les Écritures et d’en avoir une traduction dans sa langue maternelle. « L’Écriture, observe-t-il, est la foi de l’Église, et plus elle est connue dans un sens orthodoxe, mieux c’est : c’est pourquoi, comme les hommes séculiers doivent connaître la foi, elle doit être enseignée dans la langue qui leur est la mieux connue. D’ailleurs, puisque la vérité de la foi est plus claire et plus exacte dans l’Écriture que les prêtres ne savent l’exprimer ; et que, si l’on peut dire, il y a beaucoup de prélats qui ignorent trop l’Écriture, et d’autres qui cachent ce qu’elle contient ; il semble utile que les fidèles recherchent ou découvrent eux-mêmes le sens de la foi, en ayant les Écritures dans une langue qu’ils connaissent et comprennent. De plus, selon l’Apôtre (Hébreux, XI), les saints ont vaincu les royaumes par la foi, et principalement par le motif de la foi, ils se sont précipités dans leur propre pays : pourquoi donc la source de la foi ne devrait-elle pas être révélée au peuple par les moyens qui permettront à l’homme de la connaître plus clairement ? Celui qui s’y oppose, ou qui murmure contre elle, s’efforce de faire en sorte que le peuple demeure dans un état damnable et incrédule. Ainsi les lois qui sont faites par les prélats ne doivent pas être reçues comme des matières de foi ; et nous ne devons pas non plus croire leurs paroles ou leurs discours, pas plus qu’ils ne sont fondés sur l’Écriture, car, selon la doctrine constante d’Augustin, « l’Écriture est toute la vérité ». Une traduction des Écritures ferait donc tant de bien, qu’elle rendrait les prêtres et les prélats insoupçonnés quant aux paroles qu’ils en expliquent. Le Christ et ses apôtres ont converti les hommes, en leur faisant connaître l’Écriture dans une langue familière au peuple ; et c’est dans ce but que le Saint-Esprit a donné aux apôtres la connaissance des langues. Pourquoi donc les disciples modernes du Christ ne devraient-ils pas recueillir des fragments d’un même pain ? et, comme ils l’ont fait, ils ont clairement et clairement ouvert les Écritures au peuple, afin qu’il les connaisse ? D’ailleurs, puisque, selon ce qu’enseigne l’apôtre, tous doivent se tenir devant le tribunal du Christ, et lui répondre de tous les biens qu’il leur a confiés, il est nécessaire que tous les fidèles connaissent ces biens et l’usage qu’ils en font, afin que leur réponse soit alors prête. Car une réponse d’un prélat ou d’un avocat ne servira à rien , mais chacun doit répondre en sa propre personne.

♦Lewis’s Life of Wicliffe, ch. v, p. 69.

Notre célèbre réformateur, JOHN DE WICLIF+, est, dit-on, né vers l’an 1324, dans la paroisse de Wiclif, village près de Richmond, dans le Yorkshire. Il fut d’abord roturier au Queen’s College d’Oxford, puis nouvellement fondé par Robert Eaglesfield, aumônier de la reine Philippina, épouse d’Édouard HI. De là, il fut bientôt transféré au Merton College, qui était alors considéré comme l’un des séminaires d’érudition les plus célèbres d’Europe, où il fut stagiaire, puis boursier. C’est là que Wiclif profita des grands avantages dont il jouissait, et, par la vigueur native de son esprit, unie à une application peu commune, il s’éleva au premier rang de l’éminence littéraire. On dit qu’il a mémorisé la partie la plus compliquée des écrits du Stagyrite, et qu’il a été un contestateur sans rival dans la théologie des écoles. Il était très versé dans la connaissance du droit civil et canonique en général, et de nos propres lois municipales en particulier. Mais les Saintes Écritures étaient sa principale étude et son principal plaisir, ce qui lui valut probablement le titre de Doctor Evangelicus, le docteur évangélique. Outre les Écritures, il estimait et étudiait les œuvres d’Augustin, de Jérôme, d’Ambroise et de Grégoire, et il était aussi un grand admirateur des écrits de l’évêque Grosseteste et de l’archevêque Fitzralph. Sa défense de l’université contre les empiétements des frères mendiants lui valut l’approbation très générale, et en 1361 il fut élevé à la dignité de maître du collège de Baliol, et quatre ans plus tard à celle de directeur de Canterbury Hall. Il fut expulsé de cette charge en 1367, par l’archevêque Langham, dans des circonstances d’une grande injustice. Wiclif fit appel au pape, qui suspendit astucieusement la décision pendant quelques années, mais en 1370 confirma l’expulsion, due, comme on l’a conjecturé, en partie à la partialité du pape pour les mendiants, et en partie à la défense du roi Édouard III par Wiclif. contre l’hommage exigé par le pape.

