PARTIE II.

DE LA NAISSANCE DU CHRIST À L’INVENTION DE L’IMPRIMERIE.

CHAPITRE I.

Premier, deuxième et troisième siècles. — Livres du Nouveau Testament. — Autographes d’écrivains sacrés. — Juifs en Chine. — Versions syriaques et latines. — John Albert Widmanstadt. — William Postel. — Carolus Schaaf. — Vetus Italica. — Thomas Hearne. — Peter Sabatier. — Versions sahidique et copte. — Dr C. G. Woide. — Dr David Wilkins. — Origène. — Pamphile. — Eusèbe de Césarée. — Lucien. — Hésychius. — Bibliomancie. — Gymnasia. — Bibliothèques. — Lecteurs publics. — Persécutions. — Traditores. — Exemples de mémoire extraordinaire.

En l’an du monde 4000 ou 4004, Jésus, le Christ, c’est-à-dire le Messie, est apparu parmi les hommes et s’est incarné pour nous, les hommes, et pour notre salut. À lui soient la gloire et la domination aux siècles des siècles. Amen.

Après l’ascension de Notre-Seigneur, ses apôtres, ou disciples, ou leurs contemporains, se sont engagés à écrire les divers livres qui composent le canon du Nouveau Testament ; et qui, étant écrites sous l’inspiration du Saint-Esprit, sont une compilation inestimable de vérités divines, contenant les annales de la rédemption humaine.

Il n’est pas facile, peut-être impossible, de déterminer avec exactitude les différentes époques auxquelles les parties respectives du Nouveau Testament ont été écrites ; mais l’arrangement chronologique suivant, etc., extrait de l’Introduction aux quatre évangiles et aux Actes des Apôtres du Dr A. Clarke, sera probablement acceptable pour le lecteur :

Classement chronologique des livres du Nouveau Testament ; les Lieux où ils étaient écrits, d’après le Dr Lardner ; et l’énumération de tous les livres, chapitres et versets.

LES ÉVANGILES.

Livres. Lieux où écrit. Heure à l’écriture. Livres. Chapitres. Versets.

 

ÉPÎTRES DE SAINT PAUL.

Livres. Lieux où écrit. Heure à l’écriture. Livres. Chapitres. Versets

LES ÉPÎTRES CATHOLIQUES.

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Il est généralement admis que l’Évangile de saint Matthieu a été écrit en hébreu ou en langue syro-chaldaïque, étant conçu pour l’usage immédiat des habitants de la Palestine. Irénée, qui vivait au IIe siècle, dit expressément (Adv. Steres, lib. III, ch. i) que « Matthieu, parmi les Hébreux, écrivit un Évangile dans leur propre langue, tandis que Pierre et Paul prêchaient l’Évangile à Rome, et y fondaient l’Église. » Papias, le compagnon de Polycarpe, avait affirmé de bonne heure que « Matthieu écrivit son Évangile en langue hébraïque ». « Nous sommes insensés, dit Isaac Vossius, si nous passons notre temps à réfuter tous les vains rêves qui foulent aux pieds le témoignage unanime de toute l’antiquité et l’autorité de toutes les Églises, qui conspirent à nous assurer que l’Évangile de saint Matthieu a été écrit à l’origine en langue syro-chaldaïque. »Cet Évangile a été traduit ensuite en grec, tel que nous l’avons aujourd’hui, au temps des apôtres, peut-être par l’évangéliste lui-même, bien que les uns disent par saint Jacques, les autres par saint Jean, et ayant été approuvé par eux, il a toujours été considéré comme tenant la place de l’original ; les copies de l’hébreu ayant été de bonne heure si corrompues par les Nazaréens et les Ébionites qu’elles détruisirent toute confiance en eux.

* Ceux qui désirent être pleinement au courant de la controverse concernant la langue dans laquelle l’Évangile de saint Matthieu a été écrit à l’origine, peuvent consulter Marsh’s Michaelis, vol. iii, pt. i, ch. iv, sec. 3-9 ; Préface du Dr. Campbell à l’Évangile de Matthieu, dans son excellente Traduction des quatre Évangiles ; et l’Histoire de Simon Critique du Texte du N. T., ch. v, vi, vii, viii. Voir aussi Butler’s Lives of les Saints, vol. ix, p. 284, 285, note.

L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX paraît aussi avoir été écrite par saint Paul en hébreu, et ensuite traduite en grec par saint Luc, d’après Clément d’Alexandrie (Eusèbe H. E., lib. vi, ch. xiv), mais d’après Eusèbe (H. E., lib. iii, ch. xxxviii) par Clément de Rome.

* Marsh’s Michaelis, vol. iv, ch. xxiv, 9 à 12.

Le cardinal Baronins, dans ses Annales Ecclesiastici, a essayé de prouver que saint Marc a écrit son Évangile en latin. Cette hypothèse, si contraire au témoignage de l’antiquité, est cependant universellement éclatée. Les arguments par lesquels il s’efforçait d’appuyer son opinion étaient les souscriptions de certains manuscrits syriaques, et le prétendu autographe de saint Marc conservé à Venise ; mais il est bien connu qu’on ne peut pas compter sur de telles souscriptions en général, et en particulier que les souscriptions d’une version faite en Orient immédiatement à partir du grec ne peuvent avoir aucune autorité en ce qui concerne la langue dans laquelle saint Marc a écrit à Rome.+

+ Simon, Hist. Critique du N. T., ch. xi. Michaelis de Marsh, vol. iii, ch. v, L’article 8. Kortholtus, De variis S. S. Editionibus, cap. vii, p. 3 et 4. Kilon. 1668, in-4°.

Le prétendu autographe de l’Évangile de saint Marc, conservé dans le trésor de saint Marc à Venise, est écrit sur du papier de coton (charta bombycina) d’un vert fané, et forme un mince volume carré, recouvert de plaques d’argent doré. L’humidité de l’endroit rendait depuis longtemps l’écriture presque illisible, et faisait que les feuilles s’accrochaient les unes aux autres, de sorte qu’elles pouvaient à peine être séparées sans se déchirer. L’illisibilité de l’écriture a amené Misson, un éminent juriste, à affirmer qu’elle était écrite en grec, mais des observations plus exactes ont prouvé qu’elle était latine et écrite dans la sixième céliture. Il a été transporté d’Aquilée à Venise au XVe siècle. L’empereur Charles IV, en 1355, obtint d’Aquilée, par l’intermédiaire de son frère Nicolas, patriarche de cette ville, les huit derniers feuillets, qui sont conservés à Prague ;++ et à la réception de laquelle un témoignage a été donné en latin, dont voici la traduction :

« Moi, Charles IV, par la grâce de Dieu, roi des Romains, toujours auguste, et roi de Bohême, a vu le livre de l’Évangile de saint Marc, écrit de sa propre main, entier du commencement à la fin, en sept carites, sous la garde du patriarche de l’église d’Aquilée ; lequel livre a été conservé dans ladite église par le bienheureux Hermagoras, et par ladite église d’Aquilée jusqu’à ce jour ; lequel dit bienheureux Hermagoras reçut ce livre des mains de saint Pierre ; et aussi de Saint-Pierre, à la demande, et par la renonciation de saint Marc, eut le prélat de ladite église d’Aquilée ; de ce livre, sur ma requête au patriarche et au chapitre de ladite église d’Aquilée, j’ai obtenu ces deux derniers cahiers dudit livre ; et les cinq autres, qui les précédaient, restèrent dans ladite église ; et c’est ce que j’écris de ma propre main, en l’an de l’incarnation 1355, la veille de la Toussaint, le neuvième de mon règne. *

++ Michaelis (tIII, t. I, ch. v, p. 226) dit que les deux quaternions, ou cahiers, contenaient seize feuillets ; mais c’est probablement une erreur pour les pages, puisque le baron de la Tour remarque, dans ses lettres insérées dans le Voyage d’Italie de Montfaucon (Diarium Italicum), qu’un quaternion était de la grosseur de la quatrième partie d’une feuille ; deux feuilles ou quaternions feraient donc huit feuillets ou seize pages.

* Voyage de Montfaucon à travers l’Italie, pp. 75, 76. Lond. 1712, 8 vol.

Le fragment conservé aujourd’hui à Prague a été publié par Joseph Dobrowsky, en 1778, in-8°, sous le titre de Fragmentum Pra-gense Evangelii S. Marci vulgo autographi. Et d’après une lettre de Laurentius a Turre, imprimée dans l’Evangeliorum Quadruplex de Blanchini, t. II, p. 543, il paraît que le manuscrit de l’Évangile de saint Marc a été apporté à Venise du Frioul, l’ancien Forum Julii, où est encore conservé un très ancien manuscrit latin, contenant les évangiles de saint Matthieu, de saint Luc et de saint Jean, et par conséquent que les vingt feuilles de Venise, avec les huit derniers feuillets à Prague, faisant de l’Évangile de saint Marc tout entier, complète le manuscrit foro-julien, qui contient la plus ancienne copie de la version des Évangiles de Jérôme ; et a été publié par Blanchini dans son Evangeliorum Quadruplex, imprimé à Rome en 1748.|*|

|*| [Michaelis de Marsh, vol. iii, pt. i, ch. v, sec. 8. Butler’s Lives of the Saints, vol. IV, p. 272, Édimbourg, 1798, 8 vol. Voir aussi Calmet, Dissert, sur l’Evangile de S. Marc.

Les prétentions du manuscrit vénitien étant réfutées, on admettra qu’aucun des^autographes ou manuscrits originaux du Nouveau Testament n’existe aujourd’hui, bien qu’il y ait des preuves qu’au moins quelques-uns d’entre eux aient été soigneusement conservés pendant de nombreuses années parmi les anciennes églises chrétiennes. Tertullien, qui florissait à la fin du IIe siècle et au commencement du IIIe siècle, se réfère à de nombreux autographes comme existant encore. Voir son traité De Prœscriptionibus, sec. 36. « Si vous voulez satisfaire votre curiosité, dit-il, et lui donner une portée à la fois utile et étendue, dans l’affaire de votre salut, soyez heureux de jeter un coup d’œil et de parcourir les églises apostoliques, où les chaires des aposties président maintenant à leurs places respectives, où leurs épîtres authentiques et originales, (authentique® liter,® ) les images mêmes de leur voix et de leur personne, sont maintenant récitées et exposées. Vivez-vous en Achaïe ? Il y a Corinthe. N’êtes-vous pas loin de la Macédoine ? Il y a Philippes et Thessalonique. Êtes-vous près de l’Asie ? Il y a Éphèse. Ou si vous êtes limitrophe de l’Italie, il y a Rome.

Pierre, un évêque alexandrin du IVe siècle, dit : « L’Évangile de l’évangéliste Jean, écrit de sa propre main, est, par la bonté divine, conservé encore dans la très sainte église des Éphésiens, où il est vénéré par les croyants. » *

* Frickii Commentatio de cura Ecclesiæ Veteris circa canonem Sacræ Scripturæ, chap. IV, sec. 5, p. 130, in-4°. Cubitus. 1728.

Frickius suppose que les autographes ont été conservés par les chrétiens primitifs dans leurs archives, ou tabularia sacra, et qu’ils n’ont pas souffert d’être lus en général, de peur qu’ils ne soient lésés par le traitement fréquent des lecteurs ; et il conçoit qu’Ignace fait allusion à ces archives dans son Épître aux Philadelphiens, sec. 8, lorsqu’il dit : « J’ai entendu quelques personnes dire : Si je ne le trouve pas {εν τοίζ αρχαιοις,) ou plutôt {εν τοις αρχειοις,) dans les archives, je ne le crois pas. Usher, Dodwell et d’autres ont adopté la même opinion. + La perte définitive des autographes doit probablement être attribuée, principalement, aux terribles persécutions qui ont fait rage contre les chrétiens dans les premiers âges, et aux efforts de leurs persécuteurs barbares pour détruire tous leurs livres sacrés ; perte d’où est née la nécessité de rassembler et de rassembler des manuscrits de l’original grec, et des différentes versions anciennes : une mesure qui a été poursuivie avec beaucoup d’industrie et de persévérance louables, surtout dans les temps modernes, et qui a complètement prouvé l’exactitude générale de nos copies actuelles.

+ Frickius, soupe de tubercules.

Des transcriptions des différentes parties du Nouveau Testament furent cependant faites de très bonne heure, et circulèrent parmi les églises chrétiennes, et peu de temps après la mort des apôtres commencèrent à être rassemblées en volumes. Mais les premiers chrétiens étaient si prudents de ne recevoir aucun écrit comme inspiré sans les preuves les plus indubitables, que ce ne fut qu’après un laps de temps considérable que l’épître aux Hébreux, la seconde épître de saint Pierre, la deuxième et la troisième épître de saint Jean, les épîtres de saint Jacques et de saint Jude, et l’Apocalypse de saint Jean, ont été admis dans le canon sacré.

