SIXIÈME DIVISION.
(ESCHATOLOGIE.)
§ 75.
LE SECOND AVÈNEMENT DU CHRIST – LE MLLLENNARIANISME. (CHILIASME.)
(Corrodi) histoire critique du Chiliasmua Zür. 1781-83, iii. 1794. Münscher, W ., Développement de la doctrine du royaume millénaire dans les 3 premiers siècles, dans la revue Henke, vol. VI, p. 233, art. [Comp, l’article sur Millénium, dans Kitto’s Cyclop, de Bibl. Liter., où l’on trouvera la littérature. W. Floerke, La doctrine du Reich de mille ans. Marb. 1859.]
Les disciples du Christ ayant reçu de leur maître la promesse de sa seconde venue (παρουσία), les premiers chrétiens regardèrent cet événement comme proche, en rapport avec la résurrection générale des morts et le jugement dernier.1 Le livre de l’Apocalypse (que beaucoup attribuaient à l’apôtre Jean, tandis que d’autres le niaient et contestaient même sa canonicité)2, dans son chapitre 20, donnait cours à l’idée d’un royaume millénaire, ainsi qu’à celle d’une seconde résurrection, que l’on trouve également dans le même livre3 et dans l’imagination de ceux qui s’attardaient avec tendresse sur les impressions sensuelles. ont décrit ces espoirs millénaires dans les termes les plus élogieux. Ce fut le cas non seulement des judaïsants Ébionites4 et Cérinthe 5 (selon le témoignage de certains auteurs), mais aussi de plusieurs Pères orthodoxes, tels que Papias de Hiérapolis , Justin, Irénée6 et Tertullien. Les idées millénaristes de ce dernier étaient soutenues par ses vues montanistes.7 Chez Cyprien, nous ne trouvons qu’un écho sur un ton plus grave des idées de Tertullien.8 Les gnostiques ont été dès le début défavorables aux tendances millénaristes9, auxquelles se sont également opposés certains écrivains orthodoxes, par exemple, le prêtre Caius à Rome, et les théologiens de l’école alexandrine, en particulier Origène.10
1Comp, les ouvrages sur la théologie biblique. Sur l’importance de l’eschatologie dans la première période, et son lien nécessaire avec la christologie, voir Domer’s Person Christi, L 232, sq. [ « L’espérance chrétienne dans le Christ· qui devait venir est né de la foi en Christ qui était déjà venu.
Le principe chrétien a célébré son apothéose dans l’eschatologie. Car l’univers entier est ordonné en référence à Christ. Ce qui ne fait pas partie du royaume éternel doit, à la fin de toutes choses, être entièrement rejeté, devenir impuissant et sans valeur. La distinction entre la seconde venue du Christ et la première était fondée sur la Nouvelle Épreuve. Justin ΛΓ. Apol. i. 52 : Δύο γάρ αντον παρουσίας προεκήρυξαν 01 προφήταν μίαι> μεν την ηόη γενομένην, ως άτιμου καί παθητοΰ άνθρώπουι, τήν όε όεντεραν, όταν μετά όόξης εξ ουρανών μετά τής αγγελικής αύτοϋ στρατιάς παρα-γενήσεσθαι κεκήρνκται, δτε καί τα σώματα άνεγερεΐ πάντων τών γενο-μενών άνθρώπων κ. τ. λ. Cf. Dial. c. Tr. 45. Iren. i. 10 (il fait une distinction entre ελευσις et παρουσία), iv. 22, 2.
2 Voir ci-dessus § 31, note 7, csp. Eusèbe. vii. 25, et les introductions aux commentaires du livre de l’Apocalypse ; Lucke [Nizzar/, i. p. 283, ss.] D’après les dernières critiques, l’auteur de l’Apocalypse était bien le vrai Jean ; mais, parce qu’il est empêtré dans les modes de pensée ébionite et juif, il ne peut pas être le même que Jean l’évangéliste ; comparez Baur (dans Theol. Jahrb. 1844 de Zeller) et Nachapost de Schwegler. Zeitalter, p. 66, sq. En opposition à eux, Ebrard s’efforce d’harmoniser le point de vue de l’Apocalypse avec celui de l’Évangile ; voir son Evangel. Johannes und die neueste Hypothèse fiber seine Entstehung (Zürich, 1845), p. 137, sq.— Nous ne pouvons pas considérer les actes de cette controverse comme définitivement clos.
3 Comp, les commentaires de ce chapitre [N/zzar/, ii. p. 459, ss., 474]. D’après l’Apologie plus large de Justin, c. 52, on a déduit que, bien que milicienrien, il ne s’en tenait qu’à une seule résurrection (rà σώματα άνεργε ! πάντων τών γενομένων ανθρώπων) ; ainsi Münter (alteste Dogmengesch. ii. 2, p. 269), et aussi Gieseler, Dogmengesch. p. 241 et 247. Mais dans le Dial. c. Tryph. vers 81, Justin enseigne une double résurrection ; Comp. Semisch, ii. p. 471, sq. Il appelle sainte la résurrection de Jirst (Dial. c. Try ph. c. 113), mais la seconde, la résurrection générale. Irénée aussi (v. c. 32), et Tertullien (De Resur. Carn. c. 42, et De Anima, c. 58) enseignent une double résurrection ; ou (dans le cas de Tertull.) une résurrection progressive ( ?) ; Comp. Gieseler, États-Unis, page 241. [« Ceux qui sont tout à fait purs se lèveront aussitôt ; mais ceux qui ont contracté une grande faute, doivent faire amende honorable en restant plus longtemps dans le monde souterrain, et en se relevant plus tard ; » et c’est ainsi qu’il interprète Matth. v. 26.]
4 Jérôme, dans son Commentaire, sur Is. Ixvi, 20, observe que les Ébionites comprennent le passage : « Et ils amèneront tous vos frères pour l’offrande à l’Éternel de toutes les nations sur des chevaux, et dans des chars, et dans des litières, et sur des mulets, et sur des bêtes rapides », dans son sens littéral, et l’appliqueront aux chars tirés par quatre chevaux et aux moyens de transport de toute espèce. Ils croient qu’au dernier jour, quand Christ régnera à Jérusalem et que le temple sera reconstruit, les Israélites seront rassemblés de toutes les extrémités de la terre. Ils n’auront pas d’ailes pour voler, mais ils viendront dans des chariots de Gaule ; dans des chars de guerre couverts, et sur des chevaux d’Espagne et du Cap-Padocie ; leurs femmes seront portées en litières, et montées sur des mulets de Numi-dia au lieu de chevaux. Ceux qui occupent des charges, des dignitaires et des princes, viendront en carrosse de la Bretagne, de l’Espagne, de la Gaule et des régions où le Rhin est divisé en deux bras ; Les nations soumises se hâteront d’aller au-devant d’eux. Mais les homélies clémentines et les ébionites gnostiques, loin d’adopter des notions aussi grossières (Credner, 1. c. iii. p. 289, 90), s’y opposent même ; voir Schliemann, p. 251 et 519.
5 Eusèbe, III, 28 (d’après les récits de Caïus de Rome et de Denys d’Alexandrie). Selon Caius , Cérinthe a enseigné : Μετά την ανάστα-σιν επίγειον είναι τό βασίλειον του Χριστού καϊ πάλιν έπι θυμίαις καϊ ήδοναϊς έν *Ιερουσαλήμ την σάρκα πολιτευομένην δουλεύειν, cet état durerait mille ans : selon Denys, έπίγειον έσεσθαι τήν τού Χριστού βασιλείαν Καϊ ών αυτός ώρέγετο φιλοσώματος ών και πάνυ σαρκικός, έν τούτοις δνειροπολειν έσεσθαι, γαστρός καϊ των υπό γαστέρα πλησμονών* τουτέστι σιτίοις καϊ πότοις καϊ γάμοις καϊ δι' ών εύφημότερον ταύτα ωήθη ποριεϊσθαι, έορταϊς καϊ θυσίαις καϊ Ιερείων σφαγαϊς. Comp., vii. 25, et Théodoret Fab. Hær., ii. 3, et les ouvrages mentionnés au § 23. [Purton, Bampton Lecture, vi. lect. p. 177-179, et note 76.] Mais que le chiliasme ne soit pas entré dans l’église orthodoxe par Cérinthe, c’est ce que montre Gieseler, Dogmengesch, p. 234. [Ceci est déclaré par Eusèbe, Hist. Eccl. iii. c. 28 ; et Théodoret et d’autres. Mais Eusèbe (III, 39) accuse Papias d’avoir répandu le millénarisme, par suite d’une mauvaise compréhension des apôtres, et l’appelle à ce sujet σφόδρα σμικρός τόν νούν. Mais Justin (Dial., p. 306), écrivant à l’époque de Papias, dit que c’était la foi générale de tous les chrétiens orthodoxes, et que seuls les gnostiques n’y participaient pas. Comp. Irénée, v. 25, 26. Tertull. c. Marc. iii. 24 ; et les livres apocryphes de l’époque.]
6 « Dans tous les ouvrages de cette période (les deux premiers siècles), le millénarisme est si prépondérant, qu’on ne peut hésiter à le considérer comme universel à une époque où de tels motifs sensuels n’étaient certainement pas inutiles pour inciter les hommes à souffrir pour le christianisme » Gieseler, Text-Book of Church Hist., éd. de New York, i. 156 ; Dogmengesch. p. 231, sq. Comparez cependant les écrits de Clément de Rome, d’Ignace, de Polycarpe, de Tatien, d’Athénagoras et de Théophile d’Antioche, dans lesquels aucune notion millénariste n’est proposée. Sur les vues millénaristes de Papias, voir Eusèbe. iii. 39 : Χιλιάδα τινά φησιν έτών έσεσθαι μετά την έκ νεκρών άνάστασιν� , σωματικώς τής τού Χριστού βασιλείας έπϊ ταυτησϊ τής γής ύποστησομένης. Comp. Gagner. c. 15 (Ps. xc. 4 ), Hernias, lib. i. Vis. i. 3, et les observations de Jachmann, p. 86.—Justin , Dial. c. Tr. 80, 81, affirme que, selon sa propre opinion et celle des autres théologiens orthodoxes (εϊ τινές είσιν όρθογνώμονες κατά πάντα χριστι· ανοί), les élus ressusciteront d’entre les morts, et passeront mille ans dans la ville de Jérusalem, qui sera restaurée, changée et embellie (à l’appui de ses vues, il en appelle à Jérémie et à Ezéchiel) ; en même temps, il admet que même les chrétiens orthodoxes ( τής καθαράς καϊ ευσεβούς γνώμης♦) avoir des opinions différentes, comp. Apol. i. 11 ; il s’oppose là à l’espérance d’un royaume politique humain, mais non à celle d’un règne millénaire du Christ Justin occupe une position intermédiaire entre une vue grossière et sensuelle (συμπιεϊν
♦ Divers auteurs se sont efforcés d’écarter la contradiction entre ces deux points de vue. Rossler, i. p. 104, interpole ainsi : beaucoup de chrétiens par ailleurs orthodoxes , Dallœus, Munscher (Handbuch, ii. p. 420 ), Hunter, Schwegler (Montan, p. 137), interpolent le mot μη [comp. Gieseler, L c. l § 52, note 19.] Semisch, en opposition à cela, il note p. 469 : « Justin n’affirme pas que tous, mais que seuls ceux qui sont de tous les côtés, les croyants complets, sont chiliastes. » πάλίν καί συμφαγειν, Dial. c. Tr. § 51) d’une part, et un idéalisme spiritualisant d’autre part. [Comp. Semisch, Justin Martyr, sa vie, ses écrits et ses opinions, trad., par J. E. Ryland, ii. 370-376.] Irénée , Adv. Hær. v. 33, p. 332 (453, Gr.), défend le chiliasme, surtout en opposition avec les Gnostiques. Il en appelle , par exemple, à Matth. xxvi. 29, et Is. xi. 6. — Sur la description très sensuelle et fantastique (faite avec un goût rabbinique authentique) de la fertilité de la vigne et du blé, dont on dit qu’elle provient de Papias et des disciples de Jean, voir Mùnscher, éd. par von Colin, i. p. 44. Grabe, Spic. Sæc. 2, p. 31 et 230. Corrodi, t. II, p. 406. [Iren. Adv. Hær. v. 33 : « Les jours viendront où pousseront des vignes, chacune ayant dix mille sarments ; et sur chaque branche il y aura dix mille rameaux, et sur chaque rameau dix mille grappes de raisin, et dans chaque grappe dix mille raisins ; et chaque raisin, lorsqu’il est exprimé, donnera vingt-cinq μετρήται de vin. Et quand l’un des saints s’emparera d’une grappe de raisin, une autre s’écriera : Je suis une meilleure grappe, prends-moi, et à cause de moi rends grâces au Seigneur. De même, un grain de blé produira dix mille têtes, et chaque épi aura dix mille grains ; et chaque grain donnera dix livres de farine fine et claire ; et d’autres fruits produiront des graines et de l’herbe dans la même proportion. En ce qui concerne les notions millénaristes proposées dans les oracles sibyllins, le livre d’Hénoch, le Testament des douze patriarches, etc., voir Stuart , Commentaire sur l’Apocalypse, i. p. 50, ss., 87, ss., 107, 88. Comp, aussi ii. p. 488, par.] Voir aussi Gieseler, Dogmengesch, p. 235. Domer s’efforce de donner une tournure plus spirituelle à ce chiliasme ; il ne le considère pas nécessairement lié à des tendances judaïsantes ; voir sa Lehre von d. Person Christi, i. 240, sq. note. [Il le considère comme le contrepoids aux abstractions gnostiques, et comme contenant un élément historique authentique ; et s’oppose particulièrement aux vues de Corrodi, qui ont été trop implicitement suivies par de nombreux historiens de l’Église allemande.] Sur les Oracles sibyllins, le Livre d’Hénoch (probablement un produit purement juif), les Testaments du XIIe. Patriarches, et les apocryphes du Nouveau Testament, voir Gieseler, Dogmengesch, p. 243 [aussi l’Apocalypse de Stuart ; Hilgenfeld, Die Judische Apocalypse, 1859.]
7 Les vues de Tertullien sont intimement liées à ses notions montanistes. Son traité, De Spe Fidelium (Hieron. de Vir. illuss. c. 18, et dans Ezech. c. 36), est en effet perdue ; mais comp. Adv. Marc. iii. Chapitre 24. Tertullien, cependant, ne parle pas tant de jouissances sensuelles que d’une copia omnium bonorum spiritualium, et s’oppose même aux interprétations trop sensuelles des passages messianiques, De Resurr. Came. c. 26, bien que de nombreuses images sensuelles imprègnent ses propres expositions, comp. Néandre, Antignosticus, p. 499 ; Church Hist in Torrey’s trad. i. 651. Sur la question de savoir jusqu’à quel point nous pouvons implicitement nous appuyer sur l’affirmation d’Eusèbe. v. 16, que Montanus avait fixé sur la ville de Pepuza, en Phrygie, comme siège du règne millénaire, et sur les notions millénaristes des Montanistes en général, voir Gieseler, Histoire de l’Église, § 48.
8 En ce qui concerne sa doctrine de l’Antéchrist et sa croyance que la fin du monde arriverait bientôt, comp. Ep. 58 (p. 120, 124), Ep. 61 (p. 144) ; Exh. Mart ab init, p. 167. , Tert. adv. Jud. iii. § 118 (p. 91), voir Rettberg , p. 340, art.
9 Cela est évident à la fois par la nature du gnosticisme lui-même et par l’opposition qu’Irénée lui opposa. Certains ont même attribué l’origine du système de Marcion à son opposition au millénarisme ; comp, cependant , Baur , Gnose, p. 295.
10 Sur Caius et sa controverse avec le montaniste Proclus, voir Neander, Church Hist. i. p. 399. s’exprime en termes très forts contre les millénaristes, dont il désigne les opinions comme ineptes® fabul®, figmenta inania, δόγματα άτοπώτατα, μοχθηρά, etc., De Prine, ii. c. 11, § 2. (Op. i. p. 104) ; contra Cels. iv. 22 (Opp. i. p. 517) ; Sélectionnez, dans P8. (Opp. Tom. II. p. 570) ; dans Cant. Cant. (Opp. T. iii. p. 28). Münscher, éd. par von Colin, i. p. 44-46. À propos d’Hippolyte, qui a écrit un traité sur l’Antéchrist sans être un vrai Millénariste, comp. Photius, Cod. 202. Hornell, de Hippolyto (Gott. 838, 4), p. 37, 60. Corrodi, ii. p. 401, 406, 413, 416.
§76.
Teller , G, A., Fides Dogmatis de Resurrectione Garnis per 4 priora secula. HaL et Helmst. 1766, p. 8. Ch, IT, Histoire de la doctrine de l’état de l’homme
Lpzg. 1799, 1800, 8. ]Hubert Beckers, Mittheilungen aus den merkwürdigsten Schriften der vergangencn Jahrhunderte L’état de l’âme après la mort. Augsb. 1835, '36. f(7. Ramers, la doctrine d’Origène sur la résurrection de la chair. Trèves. 1851 . [Bush, Anastasia, New York, 3e éd. 1845 ; comp. Bibl. Repos. 1845. Robt, Landis, Doctrine de la résurrection, Phila. 1848.]
Bien que les traces de la doctrine de la résurrection du corps, qui est présentée par l’apôtre Paul d’une manière majestueuse, peut être trouvée dans certaines conceptions d’une plus grande antiquité1, mais elle a reçu un centre personnel, et a été rendue populaire même parmi les sans instruction, seulement après la résurrection du Christ.2 Au cours de la période de l’apologétique, cette doctrine de la résurrection (de la chair) était élaborée sur la base de l’enseignement paulinien.3 Les objections de ses adversaires, procédant d’une tendance limitée au sens et à la l’épître de Clément de Borne aux Corinthiens, ainsi que dans les écrits de Justin, d’Athénagoras, de Théophile, d’Irénée, d’Irénée, d’Irénée, d’Athènes Tertullien, Minucius Felix, Cyprien et d’autres4. La plupart des pères croyaient à la résurrection du corps, et du même corps que l’homme possédait sur la terre.5 Les théologiens de l’école alexandrine, cependant, formait une exception ; Origène, en particulier6, s’efforça de déblayer la doctrine en question de sa fausseté additions, en la réduisant à l’idée véritable de Paul ; mais, en même temps, il cherchait à l’affiner et à la spiritualiser à la manière des Alexandrins école. Les gnostiques, d’autre part, ont rejeté la doctrine de la résurrection du corps tout entier7; tandis que les faux docteurs de l’Arabie, Origène combattait, affirmait que l’âme et le corps tombaient dans un sommeil de mort, dont ils ne se réveilleront qu’au dernier jour.8
1 Comp. Herder, Von der Auferstehung (Werke Zur Religion und Theol-ogie, vol. xi.) —Müller, G., über die Auferstehungslehre der Parsen, in the Studien und Kritiken, 1835, 2d partie, p. 477, par. Corrodi, 1. c. p. 345. Sur la doctrine du Christ et de l’apôtre Paul (1 Corinthiens xv ; 2 Cor. v.), et sur les adversaires de la doctrine dans l’âge apostolique (Hyménée et Philon tus), voir les ouvrages sur la théologie biblique, [Jriea, Leber Auferstehung dans le Jahrb. f. deutsche Theol. 1856. Delitzsch, Bibl. Psychol. 1855, p. 400, sq. Tracy, dans Bibl. Sacra, 1845. Yeomans, dans Princeton Report. 1845 . D. R. Goodwin, dans Bib. Sacra, 1852. John Brown, Resurr. to Life, Edinb. 1852.]
2 Il est naturellement surprenant que, tandis que Paul représente la résurrection du Christ comme le point central de toute la doctrine, les pères de la période actuelle conservez ce fait d’autant plus que j’ai le fond ; Du moins, ce n’est pas le cas, avec tous les le fondement de leurs opinions sur la résurrection du corps. Quelques-uns, par exemple, Athénagoras, qui a pourtant consacré un livre entier à ce sujet, et Minucius Felix, sont entièrement silencieux sur la résurrection du Christ (voir ci-dessous) ; les autres aussi fondent leurs arguments principalement sur la raison et les analogies de la nature (le changement du jour et de la nuit, de la semence et du fruit, du phénix, etc., Clément de Rome, c. 24, et Ép. 11, 9).
3 Il appartient à la théologie exégétique de se demander jusqu’à quel point le Nouveau Testament enseigne an άνάστασις της σαρκός, et quelle est la relation du σαρξ au σώμα et au άνάστασις των νεκρών . Comp. Zyro, Ob Flcisch oder Lcib das Auferstehende, dans Illgen’s Zeitschrift, 1849, p. 639, SQ. Quoi qu’il en soit, l’expression resurrectio earn est bientôt devenue courante, et c’est ainsi qu’il est passé dans ce qu’on appelle le Symbole des Apôtres.
4 Clément, Ep. i. ad Cor. c. 24-26 (comp., note 2). Justin M. (en anglais seulement) adopte l’interprétation littérale de la doctrine de la résurrection de l’Éternel corps, et, sous la forme, qu’il ressuscitera avec tous ses membres, Fragm. de Resurr. c. 3 (édité en tant que programme séparé par Teller, 1766 ; extraits dans Rossler, Bibl. i. 174). Comp. Semisch, ii. p. 146, par. Même les estropiés se lèveront en tant que tels, mais au moment de la résurrection, être restauré par Christ, et mis dans un état plus parfait ; De Resurr. c. 4, et Dial. c. Tryph. vers 69. Justin fonde sa croyance dans la résurrection du corps principalement sur la toute-puissance, la justice et la bienveillance de Dieu, sur le miraclès de Jésus en ressuscitant les morts alors qu’il était sur le terre, et aussi, enfin, sur la résurrection du Christ lui-même ;♦ et montre, à l’égard d’elle, que l’organisme doit nécessairement participer à la récompenses ou châtiments futurs, car le corps et l’âme ne font qu’un entier; Comme deux bœufs, ils font une portée. Seuls, ils peuvent accomplir autant de aussi petit qu’un bœuf dans le labour. Selon Justin, le christianisme diffère de la systèmes de Pythagore ou de Platon, en ce qu’il enseigne non seulement la l’immortalité de l’âme, mais aussi la résurrection du corps. Mais comme l’a dit Justin approfondi ce sujet, il a été nécessairement conduit à la l’examen de certaines questions qui ont généralement été réservées à perspicacité scolastique , par exemple, en ce qui concerne les relations sexuelles des corps ressuscités, qu’il compare aux mules ( ?) [Quest, et Resp. p.423 : Tametsi membra genitalia post resurrectionem, ad prolificationem utilia non erunt : ad reminiscentiam tamen ejus facient, quod per ea membra mor-tales acceperint generationem, auctum, et diurnitatem. Inducimur namque per ea ad cogitationem tarn prolixæ sapientiæ Christi, quæ ilia (hominibus per mortem intercedentibus attribuit, ad eorum per Generationem) augendo-rum conservationem, ut Sobolis Creatæ successione, genre nostrum in immor-talitate (perducaret)].—Les arguments qu’Athénagoras avance dans son traité De Resurr. (surtout c. 11) sont en partie les mêmes qui ont été dans les âges ultérieurs poussés par la théologie naturelle à l’appui de la doctrine de immortalité; la nature morale de l’homme, sa liberté et la justice rétributive de Dieu. En ce qui concerne la résurrection du corps, il a égard aux objections qui lui ont été faites en tout temps, sur la base du cours naturel des choses (le fait que les éléments d’un organisme peuvent entrer dans le composition d’un autre, etc.). Il est cependant réconforté par l’idée qu’à la fin de la résurrection toutes choses seront restaurées, πρός τήν τον αντον σώματος άρμονίαν καί σύστασιν. — Théophile, ad Aut. i. 8, utilise un langage semblable. — Irénée, Adv. Hær., v. 12 et 13, affirme aussi l’identité de l’avenir avec le présent et en appelle à l’une desrevivification (et non nouvelle création) de la séparation organes du corps dans certaines des guérisons miraculeuses opérées par le Christ (e. g., de l’aveugle, de l’homme à la main desséchée). Il fait particulièrement allusion à ceux que Christ a ressuscités d’entre les morts, le fils de la veuve de Naïn, et Lazare (mais ne fait aucune mention du corps du Christ lui-même !).♦♦ Que Tertullien, qui a écrit un ouvrage séparé sur ce sujet (De Resurrectione Carnis), croyait en la résurrection du corps, c’est ce à quoi nous pourrions nous attendre, d’autant plus qu’il n’a fait aucune stricte distinction entre le corps et l’âme. À titre d’exemple, il a souligne le lien intime existant entre l’un et l’autre la vie présente : Nemo tarn proximus tibi (animae), quem post Dominum diligas, nemo magis frater tuus, quæ (sc. caro) tecum etiam in Deo nascitur (c. 63). Dans À son avis, la chair participe aux bénédictions spirituelles, aux moyens de la grâce qui nous est présenté dans l’onction, le baptême et la Cène du Seigneur ; Il a même participe au martyre (le baptême de sang) ! Le corps, lui aussi, est créé d’après l’image de Dieu (comp., ci-dessus, § 56, note 3) ! Il utilise la même méthode illustrations du jour et de la nuit, du phénix, etc., que l’on trouve dans les écrits d’autrui, et maintient l’identité de l’avenir avec le corps présent, c. 52 : Certe non aliud resurgit quam quod seminatur, nec aliud seminatur quam quod Dissolvitur humi, nec aliud dissolvitur humi quam caro, cf. 6, 63. Il s’efforce pour répondre à l’objection, que certains membres ne seront d’aucune utilité à l’avenir la vie, en disant que les membres du corps humain ne sont pas seulement conçus pour la service du monde visible, mais aussi pour quelque chose de plus élevé. Même sur terre la bouche sert, non seulement à manger, mais aussi à parler et à louange à Dieu, etc., c. 60 et 61. Minucius Félix fait avancer à Cæcilius les objections des païens à cette possibilité, à la fois d’une immortalité incorporelle et d’une résurrection du corps, c. 11 : Vellem tamen sciscitari, utrumne sine corpore, an cum corporibus, et corporibus Quibus, ipsisne an innovatis, resurgatur ? Sine corpore ? hoc, quod sciam, neque mens, neque anima, nec vita est. Ipso corpore ? sed jam ante dilapsum est. Alio Corpore? ergo homo novus nascitur, non prior ille reparatur. Et tamen tanta ætas abiit, sæcula innumera fluxerunt ; quis unus ab inferis vel Protesilai sorte remeavit, horarum saltern permisso commeatu, vel ut exemplo credcremus Tout le monde s’attend à ce qu’Octavius dise que le Christ est ce Protésilas ; mais en vain ! Les arguments qu’il avance, c. 34, dans répondre à ces objections, se limitent à la toute-puissance de Dieu, créé l’homme à partir de rien, et c’est certainement plus difficile que la simple restauration de son corps ; aux analogies ci-dessus de la nature (expec-tandura nobis etiam corporis ver est) ; et à la nécessité du châtiment, que le Les négateurs de la résurrection sont impatients de s’échapper. — Les notions de Cyprien sur ce sujet sont formées d’après celles de Tertullien, comp. De Habitu Virg., p. 100. 100, et Rettberg^ p. 345.
♦ D’autre part, il s’efforce de remarquer les analogies de la nature, qui d’autres invoquent ; comme l’a fait remarquer Semisch, p. 148.
♦♦ Irénée prend le mot « chair » dans 1 Corinthiens xv. 50, qui a souvent été cité contre La doctrine de la résurrection de la chair signifie le sens charnel.
5 Voir les passages cités dans la note précédente.
6 Clément d’Alexandrie avait l’intention d’écrire un ouvrage séparé περί άναστασεως, comp. Pæd. i. 6, p. 125 (104 Sylb.) : d’après Eusèbe. vi. 24, et llieron. apud Rufinum , Origène composa non seulement deux livres, mais aussi (selon ce dernier) deux dialogues (?) sur ce sujet, comp, contra Cels. v. 20 (Opp. i. p. 592), De Prine, ii. 10, i. p. 100, et les fragments, Opp. T. i. p. 33-37. Clément d’Alexandrie, en ceux de ses écrits qui existent encore, ne touchent qu’à la doctrine de la résurrection sans en discuter. Le passage, Strom, iv. 5, p. 569 (479 Sylb.), où il représente la délivrance future de l’âme des chaînes du corps comme objet du désir le plus ardent de l’homme sage, ne donner une idée très favorable de son orthodoxie sur ce point. Mais son disciple Origène soutient, Comm., dans Matt. (Opp. III. p. 811, Ί2), que nous pouvons mettre notre confiance en Christ sans croire à la résurrection du corps, pourvu que nous nous accrochions à la l’immortalité de l’âme. Néanmoins, il défendit la doctrine de l’Église contre Celse, mais s’efforçait de la dépouiller de tout ce qui pouvait lui donner un poignée à moqueurs : pour cette raison, il a rejeté la doctrine de l’identité de les corps (ce qui n’est pas celui de Paul). Contra Cels. iv. 57 (Opp. i. p. 548) ; v. 18 (ibid. p. 590) : Ούτε μεν ουν ήμεϊς, ούτε τά θεϊα γράματα αυταις φησι σαρξΐ μηδεμίαν μεταβολήν άνειλ7]φυίαις τήν επί τδ βέλτιον, ζήσεσθαι τους πάλαι άποθανόντας^ άπδ τής γης άναδύντας.f O άε Κελσος συκοφαντεί ήμάς ταυτα λέγων. Cap. 23, ρ. 594 : ΉπεΖς μεν ουν ου φαμεν τδ διαφθαρεν σώμα έπανερχεσθαι είς τήν εξ αρχής φύσιν, ώς ουδδ τδν διαφθαρέντα κόκκον του σίτου έπανερχεσθαι είς τδν κόκκον του σίτου. Αέγομεν γάρ ώσπερ έπ! του κόκκου του σίτου Εγείρεται στάχυς, οϋτω λόγος τις έγκειται τω σώματά άφ » ου μή φθειρόμενου εγείρεται τδ σώμα έν αφθαρσία. L’appel à la toute-puissance de Dieu lui apparaissait comme un άτοπωτάτη άναχώ-ρησις, p. 595, selon le principe εΐ γάρ αίσχρόν τι δρα ό θεύζ·, ουκ εστι θεδς ; Mais la doctrine biblique de la résurrection, si elle est correctement interprétée, ne comprend rien qui soit indigne de Dieu, comp. viii. 49, 50 (Opp. i. p. 777, sq.) ; Selecta dans le Psaume (Opp. ii. p. 532-'36), où il désigne le littéral Φλυαρία πτωχών νοημάτων, et prouve que chaque corps doit être adapté au monde qui l’entoure. Si nous voulions vivent dans l’eau, nous devrions être faits comme des poissons, etc. L’état céleste aussi exige des corps glorifiés, comme ceux de Moïse et d’Élie. Au même endroit Origène donne une interprétation plus correcte d’Ézéchisme. XXXVII ; Mat. viii. 12 ; Psaume iii. 7, et d’autres passages, qui étaient communément appliqués à la résurrection du corps. Comp. De Prine, ii. 10 (Op. i. p. 100, Red. p. 223) ; p.147, par. De l’autre côté : Hiéron. ad Pammach. Ep. 38 (61) ; Photios (d’après Méthode.), Cod. 234. L’opinion des disciples ultérieurs d’Origène, et de ce qui lui-même a été accusé que les corps de résurrection ont la forme d’une sphère, n’est soutenue, en ce qui le concerne, que par un seul passage (De Oratione, Opp. i. 268), dans lequel, d’ailleurs, il se réfère à d’autres autorités (platoniciennes ?) ; Comp. Redep, ii. 463 ; Ramers, ubi supra, p. 69.
7 Ainsi, les gnostiques Apelles soutenaient que l’œuvre du Christ ne se rapportait qu’à l’âme, et rejetaient la résurrection du corps. Baur , Gnose, p. 410. [Que les Gnostiques croyaient dans l’immortalité de l’âme, paraît certain ; mais leurs notions concernant la matière les a fait reculer devant l’idée d’une réunion du corps avec l’âme, et les a conduits à rejeter la doctrine de la résurrection des premiers. Mais ils ont été injustement accusés par les Pères d’avoir nié la résurrection Généralités. Comp. Burton, Bampton Lecture, notes 58 et 59, et Münscher, éd. par von Colin, i. p. 51, 52.]
8 Sur l’erreur des Thnétopsychites (comme Jean Damas les appelle d’abord) vers l’an 248, comp. Eusèbe, vi. 37 : L’âme humaine autrefois selon le le temps présent où le dernier corps co-mortel et la corruption sont pourris, et jamais au moment de la résurrection vous n’êtes ressuscités,
§ 77.
Baumgarten, J. S., Historia Doctrinæ de Statu Animarum separatarum, Hal. 1754. 4. Emesti, J. A., de veterum Patr. Opinione de Statu Medio Animarum a corpora sejunct. Excurs. à Leett. académie. dans Ep. ad Hebr. Lips. 1795 . [Jac. Windet, Στρωματεύς έπιστολικός de Vita Functorum Statu ex Hebræorum et Græcorum comparatis Sententiis concinnatus, Lond. 1663, '64. Thom. Burnet, De Statu Mortuorum et Resurgentium, Lond. 1757. Comp. Knapp, L c. p. 463, 464 et p. 478, et les références § 69.]
Les opérations du jugement général, que l’on croyait liées à la résurrection générale, étaient dépeintes de diverses manières. Certains attribuent la fonction de juge au Fils, d’autres au Père, tous deux en opposition au mythe hellénistique des juges des enfers1. L'idée d’un Hadès (ארל®), connue à la fois des Hébreux et des Grecs, a été transférée au christianisme, et l’hypothèse que le vrai bonheur, ou la misère finale, des défunts ne commençait qu’après le jugement général et la résurrection du corps, semblait nécessiter la croyance en un état intermédiaire. dans lequel l’âme était censée demeurer depuis le moment où elle s’est séparée du corps jusqu’à cette dernière catastrophe2.
Tertullien, cependant, soutenait que les martyrs se rendaient immédiatement au paradis, la demeure des bienheureux, et pensaient qu’ils jouissaient en cela d’un avantage sur les autres chrétiens3, tandis que Cyprien ne semble connaître aucun état intermédiaire4. et s’imaginait que l’esprit spirituel (le pneumatique) serait, immédiatement après la mort, délivré du royaume du démiurge, et élevé au πλήρωμα.5 L’ancienne idée orientale et parse d’un feu purificateur se trouve déjà à cette époque dans les écrits de Clément d’Alexandrie et d’Origène. Ce feu purificateur, cependant, n’est pas encore transféré à cet état intermédiaire, mais il est pris dans un sens très général, ou supposé être lié à la conflagration générale du monde6.
1 Justin Apol. i. 8 : Platon de même Rhadamanthon et Minos enferment les injustes malgré eux Ilthonas, et nous étions cette chose qui semblait être née, mais sous Christ. Pour d’autres vues de Justin sur le jugement général, voir Apol. ii. 9 ; Semisch, t. II, p. 474, 1975. Tatien contra Gr. 6 : Et je n’étais ni Minos, ni Rhadamanthys... et le poète theds devient. Comp. c. 25.
2 Justin M. 5, fait que les âmes des pieux s’établissent temporairement dans un lieu meilleur, et celles des méchants dans un lieu pire. Il stigmatise même a3 hérétique (§ 80), la doctrine selon laquelle les âmes sont reçues au ciel immédiatement après la mort ; mais il admet qu’ils ont un pressentiment de leur destinée future, Coh. ad Græc. c. 35 ; Comp. Semisch, p. 464, note 3. Les bons, même avant la division finale, habitent dans une demeure plus heureuse, les méchants dans une demeure plus misérable ; Cadran, cum Tryph. § 5. Sur son opinion qu’à la sortie de l’âme du corps, celle-ci tombe entre les mains des mauvais anges (Dial. c. Tryph., § 105), voyez Semisch, liv. II. 465 . Iren.v. 31, p. 331, (451, Gr.) : Al ψυχαΐ απέρχονται είς τδν τόπον τδν ώρισμενον αύταϊς άπδ τού θθ T�ού, κάκει μέχρι τής άναστάσεως φοιτώσι, περιμένουσαι τήν άνάστασιν* επειτ Α άπολαβούσαι τα σώματα καί δλοκλήρως άναστάσαι, τουτέστι σ0)μα-τικώς, καθς �ς καί δ Κύριος άνέστη, ούτως δλεύσονται είς τήν δψιν τού θεού (à ce sujet, le dccensus Christi ad inferos, et Luc xvi. 22, etc.). Tertullien mentionne (De Anima, 55) un traité dans lequel il dit avoir prouvé, omnem animam apud inferos sequestrari in diem Domini. Le traité lui-même n’existe plus ; mais comp. De Anima, c. 7 (aliquid tourmentment ! sive solatii anima præcerpit in carcere seu diversorio inferum, in igni, vel in sinu Abrahæ) ; et c. 58. Tertullien rejette la notion du sommeil de l’âme, qui ne doit pas être confondue avec l’erreur des faux docteurs arabes ; il s’oppose aussi à l’opinion, fondée sur 1 Sam. XXVIII, afin que les esprits puissent être conjurés de la demeure des morts, en faisant appel à Luc xvi. 26 (comp. Orig. Hom. ii. dans 1 Reg. Opp. ii. p. 490-98).
3 Tert.De Anim. 55, De Resurr. 43 : Nemo peregrinatus a corpore statim immoratur penes Dominum, nisi ex martyrii prærogativa, paradiso scilicet, non inferis deversurus. — Sur le sens des différents termes : inferi, sinus Abrahæ, Paradisus, voir Adv. Marc. iv. 34 ; Apol. vers 47 ; Orig. Hom. ii. dans le Règlement 1. c. et Hom. dans Num. 26, 4 ; Münscher, von Colin, i. p. 57, 58, Gieseler, Dogmengcsch. 225. [Tcrtullien donne le plus d’informations sur le monde souterrain. Il la décrit (De Anim. 55) comme un espace immense dans les profondeurs de la terre, divisé en deux parties par un gouffre infranchissable. La partie assignée aux justes, il l’appelle sinus Abrahæ, celle de l’ignis méchant, et quelquefois inférieure. De même, ffippolytus, dans un fragment, Opp. ed. Fabricius, i. 220. Le paradis était un endroit différent de ce monde souterrain ; elle est bien au-dessus de cette terre, séparée d’elle par une ceinture resplendissante : c’est là que le Christ est allé : et là aussi les martyrs s’en vont aussitôt ; Hénoch et Élie y furent aussi transportés. Origène soutenait qu’avant Jésus-Christ, aucune âme, pas même celle des prophètes et des patriarches, n’allait au Paradis, mais que lorsque Jésus descendit dans l’Hadès, il les transféra dans le Paradis inférieur (par opposition au Paradis supérieur), ou le troisième ciel. Les âmes des chrétiens pieux vont aussi dans ce Paradis, qu’Origène identifie avec le sein d’Abraham.
4 Cypr. adv. Demetr. p. 196, et Tract, de Mortalitate, en divers endroits ; il exprime, e. g., son espérance que ceux qui meurent de la peste viendront immédiatement à Christ, p. 158, 164 (où il fait appel à l’exemple d’Hénoch), 166. Rettberg, p. 345.
5 Neander, Gnost. Système, p. 141, par. Les Gnostiques enseignaient que l’âme du Gnostique parfait, étant ressuscitée au baptême et étant rendue capable par la perfection de la connaissance de vaincre le Démiurge, ou principe du mal, monterait, dès qu’elle serait libérée du corps, vers le Plérôme céleste, et y plongerait pour toujours en présence du Père. tandis que l’âme de celui qui n’avait pas été allouée pendant qu’il était sur la terre pour arriver à une telle plénitude de connaissance, passerait par plusieurs transmigrations, jusqu’à ce qu’elle fût suffisamment purifiée pour s’envoler vers le Plérôme f Durton, Bampton Lecture, v. Leet. p. 131.]
6 Les opinions sur le démérite à ce sujet sont exprimées en termes encore plus généraux, Pæd. iii. 9, vers la fin, p. 282 (Sylb. p. 241), et Strom, vii. 6, p. 851 (709 Sylb.) : Φαμϊυ <Γ ήμεΐς άγιάζειν τό πυρ, ου τα κρέα, άλλά τάς άμαρτωλους ψυχάς- πυρ ου τό πάμφαγον καί βάναυσου, άλλα τό φρόνιμον λέγοντες, τό άιϊκνούμευου ôià ψυχής της όιερχομέυης τό πυρ. D’après tout le contexte, il semble qu’il parle de l’efficacité purificatrice d’un feu mystique, même pendant la vie présente, peut-être en allusion à Matth. 11. Luc iii. 16. — D’autre part, Origène, se référant à 1 Cor., III, 12, considère le feu qui consumera le monde au dernier jour, comme en même temps un πυρ καθάρσιου, Contra Cels., v. 15. Personne (pas même Paul ou Pierre lui-même) ne peut échapper à ce feu, mais il ne cause aucune douleur aux purs (selon Is. XLIII. 2). C’est une seconde régénération sacramentum : et de même que le baptême de sang a été comparé au baptême d’eau (voir ci-dessus, § 72, note 10), de même Origène a pensé que ce baptême de feu à la fin du monde serait nécessaire dans le cas de ceux qui ont perdu le baptême de l’Esprit ; dans le cas de tous les autres, ce sera un feu d’épreuve. Comp, dans Exode. Hom. vi. 4 ; dans le Psaume Hom. iii. 1 ; dans Luc. Hom. xiv. (Opp. iii. p. 948) ; XXIV, p. 961 ; à Jérémie. Hom. ii. 3 ; dans Ézéchiel. Hom. i. 13 ; Comp. Redepenning à la p. 235. Guerike, De Schola Alexand. ii. p. 294. Thomasius, p. 250.
En ce qui concerne la fin du monde, les opinions oscillaient entre l’anéantissement et la réforme. La plupart des pères semblent s’en être tenus à ce dernier point de vue, mais Justin (en opposition au principe stoïcien) croyait en un véritable anéantissement ; Apol i. 20 et ii. 7. Comp. Semisch, ii. 475.
ÉTAT DES BIENHEUREUX ET DES CONDAMNÉS. — RESTITUTION DE TOUTES CHOSES.
Cotta, J. F, Historia succineta Dogmatis de Pœnarum Infemalium Duratione, Tüb. 1744. Dietelmaier, J. A., Comment! fanatic! άποκαταστάσεως πάντων Historia antiquior. Altorf 1769, 8.
Divers modes d’énoncé ont été utilisés pour désigner l’état du bienheureux. Le l’idée que les différents degrés de béatitude sont proportionnés aux différents degrés de vertu manifestés dans cette vie, était en harmonie avec les vues de la plupart des des Pères de cette époque au sujet de la doctrine de la liberté morale1; était également en accord avec l’idée d’un progrès ultérieur après la vie présente. Origène, en particulier, a développé cette dernière notion2, et s’est également efforcé d’éviter autant que possible. autant que possible toutes les représentations sensuelles des plaisirs du monde futur, et de les placer dans des jouissances purement spirituelles.3 Notions plus ou moins grossières prévalait en ce qui concerne le châtiment des méchants, que la plupart des pères considéré comme éternel4. D’après la nature même de l’affaire, il est évident que les vues purement spirituelles On ne pouvait raisonnablement s’attendre à ce sujet. Même Origène imaginait que les corps des damnés étaient noir5. Mais comme il regardait le mal plutôt comme la négation du bien que comme quelque chose de positif, il a été amené, par sa tendance idéaliste, à fixer des limites jusqu’à l’enfer, et d’espérer une rémission finale du châtiment des méchants à la restitution de toutes choses, bien que, dans le discours populaire, il ait conservé la l’idée commune du châtiment éternel.6
1 D’après Justin, la béatitude du ciel consiste principalement dans la continuation de la béatitude du règne millénaire, la seule différence étant la jouissance de la vie relations sexuelles avec Dieu, Apol. i. 8. Semisch , t. II, p. 477. Différents noms ont été donnés jusqu’aux états intermédiaires antérieurs à la résurrection (comp., le § précédent, voir la note 6). C’était aussi le cas de la demeure des bienheureux. C’est ainsi qu’Irénée, v. 36, p. 337 (460, Gr.), fait une distinction entre ουρανός, παράδεισος et πόλζς , et s’efforce de prouver l’existence d’habitations différentes de Matth. xiii. 8, et Jean xiv. 2 . Clément d’Alexandrie a également adopté l’idée de différents degrés de béatitude. Strom iv. 6, p. 579, '80 (488$ '89, Sylb.) ; vi. 14, p. 793 (668, Sy lb.) ; et Orig, De Princip. ii. 11 (Opp. i. p. 104).
2 D’après Origène, 1. c. les bienheureux habitent dans les régions aériennes (1 Thess. Iv. 17), et prenez note de ce qui se passe dans l’air. Immédiatement après leur Quittant cette terre, ils vont d’abord au paradis (Eruditionis locus, auditorium vel schola animarum), qui (comme Platon) il s’imaginait être une île heureuse ; au fur et à mesure qu’ils grandissent en connaissances et en piété, ils poursuivent leur voyage du paradis vers les régions supérieures, et ayant ont traversé diverses demeures que les Écritures appellent des cieux, ils arrivent enfin au royaume des cieux proprement dit. Lui aussi fait appel à Jean xiv. 2, et soutient que le progrès est possible même dans le royaume des cieux (l’effort et la perfection). La perfection de la béatitude ne s’ensuit qu’après la jugement général. Même la gloire de Christ ne sera achevée que lorsqu’il célèbre sa victoire, en tant que chef de l’Église, demeurant tout entier dans ces qui sont les siens. Comp, en Lév. Hom. vii. (Opp. ii. 222). Comp. Redepenning , Origène, ii. p. 340, ss. Gieseler, Dogmengesch. 230.
3 Au même endroit, De Prine, ii. 11, Origène décrit avec force termes les attentes sensuelles de ceux-là, qui magis délectation ! suæ quodammodo ac libidini indulgentes, solius, litteræ discipuli arbitrantur repromissiones Futures in voluptate et luxuria corporis expectandas. Lui-même, attachant aussi d’une grande importance pour l’intellectuel, suppose que la jouissance principale de la la vie future consistera en la satisfaction du désir de la connaissance, qui Dieu ne nous aurait pas donné s’il n’avait pas eu l’intention de la satisfaire. Pendant qu’il est sur terre Nous traçons les contours de l’image qui sera achevée dans le ciel. Le Les objets de la connaissance future sont, comme on pourrait naturellement s’y attendre, pour la plupart de caractère théologique ; en tant qu’interprète allégorique, il le penserait d’une grande importance que nous comprenions alors pleinement tous les types de l’Ancien Test. p. 105 : Tunc intelligit etiam de sacerdotibus et Levitis et de diversis saccrdotalibus ordinibus rationem, et cujus forma erat in Moyse, et nihilominus quæ sit veritas apud Deum jubilæorum, et septimanas anno-rum ; sed et festorum dierum et feriarum rationes videbit et omnium sacrificiorum et purificationum intuebitur causas ; quæ sit quoque ratio lepræ pun״ gationis et quæ lepræ diversæ, et quæ purgatio sit eorom* qui, seminis proflu-vium patiuntur, annonce ; et agnoscet quoque, quæ et quantæ qualesque virtutes sint bonæ, quæque nihilominus contrariæ, et qui vel illis affectus sit hominibus, vel istis contentiosa æmulatio. Cependant, la connaissance de la métaphysique, et même de la philosophie naturelle, n’est pas exclue : Intuebitur quoque, quæ sit ratio animarum, quæve diversitas animalium vel eorum, quæ in aquis vivunt, vel avium, vel ferarum, quidvc sit, quod in tarn multas species singula genera deducuntur, qui Creatoris prospectus, vel quis per hæc singula sapien-tiæ ejus tegitur sensus. Sed et agnoscet, qua ratione radicibus quibusdam vel herbis associantur quædam Virtutes, et aliis e contrario herbis vel radicibus depelluntur. Nous allons également avoir une vision claire des destinées de l’homme et des voies de la Providence. Parmi les enseignements de Dieu dans cet état supérieur, il y aura aussi l’instruction sur les étoiles, « pourquoi une étoile est dans telle ou telle position, pourquoi elle se tient à telle et telle à une telle distance d’un autre », etc. Mais le degré le plus élevé et le dernier est le vision intuitive de Dieu lui-même, l’élévation complète de l’esprit au-dessus de la région des sens. Les bienheureux n’ont pas besoin d’autre nourriture. Comp. De Princip. iii. 318321־, et Tom. xx. dans Joh. (Opp. iv. p. 315) : ״Οτε μεν b έωρακώς τύν νϊδν, έώρακε τόν πατέρα· δτε όε ως ό νιδς ορα τδν πατέρα, καϊ τά παρά τώ πατρϊ δψεταί τις, οϊονεϊ δμοίως τώ υίώ αντόπτης έσται τον πατρός καϊ τών τον πατρός, ονκέτι από της είκόνος έννοών τά περϊ τούτον, ον η εϊκών έστι, Καϊ νομίζω γε Τούτο είναι τό τέλος, δταν παραόίόωσι τήν βασιλείαν ό νΐδς τώ θεω καϊ πατρϊ, teal 5τε γίνεται δ θεάς τα Πάντα εν πασιν</B115> , caractère plus
4 Clément de Rome, Ep. 2, c. 8 (comp. c. 9) : Μετά γαρ τά εξελθειν ήμάς Ικ τον κόσμον ουκ ετι όννάμεθα εκεί εξομολογήσασθαι ή μετανοεΐν ετι. Justin Μ. affirme aussi l’éternité des châtiments futurs, en opposition à celle de Platon. doctrine, qu’ils dureraient mille ans, Apol. i. 8, Coh. ad Gr. c. 35. Ainsi Mimic. Fel. c. 35 : Nec tormentis aut modus ullus aut terminus. Aussi Cyprien, ad Demetr. p. 195 : Cremabit addictos ardems semper gehenna, et vivacibus flam mis vorax poena, nec erit, unde habere tor-monta vel requiem possint aliquando Vel Finem. Servabuntur cum corporibus suis animæ infinitis cruciatibus ad Dolorera. P. 196 : Quando istinc excessum fuerit, nullus jam pœnitentiæ locus est, nullus, satisfactionis effectus : hie vita aut amittitur, aut tenetur, hic saluti æternæ cultu Dei et fructu fidei providetur. — L’idée de l’éternité châtiments est différent de celui d’un anéantissement total, qui a été proposé par Arnobius au commencement de la période suivante. Certains sont disposés à trouver le premier traces de cette doctrine dans Justin M., Dial, cum Tryph. c. 5, où il est dit que les âmes des méchants doivent être puni tant que εστ* αν αντάς καί είναι καί κολά-ζεσθαι b θεός θέλη. (Comp., sur ce passage , Semisch, t. II, p. 480, 481.) Comp, aussi Iren. ii. 34 : Quoadusque ea Deus et esse et perseverare voluerit ; et Clément Horn. iii. 3.
5 Conformément à l’analogie de l’Écriture, le feu était communément représenté comme l’instrument par lequel Dieu exécute ses châtiments. Justin M. (en anglais seulement) parle en divers endroits d’un πνρ αΙώνιον, ασβεστον (Apol. ii. 1, 2, 7, Cadran, c. Tr. § 130). Clément d’Alexandrie, Coh. 4״Z (35), l’appelle πνρ σωφρονονν ; Tert. Scorp. 4, et Minuc. Fel. 35 (plus tard aiso Jérôme et d’autres), l’appellent ignis sapiens. Il suffira ici de citer le passage de Minucius : Illic sapiens ignis membra urit et reficit, carpit et nutrit, siçut ignes fulminum corpora tangunt, nec absumunt Sicut ignes Ætnæ et Vesuvii montis et Ardentium ubique terrarum flagrant nec erogantur, ita pœnale illud incen-dium Non damnis ardentium pascitur, sed inexesa corporum lacenatione nutri-tur. Comp aussi Tert, Apol. c. 48, et Cypr, ad. Demetr. 1. c., qui pense que la vue de ces châtiments est une sorte de satisfaction aux bienheureux pour la persécution qu’ils ont dû souffrir sur terre. [Cyprien, Ep. 55 (Baluz. 52, c. 17).—Aliud est ad veniam stare, aliud ad gloriam pervenire, aliud missum in carcerem non exire inde, donee solvat Novissimam Quadran-Tem, aliud statim fidei et virtutis accipere merccdem, aliud pro peccatis longo dolore cruciatum emundari et purgari diu igne (une autre lecture est , purgari diutiné), aliud peccata omnia passione purgasse, aliud denique pendere in diem judicii ad sententiam Domini, aliud statim a Domino coronari. Comp. Neander, Hist. Dogm. (Ryland), p. 253.] — L’enfer était représenté comme un lieu ; ainsi par Justin Apol. i. 19 : Ή δε γεέννά έστί τόπος, ένθα κολάζεσθαι μέλλουσι 01 αδίκως βιώσαντες καϊ μή πιστενοντες ταϋτα γενήσεσθαι, δσα ό θεός δια του Χρίστον Ιδίδαξε, — De même qu’Origène s’imaginait que les jouissances spirituelles constituaient la béatitude future, de même il croyait que la condamnation des méchants consistait en la séparation d’avec Dieu, remords de conscience, etc., De Prine, ii. 10 (Opp. i. p. 102). « L’éternel Le feu n’est pas une substance matérielle, allumée par une autre, mais le combustible matériaux sont nos péchés eux-mêmes, qui remontent devant la conscience : le feu de L’enfer ressemble au feu de la passion dans ce monde. La séparation de l’âme de Dieu peut être comparée à la douleur que nous éprouvons, lorsque tous les membres de le corps sont arrachés de leurs articulations (une dissolution éternelle de notre l’essence !). Par les ténèbres extérieures, Origène n’entend pas tant un lieu dépourvu de lumière qu’un état d’ignorance ; de sorte que cette notion sur les corps noirs semble être un accommodement aux idées populaires. Il convient également de garder à l’esprit que les qu’Origène supposait que le dessein de tous ces châtiments était médicinal ou dans l’attente d’une réforme future.
6 De Prine, i. 6 (Opp. i. p. 70, 71, cité par Münscher von Colin, i. p. 64, 65). Les idées exprimées ici sont liées à celles d’Origène vues générales sur le caractère de Dieu, le dessein des châtiments divins, la liberté et la nature du mal, ainsi qu’avec sa démonologie, et surtout avec sa foi triomphante dans le pouvoir de la rédemption pour vaincre toutes choses (selon Ps. ex. 1, et 1 Cor. xv. 25). En même temps, il a franchement il avoua que sa doctrine pouvait facilement devenir dangereuse pour les inconvertis ; contra Celsum, vi. 26 (Op. I, p. 650). C’est pourquoi il s’exprime au moment même où il Commencement du XIX. Hom. dans Jérémie. (Opp. T. iii. p. 241), d’un éternel condamnation, et même de l’impossibilité d’être converti dans le monde à venir. Néanmoins, dans le même Hom. » (p. 267), qu’il appelle la crainte de l’éternelle châtiment (selon Jérémie, XX, 7) άπατη, bénéfique en effet dans ses effets, et établi par Dieu lui-même (une artifice pour ainsi dire). Car, dit-il, beaucoup de sages, ou ceux qui pensaient eux-mêmes sage, après avoir appréhendé la vérité (théorique) respectant les châtiments divins, et rejeté l’illusion (bénéfique dans un point de vue pratique), se sont livrés à une vie vicieuse ; Et alors Il eût mieux valu pour eux croire à l’éternité de la châtiments de l’enfer. Comp. Redepen. ii. Chapitre 447.
DEUXIÈME PÉRIODE.
DE LA MORT D’ORIGÈNE À JEAN DE DAMAS, DE L’AN 254-730.
A. HISTOIRE GÉNÉRALE DES DOCTRINES DE LA SECONDE PÉRIODE.
§ 79.
De Wette, Doctrine morale chrétienne, vol. II. p. 294, 88. Münscher, Handbook, vol. iii. Chapitre 1. [Jizur, /״. (Z, Die Chrifitliche Kirche vom Aufaug dea vierte bis zum zum Fin du VIe siècle Tübingen, 1859. E. von Lasaulx, Der Untergang des Hellenismua München, 1854. Isaac Taylor, Christianisme ancien, 4e éd2, ״ vols., 1844.]
Pendant l’espace de temps considérable qui s’est étendu à cette période, les polémiques de l’Église se sont développées de manière beaucoup plus importante que la tendance apologétique comme dans la période précédente, ou la tendance systématique comme dans la période suivante. Dans le temps qui s’est écoulé entre les controverses sabelliennes et monothélites, qui coïncide presque avec les limites assignées ici, une série ininterrompue de luttes s’est déroulée au sein de l’Église , sur les points doctrinaux les plus importants. Alors que dans la période précédente, les tendances hérétiques se séparaient naturellement de l’Église, ici, au contraire, la victoire vacille depuis longtemps, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. L’orthodoxie, cependant, finit par l’emporter, en partie par nécessité intérieure, mais non sans l’aide du pouvoir séculier et de la force de l’Église. circonstances extérieures.
Il est tout aussi unilatéral d’attribuer la victoire de l’orthodoxie à la combinaison du pouvoir politique et des intrigues monastiques, que de nier complètement ces facteurs. Autant il y avait de passion humaine et de dogmatisme mêlés à cette lutte, cependant elle ne doit pas être entièrement dérivée de ces sources impures ; Mais il faut aussi reconnaître une loi du progrès interne, déterminant le déploiement graduel et systématique des dogmes.
§ 80.
DÉFINITIONS DOCTRINALES ET CONTROVERSES.
Les trois principaux piliers du système chrétien, la théologie, la christologie et l’anthropologie, étaient les principaux points débattus dans les conciles et définis dans les symboles. Les controverses qui s’annoncent ici Sont considérés comme suit : a. En référence à la Doctrine de la Trinité (Théologie) : les controverses sabellienne et arienne, avec leurs branches, la semi-arienne et la macédonienne, δ . relatives aux deux natures du Christ (christologie) : les controverses apollinaires, nestoriennes, eutychiennes-monophysites et monothélites. c. De l’anthropologie et de l’économie de la rédemption : les controverses pélagiennes, semi-pélagiennes et (en référence à l’Église) dona-tistes. Les huit premiers prirent leur essor en Orient ; les trois derniers sont originaires de l’Ouest, mais l’Orient et l’Occident en ressentent réciproquement les effets ; de sorte qu’il y eut de fréquentes divisions entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident, jusqu’à ce qu’enfin la controverse au sujet de la procession du Saint-Esprit amena un schisme durable.
La controverse sur le culte des images, qui s’est poursuivie en Orient, et en partie aussi en Occident (dont seul le commencement tombe dans cette période), appartient, en premier lieu, à l’histoire du culte ; mais elle a aussi eu une influence, surtout en Occident, sur les définitions doctrinales de la nature de Dieu. la personne du Christ et la signification des sacrements. Mais le développement ultérieur de la doctrine des sacrements et de l’eschatologie était réservé pour la période suivante. Sur l’histoire extérieure de ces controverses, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique.
§ 81.
LE CARACTÈRE DOGMATIQUE DE CETTE PÉRIODE. — LE SORT DE L’ORIGÉNISME.
En proportion du développement de l’orthodoxie ecclésiastique dans une forme fixe et systématique, il y avait la liberté individuelle en ce qui concerne la formation des doctrines et le danger accru de devenir hérétique. La tendance plus libérale des anciens théologiens, comme Origène, ne pouvait plus être tolérée et fut finalement condamnée. Mais, malgré cette condamnation extérieure, l’esprit d’Origène continua d’animer les principaux théologiens de l’Orient, quoiqu’il fût maintenu dans des limites plus étroites. Les œuvres de ce grand maître ont également été connues en Occident par Jérôme et Kufin, et ont exercé une influence même sur ses adversaires.
Les principaux disciples d’Origène furent Denys, évêque d’Alexandrie, Pamphile de Césarée, Grégoire Thaumaturg, évêque de Néocésarée, et d’autres. Parmi ses adversaires , Méthode (évêque de Lycie, puis de Tyr, mort dans la persécution de Dioclétien, en 311 apr. J.-C.) occupait la position la plus remarquable, bien qu’il ait également adopté de nombreuses vues d’Origène, par exemple en 311. g., dans sa Symposion ; voir Neander’s Church Hist, i. 721 (Torrey). Sur les controverses ultérieures relatives aux doctrines d’Origène sous l’empereur Justinien Ier, et leur condamnation provoquée (514 apr. J.-C.) par Mennas, évêque de Constantinople, voir les W’orks sur l’histoire ecclésiastique. Ranters, u. s. (§ 76), dans sa première partie, ou introduction historique.
§ 82.
ENSEIGNANTS DE L’ÉGLISE À CETTE ÉPOQUE.
Parmi les théologiens de l’Orient qui ont exercé la plus grande influence sur le développement du système des doctrines, ou qui ont composé des ouvrages sur ce sujet, on peut citer les suivants : Eusèbe de Césarée1, Eusèbe de Nicomédie2, mais principalement Athanase3, Basile le Grand4, Grégoire de Nysse5, et Grégoire de Naziamzum.6 (les trois derniers de Cappadoce) ; à côté d’eux , Chrysostome7, Cyrille de Jérusalem8, Épiphane9, Éphräm le Syrien10, Némésius11, Cyrille d’Alexandrie12 Théodore de Mopsueste13, Théodoret, évêque de Cyrus14; en Occident : Arnobius15, Lactance16, Hilaire de Poitiers17, Jérôme18, Ambroise19, et surtout Augustin20. Ceux-ci furent suivis par d’autres plus ou moins importants : Jean Cassien21 Vincens de Lérins22, Salvien23 Léon Ier, surnommé le Grand24, Prosper d’Aquitanie25, Gennadius26, Fulgentius de Ruspe27, Boëthius28 Grégoire le Grand29 et Isidore de Séville30. Ce dernier est important, car il a rassemblé le matériel dogmatique déjà existant, et a donc été le précurseur de Jean Damascène (en Orient).
1 Eusèbe (Pamphili), évêque de Césarée (auteur de l’histoire ecclésiastique), naquit vers l’an 261 et mourut en 340. Parmi ses ouvrages dogmatiques, on peut citer (outre le prologue de son histoire ecclésiastique) : Ευαγγελικής άποδείξεως παρασκευή (Præparatio Evangelica), Ed. i. ôf Steph. 1544, ss. Cum not F. Vigeri, 1628. Col. 1688, fol.—Εύαγγε-λική άπόδειξις (Démontrer Evangelica), Ed. de Steph. 1545. Jouir pas riche. Montacutii, 1628. Lèvres. 1688, fol .—Κατά Ναρκελλου, ii.—Περί τής Εκκλησιαστικής Θεολογίας, των πρδς Μάρκελλον. — Epistola de Fide Nicæna ad Cæsareenses. Certains traités d’exégèse appartiennent également à hçre. [Eccles. Hist, édité par E. Burton, 4 vol., avec notes, Oxford, 1841 et 1845 ; Annota-tiones ad Eus. Éd. hist. Burton, 2, Oxon. 1841. Præp. Evang. éd. E. Burton, 4 Oxon. 1841 ; ceci et le Demonstr. Evangelica, et Contra Hieroclem et Marcellum, éd. T. Gaisford, Oxon. ; sur la Théophanie, version syriaque, par S. Dee, Lond. 1842, et traduction, par le même, Cambr. 1843. Traités d’Eusèbe dans Moi'8 Patrum Nov. Bibliotheca, Tom. 3, 1853.— Le premier fasciculus d’une nouvelle édition critique de l’Eccles. Hist d’Eusèbe, par Hugo Læmmer, Berl. 1859.]
2 Eusèbe de Nicomédie, d’abord évêque de Béryte, puis de Constantinople, mourut en 340. Il était le chef du parti eusébien dans la controverse arienne. Ses opinions sont données dans les ouvrages d’Athanase, de Sozomène, de Théodoret (comp., en particulier de son Epistola ad Paulianum Tyri Epis-copum, dans Théod. i. 6), et de Philostorgius. Comp. Tissu, Bibl. Gr. vol. vi. p. 109, 88.* [Comp. Semisch, dans la Realencyclop de Herzog.]
3 Athanase, appelé le père de l’orthodoxie, naquit à Alexandrie vers l’an 296, fut évêque de cette ville à partir de l’an 326, et mourut en 373 ; il exerça une influence importante dans la formation du Credo de Nicée, et prit une part importante dans la controverse arienne. Parmi ses nombreux ouvrages dogmatiques, les plus importants sont : Λόγος κατά 'Ελλήνων (traité apologétique) ; Λόγος περί τής Ενανθρωπήσεως του Θεού λόγου καί τής ôià σώματος πρός ημάς επιφάνειας αυτού,—*ΈΜεσις πίστεως (Expositio Fidei Nicænæ).—Προς τους Επισκόπους Αίγυπτου καί Αιβύης, Επιστολή εγκυκλι-κός κατά 'Αριανών.—Oratt. V. contra Arianos.—Homélies, Lettres, etc. Les principales éditions sont : celle des moines bénédictins (de Montfaucon), 1689-98, ii. F. éd. N. A. Giustiniani, Patav. et Lips. 1777, iv. f. Lettres festives , par Cureton, du syriaque ; en allemand, par Larsow, Getting. 1852. Comp. Tillemont, T. viii. Rossler, Bibliothek der Kirchenvater, vol. v. Monographies : \Mohler, Athanasius der Grosse und die Kirche seiner Zeit, Mayence. 827, ii. 8 . Bôhringer, die Kirche Christi, i. 2, p. 1, ss. [Sur Athanase, Comp. Bp. Kaye dans son Conseil de Nice, 1853. Ses traités contre les ariens, traduits par John Henry Neioman, avec des notes, dans l’Oxford Library of the Fathers, vol. 8 et 19, et ses Historical Tracts dans la même bibliothèque, vol. 13. Ses Quatre Oraisons contre les Ariens, déjà traduites par S. Parker, 2 vol. Oxford, 1713. Son Opera Dogmatica Selecta, éd. par ״Thilo, dans sa Bibl. Patr. Græc. Dogmatica, t. I, Leipz. 1853.]
4 Basile de Néocésarée, surnamcd le Grand, naquit en 316 et mourut en 379 ; il est important dans les controverses ariennes et macédoniennes. Ses principaux écrits sont : 'Ανατρεπτικός τού απολογητικού τού όυσσεβούς Έύνομίου (libri. ν. contra Eunomium), Περί τού άγιου πιεύματος, de nombreuses Lettres et Homélies (in Hexaëmeron 11 : in Ps. xvii : Divers ! Argument! 31 ; Sermones 25). Des éditions de ses œuvres ont été publiées par Fronto Du· cceus et Morellius, Par. 1618, 38, ii. (iii.) f. ; par les moines bénédictins en l’an 1688, iii. fol. et par Garnier, Paris, 1721-30 , iii. f. ; par ♦De Sinner, Paris, 1839, iii. Monographies : Feisser, De vita Basilii, Gron. 1828 . Klose, C, R, W',, Basilius der Gr. nach seinem Leben und seiner Lehre, Stralsund, 1835, 8 : ibid. Animadvera. dans S. Bos. Opéra. ♦ 1843 . A, Jahn , Basilius M. platonizans, Berne. 1838, 4. Bohringer, i. 2, p. 152rss. [Basile, Opera Dogmat. ed. Thilo in Bibl. Patr. Græc. Dogrn. vol. 2, 1854. Sélection de passages de Basil, Lond. 1810. Œuvres complètes, éd. Paris. Sur Basile, comp. Christian Review, New York, 1853 ; et sur sa vie et ses lettres, la North American Review, 1860, par le Dr Proudfit.]
♦ Les homélies d’Eusèbe d’Emisa (mort apr. J.-C. 360), ne sont que d’une importance secondaire par rapport à la doctrine du descensus ad inferos. Opusc. Ed. Augusti, Elberf. 1829 . Thilo, über die Schriften des Euseb. von Alex, und des Euseb. von Emisa, Halle, 1832.
5 Grégoire de Nysse, frère de Basile, originaire de Cappadoce, mourut vers l’an 394. Son œuvre principale est : λόγος κατηχητικός ό μεγας. — Πο a aussi composé des traités dogmatiques et exégétiques sur la création du monde et de l’homme, a écrit contre Eunomius et Apollinaria, et a été l’auteur de plusieurs homélies, traités ascétiques, etc. Bien qu’il s’en tint strictement au Credo de Nicence, il se distingua par la douceur de son tempérament ; « la profondeur de ses connaissances scientifiques, aussi bien que ses liens particuliers, lui assignent la première place parmi les disciples d’Origène ? » (Hase.) Ses œuvres ont été éditées par Morellius, Par. 1615, ii. f. Append, par Gretser , Par. 1618 . De l’édition bénédictine (Paris, 1780), seul le premier volume parut. Des traités récemment découverts contre les Ariens et les Macédo-niens ont été publiés dans A. Mali Svriptt. Vet. Coll. Rom. 834, T. viii. Monographies : Bupp, Jul., Gregors, des Bischofs von Nyssa, Leben und Mcinungen, Leipz. 1834 . Bbhringer, i. 2, p. 275 et art. Heyns, De Greg. Nyss. Lugd. Chauve-souris. 1835. [A׳. G. Moller, Greg. Nyss. Doctrina de hominis natura, cum Origen, comparât. Halle, 1854. J. N. Stigler, Die Psychol, des Greg, v. N. Regensb. 1857. Grégoire sur le célibat et huit discours, grec et allemand, dans Oehler’s Bibl. d Kirch en vàter, 1859.]
6 Grégoire de Nazianze, surnommé le théologien, naquit vers l’an 300 à Arianze, près de Nazianze, fut ensuite évêque de Constantinople, et mourut en 390. Ses principaux ouvrages sont : In Julianum Apostatam Invectiva duo (publié séparément par Montague, 1610, 4).—λόγοι Θεολο-γικοί.—Il a également composé de nombreux discours, lettres, poèmes et traités plus courts. Ses ouvrages ont été publiés par Morellius, Paris, 1630, ii. f. (Lips. 1690). De l’édition bénédictine, seul le premier volume parut, [vol. II. 1840.] Monographies : * Ullmann, Gregor von Nazianz, der Theologe. Darmst. 1825. Boringer, i. 2, p. 357, ss. [Ullmann’s Life of Greg. Naz. transi, en partie par G. V. Cox, Lond. 1851. Ses travaux dogmatiques dans la Bibl. de Thilo (u. 8.). Hergenrôther, Greg. Lehre von d. Dreieinigkeit, Regensb. 1850. Comp. Journal of Sacred Lit. 1852 ; Ouest. Revue, vol. 56.] 1 מ י ם
7 Chrysostome naquit à Antioche en Syrie vers l’an 344, occupa le siège épiscopal de Constantinople et mourut en 407. Ses écrits pratiques, exégétiques et homilétiques ont plus de valeur que ses ouvrages strictement dogmatiques ; En même temps, il est important dans l’histoire des doctrines à cause de cette tendance très pratique ; Par exemple, ses vues sur la liberté de la volonté contrastent fortement avec celles d’Augustin. En plus de ses nombreuses homélies et sermons, il a écrit : ΙϊερΙ Ιεροσύνης, lib. vi. (édité par Bengel, Stuttg. 1825 , par Leo, Lips. 1834), De Providentia, lib. iii. — Éditions de ses œuvres complètes publiées par Savile, Eton. 1612 . Fronto Du-Cœus, § 1609-36. * Berne, de Montfaucon, Paris, 1718—31, xiii. fol. Venet. 1755, xiii. f. ib. 1780, xiv. f. — Monographies : *Neander, der heil. Chrysostoinus und die Kirche des Orients in dessen Zeitalter. Berlin, 1821, 22, ii. 8 vol., 2e éd. 1833. Bohringer, i. 4, p. 1, ss. [édition parisienne de Chrysostome, éd. Gaume, xiii. Tom. Monographie de Neandcr, vol. i. transi, par J. C. Stapleton, Lond. 1845. Vie de C., par Neander, Bohringer, etc., Bost. 1854. Perthes, Leben. Chrysoste. 1854. Homiliæ in St. Matth., Gr. cum varüs Lection., éd. F. Field, 4 Cantab. 1829 sq. ; Homélies Ep. ad Corinth, cura F. Field, Oxon. 1845-9, 4 vol. ; dans Ep. ad Gal., ad Ephes. Phil. Col., etc., éd. F. Field, 1850-5. Ses Homélies, transi, dans Oxford Libr. des Pères, vol. 4, 5, 6, 7, 9, 11, 12, 14, 15, 27, 28, 33, 34. Abbé J. B. Bergier, Histoire de saint Jean Chrys, sa vie, ses œuvres, son siècle, Paris, 1856. Vie de C. par « Λ 2). Butler, Bibl. Sacra, vol. i. Comp. Eadie dans Kitto’s Journal, vol. i. ; S. Osyood dans l’Amérique septentrionale, vol. Ixii ; C. P. Krauth dans Evang. Rev. vol. i. ; Sermons de C. en Christ. Rev. vol. xii ; Vie et écrits, Eclectic Rev. (Lond.) 1850. — Extraits choisis de C. par H. S. Boyd, Lond. 1810. Son ouvrage sur le sacerdoce, transi, par H. Hollier, Lond. 1728 ; par J, Dunce, Lond. 1759 ; par H. M. Mason, Phi lad. 1826.]
8 Cyrille de Jérusalem, d’abord eusébien, passa au parti de Nicée ; il avait déjà combattu le strict arien Acacius ; il mourut en 386. Il s’est distingué par sa catéchèse (347), dans laquelle il a proposé les doctrines de l’Église dans un style populaire. Ses cinq discours mystagogiques sont de la plus haute importance au point de vue dogmatique. Ses œuvres ont été éditées par Mills, Oxon. 1703, f. et par *Ant. Aug Touttée, (après sa mort par Prud Maran), Par. 1720, f. Ven, 1763, f. Comp , von Colin, dans Ersch u. Grubers Encyklopadie, vol. xxii. p. 148, ss. [Opera i, éd. Reischl, 1848, 4, ii éd. Jos. Rupp, Monachii, 1860. Van Vellenhoven, Spccim. théol. de Cyril, Hiéros. Catéchèse, Amst. 1837. Les Conférences de Cyrille, transi, dans Oxford Lib. of Fathers, 1838, vol. 3. Extraits de treize ouvrages de Mai’s Nova Bibliotheca, vol. 2, 1853. De Cyril. Hiérosol. Orationibus , J. T. Plitt, Heidels. 1855. Comm, dans Evang. Lucae e mss. apud Mus. Britann. éd. Rob. Payne Smith, 1858, transi. 2 8 vol. 1859.]
9 Épiphane de Bésanduc, près d’Eleutheropolis en Palestine, évêque de Constantia dans l’île de Chypre, mort à l’âge de près de cent ans, en 404. Son ouvrage contre les hérétiques : Αίρεσέων LXXX , &ηκληθεν πανώριος εϊ,τ' ουν κιβώτιος (Adv. Hær.) est l’une des sources secondaires de l’histoire des doctrines. La théologie d’Épiphane consistait en une adhésion rigide au système orthodoxe plutôt qu’en un développement de la pensée originale. Il est représenté dans le traité : ΙΙεριοχή λόγου του Έπιφ. του άγκυρωτού καλούμενου, avec lequel on peut comparer son Αόγος είς τήν Κυρίου άνάστασιν, είς τήν ανάληφιν τού Κυρίου λόγος, etc. Il existe une édition de ses œuvres par Petavius, Par. 1622, fol. ib. 1630, f. Edit. auct. Côlon. (Lèvres.) 1682, ii. fol. [Deux nouvelles éditions d’Épiphane sont en cours, par Oehler et Dindorf. Epiphanii librorum adversus Hærcses prooem. Cum præf. G. Dindorfii ; Opéra d’Epiphanii, éd. G. Dindorf, t. I et V, 1855 ; le 5e volume contient les Pctavii Animadversiones. Eberhard, Betheiligung Epiph. am Streit Uber Origenes. Trèves. 1859.]
10 Ephräm, Propheta Syrorum, de Nisibe en Mésopotamie, abbé et doyen d’un monastère à Édesse, mourut vers l’an 378. Il acquit une grande réputation par ses travaux d’exégèse, et rendit un service remarquable à la Syrie par l’introduction de la science grecque et de la terminologie dogmatique. Éd. d’op. * J. S. Assemani, Rom. 1732, 46, vi. fol. Comp. C. A. Lengerke, de Ephræmo Sc. S. interprété, Hal. 1828, 4. [H. Burgess, Transi, des Hymnes et Homélies d’Ephraram, 2 vol. Lond. 1853, et de son Repentance de Ninive, 1854. J. Alsleben, Das Leben des Eph. Syr. Berl. 1853. Comp. Kitto’s Journal, 1853 et 1854 ; Cardinal Wiseman, Essays, vol. iii (de la Dublin Review) ; Revue de l’Église, 1852 ; Rod iger dans l’Encyclopédie d’Herzog et dans l’Encyclopédie de l’Arrêt ; Aschbach's Allg. Kirchen-Lexicon ; Zeitschrift d. deutscher morgenland. Gesellschaft, Bd. ix. Alsleben prépare une nouvelle édition des œuvres d’Ephram.]
11 Némésius, évêque d’Emisa en Phénicie ( ?) vécut vers l’an 400. Traité d’Ilis : Περί φύσεως άνθρωπον était autrefois attribué à Grégoire de Nysse. Oxon. 1671, 8. Comp. Schrbckh, Kirchengeschichte, t. VII, p. 157.
12 Cyrille d’Alexandrie, mort en 444, est bien connu par ses violentes poursuites contre Nestorius et par sa tendance monophysite. Outre les homélies et les ouvrages exégétiques, il a écrit Anathematismata contre Nestorius, des traités sur la Trinité et l’Incarnation du Christ, Περί της εν πνενματι κ,αΐ άληθείφ προηκυνήσεως καί λατρείας, xvii. livres — Κατά άνθρωπομορφιτών — et un ouvrage pour la défense du christianisme contre l’empereur Julien en 10 livres . Rossler, vol. VIII, p. 43-152. Des éditions de ses œuvres ont été publiées par *<7. Aubert u 8, Lut. 1638, vii. fol. et A, Maii , Collectio T. viii.
13 Théodore de Mopsueste naquit vers l’an 350 et mourut en 429. De ses écrits, nous n’avons guère plus que des fragments. Theodori quæ supersunt omnia, éd. A. F. Wegnem, Berol. 1834, ss. Comp. Assemaid Bibl. Orient. T. iii. païs. t. i. p. 30. Théod. Ep. in Nov. Test. Comment, éd. O. F. Fritzsche, Turin, 1847 ; De Incarn. Lib. xv. frag., ibid. Comp. R. E. Klener , Symbolic, liter, ad Theod. etc., Gott. 1836 , et Fritzsche, O. F., de Theodori Mopsvhesteni Vita et Scriptis. Commentaire. Hist. Ual. 1836, p. 8. Une esquisse de sa théologie (libérale) est donnée par Neander, Church History (Torrey), ii. p. 352, 422, 653. [Dans le Spicileg. Solesmense de Pitra, i, 1853, des fragments d’un commentaire sur Paul sont attribués à Hilaire (cf. Christ. Rembrancer), que Jacobi justifie pour Théod. Vadrouilles. Dans la Deutsche Zeitschrift, 1854. Théod. Vadrouilles. Doctrina de Imagine Dei, par Dorner, 1844.
14 Théodoret naquit à Antioche et mourut vers l’an 457. Ses écrits dogmatico-polémiques sont importants dans les controverses nestoriennes et monophysites. Théodorct et Théodore sont les représentants de la tendance libérale de l’école d’Antioche d’Antioche. L’ouvrage suivant est parmi les sources de l’histoire des doctrines : λϊρετίκης κακομυθίας Ιπιτομή, Lib. v. (Fabulæ Hæreticæ). Il a également composé plusieurs écrits exégétiques. Il existe des éditions de ses œuvres par J. Sirmond, Lutet 1642, iv. fol. Auctuarium cura J. Garner’d, ib. 1684. f. — et J. L. Schulze et AosseZf, Hal. 1769-74 , v. vol. 8 vol. [Théod. Comm, in omnes beat ! Pauli Epistolas, dans Bibl. Patrum. Oxf. 1852. Théod. Græcarum Affeetionum Curatio, éd. J. Gaisford, Oxf. 1839. Théod. Eccl. Hist, libri v. éd. J. Gais-ford, Oxf. 1854. ; traduit dans l’édition d’Eusèbe, etc. 6 vol. Lond. 1847.]
15 Arnobius (considéré en partie dans la période précédente), né à Sicca Ve-neria en Numidie, maître de Lactance, vécut vers la fin du IIIe siècle et au commencement du IVe siècle. Il a écrit un ouvrage sous le titre : Adv. Gentes libr. vii. qui a été édité par J. C. Orelli, Lips. 1816, Add. 1817.—Ses écrits contiennent beaucoup d’assertions hétérodoxes, comme celles de ses disciples ; Hildebrand, Hal. 1844 ; Oehler, Lèvres. Année 1846.
16 Lucius Cœlius Firmianus Lactantius (Cicéron Christianus), naquit en Italie, devint rhéteur à Nicomédie, fut précepteur de Crispus (fils aîné de l’empereur Constantin) et mourut vers l’an 330. Il a écrit : Divinarum Institutt. Libri. Vii.; De Ira Dei ; De Opificio Dei vel de forma-tione hominis. — Des éditions de ses œuvres ont été publiées par Bünemann, Lips. 1739, par Le*Brun et Dufresnoi, Par. 1748, ii. 4 , et O. F. Fritzsche, Lips. 1842-44. Comp. Ammon F G. Ph. Lactantii Opiniones de Religione in Sy sterna redactæ, Diss. ii. Erl. 1820 . Spyker, de pretio institutionibus Lac-tantii tribuendo, Lugd. 1826. Sur la position d’Arnobius et de Lactance dans le développement de l’église, voir Meier, Trinitatslehre, i. 91, Note : « Sortant du temps, des fleurs apparaissant à l’automne, des imitations défigurées d’une époque depuis longtemps passée. » ׳
17 Hilaire, (Hilarius), évêque de Pictavium (Poitiers) en Gaule, mort en 368. Outre des commentaires sur les Psaumes et sur Matthieu, et plusieurs traités mineurs, il a écrit : De Trinitate libr. xii. Des éditions de ces ouvrages ont été publiées par les moines bénédictins, Par. 1693, f., par Maffei, Ver. 1730, ii. £, et par Oberthür, Würzb, 1785-88, iv. 8 . A. Maii, Scriptt. Vet. Coll. T. vi. [Hilar. Pictav. Opéra, 2 imp. in-8°, Paris, 1844. Fragments qui lui sont attribués dans Spicileg. Solesme. i. 1853 ; voir ci-dessus, note 13 ; et coii^p. Zeitschrift f. d. luth. Théol. 1855, 8. 551, sq.]
18 Sophronius Eusebius Hieronymus (Jérôme) naquit vers l’an 331 à Stridon en Dalmatie, et mourut moine dans un monastère de Bethléem en 420. Dans ses premières années, il était un disciple d’Origène, mais devint son adversaire, avec un zèle aveugle pour l’orthodoxie ; Il possédait de grands talents et était un homme d’une profonde érudition. (« Il fit connaître à l’Occident l’érudition ecclésiastique grecque et l’érudition hébraïque » Hase ?) Il rendit plus de services à la critique biblique et à l’exégèse (par la version de la Vulgate), ainsi qu’à l’histoire littéraire (par son ouvrage De Viris Illustribus), qu’à la théologie dogmatique. Quant à ce dernier, il l’a plutôt conservé comme une relique antique, sauvée du déluge origéniste, qu’il n’a exercé aucune influence vivante et originale sur le sain développement des doctrines. Ses écrits controversés sont en partie dirigés contre ceux qui s’opposaient au monachisme, au culte des reliques, au célibat, à la mariolâtrie (dont il était un grand ami), etc., et en partie respectent les controverses pélagiennes et origénistes. Voici les principales éditions de ses ouvrages : Opp. cura Erasmi, Bas. 1516, ix. f. ; celle des moines bénédictins (par Martianay et Pouget), Par. 1693-1706, v. f. ; et celle de Vallarsius, Veron. 1734-42, xi. f. Éd. 2. Venet. 1766-72, iv. (Luther le jugea défavorablement.) Comp. Fricke, Kirchen-gesch, 104. \Collembet, Gesch. des Hiéron. nach d. Franz. 1847 . Osgood dans Bib. Sacra, v.]
19 Ambroise naquit en 340, fut archevêque de Milan à partir de l’an 374, et mourut en 398. Il était le principal pilier de l’orthodoxie nicéenne en Occident et exerçait une influence pratique considérable sur Augustin. Ses écrits doctrinaux sont : Hexaëmeron, lib. Vi.; De Officiis, iii. ; De Incarna-tionis dominicæ Sacramento ; De Fide, libri v. ; de Spiritu, lib. Iii.; et plusieurs autres. Il a également composé quelques œuvres exégétiques, bien que certaines, sous son nom, soient fausses (Ambrosiaster). Les principales éditions de ses œuvres sont celle d’Anierbach, Bas. 1492 ; et l’édition bénédictine, cura W. Nuriti el Jac. Frischii, § 686-90, ii. f. Comp. Bohringer, i. 3, p. 1, ss. [Herzog’s Realencycl. par Bôhringer. Ambrosian MSS. dans Quarterly Review, vol. 16. Rév. Amérique du Nord, 1855. Son De Officiis Ministr. éd. par Krabin-ger, d’après le nouveau mss. Tüb. 1857.]
20 Aurèle Augustin naquit à Tagaste en Numidie, en 354, mourut évêque d’Hippo Regius, en 430 ; sur sa vie mouvementée et profondément intéressante, comparez son autobiographie, intitulée Confcssiones, libri. xiii. (dont une édition manuelle a été publiée à Berlin en 1823, avec une préface de Néandre), et Possidius (Possidonius) ; sur ses écrits, comparez ses propres Retractationes. Une grande partie de ses œuvres consiste en des écrits polémiques contre les Afanichees, les Pélagiens et les Donatistes. Tous ses ouvrages, et leurs différentes éditions, sont énumérés dans l’ouvrage de Schonemann, T. ii. p. 8, ss. A. Œuvres philosophiques : Contra Acadcmicos—De Vita Beata—De Ordine ii,—Soliloquia ii.— De Immortalitate Animæ, etc. B. Ecrits polémiques : a) agaijist les Afanichees : De Moribus Ecclesiæ Cat hoi. et Manichæorum, ii. — De Libero Arbitrio, iii. — De Genesi contra Manicb. — De Genesi ad Litteram, xii. — De Vera Religione. — De Utilitatc crcdcndi. — De Fide et Symbolo, et al. b) contre les Pélagiens et les Semipélagiens : (ils sont contenus pour la plupart dans le vol.^. de l’édition bénédictine), De Gestis Pelagii—De Pec-catorum Meritis et Remissione—De Natura et Gratia—De Perfectione Justi-tiæ Hominis—De Gratia Christi et de Pcccato Original !—Contra duas Epis-tolas Pelagianorum—Contra Julian, lib. vi.—De Gratia et Libero Arbitrio— De Correptione et Gratia—De Prædestinatione Sanctorum—De Dono Per-severantiæ—Contra secundam Julien! Responsionem, opus imperfectum. c) contre les donatistes : (dans le tome ix.) contra Parménien, iii. — De Baptis-mo vii. — Contra Litteras Petiliani iii. — Ep.ad Catholicos (de unitate ecclesiæ), et al. C. Ouvrages dogmatiques : De Civitate Dei ad Marcellin, libr. xxii. (*Une édition manuelle a été publiée par Tauchnitz. Lèvres. 1825, ii. 8)—De doctrina Christiana lib. iv. — Enchiridion ad Laurentium, 8. de fide, spe et caritate—De fide—De Trin. xv. D. Travaux pratiques (De Catechizandis rudibus). E. Écrits exégétiques, lettres, sermons, etc. Des éditions de ses œuvres ont été publiées par Erasmus, Bas. 1529. x. 1543, 56, 69 en xi. ; par les moines bénédictins, Paris, 1679-1701, xi. (en 8 vol.) Anvers 17001703, xi. f. Annexe. ; par Clericus, ib. 1703 f. — J. B. Albrizzi, Nqt\. 1729-35. XII. f. 1756-69. xviii. 4. Opp. Omnia, supplem. Ed. Hier Vignier. 1654, 55, ii. f. — * Wiggers, pragmatische Darstellung des Augustinismus und Pela-gianismus, Berl. 1821. Hamb. 1833, ii. 8. *Bindeniann der h. Augustin, 2 Bde. Berl. 1844-54. Poujoulat, Hist, en allemand par Hurter, 1847. Boh-ringer, i. 3, p. 99, 8s.
[Dans l’Oxford Library of Fathers, vol. i, Augustine’s Conf , édité par T. B. Pusey, qui a également édité l’original, 1842 ; ses Sermons, vol. 16 et 20 ; ses Traités, 22 ; Psaumes, en 4 vol. ; et Jean, 3 vol. Kloth, der Kirchenlehrer, Augustinus, Aix-la-Chapelle, 1854. La vie et l’époque d’A. par Philip Schaff, 1854. Life, etc., Londres, 1853 (Bagster). Wiggers, August et Pelag. transi, (vol. I) par R. Emerson, Andover. Trench, Essai sur le mois d’août. en tant qu’interprète, etc. Articles sur Augustine, Princeton Rep. 1854 ; Am. Bibl. Repos, vol. 3 et 5, et 7 de la 2e série ; Christ. Rév. 5 et 15 ; Brit Quart. 6 ; North British, 1855 (par Fraser, repr. dans ses Phil. Essays) ; Journal de Sacr. Allumé en 1858 ; Zeller dans Theol. Jahrb. 1854. — J. B. Mozley, L’Auguste. Doctrine de la prédestination, Lond. .1855; Comp. Christ. Souvenir. 1856 . Th. Gangauf, Die metaph. Theol. des heil. Août. 1851-3 . J. Nirschl, Wesen des Bôsens nach Aug. Regensb. 1854 . Roulet, De l’idée du Péché dans St Auguste. Montauban, 1856. John Baillie, St. Aug. a Biog. Memoir, Lond. 1859. Confessions d’août, avec introduction, par le professeur Shedd, Andover, 1860. Nouvelle éd. d’août publiée à Paris, 1836-40, 11 vol., 1849 en 16 vol., et à Venise, vol. VIII. 1854. Deux cents nouveaux sermons, dans Mai, Patrum Nov. Biblioth., vol. I. Aug. De Civit. Dei, éd. Strange, col. 1850, 1 ; transi, par E. H. Lond. 1620; par Mannell, Lond. 1577 ; une nouvelle version française, par Saisset, 4, in-12. Paris, 1855.—Kling, dans Herzog’s Realencyc.]
21 Jean Cassian , élève de Chrysostome, était probablement originaire d’Occident, fonda le semipélagianisme et mourut vers l’an 440. De Institut Cœnob. Lib. xii. — Collationes Patrum xxiv. — De Incarnatione Christi, adv. Nestorium, libr. vii. Les principales éditions de ses ouvrages sont : Ed. princ. Bas. 1485. Lugd. 1516. 8. Lèvres. 1733. Comp. Wiggers, vol. II. et sa Diss, de Joanne Cassiano, Rost. 1824, 5. L. F. Meier, Jean Cassian, Strasb. Année 1840.
22Vincens de Lérins (Lirin), moine et prêtre du monastère de l’île de Lérine, près de la côte de la Gaule Narbonique, mourut vers l’an 450. Commonitoria duo pro Catholicæ Fidei Antiquitate et Universitate adv. profanas omnium Hæreticorum Novitates. Il existe une édition de cet ouvrage par Jo. Costerius, et Fdm. Campianus, col. 1600. 12. Denuo Edid. Herzog, Vratislav. 1839. Commonitor. adv. Hæres. juxta editt optim. recog-nitum, Notisque brev. illustr. a clerico diocesîs Augustanæ, Aug. Vind. 1844 ; Comp. Wiggers, ii. p. 208 sq. et Gengler, Ueber die Regel des Vincenz, dans la baignoire. Quartalschrift, 1853. Der Katholik, 1837. \Hefele in Theol. Quartalschrift, 1854. Son Commonitory, transi, par Reeves, 1716, et à Oxford, 1841.]
23 Salvien, originaire de la Gaule, a écrit : Adv. Avaritiam lib. iv. ; et un ouvrage sur la doctrine de la providence qui est important dans la théologie dogmatique : De Gubernatione Dei (de providentia), Editions ; Bas. 1530. *Venet (Baluz.) 1728. 8 (avec Vine. Lerin. 1684, p. 8.) [Éd. d’Oxford, 12 mo. 1633.]
24 Léon le Grand, évêque de Rome, mort en 461. Il est important dans la controverse monophysite, par l’influence qu’il exerça sur les décisions du concile de Chalcédoine. Il a écrit Sermons and Letters, Ed. 1. Le Rom. 1479 ; Rom. 1753-55, cura P. Th. Cacciari. Comp. Griesbach, J. J., Loci Theologici collect ! ex Leone Magno. (Opusc. T. i. ab init) * Perthel, Pabst Leo’s I. Leben und Lehren. i. Iéna, 1843, 8. Bohringer, i. 4 , p. 170, 8s. Arendt, Leo d. Grosse, Mayence, 1835. [Édition de Migne, 3 vol. 1845. Saint Chéron, Vie de Léo. Comp. Greenwood’s Cathedra Petri, i. 1856.]
25 Prosper d’Aquitaine s’opposa aux Pélagiens dans plusieurs écrits ; Carmen de ingratis, et d’autres. Opp. par Jean Le Brun de Maret et Mangeant , Par. 1711, fol. Wiggers, ii. p. 136, par.
26 Gennadius , prêtre à Massilia, mort vers l’an 493 : De ecclesiasticis Dogmatibus, édité par Elmenhorst, Hamb. 1714, 4 ; on le trouve aussi parmi les ouvrages d’Augustin (T. viii).
27 Fulgentius naquit en 468, à Telepte, en Afrique, et mourut en 533, évêque de Ruspe. Contra Objectiones Arianorum—De Remissione Pecca-torum—Ad Donatum, de Fide orthod. et de diversis Erroribus Ha^reticorum. Il existe une édition de ses œuvres par *7. Sirmond, Par. 1623, fol. (Bibl. Max. Patr. Lugd. T. ix. p. 1.) Ven. 1742, fol.
28 Anicius Manlius Torquatus Severianus Boethius naquit à Rome en 470, et décapité en 524, sous le règne du roi Théodoric. Il a écrit : De Trin. etc.; De Persona et Natura (contra Eutychem et Nestorium) :— Fidei Confessio, 8. brevis Fidei Christian » Complexio. Il a également composé plusieurs écrits philosophiques, parmi lesquels celui intitulé De Consolatione Philosophies, lib. V., est remarquable, en ce qu’il montre comment l’ancienne philosophie des stoïciens a été associée à la théologie dogmatique spéculative de l’Église sans être beaucoup influencée par l’esprit du vrai christianisme. Schleiermacher se demande même : M si Boèce a jamais été sérieux au sujet du christianisme ;n Geschichte der Philosophie, p. 175. [De Con-801. une version anglaise, par Chaucer;par lord Preston, 1695, 2e éd. 1712 ; par Ridpath, Lond. 1735. F. Nitzsch, Das System des Boethius. I860.]
29 Grégoire le Grand (évêque de Rome, mort en 590) mort en 604. Les protestants le considèrent communément, mais arbitrairement, comme la fin de la période papiste. Opp. § 1675. Venet 1758-76.— Wiggers, de Gregorio Magno ejusque placitis anthropologicis ; Commentaire 1, 1838, p. 4. G. J. Th. Lau, Gregor I. der Grosse, nach seinem Leben und seiner Lehre. Leipz. 1845 . Bohringer , i. 4, p. 310, ss. [#. Pfahler, Gregor d. grosse und seine Zeit. Bd. i. Frankf. 1852 . Néandre, dans son Histoire, et dans ses Mémoires de la vie du Christ (Bohn), p. 386, sq. Markgraf, De Greg. Mag. Vita. Bérol. 1845. Gregory’s Au-gustinianism , Wiggers, dans Zeitschrift, f. d. hist Theol. 1854. V. Luzarche , Vie de Grog, le Grand, Paris, 1857. G’s Morals on Job, dans Oxf. Libr. des Pères, 18, 21, 23, 31 ; ses Dialogues transi, dans le Metropolitan (Balt) 1854. Le roi Alfred transi. La Pastorale de Grégoire (in Alf. Regis Res Gcstæ), Lond. 1574. — Opera Omnia, cd. Migne. 5 imp. in-8°, Paris, 1849.]
30 Isidore Hispalensis mourut en 663 ; il essaya, avant l’époque de Jean Damascène, d’arranger les doctrines de l’Église sous la forme d’un système, mais son ouvrage n’est qu’une compilation : Sentcntiarum sive de Summo Bono, libri. iii. Éd. op. Faust. Arevalo, Rom. 1797, vii. 4. Il a écrit, en outre, quelques ouvrages indépendants sur des sujets doctrinaux : Liber Questionum sive Expositionis Sacramentorum — De Natura Rerum — Exhort, ad Pœnitentiam — et aussi plusieurs traités historiques, canoniques et pratiques, en particulier Origi-num sive Etymologiarum, libri. xx (éd. Otto, Lips. 1833). Oudin, Commentaire, t. I, p. 1582-1596. [Isid. Ilisp. De Natura Rerum, recens. G. Recker, Berol. 1857, comp. Gersdorfs Rep. oct. 1857.]
§ 83.
L’ÉGLISE ORIENTALE DU IVE AU VIE SIÈCLE.
Les écoles d’Alexandrie et d’Antioche.
Münter, Dr. F., Sur l’école d’Antiochcnisah, dans Staüdling et Tzschimer’s Archives. L 1, p. 1, 88. [Niedner, Histoire de l’Église, p. 317 sq ., Neander, Hist. Dog. 265 sq.]
Au cours de cette période, un changement important s’est produit dans la position théologique de l’école d’Alexandrie. Autrefois, elle avait été la représentante d’un christianisme spirituel et vivant, et de cette théologie idéaliste, qui ne se contentait pas de l’appréhension populaire et sensuelle de la vérité ; au cours de la période actuelle, la tendance dogmatique de l’école d’Égypte a réagi en un réalisme compact. De même que c’était autrefois la tâche de l’école d’Alexandrie, c’est devenu l’office de l’école d’Antioche de défendre une théologie plus libérale contre les polémiques grossières et étroites. Il en résulta que les maîtres de cette école connurent le même sort qu’Origène : ils furent traités comme des hérétiques. Cependant, l’école d’Antioche, loin de ressembler à l’école alexandrine antérieure, en donnant son approbation au système arbitraire de l’interprétation allégorique, adopta l’interprétation grammaticale, à laquelle [ainsi qu’à la critique biblique en général] elle rendit ainsi un service signalé. Mais c’est pour cette raison qu’on leur a aussi parfois reproché un manque de spiritualité.
Le changement d’opinion à l’égard de la littérature classique, que beaucoup croyaient inconciliable avec l’esprit de l’Évangile (le drcam de Jérôme dans son Epist. ad. Eustachium, comp. Ullmann, Gregor von Nazianzum, p. 543), ne pouvait qu’exercer une influence préjudiciable sur le jugement critique des commentateurs. Mais là où ce dernier manquait, la théologie chrétienne ne pouvait tirer qu’un gain limité de la spéculation, même lorsqu’elle était renforcée par des principes chrétiens.
§ 84.
L’ÉGLISE D’OCCIDENT. — AUGUSTINISME.
Vers la même époque, une nouvelle époque dans l’histoire des doctrines commence avec l’apparition d’Augustin. Du point de vue dogmatique, l’Occident prend maintenant un degré d’importance plus élevé que l’Orient, qui s’est épuisé dans les controverses sur la nature du Christ et le culte des images. La tendance réaliste carthaginoise et romaine (tendance représentée auparavant dans les Églises occidentales) a progressivement pris l’ascendant sur l’idéalisme hellénistique des âges passés ; la philosophie d’Aristote a supplanté celle de Platon. Augustin a embrassé dans sa théologie les germes de deux systèmes qui, plus de mille ans plus tard, devaient se faire une guerre ouverte. Le système catholique romain était basé sur sa doctrine de l’Église (en opposition aux donatistes) ; le système du protestantisme évangélique repose sur ses vues sur le péché, la grâce et la prédestination (en opposition aux pélagiens). Mais ces deux systèmes apparaissent organiquement liés dans sa propre personne, et ont une base, non seulement dans sa carrière et son expérience personnelles, mais aussi dans la position qu’il occupait par rapport à l’Église et à ses adversaires. [Comp. Neander, Histoire de l’Église et Hist. Dogmas (Ryland), p. 267 sq.]
§85.
[Baur, Epochen d. kirclilichen Geschichtschreibung, 1852 ; Celle du Christ. Église, du IVe au VIe siècle, 1859.]