+ Cette manière d’épeler le nom de notre réformateur, je l’ai empruntée à Baber, qui remarque qu’elle est ainsi orthographiée dans le plus ancien document où son nom soit connu, c’est-à-dire dans l’acte qui le nomma l’un des membres de l’ambassade pour rencontrer les délégués du pape, en 1374.

++ Voir p. 357 de ce volume.

1

En 1372, Wiclif commença à donner des conférences publiques sur la théologie à l’université. D’abord, il attaqua doucement et secrètement les abus régnants des frères, et les corruptions générales de la papauté ; mais, voyant qu’il avait attiré l’attention de ses auditeurs, il exposa ouvertement et hardiment tout ce qu’il jugeait erroné dans les habitudes des ecclésiastiques ou dans les doctrines de l’Église. Son intrépidité augmenta sa renommée, et il fut presque partout regardé comme le grand défenseur de la liberté et de la vérité, excepté par les serviteurs du pape, qui ne cessaient de poursuivre l’objet de leur haine avec toutes sortes de rages malignes. En 1374, il fut envoyé par le roi, conjointement avec l’évêque de Bangor et d’autres, en ambassade auprès du pape, pour traiter des libertés de l’Église d’Angleterre ; La même année, il fut offert par Édouard au précieux presbytère de Lutterworth, dans le Leicestershire. Par la suite, en 1375, il fut confirmé dans la prébende d’Auste, dans l’église colie-giate de Westbury, dans le Gloucestershire ; et l’on dit qu’il fut de nouveau employé à un caractère diplomatique, étant délégué avec plusieurs barons du royaume à la cour du duc de Milan.

Les ambassades dans lesquelles notre réformateur était engagé, et les nombreuses occasions qu’il avait ainsi d’examiner les prétentions hautaines du pontife romain et de marquer la dégénérescence universelle de la hiérarchie pontificale, excitèrent son indignation et aiguisèrent ses invectives contre ceux qui palliquaient ou défendaient les dépravations grossières des moines et des frères, ou les oppressions éhontées de la cour pontificale. Piqué au vif par la vivacité de ses censures, le clergé romain rassembla ses forces, choisit dans ses ouvrages dix-neuf articles de plainte et d’accusation, et les remit au pape. Bulle après bulle fut transmise par Sa Sainteté en Angleterre, pour exiger le jugement de l’archi-hérétique et la condamnation de ses écrits. Le gouvernement et l’université les ont longtemps traités avec mépris ; et bien que l’université d’Oxford ait finalement cédé à recevoir le mandat pontifical, elle a refusé d’apporter la moindre assistance active contre Wiclif. Mais l’archevêque de Cantorbéry et l’évêque de Londres, les avocats résolus de la papauté, le citèrent pour comparaître devant eux le trentième jour après l’avis. Wiclif se mit immédiatement sous la protection de Jean de Gand, duc de Lancastre, qui le connaissait et l’estimait depuis longtemps. Sur le conseil de ce gentilhomme, qui l’accompagnait en personne, il obéit à la citation ; où les expressions hautaines et insultantes de l’évêque de Londres à lord Percy irritèrent tellement le duc, qu’il traita l’évêque avec contumace et mépris ; la cour se sépara dans le tumulte et la confusion ; et Wiclif fut congédié avec l’exhortation de ne pas répéter ses odieuses doctrines, ni dans les écoles, ni en chaire.

La mort du duc de Lancastre ayant enhardi les prélats anglais, ils citèrent de nouveau l’hérétique à comparaître devant eux, en 1378, lorsqu’il fut de nouveau secouru par la populace, et l’autorité de la reine douairière, veuve du Prince Noir. La même année, leur commission cessa, par la deatn du pape Grégoire XI. Une double élection s’ensuivit, les papes rivaux prenant les noms respectifs d’Urbain VI. et Clément VIL, bien qu’Urban se soit finalement révélé le candidat retenu. Cet événement a été remarqué par Wiclif, dans un traité « Du schisme des Pontifes romains » et peu de temps après il en a publié un autre, « De la vérité de l’Écriture ». Dans ce dernier, il plaide pour la traduction des Écritures en anglais ; et affirme que la volonté de Dieu est clairement révélée dans deux Testaments ; que la loi du Christ suffit à elle seule pour gouverner l’Église du Christ ; qu’un chrétien, le comprenant bien, puisse alors acquérir suffisamment de connaissances au cours de son pèlerinage ici-bas ; et que, tandis que toute vérité est contenue dans l’Écriture Sainte, toute dispute qui n’est pas originairement à déduire de là doit être considérée comme profane.