Au COURS DU PREMIER SIÈCLE, une colonie de Juifs s’est établie en Chine, que l’évêque Walton a légèrement remarqués dans les Prolégomènes de sa Bible polyglotte ; (Prolég. iii, art. 41 ;) mais dont on trouvera le meilleur compte rendu dans le Tacite de Brotier, t. III, p. 567 et suiv., d’où l’on extrait principalement la déclaration suivante. Gabriel Brotier a obtenu ses informations des lettres manuscrites de certains jésuites, qui ont été envoyés à la fin du XVIIe siècle, ou au commencement du XVIIIe siècle, par l’Église catholique romaine, comme missionnaires auprès de la nation chinoise ; et qui furent priés de faire toutes les enquêtes possibles sur l’État, les coutumes, les opinions religieuses et les livres sacrés des Juifs en Chine. C’est de ces sources que le célèbre éditeur de Tacite apprit que les ancêtres des Juifs chinois actuels s’établirent en Chine sous la dynastie des Han, sous le règne de Ming-ti, et en l’an de grâce 73, deux ans avant la mort de Ming-ti, et trois ans avant la destruction de Jérusalem. Ils paraissent avoir émigré de Perse, et avoir consisté en au moins soixante-dix sings, ou familles, (c’est-à-dire tous ceux qui sont de la même origine, équivalent au terme « maison », tel qu’il est utilisé par les traducteurs de la version anglaise autorisée). Au siècle dernier, il ne restait plus que sept familles, soit environ six cents personnes. Pendant longtemps après leur établissement en Chine, leurs affaires furent dans un état florissant, de sorte que beaucoup devinrent éminents par leurs réalisations, en particulier dans la littérature chinoise ; d’autres furent honorés des charges de l’État, d’autres devinrent chefs de provinces, et quelques-uns même furent élevés au rang de mandarins. Leurs principales résidences étaient Nimpo, Ning-hia, Ham-tcheon, Pékin et Cai-fong-fou. Les affaires des Juifs déclinant peu à peu, beaucoup d’entre eux devinrent les partisans de Mahomet, de sorte que les Juifs de Cai-fong-fou, capitale de la province de Honan, et à environ cent cinquante lieues de Pékin, sont maintenant les seuls connus et reconnus. En l’an de grâce 1446, leur synagogue fut détruite par une inondation de la rivière Ho-ang-ho ; et de nouveau par le feu au commencement du règne de l’empereur Ouan-li, qui gouverna de 1573 à 1620 ; et une troisième fois par une inondation en 1642. Il a ensuite été reconstruit, et existe toujours.

Ces Juifs sont appelés par les Chinois Hoei-Hoei, nom qu’on leur donne en commun avec les mahométans ; mais ils s’appellent eux-mêmes Tiao-Kin-Kiao, c’est-à-dire la loi de ceux qui coupent les tendons, parce qu’ils coupent les tendons et les veines, afin de s’abstenir de sang. Leur synagogue est grande et magnifique. La partie la plus sacrée de la synagogue est le Béthel, ou maison de Dieu. Il est carré à l’extérieur et circulaire à l’intérieur. Dans ce Béthel, sur le dessus de treize tables, treize ta-kingsc’est-à-dire treize rouleaux de la Loi, ou Pentateuque, sont placés ; et chaque rouleau est recouvert de soie. Tout au fond du temple ou de la synagogue, derrière Béthel, les tables de la Loi sont ostensiblement écrites en caractères hébreux d’or ; et des deux côtés des tables se trouvent des dépôts, dans lesquels sont conservés les livres dont les Juifs se servent communément.

Par le terme ta-kingqui signifie la grande écriture, les Juifs chinois désignent uniquement le Pentateuque. Chaque ta-king est écrit sur du long papier de Chine, dont beaucoup de feuilles sont collées ensemble, pour rendre le papier plus épais, et pour le faire tourner plus facilement autour du bâton central du rouleau. Chaque rouleau contient la loi entière, sans aucune distinction de livres, de chapitres ou de versets, mais divisée en cinquante-trois sections. Dans ces rouleaux, il n’y a pas de points de voyelles, ni de lettres distinctives des sections, ni simples ni triples ; et seul l’espace d’une ligne s’interpose entre eux. Quand on demanda aux Juifs de Chine pourquoi il n’y avait pas de points dans leurs ta-kings , ils répondirent que la Loi était si rapidement dictée par Dieu, que Moïse n’avait pas le temps d’apposer les points. Ils affirment que les points ont été ajoutés par la suite par les médecins de l’Occident.

Un rouleau de ta-kingenroulé de manière compacte autour de son bâton, a environ deux pieds de haut ; son diamètre dépasse de peu la mesure d’un pied. L’un de ces ta-kings, étant très ancien, est tenu en haute estime. D’après la représentation des Juifs chinois au père Ricci, le plus ancien manuscrit des Juifs de Chine avait environ six cents ans, au commencement du septième. XVIIIe siècle, et donc environ huit cents ans à l’heure actuelle. Lorsque la synagogue de Cai-fong-fou fut incendiée et les livres détruits, sous le règne de l’empereur Ouan-li, cet exemplaire du Pentateuque fut obtenu d’un mahométan que les Juifs rencontrèrent dans la ville de Ninghia, dans la province de Chen-si. Ce mahométan l’avait reçue d’un Juif à l’article de la mort, dans la ville de Canton, qui la lui avait confiée comme un trésor précieux de l’antiquité et de la religion. Ce rouleau est aujourd’hui tenu en très grande vénération, parce que leurs autres ta-rois en ont été copiés ; et parce qu’elle a été préservée dans la seconde inondation, qui arriva en l’an de grâce 1642, calamité dont elle porte maintenant de nombreuses marques.

Parmi les livres qui se trouvent dans leurs dépôts, il y a beaucoup d’exemplaires de la Loi, c’est-à-dire des cinq livres de Moïse. Toute la Loi n’est pas contenue tout entière dans un seul livre ; pour chaque section complète un livre ; Il est donc nécessaire d’avoir cinquante-trois de ces livres. posséder toute la Loi. Ces livres ont quatre ou cinq pouces de haut et environ sept pouces de large ; Ils sont écrits en plus grosses lettres que les Ta-Kings, et ont rarement plus de dix lignes dans une page. Ils ne se composent que de quelques feuilles, rendues plus épaisses par deux ou trois collées ensemble ; car les Juifs ne mesurent jamais avec de l’alun le papier mince des Chinois, pour leur permettre d’écrire des deux côtés. Chacun de ces livres a une marque carrée vers le milieu de la première page, dans laquelle est écrit le premier mot du livre ou de la section, sans points de voyelle ; et qui est orné de soie, ou des couleurs vertes, bleues ou blanches. Les pages sont marquées en haut avec les chiffres, en mots en pied, vers l’intérieur, et non selon notre coutume, dans la marge extérieure. Les sections de la Loi sont les mêmes que dans nos Bibles, sauf qu’elles relient ensemble nos cinquante-deuxième et cinquante-troisième sections ; C’est pourquoi nous comptons cinquante-quatre sections, et elles seulement cinquante-trois.

Les Juifs de Chine ne connaissent pas la distinction que nous faisons de Keri et de Ketib ; bien que dans leurs livres, il y ait des lettres plus grandes et d’autres plus petites que la taille habituelle. Dans les livres conservés dans leurs dépôts, ils emploient les voyelles et les accents, ainsi que quelques autres marques de distinction qui leur sont propres ; et le nombre de versets dont se compose chaque livre ou section est placé à la fin de celui-ci.

Outre la loi de Moïse, ils ont dans leurs dépôts d’autres livres, qu’ils nomment San-tso, mot signifiant livres supplémentaires et distincts, et qui contiennent certaines parties imparfaites de plusieurs livres historiques et prophétiques ; mais il n’y a parmi eux aucune partie des livres des Proverbes, de Job, du Cantique des Cantiques ou de l’Ecclésiaste ; ni des livres des prophètes Ezéchiel, Osée, Joël, Amos, Abdias ou Malachie ; et du livre du prophète Daniel, ils ne possèdent que quelques versets du premier chapitre. Ils ont aussi un exemplaire, qu’ils apprécient beaucoup, des deux livres des Maccabées, qu’ils nomment Manthiochium, ou Mathathies. Ils ont aussi dans les mêmes dépôts un livre de cérémonies ou de prières, etc., arrangé pour tous les sabbats et les fêtes de l’année, presque tous tirés des Écritures, et principalement des Psaumes. Dans ces dépôts, ils ont, enfin, quelques livres, mal arrangés, qu’ils appellent en langue chinoise Tiang-tchang, ou les Interprètes.

Ces Juifs chinois sont, en général, très ignorants de la langue hébraïque, car bien qu’ils comprennent, par une étude constante, pour la plupart, les cinq livres de Moïse, ils ne sont pas aussi habiles à lire leurs autres livres. Ils excusent leur ignorance en disant qu’il y a longtemps qu’ils ont perdu leurs Tou-king-puenou livres grammaticaux, et que, depuis quelques siècles, ils n’ont pas vu de Juif de Si-yu, c’est-à-dire d’Occident. Ils rendent tant de respect à leurs livres sacrés, qu’ils les gardent rarement ou jamais chez eux, mais les logent dans les dépôts du li-pai-se, ou temple ; cependant cette vénération apparente n’est rien de plus qu’une simple pratique superstitieuse, car quand quelqu’un a copié ou fait copier les livres de la Loi, et les a placés dans le li-pai-se, il estime s’être acquitté de tous les devoirs de la religion ; et quelquefois il ne paraît jamais dans la synagogue.

En copiant les livres sacrés, les Juifs chinois regardent comme un acte d’impiété de se servir soit de crayons de Chine, soit d’encre de Chine ; c’est pourquoi ils coupent à cet effet un roseau, appelé bambou, pour en faire des plumes, et emploient de l’encre très noire, préparée à la manière européenne, au commencement de l’année, immédiatement après la fête des tabernacles, et qu’ils gardent avec grand soin pendant toute l’année. Quand la loi est lue dans la synagogue, le rouleau du ta-king est placé sur la chaise de Moïse, et lorsqu’il est déroulé, un Juif, couvert d’un bonnet bleu, et ayant un tissu de coton ou de fustian étendu sur la tête, le lit à haute voix, ou plutôt le chante, d’une manière semblable à celle des Juifs d’Italie : Un moniteur se tient près du lecteur et le corrige lorsqu’il se trompe. Le vingt-quatrième jour de leur septième mois, ils célèbrent la fête de la Loi, où ils portent leurs treize manuscrits du ta-roi en procession solennelle : et à cette occasion, le tchang-kiaoou chef de la synagogue, porte une remarquable écharpe de soie, de couleur rouge, suspendue à l’épaule droite et ramenée sous la gauche. et là fixé par un noeud.

Les pères Gozeni, Domège et Gaubil désiraient coller la Bible hébraïque , avec les livres du li-pai-seet plus particulièrement tout le Pentateuque, avec les ta-rois conservés dans le Béthel de la synagogue ; mais les opinions préconçues des Juifs chinois les empêchaient toujours de le désirer, car il leur paraissait impie de confier leurs livres à des hommes qui mangeaient de la chair noire, car c’est ainsi qu’ils appelaient la chair de porc. Quelques années plus tard (A. D. 1768), le Dr Kennicott se laissa aller à l’espoir que les livres pourraient être obtenus dans les dépôts, soit par échange, soit par argent. On leur offrit un exemplaire de la Bible hébraïque, imprimée à Amsterdam, par Vander Hooght, qu’ils louèrent d’abord avec enthousiasme, à cause de la beauté et de l’épaisseur du papier, et de la reliure compacte du livre ; mais ils l’ont ensuite méprisée, et n’ont même pas voulu suppléer aux lacunes de leurs propres livres. L’argent, cependant, avait plus de poids auprès d’eux ; et l’un d’eux, nommé Naaï-ven, avait déjà promis qu’il prendrait son exemplaire des livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois de l’U-pai-se, et qu’il le vendrait à un prix déterminé. Mais dès qu’il l’eut secrètement transporté, il fut découvert, et sévèrement réprimandé ; car il y a un vieux proverbe bien connu parmi eux, qui dit que « celui qui vend ses livres sacrés, vend son Dieu ». Un autre Juif, nommé Cao-ting, qui fit la même promesse, alla trouver le chef de la synagogue, et lui demanda les livres de la Loi, somptueusement écrits, qu’il avait reçus de son oncle lorsqu’il était sur le point de mourir, et qu’il avait récemment déposés dans le li-pai-se ; mais au lieu de les obtenir, il fut sévèrement réprimandé et renvoyé avec ignominie. Ainsi, tous les efforts faits jusqu’à présent pour s’emparer des livres des Juifs chinois ont complètement échoué.*

* Voir la traduction de l’ensemble du récit de G. Brotier sur les Juifs chinois, dans Jewish Expositorvol. I, n° 3, 4, pour 1816. Kennicotti Dissertatio Generalis, p. 65, fol.

En quittant pour le moment la colonie des Juifs en Chine, et en dirigeant de nouveau nos regards vers l’ouest, nous voyons les doctrines inestimables du christianisme étendre rapidement leurs influences bienfaisantes de tous côtés ; de sorte que non seulement les transcriptions des Saintes Écritures, en particulier du Nouveau Testament, sont multipliées, pour aider les dévotions privées ou le culte public de ceux qui comprennent les langues originelles, mais des traductions sont faites en diverses langues, pour accommoder ceux qui ne peuvent pas lire les Écritures hébraïques et grecques, ou qui les lisent difficilement. Au cours des deux premiers siècles de l’ère chrétienne, tout ou partie des écrits sacrés ont été traduits en syriaque et en latindeux des versions les plus anciennes du Nouveau Testament, dont l’une s’est répandue dans toute l’Europe et dans le nord de l’Afrique, l’autre s’est propagée d’Édesse en Chine. Cette ancienne traduction syriaque est ordinairement appelée le Peshito, ou version littérale, ou correcte et fidèle ; et se distingue ainsi des versions plus modernes, surtout celle faite sous le patronage de Philoxène, en 508 après J.-C., et de lui appelée Philoæenian Version. Le révérend Claudius Buchanan, dans sa dernière tournée à travers l’Inde britannique, pour examiner l’état du christianisme, reçut de l’évêque syrien d’Argamalee un manuscrit syriaque des plus précieux, qui avait été déposé dans l’une des églises éloignées, près des montagnes. Il était censé avoir été préservé pendant près de mille ans. Il contient l’Ancien et le Nouveau Testament, engrossés sur de fort vélin, en grand in-folio, ayant trois colonnes dans une page ; et est écrit avec une belle précision. Le personnage est estrangelo-syriaque ; et les mots de chaque livre sont comptés. Mais le volume a souffert du temps ou de la négligence. En certains endroits, l’encre a été totalement effacée de la page, et a laissé le parchemin dans son état de blancheur naturelle : mais les lettres peuvent, en général, être distinctement tracées par l’empreinte de la plume, ou par la corrosion partielle de l’encre. * Il est maintenant déposé avec d’autres manuscrits syriaques, à la bibliothèque publique de l’Université de Cambridge.