Parmi les hérésies naturelles qui ont prévalu au cours de la première période, l’Ebionitique (judaïsant) peut être considérée comme entièrement supprimée1. La tendance gnostique (antijudaïsante), au contraire, était plus solidement établie dans le système des Manès (manichéisme), qui, en tant que dualisme complet, s’est implanté à côté du christianisme, appartenant par sa nature même à cette forme de philosophie orientale et païenne qui n’avait pas encore disparu2. Le système des disciples de Priscillian doit être considéré comme une continuation du gnosticisme, bien que modifié par le manichéisme ; il s’est répandu en Occident dans le cours du IVe siècle, mais a été supprimé par de violentes persécutions3. Les Pauliciens, eux aussi, manifestèrent un penchant pour les notions Gnostiques et Manichéennes, bien qu’ils semblassent d’abord avoir été poussés par une nécessité pratique, à tenter un retour à la simplicité du Christianisme apostolique4. Ces hérésies, qui sont, pour ainsi dire, les branches les plus jeunes, que la vieille souche du gnosticisme continua à faire jaillir, et qui atteignirent une plus grande importance dans la période suivante, doivent être soigneusement distinguées des hérésies qui ont surgi à la suite de controverses dogmatiques ; Celle-ci, par les antagonismes qu’elle provoquait, avait une influence essentielle sur les définitions doctrinales de l’Église, et en fait évoquait ces définitions pour servir de médiateur entre les extrêmes. C’est là que se trouvent les hérésies qui surgirent dans la lutte pour un traitement dialectique des doctrines séparées, et qui contribuèrent essentiellement aux déclarations doctrinales faites à cette époque, à savoir : 1. Les hérésies de Sabellius et de Paul de Samosate, avec leurs opposés, l’arien, le sémiarien et l’autre. Les hérésies eusébiennes (qui ont continué à prévaloir parmi les Goths, les Bourguignons et les Vandales, longtemps après qu’elles aient été condamnées). 2. L’hérésie des Pélagiens, qui n’ont jamais été capables de former une secte distincte, mais au moyen d’un système modifié (semi-pélagianisme), a maintenu une porte dérobée ouverte pour s’infiltrer de temps en temps dans l’église, dont ils avaient été exclus par les décisions doctrinales les plus strictes. 3. L’hérésie nestorienne, avec ses opposés, les hérésies monophysite et monotliélite. Les nestoriens, après avoir été vaincus en Europe, réussirent à gagner à leur parti les Chaldéens et les chrétiens de Thomas en Asie. Les monophysites ont prévalu chez les Jacobites et les Coptes, et les Monothélites ont traîné jusqu’à nos jours une existence misérable parmi les Maronites de Syrie.5
1 Une conception judaïsante est à la base du sabellianisme, comme une tendance païenne se manifeste également dans l’arianisme ; cependant l’élément juif n’est plus lié à ce qui est national, comme il l’était dans l’ébionitisme. Cependant tout le conflit frappe plutôt dans la sphère de la pensée dialectique que dans celle des opinions religieuses primitives. Les notions des Pélagiens sur le mérite des œuvres avaient quelque ressemblance avec le judaïsme, mais elles n’en provenaient pas dans l’esprit populaire
2 Le manichéisme se distingue du gnosticisme par un développement plus complet du principe dualiste, ce qui explique aussi son aspect rigide et uniforme, tandis que le gnosticisme se divise en plusieurs branches et admet une plus grande variété. Il y a beaucoup moins de christianisme historique dans le manichéisme que dans le gnosticisme : il repose sur son propre fondement historique, qui est ici et là une imitation du christianisme, et c’est pourquoi il forme (comme le mahométisme à une époque ultérieure) un système de religion séparé plutôt que cela ! une secte Comp. Beausobre, Histoire de Manichée et du Manichéisme, Amst. 1734, 2 vol. in-4°. *Baur, das manichàische Religionssystem, Tüb. 1831 . Trechsel, F, über den Kanon, die Kritik und Exegese der Manichaer, Berne. 1832 . Colditz, F. E., die Enstehung des manichaischen Religionssystems, Lpz. 1837 (où le manichéisme est comparé avec les systèmes religieux indien, zoroastrien et autres). [Comp. Mosheim’s Commentaries {version de Murdock), vol. 2, 251-412. Histoire de Manes dans Mai’s Patr. Nov. Bibl. 1853, vol. iv. Sur les Manichéens, note F de l’édition des Confessions d’Augustin par Pusey.]
3 Sur l’histoire des disciples de Priscillien, qui est plus importante dans l’histoire de l’Église que dans l’histoire des doctrines, parce qu’ils furent les premiers hérétiques persécutés par l’épée, comp. Sulp. Couper. Hist. Sacr. ii. 46 à 51. Neander, Church Hist. (Torrey) ii. 710-718 . Baum-garten-Crusius, i. p. 292, 88. J. H. B. Lübkert, De Hæresi priscillianista-rum, havn. 1840 . [Manderuach, J. M,, Geschichte des Priscillianismus, Trèves. 1851.]
4 On trouvera de plus amples détails dans Schmid, Frn Historia Pauliciano-rum Orientalium, Hafn. 1826 ; dans un essai dans le Jour nal de Winer et Engelhardt, 1827, vol. VII. parties 1 et 2 ; Studien et Kritiken, 1829, ii. 1, et Néandre, Histoire de l’Église (Torrey), iii. 246-267. Sources : Petri Siculi (qui vécut vers l’an 876) Historia Manichæorum, Gr. et Lat. ed. 3f. Raderus, Ingolst. 1604, 4, nouvellement édité, avec une traduction latine, par J, C, L. Gieseler, Gott. 1846, 4. Photius adv. Paulianistas, s. rec. Mani-chæorum libr. iv. dans Gallandii Bibl. PP. T. xiii. p. 603, ss.
5 Sur toutes ces hérésies, qui ont une influence particulière sur le développement des doctrines pendant cette période, voir l’Histoire spéciale des doctrines. En ce qui concerne l’histoire extérieure des controverses elles-mêmes, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique.
§ 86.
En ce qui concerne le matériel dogmatique de cette période, nous devons distinguer entre : 1. Ces doctrines, qui ont été façonnées par la controverse avec les hérésies nommées ; et, 2. Celles qui ont été développées de manière plus discrète et progressive.
À la première classe appartiennent la théologie proprement dite (la doctrine de la Trinité), la christologie et l’anthropologie ; à ces derniers, les parties de la théologie qui traitent de la nature de Dieu, de la création, de la providence, etc., ainsi que de la doctrine des sacrements et de l’eschatologie ; bien qu’il faille admettre qu’ils ont exercé une influence l’un sur l’autre. Nous pensons qu’il est préférable de commencer par l’histoire de la première classe de doctrines, car il y avait ici un mouvement strictement polémique, et de traiter ensuite des doctrines plus ésotériques (acroämatiques). La première classe peut être subdivisée en deux divisions, à savoir : la théologienne et la christologique d’une part, et l’anthropologie d’autre part. Les controverses sur les doctrines appartenant à la première de ces deux divisions se sont poursuivies principalement en Orient, celles concernant la seconde, en Occident.
PREMIÈRE CLASSE.
DÉFINITIONS DOCTRINALES DE L’ÉGLISE DANS LA LUTTE CONTRE LES HÉRÉSIES.
(PARTIE POLÉMIQUE.)
PREMIÈRE DIVISION.
DOCTRINES CONCERNANT LA THÉOLOGIE ET LA CHRISTOLOGIE.
a. THÉOLOGIE PROPREMENT DITE
§ 87.
L’HYPOSTASE ET LA SUBORDINATION DU FILS.
Lactance. Denys d’Alexandrie et les Origénistes.
Le terme de Logos, sur lequel les Pères précédents étaient si peu d’accord, que les uns entendaient par là le Verbe, les autres la Sagesse (la raison, l’esprit), était si indéfini que Lactance lui-même, qui vivait vers le commencement de la période actuelle, ne faisait aucune distinction entre les λόγος et les πνεύμα.1 À partir de l’époque d’Origène, il tomba de plus en plus en désuétude, et à sa place, l’autre terme , Fils, qui est utilisé dans le Nouveau Testament en référence directe à la personnalité humaine du Christ, fut transféré à la deuxième personne de la Divinité (avant son incarnation). Les disciples d’Origène2, conformément aux opinions de leur maître, comprenaient par cette seconde personne une hypostase distincte subordonnée au Père. Telle est l’opinion de Denys d’Alexandrie, bien qu’il se soit efforcé de se disculper des accusations portées contre lui par Denys de Rome, en exposant la doctrine sous une forme moins offensante3. La doctrine d’Origène connut alors un sort particulier. Elle consistait, comme nous l’avons vu, en deux éléments, à savoir l’hypostase du Fils et sa subordination au Père. Le premier a été maintenu en opposition au sabellianisme, et reçu comme orthodoxe ; ce dernier, au contraire, a été condamné dans la controverse arienne. Ainsi l’origénisme remporta la victoire d’un côté, mais fut vaincu de l’autre ; mais il s’est ainsi avéré être un maillon nécessaire de la chaîne, et est devenu un élément par lequel la transition s’est faite.
1 La théologie de Lactance était un phénomène isolé à l’époque actuelle, et a toujours été considérée comme hétérodoxe. (Sur sa tendance morale dominante, voir Dorner, p. 777.) Lactance, après s’être opposé à l’interprétation grossière et sensuelle de la naissance du Christ : ex connubio ac permistione feminæ alicujus, Instit Div. iv. c. 8, revient au sens que le terme Verbe (sermo) a dans la vie commune : Sermo est spiritus cum voce aliquid significant prolatus. Le Fils se distingue des anges, en ce qu’il n’est pas seulement spiritus (souffle, vent), mais aussi Verbe (spirituel). Les anges ne procèdent de Dieu qu’en tant que taciti spiritus, car le souffle sort du nez de l’homme, tandis que le Fils est le souffle qui sort de la bouche de Dieu et forme des sons articulés ; c’est pourquoi il identifie Sermo avec le Verbum Dei, quia Deus procedentem de ore suo vocalcm spiritum, quem non utero, sod mente conceperat, inexcogitabili quadam majestatis suæ virtute ac potentia in effigiem, quæ proprio sensu ac sapién-tia vigeat, comprenez-le. Il y a, cependant, une distinction entre la parole (Fils) de Dieu et nos paroles. Nos paroles, mêlées à l’air, périssent bientôt ; mais nous pouvons même les perpétuer en les mettant par écrit : quanto magis Dei vocem credendum est et manere in æternum et sensu ac virtute comitari, quam de Deo Pâtre tanquam rivus de fonte traduxerit Lactance est si éloigné de la doctrine de la Trinité , qu’il se trouve dans la nécessité de se défendre contre l’accusation de ne pas croire tant à la Trinité. trois comme dans deux dieux. Pour justifier cette double unité (ou croyance en deux personnes divines), il utilise les mêmes expressions que les écrivains orthodoxes employaient dans les temps anciens et postérieurs pour la défense de la doctrine de la Trinité : Cum dicimus Deum Patrem et Deum Filium, non diversum dicimus, nec utrumqne seccrnimus : quod nec Pater a Filio potest, nec Filius a Patre secerni, siqui-dem nec Pater sine Filio potest nuncupari, nec Filius potest sine Patre gene-rari. Cum igitur et Pater Filium faciat et Filius Patrem, una utrique mens, unus spiritus, una substantia est. Il revient ensuite sur les illustrations précédemment utilisées, par ex.L ceux qui sont puisés au fleuve et à sa source, au soleil et à ses rayons ; et plus hardiment (tout à fait dans le sens arien) il compare le Fils de Dieu à un fils terrestre qui, demeurant dans la maison de son père, a toutes choses en commun avec lui, de sorte que la maison porte le nom du fils, aussi bien que celui du père.
2 C’est ainsi que Piérius, maître de Pamphile de Césarée, fut accusé par Photius (Cod. 119) d’avoir soutenu que le Père et le Fils sont deux ονσίαι καϊ φύσεις. Néanmoins, on dit qu’il enseigna ενσεβως, en employant ces termes dans le sens de υποστάσεις ; mais, δυσσεβῶς, il rendit le πνεύμα inférieur au Père et au Fils. De la même manière , Théognoste (vers 280) fut accusé d’avoir fait du Fils un κτίσμα ; mais cela n’est pas en accord avec les autres enseignements (plus orthodoxes) de ce théologien (Phot. Morue. 106) ; Comp. Domer, p. 733, 8s. Certains disciples d’Origène , par exemple Grégoire Thaumaturg, manifestèrent même un penchant pour le sabellianisme ; selon Basile, Ep. 210, 5, Grégoire a enseigné πατέρα κα2 υΙόν επινοίφ, μεν είναι όνο, ύποστάσει ôè εν ; comp., cependant , Gieseler, Dogmengesch. 147 . Méthode de Patare a évité d’employer le terme όμοούσιος pour désigner la prééxistie du Fils, mais il semble avoir admis sa prééxiste éternelle, mais non pas dans le sens d’Origène ; comp. Opp. édit. Combe fis. 1644, p. 283-474, et Domer, 1. c.
3 C’est évident, surtout dans l’opposition de Denys au sabellianisme (voir la section suivante). De son ouvrage adressé à l’évêque de Rome, et intitulé : Έλεγχος nal 9Απολογία, Lib. iv., des fragments sont conservés dans les écrits d’Athanase (περί Διονυσίου του έπ. Άλ. liber. : Opp. i. p. 243), et Basile ; ils ont été recueillis par Constant dans son Epistt. Rom. Pontt. in Gallandi T. iv, p. 495. Voir Gieseler, i. § 64 ; Néandre, i. p. 599 ; Mun-scher (von Colin), p. 197-200. Schleiermacher (voir le § suivant) p. 402, par. D’après Athanase, p. 246, Denys est accusé d’avoir comparé (dans une lettre à Euphranor et à Ammonius) la relation entre le Père et le Fils à celle où le laboureur se tient à la vigne, le constructeur de navires au navire, etc. Les ariens affirmaient même (voir Athanase, p, 253) qu’il enseignait comme eux : Ούκ αεί ήν ό θεός πατήρ, ούκ άε ! ήν ό υΙός* άλλ 9 ό μεν θεός ήν χωρίς τού λόγοο υ· αύτός όέ ό υΙός ούκ ήν πρΙν γεννηθή· άλλ* ήν ποτέ ότε ούκ ήν, ού γάρ άιόιός έστιν, άλλ 9 ύστερον έπιγέγονεν, Il a aussi appelé le Fils ξένος κατ 9 ούσίαν τού πατρός . Comparez cependant les expressions citées par Athanase, p. 254, qui prouvent le contraire. Mais l’évêque de Rome (non sans penchant sabellien, voir Domer, 754) insista pour que Denys adoptât l’expression όμοουσία (Homousia), à laquelle celui-ci finit par consentir, bien qu’il ne pensât pas qu’elle fût fondée ni sur le langage de l’Écriture, ni sur la terminologie courante jusque-là dans l’Église.♦ Les théologiens orthodoxes des temps postérieurs (par exemple, Athanase), s’efforçant de rendre plus de justice à Denys d’Alexandrie, ont soutenu qu’il n’avait utilisé les illustrations offensantes susmentionnées que κατ9 οίκονομίαν, et qu’elles puissent être facilement expliquées par la position qu’il a prise contre le sabellianisme ; Athanase, p. 246, ss. : voir de l’autre côté , Loffler, Kleine Schriften, t. I. p. 114, ss. (cité par Heinichen sur Eusèbe, t. I, p. 306). On peut également alléguer à juste titre que DiOnysius avait un esprit pratique plutôt que spéculatif, et que son parti pris et son intention principaux étaient différents de ceux d’Arius. La thèse de la subordination, qui était le centre du système arien, n’était pour lui qu’une « inférence suspecte et hâtive de la distinction entre le Père et le Fils » ; voir Domer , p. 743, sq.
♦ Une position intermédiaire fut prise par Zénon de Vérone (contemporain d’Origène et de Cyprien), qui, dans Hom. L ad Genes, dans BibL Max. pp. iii- p. 356, 88., a comparé le Père et le Fils à deux mers qui sont reliées par des détroits ; Comp. Domer, p. 754, 88.
§ 88.
LA CONSUBSTANTIALITÉ DU FILS AVEC LE PÈRE, AVEC LA NÉGATION DES DISTINCTIONS HYPOSTATIQUES.
Le sabellianisme, et Paul de Samosate.
Ch. Wbrmius, Historia Sabelliana. Francof. et Lèvres. 1696, 8. Schleiermacher, über den Gegensatz zwischen der sabellianischen und athanasianischen Vorstellung von der Trinitat (Berlin. TheoL Zeitschr. 1822, 3e partie). Lange, der Sabellianismus in seiner ursprünglichen Bedeutung (Illgens Zeitschr. fûr historische Theol. iii 2. 3).—Feuerlin, J. (?., de Hæresi Pauli Samos. 1741, 4. Ehrlich, J. G., de Erroribus Pauli Samoe. Lèvres. 1745, 4. Schwab, de Pauli Sam. Vita atque doctrina. Diss, inaug. 1839 . [Schleiermacher'3 Essai sur la divergence entre la représentation sabellienne et athanasienne de la Trinité, trad., avec des notes , par Àfoses Stuart, dans Bib. Repos., première série, vol. V. Comp. Domer, 1. 127, sq., sur Sabellius, et sur Paul de Samosate , l 510, sq. Neander, chien d’hist. (Ryland), i. 164. L. Lange, Antitrin. vor d. Nic. Syn. 1851. Œuvres de Waterland, i. 517, sq., ii 703, sq.]
Sabellius, prêtre de Ptolémaïs, qui vivait vers le milieu du IIIe siècle, adopta les notions des premiers Monarchiens, tels que Praxéas, Noëtus et Béryllus, et soutint, en opposition à la doctrine proposée par Origène et ses disciples, que les appellations Père, Fils et Saint-Esprit, n’étaient qu’autant de manifestations et de noms différents d’un seul et même être divin. Il a ainsi converti la distinction objective et réelle des personnes (une Trinité d’essence) en une vision purement subjective et modaliste (la Trinité de la manifestation). Pour illustrer ses vues, il se servit non seulement de diverses images que ses adversaires interprétaient parfois mal, mais aussi d’expressions qui furent ensuite transférées à la terminologie de l’Église orthodoxe.1 Ainsi, tout en évitant, d’une part, la subordination du Fils au Père, et en reconnaissant la divinité manifestée dans le Christ comme la divinité absolue ; mais, d’autre part, en annulant la personnalité du Fils, il a donné l’apparence du panthéisme à cette révélation immédiate de Dieu dans le Christ ; puisqu’avec la cessation de la manifestation du Christ dans le temps, le Fils a aussi cessé d’être Fils. La doctrine de Paul de Samosate n’est pas, comme c’était le cas autrefois, à confondre avec les notions de Sabellius ; elle se rapprochait plutôt des opinions antérieures (alogistiques) d’Artémon et de Théodote, qui, en ce qui concerne la nature du Christ, n’étaient pas tant panthéistes que déistes.2
1 Eus. vii. & Epiph. Hær. 62. Athan Contra Arian, iv. 2. et d’autres passages. Basile, ép. 210, 214, 235. Théodoret Fab. Hær. ii. 9. D’après Épiphane , Sabellius enseignait qu’il y avait : iv μιμ ύποστάσει τρεις ένέργειαι (όνομασίαι, όνόματα), et illustrait ses vues en présentant les trias humains du corps, de l’âme et de l’esprit, et les trois propriétés du soleil, à savoir l’illumination (φωτιστικόν), l’échauffement (rd θαλπόν), et la périphérie (τό περιφέρειας όχημα). Mais il est difficile de déterminer jusqu’à quel point il a appliqué l’une ou l’autre de ces caractéristiques aux personnes de la Trinité, et a effectué l’analogie dans tous ses détails. D’après Athanase, iv. 25, il a également fait référence aux multiples dons venant de l’unique Esprit, comme illustrant la Trinité. Ce qu’il y a d’objectif dans la matière consiste, selon lui, dans l’économie divine, dans les modes par lesquels Dieu se révèle au genre humain. Dieu est appelé Père par rapport au don de la loi ; il est appelé Fils par rapport à l’œuvre de la rédemption ; et le Saint-Esprit en relation avec l’inspiration des apôtres, et la vivification des croyants ; d’où l’accusation des orthodoxes (Athan. iv. 25. Basilic. Ép. 210, 214, 235. Août, Tract, dans Job. § 3), que Sabellius avait limité la doctrine de la Trinité aux seuls besoins du monde présent (πρός τας έκάστοτε χρείας). Ces trois différents modes de la manifestation divine (selon Athanase, iv. 13), il les considérait comme un πλατύνεσθαι, ou Ικτείνεσΰαι (la figure d’un bras étendu et ramené). Mais il est difficile de déterminer la distinction précise qu’il a faite entre ces différents modes de manifestation et les « monas » (unité), les αύτό0εος, qu’il a appelés νίοπάτωρ (Athan. De Syn. 16) ; et le rapport dans lequel se trouve cette monas avec ces modes de manifestation, et avec le Père en particulier. À en juger par certains passages, cités par Athan. iv. 25, il semble avoir considéré les termes πατήρ et μόνος comme identiques ; tandis qu’ailleurs (iv. 13) le Père, qui est désigné sous le nom de μόνας, fait partie de la Trinité, comp. Dorner, p. 706, par. Le Logos occupe également une position particulière dans le système de Sabellius. Alors que, selon lui, la Trinité n’existe que par rapport au monde, la création du monde est réalisée par le Logos, auquel Sabellius, comme les auteurs précédents, applique les prédicats Ινδιάβετος et προφορικός, voir Dorner, p. 711, par. Ainsi, selon Sabellius, Dieu est inactif en tant que silencieux, et actif en tant que parlant (Athanas. iv. 11). Sur tout le système de Sabellius, ainsi que sur le sens dans lequel il a employé les termes πρόσωπον (est-ce emprunté au théâtre ?) et όμοούσιος, voir Schle 1er mâcher, 1. c. Baum-garten-Crusius, i. 1. 200, ss. Néandre, traduis. II, p. 276, ss., et Hist. du chien, p. 180. Mohler, Athanasius der Grosse, t. I, p. 184, par. En ce qui concerne la manifestation historique du Christ, il faut admettre que sa signification théologique n’est pas contestée par Sabellius, en tant qu’il considère le Sauveur comme la manifestation immédiate de Dieu. Mais Christ ne possède la personnalité que pendant cette apparition historique dans la chair. Cette personnalité n’existait pas avant son incarnation, et elle n’existe pas encore dans le ciel, puisque ce rayon divin qui rayonnait en Christ revient de nouveau à Dieu. Néanmoins, Sabellius semble avoir attendu la seconde venue du Christ (Schleiermacher, p. 174). Il est même douteux qu’il fasse en sorte que le retour du Logos à Dieu se produise à l’ascension du Christ, ou seulement lorsque le royaume de Dieu sera achevé. Sur le lien entre le sabellianisme et l’ébionitisme, voir Dorner, p. 726. [On le voit en ce que Sabellius fait de la révélation du Christ un simple moyen, et non une fin ; en appelant le Fils un rayon (άκτϊνα) des monas, à cause de laquelle il a été accusé de diviser l’essence divine ; et ensuite la question difficile (puisqu’il allov* !סן distinctions en Dieu), si le Dieu tout entier était dans la personne (Prosopon) du Fils de telle sorte qu’il n’était pas actif ailleurs pendant l’incarnation – une question qui l’a amené à parler du Fils en termes se rapprochant de l’ébionitisme. D’après Épiphane, les opinions de Sabellius se répandirent principalement en Mésopotamie et dans les environs de Rome. Il n’existait pas de secte de Sabelliens, proprement dite.
2 Paul, originaire de Syrie, évêque d’Antioche à partir de l’an 260, fut , après 264, accusé d’hérésie à plusieurs synodes,♦ et finalement démis de ses fonctions (269-72). De sa querelle avec le prêtre Malchion, un fragment est conservé dans Mansi, vol. I. p. 1001, ss. Comp, les différents récits donnés par Épiph. 65, 1, et Eusèbe. vii. 27. Les auteurs de l’Histoire des Doctrines divergent dans leurs opinions sur le rapport dans lequel il se trouve, soit avec le sabellianisme, soit avec l’unitarisme des Artémonites (voir Eusèbe, v. 28, ab init.) ; Comp. Schleiermacher, p. 389, sq. Baumgarten-Crusius, t. I, p. 204. Augusti, p. 59. Meier, Dogmengesch. p. 74, 75. Dorner, p. 510. On peut dire que la différence entre Sabellius et Paul de Samosate a consisté en ceci que le premier pensait que toute la substance de l’être divin, le second qu’une seule puissance divine, s’était manifestée dans le Christ . Trechsel (Geschichte des Antitrinitarismus, vol. I. p. 81) est d’accord avec cela, appelant le samosatianisme « le corrélat du sabellianisme ». selon les mesures de la simple entendement. Le divin n’entre ici qu’en contact extérieur avec l’homme, ne touche la nature humaine qu’à la surface ; tandis que, d’autre part, l’élément humain revient à ses droits plus que dans le système de Sabellius. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons guère nous attendre à des tentatives sérieuses et persévérantes d’un système doctrinal de la part d’un homme dont la vanité est si saillante. Quoique l’accusation selon laquelle il approuvait les erreurs juives pour obtenir la faveur de la reine Zénobie ne soit pas fondée (Néandre, II, p. 270), il est cependant très probable que le vain spectacle qu’il a fait des principes de la libre pensée, et sa vaine prétention de prendre position au-dessus de lui. Les parties étaient aussi pleinement d’accord avec sa nature ostentatoire qu’en d’autres temps et dans d’autres circonstances, cela s’est avéré lié à une orthodoxie arrogante et prétentieuse. Même pour faire une hérésie, il faut un caractère théologique défini ; La frivolité n’est qu’un appendice extérieur de tout parti. Quoi qu’il en soit, il est faux d’utiliser les termes de sabellianisme et de samosatianisme à tort et à travers. En général, ceux qui niaient les distinctions des personnes dans la Trinité, étaient appelés Πατρόπασσίανοί en Occident, et Σαβελλι,ανοί en Orient. Comp. Athanase de Synod. 25, 7.
♦ Sur les deux synodes d’Antioche, 265 et 270, voir Domer, p. 769. Leurs décrets, bien qu’ils ne fussent pas sous une forme dogmatique stricte, furent reçus comme orthodoxes, bien qu’ils contenaient des expressions qui furent évitées après le concile de Nice. Le Fils est confessé comme Dieu dans l’essence et l’hypostase (ovaig, καί ύποστάσει) ; sa prééxistie est clairement affirmée : il a toujours été avec le Père ; par lui, non pas comme un simple instrument, ni comme une Sagesse impersonnelle, le Père a créé toutes choses, etc. Le sabellianisme et le samosatianisme sont exclus par ces positions et d’autres semblables.
§ 89.
LA SUBORDINATION DU FILS AU PÈRE, ET LA DISTINCTION DES PERSONNES DANS L’ARIANISME.
[Whitakers Origine de l’arianisme. Lond. 1791 . Newman’s Arians of the Fourth Century-Maimbourg, Hist of Arianism, par W. Webster, 2, 1768. J. A. Stark, Vereuch einer Gesch. des Arian. T. G. Hassencamp, Historia Arianæ Controverse 1845. Kaye, dans son Conseil de Nice, 1853. Albert de Broglie, L’Eglise et !' Empire Romain au iv. siècle, Paris, 1856, i. 329-397. W. Klose, dans Herzog’s Realencycl.]
Le système d’Arius, prêtre d’Alexandrie, forme le contraste le plus frappant avec celui de Sabellius. Anus, en s’efforçant de définir objectivement la distinction entre les personnes de la Trinité, a porté l’idée d’une subordination de l’une à l’autre, et, en premier lieu, du Fils au Père, jusqu’à représenter le premier comme une création du second1. rencontra l’opposition la plus décidée de la part d’Alexandre , évêque de cette ville2. Cette lutte, qui n’était d’abord qu’une querelle privée, donna lieu à une controverse qui exerça sur l’histoire des doctrines une plus grande influence que toutes les controverses précédentes, et fut le signal d’une poursuite presque sans fin des conflits ultérieurs.
1 Sources : Arii Epist ad Euseb. Nicomed. à l’Épiph. Hær. 69, § 6. Théodoret Hist Eccles, i. 4. Epist. ad Alex, dans Athan. De Synodis Arim. et Séléné, c. 16, et Ep. Hær. 69, § 7. De l’œuvre d’Arias intitulée thalia, seuls quelques fragments sont conservés par Athanase. — D’après l’Épiste ad Euseb., son opinion était : « Que le fils n’est pas né, qu’il ne fait aucune partie de l’enfant à naître, mais qu’il n’est pas du sujet, mais que la volonté et la volonté de Dieu sont tombées il y a des années et des siècles, pleines de Dieu, seulement engendrées, inaltérées, et avant qu’il ne soit né, c’est-à-dire créé, c’est-à-dire ordonné ou fondé, Pas même si vous n’étiez pas en vie. Ses vues sont tout à fait arrêtées sur le dernier point (négatif) ; bien qu’il travaille dans ce qui précède pour arriver à un mode satisfaisant d’affirmation : « Nous sommes persécutés, continue-t-il, parce que nous disons que le Fils a un commencement, tandis que nous enseignons que Dieu est anarchique. Nous disons qu’il n’est pas une partie de Dieu, et qu’il n’est créé d’aucune chose déjà existante » (il rejette donc la théorie de l’émanation , ou la notion que le Christ est créé à partir de la matière). Comp, la lettre à Alexandre, 1. c., où il défend sa propre doctrine contre l’idée de Valentin concernant un problème ; contre celle des Alanichees au sujet d’une partie ; et enfin, contre l’opinion de Sabellius ; il y emploie à peu près la même phraséologie que dans la lettre à Eusébias. Les mêmes vues sont exprimées dans un langage encore plus fort dans les fragments de l’ouvrage susmentionné Thalie (in Athan. Contra Arian. Orat i. § 9) : Dieu le Père n’était pas, mais après cela il est né du Père , mais il n’était pas le Père lui-même. Un bâtiment est un poème, et le Christ n’est pas un vrai dieu, mais il y participe aussi. Le Fils ne voit pas non plus le Père, et la Parole n’agit pas complètement sur le Père, et la Parole ne devient pas exactement le Père, elle n’est pas non plus la vraie et seule parole du Père, mais seule la parole est appelée parole et sagesse, et la grâce est appelée fils et puissance ; elle n’est pas improbable en tant que Père, mais En ce qui concerne les créatures, il tremble comme les créatures, et il lui manque d’elles dans la possession de connaître complètement le Père. Contra Arian, i. § 5 : Erra Tu veux que nous (Dieu) soyons créés, alors il n’a rien cru et nous l’avons appelé la parole et la sagesse et le fils, nous faisant pour lui. — Il le prouve par l’expression figurée Joël, II. 25 (le Scptuagint lit : « la grande puissance de Dieu », au lieu de « sauterelles »). Comp. Néandre, Histoire de l’Église, ii. p. 767, par. Dorner, p. 849, par. Baur, Trin-itatl. p. 319, art., 342, art. Neander, Hist Dogm. (Ryland), p. 301. Meier , Trinitat, p. 134 ; celui-ci dit, p. 137, ♦ qu’Arius représente la réaction du sens commun contre la tendance à recourir aux formes de la spéculation platonicienne. Mais comparez Baur, ubi supra, qui trouve aussi un élément spéculatif dans Arius. [Les déclarations précédentes n’avaient abouti qu’à faire ressortir les positions extrêmes, sans les réconcilier. Arius s’empara de l’une d’elles, que le Père seul n’est pas engendré, et que le Fils est engendré, et le porta jusqu’à ses résultats logiques. S’il est engendré, il n’est pas éternel ; si ce n’est éternel, alors original dans le temps, etc. L’arianisme est une séparation abstraite entre l’infini et le fini. Comp. Baur's Dogmengesch. 2e éd. 1858, p. 164.]
♦ C’est ainsi qu’Arius, sur la doctrine d’Origène, luttait contre son côté spéculatif, dans la génération éternelle, en même temps qu’il adoptait son point de vue sur la subordination du Fils au Père. Gieseler, Dogmengesch. 308 ; et Neander, Hist. Dogm. p. 303 : « L’idée profonde, adoptée par Origène, de la génération éternelle du Fils, sans aucun commencement, ne pouvait être comprise par l’entendement banal d’Arius. »
2 Sur l’opinion d’Alexandre , voyez sa lettre à Alexandre, évêque de Constantinople, dans Théodoret, Hist. Eccles, i. 4, et la lettre circulaire Ad Catholicos, dans Socrat. i. 6. Münscher, édité par von Colin, p. 203-206. Il fonde ses arguments principalement sur le prologue de l’Évangile de Jean, et montre : μεταξύ πατρός παι υιού ούδέν είναι διάστημα.Tout le temps et tous les espaces du temps sont plutôt créés par le Père à travers le Fils. Si le Fils avait eu un commencement, le Père aurait été άλογος. La génération du Fils n’avait rien de commun avec la filiation des croyants. Le Christ est le Fils de Dieu κατά φύσιν. Comp. Schleiermacher, Kirchengesch. p. 212.
§ 90.
L’HYPOSTASE ET L’HOMOUSIE DU FILS.
La doctrine du concile de Nice.
Münscher, Untersuchung, über den Sinn der nicâischen Glaubensformel, in Henkes Nenes, Magazin, vi. p. 334, ss. Regardez, Bibl. Symb. Vétérinaire Lemg. 1770, 8, p. 75, sa [Fuchs Bibliothek d. Kirchen versamml ungen der 4η. und 5η. Jahr. i. 350. Athanasü Epistolæ de Decret. Synode. Nic. dans Oxford Lib. of Fathers, vol. 8, 19. Kaye’s, Some Account of the Council of Nice, 1863, comp. Christ. Souvenir, 1854. Petavius, TheoL Dogm. Tom. ii Bp. Bull, Defensio Fid. Nic. Be Broglie, L’Eglise et !' Em-pire Romain, it 1-71. Mohler, Athanase, 2 Thle. Mayence, 2e éd. 1844. K. W. T. Hessler, Athanasius, der Vertheidiger d. Homousia, in Zeitschrift, £ d. hist. TheoL 1866, trad. dans Presb. Qu. Review1857 ,׳. W. W. Harvey, Hist, and Theol. of the Three Credos, 2. Lond. 1854 . Voigt, Die Immanente Trinitat, und Athanasius ; dans Jahrb. f. deutsche Théologie, 1858. Analecta Nicæna, fragments sur le concile, du syriaque, par B. H. Cowper, Lond. 1857 ; c£ Journal de Sacr. Lit, Lond. janv. 1860, p. 380.]
L’empereur Constantin le Grand et les deux évêques du nom d’Eusèbe (savoir : de Césarée et de Nicomédie), ayant vainement essayé d’amener une réconciliation entre les parties en conflit1, le premier concile général (œcuménique) se tint à Nice (apr. J.-C.). 325), principalement grâce à l’intervention de l’évêque Hosius de Cordoue. Après le rejet de plusieurs autres formules, apparemment favorables à l’Arianisme2, une confession de foi fut adoptée, dans laquelle il fut établi comme la doctrine inviolable de l’Église catholique , que le Fils est de la même essence (όμοούσιος) que le Père, mais lui soutenant la relation de ce qui est engendré à ce qui engendre.3
1 Comp. Epist. Constantin ! ad Alexandrum et Arium, in Eus. Vita Const, ii. 64-72; et sur les tentatives des deux évêques pour amener une réconciliation, voir Neander, 1. c. p. 783, ss.
2 L’une d’elles est la confession de foi qu’Eusèbe de Césarée proposa, Théodore. Hist. Eccles, i. 11, comp. Néandre, 1. c. p. 797, ss. Il contenait l’expression : Le Verbe de Dieu, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vie de vie, premier-né de la création, au-dessus de tous les âges, du Père né, selon Athan. De Decret. Syn. Nic. 20, ils voulaient d’abord seulement décider, que le Fils de Dieu est l’image du père, le même et le même que le père, et l’inaliénable et l’aei, et qu’en lui il est indivisible,
3 Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, de tous les poètes visibles et invisibles, et en un seul Seigneur 9° Christ, Fils de Dieu, né du Père unique, c’est-à-dire de l’essence du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, né. Qui était poétique, comme le Père, car 9 toutes choses ont été faites, Ceux qui sont dans le ciel et sur la terre, 9 d’entre nous, les hommes, et pour le salut qui sont descendus, incarnés et incarnés, qui ont souffert et qui sont ressuscités le troisième jour, qui sont montés au ciel, et qui sont ressuscités et morts.Et à l’esprit saint. Et en leur disant qu’il n’a jamais été 0 et qu’il n’est jamais né, et qu’il est né d’une autre substance ou substance, ou qu’il a été créé ou triple ou d’autres le Fils de Dieu, anathématise la sainte Église catholique et apostolique. Athan. Epist. De Decret. Syn. Nic. — Eus. Cæs. Ep. ad Cæsariens.—Socrate i. 8. Théodorct, Hist. Eccl. i. 11. Münscher von Colin, p. 207-9. Naur, Trinit’àtl. p. 334, art. Meier, p. 146, 88. Dorner, p. 849. [Le credo de Nicée, dit Dorner, a montré à la théologie chrétienne le but vers lequel elle devait tendre, même si elle n’a pas parfaitement réalisé cette fin. L’arianisme s’était rapproché de l’ébionitisme ; elle avait perdu l’idée de l’incarnation, mettant entre Dieu et la créature un Dieu fantastique, subordonné, qui séparait plutôt qu’il n’unissait l’infini et le fini. Cela rendait impossible une révélation ou une manifestation parfaite de Dieu. Les Pères de Nicée y répondirent en proclamant la divinité réelle et propre du Fils, etc.]
En respectant les définitions des phrases en essence et hymoousios, comp. Athanase, 1. c. Nous constatons que, même à cette époque, une distinction était faite entre la similitude et la similitude. Le Fils est semblable au Père dans un sens différent de celui dans lequel nous devenons semblables à Dieu en obéissant à ses lois. Cette ressemblance, d’ailleurs, n’est pas extérieure, accidentelle, comme celle entre le métal et l’or, l’étain et l’argent, etc.
[Baur, Dogmengesch. 2te Aufl. 1858, p. 164, donne ce qui suit comme substance de la croyance nicéenne et athanasienne. À l’hypothèse arienne, elle oppose la génération éternelle et la consubstantialité (Ilomousia) du Fils, sur la base des arguments suivants : 1. Le Père ne serait pas Dieu absolu s’il n’était pas engendrant dans son essence et donc le Père d’un Fils de même essence. 2. L’idée de la divinité du Fils est abolie, s’il n’est pas Fils par nature, mais seulement par la grâce de Dieu. S’il a été créé, il n’était ni Fils ni Dieu ; être à la fois créature et créateur est une contradiction complète. 3. L’unité du fini avec l’infini, de l’homme avec Dieu, tombe à terre, si le médiateur de cette unité n’est qu’une créature, et non le Dieu absolu.]
§ 91.
D’autres fluctuations jusqu’au synode de Constantinople.
Mais l’expression όμοούσιος ne rencontra pas l’approbation universelle1 Dans cet état de choses incertain, le parti des Eusébiens2, qui jouissait depuis quelque temps de la faveur de la cour, réussit à obtenir son assentiment à une doctrine dans laquelle l’emploi du terme όμοούσιος a été soigneusement évitée, bien qu’elle n’ait pas strictement inculqué les principes de l’arianisme. C’est ainsi qu’Athanase, qui adhérait fermement à ce mot d’ordre du parti nicéen, se vit contraint de se réfugier en Occident. Plusieurs synodes furent convoqués dans le but de régler cette longue question, un certain nombre de forums furent rédigés et rejetés3, jusqu’à ce qu’enfin la doctrine nicéenne et athanasienne fût plus solidement établie par les décisions du second synode œcuménique de Constantinople (a. d. 381).4
1 Plusieurs évêques asiatiques s’offusquèrent de ce terme ; Socrate. i. 8 et 6. Münscher von Colin, p. 210. Ils la considéraient comme contraire aux Écritures (λεξις άγραφος), et craignaient qu’elle ne donne lieu à une renaissance de la théorie de l’émanation. Mais l’expression έκ τής ουσίας était plus favorable à cette théorie que le terme όμοουσιος, comp. Meier, 1. c. p. 147. — En ce qui concerne la suite des événements extérieurs, voyez les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. Faits historiques marquants : I. Le bannissement d’Arius et des évêques Theonas et Secundus. Le destin d’Eusèbe de Nicomédie et de Thcognis de Nice. IL Arius est rappelé a. d. 330, après avoir signé la confession de foi suivante : dç Kvptov Ίησονν Χριστόν, τόν νϊόν τον Θεόν, τόν έξ αντον πρό πάντων τών αΙώνων γεγεννημενον, Θεόν λόγον, όι' ον τά πάντα έγένετο κ. τ. λ, (Socr. i. 26.) Synodes de Tyr et de Jérusalem (ap. J.-C. 335). III. Bannissement d’Athanase en Gaule. La mort subite d’Arius à Con-etantinople (a. d. 336), avant sa réadmission solennelle dans l’Église. Avis divergents sur cet événement. IV. Mort de l’empereur Constantinle Grand à Nicomédie (apr. J.-C. 337). (Socr. i. 27-40.) Un changement remarquable s’était opéré dans la vue de Constantin vers la fin de sa vie. Les ariens étaient fermement soutenus par son fils Constantins, qui régna en Orient depuis l’an J.-C. 337.
2 Sur ce nom, voir Gieseler, i. § 82. Athanase lui-même les appelle fréquemment 01 περί Ευσέβιον ; par d’autres auteurs, ils sont classés avec les ariens, qu’ils ont unis dans leur opposition à Athanase.
3 Je. Les quatre confessions de foi rédigées par les Eusébiens, et présentées aux conciles d’Antioche à partir de l’an 341 (dans Athan. De Syn., c. 22-25. Walcà, p. 109. Münscher, édit, par von Colin, p. 211, ss. Gieseler, i. § 82, note 4) ; dans tous ces cas, le mot όμοονσιος fait défaut, mais sur d’autres points, ils n’étaient pas favorables à l’arianisme. II. La formule μακρόστιχος, par le concile d’Antioche, ap. J.-C. 343, dans lequel l’arianisme était condamné, le trithéisme rejeté, la doctrine d’Athanase trouva à redire, et, en opposition à elle, la subordination du Fils au Père fut maintenue. Le synode de Sardique, (a. d. 347, ou, selon d’autres, A. D. 344) ♦ Socrate. II. 20 ; mais les évêques de l’Occident seuls restèrent à Sardique, les évêques de l’Est tinrent leurs assemblées dans la ville voisine de Philippopolis. La formule Philippopolitana, conservée par Hilaire (de Synodis contra Arianos, § 34), est en partie une répétition de la formule μακρόστιχος, IV. La confession de foi adoptée au premier concile de Sirmium (a. d.351, dans Athanas. § 27, dans Hilaire, § 37, et dans Socrate. II. 29, 30) était dirigée contre Photinus ; voir ci-dessous, § 92. V. La formule du second concile de Sirmium (apr. J.-C. 357, dans Hilaire, § 11, Athanas. § 28, Socrate. ii. 30) était dirigée à la fois contre l’emploi du terme όμοούσιος, et contre les tendances spéculatives en général : Scire autem manifestum est solum Patrcm quomodo genuerit filium suum, et fil-ium quomodo genitus sit a patre, (comp., ci-dessus, Irénée, § 42, note 9) ; mais il affirme aussi la subordination du Fils au Père à la manière strictement arienne : Nulla ambiguitas est, majorera esse Patrem. Nulli potest dubium esse, Patrem honore, dignitate, claritate, majestate et ipso nomine Patris ma-jorem esse filio, ipso testante : qui me misit major me est (Jean xiv. 28). Et hoc catholicum esse, nemo ignorât, duas Personas esse Patris et Filii, ma-jorem Patrem, Filium subjcctum cum omnibus his, quæ ipsi Pater subjecit. Ces vues ariennes sévères furent rejetées par les Sémiariens au synode d’Ancyre en Galatie (358 apr. J.-C.), sous Basile évêque d’Ancyre ; les décrets de ce synode sont donnés dans l’Épiph. Hær. 73, § 2-11. {Mùnscher von Colin et i. § 83.) VII. La confession de foi adoptée au troisième synode de Sirmium (358 apr. J.-C.), dans laquelle celle convenue au second synode (l’Arien) est condamnée, et la confession sémiarienne du synode d’An-cyre est confirmée. Comp. Athan. § 8. Socrate. ii. 37. VIII. Concile de l’Église d’Occident à Ariminum (Rimini), et de l’Église d’Orient à Séleucie (359 ap. J.-C.).
♦ En ce qui concerne la chronologie, voir Wetzer, H. J., Restitutio veræ Chronologiæ Rerum ex Controversiis Arianis inde ab anno 325 usque ad annum 350 exortarum contra chronolo״ giam hodie receptam exhibita. Francof. Année 1827.
4 Symbolum Nicæno-ConstantinopolItanum : Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, poète du ciel et de la terre , visible et invisible. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Dieu unique, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, né de la poésie, comme le Père, à cause d’eux Il a toujours été fait par nous, les hommes, et pour le salut ils sont descendus du ciel, et se sont incarnés dans l’Esprit de la Sainte et de Marie la vierge, et ont été incarnés par nous sous Ponce Pilate, et ont souffert et ont été ensevelis et ressuscités le troisième jour pendant la Scribes et montés au ciel, et assis à la droite du Père, et revenant dans la gloire, juges des êtres vivants et morts du royaume, il n’y a pas de fin. En ce qui concerne les autres déclarations concernant la nature du Saint-Esprit, voir ci-dessous, § 93, note 7.)
Münscher, édité par von Colin, compare ce symbole avec le Credo de Nicée, p. 240. Comp. J. C. Snicer, Symbolum Nicæno Constantinopolitan, expositurn et ex antiquitate ecclesiastica illustratum, Traj. ad Rhen. 1718, 4. [Comp. Cardinal Wiseman, Compte rendu du concile de Constantinople dans la Controverse arienne dans ses Essais, vol. 3.]
§ 92.
LES CAUSES DE CES FLUCTUATIONS.
L’arianisme et le sémiarisme d’une part, et le retour au sabellianisme d’autre part {Marcellus et Photinus).
Klose, C. R. W., Geschichte und Lehre des Eunomius, Kiel, 1833. Par le même : Histoire et enseignement de Marcellus et Photinus, Hambourg, 1837.
De la nature même de la controverse en question, il s’ensuivait que la tâche difficile d’éviter à la fois le sabellianisme et l’arianisme incombait à ceux qui étaient soucieux de préserver l’orthodoxie dans sa pureté. En maintenant la similitude d’essence, ils devaient s’en tenir à la distinction des personnes ; En affirmant ce dernier, ils devaient éviter la doctrine de la subordination.1 Les Sémiariens2, et avec eux Cyrille de Jérusalem3 et Eusèbe de Césarée4, s’efforçaient d’éviter l’emploi du terme όμοούσιος, de peur de tomber dans l’erreur sabellienne, quoique les premiers affirmassent contre les sévères ariens (les disciples d’Aétius et les Eunomiens)5, que le Fils était d’essence semblable avec le Père (ô/xomva4oç)6· Mais Marcellus, évêque d’Ancyre, et son disciple , Photinus, évêque de Sirmium, poussèrent leur opposition à l’arianisme jusqu’à adopter en substance les principes du sabellianisme. Ils l’ont cependant modifié dans une certaine mesure en établissant une distinction entre les termes Logos et Fils de Dieu, et l’ont ainsi préservé contre toute apparence de patripassianisme.7
1 Chrysostome montre clairement la nécessité, aussi bien que la difficulté, d’éviter ces deux dangers, De Sacerdotio, iv. 4, sub finem : « Si la divinité de la déesse, il attirait directement sa voixSavellius, si les 3 devaient encore passer par le Père, et le Fils et l’Esprit et le Saint Autre, dit-il, il a fait appel à Arius, dans une variation de la substance de la différence de personne. Et il vit la confusion impie de lui, et cette division frénétique de se détourner et de fuir, la divinité du Père et du Fils et le Saint-Esprit se confessant, ajoutant les trois hypostases. C’est ainsi que nous nous souvenons des deux raids.
2 Les chefs des Sémiariens (όμοιουσιασταί, ήμιάρειοι) étaient Basile , évêque d’Ancyre, et Georgius, évêque de Laodicée. Comp, la confession de foi adoptée par le synode d’Ancyre (a. d. 358), dans Athanas. de Syn. § 41. Münscher, éd. par von Colin, p. 222.
3 Cyrille, Chat xvi. 24. Il rejette, d’une manière générale, les spéculations trop fines, et pense qu’il suffit de croire : Elç θεός ό Πατήρ· είς κύριος, ό μονογενής αυτού υΙός· έν τό πνεύμα τό άγιον, ό παράκλητος . Christ dit que celui qui croit en lui a la vie éternelle, et non pas celui qui sait comment il a été engendré. Nous ne devons pas aller au-delà de l’Écriture, ni tourner ni à droite ni à gauche, mais rester dans la via regia , μήτε δια τό νομίζειυ τιμάν τόν νίόν, πατέρα αυτόν άναγορεύσωμεν, μή Τε διά τό τιμάν τόν πατέρα νομίζειν, έν τι δημιουργημάτων τόν υϊόν ύποπτεύσωμεν, xi. 17. Au lieu de όμοούσιος, il préférerait όμοιος κατά πάντα, iv. 7, mais comp., les diverses lectures de l’ouvrage de Toutée, p. 53, et de Münscher éd. par von Colin, p. 224-226. Socrate. iv. 25. Il soutient également qu’il est nécessaire de tenir le milieu entre le sabellianisme et l’arianisme, iv. 8 : Καί μήτε απαλλοτρίωσης τού πατρός τόν υϊόν, μήτε συναλοιφήν έργασάμενος υίοπα-τορίαν πιστεύσης κ. τ. λ. Comp. xvi. 4, et Meier, die Lehre von der Trin-itat, t. I, p. 170. Le but principal de Cyrille est de maintenir fermement l’existence individuelle du Fils et du Père, sans annuler toutes les relations internes, de sorte que le Trias soit détruit et que le Fils soit dégradé au niveau des créatures par le Fils. Ην ποτέ ούκ ήν.]
4 Eus. Hist. Eccl. 1, 2, appelle le Son τόν τής μεγάλης βουλής άγγελον, τόν τής αρρήτου γνώμης τού πατρός υπουργόν, τόν δεύτερον μετά τόν πατέρα αίτιον, etc. Dans le Panégyrique, χ. i. il l’appelle aussi των αγαθών δεύτερον αίτιον, expression qui offensa beaucoup les écrivains orthodoxes ;♦ Mais à un autre endroit, il lui donne le nom d’Αύτόθεος , x. 4. Sur la formation des mots composés au moyen du pronom αυτό, dont Eusèbe fait un usage fréquent, comp., le Demonstr. Evang. iv. 2, 13, et Heinichen, 1. c. p. 223. Dans le même ouvrage, v. 1, p. 215, il est dit la subordination du Fils au Père ; il l’appelle, iv. 3, p. 149 , υιόν γεννητόν, mais dit pourtant qu’il est πρά χρόνων αΙωνίων όντα καϊ προόντα καϊ τω πατρϊ ώς υιόν διαπαντός συνός άντα ; encore une fois, il parle de lui comme έκ τής τού πατρός ανέκφραστου καϊ άπερινοήτον βουλής τε καϊ δυνάμεως ουσιούμενον. Pour plus de détails, voir Münscher, éd. par von Colin, p. 227-229, et Handbach, iii. p. 427, ss. Martini, Eus. Cæs. de Divinitate Christi Sententia, Rost. 1795, 4. ]Ritter, Eus. Cæs. de Divinitate Christi placita, Bonn. 1823, 4. Handl, de Eusebio Cæs. rclig. Christ, défenseur. Meier, 1. c. i. p. 167. Baur, Trinit. 472 . Domer, 792 : « Son système est un jeu de couleurs, un reflet des problèmes non résolus de l’église à cette époque. »
♦ Comp, la note du scholiaste dans le Cod. Med. (dans les éditions de Valesius et Heinichen, III. p. 219) : Mal < tu es théologien, Eusèbe, au sujet du snnarque et du snnaZ-oisn, et le co-créateur de tous les nouveaux dieux, en second lieu ces prétendues causes des biens, co-créateurs de la patrie de tous, et homousion, et la note plus récente dans le Cod. Mazarin., ibidem.
5 Sur les ariens stricts : A d i us d’Antioche , Eunomius, évêque de Cycicum, et Acacius, évêque de Césarée, en Palestine, comp. Philostorg. Épiph. Hær. 76, 10. Sur la vie, les écrits et les opinions d’Eunomius, voir Klose, 1. c. Neander, Histoire de l’Église (Torrey’s transi.), ii. 399-409. Comp. Domer, i. 3, p. 853, par. Meier, i. p. 176, par. Daur , Trin. i. 360, 8q.
6 Athanase a montré combien l’idée de similitude d’essence (homoi-ousianisme) était peu adaptée pour satisfaire l’esprit, lorsque, entre autres choses, il rappelle que beaucoup de choses peuvent être de même nature sans avoir jailli les unes des autres (comme l’argent et l’étain, un loup et un chien) ; De Synod. § 41. Les Sémiariens, avec les Ariens, soutenaient que le Fils avait été créé de la volonté du Père ; Le contraire leur paraissait n’être qu’une simple contrainte ou une simple force. En réponse, Athanase soutint l’idée d’une nécessité interne, fondée dans la nature même de Dieu, à laquelle la catégorie de la force ne s’applique pas. Il a comparé la relation à celle de l’éclat de la lumière. Orat. contr. Arios, 11, 2. Comp. Gieseler, Dogmengesch. 311. Neander, Hist. Dogm. (Ryland), p. 322. [ Voigt sur Athanase et l’Immanente Trinité, in Jahrb. f. dcutsche Théologie, 1858. Hessler sur A thana-sius, transi, dans Presb. Qu. Rev. 1857. Baur, Dogmengesch. 2e éd., p. 165, dit des Sémiariens qu’ils étaient à mi-chemin, réduisant les idées absolues des deux partis à des termes indéterminés, et revenant aux anciennes vues de subordination et d’émanation.
7 Les opinions de Marcellus (mort vers l’an 374) sont tirées en partie des fragments de son traité contre Asterias (de Subjection© Domini, édité par Rettberg, sous le titre : Marcelliana, Gott. 1794, 8), en partie des écrits de ses adversaires, Eusèbe (κατά Μαρκέλλου Lib. ii . et περί τής έκκλησιαστικής θεολογίας) et Cyrille de Jérusalem (Cat. xv. 27, 33), et en partie de sa propre lettre à Jules, évêque de Rome (Epiph. Hær. 72, 2). Les auteurs antérieurs sont divisés dans leurs opinions sur l’orthodoxie de Marcellus : le langage d’Athanase est très doux et prudent (διά του προσώπου μειδιάσας Epiph. Hær. 72, 4) ; bien qu’il n’approuve pas directement ses sentiments. Basile le Grand, d’autre part, (selon Épiphane, 69, 2, et 263, 5), et la plupart des autres évêques orientaux, insistèrent sur sa condamnation ; La plupart de ces derniers écrivains le considéraient comme un hérétique, comp. Montfaucon, Diatribe de Causa Marcelli Ancyrani (in Collect. Nova Patr. 1707, T. ii. Pag. ii) ; Klose, p. 21-25 , Gieseler , i. § 82, note 10. Marcellus avait autrefois défendu le terme όμοούσιος au concile de Nice. Lorsque, dans le cours de la controverse et de son opposition au sophiste arien Astérius, il parut pencher davantage vers le sabellianisme, cela se produisit peut-être sans qu’il en fût directement conscient ; 0 £. Baumgarten-Crusius, t. I, p. 277, 278. [Ueber die Orthodoxie des Marc., von F. A. Willenberg, Munster, 1859.] En ce qui concerne la doctrine elle-même, Marcellus revint à l’ancienne distinction faite entre λόγος ένδιάθε-τος et προφορικός ; il s’imaginait, d’une part, que le λόγος était ήσυχάζων en Dieu, et, d’autre part, qu’il était un ένέργεια δραστική procédant de lui. Dans la mesure où il maintient la réalité du Logos (qu’il ne considère pas comme un simple nom), en opposition à la vision sabellienne d’un τριας έκτεινομένη καί συστελλόμενη, et rejette l’idée de génération adoptée par le concile de Nice (parce qu’elle lui semblait empiéter sur la divinité du Logos), Il occupe une position intermédiaire entre l’un et l’autre. Il s’efforça aussi de réintroduire l’ancienne signification historique de l’expression υΐδς θεόν, comme s’appliquant à la manifestation personnelle du Christ historique, et non à la prééxistie du Logos ; car l’idée de génération ne peut s’appliquer à celle-ci. C’est pourquoi il interpréta au Logos incarné les phrases bibliques, Col. i. 15, et autres semblables, dans lesquelles il est parlé du Christ comme de l’image de Dieu ; De même, le πρωτότοκος πάσης κτίσεως , comp. Neander, Hist. Dogm. 317. Son disciple Photinus, évêque de Sirmium (auquel ses adversaires, avec peu d’esprit, donnèrent le surnom de Σκοτεινός), adopta des vues semblables, mais les poussa beaucoup plus loin ; il mourut vers l’an 376. Sa doctrine fut condamnée dans la formule susmentionnée μακρόστιχος, et de nouveau au concile de Milan (346 apr. J.-C.). Il fut lui-même démis de ses fonctions par le concile de Sirmium (351 apr. J.-C.). La secte des Photiniens, cependant, continua d’exister jusqu’au règne de Théodose le Grand. D’après ce qui a été dit à son sujet par Athan. de Syn. § 26, Socrate. ii. 19, Épiph. Hær. 70, Hilary (Fragm., et De Synodis), Marius Mercator (Ncstorii Scrmo IV.), et Vigil. Robinets. Dialogus), on ne peut pas déterminer jusqu’à quel point Photinus a adhéré aux principes de son maître, ou s’en est écarté. Comp, sur ce point Münscher, Handbuch, iii. p. 447. Neander, Church Hist. ii. 395> 425. Baumgarten-Crusius, p. 279. Gieseler, i. § 82. Hase, Church HisL dans la version de Wing, 114. Klose, p. 66, par. Lui aussi affirmait la coéternité du Logos (mais non du Fils) avec le Père, et employait le terme λαγοπάτωρ pour désigner leur unité, comme Sabellius avait utilisé le mot νίοπάτωρ. Il n’appliqua le nom de « Fils de Dieu » qu’au Christ incarné. La seule différence entre Marcellus et Photinus était probablement que ce dernier développait l’aspect négatif de la christologie plus que son maître, et par conséquent considérait le lien du Logos avec le Christ historique comme moins intime. C’est pourquoi ses disciples étaient appelés Ilomuncionitæ (selon Mar. Mercator, cité par Klose, p. 76). Ainsi Photin correspond davantage à Paul de Samosate, et Marcellus à Sabellius. De même, Photinus considérait la prééxistie du Christ d’une manière simplement idéale, la renvoyant (comme le firent plus tard les Sociniens) à la prédestination. Dans ces controverses, il est très frappant, comme l’a dit Münscher 11 :1s, « que les théologiens ne sous-entendent guère alors que peu de choses se sont passées. Il y avait la distinction faite par Marcellus aad Photinus entre les termes Logos et Fils de Dieu. En , , , , , ,
§ 93.
[Kahnis, Gesch. d. Lehre vom Hciligon Geiste. Ed. Burton, Test, des Pères anténicéens à la divinité du Saint-Esprit. 1831 (Œuvres, vol. 2). Hards (Archd.), Mission du Consolateur, 2e éd. 1851. Œuvres d’Owen, vol. iii et iv. La personnalité du Saint-Esprit, contre le sabellianisme, W. C. Child, dans Christian Review (N. Y.) 1852, pp. 515-537.]
Le Credo de Nicée n’a rien décidé au sujet du Saint-Esprit1, tandis que Lactance identifiait encore le Verbe avec l’Esprit2, d’autres théologiens considéraient l’Esprit comme une simple puissance ou un don divin, ou du moins n’osaient pas déterminer sa nature d’une manière plus précise, bien qu’habitués à enseigner la divinité du Fils en termes non équivoques3. Mais Athanase déduisit correctement de ses prémisses la divinité du Saint-Esprit4, et fut suivi par Basile surnommé le Grand, ainsi que par Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse5. (a. d. 381), influencé par Grégoire de Nazianze, adopta des définitions doctrinales plus précises concernant l’Esprit Saint, en particulier en opposition aux Macédoniens (πνενματομάχους)6 Bien que le terme όμοούσιος lui-même n’ait pas été appliqué à l’Esprit dans les canons de ce concile, cependant, en déterminant qu’il procède du Père, ils ont préparé la voie à d’autres définitions, dans lesquelles on lui7 attribuait un honneur et une puissance égaux à tous égards à ceux du Père et du Fils.
1 L'opposition à Arius devait nécessairement conduire à des définitions plus précises, car Arius (selon Athan. Orat. 1, § 6) soutenait que l’Esprit était aussi au-dessous du Fils que le Fils était au-dessous du Père, et qu’il était la première des créatures faites par le Fils. Mais il n’a pas paru sage de compliquer encore la question en discutant de la divinité de l’Esprit, puisque beaucoup de Pères nicéens, qui ont consenti à ce que le terme όμοούσιος fût appliqué au Fils, ne l’auraient pas si facilement admis en référence à l’Esprit. Voir Neander, Church History (Torrey), ii. p. 419 sq.
2 Voir ci-dessus, §87, note 1.
3 Il y avait là encore deux voies, l’une retombant dans le sabellisme, l’autre dans la continuation de l’arianisme. Lactance, d’une part, séparait le Fils du Père (à la manière des Ariens), et, d’autre part, confondait l’Esprit avec le Fils (comme le faisaient les Sabelliens). Certains auteurs ont suivi la même voie, tandis que d’autres ont attribué une personnalité distincte à l’Esprit, mais ont affirmé qu’il était subordonné à la fois au Père et au Fils (le point de vue arien). Grégoire de Nazianze donne un résumé des différentes opinions de son temps dans la cinquième de ses oraisons théologiques, qui fut composée vers l’an 380 (De Spir. S. Orat. xxxi. p. 559) : Quelques-uns des sages parmi nous considèrent l’Esprit Saint comme une énergie ( ενέργεια), d’autres pensent qu’il est une créature, d’autres encore qu’il est Dieu lui-même, et, enfin, il y en a qui ne savent quelle opinion adopter, par révérence, comme ils disent, pour les Saintes Écritures, parce qu’elles n’enseignent rien de précis sur ce point. Eustathe de Sébaste appartenait à cette dernière classe ; il dit à propos de la controverse macédonienne (Socr. ii. 45) : Έγώ ούτε Θεόν όνομάζειν τό πνεύμα τό άγιον αίρονμαι, ούτε χτίσμα κ,αλεϊν τολμήσαιμι. Comp. Ullmann, Gregor von Nazianz. p. 380. Neander, Hist. de l’Église, ii. 342 . Eusèbe de Césarée était d’autant plus disposé à subordonner l’Esprit au Père et au Fils, qu’il était disposé à admettre la subordination du Fils au Père. Il pense que l’Esprit est le premier de tous les êtres raisonnables, mais qu’il n’en appartient pas moins à la Trinité ; Dé- Théol. eccles. iii. 3 , 5, 6. Hilaire était convaincu que ce qui sonde les choses profondes de Dieu devait être lui-même divin, bien qu’il n’ait pu trouver aucun passage dans l’Écriture dans lequel le nom « Dieu » était donné au Saint-Esprit ; De Trim lib. xii. c. 55 ; Tuum est, quicquid te init ; neque alienum a te est, quicquid virtute scrutantis inest. Comp, de Trin. ii. 29 : De spiritu autem sancto nec tacere oportet, nec loqui necesse est, sed sileri a nobis eorum causa, qui nesciunt, non potest. Loqui autem de eo non necesse est, quia de patre et filio auctoribus confitendum est, et quidem puto an sit, non esse tractandum. Est enim, quandoquidem donatur, accipitur, obtinetur, et qui confession ! patris et filii connexus est, non potest a confessione patris et filii separari. Imperfectum enim est nobis totum, si aliquid dcsit a toto. De quo si quis intelligent ! ® nostræ sensum requirit, in Apostolo legimus ambo : Quoniam estis, inquit, filii Dei, misit Deus spiritum filii sui in corda vestra clamantem : Abba pater. Et rursum : Nolite contristare Spir. S. Dei, in quo signati est est... Unde quia est et donatur et habetur et Dei est, cesset bine sermo calumniantium, cum dicunt, per quem sit et ob quid sit, vel qualis sit. Si responsio nostra displicebit, diccntium : Per quem omnia et in quo omnia sunt, et quia spiritus est Dei, donum fidelium ; displiceant et apostoli et evaangelistæ et proph eüe, hoc tantum de eo quod esset loquentes, et post hæc pater et filius displicebit. — Ile nous conseille aussi de ne pas nous laisser embarrasser par le langage de l’Écriture, dans lequel le Père et le Fils sont parfois appelés Esprit. Il confond grossièrement les termes : Deus Spiritus, Dei Spiritus et Spiritus S., et, bien qu’il croie à la subsistance séparée de l’Esprit, il ne va pas au-delà de l’idée qu’il est un donum, un munus. — Meier , Trinitâtsl. t. I, p. 192. Cyrille de Jérusalem, lui aussi, s’efforce d’éviter toutes les définitions scripturaires de la nature du Saint-Esprit qui ne sont pas contenues dans les Écritures, bien qu’il le sépare nettement de tous les êtres créés, et qu’il le considère comme une partie essentielle de la Trinité ; mais il insiste particulièrement sur l’aspect pratique de cette doctrine en opposition au faux enthousiasme des fanatiques hérétiques. Chat. 16 et 17.♦
♦ Comme une pluie arrose les fleurs des espèces les plus diverses (roses et lys), 80 un seul Esprit est l’auteur de beaucoup de grâces différentes, etc. Cat. 12. He is τίμιον, rà αγαθόν, μύγας παρά θεού σύμμαχος καί προστάτης, μέγας όιόασκαλός έκκλησίας, μέγας υπερασπιστής ύπέρ έ)μών, etc., ibid, a 19. Par conséquent, sa gloire surpasse de beaucoup celle de tous les anges, c. 23.
4 Athanase (Ep. 4, ad Scrap.) s’efforça de réfuter ceux qui déclaraient que le Saint-Esprit était un χτίσμα, ou le premier des πνευμάτων λειτουργικών, et qui étaient appelés τροπικοί, πνευματομαχοΰντες. Il montre que nous ne renonçons complètement à l’arianisme que lorsque nous ne percevons dans la Trinité rien d’étranger à la nature de Dieu (άλλότριον η έξωθεν έπιμιγνύμενον), mais un seul et même être, qui est en parfait accord, identique, avec lui-même. Ύριάς δέ έστιν ούχ έως όνόματος μόνον καϊ φαντασίας λέξεως, αλλά άλ7]θείρ καϊ υπάρξει τριάς (Ερ. i. 28, ρ. 677). Il a fait appel à la fois aux déclarations de l’Écriture sainte et au témoignage de notre propre conscience chrétienne. Comment ce qui n’est sanctifié par rien d’autre, qui est lui-même la source de la sanctification de toutes les créatures, peut-il posséder la même nature que ceux qui sont sanctifiés par elle ? Nous sommes en communion avec Dieu et participons à la vie divine par le Saint-Esprit ; mais cela ne pourrait pas être si l’Esprit était créé par Dieu. S’il est certain que, par lui, nous devenons participants de la nature divine, autant il est certain qu’il doit lui-même être un avec l’être divin (εΐ δέ θεοποιεί, ούκ αμφίβολον, ότι ή τούτου φύσις Θεού έστι). Ερ. i. ad Scrap. § 24, p. 672, 73. Néandre, 1. c. p. 420. Meier, i. p. 187, par. [Voigt sur Athanase dans le Jahrb., f. dcutsche Theol. 1858.]
5 Basile le Grand, dans une occasion particulière, composa son traité, De Spiritu Sancto, adressé à l’évêque Amphiloque de l’onium (comp., avec lui Ep. 189 ; Homilia de Fide, T. ii. p. 132 ; Hom. contra Sab. T. ii. à la p. 195). Lui aussi soutenait que le nom de Dieu devait être donné à l’Esprit, et faisait appel à la fois à l’Écriture en général, et à la formule baptismale en particulier, dans laquelle l’Esprit est mentionné avec le Père et le Fils. Cependant, il n’insista pas beaucoup sur le nom lui-même, mais demanda simplement que l’Esprit ne soit pas considéré comme une créature, mais comme inséparable à la fois du Père et du Sou. Il a parlé dans un langage éloquent de l’importance pratique de la doctrine du Saint-Esprit (en tant que sanctificateur de l’homme De Spir. S. c. 16 : Τό όε μέγισ-τον τεκμήριον της πρός τόν πατέρα καί νϊόν τον πνεύματος σσ� �νάφειας, δτι ούτως έχειν λέγεται πρός τόν θεόν, ώς πρός έκαστον έχει τό πνεύμα τό έν ήμΐν (1 Çor. ii. 10, 11). En réponse à l’objection que l’Esprit est appelé don, il remarque que le Fils est aussi un don de Dieu, ibid., c. 24 ; comp. Klose, Basilius der Grosse, p. 34, ss. Son frère , Grégoire de Nysse , dans le deuxième chapitre de son grand Catéchisme, part d’idées semblables à celles de Lactance, que l’Esprit (le souffle) doit être relié au Verbe. puisqu’il en est ainsi même dans le cas de l’homme. Cependant, comme Lactance, il n’identifie pas l’Esprit avec le Verbe, mais il les sépare. L’Esprit ne doit pas être considéré comme quelque chose d’étranger qui entre de l’extérieur dans la Divinité (comp. Athanase) ; penser que l’Esprit de Dieu est semblable au nôtre, ce serait diminuer la gloire de la toute-puissance divine. u Au contraire, nous concevons que cette puissance essentielle, qui se manifeste comme une hypostase séparée, ne peut être séparée ni de la divinité dans laquelle elle repose, ni de la parole divine qu’elle suit. Elle ne cesse pas non plus d’exister, mais étant existant par elle-même (αντοκίνητον) comme la Divinité, elle est toujours capable de choisir le bien et d’accomplir tous ses desseins. Rupp, Gregor, von Nyssa, p. 169, 70. — Les vues de Grégoire de Nazianze s’accordaient avec celles de ces deux auteurs, bien qu’il sentît clairement les difficultés dont la doctrine en question était assaillie de son temps. Il anticipait l’objection, qu’elle introduirait un ΰεόν ξένον καί αγραφον (Orat. χχχ. 1, ρ. δ66. Ullmann, p. 381) ; il a également reconnu que la doctrine sous cette forme particulière n’était pas expressément contenue dans l’Écriture, et a donc pensé que la doctrine sous cette forme particulière n’était pas expressément contenue dans l’Écriture. qu’il faut aller au-delà de la lettre elle-même.♦ Il eut donc recours à l’idée d’une révélation graduelle qui, telle qu’il la concevait, se rattachait à un développement naturel de la Trinité. u L’Ancienne Épreuve, présente le Père sous une lumière claire, mais le Fils dans une lumière un peu plus faible : la Nouvelle Épreuve révèle le Fils, mais ne fait qu’indiquer la divinité de l’Esprit ; mais maintenant l’Esprit habite au milieu de nous, et se manifeste plus distinctement. Il n’était pas désirable que la divinité du Fils fût proclamée, tant que celle du Père n’était pas pleinement reconnue ; ni d’ajouter celle de l’Esprit, tant qu’on n’a pas cru à celle du Fils. Grégoire a compté la doctrine du Saint-Esprit parmi les choses dont parle le Christ, Jean xvi. 12, et recommandait donc la prudence dans les discours sur ce dogme. Il l’a développé lui-même principalement dans sa controverse avec Macédonius, et a montré, en opposition à lui, que le Saint-Esprit n’est ni une simple puissance, ni une créature, et que, par conséquent, il n’y a pas d’autre alternative que d’être Dieu lui-même. Pour plus de détails, voir Ullman, p. 378, par.
♦ Comp. Meier, Trinit. — Lehre, i. 190 : « L’absence d’une interprétation suffisamment précise de l’Écriture a été l’un des principaux obstacles à la reconnaissance de la consubstdntialité (Homousia) du Fils. Conduire la preuve des profondeurs de la conscience chrétienne paraissait trop aventureux à beaucoup de gens, surtout si l’on considère les tendances de l’Orient à cette époque ; ils avaient des doutes sur le fait d’attribuer au Saint-Esprit une identité d’essence, et de lui rendre un culte sans déclaration expresse du Christ et des apôtres.
6 Le mot ΊΙνευματομάχοι a un sens général, dans lequel il comprend, bien sûr, les ariens stricts. Mais la divinité de l’Esprit était également niée par les Sémiariens, tandis que leurs vues sur la nature du Fils se rapprochaient de celles du parti orthodoxe ; le théologue le plus éminent d’entre eux était Macédonius, évêque de Constantinople (341-360 apr. J.-C.). Soz. iv. 27, dit de lui : Έίσηγειτο δε τόν νϊόν Θεόν είναι, κατά πάντα τε καί κατ' ουσίαν δμοιον τώ πατρϊ· τό τε άάατ' Γιον πνεύμα άμοιρον τών αυτών πρεσβειών άπεφαίνετο, διάκονον καί υπηρέτην καλών, Théodoret, ii. 6, ajoute qu’il n’a pas hésité à appeler l’Esprit une créature. Son opinion fut ensuite appelée le Marathonien, du nom de Marafhonius, évêque de Nicomédie. Ses partisans paraissent avoir été très nombreux, surtout dans les environs de Lampsaque, voir Meier, i. p. 192. Les Macédoniens, bien que condamnés au second concile œcuménique, continuèrent d’exister en Phrygie en tant que secte distincte jusqu’au Ve siècle, lorsqu’ils furent combattus par Nestorius. Les objections que les Macédoniens firent eux-mêmes à la divinité de l’Esprit, ou dont ils furent accusés par leurs adversaires, sont les suivantes : « Le Saint-Esprit est engendré ou n’est pas engendré ; si c’est le cas, nous avons deux êtres sans origine (δύο τα άναρχα), à savoir, le Père et l’Esprit ; s’il est engendré, il doit être engendré soit du Père, soit du Fils : s’il est du Père, il s’ensuit qu’il y a deux Fils dans la Trinité, et par conséquent des frères (la question se pose alors, qui est l’aîné des deux, ou sont-ils jumeaux ?) ; mais si du Fils, nous avons un petit-fils de Dieu (Θεός υϊωνός »), etc. Greg. Orat. xxxi. 7, p. 560, comp. A th an as. Ep. i. ad Serapion, c. 15. En opposition à cela , Grégoire remarque simplement que ce n’est pas l’idée de génération, mais celle de έκπόρευσις qui doit être appliquée à l’Esprit, d’après Jean xv, chap. 26, et que la procession de l’Esprit est tout aussi incompréhensible que la génération du Fils. À ces objections en était une autre, à savoir que l’Esprit manque de quelque chose, s’il n’est pas Fils. Mais les Macédoniens invoquaient surtout l’absence d’Écritures décisives. Comp. Ullmann, p. 390, '91.
7 Le Seigneur, celui qui donne la vie, celui qui procède du père, le copère et le fils qui adoraient ensemble et qui glorifiaient ensemble, parlaient par les prophètes. Comp. § 91, note 4.
§ 94.
Walch, J. G., Historia Controversiæ Græcomm Latinorumquo de Processione Spir. S. Jenæ, 1751, 8. Pfaff, Chr. Matth., Historia succincta Controversiæ de Processione Spir. S. Tüb. 1749, 4. [Twesten, transi, in Bibliotheca Sacra, iii. 513, iv. 33, 8q.]
La formule du concile de Constantinople, cependant, n’a pas complètement réglé la question point en question. Car, bien que la relation de l’Esprit à la Trinité dans général a été déterminé, mais la relation particulière dans laquelle il se trouve avec la Le Fils et le Père, respectivement, restait à décider. Dans la mesure où le formule déclarait que l’Esprit procède du Père, il n’était pas vrai nient expressément la procession du Fils ; mais pourtant il pourrait être pris dans un sens négatif (exclusif). D’une part, l’affirmation que l’Esprit ne procède que du Père, et non du Fils, semblait favoriser l’idée que le Fils est subordonné au Père ; d’autre part, de soutenir qu’il procède de le Père et le Fils, semblaient placer l’Esprit dans une situation encore plus grande dépendance (c’est-à-dire sur deux au lieu d’un). Ainsi, la tentative d’établir la pleine la divinité du Fils diminuerait facilement la divinité de l’Esprit ; le l’effort, au contraire, pour donner une plus grande indépendance à l’Esprit, tendrait pour jeter dans l’ombre l’importance du Fils. Les pères grecs , Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nysse et d’autres affirmaient la procession de l’Esprit du Père, sans niant clairement qu’il procède aussi du Fils.1 Épiphane, au contraire, tirait l’Esprit à la fois du Père et du Fils, avec Marcellus d’Ancyre était d’accord2. Mais Théodore de Mopsueste et Théodoret n’admettraient nullement que l’Esprit doive son être en aucune façon à l’Esprit. Fils3, et défendit leur opinion contre Cyrille d’Alexandrie4. Les Pères latins, au contraire , et Augustin en particulier5, ont enseigné la procession de l’Esprit à la fois par le Père et par le Père. Fils. Cette doctrine s’est si solidement établie en Occident, qu’au troisième synode de Tolède (a. d. 589) la clause filioque a été ajoutée à la confession de foi du concile de Constantinople, et ainsi La base dogmatique d’un schisme entre l’Orient et l’Occident a été posée. Églises.6
1 Conformément aux notions dominantes de l’époque, le Père était considéré comme comme le seul principe efficient (μία αρχή) à qui toutes les autres choses doivent leur existence, de qui le Fils est engendré, et de qui procède le Saint-Esprit, qui opère toutes choses par le Fils, et dans le Saint-Esprit. La phrase : que l’Esprit Saint procède du Père, était particulièrement contre les Pneumatomachi. On affirmait, en opposition à eux, « que l’Esprit Saint ne tire pas son essence du Fils d’une manière dépendante, mais qu’il se tient d’une manière égale relation directe avec le Père, comme cause première commune ; que, comme le Fils est engendré du Père, 80 le Saint-Esprit procède du Père » Neander, Church Hist. ii. p. 420, sq.
2 Épiphane, Ancor. § 9, après avoir prouvé la divinité de l’Esprit , par exemple d’après Actes v. 3, dit : άρα θεός εκ πατρός καϊ νΐού τό πνεύμα, sans dire expressément qu’il Εκπορεύεται Εκ τού vlov. Comp. Ancor. 8 : Τ\νεύμα yàp θεού καϊ πνεύμα τον πατρός καϊ πνεύμα νϊού, ού κατά τινα σννθεσιν, καθάπερ Εν ήμϊν ψυχή καϊ σώμα, άλλ" Εν μεσω πατρός καϊ νίού, Εκ τού πατρός καϊ τού vlov, τρίτον τή όνομασία. Marcellus a déduit de cette position que l’Esprit procède à la fois du Père et du Père. le Fils, la similitude des deux derniers dans le sens sabellien. Eusèbe, de Eccles. Theol. iii. 4, p. 168 (cité par Klose, uber Marcell. p. 47). Sur les vues de Photinus, voir Klose, 1. c. p. 83.
3 Théodore de Mopsucstia, dans sa confession de foi (cité par Wakh, BibL Symb., p. 204), a combattu l’opinion qui représente l’Esprit comme <hà του vlov την υπαρξιν είληφός. Sur l’avis de Théodoret comp, le IX. Anathcmatisma de Cyrille, Opp. v. p. 47.
4 Cyrille condamnait tous ceux qui niaient que le Saint-Esprit fût le proprium du Christ. Théodoret, en réponse, observa que cette expression n’était pas répréhensible, si ce n’est plus qu’il entendait que le Saint-Esprit est de la même essence (όμοονσ^ος) avec le Fils, et procède du Père ; mais qu’elle doit être rejetée si qu’il tirait son existence du Fils, ou par l’intermédiaire de le Fils, ce qui serait contraire à ce qui est dit, Jean xv. 26 ; 1 Cor. ii. 12. Comp. Néandre, ii. 422.
5 Augustine, Tract. 99, in Evang. Joh. : A quo autem habet filius, ut sit Deus (est enim de Deo Deus), ab illo habet utique, ut etiam de illo procédât Spir. S. Et per hoc Spin S. nt etiam de filio procédât, sicut procedit de pâtre, ab ipso habet patre. Ibid : Spir. S. non de patre procedit in filium, et de filio proccdit ad sanctificandam creaturam, sed simul de utroque procedit, quamvis hoc filio Pater dederit, ut quemadmodum de se, ita de illo quoque procédât. De Trin. 4. 20 : Nec possumus dicere, quod Spir. S. et a filio non procédai, neque frustra idem Spir. et Patrie et Filii Spir. dicitur. 5,14: ... Sicunt Pater et Filius unus Deus et ad creaturam relative unus creator et unus Deus, sic relative ad Spiritum S. unum principium. (Comp, the whole section, c. 11 and 15.)
6 Cette clause additionnelle a fait son apparition à l’époque où Recared, roi de la Les Wisigoths, passèrent de la doctrine arienne à la doctrine catholique. Le synode ci-dessus prononça un anathème contre tous ceux qui ne croyaient pas que l’Esprit procédait du Père et du Fils. Comp. Mansi, ix. p. 981.
§ 95.
Plus on définissait avec précision la divinité du Saint-Esprit et celle du Fils, plus il devenait important de déterminer exactement le rapport dans lequel se trouvaient les différentes personnes les unes par rapport aux autres, et par rapport à l’essence divine elle-même, puis de fixer la terminologie ecclésiastique. Athanase, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse dans l’Église grecque, Hilaire, Ambroise, Augustin et Léon le Grand dans l’Église latine, ont exercé la plus grande influence sur la formation de ladite terminologie. Selon cet usage , le mot ουσία (essentia, substantia) désigne ce qui est commun au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; le mot υπόστασής (persona) ce qui est individuel, distinguant l’un de l’autre1. Chaque personne possède une particularité (Ιόιότης), par laquelle elle se distingue des autres personnes, malgré la similitude d’essence. Ainsi, l’existence non dérivée (αγεννησίά) appartient au Père, la génération (γέννησις) au Fils, et la procession (έκπόρενσις, ?κπεμψις ) au Saint-Esprit2. Quand Augustin rejeta toutes les distinctions qui avaient été faites autrefois entre les différentes personnes, et rapporta à la divinité trinitaire ce qui avait été auparavant prédit des personnes séparées (en particulier de la création), il purifia complètement le dogme des anciens vestiges du subordinationisme3; mais, en réduisant les personnes à l’idée générale des relations divines, il ne pouvait éviter entièrement l’apparition du sabellianisme.4 Boêthius et d’autres adoptèrent ses vues sur ce point.5
1 Les écrivains de cette époque évitaient d’employer le terme προσώπου, qui aurait correspondu plus exactement au mot latin persona, tandis que ύπόστασ4ς signifie littéralement substantiel, de peur qu’il ne conduisît à des inférences sabelliennes ; mais ils confondaient parfois υπόστασή avec ουσία, et employaient parfois φύσις au lieu de ce dernier. C’est ce qui a été fait , par ex.par Grégoire de Nazianze, Orat. xxiii. 11, p. 431, xxxiii. 16, p. 614, xiii. 11, p. 431 ; Ep. 1, ad Cledonium, p. 739, éd. Lips, cité par Ullmann, p. 355, note 1, et p. 356, note 1. Grégoire attache aussi quelquefois le même sens à νπόστασις et à προσώπου, bien qu’il préfère l’usage de ce dernier ; Orat. xx. 6, p. 379. Ullmann, p. 356, note 3. Cette distinction est définie plus précisément par Basils Ep. 236, 6, (cité par Münscher ed. par von Colin, p. 242, 243) : Ουσία δέ καί νπόστασις ταύτην έχει τήν διαφοράν, ήν έχει τδ κοινδν πρδς τδ καθ' έκαστον' οίον ώς έχει τδ ζώον πρδς τδν δείνα άνθρωπον, Δίά τοντο ουσίαν μεν μίαν επί τής θεότητος δμολογούμεν, ώστε τδν τον είναι λόγον μή δια-φόρως άποδιδόναι* νπόστασιν δέ Ιδιάζουσαν, ιν* άσύγχντος ήμϊν και τετρά-νωμένη ή περί Πατρδς παί Ύίον καί άγιον Πνεύματος έννοια ένυπάρχη κ. τ, λ. Comp. Greg. Naz. Orat. xxix. 11, p. 530, dans Ullmann, p. 355, note 3 ; et Orat xlii. 16, p. 759, cité par Ullmann, p. 356, note 3 , où la distinction entre ουσία et νπόστασις est mise en évidence. Je-renne, d’ailleurs, avait des objections à l’assertion qu’il y avait trois hypostases, parce qu’elle semblait conduire à l’arianisme ; mais il se soumit sur ce point au jugement du Siège romain ; comp. Ep. xv. et xvi. ad Damasum.
2 Grégoire. Naz. Orat. xli. 9 : Tout ce que le père, vlov, excepté de l’enfant à naître, tout ce que le fils, de l’esprit, excepté la naissance, etc. L. 16 : * Propres pères ou générosité, mais fils ou naissance, esprit ou émission ? mais les termes Propriété et dissociation étaient parfois utilisés comme synonymes , par exemple, Greg. Naz. Orat. xxxiii. 16, p. 614. Ull-mann, p. 357.
3 De tels vestiges se trouvent incontestablement même chez les Pères les plus orthodoxes, non seulement en Orient, mais aussi en Occident. Ainsi, par exemple, dans Hilaire, De Trin., iii. 12, et iv. 16. Il désigne le Père comme le juben-tem Deum, le Fils comme facientem. Et quand Athanase lui-même dit que le Fils est à la fois plus grand que le Saint-Esprit et égal à lui (μείζων καί Ισος), et que le Saint-Esprit, lui aussi, est lié au Fils comme le Fils au Père (Cont. Arian Orat. ii.), « l’idée d’une subordination est à la base de telles déclarations. » Dogmengesch. p. 315.
4 Augustinus Contra serm. Ariens, c. 2, n° 4, (Opp. T. viii.) : Unus quippe Deus et ipsa trinitas, et sic unus Deus, quomodo unus creator. — Il a aussi renvoyé les théophanies, qui étaient autrefois attribuées au Logos seul, à toute la Trinité. À l’appui de ce point de vue, il en appelle aux trois hommes qui sont apparus à Abraham ; De. Trin. ii. 18. Il pense aussi que l’envoi du Fils n’est pas seulement une œuvre du Père, mais de toute la Trinité. Le Père seul n’est pas envoyé, parce qu’il n’est pas engendré (comp., les passages cités par Meier, i. p. 206, ss.) [Nec pater sine filio, nec filius sine patre misit Esprit. S., sed eum paritcr ambo miserunt. Inseparabilis quippe sunt opera trinitatis. Solus pater non legitur missus, quia solus non habet aucto-rem, a quo genitus sit, vel a quo procédât. Contra serin. Ariens, c. 2, n. 4. Éd. Opp. Ant. 1700. Tom. Les distinctions entre les personnes ne sont, à son avis, pas des distinctions de nature, mais des distinctions de parenté. Mais il est conscient que nous n’avons pas de langage approprié pour désigner ces distinctions, De Trinit. v. 10 : Quum quæritur, quid très, magna prorsus inopia humanum laborat eloquium. Dictum est tamen : très personæ, non ut illud dicerctur, sed ne taceretur. Les personnes ne doivent pas être considérées comme des espèces, car nous ne disons pas : très equi are unum animal, mais tria animalia. Mieux vaudrait la comparaison avec trois statues d’une masse d’or, mais celle-ci aussi boiteuse, puisque nous ne rattachons pas nécessairement la conception de l’or à celle des statues, et l’inverse ; Ibid., vii. 11. Il rattache son point de vue sur la Trinité à l’anthropologie, mais en comparant les trois personnes avec la niemoria, l’intel-lectus et la voluntas de l’homme (1. c. ix. 11 ; x. 10, 18 ; xv. 7), il confine évidemment au sabellianisme ; elle a l’apparence de simples relations, sans forme personnelle. [Conf. 13, cap. 11. — Vellcm ut hæc tria cogitarent homines in seipsis. Longe alia sunt ista tria quam ilia Trinitas : sed dico ubi se ex-erceant et ibi probent, et sentiunt quam longe sunt. Dico autem hæc tria ; esse, nosse, veile. Sum enim, et novi, et volo ; sum sciens et volens ; et scio esse me, et veile ; et volo esse, et scire. In his igitur tribus quam sit inseparabilis vita, et una vita, ct una mens, et una essentia, quam denique in-separabilis distinctio, et tamen distinctio, videat qui potest.] D’autre part, l’importance pratique et religieuse de la doctrine de la Trinité apparaît très dignement, lorsqu’il nous rappelle qu’il est de la nature même de l’amour désintéressé (non envieux) de se communiquer, De Trin. ix. 2 : Cum aliquid amo, tria sunt ; ego, et quod amo, et ipse amor. Non enim amo amorem, nisi amantem amem : nam non est amor, ubi nihil amatur. Tria ergo sunt : amans, et quod amatur, et (mutuus) amor. Quid si non amem nisi meipsum, nonne duo erunt, quod amo et amor ? Amans enim et quod amatur, hoc idem est, quando se ipse amat. Sicut amare et aman eodem modo id ipsum est, cum se quisque amat. Eadem quippe res bis dicitur, cum dicitur : amat se et amatur a se. Tunc enim non est aliud atque aliud amare et amari, sicut non est alius atque alius amans et amatÉtats-Unis At vero amor et quod amatur etiam sic duo sunt. Non enim quisque se amat, amor est, nisi amatur ipse amor. Aliud est autem amare se, aliud est amare amorem suum. Non enim amatur amor, nisi jam aliquid amans, quia ubi nihil ama-tur, nullus est amor. Duo ergo sunt, se quisque amat, amor et quod amatur. Tunc enim amans et quod amatur unum est.. Amans quippe ad amorem refertur et amor ad amantem. Amans enim aliquo amore amat, ct amor alicujus amantis est... Retracto amante nullus est amor, ct retracto amore nullus est amans. Ideoque quantam ad invicem referuntur, duo sunt. Quod autem ad se ipsa dicnntur, et singula spiritus, et simul utrumque unus spiritus, et singula mens et simul utrumque una mens. Cf. lib. XV.♦
5 Boëthius, De Trin. (ad Symmach.)♦♦ c. 2 : Nulla igitur in eo (Deo) diver-sitas, nulla ex diversitate pluralitas, nulla ex accidentibus multitude, atque idcirco nec numerus. Cap. 3 : Deus vero a Deo nul 10 differt, nec vel acciden-tibus vel substantialibus differentiis in subjecto positis distat ; ubi vero nulla est differentia, nulla est omnino pluralitas, quare nec numerus ; igitur unitas tantum. Nam quod tertio repetitur, Deus ; quum Pater et Filius et Spir. S. nuncupatur, très unitates non faciunt pluralitatem numeri in eo quod ipsœ sunt... Non igitur si de Pâtre et Filio et Spir. S. tertio prædicatur Deus, idcirco trina prædicatio numerum facit... Cap. 6 : Facta quidem est trinitatis numerositas in eo quod est prædicatio relationis ; Servata vero unitas in eo quod est indifferentia vel substantiæ vel operationis vel omnino ejus, quæ secundum se dicitur, prædicationis. Ita igitur substantia continet unitatem, relatio multiplicat trinitatem, atque idco sola sigillatim proferuntur atque separatim quæ relationis sunt ; nam idem Pater qui Filius non est, nec idem uterque qui Spir. S. Idem tamen Deus est, Pater et Filius et Spir. S., idem justus, idem bonus, idem magnus, idem omnia, quæ secundum se potcrunt prædicari. — Boèce tombe dans le sabellianisme le plus trivial, en tirant une illustration de la Trinité des cas où nous avons trois noms pour la même chose, par exemple, gladius, mucro, ensis ; voyez Baur, Dreienigkeitsl. II. p. 34. — La doctrine orthodoxe de l’Église d’Occident est déjà exprimée par des formules frappantes de Léon le Grand, par exemple Sermo LXXV. 3 : Non alia sunt Patris, alia Filii, alia Spiritus Sancti, sed omnia quæcunque habet Pater, habet et Filius, habet et Spiritus S. ; nec unquam in ilia trinitate non fuit ista com-munio, quia hoc est ibi omnia habere, quod semper existere. LXXV. 1, 2 : Sempiternum est Patri, coæterni sibi Filii sui esse genitorem. Sempiternum est Filio, intemporaliter a Patre esse progenitum. Sempiternum quoque est Spiritui Sancto Spiritum esse Patris et Filii. Ut nunquam Pater sine Filio, nunquam Filius sine Patre, nunquam Pater et Filius fuerint sine Spiritu Sancto, et, omnibus existentiæ gradibus exchisis, nulla ibi persona sit anterior, nulla posterior. ïïujus enim beatæ trinitatis incommutabilis deitas una est in substantia, indivisa in opere, concors in voluntate, par in potentia, æqualis in gloria. D’autres passages sont cités par Perthel, Leo der Grosse, p. 138, 8s.
♦ Sur la manière dont Augustin a rendu sa doctrine de la Trinité intelligible à l’assemblée, dans ses sermons, voir Bindemann, ii. 205 8q.
♦♦ Il est douteux que l’ouvrage De Trin. soit réellement de Boèce ; nous le citons sous le nom usuel.
§ 96.
En gardant les trois personnes de la Divinité distinctes les unes des autres, il fallait faire très attention, de peur que l’idée de ουσία (essence), par laquelle l’unité était exprimée, ne soit comprise comme le simple concept d’un genre, et le ύπόστασις considéré comme un individu (une espèce) relevant de cette conception générique ; car cela appellerait nécessairement la représentation de trois dieux. Un autre malentendu devait aussi être évité ; car, en attribuant à Dieu lui-même ( l’αύτόθεος) une supériorité logique sur le Père, le Fils et l’Esprit, il pourrait sembler qu’il y ait quatre personnes, ou même quatre dieux. Ces deux opinions ont été partagées. Jean Accusnage, de Constantinople1, et Jean Philoponus2, d’Alexandrie, étaient les chefs des Trithéites ; tandis que le patriarche monophysite d’Alexandrie, Damien3, était accusé d’être le chef des Tétrathéites (Tétradites), mais probablement par déduction injuste.
1 On dit que l’empereur Justinien examina la foi d’Ascusnages de Constantinople, reconnut une seule nature au Christ incarné, mais affirma trois natures, essences et divinités dans la Trinité. Les trithéites , Conon et Eugène, auraient fait les mêmes déclarations à l’empereur.
2 L’opinion de Philoponus peut être vue d’après un fragment (Διαιτητής) conservé par Jean Damascenus (De Ilæresib. c. 83, p. 101, ss. Phot. Morue Bibb. 75. Nicéphale. xviii. 45-48, dont des extraits sont cités par Münscher , éd. par von Colin, i. 251). Selon lui, le φνσις est le genre qui comprend les individus de même nature. Les termes essence et nature sont identiques ; Le terme ύπόστασις, ou personne, désigne l’existence réelle séparée de la nature, ce que les philosophes de l’école péripatéticienne appellent άτομον, parce que là cesse la séparation du genre et de l’espèce. Comp. Scharftnberg, J, G., de Jo. Thilopono, Tritheismi defensore, Lips. 1768 (Comm. Th. ed. Velth usen, etc. T. i.), et Trechscl, dans le Studicn und Kritiken 1835, partie 1, p. 95, ss. Meier, 1. c. i. p. 195, ss. [Philoponus appliqua les idées d’Aristote à la Trinité ; il rattacha les deux notions φύσις et είδος, confondant l’essence divine commune avec la notion d’espèce. Voyez Neander, Dog. Hist. p. 310. Baur, Dogmengesch. p. 170 : Philoponus soutenait que la nature, dans l’usage de l’Église, signifiait le particulier aussi bien que le général, et qu’on pouvait aussi bien parler de trois natures que de trois hypostases ; mais il n’a pas dit qu’il y avait trois dieux.]
3 Dans sa controverse avec Pierre de Callinico, patriarche d’Antioche , Dami-anus soutenait que le Père est un, le Fils un autre, et le Saint-Esprit un autre, mais qu’aucun d’eux n’est Dieu en tant que tel ; ils possèdent seulement en commun la nature divine subsistante, et chacun est Dieu en tant qu’il y participe inséparablement. Les Damianites étaient aussi appelés Angélites (de la ville d’Angelium). Comp. Niceph. xiii. 49. Schrockh, xviii. p. 624. Münscher von. Colin, p. 253. Baumgarten-Crusius, t. I, p. 364. Meier, Trin. Lehre, p. 198 : « De tels systèmes de dissolution sont les signes de la vie de ces temps ; Ils s’exerçaient sur les formes mortes, cherchant en elles de l’aide, au lieu d’essayer d’abord de remplir les définitions rigides du dogme avec le con· Le trithcisme peut être considéré comme l’extrême de l’arianisme, et le tétrathéisme comme l’extrême du sabellianisme ; comp. Hasse, Anselme, 2 Thl. p. 289.
§ 97.
Ji G, Vossius, De tribus Symbolis, Amstel. 1642. Diss. ii. Waterland, Dan. Histoire critique du Credo d’Athanase, Cambridge, 1724. 28. 8. [Œuvres, 1843, t. III, p. 97-273.] Dennis, John, Le Credo d’Athanase, 1815. Comp. Münscher, éd. par von CoUn, i. p. 249, 50. Baumgarten-Crusius, L 124, 231, ii 124. [W7n. Whiston , Trois essais, 1713. J. Reddiff, Le Credo d’Athanase malustrated, etc., Lond. 1844. Le Credo d’Athanase, Mercersb. Revue, avril 1859. W. W. Harvey , Hist and Theol. of the Three Creeds, 2 vol.]
La doctrine de l’Église concernant la Trinité apparaît la plus complètement développée, et définie sous une forme symbolique parfaite, dans ce qu’on appelle le Symbolum quicumque (communément appelé, mais à tort, le Credo de saint Athanase). Il trouve son origine dans l’école d’Augustin, et est attribué par les uns à Vigilius Tapsensis, par les autres à Vincentius Lerinensis, et par les uns encore à d’autres1. Par la répétition des propositions positives et négatives, par l’affirmation perpétuelle, puis par la négation de ses positions, le mystère de la doctrine se présente, pour ainsi dire, en hiéroglyphes, comme pour confondre l’entendement. Il en résulta que tous les efforts ultérieurs de l’ingéniosité humaine pour résoudre ses contradictions apparentes d’une manière dialectique devaient se briser contre ce rempart de la foi, sur lequel le salut devait dépendre, comme les vagues se brisent sur un rocher inflexible2.
1 Selon l’ancienne histoire, Athanase rédigea le credo en question lors du synode tenu à Rome en l’an 341. Mais cela ne peut pas l’être , d’abord, parce qu’il n’existe que dans la langue latine ; deuxièmement, de l’absence du terme consubstantialis (όμοούσιος) ; et , troisièmement, de la doctrine plus développée concernant le Saint-Esprit (la procession du Fils). Il a été généralement adopté au VIIe siècle, sous le nom d’Athanase, lorsqu’il a été classé, comme un symbole œcuménique, avec le Credo des Apôtres et le Credo de Nicée. Paschasius Quesnel (Dissert, xiv. in Leonis M. Opp. p. 386, ss.) a d’abord émis l’opinion qu’il avait été composé par Vigilius, évêque de Tapsus en Afrique, qui vivait vers la fin du Ve siècle. D’autres l’attribuent à Vincens de Lerius, au milieu du Ve siècle. Muratori (Anecd. Lat. T. ii. p. 212-217), a conjecturé que son auteur était Venant !us Fortunatus (un évêque gallican du VIe siècle) ; et Waterland l’attribue à Hilaire d’Arles (qui vécut vers le milieu du Ve siècle). [Comp. Gieseler, Church Hist. ii. p. 75 (§ 12), note 7, dans l’édition de New-York ; il suppose qu’elle est née en Espagne au VIIe siècle.]
2 SYMBOLUM ATHANASIANUM :
1. Quicumque vult sal vus esse, ante omnia opus habet, ut tencat catholicam fidem. 2. Quam nisi quisque integram inviolatamque servaverit, absque dubio in æternum peribit. 3. Fides autem catholica hæc est, ut unum Deum in Trinitate et Trinitatem in unitate veneremur. 4. Neque confun-dentes personas, neque substantiam séparantes. 5. Alia enim est persona Patris, alia Filii, alia Spiritus Sancti. 6. Sed Patris et Filii et Spiritus Sancti una est divinitas, æqualis gloria, æqualis majestas. 7. Qualis.Pater, talis Filius, tabs et Spir. S. 8. Increatus Pater, increatus Filius, increatus Spir. S. 9. Im-mensus Pater, immensus Filius, immensus Spiritus S. 10. Æternus Pater, æternus Filius, æternus et Spir. S. 11. Et tamen non très æterni, sed unus æternus. 12. Sicut non très increati, nec très immensi, sed unus increatus et unus immensus. 13. Similiter omnipotens Pater, omnipotens Filius, omnipotens et Spiritus S. 14. Et tamen non très omnipotentes, sed unus omnipotens. 15. Ita deus Pater, deus Filius, deus et Spir. S. 16. Et tamen non très dii sunt, 8ed unus est Deus. 17. Ita dominus Pater, dominus Filius, dominus et Spir. S. 18. Et tamen non très domini, sed unus dominus. 19. Quia sicut sigillatim unamquamque personam et Deum et dominum confiteri Christiana veritate compellimur, ita très Deos aut dominos dicere catholica religione prohibemur. 20. Pater a nullo est factus, nec creatus, nec genitus. 21. Filius a Pâtre solo est, non factus, non creatus, sed genitus. 22. Spir. S. a Pâtre et Filio non creatus, nec genitus, sed proccdens. 23. Unus ergo Pater, nec très patres ; unus Filius, non très filii ; unus Spiritus S., non tree spiritus sancti. 24. Et in hac Trinitate nihil prius àut posterius, nihil majus aut minus, sed totæ très personæ coæternæ sibi sunt et coæquales. 25. Ita ut per omnia, sicut jam supra dictum est, et unitas in Trinitate et Trinitas in unitate veneranda sit. 26. Qui vult ergo sal vus esse, ita de Trinitate sentiat. (Opp. Athanasii, T. iii. p. 719.— Walch, Bibl. Symb. Vet. p. 136, ss. ; it is also contained in the collections of the symbolical books published by Tittnian, Hase, and others.♦)
♦ Tandis que le salut, à ce point extrême du développement de la doctrine, semble dépendre des points les plus raffinés de la dialectique, il est agréable d’entendre d’autres hommes, tels que Grégoire de Nazianze (voir Ullmann, p. 159, 170, Neander, Ullmann, Al Nazianzum, Al Saint Baptiste, Al T ♦ Chrysoste. II. 19), élevant la voix pendant cette période, qui n’attachaient pas une valeur aussi absolue à la simple orthodoxie de l’entendement, et qui étaient pleinement convaincus de l’émission de la connaissance humaine et de l’insuffisance de telles définitions dogmatiques, Greg. Orat 3D, 33, p. 577. Ullmann, p. 336, comp., cependant, p. 334, 35. Rvf <us dit aussi, Expos, p. 18 (dans le sens d’Irénée) : Quomodo autem Deus pater genuerit filium, noie discutias, nec te curiosius ingeras in profundi hujus arcanum (al. profundo hujus arcani), ne forte, dum inao-cessæ lucis fulgorem pertinacius perscrutaris, exiguum ipsum, qui mortalibus divino munere concessus est, perdas aspectum. Aut si putas in hoc omni indagationis genere nitendum, prius tibi propone quæ nostra sunt : quæ si consequenter valueris expedire, tunc a terrestribus ad cœlestia et a visibilibus ad invisibilia properato. — De plus, au milieu de cette élaboration dialectique des matériaux de la foi, nous ne pouvons pas nous méprendre sur la présence d’un but encore plus élevé, à savoir que, c’est-à-dire d’amener à une conscience distincte, non seulement l’unité de la nature divine, mais aussi le désir vivant de l’amour divin de se communiquer ; en d’autres termes, l’effort pour maintenir à la fois la nature rédemptrice de Dieu et son immanence dans ses œuvres, le premier en opposition au polythéisme et au panthéisme, et le second à un déisme abstrait. Jusqu’à présent, de telles formules ont aussi leur côté édifiant, en tant que témoignage de la lutte de l’esprit chrétien après une expression satisfaisante de ce qui n’a sa pleine réalité que dans les profondeurs du cœur chrétien.