Les efforts extraordinaires et les persécutions harassantes que Wiclif subit pendant l’année 1378 lui occasionnèrent un accès de maladie qui le mena presque à l’article de la mort. Dès qu’ils l’apprirent cela, les frères mendiants choisirent quatre graves docteurs dans leurs quatre ordres, et, après certaines instructions, les envoyèrent, avec quatre citoyens respectables, aider de camp auprès du réformateur affligé. Ces commissaires le trouvèrent couché dans son lit, et l’on dit qu’ils lui souhaitèrent d’abord la santé et la guérison de la maladie. Au bout d’un certain temps, ils lui rappelèrent les nombreuses et grandes injures qu’il avait faites aux frères mendiants, par ses sermons et ses écrits, et l’exhortèrent à se lamenter et à révoquer, en vrai pénitent, en leur présence, tout ce qu’il avait dit pour les dénigrer.

Mais Wiclif, reprenant aussitôt des forces, appela ses serviteurs et leur ordonna de le soulever un peu sur ses oreillers. Cela fait, il dit d’une voix forte : « JE NE MOURRAI PAS, MAIS JE VIVRAI, ET JE DÉCLARERAI LES MAUVAISES ACTIONS DES FRÈRES. » En entendant cela, les médecins et leurs associés le laissèrent dans une grande confusion ; et le· L’homme malade se rétablit bientôt, selon sa prédiction.

L’année qui suivit sa guérison de cette maladie, ce défenseur de la vérité semble avoir achevé et publié sa TRADUCTION de la Bible, A. D. 1380 ; et peu de temps après, il commença une attaque publique contre la doctrine de la transsubstantiation. C’est ce qu’il fit dans les conférences qu’il donna à Oxford, pendant l’été 1381. Les mesures prises contre lui furent violentes et diverses, à la suite de cette opposition à la doctrine favorite de l’Église de Rome. Les prélats le sommèrent de nouveau de comparaître devant eux ; le parlement, auquel il s’adressa, rejeta son appel, et, à l’instigation de son grand adversaire Courtney, ancien évêque de Londres, mais maintenant archevêque de Cantorbéry, passa une loi contre ses « Conclusions », ou opinions sur le sujet ; son protecteur, le duc de Lancastre, conseillait la soumission ; et il fut enfin renvoyé de la chaire de professeur de théologie, qu’il avait remplie, pendant tant d’années, d’applaudissements sans égal.

Mais, bien qu’il fût forcé de quitter l’université et de se retirer au presbytère de Lutterworth, il poursuivit ses études et continua ses efforts pour promouvoir la réforme de l’Église. Parmi les écrits qui distinguèrent sa retraite, il y avait un traité sur les causes : « Pourquoi les prêtres n’ont pas de bénéfices, » écrit pour défendre ses disciples. Les raisons qu’il donne pour qu’ils soient sans bénéfices, ou qu’ils ne les acceptent pas, sont les suivantes : 1. La crainte de la simonie : 2. La crainte de dépenser à mauvais escient les biens des pauvres : 3. La crainte d’être empêché d’une meilleure occupation, ou d’une plus grande utilité à l’Église, en étant restreint à une seule cure ou paroisse. Dans le chapitre sur la simonie, il décrit ainsi les pratiques infâmes qui existaient alors : « Certains seigneurs, pour colorer leur symonie, ne prennent pas pour eux-mêmes, mais des mouchoirs pour la dame, ou un palfray, ou un tonneau de vin. Et quand certains seigneurs présentent un homme de bien, et capable pour l’amour de Dieu, et des âmes chrétiennes, alors certaines dames ont l’intention d’avoir un danseur, ou un trippei sur des tapits, ou un chasseur, ou un colporteur, ou un joueur sauvage de gibiers d’été, pour flatter et faire des cadeaux entre eux.