* Le chrétien de Buchanan. Recherches, p. 129, Edin. 1812, 8 vol.

VolI.—6

La version Peshito fut d’abord connue en Europe par Moïse de Marden, en Mésopotamie, prêtre maronite, qui fut envoyé par Ignace, patriarche des chrétiens maronites à Antioche, auprès du pape Jules III, pour reconnaître la suprématie du pontife romain, et pour obtenir l’impression du Nouveau Testament syriaque, afin qu’il pût être plus généralement répandu en Orient. Dans le but de faciliter ce dernier dessein, il apporta avec lui deux manuscrits syriaques ; qui ne semblent pas avoir été des copies de l’ensemble du Testament syriaque, mais deux volumes différents, l’un contenant les Évangiles, l’autre les Actes et les Épîtres. L’un d’eux, contenant les Évangiles, aurait été écrit à Mossoul, sur le Tigre, est encore conservé à la bibliothèque impériale de Vienne. Pendant un certain temps, on n’a pu trouver personne pour entreprendre un travail qui serait non seulement très coûteux, mais qui exigerait encore beaucoup de jugement et de soin pour être exécuté correctement ; mais enfin Albert Widmanstadt, qui avait jadis projeté le même dessein, obtint de l’empereur Ferdinand Ier qu’il fût aux dépens d’une entreprise si susceptible d’être avantageuse à l’Église en général, et aux Églises d’Asie en particulier. Le soin de l’empreinte a été confié à Widmanstadt et à Moïse de Marden, qui ont été assistés, en particulier dans la formation des matrices des types, par William Postel. Cette édition fut achevée, et soigneusement imprimée à Vienne, en 1555, en deux volumes, in-4°. Il lui manque cependant les deux dernières épîtres de saint Jean, la seconde épître de saint Pierre, l’épître de saint Jude et l’Apocalypse de saint Jean, qui ne paraissent pas avoir été reçues dans le saint canon aussi tôt que l’époque où la traduction a été faite pour la première fois. On imprima mille exemplaires, dont l’empereur se réserva cinq cents pour la vente, en envoya trois cents aux deux patriarches syriens, et fit présent à Moïse de deux cents exemplaires, avec vingt piastres. Moïse s’est débarrassé de ces copies par vente, avant son retour en Syrie. Cette édition rare et précieuse est considérée comme un modèle parfait du véritable Peshito. Le caractère de Michaelis est trop intéressant pour être omis. « Le Peshito, dit-il, est la meilleure traduction du Testament grec que j’aie jamais lue ; celle de Luther, quoique inférieure à certains égards à sa traduction de l’Ancien Testament, tient le second rang. De tous les auteurs syriaques que je connais, à l’exception d’Éphrem et de Bar Hébrée, sa langue est la plus élégante et la plus pure, elle n’est pas chargée de mots étrangers, comme la version philoxénienne et d’autres écrits postérieurs, et elle découvre la main d’un maître pour rendre les passages où les deux idiomes s’écartent l’un de l’autre. Il n’a pas les marques de la raideur d’une traduction, mais il est écrit avec l’aisance et la fluidité d’un original ; et cette excellence de style doit être attribuée à son antiquité, et à ce qu’il a été écrit dans une ville (Édesse) qui était la résidence des rois syriens. Il est vrai que la version syriaque, comme toutes les productions humaines, n’est pas dépourvue de défauts, et, ce qui ne doit pas être regardé comme un défaut, diffère souvent des modes modernes d’explication : mais je n’en connais aucun qui soit aussi exempt d’erreur, et aucun que je consulte avec autant de confiance, dans les cas de difficulté et de doute. *

* Marsh’s Michaelis, vol. ii, partie i, sec. ii-vi, pp. 4-33, 40, 41.

Cette version est censée avoir été faite à Édesse, où Abgarus, à qui certaines épîtres fallacieuses ont été attribuées, comme passant entre lui et Jésus-Christ, régna depuis la huitième année après la naissance de Notre-Seigneur jusqu’à l’an 45. On dit aussi qu’il y construisit une église chrétienne, en forme de temple, avec une rangée de marches conduisant au lieu saint ; d’où la coutume d’ériger des églises sous forme de temples a été communiquée aux pays chrétiens de l’Europe. Nous n’avons aucune connaissance certaine du traducteur de cette version. Les Syriens eux-mêmes ont prétendu qu’une partie de l’Ancien Testament avait été traduite du temps de Salomon, à l’usage d’Hiram, roi de Tyr, et du reste sous Abgarus, roi d’Édesse, par Thaddée ou par l’un des apôtres. Mais quel que soit le traducteur, il y a des preuves internes que l’Ancien Testament a été traduit après le Nouveau, et donc probablement pas traduit par la même personne.

* Marsh’s Michaelis, ubi sup. Calmet, Dictionnaire de la Bible ;—Bible en Syriaque Thadée. Simon, Hist. Critique du V. T., liv. ii, ch. xv.

La première édition imprimée de l’Ancien Testament syriaque fut celle de Le Jay, dans le célèbre Polyglotte de Paris, en 1645. Les éditeurs de la première édition imprimée du Nouveau Testament syriaque étaient, comme nous l’avons déjà remarqué, Albert Widmanstadt, Moïse de Marden et William Postel.

John Aubert WIDMANSTADT, ou WIDIMANSTADTER, chancelier d’Allemagne sous Ferdinand Ier, était natif : Nalinga, dans le district d’Ulm, dans le cercle de Souabe. Il a acquis le premier rudiments d’apprentissage sous la direction de George Bauler ; et, à l’âge de treize ans, il commença à étudier la langue grecque, sous le fameux Reuchlin, ou Capnio, et ensuite assista aux conférences de James Jonas, à Tübingen. Sa connaissance du syriaque langue a été acquise après son entrée dans la vie publique, et a été occasionnée par un événement singulier, ainsi relaté dans sa préface au Nouveau Testament syriaque. Accompagnant la cour de Charles-Quint à Bologne, en 1529, il logea dans une maison attenant à un monastère, où Thésée Ambrosius, un civil instruit et âgé, résidait alors. Un jour qu’il visitait le monastère, il rencontra par hasard un vénérable vieillard, qu’il salua courtoisement. C’est Thésée lui-même, qui est entré dans conversation avec lui, et apprenant son désir d’examiner la littérature trésors de la maison, s’empressa de l’aider. Après avoir mené des Entré dans la bibliothèque, Thésée ouvrit les portes d’une des bibliothèques, et, prenant un manuscrit syriaque des Évangiles, il dit en soupirant : « Mon ami, j’ai Je me suis consacré pendant quinze ans à ces études, et je les ai aimées jusqu’ici sans rival. Mais avec quelle ardeur j’aimerais pouvoir rencontrer quelqu’un d’un génie prompt et prompt, qui serait disposé à acquérir d’un dont les jours sont presque finis, et qui transmettrait à d’autres, la connaissance d’un langue consacrée par les lèvres saintes de Jésus-Christ. Widmanstadt professait d’être prêt à entreprendre la tâche, et dans la mesure où l’occasion le lui permettrait lui permettre de s’efforcer d’accomplir le désir du bon vieillard, s’il le veut l’aider à acquérir la langue. Thésée en conséquence l’instruisit pendant son séjour à Bologne, de sorte que, par une application infatigable, il devint bientôt compétent dans la langue syriaque, dans laquelle il fut ensuite perfectionné par Siméon, évêque des Syriens du mont Liban. En 1533, il rencontra un exemplaire des Évangiles syriaques, dans l’une des bibliothèques continentales, qu’il transcriva ; et, étant à Rome, il voulut l’imprimer sous les auspices du pape Clément VII, mais il en fut empêché par la mort de ce pontife. En Italie, il prit le nom de Johannes Lucretius.

Après la mort de Clément, Widmanstadt retourna à Germa-ny. Au cours de son voyage, rencontrant le cardinal Pole, qui avait lui-même traduit les Lamentations de Jérémie de l’hébreu en latin, et qui se rendait alors en Angleterre en tant que légat du pape, il se laissa persuader de s’intéresser à l’impression du Testament syriaque. Ses efforts furent couronnés de succès et produisirent la rare et belle édition de 1555. Il mourut vers 1559. Après sa mort, sa bibliothèque fut achetée par le duc de Bavière.

William Postel est né de parents obscurs, dans la province de Normandie. Doué d’un génie naturellement propre à l’étude, et ardemment désireux d’acquérir des connaissances, il surmonta les diverses difficultés qui s’opposaient à son succès, et finit par devenir l’un des linguistes les plus éminents du seizième siècle, et professeur de mathématiques et de langues à l’université de Paris.

Poussé par le désir de voir le monde, il quitta la France et voyagea en Orient, visitant Rome, Constantinople, Alexandrie, Jéruse-lem et d’autres villes célèbres. Pendant qu’il était en Orient, il fut chargé par François Ier de se procurer des manuscrits orientaux pour la bibliothèque royale, et il exécuta sa commission d’une manière très satisfaisante pour son royal maître.

De retour à Venise, après une absence de seize ans, il adopta malencontreusement plusieurs opinions singulières et mystiques, qu’étant jugées hérétiques et dangereuses par les magistrats, il fut obligé de s’enfuir en Allemagne, où il résida quelque temps à la cour de Ferdinand ; mais, abjurant ses fautes, il lui fut permis de retourner en France. Cependant, il revint à ses anciennes opinions, et, par un décret du parlement, il fut banni au monastère de Saint-Martin, où il mourut à un âge très avancé en 1581.+

+ Freheri Theatrum Viror. Clar.. IV, p. 1474, 1475. Leigh’s (Edward) Traité de religion et d’apprentissage, p. 298, fol. Postelli Absconditorum e Constit. Mundi Clavis. éditer. Franc, de Monte S., p. 110-118. Amster. 1646, 24mo.

La meilleure édition du Nouveau Testament syriaque est sans aucun doute celle de Leyde, publiée par Schaaf en 1709 et réimprimée en 1717. L’excellent Lexique qui lui est annexé conservera toujours sa valeur, étant, en ce qui concerne la Nouveau Testament, extrêmement précis et complet, et fournissant dans une certaine mesure la place d’une concordance. *

* Marsh’s Michaelis, vol. II, pt. i, ch. vii, sec. 2, p. 17.

Carolus Schaaforiginaire des Pays-Bas, professeur de langues orientales, a été assistée, dans la première partie de cette édition, par le Leusden, professeur d’hébreu à Utrecht, qui mourut en 1699, l’œuvre a été imprimée. jusqu’à Luc, xv, 20. Schaaf meurt en 1729.

Les anciennes traductions latines qui ont été faites avant l’époque de Jérôme ont reçu la dénomination commune de Vetus Italica, ou ancienne version italique. La traduction révisée de Jérôme est déguisée par le terme Vulgate. Le Dr Mills (Proleg., p. 41, etc.) conjecture qu’une traduction a été faite au deuxième siècle. Auguste, qui vivait au IVe siècle, indique ainsi l’origine des anciennes versions latines. Dans son traité De Doctrina Christiana lib. ii, cap. xi, il dit : « On peut calculer le nombre de ceux qui ont traduit les Écritures de l’hébreu en grec ; mais le nombre de ceux qui ont traduit le grec en latin ne le peut pas. En effet, dès la première introduction du christianisme, si quelqu’un était en possession d’un manuscrit grec et pensait avoir quelque connaissance des deux langues, il se mettait à traduire les Écritures. Dans une autre partie de ses œuvres, lib. II, cap. xv, il observe encore : « in ipsis autem interpretationibus Itala ceteris præferatur, nam est verborum tenacior cum perspicuitate sententiæ. Parmi les traductions elles-mêmes, l’italique est à préférer, parce que la plus littérale et la plus perspicace.+

+ Millii Proleg. fol. xli. Butler’s Horæ Biblicæ, vol. I, pp. 181-185. Lond. 12mo. Commentaires de Mosheim sur les affaires des chrétiens, traduits par R. S. Vidal, Esq., vol. II, p. 33. Roman Lond. 1813, in-8°.

Ces éloges ont suscité le souhait général que la Vetus Italica soit découverte et publiée. La première publication de ce genre fut celle de Flaminius Nobilius, imprimée à Rome en 1588, en un volume in-folio, sous les auspices de Sixte V. En 1695, Dom Martianay publia à Paris, in-octavo, ce qu’il supposait être la Vetus Italica de l’Évangile de saint Matthieu et de l’épître de saint Jacques, outre les livres de Job et de Judith. À ceux-ci s’ajoutèrent, en 1715, les Actes des Aposties, imprimés à Oxford, dans une édition en fac-similé d’un manuscrit grec et latin du VIIe siècle, conservé parmi les manuscrits laudiens de la bibliothèque bodléienne. L’éditeur était le célèbre antiquaire Thomas Hearne, qui n’a imprimé que cent vingt exemplaires, ce qui fait que l’édition est devenue extrêmement rare. Il s’agit de la première édition en fac-similé jamais imprimée. Un exemplaire en est conservé à la Collegiate Library de Manchester.