§ 98.
LA VÉRITABLE HUMANITÉ DU CHRIST.
Traces de docétisme. — Arianisme.
Il n’était pas moins difficile de déterminer la relation du divin à la nature humaine du Christ, que de définir la relation entre les trois personnes et l’unique nature de Dieu. En effet, plus l’Église affirmait résolument la divinité du Fils de Dieu, plus la doctrine de l’incarnation du Fils devait être gardée, afin de ne pas abréger ni la vraie divinité ni la véritable humanité du Christ. En opposition au docétisme, la doctrine de la nature humaine du Christ avait en effet été si solidement établie, que personne ne pouvait nier qu’il possédât un corps humain ; et quand Hilaire , orthodoxe sur tous les autres points, semble confiner au docétisme, en soutenant que le corps de Jésus ne pouvait subir aucune souffrance réelle1, il veut seulement dire que les souffrances du Christ doivent être comprises comme un acte libre de son amour. Mais deux autres questions se posèrent, qui se heurtèrent à des difficultés plus grandes encore. En premier lieu, on s’est demandé si l’âme humaine formait une partie nécessaire de l’humanité du Christ ; et s’il en était ainsi (comme les orthodoxes le soutenaient en opposition avec les ariens)2, on se demandait encore si cette âme signifiait seulement l’âme animale, ou comprenait aussi l’esprit humain rationnel (par opposition au divin).
1 Hilaire veut conserver l’union la plus intime entre la nature divine et la nature humaine du Christ, afin qu’on puisse dire : totus hominis Filius est Dei Filius, et vice versa ; c’est pour la même raison qu’il dit de l’Homme-Dieu : De Trin. x. 23 : Habens ad patiendum quidem corpus et passus est, sed non habuit naturam ad dolendum. (Il le compare à une flèche qui traverse l’eau sans la blesser.) — Commentaire, dans le Ps. cxxxviii. 3 : Suscepit ergo infirmitates, quia homo nascitur ; et putatur dolere, quia patitur : caret vero doloribus ipse, quia Deus est (l’usage du mot latin pati a permis de faire une telle distinction). — De Trin. xi. 48 : In forma Dei manens servi formam assumsit, non demutatus, sed se ipsum exinaniens et intra se latens et intra suam ipse vacuefactus potestatem ; dum se usque ad formam temperat habitus humani, Ne potentem immensamque naturam assumptæ humanitatis non furet infirmitas, sed in tantum se virtue incircum-scripta moderaretur, in quantum oporteret earn usque ad patientiam connexi sibi corporis obedire. Il s’oppose à l’interprétation purement docétique des Impassibilitas, De Sy nodis 49 (2)orwer, ii. 2, 1055) : Pati potuit, ct passibile esse non potuit, quia passibilitas naturæ infirmis significatio est, passio autem est eorum, quæ sunt illata pcrpcssio. Il fait une distinction entre pas-sionis materia et passibilitatis infirmitas. Hilaire, d’ailleurs, attribue une âme humaine au Christ, mais dit qu’il n’a reçu ni cette âme ni son corps de Marie ; au contraire, l’Homme-Dieu a son origine en lui-même : comp. Dor-ner, p. 1040, ss., et toute la section.
2 Athan, Contra ApoIlin. ii. 3 : Αρειος δέ σάρκα μόνην προς άποκρνφην της Θεότ η τος όμολογεΐ״ αντί δέ του έσωθεν εν ήμΐν ανθρώπου, τοντέστι τηςι τηςεν ψυχής, τδν Λόγον έν τη σαρκΐ λέγει γεγονέναι, την τον πάθους νόησιν καί την έξ αδου άνάστασιν τη θεότητι προσάγειν τολμών. Comp. Epiph. Hær. 69, 19, et autres passages cités par Mùnscher von Colin, p. 268. Cette notion a été mise en avant de manière très importante par les ariens, Eudoxie et Eunomius ; sur le premier, voir Cave, Historia Script. Eccles, i. p. 219 ; En ce qui concerne le second, comp. Mansi, Cône. T. iii. p. 648, et Neander, Hist Dogm. 300. [Les doctrines d’Ari us ont été exprimées encore plus nettement par Eunomius. On ne peut même pas dire que le Fils soit semblable à Dieu ; car la ressemblance et la dissemblance ne peuvent être attribuées qu’aux choses créées. La génération à partir de l’essence divine est inconcevable ; Une génération éternelle est inimaginable. La volonté est le principe médiateur entre l’essence divine et le libre arbitre. Le Fils de Dieu a été créé selon la volonté de Dieu ; il n’était éternellement avec Dieu qu’en tant que prédestiné. Ibid., p. 316. Dans la Confession de foi d’Eunomius, il est dit que le Logos a supposé l’homme, à la fois corps et âme ; mais, sans doute, un ουκ a disparu : « non pas un homme composé de corps et d’âme » ; c’est ce qui ressort d’une citation d’Eunomius par Grégoire de Nysse, et aussi d’un fragment récemment publié par Mansi.—Baur, Dogmengesch. p. 161, dit qu’Eunomius s’écartait beaucoup du point de vue originel d’Arius, en soutenant que l’essence de Dieu pouvait être complètement conçue, particulièrement en ce qui concerne le point que Dieu doit être inengendré. Ainsi, l’arianisme conduit logiquement à mettre l’infini et le fini en opposition abstraite l’un à l’autre. Il présente le contraste entre le mode de pensée aristotélicien et platonicien.] Un autre parti des ariens, cependant, rejetait l’idée que le Logos avait été changé en l’âme du Christ, et supposait une âme humaine en même temps que le Logos. Dorner, t. II, p. 1038. Mais même certains théologiens orthodoxes de cette période utilisaient un langage indéfini sur ce point avant la montée de la controverse apollinaire. Comp. Mitn· *cher von Colin, p. 269. Dorner, 1. c. p. 1071, par.
§ 99·
Apollinaire, évêque de Laodicée, qui, à d’autres égards, jouissait d’une grande réputation parmi les théologiens orthodoxes, concevait que cette vie supérieure de la raison, qui élève l’homme au-dessus du reste de la création, n’était pas nécessaire à celui en qui il y a une demeure personnelle de la divinité ; ou plutôt, que la place de cette raison humaine était pourvue d’une manière absolue. le Logos, ou νους θειος, étant substitué.1 Son intention semble avoir été d’honorer le Christ, et non de porter atteinte à sa dignité. Il fut combattu par Athanase, et plus encore par Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse, dont les efforts conduisirent à l’adoption de la doctrine selon laquelle le Christ avait une nature humaine parfaite, composée d’un corps et d’une âme raisonnable, en même temps que la nature divine2. Le concile de Constantinople (a. d. 381) a condamné l’apollinarisme comme hérétique.
1 Apollinaire a été amené par sa culture♦ dialectique à supposer qu’il pourrait établir son argument avec une précision mathématique (γεωμετρικαΐς άποδείξεσι καί άνάγκαις). Parmi les écrits dans lesquels il expliqua ses vues, il n’en reste que des fragments dans les œuvres de Grégoire de Nysse, de Théodorct et de Léonce Byzantin (qui vécut vers l’an 590) ; ce sont les suivants : περί σαρκώσεως λογίδιον (άπόδειξις περί τής θείας έ νσαρκώσεως)—τδ κατά κεφάλαισν βιβλίον—περί άναστάσεως—περί πίστεως λογίδιον—et quelques lettres (in Gallandii Bibl. PP. T. xii. p. 706, par. Angelo Mai Class. Auct. L. IX. p. 495, par.). Comp. Domer, ii. 976, et Neander, Hist. Dogm. 320. Apollinaire s’opposait à l’union du Logos avec une âme humaine raisonnable, que l’être humain ainsi uni au Logos devait ou conserver sa propre volonté, auquel cas il n’y aurait pas de véritable interpénétration du divin et de l’humain, ou que l’âme humaine devait perdre sa liberté en s’unissant au Logos , l’un ou l’autre serait absurde. « Il s’opposait principalement à la τρεπτόν, ou liberté de choix en christologie. » — Domer, 1. c. p. 987. Selon lui, le Christ n’est pas simplement άνθρωπος ένθεος ; mais Dieu s’est fait homme. Selon la triple division de l’homme (l’anthropologie trichotomique), Apollinaire était disposé à attribuer une âme au Rédempteur, car il pensait que ce n’était qu’une chose intermédiaire entre le corps et l’esprit, et le ηγεμονικόν du corps. Mais ce qui détermine lui-même l’âme (rd αύτοκίνητον), et constitue la dignité supérieure de l’homme , le νους ( le ψυχή λογική) du Christ, ne peut pas être d’origine humaine, mais doit être purement divin ; car son incarnation n’a pas consisté en ce que le Logos devienne νους, mais en devenant σαρξ. (Que le Christ ait apporté le σαρξ lui-même du ciel, ou qu’il l’ait reçu de Marie, voir Baur, 595, note, et Dorner, 1007 sq. [Dorner dit qu’Apollinaire soutenait que le Logos était toujours potentiellement, ou avait la destination d’être, l’homme, puisqu’il était le type de l’humanité ; mais cependant, que l’assomption de la forme (chair) de l’homme ne s’est produite qu’à sa naissance.]) Mais comme l’indique le la raison divine supplée à la place de l’humain, il existe une différence spécifique entre le Christ et les autres hommes. Dans leur cas, chaque chose doit passer par un processus de développement graduel, qui ne peut être exempt de conflits et de péchés (όπου γάρ τέλειος άνθρωπος, έκεΐ καί άμαρτία, apud. Athan. Je. 2, p. 923. Comp. c. 21, p. 939 : άμαρτία ένυπόστατος). Mais cela n’a pas pu avoir lieu dans le cas du Christ : ουδεμία άσκησις έν Χριστώ· ούκ άρα νους έστιν ανθρώπινος. Comp. Grégoire de Nysse, Antirrhet. adv. ApoIlin, iv. c. 221. En même temps, Apollinaire supposait que le corps et l’âme du Christ étaient si complètement remplis et animés de la vie supérieure de Dieu, qu’il ne s’offusquait pas d’expressions telles que « Dieu est mort, Dieu est né », etc. En fait, il croyait que nous n’exprimons pas adéquatement l’unité si nous ne disons pas : « Notre Dieu est crucifié » et « l’homme est élevé à la droite de Dieu ». Il soutenait même qu’en raison de cette union intime, l’hommage divin est également dû à la nature humaine du Christ, 1. c. p. 241 et 264. Ses adversaires l’accusèrent donc de patripassianisme. Mais il s’agit certainement d’une simple inférence faite par Grégoire de Nazianze, lorsqu’il attribue à Apollinaire l’affirmation que le Christ devait posséder une âme animale ΪΓΓαύοηαζ, par exemple, celle d’un boise , ou d’un bœuf, parce qu’il n’avait pas une âme humaine raisonnable. D’autre part, Apollinaire, de son côté, ne manquait pas de déduire des conséquences similaires des positions de ses adversaires, les accusant de croire en deux Christs, deux Fils de Dieu, etc. Comp. Dorner, p. 985, par. Ullmunn, Greg. v. Naz. p. 401, 88. . Baur, Gesch. der Trinitatl. L p. 585, par.
♦ Baumgarten-Orusius, II. 160, voit ici un double platonisme : non seulement la distinction entre νοϋς et φνχή, mais aussi qu’à la place du νους vient une puissance supérieure, mais de la de même nature.
2 Athanase soutenait, en opposition à Apollinaire, Contra Apollinar. Jibri ii. (mais sans mentionner le nom de son adversaire, avec lequel il avait des relations personnelles), ♦ qu’il convenait au Christ d’être notre exemple à tous égards, et que sa nature, par conséquent, devait ressembler à la nôtre. Le péché, qui est empiriquement lié au développement de l’homme, n’est pas un attribut nécessaire de la nature humaine ; cela conduirait au manichéisme. L’homme, au contraire, était à l’origine exempt de péché, et le Christ est apparu pour cette raison même, c’est-à-dire pour montrer que Dieu n’est pas l’auteur du péché, et pour prouver qu’il est possible de vivre une vie sans péché (la controverse touchait ainsi à des questions de nature anthropologique alors débattues). surtout lib. II.), mais il n’admettait pas qu’il enseignait l’existence de deux Christs. Comp. Méandre, ii. 433 . Mohler, Athanase, ii. p. 262, ss.♦♦ Grégoire de Nazianze (Ep. ad Cledon. et Orat. 51) a également affirmé la nécessité d’une nature humaine vraie et parfaite. Elle n’était pas seulement nécessaire, comme moyen par lequel Dieu pouvait se manifester, mais Jésus ne pouvait racheter et sanctifier l’homme qu’en assumant toute sa nature, composée de corps et d’âme. (Des vues semblables avaient été autrefois soutenues par Irénée, et ont ensuite été développées plus complètement par Anselme.) Grégoire soutenait donc fortement la doctrine des deux natures du Sauveur. Il faut distinguer dans le Christ άλλο καί άλλο, mais pas άλλος καί άλλος. Comparez l’Epist. ad Nectar, sive Orat. 46, avec ses 10 Anatheinatismata contre Apollinaire, et Ulbnann, p. 396-413. L’œuvre de Grégoire de Nysse, intitulée λόγος αντιρρητικός πρός τά *Απολλινα-ρίου (qui a probablement été composée entre les années 374 et 380), se trouve dans Zaccagni Collect. Monum. Vett. et Gallandi, Bibl. Patr. vi. à la p. 517. Comp. i. § 83, note 30. Rupp, p. 139. — Il s’opposa aux disciples d’Apollinaire (Σ1η׳ονσ4ασταί, Διμοιριταί ) dans son Ep. Hær. 77. — La doctrine d’Apollinaire fut aussi condamnée en Occident par Damase, évêque de Rome (comp. Münscher von Colin, p. 277), et encore une fois par le second (synode œcuménique de Constantinople (381 ap. J.-C., can. vii). Les disciples ultérieurs d’Apollinaire semblent avoir développé la doctrine de leur maître d’une manière tout à fait docétique. Comp. Mohler, ubi supra, p. 264, sq.
♦ Sur le caractère de ce livre, seo Domer, L 984, note. [Il a été écrit après la mort d’Apollinaire, et il y est fait plutôt référence à ce que la tendance est devenue, qu’à des vues réellement avouées par Apollinaire lui-même]
♦♦ Mohler compare la doctrine d’Apollinaire à celle de Luther. C’est jusqu’à présent exact, car nous trouvons certainement dans Luther des déclarations semblables ; voir Schenkd, Das Wesen dee Protest. L 313. Pourtant, de tels parallèles peuvent rarement être pleinement réalisés. D’autres ont essayé de trouver d’autres correspondances avec Apollinaire à des époques ultérieures ; Domer a comparé ses vues avec celles d’Osiander (p. 1028), et Baur avec celles de Servet (Gesch. d. Trim iii. 104).
§ 100.
Jablonski, Ρ. E., Exercitatio historico-theologica de Nestorianismo. Bérol. 1724. — Tübinger Quartalschrift, 1835, 1re partie. [Zeitschrift f. d. luth. Théologie, 1854. N. et le Concile d’Éphèse, par H. A. Miles, dans le Christ Examiner, Bost. 1853.]
La tentative de maintenir l’intégrité de la nature humaine du Christ en même temps que la nature divine, conduisait nécessairement de temps en temps à se demander si ce que les Écritures rapportent au sujet de la vie et des actions du Rédempteur, de sa naissance, de ses souffrances et de sa mort, se rapporte seulement à son humanité, ou à la fois à sa nature divine et à sa nature humaine ; Si c’est le cas, de quelle manière peut-on dire qu’il se réfère à l’un et à l’autre ? Tandis que les maîtres de l’école alexandrine affirmaient en termes forts l’unité du divin et de l’humain dans le Christ, les théologiens d’Antioche, Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste faisaient une distinction stricte entre l’un et l’autre1. Enfin l’expression « mère de Dieu » (Θεοτόκος)2, que l’hommage croissant rendu à Marie avait fait naître, donna lieu à la controverse sur la relation des deux natures dans le Christ. Nestorius , patriarche de Constantinople, désapprouva cette phrase, soutenant que Marie avait donné naissance au Christ, mais non à Dieu3. Cyrille , patriarche d’Alexandrie, s’opposa à lui, et tous deux prononcèrent des anathèmes l’un contre l’autre4. Nestorius supposait, selon le mode de pensée d’Antioche, que la nature divine et la nature humaine du Christ devaient être distinctement séparées, et n’admettait qu’une συνάφεια (jonction) de l’une et de l’autre, une ενοίκηηις (demeure) de la Divinité. Cyrille, au contraire, était conduit par les tendances de l’école égyptienne (alexandrine)5, pour maintenir l’union parfaite des deux natures ( φυσική £νωσις.) Nestorius fut condamné par le synode d’Éphèse (a. d. 431)6, mais la controverse n’a pas pris fin.
1 Diodore mourut en 394. Quelques fragments de son traité : aux Coushers, sont conservés dans une traduction latine par Mar. Mercator, édit Baluze, p. 349, ss. (Garner, p. 317), et Leontius Byzantinus. Comp. Münscher, édit, par von Cölln, p. 280 : Adoramus purpuram propter indutum et templum propter inhabitatorem, etc. — Les opinions de Théodore sont exprimées dans sa confession de foi, que l’on trouve dans les Acta Cone. Actio vi. cité par Mansi, T. iv. p. 1347 ; dans Marius Mercator (Garner, L p. 95) ; Münscher von Colin, p. 280. Sur sa controverse avec Apollinaire, voir . Fritzsche, p. 92, 101. Comp. Neander, Church Hist ii. p. 446-95 (Torrey). Fritzsche, p. 8 : Mais ce n’est pas la nature divine d’une vierge qui naît, mais de la vierge qui naît de la substance de la constitution virginale ; ce n’est pas le Verbe de Dieu qui naît de Marie , mais qui naît de Marie s’il n’est pas de la postérité de David Le Verbe d’une femme est né, et naît d’une femme de l’Esprit Saint, parce qu’il a été formé en elle ; ce n’est pas du sein maternel que la Mère de la Patrie, la Mère de Dieu, selon la voix du bienheureux Paul, mais qu’elle est formée en elle. Plus tard, dans le sein du Saint-Esprit, vous êtes créés en vertu d’être formés, ou même imposés, pour ainsi dire.
2 Sur le sens ecclésiastique de ce terme, qui s’est peu à peu mis en usage, voir Socrate VII. 32 . Münscher, édit, par von Colin, i. 286. Les discussions absurdes sur le partus virgineus (comp. e. 20), où Marie, par allusion à ce que dit Ezéchiel, est appelée la porta Domini, per quam introivit in mundum, etc., appartiennent à la même classe. Néandre (Hist. Dogm. Ryland, p. 331) dit que la controverse a pris une tournure malheureuse dès le début, parce qu’elle est partie d’un mot, et non d’une idée doctrinale : « ainsi le fanatisme de la multitude s’est enflammé, et les passions politiques ont eu le plus grand jeu. »
3 Anastasias, prêtre d’Alexandrie (apr. J.-C. 428), a prêché contre l’utilisation du terme en question, et a ainsi suscité la controverse. Il fut suivi par Nestorius (disciple de Théodore de Mopsueste) ; Socrate. vii. 32. Leporius, prêtre et moine à Massilia, et disciple de Pélage, avait déjà proposé une doctrine semblable en Occident, voir Mùnscher, édit, par von Cülln, p. 282. Les vues de Nestorius lui-même sont contenues dans iii. (ii) Serraones Nestorii, cité par Mar. Mercator, p. 53-74. Mansi, iv. p. 1197. Gamer, ii. p. 3, ss. Il a rejeté l’appellation « mère de Dieu » comme païenne et contraire à Héb. vii. 3. S’appuyant ainsi sur la doctrine orthodoxe de la génération éternelle du Fils, il pouvait dire : Non peperit creatura cum, qui est increabilis ; non recentem de virgine Deum Verbum genuit Pater. In principio erat enim verbum, sicut Joh. (i. 1), ait. Non peperit creatura creatorem [increabilem], sed peperit hominem, Deitatis in-strumentum. Non creavit Deum Verbum Spir. S..... sed Deo Verbo templum fabricatus est, quod habitaret, ex virgine, etc. Mais Nestorius ne refusa nullement d’adorer la nature humaine du Christ dans son rapport avec le divin, et protesta énergiquement contre l’accusation de séparer les deux natures : Propter utentem illud indumentum, quo utitur, colo, propter absconditum adoro, quod foris videtur. Inseparabilis ab eo, qui oculis paret, est Deus. Quomodo igitur ejus, qui non dividitur, honorem [ego] et dignitatem audeam separare ? Divido naturas, sed conjungo reverentiam (cité par Garner, p. 3). Et dans le fragment donné par Mansi, p. 1201 : Διά τδν φορούντα τδν φορούμενον σέβω, διά τδν κεκρυμένον προσκυνώ τδν φαινό-μενον- άχώριστος του φα�οσ �νομένου θεός* διά τούτο τού μη χωριζομένου τήν τιμήν ον χωρίζω· χωρίζω τάς φύσεις, άλλ9 Ινώ τήν προσκννησιν. Il préféra appeler Marie θεοδόχος ou Χριστοτόκος, au lieu de Θεοτόκος, Comp , les autres passages de Mùnscher, éd. par von Colin, p. 284-286. Baur, Gesch. der Trinitat. i. p. 727, ss.
4 Sur l’histoire extérieure de cette controverse, voyez les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. — Elle commença par une correspondance entre Nestorius et Cyrille, dans laquelle ils s’accusaient l’un l’autre de séparer et de confondre respectivement les deux natures du Christ. Cyrille était soutenu par Ccélestine , évêque de Rome, Nestorius par les évêques orientaux en général, et Jean, évêque d’Antioche, en particulier. — Dans le cours de la controverse, Nestorius se déclara prêt à adopter même le terme de Θεοτόκος. s’il est correctement expliqué. Comp, les Acta, et surtout les Anathematismata eux-mêmes dans Mansi, v. p. 1, ss ., et iv. p. 1099 ; dans Mar. Mercator, p. 142 (Garner, ii. 77, ss.), reproduit dans Baumgarten’s Theologische Streitigkeiten, vol. ii. p. 770, ss. Gieseler, Lehrb. dor Kirchengesch. i. § 88, note 20. Mùnscher von Colin, p. 290-295.
5 De même que les Alexandrins exaltaient le υπέρ λόγον, s0 les Antiochiens le κατά λόγον Neander, Hist. Dog. 334. Sur leurs divergences et les inférences que chaque partie tirait des vues de l’autre à son désavantage, voir ibid. L’άντιμετάστάσις των όνομάτων a été poussé à l’extrême par les Alexandrins, tandis que les Antiochiens distinguaient entre ce qui est dit δογματικώς, et ce qui est dit πανηγνρικώς,
6 Les actes du Synode sont donnés dans Mansi, iv. p. 1123 ; Fuchs, iv. p. 1, 88. Le synode fut organisé d’une manière partisane par Cyrille. — Un contre-synode se tint sous la direction de Jean, évêque d’Antioche, en opposition à Cyrille et à Memnon ; ceux-ci excommunièrent à leur tour Jean et son parti. L’empereur Théodose confirma d’abord la sentence de déposition que les deux parties en conflit avaient prononcée l’un contre l’autre, mais ensuite Nestorius fut abandonné de tous ; car Jean d’Antioche lui-même fut amené à donner son consentement à la condamnation de son ami, après que Cyrille eut proposé une formule dont les contradictions, avec son ancien Anathematismata, n’étaient que médiocrement élucidées. Münscher, éd. par von. Colin, p. 297). La conséquence fut la séparation du parti nestorien (chrétiens chaldéens, chrétiens de Thomas) de l’église catholique. Sur la suite de l’histoire des nestoriens, voir J, S, Assemanni, de Syris Nestoi ianis, dans Bibl. Orient. Rom. 1728, T. iii. P. 2. « Nous pouvons appeler le point de vue de Cyrille (selon lequel l’humain est changé en divin), l’aspect magique de l’union, et celui de Nestorius (selon lequel les deux natures ne sont réunies que l’une de l’autre) le mécanique. » Domer, 1re éd., p. 90.
§ 101.
CONTROVERSE EUTYCHIEN-MONOPHYSITE.
La doctrine qui séparait les deux natures du Christ avait été rejetée par la condamnation de Nestorius. Mais avec l’influence croissante du parti de Cyrille, dirigé par Dioscore, successeur1 de Cyrille, le danger encore plus grand s’éleva de confondre lesdites natures au lieu de les séparer. Le zèle d’Eutychès, archimandrite [abbé] de Constantinople, qui soutenait la doctrine d’une seule nature dans le Christ2, causa de nouveaux troubles. Après que Diocure eut vainement essayé d’imposer la doctrine monophysite par des moyens violents à l’Église d’Orient3, lui et ses sentiments furent finalement condamnés au concile de Chalcédoine (apr. J.-C.). Au cours de la controverse , Léon le Grand, évêque de Rome, adressa une lettre à Flavien, évêque de Constantinople.4 Sur la base de cette Epistola Flaviana, le synode se prononça en faveur de la doctrine des deux natures, qui ne devait être ni séparée ni confondue, et, afin d’éviter de nouvelles erreurs, rédigea une formule de foi qui devait être obligatoire pour toutes les parties.5
1 En ce qui concerne son caractère et sa conduite violente, en particulier envers Théodoret, voir Neander, Church History, ii. 500-522. Les actes de cette controverse sont donnés dans Mansi, T. vi. vii. (Jwy. Mai, Script. Vett. Enrouler. T. vii. et ix. Coll. Class. Auct. T. x. p. 408, par.) [Libère Breviarium Causæ Nestor, et Eutychian. in Mansi, ix. 659 . Ketzerhist. vi. Baur, Dreiel-nigkeit, i. 800. Domer, Person Christi, ii. 99 sq.]
2 Eutychès fut chargé par Eusèbe de Dorykeum de faire renaître les erreurs valentiniennes et apollinaires, et déposé par un synode tenu à Constant !· nople en l’an 449. Voir Mansi, vi. p. 694-754. Selon les actes de ce synode, il a enseigné : Μετά την ένανθρώπησιν τον θεού λόγον, τουτέστι μετά την γέννησιν τον Κνρίον ήμων Ἰησοῦ Χρίστον, μίαν φύσιν ττροσκννεϊν κ,Αΐ ταύτην θεόν σαρκωθεντος καί ένανθρωπ7' !σαντος· Il niait que la chair du Christ fût de la même essence (δμοονσιος) que la nôtre, bien qu’il ne fût pas compris comme enseignant que le Christ avait apporté son corps avec lui du ciel. Mais quand ses adversaires l’ont finalement mis dans un coin, il est allé jusqu’à admettre la similitude de l’essence à l’égard du corps. Mais on ne pouvait pas l’amener à confesser sa croyance en l’existence de deux natures, l’une divine et l’autre humaine. Il soutenait qu’il n’y avait eu que deux natures πρύ τής ίνώσεως ; mais après cela, il n’en reconnaîtrait qu’une. Sur l’accord entre sa doctrine et celle de Cyrille, voir Münscher édité par von Colin, p. 301.
3 Ces procédés violents ont été poussés à l’extrême au Synode des brigands, a. d. 449 (Latrocinium Ephesinum , οννοδος ληστρική), dont on peut trouver les actes dans Mansi, vi. p. 593, ss. Fuchs, iv. p. 340, ss.
4 L’épître en question est donnée dans Mansi, v. p. 1359 (publié séparément K, Phil. Henke, Ilelmst. 1780, 4, comp. Griesbach, Opusc. Acad. T. L p. 52, ss. Münscher von Colin, p. 302) : Salva proprietate utriusque naturae et substantiæ et in unam coëunte personam, suscepta est a majestate humili-tas, a virtute infirmitas, ab æternitate mortalitas ; et ad resolvendum con-ditionis nostræ debitum natura inviolabilis naturæ est unita passibili, ut quod nostris remediis congruebat, unus atque idem mediator dei et hominum, homo Jesus Christus, et mori posset ex uno et mori non posset ex altero. In integra ergo veri hominis pcrfectaque natura verus natus est Deus, totus in suis, totus in nostris, etc... Qui enim verus est Deus, idem verus est homo , et nullum est in hac unitate mendacium, dum invicem sunt et humilitas hominis et altitudo deitatis. Sicut enim Deus non mutatur miseratione, ita homo non consumitur dignitate. Agit enim utraque forma cum alterius communione, quod proprium est : Verbo scilicet opérante, quod verbi est, et cami exscquente, quod carnis est, etc. Il attribue ensuite la naissance, la faim, la nudité, les souffrances, la mort, l’ensevelissement, etc., à l’homme, les miracles à la nature divine ; le passage de Jean xiv. 28, se rapporte au premier, celui de Jean x. 30, au second. Comp, sur la christologie de Léon , Perthel, u. 8.146 ; Baur, 807 m²
5 Mansi, vii. 108, ss. : ..À la suite des saints Pères, un seul et même fils homonyme de notre seigneur 9 tu as été le Christ selon tout ce qu’on nous a enseigné, parfait le même en divinité et parfait le même en homme, dieu et homme vraiment identiques en âme de raison et en corps, consubstantiel au médecin selon la divinité, et consubstantiel au même à l’homme, en toutes choses semblables à moi, sans péché ; il y a des siècles du docteur né selon la divinité, pour le9e des derniers jours de l’un de nous, et pour le salut de Marie la Vierge Marie de la Vierge Marie selon l’humanité, un seul et même Christ le Fils, Seigneur, unique engendré de deux natures (une de deux natures)♦ inconsciemment, inexorablement, indivisiblement, inséparablement connu ; vivre l’eau de la différence des natures suscitées pour l’union, et plutôt l’Attribut d’une nature pure, et en une seule personne et une seule hypostase cohabitant, non pas en deux personnes partagées, ou divisées, mais 9 un seul et même Fils et Fils unique, la parole de Dieu, Seigneur 9 !tu étais Christ d’en haut 01 prophétisé au-delà de lui et lui de nous 9° Christ formé, et celui des pères a reçu un symbole.
♦ Concerning this different reading, comp. Mansi, p. 106, 775, 840. Walch, Bibb Symb. p. 106.
On ne peut manquer de voir un parallèle dogmatique entre ces décisions christologiques et les déterminations théologiques du concile de Nice, avec cette seule différence (exigée par la différence des objets en vue), que ceux-ci entendaient par φύσις ce qui appartient à chaque nature séparément, mais par ύπόστασις, πρόσωπον, ce que l’un et l’autre ont en commun ; c’est l’inverse qui se produit dans les décisions du synode de Chalcédoine.
§ 102.
Mais l’autorité de la décision du concile de Chalcédoine ne fut pas tout de suite généralement reconnue. De nombreux conflits s’ensuivirent1 avant que la doctrine des « deux natures en une seule personne » ne soit reçue comme la doctrine orthodoxe de l’Église, et finalement insérée dans ce qu’on appelle communément le Credo d’Athanase2. Cependant, le juste milieu entre les deux points de vue extrêmes n’a pas été strictement préservé. En effet, par l’admission d’une nouvelle clause, à savoir que l’une des personnes divines avait été crucifiée (Théopaschitisme), dans le credo du cinquième synode œcuménique (a. d. 553)3, la notion monophysite a pris l’ascendant dans le domaine de l’orthodoxie.
1 L’Henoticon de l’empereur Zénon, en 482, dans Evagr. iii. c. 14 (publié séparément par Berger., Wittemb. 1723, 4), était destiné à amener une réconciliation entre les parties en conflit, mais n’a pas été suivi d’un succès permanent. Comp. Jablonsky, Diss, de Henotico Zenonis. Franco(, ad Viadr. 1737, 4. Münscher c. Colin, p. 306, 7. Il a été enseigné que le Christ était δμοούσιος τώ πατρϊ κατά την θεότητα , καϊ δμοούσιος ήμιν κατά την ανθρωπότητα. Le prédicat Θεοτόκος a été justifié pour Marie, et les anathèmes de Cyrille ont été justifiés.
2 Symb. Athan. pars. ii. — (Comp. § 97).
27. Sed necessariuin est ad æternam salutem, nt incamationem quoque Domini nostri Jesu Christi fideliter credat. 28. Est ergo tides recta, ut eredamns et confiteamur, quia Dominas noster Jesus Christus, Dei filius, Deus pariter et homo est. Deus est ex substantia Patris ante sæcula genitus : homo ex substantia matris in sæculo natus. 30. Perfectus deus, perfectus homo, ex anima rational ! et humana carne subsistons. 31. Æqualis Patri secundum divinitatem, mineur Patre secundum humanitatem. 32. Qui, licet deus sit et homo, non duo tamen, sed unus est Christus. 33. Unus autem non conversione divinitatis in carnem, sed assumtione humanitatis in Deum. 34. Unus omnino non confusione substantiarum, sed unitate personæ. 35. Nam sicut anima rationalis et caro unus est homo, ita et Deus et homo unus est Christus. 36. Qui passus est pro salute nostra, descendit ad inferos, tertia die resurrexit a mortuis, 37. ascendit in cœlos, sedet ad dexteram Pa-tris, inde venturus judicare vivos et mortuos. 38. Ad cujus adventum omnes homines resurgerc debent corporibus suis et reddituri sunt de factis pro-priis rationem. 39. Et qui bona egerunt, ibunt in vitam æternam : qui vero mala, in ignem æternum. 40. Ilæc est tides catholica, quam nisi quisquam fideliter firmiterque crediderit, sal vus esse non poterit.
3 Pierre Fullo (ό γναφενς) fut le premier qui introduisit la clause θεός ίσταυρώθη dans le Trishagion, à Antioche, 463-471. [Sur le τρισάγιον voir Gieseler, 1. c. i. § 110, note 12.] — En l’an 533, Justinien déclara l’expression unum crucifixum esse ex sancta et consubstantiali Trinitate pour orthodoxe (Cod. l. 1. Tit. 1. 6) : il le fit d’accord avec Jean IL, évêque de Rome, mais en opposition avec son prédécesseur Hormisdas. — Le décret du concile est donné dans Mansi, ix. p. 304 : EI τις ονχ όμολογεϊ τόν έστανρωμενον σαρκϊ Κύρων ημών Ίησούν Χριστόν είναι θεόν θεόν α T�ληθινδν καϊ κύριον της όόξης, καϊ ενα της αγίας τρίαδος- ό τοιούτος ανάθεμα έστω..— Cette victoire des partisans du théopaschitisme n’était que la contrepartie de celle que les amis de l’expression Θεοτόκος avait gagné au cours des années précédentes. Des expressions telles que « Dieu est né, Dieu est mort » sont progressivement entrées en usage dans la théologie dogmatique. C’est en ce sens que, par exemple, l’auteur du Soliloquia Ani-mæ (que l’on trouve dans les œuvres d’Augustin) c. 1, a fait la prière suivante : Manus tuæ, Domine, fecerunt me et plasmaverunt me, manus inquam illæ, quæ affixæ clavis sunt pro me.
§ 103.
diverses modifications de la doctrine monophysite. APHTHARTODOCETÆ, PHTHARTOLATRI, AGNOETÆ.
Gieseler, J. C. L., Commentatio, qua Monophysitarum veterum Variæ de Christi Persona Opinâmes imprimis ex ipsorum effatis recens editis illustrantur. Parts L Π. Gott 1838, IV.
Les monophysites eux-mêmes n’étaient pas d’accord sur la question de savoir si le Christ possédait un corps corruptible ou un corps incorruptible ? Les Phthartolatres (Sévériens) soutenaient la première ; les Aphthar-todocètes (Julianistes) affirmaient la seconde, conformément à leurs prémisses monophysites concernant la nature du Christ. Des opinions différentes se sont élevées parmi les Aphthartodocètes eux-mêmes sur la question de savoir si le corps du Christ a été créé ou non, et ont conduit à la formation de deux partis distincts, les Ktistolatri et les Aktistetœ1 . L’assertion donc de Thémistius, diacre d’Alexandrie, que l’homme Jésus ignorait beaucoup de choses (Agnoëtisme, Marc, XIII, 32 ; Luc ii. 25), a été rejetée par les monophysites stricts2.
1 Sources : Leont. Byzant. (dans Gallandii Bibl. Patr. xii.) Niceph. Callisti, lib. xvii . Gieseler (dans la 2e partie de la dissertation citée ci-dessus) s’efforce de prouver que l’opinion des julianistes n’était nullement purement docétique, mais alliée à celle de Clément d’Alexandrie, d’Hilaire, de Grégoire de Nysse, etc., et qu’elle ressemblait aussi aux opinions d’Apollin-ris . Xénaïas (Philoxène), évêque de Hiérapolis, et contemporain de Julien, évêque d’Halicarnasse, apparaît comme le représentant de cette opinion, comp. p. 7. — Différentes significations ont été attachées au mot φθορά, qui a été fait tantôt pour dénoter la fragilité du corps vivant, et sa susceptibilité à la souffrance, tantôt pour signifier la dissolubilité du cadavre ; Ibidem, p. 4.
2 Du côté orthodoxe , Grégoire le Grand (Epist x. 35, 39) s’est prononcé contre l’agnoëtisme. Sur la controverse en Occident , avec Leporius, moine de Gaule (vers 426), qui enseigna aussi l’agnoëtisme en relation avec les doc-trigones de Théodore de Mopsueste, voir Neander, Hist Dogm. (Ryland), p. 339. [Il a plaidé pour le transfert inconditionnel des prédicats de la nature humaine au divin, et par conséquent pour des expressions telles que « Dieu est né », « Dieu est mort ; il a également enseigné une révélation progressive du Logos divin dans la nature humaine à laquelle il était uni, et l’agnoëtisme. »
Quoique l’Église orthodoxe fût loin d’accorder la moindre approbation au docétisme, les idées qu’Origène avait dans la période précédente (voir § 66, note 6), à savoir que le Christ est ressuscité du tombeau avec un corps glorifié, ont trouvé beaucoup plus d’amis dans la période actuelle. Non seulement Hilaire, dont les vues, en général, se rapprochent le plus de celles des Docètes, mais aussi Chrysostome, Théodoret et la plupart des théologiens orientaux, à l’exception d’Éphram le Syrien, de Grégoire de Nysse et de Cyrille de Jérusalem, adopté plus ou moins la notion d’Origène. C’est ainsi que Chrysostome dit à propos de Join ! XXI. 10 : Tyaivero Γάρ Άλλη μορψή, άλλη φωνή, άλλφ σχηματ’ι ; à l’appui de son opinion, il en appelle particulièrement à l’apparition du Christ lorsque les portes sont fermées, etc. D’un autre côté, les derniers pères nommés de l’église d’Orient, ainsi que les théologiens d’Occident , Jérôme en particulier, ont affirmé que le Christ possédait le même corps avant et avant sa résurrection. Cyrille soutient fermement que le Christ était h׳ σωματι παχεϊ. Augustin et Léon le Grand, au contraire, se sont efforcés de concilier la notion de l’identité du corps du Christ avec l’idée de sa glorification. C’est ce que dit Léon dans Sermo 69, de Resurrect Dom. cap. 4 (T. 1 p. 73) : resurrectio Domini non finis carnis, sed commutatio fuit Dec virtutis augmente con-suinta substantia est. Qualités transiit, non natura deficit : et factum est corpus impassibile, immortale, incorruptibile. .. nihil remansit in carne Christi infirmum, ut et ipsa sit per essentiam et non sit ipsa per gloriam. Grégoire le Grand et d’autres ont tenu des propos semblables. — La plupart des théologiens de cette époque ont également adhéré à l’opinion que le Christ s’était vivifié par sa propre puissance, en opposition à l’idée que les ariens entretenaient que le Père l’avait ressuscité d’entre les morts. En effet, la doctrine des deux natures dans le Christ leur a fait imaginer que l’union qui subsistait entre le divin et l’humain était si intime et si permanente, que son corps et son âme, après leur séparation naturelle par la mort, continuaient à être liés à sa nature divine, le corps dans le tombeau, l’âme dans l’Hadès. Christ n’avait pas non plus besoin de l’ange pour rouler la pierre ; son ascension a également été provoquée par un acte indépendant de sa nature divine, et non par un miracle opéré par le Père sur lui (en général, les théologiens avaient coutume à cette époque de considérer les miracles du Christ comme des œuvres accomplies par sa nature divine). La nuée qui enveloppait autrefois tous les événements de la vie du Christ, était maintenant changée en un char triomphal (όχημα}, que les anges accompagnaient. Athan. De Assumt Dom., et pour plus de détails, voir Müller, lap. 40, 88., p. 83, 8s.
LA DOCTRINE DES DEUX VOLONTÉS DANS LE CHRIST. — MONOTHÉLITES.
Combefisii, T, Historia Monothelitarum, dans le second volume de son Nov. Auctuarium BibL pp. Græco-Latin. 1648, foL Walch, Historie der Ketzereien, vol. ix. p. 1-606.
La tentative faite par l’empereur Héraclius, au VIIe siècle, de réunir les monophysites à l’Église catholique, a conduit à la controverse concernant les deux volontés dans le Christ, apparentées à celle concernant sa nature.1 D’accord avec Cyrus, patriarche d’Alexandrie, l’empereur, dans l’espoir de réconcilier les deux partis, adopta la doctrine d’une seule énergie divino-humaine (évepyéta) et d’une seule volonté dans le Christ2. Mais Sophronius, moine perspicace de Palestine, plus tard patriarche de Jérusalem (apr. J.-C.). 635), s’efforçait de montrer que cette doctrine était inadmissible, puisque la doctrine des deux natures, exposée par le synode de Chalcédoine, impliquait nécessairement celle des deux volontés3. Après plusieurs tentatives infructueuses pour établir la doctrine monothélite4, le sixième concile œcuménique de Constantinople (apr. J.-C. 680), avec la collaboration de l’évêque de Rome5, adopta la doctrine de deux volontés et deux énergies, comme la doctrine orthodoxe, mais décida que la volonté humaine devait toujours être conçue comme subordonnée au divin.6
1 De cette façon, la controverse fut déplacée du domaine de la métaphysique pure dans la sphère morale et pratique, et ainsi mise en rapport avec les disputes anthropologiques, comme il y en avait eu aussi l’occasion dans la lutte apollinaire (voir ci-dessus). Mais cela n’a pas arrangé l’affaire elle-même.
2 Lorsque l’empereur Héraclius, au cours de sa campagne contre la Perse, passa par l’Arménie et la Syrie, il s’entendit avec les chefs monophysites des Sévères et des Jacobites, et amena Stéryius, patriarche orthodoxe de Constantinople, à donner son assentiment à la doctrine de έν θέλημα καϊ μία ένέργεια, ou d’un ένέργεια θεανδρική. Cyrus (monophysite), que l’empereur avait nommé patriarche d’Alexandrie, réalisa, dans un synode tenu en ce lieu (633 ap. J.-C.), une union entre les différents partis. Les actes de ce synode sont donnés par Mansi, Cone. xi. p. 664, ss., ainsi que les lettres de Cyrus, ibid. p. 561.
3 Voyez Sophronii Epist. Synodica, qui est donné dans Mansi, xi. 461. Les monophysites qui soutenaient la doctrine de deux natures et d’une seule volonté étaient tout aussi inconséquents que la plupart des théologiens orthodoxes de la controverse arienne, qui soutenaient que le Fils était de la même essence que le Père, mais affirmaient la subordination de l’Esprit.
4 L’empereur grec s’efforça d’abord de régler la question à l’amiable, par le 1Ύ,κθεσις [i. e., un édit publié par l’empereur Héraclius, en 638, dans lequel il confirmait l’accord conclu par les patriarches pour la préservation de l’union ecclésiastique], et le Tvttoç [i. e., édit de l’empereur Constant II, 648 apr. J.-C., dans lequel il était défendu aux parties en conflit de reprendre leurs discussions sur la doctrine en question]. Voir Mansi, x. p. 992, p. 1029, ss. Par la suite, Martin Ier et Maxime furent traités avec la cruauté la plus honteuse ; pour plus de détails, voir Neander, Church. Hist. (Torrey), iii. 186 à 192.
5 Le pape Honorius était en faveur de l’union, mais ses successeurs, Seve Anus et Jean IV, s’y opposèrent. Celui-ci condamna la doctrine des monothélites , et Théodore excommunia Paul, patriarche de Constantinople, jusqu’à ce que la doctrine des deux volontés et des deux énergies fût enfin adoptée au premier synode du Latran, tenu sous Martin Z, évêque de Rome, en l’an 649, voir Mansi, x. p. 863, ss. : Si quis secundum scelerosos hæreticos cum una voluntate et una operatione, quæ ab hæreticis impie confitetur, et duas voluntates, pariterque et operationes, hoc est, divinam et humanam, quæ in ipso Christo Deo in unitate salvantur, et a sanctis patribus orthodoxe in ipso prædicantur, denegat et respuit, condemnatus sit. (Comp. Gieseler, 1. c. § 128, note 11. Münscher c. Colin, ii. 78, 79.)
6 Ce concile (appelé aussi le Premier Trullan) fut convoqué par Constan-tinus Pogonatus.La décision du synode était basée sur l’épître d’Agathon, l’évêque romain, qui était elle-même fondée sur les canons du synode du Latran ci-dessus (Agathonis Ep. ad Imperatores in Mansi, xi. 233-286), confessant la croyance en duæ naturales voluntates et duæ naturales operationes, non contrariæ, nec adversæ, nec separatæ, etc. S’ensuivit la décision du concile lui-même (voir Mansi, xi. 631, ss. Münscher,, von Colin, ii. p. 80. Gieseler, 1. c. § 128, notes 14-17). Δύο φυσικάς θελήσεις ήτοι θελήματα εν Χριστώ καϊ όνο φυσικάς έν �εργείας άδιαιρέτως, άτρέπτως, άμερίστως, άσυγχυτως, κατά τήν των άγιων πατέρωματέρωμ � διδασκαλίαν κηρύττομεν και δύο φυσικά θελήματα ούχ ύπ εναντία, μή γένοιτο, κκο αθώς 01 ασεβείς έψησαν αΙρετικού άλλ » έπόμενον τδ ανθρώπινον αυτού θέλημα, kcù μή άντιπίπτον, ή άντιπαλαιον, μάλλον μεν ουν καϊ ύποτασσόμενον τω י θείφ αυτού καί πανσθενεϊ θελήματι. p. 90, ss. — Les réformateurs n’acceptèrent pas les décisions de ce concile. Les monothélites (y compris le pape Honorius) furent condamnés. Ils continuèrent d’exister en tant que secte distincte dans les montagnes du Liban et de l’Antiliban sous le nom de Maronites (qui était dérivé de leur chef, l’abbé syrien Marun, qui vécut vers l’an 701). Comp. Neander, L c. p. 197. [Baur, Dogmengesch. 2te Aufl. p. 211, dit de cette controverse : Ses éléments du côté des monothélites étaient, l’unité de la personne ou du sujet, de la volonté unique (la volonté divine du Logos incarné) tout doit procer, puisque deux volontés présupposent aussi deux sujets personnels (l’argument principal de l’évêque Théodore de Pharan, dans Mansi, Tom. xi. p. 567) ; du côté des duothélites, il s’agissait du fait de deux natures, puisque deux natures ne peuvent être conçues sans deux volontés naturelles et deux modes naturels d’opération. Jusqu’où peuvent maintenant aller deux volontés sans que deux personnes le veuillent, c’est le point d’où elles se sont éloignées par de simples suppositions.
§ 105.
IMPORTANCE PRATIQUE ET RELIGIEUSE DE LA CHRISTOLOGIE AU COURS DE CETTE PÉRIODE.
Aussi peu édifiant que soit le spectacle de ces multiples controverses, dans lesquelles la personne du Rédempteur est entraînée dans la sphère des conflits passionnés, il est cependant réconfortant de voir comment la foi des chrétiens de cette époque était soutenue par cette idée de l’Homme-Dieu, qui était au-dessus de toutes ces luttes, et comment elle attribuait à la doctrine de la personne unique et indivise du Christ l’importance qui lui était due dans l’histoire du monde.
« Tous les Pères étaient d’accord, pour ainsi dire d’un même esprit, qu’au Christ n’appartient pas seulement l’importance limitée attachée à chaque personnage historique, mais que sa personne se trouve dans un rapport essentiel avec tout le genre humain ; C’est pour cette seule raison qu’ils pourraient faire d’un seul individu l’objet d’un article de foi, et lui attribuer une signification durable et éternelle pour notre race » J/orner, 1re éd. 1. c. p. 78 ; Comparez les passages des Pères qui y sont cités. [Ils disent, e, g.que le Christ est le type primitif d’après lequel Adam et toute l’humanité ont été créés ; le principe, l’αρχή, de toute la nouvelle création, dans laquelle l’ancienne est d’abord achevée ; l’απαρχή de tout le φύραμα de l’humanité, pénétrant tout ; le chef éternel de la race, un membre d’elle, certes, mais encore son principe plastique et organisateur, en vertu de l’union entre la divinité et l’humanité en lui parfaitement réalisée, etc.]
DEUXIÈME DIVISION.
§ 106.
La doctrine platonicienne de la prévalence de l’âme humaine, que seuls Némésius et Prudentius favorisaient1, fut presque unanimement rejetée comme origéniste2. Parallèlement au traducianisme physique (si favorable que fût cette doctrine à certains égards à l’idée du péché originel, voir § 55), le créatianisme put aussi obtenir plus d’autorité. Selon ce point de vue, chaque âme humaine a été créée en tant que telle, et à un certain moment de temps unie au corps, se développant dans le sein de sa mère. Pourtant, les docteurs les plus influents de l’Église, comme Augustin et Grégoire le Grand, se sont exprimés avec réserve sur ce point.3 En Occident, la triple division de l’homme (§ 54) a fait place à la division plus simple en corps et en âme, sur le rapport mutuelle de laquelle des vues différentes se sont répandues parmi les pères de l’époque actuelle4. dans sa capacité de connaître Dieu, et dans sa domination sur la création irrationnelle5. Il y en avait encore qui s’imaginaient que l’image de Dieu se reflétait aussi dans le corps de l’homme ; mais, tandis que les Audiani pervertissaient cette notion à l’appui d’un anthropomorphisme6 grossier, d’autres lui donnaient une interprétation plus spirituelle. L’immortalité de l’âme était universellement crue7 ; Lactance, cependant, ne la considérait pas comme la propriété naturelle de l’âme, mais comme la récompense de la vertu.8
1 Le premier l’a fait comme philosophe (De Humana Natura 2, p. 76, ss. de l’édition d’Oxford), le second comme poète (Cathcmerin. Hymne. x. v. 161-168). [Cf. Aur. Prudent. Carmina, éd. Alb. Dressel, Lèvres. I860.]
2 Conc. Const, a. d. 540, voir Mansi, ix. p. 396, ss. : L’Église du Divin rend l’âme co-créée dans le corps ; et l’un avant, et le dernier, selon la Vierge, fou.
3 Lactance soutient, Inst., III, 18, que l’âme naît avec le corps, et s’oppose nettement au traducianisme De Opif. Dei ad Demetr. c. 19 : Illud quoque venire in quæstionem potest, utrum anima ex patre, an potius ex matre, an vero ex utroque generetur. Nihil enim ex his tribus verum est* quia neque ex utroque, neque ex alterutro seruntur animæ. Corpus enim ex corporibus nasci potest, quoniam confertur aliquid ex utroque ; De animis anima non potest, quia ex re tenu ! et incomprehensibili nihil potest decedere. Itaque serendarum animarum ratio uni ac soli Deo subjacet :
« Denique cœlcsti sumus omnes semine oriundi, Omnibus ille idem pater est, »
ut ait Lucrèce ; nam de mortalibus non potest quidquam nisi mortale gene-rari. Nec putari pater debet, qui transfudisse aut inspirasse an imam de suo nullo modo sentit ; nec, si sentiat, quando tamen et quomodo id fiat, habet animo comprehensum. Ex quo apparet, non a parentibus dari animas, sed ab uno eodemque omnium Deo patre, qui legem rationemque nascendi tenet solus, siquidem solus cfiicit ; nam terreni parentis nihil est, nisi ut humorem corporis, in quo est materia nascendi, cum sensu voluptatis emittat vel reci-piat, et citra hoc opus homo resistit, nec quidquam amplius potest ; ideo nasci sibi filios optant, quia non ipsi faciunt. Cetera jam Dei sunt omnia : scilicet conceptus ipse et corporis informatio et inspiratio animæ et partus incolumis et quæcunque deinceps ad hominem conservandum valent ; illius munus est, quod spiramus, quod vivimus, quod vigemus. — En opposition au traducianisme, il fait appel au fait que les parents intelligents ont quelquefois des enfants stupides, et vice versa, ce qu’on ne saurait bien attribuer à l’influence des astres ! affirme Tract, dans le Ps. xci. § 3 : Quotidie animarum origenes [et corporum figulationes] occulta et incognita nobis divinæ virtutis molitione procedunt. [Voir aussi le Tract, dans le Psaume, cxviii. cap. i. : Igitur vel quia in terræ hujus solo commoramur, vel quia ex terra instituti conformatique sumus, anima quæ alterius originis est, terræ corporis adhæsisse creditur.] Pélage et les Semipélagiens , Cassien et Genna-dius, adoptèrent sensiblement le même point de vue, voir Wiggers, Augustin und Pela-gius, i. p. 149, ii. p. 354. Pélage a enseigné (dans Sy mb. cité par Mansi, iv. p. 355) : Animas a Deo dari créditons, quas ab ipso factas dicimus, anathc-matizantes eos, qui animas quasi partem divinæ dicunt esse substantiæ ; Au· gustine était d’accord avec lui sur l’aspect négatif de cette proposition, Retract, i. 1 : (Deus) animum non de 8e ipso genuit, sed de re nulla alia condidit, sicut condidit corpus e terra ; il se réfère cependant ici directement à la création de nos premiers parents. Mais saint Augustin ne dit pas expressément s’il pense que l’âme est nouvellement créée dans tous les cas ; au contraire, il a refusé d’étudier ce point : Nam quod attinet ad ejus (animi) originem, qua fit ut sit in corpore, utrum de illo nno sit, qui primum creatus est, quando factus est homo in animam vivam, an semper ita fiant singulis singuli, nec tunc sciebam (dans son traité Contra Academicos) nec adhuc scio. Comp. Ep. 140 (al. 120), ad Honorât. (T. II. p. 320). Quand Jérôme (Contra Error. Joann. Hierosolym. § 22) tire le créatianisme des paroles du Christ dans Jean V, « Mon Père agit jusqu’ici », Augustin ne permettra pas que cet argument soit valide, puisque l’action de Dieu n’est pas exclue même dans l’hypothèse traducienne ; comp. Neander, Hist. Dogm. (Ryland), p. 365. [L’opinion d’Augustin sur ce point a été très discutée : Bellarmin et Staudenmaier soutiennent qu’il était pour la création ; Mélancthon, Klee et d’autres le comptent parmi les traducianistes ; Gangauf (u. 8.), Wiggers et Ritter disent qu’il n’a pas été dé־ cidé. Bellarmin cite pour le Créatianisme, Epist. 190, ad Optât, cap. 14 : Illi, qui animas ex una propagari asserunt, quam Deus primo liomini dedit, atque ita eas ex parentibus trahi dicunt, si Tertulliani opinionem sequuntur, profecto eas,non spiritus, sed corpora esse contendunt, et corpulentis seminibus exoriri, quo perversius quod dici potest ? Mais cela ne s’applique strictement qu’à la corpulenta scmina de Tertul. Be reconnaît le lien entre le traducianisme et le péché originel, De Lib. Arb. lib. iii. cp. 56 : Deinde si una anima facta est, ex qua omnium hominum animae trahuntur nascentium, quis potest dicere, non Se pecasse, cum primus ille peccaoit. Dans son De Anima et ejus Orig. lib. 1. cp. 19, Num. 34, il dit qu’il pourrait accepter le créatianisme si l’on écartait quatre difficultés ; et dans le De Orig. Anim. p. 28, il désigne la principale de ces difficultés, en rapport avec la doctrine du salut des enfants non baptisés : Sed antequara sciam, quænam earuni potius eligenda sit, hoc me non temere sentire profiteer, earn, quæ vera est, non adversari robus-tissimæ ac fundatissimæ fidei, qua Christi ecclesia nec parvulos homines re-centissime natos a damnatione credit, nisi per grœtiam nominis Christi, quam in suis sacramentis commendavit, posse liberari ; comp. De Genesi ad Lit. Lib. x. cp. 23 Num. 39, et Epist. 169 ad Evodium, c. 13. Dans Epist 190 ad Optât, p. 17, il dit : Aliquid ergo certain de animæ origine nondum in scripturis canonicis compcri. Et dans Genes, ad Lit. x. 21, il dit : Jam de ceterarum animarum adventu, utrum ex parentibus an desuper sit, vincant, qui potcrunt ; ego adhuc inter utrosque ambigo, et moveor aliquando sic, aliquando autem sic.] — L’expression mentionnée plus haut (note 2) : τήν ψυχήν συνδημιουργηθήναι τω σώ/ζατι, qui était employée par l’église grecque, et se trouve aussi dans les ouvrages de Théodoret (Fab. Ilær. v. 9, p. 414), implique la doctrine communément appelée créatianisme. Pourtant, le traducianisme a continué à être professé non seulement par des écrivains hétérodoxes, par exemple. g., Eunomius et Apolli naris, mais aussi par certains théologiens orthodoxes, tels que Grégoire de Nysse (De Hom. Opif. c. 29). La dernière attire notre attention sur le fait que le corps et l’âme sont essentiellement liés, et qu’il n’est pas possible de les imaginer séparés l’un de l’autre : Αλλ' ένύς δντος του ανθρώπου, του διά ψυχής τε καϊ σώματος συνεστηκότος, μίαν αυτού καϊ καϊ οινήν τής συστάσεως πήν άρχήν ύποτίθεσθαι, ώς αν μή αυτός εαυτού προγενέστερός τε καϊ νεώτερος γένοιτο , τού μέν σωματικού προτερεύοντος έν αύτω, τού δε έτέρου έφυστε-ρίζοντος, etc., ce qu’il prouve par des analogies tirées de la nature. Les vues d’Anastase Sinaïta sur ce point sont très matérialisantes (Hom. in Ban-dini Monum. Eccles. Gr. T. ii. p. 54, dans Münscher von Colin, i. p. 332) : Tô μέν σώυα έκ τής γυναικείας γης (Thiersch conjectures γονής, voir la recension dans Zeitschrift f. d. luth. Theol. 1841, p. 184) καϊ αίματος συνίσταται* ή δέ ψυχή διά τής σποράς, ώσπερ διά τίνος έμφυσήματος έκ τού ανθρώπου άρρήτως μεταδίδοται. D’après Jérôme, Ερ. 78, ad Marcellin. (Opp. T. iv. p. 642, ap. Erasm. ii. p. 318), même, maxima pars occidentalium (probablement d’époques antérieures ?) a soutenu l’opinion, ut quomodo çprpus ex corpore, sic anima nascatur ex anima et simili cum brutis animantibus conditione subsistât Mais Jérôme lui-même rejette tous les autres systèmes, et désigne le créatianisme comme la doctrine orthodoxe ;♦ Epist. ad Pammach. (Opp. T. iv. p. 318, ap. Erasm. ii. p. 170) : Quotidie Deus fabricatur animas, cujus velle fecisse est et conditor esse non cessât...... Noli despicere bonitatem figuli tui, qui te plasmavit et fecit ut voluit Ipse est Dei virtus et Dei sapientia, qui in utero virginis œdificavit sibi domum. Les partisans du créatianisme voyaient dans la naissance de chaque être humain quelque chose d’analogue au miracle de l’incarnation du Christ sur son côté physique, sans mettre l’un au même niveau que l’autre (ce que Jérôme aurait été le dernier à faire) ; ceux qui ont adopté le tradu-cianisme ont été contraints de considérer la naissance du Christ comme une exception à la règle ; et même cette exception semblait exiger une certaine limitation de la position, que la nature humaine du Christ est consubstantielle à la nôtre. De nombreux théologiens ont donc préféré éviter ces difficultés, à l’exemple d’Augustin, en attirant l’attention sur l’impossibilité de comprendre l’origine et les processus de l’existence. C’est ainsi que Grégoire le Grand, Epp. vii. 59, ad Secundinum (Opp. ii. p. 970), dit : Sed de bac re dulcissima mihi tua caritas sciât, quia de origine animæ inter sanctos Patres requisitio non parva versata est ; sed utrum ipsa ab Adam descendent, an certe singulis detur, incertum remansit, eamque in hac vita insolubilem fassi sunt esse quæstionem. Gravis enim est quæstio, nec valet ab homine comprehend !, quia si de Adam substantia cum carne nascitur, cur non etiam cum carne moritu ? Si vero cum carne non nascitur, cur in ea carne, quæ de Adam prolata est, obligata peccatis tenetur ? (Il déduit ainsi le traducianisme de la doctrine du péché originel, dont il suppose la justesse, tandis que le second, au contraire, était généralement déduit du premier.)
♦ Léon le Grand déclare aussi que c’est la doctrine de l’Église (Ep. 15, ad Turrib. Opp. Quesnd, p. 229, cité dans Münsch&r éd. par von Colin, p. 331, note 11 : Catholica tides.. .omnem hominem in corporis et animæ substantiam formari intra materna viscera confltetur.
4 Hilaire de Poitiers affirme (dans Matth. Can. y. § 8), que l’âme, soit dans le corps, soit hors du corps, doit toujours conserver sa substance corporelle, parce que toute chose qui est créée doit exister sous une forme ou sous une autre (in aliquo sit necesse est) ; nous rappelant les vues de Tertullien. Ailleurs encore, il considère l’âme comme un être spirituel et incorporel ; comp., dans le Ps. III. § 7, dans le Psaume cxxix. § 6 (nihil in 8e habens corporale, nihil terrenum, nihil grave, nihil caducum). — Augustin reconnaît franchement la difficulté de définir le rapport de l’âme au corps, De Morib. Eccles. Cath. c. 4 : Difficile est istam controversé !! dijudicare, aut si ratione facile, oratione longum est Quern laborem ac moram susciperc ac subire non opus est Sive enim utrumque sive anima sola nomen hominis tencat, est hominis optimum quod optimum est corporis, sed quod aut corpori simul et animæ aut soli animæ optimum est, id est optimum hominis. — Sur les vues psychologiques d’Augustin, comp. Schleierinacher, Geschichte der Philosophie, p. 169, ss. [aussi Gangauf, Meiaphysische Psychologie des heili-gen Augustinus, Augsbourg, 1852] ; sur celles de Claude Mamertus et de Boëthius, ibid., p. 174. — D’après Grégoire le Grand, l’homme est composé d’un corps et d’une âme (Mor. xiv. c. 15). Les principales propriétés de l’âme sont : mens, anima et virtus ; Comp. Lau, p. 370.
5 Greg. Nyss. in verba : Faciainus hominem, Orat. 1, Opp. i. p· 143 : ΙΙοιήσωμεν άνθρωπον κατ' εικόνα ημετεραν τουτέστι, δώσομεν αιτώ λόγον περιουσίαν.. .Ου γάρ τά πάθη είς την του Θεού εΙκόνα παρελ ?} Φθη, άλλ' ό λογισμός τών παθών δεσπότης. Athanase parle de la même manière, Orat. contra Gent. § 2. Cyrill. Hier. Chat. xiv. 10. La domination sur les animaux était incluse. Grégoire, 1. c. dit : οπού ή του άρχειν όνναμις, έκεϊ η του Θεού είκών. Comp. Théodoret, dans Gènes. Quæst. 20. Chrys. Hom. viii. dans les gènes. (Opp. ii. p. 65, ss.). Aug. De Catechizandis Rudib. xvii. 20 ; De Genes ! contra Munich. c. 17 ; de Trin. xii. 2 ; Sermo xlviii. (De cura animæ) ; Quæ est imago Dei in nobis, nisi id quod melius reperitur nobis, nisi ratio, intellectus, mcmoria, voluntas. — Les Semi-pélagiens , Gennadius et Faustus , ont fait une distinction entre imago et similitudo, voir Perruquiers,II. p. 356.— Grégoire le Grand regarde l’image de Dieu, dans laquelle l’homme a été créé, comme soliditas ingenita (Mor. ix. c. 33), qui a été perdue par la chute (Mor. xxix. c. 10), voir Lau, p. 371. Sur les autres traits du premier homme quant au corps et à l’âme, ibid., p. 372. Y a-t-il là une allusion à la doctrine du donum superadditum, qui a ensuite été pleinement développée ? Ibid., p. 376.
6 Audaus (Udo), qui vivait au commencement du IVe siècle en Mésopotamie, ascète rigide et zélé, semble être tombé dans ces notions par sa tendance essentiellement pratique ; comp. Epiph. Hær. 70, qui parle très doucement d’Audæus et de ses disciples : ου τι εχων παρηλλαγ · αενον της πίστεως, άλλ' όρθότατα μεν πιστεύων αυτός τε και 01 άμα αύτώ. Théodoret est du point de vue opposé, Hist. Eccles, iv. 10 (καινών ευρετής δογμάτων), comp. Fab. Hær. iv. 10 . Schröder, Diss, de Hæresi Audianor. Marb. 1716, 4. Neander, Kirchengeschichte, t. II, p. 705.
7 Augustin, Sermo xlviii. : Anima etiam non moritur, nec succombbit per mortem, omnino sit immortalis, nec corporis materia, sit una numéro.
8 Lact. Instit. Div. vii. 5 (in Münscher von Colin, p. 336, comp. p. 338). Némésius (cap. i. p. 15), accède sur ce point à l’opinion des théologiens grecs antérieurs : Έ/3ραΖ< κ δέ τόν άνθρωπον έξ άρχής ούτε θνητόν όμολογουμένως, ούτε άθάνατον γεγενήσθαί φασιι>, άλλ' εν μεθορίοις έκατοις έκατ�ν T�-ρας φύσεως, ινα αν μεν τοϊς σωματικοις άκολονθήση πάθεσιν, περιπέση και ταϊς σωματικαΐς μεταβολαις* έάν δε τα τής 'ψυχής προτίμηση καλά, τής άθανασίας άξιωθή, κ. τ. λ. D’autre part, Grégoire le Grand enseigne que, même si l’âme perd la béatitude, elle ne peut pas perdre l’essentialiter vivere (Dial. iv. c. 45). Le corps de l’homme, lui aussi, était immortel à l’origine, et est devenu mortel par le péché ; comp. Morale, iv. c. 28, sq. Lau, ubi supra, p. 371, sq. [Comp. Wiggers, dans Zeitschrift f. d. hist Theol. 1854.]
§ 107.
En ce qui concerne la nature du péché, l’opinion généralement reçue était qu’il a son siège dans la volonté de l’homme, et se trouve dans la connexion la plus intime avec sa la liberté morale. Augustin lui-même a défendu cette doctrine (du moins dans ses premiers écrits)1 opposé à la notion manichéenne, que le mal est inhérent à la matière. Lactance, au contraire, manifestait un fort penchant pour le manichéisme en désignant le corps comme siège et organe du péché.2 Les pratiques ascétiques alors si courantes, indiquent suffisamment que l’Église approuvait tacitement ce point de vue. Athanase considérait le péché comme quelque chose de négatif et croyait qu’il consistait dans l’aveuglement et l’indolence de l’homme, qui l’empêchent de s’élever à Dieu. Semblable Des définitions (négatives) ont été données par Basile le Grand et Grégoire de Nysse.3 Mais le péché était le plus souvent considéré comme une opposition à la loi de Dieu, et rébellion contre sa sainte volonté4, analogue au péché d’Adam, qui était maintenant généralement considéré comme un fait historique (contrairement à l’allégorie interprétation d’Origène).5
1 Aug. de Duab. Animab. contra Manich. § 12 : Colligo nusquam nisi in voluntate esse peccatum ; De Lib. Arb. iii. Dans beaucoup d’autres passages, il considère le péché de la part de la point de vue négatif comme une conversio a majeur ! Bono ad minus bonum, defectio ab eo, quod gumma est, ad id, quod minus est, perversitas voluntatis a summa substantia detortæ in infimum. Voir les passages de Julius Müller, die Lehre von der Sunde, t. I, p. 340, ss.
2 Lact. Inst Div. ii. 12, vi. 13 ; De Ira Dei 15 : Nemo esse sine delicto potest, quamdiu Vêtement Carnis Oncratus Est. Cujus infirmitas triplici modo subjacet dominio peccati, factis, dictis, cogitationibus.
3 Athan. contra gent. 4 (Opp. i. p. 4) : ״Être le bon, mais non le méchant ; Il n’a pas bonne réputation, car il a des exemples du FMI ; ONK FMI de a t i on Je dis mal, parce que vous buvez un homme sur δντa est inoubliable.Ibid., c. 7, p. 7 : Que le mal soit un être en dépit de Dieu n’est pas un seul dieu, pas même depuis le commencement Yegenen, ni le nom d’Austin Adu ; mais les gens privés de bien L’imagination s’ils ont été inventés et ana~ l’ONK FMI ont été étendus et au-delà, ils sont disposés. Comp, ce qui suit. Athanase fait remonter la propension pécheresse de l’homme à Indolence, c. 3, p. 3 : 01 Et les hommes qui n’ont pas de creitones, Et quand ils ont été conquis, ils ont probablement vécu . L’indolence s’allie à la sensualité, parce qu’elle s’attache à ce qui est le plus proche, c’est-à-dire : le corporel et le visible. Comp, la partie suivante du chapitre. Dans l' de la même manière Basil M. Hexaëmeron Hom., t. II, p. 19 (édit. de Paris, 1638), dit : « Ô Dieu a le mal dans la genèse Pieux pour ainsi dire, pour le zéro des opposants plutôt que le contraire, ni Ce n’est pas non plus l’obscurité de la lumière qui commence, ni la maladie de la santé Créateur..... Yôn nà pémen, à disposition contraire à la vertu pour la chute du bien En train d’être fait. — Grégoire de Nysse, Orat. Catéchèse. c. 5 (Opp. iii. p. 53) : Kaper gar ou action de la nature est énergie, ou non Privation de l’énergie nationale, il en va de même de la vertu envers le mal Il a été attribué au garestin d’une autre genèse maléfique dont vous avez parlé, ou à la vertu aponsien.Comp. c. 6, c. 22, c. 28, et le Dial, de Anima et Resurrectione.
4 Que le péché était en contradiction avec les desseins de Dieu, c’était la position pratiquement importante que le l’Église dans toutes ses différentes définitions du péché. « Augustin aussi, en tout lieu, reste fidèle à cette négation de l’origine divine du péché. Bien que l’opinion contraire ait lui a souvent été imposée dans les temps passés et présents, à cause de sa doctrines de l’incapacité morale de la nature humaine et de la divinité prédestination, mais cela fait partie de ces inférences sans fondement qui ont été si librement puisé, surtout de ce grand maître de l’église Julius Muller, i. 308. Une définition plus précise est donnée par les théologiens après l’époque de Augustin. Ainsi Grégoire Ier. fait une distinction entre peccatum et delictum : Peccatum est mala faccre, delictum vero est bona reliuquere, quæ Summopere sunt tenenda. Vel certe peccatum in opere est, delictum in cogitatione ; Ezech. Lib. ii. Ilom. 9, p. 1404. Il distingue également entre peccatum et crimen ;♦ Chaque crimen est un peccatum mais pas l’inverse . Personne n’est sine peccato, mais beaucoup sont sine criminc (Tit. i. 6, 1 Joh. i. 8). Le les peccata ne font que souiller l’âme, les crimina la tuent ; Morale, xvi. c. 12. Le Les iniquitas, les impietas, etc., sont aussi représentées comme des modifications du péché ; Mor. xi. 42, xxii. 10. La racine la plus profonde de tout péché est l’orgueil ; L’orgueil produit l’envie, colère, etc. Le siège du péché est à la fois dans l’âme et dans le corps ; Le diable est l’un des principaux agents qui incitent l’homme à commettre le péché ; Comp. Lau, p. 379, par.
♦ Cette distinction, cependant, avait déjà été faite par Augustin ; voir ci-dessous, § 111, 2.
5 Augustin s’efforce toujours de concilier l’interprétation mystique du paradis avec la historique; De Civit. Dei, xiii. 21. De plus, il voit tous les péchés individuel compris dans le péché primitif ; Comp. Enchiridion ad Laurentium, c. 45 : In illo peccato uno.. .possunt intclligi plura peccata, si unum ipsum in sua quasi Membra singula dividatur. Nam et superbia est illic, quia homo in 8ua potius esse quam in Dei potestate dilexit ; et sacrilegium, quia Deo non credidit ; et homicidium, quia se præcipitavit in mortem ; et fornicatio spiritalis, quia integritas mentis humanæ serpentina suasione corrupta est ; et furtum quia cibus prohibitus usurpatus est ; et avaritia, quia plus quam ill ! sufficere dcbuit, adpctivit ; et si quid aliud in hoc uno Admisso diligent ! con-sideratione inveniri potest. Grégoire le Grand adopte l’interprétation littérale ; Mor. xxxi. comp. Lau, p. 377, par. Le diable a tenté nos premiers parents d’une triple manière, gula, Vana gloria, et Avaritia. L’attaque elle-même était quadruple, par suggestion, delectatio, consensus, et dcfensionis audacia ; Mor. iv. c. 27.
CONSÉQUENCES DU PREMIER PÉCHÉ ET LIBERTÉ DE LA VOLONTÉ· (SELON LES THÉOLOGIENS DE L’ÉGLISE GRECQUE).
A. Hahn, Ephrarn der Syriar über die Willensfreiheit des àfenschen, nebst den theorieen de ces Docteurs de l’Église jusqu’à son temps, qui Beriicksicbügung. (dans le mémorandum d’Illgen de l’hist theol. Gesellschaft zu Leipzig. Partie 2, Leipz. 1819, p. 30, p.). [Comp. Landerer, Relation de grâce et de liberté, dans Jahrb. f. deutsche Théologie, 1857, s. 556, 572, sur Chrysostome, 8. 549-61. Kuhn, le prétendu pélagianisme des Pères pré-augustins, dans Theol Trimestriel, 1853. Wdrter, Christl. Enseignement sur la relation entre la grâce et la liberté. Tome i. 1856. Volume it 1, I860.]
Même les théologiens qui se sont tenus à l’abri de l’influence des Augustins que le péché d’Adam a été suivi d’effets désastreux sur la l’espèce humaine, mais a restreint ces maux (comme les pères de la période précédente à la mortalité du corps, aux difficultés et aux misères de la vie, admettant que les forces morales de l’homme avaient été affaiblies par la chute. Ainsi Grégoire de Nazianze en particulier (auquel Augustin faisait appel de préférence à tous les autres) que le νους et le ψυχή ont été considérablement altérés par le péché, et qu’ils considéraient la perversion de la conscience religieuse vue dans l’idolâtrie, que les enseignants précédents avaient attribuée à l’influence des démons, comme un effet inévitable du premier péché. Mais il était loin d’affirmer la dépravation totale de l’humanité, et la perte entière de la liberté volonté.1 Au contraire, la doctrine de la liberté de la volonté a continué d’être distinctement maintenu par l’église grecque2. Athanase lui-même, le père de l’orthodoxie, a soutenu dans les termes les plus forts que l’homme ait la capacité de choisir le bien aussi bien que le mal, et a même permis des exceptions péché originel, alléguant que plusieurs individus, qui vivaient avant le l’apparition du Christ, en étaient libres3. Cyrille de Jérusalem a également supposé que la vie de l’homme commence dans un état d’innocence, et que le péché n’entre qu’avec l’utilisation du libre arbitre. Des vues similaires ont été entretenues par Ephräm le Syrien, Grégoire de Nysse, Basile le Grand, et d’autres4. Chrysostome, dont toute la tendance était d’ordre pratique et moral, insistait surtout sur la liberté de l’homme et son autodétermination morale, et a adopté une sévère blâmer ceux qui s’efforçaient d’excuser leurs propres défauts en attribuant la l’origine du péché jusqu’à la chute d’Adam.5
1 Orat. xxxviii. 12, p. 12. 670, xliv. 4, p. 837, xiv. 25, p. 275, xix. 13, p. 372, Carmen iv. v. 98, et d’autres passages cités par Ullmann, p. 421, ss. Comp, en particulier l’intéressant parallèle qui y est fait entre Grégoire et Augustin, ainsi qu’entre les expressions du premier dans l’original, et la traduction (corrompue) de ce dernier. Grégoire n’enseigna nullement les doctrines proposées par la suite par Pélage et ses disciples ; mais si l’on tient compte de tous ses sentiments, il sera a trouvé qu’il est beaucoup plus pélagien que augustinien Ullmann, 1. c. p. 446.
2 D’après Méthode (in Phot. Bibl. Cod. 234, p. 295), l’homme ne possède ni le pouvoir d’avoir des désirs, ni de ne pas en avoir (ένθυμεϊσθαι ή μή ένθυμεΐσθαι), mais il est libre de satisfaire (χρήσθαι) Comp. ou non. Nemes, De Nat. Horn. c. 41 : Πάσα τοίνυν ανάγκη τόν έχοντα τό βουλεύεσθαι καϊ κύριον είναι πράξεων, ΕΖ γάρ μή κύριος ειη πράξεων, περιττώς εχει τό βουλεύεσθαι.
3 Athan.Contra Gent. c. 2, p. 2 : Έξ αρχής μεν ούκ ήν κακία, ουδέ γάρ ουδέ νυν έν τοϊς άγίοις έστιν, ούδ' δλως κατ' αυτούς υπάρχει αυτή. cf. Contra Arian. Or. 3 (4). Opp. T. i. p. 582, 83 : Πολλοί γάρ ούν άγιοι γεγόνασι καθαροί πάσης άμαρτίας. (Il fait allusion à Jérémie et à Jean-Baptiste, mais ils ne peuvent pas être proprement appelé πολλοϊ.) Cependant la mort a régné sur eux qui n’ont pas péché après le péché. similitude de la transgression d’Adam (Rom. iv. 14).
4 Cyr. Cat. iv. 19 : Έλθόντες είς τόνδε τόν κόσμον αναμάρτητοι, νυν έκ προαιρέσεως άμαρτάνομεν, 21 : Αυτεξούσιός έστιν ή ψυχή, και & διάβολος τό μέν ύποβάλλειν δύναται ׳ τό δέ καϊ άναγκάσαι παρά παροαίρεσιν ούκ Έχει τήν εξουσίαν. Cat. xvi. 23 : ΕΖ γάρ τις άβλεπτών μή καταξιούται τής χάριτος, μή μεμφέσΟω τω πνεύρατι άλλα τή εαυτού άπιστίμ. (Oudin, Comm. p. 461-464, tenta en vain de contester l’authenticité des catéchèses favorable au semi-pélagianisme.) — Sur Ephräm, voir la dissertation ci-dessus. — Basile le Grand prononça un discours περϊ τού αυτεξουσίου, le dont l’authenticité a été niée par Garnier (T. II. p. xxvi.), mais dans les temps modernes encore défendue par Pelt et Rheinwald (llomiliarium Patrist. i. 2, p. 192). En cela, bien qu’il ait admis la dépravation de l’humanité, il a affirmé que la liberté humaine et la grâce divine doivent coopérer. Comp, aussi le Hom. de Spir. S. et Klose, 1. c. p. 59, ss. [cf . Landerer, ubi supra, p. 556].— Grégoire de Nysse tient aussi pour acquis un penchant universel pour le péché (De Orat. Dom. Or. v. Opp. i. p. 100). 751, ss.), mais ne trouve pas de péché chez les nourrissons ; Orat. de infantibus qui præmature abripiuntur (Opp. iii. p. 317, ss.).
5 Voir Hom. dans Ep. ad Rom. xvi. p. 241 ; dans Ep. ad Hebr. Hom. xii. p. 805. D; dans Evang. Joh. Hom. xvii. p. 115 C ; dans 1 Epist. ad Cor. Hom. ii. p. 514, D ; dans Ps. 1. Hom. ii. (Opp. T. iii. p. 869, D) ; qui sont tous cités par Münscher von Colin, i. p.363 ׳, ss. ; voir aussi ép. ad Phil. Hom. i. ; surtout sur Phil. i. 6. « Chrysostome était si zélé pour la moralité, que il a dû considérer comme un point d’une importance particulière de priver les hommes de toutes les d’excuse pour la négligence des efforts moraux. Sa sphère pratique de travail dans les villes d’Antioche et de Constantinople donna une impulsion encore plus grande à cette tendance. Car, dans ces grandes capitales, il rencontra beaucoup de gens qui cherchaient à attribuer leur manque d’activité chrétienne aux défauts de la nature humaine, et la puissance de Satan ou du destin. Neander, Church Hist. (Torrey), ii. 658. Comp, son Chrysostome, i. p. 51, p. 283, ss. Mais Chrysostome insistait tout autant sur l’existence de la dépravation dans l’opposition à un faux orgueil moral. Hom. vi. Montf. T. 12 (dans Neander, Chrysostomus, ii. p. 36, 37), comp. Wïg~ gers, i. p. 442. -
LES OPINIONS DES THÉOLOGIENS LATINS AVANT AUGUSTIN, ET D’AUGUSTIN AVANT LA CONTROVERSE PÉLAGIENNE.
Pendant cette période, ainsi que la précédente, les théologiens de l’Église d’Occident étaient plus favorables que ceux de l’Église d’Orient à la doctrine augustinienne. Arnobius lui-même parle d’une infirmité connaturelle, rendant l’homme enclin au péché. 1 Hilaire et Ambroise de Milan enseignèrent la souillure du péché par la naissance ; Ambroise en appela particulièrement au Psaume II. 5, à l’appui du péché originel, mais sans déterminer dans quelle mesure chaque individu participe à la culpabilité commune2. Néanmoins, ni l’un ni l’autre n’excluait la liberté de l’homme de l’œuvre de réforme morale3. Augustin lui-même, à une période antérieure de sa vie, a défendu la liberté humaine contre les manichéens4.
1 Amobius, Adv. Gentcs, 1. 27 : Proni ad culpas et ad libidinis varios appetitus, vitio sumus infirmitatis ingenitæ.
2 Hilar.Tract, dans Ps. Iviii. p. 129 ; dans Ps. cxviii. litt. 22, p. 366. 6, et quelques autres passages (in Afünscher von Colin, p. 354). [Hilaire dans le Psaume, i. § 4 : Ad hæc nos vitia naturæ nostræ propellit instinctus. Dans Matth. xviii. * 13 : Ovisuna homo intelligendus est, et sub homine uno universitas scntienda est ; sed in unius Adæ errore omne hominum genus abcrravit.] Ambroise, Apol. David, c. 11. Opp. i. p. 846 : Antequam nascamur, maculamur conta-gio, et ante usuram lucis, originis ipsius excipimus injuriam ; in iniquitate concipimur : non expressit, utrum parentum, an nostra. Et in delictis generat unumquemque mater sua ; nec hie declaravit, utrum in delictis suis mater pariat, an jam sint et aliqua delicta nascentis. Sed vide, ne utrumque intel-ligendum sit Nec conceptus iniquitatis exsors est, quoniam et parentes non carent lapsu. Et si nec unius diei infans sine peccato est, multo magis nec illi materni conceptus dies sine peccato sunt. Concipimur ergo in peccato parentum ct in delictis eorum nascimur. Sed et ipse partus habet contagia sua, nec unum tantummodo habet ipsa natura contagium. [Ambroise, Apol. David. § 71 : Omnes in primo homine peccavimus et per naturæ succcssionem culpæ quoque ab uno in omnes transfusa est successio.] Comp. De Poenit i. 3. Opp. 3, p. 498 : Omnes homines sub peccato nascimur, quorum ipse ortus in vitio est, sicut habes lectum, dicente David : Hcce enim in iniquita-tibus conceptus sum et in delictis peperit me mater mea.— Dans Ev. Luc, i. 17 (Opp. i. p. 737) ; Ppe. Classe, ii. (Opp. iii. p. 1190), et quelques autres passages (dans Münscher von Colin, p. 355 ; après une autre édition) ?
3 Hilar. Tract du Psaume cxviii, lit 15, p. 329 : Est quidem in fide ma nendi a Deo munus, 8ed incipiendi a nobis origo est. Et voluntas nostra hoc proprium ex se habere debet, ut velit. Deus incipienti incrementum dabit, quia consummationem per se infirmitas nostra non obtinet ; meritum tamen adipiscendæ consummation is est ex initio voluntatis. Comp, aussi Arnobius, Adv. Gentes, ii. 64 : Null ! Deus infert necessîtatem, i in peri osa formidine nul-lum tenet.. .65. Quid est enim tam injustum, quam repugnantibus, quam invitis extorquere in contrarium voluntates, inculcate quod nolint et quod réfugiant animis.
4 De Gen. contra Manich. ii. 43 (c. 29) : Nos dicimus nulli naturæ nocere peccata nisi sua ; nos dicimus, nullum malum esse naturali, sed omnes natu-ras bonas esse.—De lib. Arb. iii. 50 (c. 17) : Aut enim et ipsa voluntas est et a radice ista voluntatis non receditur, aut non est voluntas, et peccatum nullum habet. Aut igitur ipsa voluntas est prima causa peccandi, aut nullum peccatum est prima causa peccandi. Non est, cui recte imputetur pec-catum, nisi peccanti. Non est ergo, cui recte imputetur, nisi volenti... Quæcunque ista causa est voluntatis : si non ei potest resist !, sine peccato ei ceditur ; si autem potest, non ei cedatur, et non peccabitur.־ An forte fallit incautum ? Ergo caveat, ne fallatur. An tanta fallacia est, ut caveri omnino non possit ? Si ita est, nulla peccata sunt : qtiis enim peccat in eo, quod nullo modo caveri potest ? Peccatur autem ; caveri igitur potest Comp, de Duab. Animab. contra Manich. 12, et avec lui les rétractations des différents passages ; Aussi de nat. et grat. 80 (c. 67).
§ 110.
Wiggers, G. F., Versuch einer pragmatischen Darstellung des Augustinismus und Pelagianismus, Berlin, 1821. Hambourg, 1833, ii. 8. Lwtzen, J. A., de Pelagianorum doctrinæ principiis, Colon, ad Rhen. 1833, 8. « Λ L. Jacobi, La doctrine de Pélage, Lpz. 1842. Gangauf, métaphore. Psychologie d’Augustin. Augsb. 1852 . Ntancter, dans son Hist. et Hist. Dogm. 345-75 . Jul Müller, Der Pelagianismus, dans Deutsche Zeitschrift, 1855. L’Augustin de Bindeviann. Zeller, dans Theol. Annuaires, 1854. P. Schaff, La controverse pélagienne, BibL Sacra, 1848. Hampden’s Bampton Lectures, Lect iv.]
Vers le commencement du Ve siècle , CeleStius et (Briton, Morgan ?) firent leur apparition en Occident.1 Les opinions qu’ils défendaient étaient en partie conformes aux opinions que les théologiens de l’Église grecque avaient eues jusqu’alors, mais en partie poussées beaucoup plus loin dans la négation de la dépravation naturelle. Quelques-unes des propositions, sur la base desquelles le prêtre . Paulin accusa Célestins au synode de Carthage (apr. J.-C.). 412), avaient été précédemment défendues par des théologiens orthodoxes ; d’autres étaient directement opposées à la fois à la doctrine de l’Écriture (et surtout à celle de Paul) et à la croyance générale de l’Église, et menaçaient ainsi les doctrines fondamentales de l’Évangile.2 Il est cependant difficile de décider jusqu’à quel point Pélage s’accordait avec toutes ces assertions, puisqu’il s’exprimait avec beaucoup de prudence3. Mais il est certain que ce qu’on appelle communément le Pdagianisme ne représente pas tant les notions uniques d’un seul individu, qu’un système moral et religieux complet, qui formait un contraste décidé avec le L’augustinisme. Dans ce conflit, l’ancien système fut tellement déjoué que, par suite de la tournure que prit la controverse et de la grande autorité d’Augustin en Occident, sa doctrine remporta la victoire sur celle de Pélage4. Les disciples de Pélage ne formaient pas une secte proprement dite. Mais le pélagianisme, bien que condamné, conserva ses défenseurs, d’autant plus qu’il n’y en avait que peu qui purent entrer pleinement dans toutes les conséquences du système augustinien, et y trouver une réelle satisfaction intérieure. Il sera nécessaire, pour examiner plus complètement les éléments antagonistes, de diviser le sujet de la controverse en trois sections principales, à savoir : 1° Le péché ; 2. La grâce et la liberté ; et 3. Prédestination.
1 Sur le caractère personnel et l’histoire de Célestins et de Pélage, voir Wiggers, p. 33, ss.
2 Les 6 ou 7 Capitules (les nombres varient selon que plusieurs propositions sont séparées ou jointes entre elles) sont conservés dans Augustin De Gestis Pelagii, cap. 11 (comp, de Peccato Original !, 2, 3, 4, 11, c. 2-10), ainsi que dans les deux commonitoria de Marius Mercator [comp. Gieseler, § 87, note 4]. Il s’agit des éléments suivants (comp. Wiggers, i. p. 60) :
1. Adam a été créé mortel, de sorte qu’il serait mort, qu’il ait péché ou non ;
2. Le péché d’Adam n’a fait de mal qu’à lui-même, et non à la race humaine ;
3. Les nouveau-nés sont dans le même état où Adam a précédé la chute (ante prævaricationem) ;
4. Le genre humain tout entier ne meurt pas non plus à la suite de la mort ou de la transgression d’Adam ; il ne ressuscite pas non plus d’entre les morts à la suite de la résurrection du Christ ;
5. Les enfants obtiennent la vie éternelle, bien qu’ils ne soient pas baptisés ;
6. La loi est un aussi bon moyen de salut (lex sic mittit ad regnum cœlorum) que l’Évangile ;
7. Il y avait des hommes, même avant l’apparition du Christ, qui n’ont pas commis de péché.
Si nous comparons ces propositions avec les doctrines des théologiens antérieurs, nous trouvons que la troisième était soutenue par quelques-uns des Pères grecs (par exemple , Théophile d’Antioche et Clément d’Alexandrie, voir ci-dessus, § 62, note 1) ; que la cinquième, sous une forme modifiée, a été défendue en substance par Grégoire de Nazianze et d’autres, à savoir que les enfants non baptisés ne sont pas condamnés pour cette raison (comp. § 72) ; Quant à la septième, si audacieuse qu’elle puisse paraître, quelque chose de semblable, quoique sous un rapport différent, a été soutenu par le père de l’orthodoxie lui-même (§ 108, note 3). D’un autre côté, la manière isolée dont le péché d’Adam est considéré dans les deux premières et la quatrième propositions, tout lien entre ce péché et celui de sa postérité, même en ce qui concerne la mortalité du corps, étant nié, aurait été condamné comme hérésie devant le tribunal des théologiens antérieurs. Mais aucun ne semble aussi hérétique, aussi opposé à la doctrine de Paul et à l’Évangile, que le sixième. Et, enfin, la négation du lien existant entre la résurrection du Christ et la nôtre (dans la quatrième proposition) a dû offenser les sentiments et la conscience communs des chrétiens. Pourtant, la question peut encore être de savoir quelle part doit être attribuée ici aux déductions faites pour eux par leurs adversaires. Voir Neander, Church Hist. ii. 579, sq. ; Hist Dogme. 352, m²
3 Augustin ne perçoit pas d’autre différence entre Pélage et Célestins (De Pecc. Orig. c. 12) que le fait que le second était plus ouvert, le premier plus réservé, le second plus obstiné, le premier plus fourbe, ou, pour le moins, que le second était plus direct (libcrior), le premier plus rusé (astutior). Prosper d’Aquitaine l’appelle donc coluber Bri-tannus (dans son poème De !! gratis, append. 67. — Comp. Wiggers, p. 40 ).— Néandre (Chrysostome, t. II, p. 134) juge de lui avec plus de douceur : « Péla-gius est digne de toute estime à cause de son zèle honnête ; Son but était de combattre la même tendance antichrétienne qu’Augustin combattait. Mais il s’est trompé dans la manière dont il a cherché à atteindre son but ? etc. Comp. Histoire de l’Église, ii. 573. « Tel qu’il apparaît dans ses écrits, c’était un homme lucide, intelligent, qui possédait plutôt une tournure sérieuse et morale que cette disposition qui se sent obligée de plonger dans les profondeurs de l’âme et de l’esprit, et de mettre en lumière les choses cachées ? , p. 579.
4 Les principaux points de l’histoire extérieure de la controverse sont : La condamnation de la doctrine de Pélage à Carthage, en 412. Il se rend en Palestine, où Jérôme devient l’un de ses adversaires les plus zélés, et, conjointement avec Paulus Orosi us, disciple d’Augustin, l’accuse lors d’un synode tenu à Jérusalem (415 ap. J.-C.), sous Jean : évêque de Jérusalem. Jean, cependant, ne prononça pas sa condamnation, mais rapporta toute l’affaire à Innocent, évêque de Rome. — Synode à Diospolis (Lydda), sous Euloge de Césarque. Les plaignants étaient Héros, d’Arles, et Lazare, d’Aix. Acquittement de Pélage. Mécontentement de Jérôme à l’égard des décisions de ce synode (Synodus miserabilis ! Ep. 81) .—Sous Zosime, successeur d’Innocent, Pélage et Célestins nourrissent de nouvelles espérances.—Synode des évêques d’Afrique du Nord à Carthage, en 418, et condamnation de Pélage.—L’empereur Honorius décide de la controverse.— Zosime est amené à changer d’opinion, et publie son Epistola Tractoria, dans lequel la doctrine pélagienne est condamnée. Julien, évêque d’Eclanum dans les Pouilles, entreprend de défendre le pélagianisme (à son sujet, voir Wiggers, i. p. 43, ss.). — lie a été anathématisé au synode d’Éphèse (431 apr. J.-C.), en relation (accidentelle ?) avec Nestorius. Cependant le système opposé de l’Augus-tine n’a pas été accepté en Orient.
§ 111.
Le péché originel et ses conséquences.
[J. Nirschl, Origine et nature du péché selon la doctrine de saint Augustin, Ratisbonne. 1854 . Neander, Histoire de l’Église, ii. 564-625 ; Hist Dogme. 362 m² Julius Müller, Doctrine du péché, ii. 417-494. Niedner, Gesch. d. Kirche, 336-346. Voigt, De Theoria Aug. Pelag. S’énerver. 1829 . Lentzen, De Pelag. Doctr. Princ.ipüs. Deux-points. 1833.]
Pélage, partant du point de vue de la simple réflexion, ou de l’entendement en distinction avec la raison, avec une tendance prépondérante à la conception éthique de la nature de l’homme, considérait chaque individu humain comme une personne morale, complète et limitée par elle-même, et nettement séparée de toutes les autres. C’est pourquoi le péché lui apparaîtrait nécessairement comme l’acte libre de l’individu, de sorte qu’à ses yeux il ne pourrait y avoir d’autre rapport entre le péché de l’un (Adam) et le péché de la multitude (sa postérité) que celui qui existe entre un exemple, d’une part, et une imitation volontaire de celui-ci, d’autre part. Chaque homme, à sa naissance, est donc dans la même condition qu’Adam. Ni le péché ni la vertu ne sont inhérents, mais l’un, aussi bien que l’autre, se développe dans l’usage de la liberté, et ne doit être mis à la charge que de celui qui exerce cette liberté1. Augustin, au contraire, avec des conceptions plus profondes, mais qui pourraient facilement empêcher une vision claire des rapports personnels et moraux de l’homme, considérait le genre humain comme une masse compacte, un corps collectif, responsable dans son unité et sa solidarité. Avec un penchant prédominant pour la religion, il dirigeait son attention plus sur l’état intérieur et permanent de l’âme, et sa relation absolue avec Dieu, que sur les actions passagères et extérieures de l’individu. Cette tendance, procédant de l’expérience de son propre cœur et de sa propre vie, l’amena à conjecturer un lien mystérieux existant entre la transgression d’Adam et le péché de tous les hommes, lien qui se perd dans les obscurs commencements de la nature non moins que de l’histoire. De simples suppositions, cependant, ne satisfaisaient pas son esprit ; mais, exécutant son système dans toutes ses conséquences logiques, et appliquant une fausse exégèse à certains passages, il posa comme doctrine la proposition rigide suivante : « Comme tous les hommes ont péché en Adam, ils sont justement sujets à la condamnation de Dieu à cause de ce péché héréditaire et de sa culpabilité »2
1 Pélag. Lib. 1. De lib. Arb., dans Aug. De Pecc. Orig. c. 13 : Omne bonum ac malum, quo vel laudabiles, vel vituperabiles sumus, non nobiscum oritur , sed agitur a nobis : capaces enim utriusque rei, non plcni nascimur, et ut sine virtute ita et sine vitio procreamur, atque ante actionem propriæ voluntatis id solum in homine est, quod Deus condidit ; il admet même la prépondérance du bien dans l’homme, lorsqu’il (selon August. De Nat. et Grat. c. 21) parle d’un naturalis quœdam sanctitas, qui habite dans l’homme, et veille dans le château de l’âme sur le bien et le mal, et par lequel il entend la conscience. Comp. Julian (cité par August, dans Op. Imp. 1.105) : Illud quod esse peccatum ratio demonstrat, inveniri nequit in seminibus. (122) : Nemo naturaliter malus est : sed quicunque reus est, moribus, non exordiis accusatur. On trouvera d’autres passages dans Münscher, éd. par von Colin, i. p. 377, ss. [L. ii. 66 : In omnes autem homines mors pertransiit, quia una forma judicii prevaricatores quosque etiam reliquæ comprehendit ætatis ; quæ tamen mors nec in sanctos, nec in innocentes ullos sævire pemiittitnr, sod in eos pervadit quos prævaricationem viderit æmulatos.] Comp. Wiggers, p. 91, ss. Augustin lui-même protestait contre l’expression peccatum naturae, ou pec-catum naturale, que les Pélagiens lui imputaient, et lui substituait toujours l’expression peccatum originale. Les Pélagiens considéraient la mort corporelle non pas comme une punition du premier péché, mais comme une nécessité physique, bien que Pélage lui-même ait concédé au synode de Diospolis, que la mort d’Adam était un châtiment infligé à Adam, mais seulement à lui. Aug. de Nat et Gr. 21 (c. 19), Op. imp. i. 67 ; vi. 27, 30. Pourtant, Pélage n’a pas nié la puissance du péché ; il affirmait même une dégradation croissante de l’espèce humaine ; mais il expliquait cela par la longue habitude de pécher et de donner le mauvais exemple. Epist ad Demetriadem, c. 8 : Longa consuetudo vitiorum, quæ nos infecit a parvo paula-timque per multos corrupit annos, et ita postea obligatos sibi et addictos tenet, ut vim quodammodo videatur habere natures.