La lutte entre le pape Urbain VI. et les Français, qui étaient les amis de son rival, firent en sorte que le pontife se décidât à faire la guerre. Dans cette vue, et pour lui permettre de lever une armée d’une force suffisante, des indulgences plénières et des grâces furent promises à tous ceux qui lui fourniraient une aide personnelle ou pécuniaire. Une bulle à cet effet fut envoyée à Henri le Spencer, évêque de Norwich, qui se rangea volontiers dans les vues du pape, et obtint de nombreux contributeurs ; de sorte que même les femmes présentaient leurs bijoux, leurs colliers, leurs bagues, leurs plats, leurs assiettes et leurs cuillères, dans l’espoir d’obtenir l’absolution pour elles-mêmes et pour leurs amis. Wiclif n’était pas un spectateur silencieux d’une telle violation de la religion de la paix : il blâmait sévèrement les partis rivaux, et dans un de ses tracts, il demandait avec insistance : « Pourquoi l’orgueilleux prêtre de Rome n’accorde-t-il pas un pardon complet à tous les hommes, pour vivre en paix, en charité et en patience, comme il le fait pour tous les hommes de combattre et de tuer les hommes chrétiens ? » Le pontife exaspéré cita Wiclif pour comparaître devant lui ; mais son faible état de santé lui parvint à s’excuser de n’avoir pas entrepris un voyage si long et si périlleux. Il avait déjà eu une crise de paralysie, et son Frame a sombré sous une seconde attaque de la même maladie, deux ans plus tard. Sa dernière crise a eu lieu pendant le service divin, dans l’église de Lutterworth ; ce qui, le troisième jour, mit fin à la précieuse vie de ce grand et intrépide réformateur, le 30 décembre 1384. Son corps fut enterré dans le chœur de son église, et y resta jusqu’en 1428, date à laquelle ses os furent exhumés et brûlés, et ses cendres jetées dans le Swift, un ruisseau voisin, sur l’ordre du pape Martin V, par Richard Flemyng, évêque de Lincoln, selon un décret de l’infâme concile de Constance, passé en 1415.

La Vie de Wiclif la plus élaborée est celle du révérend John Lewis ; mais la liste la plus exacte de ses œuvres, et l’une des vies les mieux écrites, se trouve en tête de son excellente édition du Nouveau Testament de Wiclif, établie par le révérend H. H. Baber.

L’opposition qui s’éleva contre la traduction de Wiclif alla si loin, qu’en 1390 (13. Rie. IL) un projet de loi a été présenté à la Chambre des lords pour sa suppression. À cette occasion, Jean de Gand, duc de Lancastre et oncle du roi, défendit une traduction vernaculaire, en disant : « Nous ne serons pas la lie de tous les hommes ; voir d’autres nations avoir la loi de Dieu, qui est la loi de notre foi, écrite dans leur propre langue. Déclarant, en même temps, de la manière la plus solennelle : « Qu’il maintiendrait que nous ayons cette loi dans notre propre langue à ceux qui, quels qu’ils soient, ont présenté le projet de loi le premier. » Le duc fut secondé par d’autres, qui dirent que « si l’Évangile, par sa traduction en anglais, était l’occasion pour les hommes de se fourrer dans l’erreur, ils pourraient savoir qu’il y avait plus d’hérétiques parmi les Latins que parmi les gens de toute autre langue. Pour cela, les décrétales ne comptaient pas moins de soixante-six hérétiques latins, et donc l’Évangile ne doit pas être lu en latin, ce que les adversaires de la traduction anglaise ont pourtant permis. La conséquence de cette fermeté chez le patron et les amis de Wiclif fut que le projet de loi fut rejeté.+

♦Un psautier latin, orné des plus belles miniatures, et richement enluminé, à l’usage de ce monarque dans sa jeunesse, est conservé dans la bibliothèque cotonnienne. Il a un calendrier et diverses tables, en plus des hymnes et du Credo d’Athanase. Le roi est représenté, en différents endroits, à genoux, devant la Vierge Marie, qui tient l’enfant Jésus dans ses bras. — Le Longt. IV, p. 245.

+Lewis’s Hist, of English Translations, p. 28.           