Thomas Hearne, M. A., l’éditeur de cette précieuse édition des Actes des Apôtres, et l’infatigable collectionneur et éditeur de livres et de manuscrits anciens, en particulier de nos vieilles chroniques, était le fils de George Hearne, greffier de la paroisse de White Waitham, dans le Berkshire, paroisse dans laquelle il naquit en 1678. N’ayant que peu d’occasions d’apprendre, et son père étant pauvre, il fut très tôt obligé de gagner sa vie comme journalier. Heureusement pour lui, ses talents furent découverts et encouragés par Francis Cherry, Esq., dans la maison duquel il avait vécu comme domestique, mais qui, s’apercevant de ses talents, le plaça à l’école gratuite de Bray, dans son comté natal, et l’éduqua ensuite comme son fils. En 1695, il entra à Edmund-Hall, Oxford. Le docteur Mill, le directeur du collège, ne tarda pas à marquer l’orientation de ses études et l’employa comme assistant dans la tâche laborieuse de rassembler des manuscrits pour son édition du Testament grec. Le Dr Grabe a également mis à profit ses talents utiles pour transcrire et rassembler divers manuscrits anciens. En 1699, il obtint son baccalauréat, qui fut bientôt suivi d’une proposition de son précepteur, le Dr White Kennet, d’aller dans le Maryland, comme l’un des missionnaires du Dr Bray ; mais cette proposition, qui n’était pas conforme à ses vues, fut refusée, et en peu de temps il obtint le poste d’assistant du Dr Hudson, le bibliothécaire de la bibliothèque Bodléienne. En 1703, il obtint sa maîtrise. En 1715, il fut nommé archétygraphe de l’université et bedeau de droit civil. Peu de temps après, il démissionna de ces fonctions, parce qu’il s’opposait à prêter serment au gouvernement, étant jacobite par principes. À partir de l' Pour le même motif de conscience, il refusa plusieurs autres avantages avantageux. La dernière partie de sa vie fut consacrée à l’étude des antiquités, à l’édition et à la réédition de nombreux ouvrages d’antiquités curieux. Il mourut à Oxford le 10 juin 1735. Son goût pour ces recherches, qui formaient l’affaire de sa vie, s’est manifesté de bonne heure ; car, lorsqu’il n’avait atteint que la connaissance de l’alphabet, il se penchait continuellement sur les vieilles pierres tombales du cimetière. Mais rien ne peut caractériser plus correctement cet homme simple et laborieux que l’action de grâces suivante trouvée parmi ses papiers après sa mort.

« Ô Seigneur Dieu très miséricordieux et miséricordieux, admirable dans ta providence, je te rends toutes les actions de grâces possibles, pour le soin que tu as toujours pris de moi. Je rencontre continuellement les exemples les plus signalés de cette providence, et un acte hier, où j’ai rencontré à l’improviste trois vieux manuscritspour lesquels, d’une manière particulière, je vous rends grâces, vous suppliant de continuer la même protection pour moi, pauvre pécheur sans défense, et cela pour l’amour de Jésus-Christ. *

Des éditions célèbres de l’Ancien Italique ont également été éditées par Blanchini et Sabatier. Le plus important et le plus magnifique est celui des quatre Évangiles, par le P. Joseph Blanchini, de Vérone, prêtre de l’Oratoire, tiré de cinq manuscrits authentiques de cette version, ou plus exactement de quatre exemplaires de cette version, dont l’un ne contient que la version corrigée de Jérôme. Il a été imprimé aux frais de Jean V, roi de Portugal, à l’instigation du cardinal Carsini, et a été publié par ordre du pape Benoît XIV, qui était très estimé par l’Église protestante aussi bien que par l’Église romaine. Le titre de cet ouvrage, qui se compose de deux parties, formant quatre volumes, est : Evangeliorum Quadruplex Latinæ versionis antiquæ, s eu Italicœ, nunc primum in lucem editum ex codicibus manuscriptis aureis, argenteis, purpureis, aliisque, plusquam millennariæ ætatis sub auspiciis Joannis V. regis fidelissimi Lusitaniæ, a Josepho Blanchino. Anno Domini CI3 1□ CCXLVIII. Les quatre manuscrits utilisés pour cette édition ont été trouvés à Corbie, Verceil, Brescia et Vérone. Celle de Verceil est, dit-on, de la main d’Eusèbe, évêque de cette ville et martyr. Le cinquième manuscrit, qui est tiré de l’édition corrigée de Jérôme, est le Codex Foro-juliensis. Jusqu’à la parution de la Collation du Dr Kennicott, l’œuvre de Blanchini était considérée comme la plus splendide qui soit sortie du presis au XVIIIe siècle. La beauté et l’étendue des caractères, le grand nombre de traités savants, et les plaques de cuivre dont il est orné, rendent l’ouvrage si cher, qu’on le trouve rarement dans les bibliothèques privées.+

Pendant que Blanchini préparait l’Evangeliorum QuadruplexP. Sabatier publiait à Reims, en trois gros volumes in-folio, son Bibliorum sacrorum Latinæ versiones antiquæ, seu vêtus Italien. 1743. Dont une nouvelle édition a été publiée en 1749-1751· Au troisième volume de la première édition, qui contient le Nouveau Testament, est précédé un mémoire de Sabatier, mort avant son achèvement. Voici un bref récit de lui :

Pierre Sabatier naquit à Poictiers, en France, en 1682. Très jeune, il s’installe à Paris, où il étudie au collège Mazarine sous la direction des professeurs les plus célèbres. Dès qu’il eut atteint les années prescrites par les lois ecclésiastiques, il résolut de prendre l’habit religieux, et en conséquence il s’inscrivit sous l’étendard de saint Benoît, et prononça les vœux sur lui dans le monastère voisin de Saint-Faro, évêque de Meaux. Afin de poursuivre avec plus de succès ses études théologiques, il entra dans la congrégation de Saint-Maur, dans le monastère de Saint-Germain, théâtre des travaux de Mabillon, de Ruinart et d’autres savants, par l’exemple et l’amitié desquels il fut stimulé aux efforts littéraires qui ont donné la célébrité à son nom. Son amitié pour Ruinart, en particulier, l’amena à devenir d’abord l’associé de Ruinart, et après sa mort le continuateur de l’Annalium Benedictorum.

En 1727, il quitta Paris et se rendit à Reims, où il commença, continua et acheva presque sa célèbre édition de la Vetus Italica, ou version italique. Cette entreprise fut suspendue pendant quelque temps, par le fait qu’il fut délégué pour faire le catalogue de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Nicolas, qu’après avoir exécuté d’une manière magistrale, et accompagné d’un excellent index, il revint à son dessein favori, et poursuivit avec la plus infatigable diligence l’arrangement et la collation des manuscrits nécessaires à son travail ; et après avoir consacré plusieurs années à cet objet, il parvint à imprimer le premier volume, et à préparer les autres parties pour l’imprimerie, d’où le second volume allait sortir, lorsque la maladie mortelle qui le saisit, mit fin à sa vie utile, après une maladie de quinze jours, supportée avec la plus pieuse résignation. 22 mars 1742. Par sa stature, il était d’une taille moyenne ; dans la conversation, affable et gai, quelquefois animée par l’esprit ; sa physionomie était douce et ouverte, mais encline à la mélancolie. L’étude et la prière étaient ses délices, la prière adoucissant et consolant la sévérité de l’étude.

*sac à dossards. Latinæ Versiones AntiquæLectori Benevolop. xxviii, xxix, tom. ii, Remis. 1743, fol.

En 1793, une édition en fac-similé d’un très ancien manuscrit grec et latin des Évangiles et des Actes des Apôtres a été publiée dans un magnifique in-folio à Cambridge, par le Dr Thomas Kipling. Ce manuscrit est généralement appelé Codex Bezce, du nom de son donateur, ou Codex Cantabrigiensis, du nom de l’Université de Cambridge. Il a été obtenu, par le réformateur de Bèze, du monastère de Saint-Irénée à Lyon, où il était resté couvert de poussière pendant de nombreuses années, jusqu’à ce qu’il soit découvert pendant les guerres civiles en 1562 ; et, en 1581, il le présenta à l’Université de Cambridge, qui, en 1787, prit la résolution d’imprimer le manuscrit entier en lettres de la même forme et de la même grandeur que l’écriture originale, et en confia en conséquence la publication au Dr Kipling.

* Marsh’s Michaelis, vol. ii, pt. i, ch. viii, sec. 6, pp. 236-241, pt. ii, p. 688.

À un âge très précoce du christianisme, les Écritures ont également été traduites en langue égyptienne, y compris les dialectes de la Haute et de la Basse-Égypte ; la première appelée Sahidique, la seconde copte. La version sahidique est censée être aussi ancienne que le IIe siècle. Plusieurs manuscrits, ou plutôt fragments de manuscrits, de cette version, sont conservés dans les bibliothèques de Rome, de Paris, d’Oxford, de Berlin et de Venise. D’après les citations d’un manuscrit sahidique du British Museum, qui contient un ouvrage intitulé Sophia, et écrit par Valentin au commencement du IIe siècle, le Dr Woide s’est efforcé de prouver, non seulement qu’une version sahidique du Nouveau Testament existait au IIe siècle, mais qu’il y avait aussi une traduction de l’Ancien Testament en sahidique. que l’auteur citait fréquemment.+

+ Ibid., vol. ii, t. ii, p. 595.

Après que le savant Woide eut publié son édition en fac-similé du manuscrit alexandrin du Nouveau Testament, en 1786, il s’occupa de préparer pour l’impression une édition de plusieurs fragments de la version sahidique, comprenant environ un tiers du Nouveau Testament, pour lequel il avait émis des propositions en 1778. Cet ouvrage, qu’il conçut comme un appendice à son Nouveau Testament alexandrin, il avait l’intention de l’accompagner d’une traduction latine et d’une dissertation sur l’antiquité et les diverses lectures de la version sahidique. Pour que la publication fût aussi parfaite que le permettaient les maigres ressources de l’érudition égyptienne, il ne se borna pas aux manuscrits d’Oxford et à d’autres que l’on pouvait trouver dans ce pays, mais enrôla à son service un ou deux érudits du continent, qui le favorisèrent de ses collations. et G. Baldwin, Esq., gentilhomme anglais, résidant alors en Égypte, dans une situation officielle, lui envoya plusieurs manuscrits sahidiques, qu’il avait rassemblés dans différentes parties de ce pays. L’ouvrage fut mis sous presse à Oxford, sous le patronage de ses délégués, en 1788. La mort, cependant, l’empêcha d’y mettre fin. Au moment de sa mort, l’imprimerie était avancée jusqu’à Luc ; et, en vue de poursuivre l’ouvrage, les délégués achetèrent ses papiers et les remirent entre les mains du docteur Ford, ancien directeur de Magdalen-Hall, à Oxford, et professeur d’arabe dans cette université, qui l’acheva en 1799. En plus des fragments du Nouveau Testament dans la version sahidique, et d’une dissertation habile sur les versions égyptiennes, écrite par Woide lui-même, cet ouvrage contient une description exacte des divers manuscrits de ce dialecte, qui se trouvent soit à Oxford, soit dans d’autres bibliothèques, auxquelles Woide et ses amis avaient accès. La collation du manuscrit du Vatican, qui est insérée à la fin du volume, a été faite par le Dr Bentley. L’ouvrage est précédé d’une élégante et savante préface, du Dr Ford, contenant quelques détails sur Woide et ses études. L’ouvrage lui-même forme un magnifique volume in-folio, portant le titre suivant : Appendice ad editionem Novi Testameriti Græci e codice MS. Alexandrino a Carolo Godofredo Woide, descripti in qua continentur Fragmenta Novi Testamenti, juxta inierpretationem dialecti Superioris Ægypti quæ Thebaidica vel Sahidica appellatur, e codicibus Oxoniensibus maxima ex parte desumpta, cum Dissertatione de Versione Bibliorum Ægyptiaca. Quibus subjicitur codicis Vaticani Collatio.*

* Annexe ad Edit. N. T. ut. sup. à Præfat.

La version copteou celle du dialecte de la Basse-Égypte, est probablement d’une date un peu plus tardive que la version sahidique, mais pas plus moderne que le IIIe, sinon le IIe siècle. Antoine, moine égyptien illettré, qui résidait, au IIIe siècle, dans un monastère d’Alexandrie où l’on ne comprenait pas le sahidique, avait lu le Nouveau Testament, et comme il ignorait le grec, il avait dû en avoir une traduction dans son dialecte natal. Une autre preuve de l’existence primitive d’une traduction copte ou vulgaire égyptienne, c’est que dans l’une des règles de Pacôme, pour la conduite des moines égyptiens, il est ordonné que « toutes les personnes admises dans l’ordre des moines, si elles ne savent pas lire, apprendront les lettres de l’ABC, afin qu’elles puissent être capables de lire et d’écrire ; après quoi ils apprendront chaque jour par cœur quelques passages de l’Écriture. Des hommes d’une ignorance aussi profonde n’auraient donc pas été capables de lire la Bible, s’ils n’avaient pas possédé une traduction dans leur langue maternelle.+

+ Marsh’s Michaelis, vol. II, pt·, ii, p. 587.

Le dialecte copte est aujourd’hui tombé en désuétude, sauf s’il est conservé dans les Écritures et les livres de dévotion. Vers la fin du cinquième siècle de l’hégire, le calife Walid Ier proscrivit la langue grecque dans tout son empire, ce qui permit au copte, dont les caractères sont tirés du grec, ainsi que plusieurs de ses mots, de cesser, comme les autres langues des nations soumises par les Sarrasins, d’être une langue parlée. Niebuhr, dans sa Description de l’Arabie, p. 86, rapporte que, bien que les Évangiles soient encore lus dans la version copte dans le service public, ils ne sont pas compris même par les prêtres ; et qu’immédiatement après que les leçons ont été lues en copte, elles sont lues en arabe, qui est la langue actuelle de la Haute et de la Basse-Égypte.