2 Une liste des ouvrages dans lesquels Augustin combattit les Pélagiens , se trouve dans Af’uns cher, cd. par von Colin, p. 373. Les passages qui se rapportent à cette question, et qui ne peuvent cependant être compris que dans leur propre rapport, y sont également donnés, p. 377, ss. (Comp. De Pecc. Mer. i. 2, 4, 21 ; Opus Imp. vi. 30 ; De Pecc. Mer. i. 10 ; De Nupt et Concup. i. 27, ii. 57-59 ; Op. Imp. i. 47 ; de Nupt. et Concup. i. 26 ; de Pecc. Orig. 36 ; de Con. et Grat 28. À l’appui de ses vues, il fait appel au baptême des enfants : De Pecc. Mer. i. 39, iii. 7 ; contra Jul. vi. 6; de Pecc. Mer. i. 21 ; Enchiride. 93; aux formules de l’exorcisme : de Pecc. Orig. 45 ; et principalement à Rom. v. 12.) Wiggers, p. 99, par. [De Civit. Dei, 14, 1 : A primis hominibus admissum est tarn grande peccatum, ut in deterius eo natura mutaretur humana, etiam in posteros obligatione peccati et mortis necessitate transmissa. — De Corrept et Grat. x. (28) : Adam, quia per liberum arbitrium Deum deseruit, justum judicium Dei expertus est ; ut cum tota sua stirpe, quæ in illo adhuc posita tota cum illo peccaverat, damnaretur.—De Pecc. Orig. c. 38 : Deus nihil fecit nisi quod hominem voluntate peccantem justo judicio cum stirpe dam-navit, et ideo ibi quidquid etiam nondum erat natum, merito est in praevari-catrice radice damnatum ; in qua stirpe damnata, Tenet hominem generatio carnalis. De Nupt. et Concup. 11, c. 5 : Per unius illius voluntatem malam omnes in eo peccaverunt, quando omnes ille unus fuerunt, de quo proptcrea singuli peccatum originale traxerunt. De Civit. Dei, viii. 14 : Deus enim creavit hominem rectum, naturarum auctor non utique vitiorum ; sed sponte depravatus justeque damnatus, depravatos damnatosque generabit. Omnes enim fuimus in illo, quando fuimus ille unus.—Nondum erat nobis singilatim creata et distributa forma, in qua singuli viveremus ; sed jam natura erat seminalis, ex qua propagaremur ; qua scilicet propter peccata vitiata, et vinculo mortis obstricta, justeque damnata, non alterius conditionis homo ex Homine nascetur. Ibid. xiv. 15 : Adam faciendo voluntatem suam non ejus , a quo factus est, universum genus humanum, propagine vitiata, culpœ et pance fecit obnoxium. Ibid. xxii. 24 : Dans l’original ! malo duo sunt, peccatum atque supplicium.] — Sur l’interprétation qu’Augustin donne de Rom., v. 12 (in quo omnes peccaverunt, Vulg.), voir Op. Imp. ii. 47, ss., 66, contra duas Epp. Pixel. iv. 7 (c4 ״) ; Julien, d’autre part, donne l’explication suivante : in quo omnes peccaverunt nihil aliud indicat, quam : quia omnes peccaverunt. L’exposé d’Augustin fut confirmé par le synode de Carthage (418 apr. J.-C.). Comp. Münscher von Colin, p. 381, 382. Mais ce serait une grande erreur, une procédure atomistique, d’attribuer toute la théorie d’Augustin à cette erreur exégétique. Des causes plus profondes ont donné naissance à cette théorie, à savoir : 1. Sa propre expérience, façonnée par les événements remarquables de l’histoire de sa vie extérieure et intérieure ; 2. Peut-être y a-t-il quelques vestiges de ses anciennes notions manichéennes, dont il pourrait être lui-même inconscient , par exemple, celui de la souillure dans l’acte de la génération (comp. De Nupt. et Concup. i. 27 : La concupiscence, dit-il , n’est pas attribuée au régénéré comme péché, mais en ce qui concerne la nature, elle n’est pas sans péché, c’est pourquoi toute personne conçue et née dans la voie de la nature, est sous le péché jusqu’à ce qu’elle renaisse par lui : quern sine ista concupiscentia. virgo concepit) ; 3. Son mode de pensée réaliste, qui l’a conduit à confondre l’abstrait et le concret, et à considérer l’individu comme une partie transitoire et évanescente du tout (massa perditionis). En relation avec ce mode de pensée, d’autres causes pourraient être, 4. Ses notions de l’Église en tant qu’organisme vivant et des effets du baptême des enfants ; 5. L’opposition qu’il fut obligé de faire au pélagisme et à ses conséquences possibles, menaçant de détruire toutes les conceptions profondes du système chrétien. Ainsi, selon Augustin, non seulement la mort physique était un châtiment infligé à Adam et à toute sa postérité, mais il fallait regarder le péché originel lui-même comme étant en quelque sorte un châtiment de la première transgression, bien qu’il fût c’est aussi un péché réel (Dieu punit péché par péché), et peut donc être imputé à chaque individu. Mais c’est précisément sur ce point, sur lequel il insista d’abord avec force, c’est-à-dire sur l’imputation du péché originel, que ses vues différaient de toutes les opinions antérieures, si sévères qu’elles fussent. — Il s’efforça de se disculper de l’accusation de manichéisme (par opposition à Julien), en désignant le péché non pas comme une substance, mais comme un vitium. une langueur ; il accusait même ses adversaires de manichéisme. De même, saint Augustin savait très bien distinguer entre le péché, qui est commun à tous les hommes, et le crime propre, dont les pieux sont préservés ; Enchir. 64 : Neque enim quia peccatum est omne crimen, ideo crimen est etiam omne peccatum. Itaque sanctorum hominum vitam, quam diu in hac mortal ! (al. morte) vivitur, inveniri posse dicimus sine crimine ; « Peccatum autem, si dixerimus quia non habemus, nosmet ipsos seducimus, et veritas in nobis non est » (1 Jean, i. 8). — En ce qui concerne ses vues sur le reste insignifiant (lineamenta extrema) de l’image divine laissée dans l’homme, et sur les vertus des païens, voir Wiggers, </B20> p. 119, note.
§ 112.
Liberté et Grâce.
Pélage admettait que l’homme, dans son activité morale, avait besoin de l’aide divine, et pouvait donc parler de la grâce de Dieu comme d’un secours aux imperfections de l’homme par diverses dispositions.1 Il supposait cependant que cette grâce de Dieu était quelque chose d’extérieur, et qu’elle ajoutait à les efforts fournis par le libre arbitre de l’homme ; elle peut même être méritée par de bons volonté2. Augustin, au contraire, considérait la grâce comme le principe créateur de la vie, qui engendre comme un bien durable cette liberté de la volonté qui est entièrement perdue dans l’homme naturel. Dans le pouvoir de l’homme naturel de choisir entre le bien et le mal, auquel Pélage attachait une grande importance, aussi bien que l’Église antérieure, il ne voyait qu’une liberté de faire le mal, puisque l’homme régénéré seul peut réellement vouloir le bien3.
1 Sur ce point , Pélage s’exprime ainsi (en août. De Grat. c. 5) : Primo loco posse statuimus, secundo veile, tertio esse. Posse in natura, veile in arbitrio, esse in effectu locamus. Primum illud, i. e^ posse ad Dcum proprie pertinet, qui illud creaturæ suæ contulit ; duo vero reliqua, h. e. veile et esse, ad hominem referenda sunt, quia de arbitrii fonte descendunt. Ergo in voluntate et opcre laus hominis est, immo et hominis et Dei, qui ipsius voluntatis et operis possibilitatem dedit , quique ipsam possibilitatem gratiæ suæ adjuvat semper auxilio. C’est pourquoi l’homme doit aussi à Dieu qu’il peut vouloir, comme il est dit dans ce qui suit : quod possumus omne bonum facere, dicere, cogitare, illius est , qui hoc posse donavit, qui hoc posse adj 11 TVA. Comp, c. 18 : Habemus autem possibilitatem a Deo insitam, velut quandam, ut ita dieam, radicem fructiferam atque fecundam, etc. La liberté de la volonté est commune aux Juifs, aux Gentils et aux Chrétiens ; la grâce, selon Pélage lui-même, appartient exclusivement au christianisme. Pélage a également rejeté la proposition de Célestins, « gratiam Dei non ad singulos actus dari ». [ Münscher von Cölln, i. p. 386.]
2 Pélage considérait comme des moyens de grâce surtout la doctrine (en tant que manifestation de la volonté divine), les promesses et les épreuves (auxquelles appartiennent les ruses de Satan ) ; mais Julien niait fortement que la volonté de l’homme soit d’abord créée par la grâce (fabricetur, condatur) ; il n’y voit qu’un adjutorium de l’ill. libre non dérangé. Comp. Aug. de Grat. Chr. c. 8. Op. Imp. i. 94, 95. [Münscher, 1. c. p. 387,388.] Julius Müller remarque avec raison (dans son ouvrage sur le péché, 1re éd., p. 475) que Pélage n’a pas l’idée du développement ; « Il n’a pas la conception d’une vie qui se déploie d’elle-même ; il ne reconnaît que l’enchaînement mécanique d’actes isolés. Distinction entre la liberté formelle et la liberté réelle. Comp., aussi, Neander, Hist. Dogm. 369, sur les différentes étapes de la révélation divine de la grâce [correspondant, selon Pélage, à sa détérioration progressive],
3 Augustin, au contraire, soutient : Non lege atque doctrina inso-nante forinsecus, sed interna et occulta, mirabili ac ineffabili potestate operari Dcum in cordibus hominum non solum veras revelationes, sed bonas etiam voluntates (De grat. Chr. 24). Il reconnaît dans la grâce de Dieu une inspi-ratio dilectionis, et considère cela comme la source de toute chose. Nolentem prævenit, ut velit ; volentem subsequitur, ne frustra velit (Enchir. c. 32).— Il entend par liberté l’être libre du péché, cet état d’esprit dans lequel il n’est plus nécessaire de choisir entre le bien et le mal. Le même point de vue est exprimé dans son traité De Civit. Dei xiv. 11, qui n’a pas été écrit contre les Pélagiens : Arbitrium igitur voluntatis tunc est vere liberum, cum vitiis peccatisque non servit. Tale datum est a Deo : quod amissum proprio vitio, nisi a quo dari potuit, reddi non potest Unde Veritas dicit : vos Filius liberavit, tunc vere liberi eritis. Idque ipsum est autem, ac si diceret : si vos Filius salvos fecerit, tunc vere salvi eritis. Inde quippe liberator, unde salvator. Comp, contra duas Epp. Pixel. i. 2. La liberté de la volonté est d’autant plus grande que la volonté elle-même est en état de santé ; son état de santé dépend de sa soumission à la miséricorde et à la grâce divines. — Contra Jul. c. 8, il appelle la volonté humaine servum propriæ voluntatis arbitrium. — De telles expressions furent tellement mal employées par les moines d’Adrumète (vers l’an 426), qu’Augustin lui-même fut obligé de s’y opposer (surtout dans son traité De Correptione et Gratia) ; En général, lui-même a souvent fait appel, d’un point de vue pratique, à la volonté de l’homme (voir le § suivant). [Pour un exposé plus détaillé des vues d’Augustin concernant la grâce et la liberté de la volonté, voir Münscher, éd. par von Cölln, i. § 93, et p. 388398, où d’autres passages sont cités.] Quoi qu’il en soit, ce n’était pas l’opinion d’Augustin que l’homme est comme une pierre ou un bâton, sur lequel la grâce agit extérieurement ; Il pouvait concevoir la grâce comme n’agissant que dans la sphère de la liberté. Comp. Contra Julianum, iv. 15 : Neque enim gratia Dei lapidibus aut lignis pecoribusve præstatur, sed quia imago Dei est (homo), meretur hanc gratiam. De Peccat. Merit, et Remiss, ii. § 6 : Non sicut in lapidibus insensatis aut sicut in iis, in quorum natura rationem voluntatemque non • condidit salutem nostram Deus operatur in nobis. [Julius Müller, dans son ouvrage sur le péché, i. 458 sq., montre qu’Augustin parlait de la liberté sous trois aspects : 1. En tant que spontanéité, par opposition à la force extérieure. Cela existe toujours dans tous les stylos. 2. Le pouvoir de choisir, liberum arbitrium, comme chez Adam avant la chute, un pouvoir égal de décider entre les alternatives du bien et du mal. Mais c’est un état bas et faible de la volonté. 3. La liberté avec laquelle le Fils nous rend libres, la détermination de l’âme à ce qui est bon et saint, le non posse peccare, le felix necessitas boni, l’union de la liberté et de la nécessité.]
[Baur, Dogmengesch. 2d ed. p. 179 sq.: Dans le système de Pélage, tout dépend du principe de la liberté de la volonté ; c’est la conception déterminante et fondamentale de sa doctrine du péché et de la grâce. La liberté, en tant que capacité absolue de choisir (liberum arbitrium), de déterminer également le bien ou le mal, lui paraissait à un tel degré le bien substantiel de la nature humaine, qu’il considérait même la capacité du mal comme un bonum naturæ, puisqu’on ne peut choisir le bien sans pouvoir choisir le mal de la même manière (Epist. ad Demetr., c. 2, 3).]
§ 113.
Prédestination.
[J. B. Mozley, Doctrine augustinienne de la prédestination. Lond. 1855.]
Augustin soutenait la doctrine de la dépravation héréditaire, dont l’homme a lui-même encouru la faute, et dont aucune puissance humaine ni aucune détermination humaine ne peuvent délivrer, dont seule la grâce de Dieu peut sauver ceux à qui elle est communiquée. De ces prémisses, il s’ensuivrait nécessairement que Dieu, en conséquence d’un décret éternel, et sans aucune référence à la conduite future de l’homme, a élu1 quelques-uns de la masse corrompue pour devenir des vases de sa miséricorde (vasa misericordiæ), et a laissé les autres comme vases de sa colère (vasa iræ) à une juste condamnation. Augustin a appelé la première prcdestinatio, la seconde reprobatio, et a ainsi éludé la nécessité d’affirmer directement la doctrine d’une prédestination au mal (predestinatio duplex).2 Dans l’ensemble, il s’efforça d’adoucir la dureté de sa théorie par des précautions pratiques.3 Mais la doctrine en question devint pour beaucoup une pierre d’achoppement, que les théologiens orthodoxes eux-mêmes (en particulier ceux de l’Église grecque) s’efforçaient par tous les moyens possibles d’éliminer.4 Cela a préparé la voie à ces projets pratiquement bien intentionnés, mais théoriquement vagues et sans fondement, que le semi-pélagianisme (voir la section suivante) a mis en lumière.
1 De Præd. Sanctorum 37 (c. 18) : Elcgit nos Deus in Christo ante mundi constitutionem, prædestinans nos in adoptioncm filiorum : non quia per nos sancti et immaculati futuri eramus, sod elcgit prædestinavitque, ut essemus. Fecit autem hoc secundum placitum voluntatis suæ, ut nemo de sua, sed de illius erga se voluntate glorietur, etc. À l’appui de ses vues, il fit appel à Éph. i. 4, II, et Rom. ix. : il parle aussi d’un ccrtus numerus elecforum, neque augendus, neque minuendus, De Corrept. et Gr. 39 (c. 13). [De Dono Perscverantiæ, c. 14 : Hæc est prædcstinatio sanctorum, nihil aliud ; præ-sccntia scilicet et præparatio bcncficiorum Dei, quibus certissime liberantur, quicunque liberantur. Ceteri autem ubi nisi in massa perditionis justo divino judicio relinquuntur ? De Corrept et Gratia, c. 13 : Hi ergo, qui non pertinent ad istum certissimum et felicissimum numerum (prædestinatorum) pro meritis justissime judicantur. De Præd. Sane. c. 19 : Dicct (apostolus) ideo nos electos in Christo et prædestinatos ante mundi constitutionem, ut essemus sancti et immaculati.... non quia futures talcs nos esse præscivit, sed ut essemus tales per electionem gratiæ suæ.. .c. 10 : Si quæratur, unde quisque sit dignus, non desunt, qui dicunt, voluntate humana ; Nos autem dicimus, gratia vel prædestinatione divina. Schmid, Dogmengesch. p. 59. Baur, dans son Dogmengesch. p. 184, cite le passage suivant du De Correps. et Gratia, c. 9, comme réunissant la série des actes divins à l’égard des élus : Quicunque in Dei providentissima dispositione præsciti, prædestinali, vocati, justificati, glorificati sunt, non dico etiam nondum renati, sed etiam nondum nati, jam filii Dei sunt et omnino perire non possunt. Ceci, dit Baur, montre ce qu’il y a de plus difficile et de plus incompréhensible dans la doctrine d’Augustin. — lie réfute les objections de l’entendement en citant Rom. ix. 20, et en citant des exemples tirés de l’histoire sainte. Même dans cette vie, les biens de ce monde, la santé, la beauté, les facultés physiques et intellectuelles, sont distribués inégalement et pas toujours en accord avec les conceptions humaines du mérite, ibid. 19, c. 8. Le Christ lui-même a été prédestiné à être le Fils de Dieu ; De Pred. 31 (c. 15). Il appelle même le Christ le præclarissimum lumen prædestinationis et gratiæ ; Neander, Hist. Dogm. 374.
2 Saint Augustin enseigne une prédestination au châtiment et à la condamnation, mais non une prédestination directe au péché ; comp. Enchiridion, c. 100. Le passage, 1 Tim. II. 4, apporté pour prouver l’universalité de la grâce, il explique comme signifiant qu’aucun âge, condition, sexe, etc., n’est exclu de la grâce, et il donne pour exemple, Luc xi. 42, où « omne olus » signifie toute espèce d’herbes ; comp. Enchiridion, c. 103, et Epist. 107 (Ad Vitalem) : comp. A, Schweizer* Centraldogmen, i. 45. [De Dono Perseverantiæ, c. 8 : Cur gratia non secundum mérita hominum datur ? Respondeo, quoniam Deus misericors est. Cur ergo, inquit, non omnibus ? Et hic respondeo, quoniam Deus judex est.]
3 De Dono Persev. 57 (c. 22) : Prædestinatio non ita populis prædicanda est, ut apud imperitam vel tardioris intclligentiæ multitudinem redargui quodammodo ipsa sua prædicatione videatur ; sicut redargui videtur et præs-cientia Dei (quam certe nega non possunt) si dicatur hominibus : " Sive curratis, sive dormiatis, quod vos præscivit qui fall ! non potest, hoc eritis. Dolosi autem vel imperiti medici est, etiam utile medicamentum sic alligare, ut aut non prosit, aut obsit. Sed diccndum est : " Sic currite, ut comprehen-datis, atque ut ipso cursu vestro ita vos esse præcognitos noveritis, ut legitime curreretis , » et si quo alio modo Dei præscicntia prædicari potest, ut hominis seghitia repellatur, 59.. ,de ipso autem cursu vestro bono rectoque condiscite vos ad prœdestinationem divinæ gratiæ pertinere.
4 Malgré la condamnation de Pélage au synode d’Éphèse, le système d’Augustin n’exerça aucune influence sur la théologie de l’Église d’Orient. Théodore de Mopsueste écrivait (contre les partisans de l’augustinisme) : προς τούς λέγοντας φύσει, καί ού γνώμη πταίειν τούς ανθρώπους* 5 livres (Photii Bibl. Cod. 177, dont quelques fragments latins sont conservés par Mar. Mercator ed. Baluz. Fritzsche* p. 107, par. Sur la question de savoir si elle était dirigée contre Jérôme, ou contre Augustin ? voir Fritzsche* 1. c. p. 109 , et Neander* Church Hist. (Torrey), ii. 651, et Hist. Dogm. (Ryland), p. 387). Théodoret, Chrysostome, Isidore de Péluse, et d’autres, continuèrent à suivre la ligne antérieure du développement dogmatique. Voir les passages du Münscher von Colin, t. I, p. 408-410, et comp. § 108.
§ 114.
Geffcken, J., Historia Semipolagianismi Antiquissima, Dieu. 1826, 4. Wiggers, de Joh. Cassiano Massiliensi, qui Semipolagianismi auctor vulgo perhibetur. Commentt. il Rost 1824, 25, 4 ; par le même : Tentative d’une présentation pragmatique de l’augustinisme et du pélagianisme. V0L ii. Néandre, Mémoires, t. III, p. 92, 88.
En opposition à la fois aux augustiniens extrêmes (prédestinariens)1 et à l’augustinisme lui-même, un nouveau système s’est formé, sur lequel le monachisme a sans aucun doute exercé une influence considérable (car ses racines les plus profondes sont essentiellement pélagiennes), mais qui procédait aussi en partie d’un ton plus sain, pratique et moral. Ses partisans s’efforçaient de suivre une voie médiane entre les deux extrêmes, à savoir le pélagianisme et l’augustinisme, et de satisfaire les besoins moraux aussi bien que religieux de l’époque, par l’adoption partielle des prémisses des deux systèmes, sans les réaliser dans toutes leurs conséquences logiques2. Le chef des théologiens gallicans (Massilienses) qui proposa ce nouveau système, appelé plus tard semi-pélagianisme, était Jean Cassien, disciple de Chrysostome3, que Prosper d’Aquitaine et d’autres combattaient.4 Il fut suivi par Faustus, évêque de Rhegium5, qui remporta la victoire sur Lucidus , un prêtre hyper-augustinien, au synode d’Arles (a. d. Pendant plusieurs décennies, le semi-pélagianisme continua d’être la forme dominante de la doctrine en Gaule6, jusqu’à ce qu’il rencontra une nouvelle opposition de la part d’Avitus de Vienne7, de César d’Aries8, Fulgentius de Ruspe9 et d’autres. Après diverses fortunes, l’augustinisme obtint la prépondérance même en Gaule, au moyen des synodes d’Arausio (Orange) et de Valence (ap. J.-C.). 529), mais avec l’importante restriction que la doctrine de la prédestination au mal n’a pas été adoptée.10 Boniface II, évêque de Rome, conformément aux mesures adoptées par ses prédécesseurs, confirma ces décisions (a. d. 530).11« Grégoire le Grand a transmis aux âges suivants l’aspect plus doux de la doctrine augustinienne, dans ses rapports avec le christianisme pratique plutôt qu’avec la spéculation ».12
1 Sous les prédestinariens (doctrinaux), sont généralement inclus les moines d’Adrumète, dans la province de Byzacène, en Afrique du Nord, et Lucidus, mentionné ci-dessous, qui ont enseigné la doctrine d’une prædestinatio duplex ; il est cependant prouvé de manière satisfaisante que (historiquement) u une secte, ou même un parti séparé de prédestinariens dissidents d’Augustin n’a jamais existé. (comme on l’a supposé à tort). Comp. Wiggers, t. II, p. 329, 88. 347. Cette erreur a été répandue par J. Sirmond, Historia Prædestinatiana (Opp. T. iv. p. 267, ss.), et l’ouvrage qu’il a édité sous le titre de Prædestinatus, 1643, dans lequel le Prædest. Ilæresis est mentionnée comme la quatre-vingt-dixième dans l’ordre des hérésies (réimprimé dans Gallandi Bibl. x.). Comp, aussi Walch, Historié der Ketzereien v. p. 218, ss. Néandre, Histoire de l’Église, ii. 641-3 . Gieseler, i. § 113, notes 4, 9-11). [Sur cet ouvrage, Prædestinatus, voyez Neander, Hist . Dognj. 381 ; les Jésuites furent accusés de l’avoir falsifié. Baur, Dogmengesch. 155, note, dit que Néandre soutient, sans raison suffisante, que la seconde partie du livre (elle est en trois parties) n’était pas de l’auteur lui-même, mais était un traité augustinien courant. Baur dit que tout l’ouvrage a été réellement fait par un semi-pélagien, et qu’il avait l’intention de rendre odieux le prédestinariisme en le poussant aux conséquences les plus révoltantes : G., « Les prédestinés peuvent pécher et résister, sans sa propre volonté, il atteindra le salut ; et d’autre part, celui qui est destiné à la mort s’efforce en vain illustré par les exemples de Judas et de Paul.]
2 D’après les rapports faits par Prosper et Hilary, scil. (428, 29 ), à Augustin (dans Wig gers, p. 153 , Mùnscher, éd. par von Colin, i. p. 411), le traité d’Augustin, intitulé De Correptione et Gratia, avait excité quelque agitation parmi les théologiens et les moines gallicans, à la suite de quoi il écrivit les traités suivants De Præd. Sanctorum, et De · Dono Perseverantiæ. Bien que ces théologiens gallicans différassent sur certains points de Cassien (voir Wiggers, p. 181), il y avait cependant un accord considérable entre leur doctrine et la sienne. Comp, aussi Neander, ii. Débloquer le niveau 633.
3 Comp, ci-dessus § 82, note 21. De ses Collationes, la treizième est la plus importante. Prosper se plaint de son syncrétisme, Contra Collatorem , c. 5 : Illi (pélagien !) in omnibus justis hominum operibus liberæ voluntatis tuentur exordia, nos bonarum cogitationum ex Deo sempcr credimus prodire principia, tu informe nescio quid tertium reperisti. se composait des détails suivants : a, Cassien, qui détestait le profana opinio et l’impietas Pelagii (voir Wiggers, II. p. 19, 20), ne considérait l’homme naturel ni comme moralement sain (comme Pélage), ni comme moralement mort (comme Augustin), mais comme malade et moralement affaibli (dubitari non potest, inesse quidem omnia animæ naturaliter virtutum semina beneficio creatoris inserta, sed nisi hæc opitulatione Dei fuerint excitata, ad incrementum perfectionis non poterunt pervenire, Coll. xiii. 12). b. lie insistait tellement plus que Pélage sur la nécessité et la nature spirituelle de la grâce divine (Coll. xiii. 3), qu’il se risquait même à affirmer que les hommes sont parfois attirés vers le salut contre leur volonté (nonnunquam etiam inviti trahimur ad salutem, comp. Inst. Coen. xii. 13 . Wiggers, p. 85). Mais en opposition à Angustine, il ne limita qu’à quelques-uns (par exemple, Matthieu et Paul) ce que ce dernier étendrait à tous, et fit appel à l’exemple de Zachée, du centurion Corneille, du larron sur la croix, et d’autres, pour prouver son opinion. En général, il attribuait l’acensus à Dieu, aussi bien que le descensus aux choses terrestres, au libre arbitre de l’homme, et regardait la grâce comme des coopérans, bien qu’il ne s’exprime pas très distinctement. Seulement, nous devons prendre garde de ne pas rapporter à Dieu tous les mérites des saints, afin de ne laisser à la nature humaine que ce qui est mauvais. c. Il comprenait la rédemption par le Christ dans un sens plus général, et rejetait donc la doctrine de la prédestination (au sens d’Augustin et des hyper-augustiniens). L’affirmation que Dieu n’en sauverait qu’un petit nombre lui paraissait un sacrilège de l’ingens (Coll, xiii. 7׳). Un aperçu de son système complet est donné par Wiggers, p. 47-186. [1. L’homme n’est pas mort dans le péché, mais malade ; la liberté n’est pas perdue, mais boiteuse. 2. La liberté et la grâce concourent, tantôt l’une conduisant, tantôt l’autre ; l’initiation se fait généralement dans la volonté, mais Dieu en attire quelques-uns contre leur volonté ; La grâce est intérieure. 3. La prédestination sur la base de la prescience. Comp. Baur, Dogmengesch. 187, qui dit que le résultat a été MerelLes deux positions antagonistes de la prédestination et du libre arbitre se tenaient au-dessus de la prédestination. l’un contre l’autre, non réconciliés. Mais le résultat était encore de montrer que, de même que le divin se tient toujours au-dessus de l’humain, il est essentiel au système de l’Église que l’importance absolue de la grâce ne soit pas cédée, au moins dans les déclarations formelles de la doctrine.
4 Augustin lui-même a combattu le semi-pélagianisme dans les ouvrages ci-dessus. Wiggers donne une esquisse de la controverse entre Prosper d’une part, et Cassien et les Semipélagiens d’autre part, p. 136, ss.
5 Faustus présida d’abord le monastère de Lérine, qui fut pendant quelque temps le siège principal du semi-pélagianisme. Sur Vincentius Lerinensis comp. Perruques, p. 208, ss. ; sur Faustus et sa doctrine, ibid. p. 224, ss., 235, ss. En ce qui concerne la doctrine du péché originel, les vues de Faustus se rapprochent plus des opinions d’Augustin que celles de Cassien ; d’autre part, ses idées sur la nature de la grâce sont plus extérieures (pélagiennes) que celles de celle-ci ; comp. Wiggers, p. 287. — Mais il accorde plus d’attention au troisième point de controverse : la doctrine de la prédestination. Il rejette résolument la doctrine de l’élection inconditionnelle en faisant une distinction entre la prédétermination et la prescience, la première étant indépendante de la seconde ; De Grat, et lib. Arbitrio i. Wiggers, p. 279, ss. Faustus utilise par ex. les arguments suivants, qui sentent fort l’anthropomorphisme : Quand je jette accidentellement les yeux sur une action vicieuse, il ne s’ensuit pas que j’en sois coupable, parce que je l’ai vue. Ainsi Dieu prévoit l’adultère, sans exciter l’homme à l’impureté ; il prévoit le meurtre, sans exciter chez l’homme le désir de le commettre, etc. Wiggers, p. 282,283. En parlant de la doctrine de la prédestination inconditionnelle, telle qu’elle était proposée par son adversaire Lucidus, il employait les termes les plus forts : lex fatalis, decretum fatale, fatalis constitutio, originalis definitio vel fatalis, et la regardait comme quelque chose de païen ; , p. 315. Il croyait en l’expiation universelle. [Parmi les Augustins modificateurs, dit Baur, Dogmengesch., p. 187, était l’auteur de l’ouvrage De Vocatione omnium gentium, qui, d’une manière singulière, tout en soutenant le point de vue d’Augustin sur la grâce, concevait le péché originel d’une manière purement négative, comme le manque de bien, ou comme la simple poursuite de l’instinct naturel. La volonté reste la même, son objet est différent ; au bien, elle ne peut être dirigée que par Dieu ; mais chacun peut obtenir cette direction, puisqu’il y a une efficacité universelle aussi bien que spéciale de la grâce.
6 Comp. Gennadius Massiliensis et Ennodius Ticinensis, dans Wiggers, p. 350, ss. Une vue sommaire de la doctrine sémuplagienne en général, et de ses relations avec l’augustinisme et le pélagianisme, est donnée sous la forme d’un tableau par Wiggers, p. 359-364.
7 Wiggers, P· Débloquer le niveau 368.
8 Wiggers, p. 369, à propos de son livre De Gratia et Lib. Arbitrio.
9 Wiggers, p. 369, par. Fulgentius, poussant la doctrine de l’imputation encore plus loin qu’Augustin, livra au feu éternel non seulement les enfants qui mouraient sans avoir été baptisés, mais encore le fœtus immature ; De Fide ad Petrum, c. 30, cité par Wiggers, p. 376. Mais en ce qui concerne la prédestination, il s’efforçait soigneusement d’éviter toutes les exagérations qui pourraient offenser les sentiments chrétiens (Neander, Church Hist ii. 650). Après l’intervention des moines scythes, il blâma expressément ceux qui affirmaient la doctrine de la prédestination au mal, bien qu’il se maintint lui-même dans un duplex de præ-dest (mais dans un sens différent) ; Néandre, 1. c. p. 652. La grâce est à son avis præveniens, aussi bien que comitans et subsecens. (Ep. ad Theodorum de Conversione a Seculo, cité par Wiggers, p. 386.)
10 Mansi, T. viii. p. 711, ss. Aug. Opp. T. x.part ii. Annexe, p. 157, 88. Perruques, p. 430. Mùnscher, éd. par von Cülln, p. 417. La conclusion est la partie la plus importante : [Hoc etiam secundum catholicam fidem, credi-mus, quod accepta per baptismum gratia omnes baptizati Christo auxiliante et coopérante, quæ ad salutem pertinent, possint et debeant, si fideliter laborare valuerint, adimplere.] Aliquos vero ad malum divina potestate prædestinatos esse non solum non credimus, sed etiamsi sunt, qui tantum malum credere velint, cum omni detestatione illis anathema dicimus. Sur le synode de Valence, voir JfanW, viii. 723׳, art. App. p. 162.
11 Parmi les papes précédents , Célestin et Gélase Z, avaient condamné le semi-pélagianisme : Hormisdas, au contraire, prononça un jugement très doux contre les moines scythes, sans toutefois renier la doctrine d’Augustin. Voir Bonifacii II. Epist. ad Cæsarium, donné par Mansi, t. VIII, p. 735, et App. 161, ss.
12 Comp. Neander, Church Hist. ii. p. 144. Wiggers, de Gregario M. ejusque Placitis Anthropologicis, Rost. 1838 . Lau, p. 379, par. C’est dans Moralia que les vues de Grégoire sont les plus développées. iv. c. 24 ; comp. xv. c. 15, 51 ; ix. c. 21, 34, et beaucoup d’autres passages. Avec le strict mois d’août ! Nous trouvons dans ses écrits des modifications semi-pélagiennes. Pour ses vues sur la doctrine de la grâce, voir Mor. 4 ; Hom. dans Ézéchiel. i. 5. Lau, p. 403, ss. Il distingue également les gratia præveniens et les subsecs. Les premiers sont des opérans, mais en même temps des coopérans. La gratia subsequens est une aide : ne inaniter velimus, sed possimus implore. Voyez Mor. xxii. c. 9 : Sancti viri sciunt, post primi parentis lapsum de corruptibili stirpe se editos, et non vir-tute propria, sed præveniente gratia superna ad meliore se vota ct opera commutatos : et quidquid sibi mali inesse conspiciunt, de mortal ! propagine sentiunt meritum ; quidquid vero in se boni inspiciunt, immortalis gratiæ cognoscunt donum, eique de accepto numéro debitores fiunt, qui et præve-niendo dédit iis bonum voile quoà noluerunt, et subsequendo concessit bonum esse, quod volunt. — Grégoire soutient en outre que la grâce peut être perdue, Mor. xxv. 8 (Nous savons ce que nous sommes, mais nous ne savons pas ce que nous serons) ; tandis que, d’autre part, il semble affirmer l’irrésistibilité de la grâce (Mor. 9 : sicut nemo obstitit largitati vocantis, ita nulhis obviât justitiæ relinquentis) ; il dit encore que les humbles accepteront, les orgueilleux rejetteront le don de Dieu (Mor. xxx. 1 ; Evang. lib. ii. Hom. 22); Comp. Lau, p. 410, 411. [Le Gregory, comparez Wiggers, dans la Zeitschrift f. hist. Théologie, 1854, sur l’histoire de l’anthropologie augustinienne après la condamnation du semi-pclagianisme, p. 7-43. Grégoire est d’accord avec Augustin sur l’état primitif. Quant à la chute, il affirme une faiblesse primitive chez Adam ; il appelle le péché originel une maladie, et admet une certaine nécessité de pécher ; le libre arbitre n’est pas annulé, mais affaibli ; l’homme peut résister à la grâce ; La prédestination n’est que celle des élus, mais il nie le décret absolu. « Bonum quod agimus, ct Dei est, et nostrum ; Dei, per prævenientem gratiam ; nostrum, per obse-quentem liberam voluntatem. » Suprema pietas prius agit in nobis aliquid sine nobis, ut subséquente quoque nostro libero arbitrio bonum, quod jam appetimus, agat nobiscum : quod tamen per impensam gratiam in extremo judicio ita rémunérât in nobis, ac si solis præcessisset ex nobis."]
Il est intéressant de noter que, dans cette longue controverse, l’aspect objectif de l’anthropologie était beaucoup plus développé que l’aspect subjectif. La doctrine de l’économie de la rédemption reste encore à l’état imparfait, comme on peut le voir, par exemple, par la manière indéfinie dont les termes justificare et justificatio (= justum facere, voir Wiggers, p. 380) ont été utilisés, et par l’absence de définitions correctes de la nature de la foi. C’est donc à juste titre que Wiggers termine son récit de cette controverse en disant : « Un examen plus approfondi de la nature de la foi aurait déjà donné une très grande dif· l’anthropologie chrétienne. Il convient en outre d’observer que la doctrine augustinienne de la prédestination reposait sur les prémisses contenues dans ses vues sur le péché originel. Adam était libre avant la chute, et par conséquent il se tenait hors de la sphère de la prédestination, bien que Dieu ait connu d’avance sa transgression (Aug. de Civ. Dei, XII, 21). Plus tard, les théologiens ont d’abord étendu la prédestination (les supra-lapsariens) jusqu’à Adam, et ont ainsi complété la doctrine de la prédestination d’une manière spéculative. C’est ainsi qu’il fut réservé à la Réforme d’achever l’œuvre qu’Augustin avait laissée inachevée ; les luthériens, en développant la doctrine de la foi et de la justification, les calvinistes, en développant celle de la prédestination absolue. D’autre part, l’Église catholique romaine s’opposait à son propre père (dans le comté de Trente et chez les Jésuites), ou adhérait simplement à la doctrine qu’il proposait (les jansénistes). Neander, Dogmengesch. 369, a attiré l’attention sur le fait que, chez Augustin, la justification et la sanctification se heurtent l’une à l’autre, tandis que Pélage considère la justification d’une manière plus extérieure.
DEUXIÈME CLASSE.
(PARTIE DIDACTIQUE.)
§ 115.
Les vues doctrinales sur les points fondamentaux, mûries par la controverse, ont exercé plus ou moins d’influence sur le développement d’autres dogmes. Ainsi, les autres définitions théologiques concernant la nature et les attributs de Dieu, de la création, etc., ont été façonnées par les vues sur la Trinité ; celles qui se rapportent à l’expiation du Christ et à la signification de la Cène du Seigneur étaient étroitement liées aux opinions qu’on avait sur la personne du Christ ; celles qui concernent le baptême et les sacrements comme moyens de grâce, ont été déterminées par des définitions anthropologiques ; et, enfin, l’eschatologie a été influencée par toutes les autres doctrines réunies. Même les définitions les plus générales concernant la nature du christianisme, le canon et ses rapports avec la tradition, etc., sont liées d’une manière ou d’une autre à l’un ou l’autre des dogmes fondamentaux.
Néanmoins, nous sommes en droit de traiter séparément ces doctrines, dans la mesure où, à certains égards du moins, elles n’ont pas été affectées par les luttes, et se présentent plutôt en continuité avec les vues antérieures.
§ 116.
L’IDÉE DE RELIGION ET DE RÉVÉLATION.
Bien que les théologiens de l’époque actuelle n’aient pas eu la conception d’une religion purement abstraite, sans une base et une forme historiques positives, nous rencontrons cependant dans les écrits de Lactance une définition plus précise du mot religion : qui a été emprunté au latin. Il applique le terme en question non seulement aux formes extérieures du culte (comme Tertullien l’avait fait avant lui), mais – bien qu’avec une étymologie incorrecte – à l’union et à la communion des hommes avec Dieu, qu’il considère aussi comme quelque chose de purement humain.1 La foi en la révélation était une condition nécessaire.2
1 Lact. Inst. iv. 28 : llac enim conditione gignimur, ut générant ! nos Deo justa et débita obsequia præbeamus, hunc solum noverimus, hunc sequamur. Hoc vinculo pietatis obstricti Deo et religati sumus, unde ipsa religio nomen acceptt, non, ut Cicero interpretatus est, a rclegendo. Comp« iii. 10 : Sum-mum igitur bonum hominis in sola religionc est ; Nam cætera, etiam quæ putantur esse homini propria, in cæteris quoqtie animal !bus reperiuntur. 11 : Constat igitur totius humani generis consensu, religionem suscipi oportere. Il l’a comparée à la sapientia (iv. 4), dont elle ne doit pas être séparée. Par sapientia, il entend la connaissance, par religio, l’adoration de Dieu. Dieu est la source des deux. L’un sans l’autre conduit à de telles erreurs, telles que le paganisme les représente d’une part chez les philosophes incrédules (les fils apostats et déshérités), et, d’autre part, chez les superstitieuses mul-titudes (les esclaves fugitifs). — Augustin suit la terminologie de Tertul-lian ; il oppose la religio aux marées ou aux pietas ; De Pecc. Mer. ct Rem. ii. 2, voir Baumgarten· Crusius, t. II, p. 751, et comp. Nitzsch, über den Religions-begrifl' der Al ten, Theologische Studien und Kritiken, i. 3, 4. [Rcdslob , Sprachliche Abhandhingen, 1840. J. G. Müller, Bildung und Gcbranch d. Wortes Religio, in Stud. u. Krit. 1835, Heft, i. Lechler, Idée de religion, transi, de Stud. u. Krit. 1851, dans Bibl. Sacra, Andover, 1852, par IF. Stearns^ — Sur la nature de la religion, et sur la question de savoir si elle consiste principalement dans la connaissance, ou dans la forme du culte, ou s’il s’agit d’une communion spirituelle avec Dieu, voir la controverse entre Euno-mius et ses adversaires au § 125, et Neander, Church History, II. p. 401.
2 Sur la nécessité de la foi dans la révélation en général, voir Ruf ni Expos. Fidei (dans l’édition de Fell de Cypr.), p. 18 : Ut ergo intelligent ! » tibi aditus patcscat, recte primo omnium te credere profiteris ; Quia nec navem quis ingreditur et liquide ac profundo vit am committit elemento, nisi se prius credat posse salvari, nec agricola semina sulcis obruit et fruges spargit in terran !, nisi credideret venturos imbres, affuturum quoque solis teporem, quibus terra confota segetein multiplicata fruge producat ac ventis spirantibus nutriat. Nihil denique est, quod in vita gen possit, si non credulitas ante præcesserit. Quid ergo mirum si accedentes ad Deum credere nos primo omnium profitemur, cum sine hoc nec ipsa exigi possit vita communis ? Hoc autem idcirco in principiis præmisimus, quia pagan ! nobis objicere soient, quod religio nostra, quia quasi rationibus deficit, in sola credendi persuasione consistât. Comp. Augustin, de Utilitate Credendi, c. 13 : Recte igitur catholic » disciplinæ majestate institutum est, ut accedentibus ad religionem fides persuadeatur ante omnia. Lui aussi montre que sans la foi, il ne peut y avoir d’amitié même entre les hommes (c. 10), pas d’amour filial et de piété (c. 12). Augustin ne connaît pas d’autre religion que le christianisme positif, et insiste pour que la raison s’y soumette ; car la foi précède la connaissance de la raison, 1. c. c. 14 ; Deinde fateor, me jam Christo credidisse et in animnm indnxisse, id esse verum, quod ille dixerit, etiamsi nulla ratione fulciatur. La raison n’aurait jamais sauvé l’homme des ténèbres et de la misère, nisi summus Deus populari quadam dementia divini intellectus auotoritatem usque ad ipsum corpus humanum declinaret atque submitteret, cujus non solum prceceptis, sed etiam factis excitatæ animæ redire in semetipsas et respicere patriam etiam sine disputationum concertatione potuissant...... Mihi autem certum est, nusquam prorsus a Christi auctoritate disccdere, non enim repcrio valentiorem (contra Academ. 1. iii. c. 19, 20). Comp, de Vera Rel., c. 5 ; de Moribus Eccles. Cath. c. 7 : Quare deinceps nemo ex me quærat sententiam meam, sed potius audiamus oracula, nostrasque ratiunculas divinis submittamus affatibus. Comp. Augustin de Bindemann, t. II, p. 113 sq.
§ 117.
ÉCRITS POUR LA DÉFENSE DU CHRISTIANISME.
À mesure que la tendance polémique de la période actuelle l’emportait sur l’apologétique, les preuves de la vérité et de la divinité de la religion du Christ perdaient de leur originalité, et la plupart des écrivains se contentaient de la simple répétition des déclarations antérieures.1 Les attaques de Porphyre, de Julien l’Apostat et d’autres, cependant, appelèrent de nouveaux efforts pour la défense du christianisme2; les accusations des païens, lorsque le christianisme fut établi comme religion du monde sur les ruines de l’empire d’Occident, amenèrent Augustin à composer son traité apologétique De Civitate Dei.
1 Parmi les apologistes antérieurs à l’apostasie de Julien, Amobius (Adversus Gentes) mérite d’être remarqué. Son argument a tuto, ii. 4, est le suivant..... nonne purior ratio est, ex duobus incertis et in ambigna exspectatione pendentibus id potius credere, quod aliquas spcs ferat, quam omnino quod nullus ? In illo enim periculi nihil est, si quod dicitur imminere cassum fiat et vacuum : in hoc damnum est maximum, c’est-à-dire salutis amissio, si cum tempus advenerit apcriatur non fuisse mendacium... Eusèbe de Césarée défendit aussi le christianisme dans son Præpar. et Demonstr. Evang. (§ 82, note 1) : Athanase dans son λόγος κατά « Ελληνας, etc. ; Julius Formicus Maternus, De Errore Profanarum Religionum (entre 340 et 350).
2 Eusèbe, 1er c., Théodorct, Augustin et d’autres combattirent Porphyre : Eusèbe s’opposa aussi à Hiéroclès dans un traité séparé. Cyrille d’Alexandrie écrivit dix livres contre l’empereur Julien, qui accusait le christianisme de contradictions. — Le dialogue intitulé Philopatris, autrefois attribué à Lucien, a peut-être été composé sous le même empereur, voir Neander, Church History, II. p. 89. Sur les écrits apologétiques de cette période, voir Gieseler, Dogmengesch. 274 sq. [Le prêtre espagnol , Irosius, Historical adv. Paganos. Le dernier ouvrage important de l’Église grecque contre les païens fut Théodor, 'Ελληνικών Θεραπευτική παθημάτων, vers 440. Contre les Juifs, Eusèbe, Démonstr. Evang. ; Chrysostome, Adv. Jud. Orat. viii. ; Augustin, Tract, adv. Judaeos.]
[Baur, Dogmengesch., p. 156, dit qu’Athanase, Eusèbe de Césarée et Augustin élevèrent l’apologétique en représentant le christianisme comme la religion parfaite par rapport à toutes les autres, en le considérant à la lumière de la philosophie de la religion et de l’histoire religieuse générale de l’humanité. L’œuvre d’Angustine, De Civitate Dei, est la plus grande tentative de considérer le christianisme comme la réalisation de l’idée d’un plan et d’un ordre divins pour le monde – comme contenant l’idée immanente du monde et de son histoire ; même la grandeur de l’empire romain n’est pleinement vue que dans sa relation avec le christianisme.]
§ 118.
[Isaac Taylor, Ancient Christianity, 4e éd. 1844, ii. 233-336, Les miracles de Nicée.]
Comme les chrétiens étaient constamment habitués à faire appel à des miracles et à des prophéties à l’appui de la vérité de leur religion, il est devenu important de définir plus précisément l’idée de miracle. Augustin l’a fait en définissant les miracles comme des événements qui s’écartent moins de l’ordre de la nature en général, que de l’ordre particulier de la nature qui nous est connu.1 En ce qui concerne les prophéties, de nombreux passages de l’Ancienne Épreuve s’appliquaient encore au Messie, qui n’avaient aucune référence à lui, et les passages vraiment messianiques étaient pris dans un sens plus étroit que ne l’exigeait l’interprétation historique2. Les apologistes firent aussi appel à la prophétie du Christ concernant la destruction de Jérusalem, qui avait depuis longtemps reçu son accomplissement, au sort de la nation juive3, et au jugement semblable avec lequel Dieu avait visité l’ancien monde romain, et comparèrent ces événements à la propagation triomphale de l’Évangile. 4 Et, enfin, Augustin lui-même prend note des oracles sibyllins, mentionnés par Lactance.5
1 Augustin de Utilitate Cred. c. 16 : Miraculum voco, quidquid arduum aut insolitum supra spem vel facultatem mirantis apparet. De Civ. Dei lib. xxi. c. 8 : Omnia portenta contra naturam dicimus esse, sed non sunt Quomode est enim contra naturam quod Dei fit voluntate, quum voluntas tanti utique conditoris conditæ rei cujusque natura sit ? Portentum ergo fit non contra naturam, sed contra quam est nota natura, . .quamvis et ipsa quæ in rerum natura omnibus nota sunt, non minus mira sint, essentque stupenda considerantibus cunctis, si solercnt homines mirari nisi rara. comme des faits historiquement authentifiés, et ces miracles que l’on croyait généralement se produire encore dans l’Église. En ce qui concerne la foi aux miracles en général, Augustin employait une libre critique ; De Civit. Dei xxi. c. 6, 7 (en référence à des phénomènes naturels merveilleux, mais son langage s’applique aussi à d’autres histoires miraculeuses de l’époque) : Nec ergo volo temere credi cuncta, quæ posui, exceptis his, quæ ipse sum expertus. Cetera vero sic habeo, ut neque affirmanda, neque neganda decreverim. Comp. De Util. Cred. 1. c. ; De Vera Rel. 25 (Rétracter, i. c. 13).. . En ce qui concerne les miracles rapportés dans l’Écriture, il était important de distinguer les miracles accomplis par Jésus de ceux opérés par Apollonius de Tyane, auxquels Ilieroclès et d’autres faisaient appel. Augustin a donc attiré l’attention sur le dessein bienveillant des miracles du Christ, par lequel ils se distinguent de ceux qui ne sont accomplis que dans le but de gagner les applaudissements des hommes (e. g., la tentative de voler en présence d’une multitude assemblée), De Util. Cred. 1. c. Comp. Cyril Alex, Contra Jul. i. 1. : Έγώ dè, δτ4 μεν τών *Ελλήνων άπηλ-λάγμεθα Εμβροντησίας καί πολύς άποτειχίζει λόγος τών Εκείνων τ�ν τι �ρθρείας τά χριστιανών, φαίην αν* κοινωνία γάρ ούδεμία φωτ ! πρός σκότος, άλλ* ουδέ μερίς πιστώ μετά απίστου.— Du point de vue de Grégoire le Grand sur les miracles, voir Neander, Kirchengesch. iii. p. 294, 95.
2 Augustin donne un canon sur ce point, De Ci vit Dei xvii. c. 16, ss., comp, xviii. 29, ss., et au-dessous, § 122, note 4.
3 Aug. De Civ. Dei iv. 34.....Et nunc quod (Judæi) per omnes fere terras gentesque dispersi sunt, illius unius veri Dei providentia est. Comp, xviii. vers 46.
4 Arnob. ii. p. 44, 45 : Nonne vel hæc saltern fidem vobis faciunt argu-men ta credendi, quod jam per omnes terras in tam brevi temporis spatio immensi nominis hujus sacramenta diffusa sunt ? quod nulla jam natio est tam barbari moris et mansuetudinem nesciens, quæ non ejus amore versa mollive-rit asperitatem suam et in placidos sensus adsumta tranquillitate migraverit^ Aug. De Civ. Dei v. 25, 26, xviii. 50... .inter horrendas persecutiones et varios cruciatus ac funera Marty rum prædicatum est toto orbe evangelium, contestante Deo signis et ostentis et variis virtutibus, et Spiritus Sancti muneribus : ut populi gentium credentes in eum, qui pro eorum redeihtione crucifîxus est, Christiano amore venerarentur sanguinem Martyrum, quem diabolico furore fuderunt, ipsique reges, quorum legibus vastabatur Ecclesia, ei nomini salubriter subderentur, quod de terra crudcliter auferre conati sunt, et falsos deos inciperent persequi, quorum causa cultores Dei veri fuerant antea persecuti.
5 Lactance iv. 15, sq., Augustin De Civ. Dei xviii. 23. Cyril Alex. Contra Jul. i. 1. Mais les ennemis du christianisme soutenaient, même au temps de Lactance, non esse ilia carmina Sybillina, sed a Christianis conficta atque composita.
§ 119.
Au cours de cette période, la Bible et la Tradition étaient considérées comme les sources de la connaissance chrétienne.1 L’affirmation d’Augustin, selon laquelle il a été amené par l’autorité de l’Église seule à croire en l’Évangile, prouve seulement qu’il considérait le croyant (subjectivement), mais non la Bible (objectivement), comme dépendant de cette autorité.2 C’est plutôt le cas que, dans les controverses ecclésiastiques et ailleurs, la Bible a été invoquée comme l’autorité suprême3, et que, dans la pratique, elle était la plus vivement recommandée au peuple. Il a été constamment vénéré comme la source la plus pure de la vérité, le livre des livres.4
1 Nihil aliud præcipi volumus, quam quod Evangelistarum et Apostolorum fides et traditio incorrupta scrvat ; Gratien en morue. Théod. 1. XVI. Tit. vi. 1 et 2.
2 Adv. Man. 5 : Evangel io non credercm, nisi me ecclesiæ catbolicæ com-moveret auctoritas. Ce passage doit être comparé dans toute sa connexion : voir Lucke, Zeitschrift ftlr evangel. Christen, i. 1, 4. Lucke rejette à juste titre, ibid., p. 71, l’expédient adopté par les théologiens protestants plus anciens, par exemple Bucer et S. Baumgarten (Untersuchung theologischer Streitigkeiten, t. III, p. 48), c’est-à-dire d’assigner à l’imparfait la signification des pieds plupers « selon le dialecte africain ». Comp, aussi Neander, Hist Dogm. (Ryland), p. 276. [Les théologiens protestants ont été disposés à l’expliquer comme signifiant : « J’ai d’abord été conduit à la Bible par la tradition de l’Église, mais sans aucun doute cela signifie plutôt : « L’autorité de l’Église est le témoignage de la divinité des Écritures ; car comment pourrais-je convaincre les incroyants s’il ne m’était pas permis d’en appeler à l’autorité de l’Église ? Je dois dépendre de cela pour savoir ce qu’est le canon de l’Écriture Sainte et sa juste interprétation. Pourtant, en argumentant contre les donatistes, il prouve l’autorité de l’église à partir des Écritures, ne permettant à aucun argument d’être valide qui n’ait pas été dérivé de cette source.] Sur une déclaration semblable de Grégoire le Grand, qu’il révérait les quatre conciles généraux autant que les quatre Gospélès (Lib. i. Ep. 25, et lib. iii. Ep. 10), voir Lau, ubi supra, p. 330.
3Athanasius Contra Gent. i. p. 1, b. : Αντάρκεις μεν γάρ είσιν al άγιοι καϊ Θεόπνευστοι γραφαϊ προς τήν τής αλήθειας απαγγελίαν. Cyril lus llierosol. Chat. 4 et 5. Chrys. Contra Anomœos xi. (Op. i. p. 542). Angus-tine Doct. Christ, i. 37 : Titubabit fides, 8i scripturarmn sacrarum vacillet auctoritas. Ibid. ii. : X De Baptismo contra Donatistas, ii. 3, et beaucoup d’autres passages, en particulier l’Ép. 19 ad Hiéron. (comp. § 122, 2).
4 Aug. Ep. 137 (Opp. ii. p. 310) : [Scriptura Sacra] omnibus [est] accès-sibilis, quamvis paucissimis penctrabilis. Ea, quæ aperte continet, quasi ami-eus famiIiaris sine fuco ad cor loquitur indoctorum atque doctorum.—De Doct. Le Christ, ii. 42 : Quantum autem minor est auri, argent ! vestisque copia, quam de Ægypto secum ille populus abstulit in comparatione divitiarum, quæ postca Hicrosolymæ consecutus est, quæ maxime in Salomone ostendun-tur, tanta fit cuncta scientia, quæ quidem est utilis, collecta de libris gentium, si divinarum scripturarum scientiæ comparetur. Nam quicquid homo extra didicerit, si noxium est, ibi damnatur, si utile est, ibi invenitur. Et cum ibi quisque invenerit omnia, quæ utiliter alibi didicit, multo abundantius ibi inveniet ea, quæ nusquam omnino alibi, sed in illarum tantummodo Scriptu-rarum mirabili altitudine et mirabili humilitate discuntur. Comp. Théodoret. Prothéoria dans le Psaume. (Opp. T. i. p. 602) ; Basilii M. Hom. dans Ps. i. (Opp. i. p. 90) ; Rudelbach, 1. c. p. 38, an4 Neander, Gewichtvolle Aussprüche alter Kirchenlehrer über den allgemeinen und rechten Gebrauch der heil. Schrift, dans ses Kleine Gelegenheitssehriften, Berlin, 1839, p. 155, ss. Chrysostome, lui aussi, est loin de faire dépendre le salut de la lettre de l’Écriture. À son avis, il vaudrait beaucoup mieux, si nous n’avions pas besoin de l’Écriture, pourvu que la grâce de Dieu fût aussi distinctement écrite dans nos cœurs que les lettres d’encre le sont sur le livre. (Introduction aux Homélies sur Matth. Opp. T. vii. p. 1). De la même manière qu’Augustin dit : De doctr. Christ, i. 39 : Homo itaque fide, spe et caritate subnixus, eaque inconcusse retinens, non indiget Scripturis nisi ad alios instruendos. Itaque multi per hæc tria etiam in solitudine sine codicibus vivunt Unde in il lis arbitrare jam impie-turn esse quod dictum est (1 Cor. xiii. 8) : Sive prophetæ evacuabuntur, sive linguæ cessabunt, sive scientia evacuabitur, etc.
§ 120.
Gap, sur le canon du Nouveau Testament d’Eusèbe de Césarée. Berlin, 1816. Spitiler, L. T., Enquête critique sur le 60e canon de Laodica. Brême, 1777. — De l’autre côté : Bickel, dans les Études et critiques théologiques, 1830, 3e partie, p. 591, 83. [Stuart, Histoire critique et défense de l’ancien canon d’essai, p. 438, art. 447, art. Westcott, Hist Canon N. Test. Lond. 1855 . C. Wordsworth, Inspiration and Canon, Phil, réimpression, 1851. Credner, Gesch. d. N. Test. Kanons, éd. Volck-mar, Berlin, I860. Ewald, Gesch. d. Volkes Israël, Bd. vii. 1859. H. J. Holtzmann , Canon et tradition, Tübing. 1859.]
Plus la doctrine de l’Église était solidement établie, plus le canon des Saintes Écritures, dont les principales parties avaient été déterminées au temps d’Eusèbe,1 était achevé. Les synodes de Laodicée2, d’Hippone et (le troisième) de Carthage3 contribuèrent à ce résultat. Les théologiens de l’Église d’Orient séparèrent nettement les productions ultérieures de la littérature gréco-juive (c’est-à-dire les livres apocryphes, Libri Ecclesiastici) du canon de la littérature nationale hébraïque de l’Ancien Testament. Mais bien que Rufin4 et Jérôme se soient efforcés de maintenir la même distinction dans l’Église latine, il est devenu la coutume générale de suivre les Africains et Augustin en supprimant la distinction entre les livres canoniques et apocryphes de l’Ancien Test, et en considérant les deux comme un seul5. — Le canon des manichéens différait considérablement de celui de l’Église catholique.6
1 Eusèbe, Hist. Eccl. iii. 25, adopte trois classes, à savoir , όμολογούμενα, άντιλνγόαενα, νόθα (si et dans quelle mesure les deux dernières classes différaient, voir Lucke, 1. c.). — À la première classe appartiennent les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, les Épîtres de Paul (y compris l’Épître aux Hébreux), la première Épître de Jean et la première Épître de Pierre ; aux Antilégomènes appartiennent les épîtres de Jacques, de Jude, la seconde de Pierre, et enfin les deuxième et troisième épîtres de Jean. En ce qui concerne le livre de l’Apocalypse, les opinions divergent. Les suivants sont comptés parmi les νόθα ; Acta Pauli, le Pasteur des Hennés, l’Apocalypse de Pierre, l’Épître de Barnabé et les Constitutions apostoliques. L’ατοπα καί όνσσεβή se classe en dessous de la νόθα.
2 Le synode de Laodicée s’est tenu vers le milieu du IVe siècle (entre les années 360 et 364). Dans le 59e canon, il a été décrété qu’aucun livre non canonique ne serait utilisé dans les églises, et dans le 60e une liste des livres canoniques a été donnée dans J/azz«, ii. 574. Les doutes de Spittlcr Bickel s’est efforcé de les réfuter dans sa dissertation (mentionnée ci-dessus) dans le Theol. Stud, und Kritiken pour 1830. Dans cette liste, tous les écrits hébreux de l’Ancien Testament sont reçus, et les livres apocryphes exclus (à l’exception du livre de Baruch et de l’épître de Jérémie). Le canon de la Nouvelle Épreuve est le même que le nôtre, à l’exception du livre de l’Apocalypse, qui, cependant, a été considéré comme authentique en Égypte (par Athanase et Cyrille). Mais il est fait mention des sept épîtres catholiques, et l’épître aux Hébreux est attribuée à Paul (surtout sur l’autorité de Jérôme). — Pour plus de détails, voir les introductions à la Nouvelle Épreuve, et Gieseler, Dog-mengesch. 287. [Comp. Thornweirs Apocryphes, 1847.]
3 A. D. 393, et A. D. 397. Ces synodes comptent les apocryphes de l’Ancien Test, parmi les livres canoniques. Comp, le 36e canon Cône. Hippon. dans Mansi, iii. 924, et Concil. Carth. 11. c. 47 , Mansi, iii. 891. Innocent Ier (apr. J.-C. 405) et Gélase Ier (apr. J.-C. 494 ?) confirmèrent leurs décisions.
4 Rufin, Expos. Sy mb. (1. c.) p. 26 : Sciendum tamen est, quod et alii libri sunt, qui non catholic !', sed ecclésiastique ! a major !bus appcllati sunt, ut est Sapientia Salomonis et alia Sapientia, quæ dicitur filii Syrach, qui liber apud Latinos hoc ipso general ! vocabulo Ecclesiasticus appellatur...... Ejusdem ordinis est libellus Tobiæ et Judith et Maccabæorum libri. Il met le Pasteur des hennés sur le même pied que les apocryphes de l’Ancien Test, et soutient qu’ils peuvent être lus, mais non cités, comme des autorités, « ad auctoritatem ex his fidei confirmandam ». Comp. Hier, dans Prologo Galeato, cité par De Wette, Einleitung, i. p. 45. Gieseler, Dogmengesch. 284 sq., est très instructif sur les Apocryphes, et sur la manière dont ils ont été traités à cette époque. Oriyen, dans son Ilexapla, avait opéré la distinction entre les anciens livres hébreux et ceux qui n’existent qu’en grec ; et tous les pères grecs de cette époque suivirent son exemple. Athanase distingue les κανονιζυμενα, les αναγιγνωσκόμενα (non canoniques, mais utiles), et les απόκρυφα (œuvres fictives d’hérétiques). Dans l’Ancien Test, il n’a reçu que 22 œuvres hébraïques ; ce qu’on appelle aujourd’hui les apocryphes, il les a comptés dans la deuxième classe, et dans la troisième classe, il a mis les pseudépigraphes. L’église grecque jusqu’à nos jours suit cet ordre. Le fait qu’ils (et Origène) aient mis Baruch et l’épître de Jérémie, était une conséquence de ce que ces œuvres ont été annexées aux écrits authentiques de Jérémie dans les manuscrits de la Septante. — Dans l’église latine, Hilaire, Rufin et Jérôme, suivirent aussi Origène. Jérôme énumère les 22 livres de l’Ancien Test, et ajoute : quidquid extra hos est, est inter apocrypha ponendum. Mais l’Église latine suivait généralement Ambroise, Augustin et les pays ci-dessus nommés. — Quant à la nouvelle épreuve, elle fut généralement reçue, dans le cours des quatrième et cinquième siècles, sous la forme sous laquelle nous l’avons maintenant. Au fur et à mesure que l’Église devenait plus unie, ceux qui avaient des doutes sur certains livres ont accepté la tradition générale. Au IVe siècle, les sept épîtres générales ont été reçues comme faisant partie du canon. Jérôme, dans son Epist. ad Dardanum, dit que les seules différences étaient que les églises latines n’ont pas reçu l’Epist. aux Hébreux, ni l’église grecque l’Apocalypse, bien qu’il ait lui-même tenu les deux pour authentiques. En Afrique, l’épître aux Hébreux figurait dans le canon d’Augustin et dans les conciles d’Hippone et de Carthage. Innocent Ier, dans son Epist. ad Exsuperium, en 405 apr. J.-C., place les Hébreux dans le canon. En Orient, l’Apocalypse fut reçue par Athanase et Cyrille d’Alex, ainsi que par Éphram le Syrien et Épiphane ; mais Cyrille de Jem-Salcm, Grégoire de Nazianze, Chrysostome et Théodoret, ne l’ont pas reconnu Depuis le VIe siècle, cependant, il est dans le canon grec. Athanase applique aux livres de la Nouvelle Épreuve, etc., les mêmes distinctions que (ci-dessus) à l’Ancienne ; il reçoit comme canoniques celles que nous avons maintenant ; comme αναγιγνωσκόμενα, la prétendue doctrine des apôtres et du pasteur des hernies ; comme απόκρυφα, les œuvres faussement attribuées aux apôtres. Ainsi Rufin fait trois classes, en comptant le Berger d’Hermas et le Jugement de Pierre parmi les Libri Ecclesiastici.
5 Aug. De Doct. Chr. ii. 8, et ·autres passages cités par De Wette, 1. c. Comp. Münscher, Handb. iii. p. 64, ss. Grégoire le Grand, Mor. lib. xix. c. 21 : Non inordinate agimus, si ex libris, licet non canonicis, sed tn men ad ædificationein ecclesiæ editis testimonial !! proferamus. Il ne fait qu’une distinction relative entre l’Ancien et le Nouveau Test., lib. i. Hom. 6, dans Ezech. : Divins eloquia, etsi temporibus distincta, sunt tamen sensibus unita. Comp. Lau, 331. ·
6 Münscher, 1. c. p. 91, art. Trechsel, tlber den Kanon, die Kritik und Exegcse der Manicbaer. Bern. 1832. 8. L’authenticité de l’Ancien Test, et le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ont été défendus contre les manichéens, en particulier par Augustin, De Mor. Eccles. Cath. i. c. 27, De Utilitate Credendi, et ailleurs.
§ 121.
[Davidson S., Herméneutique sacrée, p. 111-162. Lee sur l’inspiration, Appendice G, pp. 423-448.] Sur la littérature, comp. § 32.
L’idée d’inspiration, dans cette période comme dans la précédente, était comprise par certains dans un sens dynamique et spirituel, par d’autres dans un sens mécanique et extérieur. Non seulement le contenu de l’Écriture sainte était considéré comme divinement inspiré1, mais il était également considéré comme une offense de supposer la possibilité d’erreurs chronologiques et de contradictions historiques de la part de l’homme de plume sacré2. Et pourtant, dans d’autres cas, leurs différentes particularités en tant qu’hommes n’ont pas été négligées, mais utilisées, pour expliquer la diversité de leur mode de pensée et de leur style3. — Le système d’interprétation allégorique origéniste a cédé la place en Orient à la méthode grammaticale sobre de l’école d’Antioche.4 En Occident, au contraire, certaines indications d’Augustin conduisirent à l’adoption d’un quadruple sens de l’Écriture, qui fut confirmé par la suite par les théologiens scolastiques de la période suivante.5
1 C’est ce qui ressort de certaines expressions générales qui, ayant pris naissance à l’époque précédente, étaient maintenant d’un usage général, telles que Θεία γραφή, κ,νριακαϊ γραφαί, θεόπνευστοι γραφαί, cœlestes littcræ (Lact. Inst. iv. c. 22), ainsi que la comparaison de la lyre (comp. § 32, note 4), qui a été appliquée dans un sens un peu différent par Chrys. Hom. de Ignat. Opp. ii. , p. 594.
2 Æusebius de Césarée dit que c’est θρασύ καϊ προπετές que d’affirmer que les écrivains sacrés auraient pu substituer un nom à un autre , par exemple, Abimélec pour Akish (Άγχους) ; Commentaire, dans le Psaume XXXIII. dans Alon tfaucon, Coll. Nov. T. i. p. 129. Que Chrysostome désigne les paroles de l’apôtre, non comme les siennes, mais comme des paroles du Saint-Esprit, ou de Dieu (in Ev. Joh. Hom. i. Opp. T. viii. p. 6, de Lazaro Cone. 4. Op. i. p. 755, et ailleurs), peut être attribuée en partie à sa tendance pratique et rhétorique. De même qu’il appelle la bouche des prophètes la bouche de Dieu (in Act. App. Hom. xix. Op. T. ix. p. 159), de même Augustin (De consensu Evv. i. 35) compare la apôtres avec les mains qui notaient ce que le Christ, la tête, avait dicté. Il appelle aussi (dans Conf. vii. 21) les Saintes Écritures venerabilem stilum Spir. S. Il communique à Jérôme sa théorie de l’inspiration de la manière suivante (Ep. 82. Opp. ii. p. 143) : Ego enim fateor caritati tuæ, solis cis Scripturarum libris, qui jam canonic ! appcllantur, didici hunc timorcm honoremque deferre, ut nullum eorum auctorem scribendo aliquid errasse firmissime credam. Ac si aliquid in eis offeudero litteris, quod videatur contrarium veritati, nihil aliud, quam vel mendosum esse codicem, vel interpretrem non assecutum esse, quod dieturn est, ♦ vol me minime intellexisse non ambigam. Alios autem ita lego, ut quantalibet sanctitate doctrinaque præpolleant, non ideo verum putem, quia ipsi ita senserunt, sed quia mihi vol per illos auctores canonicos, vel probabili ratione, quod a vero non abhorreat, persuadcre potuerunt. Néanmoins, il admet (ibid., p. 150, § 24) que l’autorité canonique peut être restreinte, dans la mesure où, à propos de la dispute entre Paul et Pierre, il concède au premier une supériorité indubitable. Comp. De Civ. Dei xviii. 41 : De-auctores nostri, in quibus non frustra sacrarum litterarum figitur et terminatur canon, absit ut inter se aliqua ratione dissentiant. Unde non immerito, cum ilia scriberent, eis Deum vel per eos locutum, non pauci in scholis atque gymnasiis litigiosis disputationibus garruli, sed in agris atque in urbibus cum doctis atque indoctis tot tantique populi credidcrunt. — Son opinion sur l’origine miraculeuse de la version des Septante s’accorde avec celle des Pères antérieurs, ibid. c. 42-44, où il attribue (comme beaucoup d’ultra-luthériens l’ont fait plus tard en se référant à la traduction luthérienne) les défauts de cette traduction à un une sorte d’inspiration qui tenait compte des circonstances de l’époque. Mais derrière cette idée fantastique se cache la grande idée d’une révélation, qui continue à se manifester d’une manière vivante, une idée qui est au-dessus de l’étroite adhésion à la lettre, et qui s’exprime dans la croyance en la tradition. qu’il n’était pas nécessaire de connaître la plumeLe Roi des rois avait écrit sa lettre royale, mais qu’il suffisait d’en avoir une pleine conviction de son contenu divin. C’est ainsi qu’il attribue, d’une part, la paternité de ce livre au Saint-Esprit, et, d’autre part, il laisse ouvertes toutes les discussions concernant les instruments humains, discussions qui ont été surtout redoutées dans les temps ultérieurs. Grégoire le Grand, moral, dans Job. præf. c. 1, § 2 ; les autres vues de Grégoire, voir Lau, ubi supra.
♦ Un défi à la critique textuelle I [De même, De Consensu Evangclistarum, comparant les récits de Marc et de Luc des paroles du ciel lors du baptême du Christ : Illud vero quod nonnuUi codices habent secundum Lucam, hoc ilia voce sonuisse quod in Psalmo ecriptum est : Filius meus es tu, ego hodie genui te ; » quanguam in antiquioribus codicibus Greeds non inveniri perhibeatur, tamen si aiiquibus fide dignis exemplaribus confirmari possit, quid aliquid quam utrumque intelligendum est quolibet verborum ordine de cœlo sonuisse. Comp. Lee, 10c. cit. p. 424.]
3 Ainsi Théodore de Mopsueste, qui à cet égard alla peut-être plus loin qu’aucun autre écrivain, prit différents degrés d’inspiration. Il attribuait à Salomon, non pas le don de prophétie, mais seulement celui de la sagesse, et ne jugeait du livre de Job et du Cantique des Cantiques que du point de vue humain. C’est pourquoi le cinquième concile œcuménique lui a trouvé à redire sur ce point même ; Mansi, ix. 223. [Comp. Lee, ubi supra, p. 443-8.] Mais Chrysostome, et aussi Jérôme, admettaient des particularités humaines, l’une par rapport aux évangiles (Hom. i. in Matth.), l’autre par rapport à l’apôtre Paul (sur Gal., v. 12). Chrysostome trouve même une partie de leur crédibilité dans les désaccords mineurs des évangiles ; car, dit-il, si tous étaient d’accord en tout, les ennemis soupçonneraient une collusion (in Matth. Hom. 1, § 2). Jérôme trouve chez Paul des solécismes, des hyperbata (transpositions de mots et de propositions) et des périodes abruptes (sur Éphés, III, et Gal., v. 12). Basile le Grand dit à propos des prophètes (dans le commentaire sur Isaïe qu’on lui attribue communément, Opp. T. i. p. 379, éd. Ben.) : « De même que ce ne sont pas toutes les substances qui sont propres à refléter les images, mais seulement celles qui possèdent une certaine douceur et transparence, de même la puissance effective de l’Esprit n’est pas visible dans toutes les âmes, mais seulement dans ceux qui ne sont ni pervers ni déformés » (Rudelbach), p. 28. Saint Augustin (De consensu Evang., II, 12) affirme que les évangélistes avaient écrit : ut quisque meminerat, ut cuique cordi erat, vel brevius vel prolixins : mais il se garde bien d’être mal compris, lib. i. c. 2 : Quamvis singuli suum quen-dam narrandi ordinem tenuisse vidcantur, non tamen unusquisque eorum velut alterius ignarus voluisse scribere reperitur, vel ignorata prætermisisse, quæ scripsisse alius invenitur : sed sicut unicuique inspiratum est, non super-fluam cooperationem sui laboris adjunxit. — Amobius appelle le style des écrivains bibliques sermo trivialis et sordidus (Adv. Gent i. 58), mais il voit aussi dans cette preuve de leur véracité : Nunquam enim veritas sectata est fucum, nec quod exploratum et certum est, circumduci se patitur orationis per ambiturn longiorem. Les barbarismes et les solécismes qu’il compare (c. 59) à des épines sur le fruit Etcnim vero dissolut ! est pectoris in rebus seriis quærere volupta-tern, et cum tibi sit ratio cum male se habentibus atque ægris, sonos auribus infunderc dulciores, non medicinam vulneribus admovere. D’ailleurs, même la langue des écoles a ses anomalies : Quænam est enim ratio natu-ralis aut in mundi constitutionibus lex scripta, ut hie paries dicatur et hac scellai, etc. — À propos de Grégoire de Nazianze, comp. Orat., ii. 105, p. 60. Voir Ullmann, p. 305, note.— Épiphane s’opposa très nettement aux notions tirées de l’ancien μαντική (comp. § 32), d’après lesquelles les écrivains inspirés étaient entièrement passifs, et supposaient que les prophètes jouissaient d’une perception claire du divin, d’une disposition d’esprit calme, etc. Comp. Hær. 48, c. 3, et Jérôme Proœm. in Nahum, in Ilabacuc et in Jesaiam : Neque vero, ut Montanus cum insanis feminis somniat, Prophetæ in exstasi sunt locuti, ut nescircnt, quid loquerentur, et quum alios erudirent, ipsi ignorarent, quod dicerent. Bien que Jérôme permette que l’homme (c. g^ grammatical) des fautes ont pu se produire, mais il se garde de toute déduction dangereuse que l’on pourrait tirer de ses prémisses (Comment, in Ep. ad Ephes, lib. il ad cap. iii. 1) : Nos, quotiescunque solœcismos aut tale quid annotamus, non Apostolum pulsamus, ut malevoli criminantur, sed magis Apostoli assertores sumus, etc. Selon lui, la puissance divine de la parole elle-même a détruit ces imperfections apparentes, ou a amené les croyants à les ignorer. L’opinion de ces théologiens est manifestement que les phénomènes extérieurs n’excluent pas la réalité des plus hautes influences de la grâce divine. Rudelbach, p. 42.♦
♦ C’est ainsi que Jérôme et Chrysostome répondirent à ceux qui voulaient rayer du canon l’épître à Philémon, parce qu’elle ne contenait que des choses humaines, qui s’offusquèrent du φαιλόνης que l’apôtre avait ordonné (2 Tim. IV. 13), que l’emploi dans les aüàïrs humains ne faisait aucun dommage aux choses divines. Voyez Neander, Hist. Dogm. , p. 284.
4 Théodoret, qui peut être considéré comme le représentant de cette tendance, rejette à la fois les faux systèmes d’interprétation allégoriques et les systèmes purement historiques d’interprétation, Protheoria in Psalm os (éd. Schulze), T. i. p. 603, in Rudelbach) p. 36. (Il qualifie cette dernière d’interprétation juive plutôt que chrétienne.) Conip. Manter, über die antiochen. Schule, 1. c. et Neander, Histoire de l’Église, ii. p. 353. Les principes herméneutiques de Théodore de Mopsueste sont ici d’une importance particulière. Voir Neander, Chien. Hist. p. 283-5. [A^antZer, à en juger par la position générale de Théodore, conjecturait la valeur de ses commentaires à ce sujet, « si un plus grand nombre d’entre eux étaient parvenus jusqu’à nous. » La conjecture a été confirmée par la découverte des commentaires. Voyez les extraits tels qu’ils sont donnés par Jacobi, dans les notes de l’Hist, of Doctrines de Neander, dans la traduction de Ryland, comme ci-dessus.
5 Il est remarquable qu’Augustin, d’une part, comprenne tous les récits bibliques dans leur sens strictement historique et littéral, et, d’autre part, laisse une large place à l’interprétation allégorique. C’est ainsi qu’il se donne beaucoup de peine, De Civ. Dei xv. 27, pour défendre le récit de l’arche de Noé contre les objections mathématiques et physiques (il suppose même un miracle par lequel les animaux carnivores ont été changés en herbivores) ; néanmoins, il pense que tout cela ne s’est passé qu’ad præfigurandum ecclesiam, et représente les animaux purs et impurs comme des types du judaïsme et du paganisme, etc. [Comp. aussi Davidson, 1. c. p. 138, où un autre spécimen est donné.] Le passage De Genes, ad Litter, ab. init. : In libris autem omnibus sanctis intueri opor-tot, quæ ibi æterna intimentur, quæ facta narrentur, quæ ftitura prænuntien-tur, quæ agenda præcipiantur, a donné naissance à la doctrine d’un quadruple sens de l’Écriture ; comp, avec elle De Util. Cred. 3 : omnis igitur scriptura, quæ testamentum vêtus vocatur, diligenter earn nosse cupientibus quadrifariam traditur, secundum historiam, secundum ætiologiam, secundum analogiam, secundum allegoriam ; L’exposé ultérieur de ses vues est donné ibid. [Davidson, 1. c. p. 137]. Selon Augustin, sept choses sont nécessaires à la bonne interprétation de l’Écriture, Doctr. Le Christ, ii. 7 : timor, pietas, scient ia, for tit udo, consilium, purgatio cordis, sapientia. Mais celui qui veut parfaitement interpréter un auteur, doit être animé d’amour pour lui, De Util. Cred. 6 : Agendum enim tecum prius est, ut auctores ipsos non oderis, deinde ut âmes, et hoc agendum quovis alio modo potius, quam exponendis eorum sententiis et literis. Propterca quia, si Virgilium odissemus, imo si non eum, priusquam intellectus esset, majorum nostrorum commendatione diligeremus, nunquam nobis satisfieret de illis ejus quæstionibus innumerabilibus, quibus grammatici agitari et perturbari soient, nec audiremus libenter, qui cum ejus lande illas expediret, sed ei faveremus, qui per eas ilium erasse ac délirasse conaretur ostcndere. Nunc vero cum eas multi ac varie pro suo quisque captu aperire conentur, his potissimum plauditur, per quorum expositionem melior invenitur poëta, qui non solum nihil peccasse, sed nihil non laudabili-ter cecinisse ab eis etiam, qui ilium non intelligunt, creditur...... Quantum erat, ut similem benevolentiam præberemus eis, per quos locutum esse Spiriturn Sanctum tam diuturna vetustate firmatum est ? Même l’incompréhension des Écritures (selon Augustin) n’est pas corruptrice, tant que la régula caritatis est observée ; on peut se tromper sur un texte sans devenir menteur. mensonge qui, avec de bonnes intentions, bien qu’avec une exégèse erronée, se dirige vaguement vers l’un fin de l’édification (l’amour de Dieu), est comme celui qui court vers le but à travers champs au lieu de dans les sentiers battus. Cependant, nous devons toujours essayer de redresser un tel homme, de peur qu’il ne s’égare hors de la vraie route, et qu’il ne finisse par courir à la perdition ; De Doct. Le Christ, i. 36.
§ 122.
La croyance en l’inspiration des Écritures n’excluait ni la foi en une tradition existante, ni en une continuation des inspirations de l’Esprit. Non seulement les visions passagères, dans lesquelles des individus pieux recevaient des instructions et des révélations divines1 étaient comparées aux révélations rapportées dans les Écritures, mais plus encore à l’illumination continue dont les pères jouissaient lorsqu’ils étaient assemblés en concile.2 Mais, de même que les Écritures ont été formées en canon, de même, avec le temps, il est devenu nécessaire d’établir un canon, auquel la tradition ecclésiastique, se développant sur son propre fondement historique, pourrait être soumise, afin que tout esprit n’ait pas besoin d’être cru. Celle-ci a été esquissée plus nettement par Vincens de Lérins , qui a posé les trois critères de l’antiquitas (vetustas), de l’universitas et du consens{ o, comme des marques de la vraie tradition ecclésiastique ; et ainsi le qiiod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est a été fixé comme le canon de ce qui avait autorité dans l’Église.3
1 Comp. Mùnscher, Handbuch, III, p. 100 : « Des vues aussi élevées sur l’inspiration ne peuvent nous paraître étranges, puisqu’elles existaient à une époque où Chris· Les tians croyaient et enregistraient de nombreuses révélations et inspirations divines encore accordées aux saints hommes, et en particulier aux moines ? — De telles révélations, bien sûr, n’étaient censées être en contradiction ni avec l’Écriture, ni avec la tradition de l’Église. Ainsi la voix du ciel, qui disait à Augustin ; « Ayo sum , qui sum » et « toile lege » l’orientaient vers les Écritures. Confessions, viii. Débloquer le niveau 12.
2 Les décisions des conciles étaient représentées comme des décisions de l’Esprit Saint (placuit Spiritui Sancto et nobis). Comp, la lettre de Constantin à l’église d’Alexandrie, Socrate. i. 9 : « Ο γάρ τοϊς τριακοσίοις ήρεσεν έπισκόποις, ονδέν έστιν έτερον, η τού θεού γνώμη, μάλιστά γε όπου τε � άγιον πνεύμα τοιούτων και τηλικούτων ανδρών διανοίαις έγκείμενον την θείαν βούλησιν έξεφωτισεν. L’Empereur, en effet, parlait ainsi en laïque. Mais le pape Léon le Grand s’exprimait de la même manière, et prétendait s’inspirer non seulement des conciles (Ep. 114, 2, 145, 1), mais aussi des empereurs et des décrétales impériales (Ep. 162, 3. Ep. 148, 84, 1), et même de lui-même (Ep. 16, et Senn. 25). Comp. Griesbach, Opusc. i. p. 21. Grégoire le Grand, lui aussi, déclare qu’il attribue aux quatre premiers conciles œcuméniques une autorité égale à celle des quatre évangiles. Sur les opinions quelque peu contradictoires de Grégoire de Nazianze (Ep. ad Procop. 55), d’une part, et d’Augustin ( De Bapt contra Don. ii . c. 3), et de Facundus d’Hermiane (Defensio Trium Capitul. c. 7), d’autre part, voir Neander, Hist. de l’Église, ii. 177, et Hist. Dogm. 278. Conformément à ses vues sur la relation de l’Église avec l’hébreu originel (§ 121), Augustin suppose que les décisions des conciles antérieurs ont été complétées par celles des conciles postérieurs, sans nier l’inspiration des premiers, puisque « la décision des conciles ne fait que donner une sanction publique au résultat auquel le développement de l’Église était parvenu ? L’inspiration s’accommode des besoins de l’époque. Sur cette « économie » et ses abus, voir Mùnscher, 1. c. p. 156, ss.
3 Commonitorium, ou Tractatus pro Catholicæ Fidei Antiquitate et Univer· sitate (composé en l’an 433). Vincentius présente une double source de connaissance : 1. Divinæ legis auctoritas. 2. Ecclesiæ catholicæ traditio. Celle-ci est nécessaire en raison des différentes interprétations données à l’Écriture. Le sensus ecclesiasticus est le seul juste. Viuccntius, comme Augustin, suppose aussi que la tradition peut, dans un certain sens , avancer, de sorte qu’une opinion, au sujet de laquelle l’Église ne s’est pas encore prononcée, ne doit pas être considérée comme hérétique ; mais elle peut ensuite être condamnée comme telle, si elle est trouvée contraire à la foi plus développée de l’Église. Ainsi, beaucoup d’opinions des Pères antérieurs pourraient être justifiées comme des archaïsmes. Baur, Dogmengesch. 159 sq., dit que la notion de tradition était déjà plus méthodiquement et définitivement fixée que toute autre doctrine de l’Église. Le canon de Vincens, dit-il, a été mis en avant par rapport à la prédestination augustinienne – celle-ci ne pouvait pas résister à cette épreuve Ce canon était mécanique, ne laissant aucune place au progrès, et il contredisait également le principe de la suffisance des Écritures.
§ 123.
La tendance dominante aux démonstrations dialectiques a conduit à la tentative de prouver, d’une manière logique, l’existence de Dieu, ce que la foi chrétienne avait reçu comme un axiome incontesté1. Dans les écrits de quelques-uns des Pères, tant de la période précédente que de la période actuelle, par exemple Athanase et Grégoire de Nazianze, nous rencontrons ce qu’on peut appeler la physico-théologique argument, si l’on entend par là un argument tiré de la beauté et de la sagesse déployées dans la nature, qui est toujours propre à promouvoir la piété pratique. Mais ces deux écrivains se méfiaient d’une preuve purement objective, et montraient qu’un esprit pur et pieux trouverait et connaîtrait mieux Dieu2. La preuve cosmologique proposée par Diodore de Tarse3 et l’argument ontologique d’Augustin et de Boèce4 revendiquent un degré plus élevé de précision logique et de certitude objective. Le premier argument était fondé sur le principe qu’il doit y avoir un motif suffisant pour chaque chose. Augustin et Boèce ont déduit l’existence de Dieu de l’existence d’idées générales, preuve qui a été développée plus complètement dans la période suivante par Anselme.
1 Amobius lui-même considérait cette croyance comme un axiome, et pensait qu’il était tout aussi dangereux d’essayer de prouver la qualité de Dieu que de la nier ; Adv. Gent. i. c. 33 : Quisquamne est hominum, qui non cum principis notione diem nativitatis intraverit ? cui non sit ingenitum, non affixum, imo ipsis pæne in genitalibus matris non impressum, non insitum, esse regem ac domi-num cunctorum quæcunque sunt moderatorem ?
2 Athanase, Adv. Gent. i. p. 3, ss. (comme Théophile d’Antioche, comp. § 35, note 1), commence par l’idée que seule une âme pure et sans péché ne peut voir Dieu (Matt. v. 8). Lui aussi compare le cœur de l’homme à un miroir. Mais comme elle a été souillée par le péché, Dieu s’est révélé par le moyen de sa création , et quand cela ne s’est plus avéré suffisant, par les prophètes, et, enfin, par le Logos. — Grégoire de Nazianze argumente de la même manière : il infère l’existence du Créateur de ses œuvres, comme la vue d’une lyre rappelle à tous deux celui qui l’a faite, et de celui qui en joue ; Orat. xxviii. 6, p. 499 ; comp. Orat. xxviii. vol. 16, p. 507 et 508 ; Orat. xiv. 33, p. 281. Lui aussi en appelle à Matth. v. 8. « Lève-toi de ta basse condition par ta conversation, par la pureté de ton cœur, unissez-toi aux purs. Veux-tu devenir un divin et digne de la Divinité ? Alors gardez les commandements de Dieu et marchez selon ses préceptes, car l’acte est le premier pas vers la connaissance. Ullmann, p. 317.— Augustin propose aussi d’une manière éloquente, et sous la forme d’une prière, ce qu’on appelle communément l’argument physico-théologique (Conf. x. 6) : Sed et cœlum et terra et omnia, quæ in eis sunt, ecce undique mihi dicunt, ut te amem, nec cessant dicere omnibus, ut sint inexcusabiles, etc. Ambroise* Basile le Grand.* Chrysostome* et d’autres, s’expriment à peu près de la même manière.
3 Diodore v Eimarmenis dans Phot. Bibl. Cod. 223, p. 209, b. Le monde est sujet à changement. Mais ce changement présuppose quelque chose de constant à la base ; la variété des créatures indique une unité créatrice ; car le changement lui-même est une condition qui a eu un commencement : EZ et les mots à naître de ceux-ci le tour * le tour de tout ce qui est plus faible introduit * le tour de la passion dans le souverain * et s’ils les tournent anarchiquement et brièvement parlant * des éléments et de leurs animaux et de leurs corps le tour de tous les sages * et des formes et des couleurs et d’autres qualités ou de diverses différences seule la voix lâche priseni les pensées automatiques du monde ne sont pas encore nées, ni celles qui sont imprévues, et elles et ce qui est fourni sont clairement vues et crues sans hésitation.
4 August. De Lib. Arbitr. lib. ii. c. 3-15. Il y a des idées générales, qui ont pour chacun la même validité objective, et qui ne sont pas (comme les perceptions des sens) différentes et conditionnées par l’appréhension subjective. Parmi celles-ci, il y a les vérités mathématiques, comme 3 410 = 7־ ; C’est là aussi qu’appartient la vérité métaphysique supérieure, la vérité en elle-même, c’est-à-dire la sagesse (veritas, sapien-tia). Mais la vérité absolue, qui est nécessairement exigée par l’esprit humain, c’est Dieu lui-même. Il affirme que l’homme est composé d’existence, de vie et de pensée, et montre que cette dernière est la plus excellente ; d’où il infère que ce par quoi la pensée est réglée, et qui, par conséquent, doit être supérieure à la pensée elle-même, est le summum bonum. Il trouve ce summum bonum dans ces lois générales que tout homme pensant doit reconnaître, et d’après lesquelles il doit former son opinion sur la pensée elle-même. La somme totale de ces lois ou règles est appelée vérité ou sagesse (veritas, sapientia). L’absolu est donc égal à la vérité elle-même. Dieu est la vérité. Illa veritatis et sapientiæ pulcritudo, tantum adsit perpétua voluntas fruendi, nec multitudine audientinm constipate secludit venieutes, nec peragitur tern-pore, nec migrât locis, nec nocte intercipitur, nec umbra intercluditur, nec sensibus corporis subjacet De toto mundo ad sc con versis qui diligunt earn omnibus proxima est, omnibus sempiterna ; nullo loco est, nusquam deest ; foris admonit, inter docct ; cernentes se commutât omnes in melius, a nullo in deterius commutatur ; nullus de ilia judicat, nullus sine ilia judicat bene, Ac per hoc earn manifestuin est mentibus nostris, quæ ab ipsa una fiant sin-gulæ sapientes, et non de ipsa, sed per ipsam dé ceteris judices, sine dubita-tione esse potiorem. Tu autem concesseras, si quid supra mentes nostras esse monstrarem, Deum te esse confessurum, si adhttc nihil esset superius. Si enim aliquid est excellentius, ille potius Deus est : si autem non est* jam ipsa veritas Deus est. Sive ergo illud sit* sive non sit* Deum tamen esse negare non poteris. Comp. Ritter, Christi. Phil. i. 407-411.] — Boëthius s’exprime d’une manière encore plus précise, De Consol. Phil. v. Prosa, p. 10 ; il montre que l’observation empirique et la perception de l’imparfait conduisent nécessairement à l’idée de perfection et de sa réalité en Dieu : Omne enim, quod im-perfectum esse dicitur, id diminutione perfect ! imperfectum esse perhibitur. Quo fit, ut si in quolibet genere imperfectum quid esse videatur, in eo per-fectum quoque aliquid esse necesse sit. Etenim perfectione sublata, unde illud quod imperfectum perhibetur extiterit, ne fingi quidem potest. Neque a diminutis inconsummatisque natura rerum cepit exordium, sed ab integris absolutisque procédons, in hæc extrema atque effœta dilabitur. Quod si.... est quædam boni fragilis imperfecta félicitas, esse aliquam solidam pcrfectam-que non potest dubitari.. .. Deum rerum omnium principum bonum esse, communis humanorum conceptio probat animorum. Nam cum nihil Deo melius excogitari queat, id quo ·melius nihil est, bonum esse quis dubitet ? ita vero bonum esse Deum ratio demonstrat, ut perfectum quoque in eo bonum esse convaincat. Nam ni tale sit, rerum omnium princeps esse non poterit. ..... Quare ne in infinitum ratio procédât, confitcndum esse summum Deum summi perfectique boni esse plenissimum. Comparez Schlei er mâcher Gesch-ichte der Philosophie, p. 166 : « On dit qu’Augustin a donné la première preuve de l’existence de Dieu, mais nous ne devons pas comprendre cela d’une manière répréhensible, comme bien qu’il le démontrerait d’une manière objective ; il veut seulement montrer que l’idée de Dieu est à la base de toute pensée humaine ? — Grégoire le Grand raisonne aussi de la même manière ; Morale, xv. vers 46 ; Comp. Lau, p. 347.
[Baur, Dogmengesch. 162 : Augustin est entré dans la spéculation la plus profonde sur la nature de Dieu. D’une part, il voyait Dieu d’une manière si abstraite et si négative, qu’il devait paraître tout à fait indéfinissable, et que nous ne pouvions dire que ce qu’il n’est pas (De Trin., v. 2) ; d’autre part, il s’en tenait aux deux idées les plus essentielles sur Dieu, à savoir qu’il est l’essentia (De Trin., v. 3), l’être immanent de tout être, et le bonum incommiscabile. Pour écarter toutes les conceptions finies, il définit la connaissance de Dieu comme une identité absolue avec elle-même, comme la vision immédiate de ce qui est éternellement présent (De civ. Dei, xi. 10, 21 ; xii. 17). — La particularité de la preuve augustinienne de l’être de Dieu consiste en ceci qu’il part de la pensée elle-même, non pas de la pensée avec un contenu déterminé, et non pas de l’idée de Dieu, mais de la pensée en tant que telle. Toute pensée subjective présuppose une vérité objective. La pensée elle-même implique l’idée de Dieu. Son argument est une analyse de la pensée elle-même, et non une inférence de l’imparfait au parfait.]
§ 124
Les définitions des théologiens orthodoxes concernant la Trinité avaient ceci particularité, que, d’une part, elles étaient fondées sur la supposition que Dieu peut être connu au moyen de sa révélation, et, d’autre part, impliquait que le contenu de cette même révélation, tel qu’il a été dévoilé par l’Église conceptions, sont un mystère. Ces théologiens ne se sont donc pas offusqués de la contradiction qu’impliquait de telles définitions, mais il a trouvé tout naturel que l’entendement sont à court. Les ariens, au contraire, conformément à leur rationaliste, en particulier tel qu’il est mis en œuvre dans toute sa logique conséquences d’Eunomius, exigeait la possibilité d’une connaissance de Dieu1. Quoique les idées concernant l’Être divin et les définitions doctrinales de l’Église, étaient encore mêlées à beaucoup de choses l’anthropomorphisme2, mais la tendance spéculative des plus éminents théologiens de l’époque actuelle les maintenaient sur une élévation où ils évitaient toutes des représentations grossières de la Divinité. Ainsi Athanase enseignait que Dieu est au-dessus de toute essence ; Augustin doutait qu’il fût convenable d’appeler Dieu une substance3. Grégoire de Nazianzeי, d’autre part, a montré qu’il ne suffit pas de nier simplement le sensuel.4 Les notions grossières et charnelles des Audiens sur Dieu ne rencontrèrent que peu d’approbation5, tandis que les monophysites, en mêlant le divin et l’humain, promouvaient l’anthropomorphisme sous le masque de l’orthodoxie chrétienne.6
1 D'après Socrate, liv. 7, Eunomius soutenait que Dieu n’en sait pas plus que nous sur sa nature. Ce n’est pas le cas s’ensuivent (il a ajouté en outre) que, parce que l’esprit de certains est altéré par péché, qu’il en est de même pour tous. L’homme naturel, en effet, ne doc pas posséder les connaissances en question ; Mais à quoi bon une révélation qui ne révèle rien ? Le Christ nous a ouvert la voie de la connaissance parfaite de Dieu. Il est la porte d’entrée de cette connaissance. Eunomius attacha le plus grand l’importance de la partie théorique et didactique du christianisme, et supposait que l’essence même de consister dans l’ακρίβεια των δογμάτων. Comp, les réfutations de Grégoire de Nazianze, de Grégoire de Nysse et de Basile. Celui-ci lui rappelle (Ep. 16) l’impossibilité d’expliquer la nature de la Dieu, puisqu’il ne peut pas expliquer la nature même d’une fourmi ! Accusé sur le terrain orthodoxe du côté de la transformation de la théologie en technologie, l’arien Philostorgius, au contraire, a jugé louable qu’Eunomius ait abandonné la doctrine de l’incompréhensibilité de Dieu, qu’Arius lui-même défendait. Hist. Eccles, x. 2, 3. Cette dernière affirmation favorise également la conclusion, que les accusations de ses adversaires étaient quelque chose de plus que leurs propres déductions de ses doctrines, comme Gieseler, Dogmengesch. p. 303, semble affirmer. Comp. Néandre, Hist. Dogm. 311, et son Chrysostome, i. 355. Klose, Gesch. d. Lehre des Eunomius, Kiel, 1833, p. 36 sq., Ullmann’s Greg. p. 318 sq.
2 Des exemples sont donnés par Münscher, éd. par von Cölln, i. p. 136. De Decret. Syn. Nic., c. 11. Cyrille, Catéch. iv. 5 . Août. Ep. 178. 14, 18, De divers. Quæst. 20.] Comp, aussi Lad. Inst. vii. 21, où il appelle le Saint-Esprit purus ac 'Jquidus, et in aquæ modum fluidus.
3 Athan. Contra Gent. p. 3 : Επέκεινα τής ουσίας, υπερούσιος. De Trin. v. 2, vii. 5, préfère l’emploi du mot essentia à substantia, comp. de Civ. Dei xii. 2, bien qu’il parle lui-même (Ep. 177, 4), de Dieu comme substantialiter ubique diffuse. Comp. ♦ Boèce De Trin. c. 4 : Nan quum dicimus : Deus, substantiam quidem significare videmvr, sed earn, quæ sit ultra substantiam. Les écrits d’Augustin, cependant, contiennent de nombreuses pensées profondes relatives à la connaissance de Dieu. Mais tout ce qu’il dit montre à quel point il a ressenti le insuffisance du langage pour exprimer la nature de Dieu ; De Doctr. Christ i. c. 6 : Imo vero me nihil aliud quam diccrc voluisse sentio. Si autem dixi, non est quod dicere volui. Hoc unde scio, nisi quia Deus inefla-bilis est : quod autem a me dictum est, si ineffabile esset, dictum non esset. Courant alternatif per hoc ne ineffabilis quidem dicendus est Deus, quia et hoc cum dicitur, aliquid dicitur. Et fit nescio quæ pugna verborum, quoniam si illud est ineffabile, quod dici non potest, non est ineffabile quod vel ineffabile dici potest. Quæ pugna verborum silentio cavenda potius quam você pacanda Est. Et tamen Deus, cum de illo nihil digne dici possif, adniisit humanæ vocis obsequium et verbis nostris in laude sua gaudcre nos voluit. Nam inde est quod et dicitur Deus. — C’est pourquoi, aussi bien que Tertullien (§ 38, note 3), assigne à l’anthropomorphisme sa position propre, De Vera Rel. 50 : Habet enim omnis lingua sua quædam propria genera locutionum, quæ cum in aliam linguam transferuntur, videntur absurda ; et la partie subséquente de le passage ; De Genesi c. 17 : Omnes, qui spiritaliter intelligunt scripturas, non membra corporea per ista nomina, sed spiritales potentias accipere didi-cerunt, sicut galeas et scutum et gladium et alia multa. il préfère cet anthropomorphisme, qui forme une idée de Dieu à partir de et spirituelles, bien qu’elles puissent être erronées, avec le spéculations d’un idéalisme vaniteux, De Trinit. Lib. i. ab init. Ce n’est pas nous qui connaissons Dieu, mais Dieu qui se fait connaître à nous, De Vera Bel. c. 48 : Omnia, quæ de hac luce mentis a me dicta sunt, nulla quam eadem luce manifesta sunt. Per hanc enim intelligo vera esse quæ dicta sunt, et hæc me intclligere per hanc rursus intelligo. — Le même esprit s’exprime dans le beau passage du (fallacieux) Soliloq. Animæ c. 31 : Qualiter cognovi te ? Cog-novi te in te ; cognovi te non sicut tibi es, sed certe sicut mihi es, et non sine te, sed in te, quia tu es lux, quæ illuminasti me. Sicut enim tibi es, soli tibi cognitus es ; Sicut Mihi 03, secundum Gratiam Tuam et Mihi cognitus es. ... Cognovi enim te, quoniam Deus meus es tu (comp. Cyrille de Jérusalem ci-dessous, § 127, note 1). — D’après Grégoire le Grand, Mor. xx. c. 32, notre connaissance de Dieu ne correspond pas à sa nature. Mais elle n’est pas pour cela fausse ; Nous le voyons maintenant en image. Ainsi, personne ne peut Regardez fixement le soleil quand il se lève ; mais des montagnes, c’est brille sur nous percevons qu’il est en train de s’élever, comp. Lau, p. 348, par.
♦ Le (Pseudo) Denys l’Aréopagite (De Divinis Nominibus) va encore plus loin, n’hésitant pas à dire que Dieu, parce qu’élevé au-dessus de tout être, est /n) qv. [Comp. Baur, Dogmengesch. 161.]
4 Orat. xxviii. 7-10, p. 500 sqq. dans Ullmann, p. 530. La connaissance négative de Dieu n’est pas plus utile que de s’entendre dire que deux fois cinq ne sont ni 2, ni 3, ni 4, ni 5, ni 20, ni 40, sans qu’on lui dise que c’est 10. — Grégoire pense que les mots ό ων et Θεός sont, comparativement parlant, les meilleures expressions pour désigner l’être divin ; mais donne la préférence au nom ό ών, en partie parce que Dieu l’a appliqué à lui-même (Ex. iii. 14), en partie parce qu’il est plus significatif Car le terme θεός est un dérivé, et doit être compris relativement (comme le nom Seigneur) ; mais l’appellation ό ών est à tous égards indépendante, et appartient à à personne d’autre qu’à Dieu. Orat xxx. 17 et 18, p. 552, 553. iZZ/warn !, p. 324, note.
5 Comp, ci-dessus § 106, note 5.
6 Comp, ce qui est dit au sujet du Théopaschitisme, § 102, note 3.
§ 125.
Le polythéisme et le gnosticisme ayant été vaincus, ils avaient moins d’importance dans la période actuelle, que dans la précédente, pour défendre l’unité de Dieu. Seul le dualisme des manichéens appelait à la défense du monothéisme contre ceux qui étaient à l’extérieur de l’Église.1 De plus, les définitions relatives à la Trinité l’obligation pour l’Église de déclarer clairement que la doctrine de la la Trinité n’exclut pas celle de l’unité de Dieu2. En traitant de ce sujet, les théologiens ont utilisé à peu près le même langage que ceux de la période précédente3.