C’est probablement cet événement qui a encouragé certains disciples du Dr Wiclif à revoir sa traduction, ou plutôt, à en faire une autre, moins stricte et verbale, mais plus conforme au sens. Les copies manuscrites de cette traduction sont plus rares que les autres, mais on les trouve à la Bodleian et dans d’autres bibliothèques publiques. L’un d’eux aurait appartenu à l’évêque Bonner, de mémoire persécutrice ; qui, dans son livre « Des sept sacrements » (1555 apr. J.-C.), observe qu’il avait « une Bible en anglais traduite de Latyne en tyme d’hérésie, près de soixante ans avant ce tyme » (c’est-à-dire vers 1395), « fayre et vraiment écrite en parchemin ».++

++ Ibid., p. 25.

D’après un manuscrit de cette traduction, conservé à la bibliothèque du Trinity College de Dublin, portant le nom de « J. Pervey », on a conclu que JOHN PURVEY, ou PURNEY, en était l’auteur. Knyghton (De Event . Angliæ) dit : « C’était un chapelain ou un vicaire, n’ayant aucun bénéfice en propre, d’un aspect et d’une conduite graves, affectant une apparence de sainteté au-dessus du reste de ses semblables. Dans ses vêtements et son habillement, il allait comme un homme ordinaire ; et, peu soucieux de son aise, il ne se lassait pas d’étudier, en voyageant de long en large, pour persuader le peuple et l’amener à sa secte. Disciple invincible de son maître Jean Wiclif, il se conforma à ses opinions, et les confirma sans crainte sous tous les rapports, comme un exécuteur habile. En effet, ayant pris pension avec son maître de son vivant, et ayant ainsi bu plus abondamment ses instructions, il s’en était abondamment imprégné, et toujours, jusqu’à son dernier jour, comme un compagnon inséparable, il l’avait suivi, lui et ses opinions et ses doctrines, sans se lasser de ses travaux et de ses efforts pour les propager. Après la mort du Dr Wiclif, il avait l’habitude de prêcher à Bristol, jusqu’à ce qu’il soit appréhendé et emprisonné par Thomas Arundel, archevêque de Cantorbéry, au château de Saltwood, dans le Kent, un siège appartenant à l’archevêque. Là, il fut terriblement torturé et consentit enfin à se rétracter, ce qu’il fit à Paul’s Cross, en 1396. Il fut ensuite promu par l’archevêque à un bénéfice, comme on dit, à environ un mille du château, qui semble intime comme s’il s’agissait de Sainte-Marie Hythe, ou peut-être du presbytère d’Ostinhanger. Mais en quelque lieu que ce soit, il n’y demeura pas longtemps, mais abandonna son bénéfice et embrassa ses anciennes opinions. Après la mort d’Arundel, il fut de nouveau emprisonné par l’archevêque Chichley, en 1521 ; après quoi on ne sait pas ce qu’il est devenu ; mais il n’est pas improbable qu’il soit mort en prison. Thomas de Walden, un écrivain zélé contre les Lollards, ou partisans de Wiclif, lui donne ce caractère, qu’il « était la bibliothèque des Lollards, et le gloseur de Wiclif ; un théologien éloquent, et célèbre pour son habileté dans la loi », ou un canoniste notable.

♦Fox’s Actes and Monumentes, t. I, p. 649, fol. 1570. Lewis’s Life of Wicliffe, pp. 218-221. Lewis’s Hist, of English Translations, p. 34, 35.