La seule édition imprimée du Nouveau Testament copte est celle éditée à Oxford en 1716 par le Dr David Wilkins, accompagnée d’une traduction latine. L’exécution typographique de l’œuvre est magnifique. Le titre, qui est gravé, est le suivant : Novum Testamentum Ægyptium, vulgo Copticum. Ex MSS. Bodlejanis descripsit, cum Vaticanis et Parisiensibus contulit et in Latinum sermonem convertit David Wilkins Eccle-sice Anglicance Presbyter. Oxonii e Theatro Sheldqniano typis et sumptibus Academice. 1716. C’est in-quarto. L’éditeur, dans ses Prolégomènes, suppose que cette version a été faite au IIe siècle, mais certainement pas plus tard qu’au commencement du IIIe siècle : Versionem Novi Testamenti in linguam Ægyp-tiacam primis a Christo nato seculis, scilicet vel secundo, vel tertii initio factam esse nullus dubito asserere. Scriptores equidem illius œvi alto silentio annum et auctores pii hujus operis nobis haud detegunt, non obscuro tamen argumento ex Athanasio et Palladio elici potest Novum Testamentum Ægyptium jam circa medium seculi tertii exstitisse.+

Le Dr Wilkins a également publié une édition du Pentateuque copte, imprimée à Londres, par Bowyer, en 1731. L’épreuve ne se composait que de deux cents exemplaires.

La littérature égyptienne est tellement redevable aux savants éditeurs des versions égyptiennes des Écritures, et particulièrement au Dr Woide, que les notices biographiques qui suivront satisferont probablement le lecteur. Ils sont principalement tirés de la préface du Dr Ford aux Fragments de la version sahidique et des Anecdotes littéraires du dix-huitième siècle de Nichols, vol. I et ix.

Charles Godfrey Woide était originaire de Pologne. Alors qu’il était à l’université de Leyde en 1750, il fut employé à la transcription du lexique copte de La Croze, ancien bibliothécaire du roi de Prusse, à Berlin. Il entreprit ce travail à la demande du révérend Christian Scholtz, aumônier ordinaire du roi de Prusse, qui s’occupait d’achever une grammaire des deux dialectes égyptiens, sous la sanction du docteur Jablonsky, son beau-frère, professeur éminent à Francfort. Quelque temps après, il passa en Angleterre, où sa première promotion fut la prédication de la chapelle hollandaise en Savoie. (succédant au révérend Bernard Drimel, natif de Francfort-sur-l’Oder, décédé en juin 1770), auquel il ajouta peu après le lectorat de la même chapelle. En 1773 et 1774, il fut envoyé sous les auspices de Sa Majesté actuelle à Paris, dans le but de transcrire plusieurs manuscrits sahidiques et memphitiques, où il résida environ quatre mois. En 1775, il révisa, par l’intermédiaire de la Clarendon Press le Lexicon Ægyptiaco-Latinum de Scholtz, in-4°. Il fut élu F.S.A. en 1778 ; et il se distingua la même année en publiant une grammaire copte et sahidique, sous le titre suivant : Scholtz Grammatica Ægypti utriusque dialecti quam breviavit, illustravit, edidit C. G. Woide. En 4, M. Woide fut nommé bibliothécaire adjoint à la . Musée britannique ; d’abord, au département d’histoire naturelle ; mais très peu de temps après, dans un livre plus favorable à ses études, celui des livres imprimés. En 1782 parut sa très précieuse édition du manuscrit alexandrin du Nouveau Testament, dédiée à l’archevêque de Cantorbéry de l’époque ; À cette occasion, il fut présenté à Sa Majesté à la levée, et eut l’honneur de lui présenter un exemplaire de son ouvrage. Il a été admis cette année au grade honorifique de . LL.D, à l’Université d’Oxford. Il avait auparavant obtenu le diplôme de docteur en théologie de l’Université de Copenhague. En 1786, il est élu F.R.S. La dernière partie de sa vie fut principalement consacrée à l’examen et à la compilation des fragments de la version sahidique du Nouveau Testament, et à leur préparation pour la presse. Il a également révisé et corrigé les citations grecques dans l’édition de l’évêque Hurd des Œuvres de Warburton. Le 1788 mai 6, alors qu’il se trouvait chez sir Joseph Banks avec un groupe d’amis littéraires, il fut pris d’une crise d’apoplexie ; toute l’aide lui fut administrée, et il fut soigné par le Dr Carmichael Smith, mais il mourut le lendemain, dans ses appartements du British Museum. Il laissa deux filles orphelines, ayant été endeuillées quelques années auparavant de Mme Woide, décédée le 1790 août 12.

* George III.

David Wilkins, D.D., F.S.A., était originaire de Memel, en Prusse, et éminent érudit oriental et saxon. Vers l’année 1715, il fut nommé par l’archevêque Wake pour succéder au Dr Benjamin Ibbot comme conservateur de la bibliothèque archiépiscopale de Lambeth ; et, en trois ans, il dressa un catalogue très curieux de tous les manuscrits et de tous les livres imprimés de cette précieuse bibliothèque de son temps, dans lequel était incorporé le catalogue antérieur de M. Henry Wharton, qui est encore conservé. En récompense de son travail et de son érudition, l’archevêque Wake le fit son aumônier, le mit à plusieurs fins de vie, et, en 1720, à une prébende de Cantorbéry ; à quoi s’ajouta par la suite, l’option de Sa Grâce de l’archidiaconé de Suffolk. Outre le Nouveau Testament copte et le Pentateuque, il publia une belle édition des Leges Anglo-Saæonicæ ecclesiasticæ et civiles, fol. 1721 ; Seideni Opera Omnia, 3 vol. fol. 1726 ; et Concilia Magnce Britannice, &c., 4 vol. fol. 1736 . En 1725, il épousa la fille aînée de Thomas lord Fairfax, d’Écosse ; il mourut le 6 septembre 1745 et fut enterré à Hadleigh, dans l’Essex.

Le Dr Samuel Pegge, dans son Anonymiana(cent, i, p. 22), parle ainsi du Dr Wilkins, en se référant particulièrement à une Bible polyglotte projetée par lui : « Feu le Dr David Wilkins, prébendier de Cantorbéry, homme d’une infatigable industrie, mais gravement affligé de la goutte, avait formé le dessein, comme il me l’a dit, de publier un Polyglotte européen. afin d’illustrer les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament, en exposant, sous un seul jour, les traductions autorisées des différentes nations de l’Europe, ainsi que les meilleures traductions privées de certains savants particuliers, par lesquelles le sens qu’elles donnent individuellement à plusieurs des textes les plus difficiles pourrait apparaître plus commodément. Mais, hélas ! Le docteur mourut avant d’avoir fait de grands progrès dans son projet.

Le troisième siècle a été éminemment distingué par les travaux savants et critiques d’Origène, de Pamphile, d’Eusèbe de Césarée et d’autres individus d’une piété sincère et d’une érudition multiple.

Origène naquit à Alexandrie, en Égypte, en 185 apr. J.-C. Léonidas, son père, lui apprit de bonne heure à s’exercer à sonder les Écritures, lui recommandant comme une tâche quotidienne d’en apprendre une partie par cœur et de la répéter. C’est là qu’il jeta les bases d’une connaissance intime des saintes écritures, et probablement de l’étude assidue qui lui valut par la suite d’être si célèbre.

À l’âge de dix-sept ans, son père a souffert le martyre, laissant derrière lui une femme et six enfants. En son fils Origène, Léonidas trouva dans la foi un encouragement constant. Volontiers le fils aurait souffert avec son père ; et quand, pour l’en empêcher, sa mère cacha ses vêtements, il lui écrivit une lettre des plus persuasives, l’exhortant : « Père, prenez garde ; Que le souci que vous avez de nous ne vous fasse pas changer de résolution. Dans sa dix-huitième année, il fut choisi comme maître de l’école de catéchèse ou de grammaire d’Alexandrie. Il renonça ensuite à cette situation, afin de pouvoir s’appliquer entièrement aux études théologiques. Sa bibliothèque, contenant les ouvrages des philosophes et des poètes païens, etc., il la vendit à un acheteur, qui s’engagea à lui donner quatre oboles (environ six pence) par jour : et il y vécut pendant plusieurs années, dormant par terre, marchant pieds nus, et allant presque nu ; consacrant non seulement le jour, mais aussi la plus grande partie de la nuit, à l’étude des Saintes Écritures.

C’était un écrivain des plus volumineux ; mais les ouvrages qui ont immortalisé son nom sont son HEXAPLA, ou Collation de la version des Septante, que le père Montfaucon suppose avoir fait à l’origine cinquante volumes ; et sa Justification du christianisme contre Celse, le philosophe épicurien.

Dans la collation de la Septante, il travailla avec une infatigable industrie , et ayant acquis une connaissance parfaite de la langue hébraïque, et ayant acheté aux Juifs l’original (peut-être l’autographe d’Esdras) ou la plupart des copies authentiques des Écritures hébraïques, et ayant également obtenu une copie correcte de la Septante, ou version grecque, il les transcriva. et les a placés en colonnes parallèles. Dans la première colonne se trouvait le texte hébreu en caractères hébreux ; dans la seconde, le même texte en caractères grecs. Dans d’autres colonnes, il plaça la Septante et d’autres traductions grecques, particulièrement celles d’Aquilas (voir p. 64) et de Symmaque et Théodotion, deux chrétiens ébionites. Les différences entre les copies hébraïques et la Septante ont été notées par diverses marques. Le nom Hexapla, ou Sextuple, est dérivé des six principales versions grecques employées dans la collation. À l’exception de quelques fragments, cette œuvre a été perdue depuis longtemps irrémédiablement. Tout ce qu’on put recueillir des ouvrages des anciens fut recueilli et publié, en 1713, par Montfaucon, en deux volumes in-folio.

* Histoire de l’Église d’Eusèbe, b. vi, ch. ii, iii, xvi, xix, xxiii t b. vii, ch. i. Waltoni Proleg. 9. Clarke’s Succession of Sacred Literature, vol. I, pp. 179-182.

Un ancien manuscrit du livre de la Genèse, écrit en capitales grecques, a été apporté de Philippes par deux évêques grecs, qui l’ont présenté au roi Henri VIII, lui disant, en même temps, que la tradition rapportait que c’était le livre d’Origène lui-même . La reine Élisabeth l’a donné à Sir John Fortescue, son précepteur en grec, qui l’a placé dans la bibliothèque cottonienne, aujourd’hui au British Museum. L’archevêque Usher le considérait comme le plus ancien manuscrit du monde : et bien qu’il soit impossible de déterminer si ce livre appartenait ou non à Origène, c’est probablement le plus ancien manuscrit d’Angleterre, peut-être d’Europe ; à moins qu’on ne suppose, avec Matthaï, que la copie des Évangiles conservée à Moscou soit plus ancienne, ce qui est pour le moins très douteux. Elle fut presque détruite par un incendie qui se produisit dans la bibliothèque en 1731 ; ce n’est pas non plus une des circonstances les moins singulières de ce manuscrit que, par suite de l’incendie, les lettres majuscules dans lesquelles il est écrit se soient contractées de targe en petites capitales ; et M. Dibdin suppose que les enluminures ont subi une métamorphose semblable.

* L’origine et les progrès de l’écriture d’Astle, ch. v. Voir un fac-similé d’une partie de celui-ci est la planche III, fig. 3, de cet ouvrage. Dibdin’s Bibliog. Decameron, vol. i, p. xlviii, note.

Ce manuscrit contenait cent soixante-cinq feuillets et deux cent cinquante peintures des plus curieuses, dont vingt-et-un fragments ont été gravés par la Société des Antiquaires de Londres.

Avant la publication de l’Hexapla, Origène composa ce qu’on appelle le Tétrapla, ou Quadruple, contenant seulement la Septante et les versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. L’œuvre originale, qu’il déposa avec ses autres écrits dans la bibliothèque de Césarée, aurait péri lors de la prise et de la destruction de cette ville par les Sarrasins, en 653, après un siège de sept ans.

Il mourut de mort naturelle, dans la soixante-neuvième année de son âge, à Tyr, en 254, après avoir beaucoup souffert pour le témoignage du Christ : « Un homme, dit Mosheim, d’une capacité vaste et peu commune, et le plus grand luminaire du monde chrétien que ce siècle ait montré aux yeux. Si la justesse de son jugement eût été égale à l’immensité de son génie, à la ferveur de sa piété, à son infatigable patience, à sa vaste érudition et à ses autres talents éminents et supérieurs, tous les éloges n’eussent pas été à la hauteur de son mérite. Cependant, tel qu’il était, ses vertus et ses travaux méritent l’admiration de tous les âges ; et son nom se transmettra avec honneur à travers les annales du temps, tant que l’érudition et le génie seront estimés parmi les hommes.+

+ Hist. ecclésiastique de Mosheim, t. I, p. 270.

Pamphile était prêtre de Césarée. Il vécut en 294 apr. J.-C. En lui s’unissaient le philosophe et le chrétien. D’une famille éminente et d’une grande fortune, il aurait pu aspirer aux plus grands honneurs ; mais il se retira de l’éclat de la grandeur des sternes, et passa sa vie dans les actes de la bienveillance la plus désintéressée. Il était remarquable par son respect sincère pour les écrits sacrés, et par son application inlassable dans tout ce qu’il entreprenait. Grand encourageur de l’érudition et de la piété, non seulement il prêtait des livres, surtout des copies des Écritures, à lire, mais, quand il trouvait des personnes bien disposées, il leur faisait présent de ses manuscrits, dont quelques-uns étaient transcrits avec la plus grande exactitude de sa propre main. Il érigea (ou plutôt agrandit) la bibliothèque de Césarée, qui, selon Isidore de Séville, contenait trente mille volumes. Cette collection semble avoir été faite uniquement pour le bien de l’Église, et pour être prêtée à des personnes religieusement disposées. Saint Jérôme mentionne particulièrement qu’il collectionnait des livres dans le but de les prêter à la lecture ; ״ et « c’est, si je ne me trompe pas, » dit le Dr A. Clarke, « la première mention que nous avons d’une BIBLIOTHÈQUE EN CIRCULATION. » *

* Hieronymi Opera, tom. i, fol. 132, Basile. 1516, in-folio. Clarke’s Succession of Sacred Literature, vol. I, p. 227.