1 Athanasius Contra Gent., p. 6, combattit le dualisme des gnostiques. À l’opposé de la Manichéens , Titus de Bostra (Contra Manich. lib. i. in Basnagii Mon. t. 1. p. 63, ss.), ♦ Didyme d’Alexandrie (ibid. p. 204, 205), Greyory de Nysse (contra Manich. Syllogisme! x. Opp. iii. p. 180), Cyrille de Jérusalem (Cat. vi. 20, p. 92 [94J], et Augustin dans ses écrits polémiques, défendait la doctrine d’un seul être divin. Ces objections, cependant, n’ont pas fait l’impression souhaitée sur les Manichéens, puisqu’ils soutenaient réellement que seul le bon être, la terre de tous, c’était Dieu ; comp. Gieseler, Dogmengesch. Débloquer le niveau 302.
♦ [Titi Bostr. quæ ex Opere contra Manich. edito in codice Hamburgensi servata sunt græce éd. P. Ant. de Lagarde, Berol. 1854. — Le même ouvrage, libri quatuor syriace, également édité par Lagarde, Berol. 1859.]
2 Comp. p. ex. le Symbolum Athanasianum, § 97 : et tamen non sunt très Dii, etc. D’un autre côté, controverse avec les Trithéites et les Tétrathéites, voir § 96.
3 Par ex. Lact. i. 3. Arnob. Lib. III. Rufin. Expos, p. 18 : Quod autem dicimus, Orientis ecclesias traderc unum Deum, pat rem omnipotentem et unum Dominnm, hoc modo intclligendum est, unum non numéro dici, SED Universitate. Verbi gratia : si quis enim dicit unum hominem, aut unum equmn, hie unum pro numéro posuit ; potest enim et alius homo esse et tertius, vel equus. Ubi autem secundus vel tertius non potest jungi, unus si dicatnr, non numeri, sed universitatis est nomen. Ut si e. c. dicamus unum solem, hie unus ita Dicitur, ut alius vel tertius addi non possit : unus est enim sol. Multo magis ergo Deus unus dicitur, unus non numeri, sed universitatis vocabulo notatur, i. €.י Quia propterea unus dicatur, quod alius non sit.
§ 126.
Plusieurs théologiens, par exemple Grégoire de Nazianze, Cyrille de Jérusalem et d’autres, ont soutenu que ce que nous appelons les attributs de Dieu ne sont que des expressions par lesquelles nous désignons sa relation avec le monde, et que ces prédicats sont ou négatifs ou figuratifs1. Mais Augustin a prouvé,d’une manière très aiguë, que les attributs de Dieu ne peuvent être séparés de sa nature en tant que phénomènes contingents2. D’autres théologiens de l’époque actuelle étaient tout aussi prudents dans la définition d’attributs particuliers, par exemple ceux de l’omniscience et de l’omniprésence3. Les uns s’efforçaient d’affiner l’idée de la justice rétributive de Dieu, et de la défendre contre l’accusation d’arbitraire4, tandis que d’autres cherchaient encore à concilier l’omniscience de Dieu, et par conséquent sa prescience, avec la liberté humaine.5
1 Grégoire dit, Orat. vi. 12, p. 187 : « Il ne peut y avoir d’antagonisme dans la Divinité, parce qu’il détruirait sa nature même ; la Divinité, au contraire, est en si parfaite harmonie non seulement avec elle-même, mais aussi avec les autres êtres, que certains noms de Dieu ont une référence particulière à cet accord. Parmi les attributs de Dieu, il assigne (après son éternité et son infinité) la première place à l’amour, voir Ullmann, p. 333 . — Cyrille de Jérusalem soutient que nos idées de Dieu, et les attributs que nous lui attribuons, ne sont pas adéquats à sa nature, Cat. vi. 2, p. 87 (Oxon. 78) : Αέγομεν γάρ ονχ δσα δει περί θεόν (μόνω γάρ αντω ταϋτα γνώριμα), μα T�λλ 9 δσα ήμετέρα ασθένεια βαστάσαι δύναται. Ον γάρ τδ, τί έστι θεδς, εξηγο νμεθα' άλλ 9 δτι τδ ακριβές περί αντον ονκ οϊόα-μεν, μετ 9 ευγνωμοσύνης δμο Λογονμεν έν τοις γάρ περί θεόν μεγάλη γνωσις, τδ τ7)ν αγνωσίαν δμολογεϊν (comp, aussi la partie suivante du passage). Amobius Adv. Gentes, iii. 19, proteste très fortement contre toute prédicat d’attributs : Quis enim Deum dixerit fortem, constantem, frugi, sapientem ? quis probum ? quissobrium ? quis immo aliquid nosse ? quis intelligere ? quis providere ? quis ad fines officiorum certus actionum suarum décréta dirigen-tem ? Humana sunt hæc bona, et ex oppositione vitiorum existimationem meruerunt habere laudabilcm. Quis est autem tarn obtnsi pectoris, tam bruti, qui humanis bonis Deum esse dicat magnum ? aut ideo nominis majes-tate præcellere, quod vitiorum careat fœditate ? Quidquid de Deo dixeris, quidquid tacitæ mentis cogitatione conceperis, in humanum transiit et cor-rumpitur sensum ; nec habet propriæ significationis notam, quod nostris dicitur verbis, atque ad ncgotia humana compositis. Unus est hominis intellectus de Dei natura certissimus, si scias et sentias, nihil de illo posse mortal ! oratione depromi.
2 De Civ. Dei xi. 10 : Propter hoc itaque natura dicitur simplex, cui non sit aliquid habere, quod vel possit amittere ; vel aliud sit habens, aliud quod habet ; sicut vas aliquem liquorem, aut corpus colorem, aut aër lucem sive fervorem, aut anima sapientiam. Nihil enim horum est id quod habet : nam neque vas liquor est, nec corpus color, nec aër lux sive fervor, neque anima sapientia est. Hine est, quod etiam privari possunt rebus quas habent, et in alios habitus vel qualitates verti atque mutari, ut et vas evacuetur humoro quo plenum est, et corpus decoloretur, et aër tenebrescat, et anima desipiat, etc. (Ce raisonnement est identique à la proposition de Schleiemiacher, que dans ce qui est absolu le sujet et le prédicat sont une seule et même chose ; voyez son ouvrage, Geschichte dor Philosophie, p. 166.) Comp. Boèce De Trin. 4 : Deus vero hoc ipsum, quod est, Deus est ; nihil enim aliud est, nisi quod est, ac per hoc ipsum Deus est. Grégoire le Grand traite des attributs de Dieu de la même manière, comp. Zaw, p. 350, ss.
3 Dieu ne connaît pas les choses, parce qu’elles sont, mais les choses sont, parce qu’il les connaît, 71 tn/. 1. c. : Ex quo occnrrit animo quiddam mirum, sed tamen verum, quod iste mundus nobis notus esse non posset·, nisi essqt : Deo autem nisi notus esset, esse non posset. Amobius avait déjà enseigné (i. 31) que Dieu est cause, lieu et espace (prima causa, locus et spatium rerum). De même, dit saint Augustin, 10c. cit. qu. 20 : Deus non alicubi est ; quid enim alicubi est, continetur loco, quid loco continetur, corpus est. Non igitur alicubi est, et tamen quia est et in loco non est, in illo sunt potius omnia, quaip ipse alicubi. Il excluait aussi non seulement l’idée de lieu, mais (en référence à l’éternité de Dieu) celle de succession des temps, Conf. 10. 2 : Baisse et fu tu rum esse non est in vita divina, sed esse solum, quoniam æterna est. Nam fuisse et futurum esse non est æternum. Comp.de Civ. Dei xi. 5. — Il a également rejeté l’idée d’Origène (condamnée par Justinien) que Dieu n’avait créé qu’autant d’êtres qu’il pouvait voir ; De Civ. Dei xii. Débloquer le niveau 18.
4 Lactance a écrit un traité séparé : De Ira Dei (Inst. lib. v.) sur ce sujet. Son argument principal est le suivant : si Dieu ne pouvait pas haïr, il ne pouvait pas aimer ; Puisqu’il aime le bien, il doit haïr le mal, et donner le bien à ceux qu’il aime, le mal à ceux qu’il hait. Comp. Angus-tine,&e Vera Bel. c. 15 : Justa vindicta peccati plus tamen clementiæ Domini quam severitatis ostendit. Ita enim nobis sic adetur a corporis voluptatibus ad æternam essentiam veritatis amorem nostrum oportere converti. Et est justitiæ pulchritudo cum benignitatis gratia concordans, ut, quoniam bono-rum inferiorum dulcedine decepti sumus, amaritudine pœnarum erudiamur. De Civ. Dei i. 9, et ailleurs.
5 Chrys. dans Ep. ad Eph. Hom. i. (au ch. i. 5), distingue à cet égard entre un antécédent (θέλημα προηγούμενον), et un testament postérieur (Θέλημα δεύτερον). Selon le premier (τό σφοδρόν θέλημα, θέλημα ευδοκίας), tous doivent être sauvés, selon le second, les pécheurs doivent être punis. Comp, la section sur la prédestination. [Août. De Civ. Dei v. c. 9, de Lib. Arbitr. iii. c. 4. De Cons. Phil, v.]
§ 127.
Après que l’idée de génération à partir de l’essence du Père a été appliquée à la Fils de Dieu seul, et employé pour désigner la différence entre lui et les autres personnes de la Trinité d’une part, et entre lui et tous les êtres créés d’autre part, l’idée de création était limitée par une définition plus précise. Les vues d’Origène furent combattues par Méthode1 et rejetées par les principaux partisans de l’orthodoxie, c’est-à-dire Athanase et Augustin2. L’interprétation figurative du récit de la chute tomba en discrédit en même temps que le système allégorique d’interprétation. Il devenait d’autant plus nécessaire de s’en tenir à la vision historique du récit mosaïque, dans la mesure où il constitue la base de l’histoire de la chute, et que sa réalité historique objective était le fondement de la théologie augustinienne. Mais Augustin s’est efforcé, ici même, de spiritualiser autant que possible le littéral et de le mêler à l’allégorique3. La théorie dualiste de l’émanation défendue par les manichéens et les priscillianistes était encore en conflit avec la doctrine d’une création à partir de rien.4
1 Dans son ouvrage περϊ γενητών Des extraits en sont donnés par Photius Bibl. cod. 235, p. 301.
2 Athan. Contra Arian. Orat ii. (Opp. T. i. p. 336). Augustin s’est efforcé d’éliminer l’idée de temps de la notion de Dieu, et de sauver la doctrine selon laquelle la création a eu un commencement dans le temps, en représentant Dieu comme l’auteur du temps. Conf. xi. 10, art. c. 13 :... . Quæ tempora fuissent, quæ abs te condita non essent ? Aut quomodo præterirent, si nunquam fuissent ? Cum ergo sis operator omnium temporum, si fuit aliquod tern pus, antequam feceras cœlum et terram, cur dicitur, quod ab opere cessabas ? Id ipsum enim tempus tu feceras, nec præterire potuerunt tempora, antequam faceres tempora. Si autem ante cœlum et terrain nullum erat tempus, cur quæritur, quid tunc faciebas ? Non enim erat tunc, ubi non erat tempus. A7ec tu teni-pore tempora prcvcedis ; Alioquin non omnia tempora præcederes. Sed prce-cedis omnia jrrœterita celsitudine semper prœsentis œternitatis, et superas omnia futura, quia ilia futura sunt, et cum venerint, præterita erunt ; tu autem idem ipse es, et anni tui non deficiunt.♦ — Cf. de Civ. Dei vii. 30 : xi. 4-6 : xii. Chapitre 15 à 17.
♦La confusion de l’antagonisme de l’idéal et du réel avec celui de l’universel et du particulier, est la raison pour laquelle, dans ce qui précède, nous n’avons ni la création dans le temps clairement énoncée, ni encore la différence avec la théorie de l’émanation qui est clairement mise en évidence. Pour rendre saint Augustin conséquent, il faut distinguer l’être éternel des idées dans l’intelligence divine, de l’acte de Dieu par lequel elles deviennent productives. Le premier est alors leur idéal, le second leur côté réel », etc. Schleiermacher, Gesch. der Phil. i. p. 167.
3 C’est ainsi qu’il dit, à propos des six jours : Qui dies cujusmodi sint, aut perdifficile nobis, aut etiam impossible est cogitare, quanto magis dicere ; De Civ. Dei xi. 6. En ce qui concerne le septième jour (ibid. 8), ses vues sont très proches de celles d’Origène : Cum vero in die septimo requievit Deus ab omnibus operibus suis et sanctificavit eum, ncquaquam est accipiendum pueriliter , tamquam Deus laboraverit operando, qui dixit et facta sunt, verbo intelligi-bili et sempiterno, non sonabili et temporali. Sed requies Dei requiem signi-ficat eorum, qui rcquiescunt in Deo, sicut lætitia domus lætitiam significat eorum, qui lætautur in domo, etiamsi non eos domus ipsa, sed alia res aliqua lætos facit, etc. Sur le système de chronologie, comp. xii. 10. Dans l’ensemble, voir l’Augustin de Bindemann, ii. 425 sq.
4 Baur, Manichæisches Religionssystem, p. 42, ss. : « Le système manichéen ne reconnaît aucune création, à proprement parler, mais seulement un mélange, au moyen duquel les deux principes opposés s’imprègnent tellement l’un l’autre, que leur produit est le système existant du monde, qui participe de la nature de l’un et de l’autre. » Comp, les déclarations du Manichéen Félix, qui y sont données. Sur les priscillianistes, voir Orosii Commonitor. ad août. Neander, Church Hist. ii. 3, p. 710-718. Baumgarten-Crusius, Compend. i. p. 111. [Gieseler, i. § 86. J, M. Mandernach, Gesch. des Priscillianismus, Trèves. 1851.]
§ 128.
Après que les caractères distinctifs de chacune des personnes de la Trinité eurent été définis plus précisément (§ 95), la question se posa parmi les théologiens de savoir à laquelle des personnes l’œuvre de la création devait être assignée. Alors que dans le soi-disant Symbole des Apôtres, Dieu le Père était simplement et uniquement déclaré créateur du monde, dans le Credo de Nicée, il était dit que le Fils avait part à la création, et le concile de Constantinople affirmait la même chose en ce qui concerne le Saint-Esprit1. Grégoire de Nazianze soutenait, d’accord avec d’autres théologiens de cette époque, que l’œuvre de la création avait été accomplie par le Fils et achevée par le Saint-Esprit2. À la suite d’Augustin, les théologiens occidentaux considéraient la création comme un acte du Dieu trinitaire3.
1 Symb. Ap. : Credo in Deum Patrem omnipotentem, crcatorem cœli et terræ. Comp, ce que dit Rufin sur ce passage : il montre que toutes choses sont créées par le Fils. Le Credo de Nicée appelle le Père παντοκράτορα πάντων δρατών τε καϊ αοράτων ποιητήν, mais dit en référence au Fils : Ô1* ον τά πάντα έγένετο , τά τε έν τω ουρανω και τα έν τή γή. Le symbole de Constantinople appelle le Saint-Esprit τό ζωοποιούν.
2 Orat. xxxviii. 9, p. 668 :......et le sens de l’œuvre, en raison de la
ρονμένον και πνένματι τέλειονμενονον. Il appelle aussi le Fils τεχνίτης λόγος. Comp. Ullmann, p. 490.
3 Ainsi Fulgentius de Ruspe De Trin., c. 8, et d’autres.
§ 129.
Le fait que la création n’ait pas été faite pour l’amour de Dieu1, mais pour l’homme, a été maintenu comme une doctrine et énoncé rhétoriquement2. À l’opposé d’une vision mécanique de l’univers , le profond Augustin a attiré l’attention sur le lien existant entre la création et la conservation3. Un soin particulier a été accordé pendant la période actuelle à la doctrine de la providence, à laquelle Chrysostome et Théodoret en Orient, et Salvien en Occident, a composé des traités séparés4. Ils s’efforçaient particulièrement de montrer, conformément à l’esprit du christianisme, que la providence de Dieu s’étend aux détails.5 Jérôme, cependant, n’était pas d’accord avec eux, et, pensant qu’il était désobligeant pour l’Être divin d’exercer un soin si spécial à l’égard de la création inférieure, il soutenait que Dieu ne s’occupait que du genre, mais non de l’espèce6. L’évêque africain Junilius (qui vécut vers le milieu du VIe siècle), entre gubernatio generalis et gubernatio specialis7 qui, bien que justifiable au point de vue théologique, était néanmoins, lorsqu’il était compris mécaniquement, préjudiciable à l’idée de Dieu comme Dieu vivant.
1 C’est ainsi qu’Augustin a soutenu, De vera Rel., 15, que les anges, en servant Dieu, ne profitent pas à lui, mais à eux-mêmes. Deus enim bono alterius non indiget, quoniam a se ipso est.
2 Nemisius de Nat. Hom. i. p. 30, ss. (cd. Oxon. 1671) : La raison de la naissance des plantes n’est pas pour elle-même, mais9 pour la nourriture et la constitution des humains et des autres animaux engendrés ; Et à propos des animaux, il dit, p. 34 : commun à tous la guérison des êtres humains est tombé, et le non-aliment a besoin d’être utilisé. À l’appui de ses vues, il cite l’exemple des animaux domestiques utiles, et observe, à l’égard des animaux nuisibles, qu’ils ne l’étaient pas avant la chute, et que l’homme possède encore aujourd’hui des moyens suffisants pour les soumettre. Chrys. Hom. devant ceux qui sortent de l’église (Opp. T. vi. p. 272. Bauermeister, p. 8) : « Il s’est levé pour toi, et la nuit il a illuminé, et une multitude d’étoiles ont brillé d’une danse ; les vents ont soufflé pour toi, les rivières ont coulé ; des graines ont germé pour toi, et des lumières ont jailli, et de la nature la maison a maintenu l’ordre, et le jour est apparu et la nuit s’est écoulée, et tout est arrivé pour toi. Mais Chrysostome enseigne aussi que Dieu n’a créé le monde que pour le bien, De Prov. i. T. iv. p. ! 42. Comp. Aug. de Div. Quæst 28 (Opp. T. vi.). Gregor. Nyss. Or. Catéch., c. 5 ; de Hominis Opificio, c. 2, Lact. Inst vii. 4. Le
3 On peut voir ses vues générales sur le sujet dans De Morib. Eccles. Cath. c. 6 : Nullum enim arbitror aliquo religionis nomine teneri, qui non saltern animis nostris divina providentia consul ! existimet. — Il s’oppose alors particulièrement à l’idée populaire d’un maître d’œuvre dont l’œuvre continue d’exister, bien qu’il se retire lui-même. Le monde cesserait aussitôt d’exister, si Dieu le privait de sa présence ; De Genesi ad Litt. iv. vers 12 ; Enchi-rid. ad Laurent, c. 27. Il se défend contre l’accusation de panthéisme, De Civ. Dei vii. 30 : Sic itaque administrât omnia, quæ crcavit, ut etiam ipsa proprios exercerc et agere motus sinat. Quamvis enim nihil esse pos-sint sine ipso, non sunt quod ipse. « Le monde existe à 710 mètres en dehors de Dieu, tout est en Dieu ; cependant, il ne faut pas l’entendre comme si Dieu était l’espace lui-même, mais d’une manière purement dynamiqueSchleiermacher, Geschichte der Philosophie, p. 168. Grégoire de Nazianze emploie un langage semblable, Orat. xvi. 5, p. 302, voir Ullmann, p. 491.
4 Chrys. 3 livres de Fato et Providentia .— Théodoret, 10 oraisons περί τής θείας προνοίας.—Salvianus De Gubematione Dei sive de Prov. Comp, aussi Nemesius de Natura Hominis (περ2 φύσεως άνθρωπον), c. 42, ff.
5 Ceci est indirectement prouvé par Arnob. Adv. Gent. iv. 10, p. 142 (c’est-à-dire en opposition au polythéisme) : Cur enim Deus præsit melli uni tantummodo, non præsit cucurbitis, rapis, non cunilæ, nasturtio, non ficis, betaceis, caulibus ! Cur sola meruerint ossa tutclam, non merucrint ungues, pili, cæteraque alia, quæ locis posita in obscuris et verecundioribus partibus, et sunt casibus obnoxia plurimis, et curam magis deorum, diligentiamque desiderant. Une preuve directe est donnée par Némésius, 1. c . c. 44, p. 333 : Elle est toujours conforme à la volonté de Dieu ; et ensuite on lui refuse la résidence et le salut, « Que ni des individus, ni des peuples et des populations ne se soumettent à la Providence, c’est-à-dire > des animaux des anciens et des familles gouvernées, des nombreuses espèces, et des abeilles et des myrrhes, et la plupart de celles qui sont assemblées dans les conditions sont ordonnées, Nome-sius, cependant, fait une distinction entre la création et la providence, et donne une définition de cette dernière, c. 42, p. 308 : Non seulement il y a provision et création ; et c. 43, p. 315 : La Providence est faite par Dieu aux êtres en prenant soin, et c’est ainsi qu’ils sont définis ; providence dans la volonté de Dieu, car tous les êtres reçoivent la bonne conduite, etc. D’une manière générale, nous trouvons ici un système complet de téléologie.
6 Hier. Commentaire, dans Abacuc c. 1 (Opp. T. vi. p. 148) : Sicut in hominibus etiam per singulos currit Dei providentia, sic in ceteris animalibus generalem quidem dispositionem ct ordinem cursumqne reruin intelligere possumus ; verbi gratia : quomodo nascatur piscium multitudo et vivit in aquis, quomodo reptilia et quadrupedia oriantur in terra ct quibus alantur cibis. Ceterum absurdum est ad hoc Dei deducere majestatem, ut sciat per momenta singula, quot nascantur culices, quotve moriantur [comp, d’autre part Matth. x. 29, 30], quæ cimicum et pulicum et muscarum sit multitudo in terra, quanti pisces in mari natent, et qui de minoribus majorum prædæ cedere debcant Non simus .tam fatui adulatores Dei, ut, dum potcntiam ejus etiam ad ima dctrahimus , in nos ipsi injurlosi simus ( !), eandem rationabilium quam irra-tionabilium providentiam esse dicentes. — Une idée semblable avait déjà été avancée par Arnobius, qui n’accorde pas même que Dieu ait créé les animaux inférieurs (Adv. Gent. ii. 4 7׳), d’où il doit s’ensuivre qu’il y a eu une providence spéciale pour eux (iv. 10).
7 Junil. de Partibus Legis Divinæ, 1. ii. c. 3, ss. (Bibl. Max. PP. T. x. p. 345). Mùnscher, par Colin, i. p. 154. La providence générale se manifeste dans la conservation du genre, et dans les circonstances dans lesquelles il est placé ; une providence spéciale se manifeste, 1, dans le soin de Dieu pour les anges et les hommes ; 2, dans celle des anges pour les hommes ; et 3, dans celle des hommes pour eux-mêmes.
§ 130.
La controverse avec les Manichéens, dont les idées furent en quelque sorte adoptées par Lactance1, exigeait une définition plus précise de la nature du mal, et une distinction entre le mal physique et le mal moral, qui représenterait ce dernier comme la véritable source du premier. C’est pourquoi les maux qui existent dans le monde étaient considérés soit (objectivement) comme la conséquence et la punition nécessaires du péché, soit (subjectivement) comme des phénomènes qui, bien que bons en eux-mêmes, ne prenaient l’apparence du mal qu’en conséquence de nos connaissances limitées, ou de la corruption de nos cœurs, ou de l’usage pervers de notre liberté morale. Mais les sages et les pieux, attendant avec impatience les temps meilleurs qui sont à venir, utilisent ces maux comme des moyens d’avancer dans la connaissance et de pratiquer la patience.2
1 Inst Div. ii. c. 8. Il avance ici l’idée peu satisfaisante, que saint Augustin lui-même semble avoir entretenue (Enchir. ad Laur., c. 27), que le mal existerait, même si ce n’était que pour le contraste ; comme si le bien n’était bon que par le contraste qu’il forme avec le mal, et cesserait de l’être s’il n’y avait pas de contraste.
2 Athan. Contra Gent c. 7. Basile M. à Hexaëm. Hom. ii. 4. Hom. quod Deus non est auctor malorum (le passage doit être lu dans sa connexion) Opp. T. ii. p. 78 (al. i. p. 361). Klose, p. 54-59. Greg. Nyss. Orat. Catéch., c. 6. Greg. Naz. Orat. xiv. 30, 31, xvi. 5 (cité par Ullmann, p. 493). Chrys. dans 2 Tim. Hom. viii. (Opp. xii. 518, E.). Aug. de Civ. Dei xi. 9 : Mali enim nulla natura est, sed amissio boni mali nomen accepit Comp, c. 22. Le feu, la gelée, les bêtes sauvages, le poison, etc., peuvent tous être utiles à leur place, et en rapport avec le tout ; il n’est nécessaire d’en faire qu’un usage conforme à leur dessein. Ainsi le poison cause la mort des uns, mais guérit les autres ; La viande et la boisson ne blessent que les immodérés. ... Unde nos admonet divina providentia, non res insipienter vituperare, sed utilitatem rerum diligenter inquirere, et ubi nostrum ingenium vel firmitas deficit, ita credere occultam, sicut erant quædam, quæ vix potuimus invenire ; quia et ipsa utilitatis occultatio, aut humilitatis exercitatio est aut elationis attritio ; cum omnino natura nulla sit malum, nomenque hoc non sit nisi privationis boni. Sed a terrenis usque ad cœlestia et a visibilibus usque ad invisibilia sunt aliis alia bona meliora ; ad hoc inæqualia, ut essent omnia, etc. Comp, de Vera Bel. c. 12. Les maux sont bénéfiques en tant que châtiments, ibid., c. 15. .amaritudine pœnarum erudiamur. Sur la question de savoir pourquoi les justes doivent souffrir aussi bien que les injustes, voir Civ. Dei, i. 8-10. Les chrétiens ne s’élèvent au-dessus de toutes les épreuves que par l’amour de Dieu : toto mundo est omnino sublimior mens inhœrens Deo, De Morib. Eccles. Cath. c. 11. Cela semble être le tournant de toute théodicée (Rom. viii. 28).
§ 131.
J. P. Carpzovii Varia Historia Angclicorum ex Epiphanio et aliorum veterum Monumentis eruta. Helmst. 1772, 4. Keil, Opuseula Academica, ii. p. 548, 8s.
Lorsque les idées de génération et de procession du Père en vinrent à s’appliquer exclusivement au Fils et au Saint-Esprit, on commença aussi à affirmer de plus en plus clairement que les anges sont des créatures, et non des éons émanant de l’essence de Dieu.1 Néanmoins, ils étaient toujours considérés comme des êtres hautement dotés et bien supérieurs à l’espèce humaine.2 On leur rendit hommage ; mais Ambroise fut le seul père de cette époque – et il ne le fit qu’en passant, qui recommanda l’invocation des anges.3 Mais l’interdiction de l’adoration des anges (angélolâtrie) par le synode de Laodicée (vers le milieu du quatrième siècle) et le témoignage de Théodoret prouvent qu’un tel culte a dû être pratiqué dans certaines parties de l’Orient (peut-être à des âges antérieurs)4. Théodoret, aussi bien qu’Augustin , s’opposait à l’adoration, ou du moins à l’invocation des anges, qui était désapprouvée même par Grégoire Ier, qui voulait qu’elle fût confinée à la dispensation de l’Ancien Testament5. Mais la pratique de dédier des églises aux anges6, qui était favorisée par les empereurs et les évêques, confirmerait nécessairement le peuple dans sa croyance que les anges entendaient et répondaient aux prières, malgré toutes les explications dogmatiques. En ce qui concerne les autres définitions dogmatiques concernant la nature des anges , Grégoire de Nazianze affirme qu’ils ont été créés avant le reste du monde ; d’autres, par exemple Augustin, datent leur existence du premier jour de la création7. Dans l’ouvrage du Pseudo-Denys (De Hierarchia Cœlesti), qui, bien que composé à l’époque actuelle, n’est devenu d’un usage général qu’à l’époque suivante, les anges ont été systématiquement divisés, presque dans le style d’une histoire naturelle, en trois classes et neuf ordres.8
1 Lact.Inst. iv. c. 8 : Magna inter Dei filinm et cœteros [sic] angelos differentia est. Illi enim ex Deo taciti spiritus exierunt... . Ille vero voce ac sono ex Dei ore processit.
2 Basile M. S. c. 16, appelle les anges άεριον πνεύμα, πυρ άϋλον selon le Ps. civ. 4, et leur attribue donc une certaine corporéité. Grégoire af Nazianzum dit : Orat. vi. 12, p. 187 :.....φως είσι καί τελείου φωτός απαυγάσματα. D’après l’Orat., XXVIII, 31, p. 521, art. 521, les anges sont des serviteurs de la volonté divine, puissants en partie par leur force originelle et en partie par leur force dérivée, se déplaçant d’un lieu à l’autre, partout où ils sont présents, et prêts à aider tout le monde, non seulement à cause de leur zèle à servir, mais aussi à cause de la légèreté de leur corps ; différentes parties du monde sont attribuées à différents anges, ou placé sous leur domination (Orat. xlii. 9, p. 755, et 27, p. 768), comme il sait qui a ordonné et arrangé toutes choses. Ils n’ont qu’un seul objet en vue (Orat., VI, 12, p. 187), et agissent tous selon l’unique volonté du créateur de l’univers. Ils louent la grandeur divine, et contemplent toujours la gloire éternelle ; non pas pour que Dieu soit ainsi glorifié, mais pour que des bénédictions incessantes puissent affluer même sur les êtres qui se tiennent le plus près de Dieu. Comp. Ullmann, p. 494, 95. Augustin appelle les anges sancti angeli, De Civ. Dei xi. 9. Dans un autre passage, dans un courant plus rhétorique (Sermo 46), ils sont appelés domestiques ! Dei, cœli cives, principes Paradis !, scientiæ magistri, doctores sapientiæ, illuminatores animarum, custodes earum corporum, zelatores et depensores bonorum. Fulgentius de Ruspe , De Trin., c. 8 (sur l’autorité des grands et des savants), affirme qu’ils sont composés d’un corps et d’un esprit ; ils connaissent Dieu par ce dernier, et apparaissent aux hommes par le moyen du premier. D’après Grégoire le Grand, les anges sont des esprits limités (circumscripti), sans corps, tandis que Dieu seul est incircumscriptus ; Dial. lib. iv. c. 29 ; Morale, ii. c. 3. Il les appelle aussi rationalia animalia, voir Lau, 10c. cit. p. 357 sq.
3 Ambroise De Viduis, cap. ix. § 55 : Videtis enim quod magno pcccato obnoxia minus idonea sit quæ pro a precetur, certe quæ pro se impetret. Adhibeat igitur ad medicum alios precatores. Ægri enim, nisi ad eos aliorum precibus medicus fuerit invitatus, pro se rogare non possunt. Infirma est caro, mens ægra est, et peccatorum vinculis impedita, ad medici illius sedem debite non potent explicare vestigium. Obsecrandi sunt angeli, qui nobis ad præsidium dati sunt : martyres obsecrandi, quorum videmur nobis quoddam corporis pignore patrocinium vindicare. Possunt pro peccatis rogare nostris, qui proprio sanguine, etiamsi quæ habuerunt, peccata luerunt.. . Non erubes-camus eos intercessores nostrœ infirmitatis adhibere, quia et ipsi infirmitatem corporis, etiam cum vincerent, cognoverunt. Bien qu’il mentionne ainsi les anges et les martyrs comme des personnes médiatrices, peu de temps après, il conseille aux hommes d’invoquer directement le médecin divin lui-même.
4 Théodoret ad Col., ii. 18, et iii. 17 (cité par Mùnscher von Colin, i. 86). Laod. (A. D. 320-372 ?) au can. 35 ; Mansi, t. II, p. 570 ; voir Fuchs, ii. p. 330, par. ; Bruns, Bibl. Eccles, i. p. 77. Gieseler, Histoire de l’Église, i. § 99, note 32-34, § 121, note 7 : « Ότ4 ον όει χριστιανούς Ιγκατα-λείπειν τήν εκκλησίαν τον θ Εόν καί άπιέναι καϊ άγγέλονς όνομάζειν καϊ σννάξεις ποιεϊν απερ άπηγορενται. Il est intéressant de noter que Denys traduit angulos au lieu d’angelos .
5 Théodoret, 1. c. Eusèbe (Præp. Evang. vii. 15) fait déjà une distinction entre τιμάν et σέβειν. Seul le premier doit être rendu aux anges. Aug. De Vera Rel. c. 55 : Neque enim et nos videndo angelos beat ! sumus, sed videndo veritatem, qua etiam ipsos diligimus angelos et his congratulamur.... Quare honoramus eos caritate, non servitute. Nec eis templa construimus ; nolunt enim, se sic honorari a nobis, quia nos ipsos, cum boni eumus, templa summi Dei esse noverunt. Recte itaque scribitur (Rev. xxii.) hominem ab angelo prohibitum, ne se adoraret, sed unum Deum, sub quo ei esset et ille conservas. Comp. Contra Faust, xx. 21, Conf. x. 42, et autres passages cités par AViZ, 1. c. p. 552. Pourtant, dans ses sermons, il insiste sur le devoir d’aimer les anges et de les honorer. Il croit aussi aux anges tutélaires. Grégory M.dans Cant. Cant. c. 8 (Opp. T. ii. p. 454).
6 Constantin le Grand avait construit une église à Constantinople (ΝΗχαήλισΐ') à Saint-Michel,♦ Sozom. Hist. Eccl. ii. 3 ; et Théodoret (1. c.) dit à propos des Phrygiens et des Pisidiens : Μέχρι δὲ του νυν ευκτήρι α τού άγιον Μιχαήλ παρ' έκείνοις καί τοϊς όμόροις εκείνων έστιν Ιδειν, L’empereur Justinien, et Avitus, évêque de Vienne (f523) ont également officiellement dédié aux anges des églises construites en leur honneur.
♦ On l’appelait ainsi, non parce qu’elle était consacrée à l’archange Michel, mais parce qu’on croyait qu’il y était apparu (Sozomène, ii, 3) ; comp. Gieseler, Dogmengesch, p. 332.
7 Greg. Naz. XXXVIII. 9, p. 668. Tous les anges forment ensemble, selon lui, le κόσμος νοητός, par opposition au κόσμος αΙσθητός, υλικός καί δρώμενος. Comp. Ullmann, p. 497. Augustin s’exprime différemment. De Civ. Dei xi. 9. À son avis, ils sont la lumière qui a été créée au commencement avant toutes les autres créatures ; en même temps, il explique ainsi le dies unus (au lieu de primus, ילם אחד), que ce jour de lumière incluait les autres jours de la création, puis continue : Cura enira dixit Deus : fiat lux, et facta est lux, Si recte in hac luce creatio intelligitur angelorum, pro fecto fact ! sunt participes lucis æternæ, quod [quæ] est ipsa incommutabilis sapientia Dei, per quam facta sunt omnia, quern dicimus unigenitum Dei filium, ut ea luce illuminât !, qua creati, fièrent lux, ct vocarentur dies partici-patione incommutabilis lucis et diei, quod est verbum Dei, per quod et ipsi et omnia facta sunt. Lumen quippe verum, quod illuminât omnem hominem in hunc mundum venientem, hoc illuminât et omnem angelum mundum, ut sit lux non in se ipso, sed in Deo : a quo si avertitur angelus, fit immundus.
8 Certains des premiers théologiens, par exemple Basile le Grand et Grégoire de Nazianze, soutenaient qu’il y avait différents ordres d’anges sur la base des différents noms qui leur étaient donnés dans les Écritures. Basilic de Spir. L. c. 16. Grégoire Orat. xxviii. 31, p. 521, mentionne αγγέλους τινας καϊ αρχαγγέλους, θρόνους, κυριότητας, άρχας, εξουσίας, λαμπρότητας, αναβάσεις, νοεράς δυνάμεις ή νόας. Cependant il n’indique pas distinctement par quoi se distinguent ces différentes classes, puisqu’il pense que ces relations internes du monde des esprits sont hors de portée de l’appréhension humaine ; Ullmann, p. 494. Comp. Augustin Enchirid. ad Lanr. 58 : Quoraodo autem se babeat beatissima ilia et snperna societas, quæ ibi sint differentiæ personarum, nt cum omnes tam-quam general ! nomine angcli nuncupentur..... ego me ista ignorare confiteor. Sed nec illud quidem certum habco, utrum ad eandem societatem pertineant sol et luna' et cuncta sidera, etc. Mais le Pseudo-Denys, à peine un siècle après Augustin, semble avoir beaucoup mieux compris le sujet ; dans sa Hierarchia Cœlestis (Ed. Lansselii, Par. 1615 fol.) c. 6, il divisa le nombre entier des anges en trois classes (hiérarchies), et subdivisa chaque classe en trois ord018־ (τάγματα) : i. 1. Βρόνοι, 2. Χερουβίμ, 3. Σεραφίμ, ii. 4 . κυριότητες, 5. έξουσίαι, 6. Δυνάμεις, iii. 7 . άρχαί, 8. Άρχάγ-γελοι, 9. άγγελοι. Il observe néanmoins que le dernier terme, ainsi que δυνάμεις ουράνιοι, est commun à tous (c. 11).♦ Grégoire le Grand le suivit (Hom. in Ezéchiel, xxxiv. 7, Opp. Tom., i. p. 1603, al. ii, p. 477), et il connaît les neuf classes suivantes : Angeli, Archange !, Virtutes, Potestates, Principatus, Dominationes, Throni, Cherubim atque Seraphim, qu’il mit en relation avec les neuf pierres précieuses dont il est question dans Ezéchiel. XXVIII. 13. En même temps, il soutient que les anges, par amour, ont tout en commun ; voir Zan, p. 359.
♦ Le Pseudo-Denys, cependant (cap. 1 et 2), s’efforça d’éliminer les idées grossières et sensuelles sur les formes des anges, et désigna la terminologie commune comme απότομον τών αγγελικών όνομάτων σκευήν (Durum angelicorum nominum apparatum) ; comp, son interprétation mystique des symboles des anges en cap. 15 . [Baur, Dogmen-gesch., p. 172, dit que dans cette hiérarchie, où tout est mesuré par des distinctions quantitatives, la différence entre le point de vue platonicien et le point de vue chrétien devient évidente, le point de vue chrétien étant qu’il y a une union directe de Dieu et de l’homme ; et qu’Augustin (De Civ. Dei, 9, 16) a bien exprimé cette différence, en niant directement la thèse platonicienne : nulius Deus miscetur homini.]
§ 132.
Les définitions métaphysiques de la nature des anges présentaient moins d’intérêt au point de vue religieux et moral, et par conséquent au point de vue dogmatique, que la question de savoir si les anges, comme les hommes, possédaient un libre arbitre et étaient capables de pécher. Il était généralement admis que cela avait été le cas avant la chute des mauvais anges. Mais les théologiens ne sont pas d’accord dans leurs opinions sur un autre point, à savoir si les bons anges qui ont d’abord résisté à la tentation n’y céderont jamais, ou s’il est possible qu’eux aussi tombent dans le péché ? Grégoire de Nazianze, et plus nettement encore Cyrille de Jérusalem, se prononcèrent en faveur de ce dernier point de vue1, Augustin et Grégoire le Grand adoptèrent le premier2.
1 Grégoire pensait que les anges n’étaient pas άκίνητοι, mais δυσκίνητοι pour le mal (Orat. xxviii. 31, p. 521), et supposait que cela s’ensuivait nécessairement du fait que Lucifer était tombé une fois, Orat. xxxviii. 9, p. 668. Orat xlv. 5, p. 849. Ullmann, p. 496. Mais Cyrille de Jérusalem (Cat. II, 10) insistait pour que le prédicat « sans péché » ne s’appliquât qu’au Christ, et soutenait que les anges aussi avaient besoin de pardon. Lactance Inst. vii. 20 : Angeli Deum metuunt, quia castigari ab eo possunt inenarrabili quodam modo.
2 Augustin de Ver. Rel. i. 13 : Fatendum est enim, et angelos natura esse mutabiles, si solus Deus est incommutabilis ; sod ea voluntate, qua magis Deum quam se diligunt, firmi et stabiles marient in illo et fruuntur majestate ipsius, ei uni libentissime subditi. D’après l’Enchiridion, c. 28, les bons anges reçurent, après la chute des méchants, ce qu’ils n’avaient pas eu auparavant, c’est-à-dire certam scientiam, qua essent de sua sempiterna et nunquam casura stabilitate securi ; cette idée est évidemment conforme à ses vues anthropologiques sur le donum perseverantiæ, et elle est clairement mise en avant dans le De Civ. Dei xi. 13 : Quis enim catholicus Christianas ignorât nul-him novum diabolum ex bonis angelis ulterius futurum : sicut nec istum in societatem bonorum angelorum ulterius rediturum ? Veritas quippe in Evan-gelio sanctis fidelibusque promittit, quod era nt æquales angelis Dei ? Quibus etiam promittitur, quod ibunt in vitam ætcrnam. Porro autem si nos certi sumus nunquain nos ex ilia immortal ! felicitate casuros, illi vero certi non sunt : jam potiores, non æquales eis erimus, profecto etiam ipsi certi sunt suæ felicitatis æternæ. Comp. Pseudo-Dionys. c. 7. Grégoire le Grand affirmait aussi que les bons anges obtenaient la confirmatio in bono comme un don de Dieu ; Ezech. Lib. I. Cor. 7, Mor. v. c. 38, et xxxvi. c. 7 , Lau, p. 362.
§ 133.
[Isaac Taylor, Ancient Christianity, 4e éd. 1844, vol. ii. 137-222, sur l’ancienne démonolâtrie.]
Selon l’opinion dominante de l’époque, l’orgueil était la cause immédiate et réelle de la chute des mauvais esprits1. Presque tous les théologiens de cette époque, à l’exception de Lactance, dont les notions ressemblaient à celles des manichéens dualistes2. considérait le diable comme un être d’une puissance limitée3 », dont les séductions auxquelles les croyants chrétiens étaient capables de résister4. Didyme d’Alexandrie et Grégoire de Nysse se hasardèrent, bien qu’avec beaucoup de prudence, à raviver l’idée d’Origène, qu’il y avait encore l’espoir de la conversion finale du diable5. Augustin combattit cette opinion, qui fut condamnée au VIe siècle par l’empereur Justinien, ainsi que les autres erreurs d’Origène6. De plus, on supposait que les puissances démoniaques étaient toujours en action7 et qu’elles étaient combattues de la manière la plus efficace, non seulement par l’efficacité morale, mais aussi par l’efficacité physique et magique du nom du Christ et du signe de la croix8.
1 Eusèbe Démonst. Evang. iv. 9 . Augustin De Vera Rel. i. 13 : Ille autem angelus magis se ipsum, quam Deum diligendo subditus ei esse noluit et intumuit per superbiam, et a summa essentia defecit et lapsus est, et ob hoc minus est quam fuit, quia eo quod minus erat frui vohiit, quam magis voluit sua potentia frui, quam Dei. De Catcchiz. Rudibus § 30 : Superbiendo deseruit obedientiam Dei et Diabolus factus est. De Civ. Dei xii. c. 6 : Cum vero causa miseriæ malorum angelorum quæritur, ea merito occurrit, qnod ab illo qui summe est aversi ad se ipsos conversi sunt, qui non summe sunt : et hoc vitium quid aliud quam superbia nuncupatur ? Initium quippe omnis peccati superbia. Comp. Enchirid. ad Laurent, c. 28. L’envie s’est jointe à l’orgueil ; Comp. Grégoire de Nazianze. Orat. xxxvi. 5, p. 637, et vi. 13, p. 187. Ullmann, p. 499. Grégoire de Nysse, Orat. Catéch. c. 6 : Ταύτα δέ [c’est-à-dire l’excellence du premier homme] τω άντικειμένω τον κατά τόν φθόνον πάθους ύπεκκαύματα ην. Cassien, Collât, viii. 6, fait mention à la fois de superbia et d’invidia. Grégoire le Grand met aussi l’accent sur l’orgueil ; par là le diable fut séduit pour qu’il s’efforçât d’atteindre une privata celsitudo ; Morale, xxi. c. 2 ; xxxiv. c. 21 ; Lau, p. 365. — L’idée de lascivité a été de plus en plus reléguée au second plan. Chrysostome, Théodorcte, Cyrille d’Alexandrie , Augustin et Cassien, donnèrent aussi une interprétation plus correcte du passage de Gen. vi. 2, qui fut mal compris par les théologiens antérieurs : bien qu’Eusèbe (Præp. Εν. v. 4), Ambrose de Noë et Area, c. 4, et Sulpicius Severus (Hist. Sacra, i. 3), l’expliquent dans un sens semblable à celui qui lui était attaché autrefois (§ 52, note 3). Comp. Chrys. Hom. dans Gen. ^xii. (Opp. T. ii. p. 216). [S. R. Maitland, dans Brit. Mag. xxi. p. 389 sq., et dans ses Essays (on False Worship, p. 19 sq.), 1856. C. F. Keil, dans Zeitschrift f. d. luth. Theol. 1855 et 1859 ; Engelhardt, ibid. 1856. Delitzsch, compte rendu de Kurtz dans Reuter’s Repertorium, 1857. Bibliotheca Sacra, Andover, 1850. Journal of Sacred Lit., oct. 1858.] Theodorct in Gen. Quæst 47 ( Opp. T. i. p. 58) : Εμβρόντητοι όντες και άγαν ηλίθιοι, αγγέλους τούτους άπέλαβον, et Fab. Hær. Ερ. v. 7, Opp. iv. p. 402 : ϋαραπληξίας γάρ έσχατης τό τοϊς άγγέλοις προσάψαι την τών ανθρώπων ακολασίαν . Cyril Alex. Contra Anthropomorphitas, c. 17 (Opp. T. vi. p. 384) ; Contra Julien, lib. ix. p. 296 et 297. Augustin De Civ. Dei xv. 23 ; quæst. 3 dans Gen. ; Coll. Cassienne, viii. c. 20, 21. [Comp. Münscher, éd. par von Colin, i. p. 90-92.] Hilaire (dans le Ps. cxxxii. p. 403), mentionne l’interprétation antérieure, mais sans l’approuver. Philastrius, au contraire, la compte parmi les hérésies, Hær. 107 (De gigantibus tempore Noë).
2 Inst. ii. 8. Avant la création du monde, Dieu créa un esprit semblable à lui-même (le Logos), qui possédait les attributs du Père ; mais après cela, il créa un autre esprit, en qui la semence divine ne demeura pas (in quo indoles divinæ stirpis non permansit). Poussé par l’envie, il apostasia et changea de nom (contrarium sibi nomen ascivit). Les écrivains grecs l’appellent διάβολος, l’éliminateur latin, quod crimina, in quæ ipse illicit, ad Deum deferat (d’où l’appellation obtrectator). Il envie surtout son prédécesseur (le premier-né), parce qu’il continua à jouir de la faveur de Dieu. — Lactance est donc d’accord avec les autres théologiens pour supposer que l’envie a été la cause de la chute. Mais sa manière particulière de représenter Satan, pour ainsi dire, comme le second Fils de Dieu, et d’établir un parallèle entre lui et le premier-né, nous rappelle les notions gnostiques et manichéennes. Dans un autre passage (aujourd’hui absent de nombreux manuscrits, mais probablement omis à une époque précoce pour sauver la réputation de Lactance), il appelle le Logos la main droite, et Satan la main gauche de Dieu. Si le passage en question était authentique, il prouverait très clairement que les vues de Lactance sur ce sujet étaient essentiellement manichéennes, bien que l’unité du Père fût encore préservée au-dessus de l’antagonisme du Logos et de Satan ; mais cette notion exposerait à juste titre son auteur à l’accusation d’arianisme. Cela semble avoir été ressenti par les critiques qui ont omis le passage ci-dessus. Comp., la note de Cellarius dans l’édition de Bunemann, i. p. 218. Comp. cap. ix. où le terme Antithèse se rencontre (Arnob. Contra Gent. iv. 12, et Orelli sur ce passage). Augustin s’opposait à la notion manichéenne ; contra Faust. 21, 1 et 2.♦
♦ Le passage très approprié cité par Baumgarten-Crusius, p. 987 : Diabolus non simpliciter Deus est, sed illis Deus existit, qui ilium Christo anteponunt (selon 2 Cor. iv. 4), est le même dans le sens, bien que les mots identiques ne se trouvent pas ici.
3 Grégoire le Grand l’appelle carrément un animal stupide, puisqu’il nourrit des espérances sur le ciel sans pouvoir l’obtenir, et qu’il est pris dans son propre filet. Lau, p. 364.
4 Grégoire de Nazianze. 10, p. 697, fait une mention spéciale de l’eau du baptême et de l’Esprit, comme moyen d’éteindre les flèches des méchants. Satan n’avait aucun pouvoir sur Christ ; Trompé par son apparence humaine, il le prit pour un simple homme. Mais le chrétien qui est uni au Christ par la foi, peut aussi lui résister, Orat xxiv. 10, p. 443 : Παχύτερα* γάρ al καθαραΐ ψνχαϊ και θεοειδείς προς 0 ?jpav τον ένεργοϋντος, καν δτι μάλιστα σοφιστικός η και ποικίλος την έπιχείρησιν. L’affirmation d’Hilaire sur Ps. cxli. p. 541, quidquid inquinatum homines gérant, a Diabolo suggeritur, rencontra une opposition de la .part de Gennadius De Eccles. Dogm. c. 48 : Non omnes malæ cogitationes nostræ semper Diaboli instinctu excitantur, sed aliquoties ex nostri arbitrii motu emergunt Comp, aussi Chrys, De Prov. c. 5 (Opp. iv. 150). Augustin De Ad vers. Leg. ii. 12, et ailleurs.
5 Didym. Enarr. Ppe. Cathol. e vers. lat. (Bibl. PP. Max. T. iv. p. 325, C), en commentant 1 Pct. iii. 22, dit simplement que le Christ a accompli l’œuvre de la rédemption pour tous les êtres rationnels (cuncta rationalia). Grégoire de Nysse s’exprima plus explicitement : Orat. Catech. c. 26 (voir dans Mùnscher von Colin, i. p. 97), mais Gennanus contesta l’authenticité du passage de Photius Cod. 233 . Orosi se plaignait aussi, dans une lettre à Augustin (Opp. Aug. T. viii), que certains hommes faisaient revivre les vues erronées d’Origène sur ce point.
6 Cyrille de Jérusalem, Cat. iv. p. 51, attribuait au diable un cœur obstiné et une volonté incorrigible ; comp. Augustin ad Orosium contra Priscillien. et Orig. c. 5, ss. (Opp. T. viii. p. 433, ss.) ; De Civ. Dei xxi. 17 :..... Qua in re misericordior profecto fuit Origcnes, qui et ipsum Diabolum atque angelos ejus post graviora pro mentis ct diuturniora supplicia ex illis cruciatibus eruendos atque sociandos sanctis angelis credidit. Sed illium et propter hoc et propter alia nonnulla..... non immerito reprobavit ecclesia. Il montre aussi que la délivrance définitive du diable découle nécessairement de l’idée de la rémission des peines de l’enfer dans le cas de tous les condamnés ; mais que cette notion, étant opposée à la parole de Dieu, n’en est que plus perverse et dangereuse, à mesure qu’elle semble gracieuse et douce aux yeux des hommes. [Jérôme, Ep. 84, et Pammach. et Ocean, p. 528, Ep. 124, ad Avitum, p. 920.] — Sur la condamnation définitive de l’opinion d’Origène, voir Mansi, t. ix, p. 399, 518. — D’après Grégoire le Grand, le diable jouit encore, même dans son état de condamné, d’une potentia sublimitatis, Mor. xxiv. 20 ; xxxii. c. 12, 15. Il se réjouit de répandre le mal et il a une grande puissance, qui, cependant, a été brisée par Christ. Le châtiment final lui sera infligé après le jugement général. Avant cela, il apparaîtra comme l’Antéchrist ; Lau, p. 365 sq., donne les passages.
'7 Eusèbe Præp. Εν. iii. c. 14-16. Aug, De Civ. Dei ii. c. 24 ; x. 21 : Moderatis autem præfinitisque temporibus, etiam potestas permissa dæmoni-bus, ut bominibus quos possident excitatis inimicitias adversus Dei civitatem tyrannice exerceant. — Posidonius, médecin, combattit (d’après Phil-ostorgius Hist. Eccl. viii. c. 10), l’opinion courante que la folie procède d’influences démoniaques, affirmant que, ΟύχΙ δαιμόνων έπιθέσει τους άνθρώπους έκβακχεύεσθαι, υγρών δέ τινων κακοχυμίαν τό πάθος έργάζεσθαι, μηόε γάρ είναι παράπαν Ισχύν δαιμόνων, ανθρώπων φύσιν έπηρεάζουσαν. Le point de vue populaire, néanmoins, a continué à être défendu dans la plupart des systèmes théologiques.
8 Athanase De Incarn. Verbi Dei c. 48, Opp. T. i. p. 89. Cyril Hier. Chat. xiii. 36 : [Ό σταυρός] σημεΐον πιστών καί φόβος δαιμόνων..... όταν γάρ Ιδωσι τόν σταυρόν, υπομιμνήσκονται του έσταυρωμένου, φοβούνται τι τι όν συντρίφσντα τάς κεφαλάς τού δράκοντος, Cassian Coll. viii. 19, distingue le vrai pouvoir de la foi qui vainc les démons, du pouvoir magique, que même les impies peuvent exercer sur les mauvais esprits, lorsque ceux-ci leur obéissent comme des serviteurs (familiares). Le poème de Severus Sanctus Endele-chius, De Mortibus Bonum, contient une description vivante de l’efficacité magique du signe de croix contre les influences démoniaques, même dans le règne animal. (Comp, l’édition de Piper, Gott. 1835, 8 : un certain nombre d’autres passages sur le point en question sont cités dans les œuvres des Pères dans l’introduction de cette édition.)
V. 105, ff. : Signum, quod perhibent esse crucis Dei,
Magnis qui colitur solus in urbibus,
Christus, perpetui gloria numinis,
Cujus filius unicus :
Hoc signum mediis frontibus additum
Cunctarum pecudum certa salus fuit.
Sic vero Deus hoc nomine præpotens
Salvator vocitatus est.
Fugit continuo sæva lues greges,
Morbis nil licuit. Si tamen hunc Deum
Exorare velis, credere sufficit :
Votum sola fides juvat.
.134 §
La mort de Jésus.
Döderlein, De Redemtione a Potestate Diaboli, insigni Christi Beneficio (Diss. Inaugurer. 1774, 75), dans son Opuscula Academica, Iéna, 1789. Baur, La doctrine chrétienne de la réconciliation, pp. 67-118. et le travail, üi. 1, p. 157 sq. 1859, £ § 68.]
La doctrine du diable occupa à cette époque une place prépondérante dans la La sotériologie, dans la mesure où Grégoire de Nysse et d’autres théologiens soutenaient encore la notion antérieure, que Dieu a escroqué le diable par un échange malhonnête.1 Bien que l’idée de cette la forme a été combattue par Grégoire de Nazianzum' 2 mais elle a prévalu pendant un certain temps sous différentes modifications.3 Entre-temps, le l’idée d’un châtiment enduré de la part de Dieu a pris la prépondérance, après son plaidoyer d’Athanase.4 À cela s’ajouta bientôt cette autre notion, que, par l’abandon de la vie infiniment précieuse de Jésus, plus que la la dette a été payée ; bien que cela se trouve plutôt dans les amplifications rhétoriques de la que dans des définitions dogmatiques strictes5. D’une manière générale, la doctrine était n’est pas présenté sous une forme définitive et concluante. Toutefois, l’objectif est de mode de considérer la mort du Christ, nous trouvons aussi le subjectif ; y compris dans ce dernier cas, non seulement l’éthique (dans laquelle la mort du Christ est considérée comme une modèle pour notre imitation)6 mais aussi le typique et symbolique (mystique), l’idée d’un lien intime de toute la race humaine avec Christ comme sa tête7. De plus, il était généralement admis que la rédemption principe se trouvait non seulement dans la mort du Sauveur, mais dans toute sa la manifestation et la vie divines et humaines8. La marge de manœuvre était encore laissée à la discrétion l’enquête sur le mode particulier de rédemption9.
1 Grégoire de Nysse, Orat. Cat. c. 22-26. Le fil de son argumentation est le suivant : les hommes sont devenus esclaves du diable par le péché. Jésus s’offrit lui-même au diable en rançon ce qui devrait libérer tous les autres. Le diable rusé acquiesça, parce qu’il s’en souciait plus pour le seul Jésus, tellement supérieur à eux, que pour tous les autres, mais, malgré son Il a été trompé, puisqu’il n’a pas pu retenir Jésus en son pouvoir. C’était, comme c’était, une tromperie de la part de Dieu♦ (άπατ ?/ τίς εστι, τρόπον τινά), que Jésus voilait sa nature divine, ce que le diable aurait craint, par des moyens de son humanité, et trompa ainsi le diable par l’apparition de la chair. Mais Grégoire permet une telle tromperie selon le jus talionis ; Le diable avait d’abord trompé les hommes, dans le but de les séduire ; mais le dessein de Dieu en Tromper le diable était une bonne chose, c’est-à-dire pour racheter l’humanité. (Grégoire) ressemble beaucoup à la maxime bien connue, « que la fin sanctifie les moyens. — Cette représentation dramatique du sujet inclut cependant que d’autres idées plus profondes, réalisées avec beaucoup d’ingéniosité dans beaucoup de merveilleuses légendes du moyen âge, que le diable, malgré sa subtilité, est finalement déjoué par la sagesse de Dieu, et apparaît dans la comparaison comme un diable stupide.) Comp. Ambroise dans Ev. Luc. Opp. iii. Col. 10. i. : Oportuit hanc fraudent Diabolo fieri, ut susci-peret corpus Dominus Jesus, ct corpus hoc corruptibile, Corpus infinnum, nt crucifigeretur ex infirmitate. Rufin, Expos, p. 21 : Nam sacramentum illud susceptæ carnis hanc habet causam, ut divina filii Dei virtus velut ham us quidam habitu humanæ carnis obtectus. . Principem mundi invitare possit ad agoncm : cui ipse carnem suam velut cscam trad id it, ut hamo eum divinitatis intrinsecus teneret insertum et effusione immaculati sanguinis, qui pec-cati maculam nescit, omnium peccata deleret, eorum Duntaxat, qui cruore ejus postes fidei suæ significassent. Sicuti ergo hamum esca conseptum si piscis rapiat, non solum escam cum hamo non removet, sed ipse De profundo esca aliis futurus educitur : ita et is, qui habebat mortis imperium, rapuit quidem in mortem corpus Jesu, non sentiens in eo hamum divinitatis indu-sum ; sed ubi devoravit, hæsit ipse continue, et disruptis Inferni claustris, velut de profundo extractus traditur, ut esca ceteris fiat (en allusion à certains passages de l’Ecriture, en particulier à Job : draconem in hamo et pones capistrum circa nares ejus), Leo M. Sermo xxii. 3, et d’autres passages (voir Perthel, u. s. p. 171 sq.). Greg. M. dans Ev. L. i. Hom. 16, 2 et 25. 8. cité par Mùnscher von Colin, i. p. 431 (comp. Zau, 1. c. p. 445, ss.) ; et Isidore Hispal. Sent. lib. iii. dist. 19 (illusus est Diabolus morte Domini quasi avis), cité par Baur, p. 79.
[Baur, Dogmengesch. 189 sq. Les trois principaux éléments de la doctrine étaient : 1. L’idée de la justice, le droit du diable, etc., et la satisfaction de celui-ci 2. Le tromperie pratiquée sur le diable, poursuivie par Grégoire de Nysse, l’idée que le Sauveur, dans son incarnation, a trompé le diable par sa chair. 3. La nécessité de cet inode de rédemption n’est pas absolue, mais parent; La toute-puissance divine aurait pu en choisir un autre, mais c’était le plus essayage. Thomasius, Christi Person u. Werk. iii., donne le résultat de la discussion de cette période ainsi : Les deux théories de la délivrance du diable et de l’expiation par le sacrifice, passez graduellement dans chacun l’autre, et cela au moyen de l’idée intermédiaire de la mort. Proportionnellement Cependant, comme la mort est référée à la causalité divine, et considérée dans le lumière des gènes, ii. 17, et Gal. iii. 10, la mort du Christ, elle aussi, est considérée comme punition pour le péché humain, comme porteur de la malédiction, et est par conséquent se référait à la justice divine. Une théorie de la satisfaction commence à être développée. L’idée d’une réconciliation de la justice et de la miséricorde, bien que fréquemment invoquée expliquer la rédemption du diable, n’est que rarement, et, à la manière de allusion, appliquée à l’expiation. Mais il est déjà évident pour quelle est la principale dérive de la doctrine tend.]
♦ L’affinité doseuse entre cette supposition et le docétisme, qui s’efforçait toujours de est très simple. Voir Baur, L c. p. 82, 83.
2 Orat. xlv. p. 691, C : « Nous étions sous la domination du méchant, dans la mesure où comme nous avons été vendus au péché, et que nous avons échangé le plaisir contre la bassesse. Si c’est maintenant vrai qu’une rançon est toujours payée à celui qui est en possession de la chose pour Je vous le demande, à qui a-t-elle été payée en l’espèce ? et pour quoi faire raison? Peut-être à Satan lui-même ? Mais ce serait une honte brûlante de le penser (φευ της νβρεως). Car, dans ce cas, le voleur n’avait pas seulement reçu de Dieu , mais Dieu lui-même (en Christ) comme une rançon et une récompense extrêmement grande de sa tyrannie... Ou est-elle payée au Père lui-même ? Mais en premier lieu on pourrait se demander, comment cela pourrait-il être, puisque Dieu ne nous a pas tenus en esclavage ? Et encore une fois, comment pouvons-nous expliquer de manière satisfaisante que le Père s’est complu dans le sang de l’Éternel Fils unique ? puisqu’il n’accepta même pas l’offre d’Isaac, mais substitua le sacrifice d’un bélier à la place d’un être raisonnable ? N’est-il donc pas évident que le Le père a reçu la rançon, non pas parce qu’il l’exigeait ou en avait besoin, mais à cause de de l’économie divine (dià τήν οίκονομίαν), et parce que l’homme doit être sanctifié par l’incarnation de Dieu ; qu’ayant subjugué le tyran, il pourrait nous délivrer et nous réconcilier avec lui par la intercession de , son fils Γ » Voir Ullmann, p. 456, '57. Grégoire n’en était pas moins disposé à admettre quelque artifice sur la partie de Christ dans la lutte où il a vaincu Satan. « Il s’agissait de que le Christ a pris la forme de l’homme, en conséquence de quoi le diable qu’il n’avait affaire qu’à un être comme nous, tandis que le pouvoir et la la gloire de la Divinité habitait en lui. » Orat. xxxix. 13, p. 685. Ullmann, 1. c.
3 La doctrine reçut une modification essentielle dans l’affirmation de saint Augustin (De Trin., chap. 13), que le diable, qui avait outrepassé sa puissance, fut vaincu dans la lutte. Il avait outrepassé les limites qu’il pensait pouvoir traiter Jésus sans péché comme un esclave, comme les autres fils d’Adam, qui lui appartenaient en dernier comme prisonniers, selon les droits de la guerre. De plus, il perdait le droit à ce dernier, de sorte que dans la mesure où ils appartiennent au Christ. Comp. Baur, Versohaungslehre, p. 68 sq. Gieseler, Dog-mengesch. 382. [C’était aussi, dit Gieseler, l’opinion d’Hilaire de Poitiers, Léon le Grand et Grégoire le Grand. Une autre représentation était la suivante... La rédemption était le résultat d’un conflit dans lequel Jésus a vaincu le diable. Il l’a conquis jusqu’à ce point, que le diable n’a pu le séduire pour commettre le le moindre péché ; par cette victoire, il répara la défaite subie en Adam, et Ainsi brisa la domination que le diable avait sur la base de cette défaite. Ceci on trouve Hilaire, Léon le Grand, Grégoire le Grand, et, parmi les Grecs, dans Théodoréat.]
4 De Incarnat c. 7, ss. Dieu avait menacé de punir de mort les transgresseurs, et ne pouvait donc pas ne pas répondre à ses menaces : Qvk άλ7]θής yap ήν ό θεός, εΐ, είπόντος αυτόν άποθνήσκειν ημάς, μή Άπέθνησκεν ό άυθροπος κ. τ. λ. Mais, d’un autre côté, ce n’était pas selon le caractère de Dieu, ces êtres raisonnables, à qui il avait son propre Esprit (Logos) devrait tomber de son premier état dans conséquence d’une imposition pratiquée sur eux par le diable. C’était tout à fait aussi contraire à la bonté de Dieu (ονκ άξιον yap ήν τής άγαθότητος τον θεόν) comme il eût été contraire à sa justice et à sa véracité de ne pas punir le transgresseur. (Voici les prémisses de la théorie ultérieure d’Anselme !) Quand les logos φ s’aperçut que seule la mort pouvait sauver l’homme de la ruine, il prit un corps humain, parce que le Logos lui-même , c’est-à-dire le Fils immortel de Dieu, ne pouvait pas mourir. Il offrit sa nature humaine en sacrifice pour tous, et accomplit la loi en sa mort. Par elle, il a également détruit le pouvoir du diable [ήφάνιζε τόν θάνατον τη προσφορά τον κατάλληλον, c. 9. ρ. 54), etc. Comp. Mohlers, Athanase, i. p. 157. Baur, p. 94, par. [Baur, Dogmen-gesch. 189 : Pour mettre de côté le diable, Athanase a mis la mort personnifiée dans sa place, qui a été trompée de la même manière.] En ce qui concerne le similaire, cependant, notions plus générales de Basile le Grand (Hom. de Gratiar. Actione— Hom. dans le Psaume XLVIII. et xxviii. — de Spir. Sancto 15), Comp. Klose, p. 65. Cyrille dit aussi : Cat. xiii. 33 : Εχθροί ήμεν θεόν di״ αμαρτίας, καί ώρισεν ό θεός τόν άμαρτάνοντα άποθνήσκειν εόει ονν έν έκ των όνο γενέσθαι, ή άληθεύοντα θεόν πάντας άνελεϊν ή φιλανθρωπενόμενον παραλνσαι τήν άπόφασιν. ״Αλλά βλέπε θεόν σοφίαν * έτήρησεν καί τη άποφάσει τήν άλήθειαν, καϊ τη φιλανθρωπία τήν ενέργειαν, κ. τ. λ . Bus. Dem. Εν. x. 1. Cyr. Alex, de Recta Fide ad Regin. (Opp. T. c. P. ii. p. 132) ; dans Ev. Joh. (Opp. T. iv. p. 100). 114). [Comp. Hilaire dans le Ps. liii. 12 : Passio suscepta volun-tarie est, officio ipsa satisfactura pœnali : Ambroise de Fuga Sæc. c. 7 : (Christus) suscepit mortem ut impleretur sententia, satisficret indiquer par Maledictum carnis peccatricis usque ad mortem. Gieseler, Dogmengesch. 383, trouve la base de la théorie ultérieure de la satisfaction dans Athanase, Cyrille de Jérusalem, et, quoique moins développé, Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nazianze, Cyrille d’Alex, et Chrysostome. Les points sont : Dieu menacé de mort l’homme en guise de punition pour désobéissance. Cette menace ne pouvait pas être inaccomplie, si Dieu est vrai. Mais, d’un autre côté, l’amour de Dieu pour l’homme interdisait la destruction de tous les hommes. C’est ainsi qu’il adopta l’expédient de permettre à Jésus de mourir à la place de l’homme, afin que sa vérité et son amour soient inviolés. Thomasius, Christi Person, iii. p. 191 sq., donne une vue complète de la théorie d’Athanase, comme le plus important dans la littérature patristique — résumé (De Inc. Verbi, 13) : « Le Logos a assumé un corps mortel, afin d’accomplir ainsi la loi pour nous, D’ailleurs, il n’y a pas d’autre moyen d’empêcher que l’immortalité ne soit faite. pour restaurer l’image divine dans l’humanité. Sa mort fut « la mort de tous », la mort de l’humanité », etc.]
5 Cyr. Hier. 1. c. : Celui qui a ainsi péché a justifié l’âme en notre faveur. Chrys. dans Ep. ad Rom. Hom. x. 17 : ״Comme les dix heures vous sont dues Non seulement lui, mais aussi une femme et un enfant, et un prisonnier Pour lui viennent un autre, non seulement les dix oboles, mais une myriade de talents d’or charisaito, et dans les esprits royaux l’a amené prisonnier.... Et il nous est arrivé beaucoup plus de choses que nous n’aurions dû payer pour Christ, Et tant d’autres, je vois une petite mer d’infini vers une course. Sur des idées analogues de Léon le Grand, ainsi que sur toute la théorie de la rédemption, voir Griesbach, Opuscula, p. 98, ss.
6 Il est digne de remarque qu’Augustin en particulier , pour des raisons pratiques, a apporté cette portée éthique de la mort du Christ Pour contrebalancer en quelque sorte la théorie de la rédemption, la théorie de la rédemption facilement misundcr-stood) : Tota itaque vita ejus disciplina morum fuit (de Vera Rcl., ch. 16). Christ est mort, afin que personne n’ait peur de la mort, ni même de la la manière la plus cruelle de mettre à mort les gens ; De Fide et Symb. c. 6 ; De Plongeurs. * Quæst qu. 25 (Opp. T. vi. p. 7). L’amour du Christ manifesté dans sa la mort devrait nous contraindre à l’aimer en retour ; De Catech. Rud. c. 4 : Christus pro nobis mortuus est. Hoc autem ideo, quia finis præcepti et plenitudo legis charitas est, ut et nos invicem diligamus, et quemadmodum ille pro nobis animam suam posuit, sic et nos pro fratribus animam ponamus...... Nulla est enim Major ad amorem invitatio, quam prævenire amando, et nimis durus est animus, qui Dilectionem si nolebat impendere, nolit repcndcre. Voir aussi les extraits de ses Sermons, dans Bindemann, t. II, p. 222. [Comp., aussi, Contra Faust. Manich. xiv. 1 : Suscepit autem Christus Sine reatu suppli-cium nostrum, ut inde solveret reatum nostrum et finiret supplicium nostrum , C£ Comm., dans Gal. iii. 13, cité dans Thomasius (u. 8.), iii. 211.] Comp. Lac-tantius Inst. Div. iv. 23, 88. Basile M. de Spir. S. c. 15.
7 C’est ainsi que Grégoire de Nazianze dit : « Il a as-endé la croix, et m’a pris avec lui, tu as cloué mon péché dessus, tu as triomphé du serpent, sanctifie l’arbre, pour vaincre la convoitise, pour conduire Adam vers le salut, et pour restaurer l’image déchue de Dieu. ...... Orat xlv. 28, p. 867. « Dieu s’est fait l’homme, et il est mort, afin que nous vivions : nous sommes morts avec lui, pour être purifiés ; nous sommes ressuscités d’entre les morts avec lui, puisque nous sommes morts avec lui ; Nous sommes glorifiés avec lui, parce que nous sommes ressuscités avec lui du tombeau. Ullmann, p. 450. Comp. Orat. xxxvi. p. 580, cité par Mün-scher, éd. par von Colin, i. p. 435, et les passages d’Hilaire qui y sont cités , de Trin. ii. 24, et Augustin de Trinitate, iv. 12 [Athan. de Incarn., c. 44. Greg. Nyss. Orat. Cat. c. 16, 32].
8 Comp, dans sa connexion le passage cité d’Athanase dans la note 4. Grégoire de Nysse dit aussi (Orat. Catéch., c. 27), que ce n’est pas seulement la mort du Christ qui a opéré la rédemption de l’homme, mais aussi la circonstance qu’il a conservé une personnage sans tache dans tous les moments de sa vie . .μολυνθει-σης τή άμαρτίμ της ανθρώπινης ζωής (τόν Χρίστον) έν άρχή τε kcù τελευτή και τοις διά μέσου πασιν έδει διά πάντων γενέσθαι τήν εκπλύνον-σαν δυναμιν, καί μή τω μέν τι Θεραπεΰσαι τω καθαρσιω τό dt περίιδειν άΟεράπευτον. Augustin, De Vera Rel., c. 26, représente le Christ comme le second Adam, et l’oppose comme l’homo justitiæ avec l’homo peccati ; comme le péché et la ruine en sont les effets de notre connexion avec Adam, de sorte que la rédemption est l’effet d’une union vivante avec le Christ Comp. De Libero Arbitrio iii. 10 ; De Consensu Evang. i. c. 35, où il place l’essence réelle de la rédemption dans la manifestation de la Dieu-homme. De la même manière, l’œuvre de la rédemption est résumée par Grégoire le Grand, Mor. XXI. 6 : Ad hoc Dominus appa-mit in carne, ut humanam vitam admonendo excitaret, exemplo præbendo accenderet, moriendo redimeret, resurgendo repararet ; Comp. Lau, p. 435. C’est pourquoi Baur dit (1. c. p. 109, 10) : « Que la réconciliation de l’homme avec Dieu, comme l’incarnation de Dieu dans le Christ, et les conséquences qui en découlent conscience de l’union du divin avec l’humain, constitue la principe général supérieur, y compris tous les détails, qui a été adopté par les théologiens de ce temps-là... .. C’est ainsi que s’est formée une théorie de l’expiation, que nous pouvons appeler mystique, en tant qu’elle est fondée sur une vue d’ensemble du sujet, plutôt que sur des définitions dialectiques ? [Baur, Dogmengesch. p. 190. Le principal contraste avec ce point de vue mystique se trouve dans le Ariens et Apollinaires ; le premier mettant à nu la réconciliation proclamation du pardon des péchés (pas de véritable médiation entre Dieu et l’homme), et celui-ci à l’image du Christ. — Les vues mystiques et morales sont unis en Théodore de Mopsueste ; la rédemption est l’achèvement de la nature humaine, ce qui est en Adam qui ne se trouve que dans l’idéal (dans l’idée), est en Christ parfaitement réalisé. Il se compose de non pas tant dans l’élimination du péché et de la culpabilité, que dans la participation à ce que Le Christ, par sa résurrection, est devenu pour nous l’immortalité et une absolument immuable vie divine, par l’union avec le Christ. Comp. Fritzsche, Théod. Ep. Vadrouilles, p. 55 sq.]
9 C’est ainsi que Grégoire de Nazianze, Orat xxxiii, p. 536, numérotait les spéculations sur la mort du Christ parmi ces choses, sur lesquelles il est utile d’avoir des idées justes, mais non dangereux de se tromper, et les a mis sur le même plan avec les questions concernant la création du monde, la nature de la matière et de l’âme, résurrection, jugement général, etc. Comp. Baur, p. 109. — Eusèbe de Césarée (Demonstr. Evang. iv. 12) se contente d’énumérer diverses raisons pour lesquelles la la mort du Christ, sans les mettre en relation. Christ est mort, 1. En ordre pour prouver qu’il est le Seigneur des vivants et des morts ; 2. Pour l’échanger du péché ; 3. Pour expier le péché ; 4. Détruire la puissance de Satan ; 5. Donner disciples une preuve visible de la réalité de la vie à venir (par sa résurrection) ; et 6. Pour abroger les sacrifices de l’Ancien Test, la dispensation.
Les théologiens les plus anxieux devaient invoquer les raisons qui avaient conduit le Christ à souffrir, d’autant plus naturel de se demander si Dieu aurait pu accomplir la l’œuvre de la rédemption d’une autre manière, Augustin rejette ces questions oiseuses à la manière d’Irénée ; De Agone Christi, c. 10 : Sunt autem stulti, qui dicunt : Non poterat aliter sapientia Dei homines liberare, nisi susciperet hominem, et nasceretur ex fomina, et a peccatoribus Omnia ilia pateretur. Quibus dicimus : poterat omnino sed si aliter faceret, similiter vestroe stultitioe displiceret. [Aug׳. de Trin. xiii. 10 . Greg. Naz. Orat, ix, p. 157. Greg. Nyssa, Orat Cat c. Basile le Grand (Hom. in P8. xlviii. § 3) soutenait que la mort de l’homme-Dieu était nécessaire pour accomplir le salut de l’espèce martienne. D’autre part , Grégoire le Grand concède que la mort du Christ n’était pas absolument nécessaire, puisque nous pouvions ont été délivrés de la souffrance par d’autres moyens ; mais Dieu a choisi cette voie, en en même temps de mettre sous nos yeux le plus haut exemple d’amour et de abnégation; Morale, xx. c. la 3G ; Lau, p. 445. [Mais comparez Moralia, xxii. 40.] On trouvera d’autres détails dans Münscher, Handbuch, iv. p. 292, ss. ; Baur, p. 85. Rufin donne une interprétation mystique des différents éléments séparés de la passion du Christ, Expos. Sy mb. Ap. p. 22, par.
En ce qui concerne l’étendue de l’expiation, on peut observer que Didyme d’Alexandrie (sur 1 Pierre, iii. 22, dans Gallandii Bibl. PP. t. iv. p. 325 : Pacificavit enim Jesus per sanguinem crucis suæ quæ in cœlis et quæ in terra sunt, omne bellum destruens et tumultum), et Grégoire de Nysse, dans une certaine mesure (Orat. Catéch., c. 25, où il parle de πάσα κτίσις), a ravivé l’idée d’Origène, que les effets de la mort du Christ n’étaient pas limités à ce monde, mais étendu sur tout l’univers ; Gregory a également affirmé que L’œuvre de la rédemption n’aurait pas été nécessaire, si tous les hommes avaient été saints comme Moïse, Paul, Ézéchiel, Élie et Isaïe (Contra ApoIlin. iii. p. 263). [Cyrille de Jérusalem, De recta fide ; L’injustice du pécheur n’était pas aussi grande que la justice de celui qui a donné sa vie pour nous. Chrysoste. Ep. ad Rom. Hom. x. ; Christ a payé beaucoup plus pour nous que nous n’étions redevables, autant plus que la mer est plus qu’une goutte d’eau.] Le point de vue opposé a été adopté par Augustin, qui, conformément à sa théorie, pensait que tous les hommes avaient besoin de la rédemption, mais en limitant l’étendue de l’expiation ; comp, les sections précédentes sur la doctrine du péché originel et sur la prédestination ; et Contra Julian vi. c. 24 . Léon le Grand, au contraire, a élargi l’étendue de l’expiation, Ep. 134, c. 14 : Efiusio sanguinis Christi pro injustis tam fuit dives ad pretium, ut, si universitas Captivorum in redemptorem suum crederet, nullum diaboli vincula répugnant. — D’après Grégoire le Grand, la rédemption s’étend jusqu’aux êtres célestes ; Morale, xxxi. vers 49. Lau, p. 431.
Un représentation dramatique du Descensus ad Inferos (que l’on trouve pour la première fois dans les confessions ecclésiastiques, dans la troisième formule de Sirmiau, 359), à l’imitation de l’Evang. Nicodemi, est donné dans le discours : De Adventu et Annunciatione Joannis (Baptistæ) apud inferos, communément attribué à Eusèbe d’Emisa ; comp, aussi Epiphanius, dans Sépulcre. Christi. Opp. ii. à la p. 270 ; Auguste édition d’Eusèbe d’Émise, p. 1, 88. Sur la question de savoir si le système de Apollinaire a fait introduire ladite doctrine dans la maison des Apôtres. Credo, ainsi que sur la relation dans laquelle ils se trouvaient l’un par rapport à l’autre, voir Neander, Church Hist. (Torrey), ii. 433, note ; et particulièrement Hist. Dogm. (Ryland), p. 100. 323. [Cette affirmation comporte un anachronisme. Il est certainement difficile de voyez comment Apollinaire pourrait y donner son assentiment ; Pourtant, nous ne sommes pas justifiés en affirmant qu’il ne l’a pas reconnu, bien qu’Athanase ne le fasse pas S’y référer spécialement »] C’est une remarque frappante de Léon le Grand (Senn. Ixi. dans Perthel, p. 153, note), que, pour l’amour des disciples, la durée de cette l’état intermédiaire a été contracté autant que possible, de sorte que sa mort ressemblait plus au sommeil (sopor) qu’à la mort.
Enfin, l’affirmation « sur l’appropriation subjective des mérites du Christ par le chrétien individuel ont été rendus conformes aux vues ci-dessus et aux définitions anthropologiques (§ 107 à 114). Comp. Münscher, Handbuch, iv. p. 295, 319. Ce qui est certain, c’est que les bienfaits de la L’expiation se rapporte principalement aux conséquences du péché originel, et que, par conséquent, elles sont parvenues dans toute leur plénitude aux baptisés. Comment maintenant, les péchés commis après le baptême sont expiés par la mort de Jésus, ou si cette satisfaction doit être trouvée ailleurs, il n’y a pas là de réponse satisfaisante. Comp. Lau, Greg. d. Grosse, p. 430, 458.
§ 135.
Deux causes ont contribué à déterminer la doctrine sur l’Église : 1. L’histoire extérieure de l’Église elle-même, sa victoire sur le paganisme et sa montée en puissance sous la protection de l’État. 2. La victoire de l’augustinisme sur les doctrines des pélagiens1, des manichéens2 et des donatistes3, qui menaçaient de différentes manières de détruire l’unité ecclésiastique. Le dernier système puritain et séparatiste, comme celui de Novatien dans la période précédente, soutenait que l’Église n’était composée que de saints. En opposition à eux, à la suite d’Optatus de Mileve4, Augustin affirmait que l’Église se compose de la somme totale de tous ceux qui sont baptisés, et que la sainteté (idéale) de l’Église n’était pas altérée par les éléments impurs qui lui5 étaient extérieurement liés. Les évêques de Borne imprimèrent alors à ce catholicisme l’empreinte de la hiérarchie pontificale, en revendiquant déjà pour eux-mêmes la primauté de Pierre6. Mais si différentes que fussent les opinions des hommes de ce temps-là sur le siège et la nature de la véritable Église, la proposition établie par les théologiens précédents, qu’il n’y a pas de salut hors de l’Église, fut fermement suivie et mise en œuvre dans toutes ses conséquences.7
1 Les Pélagiens étaient dans cette Ils ne sont pas ecclésiastiques, car, dans leur manière abstraite de voir les choses, ils ne considéraient que l’individu chrétien comme tel, et négligeaient le lien mystérieux entre l’individu et la totalité. Leurs idées éthiques strictes conduisaient nécessairement au puritanisme ; d’où le synode de Diospolis (apr. J.-C. 415) reprochait à Pélage d’avoir dit : ecclesiam hic esse sine macula et ruga ; Augustin de Gestis Pelagii, c. 12. Avant cette époque, quelques chrétiens de Sicile, qui, en général, étaient d’accord avec les pélagiens, avaient affirmé : Ecclesiam hanc esse, quæ nunc frequentatur populis et sine peccato esse posse ; Août. Ép. clvi.
2 Les manichéens, en séparant les Electi des autres (Auditores), ont donné leur approbation au principe d’une ecclesiola in ecclcsia, et en outre le grand corps de l’église manichéenne elle-même formait, en tant qu’unique monde élu de la lumière, un contraste dualiste avec la vaste masse matérielle (hylozoïste) de l’obscurité ité. « L’Église manichéenne est par rapport au monde ce que le cercle restreint des Electi est par rapport à l’assemblée plus large des Auditores ; Ce qui est encore diversement divisé et séparé dans le second, a son point central d’union dans le premier. Baur, Manich. Système de religions, p. 282.
3 Sur l’histoire extérieure des donatistes, comp., les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique [et en particulier F. Ribbeck, Donatus und Augustinus, oder der erste entscheidcnde Kampf zwischen Separatismus und d. Kirche. Elberfeld, 1857. A. Roux, De Augustin Adversario Don. 1838]. Sources : Optatus Milevitanus (vers l’an 368), De Schismate Donatistarum, ainsi que le Mouumenta Vctt. ad Donatist. Hist pertinentia, éd. L. E. Du Pin , par. 1700, ss. (Opp· Aug. T. ix.) Valesius, De Schism. Donat, dans l’Appendice d’Eusèbe. Norisius (édité par les frères Ballerini), Ven. 1729, iv. fol. Walch, Ketzergcschichte, vol. iv. En ce qui concerne la dérivation du nom (est-ce de Donatus a casis nigris, ou de Donat M. ?), voir Neander , Church History, ii. 187. La question de savoir si Cécilien pouvait être investi de la charge épiscopale, après avoir été ordonné par un traditeur, et l’élection d’un autre évêque en la personne de Majorinus, amenèrent de nouvelles discussions dogmatiques sur la pureté de l’Église. Dans l’opinion des donatistes, l’église doit être pure (sine macula et ruga). Il doit donc exclure, sans exception, les membres indignes (1 Cor. v. et surtout des passages de l’Ancien Test.). Lorsque les adversaires des donalistes firent appel à la parabole de l’ivraie et du blé (Matth., xiii), ceux-ci l’appliquèrent (selon l’interprétation même de notre Sauveur) au monde et non à l’Église . Augustin, cependant, affirmait, mundum ipsum appel-latum esse pro ecclesiæ nomine.
4 Sur les opinions d’Optatus (qui sont exposées dans le second livre de son traité : De Schismate Donatistarum), voir Rothe, Anfânge der christlichen Kirche, p. 677, 88. Il développa les vues de Cyprien. Il n’y a qu’une seule église. Il a cinq ornements ou dotes : 1. Cathedra (l’unité de l’épiscopat dans les Cathedra Petri) ; 2. Angélus (l’évêque lui-même) ; 3. Spiritus Sanctus ; 4. Fons (baptême) ; 5. Sigilluin , c’est-à-dire Symbolum catholicum (d’après Sol. Song, iv. 12). Ces points se distinguent des sancta membra ac viscera de l’Église, qui lui paraissent d’une plus grande importance que les points eux-mêmes. Ils consistent dans les sacrements et nomina Trinitatis.
5 Augustin composa un traité séparé, intitulé : De Unitate Ecclesiæ, sur ce sujet. Il procédait, non moins que les donatistes, sur le principe de la pureté de l’Église, et préconisait un exercice rigoureux de la discipline ecclésiastique ; Mais cela ne doit pas conduire au dépeuplement de l’Église. Certains éléments entrent dans la composition de la maison de Dieu qui ne forment pas la structure de la maison elle-même ; certains membres du corps peuvent être malades, sans qu’il soit jugé nécessaire de les couper immédiatement ; mais la maladie elle-même n’appartient pas plus au corps que la balle qui est mélangée avec le blé n’en fait partie. Augustin fait une distinction entre le corpus Domini verum et le corpus Domini permixtum seu simulatum (de Doctr. Christ iii. 32), qui se trouve en relation avec une vision négative de la nature du mal. Multi sunt in sacranientorum communione cum ecclesia et tamen jam non sunt in ecclesia (De Unit. Eccles. 74).♦
♦ Dans la pêche miraculeuse, l’une avant et l’autre après la résurrection du Christ (Luc V et Jean xxi.j), Augustin trouve des types de « l’Église ici-bas et dans l’au-delà ; Sermo 248-252 (Opéra, Tom. v.). Comp. Bindemann, il 187 sq.
Le grammairien Tichonius adopta un point de vue intermédiaire, à savoir qu’il y a un corpus Domini bipartitum, dont une partie se compose de vrais chrétiens, l’autre de chrétiens apparents ; voir Atw^/cr, Church Hist. ii. p. 210. La nécessité d’être lié extérieurement à l’Église est exposée par Augustin de la même manière que par Tcrtullien et Cyprien ; De l’unité. Eccles, c. 49 : Habere caput Christum nemo poterit, nisi qui in ejus corpore fuerit, quod est ecclesia. Ép. xli. § 5 : Quisquis ab hac catholica ecclesia fuerit separatus, quantumlibet laudabiliter sc vivere existimet, hoc solo scelere, quod a Christi unitate disjunctus est, non habebit vitam, sed Dei ira manebit super earn. Il en est de même de Grigori le Grand ; voir Lau, p. 470.
« Tout autre que l’Église empiriquement existante qu’Augustin ne pouvait concevoir, malgré les concessions qu’il était obligé de faire. Jovinien, au contraire, vivait dans l’idée abstraite de l’Église intérieure suprasensible, à laquelle nous n’appartenons que par le baptême de l’Esprit ; Bitur, Dogmen-gesch. p. 19G. Neander, Hist. Dogm., p. 395-397, dit que la distinction entre l’Église visible et l’Église invisible a pu conduire à un accord entre Augustin et les donatistes. Augustin s’efforça d’établir la distinction, mais il craignait d’aller jusqu’au bout de l’idée, et ses notions devinrent obscures. Il a parlé de ceux (De Bapt, iv. 1-4) qui sont dans la maison de Dieu per communionem sacranientorum, et de ceux qui sont en dehors de la maison, per perversitatem niorum. et de l’unité. Eccles. 74 : Multi sunt in sacranientorum communione cum ecclesia, et tamen jam non sunt in ecclesia. De plus, « ceux qui paraissent être dans l’Église, et qui contredisent Christ, et par conséquent n’appartiennent pas à cette Église qui est appelée le corps de Christ. » — Dans le jovinien (Cf. Hieron. contra Jovinian. B. Lindner, De Joviniano et Vigilantio, etc.), on discerne un élément protestant. u C’est dans cet esprit qu’il fit la guerre à l’hypocrisie, à l’échelle quantitative des mœurs, à la censilia evangelica ; il a mis l’accent sur le principe d’une foi vivante et sur l’unité du principe de la vie chrétienne. « L’Église, dit-il, est fondée sur la Foi, l’Espérance et l’Amour ». Dans cette église, il n’y a rien d’impur ; tout le monde est instruit de Dieu ; personne ne peut s’y introduire par la violence, ni s’y introduire par l’artifice. « De même que Jovinien enseignait la doctrine paulinienne de la foi, il faisait de même l’idée paulinienne de l’Église invisible, tandis qu’Augustin empêchait le développement de son idée fondamentale similaire par un mélange avec l’idée catholique de l’Église. »
6 Léo M. Sermo I. in Natale Apostolorum Petri ct Pauli : Ut menarrabilis gratiæ per totum mundum difiunderetur efiectus, Romanum regnum divina providentia præparavit, etc. Comp. Sermo II. (al. iv. 3) : Transivit quidem in Apostolos alios vis illius potestatis, sed non frustra uni commendatur, quod omnibus intimetur. Petro enim singulariter hoc creditur, quia cunctis ecclesiæ rectoribus proponitur. Manet ergo Petri privilegium, ubicunque ex ipsius fertur æquitate judicium ; nec nimia est vel severitas vel remissio, ubi nihil erit legatum, nihil solutum, nisi quod Petrus aut ligaverit, aut solvent Comp. Perthel, 1. c. p. 237, note 4, et les passages qu’il a cités.
7 Comp. § 71. Lactance fait la même assertion, bien qu’il ne soit pas à tous égards ecclésiastique ; Div. instit. iii. 30. — IV. 14. ab init. : Hæc est domus fidelis, hoc immortale templum, in quo si quis non sacrificaverit, immortalitatis præmium non habebit. Rufin, cependant, n’exige pas encore de marées dans l’Ecclcsiam, et distingue ainsi très clairement la foi en l’Église de la foi en Dieu et en Christ, Expos. Fid. 26, 27. Grégoire le Grand considère l’Église comme la robe du Christ, comme les âmes individuelles sont aussi la robe de l’Église ; Morale, xx. c. 9. C’est la civitas Domini, quæ regnatura in cœlo adhuc laborat in terra ; Ezech. Lib. ii. Hom. 1 ; comp. Zazz, p. 468 sq. On disait que les hérétiques étaient au-delà de l’Église, mais pas au-delà de celui du christianisme ; Ils étaient accusés de foi défectueuse (kakopistia), et non de tout manque de foi (apistia). Augustin les appelle quoquomodo Christiani ; De Civ. Dei 18, c. 51. Comp. Marheineke (dans Daub’s Studien, 1. c.) p. 186.
§ 136.
L’idée des saints sacrements a été définie et limitée plus précisément à cette époque ; ce sont les organes par lesquels l’Église agit sur le chrétien individuel et transmet aux membres la plénitude de la vie divine qui l’habite. Augustin y voyait l’union mystérieuse du Verbe (transcendant) avec l’élément extérieur (visible)1, mais il n’exprimait pas d’opinion définitive sur le nombre des sacrements.2 Le Pseudo-Denys (au Ve siècle) parlait déjà de six mystères ecclésiastiques3, mais même à l’époque actuelle, l’importance principale était attachée au baptême et à la Cène du Seigneur4.
1 Augustin, Serm. 272 (Opp. T. v. 770) : Dicuntur Sacramenta, quia in eis aliud videtur, aliud intelligitur. Quod videtur, speciem habet corporalem : quod intelligitur fructum habet spiritalem ; c’est ce qui a donné lieu à la définition de l’école augustinienne (dans Ev. Joh. Tract. 31. c. 15, et De Cataclysme) : Accedit verbum ad elementum et fit sacramentum. La grâce agit à travers les sacrements, mais elle ne s’y limite pas nécessairement (cf. Lévit. Lib. III. Quæs-tio, 84). [Quomodo et Moïse sanctificat et Dominas ? Non enim Moïse pro Domino, sed Moïse visibilibus sacramentis per ministerium suum ; Domi-nus autem invisibile gratia per spiritum sanctum, ubi est totus fructus etiam visibilium sacramentorum. — De Catechiz. Rudibus, 50 : Sacramenta signacula quidem rerum divinarum esse visibilia, sed res ipsas invisibiles in eis hono-rari. — Neander, dans son Hist. Dogm. p. 399, dit que, selon saint Augustin, il n’y avait qu’une seule Justificatio, qui était préfigurée dans l’Ancien Testament. Des signes sensibles sont nécessaires dans une communauté religieuse ; mais ceux-ci ne peuvent avoir aucun effet sur l’esprit : ils ne peuvent pas donner la sainteté et la justification, mais seulement servir de signes et de véhicules à la grâce divine, qui est la seule source de justification. Baur, Dogmengesch, 193, dit d’Augustin qu’il a mis l’essence du sacrement dans la distinction d’un élément double, un sensible et un suprasensible, liés comme le sont le signe et la chose signifiée, et ce qui sert de médiateur entre eux, c’est le verbe. La tendance rationnelle des ariens a montré son antagonisme avec les vues dominantes dans la position d’Eunomius, selon laquelle le véritable mystère essentiel de la piété ne se trouve pas dans les symboles mystiques, mais dans les doctrines précises ; dans Greg. Nyss. c. Eunomium xi. Ed. Paris, 1638, T. ii. p. 704.]
2Augustin, ne comptait pas seulement le mariage (« sacramentum nuptiarum », De Nupt. et Concupiscentia, i. 11), et les ordres sacrés (« sacramentum dandi baptism um », De Baptism, ad Donatist. i. 2, et Contra Parmen, ii. 30), mais aussi parfois d’autres cérémonies sacrées parmi les sacrements (le mot pris dans un sens plus large), dans la mesure où il entendait sacramenturn, omne mysticum sacrumque signum. C’est ainsi qu’il applique (De Peccat Orig. c. 40) le terme sacrement à l’exorcisme, à l’expulsion et à la renoncement, du diable au baptême ; et même aux rites de l’Ancien Testament : circumcisio carnis, sabbatum temporale, neomeniæ, sacrificia atque omnes hujusmodi innumeræ observât !ones ; Expos. Epist. ad Galat. c. iii. 19. (Opp. iii. P. ii. p. 692). Comp. Wiggers, Augustin und Pel., t. I, p. 9, note. Qu’il ait si constamment adopté le nombre quatre peut peut-être s’expliquer par la préférence générale qu’il a donnée à l’aristotélisme (c. Ep. Parm. ii. c. 13). Neander, Church Hist ii. p. 663, 664. Léon le Grand employait aussi le terme sacramentum en référence aux choses les plus hétérogènes, comp. Perthel, p. 219, note ; et Grégoire le Grand l’a utilisé tantôt dans un sens plus complet, tantôt dans un sens plus restreint, comp. Lau, p. 480.
3 De Hier. Eccles, c. 2-7. 1 . Baptême (μ. φωτίσματος) ; 2 . La Cène du Seigneur (μ. συνάξεως, ειτ9 ουν κοινωνίας) ; 3. Onction (confirmation ? μ, τελετής μύρου) ; 4 . Ordres sacrés (μ. τών Ιερατικών τελειώσεων) ; 5 . ΑΙοηα-chisme (μ. μοναχικής τελειώσεως), qui a ensuite cessé d’être compté parmi les sacrements ; 6 . Les rites accomplis sur les morts (μ. ετϊ τών Ιερώς κεκοιμημένων — ils n’étaient pas les mêmes que l’onction dont il s’agissait ne s’appliquait pas aux mourants, mais au cadavre ; mais il y avait quelque analogie entre l’un et l’autre). — Le mariage, au contraire, dont parle saint Augustin, manquait dans cette liste.
4 C’est ce qu’ont fait , par exemple , Augustin, Sermo 218, 14 : Quod latus, lancea percussum, in terram sanguinem et aquam manavit, procul dubio sacramenta sunt, quibus formatur ecclesia (De Sy mb. ad Catech., c. 6) ; et par Chrysostome dans Joh. Hom. 85. (Opp. T. VIII. p. 545), qui attribuait la même signification au même événement. — Sur la relation des sacrements du Nouveau Testament avec ceux de l’Ancien, voir Augustin De Vera Bel. vers 17
§ 137.
Les notions développées dans la période précédente concernant la haute importance et l’efficacité du baptême ont été plus pleinement mises en pratique dans le présent, d’une manière rhétorique, par Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse 1, et définies avec plus de précision dogmatique par Augustin.2 Ni le baptême de sang, ni celui de larmes, n’ont perdu leur signification3. Les théologiens de l’Église grecque défendaient avec zèle le baptême des enfants, tandis qu’Augustin le mettait en relation plus intime avec la doctrine du péché originel (par opposition aux Pélagiens), et l’apportait comme une preuve supplémentaire de ladite doctrine5. Le salut a-t-il été refusé aux enfants non baptisés6. En ce qui concerne le baptême des hérétiques, Basile le Grand et Grégoire de Nazianze ont suivi les vues de Cyprien ; bien que Grégoire n’ait pas fait dépendre la validité du baptême de la valeur de la personne qui accomplit la cérémonie7. Mais par l’influence d’Augustin, le mode adopté par l’Église romaine est devenu, avec quelques modifications, le mode le plus répandu8. Les donatistes continuèrent d’insister sur la nécessité de rebaptiser les hérétiques.9 Le baptême des manichéens consistait en une sorte de lustration tout à fait différente du baptême de l’église catholique.10 Parmi les ariens stricts, les Eunomiens se distinguaient de l’Église orthodoxe en baptisant non pas au nom de la Trinité, mais au nom de la mort du Christ ?11
1 Tous trois ont composé des discours séparés sur le baptême. Basile, M., de Bap-tismo (Opp. T. ii. p. 117) ; Greg. Naz. Ou 40 ; Greg. Nyss. de Bapt Christi (Opp. T. iii. p. 371׳). Grégoire de Nazianze a donné un certain nombre de noms différents au baptême chrétien, qu’il a soigneusement distingués des bap-tismes de Moïse et de Jean : τό φώτισμα λαμπρότης έστί ψυχών, βίου μετά-Θεσις, έπερώτημα της είς Θεάν συνειδήσεως (1 Pet iii. 21). τύ φώτισμα βοή θεια τής ασθένειας τής ήμετέρας* τό φώτισμα σαρκός άπόθεσις, πνεύμα-τος άκολούθησις, λόγον κοινωνία, πλάσματος έπανόρΘωσις, κατακλυσμός αμαρτίας, φωτός μετουσία, σκοτών κατάλνσις׳ τό φώτισμα όχημα πρός θεόν, σννεκδ7]μία Χρίστον, έρεισμα πίστεως, νον τελείωσις, κλεΐς ουρανών βασιλείας, ζωής άμειψις, δουλείας άναίρεσις, δεσμών εκλυσις, συνθέσεως μεταποίησις׳ τό φώτισμα, τί δει πλείω καταριθμεΐν; τών τού Θεόν δώρων τό κάλλιστον και μεγαλοπρεπέστατου, ώστερ άγια άγιων καλείται τινα... ούτω καί αυτό παντός άλλών τών παρ' ήμϊν φωτισμών όν άγιώτερον , καλείται δε ώσπερ Χριστός, ό τούτον δοτήρ, πολλοΐς καί διαφόροις όνόμα-σιν, ούτω δέ καί τό δώρημα, κ. τ. λ. Il a également répété les appellations autrefois utilisées, telles que λοντρον, σφραγϊς, etc. « Voici la pensée principale sur laquelle se fonde cette abondance de noms : toutes les bénédictions du christianisme apparaissent, pour ainsi dire, concentrées en un seul point dans le baptême, et sont dispensées toutes ensemble en un seul instant » ; mais tous ces noms ne peuvent s’appliquer au baptême que dans la mesure où la personne à baptiser possède la bonne disposition, sans laquelle personne ne peut entrer dans le royaume des cieux, fondé par Christi Ullman, p. 461, où sont donnés les autres passages relatifs à ce sujet. Pour prouver la nécessité du baptême, saint Grégoire parle encore d’une triple naissance de l’homme (Or. 40, 2, ab init.), à savoir la naissance naturelle ( τήν έκ σωμάτων), celle par le baptême, et celle par la résurrection. Le premier est de la nuit, est servile et lié aux convoitises (νυκτερι/τη τέ Ιστι teal δούλη καϊ ίμπαθής) ; le second est clair comme le jour et libre, délivre des convoitises et élève à une vie spirituelle supérieure (ή δε ήμερινή καί έλευθέρα κα�ρ � λυτική παθών, παν τδ αύτο γενεσεως κάλυμμα περιτέμνουσα, καϊ προς την άνω ζωήν Ιπανάγουσα)..— Sur Basile le Grand comp. Klose, p. 67, par. ; sur Grégoire de Nysse voir Rapp, p. 232, ss. Comp., aussi Cyril Hier. Chat. XVII, c. 37 ; il attribuait au baptême non seulement la vertu d’ôter le péché (du point de vue négatif), mais aussi celle d’une élévation miraculeuse des puissances de la vie ; Chat. III. 3, xix. xx . Cyril Alex. Comm., dans Joh., Opp. T. iv. p. 147. [Af«w4rc7/er, éd. par von Colin, i. p. 462, 463.]