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Mais quel que soit l’auteur de la traduction en question, elle a très probablement été faite par la même personne qui a écrit l’Elucidarium Bibliorumou Prologue à la traduction de la Bible ; un travail fréquemment, mais à tort, attribué à Wiclif lui-même. Le but du Prologue, qui est en anglais, est de donner un résumé des livres de la Bible, avec certaines déclarations de leur utilisation et de leur autorité. Il a été imprimé par John Gowghe en 1536, en in-12, sous le titre de " The Dore of Holy Scripture « . Une autre édition, en in-12, a été publiée en 1550, par Robert Crowley. Le titre de l’ouvrage était : « Le chemin vers la connaissance parfaite, la copie fidèle d’un prologue, écrit environ deux cents ans par John Wycklyffe (comme on peut le comprendre à juste titre, que John Bale a écrit de lui dans son livre intitulé The Summarie of Famouse writers of the He of Great Britaine) dont l’original se trouve écrit dans une vieille Bible anglaise entre l’Ancien Testament et le Newe. Laquelle Bible reste maintenant dans la chambre de Kyng hys Maiesties. Dans ce prologue, dont Lewis (Hist, of English Translations) et Baber (Life of Dr. Wiclif) ont prouvé de façon irréfutable qu’il a été écrit après la mort du réformateur, l’auteur donne le récit suivant de sa propre traduction de la Bible en anglais : « Lui, avec plusieurs autres qui l’aidaient, rassembla, dit-il, tout le vieux Latyn. Ils purent se procurer des Bibles : ils les collationnèrent avec diligence, et corrigeèrent les erreurs qui s’y étaient glissées, afin de rendre une Bible latine plus ou moins vraie ; car beaucoup de Bibles en latin étaient très fausses, surtout celles qui étaient nouvelles. Puis ils rassemblèrent les docteurs et les gloses communes, surtout la Lyre, avec lesquelles ils étudièrent de nouveau le texte, afin de s’en rendre maîtres du sens et du sens. Ensuite, ils consultèrent les anciens grammairiens et les anciens théologiens sur les mots et les phrases difficiles, sur la meilleure façon de les comprendre et de les traduire ; ce qui fait, ils se mirent à la traduction, qu’ils décidèrent de ne pas être verbale, mais aussi clairement qu’ils le purent exprimer le sens et le sens du texte ; car, dit-il, c’est de savoir que la meilleure traduction du latin en français, c’est de traduire après la phrase, et non pas seulement après les mots. De sorte que la phrase soit aussi ouverte (l’une ou l’autre ouvrante) en anglais qu’en latin, et qu’elle n’aille pas loin de la lettre. Il ajoute que « là où l’hébreu, par le témoignage de Jérôme, de la Lyre et d’autres exposants, est en désaccord avec nos Bibles latines, il avait mis en marge, comme une glose, ce que l’hébreu a, et comment cela est compris dans un autre endroit. Et c’est dans le Psautier que c’est dans le Psautier qu’il l’a fait le plus en discordance avec l’hébreu. En traduisant des mots équivoques, remarque-t-il, il pourrait y avoir quelque danger, car, s’ils n’étaient pas traduits selon le sens et le sens de l’auteur, c’était une erreur. Enfin, nous dit-il, pour rendre cette traduction aussi complète et aussi parfaite qu’il le pourrait, il résolut d’avoir beaucoup de braves gens, et de savoir, pour la corriger. Une copie manuscrite de cet ouvrage se trouve au British Museum, Harl. MS. Année 1666. C’est imparfait à la fin.

Lewie’s Hist, of English Translations, p. 37. Lewie’s Life of Wicliffe, p. 70.

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L’incertitude et l’obscurité dans lesquelles se trouve l’auteur de la traduction que nous avons sous les yeux ne lui sont pas propres ; dans de nombreux autres cas, il semblera que les traducteurs des différentes versions des écrits sacrés soient inconnus. Cela a probablement été dû à différentes causes ; tantôt par cette disposition humble et méfiante qui a conduit l’esprit pieux à se retirer de la vue publique, et à ne viser qu’à l’approbation de Celui qui sonde le cœur, tantôt par crainte de la persécution et de la souffrance. Car, bien que beaucoup de nos jours soient disposés à considérer l’homme qui le premier a produit une traduction des Écritures dans la langue de son pays, comme son plus grand bienfaiteur, et qui a droit à un rang éminent dans les annales de son amélioration morale, il faut reconnaître que cela n’a pas été le point de vue des âges passés ; L’histoire, en général, n’a pas non plus été construite ou écrite sous l’influence de telles impressions. Malheureusement, ces causes concourantes empêchent la possibilité d’écrire un ouvrage biographique authentique, qui devrait embrasser la vie de tous les traducteurs originaux du volume sacré ; Tout ce qu’il y a à faire, c’est de recueillir, de divers côtés, les renseignements qui subsistent au sujet de ces hommes de valeur et de leurs travaux importants.

« La vie de telles personnes, on peut le dire, n’aurait pas pu fournir beaucoup d’incidents remarquables ; mais nous ne pouvons pas le dire : car, bien qu’ils n’aient pas tous été traités de la même manière, pour quelques-uns d’entre eux, au moins, les lignes suivantes ne sont que trop appropriées :

' Ils vivaient inconnus,

Jusqu’à ce que la persécution les ait entraînés dans la gloire,

Et les a chassés jusqu’au ciel. Leurs cendres se sont envolées

---- Aucune bille ne nous dit où. Avec leurs noms

Aucun barde n’embaume et ne sanctifie son chant ;

Et l’histoire, si chaleureuse sur des thèmes plus mesquins,

C’est froid là-dessus. "*