De cette bibliothèque, il reste encore quelques traces jusqu’à nos jours. Montfaucon nous assure qu’au collège des Jésuites, à Paris, il y a un beau manuscrit des Prophètes, dans lequel se trouve une note, signifiant qu’il a été transcrit d’après la copie même faite par Pamphile, dans laquelle étaient écrits ces mots : « Transcrit de l’Hexapla, contenant les traductions ; et corrigé par le Tétraple d’Origène lui-même, qui avait aussi des corrections et des scholies de sa propre écriture. Moi, Eusèbe, j’y ajoutai la scholie ; Pam-philus et Eusèbe corrigés.+ Le même savant écrivain mentionne aussi un manuscrit très ancien de quelques-unes des épîtres de saint Paul, conservé dans la bibliothèque du roi de France, qui contient la note suivante : « Ce livre a été comparé à l’exemplaire de la bibliothèque de Césarée, de la main de saint Pamphile. »++

+ Montfaucon, Præf. in Hex. Orig., p. 4.

++ Montfaucon, Bib. Coislin., p. 262.

La mort de cet homme éminent, saint et utile n’a pas discrédité sa vie. En effet, lorsqu’une persécution s’éleva contre les chrétiens, et qu’Urbain, président romain de Césarée, homme insensible et brutal, lui demanda de renoncer à sa religion ou à sa vie, Pamphilus, le doux Pamphile, fit ce dernier choix, et se soumit joyeusement à la prison, à la torture et à la mort. Les réflexions d’un écrivain tardif sur la mort de Pamphile sont si appropriées et si impressionnantes, qu’il n’est pas besoin de s’excuser de les insérer :

« Quand je lis le récit qu’Eusèbe fait des cruautés que cet esprit doux et aimable a été forcé d’endurer, et que lui, et onze autres qui ont été mis à mort avec lui, ont souffert avec la plus noble bravoure et le courage inébranlable, je suis frappé d’admiration pour la grandeur de cette puissance qui pouvait élever les hommes tant au-dessus d’eux-mêmes. et leur permettre de surmonter si complètement toute la faiblesse de l’humanité. De tout temps, il y a eu des hommes ignorants, féroces et brutaux, qui ont défié la mort et méprisé la douleur ; mais il était réservé au christianisme de montrer un nouveau genre de souffrants, des hommes qui joignaient la froide raison à l’héroïque résolution, et la tendre sensibilité à l’inflexible courage. Le tigre et l’ours conserveront toujours leurs manières ; mais où est celui qui donnera les sentiments du lion au modeste cerf ou au doux agneau ? — Ceux-là seuls peuvent souffrir noblement ceux qui peuvent sentir tendrement. Adieu donc, excellent Pamphile ! C’est à contrecœur que nous te quittons, étoile brillante de l’excellence humaine ! obscur dans le registre des hommes ! illustre dans le CALENDRIER DU CIEL ! *

* Christie’s Miscellanies, p. 174, imprimé par J. Nichols, 1789, 8 vol.

Eusèbe évêque de Césarée, le ami de Pamphile, naquit probablement à Césarée vers 270 apr. J.-C. Par Il prit son nom d’affection pour son ami, et fut toujours appelé Eusèbe Pamphile. Origène excepté, il était le plus savant de tous les écrivains de l’antiquité. C’est à juste titre qu’on l’appelle le père de l’histoire ecclésiastique. Ses œuvres les plus célèbres sont son Histoire ecclésiastique, sa Préparation évangélique et sa Démonstration évangélique. Son « Histoire » commence à la naissance de notre Seigneur, et descend jusqu’à la défaite de Licinus. Dans sa Préparation évangélique, il réfute les erreurs du paganisme, démontre l’excellence des Écritures hébraïques, et montre que « les nations les plus éminentes et les plus savantes, les Grecs en particulier, en ont transcrit quelque dignité ou vérité que l’on puisse rencontrer dans leur philosophie. Sa « Démonstration évangélique », destinée à prouver que Jésus était le Messie, est une œuvre inestimable. Le Dr Harwood observe : « C’est un trésor de connaissance et de bon sens ; et contient tous les arguments en faveur de la crédibilité et de l’autorité divine de la religion chrétienne qui ont été avancés par Chandler, Leland, Benson, Butler, Brown et d’autres défenseurs modernes du christianisme, contre les déistes.+

+ Clarke’s Bibliographical Diet., vol. III, p. 209 ; et Succession de la littérature sacrée, t. I, p. 265. Méthode de Houtteville des principaux auteurs qui ont écrit pour et contre le christianisme, p. 92.

VolI. — 7

Il fut nommé évêque d’Antioche en 313, assista au concile de Nice en 325 et au concile d’Antioche en 331. Il jouissait d’une grande faveur auprès de l’empereur Constantin, et il est sup· Il est mort vers 338 ou 340 apr. J.-C.

Lucien, prêtre d’Antioche, et Hésychius, évêque égyptien, florissaient à peu près à la même époque, et sont à juste titre classés parmi les érudits bibliques de cette époque. On suppose généralement que Lucien est né à Samosate, une ville célèbre de Syrie. Il vécut vers l’an 290. Éminent par sa piété et sa connaissance extraordinaire des divines Écritures, ainsi que par sa science polie, il s’efforça assidûment de produire une édition fidèle et correcte de la version des Septante de l’Ancien Testament, en collationnant les versions grecques courantes, et en corrigeant la collation par l’hébreu. Cette édition fut ensuite lue dans toutes les églises, depuis Constantinople jusqu’à Antioche. On dit que l’autographe de Lucien a été trouvé, sous le règne de Constantin le Grand, chez les Juifs, caché dans un mur. Il souffrit à Nicomédie, pour avoir confessé le nom du Christ, sous le règne de Maximin, et fut enterré à Héléopolis, en Bithynie.

Hésychius était évêque d’une ville d’Égypte, vers la fin du même siècle. Il fit aussi une édition de la version des Septante, sur le même plan que celle de Lucien, d’après des exemplaires recueillis en Égypte. À l’Ancien Testament, il a ajouté une édition du Nouveau. Sa révision de la Septante fut reçue et adoptée par les églises d’Égypte ; de sorte que les trois éditions d’Origène, de Lucien et d’Hésychius se partagèrent le monde ; et c’est de l’un ou de l’autre d’eux que proviennent toutes les copies manuscrites de la Septante qui existent aujourd’hui, ou du moins qui sont connues. Hésychius obtint la couronne du martyre en 311, lors de la persécution de Dioclétien.*

* Cavei Hist. Literar., p. 108. Lond. 1688, fol. Enquête d’Owen sur le présent État de la version de septembre, p. 149. 1 7*

Mais tandis que ces hommes pieux et savants travaillaient ainsi infatigablement à promouvoir la connaissance et la circulation des Saintes Écritures, diverses formes de superstition s’insinuaient dans l’Église de Dieu. « Se mêlant aux païens », les chrétiens « apprirent leurs œuvres », Psaume cvi, 35. L’un des abus ainsi introduits était la bibliomancie, ou divination par la Bible.

Cette sorte de divination S’APPELAIT SORTES SANCTORUM, ou sortes SACRÆ , lots des saints, ou lots sacrés ;et consistait à ouvrir tout à coup, ou à plonger dans la Bible, et à considérer le passage qui se présentait d’abord à l’œil comme prédisant le sort futur de celui qui l’interrogeait. Les sortes sanctorum succédaient aux sortes Homericœ et aux sortes Virgilianæ des païens, chez lesquels il était d’usage de prendre l’ouvrage de quelque poète célèbre, comme Homère ou Virgile, et d’écrire différents vers sur des rouleaux séparés, et d’en dessiner ensuite un ; ou bien, ouvrant le livre tout à coup, considérez le premier verset qui se présentait comme un pronostic d’événements futurs. Même les diseurs de bonne aventure vagabonds parmi eux, comme quelques-uns des bohémiens de notre temps, adoptèrent cette méthode pour imposer à la crédulité des ignorants. Les nations de l’Orient conservent encore cette pratique. Le défunt usurpateur perse, Nadir Shah, décida à deux reprises d’assiéger des villes en s’ouvrant sur des vers du célèbre poète Hafiz.

* Sir W. Jones’s Works, Traité sur la Poesie Orientale, vol. v, p. 463, 4to.

Quelque superstitieuse que fût cette pratique, elle gagna néanmoins du terrain par la contenance de certains membres du clergé, dont quelques-uns permirent la lecture de prières dans les églises dans ce but même. D’autres, cependant, s’efforcèrent de le supprimer, car dans le concile de Vannes, tenu en 465 après J.-C., il fut ordonné : « Que quiconque du clergé ou des laïcs serait surpris dans la pratique de cet art, serait chassé de la communion de l’Église. »++ En 506, le concile d’Agde renouvela le décret, et en 578, le concile d’Auxerre, entre autres sortes de divination, interdisait le sort des saintscomme on les appelait, en ajoutant : « Que tout se fasse au nom du Seigneur. » Mais ces ordonnances furent peu à peu méprisées, car nous trouvons de nouveau la pratique remarquée et condamnée dans un capitulaire, ou édit de Charlemagne, en 793. Au XIIe siècle, ce mode de divination a été adopté comme moyen de découvrir les opinions hérétiques ! Un certain Pierre de Thoulouse, accusé d’hérésie, et l’ayant nié sous serment, une personne qui se tenait près de lui prit les Évangiles, sur lesquels il avait juré, et les ouvrant brusquement, les premières paroles qu’il alluma furent celles du diable à notre Sauveur (Marc I, 24) : « Qu’avons-nous à faire avec toi, Toi, Jésus de Nazareth ? Ce qui, dit le rapporteur, s’accordait bien avec un tel hérétique, « qui n’avait en effet rien à faire avec le Christ ! »

+ Chronologie de Heinault. Abrégé de l’Hist, de France, A. D. 506.

++ S. S. Concilia, Concil. Venet. Anno Christy 465, vol. iv, p. 1057. Bingham’s Antiq. of the Chris. Église, t. VII, t. xvi, ch. v, p. 278.

§ S. S. Concilia, t. VII, p. 989.

|| Gataker, De la nature et de l’usage des lots, p. 330.

François d’Assise, qui fonda l’ordre des franciscains, en 1206, dit de lui-même qu’il fut tenté d’avoir un livre : mais comme cela paraissait contraire à son vœu, qui ne lui permettait que des manteaux, une corde et des bas, et, en cas de nécessité seulement, des souliers ; lui, après la prière, recourut à l’Évangile, et rencontrant cette phrase : « Il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais il ne leur est pas donné », Matthieu xiii, 11 ; Il conclut qu’il se passerait assez bien de livres, et qu’aucun de ses disciples n’eût ne serait-ce qu’une Bible, un bréviaire ou un psautier ! La bibliomancie était aussi pratiquée, non seulement dans les événements ordinaires de la vie, et par des particuliers, mais par les plus hauts dignitaires de l’Église, dans les occasions les plus publiques, et particulièrement dans l’élection des évêques. Lorsqu’un évêque devait être élu, il était d’usage de fixer un jeûne, généralement de trois jours ; ensuite les Psaumes, les Épîtres de saint Paul et les Évangiles furent placés d’un côté de l’autel, et de l’autre de petits billets, avec les noms des candidats ; Un enfant ou une autre personne tira alors l’un des billets, et le candidat dont le nom y figurait fut déclaré dûment élu. Dans une de ces occasions, saint Euvert fit amener un enfant qui n’avait pas encore appris à parler ; il ordonna alors à l’enfant de prendre l’un des billettes ; le petit innocent obéit, et en prit une sur laquelle était inscrit le nom de saint Agnan, qui fut proclamé élu par le Seigneur. Mais pour la satisfaction plus générale de la multitude, Euvert consulta les volumes sacrés. En ouvrant les Psaumes, il lut : « Heureux l’homme que tu choisis et que tu fais approcher de toi, afin qu’il habite dans tes parvis. » Dans les épîtres de saint Paul, il a trouvé : « L’homme ne peut poser aucun autre fondement que celui qui est posé, c’est-à-dire Jésus-Christ. » Et dans les Évangiles, il a commencé par ces mots : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. » Ces témoignages furent jugés décisifs en faveur d’Agnan, tous les suffrages furent réunis, et il fut placé dans le fauteuil épiscopal d’Orléans, au milieu des acclamations du peuple.+ Un mode semblable a été suivi pour l’installation des abbés et la réception des chanoines.

* Gataker, De la nature et de l’usage des lots, p. 346.

+ Mémoires de I’Académie des Inscriptions : Recherches Historiques sur les Sorts appelés. Sortes sanctorum ; par M. l’Abbé du Resnel, tom. xix, pp. 287, 296. Paris, 1753, 4to.