2Augustin, Ep. 98, 2 : Aqua exhibens forinsecus sacramentum gratiæ et spiritus operans intrinsecus beneficium gratia, solvens vinculum culpæ, recon-cilians bonum naturæ, regenerans hominem in uno Christo, ex uno Adam generatum. La concupiscence subsiste même chez ceux qui sont baptisés, quoique leur faute soit pardonnée ; De Nupt. et Concup. i. 28 (c. 25) [Enchir. ad Laur. 43 et 64].—Lie qui n’est pas baptisé ne peut obtenir le salut. Quant au larron qui a été admis par le Christ dans le paradis sans baptême, Augustin a supposé qu’il avait été baptisé de sang au lieu d’eau ; ou bien il aurait pu être baptisé de la joie qui coulait du côté de Jésus ( !), à moins qu’on ne supposât qu’il avait reçu le baptême à une époque antérieure ; De Anima et ejus Origine i. 11 (c. 9.), ii. 14(c. 10.), 16, c. 12. D’après Léon le Grand, l’eau baptismale qui est remplie de la Sainte hostie est par rapport à l’homme régénéré, ce que le sein de la Vierge rempli du même Esprit était par rapport au Rédempteur sans péché, auquel elle a donné naissance ; Sermo 24. 3; 25. 5 (dans Griesbach, p. 153). Comp. Perthel, p. 213 sq.
3 Ainsi Grégoire de Nazianze ajoute un quatrième baptême aux trois déjà mentionnés (à savoir, les baptêmes de Moïse, de Jean et du Christ), celui du martyre et du sang dont le Christ lui-même a été baptisé ; ce baptême surpasse les autres, puisqu’il est d’autant moins souillé de péché. oui (ajoute-t-il) j’en connais même un cinquième, c’est-à-dire celui des larmes (τό των δακρύων), mais c’est encore plus difficile, parce qu’il faut mouiller sa couche toutes les nuits avec des larmes ; Orat. xxxix. 17, p. 688. Combien de larmes devons-nous verser avant qu’elles n’égalent le flot du bain baptismal C Orat. lx. 9, p. 696. Ullmann, p. 459, 465, 480.
4 Grégoire de Nazianze (Orat. lx.) s’opposa au retard du baptême, qui avait son fondement en partie dans la déférence pour le sacrement, en partie dans des tendances perverses et immorales, en partie dans des préjugés absurdes.♦ Comp. Ullmann, p. 466, ss. Au sujet du baptême des enfants, il a déclaré [Ullm. p. 713) « qu’il valait mieux qu’ils fussent sanctifiés sans leur propre conscience, que de s’en aller sans être ni scellés ni consacrés » (ή άπελ-θεΐν ασφράγιστα καϊ άτέλεστα). À l’appui de son point de vue, il invoqua le rite de la circoncision, qui était un type de baptême et qui s’accomplissait le huitième jour (comp., l’opinion de Fidus, § 72, note 6) ; aussi à frapper le sang sur les montants des portes, etc. » Grégoire, néanmoins, pensait que les enfants en bonne santé pouvaient attendre jusqu’à la troisième année, ou quelque part à peu près. parce qu’ils seraient alors capables d’entendre et de prononcer quelque chose des mots (μυστικόν τι) utilisés lors de l’accomplissement du rite, bien qu’ils ne les comprennent pas parfaitement, mais n’en aient qu’une impression générale (τυπούμενα). Son jugement, cependant, était modéré à l’égard des enfants qui meurent avant le baptême, parce qu’il distinguait bien entre le retard intentionnel et le retard involontaire. Pourtant, il n’a pas accordé qu’ils obtiendraient le salut permanent. Comp. Ullmann, 1. c.
♦ Comp. e. g., les Confessions d’Augustin, i. c. 11. Grégoire de Nysse s’opposa également au retard dans un discours séparé, πρ^ς τονς βραόννοντας είς το βάπτισμα (Opp. Τ. ϋ. ρ. 215) ; Chrysostome utilise un langage similaire. Comp. Néandre, Chrysostome, i. p. 6, et 74-77. A. F. B’dsching, De Procrastinations Baptism ! apud Veteres ejusque Causis. Halæ, 1747.4.
5 Que Grégoire n’ait pas, comme Augustin, établi un lien intime entre le baptême et le péché originel, c’est ce qui ressort de son affirmation (Orat. 40, cité par Ullmann, p. 476), que les péchés commis par les enfants par ignorance ne pouvaient leur être imputés à cause de leur âge tendre. Comp., ce que Chrysostome a dit à ce sujet d’après la citation de Julien donnée par Néandre, Hist. de l’Église, II. p. 666 : Hac de causa etiam infantes baptizamus, cum non sint coinquinati peccato, ut eis addatur sanctitas, justitia, adoptio, hæreditas, fraternitas Christi, ut ejus membra sint ; les opinions de Théodore de Mopsucstia y sont également mentionnés.♦ Augustin n’a pas combattu les Pélagiens parce qu’ils rejetaient le baptême, mais parce qu’ils n’ont pas tiré les mêmes conclusions du rite en question, qu’il en a tirées. Les Pélagiens admettaient que le dessein du baptême était la remissio peeeatorum, mais ils entendaient par là la rémission des péchés futurs. Julien alla jusqu’à anathématiser ceux qui ne reconnaissaient pas la nécessité du baptême des enfants ; Opus. imp. contra juil. iii. 149. « Bien que les Pélagiens aient pu être facilement amenés par leurs principes à attribuer une signification purement symbolique au baptême, en tant que rite extérieur, cependant, à cet égard, comme à beaucoup d’autres, ils ne pouvaient pas développer leur système entièrement indépendant de la tradition ecclésiastique de leur temps ; ils s’efforçaient donc de la concilier de la meilleure manière possible avec leurs principes, qui devaient leur origine à des causes tout à fait différentes » Neander, Church Hist. ii. p. 668. Le baptême a reçu une importance dogmatique plus élevée de la doctrine augustinienne du péché originel. L’affirmation de sa nécessité est l’un des points de différence entre Augustin et Pélage. Baur, u. 8. p. 193.]
♦ Néandre fait remonter la différence d’opinion existant entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident au sujet du baptême à leur manière différente de voir la doctrine de la rédemption ; la première considérait plutôt l’aspect positif, la seconde l’aspect négatif. [L’aspect positif est l’ennoblissement de la nature humaine ; le négatif le rapport au péché. « En conséquence, en Orient, le baptême était considéré principalement comme indiquant l’élévation à un stade supérieur, pour lequel les forces originelles de l’homme n’étaient pas suffisantes. » Grégoire de Nazianze. dit : « C’est une création plus divine, quelque chose de plus élevé que les dons originels de la nature », etc.]
6 En ce qui concerne les enfants qui meurent sans avoir été baptisés , Pélage s’exprime en termes prudents (quo non eant, scio, quo eant, nescio). [Pélage, pour ne pas être obligé de dire que les enfants non baptisés étaient perdus, a fait une distinction entre la vie éternelle et le royaume des cieux, ou la béatitude en général et la béatitude des chrétiens (Aug. de Pecc. Orig. c. 21 ; De Pecc. Mer. 1, 18). Les Pélagiens ne pouvaient pas reconnaître dans le cas des enfants un baptême pour le pardon des péchés ; ils ne pouvaient que s’y rapporter à la sanctification dans le Christ (August, c. duas Ep. Pelagii). Comp. Baur, 10c. cit] Ambroise d’Abrah. ii. 11, avait précédemment enseigné : Nemo montez in regnum cœlorum, nisi per sacramentum baptismatis. Nisi enim quis renatus fuerit ex aqua ct spiritu sancto, non jjotest introire in regnum Dei, Utique nullum * excipit, non infantem, non aliqua præventum necessitate. Uabeant tamen illam opertam pœnarum iminunitatcm, nescio an habeant regni honorera. Comp. Wiggers, t. I, p. 422. Les vues d’Augustin sur ce point furent d’abord plus modérées, De libero Arb., III, c. 23 ; mais ensuite il fut forcé, par les conséquences logiques de son propre système, d’employer des expressions plus dures. Son argumentation est la suivante : Tout homme est né dans le péché et a donc besoin de pardon. Il l’obtient par le baptême ; Il purifie les enfants du péché originel, et ceux qui sont baptisés plus tard, non seulement du péché originel, mais aussi de leurs transgressions réelles avant le baptême. (Encbir. ad Laurent. 43.) Puisque le baptême est la condition unique et nécessaire du salut (comp., note 2), il s’ensuit que les enfants non baptisés sont condamnés (ce qui est tout à fait en accord avec ses vues sur la prédestination). Il était néanmoins disposé à regarder cette condamnation comme mitissima et tolérabile (Ep. 186. 27. [c. 8] ; De Pecc. Mer. i. 28. [c. 20]), bien qu’il s’opposât à la doctrine condamnée par le synode de Carthage, dans le canon II. (A. D. 419), d’un état intermédiaire, dans lequel on disait que les enfants non baptisés se trouvaient ; Comp. Sermo 294 : Hoc novum in ecclesia, prius inauditum est, esse salutem æternam præter regnum cœlorum, esse salutem æternam prarter regnum Dei. En ce qui concerne les enfants baptisés, Augustin, ainsi que l’Église catholique en général, supposait (la première conformément à sa doctrine idéaliste de l’Église) que l’Église représente (par l’intermédiaire des parrains et des marraines) la foi des enfants. Ep. 98 ad Bonifacium, c. 10 : Parvuluin, etsi nondum fides ilia, quæ in credentum voluntate consistit, jam tamen ipsius fidei sacra-mentum fidelcm facit Nam sicut credere respondetur, ita etiam fidelis vocatur, non rem ipsa mente annuendo, sod ipsius rei sacramentum perci-piendo..... Tarvulus, etiamsi fidem nondum habcat in cogitatione, non ei tamen obicem contrariæ cogitationis opponit, unde lacramcntum ejus salubriter percipit. Par conséquent, une foi passive ? « Son point de vue semble avoir été à peu près le suivant : comme l’enfant est nourri par les pouvoirs naturels de son Mère selon la chair, avant que son existence corporelle et indépendante ne soit pleinement développée, 80 il est nourri par les puissances supérieures de sa mère spirituelle, l’Église, avant qu’il n’ait atteint le développement spirituel indépendant et la conscience de soi. Cette idée serait vraie jusqu’à un certain point, si l’Église visible correspondait à son idéal » Neander, Church Hist ii. p. 670.
7 Basile Ep. Can. 1, déclara nul le baptême au moins des hérétiques lorsque la formule baptismale différait de celle de l’Église catholique, ou même lorsqu’on lui attachait un sens différent ; il rejeta donc le baptême des Montanistes, parce qu’ils comprenaient Montanus pour le Paraclet. Mais il était disposé à admettre les schismatiques sans baptême, et en règle générale (plus doux que Cyprien) conseillait de se conformer à la coutume de chaque église séparée.— Grégoire de Nazianze a rejeté le baptême des hérétiques notoires (τών προδήλως κατεγνωσμένον), D’une manière générale, il ne faisait pas dépendre l’efficacité du baptême de l’ecclésiastique extérieur, ni de la valeur morale inhérente (α£40π4στία) de la personne qui administrait le baptême.—Il l’illustrait par le cas de deux anneaux, l’un d’or, l’autre d’airain, portant le même cachet royal ; Orat. 40, dans Ullmann, p. 473-475.
8 De baptismo contra Donatistas lib. vii. (dans Opp. Ben. Tom. Il est intéressant de voir comment Augustin cherche à justifier Cyprien, dont il diffère ; les passages sont donnés dans Münscher, éd. par von Colin, p. 477. — La limitation dont il est question était que le rite du baptême, s’il était accompli en dehors de l’église catholique, pouvait être considéré comme valide, mais que, loin d’être une bénédiction pour les baptisés, cela augmenterait leur culpabilité s’ils n’adhéraient pas ensuite à l’église catholique. C’est ainsi que « l’exclusivisme de l’Église catholique, contesté d’un côté, a été poussé à son extrême extrémité de l’autre ; Rothe, Anfànge der christlichen Kirche, p. 685. — La cérémonie de l’imposition des mains, en signe de consécration, était aussi employée pour ceux qui venaient à l’église. Léon le Grand a insisté sur ce point, Ep. 159, 7. 166, 2. 167, 18. (Gricsbach, p. 155.)
9 Ainsi, le donatiste , Pétilienus, soutenait que quiconque recevait le baptême d’un incroyant, ne recevait pas la foi, mais la culpabilité. Augustin argumenta contre lui (Contra Epistol. Parméniani ; voir Neander, Hist. Dogm. 400). La doctrine donatiste a été condamnée par le Cône. Arel. 314, can. 8 . Opta-tus Mil, De Schism. Donaf. v. c. 3.. . . Quid vobis (Donatistis) visum est, non post nos, sed post Trinitatem baptisma geminare ? Cujus de sacramento non leve certamen innatum est, et dubitatur, an post Trinitatem in eadem Trinicate hoc iterum liceat facere. Vos dicitis : Licet ; nos dicimus ; Non licet. Inter Licet vestrum ct Non licet nostrum natant et remigant animæ populorum.
10 En ce qui concerne le baptême des Manichéens, sur lequel nous n’avons que de « maigres renseignements », comp. Baur, Manich. Système de religions, p. 273.
11 Socrate, v. 24, blâma les Eunomiens, parce que.........Τύ βάπτισμα παρεχάραξαν ου yàp είς τριάδα, άλλ' εις τον του Χριστού βαπτίζουσι θάνατον . Ils ont probablement évité l’emploi de la formule commune, qu’Eunomius présente ailleurs comme une preuve que l’Esprit est le troisième, afin d’éviter un malentendu possible, dans le sens orthodoxe, parmi les ignorants. Comp. Klose, Eunomius, p. 32. Rudelbach, über die Sacramentsworte, p. 25. D’après Sozom, vi. 26, on dit que les Eunomiens ont rebaptisé tous ceux qui se joignaient à leur parti. Eunomius (pour des raisons anti-trinitaires) était opposé à l’immersion trinitaire dans le baptême (voir Hofling, Die Taufe, i. 55).
§ 138.
Marheineke (comp. § 73), p. 32-65. K. Meyer, p. 18-38. Ebrard (§ 73), p. 278 8q. Kahnis, ubi, précité. Rückert, 350 sq., 403 sq. [Le cardinal Wiseman, tente (Essays, vol. 3) de montrer qu’Amphiloque, évêque d’Iconium, au IVe siècle, a enseigné un changement réel (sur la base de nouveaux récits du concile de Constantinople de 1166). Ch. syriaque sur l’Eucharistie, par le professeur Lamy, de Louvain ; voir Journal of Sacred Lit. janv. 1860, p. 374 sq. Philip Freeman, Principes du service divin. 2 parties. Lond. 1855-7. Christian Remembrancer, octobre 1853. Engelhardt dans Zeitschrift £ d. luth. TheoL J842. D. Rock, Uierurgna ; Transubst. et Messe exposée d’après les inscriptions dans les catacombes, etc., 2e éd. 1855. J. Kreusser, d. heilige Messopfer. Paderborn, 1854. Julius Müller, Abendmahl, dans l’Encyclopédie de Herzog.]
À l’union mystérieuse des deux natures du Christ en une seule et même personne correspondait l’idée d’un lien mystique existant entre le corps du Christ et le pain de la Cène du Seigneur, et entre son sang et le vin1. Cette idée, qui avait pris son essor dans la période précédente, était maintenant plus poussée au moyen de la terminologie plus développée de l’Église, et par l’introduction de formules liturgiques, qui substituaient des cérémonies mystiques au simple rite apostolique2. La rhétorique mystérieuse et souvent grandiloquente des Pères, en particulier de Grégoire de Nysse, des deux Cyrille et de Chrysostome, dans l’Église grecque, et d’Hilaire et d’Ambroise en latin, il est singulièrement difficile de décider quelles notions dogmatiques doivent être attachées à leurs expressions. Par leur imagerie changeante, nous sommes amenés tantôt à penser à un idéal, tantôt à un changement substantiel ; tantôt d’un changement subjectif de la part du participant, tantôt d’un changement objectif dans ce qui est reçu ; tantôt c’est une merveilleuse conjonction de la tête et du corps du Christ (consubstantialité) ; parfois un changement total des éléments de la Cène du Seigneur dans ce corps (transsubstantiation, transformation réelle)3. Cependant le point de vue symbolique apparaît, à côté du point de vue métabolique, chez certains docteurs de l’Église grecque, comme chez Eusèbe de Césarée, Athanase, Grégoire de Nazianze et Théodoret4. Mais c’est le théologien occidental Augustin5 qui l’exprime le plus clairement. Bien que ce dernier semble avoir foi dans les merveilleuses vertus curatives du sacrement6, il s’est résolument opposé à la vénération superstitieuse de celui-ci7. Gélase , évêque de Rome, s’opposait encore résolument à une transsubstantiation formelle.8 En ce qui concerne l’idée de sacrifice qui lui est liée, elle a été développée à cette époque, en particulier par Grégoire le Grand, sous la forme où la mort sacrificielle du Christ a été véritablement répétée dans le sacrifice quotidien de la messe9.
1 Comparez Gieseler, Dogmengesch. 408. On peut dire que l’idée qui est à la base de la plupart des affirmations sur la Cène du Seigneur est celle-ci : de même que le Logos était autrefois uni à la chair, de même dans la Cène il est maintenant uni au pain et au vin ; C’est ainsi que la controverse sur la nature du Christ se répète dans une certaine mesure dans le domaine sacramentel. [Gieseler , Dogmengesch. 408 sq., soutient que les Pères, avec toutes leurs fortes explications, n’ont pas pu avoir l’intention d’enseigner la transsubstantiation, pour les principales raisons suivantes : 1. Que le changement est si souvent comparé à celui de l’eau dans le baptême, et du chrême dans la consécration. 2. Qu’elle est comparée à l’union du Logos avec la chair, où il n’y a pas eu de transformation de la chair. 3. Les Pères de l’Église (beaucoup d’entre eux) argumentent contre les monophysites, au motif que, de même qu’il n’y a pas eu de changement dans la Cène du Seigneur, il n’y en a pas eu dans l’incarnation. 4. Ils appellent fréquemment les éléments τύπος, άντίτυπα, figura, signum, etc. JBaur, Dogmengesch., p. 194, dit que la plupart des Pères de cette époque parlent souvent du pain et du vin comme du corps et du sang du Christ, en des termes qui semblent impliquer la doctrine d’un changement réel ; mais cependant, en les comparant avec leurs autres déclarations, et en voyant combien la forme de leurs conceptions est fluctuante, nous n’y trouvons réellement qu’une identification obscure et exagérée de la figure et du fait. — Neander , Hist. Dogm. p. 406 sq., donne ainsi les différentes modifications d’opinions : 1. La conception réaliste et sensuelle de Justin et Irénée, adoptée par Cyrille de Jérusalem, Chrysostome et Hilaire, enseignant une interpénétration réelle du pain et du vin avec le corps et le sang du Christ. 2. Un point de vue plus spirituel, bien qu’avec un élément réaliste à la base, chez Augustin. 3. L’école d’Origène (à l’exception de Grégoire de Nysse) séparait plus distinctement le symbole et la réalité divine , par exemple, Eusèbe de Césarée, Greg. Nazianze, etc.]
2 Sur des noms tels que λατρεία αναίμακτος, θυσία τού Ιλασμού (Cyril Myst. V.), Ιερουργία, μετάληψις των αγια σμάτων, άγία (μυστική ) τράπεζα, μυστική ευλογία, εφόδιον (en référence à l’administration de la Cène du Seigneur aux malades), ainsi que sur les formules couramment utilisées en relation avec le rite de consécration, comp. Suicer, Thesaurus sub vocib. ; Touttce in Diss, ad Cyr. Hier. 3, p. ccxxxiii. ß. Marheineke, 1. c. p. 33, par. Augusti , Archæologie, t. VIII, p. 32, par. Le sacrement est souvent décrit comme un tremendum (comme φοβερόν, φρικτόν, φρικωδέστατον), Il est également caractéristique que la quatrième demande du Notre Père soit presque uniformément référée, d’une manière mystique, à la Cène du Seigneur.
3 Grégoire de Nysse♦ établit un parallèle, dans un style des plus aventureux, entre le processus de la nutrition physique et la subsistance du corps spirituel du croyant sur le corps et le sang du Christ dans l’eucharistie. Comme les pères précédents, il voit dans cette nourriture sainte un φάρμακον αθανασίας, un antidote à la mortalité causée par le péché ; comp. Oratio Catech. 37. De même que, par le divin Logos, le pain, en le mangeant, est transformé en l’essence du corps uni à la divinité, de même, dans la Cène du Seigneur, le pain et le vin sont transformés en corps uni au Logos (rd δε σώμα τη ένοικήσει τού θεού λόγου πρδς την θεϊκήν μετεποιήθη)׳, comparez tout le passage de Münscher, édité par v. Colin, i. 490 sq. Rupp, 238 m² Rückert (ubi supra, 403 sq.) étudie longuement cette question, et arrive à la conclusion, peut-être trop défavorable : « Grégoire brisa la Cène du Seigneur ; Il a rejeté tout ce qui est glorieux dans sa nature, et n’a laissé à sa place qu’un instrument magique qui, sans aucune influence sur la vie spirituelle, n’est destiné qu’à nourrir le corps pour l’immortalité. Sur Cyrille de Jérusalem, voir ibid., p. 410 ; entre autres choses, il infère de Jean VI, qu’il interprète de la Cène du Seigneur, que ceux qui ne reçoivent pas cette Cène perdent le salut (Comm., dans Joh. iv. p. 361, A).
Cyrille de Jérusalem rattacha tellement (Cat. xxii. § 6) le miracle accompli aux noces de Cana avec le μεταβολή des éléments de la Cène du Seigneur, qu’il est difficile de ne pas supposer qu’il croyait à un changement réel et total, d’autant plus qu’il ajoute : EZ γαρ καϊ ή αϊσθησίς σοι τούτο υποβάλλει, Άλλα ή πίστις σε βεβαιούτω׳ μη από τής γενσεως κρίνης τό πράγμα, άλλ 9 άπό τής πίστεως πληροφοροΰ άνενδοιάστως, σώματος και αίματος Χρίστου καταξιωθείς ; et pourtant il dit, §3 : έν τύπω άρτον δίδοταί σοι το αίμα , etc. Cela signifie-t-il sous l’image , ou sous la forme, du pain ? « qui, cependant, n’est plus du pain, mais quelque chose d’autre » (comme l’interprète Rückert ). Mais comme il a parlé (Cat. xxi, 3) d’un changement semblable opéré dans l’huile qui a été employée lors de l’accomplissement du rite de la consécration, sans penser à un changement métaphysique réel de la substance de l’huile en la substance du Saint-Esprit, l’interprétation reste un sujet de doute ; Comp. Néandre, Hist. Dogm. p. 412. On trouve donc là « non pas une doctrine de transformation complètement développée, mais cependant très décidée, approchant du point extrême » ; Rückert, p. 420. Mais Cyrille supposait sans doute une union réelle, spirituelle et corporelle, du communiant avec le Christ (σύσσσωμοι καϊ σνναιμοι Χρίστον, χριστόφοροι γινόμεθα), et pensait que nous participons à la nature du Christ par l’assimilation de son corps et de son sang à nos membres, etc. Cat. xxiii. Comp. Ebrard, 278, Ruckert, 415, qui citent les passages en entier.— Chrysostome considère l’institution de la Cène du Seigneur comme une preuve de l’amour suprême du Rédempteur pour les hommes, en ce sens qu’il leur a non seulement donné l’occasion de le voir, mais qu’il leur a aussi permis de participer à son corps, Hom. 45, dans Joh. (Opp. T. viii. p. 292).♦♦ Be too enseigne une union réelle avec le Christ : 9Νναφύρει έαυτόν ?] μιν, καϊ ον τή πίστει μόνον, άλλ9 αύτω τω πράγματι σώμα ημάς αντον κατασκευάζει , Hom. 83, in Matth. (Opp. T. vii. p. 869) ; comp. Hom. 24, dans Ep. ad Cor. (Opp. T. ix. p. 257), et d’autres passages cités par Marheineke, 1. c. p. 44, Chrysostome n’avait probablement pas l’idée d’une descente du corps du Christ du ciel dans le pain (Rückert, à la p. 424). D’autre part, lui, comme d’autres enseignants de l’Église, (e. g., Cyrille de JérusalemChat. XXIII., § 15), supposait que la substance du pain n’était pas, comme les autres aliments, rejetée du corps, mais consommée, comme l’est la cire dans la combustion de la lumière : όντως καϊ ώδε νόμιζε σνναναλίσκεσθαι τα μυστήρια τή του σώματος ούσίμ\ De Pœnit. Hom. 9 (Opéra, ii. 350). Pourtant, Chrysostome fait la distinction entre le spirituel (νοητόν) et le sensuel (αίςθητόν) dans la Cène du Seigneur. « Si nous étions incorporels, le Christ nous nourrirait de choses incorporelles (άσώματα) ; mais puisque l’âme est liée au corps, Dieu nous donne έν αίσϋητοΐς τα νοητά comp, le passage sur Matth. déjà cité dans Mùnscher , éd. par von Colin, p. 502. Ebrard, p. 284, ss. — Hilaire, de Trin. VIII. 13, dit, à propos du Christ : Naturam carnis suæ ad naturam æternitatis sub sacramento nobis communicandæ carnis admiscuit, ce qu’Irénée appelle ένωσις πρός άφθαρσίαν. Ambroise (de Initiandis Mysteriis, c. 8 et 9) considère la Cène du Seigneur comme le pain vivant qui est descendu du ciel (Jean, VI, 51), et qui n’est autre que le Christ lui-même. Si les bénédictions prononcées par les hommes (c’est-à-dire les prophètes même de l’Ancien Test) possédaient le pouvoir de changer les éléments naturels, à combien plus forte raison doit-il en être de même en ce qui concerne le sacrement ? Quodsi tantum valuit Sermo Eliæ, ut ignem de cœlo promeret, non valebit Christi sermo ut species mutet elemen-torum ? De même que la verge de Moïse s’est transformée en serpent et que le Nil s’est transformé en sang, de même ce changement s’opère par la puissance de la grâce, qui est plus puissante que la puissance de la nature. Toutes choses sont créées par le Verbe (Christ) : opérer un simple changement (mutatio) ne peut pas être trop difficile pour celui qui est l’auteur de la création. Le corps même qui a été miraculeusement mis au monde par le Viryin, est en même temps le corps du sacrement. Néanmoins, il dit (en contradiction avec l’hypothèse d’un changement réel) : Ante benedictionem verborum coelestium species nominatur, post consecrationem corpus Christi significatur · et en référence au vin : ante consecrationem aliud dicitur, post consecrationem sanguis nuncu-patur. (Mais il ne faut pas oublier que des doutes critiques ont été soulevés quant à l’authenticité de ce livre.) Contre Ebrard, p. 306 sq., voir Rückert, u. s. Il appelle Ambroise « la colonne sur laquelle repose la doctrine médiévale de la Cène du Seigneur » ; p. 464.
♦ La difficulté de décrire et de classer les différentes opinions des Cithers de cette époque sur la Cène du Seigneur se voit dans les vues contradictoires des auteurs les plus récents sur cette question – Ebeard, Kahnist Ruckert. Les catégories proposées par ce dernier, à savoir symbolique et métabolique, ne sont pas non plus suffisantes, car l’idée de μεταβ07.η n’est nulle part définitivement établie, et, chez le même auteur, les vues métabolique et symbolique se croisent.
♦♦ Ho parle très fortement d’une manducatio oralis, d’une ίμπηξαι τούς όδόντας τή σαρκι και σνμπλακηναι,.
4 Eusèbe de Césarée, Demonstr. Evangel, i. 10, et Theol. eccles. iii. 12 , Néandre, Hist. des dogmes, p. 411 , Athanase, Ep. iv. ad Serap. (dans Néandre, p. 409). [Néandre dit d’Eusèbe qu’il « avait un penchant pour des exprès-sions telles que celle-ci : Les chrétiens sont exhortés à célébrer le souvenir du Christ par les symboles de son corps et de son sang » (Demonstr. Evang, i. c. 40). Dans son interprétation de Jean vi. (Theol. Eccl., III, c. 12), dit-il, nous ne devons pas croire que le Christ ait parlé de son corps présent, ou qu’il ait ordonné de boire son sang corporel et sensuel ; mais les paroles qu’il a prononcées sont esprit et vie, de sorte que ses paroles elles-mêmes sont sa chair et son sang. Eusèbe a également lié un pouvoir surnaturel et sanctifiant à la Cène extérieure. Néandre dit d’Athanase, qu’il représente une vue spirituelle, avec un élément réaliste à la base ; en commentant Jean VI, il dit que le fait de manger et de boire le corps et le sang du Christ ne doivent pas être compris littéralement ; Le Christ a voulu conduire ses disciples à la conception d’une nourriture spirituelle. Voir son Ep. iv. ad Serapionem. Jacobi, dans la note des Dogmes hist. de Néandre, p. 409, cite les Lettres festives d’Athanase, traduites par Larsow, Lettre VII : « Le pain et le vin, comme symboles de la puissance divine nourricière du Logos. Ce n’est pas seulement ici que ce pain est la nourriture des justes,.. mais c’est aussi dans le ciel que nous mangeons une telle nourriture, car le Seigneur est aussi la nourriture des esprits supérieurs et des anges, et il est la joie de toute l’armée céleste. Grégoire de Nazianze a appelé le pain et le vin des symboles et des types (αντίτυπα) ♦ des grands mystères, Orat. xvii. 12, p. 325. Ullmann, p. 484. — Un fragment d’une lettre adressée par Chrysostome à Césaire, moine, mérite une mention spéciale , dont l’authenticité est plus que douteuse.♦♦ Il est dit ici : Sicut enim antequam sanctificetur panis, panem nominamus, divina autem ilium sanctificante gratia, mediante saccrdote, liberates est quidam ab appellatione panis, dignus autem habitus dominici corporis appellatione, etiamsi natura panis in ipso permansit, et non dua corpora, sed unum corpus filii prædicamus. Comp. Neander, Hist. Dogm. 408. Nilas, disciple de Chrysostome , distinguait nettement le symbole de la chose qu’il représente, en comparant (Lib. i. ep. 44, voir Néandre, 1. c.) le pain après la consécration à un documeLa distinction faite par Théodorct entre le signe et la chose signifiée, était intimement liée à la distinction semblable qu’il établissait entre la nature humaine et la nature divine du Christ ; Dial. ii. Opp. iv. p. 126 : Of׳dt Yap après le Saint, les symboles mystiques de la maison sont d’une nature différente. Mt־m gar sur la première substance, et la forme et le genre, et les actes, et les tangibles, 01 a et avant, Il est entendu qu’il est devenu, et qu’il est cru et adoré, comme les choses qui sont au-delà de la croyance. L’archétype, c’est l’image et la ressemblance. Ils ont besoin de connaître la vérité de la presse. Il opposait aussi l’altération de la grâce à l’altération de la nature, Dial. i. p. 26. (Nous ne voyons donc pas pourquoi Rückert le place parmi les métabolistes au lieu des symbolistes.)
♦ Comp. Suicer, Thés. T. L p. 383, ss ., et Ullmann, 1. c., qui s’opposent à l’interprétation d’Elias Cretonsis et de Jean Damascène. Selon l’un, άντίτυπα signifiait la même chose que Ισότυπα ; selon l’autre, Grégoire voulait seulement dire que le pain et le vin étaient αντίτυπα avant la consécration.
♦♦ À Chrysostome. Opéra, iii. 742. Sur l’histoire de ce fragment, voir Rückert, p. 429.
5 Augustin, en interprétant les paroles prononcées par notre Sauveur lors de l’institution de cette ordonnance, nous en rappelle la signification figurée ; Contra Adamant, c. 12. 3. Il dit aussi que le langage de Jean vi. est très figuratif ; Contra Advers. Leg. et Prophetar. ii. c. 9. (La controverse dans laquelle il était engagé avec les manichéens l’amena à défendre le style figuré de l’Ancien Testament, en citant des exemples similaires tirés du Nouveau*.) Il a même supposé que le trait caractéristique des sacrements consiste en ceci qu’ils contiennent des symboles, Ep. 98, 9 : Si sacramenta quandam similitu-dinem earum rerum, quarum sacramenta sunt, non haberent, omnino sacra-menta non essent. Ex hac autem similitudine plerumque etiam ipsarum rerun ! Nomina Accipiunt. Le sacrement dont il s’agit est le corps du Christ — secundum quendam modum, mais non absolument ; et sa participation est une communicatio corporis et sanguinis ipsius (Ep. 54,1) ; comp. De Doctr. Chr. iii. 10, 16. Dans le dernier passage mentionné, il appelle la participation au corps du Christ, au sens littéral (capernaïtique) du mot (Jean VI, 33), facinus vel flagitium, et continue comme suit : Figura est ergo, præcipiens passion ! Dominicæ communicandum et suaviter atque utiliter rccondendum in memo-ria, quod pro nobis caro ejus crucifixa et vulnerata sit ; comp. De Civ. Dei xxi. vers 25. En ce qui concerne le corps du Christ, il dit : Ep. 146 : Ego Domini corpus ita in coelo esse credo, ut erat in terra, quando ascendit in cœlum, comp. Marheineke, p. 56, par. ; Neander, Church Hist. ii. 674 ; Ebrard, 309. — Sur le rapport qui subsiste entre les vues d’Augustin sur la Cène du Seigneur et celles sur le baptême, comp. Wïggcrs, t. II, p. 146 ; Sur le lien qui existe entre celles-ci et ses vues sur le sacrement en général, comp., ci-dessus, § 137, note 2.
6 Comp. Opus. Imperf. contra Julien, iii. 162 ; voir Gieseler, Dogmengesch. , p. 407. [Augustin raconte ici qu’une mère fit un emplâtre du pain sacré, le posa sur les yeux de son fils, né avec les yeux fermés, et le guérit ainsi.] Cette vision de l’efficacité magique de la Cène du Seigneur, il l’avait en commun avec les plus grands docteurs de l’Orient ; ainsi Grégoire de Naz., comp. Orat. viii. 17 sq., et Ep. 240, Grégoire d’Ullmann, p. 483. — La crainte de renverser du vin était la même que dans la période précédente. À cela s’ajoute l’avertissement de Cyrille de Jérusalem, que lorsqu’une goutte du vin consacré reste suspendue aux lèvres, les yeux et le front doivent en être mouillés (Cat. xxiii. c. 22) ; Gieseler, ubi supra. — Sur la communion des enfants, qui était d’usage surtout dans l’église latine, voyez les ouvrages sur l’archéologie. [Gélase, évêque de Rome, écrit, vers l’an 495 : « Nul ne doit oser exclure un enfant de ce sacrement, « sans lequel personne ne peut parvenir à la vie éternelle ». C’est dans cette interdiction que l’on voit la valeur attachée à la communion des enfants. Comp. Néandre, p. 412.]
7 Augustin, De Trinit. iii. 10 : Possunt habere honorera tanquam reli-giosa, sed non stuporem tanquam mira. De Doctr. Le Christ, iii. 9, il appelle les sacrements du Nouveau Testament, par opposition aux cérémonies de l’Ancien Testament, factu facillima, intellectu augustissima, observatione castissima, qui, cependant, doivent être honorés, non pas charnali servitute, mais spiritali libertate. Pour prendre les signes de la chose signifiée, il appelle a servilis infinnitas.
8 Gélase, De duab. Nature. dans Christo, dans Bibl. Max. Pl*. T. viii. p. 703, cité par Meyer, p. 34. Münscher édit, par von Colin, p. 504 : Certe sacra-menta, quæ sumimus, corporis et sanguinis Christi, divina res est, propter quod et per eadem divinæ efficimur participes naturæ et tamen esse non desi~ nit substantia vel natura panis et vini. Et certe imago et similitudo corporis et sanguinis Christi in actione mysteriorum celebrantur. Satis ergo nobis evidenter ostenditur, hoc nobis in ipso Christo Domino sentiendum, quod in ejus imagine profitemur, celebramus et sumimus, ut sicut in hanc, scilicet in divinam traneant, Sancto Spiritu perficiente, substantiain , permanente tamen in suœ property naturæ, sic il hid ipsum mysterium principale, cujus nobis efficientiam virtutemque veracitur repræsentant.
9 Après l’exemple de Cyprien, l’idée d’un sacrifice est clairement exposée par la plupart des pères de cette époque. Ainsi par Grégoire de Nazianze (Orat. II. 95, p. 56. Ullmann, p. 483), et Basile le Grand, Ep. 93, mais sans définition plus précise (Klose, p. 72) ; de même, par Léon le Grand (Sermo Ixvi. 2 ; clvi. 5), voir Perthel, p. 218, note (contre Griesbach, qui ne l’interprète que sous un angle tropical) ; contre Perthel, voir Rückert, p. 479 sq. Sur Ambroise (qui le premier employa le mot missa directement pour la célébration de la Cène du Seigneur), Chrysostome et Augustin, voir Rückert, et les Histoires des doctrines de Neander et Gieseler. Mais Grégoire le Grand parle très distinctement (Moral. Lib. xxii. 26) d’une immolation quotidianum sacrificium , et la rattache à des messes pour les âmes ; voir Lau, p. 484 sq., et les passages qu’il cite.
§ 139.
MILLÉNARISME. — LE ROYAUME DU CHRIST.
La lutte dans laquelle Origène s’était engagé contre les partisans du millénarisme, fut peu de temps après sa mort réglée en sa faveur. Son disciple , Denys d’Alexandrie, réussit plus par la persuasion que par la force à imposer le silence aux disciples de Népos, un évêque égyptien, qui s’en tenait à la lettre de l’Écriture, et s’opposaient à toute interprétation allégorique, et avaient pour chef le prêtre Coracion après la mort de Népos.1 Le millénarisme n’a été soutenu à partir de cette époque que par un petit nombre de théologiens orientaux2. En Occident, les espérances chiliastiques étaient défendues par Lactance3, mais combattues par Augustin, qui avait lui-même autrefois entretenu des vues analogues4. D’ailleurs, il était très naturel que le christianisme s’attendît avec confiance à une existence plus longue sur la terre, après qu’il se serait lié à l’État et qu’il aurait été d’une manière permanente établi. Ainsi, la période de la seconde venue du Christ et de la destruction du monde était inévitablement différée de temps en temps, et ce ne furent que des événements extraordinaires qui firent que les hommes attendirent avec impatience ces événements pour un temps. — La notion de Marcellus, que le Christ est céleste Le royaume lui-même prendra fin à une époque future (fondé sur 1 Corinthiens xv. 25), forme un parallèle remarquable avec le millénarisme.5
1 Sur le traité de Népos (255 ap. J.-C.), intitulé : ελεγχος των άλληγο-ριστών, et sur celui de Denys , περί Απαγγελιών, ainsi que sur l’ensemble de la controverse, comp. Eusèbe. vii. 24. Gennadius De Dogm. Eccles, c. 55. Commentaire de Mosheim, p. 720-728. Neander, Church Hist i. 652. Coracion rétracta ses anciennes vues à la suite d’une dispute provoquée par Denys.
2 Méthode, qui était en partie un adversaire d’Origène, proposa des notions de milieu dans son traité, La Fête des Dix Vierges (dialogue sur la chasteté), qui fut composé à l’imitation du Banquet de Platon ; Orat. ix. § 5 (in Combefsii Auctuar. Noviss. Bibl. PP. Græc. Pars. t. I, p. 109). Nean-der, Hist. de l’Église, t. I, p. 720. D’après Epiph. Hær. 72, p. 1013 (comp. Hier, dans Jes. Lib. xviii.), Apollinaire, lui aussi, avait des notions millcnnaires, et écrivit un traité en deux livres contre l’ouvrage de Denys, qui rencontra alors un grand succès : Quem non solum (dit Jérôme, 1. c.) suæ sectæ homines, sed nostrorum in hac parte duntaxat plurima sequitur multitude. En ce qui concerne les vues millcnnaires de Mar Sudaili, abbé d’Édesse, en Mésopotamie, vers la fin du Ve siècle, comp. Néandre, 1. c. ii. p. 555.
3 Inst. vii. 14-26, c. 14 : Sicut Deus sex dies in tan tie rebus fabricandis laboravit, ita et religio ejus et veritas in his sex millibus annorum laboret necesse est, malitia prævalente ac dominante. Et rnrsus, quoniam perfectis operibus requievit die septimo eumque benedixit, necesse est, ut in fine sexti millesimi anni malitia omnis aboleatur e terra et regnet per annos Mille justitia, sitque tranquillitas et requies a laboribus, quos mundus jamdiu perfert. Dans la partie suivante du chapitre, il donne une description complète de l’état du monde politique, physique et religieux antérieur au royaume millénaire, et fait appel à la fois aux oracles sibyllins et aux Hystaspes. Comp. Corrodi, ii. p. 410, 423, 441, 455.
4 Sermo 159 (Opp. T. v. p. 1060), qui peut être rapproché du De Civ. Dei xx. 7.......Quæ opinio esset utcunque tolerabilis, si aliquæ deliciæ spiritales in illo sabbato adfuturæ sanctis per Domini præsentiam crederentur. Nam etiam nos hoc opinati fuimus aliquando. Sed cum cos, qui tunc resur-rexerint, dicant immoderatissimis carnalibus epulis vacaturos, in quibus cibus sit tantus ac potus, ut non solum nullam modestiam teneant, sed modum quoque ipsius incredulitatis excedant : nullo modo ista possunt nisi a carna-libus credi. Hi autem, qui spiritales sunt, istos ista credentes χιλι,αστάς appellant græco vocabulo, quos, verbum e verbo exprimcutes, nos possumus Milliarios nuncupare. La première résurrection (Revel, xx. 5) est expliquée par Augustin comme la délivrance de l’âme de la domination du péché dans cette vie ; comme, en général, une orthodoxie qui maintient l’autorité de l’Apocalypse, et qui pourtant ne veut pas admettre le millénarisme, ne peut échapper à ses difficultés que par une exégèse arbitraire, comme celle d’Augustin sur ce passage.
5 Comp., les ouvrages sur Marcellus cités § 92,6 ; Klose, p. 42, ss., et les passages qu’il cite. Cyrille de Jérusalem, Cat. xv. 27 (14 Milles), combattant cette opinion, fait appel aux paroles de l’ange (Luc, I, 33), et des prophètes (Dan. vii. 13, 14, etc.) ; en référence à 1 Corinthiens xv. 25, il affirme que le terme άχρις comprend le terminus ad quem.— Klose, p. 82, se demande si Photinus a adopté les vues de Marcellus. [Comp. Willenborg, Die Orthdoxie d. Marcellus von Ancyra. Münster, 1859.]
§ 140.
L’idée d’une double résurrection, tirée du livre de l’Apocalypse, Lactance1 partagea ensuite le sort du millénarisme.2 Bien que Méthode ait combattu la doctrine idéaliste d’Origène sur la résurrection3, plusieurs des Les théologiens orientaux l’adoptèrent4 jusqu’à ce que le zélé anti-origéniste dans les controverses qui s’ensuivirent, ils réussirent à établir leur doctrine, que le corps ressuscité du tombeau est en tous points identique à celui qui a été formé dans cette vie l’organe de l’âme. Jérôme est même allé jusqu’à faire cette affirmation en se référant aux poils mêmes et aux dents5. Les vues d’Augustin sur ce point étaient, au cours de la première partie de sa vie, plus en selon le mode de pensée platonicien et alexandrin ; mais après Il donnait la préférence à des notions plus sensuelles, bien qu’il se donnât beaucoup de peine pour la doctrine en question, autant que possible, de toute grossièreté et de toute ajouts6. Les définitions ultérieures se réfèrent plutôt à des points non essentiels.7
1 Inst. vii. 20 : Nec tamen univers ! tunc (c’est-à-dire au commencement du règne millénaire) a Deo judicabuntur, sed ii tantum qui sunt in Dei reli-gione versati. Comp. c. 26 :.... Eodem tempore (t. r., à La fin du monde après le règne millénaire) fiet secunda ilia et publics omnium resur-rectio, in qua excitabuntur injusti ad cruciatus sempiternos.
2 Augustin De Civ. Dei xx. 7 : De his duabus resurrectionibus Joannes .... Voie EO Locutus est, ut earum prima a quibusdam nostris non intellects, insuper etiam in quasdam Ridiculas fabulas verteretur. Comp. Épiphane. Même. § 97, p. 99. Gcnnad. Lib. le. c. 6, ct 25.
3 Περί ά,ναστάσεως λόγος. Phot. Bibl. cod. 234 . Rossler, t. I, p. 297. Comp. Épiph. Hær. 64, 12-62.
4 Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et en partie Basile le Grand adoptèrent les vues d’Origène. Ainsi Grégoire de Nazianze (Orat, ii. 17, p. 20, et en d’autres endroits) reposait principalement sur cette croyance en l’immortalité, que l’homme, considéré comme un être spirituel, est d’origine divine, et par conséquent a une nature immortelle. Le corps qui périt est passager, mais l’âme est le souffle du Tout-Puissant, et la délivrance des chaînes du corps est le point le plus essentiel du bonheur futur ; voir Ullmann, p. 501, 2. Des déclarations similaires sont faites par Grégoire de Nysse, De Anima et Resurrectione (Opp. T. iii. p. 181 [247]), voir Rupp, p. 187, ss., et Münscher , Handbuch, iv. p. 439. Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse comparaient (à la manière d’Origène), par exemple, le corps de l’homme aux manteaux de peaux dont nos premiers parents étaient revêtus après la chute. Sur les vues plus indéfinies de Basile (Hom. viii. dans Hexaëmeron, p. 78, et In Famem, p. 72), voir Klose, p. 77. Titus de Bostra (fragm. in Joh. Damas-ceni Parallela Sacra Opp. T. ii. p. 763) a proposé une doctrine raffinée de la résurrection. Chrysostome, bien qu’affirmant l’identité du corps, Hom. x. dans 2 Ep. ad Cor. (Opp. T. ix. p. 603), s’en tenait à la doctrine paulinienne, et maintenait en particulier la différence entre le présent et le futur corps : Συ όέ μοι σκοπεί , πώς όιά τών όνομάτων όείκνυσι (ό Άττ.) την υπεροχήν τών μελλόντων προς τά παρόντα* είπών γάρ έπίγειον (2 Cor. v. 1) άντέθηκε τήν ουρανίαν κ. τ. λ. Synésius, philosophe chrétien de Cyrène, reconnut franchement qu’il ne pouvait pas adopter les idées reçues sur ce point (que certains ont interprétées comme un démenti complet de la doctrine de la résurrection). Comp. Évagre Hist. Eccl. i. 15, et Ep. 105 ad Euoptium fratrem, dans la note de Valesius sur ce passage. [Comp. Syne-sius, Opera Omnia, éd. Krabinger, Landshut, 1850 ; et ses Homélies traduites pour la première fois, par B. Kolbe, Berlin, 1850.]
5 Épiphane, Théophile d’Alexandrie et Jérôme peuvent être considérés comme les représentants de ce parti zélé. Les deux derniers avaient eux-mêmes avaient autrefois des vues plus libérales, et Théophile n’a pas même hésitent ensuite à ordonner Synésius évêque de Ptolémaïs ; voir Mùnscher, Hand-buch, iv. p. 442.♦ Mais ils s’opposèrent, avec une véhémence particulière , à Jean de Jérusalem et à Rufin, et Jérôme n’en fut nullement satisfait (Apol. contra Ruf. lib. 4, Op. T. ii. p. 145) avec le langage de Rufin, même lorsqu’il affirme la résurrection hujus carnis (dans les Expos. Symbole, app.), et encore moins avec la prudence de Jean, qui distinguait (à juste titre du point de vue exégétique) entre la chair et la corps. Il a donc fait les affirmations définitives suivantes (Adv. Errores Joann. Hier, ad Pammach. Opp. T. ii. p. 118, ss.), que se fonde surtout sur Job xix. 26 : Caro est proprie, quæ sanguine, venis, ossibus nervisque constringitur....... Certe ubi pellis et caro, ubi ossa et nervi et sanguis et venæ, ibi carnis structura, ibi sexus pro-prietas...... Videbo autem in ista carne, quæ me nunc cruciat, quæ nunc præ dolore distillât Idcirco Deum in carne conspiciam, quia omnes infirmi-tates meas sanavit. — Et il continue à dire à propos de la corps de résurrection : Habent dentes, ventrem, genitalia et tamen nec cibis nec uxoribus indigent. Du stridor dentiura du condamné, il infère que nous doit avoir des dents ; le passage : Capilli capitis vestri numerati sunt, prouve, à son avis, que même nos cheveux ne manqueront pas. Mais son principal l’argumentation est fondée sur l’identité du corps des croyants avec celle des Christ. En référence à 1 Corinthiens xv. 50, il insiste beaucoup sur l’utilisation de la terme possidere regnum Dei, qu’il distingue de la resurrectio.
Comp. Prudentius (Apotheos. 1063, ss.) :
Nosco meum in Christo corpus resurgere. Quid me
Desperare jubes ? Veniam, quibus ille est revenu
Calcata de morte viis. Quod credimus, hoc est :
Et totus veniam, nec enim minor aut alius quam
Nunc sum retourné·. Vultus, vigueur et couleur idem,
Qui modo vivit, erit. Nec me vel dente vel ungue
Fraudatum revomet patefacti fossa sepulcri.
♦ Il n’accepta l’évêché qu’à la condition qu’il conserverait sa liberté Opinions.
6 Augustin a proposé le point de vue le plus libéral, De Fide et Sy mb. c. 10 : Tempore immutationis Angelicæ non jam caro erit et sanguis, sed tantum corpus—in cœlestibus nullo caro, sed corpora simpliciaet lucida, quæ appellat Ap. spiritalia, nonnulli autem vocant ætheria ; le point de vue opposé est exposé dans ses Retractiones, p. 17. Toute la doctrine est pleinement développée dans l’Enchirid. ad Laur. 84-92, et De Civ. Dei xxii. vers 11 à 21 ; Erit ergo spiritui subdita caro spiritalis, sed tamen caro, non spiritus, sicut carni subditus fuit spiritus ipse carnalis, sed tamen spiritus, non caro. Se référant à l’aspect général de la doctrine, il dit : Ad Laur. c. 88, ss. : Non périt Deo terrena materies, de qua mortalium creatur caro, sed quemlibet pulverem cineremve solvatur, in quoslibet halitus aurasque difl’ugiat, in quameunque aliorum corporum substantiam vel in ipsa elementa Vertatur, in quorumeunque animalium, etiam hominum cedat carnemque mutetur, illi animæ humanæ puncto ternporis redit, quæ illam primitus, ut homo fieret, cresceret, viveret, animavit ; mais cela admet une certaine limitation : Ipsa itaque Terrena materies, quæ discedente anima fit cadaver, non ita resurrectione reparabitur, ut ea, quæ dilabuntur et in alias atque alias aliarum rerum species Formasque vertuntur (quamvis ad corpus redeant, unde lapsa sunt), ad easdem quoque corporis partes, ubi fuerunt, redire necesse sit (ce serait impossible surtout dans le cas des cheveux et des ongles.). . . . Sed quemadmodum, Si statua cujuslibet solubilis metalli aut igne liquesceret, aut contereretur in Pulverem, aut confunderetur in massam, et earn vellet artifex illius materiæ Quantitate reparare, nihil interesset ad ejus integritatem, quæ particula materiæ cui membro statuæ redderetur, dum tamen totum, ex quo constituta fuerat, restituta resumcret. Ita Deus mirabiliter atque ineflabiliter anifex de toto, quo caro nostra constiterat, earn mirabili et ineffabili celeritate restituet. Nec aliquid attinebit ad ejus reintegrationem, utrum capilli ad capillos redeant et ungues ad ungues : an quicquid eorum perierat, mutetur in carnem et in partes alius corporis revocetur, curante artificis providentia, ne quid indecens fiat. Il n’est pas non plus nécessaire de supposer que les différences de taille et de stature dans la vie à venir, mais tout sera restauré dans la vie à venir. proportions de l’image divine. Cap. 90 : Resurgent igitur Sanctorum corpora sine ullo vitio, sine ulla deformitate, sicut sine ulla corruptione, onere, difficile, etc. Tous auront la stature de l’homme adulte et, en tant que règle générale, celle de trente ans (l’âge du Christ), De Civ. Dei lib. Je. c. 12. Il donne des déclarations particulières sur les enfants, De Civ. Dei lib. Je. vers 14 ; les différents sexes, c. 17 ; concernant les enfants nés prématurément et lusus naturæ, ib. c. 13, et Ad Laur., 85, 87. De plus, Si quis in eo corporis modo, in quo defunctus est, resurrecturum unumqucmque contendit, non est cum illo laboriosa contradictione pugnandum ; De Civ. Dei 1. I. c. 16. Sur les vues analogues de Grégoire le Grand, voir Lau, p. 510, ss.
7 L’opinion d’Origène ayant été condamnée par les décisions des synodes (Mansi, IX, p. 399 et 516), sur la base étroite de cette orthodoxie, il ne pouvait y avoir que modifications de la vue. À ceux-ci appartiennent, e. g., la controverse qui s’éleva entre Eat y chi us, patriarche de Constantinople, qui soutenait que le corps de la résurrection était impalpabilis, et Grégoire le Grand, évêque de Rome, qui l’a nié (Greg. M. Moral, in Jobum lib. xiv. c. 29. Münscher, Handbuch, p. 449) ; et la controverse qui a eu lieu entre les Philoponites monophysites et les Cononites en ce qui concerne la question de savoir si les résurrection devait être considérée comme une nouvelle création de la matière, ou comme une simple transformation de la forme Î Comp. Timoth. de Recept, Hæret. dans Cotelerii Monnm. Eccles. Græcæ, T. iii. p. 413, ss. Walch, Historié der Ketzereien, t. VIII, p. 762, par. Münscher, Handbuch, iv. p. 450, 451. Gieseler, Dogmengesch, 427. [La théorie de la Philoponus s’appuyait sur son principe aristotélicien, selon lequel la matière et la forme sont inséparables, et qu’avec la mort du corps la matière et la forme sont détruites ; par conséquent, il doit y avoir une nouvelle création. — Un point de vue condamné comme origéniste c’est que les corps seront ressuscités dans la forme sphérique, c’est-à-dire la forme la plus par pieds ; un autre, que les corps seront un jour anéantis.]
JUGEMENT GÉNÉRAL. — CONFLAGRATION DU MONDE. — PURGATOIRE.
Hopfner, De Origine Dogmatis de Purgatorio. Hal. 1792. J. F. Cotta, Historia Succincta Dogmatis de Pœnarum Infemalium Duratione. Tübing. 1774 . [Passaglia de æternite pœnarum, ratisb. 1854.]
Les vues concernant le jugement général étaient encore substantiellement fondées sur les représentations de l’Écriture, mais plus complètement décrites et représentées graphiquement, au premier plan et à l’arrière-plan, par le fantasme de l’époque1. Les pères de l’âge précédent croyaient à une conflagration générale qui devait accompagner le jugement général, ainsi que détruire le monde, et lui attribuaient une puissance purificatrice.2 La forme donnée à cela par Augustin était que ce feu purificateur (ignis purgatorius) a son siège dans l’Hadès, c’est-à-dire le lieu où les âmes des défunts étaient censées rester jusqu’à la résurrection générale3. Cette idée, ainsi que d’autres ajouts de la part d’autres théologiens, en particulier Césaire d’Arles 4 et Grégoire le Grand 5, préparèrent la voie à la doctrine plus précise du purgatoire. Cette doctrine, mise ensuite en rapport avec la doctrine de la messe, fut subordonnée aux desseins de la hiérarchie et contribua à obscurcir la doctrine évangélique du salut.
1 La fin du monde sera précédée par des signes dans le soleil, la lune et les étoiles ; le soleil sera changé en sang, la lune ne donnera pas sa lumière, etc. Basile le Grand, Hom. 6, dans Hexaëm. p. 64, (al. 63.) Lactance, VII, 19, ss., c. 25, (il a égard aux oracles sibyllins). De brèves descriptions du jugement général sont données par Grégoire de Nazianze. Orat, xvi, 9, p. 305, ss., et xix. 15, p. 373. — D’après Basile, Moral. Régula. 68, 2, la venue de notre Seigneur sera soudaine, les étoiles tomberont du ciel, etc., mais nous ne devons pas penser à cette manifestation comme τοπική ή σαρκική, mais èv όόξη του πατρός κατά πάσης τής οικουμένης άΟρόως, voir Klose, p. 74. Comp. Hom. dans Ps. xxxiii. p. 184 (al. 193, 94), Ep. 46. — D’après Cyrille de Jérusalem, la seconde venue de notre Seigneur sera annoncée par l’apparition d’une croix, Cat. 15. 22 ; comp, la description complète, 19-33. — Augustin s’est efforcé dogmatiquement de définir les faits qui sont représentés dans le langage figuré, au lieu de donner des descriptions rhétoriques, ♦ comme les théologiens grecs aimaient à le faire ; il a donc cherché à mettre la doctrine de la rétribution en accord avec sa doctrine de la prédestination ; voir De Civ. Dei xx. 1 : Quod ergo in confessione tenet omnis ecclesia Dei veri, Christum de cœlo esse venturum ad vivos ac mor-tuos judicandos, hunc divini judicii ultimum diem dicimus, c’est-à-dire novissi-mum tempus. Nam per quot dies hoc judicium tendatur, incertum est : sed scripturarum more sanctarum diem poni solere pro tempore, nemo qui illas litteras quamlibet negligenter legerit, ncscit. Ideo autem cum diem judicii dicimus, addimus ultimum vel novissimum, quia et nunc judicat et ab hu-mani gereris initio judicavit, dimittens de paradiso, et a ligno vitæ separans primos homines peccati magni perpetratores ; imo etiam quando angelis peccantibus non pepercit, quorum princeps homines a se ipso subversus invidendo subvertit, procul dubio judicavit. Nec sine illius alto justoque judicio et in hoc aërio cœlo et in terris, et daunonum et hominum miserrima vita est erroribus ærumnisque plenissima. Verum etsi nemo peccasset, non sine bono rectoque judicio universam rationalem creaturam perse verantissime sibi Domino suo hærentem in æterna beatitudine retineret Judicat etiam non solum universaliter de genere dæmonum atque hominum, ut miseri sint propter primorum meritum peccatorum ; sed etiam de singulorum operibus propriis, quæ gerunt arbitrio voluntatis, etc. — Sur les transactions du jugement général lui-même, voir ibid., c. 14.
♦ Il signale (De Gestis Pel., c. 4, § 11) la variété des expressions figuratives employées dans l’Écriture à propos de ce sujet, qui peuvent difficilement être combinées en une seule représentation.
2 Comp. § 77, note 6. Cette idée d’un feu purificateur est très distinctement exposée par Grégoire de Nazianze, dans Orat. xxxix. 19, p. 690. (Ullmann, p. 504). Moins nettement à l’oral. XL. 36, p. 730. (Ullmann, p. 505).—Les commentateurs catholiques romains ont trop déduit à l’appui de leur théorie de l’expression générale πυρί καΟαιρομένη, dont se sert Grégoire de Nysse : De iis qui præmaturc abripiuntur (Opp. iii. p. 312) ; voir Schrockh, Kirchengeschichte xiv. , p. 135. Basile le Grand suppose (Hom. 3° dans Ilexacmeron, p. 27) que le feu qui doit détruire le monde existe depuis le commencement de la création, mais que ses effets sont neutralisés par une quantité suffisante d’eau, jusqu’à la consommation de celle-ci ; voir Klose, p. 73.
3 Augustin est d’accord avec d’autres théologiens dans ses vues générales sur la conflagration du monde, De Civ. Dei, xx. 18 ; au même endroit, il s’efforce de donner une réponse satisfaisante à la question : Où seront les justes pendant la conflagration générale ? Possumus respondere, futuros eos esse in superioribus partibus, quo ita non adscendet flamma illius incendii, quemadmodum nec unda diluvii. Talia quippe illis inerunt corpora, ut illic sint, ubi esse voluerint. Sed nec ignem conflagrationis illius pertimescent immortales atque incorruptibiles fact ! : sicut virorum trium corruptibilia corpora atque mortalia in camino ardenti vivere illæsa potuerunt. Comme les théologiens précédents, Augustin met l’idée d’une purification opérée par le feu en relation avec 1 Corinthiens III. 11-15 ; voir Encbiride. ad Laur. § 68. Dans la section suivante, il continue comme suit (en référence à la disposition à trop s’accrocher aux biens terrestres) : Tale aliquid etiam post hanc vitam fieri incredibile non est, et utrum ita sit, quæri potest. Et aut inveniri aut latere nonnullos fideles per ignem purgatorium, quanto magis minusve bona pereuntia dilexerunt, tan to tardius citiusve salvari : non tamen tales, de quibus dictum est, quod regnum Dei non possidebunt, nisi convenienter pœnitentibus eadem crimina rcmittantur. Comp. de Civ. Dei 1. i. c. 24, 26 ; Quæst. ad Dulc. § 13. Au synode de Diospolis, on objecta à Pélage qu’il enseignait qu’au jugement dernier les impies et les pécheurs ne seraient pas épargnés, mais qu’ils brûleraient dans un feu éternel, ce à quoi il répondit que c’était selon l’Évangile, et que quiconque enseignait le contraire était un origéniste. Mais saint Augustin conjecture que Pel agi us voulait par là nier le feu purificateur ; Comp. Wiggers, i. 195 : Neander, Histoire de l’Église (Torrey), ii. 584, note 675. [Cité par Neander, l’objection se lit comme suit : « In die judicii iniquis et peccatoribus non esse parcendum, sed æternis eos ignibus esse exurendos et Neander ajoute qu’il est probable que Pélage combattait ceux qui promettaient le salut final à une foi d’église morte, sans lien avec un changement de cœur », etc., et que cette interprétation « est confirmée par la remarque d’Augustin sur ce passage dans son De Gestis Pelagii ». Prudcntius l’a-t-il enseigné ? voir Schrockh, Kirchengesch. vii. à la p. 126.
4 Sermo viii. 4. au mois d’août. Opp. T. c. Append. ; le passage est cité par Münscher, éd. par von Colin, i. p. 62. Il fait une distinction entre capi-talia crimina et minuta peccata. Nul autre que ce dernier ne peut être expié ni dans cette vie par des souffrances douloureuses, ni par l’aumône ou la placicité manifestée envers les ennemis, ni dans la vie à venir par le feu purificateur (longo tempore cruciandi).
5 Grégoire le Grand peut à juste titre être appelé, avec Schrockh, « l’inventeur de la doctrine du purgatoire » si l’on peut parler d’invention sur un tel sujet. D’une part, il pose (Dial., iv, 39) la doctrine du purgatoire, qui a encore chez saint Augustin le caractère d’une opinion privée, comme un article de foi, en disant : De quibusdam levibus culpis esse ante judicium purgato-rius ignis credendus Il appuie son opinion sur Matth. xii. 31. (Il pense que certains péchés ne sont pardonnés qu’après la mort, mais qu’à cette classe appartiennent seulement ce qu’on appelle les péchés mineurs, tels que le bavardage, la légèreté et la vie dissipée).♦ D’autre part, il fut le premier écrivain qui proposa clairement l’idée d’une délivrance du purgatoire par la prière d’intercession, par des messes pour les morts (sacra oblatio hostiæ salutaris), etc., et produisit des exemples à l’appui de son opinion, auxquels il ajoutait lui-même du crédit. Comp. Dial. iv. 25 et 57, Moral, ix. c. 34 ; Schrockh, Kirchengesch. xvii. p. 255, par. ; Neander , Church Hist. iii. p. 135, ss. ; Lau, p. 485, 508, suiv. Si nous comparons la doctrine de Grégoire avec les notions antérieures (plus idéalistes) concernant l’efficacité du feu purificateur, nous pouvons adopter le langage de Schmidt (Kir-chengesch. iii. p. 280) ; « La croyance en un désir durable après un degré plus élevé de perfection, que la mort elle-même ne peut éteindre, a dégénéré en une croyance au purgatoire. »
♦ D’après Grégoire, le passage sur lequel se sont appuyés les premiers maîtres, 1 Corinthiens III, 13, peut se rapporter aux tribulations de l’hac vita, mais lui-même préfère l’interprétation habituelle, et entend par le bois, le foin et le chaume, mentionnés en iii 12, des péchés sans importance et légers !
6 On avait déjà constaté des abus sur les prières pour les morts : et Aerius, prêtre de Sébaste (vers 360 apr. J.-C.) voulut les faire abolir, mais ils continuèrent encore. Au début, ils priaient pour les martyrs et les saints (Épiphane, 75, § 7).
Augustin, au contraire, pensait ; Injuria est pro martyre orare, cujus nos debemus orationibus coinmendari (Sermo xvii.). C’est devenu une observance ecclésiastique plus générale d’introduire dans l’intercession des saints une demande pour abréger les douleurs du purgatoire.
§ 142.
Grégoire de Nazianze et quelques autres théologiens ont supposé que les âmes des justes avant la résurrection du corps sont immédiatement admises dans la présence de Dieu (sans égard à la doctrine de l’Hadès), tandis que la plupart des écrivains ecclésiastiques de cette époque1 croyaient que les hommes ne reçoivent leur pleine récompense qu’après la résurrection du corps2 et le jugement général. D’après Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et d’autres théologiens qui adoptèrent les vues d’Origène, la béatitude du ciel consiste dans une connaissance plus développée, dans le commerce avec tous les saints et les justes, et en partie dans la délivrance des chaînes du corps ; Augustin ajoutait que l’âme obtenait alors sa vraie liberté. Mais tous les auteurs ont admis qu’il était difficile de se former des opinions justes sur ce sujet3. Les souffrances des damnés étaient représentées comme l’opposé des plaisirs des bienheureux, et dans les descriptions des châtiments de l’enfer, une plus grande importance était accordée aux représentations sensuelles grossières. Beaucoup étaient disposés à considérer l’incendie en question comme un incendie matériel ; bien que Lactance l’ait dépeint dans des images plus raffinées, tandis que d’autres l’ont peint dans des descriptions terribles4. Il y avait encore quelques théologiens qui favorisaient l’idée de degrés de félicité et de torture.5 En ce qui concerne la durée des peines de l’enfer, l’opinion était plus générale, qu’elles sont éternelles6, mais Arnobius soutenait cependant qu’elles finiraient par cesser, bien qu’avec l’anéantissement de l’individu7; et même l’humanité origéniste, dans quelques-uns de ses représentants, osait encore exprimer une lueur d’espoir en faveur des damnés8. Jérôme, du moins, a admis que ceux qui, parmi les damnés, ont été orthodoxes, jouissent d’une sorte de privilège9. Enfin, c’est un fait remarquable, qui admet cependant une solution satisfaisante, qu’Augustin ait eu sur ce point des opinions plus modérées que Pélage10, qui, aussi bien que le pratique Chrysostome11, maintint la durée éternelle des châtiments de l’enfer, conformément à sa doctrine stricte de la rétribution morale. La doctrine de la restitution de tous les choses ont partagé le sort de l’origénisme12, et n’ont fait son apparition dans les âges ultérieurs qu’en relation avec d’autres notions hérétiques, et en particulier avec le millénarisme autrement anti-origéniste.
1 Orat. x. p. 173, 174. Comp. Gennad. De Dogm. Eccles, c. 46. Gre· gory le Grand, Moral. 1. CHAPITRE IV. vers 37. Eusèbe rapporte aussi (De vita Constant, III, 40) qu’Hélène, mère de l’empereur, se rendit immédiatement auprès de Dieu, et se transforma en une substance angélique (άνεστοι, χει, ουτο).
2 Ainsi Ambroise, De Bono Mortis c. 10 ; de Caïn et Abel, 1. ii. c. 2 : Sol-vitur corpore anima et post finein vitæ hujus, adhuc tamen futuri judicii ambiguo suspenditur. Ita finis nullus, ubi finis putatur. Hilaire, Tract en p. 8. cxx. , p. 383. Augustin, Enchirid. ad Laur. § 109 : Tempus, quod inter hominis mortem et ultimam resurrectionem interpositum est, animas abditis receptaculis continet ; sicut unaquæque digna est vel requie vel ærumna, pro eo, quod sortita est in carne cum viveret : comp. Sermo 48. Quelques-uns des théologiens grecs eux-mêmes ont enseigné que nul ne reçoit sa pleine récompense avant le jugement général Chrys, dans Ep. ad Hebr. Hom. xxviii. (Opp. T. xii. p. 924) et dans 1 Ep. ad Corinth. Hom. xxxix. (Opp. xi. p. 436). Il y défend la croyance en la doctrine chrétienne de la résurrection comme distincte d’une simple espérance en l’existence continue de l’âme après la mort. Cyrille d’Alex , Contra Anthropom. c. 5. 7, par.
3 Selon Grégoire de Nysse, Orat. Catéch. c. 40, la béatitude du ciel ne peut pas être décrite par des mots. Grégoire de Nazianze, Orat. xvi. 9, p. 306, suppose qu’elle consiste dans la connaissance parfaite de Dieu, et spécialement de la Trinité (Θεωρία τριάόος), en plein accord avec la tendance intellectuelle et contemplative qui prédominait dans l’Église d’Orient à cette époque. Grégoire, cependant, ne limite pas la jouissance du bonheur éternel à la vision intuitive et à la connaissance de Dieu ; mais, dans la mesure où cette connaissance elle-même s’accomplit par une union plus étroite avec Dieu, la béatitude des rachetés dans le ciel consistera aussi dans cette union intérieure avec Dieu, dans la paix parfaite de l’âme et des demeures célestes, dans le commerce avec les esprits bienheureux, et dans la connaissance élevée de tout ce qui est bon et beau ; Orat. VIII. 23, , p. 232. On trouve des descriptions rhétoriques dans l’Orat vii. 17, p. 209, vii. 21, p. 213. Ullmann, p. 502. Basile le Grand dépeint cette béatitude pour la plupart d’une manière négative : Homil. in P8. cxiv. p. 204, cité par Klose, p. 76. Augustin commence aussi, De Civ. ' Dei xxii. 29, 30, par la confession : Et ilia quidem actio, vel potius quies atque otium, quale futurum sit , si verum velim dicere, nescio ; non enim hoc unquam per sensus corporis vidi. Si autem mente , i, e^ intelligentia vidisse me dicam, quantum est aut quid est nostra intelligentia ad il lam excellen-tiam ?—D’après saint Augustin, le bonheur des bienheureux consiste dans la jouissance de la paix céleste qui surpasse la connaissance, et dans la vision de Dieu, qui ne peut être comparée à la vision corporelle. Mais alors que Grégoire de Nazianze assignait la première place à la connaissance théologique (l’intuition de la Trinité), Augustin fondait sa théorie de la vie bienheureuse sur l’anthropologie . Les bienheureux obtiennent la vraie liberté, par laquelle il comprend qu’ils ne peuvent plus pécher : nam primum liberum arbitrium, quod homini datum est, quando primum creatus est rectus, potuit non peccare, sed potuit et peccare ; hoc autem novissimum eo potentius erit, quo peccare non poterit. Verum hoc quoque Dei munere, non 8uæ possibilitate naturæ. Aliud est enim, esse Deum, aliud participem Dei. Deus natura peccare non potest ; particeps vero Dei ab illo accipit, ut peccare non possit... . Et comme pour la liberté, il en est de même pour l’immortalité : Sicut enim prima immortalitas fuit, quam peccando Adam perdidit, posse non mori, novissima erit, non possi mori. Augustin, d’ailleurs, pensait que les bienheureux conservaient tout le souvenir du passé, même des souffrances qui leur arrivaient sur la terre ; mais pour qu’ils ne ressentent pas ce qu’il y avait de douloureux dans ceux-ci. Ils connaissent aussi les tourments des damnés sans être troublés dans leur propre bonheur (des vues analogues ont été exprimées par Chrysostome, Hom. x. dans 2 Ep. ad. Corinth. Opp. T. xi. p. 605). Dieu est la fin et l’objet de tout désir, et par conséquent la substance essentielle de la béatitude : Ipse erit finis desiderioruin nostrorum, qui sine fine videbitur, sine fastidio amabitur, sine fatigatione laudabitur. — Cassiodore, De anima c. 12 (Opp. T. ii. p. 604, 605), donne un résumé de ce que les théologiens antérieurs avaient enseigné sur le bonheur éternel des bienheureux.
4 Lactance vii. 21......Quia pcccata in corporibus contraxerunt (damnati), rursus carne induentur, ut in corporibus piaculum solvant ; et tamen non erit caro ilia, quam Deus homini superjecerit, huic terrenæ similis, sed insolubilis ac permanens in æternum, ut sufticere possit cruciatibus et igni sempiterno, cujus natura di versa est ab hoc nostro, quo ad vitæ necessaria utimur, qui, nisi alicujus materiæ fomite alatur, extinguitur. At ille divinus per se ipsum semper vivit ac viget sine ullis alimentis, nec admixtum babet fumum, sed est punis ac liquidus et in aquæ modum fluidus. Non enim vi aliqua sursum versus urgetur, sicut noster, quem labes terreni corporis, quo tenetur, ct fumus intermixtus exsilire cogit et ad cœlcstem naturam cum trepidatione mobili subvolare. Idem igitur divinus ignis una eademque vi atque potentia et cremabit impios et recreabit, et quantum e corporibus absumet, tantum reponet, ac sibi ipse æternum pabulum subministrabit. Quod poëtæ in vulturem Tityi transtulerunt, ita sine ullo revirescentium corporum detrimento aduret tantum ac sensu doloris afficiet.— Grégoire de Nazianze supposait que le châtiment des damnés consistait essentiellement dans leur séparation d’avec Dieu, et dans la conscience de leur propre bassesse (Orat. xvi. 9, p. 306) : ToZç ôè μετά των άλλων βάσανος, μάλλον δε προ των άλλων τό άπερρίφΟαι θεού, καί ή εν τω συνειδότι αισχύνη πέρας ονκ εχονσα. Basile le Grand, au contraire, donne une description plus vivante de ce châtiment, Ilomil. dans le Ps. xxiii. (Opp. T. i. p. 151), et ailleurs. Comp. Klose, p. 75, 76. Münscher, Handbuch, iv. p. 458. Chrysostome épuise son éloquence à peindre les tourments des damnés dans des tableaux répugnants ; dans Théod. Lapsum i. c. 6, (Opp. T. iv. p. 560, 561). Néanmoins, en d’autres endroits , par exemple, dans son Ep. ad Rom. Hom. xxxi. (Opp. x. p. 396), il observe avec raison qu’il est plus important de savoir comment échapper à l’enfer que de savoir où il est, et quelle est sa nature. Grégoire de Nysse (Catéch. oral, 40) s’efforce de détourner les pensées de tout ce qui est sensible (le feu de l’enfer ne doit pas être considéré comme un feu matériel, et le ver qui ne meurt jamais n’est pas non plus un επίγειον θηρίον). Augustin voit aussi que la séparation d’avec Dieu doit d’abord être considérée comme la mort et le châtiment des damnés (De Morib. Eccles. Cath. c. 11) ; mais il laisse à ses lecteurs le soin de choisir entre le plus sensuel ou le plus sensuel mode d’interprétation spirituel ; Quoi qu’il en soit, il vaut mieux penser à l’un et à l’autre à la fois ; De Civit. Dei xxi. 9, 10 ; comp. Greg. M. Moral, xv. c. 17.
5 Grégoire de Nazianze fonde son idée des différents degrés de béatitude sur Jean xiv. 2, comp. Orat. xxvii. 8, p. 493, xiv. 5, p. 260, xix. 7, p. 367, XXXII. 33, à la p. 601. Ullmann, p. 503. Basile le Grand expose des vues analogues dans Eunom. lib. 3, p. 273. Klose, p. 77. Augustin aussi supposait l’existence de tels degrés, De Civ. Dei xxii. 30. 2. Il admet qu’il est impossible de dire en quoi elles consistent, quod tamen futuri sint, non est ambigendum. Mais en l’absence de tout sentiment d’envie, le bonheur de personne ne sera moindre parce qu’il ne jouit pas d’une position aussi élevée que les autres. Sic itaque habebit donum alius alio minus, ut hoc quoque donum habeat, ne velit amplius. — Jérôme accusa même Jovinien d’hérésie, parce qu’il niait les degrés dont il s’agissait ; Adv. Jov. lib. ii. Op. T. ii. p. 58, 8s. — D’après saint Augustin il y a aussi des degrés de condamnation, De Civ. Dei xxi. 16 : Nequaquam tamen negandum est, etiam ipsum æternum ignem pro diversitate meritorum quamvis malorum aliis leviorem, aliis futurum esse graviorem, sive ipsius vis atque ardor pro pœna digna cujusque varietur (il admettait ainsi une cessation relative de la damnation) sive ipse æqualitcr ardeat, sed non æquali molestia sentiatur. Comp. Enchir. ad Laur. § 113. Greg. M. Moral, ix. c. 39, lib. xvi. c. 28. Les opinions des pères étaient très hésitantes à l’égard des enfants qui meurent sans avoir été baptisés. (Comp. § 137. 5).
6 Cette opinion était principalement fondée sur l’emploi du mot αϊώνυος dans Matth. xxv. 41, 46 : il doit avoir le même sens en ce qui concerne à la fois la vie et le châtiment. C’est ainsi qu’Augustin dit : De Civ. Dei, XXI. 23 : Si utrumque æternum, profecto aut utrumque cum fine diuturnum, aut utrumque sine fine perpetuum debet in telligi. Paria enim relata sunt, hinc suppiiciuni æternum, inde vita æterna. Dicere autem in hoc uno eodemque sensu, vita æterna sine fine erit, supplicium æternum finern babebit, multum absurdum est. Unde, quia vita æterna Sanctorum sine fine erit, supplicium quoque æternum quibus erit, finem procul dubio non habebit. Comp. Enchirid. § 112. Il est superflu de citer des passages d’autres pères, car ils sont presque tous d’accord.
7 Arnobius, Adv. Gentes, ii. 36 et 61 : Res vestra in ancipiti sita est, salus dico animarum vestrarum, et nisi vos adplicatis dei principis notion !, a corporalibus vinculis exsolutos expectat mors saeva, non repentinam adferens extinctionem, sed per tractum temporis cruciabilis pœnæ acerbitate consumens.
8 On trouve quelques faibles traces d’une croyance en la rémission finale des peines dans le monde à venir, dans les écrits de Didyme d’Alexandrie, (l’un des représentants de cette tendance), qui existent encore, surtout dans son traité De Trinitate, édité par Mingarelli, a. d. 1769 : comp. Neander, Church Hist. ii. 1, p. 349, 677. Grégoire de Nysse parle plus distinctement sur ce point, Orat Cat. c. 8 et 35 , dans λόγος περί ψνχής καί άναστάσεως, et dans son traité De Infantibus, qui mature abripiuntur (Opp. T. iii. p. 226-29 et 322, ss.), indiquant le dessein correctif des châtiments infligés aux méchants : comp. Néandre, 1. c. Mùnscher , Handbuch, iv p. 465. (Germain, patriarche de Constantinople au IXe siècle, s’efforça de supprimer ces passages ; sec Mùnscher, 1. c.) Rupp , p. 261. Grégoire de Nazianze ne donne (Orat xl. p. 665 , Ullmann, p. 505) que de faibles indices d’un espoir de rémission finale des peines de l’enfer (comme φιλανΟρωπότερον teal τού κολάζοντας επαξίως). Il fait une allusion occasionnelle à la notion d’Origène à propos d’un άποκατάστασις, par ex. Orat. xxx. 6. p. 544. — Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste appartenaient à cette tendance plus douce. (Les passages se trouvent dans Assemani Bibl. Orient T. iii. p. 1, p. 223-224. Phot. Bibl. Cod. Ixxxi, p. 200. Mar. Mercator Opp. p. 346, éd. Balluzii.) Comp. Néandre, 1. c. p. 677 ; [et Hist Dogm. pp. 414, 415, avec la note de Jacobi.] Augustin (Enchirid. § 112) et Jérôme (ad A vit. Opp. T. ii. p. 103, et ad Pammach. p. 112) se réfèrent à ces vues plus modérées qui, dans une certaine mesure, ont prévalu en Occident.
9 Jérôme (Commentaire, dans Jes. c. Ixvi. à la fin) : et sicut diaboli et omnium negatorum et impiorum, qui dixerunt in corde suo : Non est Deus, credimus æterna tormenta, sic peccatorum et impiorum et tamen [ !] Christianorum, ' quorum opera in igne probanda sunt atque purganda, moderatum arbitramur et mixtam clementiæ sententiam. Cette opinion impie, selon laquelle tous ceux qui n’étaient pas chrétiens étaient condamnés à des tourments éternels, mais que les chrétiens paresseux et immoraux, endormis dans la sécurité charnelle, ne pouvaient manquer de gagner des amis.יי Mùnscher, llandbuch, iv. p. 473.
10 Augustin soutint en effet avec toute la rigueur l’éternité des peines, comme nous l’avons vu plus haut ; mais lorsque Pélage affirma au synode de Diospolis : in die judicii iniquis et peccatoribus non esse parcendum, sed æternis eos ignibus esse exurendos ; et si quis aliter credit, Origenista est (comp. § 141, note 3), il s’opposa à lui par des vues plus modérées (De gestis Pelagii, c. 3, § 9-11) selon le principe le plus élevé : Judicium sine miseri-cordia fict illi, qui non fecit misericordiam. Avec sa supposition, comme nous l’avons déjà laissé entendre, d’une diminution graduelle de la punition et de degrés dans celle-ci, la disparition graduelle de celle-ci a été réduite au minimum. (Comp, aussi ce qui est dit note 5.)
11 On aurait pu s’attendre à ce que les dispositions plus douces de Chrysostome l’eussent porté à adopter des opinions plus conformes à celles de son maître Diodore de Tarse ; à Hom. 39, dans Ep. 1 ad Cor. Opp. x. p. 372, il fait allusion en effet à l’opinion de ceux qui s’efforcent de prouver que 1 Cor. xv. 28 implique une άναίρεσις της κακίας, sans la réfuter. Mais sa position dans l’Église, et la corruption générale des mœurs, l’obligeaient à adopter des vues plus rigides : comp., dans Théodore. Lapsum 1. c., dans l’Epist. 1 ad Thessal. Hom. 8 : Mr/ τη μελλήσει παραμυθώμεθα εαυτούς· όταν γάρ πάντως όέη γενέσΟαι, ουόεν ή μέλλησις ωφελεί׳ πόσος ο τρόμος ; πόσος ό φόβος τότε ; κ. τ. λ. dans Ερ. 2, Hom. 3, et d’autres passages. — Comp., le mode de l’enseignement d’Origène sur ce point, § 78, note 6.
12 Comp., les actes du synode de Constantinople (544 ap. J.-C.), can. xii. cité par Mansi, t. ix, p. 399.
TROISIÈME PÉRIODE.
DE JEAN DAMASCENUS À L’ÉPOQUE DE LA RÉFORME, 730-1517.
(LA SCOLASTIQUE AU SENS LE PLUS LARGE DE LA MOT).
Un. HISTOIRE GÉNÉRALE DES DOCTRINES AU COURS DE LA TROISIÈME PÉRIODE.
§ 143.
Engelhardt, Dogmengesch ichte, vol. ii. Münscher, Lehrbuch der Dogmengesch. édité par von Colin, vol. ii. Gesch. d. Philosophie, Bd. vit [Christliche. Philos! 2 Bde., 1859.] Gieseler, Dogmengeschichte. [J ! Rehm, Gesch. des Mittelalters, 3 Bde. Marbourg, 1821. H Leo, Gesch. des M. Alt. Halle, 1830. Le Moyen Âge de Hallam. H. H. Milman, Histoiy of Latin Christianity, 2e éd., 6 vol., Lond., 1859 ; 8 vol., New York, 1861 . Chs. Hardwick, Hist. Christ. L’Église au Moyen Âge, Cambridge, 1853. Histoire de Robertson, 590-1122, Lond. 1856 . E. Chastel, Le Christianisme et l’Église au moyen âge, Paris, 1859. !S. R. Maitland, Essais sur l’âge des ténèbres, 2e éd., 1851. Capefigue, !' Eglise au moyen âge, 2 Tom., Paris, 1852. Ramberger, Synchronistische Gesch. d. Kirche und d. Welt im Mittelalter, xiy. Tom., 1854. K. R Hagenbach, Vorlesungen ùber d. Kirchengeschichte des Mittelalters, 1 Theih Leipz. I860.]
On peut dire qu’une nouvelle période dans l’histoire des doctrines commence avec la publication de l’Exposition de Jean Damascène1, moine grec, dans la mesure où, à partir de ce moment-là, Il s’est manifesté une tentative plus nette d’organiser systématiquement et de prouver dialectiquement ce qui avait été obtenu par une série de conflits2. Le la structure de la doctrine ecclésiastique a été complétée, à l’exception de quelques pièces, e. g. La doctrine des sacrements. Mais les principaux piliers de la théologie et de la christologie ont été solidement établis par les décisions des conciles tenus au cours de la période; et l’augustinisme avait donné (au moins en Occident) un caractère défini à l’Anthropologie, à la doctrine du salut qui s’y rattache, et, enfin, à la doctrine de l’Église. Par conséquent, tout ce qu’il restait à faire pour la doctrine de l’Église, consistait en partie dans la collecte et l’achèvement matériaux existants, d’une part dans l’effort de les passer au crible, et d’autre part dans la effort fait pour prouver dialectiquement des points particuliers. Néanmoins, les travaux écrits à cette époque ne sont pas dénués d’originalité, et d’un esprit de d’une enquête indépendante.
1 Le titre de cet ouvrage est : ״Εκόοσις [£κ0εσ4£] ακριβής τής όρθοόόξον πίστεως (il forme, à proprement parler, la troisième partie d’une œuvre plus vaste, intitulée : ττηγή γνώσεως). Une édition en a été publiée par Mich. Le Quien, Par. 1712, ii. fol. ; voir aussi son Dissertt. vii. Damascenicæ. Comp. Schrockh , Kirchengeschichte, t. XX, p. 222, par. Dossier, Bibliothek der Kirchen-vater, viii. p. 246-532. Gieseler, Dogmengesch. , p. 437.
2 Nous avons trouvé des traces d’un traitement systématique au cours des deux premières périodes dans les écrits d’Origène (περί αρχών), et d’Augustin (Enchiridion et De Doctrina Christiana), mais ils n’étaient que Débuts. « Jean Damas est sans aucun doute le dernier des théologiens de l’Église d’Orient, et reste plus tard la plus haute dans la littérature théologique des Grecs. Il peut lui-même être considéré comme le point de départ du système scolastique de l’église grecque, QUI EST ENCORE TROP PEU connu. Dorner, Entwicklungsgeschichte, der Christologie, p. 113. (Tafel, Suppléments Histor. Eccles. Græcor. sec. XI. XII. 1832, p. 3, art. 9 et art.) Sur l’importance de Jean Damas rapport à l’Occident, voir Dorner, 1. c.
§ 144.
LE RELATION ENTRE LA TENDANCE SYSTÉMATIQUE ET L’APOLOGÉTIQUE.
Les travaux des apologistes, qui avaient été de moindre importance, même dans le période précédente, se limitaient naturellement à un cercle encore plus étroit au cours de la aujourd’hui, puisque le christianisme était devenu presque exclusivement la religion de la monde civilisé. Il ne restait plus qu’à combattre le mahométisme et le judaïsme.1 Le paganisme germanique et slave est apparu en comparaison avec la civilisation chrétienne comme une sorte de barbarie, à laquelle on s’opposait moins par les armes de la discussion scientifique, comme par les efforts pratiques des missionnaires, et parfois par la force physique2. Mais quand, surtout vers la fin de la période actuelle, des doutes, au sein même du christianisme, ont été soulevés par la philosophie concernant la vérité de la révélation, d’une manière plus ou moins ouverte, les apologistes de nouveau contraints d’entrer sur les listes.3
1 Les Juifs étaient combattue au IXe siècle entre autres par Agobard , archevêque de Lyon, dans ses œuvres : De Insolentia Judæorum—De Judaicis Superstitionibus. Comparez Schrockh, Kirchcngesch. xxi. p. 300, ss. ; et par Amulo (Amularius), archevêque de Lyon, dans son traité : contra Judæos ; Schrochk, 1. c. p. 310. Aux XIe et XIIe siècles, Gislebert de Westminster s’y opposa ; il a écrit : Disputatio Judæi cum Christiano de fide Christiana, in Anselmi Cantuaire. Opp. p. 512-523. Paris. 1721, fol. Schrockh, xxv. p. 358 ; par Abélard dans son ouvrage : Dialogue inter Philos. Judæum et Christianum (2 ? Aw&waZcZ, Anecdota ad Hist. Eccles, pertinent. Bérol. 1835, t. 1) ; par Rupert, abbé de Duytz : Annulus seu Dia-logus Christian ! et Judæi de Fidei Sacramentis , Schrockh, 1. c. p. 363, ss. ; et par Richard de Saint-Victor, qui écrivit de Emmanuele libri duo , Schrockh, 1. C. p. 366, par. Au XIIIe siècle, ils rencontrèrent un adversaire dans le personne de Rainiund Martini, qui a composé les traités : Pugio Fidei, Capistrum Judæorum , Schrockh, 1. c. p. 369, ss., etc. Les mahométans furent combattus par Euthymius Zigabenus (dans le chapitre 24 de son ouvrage intitulé : πανοπλία, édité par Bearer in Frid. Sylburgii Saracenicis, Heidelb. 1595. 8) : par Rainiund Martini dans son traité : Pugio fidei , Schrockh, xxv. p. 27, ss. ; par Pierre le Vénérable de Clugny, dans son ouvrage bis : Advers. nefandam Scctam Sarazenorum (Martène, Collect. Ampl. Monum. T. ix. p. 1121), Schrockh, 1. c. p. 34, et xxvii. p. 245 : et plus tard encore par Énée Sylvius (pape Pie II) qui a écrit : Ep. 410, ad Mahom. II . Schrockh, xxxii. p. 291, par. Tous ces ouvrages apologétiques sont cependant dans leur forme plutôt polémiques ; Ce sont surtout des déclamations, dans lesquelles le zèle non tendu n’est pas ™courait fréquemment en invectives ; Baur, Lehrbuch, p. 172. Sur l’opposition à l’islamisme au Moyen Âge, voir Gass, ubi supra, § 146.
2 Sur ce point, comparez les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique (les chapitres sur la propagation du christianisme). La même méthode a été partiellement adoptée avec référence aux Juifs et aux Mahométans.
3 Savonarole, Triumphus Crucis, par Fidei Veritate, 4 livres ; comp. Rudelbach, Jérôme. Savonarole, Hamb. 1835, p. 375, par. Marsile Ficinus, De Rel. Christ et Fidei Piety, Opuscul. Voir Schrockh, Kirchen-gesch. xxxiv. p. 343 et 88.
§ 145.
LE POLÉMIQUES DE CETTE ÉPOQUE. — CONTROVERSES AVEC LES HÉRÉTIQUES.
Engelhardt, Dogmengeschichte, vol. II. ch. 3. p. 51, par.
Les hérésies qui ont fait leur apparition au cours de la période actuelle différaient de anciennes tendances hérétiques, en s’opposant à l’ensemble du système ecclésiastique plutôt qu’à des doctrines particulières. En ce qui concerne les principes doctrinaux, ils d’accord pour la plupart avec les notions hérétiques des Gnostiques et des Manichéens, mais exigeaient parfois un retour à la simplicité et à l’inaltération doctrine de la Bible.1 Il y avait quelques hérésies d’une doctrine doctrinale caractère, e. g. l’hérésie adoptienne, et les vues de Gottschalk et de Bérenger, ainsi que quelques affirmations audacieuses de la part de théologiens scolastiques (tels que Roscelinus et Abélard), qui a donné lieu à des controverses au sein de l’Église, et a suscité décisions des synodes2. Ce n’est qu’à la fin de la période que les luttes contre l’ordre de choses existant })a ouvert la voie à un changement dans la les vues religieuses générales de l’époque, et a ainsi introduit la période de la Réforme.3
1 Aux sectes hérétiques appartiennent en Orient les Pauliciens (comp. § 85, note 4), et les Bogomiles (en ce qui concerne leurs doctrines, comparez Mich, P sell us, περί ενεργείας δαιμόνων όιάλ, éd. Hascnmüller. Kil. 1688. — Euthyme. Zigabenas, Panoplia P. ii. tit. 23. Wolf, J. Ch., hist. Bogomilo-rum Dss. III. Vit 1712,4.♦ Engelhardt, kirchenh. Abhandlungen, Erl. 1832, n° 2) ; dans l’AVest les Cathares (Leonistæ ), les Manichéens (Paterini, Publi-cani, Bugri, boni homines), les disciples de Pierre de Bruis et d’Henri de Lausanne (Petrobrusiani, Ilenriciani) ; et plus tard, les Les Vaudois et les Albigeois, les Turlupins, les Beghards, les Béguines, les Fraticelli, les Spiritueux. Comparez les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique, en particulier Füsslin, Kirchen und Ketzer-historie der mittlern. Zeiten, Francfort et Leipzig, 1770, ss. iii. (L’histoire des doctrines peut Ne considérez ces sectes qu’en général.) Mosheim, de Bcghardis et Bcguinabus. Lèvres. 1790, 8. Ch. Schmidt, Histoire et Doctrine de la Secte des Cathares ou Albigeois, Genève, 1849. [Ibid., dans la Zeitschrift de Nicdncr, 1852 : Actcnstücke zur Gesch. Hahn’s Gesch. d. Secten, Bd. ii., 1847. A. W. Dieckhoff, Die Waldenser, Göttingen, 1851. Herzog, De Origine... Waldensium, 1848 (comp. Dieckhoff dans Reuter’s Repertorium, 1850.) Bender, Gesch. d. Waldenser, Ulm, 1850. 11 mai et Essais sur Wald et Albigeois, 1852. Herzog, Die romanischen Walden-ser, 1853 ; Réponse de Dieckhoff, 1858. Articles dans New York Englander, 1852 ; (Londres) Trimestriel, 1858 ; Critique théologique, 1851. D’un autre côté, Rituel des Cathares , Ed. Cunitz, dans Beitrage zur theol. Wissenschaft, Bd. iii. iv. 1853-4.] .
2 Comp., les sections sur la Trinité, la Christologie, la Prédestination et la La Cène, dans l’histoire spéciale des doctrines.
3 Voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique, et Flathe, Geschichte der Vor-lâufer der Reformation. Leipz. 1835, ii. (comp. § 155).
§ 146.
♦ Ullmann, Nicolas de Méthone, Euthyme Zigabenus et Nicétas Choniatès, ou le développement dogmatique de l’Église grecque au XIIe siècle, (Études et Critiques 1833, 3e partie, p. 647, ss.) I.K . Gass, Gennadius et Pletho , Aristotelisme et Platonisme en grec l’Église, y compris un traité sur la controverse de l’islam au Moyen Âge, Brest 1844. [Z P. Fallmerayer, Gesch. d. Morée au Moyen Âge, Stuttg. 1830 . G. Finlay, Hist, des empires byzantin et grec ; 6 vol., Lond. J. G. Pitzipios, L’Eglise Orientale, etc., Rome, 1854. Acta et Diplomata Græca medii Aevi Sacra et Profana, éd. Miklosch et Jos. Muller, Tom. 1. 1859. Dean Waddingter, Hist. de l’Église grecque, nouv. éd. 1854.]
Après l’apparition d’Augustin dans la période précédente, l’église grecque cessa de prendre la tête de l’Occident au point de vue dogmatique ; dans la période actuelle, il s’est retiré du théâtre d’un développement vivant, après avoir érigé son monument à Jean Damascène. Les théologiens qui ont suivi Jean Damascenus, comme Euthymius Zigabenus1, Nicolas, évêque de Méthone2 Nicétas, Choniates3 et Théophylacte4 les ombres de l’ancienne grandeur, sont parallèles aux théologiens scolastiques de l’Église. Les principaux écrivains doctrinaux parmi les chrétiens chaldéens, séparés de l’église orthodoxe (les disciples de Nestorius), étaient Ebed Jesu5 parmi les Jacobites (monophysites), Jacob, évêque de Togritum6 et Abulfaradsh.7
1 Il s’appelle aussi Zigadenus, et mourut vers l’an 1118, moine à Constantinople. À la demande de l' L’empereur Alexis Commenus, il écrivit son œuvre principale : Πανοπλία 60χματ4«^ της Ορθοδόξου πίστεως ήτοι Οπλοθήκη δογμάτων, voir Schrbckh, Kirchengesch. xxix. p. 332, art. 373, et Ullmann, 1. c. p. 19, art. L’œuvre originale n’a été imprimée qu’une seule fois, à Ter-govisto, en Valachie, en l’an 1711. Comp. Tissu. Bibl. Græca. Vol. VII. , p. 461. Là en est une traduction latine par Pet. Franc. Zino, Venet 1555, fol., qui a été réimprimé dans Maxima Bibl. PP. Lugd. T. xix. p. i. 8s.— Il composa aussi des traités d’exégèse.
2 Méthone était une ville de Messénie. On sait peu de choses sur sa vie. Quelques qu’il vivait au XIe siècle, d’autres affirment avec plus de probabilité qu’il ait vécu au XIIe ; Comp. Ullmann, 1. c. p. 57. Son œuvre principale est la réfutation de Proclus, philosophe platonicien, intitulée : 'λνάπτνξις της θεολογικής στοιχειώσεως Ιϊρόκλου Ιϊλατωνικοϋ ; Il s’agissait d’une édité par le directeur Vœmel, Frankf. sur le Maine, 1825, 8. A cela s’ajoute : Nicol. Méthamphétamine. Anecdoti, P. i. et ii. 1825, 26. « L’œuvre de Nicolas de Méthone est Sans doute l’un des meilleurs écrits de l’époque ? Ullmann, 1. c. En ce qui concerne l’histoire des doctrines, ses discussions sur la l’expiation sont de la plus haute importance (§ 179).
3 Son nom de famille était Acominatus. Il s’appelait Chômâtes d’après sa ville natale de Chonæ (anciennement Colosse), en Phrygie : il mourut après l’année 1206. — De son θτ/σαυρός Ορθοδοξίας en 27 livres, seuls les cinq premiers (et probablement le plus important) sont connus dans la traduction latine de Morelli , publiée en 1569, 8, et réimprimée dans Max. Bibl. PP. T. xxv. p. 54 et 88. Ces travaux avaient pour but de compléter la Panoplie d’Euthyme. Comp. Schrbckh, xxix. p. 338, 83. Ullmann, p. 30, par.
4 Archevêque des Bulgares à Acrida ; Il meurt en 1107. Il est principalement connu sous le nom de un écrivain exégétique, et par ses polémiques contre l’église latine : De iis, dans quibus Latini accusantur.
5 Il fut évêque de Nisibe et mourut en 1318. Sur son traité : Margarita sive De vera fide,, comp. Assemani, Bibl. Orient T. iii. P. i. ( Pfeifer, t. II, p. 407).
6 Il mourut en 1231. Sur son œuvre : Liber Thesaurorum voir Assemani, L c. T. ii. p. 237. (Pfeifer, t. I, p. 250).
7 Il occupa le siège métropolitain d’Édesse, s’appelait aussi Barhebræus, et mourut A. D. 1286. Sur son ouvrage : Candelabrum Sanctorum de fundamentis, voir Assemani, 1. c. p. 284.
Sur les mystiques de l’Église grecque, voir § 153.
§ 147.
Bousset, Introduction à l’histoire générale du monde jusqu’à l’empereur Charles grand format, traduit et avec un appendice de traités historico-critiques augmenté par J. A. Cramer, 1 vol. Lipz. 1757-1786.
Au cours des deux périodes précédentes, l’Église d’Occident était principalement représentée par ecclésiastiques de la Gaule et de l’Italie, ainsi que par les théologiens de l’école africaine. Quand la renommée de ces derniers écrivains, ainsi que la gloire des empires romain et byzantin, s’était évanoui, un nouveau système de la théologie s’est développée parmi les nations germaniques. Il faut distinguer ici trois périodes principales : I. L’âge des Carlovingiens, y compris les périodes avant et après Charlemagne, jusqu’au commencement de la période scolastique. II. L’âge de scolastique proprement dite (du XIe siècle au milieu du XVe). III. La période de transition vers la Réforme (le XVe siècle, et surtout la seconde moitié).
Il est bien sûr impossible de tracer des lignes de séparation distinctes. Ainsi la scolastique est préfigurée dans la période mentionnée comme la première par Jean Scot Erigène ; le la seconde période se confond si graduellement avec la troisième, que, pendant quelque temps, les deux tendances (la scolastique, qui disparaissait rapidement, et celle qui se manifestaient dans les écrits des réformateurs) s’accompagnaient. Beaucoup des écrivains , par exemple Ritter, font commencer la scolastique dès le IXe siècle ; mais le Xe siècle siècle rompt le fil de telle sorte que ce qui précède est plutôt un prélude, que le premier acte d’un drame : « s’épanouit avant le temps, qui sont donc sans fruit ; deux siècles s’écoulèrent avant que le printemps ne vînt Hasse (dans l’ouvrage cité dans la section suivante, p. 21, comp. p. 32).
§ 148.
♦f Staudenmaier, Johann Scot Erigena et la science de son temps Première partie, Francfort le Main, 1834. Kuntsmann, Hrabanus Magnentius Maurua, Mayence. 1841 . Ritter, Histoire de la philosophie, vol. VII. Hasse, Anselme de Cantorbéry, vol. II, p. 18 à 21. [Rettberg, Kerchengesch. Deutschlands, vol. 1, Die Franken, 1848. Krafft, G chacun. d. Volker allemand. A. F. Ozanam, La Civilisation chrétienne chea les Francs, Paris, 1849. F. Monnier, Histoire des luttes dans les Temps Carlovingiem, Paris, 1852. Th. Christlier, Vie et doctrine de Joh. Scot Erigena : avec une préface du Prof. Dr. Lauderer, Gotlia. I860.]