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Cet usage n’était pas limité aux Latins, il a également été adopté par les Grecs. Deux faits peuvent prouver son existence et sa tendance préjudiciable. La première est celle de Caracalla, archevêque de Nicomédie, qui consacra Athanase lors de sa nomination au patriarcat de Constantinople, par l’empereur Constantin Porphyrogénète. Ayant ouvert les livres des Évangiles sur ces mots : « Car le diable et ses anges les virent d’abord, et tourna adroitement la feuille vers un autre verset, qui fut lu à l’instant à haute voix. » Les oiseaux du ciel peuvent venir se loger dans ses branches. Mais comme ce passage paraissait sans rapport avec une cérémonie si grave, celui qui s’était présenté le premier fut connu du public presque insensiblement. Pour diminuer l’impression désagréable qu’elle avait produite, on rappela au peuple qu’en pareille circonstance, un autre archevêque de Constantinople avait accidentellement rencontré une circonstance tout aussi défavorable, en s’allumant sur ces mots : « Il y aura des pleurs et des grincements de dents », et cependant son épiscopat n’avait été ni moins heureux ni moins tranquille qu’autrefois. L’historien remarque cependant que, quoi qu’il en ait été sous les archevêques précédents, l’église de Constantinople fut violemment agitée par les divisions les plus funestes pendant le patriarcat d’Athanase. L’autre exemple est celui du métropolite de Chersonèse, premier prélat consacré par Théophane, après sa translation du siège métropolitain de Cyzique au patriarcat de Constantinople, et qui, ayant reçu le livre des Évangiles des mains, et l’ayant ouvert, selon l’usage, rencontra ces paroles : « Si l’aveugle conduit l’aveugle, l’un et l’autre tomberont dans le fossé », qui étaient considérés par le public comme un pronostic de malheur à la fois pour le patriarche et pour le métropolite.

* Mémoires de 1’Academie des Inscriptions, tom. xix, p. 303.

L’abbé du Resnel nous apprend que cette coutume s’est perpétuée dans la cathédrale de Boulogne, à Ypres et à Saint-Omer, jusqu’en 1744, avec cette seule différence qu’à Boulogne, le chanoine nouvellement choisi tirait le sort des psaumes, au lieu des évangiles. Feu M. de Langle, évêque de Boulogne, qui regardait cette coutume comme superstitieuse, et qui s’aperçut que lorsque les nouveaux canons s’ouvraient accidentellement sur des p’assages contenant des imprécations, ou des reproches, ou des traits de dépravation, un stigmate immérité attaché à leur caractère, rendit un ordre pour son abrogation, en 1722. Mais le chapitre, qui prétendait être exempté de la juridiction épiscopale, traita l’ordre avec mépris, et persévéra dans sa superstition, si ce n’est que, comme il avait été d’usage d’insérer dans les lettres d’intronisation données à chaque chanoine le verset qui avait été tiré pour lui, il faudrait ajouter à l’avenir que cela se faisait selon l’ancienne coutume de l’église de Térouanne ; d’où s’étaient élevées les églises de Boulogne, d’Ypres et de Saint-Omer, après sa destruction par Charles-Quint. « J’ai en ma possession, dit l’abbé, un de ces actes, daté de 1720, dans lequel sont les mots suivants Et secundam antiquam ecclesiæ Morinensis, nunc Boloniensis consuetudinem, hune ex psalmo sortitus est ver si-culum : Ipsi peribunt, tu autem permanes, et omnes sicut vesti-mentum’veterascent : « Et selon l’ancienne coutume de l’église de Térouanne, (aujourd’hui Boulogne), ce verset a été tiré des Psaumes : « Ils périront, mais tu endureras ; Oui, ils vieilliront tous comme un vêtement. « *

* Mémoires de l'Academie des Inscriptions, ·>v sup.

Une autre espèce de bibliomancie, qui n’est pas très différente des sortes sanctorum des chrétiens, était le bath-kol, ou fille de la voix, en usage chez les Juifs. Elle consistait à faire appel aux premières paroles entendues de quelqu’un, surtout en lisant les Écritures, et à les regarder comme une voix du ciel, à les diriger dans l’affaire qu’on leur demandait. En voici un exemple : Rabbi Acher, ayant commis de nombreux crimes, fut conduit dans treize synagogues, et dans chaque synagogue un disciple fut interrogé, et le verset qu’il lut fut examiné. Dans la première école, ils lisent ces paroles d’Isaïe (ch. XLVIII, 22) : « Il n’y a pas de paix pour les méchants ; » une autre école lit le Psaume 1, 16 : « Dieu dit au méchant : Que dois-tu faire pour annoncer mes statuts, ou pour que tu reviennes mon alliance dans ta bouche ? » et dans toutes les synagogues on entendit quelque chose de cette nature contre Acher. d’où l’on a conclu qu’il était haï de Dieu ! + Cette espèce de divination a reçu son nom de ce qu’elle était censée succéder à la voix oraculaire, délivrée du propitiatoire, lorsque Dieu y était consulté par urjm et thummim, ou lumière et perfection, (Exode, XXVIII, 30), terme très probablement employé pour exprimer la clarté et la perfection des réponses que Dieu donna au souverain sacrificateur. Les Juifs ont un dicton parmi eux, que le Saint-Esprit a parlé aux Israélites, pendant le tabernacle, par urim et thummim ; sous le premier temple par les prophètes ; et sous le second temple par Bath-kol.++

+ Histoire des Juifs de Basnage, b. iii, ch. v ». 165, fol.

++ Les Antiquités de l’Héb. République, » i. b. ii, ch. iii, p. 112, 114, 198 ]

Presque liée à la pratique de la bibliomancie, l’utilisation des amulettes ou charmesappelés periapta, et phylactères, et parfois ligaturæ, et ligationes. Ils étaient formés de ribands, avec des phrases de l’Écriture écrites sur eux, et suspendus autour du cou, comme des préventifs magiques du mal. Ils étaient portés par beaucoup de chrétiens dans les âges antérieurs, mais considérés par les plus sages et les plus saints des évêques et du clergé comme honteux pour la religion, ־ et méritant la plus sévère réprobation. Chrysostome les mentionne fréquemment, et toujours avec la plus grande détestation. Le concile de Laodicée, A. D. 364, can. 36, condamne ceux du clergé qui prétendent les faire, déclarant que ces phylactères ou charmes sont des liens et des entraves à l’âme ; et ordonnant que ceux qui les portaient soient chassés de l’église. Et saint Augustin s’explique ainsi avec ceux qui s’en servaient : « Quand nous sommes affligés de douleurs à la tête, ne courons pas vers les enchanteurs, les diseurs de bonne aventure et les remèdes de vanité. Je vous pleure, mes frères, car je trouve ces choses accomplies tous les jours. Et que dois-je faire ? Je ne peux pas encore persuader les chrétiens de mettre leur confiance uniquement en Christ. Avec quel visage une âme peut-elle aller à Dieu, si elle a perdu le signe du Christ ; et qu’il a pris sur lui le signe du diable ? Basile et Épiphane se plaignent aussi de la même manière, et expriment une égale horreur de cette pratique.* Ces phylactères des chrétiens étaient très probablement dérivés des tephilim, ou phylactères des Juifs.

* Suiceri Thesaurus, vol. II, pp. 668, 1465. Amstel. 1682, fol. Du Cange, Glossaire. sub. v, Ligaturæet Legationes, &c. Bingham’s Antiquities, &c., vol. vii, b. xvi, ch. v, sec. vi, p. 285.

Les phylactères juifs étaient de petits bouts de parchemin ou de vélin, sur lesquels certaines parties de la Loi étaient écrites, enfermées dans des étuis de peau de veau noir, et nouées autour du front et du bras gauche. Les Juifs les considéraient comme une ordonnance divine et fondaient leur opinion sur Exode, xiii, 9, et d’autres passages semblables. On croyait qu’ils avaient pour dessein de leur rappeler, premièrement, les préceptes qu’ils devaient constamment observer , et , deuxièmement, de leur procurer la révérence et le respect aux yeux des païens. Ils ont ensuite été dégradés en instruments de superstition et utilisés comme amulettes ou charmes, pour chasser les mauvais esprits. Le docteur Lightfoot pense qu’il n’est pas improbable que notre Sauveur ait porté lui-même les phylactères juifs, selon la coutume du pays ; et qu’il n’a pas condamné l’avidité d’eux, mais l’orgueil et l’hypocrisie des pharisiens qui les ont rendus « larges » et visibles, afin d’obtenir la renommée et l’estime de leur dévotion et de leur piété.+

+ Wagenseilii Sota., ch. ii, p. 397, 415. Altdorf. 1674. Buxtorfii Synagog. Jud., ch. ix, p. 170. Edit. Basil. 1661. Lightfoot’s Works, vol. II, p. 232, fol. Discours divers de Wotton, t. I, p. 194. Les manières de Fleury les Israélites, par le Dr A. Clarke, t. III, ch. vi, p. 227, note. 8v

Le concile de Rome, sous Grégoire IL, en 721 apr. J.-C., condamna les phylactères des chrétiens, et le concile de Trullo ordonna que ceux qui les fabriquaient fussent chassés de l’église, et défendit toute fabrication et tout usage de charmes ou d’amulettes, comme les reliques de la superstition païenne qui subsistent encore parmi les chrétiens les plus faibles et les plus vils.

- ↑ Antiquités de Bingham, etc., t. VII, p292.

Heureusement, ces pratiques funestes furent en partie freinées par les efforts pieux et libéraux de beaucoup de premiers chrétiens pour promouvoir toutes les connaissances utiles. Des copies exactes des Saintes Écritures se multipliaient partout, et cela à des prix si modérés, qu’il était facile de les acheter ; tandis que des traductions en diverses langues ont été publiées avec soin, dans des éditions correctes, beaucoup des membres les plus opulents de l’église chrétienne ont généreusement contribué une grande partie de leur substance à la poursuite de ces pieuses et excellentes entreprises. On prit aussi tous les soins possibles pour accoutumer leurs enfants à l’étude des Écritures, et pour les instruire dans les doctrines de leur sainte religion : et c’est dans ce but que l’on érigea des écoles, dès le commencement de l’Église chrétienne. Mais, outre les écoles ordinaires pour enfants, il existait chez les chrétiens primitifs des gymnases ou académies, dans lesquels ceux qui aspiraient à devenir instituteurs publics étaient instruits dans les différentes branches de la science humaine et de l’érudition sacrée. Aucune de ces écoles, ou académies, n’était plus remarquable que celle qui fut établie à Alexandrie, communément appelée l’école catéchétique, et que l’on suppose généralement avoir été érigée par saint Marc. Cette école fut rendue célèbre par une succession de savants docteurs ; car, après la mort de saint Marc, Pantænus, Clemens Alexandrinus, Origène et beaucoup d’autres, y enseignèrent les doctrines de l’Évangile. Des écoles semblables furent établies à Rome, à Antioche, à Césarée, à Édesse et en plusieurs autres endroits, bien qu’elles n’eussent pas la même réputation.+

+ Hist. ecclésiastique de Mosheim, t. I, p. 118. 277, Lond. 8vo.

Ils n’avaient pas seulement des écoles, mais de très bonne heure des bibliothèques, et ce ne sont pas des collections de particuliers et de curieux, mais des dépôts publics appartenant à diverses églises, contenant des copies des écrits sacrés, des ouvrages des docteurs chrétiens, et aussi des auteurs profanes. Alexandre, qui fut élu évêque de Jérusalem vers le commencement du IIIe siècle, « fut rendu illustre par une union de vertus en apparence opposées ; Remarquable par la douceur et la douceur de ses manières générales, il était à la fois résolu, magnanime et inflexible, quand il s’agissait des grands intérêts de la vérité. Il fut conduit deux fois devant des magistrats païens, en présence desquels Il avoua ses sentiments avec une liberté intrépide, pour laquelle il fut enfin jeté en prison, et il y mourut. * C’est à lui que l’Église de Jérusalem était redevable d’une noble bibliothèque, qu’il érigea en ce lieu. Eusèbe y a été conservé les lettres de plusieurs savants qui avaient vécu autrefois ; Et il raconte qu’elle lui fournissait beaucoup des matériaux de son Ecclésiastique Histoire.+ Julius Africanus, originaire de Palestine, et homme de la plus profonde érudition, fonda en ce siècle la bibliothèque de Césarée, dont l’excellent Pam philus s’est ensuite enrichi et considérablement agrandi. Jérôme le compare à la bibliothèques de Démétrius Phalère et de Pisistrate, et nous apprend que Pamphile recherché dans le monde entier des livres curieux et des ouvrages de génie à déposer dans il; et fut si zélé pour son amélioration, que lie écrivit pour elle le la plus grande partie des œuvres d’Origène de sa propre main. Il ajoute également que cette La bibliothèque contenait la copie hébraïque de l’Évangile de saint Matthieu.++

* Divers de Christie, p. 127.

+ Hist. Eccles., lib. vi, ch. xx

++ Catalogue Hieronymi. Script. Eccles.. Opéra, t. I, fol. 132, basilic, 1516. Lomeier, De Bibliothecis, ch. vii. , p. 127.

Les bibliothèques formées par les premiers chrétiens étaient généralement placées dans les églises, dans lesquelles se trouvaient des cubicula, ou des chambres appropriées à l’usage de ceux qui désiraient la retraite et la méditation. Ces cubicula ou secretariacomme on les appelait quelquefois, étaient érigés avec l’église, l’un étant généralement placé sur le côté droit de celle-ci, et l’autre sur le côté gauche. Les écrits sacrés étaient conservés dans l’un d’eux, et les ustensiles sacramentels dans l’autre. Paulin, évêque de Nole, y ayant érigé une église, plaça des inscriptions appropriées sur chacun des cubicula. Au-dessus de ce qui devait être le dépositaire des Saintes Écritures était écrit :

Si quern sancta tenet meditandi in lege voluntas, Hic poterit residens sanctis intendere libris.

« Si quelqu’un désire méditer la Loi de Dieu, qu’il s’assoie ici et qu’il lise les livres saints. »

Au-dessus de la pièce destinée aux ustensiles sacrés était inscrit :

Hic locus est veneranda penus qua conditer, et qua Promitur alma sacri pomp Ministerii.

« C’est l’endroit où l’on dépose la nourriture sainte, et d’où l’on prend des provisions et des meubles pour l’autel. » §        

§ Antiquités de Bingham. &c., t. III, b. VIII, ch. VI, p. 210, 211, et ch. VII, p. 226, 8 vol.