Le recueil de Sentences composé par Isidore de Séville, et d’autres d’importance similaire1, a fourni la matière brute, tandis que les écoles et les collèges fondés par Charlemagne ont contribué à susciter l’activité spirituelle. Les vénérables Bède2 et Alcuin3 se distinguèrent par la clarté de leurs vues, parmi le nombre de ceux qui qui ont exercé plus ou moins d’influence sur l’époque des Carlovingiens, bien qu’ils ne soient pas allés jusqu’à présenter un système théologique connexe. Par le premier, l’étude de la dialectique a été introduite dans l’école anglo-saxonne, et par le second dans les écoles franches, cathédrales et cloîtres. Claude, évêque de Turin4, et Agobard, archevêque de Lyon5, exerçaient aussi une plus grande influence en excitant les esprits du peuple. réformes pratiques, que par l’étude d’une approche strictement doctrinale personnage. Ce ne sont que les controverses ecclésiastiques de l’époque qui ont appelé dans quelques-uns une démonstration plus distincte d’ingéniosité théorique6. Jean Scot Erigène, cependant, brillait comme un météore dans le firmament théologique. Doué d’un haut degré d’originalité, il s’efforçait, à la manière d’Origène, de démontrer la théologie d’une manière philosophique, mais sa tendance spéculative entraîna en même temps cet audacieux investigateur, qui entra de nouveau dans la voie de la spéculation, dans l’abîme des erreurs dangereuses.7
1 Comp. § 82, note 30, et Ritter, vii. p. 171. En plus d’Isidore, le Les compilateurs du VIIe siècle sont : le Tage de Saragosse, qui vécut vers l’an 650, et Ildefonsius de Tolède, en 659 et 669. Comp. Mün~ ' *cher, éd. par von Colin, ii. p. 5.
2 Il naquit vers l’an 672, et mourut en 735 en Angleterre. Il est fêté en tant qu’historien, et par ses efforts pour la promotion de l’éducation clergé. Ses commentaires, ses sermons et ses épîtres contiennent beaucoup de choses qui sont d’une grande importance. dans l’histoire des doctrines. Schrockh, Kirchengesch, xx. p. 126, ss. Allgemeine Encydopædie, viii. p. 308 à 312. Encyclopédie réelle de Herzog Bd. 1. Ses œuvres ont été publiées à Paris en 1544, 1554. Bas. 1563. Deux-points. 1612, 1688, viii. fol. [Œuvres, cd. par J, A. Giles, avec sa Vie, 12 vol., 8 vol., Lond., 1843, sq. Historia Ecclesiastica, et Opera Hist. Minora, éd. Stevenson : une autre édition par Hussey trad., par Giles, 1845, (traduction précédente par Stapleton 1565, 1723.) — Sur Bède Anthropologie, voir Wiggers dans Zeitschrift f. d. hist. Theol., 1857. Bède et ses biographes, Dublin Revue, juillet 1854. Sur sa Chronique anglo-saxonne, voir Christ Remembrancer, Lond., juillet 1859.]
3 Il est également connu sous les noms de Flaccus, Albin us et Alschtfinus ; Il est né dans le comté d’York, devint précepteur de Charlemange et mourut en 804. Son De Fide sanctæ et individu » Trinitatis, en 3 livres, contient tout un système de théologie. Comp. Bossuet, transi, par Cramer, t. V, sect. 2, p. 552-559. En ce qui concerne le rôle qu’il a pris dans la controverse adoptienne, etc., voir l’histoire spéciale des doctrines. Comp Alcuins Leben von F. Lorenz. Halle 1829, 8 : [également traduit, Londres.] Schröckh, Kirchcngesch. xix. p. 77, art. 419, art. xx. p. 113, art. 217, art. 348, 585, se. Neander, Church Hist. iii. p. 76, et ailleurs. Ces travaux ont été publiés par J, Frobenius, Ratisb. 1777, ii. fol. [F. Monier, Alcuin, et son influence religieuse et littéraire chez les Francs, Paris, 1853. Biographie esquissée dans Christian Review, vol. xi.] .
4 Il était originaire d’Espagne (peut-être un disciple de Félix d’Urgella), doctrinales d’Augustin, fut professeur sous le règne de Louis le Pieux, et mourut en 840. Ses commentaires contiennent beaucoup de matière dogmatique. Comp. Schrockh, 1. c. xxiii. à la p. 281. Néandre, 1. c. iii. p. 429, ct passim. Ch. Schmidt, Claudius, dans Zeitschrift f. d. hist Theol., 1843.
5 Il naquit en 779 et mourut en 840. Il s’opposa, comme Claude, à beaucoup de les superstitions de l’époque. À propos de ses écrits polémiques contre le Juifs, voir § 144 ; sur sa réfutation de Félix d’Urgella, comp., le Histoire des doctrines. Comp, aussi Schrockh, 1. c. xxiii. , p. 249. Néandre, 1. c. iii. p. 168. Ses œuvres ont été publiées en 1605, 8 ; plus complètement par Balluze, Paris, 1660, (Max. Bbl. Patrum, T. xiv., et Gallandii Bibl. Patr. xiii.). Comp. Hundeshagen Commentatio de Agobardi Vita et Scriptis, Pars L, Giessæ, 1831, et son article dans le Realencyclop de Herzog.
6 C’est le cas de Rabanus (Hrabanus) Maguentius Maurus, Pas-chasius Radbert, Ratramnus, Servatus Lupus, Hincmar de Reims, Floras Magister, Frédégisque de Tours, et d’autres dans les controverses concernant la prédestination, le Pantoufle du Seigneur, etc. Sur leurs écrits, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique , et Münscher édit, par von Colin, t. II, p. 6 et 7. Ritter, Gesch. d. Phil. vii. Sur Frédégis, voir Hasse, p. 20.
7 Il s’appelait aussi Scotigena, vécut à la cour de Charles le Chauve, et mourut après l’année 877. Comp. Hjort, Scotus Erigena odcr von dem Ursprung einer christlich. Philosophe. Kopenh. 1823, 8 . Schrockh, 1. c. xxi. p. 208, 88. xxiii. 481-84 . Néandre, iv. p. 444, ss. Staudenmaier, 1. c. et · son essai ; Lehre des Joh. Scot. Erig. Über das Menschl. Erkennen, mit Rücksicht auf einschlagige Theorien früherer und spâterer Zeit, dans le Frei-burger Zeitschr. für Theol. iii. 2 . *Frommüller, die Lehre des Joh. Scot. Erigena vom Wcscn des Bosen. in Tüb. Zeitschr. fourrure Theol. 1830, partie i. p. 49, ss.part 3, p. 74, ss. De Joanne Sc. Erig. Commentaire (anonyme), Bonn, 1845. Ses principaux écrits sont : Dialogue de Divisione Naturæ lib. v. (éd. *Th. Gale. 1681) — De Prædestinatione Dei. — De son édition du Pseudo-Denys : Opéra S. Dionysii latin versa, seule la Hierarchha Cœlestis subsiste dans le premier volume des œuvres de Hugo de Saint-Victor. [À. Saint-René Taillandier, Scot. Erigène et la Phil. Scholastique, Paris, 1843. F. Monnier, De Gottschalci et J. Scot. Erig. Controverse, Paris, 1853. Sa vie dans le Nord British Mag., 1855 : son Use of Scripture, dans Journal of Classical ^nd Sacred Philol., 1854. Articles en Christ. Examiner, (« Λ Hill), vol. 46 : dans Univ. Quarterly (77. Ballou), Vol. VII. Nouvelle édition de ses œuvres, par Floss, Paris, 1853 : vol. 122 de la Patrologia de Migne. B. Hauréau, Un Ouvrage inconnu de J. S. E. dans Révue de !' Instruction publique, 1859 : comp. Hauréau, dans son Hist, de Philos scolastique. F. A. Staudenmaier, J. Scot Erig. und die Wissenschaft seiner Zeit. Thl. i. Freib. 1854. F. Christlier, Leben und Lehre des Joh. Scot Érig. Gotha, I860.] Dans ses vues profondes sur le Divin l’omniprésence et la révélation universelle, et sa vision de la philosophie et de la religion, comme seulement différentes manifestations 0j le même esprit, il se tenait seul, et si élevé au-dessus de l’époque où il vivait, qu’il n’avait été condamné par l’Église que le XIIIe siècle » (Hase). Comp. Ritter, vii. 206-296 [et Christl. Phil. i. 409-467], qui dit : « Il est une énigme parmi les nombreuses énigmes qui ces temps présents. Parmi les philosophes de son siècle, il est comme éminent par la clarté de ses pensées, comme l’était Charlemagne parmi les princes. Hasse dit avec justesse du système d’Érigène que « si ce n’est pas un réveil du gnosticisme, il c’est au moins l’origénisme à un stade supérieur » (ubi supra, p. 21).
§ 149.
♦ Bulæi Historia Universitatis Parisiensis, par. 1665-73. vi. fol. Sender, Einleitung in die dogmatisebe Gottcsgelehrsamskeit (préfixé à Baumgartens glaubenslehre, t. I, p. 16, ss.) Brucker, Historia Philosophise, Tom. * Tennemann, Geschichte der Philosophie, vol. VIII et ix. ♦ Hegel, Geschichte der Philosophie, vol. iii.part 2. Cramer, 1. c. vol. 5. Engelhardt, Dogmengeschichte, p. 14, par. Baur, Lehre von der Versohnung, p. 142, ss. [Hampden, R. B., la philosophie scolastique considérée dans sa relation avec la théologie chrétienne, dans un cours de conférences prononcées lors des conférences de Bampton. Londres, 1837. Les travaux de Ritter, cités ci-dessus, sont aussi une esquisse de la philosophie scolastique dans l’Hist de Raumcr Taschenbuch, 1856. B. Hauréau, De la Philos. Scolastique. Mémoire couronné, 2 vol. Paris, 1850. Patru, De la Philos, au moyen âge, Paris, 1848. Consio, Préface à l’Opéra d’Abælardi, in-4°. Paris, 1836. F. D. Maurice, Hist of Med. Philos, (d’après Encycl. Metropot) Lond., 1856.]
La tentative extrêmement audacieuse de Scot Erigène d’opérer une union entre la philosophie et la théologie, resta quelque temps isolée, mais reparut dans un esprit moins libre, dans ce qu’on appelle proprement la scolastique1. Les théologiens scolastiques n’avaient pas, comme les théologiens de l’ancienne Alexandrie, l’école, de tracer les idées philosophiques qui étaient à la base d’une vigoureuse forme de religion (le christianisme), pour le développement systématique de laquelle peu de choses avaient été faites, ni encore comme eux pour accommoder le christianisme à un (l’ancien, le classique), qui était déjà enracinée dans la société. D’un autre côté, au contraire, il leur incombait de jeter les bases d’un système de philosophie chrétienne sur un système de doctrines, qui avait été transmis depuis l’Antiquité sous une forme partiellement corrompue.2 Mais en l’absence d’un système philosophique indépendant, ils eurent de nouveau recours à la philosophie antique, et forma avec l’aristotélisme une alliance tout aussi contre nature que celle qui d’anciens théologiens s’étaient formés avec le platonisme. Leurs recherches philosophiques avaient été plus à la forme3 qu’à la matière, et étaient d’une dialectique plutôt que d’une d’ordre spéculatif. Aussi n’étaient-ils pas tellement exposés au danger de laisser libre cours à leur imagination, et entrer dans des discussions (comme les Gnostiques)4, quant à l’adoption de vues étroites, et à gaspiller leur énergie sur des détails et des détails. C’est ainsi qu’un et la subtile philosophie de l’entendement amena peu à peu la chute de la scolastique. D’autre part, l’effort des théologiens pour parvenir à définitions théologiques précises, leur couverture scientifique des doctrines, et la noble confiance qu’ils montraient dans le caractère raisonnable du christianisme (nonobstant les préjugés existants), constituait l’aspect favorable et le Mérite de la scolastique5. Quoi qu’il en soit, il est certain que cette grande tentative a conduit à l’inverse de ce qui était prévu, à savoir que le à la liberté de pensée succéda l’esclavage de la lettre, la confiance de La foi s’est terminée par un scepticisme honteux. 6
♦ Entre l’avènement de la scolastique au IXe siècle, et sa croissance historique du 11ème au 13ème, intervient le 10ème siècle, célèbre pour sa barbarie, (voir Baronius), dans laquelle le seul homme éminent dans les doctrines est Gerbert (pape Sylvestre IL). Comp, sur lui , Hock, Gerbert oder Papst Sylvester II., und sein Jahrhundert, Wien., 1837. Ritter Gesch. d. Phil, vii., 300 sq. [et Christliche Philosophie. Aussi, Budinger, Gerbert’s Wissenschaftl. und Polit. Stellung, Abthlg. L, 1851. Une critique de Hock à l’Université catholique, août 1854.]
1 Sur les appellations de scolastique, etc., voir du Fresne, p. 739. Gieseler, Dogmengesch. 446. La dérivation du terme en question, cependant, n’est pas étymologique, mais historique. Comp. Schleiermacher, Kirchengesch. p. 466, 88. Sur le caractère trompeur et confus de la nom, voir Ritter, vii. 111. Mais il serait également impossible d’y renoncer.
2 Au cours de la période précédente , Cassiodore avait donné un résumé de la dialectique d’Aristote, et Boèce a mal traduit une partie de son Organon. Mais ce n’est qu’à la période actuelle que les théologiens sont devenus plus généreux· l’aristotélisme, voir § 151. Le platonisme, au contraire, forme pour ainsi dire le matin et le soir de la philosophie du moyen âge ; l’un est représenté par Scot Erigène, l’autre par Marsile Ficinus et d’autres ; même au cours de la première période de scolastique, plusieurs de ses adhérents étaient sous l’influence du platonisme ; ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’elle a été supplantée par l’aristotélisme. « C’est seulement » (dit Ritter, vii. 70, comp. pp. 80, 90 , sq.), « une vieille fable de la vieille ignorance, quand elle On dit que le moyen âge était exclusivement consacré à l’Aris· totélicien philosophie.
3 « La scolastique est le progrès de l’Église vers une école, ou, comme l’exprime Hegel, sans doute dans le même sens, les Pères ont développé l’Église, parce que l’esprit, une fois développé, a doctrine développée ; Dans les siècles suivants, il n’y eut plus de patres ecclesiæ Doctores. Les Pères de l’Église primitive devaient produire le matériel, ou ce qui a été exprimé sous sa forme la plus simple et la plus directe dans le Dogme chrétien ; Ils ont dû ensuite analyser ce matériel en doctrines et formules, de le présenter au monde religieux, et de lui procurer son l’adoption générale. La scolastique, au contraire, présupposait tout cela. Le matériel et le contenu ont été donnés ;.. C’est devenu la tâche des théologiens d’opérer une réunion entre ce qui était devenu objectif pour la conscience (comme il était mis en dehors de lui-même) et l’esprit lui-même pour rendre l’objet à la Objet; de servir de médiateur entre les deux dans la conscience ? Laur, Versohnungslehre, p. 147, 148. Comp. Baumgarten·Crusius, Lehrbuch, t. I, p. 445. Hegel, Geschichte der Philosophie, t. III, p. 138.
4 " Ceux qui comparent les systèmes de Les théologiens chrétiens, comme ceux des gnostiques, oublient pour la plupart que Les systèmes de ces derniers n’ont pas le lien logique des raison, mais seulement celle de l’imagination, Staudenmaier, Erigena, p. 370.
5 Dès l’époque de l’Expéditeur, des plaintes ont été formulées contre le traitement injuste que les théologiens scolastiques eurent à souffrir ; Sender lui-même dit : « Les pauvres scolastiques ont été trop méprisé, et cela souvent par des gens qui n’auraient pas été assez bons pour être leurs transcripteurs ? Et Luther lui-même, bien qu’il ait beaucoup contribué à la chute de la scolastique, écrit à Staupitz : Ego scholasticos cum judicio, non clausis oculis lego......Non rejicio omnia eorum, sed nec omnia probo, voir de Wette, i.p. 102. Comp, aussi Mohlers Schriften und Aufsatze, t. I, p. 129, 88. Ullmann (Joh. Wessel, p. 12) appelle la théologie scolastique, « dans sa com· D’un point de vue véritablement scientifique, avancer sur le passé, dans tout son cours une grande école préparatoire dialectique du christianisme en Occident, dans son achèvement, comme les cathédrales gothiques, une production grandiose et très achevée de l’esprit humain. ־
6 Voir Baur, Manuel de l’histoire du dogme, p. 11, 154, très bien.
§ 150.
LE PRINCIPAUX SYSTÈMES SCOLAIRES.
a. Première période de la scolastique, jusqu’à l’époque de Pierre le Lombard.
L’esprit scolastique s’éveilla d’abord dans les écoles monastiques fondées par Charlemagne et ses successeurs. Il était principalement cultivé dans le monastère de Bee en Normandie, où Lanfranc était instituteur.1 Son disciple , Anselme de Cantorbéry, partant de la croyance dans le credo positif de l’Église, chercha à atteindre l’élévation de la connaissance philosophique, comme on le voit non moins dans sa théorie de satisfaction, que dans sa preuve de l’existence de Dieu.2 Son vues sur ces points, ainsi que sur la réalité des idées générales, ont été par Roscelinus3 et Pierre Abélard4 dont le premier fondait sa foi (en opposition à la théorie d’Anselme) sur la preuve de connaissance, tandis que ce dernier défendait le nominalisme en opposition à réalisme. Hildebert a Lavardino (d’abord évêque du Mans, puis archevêque de Tours)5 a adhéré, comme Anselme, avec qui il était contemporain, au credo positif de l’Église. Gilbert de Poitiers, au contraire, fut (comme Roscelinus et Abélard) accusé d’hétérodoxie6. tendance particulière qui liait le mysticisme à la scolastique, dans les écrits de Guillaume de Champeaux7, précepteur de Abélard, ainsi que dans celles de Hugo de Saint-Victor8 et de Richard de Saint-Victor9. Après que Robert Pullcyn, et d’autres théologiens que ceux déjà nommés, se furent efforcés de prouver la doctrine philosophique de l’Église10, Pierre Lombard (qui vivait au XIIe siècle) a rassemblé les matériaux existants dans son » Sentences, ״ et, par son mode particulier de traitement, a donné lieu à cette raideur et à cette méthode lourde qui, après lui, a longtemps prédominé.11
1 Il mourut en 1089. Il se fit remarquer principalement par sa contre-versession avec Béranger, comme on le verra plus amplement dans l’histoire spéciale des doctrines. Ses œuvres ont été publié par d’Achery, Paris, 1648, fol. Comp. A/oAZrr, gesam incite Schriften und Aufsatze, Ratisbonne, 1839, i. p. 39.— Sur la fondation du monastère Pec, comp. Mohler, 1. c. [^4. Charma , Notice sur Lanfranc, Paris, 1851. Les trois archevêques de Wilks, Lond., 1859. Le Christianisme latin de Milman, vol. II.]
2 Il naquit à Aoste, dans le Piémont, vers l’an 1034, occupa le siège épiscopal de Canterbury à partir de l’an 1093 (d’où il est appelé Cantuariensis), et mourut a. mort en 1109. C’est lui, et personne d’autre, qui est le père de scolastique, car il a donné forme et langage à l’esprit philosophique qui était à l’œuvre dans l’Église depuis le temps d’Isidore, et qui avait presque s’expriment à Bérenger et à Lanfranc ; et le mettre dans le wag de devenir un élément du progrès historique. Hasse, ubi supra, p. 32. De ses écrits philosophiques, le plus important est l’œuvre intitulé : Monolo-gium et Proslogium (il contient une preuve de l’existence de Dieu, et la doctrine de la Trinité) : des extraits en sont donnés par Cramer, v. 2. p. 341372. Parmi ses œuvres théologiques, on peut citer : De Casu Di aboli, mais en particulier le traité : Cur Deus Homo ? Lib. ii. (qui contient une théorie de la l’incarnation du Christ et la rédemption de l’homme). En plus de ces œuvres à écrire : De Conceptu Virginal ! et Original ! Peccato, de Libero Arbitrio, de Concordia Præscientiæ et Prædestinationis nec non Gratiæ Dei cum Libero Arbitrio, etc. — Éd. d’op. *Gabr. Gerberon. Par. 1675, f. 1721, ii. f. (Ven. 1744). Une édition manuelle du traité : Cur Deus Homo, a été publié par Heyder, Erl. 1834, 8. Sur sa vie et ses œuvres, comp. *fJfo^Zcr, gesammelte Schriften und Aufsiitze. Regensb. 1839, t. I, p. 32, par. ; Sur ses doctrines, comp. Mohler, 1. c. p. 129, ss.—Billroth, I. G. F. de An-selmi Cantuariensis Proslogio et Monologio. Lèvres. 1832, 8. Franck, Anselm von Canterbury, Tub. 1842, et J. A. Hasse, Anselm von Canterbury, 1ère partie, Lps. 1843 ; 2e partie (Doctrines d’Anselme), 1852. Ritter, Gesch. d. Phil. vii. 315-354 [et Christi. Phil. i. 490-7]. Rémusat, Anselme de Cant. Paris, 1854. Kling, dans Herzog’s Realencycl. [Traduction de la 1ère partie de Anselme de Hasse, abrégé par Turner, Lond., 1850. M. A. Charma, Saint-Anselme, Paris, 1853. Anselme’s Proslogium, transi, in Bib. Sacra, Andover, 1851 (par Maginnis), avec la Réponse de Gaunilou et l’Apologie d’Anselme : son Cur Deus Homo, transi, par J. G. Vose, dans le même périodique, 1854-5. Ses Méditations et Prières à la Sainte Trinité, [tradir, par le Dr. Pusey ?] Lond., 1856. Comp. Studien. und Krit., 1853 (Kling) : Revue des deux Mondes (Saisset) 1853 : Méthodiste Trimestriel, 1853. Les trois archevêques de Wilks, Lond. 1859.]
3 On l’appelle aussi Rucelinus ou Ruzelin ; il naquit en Basse-Bretagne, et fut chanoine à Compïègne au XIe siècle. Il est communément considéré comme le fondateur des nominalistes ; voir Chladcnii Diss. hist, eccles. de Vita et Hæresi Roscelini. Erl. 1756, 4. Sur le contraste entre le nomi-nalisme et le réalisme, plus amplement discuté dans les ouvrages sur l’histoire de la phil-losophie, voir Baumgarten-Crusius, De vero Scholasticorum Realium et Nominalium Discrimine et Sententia theologica. Jen. 1821,4; Engelhardt Dogmengeschichte, p. 16, 17, et le Essai, mentionné note 4, p. 73, ss. Baur, Lehrbuch, p. 165. Ce conflit n’était pas sans importance pour la théologie, car se verra plus particulièrement dans la doctrine de la Trinité. La partie qui Les théologiens se sont intéressés à l’œuvre de la Réforme (e. À l’époque de Huss, il n’y avait pas d’autre moyen d’empêcher que l’on s’arrête. qu’ils ont adoptés à l’égard de ces systèmes. [Comp. Landerer dans Herzog’s Réel. Encyclope. Un nouveau document, publié par Hauréau, dans L’Athenæum Franc., 1855, p. 308. Roscel. Epist. ad Abæl. éd. Schmeller, Munich, 1851.]
4 La forme originale de son nom était Abaielard, Il est né a. d. 1079 à Palais près de Nantes, mort en 1142. En ce qui concerne l’histoire de sa vie mouvementée, voir Bayle, Dictionnaire , Gerraise, Berington, Schlosser, etc. ; Neander, der heilige Bernhard, p. 112, ss. Ses ouvrages ont été publiés : Opp. Abælardi et Heloisæ, éd. Andr, Quercetanus (Duchesne) Par. 1616, 4 ; ils contiennent : De Fide S. Trinitatis 8. Introductio ad Théologien! Dans 3 Libros Divisa. — Ses Libri V. Theologiæ Christianæ ont été les premiers édité par Edm, Marlene, Thesaur. Anecd. T. c. En ce qui concerne son Dialogue, voir § 144, note 1. Les œuvres inédites d’Abélard sont éditées par Cousin dans la Collection de Docu-ments inédits sur !' Histoire de France, publiés par ordre du Roi et par les soins du ministre de l’instruction publique. Deuxième série : Ouvrages inédits d’Abélard, pour servir à l’histoire de la philosophie scolastique en France. Paris, 1836, 4. [Vol. ii. 1859. Comp. Corne d’or dans le Répertoire de Gersdorf, janv. 1860. Victor Cousin, über die erste Période der Scholastik ; dem wesentlichen historischen Inhalte nach mitgetheilt von I. G. v. Engel· hardt, Zeitschrift für die historische Théologie. Jahrg. 1846, t. I, p. 56-133.] Comp aussi : Lewaid E, A. : Commentât ! © de Operibus Pétri Abælardi, quæ e codicibus manuscriptis Victor Cousin edidit. (Heidelb. 1739, 4). Le jugement de Cousin concernant Abélard est le suivant : « A« Bl, Bernard représente le conservateur l’esprit et l’orthodoxie chrétienne dans ses fautes et l’étroitesse de ses vues, par son admirable bon sens, sa profondeur sans subtilité, et son éloquence pathétique, si Abélard et son école représentent· envoyé en quelque sorte le l’esprit libéral et novateur de l’époque, avec ses et l’inévitable mélange du bien et du mal, de la raison et de la extravagance, » — Comp, aussi Frerichs, Comment, theol. critica de Petri Abæl. Doctrina, Jen. 1827, in-4 ; Franck, ein Bcitrag zut Würdigung Abalards, dans le Tübinger Zeitschrift 1840, 4. p. 4. D’après Baur (Trinitâtslchre, II. p. 457), Abélard est plus d’une dialectique que d’un penseur spéculatif. En ce qui concerne la relation dans laquelle il s’oppose au rationalisme, comp., le même ouvrage, p. 500, 501. Ritter (Geschichte der Philosophie, vii. p. 161), le considère comme « moins freD’un autre côté, il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir Rémusat, Abélard, Paris, 1845, 2 Tom. Rettberg dans la Realencycl. de Herzog. Bohringer, Die Kirche Christi, und ihre Zeugen, ii. 2. [J. H. Goldhorn, De summis princip. Theol. Abaelard, Lips., 1836. Lindenkohl, De Pet. Abæl. libro Sic et Non, Marb., 1851 ; ainsi que son édition et celle de Henke de L’Œuvre, 1851. J. H. Rheinwold, Pet. Abæl. Epitome Theol. Christ Berol., 1835 . C. A. Wilkens, Petr. Abælard, 1855. G. Shuster, Abæl. et Ueloise, Hand?., I860.]
5 Il naquit en 1055 ou 57 et mourut en 1134. ׳Bien qu’un disciple de Bérenger, il n’adopta pas toutes ses vues. Il est évêque du Mans à partir de l’année 1097, et élevé à la dignité archiépiscopale A. D. 1125. Pendant un certain temps, il a été l’auteur du Tractatus Theol., que les recherches modernes ont attribué à Hugo de Saint-Victor (voir note 8). Comp. Liebner, dans le Theolog. Studien und Kritiken, 1831, 2e partie, p. 254, ss. — Ses opinions sur la Cène du Seigneur sont également importantes, comme on le verra dans l’histoire spéciale de doctrines.
6 Il s’appelait aussi Porretanus ou Porseta (de la Porrée) et mourut en 1154. En ce qui concerne sa vie et ses œuvres, comp. Otto Fresing, de Gestis Friderici, Lib. i. c. 46, 50-57. Cramer, vi. p. 530-552. Son principal adversaire était saint Bernard, abbé de Clairval (Clairvaux), qui avait également combattu Ros-Céline et Abélard. Voir Neander, der heilige Bernhard, p. 217, ss. Ritter, vii. Débloquer le niveau 437.
7 Guilelmus de Campellis ; Il mourut en 1121. Il fut le fondateur de l’école de Saint-Victor, dans un des faubourgs de Paris (1109 apr. J.-C.), d’où, en général, venaient les scolastiques mystiques. En ce qui le concerne, lui et sa dialectique, voir Schlosser, Abhundlung über den Gang der Studien in Frankrcich, vorzüglich von der Schule zu Saint Victor, dans son Vincenz von Beauvais, Frkf. sur le Main, 1849, Bd. ii. 35, et les œuvres d’Abélard par Cousin ; comp., aussi Engelhardt dans l’ouvrage mentionné, note 9, p. 308, ss.
8 Selon Pagi, il mourut en 1140, selon d’autres en 1141. Il a été Comte de Blankenburg, chanoine de Saint-Victor (alter Augustinus, lingua Augustini, Didascalus), et un ami de saint Bernard. Comp. *Liebner, A., Hugo von St. Victor und die theologischen Riche senneur tungen Zeit. Leipz. 1832, 8. — Opera ex rec. Canonicorum Regularium S. A’ictoris Paris. Roto-mage, 1648, iii. f. Son œuvre la plus importante est : De Sacramentis Christian® Fidei, libri duo, T. ii'. p. 487 à 712. Extraits de celui-ci sont données par Cramer, vi. p. 791-848. Comp. Ritter, vii. 507, sq.
9 Magnus Contemplateur ! Il était originaire d’Écosse et mourut en 1173. * Engelhardt, Richard von S. Victor und Johannes Ruysbroek, zur Geschichte der myst. Theol. Erl. 1838. Opp. studio Canonicorum S. Victoria. Rotomagi, 1650, ss.
10 Il fut cardinal et mourut entre 1144 et 1150. Il a écrit : Sententiar. libr. viii., publié par Mathoud. Par., 1655, fol. Comp. Cramer, 1. c. vi. p. 442-529. Ritter, vii. 547, sq.
11 Magister Sententiarum. Il naquit à Novare, élevé au siège épiscopal de Paris en l’an 1159, et mourut en 1164. Son œuvre : Sententia-rum libri iv. édité par J. Aleaume, Venet. 1477, Louvain. 1546. « Ce n’est pas tant à cause de la l’ingéniosité et la profondeur déployées dans l’œuvre, comme en conséquence de la position que son auteur occupait dans l’Église, de son succès dans l’harmonisation antagonismes, et de sa perspicacité générale, qu’il est devenu le manuel de la XIIe siècle, et le modèle de celui qui a suivi » Hase. Un spécimen de sa méthode est donné par Semler dans son introduction à la Glaubenslehre de Baumgarten, vol. II, p. 81, ss. Comp. Heinrich , Geschichte der dogmatischen Lehrarten, p. 100. 145, par. Le premier livre traite : De mysterio Trinitatis, 8. de Deo uno et trino ; le second : De rerum cor-poralium et spiritualium creatione et formatione aliisque pluribus eo perti-nentibus ; le troisième : De incarnatione verbi aliisque spectantibus ad hoc ; et le quatrième : De sacramentis et signis sacramentalibus. Comp. Engel· hardt, Dogmengeschichte, p. 22. — « La période de systématisation de la scolastie, et de commenter sans fin les sentences des maîtres, commence par Pierre Lombard. Cette période est, en même temps, celle où il n’y a pas eu de fin de d’interroger et de répondre, d’énoncer des thèses et des antithèses, des arguments et des contre-arguments, de diviser et de diviser la question des doctrines et des à l’infini. Baur, 1. c. p. 214. « C’est grâce à lui que le scolastique le traitement des doctrines supposait qu’une forme plus stable et mieux réglementée de développement dans lequel elle pourrait être menée à ses conséquences légitimes, sans être dérangé par les adversaires. Baur, Lehrbuch der Dogmengeschichte, p. 159. Comp. Ritter, vii. 475501. [Comp. J. Sighart, Albertus Magnus, sein Leben u, seine Wissenschaft. Ratisses, 1857. Haurèau, ubi supra, ii. 1-104 . Baur, Dogmengesch. 2te Aufl. p. 224, dit de cette première période de scolastique, que elle a commencé par la tentative d’une compréhension dialectique des dogmes ; et que c’est sans doute ce que l’on a vu pour la première fois chez Anselme de Cantorbéry, en la question de la relation entre la foi et la connaissance, qui donne à la l’objet que la scolastique avait en vue. Comp. Hauréau, ubi supra, i. ch. ii. De la Problème Scolastique.]
Les ouvrages dogmatiques de Robert de Melun1 (Folioth) et d’Alanus de Ryssel2 (ab Insulis) parurent à peu près à la même époque, tandis que Pierre de Poitiers3, disciple de Pierre Lombard, suivait les traces de son maître. Mais cette La scolastique, elle aussi, rencontra de l’opposition, surtout de la part de Walter de Saint-Victor4 et de Jean de Salisbury5. Néanmoins, la scolastique gagna du terrain, en partie à la suite d’aléas extérieurs. En premier lieu, les ordres des frères mendiants acquirent une plus grande influence sur la études philosophiques et théologiques poursuivies dans les universités. Et , en second lieu, par le moyen de cette communication plus étendue avec l’Orient qui a suivi la croisades, les théologiens occidentaux, à partir du XIIIe siècle, sont devenus une édition plus complète des œuvres d’Aristote, qui avait été traduite et commentée par les Arabes, et exerça dès lors une une influence encore plus décisive sur leurs systèmes6. Les œuvres appelées « Summas », dont la première a été composée par Alexander Hales7, ont maintenant pris la place des " Sentences. " Albertus Magnus a écrit le premier commentaire complet sur les œuvres d’Aristote8. La scolastique avait atteint son apogée vers la fin du XIIIe siècle, une scission éclata entre les différentes écoles, qui continuèrent à existent aussi longtemps que le système lui-même. Le chef de l’une de ces écoles était Thomas d’Aquin9, un moine dominicain ; le chef de l’autre était son adversaire , Jean Duns Scot10, un moine franciscain. Les disputes scolastiques se rattachaient aux jalousies de les ordres religieux. 11 Mais, même à l’époque actuelle, la mystique La tendance était parfois unie à la scolastique, comme dans le cas de Jean de Fidanza12 (Bonaventura), un moine franciscain.
1 Il fut évêque de Hereford à partir de l’an 1164, et mourut en 1195. Il composa un Summa Theologiæ (inédite) : comp. Bulœus , L c. T. ii. 264, 585, 8s. 772, 73. Cramer 1. C. vi. p. 653 à 586. ׳
2 Il s’appelait Doctor universalis, et mourut en 1203 [1202 ?]. Il appartenait à la l’école spéculative d’Anselme, et composa les ouvrages suivants : Summa quadripartita de fide catholica (un écrit controversé, dans lequel il s’opposait les Albigeois, les Vaudois, les Juifs et les Mahométans).— Libri V. de Arte 8. Articulis catholicæ Fidei, édité par Pez, Thesaur. Anecd. Noviss. T. i. p. ii. p. 475-504 (Cramer , v. 2, p. 445-459), et Regulæ theologicæ. Sehleiermacher, Kirchenges-chichte, p. 527, ss. [Alain de Lille, Etudes de Philosophie Scolastique, par Alb. Dupuis. Lille, 1859. Comp. Gieseler, t. II, p. 575, note 27. Grotte, His-toria Literaria, ii. 229.]
3 Il mourut en 1205. Ses Libri V. Sentcntiarum ont été édités par Mathoud. Paris, 1655, fol. avec le phrases de Pulleyn (voir § 150, note 10). Comp. Cramer, vi. p. 754-790.
4 Il florissait vers l’an 1180, et écrivit : Libn IV. contra manifestas et damnatas etiam in Conciliis hæreses, quas Sophistæ Abælardus, Lombardus, Petrus Pictavinus et Gilbertus Porretanus, quatuor Labyrinthi Galliæ, uno spiritu Aristotelico efflati, libris sentcntiarum suarum acuunt, limant, robo-rant. Des extraits de cet ouvrage (inédits jusqu’à présent) sont donnés par Bidceus, 1. c. Tit. ii. p. 620-660.
5 Sarisberiensis ; il fut évêque de Chartres à partir de l’an 1176, et mourut après J.-C. 1182. Vers l’an 1156, il adressa à Thomas Becket : Policra-ticus, sive de Nugis curialium et Vestigiis philosophorum, libri viii. T11L· Les travaux ont été suivis par Metalogici libri iv. publié Lugd. Chauve-souris 1639, 8. · Amst. 1664, 8. — Epistolæ cccii. (qui ont été écrits de 1155 à 1180), éd. Papirius Masson, § 1611,4. Comp. Bibl. Patr. Max. Lugd. T. xxiii. Schleiermaxher, 1. c. p. 527. Hermann Reuter, Johan von Salisbury, zur Geschichte der christlichen Wissenschaft im 12 Jahrhundert* Berk 1842. Ritter, vii. 605, sq. ·
6 Parmi les commentateurs arabes d’Aristote , Avicenne, mort en 1036, et Averrhoès, mort en 1217, méritent une attention particulière. [Comp. Ritter, Ueber unsere Kentniss der Arabischen Philosophie, 4to. Gotting., 1844. Renan, Averroès et 1'Averroisme, Paris, 1852. Sur Avicebron, De materia universal ! (probablement juif, pas arabe), voir Theol. Jahrb. (Ttlbin-gen), 1856 et 1857, et Munk, Mélanges de Philos, juive et arabe, Paris, 1857.] Nonobstant les l’étude d’Aristote gagne peu à peu du terrain. Sur le plan historique développement de ces études, voir Amad. Jourdain, Recherches critiques sur l’âge et l’origine des traductions latines d’Aristote, et sur les commentaires grecs ou arabes, employés par les docteurs scolastiques. 1819, 8, et les ouvrages sur l’histoire de la philosophie. Tennemann, t. VIII, p. 353. [Ritter, ubi précité. Hauréau, La Phil. Scol. I. ch. v.]
7 Alexandre Alésius ; on l’appela Doctor irrefragabilis, et il mourut en 1245. Il a été le premier théologien à faire un usage approfondi de la philosophie aristotélicienne. Son ouvrage intitulé : Summa Universæ Thcologiæ (divisé en Quæstiones, Membra, et Articuli), a été édité après sa mort par Guilelmus de Melitona vers l’an 1252, sur ordre du pape Innocent IV. D’autres éditions sont celles de Venise, 1576, et de Colon. 1622, iv. fol. Des extraits en sont donnés par Semler, 1. c. p. 120, ss. Cramer, vii. p. 161, 88. Heinrich, p. 208, 88. Comp. Scheiermacher, p. 531-532. [Hauréau, i. 418, sq.]
8 Appelé Simia Aristotelis, le plus savant des scolastiques, natif de l’Aristotélie, Souabe, enseigna à Paris et à Cologne, fut évêque de Ratisbonne, et mourut à Cologne, 1280, éd. op. Petrus Jammy, Ord. Præd. Lugd. 1651, xxi. T. Fol. Parmi ses nombreuses œuvres, on peut citer son Commentaires sur Aristote et Pierre Lombard, ainsi que sa Somme théol. édit. Basil. 1507, ii.) .
9 Le Docteur Angelicus ; il naquit en 1224, dans le royaume de Na-pies. Il a été disciple d’Albert ; mais la stricte tendance théologique prédominait en lui plus que dans son maître. Il enseigna à Paris, à Rome, à Bologne et à Pise, et mourut mort en 1274, lors de son voyage au concile de Lyon. Il a été canonisé par le pape Jean XII. A. D. 1323. Ses principaux ouvrages sont : Commentarii in libros iv. Sententiar. Petri Lombardi c. notis J. Nicolai, Par. 1659, iv. fol. — Summa Totius Thcologiæ in 3 partes distributa. Extraits de ces ouvrages sont donnés par Semler, 1. c. p. 58, ss. Cramer, vii. p. 161, par. Heinrich, p. 219, par. Schrockh, xxix. p. 71 à 196. Opp. Omnia, Romæ, 1572, xvii. fol. Anverp. 1575. Venet. 1745, xx. fol. Pour plus de détails, voir Münscher, édité par von Coin, ii. p. 19. Comp. C. F. Kling* Descriptio Summæ Theologicæ Thomæ Aquinatis succincta, Bonn. 1846-4 . H. Hbrtel, Thomas von Aquino und seine Zeit. nach Touron, Delecluze und den Quellen, Augsb. 1846 . Ritter, viii. 257, 304. Gieseler, Dogmengesch. 460 : « Thomas, avec le plus fin et le plus tranchant La spéculation unit le talent de l’exposition claire à un degré que l’on trouve rarement chez les scolastiques, et par conséquent sa Summa atteignit la plus haute renommée dans le monde. l’église catholique » [Hampden, Vie de Thomas d’Aquin, 1846. Thomas d’Aquin dans Kitto’s Journal, vol. i. Hauréau dans son Phil. Scolast. ii. 104 à 214. Jourdain, La Phil, de St. Thos. d’Aquin, Paris, (mémoires couronnés), 1859 ; comp. Am. TheoL Review, janv. 1861. Abbé Mâle, La Théol. de St. Thos. 1. Paris, 1856. Cachcux, De la Philos, de Saint-Thomas, Paris, 1858. H. R., Fcrgueray, La Doctrine Politique de Saint-Thos., Paris, 1857. Une comparaison entre Thomas d’Aquin et Scot, dans Secretan’s Phil, de la Liberte, Tome i. J, N. P. Oischinger, Die Speculative Theol. des Aquin, 1858. K. Werner, Der heilige St Thos. von Aquin, 3 Bde. Regeusb., 1859. H, E, Plassmann, Die Sehule und Lehre des heil. Thos. von Aquin. 5 Bde., 1858-9.—Nouvelle édition de ses œuvres de Migne ; avec un index complet, 1860. Billuarl, édita la Summa, 10 vol., Paris, 1839 : Lavergne et Durand, le De Veritate, Nîmes, 1854. Traduction française, de la Somme, par l’abbé Ecalle, fTome, i., 1851. Opuscula, transi, par M. Védrine, 6 vol., 1856, sq. Gaudin, Philosophia juxta D. Thomæ dogmata, 4 Tom., Paris, 1850. Thomas d’Aquin Catena Aurea, à propos de la Bibliothèque des Pères d’Oxford, traduit, 4 vol.]
10 Duns Scot, surnommé Doctor subtilis, naquit à Dunston dans le Northumberland, professeur de théologie à Oxford à partir de l’an 1301, à Paris à partir de l’an 1304, et mourut à Cologne en 1308. Il a introduit un certain nombre de techniques barbares termes, tels que quidditates, hæcceitates, incirconscritibilités, etc. ; avec C’est ainsi que commença la dégénérescence de la scolastique en subtilités à couper les cheveux en quatre. Son œuvres complètes ont été éditées par Luc, Wadding, Ludg. 1639, xii. fol. Son œuvre principale est : Quodlibeta et Commentaria in Libros IV Sententiarum ; aussi Quæstiones quodlibeticæ. Comp. Semler, 1. c. p. 67-73. Cramer, vii. p. 295-308. Heinrich, p. 226, par. Schrochk, xxix. p. 237, par. Baumgarten Crosius, De Theologia Scoti, Iéna, 1826. Ritter, viii. 354-472 ; Il l’appelle l’esprit le plus aigu et le plus pénétrant parmi les Scolastiques. [Comp, les œuvres de Hauréau, Werner et Plassmann, cités ci-dessus.]
11 Au point de vue formel, les systèmes de Thomas et de Scot diffèrent en cela, que le premier a plutôt égard au scientifique, le second au pratique aspect de la religion : ♦ Ritter, viii. p. 365, 66. Dans la doctrine des idées (universaux), les thomistes étaient plus Aristotéliciens, les Scotistes plus platoniciens. Les premiers ont des points de vue plus profonds sur la relation entre la grâce divine et la liberté humaine (augustinisme) ; celui-ci mettant (à la manière de Pélage) une plus grande importance sur la liberté de la volonté, notions avancées qui se recommandaient au bon sens et aux intérêts des moralité. Et, enfin, la même différence en ce qui concerne la doctrine de la l’immaculée conception de la Vierge, ce qui provoqua une inimitié amère entre les Deux ordres existaient aussi entre les deux écoles. [« Thomas et Duns Scot », dit Baur, Dogmengesch. 226, sq., « sont les fondateurs de deux écoles dans lesquelles l’ensemble de la La philosophie et la théologie scolastiques étaient divisées. Parmi leurs différences, on peut citer : ceux-ci, Thomas fait de la théologie essentiellement théorique, Scot, pratique ; la première fait de Dieu l’essence une, universelle, infinie ; , avec ce dernier la volonté est le point de départ, etc. Comp. Ritter, Christl. Phil. i. 663-697. Neander , Hist. Dogm. 544, sq.]
♦ La même différence se retrouve chez les dominicains et les franciscains ; les premiers étaient zélé pour le dogme, et devinrent inquisiteurs ; Ceux-ci étaient zélés pour mœurs, et, dans leur zèle réformateur, couraient même le danger de devenir hérétique.
12 Jean de Fidanza, surnommé docteur Séraplis, et appelé Eutychius, ou Eustache, par les Grecs, était docteur Théol. Parisiensis et Prœpositus Generalis de l’ordre des Franciscains, mourut cardinal en 1274 et fut canonisé mort en 1482 par le pape Sixte IV. — Opp. Romæ 1588-96, viii. F. L. Mogunt. 1609......Ses principaux ouvrages sont : Commcntarius in libros iv. Sententiarum, Breviloquium, Centiloquium. Il serait également l’auteur de l’œuvre intitulé : Compendium Theologicæ Veritatis (de natura Dei). Il a écrit plusieurs traités mystiques : Speculum Animæ, Itinerarium Mentis in Deum, de Reductione Artium ad Theologiam. Comp. NewiZer, 1. c. p. 52 à 58. Heinrich^ p, 214, ss. Gass dans le Realencyclop de Herzog.
[Sur Rainiund us Lullus, né à Majorque, en 1226, voir Neander, Hist Dogm. 548. Opéra, éd. Mogunt. 1772, en 10 vol. Son œuvre principale est son sont des généralis. Comp. Ritter, Christi. Phil. i. 662. « C’était un but principal pour lui, dit Néandre, d’empêcher la propagation des principes d’Aver-rhoes dans la théologie. » Il a disputé avec les philosophes arabes d’Afrique du Nord, où il souffrit le martyre, à Bogia, en 1315.]
§ 152.
c. Troisième période. — La décadence de la scolastique XIVe et XVe siècles.
Au cours de la dernière période de la scolastique, aujourd’hui sur le déclin, nous ne rencontrons que des peu de penseurs indépendants, parmi lesquels les plus distingués furent Durand de Saint-Pourçain1, Raimund de Sabunde2 et William Occam3 le sceptique nominaliste. Gabriel Biel4, disciple de ce dernier, mais moins original, fut le dernier des théologiens scolastiques ; bien que la tendance dégénérée persistât à évoquer une un désir plus fort d’une réforme complète de la théologie5.
1 Durandus de Sancto Portiano (village du diocèse de Clermont), surnommé Doctor résolut ! SSI MU 8, fut à partir de l’an 1312 professeur de théologie à l’université de Paris, et puis évêque d’Annecy et de Meaux : mort en 1333. Il a écrit : Opus super Sententias Lombardi, § 1508, Venet. 1571, fol. (il est aujourd’hui rare).—Bien qu’un moine dominicain, il se hasarda à s’opposer à Thomas, ce qui lui valut d’être regardé comme un apostat par les vrais disciples de Thomas ; voir Cramer, t. VII, p. 801, 88. Baur, Dogmengesch. 230, 240. Ritter, viii. 547-574 . Gieseler, Dog-mengesch. 462 : « Il se distingue par son justesse et sa clarté des positions les plus difficiles. [Engelhardt dans l’Encyclopédie de Herzog.]
2 Il fut professeur à Toulouse vers l’année 1436, et composa un ouvrage sur la théologie sous le titre : Liber Creaturarum, seu Theol. Naturalis. Argent 1496, fol. 1635, 8. Il a été réédité sous une forme quelque peu modifiée par Comenius sous le titre : Ocuhis Fidei. Amst. 1661, 8. Comp. Montaigne, Essais, L. ii. c. 12. Matzke, die naturliche Théologie des Raymundus von Sabunde, Bresl. 1846. Ritter, viii. 658 à 678.[Comp. Schaarschmidt dans le Real de Herzog. Encyclope. Vol. xii. M. Huttier,,Vto Religionspbil. Raym. v. Sabunde, Augsb., 1851. C. C. L. Kleiber, De Raimn quern vocant de Sabunde, Vita et Scriptis, Berol.1856 . F. Nitzsch, Quæst. Raim., dans Zeitschrift f. d. hist Theol., 1859. Ritter, Gesch. d. Phil. Vol. VIII. ; Chrétien Philos. 1859, II. 747-754.]
3 Occam mourut en 1347. On l’appelait Venerabilis inceptor, Doctor singularis. Bien que moine franciscain, il différait de Duns Scot, comme le dominicain Durand Thomas : dans l’un et l’autre cas, le lien étroit entre les L’esprit de l’Ordre et l’esprit de l’École sont détruits. Occam a pris position indépendante, même en opposition aux Papes (Jean XXII), en défendre la doctrine de la pauvreté du Christ ; Sur ce point, voir les travaux sur l’histoire ecclésiastique. En tant que théologien scolastique, il a de nouveau introduit le nominalisme dans le réputation. Parmi ses œuvres, les suivantes sont dogmatiques : Compendium Errorum Joh. XXII. (dans Goldast. Monarchie. Han. 1612, p. 957). Quodlibeta vii. Tract, de Sacramento Altaris. — Centilo-quium Theologicum (ce dernier, en particulier, contient un grand nombre de subtilités). Voir Cramer, vii. p. 812, 88. Sur son scepticisme ironique, qu’il savait dissimuler sous le masque de l’orthodoxie la plus rigide, voir Rettberg dans le Studien und Kritiken, 1839, partie 1. Ses œuvres regorgent d’absurdes (telles que celles mentionnées à la note 5). Comp. Rettberg, p. 80. Ritter, viii. 574-604 . Baur, Trinitâtslehre, ii. 867, sq. Mais avec un scepticisme philosophique, lui et le Les nominalistes ne montrent qu’un nominalisme encore plus rigide, dans le domaine théologique. [Hauréau, ii. 418-475 . Ritter, Christliche Philos, i. 717-732. Neander, Hist Dogm. 590.]
4 Il naquit à Spires, fut professeur de philosophie et de théologie à l’Université de Université de Tübingen, et mourut en 1495.—Il écrivit : Collcctorium s. Épitomé ex Gulielmo Occam en iv. libros Magistri Sentcntiarum cd. Aller. Steinbach. Tub. 1502, ii. Wernsdorf, Diss. Theol. de Gabr. Biel celeberrimo Papista Antipapista, Wittenb., 1719. [Schrockh,, Kirchengesch., xxx. 425 » xxxiii. 534, et l’Histoire de l’Église de Gieseler.] Bienne fut suivi par Antoninus Florentinus et Paul Cortesius ; voir Mùnscher, éd. par von Colin, p. 30. Caje-tan, Eck et d’autres, qui vivaient à l’époque de Luther, étaient aussi des scolastiques complets.
5 C’est ainsi qu’il a été demandé : Num possibilis propositio, Pater Deus odit filium ? Num Deus potuerit suppositare mulierem, num diabohim, num asinum, num cucurbitam, num silicem ? Turn quemadmodum cucurbita fuerit concionatura, editura miracula, Agenda cruci ? Et quid consecrasset Petrus, si consecrasset eo tempore, quo corpus Christi pendebat in cruce?......"Sunt innumerabiles λεπτολεοχίαι, his quoque multo subtiliores, de instantibus, de notionibus, de relationibus, de formalitatibus, de quidditatibus, de eccëitatibus, quas nemo possit oculis assequi, nisi tarn Lynceus, ut ea quoque per altissimas tenebras videat, quæ Nusquam Sunt. Erasmi Stultitiæ Laus, Bas. 1676, p. 141, ss. et dans Annotation, dans 1 Tim. i. 6, etc. Com . Ad. Müller, Érasme, p. 155, et Gieseler, 1. c. ii. § 144, note g. À propos du déclin de la scolastique, Luther écrivit : à Jean Lange à Erfurt : Aristoteles descendit paulatim, in-clinatus ad ruinam propre futuram sempiternam. Mire fastidiuntur lectiones sententiariæ, nec est ut Quis sibi auditores sperare possit, théologien nisi ! hanc, c’est-à-dire Bibliam aut S. Augustinum aliumve ecclesiasticae auctoritatis doctorem velit profiter !. La lettre en question est reproduite dans le recueil de Wette, t. I, n° 34, p. 57. Comp, la soixantième lettre (adressée à Staupitz), , p. 102.
[Baur, dans son Dogmengesch., p. 229, sq., fait remonter le déclin de la scolastique à Duns Scot : il dit qu’il avait déjà perdu son caractère particulier, lorsqu’il la théologie était définie comme une science pratique : car cela faisait une séparation entre théologie et philosophie, et abandonna la position de l’unité de la foi et qui était essentielle à la scolastique. Le plus acéré Duns Scot distingué entre l’entendement et la volonté, plus il séparait les deux, et séparer le pratique du théorique. Il ne restait plus qu’à se séparer pensée de l’être, et la dissolution fut complète. Pour ce faire, le nominalisme d’Occam, selon lequel il n’y avait pas de réalité objective correspondant à des idées générales. Entre les deux se tenait Durandus, qui voyait aussi théologie en tant que science pratique, et a fait de son objet non pas Dieu, mais le vie de foi. À la fin, la foi ne reposait que sur l’autorité. l’antagonisme du réalisme et du nominalisme (p. 233) traverse l’ensemble de la théologie scolastique : c’est son principe moteur, et les étapes de sa sont également identiques aux différentes périodes de L’aristotélisme déterminait la forme de la scolastique ; mais le platonisme, par l’influence des écrits de Denys l’Aréopagite, l’accompagna, et dans les œuvres des grands scolastiques (par exemple, Thomas d’Aquin) ont apporté leurs éléments substantiels à la théologie. Comp. Neander, Hist. Dogm., 596, sq. Orf les mérites et les défauts de la scolastique, voir Gieseler, Dogmengeschichte, § 83.]
§ 153.
♦ Schmid H, Le mysticisme du Moyen Âge à l’époque de son origine, Iéna, 1824. Schmidt, Charles, Essai sur les mystiques du quatorzième siècle. Strasbourg, 1836, p. 4. Helfferich, L’histoire de la mystique chrétienne dans l’évolution de l’Église et dans ses monuments. 2 vol., Hamb., 1843. Franz Pfeifer, mystique allemand du XIVe siècle. 1er vol. Lpz. 1845. Avec. Wacker nag el, Ueber die Gottesfreunde, 8. Gesch. 2 Bd. Bâle, 1843, p. Ill sq. C. U. Hahn, Gesch. d. Ketzer im Mittelalter, in 11, 12, 13, Jahr., Stuttg., 1850. L. Noack, Die Christl. Mysticisme, ses cours de développement historique ; 1 TheiL die christl. Mysticisme du Moyen Âge Ullmann, Les réformateurs avant la Réforme [trad. dans Clark’s Foreign Library, Édimbourg. Ulimann in Studien u. Kritiken, 1852. R. A. Vaughan, 8 heures avec les mystiques, 2e éd., 2 vol., Lond., 1860 ; comp. Brit. Quarterly Review, octobre 1860. Théologie mystique de Hollande, Christ. Remembrancer, avril 1853. Le mysticisme allemand au XIIIe siècle, Westminster Review, octobre 1853. C. Schmidt, Les Amis de Dieu dans la XIVe année. in Beitriige zur theoL Wiss. Strasb., 1854. Neander , Hist. de l’Église ; et Dogmes de l’Hist, 604, 639. Mysticisme, 3, 1836, sq.]
L’influence de la scolastique était compensée par le mysticisme, qui, dans les effusions du cœur, riche en vérité, quoique parfois indistinct, rendait à la théologie les courants vitaux dont elle avait été privée par l’excès de la dialectique1. Des théologiens, dont la tendance était positive, comme Bernard de Clairval, avaient auparavant insisté sur l’importance des sentiments religieux attachés à la foi orthodoxe et d’un tempérament pieux en opposition à une tendance spéculative2. Quelques-uns des théologiens scolastiques eux-mêmes s’étaient efforcés de concilier les prétentions des émotions pieuses avec les exigences du développement scientifique de l’époque, c’est pourquoi ils sont communément appelés scolastiques mystiques ou mystiques dialectiques3. Mais à l’époque du déclin de la philosophie scolastique, le mysticisme fit son apparition sous une forme beaucoup plus vigoureuse et indépendante, quoique sous des aspects très différents. Comme cela avait été le cas pour les scolastiques, certains mystiques adhéraient plus étroitement à la doctrine de l’Église, tandis que d’autres, s’en écartant, adoptaient des opinions hérétiques.4 En ce qui concerne la méthode scientifique, une classe de mystiques manifestait une culture et une préparation plus philosophiques que l’autre. Les doctrines de maître Eckart5 avaient beaucoup de points communs avec les sectes panthéistes fanatiques, et furent en conséquence condamnées par le siège de Rome. Parmi ceux qui suivirent de plus près (quoique avec diverses modifications) la doctrine de l’Église, il y avait John Tauler6 Henry Suso7, John Ruysbroek8 l’auteur (anonyme) du " Büchlein von der deutschen Théologie (c’est-à-dire le petit livre de la théologie allemande)9, Thomas ά Kempis10, et John Charlier Gerson ; 11 Ce dernier s’est également efforcé de construire un système scientifique de mysticisme et de lui donner une base psychologique. Dans l’Église grecque aussi, le mysticisme avait ses représentants {Nicolas Cabasilas).12
1 Le ysticisme forme en lui-même un contraste avec la scolastique proprement dite, dans la mesure où la tendance dominante de celle-ci est un processus dialectique de l’encontre. debout...... Mais le mysticisme peut-il s’unir à la scolastique en créant le désir de conserver le foyer même de la religion au plus profond du cœur humain, comme son véritable siège, afin de suppléer à ce qui ne pourrait être fourni par la pensée purement dialectique ? Baur, Lehrbuch der Dogmengcschichte, p. 167. Sur la différence indubitablement fondée entre l’inystisme psychologique (religieux) et l’inystisme spéculatif (théosophique), voir ibid., p. 468, et son ouvrage sur la Trinité, ii. Débloquer le niveau 880.
2 Il fut surnommé Doctor mellifluus, et mourut en 1153. Ses œuvres ont été éditées par Mabillon, Par. (1666—1690.) 1719, ii. fol. Ven. 1726, iii. fol. Il a écrit des épîtres, des sermons et des traités mystiques : De consideratione, ad Eugenium HI. Papam ; Libri v. de Gratia et libero Arbitrio, etc. Comp. *Neander, der heilige Bernhard und sein Zcitalter. Berlin, 1813, 1848, 8. Ellendorf, der heilige Bernhard vou Clairvaux und die Hierarchic seiner Zeit. Essen., 1837. H. Schmid, 1. c. p. 187, par. De Wette, Sittenlchre, ii. 2, p. 208, ss. — L’activité pratique était aussi celle de Berthold, moine franciscain, qui vécut entre les années 1247 et 1272 ; il frisait le mysticisme. Voir ses sermons, édités par Kling, Bcrl. 1824, et la recension de Jac. Grimm, dans le Wiener Jahrbücher, 1825, p. 194, 8s.
3 À ceux-là appartiennent essentiellement Guillaume de Champeaux, et les théologiens de l’école de Saint-Victor, ainsi que Bonaventure, Comp. §§ 150 et 151. Il y a aussi un arrière-plan mystique dans les écrits d’Anselme de Cantorbéry, d’Albertus Magnus et de Thomas d’Aquin. Et ici aussi, on ne peut s’empêcher de remarquer que le mysticisme plus ancien montre une affinité interne pour le réalisme, et que celui-ci a fait alliance avec le nominalisme.
4 "Les idées des mystiques orthodoxes reposent sur le fondement positif du credo, et toute l’expérience spirituelle qu’ils décrivent est très intimement liée à la doctrine de la Trinité, l’incarnation du Christ, l’influence de l’Esprit promis par le Christ) et le mystère de la Cène du Seigneur, mais la théorie abstraite des mystiques hérétiques cherche généralement à sonder la profondeur de l’âme) qui, à leur avis, n’est rien d’autre que Dieu lui-même * ils enseignent que devenir divin est l’œuvre de l’homme lui-même et considèrent les doctrines positives comme tout au plus les symboles de ces transactions spirituelles dont dépend l’accomplissement de la fin de notre vie. Il est d’une importance particulière, dans un exposé de l’histoire de cette période, de séparer distinctement ces deux sortes de mystiques ecclésiastiques et d’orthodoxes et d’hétérodoxes. Engelhardt) Richard von S. Victor, p. 2. Comp. p. 97, 98.
5 Amalrich de Bena et David de Dinanto avaient déjà développé le côté fanatique du système mystico-panthéiste de Jean Scot Érigène, et lui avaient donné cette direction pratique dangereuse que montrent certaines sectes ultérieures du moyen âge. Comp. Kronlein, Amalrich von Bena et David von Dinanto, dans le Studien und Kritiken, 1847.♦ H, Schmid) 1. c. p. 387, 8s. Engelhardt) kirchengeschichtliche Abhandlungen. Erlang. 1832, p. 251. Mosheim) de Beghardis et Beguinabus, p. 211, 8s. p. 255. — Parmi les mystiques du quatorzième siècle , maître Eckart (Aichard), natif de Saxe, et provincial de l’ordre des dominicains à Cologne, ressemble le plus aux susdits théologiens, quoiqu’il les surpasse en ce qu’il est plus systématique. u Son sentiment de la proximité de Dieu) et son amour ardent sont submergés par la contemplation d’un abîme de convoitises et de préjugés (Hase,) Ses doctrines ont été condamnées, en 1329, dans une bulle du pape Jean XXII. Comp. Charles, Essai, p. 51-57, et Studien und Kritiken, 1839, 3. Mosheim) 1. c. p. 180. Apophtegmes des mystiques allemands dans le Lesebuch de Wacker nag el, i. Sp. 889-92. Maître Eckart ; Eine theologische Studie von H, Martensen, Hamb., 1843. Ullmann ubi, précité. [Hollenberg sur Eckhart, dans Deutsche Zeitschrift, septembre 1858.]
♦ La doctrine d’Amalrich doit être distinguée de celle de ses disciples, de même de celle de David de Dinanto, dont la parenté avec Scot Érigène est niée par l’auteur de l’essai ci-dessus.
6 Il fut appelé Doctor sublimis et illuminatus, vécut comme moine de l’ordre des Dominicains à Cologne et à Strasbourg, et mourut en 1361. C’était un prédicateur spirituel. Une édition latine de ses œuvres par Laur, Surius, col. 1548. Il a écrit entre autres : Nachfolge des armen Lebens Christi. — Medulla Animæ (recueil de divers tracts) est une compilation postérieure ; Sermons, iii. Bde. Leipz., 1826, etc. Comp. WackernageFs deutsches Lese-buch, Sp. 857, ss. [Schmidt, Carl] Johannes Tauler von Strasburg. Beitrag zur Geschichte dor Mystik und des religiosen Lebens im 14 Jahrhundert, Hamb., 1841.] Luther écrivit à son sujet au Spalatin (14 décembre 1516) : Si te delectat puram, solidam, antiquæ similliman theologian ! legere, in ger-manica lingua effusam, scrmoncs Johannis Tauleri, prædicatoriæ professionis, tibi comparare potes...... Neque enim ego vel in latina vel in nostra lingua theologiam vidi salubriorem et cum Evangel io consonantiorem. La lettre est donnée par De IFc/te, t. I, n° 25, p. 46. De Wette, au contraire, dit (christliche Sittenlehre ii. 2, p. 220, ss.) : « Son mysticisme est très profond et fervent, et en même temps très spéculatif ; mais elle n’a pas de valeur intrinsèque, en ce sens qu’elle est presque exclusivement d’une nature négative et qu’elle ne consiste qu’en un renoncement à tout ce qui est terrestre et fini. Au contraire, le vrai, l’essentiel, le divin est, pour ainsi dire, un vain chemin, parce qu’il n’est mis en rapport avec la vie et le cœur de l’homme, etc. Dôhringer, Kirche. Christi., ii. 3. [Life and Sermons (25) of John ' Tauler, par S. Winkworth, Londres, 1857 ; New York éd. Préface du professeur R. D. Hitchcock, 1858. British Quarterly sur Tauler, avril 1857. Rudel· bach’s Christl. Biographie, i. sur Tauler.]
7 Henri Suso (Germ , der Seuse, parfois appelé Amandus vom Berg) naquit à Constance et mourut en 1365. Ses œuvres ont été traduites en latin par Laur, Surius, Col. 1532.—Comp. Heinrich Suso’s Leben und Schriften, herausgegeben von \ Melch Dienpenbrock mit einer Einleitung von ♦ Gbrres, 1829, 37, ♦ 40. Geistliche Blüthen von Suso, 1834. Wackernagel , deutsches Lescbuch, Sp. 871, ss. Il est plus poétique que profond et spéculatif, ses écrits sont pleins d’allégories et d’images, souvent fantastiques, mais pleines d’ardeur religieuse. Une âme romantique, chevaleresque, enfantine ! Il ne faut pas le confondre avec l’auteur de l’ouvrage sur les Neuf Rochers (Rul-man Mersurin) ; Comp. Ch, Schmidt, dans Illgens Zeitschrift, 1839. 2. Une contribution importante à l’histoire du mysticisme est le traité de W. Wackernagel über die Gottesfreunde à Bâle, 1843. Ch. Schmidt dans Stud, u. Kritiken, 1843. F. Bricker, Sur la Vie et les Ecrits de H. Suso, Strasb.
♦ Nous citons l’édition de 1837.
8 Il fut prieur des chanoines réguliers de Grunthal en Brabant, et mourut en 1381. Il a été surnommé Doctor ecstaticus. Ses œuvres (écrites à l’origine en langue flamande) ont été traduites en latin par Laur, Surius , Cologne, 1552, 1609, 1692, et en allemand par Gottfr, Arnold, Offenbach, 1701. 4. Nouvelle édition d’Arnswaldt, avec une préface d’Ullmann, Hamb., 1848. Comp. Engelhardt, dans l’ouvrage mentionné § 150, note 9 : Ruys-broek se tient pour ainsi dire sur les limites entre les mystiques orthodoxes et les mystiques hétérodoxes ; Ch, Gerson, qui l’a mis à cœur, l’a compté parmi ces derniers ; mais comp. Engelhardt, 1. c. p. 275 : « La ligne de démarcation entre le mysticisme hétérodoxe et le mysticisme orthodoxe, que nous trouvons distinctement tracée dans les écrits de Ruysbroek, était si fine, et pouvait si facilement être ignorée, qu’il n’y avait qu’une ferme adhésion à cette forme de croyance qui était généralement adoptée et sanctionnée par l’usage des Pères, ainsi que par l’auteur· l’Église, semblait être une protection suffisante contre de telles erreurs. De Wette, christliche Sittenlehre, il dit, p. 247 : « Dans les écrits de Ruysbroek [aussi bien que dans ceux de Tauler], l’idée de quelque chose d’absolu et de renoncer à tout ce qui est fini, d’être absorbé dans l’un et l’indivisible, est posée comme ce dont toutes choses dérivent. Ruysbroek reconnaît, même plus loin que Taïder, le séjour du Divin dans l’homme, un aveu d’une grande importance. Au point de vue moral, les écrits de Ruysbroek ont plus de valeur que ceux de Tauter : le premier développe plus distinctement la nature d’une vie vertueuse, et met en garde contre la paresse spirituelle, mais il est tombé plus souvent que Tauter dans l’erreur de la sensualité mystique et de l’extravagance, etc.
9 Le titre complet de cet ouvrage est : Deutsche Théologie, oder ein edles Büch-lein vom rechten Verstande, was Adam und Christus sei, und wie Adam in uns sterben und Christus in uns leben soil. Il a été publié pour la première fois en 1516 par Luther (avec une préface de recommandation), puis (également en recommandation) par JoÀ. Arnd. 1631 , par Grell, 1817, par Detzer, Erl. 1827, par \Troxlcr , Saint-Gall, 1837, et par Pfeifer , 1851. Comp. L’opinion de Luther sur cet ouvrage dans De Wette recueil des lettres de Luther, n° 60, p. 102 : « Ce noble livre, quoique simple et sans ornement en paroles de sagesse humaine, est beaucoup plus riche et plus précieux en art, et en cette sagesse qui est divine. Et, à la louange selon ma vieille folie, à côté de la Bible et de saint Augustin, je ne connais aucun livre dans lequel j’ai appris ou voudrais en savoir plus sur ce que sont Dieu, le Christ, l’homme et toutes choses. De Wette (christl. Sittenlehre, p. 251), appelle aussi l’ouvrage un traité sain et moelleux, plein de spnrit et de vie, écrit dans un style pur et solide, et digne d’être si fortement recommandé par Luther. Comp. Ullmann, das Reformatorische und Speculative in der Denkweise des Verfi der deutschen Théologie, in the Stud, und Kritiken, 1852, p. 859, sq. [Sur l’édition de Pfeifer, voir aussi Deutsche Zeitschrift, 1855. Die Heilslehre der Theologia Deutsch, F. G. Sisso, Stuttg., 1857.—Theologia Germanica, édité par le Dr Pffeifer, trad. par Susanna Winkworth, préface par le révérend C. Kingsley, et introd., par C. E. Stowe, Andover, 1856. Schmitz, Johannes Tauler.]
10 Son vrai nom était Thomas Hamerken de Campine : il était sous-prieur des moines augustins sur la montagne de Sainte-Agnès, près de Zwoll, et mourut en 1841. « C’était plutôt un prédicateur pieux, chaleureux et édifiant, qu’un mystique à proprement parler ; du moins, il n’avait guère de tendance spéculative » De Wette, 1. c. p. 247. Il est l’auteur de plusieurs traités pieux : Soliloquia Animæ, Hortulus Rosarum, Vallis Liliorum, De tribus Tabernaculis, De Solitudine, De Silentio, etc. Son œuvre la plus célèbre (que quelques-uns ont cependant attribuée à d’autres auteurs , par exemple à l’abbé Gerson ou à Jean Gerson) est : De Imitatione Christi, libri iv. Opéra Norimb., 1494. Par. 1520. fol. Antw., 1607. Comp, l’examen critique de sa paternité par fj. P. Seibert (qui se prononce en faveur de Thomas à Kem-pis), Wien. 1828. 8. Gieseler, 1. c. ii. 4, § 146, notes 1. et m. Ch. Schmidt , Essai sur Jean Gerson, p. 121. Ullmann, Reformatoren, ii. 711 , 8q. J. Mooren, Nachrichten über Thomas à Kempis, Crefeldn 1855. [En faveur de Gerson, aS l’auteur ; A. A. Barbier, Dissertation, Paris, 1812, et J. B. M. Gence, Paris, 1826. En faveur de l’abbé Gerson. G. D. Gregory, Mémoire revu par Lanjuinais, Paris, 1827. Vert, Etudes sur l’imitation, Paris, 1856. Ullmann, dans sa biographie de Wessel (in Ref. vor die Ref.) cite un témoignage positif d’Albert Hardenberg en faveur de Kempis, seulement 27 ans après à Kempis. D. D. Bahr big , Th os. von Kempen, 1840.]
11 Jean Charlier Gerson, surnommé Doctor christianissimus, fut chancelier de l’Université de Paris, et mourut en 1429. En lui, « le mysticisme médiéval a pris conscience de son véritable caractère et a résumé ses principes vraiment spéculatifs et vraiment religieux sous une forme purifiée Meier Dogmengesch. 203. Il a écrit : Considerationes de Theologia Mystica, De Pcrfectione, De Meditatione Cordis, etc. Une édition de ses œuvres complètes a été publiée chez Antv. 1706, fol. à Hagæ Comit 1728. Comp. Engelhardt, de gersonio Mystico, 1822. Hundeshagen, K. B. über die mys-tische Théologie des Joh. Charlier Gerson. Leipz., 1734 (réimprimé séparément du quatrième volume de la Zeitschrift für historische Théologie). * Leib-ner, A., über Gersons mystische Théologie in the Studien und Kritiken, 1835, 2e partie, p. 277, 88. * Schmidt, Ch., Essai sur Jean Gerson, chancelier de !,université et de !,église de Paris. Strasb. et Paris, 1839. — Sur les différentes définitions de la nature du mysticisme, voir Consideratio 28, p. 384 (JIundes-hagen, p. 49.). Sur son opposition à Ruysbroek, voir ci-dessus, note 6. — Gerson voit « dans l’imagination sensuelle un puissant ennemi de la pure et mystique contentération, et prend soin à plusieurs reprises et très fortement de mettre en garde contre ses illusions » Hundeshagen, p. 81. — Sur sa philosophie, voir Ritter, viii. 626658 . [Bonuechose, Gerson, Huss, etc., Paris, 2. 8vo. J. B. Schwab , Johannes Gerson, 1859, 8 vol. pp. 800. Sur Gerson, voir Presb. Quarterly, oct. 1858.]
12 Dr. IF. Gass, Die Mystik des Nicolaus Cabasilas vom Leben in Christo, Greifswald, 1849. Comp, c’est-à-dire . Engelhardt, die Arsenianer und Hesychasten, dans Illgen’s Zeitschrift für hist. Théol. VIII. 48, sq. [F. Pfeifer, Teutsche Mys-tiker des xiv. Jahr. 2. 8 vol., Leips. 1845 (dans le tome I, sur les Vies des Saints de Hermann Frittier .) B. Bdhring, Johannes Tauler und die Gottesfreunde, Hamb., 1853.]
§ 154.
OPPOSITION PHILOSOPHIQUE À LA SCOLASTIQUE.
Meiners, Ch., Biographies d’hommes célèbres de l’époque de la restauration de la science, Zurich, 1795. Heeren, A. H. L., Histoire de la littérature classique depuis la renaissance de la science. Göttingen, 1797, 1801. 8. Erhard, 11. A., Histoire du renouveau de l’enseignement scientifique. Magdebourg, 1827, 30, ii. vol. [Le Moyen Âge de Hallam. G. Voigt, Revival of the .class. Alterthunis, Bert, 1859. Ritter, christl. Philos, chap. L, 1859. Tennemann, Gesch. d. Phil. Vol. ix.]
Dès le XIIIe siècle , Roger Bacon avait combattu la tendance spéculative unilatérale de la scolastique et s’était efforcé d’améliorer la méthode d’étude de la théologie1. Mais la seconde moitié du XVe siècle se distingua par la restauration des études classiques, par lesquelles l’esprit humain fut délivré de cette spéculation théologique unilatérale, qui égarait à la fois les théologiens scolastiques et mystiques, et excitait et dirigeait vers un développement plus harmonieux de toutes les facultés de l’âme, vers une considération plus simple et plus naturelle des sujets. et surtout, à un traitement plus judicieux de toutes les questions spirituelles2. Laurentius Valla3, John Reuchlin4 et Desiderius Erasmu1 peuvent, d’une manière générale, être considérés comme les restaurateurs de la philologie classique (et, dans une certaine mesure, de la philologie hébraïque). Marsile Ficinus6 et Jean Picus de Mirandole7, les principaux défenseurs de l’étude de la philosophie platonicienne, limitaient ainsi, d’une part, l’autorité excessive d’Aristote et la domination de la scolastique, et, d’autre part, montraient comment le mysticisme pouvait être plus intimement lié à la spéculation.
1 Roger Bacon, surnommé Doctor mirabilis, était moine de l’ordre des Franciscains, et professeur de théologie à l’université d’Oxford à partir de l’an 1240. Il écrivit (1267) : Opus Majus de Utilitate Scientiarum ad Clementum IV., [éd. Sam. Jebb, Lond., 1733 ; résumé dans Brit. Biog. iv. Des extraits très caractéristiques en sont donnés par Gieseler, II. § 74, note 29, p. 471. [His Opera inedita, par J. S. Brewer, vol. I. 1859 ; comp. Notes and Queries, janv. 1860, p. 39.]
2 "Si nous demandons quel est le contraste le plus évident avec la philosophie et la théologie scolastiques, ainsi qu’avec la tendance de la scolastique elle-même, nous pouvons dire que c’est le bon sens, l’expérience (extérieure et intérieure), la connaissance de la nature et de l’humanité." Hegel, Geschichte der Philosophie, III, p. 200.
3 Il mourut en 1457. Ses œuvres ont été publiées à Bâle de 1540 à 1543. Elegentiarum Lat. Ling, libri vi. ; Dialecte, libri iii. : Annot. in New Test, (éd. Erasmus, Tur., 1505 : éd. Revius, Amst., 1631) : De ementita Constan-tini Donatione.
4 Jean Reuchlin, autrement dit Capnio, vécut de 1455 à 1522. Comp. *Mayerhoff, Reuchlin und seine Zeit. Berl. 1830 . Meiners 1. c. i. p. 44, 88. Il poussa particulièrement à l’étude de la langue hébraïque ainsi qu’à celle de la Kabbale, et remporta une glorieuse victoire sur les Viri Obscuri de son époque. \J. A. Erhard, Gesch. des Wiederaufbltlhens Wies. Bildung, Magd., 1827, Bd. 2. Lamey, Johann Reuchlin, 1855. D. F. Strauss, dans Ulrich von Hutten, 1858, Bd. 1, p. 188-230. Von d. Hardt, Hist. lit. Réf. ii. Les œuvres philosophiques de Reuchlin sont : De Verbo Mirifico, 1495 : De Arte Cabbalist, 1517 : Dans la Controverse humaniste de Cologne, à partir de 1510, Reuch-lin écrit sur la proposition de brûler tous les livres juifs, et le Speculum Ocu-lare. The Epistolæ Obscurorum Virorum, 1515 : sur la paternité, voir Sir William Hamilton’s Discussions (from Edinb. Revue), p. 202-238.]
5 Desiderius Erasmus (Gerhard) de Rotterdam, naquit en I486 et mourut en 1536. Adolf Müller, Leben des Erasmus von Rotterdam, Hamb., 1828.Opp. Bas. 1540. VIII., et Ludg. Chauve-souris. 1703-6, x. fol. Dans sa Ratio perve-niendi ad Veram Theologiam, dans l’ouvrage intitulé Laus Stultitiæ, et ailleurs, il critiquait sévèrement les extravagances de la scolastique, et indiquait un traitement plus judicieux de la théologie. Son édition critique du Nouveau Test (édit, princeps, publié par Froben, Bâle, 1516) ♦ conduisit à une étude plus correcte de la Bible ; dans ses lettres et dans divers essais, on s’efforcera de répandre la lumière de la connaissance humaine. Sa relation avec la Réforme et avec la théologie des réformateurs, nous apparaîtra dans la prochaine période. [Sa première œuvre, DeContcmptu Mundi, 1487. Burigny, Vie d’Erasme, Paris, 1757. Vies anglaises d’Érasme , par Knight, Cambr., 1726 ; par Jortin, 2. 4to^ 1758-60 ; par Charles Butler, Lond., 1825. Articles dans Eclectic (Lond.) sept. 1854 ; Rev. rétrospective, t. V ; Rev. du Sud, vol. iii. ; Christ. Examinateur, vol. xlix. ; North British, février 1860. Comp. Zeitschrift f. d. hist. Theol., 1843, 1845. Nesard dans Etudes sur la Renaissance, 1855. Kerker , Erasmus und sein theol. Standpunkt, dans le Theol. Quartelschrift, 1859, p. 531-567.]
♦ La publication de l’édition polyglotte du cardinal Ximenes, sur l’essor de la Réforme allemande, n’est pas moins importante. [Comp. Ximenes de Hefele, 1856.]
6 Sur la controverse entre les aristotéliciens et les platoniciens, voir Münscher, éd. par von Colin, t. II, p. 27. Marsile Ficinus traduisit les ouvrages de Platon, et écrivit : De Relig. christ, et Fidci Pietate ad Laur. Med., et De Immortalitate Animæ ; ses ouvrages furent publiés à Paris, 1641, fol. Il mourut en 1499. Comp. Sievekiug, Gesch. d. Platon. Akad. za Florenz., Gott., 1812. Ritter, v. 272-291.
7 Il naquit en 1463 et mourut en 1494. Il s’est efforcé d’harmoniser Platon avec Aristote. Ses ouvrages furent publiés à Bâle, 1601, fol. : il écrivit entre autres : In Hexaëmeron Jibros vii. — Quæstiones 900 — De Christi Regno et Vanitate Mundi — In Platonis Convivium libri iii. — Epis-tolæ etc., voir Heiners 1. c. ii. depuis le commencement.♦♦ Comp. Sigwart , Ulrich Zwingle, der Charakter seiner Théologie, mit besonderer Rücksicht auf Picus von Mirandula, Stuttg., 1855, p. 14, sq. [<7. Dregdorff, Das System des Joh. Picus, Graf von Mirandula, Marb., 1858.]
♦♦ Dans l’Église grecque , Gemistius Pletho, au XVe siècle, a suivi Platon, tandis que Gennadius apparaît comme un représentant de l’aristotélisme ; comp. Gass, Gennadius und Plato, Brash, 1844.
§ 155.
OPPOSITION PRATIQUE. — LES PRÉCURSEURS DE LA RÉFORME.
Flothe, Histoire des précurseurs de la Réforme, Leipz., 1835, p. 8. UUmann, C., Les réformateurs avant la Réforme, surtout en Allemagne et aux Pays-Bas, 2 vol., Hiunburg, 1841, [traduit par Menzies dans Clark’s Foreign Library, Edinb., 2 vol. Comp. Bibliotheca Sacra, i. 1844, p. 425, 89.]
L’esprit de la Réforme se manifesta de plus en plus, non seulement dans la science, mais aussi directement dans le domaine de la vie chrétienne pratique. Jean de Wycliffe1, Jean Hus2 et Jérôme de Prague, ainsi que leurs disciples, partant d’une doctrine biblique plus pure, adoptèrent en partie les doctrines des mystiques, en partie les formes scolastiques de la pensée, bien que leur tendance fût dans l’ensemble plus pratique. Quelques-uns de leurs adeptes sont tombés dans les erreurs d’anciennes sectes fanatiques3. La tendance de Jérôme Savonarole4 est assez singulière ; sa théologie a beaucoup de mystique, avec une coloration apocalyptique. Jean Wessel de Groningue, au contraire, réunissait en lui l’esprit plus noble du mysticisme et le véritable esprit de la recherche scientifique, s’efforçant de secouer les chaînes de la scolastique ; il devint ainsi, dans un sens plus strict, un précurseur de Luther5.
1 Il fut professeur de théologie à l’université d’Oxford, et combattit à partir de l’an 1360 l’ordre des frères mendiants. Grégoire XI. Il a fait dix-neuf de ses thèses (1377). Sa controverse sur la doctrine de la transsubstantiation sera examinée dans l’histoire spéciale des doctrines. — Son principal ouvrage doctrinal est : Dialogorum libri v. (Trialogus) Bas., 1520, éd. L. Th. Wirth. Francof. et Lips., 1753, 4. Comp. Vaughan, R,, La vie et les opinions de J. D. Wycliffe. Lond., 1829. II. 2e édit., 1831. Webb, le Ras, la vie de Wiclif.. Lond., 1832. Oscar Jager , John Wykliffe und seine Bedentung für die Reformation, Halle, 1854. Bohringer, Kirchengesch. dans Biographieen ii. 4. 1.
[Une édition augmentée de Vaughans Life, en un volume, 1853. G. Weber , Gesch. d. akatholischen Secten, Bd. i. Vorlâufer der Ref. ii. 161, 1836. Wiclif und die Lollarden, par Lechler, dans Neidner’s Zeitschrift, f. die hist. Theol., 1853. Three Treatises, publ. d’après les mss. de J, H, Todd, Dubl. 1851. Tracts and Treatises of AV. with transi, d’après ses œuvres latines par R, Vaughan, pour la Wycliffe Society, 1848. E. W. Lewaid, Die theol. Doc-trin Wy cliff’s, dans Zeitschrift f. d. hist. Theol., 1846-7. Fasciculi Zizaniorum Mag. John Wyclif (attribué à Thos. Nelter), éd. W. W. Shirley, Oxford. Reaven Gronemann, Diatribe in J. W. Vitam, Traj. ad Rhen., 1859. C. A, Winkelmann, Wicl., Hus, Gerson, inter se cemparati, Gôttg., 1857. Herbert Cowell, Character and Plan of W. as a Reformer, Oxford.—Wycliffe’s Bible, Oxf. Univ. Press, 4, 4to., 1850.—Articles sur Wycliffe, Christ. Examinateur, vol. II. ; Ebinb. Rév., Ivi. ; Christ. Rév., vi. ; Méthamphétamine. Quar., ii. ; West Rev., juillet 1854 ; sur le mss. de Wycliffe dans (Lond.) Éclectique, 4e cris, xv. ; British Quarterly, octobre 1858 ; Trimestriel (Lond.), 1858 ; Presb. Quarterly (Phil.), par le professeur R, D, Hitchcock, décembre 1857 et juillet 1858.]
[Sur les Lollards, voir Hist, of England and France under the House of Lancaster, Lond., 1852. Erdcrsheim dans ses transi, de l’Hist. de l’Église de Kurtz, i. 490-494. Lechler, ubi précité. La Réforme de Blunt en Angleterre. Notes et requêtes, mars 1857, p. 193. Weber, Gesch. d. akatholischen Secten, i., 1845.]
2 Jean Hus de Hussinecz, fut pasteur à Prague depuis l’an 1402, et souffrit le martyre en 1415 à Constance. Son opposition à l’Église avait plus un caractère pratique que dogmatique. Les vues de . Hus, lors de la Cène du Seigneur, différait moins de la doctrine de l’Église que celles de ses collègues Jérôme de Prague et Jacobellus de Misa, comme on le verra dans l’histoire spéciale des doctrines. Comp. Neander, kleine Gele-genheitsschriften.3d édit. p. 214, ss. \Helfert, Hus und Hieronymus, Studie, Prag., 1853. [A. Zitte, Lebensbeschrcib. d. Joh. Hus, Prag., 1799. L. Köhler, Hus und seine Zeit. Leips., 1846, 2 vol. Bohringer, Kirche Christi, ii. 4, 2. F. Palacky, Gesch. d. Boh men, Bd. iii. L. Heller, Hiéron. von Prag. Tub., 1835. A. B. Zürn, Joh. Hus auf d. Concil zu Costnitz, Leipz., 1836. Neander’s Church Hist. c. Horst, De Hussi Vita, Amst., 1837. Bonnechose , Gerson, Hus, etc., Paris, 1853. Articles dans Presb. Quarterly (Phil.), 1856 ; Amérique du Nord, ixv. ; Méthamphétamine. Rev. Qu., vol. v. Comp. Gieseler** Church Hist, éd. de New York, iii. 414, sq.
3 Sur l’histoire des Husites (appelés aussi Taborites et Calixtins), voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. — Lcnfant, Histoire de la guerre des Hussites. Amst. 1731, ii. 4. — Jean Rokykzana fut l’un de leurs théologiens les plus éminents. — Martin Lokwitz (Loquis), de Moravie, appartenait au parti fanatique des Husites ; voir Schrockh, 1. c. xxxiv. à la p. 687. [^4. Gindcly, Bohmen u. Mahren dans Réf. Prag., 1858.]
4 C’était un moine de l’ordre des Dominicains, qui vécut à Florence à partir de l’année 1489, et souffrit le martyre en 1498 . — Picus de Mirandole composa un traité pour sa défense, qui est reproduit dans Goldast, Monarchia, T. i. p. 1635. — Il écrivit : Compendio di revelazione, 1495, dont une traduction latine a été publiée en 1496. — Triumphus Crucis s. de Veritate Fidei, 1497, et divers sermons. * Rudelbach, Hieronymus Savonarola und seine Zeit, Hambourg, 1835.— *Meier, Karl. Girolamo Savonarola. Berl., 1836. Sur ses opinions théologiques, voir : Ammon. IP. Ph. in Winers und Engelhardts Nenes kritisches Journal, vol. viii.part 3, p. 257-82. Hase, Neue Propheten, p. 97, sq. [Madden, Vie de Savonarole, 2e éd. 2 vol., Lond., 1854. J. J. Perrens, Vie de S., 2 vol. Paris, 1854. Th. Paul, Jér. Sav. précurseur de la Réf. Paris, 1857. HPO (en anglais seulement) H. Rule, Études d’Hist., vol. II. Lond., 1856. Archiv. Storico Italiano, Tom. VIII., Florence, 1850. Pasquale Villari, La Storia di Savon, (d’après de nouveaux documents), i. Florence, 1860.—Articles sur Savonarole, Rev. de Dublin, oct. 1854 ; Revue Chrct., Paris, 1855 ; Éclectique (Lond.) 4e série, xvi. ; Christ. Remembrancer (Lond.), 1858 ; Trimestriel (Lond.), 1856 ; Mercersburg Rev. par le Dr Schaff, juillet 1858.]
5 Son nom de famille était Gansfort ; surnommé lux mundi, magister contradictionuni, vécut et enseigna la théologie à Cologne, Heidelberg, Louvain et Paris, et mourut en 1489. Bien qu’il fût lui-même un théologien scolastique, il annonça que la scolastique cesserait bientôt d’exister, affirma que Scrip· La foi est le seul fondement de la foi, la foi est l’unique fondement de la justification sans les œuvres, et elle insiste sur la nature spirituelle d’une vie religieuse [Meier, Dogmengeschichte, p. 238]. Ses ouvrages furent publiés à Groning, 1614. Muurling, de Wcsselii cum Vita turn Mentis in præparanda sacrorum Emendatione in Belgio Septentrionali. Traj. ad Rhen. 1831 . Ull· mann, C., Johann Wessel, ein Vorganger Luthers. Ham., 1834.
Et enfin , Jean Goch de Malines, mort en 1475 ; Jean de Wesel , professeur de théologie à Erfurt, puis ministre à Worms (il mourut le 18 100). D. 1482) et d’autres, ainsi que Gerhard Groot, et l’ordre des clercs réguliers doit être compté parmi cette classe d’hommes. Comp. Scholtz, J. G. L., Diss, exhibons Disquisitionem, qua Thomæ a Kempis Sententia de Re Christiana exponitur et cum Gerardi et Wesselii Gansfortii Sententiis com-paratur. Gron., 1840, p. 8. Ullmann’s Ref. vor d. Ref. Bd. i.
§ 156.
LE LIEN DE L’HISTOIRE DES DOCTRINES AVEC L’HISTOIRE DE L’ÉGLISE ET DU MONDE DANS LA PÉRIODE ACTUELLE.
La période actuelle illustre, plus que toute autre, le lien intime qui existe entre le développement de la vie de l’Église et de l’humanité en général, et le développement de la doctrine.1 Peut-on donc établir un parallèle entre l’histoire de la scolastique, d’une part, et celle de la papauté et de la hiérarchie, d’autre part2. Le monachisme et le célibat tendaient non seulement à favoriser l’esprit de spéculation subtile manifesté par les scolastiques, mais aussi à éveiller des désirs plus profonds de la part des mystiques3. La splendeur et la magnificence des formes romaines du culte ont eu une influence réactionnelle sur les doctrines de l’Église (en particulier sur les doctrines des sacrements et des saints), dans la mesure où la première elle-même devait son existence à la seconde.4 L’esprit dogmatique de la période actuelle s’exprimait aussi symboliquement dans l’art du moyen âge.5 Les avantages que l’Occident tira des croisades, dont l’origine peut être attribuée en partie à l’enthousiasme religieux de l’époque, étaient multiples et de diverses natures6. Les grandes calamités et les grands fléaux du quatorzième siècle impressionnèrent tellement l’esprit du peuple, qu’ils furent au moins une cause partielle des phénomènes religieux et mystiques de ces timès (voir e. g., dans les Flagellants).7 Après que l’usage exclusif de la langue latine dans toutes les affaires ecclésiastiques eut conduit à négliger l’examen approfondi et critique de la Bible, et à adopter une terminologie barbare, la diffusion de la littérature grecque, à partir de la conquête de Constantinople (ap. J.-C.). 1453), exerça une influence bénéfique à la fois sur l’étude des langues originales des Saintes Écritures et sur la manière de discuter des sujets théologiques8. Et en dernier lieu, bien que la terrible institution de l’Inquisition ait réussi pendant un certain temps à intimider l’esprit du peuple et à empêcher le libre échange des idées9, cependant l’invention de l’imprimerie (vers l’an 1440)10, la découverte de l’Amérique (apr. J.-C. 1492), et toute la révolution qui s’est opérée dans l’histoire des nations, a préparé la voie à une nouvelle période, qui a rendu nécessaire un nouveau développement de la vie religieuse, par suite des multiples changements dans les modes de pensée et de vie.
1 Comparez l’introduction générale ci-dessus.
2 Ce n’est pas un hasard si la scolastique a commencé avec l’époque de Grégoire VII. Au cours de la dispute sur l’investiture épiscopale , Anselme soutint les prétentions de la hiérarchie papale, tandis qu’un peu plus tard, Arnold de Brescia, disciple d’Abélard, appliqua pratiquement les principes doctrinaux plus libéraux de son maître. De la même manière, Bernard de Clairval unissait l’orthodoxie dogmatique à une adhésion rigide aux institutions pontificales de l’Église. — La scolastique atteignit son point culminant de développement à peu près en même temps que la papauté du moyen âge atteignit son apogée sous le pape Innocent III, et l’on peut établir un parallèle clair entre la désagrégation des écoles (thomistes et scotistes). et le schisme papal qui se produisit peu de temps après. — De même que le siège de Rome avait autrefois trouvé un appui dans la tendance réaliste d’Anselme, de même il rencontra maintenant une opposition ouverte de la part du nominaliste Occam. — L’histoire du mysticisme peut également être retracée de manière à montrer que, sous un aspect, il favorisait les prétentions du siège romain. et s’opposa à eux dans un autre. La papauté elle-même avait ses racines (dans l’idée réelle qu’on s’en faisait) dans une vision mystique du monde, mais par son opposition à cette idée, c’est-à-dire par son extériorité et sa mondanité, elle provoquait une opposition de la part des défenseurs de cette vision mystique (spirituelle) du monde et de sa destinée. Comp. Hagenbach, dans l’essai cité, § 149. [ATiWner'« Gesch. d. Kirche, § 136, 140, 157, 167, 182.]
3 Certaines erreurs des scolastiques, aussi bien que des mystiques, ne peuvent guère être comprises que du point de vue d’une cellule monastique. Autrefois, les scolastiques étaient des moines de l’ordre des bénédictins, ou de celui des chanoines réguliers ; plus tard, les moines de l’ordre des frères mendiants occupèrent les chaires théologiques (malgré la longue opposition de l’université de Paris) et conférèrent des grades et des promotions. Il faut aussi tenir compte de la jalousie à laquelle nous avons déjà fait allusion entre les différents ordres, et qui était en rapport intime avec les divisions entre les scolastiques. [Comp. Littérature monastique, Lond. Trimestriel, 1853. S. P, Day, Rise, etc., of Monastic Institutions, 3e éd. Lond., 1855. Brown· son’s Quarterly Review, juillet 1855. Comte de Montalcmbert, Les Moines d’Occident (de Benoît à Bernard), 2. 8vo^ Paris, 1860. Version anglaise, 1861.]
4 Comparez la doctrine des saints et celle de la Cène du Seigneur dans l’histoire spéciale des doctrines.
5 Est-ce tout à fait par hasard que les villes de Strasbourg et de Cologne, distinguées par leurs cathédrales, aient été les sièges privilégiés des théologiens mystiques ? Voir Ch. Schmidt, Essai, p. 45 et 52. Il y a aussi un lien évident entre la tendance mystique et la poésie romantique (comp. Liebner, Hugo von St. Victor, p. 246), ainsi que, d’une part, entre la vieille école allemande de peinture et de mysticisme, et d’autre part, entre l’art italien plus gai et la tendance classique, mentionnée § 154.
6 Voir Heeren, Développement des conséquences des croisades pour l’Europe (his-torische Schriften, Göttingen, 1808, vol. 2).
7 Comp. Hecker, Der schwrartze Tod im 14 Jahrhundert. Berlin, 1832, p. 8. [TZec&er, Black Death, etc., nouv. éd., 1859. Voir American Theol. Revue, 1859.] Forstemann, les Sociétés chrétiennes Geissler. Halle, 1828.
8 Comparez § 154.
9 Voir Llorente, Geschichte der Inquisition, Leipzig. 1823 . Neudecker, dans Herzog’s Realencyclopàdie, vi. 677, sq. [Hefele, dans sa Vie du cardinal Ximenes, p. 162, 8q. : comp. Dublin Review, 1852 (aussi 1850, 1851.) PF. H, Rule, The Brand of Dominic, éd. de New York, 1852.]
10 « La religion a sans aucun doute acquis le développement puissant, sain et clair de la piété, et de la piété chrétienne en particulier, par l’invention de la typographie. Les sources de la connaissance et de l’éducation chrétiennes en ont été multipliées à l’infini, et ce qui était auparavant inaccessible a été mis à la portée de toutes les classes de la société. Ullmann, Rede am vierten Sàcularfeste der Erfindung der Buchdruckerkunst. Heidelberg, 1840, p. 20.
PREMIÈRE DIVISION.
PROLÉGOMÈNES APOLOGÉTIQUES-DOGMATIQUES.
VÉRITÉ DU CHRISTIANISME. — RAPPORTS ENTRE LA RAISON ET LA RÉVÉLATION. — SOURCES DE LA RÉVÉLATION. —
L’ÉCRITURE ET LA TRADITION.
§ 157.
VÉRITÉ ET ORIGINE DIVINE DU CHRISTIANISME.
Le terrain pris par les auteurs apologétiques de la période actuelle, en opposition à tous ceux qui n’étaient pas chrétiens, était considérablement différente de celle prise au cours de la première période. D’une part, le judaïsme du moyen âge n’était pas le même que celui que Justin Martyr combattait dans son Dialogue avec Tryphon1; D’autre part, les vues des apologistes du Moyen Âge sur les sujets doctrinaux différaient à bien des égards de celles des Pères précédents. D’autres armes étaient également nécessaires dans la controverse avec le mahométisme que celles qui avaient été employées contre les anciennes formes de polythéisme2. Mais le scepticisme et la libre pensée, qui ont fait leur apparition, surtout vers la fin de la période actuelle, au sein de l’Église elle-même, à la fois d’une manière plus ouverte et plus ouverte. d’une manière plus dissimulée, rendait une défense philosophique de la religion chrétienne encore plus nécessaire que ne l’étaient les formes historiques de la religion qui existaient à côté du christianisme.3 D’une manière générale, les apologistes ont adopté d’anciennes méthodes d’argumentation. Les arguments tirés des miracles et des prophéties ont été retenus, tels que la tradition les avait sanctionnés45, bien que certains auteurs aient atteint l’idée que la religion du Christ se recommanderait par ses excellences internes, même sans miracles.5
1 Comparez , par exemple, le discours par lequel Agobard réprimandait les Juifs de ce temps-là dans son traité De Insolentia Judæorum, Opp. T. i. p. 69-66. Voir Schrockh, xxi, p. 302.
2 Comparez les écrits mentionnés § 144, qui étaient dirigés contre les mahométans, et Gieseler, Dogmengeschichte, 476. — Les païens , c’est-à-dire les philosophes païens en particulier, ont été combattus par Thomas d’Aquin dans sa Somme catholique Fidei contra Gentiles, Lugd., 1587, fol. qui ne doit pas être confondue avec sa Somme plus grande. Des extraits en sont donnés par Schrbckh, xxix. p. 341, ss. Mùnscher, éd. par von Colin, ii. p. 100, ss.
3 Anselme lui-même soutenait le principe : Fides nostra contra impios ratione defendenda est, non contra cos, qui se Christian ! nominis honore gaudere fatentur : Epp. Lib. ii. 41. Sur les écrits apologtiques ultérieurs de Savonarole et de Ficinus, voir § 154, 155.
4 Anselme s’est efforcé de définir l’idée de miracle par la différence d’un triple cursus rerum, à savoir, le miraculeux (mirabilis), le naturel (naturalis), et celui qui dépend de la volonté de la créature (voluntarius). Le miraculeux ne peut pas être soumis aux conditions et aux lois des deux autres, mais règne librement ; mais elle ne fait pas violence aux deux autres (neque illis facit injuriam), puisqu’elle dépend aussi de la volonté la plus haute, la volonté de Dieu. La possibilité des miracles est aussi fondée sur le fait que la création elle-même est un miracle, c’est-à-dire un produit de la volonté divine : Voyez son De Concept. Virg. et Orig. Peccat., c. 11. Hasse, Anselme, ii. Débloquer le niveau 457.
Une définition du miracle est donnée par Thomas d’Aquin, P. L, quæst. 110. art. 4 : Dicendum quod miraculum proprie dicitur, cum aliquid fit præter ordinem naturæ : sed non sufticit ad notionem miraculi, si aliquid fiat præter ordinem naturæ alicujus particularis, quia sic, cum aliquis projicit lapidem sursum, miraculum facerct, cum hoc sit præter ordinem naturæ lapidis. Ex hoc ergo aliquid dicitur esse miraculum, quod fit præter ordinem totius natures creates ;hoc autem non potest facere nisi Deus, quia quidquid facit angélus vel quæcunque alia creatura propria virtute, hoc fit secundum ordinem naturæ, et sic non est miraculum. Unde reliuquitur, quod solus Deus miraculum facere possit. De cette définition objective du miracle, il distingue la définition subjective : Sed quia non omnis virtus naturæ creatæ est nota nobis, ideo cum aliquid fit præter ordinem naturæ creatæ nobis notæ per virtutem creatam nobis ignotam, est miraculum quoad nos. Du même point de vue, il établit une distinction entre miraculum et mirum. Comp. Baur, Trinitatslehre, ii. p. 749, 750. [Baur, Dogmengesch. 243, dit, Thomas d’Aquin a fait un pas en avant dans la définition doctrinale du miraculeux, en renvoyant la question à la doctrine de la providence, ou du gouvernement du monde.] \Brischar, der Wundcrbegriff des heiligen Thomas von Aquino, dans le Tübingen Quartalschrift, 1845, partie 3.—Ritter , Gesch. d. Phil. viii. 266, et le passage cité d’Aquin, Contra Gentes, III. 98. Déjà à cette époque, Ficinus et d’autres faisaient appel aux oracles sibyllins en matière de prophétie. Voir Schrbckh, xxxiv, p. 352.