Au IIIe siècle aussi, un ordre distinct de lecteurs publics des Saintes Écritures commença à s’établir dans les Églises. Leur office était de lire les Écritures à l’assemblée depuis le pupitum ou pupitre de lecture, dans le corps de l’église. La charge était considérée comme honorable, et était quelquefois occupée par des confesseurs, comme on appelait ceux qui avaient avoué leur attachement à l’Évangile en face des plus grands dangers, et en présence des ennemis du christianisme. Quelquefois aussi des jeunes gens qui s’étaient consacrés au service de Dieu dès leur plus jeune âge étaient autorisés à officier en tant que lecteurs. Le concile de Carthage ordonne que, lorsqu’un lecteur est ordonné, l’évêque s’adresse au peuple et lui déclare la foi, la vie et les talents du candidat ; et, lui remettant un exemplaire des Écritures, il lui dira : « Prends ce livre, et sois lecteur de la parole de Dieu, et si tu t’acquittes fidèlement et utilement de cet office, tu auras part avec ceux qui servent dans la parole de Dieu. » *

*Antiquités de Bingham, &c., vol. ii, b. iii, ch. v, pp. 27-33.

À peu près à la même époque, des interprètes furent établis dans l’Église, dont le travail était de traduire une langue dans une autre, selon l’occasion, tant dans la lecture des Écritures que dans les homélies adressées au peuple. Procope, le martyr, aurait exercé les trois fonctions distinctes de lecteur, d’exorciste et d’interprète de la langue syriaque, dans l’église de Scythopolis. Cet office, cependant, semble avoir existé principalement dans les églises où le peuple parlait des langues différentes, comme dans les églises de Palestine, où probablement les uns utilisaient le syriaque, et les autres la langue grecque ; et dans les églises d’Afrique, où l’on parlait à la fois le latin et le punique.

Une autre coutume observée dans les anciennes églises était celle d’avoir des Bibles en langue vulgaire placées dans une partie commode de l’église, pour que le peuple s’employât à loisir à lire les Écritures avant ou après le service divin ; pratique rendue particulièrement nécessaire par l’énorme dépense de transcription d’un volume aussi important que la Bible avant l’invention de l’imprimerie.

À ces mesures salutaires, sagement adoptées pour la diffusion des connaissances sacrées, un obstacle des plus redoutables fut présenté par la cruelle persécution de l’empereur romain Diocléien, qui commença en l’an 303. Lorsque cet empereur revêtit pour la première fois la pourpre en 284 apr. J.-C., il se montra favorable au christianisme ; mais, à l’instigation du sacerdoce païen, et conseillé par son collègue Galère, il finit par jeter le masque, et, dans la dix-neuvième année de son règne, ordonna que les églises fussent rasées, les Bibles brûlées. ceux qui avaient exercé des charges honorables pour être dégradés, et ceux de rang inférieur, s’ils persistaient dans leur confession de christianisme, pour être réduits en esclavage. Cet édit fut suivi par d’autres, ordonnant que tous ceux qui, quelque part, présidaient dans l’église, seraient emprisonnés ; et qu’ils seraient contraints par tous les moyens de sacrifier aux divinités païennes. En un mois, pas moins de dix-sept mille martyrs ont souffert la mort ! Dans la seule province d’Égypte, cent quarante-quatre mille personnes moururent par la violence de leurs persécuteurs ; et sept cent mille moururent des fatigues du bannissement, ou des travaux publics auxquels ils étaient condamnés ! Gildas, le plus ancien historien britannique que nous ayons, raconte que, par cette persécution de Dioclétien, « les églises furent renversées , et tous les livres des Saintes Écritures qui purent être trouvés furent brûlés dans les rues et les prêtres choisis du troupeau de notre Seigneur, avec les brebis innocentes, assassinés, de sorte que dans certaines parties de la province, aucune trace de la religion chrétienne ne parut. »* Notre ancien chroniqueur, Robert de Gloucester, a laissé un récit de cette persécution dans ces vieilles rimes :

Twei emperoures de Rome, Dyoclician, Et un autre, ys felaw, qui het Marimian, Ont été bothe at on tyme, l’on dans l’Est ende, Et l’autre dans l’Ouest, Cristendom to schende,+ Pour le luthert++ Marimian vers l’Ouest cacher sogte, Et Cristenemen, qu’il aime, à fort Deth il Brogte. Chirches he fel al a doun, ther ne moste non stonde, Et al the bokes, qu’il mygte fynde in eny londe, We wolde lete hem berne echon amid the heye strete, Et tho Cristenemen alle sle, et aucun ne vit lete. Seththe Gog était bore, ther nas for Cristendom ¥n so lute stond y do so gret martirdom. Pour l’autre étaient en un mois dix-sept mille et mo Y martired pour l’amour de notre Seigneure. §

*Millar’s Hist, of Propagation of Christianity Worksvol. vu, p. 230.

+ Schende, gâcher, détruire. ++ Luthercruel, méchant, vil.

§ Chronique de Robert de Gloucester, par T. Hearne, p. 81. Oxford, 1724. 8vo

Les tortures les plus terribles étaient infligées à ceux qui refusaient de livrer les volumes sacrés à la fureur des païens ; mais chaque torture, et même la mort elle-même, étaient bravées avec la plus héroïque constance par beaucoup de chrétiens dignes, pour qui le livre de Dieu était plus précieux que la vie. Félix de Tibiura, en Afrique, ayant été arrêté comme chrétien, reçut l’ordre de Magnilien, conservateur ou magistrat civil de la ville, de livrer tous les livres et écrits appartenant à son église, afin qu’ils fussent brûlés. Le martyr répondit qu’il valait mieux qu’il fût brûlé lui-même. Ce magistrat l’envoya au proconsul de Carthage, qui le livra au préfet du prétoire, qui était alors en Afrique. Cet officier suprême, offensé de sa confession hardie et généreuse, ordonna qu’on le chargeât de verrous et de fers plus lourds, et, après l’avoir gardé neuf jours dans un cachot étroit, qu’on le mît à bord d’un vaisseau, disant qu’il serait jugé devant l’empereur. Pendant quatre jours, il resta couché sous les écoutilles du navire, entre les pieds des chevaux, sans manger ni boire. Il a été débarqué à· Agragentum, en Sicile ; et lorsqu’il fut amené par le préfet jusqu’à Venosa, dans la Pouille, ses fers furent renversés, et on lui demanda de nouveau s’il avait les Écritures, et s’il les livrerait ; « Je les ai, dit-il, mais je ne m’en séparerai pas. » Le préfet le condamna aussitôt à être décapité. « Je te remercie, Seigneur, dit cet honnête martyr, d’avoir vécu cinquante-six ans, d’avoir conservé l’Évangile et d’avoir prêché la foi et la vérité. Ô mon Seigneur Jésus-Christ, le Dieu du ciel et de la terre, j’incline la tête pour être sacrifié à toi, qui vis pour toute l’éternité. * Reprenant les paroles d’un écrivain de valeur+« Je ne juge pas mauvais de distinguer cet homme. La préservation de la liberté civile est précieuse, et les noms des hommes qui l’ont défendue avec intégrité sont inscrits avec honneur. Mais combien au-dessous du nom de Félix de Tibioura faut-il les compter ! Il est l’un de ces héros qui nous ont conservé la précieuse parole de Dieu elle-même. Euplius de Catane, en Sicile, souffrit de la même cause. Qu’on se souvienne avec honneur de son nom, ainsi que de celui de Félix. Saisi du Gos-pels à la main, on l’interrogea sur le râtelier : « Pourquoi gardez-vous les Écritures interdites par les empereurs ? » Il répondit : « Parce que je suis chrétien. La vie éternelle est en eux ; celui qui les abandonne perd la vie éternelle. Lorsqu’il reçut l’ordre d’être exécuté, les bourreaux suspendirent au cou le livre des Évangiles qu’il avait avec lui lorsqu’il fut saisi, et le crieur public proclama devant lui : « C’est Euplius, le chrétien, ennemi des dieux et des empereurs. » Il fut décapité le 12 août de l’an 304.++

* Milner’s History of the Church, vol. II, p. 18, 8 vol. Butler’s Lives of the Saints, 24 octobre, vol. x, p. 525

+ Révérend J. Milner, ut sup.

1

++Butler’s Lives, 12 août, vol. VIII, p. 158.

Mais tous n’étaient pas ainsi fidèles ; les clameurs des païens, qui s’écriaient de toutes parts : « Allez vos Testaments ! » et la crainte de la torture et de la mort, intimidèrent beaucoup d’esprits lâches et perfides, qui, abandonnant la cause sacrée du christianisme, abandonnèrent les Saintes Écritures et les différents meubles de l’Église. À Cirta, en Numidie, l’évêque Paul ordonna à un sous-diacre de remettre les trésors de l’église à un officier romain, trahissant ainsi sa charge sacrée et violant de la manière la plus grossière tous les principes de l’intégrité chrétienne.

Cette conduite basse et lâche rencontra l’indignation méritée des chrétiens les plus fidèles , qui les appelèrent tradi-tores, ou traîtres, et les anathématisèrent comme coupables d’actes profanes et sacrilèges Le premier concile d’Arles, tenu immédiatement après cette persécution, décréta que tout ecclésiastique qui avait trahi les Écritures, ou l’un des vases sacrés, ou les noms de ses frères, aux persécuteurs, devait être destitué de sa charge : et saint Austin alla jusqu’à affirmer, « que si l’accusation de ce crime pouvait être faite contre Cécilien, évêque de Carthage, et ceux qui l’avaient ordonné. par les donatistes, qui ont rejeté la réflexion sur eux, ils devraient être anathématisés même après la mort. Dans cette persécution, qui dura environ dix ans sous Diocléien et ses successeurs, saint Alban, le premier qui souffrit le martyre pour le christianisme en Angleterre, fut décapité à Verulam, dans le Hertfordshire, appelé depuis saint Albans, de l’abbaye fondée en mémoire du martyr, en l’an 795, par Offa, roi des Merciens.§§

§ Histoire de l’Église de Milner, vol. II, p. 18. Kortholtus, De persecutionibus Eccles. Prim., ch. x, pp. 444, 449. Kiloni, 1689, in-4°.

§§ Bedæ Hist. Eccles., lib. I, ch. vii.

Eusèbe, dans son récit des martyrs qui ont souffert en Palestine sous cette persécution, nous présente quelques exemples où ceux qui ont souffert ont découvert l’ardeur de leur amour pour la Bible, en en ayant mémorisé tout ou partie entière. Il mentionne particulièrement Valens, diacre d’Ælia, et Jean, un Égyptien. Le premier était un vieillard, mais « un homme plus versé que tous les autres dans les écrits divins ; de sorte que, lorsque l’occasion s’en présentait, il pouvait, de mémoire, répéter des passages de n’importe quelle partie de l’Écriture, aussi exactement que s’il avait déplié le livre et les avait lus. Celui-ci « avait été autrefois privé de la vue, et était, avec le reste des confesseurs, non seulement mutilé d’un pied, mais il avait le fer chauffé enfoncé dans ses yeux, déjà aveugle. La perfection transcendante de sa mémoire était telle, qu’il fit écrire tous les livres des saintes Écritures, « non sur des tables de pierre », comme dit le divin apôtre, ou sur des peaux d’animaux, ou sur du papier, propres à être dévorés par les mites, et par le temps ; mais en réalité « sur les tables charnelles de son cœur », de sorte que, chaque fois qu’il le voulait, il tirait, comme d’un dépôt de science, et répétait, soit la loi de Moïse, soit les prophètes, soit les parties historiques, évangéliques et apostoliques de l’Écriture. *

* Eusèbe, Des martyrs en Palestine, traduit par Dalrymple, pp. 61, 87.

La ténacité de la mémoire dont ont fait preuve ces anciens dignes est presque sans pareille dans les temps anciens ou modernes, sauf dans ce prodige de la mémoire, le regretté révérend Thomas Threlkeld, de Rochdale, dans le Lancashire. Il était une parfaite concordance vivante avec les Écritures anglaises. S’il n’y avait que trois mots, à l’exception peut-être de ces mots de simple liaison qui se trouvent dans des centaines de passages, il pourrait immédiatement, sans hésitation, assigner le chapitre et le verset où ils se trouvent. Et, inversement, en mentionnant le chapitre et le verset, il pouvait répéter les mots. Ce pouvoir de rétention lui permettait, avec aisance, « de se rendre maître de plusieurs langues. Neuf, ou dix, on sait certainement qu’il lisait ; non seulement sans difficulté, mais avec une habileté profonde et critique. Il est affirmé, par un ami qui vivait près de lui, et qui avait l’habitude d’être intime avec lui, qu’il connaissait familièrement toutes les langues dans lesquelles il avait une Bible ou un Nouveau Testament. Après sa mort, j’eus l’occasion d’examiner sa bibliothèque, et je remarquai des Bibles, ou Nouveaux Testaments, en anglais, en grec, en latin, en hébreu, en français, en italien, en espagnol, en allemand, en gallois, en hollandais, en suédois, en gaélique et en manks ; outre les grammaires, etc., dans d’autres langues. Dans le Testament grec, ses pouvoirs de référence immédiate et de citation étaient similaires à ceux qu’il possédait dans la traduction anglaise ; puisqu’il pouvait en un instant produire tous les lieux où le même mot se produisait, dans n’importe laquelle de ses formes ou de ses affinités. Dans l’hébreu, avec ses divers dialectes, il était également, c’est-à-dire très profondément habile ; et l’on croit que son talent de référence immédiate était aussi grand ici que dans le grec, ou même dans l’anglais.§

§ Voir un sermon prêché à Rochdale, le 13 avril 1806, à l’occasion de la mort du révérend T. Threlkeld, par Thomas Barnes, D. D.