5 Parmi eux, on peut citer, par exemple, . Æneas Sylvius, voir Platina in Vita Pii IL (vers la fin). Comp, aussi Dante, Div. Commed. (Parad. 24, 106-108.)
§ 158.
La RAISON et la révélation : la foi et la connaissance.
Bien que tous les chrétiens fussent convaincus de la vérité et de l’origine divine de leur religion (même lorsqu’ils ne la connaissaient que par l’intermédiaire impur de la doctrine de l’Église), le curieux souleva cependant le problème de la relation entre ce qui est universel et humain, et ce qui se rapporte au christianisme seul. entre la révélation et la raison naturelle, entre la religion chrétienne et la philosophie. Jean Scot Erigène fut le premier qui manifesta un penchant pour le rationalisme chrétien, et chercha une union entre celui-ci et le supranaturalisme, en considérant la vraie religion et la vraie philosophie comme une seule et même chose, et en recherchant la source la plus intime et la plus profonde de la connaissance religieuse dans l’homme lui-même, c’est-à-dire dans le rationalisme chrétien ., dans sa conscience rationnelle. Mais il ne niait pas la nécessité d’une révélation positive venant de l’extérieur1. Abélard trouve aussi une harmonie entre la philosophie et le christianisme, dans le fait que les vérités universellement reconnues de la raison, et les lois morales que même les païens connaissaient, sont confirmées et élargies par « l’autorité supérieure de la révélation divine2». Bien qu’Anselme ait affirmé qu’il est d’abord nécessaire de recevoir par un acte de foi les vérités de la révélation sanctionnées par l’Église, il a cependant admis que la raison pourrait ensuite examiner les motifs de ce que l’on croit : mais en cela, il a procédé sur la supposition que la raison et la révélation ne peuvent pas se contredire l’une l’autre3. Thomas d’Aquin s’est efforcé de prouver que les doctrines du christianisme, d’une part, peuvent être appréhendées par la raison, mais, d’autre part, sont au-dessus de la raison4, et Duns Scot a souligné les traits distinctifs de la révélation dans les propositions articulées5. l’existence d’une certitude immédiate quant à la vérité dans l’esprit de l’homme ; leur théorie était la plus proche de celle d’Anselme. Il y avait, cependant, cette différence entre eux, que certains (c’est-à-dire ceux qui adhéraient à l’orthodoxie ecclésiastique ) soutenaient que les révélations internes étaient en accord avec les doctrines de l’Église6, tandis que d’autres (les mystiques fanatiques) soutenaient que les nouvelles révélations de l’Esprit étaient parfois ouvertement opposées aux doctrines historiquement reçues, et même à l’Écriture elle-même7.
1 De divina Præd. (ap. Mauguin, T. i. c. 1 . § 1, cité par Frommuller, 1. c. p. 50) ; Quid est de philosophia tractare, nisi veræ religionis, qua summa et principalis omnium rerum causa et humiliter colitur et rationabiliter investi-gatur, régulas exponere ? Conficitur inde veram esse philosophiam veram religionem, conversimque veram religionem esse veram philosophiam (comp Augustin, De Vera Rel. c. 6.) Il soutenait que la conscience de soi est la dernière source de la connaissance religieuse, Div. Nat. v. 31, p. 268 : Nulla quippe alia via est ad principalis exempli purissimam contemplationem præter proximæ 8ibi suæ imaginis certissimam notitiam. Mais il ne nie pas pour autant la nécessité d’une révélation extérieure (positive). Au contraire, il dit : ii. 31, p. 85 ; Nisi ipsa lux initium nobis revelaverit, la ratiocination nostrœ est studium ad earn revelandam nihil proficiet (Comp. § 159, ss). Ainsi Scot Erigène « peut, dans un certain sens, être appelé l’auteur du rationalisme ; Mais son rationalisme est très différent de cette forme perverse de rationalisme [rationalismus vulgaris ?] qui existe aujourd’hui ; en fait, le rationalisme du philosophe chrétien [au moins sous un aspect] est l’exacte contradiction de ce rationalisme moderne. Staudemaier, Frieburger Zeitschrift, 1. c. p. 241. [Comp. Baur, Trinitatsl. ii. 274.]
2 De Theol. Christ, t. II, p. 1211 (éd. Martène} : Hine quidem facilus evan-gelica prædicatio a philosophis, quam a Judæis suscepta est, cum sibi earn maxime invenirent ad finem, nec fortasse in aliquo dissonam, nisi forte in his quæ ad incarnationis vel sacramentorum vel resurrectionis mysteria pertinent♦ Si enim diligenter moralia evangelii præcepta considercmus, nihil ea aliud, quam reformationem legis naturæ inveniemus, quam secutos esse philosophos constat ; cum lex magis figurai !bus quqm moralibus nitatur mandatis, et exteriori potius justitia quam interior ! abondance ; evangelium vero virtutes ac vitia diligenter examinât, et secundum anirni intentionem omnia, sicut et philosophi, pensât Unde, cum tanta... évangélique ac philosophicœ doctrines cowcorrfia pateat, nonnulli Platonicorum...... in tantam proruperunt blasphemiam, ut Dominum Jesum omnes suas sententias a Platone accepisse dicerent, quasi philosophus ipsam docuisset Sophiam. — Nul autre que celui qui acquiert la connaissance du divin par une recherche active n’arrive à une croyance ferme.♦♦ Après que l’homme a fait sa part, l’amour divin assiste ses efforts et lui accorde ce qu’il n’a pu acquérir par ses propres recherches, etc. « Mais Abélard était loin d’imaginer que sa philosophie pût donner une pleine connaissance des choses divines qui ne laisserait aucune place au désir après plus. » Neander , der heilige Bernhard, p. 117, ss. Abélard a fait une distinction entre ere-dere, intelligere et cognosccre ; C’est par le doute que nous arrivons à l’enquête, par l’enquête à la vérité (dubitando ad inquisitionem, inquirendo ad veritatem). Abélard emploie sur ce point un langage encore plus fort dans son Introductio, que dans sa Theologia Christiana, plus modifiée ; voir Neander, 1. c. p. 127, note 4, (comp. Bbringer ubi supra, 118, sq.) — Alanus ab Insults, considéré aussi comme la foi comme supérieure à l’opinio , mais inférieure à la scientia (art. 17, cité par Pez , i. p. 482). Comp, l’opinion de Clément d’Alexandrie, § 34, note 6.— Le point de vue de saint Bernard est en contraste frappant avec celui d’Abélard. Le rationalisme d’Abélard lui semble en contradiction, non seulement avec la foi, mais aussi avec la raison : Quid enim magis contra rationem , quam rationem ratione conari transcendere ? Et quid magis contra fidem, quam credere nolle quicquid non posses ratione attingi ?—D’autre part , Abélard (Ep.ad Helois.) : Nolo sic esse philosophas ut recalcitrarem Paulo, non sic ease Aristoteles, ut sechidar a Christo : non enim aliud nomen est sub coelo, in quo nporteat me salvum fieri : comp. Neander, Bernhard, p. 147, seq.
♦ D’après ce passage, il résulte que, dès l’époque d’Abélard, une distinction a été faite entre articuli puri et mixti. Comp, aussi ce que Thomas d’Aquin a dit, note 4.
♦♦ D’où sa devise : Qui credit dto, levis est corde. (Sir. 19, 4).
3 Prosl. c. 1 :...... Dcsidero aliquatenus intelligere veritatem tuam, quam credit et amat cor meum. Neque enim quœro intelligere ut credam, sed credo ut intelligam, Nam et hoc credo, quia, nisi credidero, non intelligam. De Incarn. Verbi, c. 2 : Nullus quippe Christianus debet disputare, quod catholica Ecclesia corde credit et ore confitetur, quomodo non sit : sed sem-per eamdem fidcm indubitanter tenendo, aniando et secundum illam vivendo humiliter, quantum potest quærere rationcm, quomodo sit Si potest intelli-gere, Deo gratias agat : si non potest, non immittat cornua ad ventilandum, sed submittat caput ad venerandum. Citius enim in se potest confidens humana sapientia impingendo cornua sibi evellere, quam innitendo petram hanc evellere...... Palam namque est, quia illi non habent fidei firmitatem, qui, quoniam quod credunt, intelligere non possunt, disputant contra ejusdem fidei a sanctis patribus confirmatam veritatem, velut si vespertiliones et noc-tuæ, non nisi in nocte cœlum videntes, de meridianis solis radiis disceptent contra aquilas, solem ipsum irreverberato visu intuentes. Prius ergo fide mundandum est cor...... prius ea quæ carnis sunt posponentes secundum spiritum vivamus, quam profunda fidei dijudicandodiscutiamus...... Quanto opulentius nutrimur in Sacra Scriptura, ex his, quæ per obedientiam pascunt, tanto subtilius provehimur ad ea, quæ per intellectum satiant......Nam qui non crediderit, non experietur, et qui expertus non fuerit, non intelliget. Nam quantum rei auditum superat experientia, tantum vincit audientis cognitionem experientis scientia....... Nemo ergo se temere mergat in condensa difficillimarum quæstionum, nisi prius in soliditate fidei conquisita morum et sapientiæ gravitate, ne per multiplicia sophismatum diverticula in tanta levi-tate discurrens, aliqua tenaci illaqueetur falsitate. Comp. De Sacram. Altaris ii, 2 ; Christianæ fidei veritas quasi hoc special] jure præminet, ut non ipsa per intellectum, sed per earn intellectus quærendus sit...... Qui ergo nihil credere vult, nisi ratione vel intellectu præcedente, hic rem confondit, et scire omnia volons, nihil credens, fidem, quæ in ipso est, videter annullare.— Epp. Lib. ii. 41 : Christianus per fidem debet ad intellectum proficere, non per intellectum ad fidem accedere, aut si intelligere non valet, a fide recedere. Sed cum ad intellectum valet pertingere, delectatur : cum vero nequit, quod capere non potest, veneratur. — Néanmoins, il affirme que l’acquisition de la connaissance est un devoir impératif pour celui qui a le pouvoir de savoir. Dans son traité intitulé Cur Deus Homo i. c. 2, il représente Boso en parlant ainsi (sans le contredire) : Sicut rectus ordo exigit, ut profunda christianæ fidei credamus, priusquam ea præsumamus ratione dis-cutere, ita negligentia mihi videtur, si, postquam confirmati sumus in fide, 4 non studemus quod credimus intelligere. Comp. ibid., c. 10, 25. Boso ne se déclare pas non plus satisfait (en ce qui concerne la doctrine de la satisfaction), avant d’avoir vu le caractère raisonnable des motifs invoqués ; ii. 19 et 21. ״ Les théologiens scolastiques ne pensait pas que c’était une idée extravagante que toutes les vérités contenues dans l’Ancien et le Nouveau Testament pussent être prouvées par des spéculations rationnelles ; mais il a toujours été présupposé que ce qui est matière de foi repose sur ses propres fondements, et n’a pas besoin de preuve : ainsi tout ce qui est ajouté par la raison, quelque précieux qu’il ait à d’autres égards, n’est rien d’autre qu’un opus surérogationis en ce qui concerne toutes les questions de foi » Saur, Versôhnungslehre, p. 185, note. Comp. Mohlers Schriften,!. p. 137, 38. 2). J. H. Goldhom, De summis Principiis Theol. Abælardeæ, Lips., 1856. Anselme de Hasse, 34. Anselme est suivi sur ce point par Albertus Magnus ; comp., les passages de Ritter, VIII, 103 [et Christl. Phil. i. 634, sq.].
4 " Thom. Aqu. Summ. Cath. Fid. contra Gentiles, 1. i. c. 3, (cité par Münscher, édité par von Colin, p. 100) : Et dans son quæ de Deo confitemur, duplex veritatis modus. Quædam namque vera sunt de Deo, quæ omnem facultatem humanæ rationis excedunt, ut : Deum esse trinum et unum. Quædam, vero sunt ad quæ etiam ratio naturalis pertingere potest : sicut est Deum esse, Deum esse unum, et alia hujusmodi, quæ etiam philosophi demonstrative de Deo probaverunt, ducti naturalis lumine rationis. — Mais même ces points doivent être confirmés par la révélation, sinon la connaissance de Dieu ne serait le privilège que de quelques-uns (c’est-à-dire de ceux qui pensent et savent) : D’autres, que la légèreté empêchait dans la première période de leur vie de prêter attention à ces choses, n’en acquéraient la connaissance qu’en étant trop tard. Mais même dans le cas le plus favorable, il y aurait lieu de s’inquiéter, de peur que l’erreur ne soit confondue avec la vérité. [Cap. 5, il prouve que—ea quæ ratione investigari non possunt, convenienter fide tenenda proponuntur.] Les vérités de la révélation, cependant, bien qu’elles aillent au-delà de la raison, ne la contredisent pas, etc. Comp. Schrockh, xxix. p. 342, ss. [Comp, sur Thomas d’Aquin, Baur, Dogmengesch. 241-3 ; il a d’abord essayé de donner un exposé plus précis du rapport de la raison à la révélation : cette dernière est nécessaire, parce que l’homme ne pourrait pas autrement atteindre la fin de son être. L’idée principale sur laquelle repose le surnaturalisme de Thomas d’Aquin est la suivante : le finis superexcedens, c’est-à-dire l’homme (comme le dit Thomas d’Aquin, Summa Theol. 1, qu. 1ד art. 1) ordinatur ad Deum, sicut ad quendam finem, qui comprehensionem rationis excedit. Finem oportet esse prcecognitum hominibus, qui suas in ten-tiones et actiones debent ordinare in finem » Comp. Summa c. Gentes, i. 1-8, et 4,1.]
5 Ces éléments sont : Prænuntiatio prophetica, Scripturarum concordia, auctoritas scribentium, diligentia recipientium, rationabilitas contentorum, irrationabilitas singulorum errorum, ecclesiæ stabilitas et miraculorum claritas ; d’après Baur, Lehrbuch, p. 174. Sur les rapports de la philosophie à la théologie, voir Ritter, viii. 264, sq.
6 La série est ouverte par Bernard de Clairvaux, De Con sideration e, v. 3 : Deus et qui eo sunt beat ! spiritus, tribiis modis veluti viis totidem, nostra sunt consideratione vestigandi ; opinion, fide, intellects Quorum intellectus ration ! innititur, tides auctoritati ; opinio sola verisimilitudine se tuetur. Habent ilia duo certain veritatem, sed tides clausam et involutam, intelligentia nudam et manifestam ; ccterum opinio, certi nihil habens, verum per verisimilia quærit potius, quam apprehendit... . Verus intellectus certain habet non modo veritatem, sed notitiam veritatis.... Fides est voluntaria quædam et certa prælibatio necdum prolatæ veritatis. Intellectus est rei cujuscunque invisibilis certa et manifesta notitia. Opinio est quasi pro vero habere aliquid, quod falsum esse nescias. Ergo fides ambiguum non habet, aut si habet, fides non est, sed opinio. Quid igitur distat ab intellectu ? Nempe quod etsi non habet incertum non magis quam intellectus, habet tamen involucrum, quod non intellectus. Denique quod non intellexisti, non est de co, quod ultra quæras ; aut si est, non intellexisti. JT17 autem ma lu-mus scire, quam quæ fide jam scimus. Nil supererit ad beatitudinem, cum, quæ jam certa sunt nobis fide, erunt æqua et nuda. Il parle de la même manière de la connaissance des choses divines (v. 13) : 2Vbn ea disputatio comprehendit, sed sanctitas.
Le même point de vue est également adopté par Hugo de Saint-Victor et Richard de Saint-Victor. Comp. Hugo de Sacramentis Fidei 1. i. p. iii. c. 30 (de cognitione divinitatis) cité par Liebner, p. 173, art. 186 : Alia enim sunt ex ratione, alia secundum rationem, alia supra rationrm, et præter hæc quæ sunt contra rationem* Ex ratione sunt necessaria, secundum rationem sunt probabilia, supra rationem mirabilia, contra rationem incredibilia. Et duo quidem extrema omnino fidem non capiunt. Quæ enim sunt ex ratione, omnino nota sunt et credi non possunt, quoniam sciuntur. Quæ vero contra rationem sunt, nulla similiter ratione credi possunt, quoniam non suscipiunt ullam rationem, nec acquiescit his ratio aliqua. Ergo quæ secundum ra-tionem sunt et quæ sunt supra rationem, tantummodo suscipiunt fidem. Et in primo quidem genere fides ratione adjuvatur et ratio fide perfiieitur, quo-niam secundum rationem sunt, quæ creduntur. Quorum veritatem si ratio non comprehendit, fidei tamen illorum non contradicit. In iis, quæ supra rationem sunt, non adjuvatur fides ratione ulla, quoniam non capit ea ratio, quæ fides credit, et tamen est aliquid, quo ratio admonetur venerari fidem, quam non comprehendit. Quæ dicta sunt ergo secundum rationem, proba-bilia fuerunt ration ! et sponte acquievit eis. Quæ vero supra rationem fue-runt, ex divina revelatione prodita sunt, et non operata est in ois ratio, sed castigata tamen, ne ad ilia contenderet. — La théorie de Richard de Saint-Victor est un peu plus compliquée. Selon lui, il y avait six sortes de contemplation. Nous le savons, 1° par l’imagination (les impressions sensibles produites par la création) ; 2° par la raison (perception de la loi et de l’ordre dans la création) ; 3 , dans la raison selon l’imagination (connaissance symbolique de la nature, comme miroir du spirituel) ; 4, dans la raison et selon la raison (l’interne se référait à l’interne, sans image sensible – l’intuition intellectuelle ?) ; 5, au-dessus et non contre la raison (vérité révélée dans la sphère de la raison – la connaissance rationnelle portée à une puissance supérieure par la révélation) ; 6 , au-dessus et (apparemment) contre la raison (en particulier le mystère de la Trinité). Comp. Engelhardt, 1. c. p. 60, ss.—Jean de Salisbury, en stricte opposition enseignait que les efforts de l’homme après la connaissance doivent être aidés par Dieu lui-même, Policrate. Lib. vii. c. 14 (Bibl. Max. T. xxiii. p. 352) : Quis-quis ergo viam philosophandi ingreditur, ad ostium gratiæ ejus humiliter pulset, in cujus manu liber omnium sciendorum est, quem solus aperit agnus, qui occisus est, ut ad viam sapientiæ et veræ felicitatis servum reduceret aberrantem. Frustra quis sibi de capacitate ingenii, de memoriæ tenacitate, de assiduitate studii, de linguæ volubilitate blanditur...... Est autem humilitati conjuncta simplicitas, qua discentium intelligentia plurimum adjuvatur. — Le prédicateur Berthold a aussi mis en garde devant l’orgueil de la spéculation ( in Kling, Grimm’s Rec. p. 206) : Swer faste in die sunnen sihet, in den bre-henden glaft, der wird von ougen 8ô boese, daz er es niemer met gesiht.
Zeglicher wise aussi stet ez umbe den glouben ; wcr zc faste in den heiligen cristenglouben sihet, alsô daz in vii gwundert und ze tiefe darinne rumpelt mit gedenken. Crucis proœm. cité par Rudelbach. p. 376 : Licet tides ex causis principiisque naturalibus demonstrari non possit, ex manifestis tamen effectibus validissi-mas rationes adducemus, quas nemo sanæ mentis inficiari poteret. — De même, Picas de Mirandula dit d’une manière frappante : Philosophia veritatem quærit, theologia invenit, religio possidet (Ep. ad Manut. Opéra, éd. Bâle, p. 243).
7 Comp. § 161, note 5.
[Sur les vues de Guillaume de Paris, de Roger Bacon et de Raymond Lulli , quant à la relation de la raison et de la foi, voir Neander, Hist. Dogmas, pp. 556-8.]
§ 159.
SOURCES DE LA CONNAISSANCE. — L’ÉCRITURE ET LA TRADITION.
[Æ J. Holtzmann, Canon et tradition, Ludwigsburg, 1859.]
Bien que la Bible fût encore théoriquement considérée comme la plus haute autorité en matière religieuse1, elle fut peu à peu éclipsée par la tradition, qui était considérée comme d’une importance égale à celle de l’Écriture2. Ses doctrines étaient de plus en plus corrompues et mêlées aux traditions arbitraires des hommes. Outre la tradition de l’Église, le livre de la nature était également vénéré avec la Parole écrite de Dieu3. Certaines sectes mystiques considéraient d’autres écrits en dehors de la Bible comme venant du ciel4, et allaient même jusqu’à mettre l’imagination de l’homme naturel sur un pied d’égalité avec la Parole de Dieu5. D’autre part, le principe de l’autorité de l’Écriture, en opposition à une tradition corrompue, a fait des progrès croissants au cours du siècle qui a immédiatement précédé la Réforme.6
1 Emploi. Barrage. de fide Orth. i. 1 : Πάντα τοίνυν τά παραδεδομένα ήμϊν διά τε νόμον καϊ προφητών καϊ αποστόλων καϊ, ευν καϊ, ευν αγγελιστών δεχόμεθα καϊ γινώσΚομεν καϊ σέβομεν, ονδεν περαιτέρω τούτων έπιζητονντες........ Ύαντα ημείς στέρξωμεν καϊ έν αντοΐς μείνωμεν, μη μεταίροντες όρια αΙώνια, μηδε νπερβαίνοντες την θείαν παράδοσιν. Comp. iv. 17. — Joh. Ecossais. Erig. De Div. Nat. i. c. 66, p. 37 : Sanctæ siquidem Scripturæ in omnibus sequenda est auctoritas, quum in ea veluti quibusdam suis secretis sedibus veritas ; (il fait cependant la limitation suivante) : non tamen ita credendum est, ut ipsa semper propriis verborura seu nominum signis fruatur, divinam nobis naturam insinuans ; sed quibusdam similitudinibus variisque translatorum verborum seu nominum modis utitur, infirmitati nostræ condescendens nos-trosque adhuc rudes infantilesque sensus simplici doctrina erigens. L’Écriture ne peut pas non plus contredire la raison, c. 68, p. 38 : Nulla itaque auctoritas te terreat ab his, quæ rectæ contemplationis rationabilis suasio edocet Vera enim auctoritas rectæ ration ! non obsistit, neque recta ratio veræ auctoritati. Ambo siquidem ex uno fonte, divina videlicet sapientia, manere dubium non est. Comp. c. 69 , p. 39, et BohringeT' ubi supra, p. 134 , *eq.—Jean de Salisbury au contraire, a employé un langage beaucoup plus nuancé, Policrate. 1. c. (§ 158, note 5) : Serviendum est ergo scripturis, non dominandum ; nisi forte quis se ipsum dignum credat, ut angel is debeat dominari.
[Baur, Dogmengesch. 244, dit qu’Abélard et Thomas d’Aquin ont tous deux établi des principes, qui impliquaient logiquement la vision protestante de la Bible comme règle de foi. Abélard (Sic et Non., p. 14, de l’édition de Henke), n’attribue une autorité inconditionnelle qu’aux Écritures de l’Ancien et du Nouveau Test. Thomas d’Aquin (Summa Theol. P. I. qu. 1. L’art. 8) définit la théologie comme une science, dans laquelle l’argument est particulièrement dérivé de l’autorité ; et ne reconnaît que les Écritures canoniques comme autorité, donnant plus que des probabilités.]
2 Joh. Damascenas De Fide Orth. [iv. 12 : Αυτόν (Χρηστόν) ουν έκδε-χόμενοι επί άνατολάς προσκυνουμεν' άγραφος δε έστιν ή παράδοσις αΰτη τών Αποσ�τόλων' πολλά γάρ άγράφως ήνΐν παρέδοσαν] Cap. 16 : ״Οτ4 δε καί πλειστα 01 απόστολοι άγράφως παραδεδώκασί' γράφει ΙΙαΰλος ό τών έθνών άπόστολος (2 Thess. ii. 15, 1 Corinthiens xi. 2). De imaginibus orat. i. 23. (Opp. i. p. 318) : Ού μόνον γράμμασι την εκκλησιαστικήν θεσμοθεσίαν παρέδωκαν (01 πατέρες)' άλλά καί άγράφοις τισι παραδόσεσι...... ΙΙόθεν το τρίς βαπτίζειν ; πόΟεν τό κατ' άνατολάς ευχεσθαι ; πόΟεν ή τών μνσ· τηρίων παράδοσις' κ. τ. λ. Comp. Orat. ii. 16, p. 338. — Jean Scotu* Erigena', en établissant un parallèle entre l’Écriture et la raison, semble subordonner la tradition à l’une et à l’autre (et surtout à la raison) i. c. 71, p. 39 : Omnis autem auctoritas, quæ vera ratione non approbatur, infirma videtur esse. Vera autem ratio, quum virtutibus suis rata atque immutabilis muni-tur, nullius auctoritatis adstipulatione roborari indiget Nil enim aliud videtur mihi esse vera auctoritas, nisi rationis virtute cooperta veritas et a sacris patribus postcritatis utilitatem littcris commendata...... Ideoque prius ratione utendum est........ ac deinde auctoritate........ Ibid. iv. 9 : Non sanctorum patrum sententiæ, præsertim si plurimis notæ sunt, introduccndæ sunt, nisi ubi summa nécessitas roborandæ ratiocinationis exegerit propter eos, qui cum sint rationis inscii, plus auctoritati quam rationi succombbunt. La plupart des auteurs ont adopté les définitions proposées par Augustin et Vincentius Lerinensis au cours de la période précédente (comp. § 122). C’est ainsi qu’Alcuin recommandait de s’en tenir à la doctrine généralement reçue, et de ne pas inventer de nouveaux noms, etc. (dans Ep. ad Felic. Opp. i. p. 783, comp. p. 791, ss.). Porro nos intra terminos apostolicæ doctrinæ et sanctæ romanœ ecclesiæ firmiter stamus : illonim probatissimam sequentes auctoritatem, et sanctissimis inhærentes doctrinis, nihil novi inferentes, nullaque recipientes, nisi quæ in illorum catholicis in-veniuntur scriptis. avaient sapé l’autorité des Pères antérieurs, et par conséquent celle de la tradition, mais les scolastiques continuaient, non seulement à faire appel à l’ancienne tradition, mais aussi à justifier des doctrines non bibliques, en disant que l’Église avait le droit constant de faire de nouveaux dogmes, comme celui de la transsubstantiation et de l’immaculée conception de Marie. Même Gerson (en ce qui concerne ce dernier dogme) a fait appel à cette formation progressive des doctrines par l’Église. — L’autorité d’Aristote s’est ajoutée plus tard à celle de l’Église (bien qu’elle ne l’ait pas directementL’autorité de l’Écriture fut de nouveau mise en avant, comme la plus haute, sinon la seule véritable autorité dans l’âge qui précéda immédiatement la Réforme (ainsi par Wycliffe, Nicolas de Clemangis, Wessel, etc.). [Le Clemangis, voir Presb. Qu. Rev., déc. 1856. Sur Gerson et Nicolaus de Cusa, voir Ncan-der, Hist. Dogmas. 606-7. Sur Clemangis et Gerson, voir Gieseler : Dog-mengeschichte, p. 481 ; voir aussi ce dernier sur l’infaillibilité pontificale, en rapport avec l’interprétation de l’Écriture, p. 483, 484.]
3 Jean Scot Erigène soutient que toute créature est une théophanie de Dieu, De Div. Nat. iii. D’après le Theol. Naturalis de Raymond de Sabunde, Dieu a accordé aux hommes deux livres, savoir le livre de la nature et le livre de l’Apocalypse ; ils ne peuvent ni ne doivent se contredire ; Ce dernier, cependant, n’est pas accessible à tous, mais seulement aux prêtres. Toute connaissance doit commencer par la première, qui est également à la portée des laïcs ; toute créature est une lettre écrite par Dieu lui-même. Mais la connaissance la plus élevée est l’amour de Dieu, la seule chose qui lui appartienne et que l’homme puisse offrir à la Divinité. Comp. Hase, Histoire de l’Église, (trad. de New York), § 280, p. 325. Tennemann, viii. p. 964, art. Matzke, die Nat. Theol. des Raimund de Sabunde, p. 30, sq. — De la même manière, saint Bernard affirmait que ce qu’il était capable d’accomplir dans la manière d’interpréter l’Écriture, et ce qu’il comprenait des choses divines, il l’acquérait par la contemplation et la prière, surtout dans les forêts et les champs, et qu’il n’avait d’autre maître que les hêtres et les chênes ; voir Néandre, der heilige Bernhard, p. 6. Comp. Bruder Ber-tholcTs Predigten, édité par Kling, p. 113, où se rencontre la même idée de deux livres (le ciel et la terre).♦
♦ Il est digne d’observation, dans ce dualisme de l’Écriture et de la tradition, qu’un élément, c’est-à-dire l’Écriture, est beaucoup plus solidement établi, tandis que la tradition subit des changements plus ou moins fréquents, et a quelquefois quelque chose d’autre pour substitut, comme, dans le cas ci-dessus, la nature ; Jean Scot Erigène a introduit la raison dans la salle de la tradition, et les mystiques ont fait de même avec la révélation interne.
4 C’est ainsi que les Spirituels, en particulier, attachaient une grande importance à l’Evangelium Ætcrnum (prophéties de Joachim, abbé de Flore en Calabre, mort après 100 apr. J.-C.). 1202). Sur ladite comp. de travail. Engelhardt, Kirchenhis-torische Abhandlungen, Erl. 1832, n° 1. Des extraits en sont donnés par JArgentré, Coll. Judiciorum de Novis Error. Paris, 1728, T. i. p. 163, ss. [Comp. Gieseler, ii. 233, sq.] »
5 Quelques-uns allèrent jusqu’à faire les assertions les plus folles ; c’est ainsi que David de Dinanto soutint que Dieu n’avait pas moins communiqué par Ovide que par Augustin [ou par la Bible ?] Engelhardt, 1. c. p. 255. Les béguines enseignaient, quod homo magis tenetur sequi instinctum interiorem, quam veritatem evangelii, quod quotidie prædicatur ; voir l’épître de Jean , évêque de Strasbourg, à Mosheim, 1. c. p. 258. Comp. § 161.
6 C’est ainsi que Wycliffe dit (Trial, iv, c. 7, p. 199) : S’il y avait cent papes, et que tous les moines fussent transformés en cardinaux, nous n’attribuerions pas à leurs opinions en matière de foi une autre valeur que celle qu’ils ont en tant que fondées sur les Écritures. Comp. Schrochk, xxxiv. 504. Sur le principe de Hus à propos de l’Écriture, voir Neander, Ziige aus dem Leben des heil. Joh. Hus, dans ses Kleine Gelegenheitsschriften, 217, seq. C’est ainsi qu’il demanda au concile de le convaincre d’erreur dans l’Écriture.♦ Sur l’ensemble de la tendance biblique de la période précédant la Réforme, voir Reformatorem vor d. Reform, ii. 430. Sur les vues de Wessel sur l’autorité de l’Écriture, ibid.
♦ En conséquence , Heefert (du point de vue catholique romain) appelle le principe soutenu par Hus au sujet de l’Écriture, l’Alpha et l’Oméga de son erreur |
§ 160.
LE CANON DE LA BIBLE ET DE LA CRITIQUE BIBLIQUE.
Le Canon avait été compilé dans la période précédente, de sorte que l’Église latine considérait généralement les livres communément appelés les Apocryphes de l’Ancien Testament comme une partie de celui-ci1. Les Pauliciens d’Orient ont rejeté (comme les Gnostiques) l’Ancien Test et les écrits de Pierre2. Mais jusqu’à l’époque des Carlovingiens, des doutes ont été entretenus, même au sein de l’Église catholique elle-même, sur l’authenticité de divers livres de l’Ancien Testament.3
1 Comp, le canon d’Isidore de Séville, De Eccles. Off. i. c. 12, cité par Münscher, éd. par von Colin, ii. p. 106, et les décisions des synodes sur ce point. Voir aussi Jean Damas. iv. 17 [il adopte le canon du concile de Laodicée, et mentionne quelques livres apocryphes ( ή ΤΙανάρετος, τοντέσ-tcv ή Σοφία τον Σαλαμωντος, καί ή σοφία τον Ίησον), à propos de laquelle il remarque : ένάρετοι μέν καϊ παλαϊ, άλλ* ονκ άριθμουνται, ονδε έκειντο έν τρ κίβωτώ]. En ce qui concerne les écrits apocryphes, certains théologiens occidentaux, tels qu’Odon de Clugny, Hugo de Saint-Victor, Jean de Salisbury, Hugo de Saint-Caro et d’autres, ont fait appel à Jérôme, mais le canon d’Augustin a été plus généralement adopté. Voir Münscher, 1. c. p. 107, et Liebner, Hugo vou St. Victor, p. 129. L’église grecque admettait que les apocryphes étaient utiles et édifiants, mais les distinguait nettement des livres canoniques : Jean Damascène. De Fide Orthod. iv. c. 18.
2 D’après Petrus Siculus, cité par Wettstein, Nov. Test. ii. p. 681, de Wette, Einleitung ins Neue Test. p. 281.
3 "Les moines du monastère de Saint-Gall se hasardèrent à indiquer ce qu’ils jugeaient indigne de Dieu dans le canon des Saintes Écritures. En ce qui concerne les livres des Chroniques et . Esther, leur opinion était : in eis littera non pro auctoritate, tantum pro memoria tenctur. Ils jugeaient de la même manière du livre de Judith et des Maccabées. Johannes von Muller, Geschichte der schweizerischen Eidgenossen. Livre i. ch. 12, p. 287 : d’après Notker, De Interprétât. S.S. ad Salomonem in Pez, Thés. Anecd. Au point de vue de l’aptitude à l’usage, Ulfilas, on le sait, avait omis le livre des Rois, comme étant trop belliqueux pour ses Goths.
§ 161.
D’une manière générale, les opinions qu’on avait jusque-là sur l’inspiration continuèrent à prévaloir dans l’Église1, de sorte que l’assertion d’Agobard, archevêque de Lyon, que les plumes sacrées n’avaient pas toujours respecté les règles de la grammaire, provoqua une opposition décidée de la part de Fre deg is, abbé de Tours. contre quoi, cependant, Agobard se défendit avec un esprit sain et maternel2. Euthyme Zigabenus rencontra moins d’opposition de la part de l’Église grecque, bien qu’il n’hésitât pas à parler ouvertement des divergences entre les différents évangélistes3. Les théologiens scolastiques s’efforçaient de définir plus précisément l’idée d’inspiration4 tandis que les mystiques confondaient plus ou moins l’idée de l’inspiration de l’Écriture sainte avec celle de l’illumination divine en général.5 Dans l’ensemble, il est indubitablement vrai que la période actuelle, avec ses tendances imaginatives, a continué à croire à la puissance de l’inspiration divine (même au-delà du canon de la Bible), et qu’elle était loin de restreindre pour toujours la plénitude des manifestations de l’Esprit divin dans les limites d’un seul livre. quelle que soit la rigueur avec laquelle son origine divine pourrait être maintenue.6
1 Johannes Damascenus De Fide Orth. iv. c. 17 (Opp. i. p. 282) : Par l’esprit de la sainte loi et 01 des prophètes, des évangélistes, des apôtres et des pasteurs ont été appelés et des docteurs. Toute l’Écriture inspirée par Dieu et bénéfique, etc., l, (2 Tim. iii. 16).
2 Agobard ad Fredegisium Abbatem (Opp. Par. p. 157, 88.) L’abbé F.redegis étendrait l’infaillibilité même aux traducteurs et aux commentateurs. En ce qui concerne les plumes sacrées elles-mêmes, Frédégisis affirme : Turpe est credere Spir. Sanctum, qui omnium gentium linguas mentibus Apostolorum infudit , rusticitatem potius per eos, quam nobilitatem uniuscujusque linguœ locutum esse ; c’est pourquoi il a ajouté : Ut non solum sensum prædicationis et modos vol argumenta dictionum Spir. S. eis inspiraverit, sed etiam ipsa cor-poralia verba extrinsecus in ora illorum ipse formaverit Agobard répondit comme suit : Quod si ita sentitis, quanta absurditas sequetur, quis dinumerare poterit ?...... Restat ergo, ut, sicut ministerio angelico vox articulata formata est in ore asinæ, ita dicatis formari in ore Prophetarum, et tunc talis etiam absurditas sequetur, ut, si tali modo verba et voces verborum accepcrunt, sensum ignorarent ; sed absit talia deliramenta cogitare. Il cite plusieurs exemples de l’Écriture relatifs à des différences de style et à des confessions de la part des écrivains eux-mêmes, par exemple. g,, Exode. iv. et 1 Cor. i. — Laus divinæ sapientiæ (il continue) in sacris mysteriis et in doctrina spiritus invenitur, non in inventionibus verborum. Vos sic laudatis, ut laude vestra magis minoretur, quam augeatur (divina majestas), quoniam in his, quæ extrinsecus sunt, dicitis nobilitatem linguarum ministrasse Apostolis Spiritum Sanctum, ut confuse et indifferenter cum Apostolis omnes interprètes et quoscunque expositores laudetis et defendatis. « Aussi près qu’Agobard était d’établir une distinction précise entre le divin et ce qui est spécifiquement humain dans l’idée de l’inspiration », il était cependant loin de la développer complètement. » Nean-der, Church History, III, p. 388. (C’est ainsi qu’Agobard supposait, p. 168, que les plumes sacrées auraient pu mieux écrire s’ils l’avaient fait, mais qu’ils s’accommodaient des infirmités humaines). D’un autre côté, on ne peut pas déduire de l’assertion de Frédégis, qu’il aurait la raison entièrement soumise à l’autorité. Il pensait que la raison était confirmée et protégée par l’autorité de la Bible. Comp. Ritter, vii. p. 189, et le passage qui y est cité, De Nihilo, p. 403.
3 Commentaire, dans Evang. Matth., c. xii. 8 (T. i. p. 465, éd. Matthiæ). Comp. Schrôckh, Kirchengesch. xxviii. p. 310. Qu’un évangéliste raconte quelquefois ce qui est omis par un autre, etc., il l’attribue simplement à la circonstance qu’ils ne se souvenaient pas exactement de tous les événements de la vie du Christ, parce que ce n’est qu’après un laps de temps considérable qu’ils composèrent leurs récits.
4"Quoi que les théologiens scolastiques aient fait dans le développement des autres idées fondamentales qui déterminent la sphère de la révélation, et quelque chose que nous leur devions, surtout en ce qui concerne la définition précise de l’idée objective d’un miracle, leurs définitions concernant ce point (la doctrine de l’inspiration) sont cependant très rares. Ce point a été supposé comme un αρχή πρώτη qui n’avait pas besoin d’autres preuves, dans la mesure où toute l’église chrétienne se mouvait dans cet élément. Rudelbach, die Lehre von der Inspiration der heili-gen Schrift (comp. § 32), p. 48, 49. Nous trouvons cependant des définitions plus précises dans les écrits des principaux théologiens scolastiques, Thomas d’Aquin et Duns Scot.♦ Le premier traite du sujet en question dans sa Somme théologique. Par. I. Qu. 1, art. 9, 10 ; ce dernier dans son Prol. Sententt. qu. 2, cité par Mùnscher, éd. par von Colin, 1. c. p. 103-5 ; Gieseler, p. 480.
♦ Des définitions similaires ont été données à propos des prophètes de l’Ancien Test par les rabbins du Moyen Âge, Moïse Maïmonidée et d’autres ; voir . Rudelbach, 50e tour, as. Et l’attention que certains des scolastiques ont dû accorder au sujet en question, peut être vue par la circonstance qu’AnseZzn a passé des nuits entières à méditer sur ce sujet ; voir Mohler, Lap. Débloquer le niveau 52.
5 Sur ce point aussi, les avis étaient différents. Les mystiques les plus prévenants, tels que les disciples de l’école de Saint-Victor, adhéraient étroitement aux Saintes Écritures et leur attribuaient une inspiration dans un sens spécial. Comp. Licbner, Hugo von St Victor, p. 128, 88. (où peu de choses sont dites sur l’idée d’inspiration elle-même, mais l’inspiration de l’Écriture est partout présupposée). Hugo supposait que, dans certains cas, l’homme de plume sacré avait puisé dans ses propres ressources , par exemple l’auteur de l’Ecclésiaste, voir Liebner, p. 160 ; mais en d’autres endroits, il distinguait entre le divin et ce qui est particulièrement humain. C’est ainsi qu’il remarqua à propos d’Abdias qu’il réunissait des idées profondes avec un style simple, et qu’il était économe en paroles, mais riche en pensées, ibid. p. 163. — Savonarole, dont les opinions étaient alliées à celles des mystiques, croyait aussi que les Saintes Écritures sont, à proprement parler, inspirées de Dieu ; mais il procédait sur le principe (comme Clément d’Alexandrie et Chrysostome l’avaient fait avant lui, comp. § 32, note 8, § 119, note 4), que les évangiles ont été écrits à l’origine non pas tant sur des tables de pierre, ou des feuilles de papier, que sur des cœurs de chair au moyen du doigt et de la puissance du Saint-Esprit. Il admettait en même temps la limitation, que Dieu ne s’est pas servi des écrivains sacrés comme d’instruments qui n’ont pas de volonté propre, mais qu’il a permis que les femmes parlent comme des femmes, et les bergers comme des bergers, etc. voir Rudelbach, Savonarole, p. 335, 36. Savonarole, cependant, ne limitait pas l’inspiration aux Saintes Écritures, car il est bien connu qu’il s’attribuait des dons prophétiques, mais sans s’en vanter. Sur ce don prophétique, ainsi que sur celui revendiqué par Joachim aud / ?riÿitta, voir Rudelbach, 1. c. p. 297, ss. ; les vues de Savonarole lui-même à ce sujet sont données ibid. p. 303 (elles sont tirées du Compendium Revelationum). — Les mystiques fanatiques, au contraire, soutenaient, en opposition à l’Écriture, que ceux qui étaient remplis du Saint-Esprit י sont au-dessus des lois (voir Mosheim, de Beguinis, p. 216) ; ou enseigné ouvertement : multa in Evangeliis esse poëtica quæ non sunt vera, sicut est illud : Venite, benedicti, etc. Item, quod magis homines debent credere humanis concep-tibus, qui procedunt ex corde, quam doctrinæ evangelicæ. Item, aliquos ex eis posse meliores libros reparare omnibus libris catholicæ fidei, etc. (cité par Mosheim, 1. c. p. 258). — Comp. § 159.
6 Thomas d’Aquin dit, P. L Qu. xii. art. 13 (le passage se réfère, à proprement parler, aux visions rapportées dans l’Écriture, mais admet une application plus générale) : Lumen naturale intellectus confortatur per infusionem luminis gratuit ! et interdum etiam phantasmata in imaginatione hominis formantur divinitus, magis exprimentia res divinas, quam ea, quæ naturaliter a sen si-bilibus accipimus. Une inspiration aussi extraordinaire et directe a été autrefois attribuée à Thomas, à Scot et à d’autres théologiens, alors que les récits d’apparitions et de visites fréquentes de la part de Dieu, ainsi que d’autres êtres bénis et saints, étaient généralement crus (Sender, Introduction to Baum-garten, ii. p. 63. — Les mystiques soutenaient qu’une inspiration divine supérieure était encore accordée aux pieux. Gerson, Consid. X. : Intelligentia simplex est vis animæ cognitive , suscipiens immediate a Deo naturalem quandam lucem, in qua et per quam principia prima cognoscuntur esse vera et certis-sima terminis apprehensis (cité par Liebner, Hugo von St. Victor, p. 340, où de plus amples détails sont donnés sur la doctrine mystique de la révélation telle qu’elle est soutenue par Hugo et Richard de Saint-Victor). Le lecteur peut comparer avec cette opinion les vues de Tauler (Predigten, i. p. 124), qui a fait une distinction entre la raison active et la raison passive. Celle-ci doit faire fructifier la première ; mais elle reçoit ses propres révélations de Dieu. Conformément aux notions antérieures, l’inspiration s’étendait même à des sujets mondains, par exemple à la poésie. C’est ainsi qu’il est dit, dans la biographie de sainte Elisabeth, à propos des chanteurs de la Wartburg : « Ils se disputaient les uns aux autres par des chants, et enrichissaient leurs chants de jolis mystères qu’ils empruntaient à l’Écriture Sainte, sans être très savants : car Dieu le leur avait révélé , voyez Koberstein, über das Gedicht vom Wartburgkriege. Naumburg, 1823, p. 4. Annexe, p. 65. Comp, également Konrad von Würzburg’s Trojanerkrieg, dans Wackemagels Lesebuch, L cot 706.
§ 162.
L’INTERPRÉTATION DE L’ÉCRITURE : LA LECTURE DE LA BIBLE.
[Davidson, Herméneutique sacrée, p. 163-192.]
Une interprétation solide, reposant sur une base grammatico-historique, était à peine connue, par suite de la négligence des études philologiques, et ce n’est qu’à la fin de cette période que la lumière commença à poindre. L’Écriture a été interprétée, soit en étroite conformité avec les préceptes de la tradition ecclésiastique ; ou d’une manière arbitraire et allégorique, pour soutenir une scolastique subtile, ou un mysticisme raffiné1. Jean Scot Erigène enseignait un sens infini de l’Écriture2, d’autres, avec Origène, un sens triple, ou, avec Angustin, un sens quadruple de l’Écriture, tandis que d’autres allaient même jusqu’à parler d’un sens septuple ou octuple.3 Les règles pratiques d’interprétation n’ont cependant pas été complètement négligées.4 Les chefs de l’Église s’efforçaient (par crainte de l’hérésie) de restreindre la lecture de la Bible par le peuple,5 tandis que les particuliers s’empressaient de la recommander.6 On trouve des points de vue bibliques et une interprétation biblique solides dans les écrits de John Wessel, « dont le trait caractéristique de la théologie est une tendance biblique.1״
1 Voir Liebner, Hugo de Saint-Victor, p. 132-133 : « Ou bien ils [les commentateurs de l’époque actuelle] se sont contentés de recueillir les interprétations des Pères selon l’idée populaire d’un triple sens de l’Écriture ; ou bien ils suivaient une voie indépendante d’exégèse, de manière à se dispenser de toutes les recherches d’un caractère philosophique et antiquaire, développant davantage ladite notion d’un triple sens, et se livrant librement aux spéculations auxquelles une compréhension juste ou erronée de la version latine des Saintes Écritures donnerait accidentellement lieu. La première méthode a été presque exclusivement adoptée jusqu’au XIe siècle. Mais elle s’étant avérée insatisfaisante, lorsque, à partir du milieu de ce siècle, une nouvelle vie spirituelle commença à se manifester, et que le mysticisme et la scolastique étaient florissants, on eut recours à l’autre méthode. Ce nouveau type d’exégèse mystico-dialectique...... semble avoir été principalement développé, bien qu’il n’ait pas été introduit pour la première fois, et mis en usage général par Rupert de Duytz (il est mort en 1135). Un champ vaste et fertile s’ouvrait ainsi à des investigations mystiques et subtiles. Les mystiques et les scolastiques, quoique chacun à leur manière, apportaient maintenant toutes leurs contemplations et leurs spéculations dans l’Écriture, et les poussaient souvent jusqu’à ne laisser presque aucune trace de la simple signification de l’écriture sainte.
2 De Div. Nat iii. 24, p. 132, [134] : Infinitus conditor Sacræ Scripturæ in mentibus prophetarum, Spiritus Sanctus, infinites in oa constituit intel-lectus, ideoque nullius expositoris sensus sensum alterius aufert, dummodo eanæ fidei catholicæque profession ! conveniat, quod quisque dicat, sive aliunde accipiens, sive a se ipso illuminatus, tamen a Deo inveniens. Comp. iii. 26, iv. 5, , p. 164. Il compare les Saintes Écritures à une plume de paon, dont la plus petite particule brille de différentes couleurs. Comp. Ritter, vii. p. 213. On peut voir combien il était soucieux de pénétrer le sens caché de l’Écriture, comme on peut le voir dans le passage suivant, v. 37, p. 307 : O Domine Jesu, nullum aliud præmium, nul lam aliam beatitudinem, nullum aliud gaudium a te postulo, nisi ut ad purum absque ullo errore fallacis theoriœ verba tua, quæ per tuum Sanctum Spiritum inspirata sunt, intelligame.
3 C’est ainsi que Paschasius Radbert enseignait un triple sens de l’Écriture, à savoir : 1. Le sens littéral (historique) ; 2. le spirituel et le mystique (ce qui se réfère à l’Église) ; et, 3. La morale (relative à l’âme de chaque chrétien). Rabanus Maur parlait d’un quadruple sens : 1. L’Histoire ; 2. Allégorie ; 3. Tropologie ; 4. L’anagogie. [Davidson, 1. c. p. 165, 66.] Hugo de Saint-Victor (voir Liebner, 1. c. p. 133, ss.) et Savonarole ( voir Rudelbach, p. 342), firent de même. [Davidson, 1. c. p. 173 : L’histoire rapporte ce qui se fait ; l’allégorie enseigne ce qu’il faut comprendre ; l’anagogie ce qu’il faut chercher ; la tropologie ce qu’il faut faire.] Angelom, moine à Luxeuil, tenait à un sens septuple : 1. L’historique ; 2. L’allégorique ; 3. Le sens intermédiaire qui se trouve entre les deux précédents ( ?) ; 4. Le tropical (celui qui se réfère à la Trinité) ; 5. La parabolique : 6. Le sens qui se rapporte aux deux natures du Christ ; et, 7. La morale : voir Pez, Thesaurus, Tom. i. et Schmid, Mysticismus des Mittelalters, p. 76. Sur l’octuple sens, voir Marrier sur Odonis Cluniacensis Moralia in lobum (Bibl. Max. Patr. T. xvii. p. 315) : 1. Sensus literalis vel historicus ; 2. Allegoricus vel parabolicus ; 3. Tropologicus vel etymologicus ; 4. Ana-gogicus vel analogicus ; 5. Typicus vel exemplairs ; 6. Anaphoricus vel pro-portionalis ; 7. Mysticus vel apocalypticus ; 8. Boarcademicus vel primordialis φ (♦. quo ipsa principia rerum comparantur cum beatitudine æterna et tota dispensatione salutis, veluti loquendo de regno Dei, quod omnia sint ad Deum ipsum, unde manarunt, reditura). Le triple sens de l’Écriture a lui-même été interprété mystiquement , par exemple, par saint Bernard (Sermo 92, De diversis). L’époux conduit l’épouse, 1. Dans le jardin : le sens historique ; 2. Dans les différentes caves d’épices, de fruits et de vin : le sens moral ; 3. Dans le cubiculum : le sens mystique. Et Hildebert du Mans comparait le quadruple sens de l’Écriture aux quatre pieds de la table du Seigneur (Sermo, II, dans Fest. Assumtionis Mariæ). Voir Lentz, Geschichte der Homiletik, t. I, p. 275.
4 Ainsi Hugo de Saint-Victor mit en garde contre l’interprétation allégorique et affirma l’importance non moins grande de l’interprétation littérale ; Prænott. c. 5, cité par Liebner, p. 142. [Cum igitur mystica intelli-gentia nonnisi ex his, quæ primo loco litera proponit, colligatur : minor qua fronte quidam allegoriarum se doctores jactitent, qui ipsam adhuc primam literæ significationem ignorant. Nos, inquiunt, scripturam legimus sed non legimus literam. Non curamus de litera, sed allegoriam docemus. Quomodo ergo scripturam legitis, et literam non legitis ? Si enim litera tollitur, scriptura quid est ? » — « Noli itaque de intelligentia scripturarum gloriari, quaindiu literam ignoras. » — Noli igitur in verbo dei despicere humilitatem, quia per humilitatem illuminaris ad divinitatem. Quasi lutum tibi videtur totum hoc ; et ideo fortasse pedibus conculcas. Sed audi : luto isto cœci oculi ad videndnm illuminantur."] Mais ses propres exposés sont quelquefois fantaisistes et insignifiants, comme on peut le voir par l’exemple donné par Licbner, p. 153. [Opp. T. i. fol. 161, col. 4, ad Abdias, vers. 18 : Dans la maison de Jacob brûle le feu de la repentance humaine, dans la maison de Joseph la flamme de la sagesse brille, dans la maison d’Esaü tout est plein du chaume de la malice. Mais la conscience (c’est-à-dire Jacob) consume le chaume du vice, détruit le foin du crime, réduit en cendres le bois du péché, et maintenant brûle le feu salutaire de la repentance qui expulse la malice d’Ésaü et détruit les soucis pernicieux du monde. Après cela, la flamme de l’amour céleste s’allume dans l’âme, le soleil de la justice brille en elle, elle se tourne vers son époux dans le désir ininterrompu de l’amour, et fixe les yeux spirituels du cœur le plus pur sur sa beauté ; elle (l’âme) est animée (litt. allumée) par l’accroissement des vertus, le conflit des affections célestes, le désir ardent des étreintes célestes, l’espérance d’entrer en contact avec le divin, la douce odeur des baisers, et la soif causée par les désirs transcendants, et la flamme de la sagesse divine (Joseph) brille en elle Mais cet état produit les fruits de l’innocence, les joyaux de la grâce, et les fleurs des œuvres glorieuses par lesquelles la volonté déréglée, c’est-à-dire Ésaü, est consumée, et les tentations de la vanité sont combattues.] Thomas d’Aquin posait le principe suivant (Summa, P. i. Qu. 102, art. 1) : In omnibus, quæ S. Scriptura tradit, pro fundamento tenenda veritas historica et desuper spirituales expositiones fabricandæ. — Selon Savonarole, la première condition d’un système productif d’interprétation est d’être rempli du même esprit dans lequel les livres sacrés sont écrits, c’est-à-dire l’esprit de foi, etc. Voir Rudelbach, p. 339, par.
5 Cette restriction a été imposée pour la première fois dans l’église grecque, au IXe siècle, dans le conflit avec les Pauliciens : comp. Petri Siculi (a. d. 870), ♦ Historia Manschæorum, et Gieseler, Dogmengesch. p. 484. À cela s’ajouta plus tard en Occident l’interdiction du pape Innocent III. (a. d. 1199), du Concil. Tolosanum (a. d. 1229), Canon le 14 : Prohibemus etiam ne libros Veteris Test, aut Novi laici permittantur habere : nisi forte Psalterium, vel Breviarium pro divinis officiis, aut horas B. Mariæ aliquis ex devotione habere velit. Sed ne præmissos libros habeant in vulgari translatos, auctissime inhibemus. Cône. Tarragonense (a. d. 1234), Can. 2 : Item statuimus ne aliquis libros Veteris vel Novi Test, in Romania habeat Et si aliquis habeat, infra octo dies post publicationem hujusmodi constitutionis a tempore sententiæ tradat eos loci Episcopo comburendos : quod nisi fecerit, sive clericus fuerit, sive laicus, tanquam suspectus de hæresi, quousque se pergaverit, habeatur. Puis vinrent les interdictions du concile de Béziers, 1223 et 1246 (contre les Vaudois), et celle d’Oxford (1408, contre la version de la Bible de Wycliffe). Comp. Gottfr. Hegelmaier , Geschichte das Bibelverbots, Ulm., 1783. [Gieseler, Hist. de l’Église, ii. Voir aussi les ouvrages d’Ussher, de Wharton et d’Onymus, auxquels Mùnscher von Colin fait allusion, ii, p. 109.
6 C’est ainsi que Jean Damas, iv. 17, recommandait la lecture de l’Écriture Sainte, quoique d’une manière assez fantaisiste. Il l’appela τόν χαλ-λιστον παράδεισον, τδν ευώδη, τδν γλυκύτατον, τδν ώραιότατον, τδν παν-
τοίοΐζ τών νοερών Θεοφόρων όρνεων κελαδήμασί περίηχονντα ημών τά ώτα κ. τ. λ.—Anselme recommandait aussi fortement la lecture de la Bible dans son Tractacus Asceticus, cité par Mohler, L c. p. 62. Bonaventura (Prin-cipium in libros sacros) a fait de même. Comp. Lentz, Geschichte der Hom-iletik, t. I, p. 290. Sur la Biblia Pauperum de Bonaventura, voir ibid. 1. c. Sur les effets produits par la lecture des Écritures sur les Vaudois, voir le récit donné par Rainerius au XIIIe siècle, dans la Bibl. Patr. Lugd. T. xxv^ cité par Neander, kleine Gelegenheitsschriften, p. 162 ; sur les efforts des Frères de la Vie Commune pour la diffusion de la connaissance biblique parmi le peuple, voir Neander , 1. c. p. 182, note.—Gerhard Zerbolt, un prêtre, qui était membre de l’association des pieux chrétiens de Deventer, a composé un traité : De Utili-tate Lectionis sacrarum Litterarum in Lingua vulgari : voir Jacobi Revii Daven-tria Illustrate , p. 41. Des extraits en sont donnés par Neander, 1. c. [Cet ouvrage contient des citations complètes des Pères de l’Église ; il est donné à l’automne dans l’Aurora de Schöpff, Tom. v., 1860. Pour le point de vue de Hugo St, Victor sur les Écritures, voir ibid. Tom. iv.]
Ullmann, Johann Wessel, p. 190, pp.
DEUXIÈME DIVISION.
(Y COMPRIS LA COSMOLOGIE, L’ANGÉLOLOGIE, LA DÉMONOLOGIE ETC.)
§ 163.
Eberstein, Théologie naturelle des scolastiques, Leipz., 1803. Billroth, De Anselmi Cant. Proslogio et Monologio, Lips., 1832. Fricke, Argumenta pro Dei Existentia exponuntur et judicantur, Lips., 1846. · J! Fischer, La preuve ontologique de l’existence de Dieu et de son histoire, Bâle, 1852, [Proslogion d’Anselme, par Maginnis, dans Bibliotheca Sacra, vol. VIII.]
Les preuves de l’existence de Dieu ont leur origine propre dans la philosophie. Ce qui n’était autrefois qu’un semblant d’argument, maintenant est apparu sous la forme d’une démonstration philosophique. Ainsi, la preuve cosmologique de Diodore de Tarse a été pleinement développée par Jean Damascène1. Anselme2 suivit les traces d’Augustin et de Boèce (voir § 123), et s’efforça de l’idée de Dieu, comme une donnée, pour prouver son existence. C’était ce qu’on appelait la preuve ontologique, mais qui n’obtint pas tout de suite l’assentiment d’Anselme Contemporains. Gaunilo, moine, du point de vue d’une philosophique, souleva des objections d’une nature ingénieuse à la démonstration d’Anselme, qui ont été aussi ingénieusement réfutées par ces derniers.3 Le sort que ce mode de Les preuves rencontrées étaient diverses4. Tandis que Hugo de Saint-Victor s’efforçait de prouver l’existence de Dieu d’une autre manière, c’est-à-dire à partir de la contingence5, les théologiens du XIIIe siècle en général , et Thomas d’Aquin et Duns Scot en particulier, revinrent à l’argument d’Anselme, bien qu’ils le modifièrent en de différentes manières6. Raimund de Sabunde a proposé ce qu’on appelle la preuve morale, selon laquelle l’existence d’un éternel auteur de récompense et de punition est déduite de la liberté morale et de la responsabilité des créatures rationnelles7. La preuve historique se trouve dans Savonarole8 et d’autres, qui se sont efforcés de démontrer l’existence de Dieu à partir de la consensus gentium. — Il y avait cependant des gens qui montraient l’insuffisance de ces arguments, ou du moins s’est abstenu d’utiliser toutes les preuves d’une telle et faisait simplement appel à la révélation directe de Dieu dans le cœur de l’homme. Jean Duns Scot9 et Guillaume Occam10 appartenaient au premier ; John Wessel 11 et surtout les mystiques, appartenaient à cette dernière classe de théologiens.12
1 De Fide Orthod. i. 3. Jean Damascène part du principe : Sa connaissance est Dieu naturellement abandonnée, mais cette conscience de Dieu a été altérée par le péché. Dieu l’a restaurée par son révélation qui s’accompagnait de miracles. Les faibles tentatives de preuve maintenant prendre la place des miracles. Il énumère les preuves suivantes : 1. La preuve ex rerum mutabilitate (la cosmologie) ; 2. La preuve ex earum conversation et gubcrnatione, et 3. Ex rerum ordinato situ (Les deux derniers peuvent être regroupés sous l’appellation physico-théologique preuve). Quant à la première, il argumente comme suit : Pour les êtres créés, les incréés Bien qu’ils soient construits, ils le sont aussi et les trois chantiers le sont depuis le début de l’année. Toutefois, les autres en décomposition ou facultatifs seront assujettis ; incréée, pour la raison suivante, mais aussi irréversible Contre , et qu’est-ce qu’une raison contre, disent-ils Propriétés. Quelle est l’habitude, toujours les êtres, ceux qui ont été sensibles, mais pas les anges et les autres ; Ousthai kai Kai à bien des égards Vous déménagez ?........ Trois d’entre eux, cependant, Et les êtres créés, sous qui ? Ils ont été créés* et le Créateur est incréé. Beaucoup de choses ont été construites, sous la direction de qui ? Il a été construit, jusqu’à ce que nous arrivions à ce qui n’était pas créé. * Le créateur est incréé, mais aussi Estimation irréversible. Et qu’est-ce que c’est d’autre, 7/ Dieu. Comparez la méthode adoptée par Diodore de Tarse, § 123, note 3. Dans l' preuve physico-théologique (2 et 3) il a suivi les théologiens précédents, surtout Athanase et Grégoire de Nazianze.
2 Le nom ontologique, n’a été donné que plus tard (par Kaut ?) : voir Fischer, dans l’ouvrage ci-dessus voir p. 12. Nous ne pouvons donner ici que les têtes de l’argument, le fil conducteur du raisonnement doit être vu à partir de la connexion. Monol. i. : Cum tam innumerabilia Bona sint, quorum tam multam diversitatem et sensibus corporeis experimur et rati one mentis discernimus, estne credendum esse unum aliquid, per quod unum sunt bona, quæcunque bona sunt, aut sunt bona alia per aliud ?...... III. Deniquc Non solum omnia bona per idem aliquid sunt bona et omnia magna per idem aliquid sunt magna, sed quicquid est, per unum aliquid videtur esse...... Quoniam ergo cuncta quæ sunt, sunt per ipsum unum : Procul dubio et ipsum unum est per se ipsum. Quæcunque igitur alia sunt, sunt per aliud, et ipsum solum per 8e ipsum. Ac quicquid est per aliud, minus est quam illud, per quod cuncta sunt alia et quod solum est per se : quare illud, quod est per se, maxime omnium est. Est igitur unum aliquid, quod solum maxime et summe omnium est ; quod autem maxime omnium est et per quod est quicquid est Bonum vel magnum, et omnino quicquid est aliquid est, id necessc est esse summe bonum et summe magnum et summum omnium quæ sunt. Quarc est aliquid, quod sive essentia, sive substantia, sivo natura dicatur, optimum ct maximum est et summum omnium quæ sunt. Comp. Augustin et Boèce dans § 123, note 4. Le mode de argument qui se trouve, Proslog. c. ii. est plus origi-inal (il y a lieu de procéder de la réalité de l’idée) : L’insensé τα&γ dire dans son cœur qu’il n’y a pas de Dieu (Ps. xiv. 1), mais Il se montre ainsi un insensé parce qu’il affirme quelque chose qui est contradictoire en soi. Il a l’idée de Dieu en lui, mais nie sa réalité. Mais si Dieu est donné en idée, il faut qu’il existe aussi dans la réalité. Autrement, le Dieu réel, dont l’existence est concevable, serait supérieur à celui qui existe qu’en imagination, et par conséquent serait supérieur au plus haut objet concevable, ce qui est absurde ; d’où il suit que ce qui est au-delà de ce rien ne peut être conçu pour exister, existe réellement (donc l’idée et la réalité coïncident). Convincitur ergo in-sipiens, esse vel in intellectu aliquid, quo nihil majus cogitari potest ; Quia hoc cum audit, intelligit, et quicquid intelligitur, in intellectu est. Et certe id , quo majus cogitari nequit, non potest esse in intellectu solo. Si enim vel in solo intellectu est, potest cogitari esse et in re, quod majus est. Si ergo id, qua majus cogitari non potest, est in solo ùitellectu : id ipsum, quo majus cogitari non potest, est quo majus cogitari potesT : sed certe hoc esse non potest. Ejcistit ergo procul dubio aliquid, quo majus cogitari non valet, et in intellectu et in re. Si donc l’insensé dit : Il n’y a pas de Dieu , il le dit en effet, et peut-être même le pense-t-il. Mais il y a une différence entre la pensée et la pensée Concevoir une chose quand le mot est sans signification , par exemple, que le feu est de l’eau (un simple son, une absurdité !) est très différent de la cas où la pensée correspond à la parole. Ce n’est qu’en fonction de la l’ancien mode de pensée (qui détruit la pensée elle-même), que l’insensé peut dire : Il n’y a pas de Dieu, mais pas selon celui-ci. [L’argument de Saur ou d’Anselme, Dogmengesch. 245 : La prémisse principale doit être celle-ci : Tout cela : quo majus cogitari non potest, est à la fois an—esse in intel-lectu, et an—esse in re. Mais il ne s’agit pas d’une proposition valide : il n’y a qu’un seul être auquel elle s’applique. Par conséquent, dans La prémisse mineure qu’il n’y a pas de subsomption logique. Le syllogisme est donc faux; on ne peut pas en tirer d’inférence ; Et pourtant, il y a ça : quo majus cogitari non potest : c’est donc en soi et par lui-même que (c’est-à-dire l’être réel), le réalité dont le syllogisme essaie de prouver qu’elle est.]
3 Gaunilo était moine au monastère de Marmoutier. Il a écrit : Liber pro Insipiente adv. Anselmi in Proslogio Ratiocinationem (in Anselmi Opp. p. 100). 32, Gerb. p. 53).♦ L’idée d’une chose n’implique pas nécessairement sa réalité ; il y en a beaucoup idées fausses. Oui, il est très douteux que nous puissions avoir une pensée de Dieu du tout, puisqu’il est au-dessus de toute pensée... Si l’on parle d’une île qu’il affirmait être plus parfaite et plus belle que toutes les îles connues, son existence de ce fait, qu’elle ne pourrait pas être la plus parfaite si elle ne le faisait pas. nous saurions à peine quel a été le plus grand imbécile, l’homme qui a fait un tel un argument* ou celui qui y a donné son assentiment, la méthode inverse est à adopter ; Il faut d’abord prouver l’existence de l’île, et puis montrer que son excellence surpasse celle de toutes les autres, etc. (comp. Mùnscher, von Colin, ii. p. 33, 34. « Il est facile de voir que Gaunilo argumente contre Anselme de l’empirique, et par conséquent d’une point de vue », Mohler, ubi op. cit., p. 152. — Anselme s’est défendu contre Guanilo dans son traité : Liber Apologeticus contra Gaunilonem respondentem pro insipiente (on l’appelle aussi Contra Insipientem, Opp. p. 34, Gerberon, p. 37). Il revient sur la distinction ci-dessus entre pensée et pensée, et rejette l’illustration tirée de l’île comme tout à fait inapproprié. Il observe que si Gaunilo pouvait réellement imaginer une île plus parfaite qu’on ne pourrait jamais le concevoir, il en ferait un Ψ17Λ Anselme l’idée de l’être le plus parfait était une idée rationnelle nécessaire, entre laquelle, et la notion arbitraire et imaginaire d’une île des plus excellentes, aucun parallèle ne saurait être établi. Mohler, p. 158. Comp. Hegel, Encyclopaedic der philosophischen Wissen-schaften, 2e édit. 1827, p. 6], ss. p. 181 : « Anselme avait raison de déclarer que seul ce peut être parfait qui existe non seulement subjectivement, mais aussi ob~ jectivement. Dans C’est en vain que nous affectons de mépriser cette preuve, communément appelée l’on· et logiques, et cette idée du parfait énoncée par Anselme ; elle est inhérente à l’esprit de tous les hommes sans préjugés, et les ré-appcars dans tous les systèmes de philosophie, même contre la connaissance et la volonté, ainsi que dans le principe de la foi directe. Sur la question de savoir si la preuve d’Anselme peut être proprement appelée une preuve, voir Mohler, 1. c. p. 154. Respecter l’ensemble de la controverse comp. Ziegler, W. C. L., Beitrag zur Geschichte des Glaubens an Gott Gott. 1792, 8. Baur, Trinitâtsl. ii. 372, seq. Fischer, ubi, précité. Hasse’s Ansclem, ii. 233, seq.
♦ Anselme ne connaissait probablement pas l’auteur du traité en question. Il est cité comme œuvre incerti auctoris dans les éditions antérieures des œuvres d’Anselme. Comp Gerberon, T. i. p. ii.
4 La théorie d’Anselme a eu une grande histoire. Il ne s’agissait pas seulement d’ap· de différentes manières, et développé par d’éminents écrivains, mais, jusqu’à présent, Jusqu’à présent, elle a été soit combattue, soit défendue, selon le Re· caractère distinctif de toute école philosophique. Mohler, p. 150.
5 " Hugo n’a pas perçu la profondeur de L’idée d’Anselme, trompée par le raisonnement superficiel et dialectique de Gaunilo Liebner, Hugo Von St Victor, p. 369. L’argument de la contingence que Pierre de Poitiers adopta plus tard, est donné dans l’ouvrage de Hugo traités, De sacramentis c. 7-9, De tribus Dieb. c. 17, cité par Liebner, p. 369, 370. Elle est la suivante : Raison qui, en tant que créature et image de Dieu, est capable de le connaître, se distingue essentiellement du corps dans lequel il habite, et de tout ce qui est sensible, étant ce qui est invisible et spirituel. Mais elle est consciente qu’elle n’a pas toujours été ni active ni conscience d’elle-même, et qu’il y a donc eu un temps où elle n’existait pas : car il est impossible de concevoir une faculté de connaissance sans connaissance et sans conscience. Elle a donc dû avoir un commencement. Posséder un esprit spirituel nature, il n’est pas possible qu’elle ait tiré son origine du sensible, mais qu’elle ont nécessairement été créés à partir de rien ; il s’ensuit qu’elle doit son l’existence d’un auteur externe. Mais cet auteur lui-même ne peut pas avoir été créé, car tout ce qui est créé ne peut donner l’existence à un autre l’être, sinon nous avons la série infinie. Il faut donc supposer que le l’existence d’un être existant par lui-même et éternel, comme cause première. (Cette preuve occupe, pour ainsi dire, une position intermédiaire entre le cosmologique et le ontologique. La preuve cosmologique a pour fondement le monde, la ontologique l’idée, et l’argument d’Hugo repose sur la base de la l’esprit.) Hugo a également utilisé la preuve cosmologique et physico-théologique, qui était à l’époque le plus populaire. Pierre Lombard lui-même ne se servit pas non plus de la preuve d’Anselme ; Sententt. I. Disque 3. Comp. Mùnscher, éd. par von Colin, ii. p. 100. Chapitre 34.
6 Thomas d’Aquin, Summa Theol P. L qu. 2, art. i. exhorte contre la rigueur absolue de la Preuve d’Anselme : Dato etiam, quod quilibet intelligat hoc nomine « Deus » significari hoc quod dicitur, scilicet ibud, quo majus cogitari non potest : non Tamen propter hoc sequitur, quod intelligat id, quod significatur per nomen esse, in rerum nature, sed in apprehensione intellectus tantum. Nec potest argui, quod sit in re, nisi daretur, quod sit in re aliquid, quo majus cogitari non potest : quod non est datum a ponentibus Deum non esse. L’argument de Thomas lui-même (Mùnscher, éd. par von Colin , p. 35, Schrôckh, xxix. p. 77), revient à ceci : que la proposition : u Dieu existe , peut être considérée comme évidente, si l’on considère en soi (quantum in se est), puisque le prédicat est identique au sujet ; mais il n’en est pas ainsi en ce qui nous concerne. Thomas a relié les différents modes de argumentation entre eux sur le principe précédemment adopté par Richard de Saint-Victor, De Trin. i. c. 6, 88. (comp. Engelhardt, Richard von St. Victor, p. 99, par. [Mùnscher, tour 35]). Il a énuméré cinq sortes différentes de preuves : 1. Celle qui dérive de la premier principe mouvant (primum movens), qui n’est lui-même mû par aucun autre ; 2. Celle qui dérive de la première grande cause (causa efficiens) ; 3. Que cela a dérivé de ce qui est nécessaire par lui-même (per se neccssarium, ces trois premières formes ensemble la preuve cosmologique sous sa forme dialectique) ; 4. Le Celle qui dérivait de la gradation des choses (ou l’argument de l’imparfait à l’absolument parfait ; Augustin et Anselme avait proposé la même preuve) ; 5. Celle qui dérive de l’adaptation des choses (la preuve physico-théologique, ou téléologique). Voir Baur, Trinitatslehre, ii. 581, seq. Duns Scot cherche à donner plus de couleur (colorari) à l’argument d’Anselme par différents modifications et applications ; voir son De Primo Rerum Prine, cap. 4, et comp. Fischer, ubi précité, p. 7. En outre, il en appelle aux preuves de l’expérience ; voir Mùnscher, éd. de von Colin, ii. Débloquer le niveau 56.
7 Abélard avait déjà attiré l’attention sur cette preuve (Theol. christ. Lib. v. Martène, p. 1439), mais non pas tant comme une preuve rigoureusement convaincante (magis honestis, quam neccssariis rationibus nitimur) ; plutôt comme la voix de conscience. Quam honestum vero sit ac salubre, omnia ad unum optimum tam rectorem quam conditorem spectare et cuncta potius ratione quam casu fieri seu regi, nullus est, cui propriæ ratio non suggérât conscientiæ. Quæ enim solicitudo bonorum nobis operum inesset, si, quem nec amore nec timoré vereremur, Deum penitus ignoraremus ? Quæ 8pe8 aut malitiam refræuaret potentum, aut ad bona eos alliceret opera, si omnium justissimus ac potentissimus frustra crederetur Î Ponamus itaque, ut, dum bonis prodesse ac placere quærimus, obstinatos cogere non possimus, cum ora eorum non necessariis obstruamus argumentis. Ponamus, inquam, hoc si volunt ; sed opponamus, quod nolunt, summam eorum impudentiam arguentes, si hoc calumniantur, quod refellere nullo modo possunt, et quod plurima tam honestate quam utilitate commen־ datur. Inquiramus eos, qua ratione malint eligerc, Deum non esse, quam esse, et cum ad neutrum cogi necessario possint, et alterum multis commen-detur rationibus, alterum nullis, iniquissiinam eorum confundamus impudentiam, qui id, quod optimum esse non dubitent, omnibusque est tam rationibus, quam auctoritatibus consentaneum, sequi respuant et contrarium complectantur. — L’argument tel qu’il est employé par Raimund a plutôt la forme logique de la preuve ; voir Theolog. Natur. Tit 83 (cité par Münscher, éd. par von Cölln, p. 38. Tennemann, Geschichte der Philos, viii. p. 964, 88.). Puisque l’homme est un être responsable, mais ne peut ni se récompenser ni se punir lui-même, il s’ensuit qu’il doit y avoir un être supérieur à celui qui donne des récompenses et inflige des châtiments ; car s’il n’y a pas de S’il n’y avait pas un tel être, la vie de l’homme serait stérile, un jeu de hasard. Osb De plus, la création irrationnelle est soumise à l’homme, et n’existe que pour lui, elle s’ensuivrait, s’il n’y avait pas d’être supérieur au-dessus de l’homme, La création elle-même était sans objet. Mais maintenant, nous percevons [voici qu’il entre dans le physico-théologique, comme preuve auxiliaire] l’ordre et l’harmonie dans l’ensemble la création extérieure qui est soumise à l’homme ;♦ Comment supposer que l’ordre dans le monde naturel ne se répète pas dans le monde moral ? Comme l’œil correspond aux choses visibles, l’oreille aux choses audible, l’entendement des choses compréhensibles, de sorte que les actions morales de l’homme doivent avoir leur jugement et leur châtiment correspondants, et par conséquent un juge et un gouverneur punitif. Mais ce juge doit posséder une parfaite connaissance de la les actions humaines, et leur caractère moral, c’est-à-dire qu’il doit être omniscient ; il est évident aussi qu’il doit être juste, dans le sens le plus élevé du mot ; et enfin, il doit être en possession d’un pouvoir illimité d’exécuter ses jugements, ou, en En d’autres termes, il doit être tout-puissant. Mais un tel être ne peut qu’être le plus parfait de tous les êtres, c’est-à-dire Dieu. (La similitude entre cette démonstration et celle de Kant a souvent été soulignée à l’extérieur.)
♦ Raimund réalise l’attention à la gradation des êtres. Il n’y en a que d’autres qui existent (les êtres inorganiques) ; d’autres existent et vivent (les plantes) ; d’autres encore existent, vivent et sont susceptibles de sensations (les animaux) ; et , enfin, d’autres exister, vivre, sentir et penser (l’homme). Chez l’homme, tous les stades antérieurs se répètent. Comp. Matzke, ubi supra, p. 100. 49 [Àfàtzke, p. 49]. 59, cite de Tit. 63 : Régula autem quæ radicatur in homine, est ista, quod Deus est quo nihil magis cogitari · potest, vel Deus est majus quod cogitari potest Et ideo sequitur quod Deus est quidquid melius oogitari potest, et Quidquid melius est esse, quam non esse. Quidquid ergo potest homo cogitare perfectissimum, opetimum, dignissimum, nobilissimum et altissimum, hoc est Deus.... Et in ista régula fundatur tota scientia et cognitio de Deo certissime.] de même que la lumière universelle du soleil est différemment reçue par des objets différents en fonction de leur susceptibilité, de leur position et de leur distance. Wessel désigne cette connaissance simple et universelle de Dieu comme le nazne de Dieu, qui habite, comme elle s’exprime dans chaque âme, et peut, par conséquent, dans que chaque âme soit amenée à la conscience ; De Orat. Lib. v. Uli· mann, p. 200.
8 Comp. Triomphe. Crue. Lib. i. c. 6, p. 38, ss., cité dans la Savonarole de Meier, p. 245.
9 Sententt 1, Dist. 2, Qu. 2, art. 1 (cité par Münscher, éd. par von Cblln, p. 36. Tiedemann, Geist der speculativen Philosophie, iv. p. 632). Une objection a été particulièrement à la preuve dérivée du necessarium en soi, dans la mesure où Scot a fait une distinction entre les idées de possibilité et de nécessité.
10 Centiloq. Theol. Concl. 1 {Tiedemann. 1. c. v. p. 206). Il s’opposait à l’argument principal d’Aristote tiré de Le πρώτον κινούν.
11 Wessel raisonnait comme suit : Le moyen général et le plus direct par lequel l’homme parvient à Dieu, c’est la connaissance originelle de Dieu, inhérente à tout esprit rationnel Comme aucun endroit n’est si sombre qu’il n’en reçoive degré de lumière d’un rayon de soleil, de sorte qu’aucune âme rationnelle n’est dépourvue d’une sorte de notion intérieure (notitia) de Dieu... (P8. xix. 6). Cette connaissance, cependant, n’est pas la même chez tous les hommes, mais se développe différemment chez les différentes personnes selon leurs autres capacités, et toute leur morale et leur condition;
12 Tauler, Predigten, t. I, p. 58 : Je possède dans mon âme une puissance qui est tout à fait susceptible de Dieu ; Je suis aussi sûr que je vis, que rien n’est si près de moi que Dieu. Dieu est plus près de moi que je ne le suis de moi-même, etc. Comp., le § suivant, note 3.
§ 164.
À mesure que les hommes croiront pouvoir prouver l’existence de Dieu, seront-ils plus ou moins assurés qu’ils peuvent connaître sa nature. C’est pourquoi les théologiens scolastiques ont fait de la nature de Dieu l’objet spécial de leurs spéculations. Néanmoins, ils affirmaient expressément que Dieu ne peut être compris, et n’admettaient pour la plupart qu’une connaissance conditionnelle de la part de l’homme1. Le point de vue d’Occam sur ce sujet frisait le scepticisme.2 Les mystiques, au contraire, s’efforçaient, en opposition au dogmatisme aussi bien qu’au scepticisme, de vivre une vie cachée en Dieu, et d’obtenir ainsi une vision immédiate de Dieu lui-même dans sa lumière, et de toutes choses en Dieu3.
1 Jean Damas, De Fide Orthod., i. 4, avait enseigné, à l’exemple de quelques-uns des premiers Pères, que Dieu n’entre pas dans la catégorie des choses (ουόεν γάρ τών υντων ΙβτΙν), qui est équivalente à la divinité spéculative moderne, c’est-à-dire une non-entité. Il est 1>7rt־p γνώσιν πάντως και ύπερ ουσίαν, et ce n’est que par voie de négation (<5 ? αφαιρεσεως) que nous acquérons la connaissance de ses attributs (comp., ce que Clément d’Alexandrie a dit à une époque antérieure, § 37. note).—Jean Scot Erigène, dans un style plus hardi, dépassant les limites de ce qui est permis à l’homme, a soutenu, De Divis. Nat. ii. 28, p. 78 : que Dieu ne se connaît pas lui-même. Deus itaque nescit se, quid est, quia non est quid ; incomprehcnsibilis quippe in aliquo et sibi ipsi et omni intellcctui. Toute la théologie, selon lui, se divise en affirmative et négative (la cataphatique et l’apophatique ). Mais l’affirmation et la négation sont abolies dans l’idée absolue de Dieu, et ce qui pour nous est contradictoire ne l’est pas pour lui. Baur, Trinitât. ii. 276. [Dans CAm/Zier'«, Jean Scot Erigène (1860) p. 162, le passage est cité du De Divis. Nat. i. 13 : Theologia αποφατική divinam essentiam seu substantiam esse aliquid eorum, quæ sunt, c’est-à-dire, quæ dici aut intelligi possunt, negat ; altera vero , καταφατική, omnia quæ sunt de ea prædicat, et ideo affirmativa dicitur, non ut confirm et aliquid esse eorum quæ sunt, sed omnia, quæ ab ea sunt, de ea posse prædicari suadeat. Rationabiliter enim per causativa cansale potest significari.] — Anselme, au contraire, plus modeste, revint à des vues justes, en confessant dans son Monologue que Dieu seul connaît sa propre nature, et qu’aucune sagesse humaine ne peut même prétendre mesurer ou comprendre la sagesse divine. Car il est certain que ce que nous attribuons à Dieu seulement relativement, n’exprime pas sa nature (si quid de summa natura dicitur relative, non est ejus significativum substantiæ). Comparez le Monologue, c. 15-17 ; Hasse, ii. 129 ; Mùnscher, éd. von Colin , p. 44, et Mohler, 1. c. p. 154, 55. Un langage similaire se trouve dans Alanus ab Insulis De Art. Cathol. Fidei. 16, 17, cité par Pez, i. p. 482.—Albertus Magnus di&-tinguishes entre—attingero Deum intellectu, et—comprehendere. Les créatures ne peuvent atteindre que le premier. Comp. Sumina Theol. i. tr. iv. qu. 18, membr. 3, p. 67 (dans Ritter, viii. 197). S’appuyant sur cette base , Thomas d’Aquin (Summa P. i. Qu. 12, art. 12), a prouvé que l’homme n’a pas de cognitio quidditativa de Dieu, ( ». e., aucune connaissance de Dieu en soi), mais connaît seulement habitudo ipsius ad creaturas ; tandis que Scot (Sent. i. Dist. 3, Qu. i. art. 1) enseignait la doctrine opposée, en partie en se référant aux opinions de Heinrich von Gent (vers 1280), professeur de la Sorbonne. — Le résultat final de la controverse qui s’est poursuivie entre les thomistes et les scotistes sur la question de cognitione Dei quidditativa, a été que l’homme a une cognitio quidditatis Dei, mais non pas une cognitio quidditativa , c’est-à-dire qu’il peut connaître la nature de Dieu (par opposition à une simple notion accidentelle et superficielle ), mais qu’il ne peut pas connaître Dieu à fond, t. 10. De telle sorte qu’aucune partie de sa nature ne soit cachée à l’homme).♦ Comp, les passages cités par Münscher, éd. par von Cölln, p. 63, 64, et Eberhard, natürliche Théologie der Scolastikcr, p. 52-66.— Darandus de Saint, Pourçain (in Magistri Sentent. 1, Dist. 3, Qu. i.) parle d’une triple voie qui conduit à la connaissance de Dieu i 1. Via eminentiœ , qui s’élève de l’excellence des créatures à la plus haute excellence, 1. e,, au Dieu parfait. 2 . Par la causalitatis, qui s’élève des phénomènes de la création à la cause première. 3 . Via remotionis, qui commence par l’existence changeante et dépendante, et finit par l’existence nécessaire et absolue (esse de se). — Alexander Hales a employé des expressions semblables et encore plus simples (Summa P. i. Qu. 2, Membr. i. Art. 2) : Dicendum, quod est cognitio de Deo per modum positionis et per modum privationis, Per modum privationis cognoscimus de Deo, quid non est, per modum positionis, quid est. Divina substantia in sua immensitate non est cognoscibilis ab anima rational ! cognitione positiva, sed est cognoscibilis cognitione privativa. Comp. Münscher, éd. par von Cölln, 1. c. Il faut dire, apprehendi guidem posse Deum , comprehendi, nequaquam, voir Schrockh, xxix. Sur les efforts des théologiens grecs postérieurs , par exemple Nicolas de Méthone (surtout à l’exemple de Denys l’Aréopagite), pour représenter l’insuffisance de nos connaissances et de notre terminologie concernant les choses divines, voir Ullmann, 1. c. p.72-74 : Le divin n’est nullement à ordonner et à comparer avec tout ce qui existe : dans l’ensemble, il vaudrait mieux exprimer d’une manière exagérée et exceptionnelle (νπεροχικώς και κατεξαίρετον) tout ce qui est prédiqué du divin, etc.
♦ Cajetanus Summæ P. 1. Qu. 12, De Arte et Essentia c. 6, Qu. 4: Aliud est cognoscere quidditatem, 8. cognitio quidditatis : aliud est cognitio quidditativa^ s. cognoscere quiddita״ tive. Cognoscit nempe leonis quidditatem, quicunque novit aliquid ejus prædicatum essentiale. Cognoscit autum quidditative non nisi illo qui omnia prædicata quidditativa usque ad ultimam difierentiam novit. Tho passage is given by Mùnscher, ed. by von Colin, L c.
2 Occam (ainsi qu’Alexandre de Hales) part de la position qu’il y a une connaissance positive et négative de Dieu, et en accord avec cela façonne ses définitions, qui, cependant, ne diffèrent que par la forme. Quod-libet Theol. I. Qu. 1) : par exemple, « Deus est aliquid nobilius et aliquid melius omni alio a se et ensuite : « Deus est quo nihil est melius, prius vel perfectius. » La première peut être utilisée comme argument en faveur de l’unité, mais non en faveur de l’existence unique de Dieu, dans la mesure où la seconde idée ne peut pas être prouvée par la démonstration. On peut invoquer la seconde à l’appui de la doctrine de l’existence, mais non de l’unité de Dieu, puisqu’on peut supposer que ces perfections négatives appartiennent à plusieurs individus. De ce point de vue, il réfute les arguments utilisés par les scolastiques antérieurs, en particulier Duns Scot. Seo Münscher, p. 51. Dans le Ccntiloq. concl. 2, il combat les arguments tirés de cette cause première, et il ne donne pas son assentiment à l’argument tiré de « l’uniformité du monde ». C’est ainsi qu’il arrive à la conclusion suivante : Conclusio, quod non sunt plures Dei, non tan-quam demonstrata, sed tanquam probabilior suo opposite tenenda est : eo quod omnes apparentiæ æqualiter apparent, et faciliter possunt salvari tenendo unitatem primæ causæ. Comp. Sent. 1, Dist. 3, Qu. 2 : Nec divina essentia, nec divina quidditas, nec aliquid intrinsecum Deo, nec aliquid, quod est realiter Deus, potest hie cognosci a nobis, ita quod nihil aliud a Deo con-currat in ratione objccti. Deus non potest cognosci a nobis intuitive et puris naturalibus. Baur, Trinitatslehre, ii. Débloquer le niveau 875.
3 Ainsi Gerson a dit (Contra vanam Curiositatem, lectio secunda, T. i. p. 100, cité par Ch, Schmidt, p. 73) : Fides saluberrima et omnis metaphysica tradit nobis, quod Deus est simplicissimus in supremo simplicitatis gradu, supra quam imaginari sufficimus. Hoc dato, quid opus est ipsain unitissimam essentiam per formas metaphysices vel quidditates vel rationes idéales vel alias mille imagi-nandi vias secernere, dividere, constituerc, præscindcre ex parte rei, ut dicunt, et non ex intellectus negotiatione circa cam ? Deus sancto, quot tibi prioritates, quot instantia, quot signa, quot modeitates, quot rationes aliqui ultra Scotum condistinguunt ! Jam mille codices talibus impleti sunt, adco ut longa ætas hominum eos vix sufficiat legere, ne dicam intclligcre. — La théorie de Gerson sur la connaissance de Dieu (c’est-à-dire la connaissance de Dieu par l’amour) a été désignée à juste titre, tant par lui-même que par d’autres théologiens, comme Theologia offectiva (Tract, t. III, t. IV, p. 262). s’exprime ainsi dans son traité : Eine Ausrichtung, wo und wie Gott ist (voir Dicptenbrock das Lcbcn und die Schriften von Heinrich von Suso, 1837. p. 212, c. Iv.) : « La plupart des hommes affirment que l’idée d’espace ne peut pas s’appliquer à Dieu, mais qu’il est tout en tous. Mais maintenant, ouvrez les oreilles intérieures de votre âme, et ouvrez-les en grand. Les mêmes maîtres soutiennent dans la science appelée Logica, que nous pouvons obtenir la connaissance d’une chose par le moyen de son nom. C’est ainsi qu’un certain maître affirme que le nom de l’être est le premier nom de Dieu. Tourne maintenant ton regard vers l’être dans toute sa simplicité, excluant toute notion de tel ou tel être particulier. Considérez l’être en soi ; ne regardez l’être qu’en tant que tel, et tel qu’il n’est pas mélangé avec la non-entité ; car tout ce qui n’a pas d’existence est contraire à ce qui a une existence ; Il en est de même de l’être en tant que tel, car il est contraire à tout ce qui n’a pas d’existence. Tout ce qui a déjà existé, ou qui n’a pas encore existé, n’existe pas maintenant dans une présence essentielle. Or, l’existence ou la non-existence mixte ne peut être connue que par une marque de l’être qui est en tout. Car si nous voulons comprendre quelque chose, la raison rencontre d’abord l’existence, c’est-à-dire l’être qui a fait toutes choses. Ce n’est pas l’existence divisée de telle ou telle créature ; car toute existence divisée se confond avec quelque chose d’autre, c’est-à-dire la possibilité de recevoir quelque chose. D’où il suit que l’être divin sans nom doit être en lui-même l’être qui est tout en tous, et doit conserver tous les êtres composés par son omniprésence. Ibidem, p. 214 : « Maintenant, ouvrez vos yeux intérieurs, et regardez, si possible, l’être [divin] dans toute sa simplicité et sa pureté, et vous verrez qu’il ne doit son existence à personne, qu’il n’a ni avant' ni après, et qu’il ne subit aucun changement ni de l’intérieur, ni de l’extérieur, parce que c’est un être simple. Vous serez alors convaincu que cet être est le plus réel , le plus omniprésent et le plus parfait de tous les êtres, dans lequel il y a un être réel.Il n’y a pas de défaut ni de changement, parce qu’il s’agit d’une seule unité dans une simplicité parfaite. Et cette vérité est si évidente à la raison éclairée de l’homme, qu’elle ne peut en concevoir aucune autre ; car l’un prouve et cause l’autre. Puisqu’il s’agit d’un être simple, il doit nécessairement être le premier de tous les êtres, ne devant son être à personne, et existant de toute éternité ; Puisqu’il est le premier de tous les êtres éternels et simples, il doit être omniprésent. C’est une qualité nécessaire, de la plus haute perfection et de la plus grande simplicité, à laquelle on ne peut rien ajouter ni rien retrancher. Si vous comprenez ce que j’ai dit de la simple Divinité, vous saurez quelque chose de la lumière incompréhensible de la vérité cachée de Dieu. Cet être pur et simple est la cause première de toute existence actuelle ; De son omniprésence particulière, il s’ensuit qu’il comprend tout ce qui est venu à l’existence dans le temps, comme le commencement et la fin de toutes choses. Elle est en toutes choses, et hors de toutes choses. C’est pourquoi un certain maître dit : « Dieu est un anneau circulaire, dont le centre est partout, et dont la périphérie n’est nulle part. » Comparez avec ces expressions le langage de Tauler (§ 163, note 11), de Ruysbroek, cité par Engelhardt, p. 173 (Dieu per sc), et de l’auteur de la Deutsche Théologie, cap. 1, où le point de vue pratique est le plus mis en avant, à savoir la nécessité de mener une vie pieuse, afin de connaître Dieu.
§ 165.
(Panthéisme et théisme.)
L’ingénieux système de Jean Scot Érigène, qui, dans un but purement scientifique, s’efforçait de faire une médiation dialectique entre l’antagonisme de Dieu et le monde (la nature)1, a été si mal compris et mal utilisé par certains de ses proches imitateurs, en particulier par certains de ses proches imitateurs, en particulier Amalrich de Bena, et David de Dinardo, comme pour donner lieu à une adoration grossière de la chair2. Elle fut combattue par Albert le Grand et Thomas d’Aquin3, et condamnée par le concile de Paris (a, d. 1209), et le quatrième concile du Latran(a, d. 1215)4. Les mystiques s’exposaient aussi à l’accusation de panthéisme, plus ou moins justifiée, en affirmant que rien d’autre que Dieu n’a d’existence réelle.5 Mais les plus prévenants d’entre eux retenaient, selon les théologiens orthodoxes, le principe théiste d’une différence entre Dieu et ses créatures, bien qu’ils ne pussent pas toujours prouver scientifiquement ce à quoi ils adhéraient pratiquement6.
1 Dans son Dialogus de Divisione Naturæ , Erigène divise toute la nature (qui comprend tout être) en quatre modes d’existence : 1. Natura creans, sed non creata, c’est-à-dire Dieu ; 2. Natura creans et creata, c’est-à-dire le Fils de Dieu ; 3. Le Natura creata et non creans, c’est-à-dire le monde ; et 4. Natura non creata et non creans, c’est-à-dire Dieu comme objet final de toutes choses. Dans la mesure où Erigène considérait Dieu comme le principe et la cause de toutes choses, il arriva à la conviction que l’essence divine, la bonté, la puissance et la sagesse, ne pouvaient pas être créées par un autre être, parce qu’il n’y a pas d’être supérieur d’où elle pourrait tirer son existence. Mais puisqu’il regarde, d’autre part, l’être divin comme le dernier objet auquel toutes choses tendent, et qui est la fin de leur cours, il en conclut que cette nature n’est ni créée ni créatrice ; car comme tout ce qui est sorti d’elle y retourne, et que toute existence repose en elle, nous ne pouvons pas dire qu’elle crée. Qu’est-ce qu’on peut supposer que Dieu crée, puisqu’il doit être en toutes choses, et qu’il ne peut en même temps se représenter dans aucun autre être qu’en lui-même ? C’est pourquoi il dit , i. 74, p. 42 : Cum audimus, Deum omnia facere, nihil aliud debemus intelli-gere, quam Deum in omnibus esse, hoc est essentiam omnium subsistere. Ipse enim solus per se vere est, et omne quod vere in his quæ sunt dicitur esse, ipse solus est. — Les affirmations suivantes sont très belles, mais facilement incomprises, i. 76׳, p. 43 : Omne quodcunque in crcaturis vere bonum vereque pulcruin et amabile intelligitur, ipse est Sicut enim nullum bonum esscntialc est, ita nullum pulcrum sen amabile essentiale præter ipsum solum. Comp. Tennemann, viii. 1, p. 80, art. Schmid, über den Mysticism us des Mittelalters, p. 123, ss. Frommüller, dans le Tübinger Zeitschrift, 1830, partie 1, p. 58, ss. Staudenmaier, Freiburger Zeitschrift, 1840, iii. 2, p. 272, ss. [Münscher, von Colin, ii. p. 40, 41.] — Qu’il y ait eu aussi un effort vers des modes d’énonciation théistes stricts, parallèlement et en comparaison avec la tendance panthéiste de Scot, c’est ce qui est démontré dans Ritter, Gesch. d. Phil. viii. 242, 286 [Cf. Ritter’s christl. Phil. i. 360-9. Comp. Christlier, ubi supra, qui donne des illustrations complètes et des comparaisons avec les vues modernes. Erigena nie que l’un ou l’autre des cLes catégories peuvent être correctement appliquées à Dieu, De Div. Nat. i. 15 : Si aliqua catcgoriarum de Deo propria prædicaretur, necessario genus esse Deus sequeretur, Deus autem nec genus, nec species, nec accidens est. Ibid.. i. 37 : Non proprie, sed modo quodam translationis omnia de Deo prædicau-tur. Ibid. i. 73 : Non aliud Deo esse et velle et facre et amare et diligere et videre , cæteraque hujusmodi, quæ de eo, ut dixmus, possunt prædicari, sed hæc omnia in ipso unum idipsumque accipiendum, suamque ineffabilem essen-tiam eo modo, quo se significari sinit, insinuant. Ibid. L 75 : Videt se ipsum et videtur a 8e ipso, in se ipso et in nobis ; ncc tamen videt se ipsum, nec videtur a se ipso, in se ipso et in nobis, sed pins quam videt et videtur in 8e ipso, Et dans Nobis.]
2 Comp. § 153, note 4. De la proposition que celui qui est dans l’amour est aussi en Dieu, ils ont inféré que « ce qui est fait dans l’amour n’est pas un péché : c’est pourquoi Voler, voler, commettre la luxure, etc., n’est pas un péché, s’il est fait dans l’amour. Comp. Ditmars Chronik, édité par Grautoff dans Hurter, Inno-cenz III., vol. II. p. 238, ss. César de Heisterbach (a. d. 1222), De Mirac-ulis, lib. v. c. 22 : Si aliquis est in Spiritu sancto, ajebant, et faciat fornicationem, aut aliquæ alia poilutione polluatur : non est ei peccatum, quia ille Spiritus, qui est Deus omnino separatus a carne, non potest peccare quamdiu ille Spiritus, qui est Deus, est in eo, ille operatur omnia in omnibus. Engelhardt , Kirchenhistorische Abhandlungcn, p. 255, ss. Voir aussi § 184. (Gieseler , Church Hist ii. § 74, note g.) [La doctrine de David Dinanto, dit Baur , Dogmengesch. 248, note, était sans aucun doute la même que celle d’Avicebron, dans l’ouvrage nouvellement découvert, De Materia Universali, ou Fons Vitæ, que Seyerlen a fait connaître dans le Theol. Jahrbuchcr (Tubing.), 1856. L’idée fondamentale est celle de la matière dans son unité avec la forme, et l’unité de l’une et de l’autre avec Dieu.
3 [Albert M. Summæ theol. P. i. Tract iv. Qu. 20. Thom, Aq, Sentent lib. it Dist 17, Qu. 1, art 1 : Quomodam antiquorum philosophorum error fuit, quod Deus esset de essentia omnium rerum. Ponebant enim, omnia esse unum simplicitér, et non differre, nisi forte secundum sensum vel æsti-mationem, ut Parmenides dicit ; et illos etiam antiquos philosophos secuti sunt quidam modérai, ut David de Dinando. Divisit enim res in partes très, in corpore, animas, et substantias æternas separatas. Et primum indivisibile, ex quo constituuntur corpora, dixit υλη, h. e. materiam. Primum autem in-divisibile, ex quo constituuntur animæ, dixit νους h. e. mentem. Primum autem indivisibile in substantiis æternis dixit Deum : et hæc tria esse unum et idem. Ex quo iterum consequitur, esse omnia, per essentiam, vocem.]
4 [Comp. Münscher, éd. par von Colin, t. II, p. 42.]
5 Maître Eckart s’est approché du panthéisme grossier plus près que n’importe quel autre mystique. Il a dit : « Dieu n’est rien, et Dieu est quelque chose. Ce qui est quelque chose n’est rien non plus ; ce que Dieu est, il l’est tout entier. (Sermon sur la fête de la conversion de saint Paul, fol. 243, b. cité par Schmidt dans les Studien und Kritiken, 1839, 3e partie, p. 692.) — « Il (Dieu) a en lui la nature de toutes les créatures ; il est une essence, qui a toutes les essences en lui. » Tout ce qui est dans la Divinité est, est un, et nous ne pouvons pas en parler. C’est Dieu qui agit, mais non la Divinité ; il n’a pas de quoi travailler, en lui il n’y a pas de travail. Il y a la même différence entre Dieu et la Divinité qu’entre travailler et ne pas travailler. (Sermon sur le jour de l’exécution de Jean-Baptiste, fol. 302, a. cité par Schmidt, 1. c. 693.) — Selon Eckart, Dieu ne devient Dieu que par l’œuvre de la création. « Avant la création du monde, Dieu n’était pas Dieu, il était ce qu’il était ; Dieu n’était pas non plus Dieu en lui-même, après que les créatures eurent été créées, mais il n’était que Dieu en elles. (Deuxième sermon de la Toussaint, foL 307, a. Schmidt, 1. c. p. 694.) Le panthéisme est un grand et noble phénomène qui nous trompe par un charme particulier, chez ceux qui brûlent d’amour et qui s’enivrent, pour ainsi dire, du sentiment de Dieu et de la contemplation des choses divines. Mais là où elle n’est que le résultat de conclusions subtiles et de définitions philosophiques, ou le rêve orgueilleux, mais confus, d’un sentiment religieux indéfini, elle perd ses grandes relations et sa mystérieuse poésie ; et ces fautes que nous nous sentions autrefois disposés à négliger, deviennent maintenant manifestes, à· Et avec toutes les contradictions dans lesquelles ils nous entraînent ? 1 Schmidt, 1. c.
6 Suso a montré d’une manière très caractéristique qu’une disposition panthéiste n’était rien d’autre qu’une excitation passagère du sentiment, qui doit d’abord s’apaiser (dans une citation donnée par Diepenbrock, p. 189). puisqu’il était autrefois lié, et qu’il ne pouvait faire libre usage de sa noblesse naturelle. Lorsqu’il ouvre alors les yeux de son esprit, lorsqu’il goûte d’autres plaisirs meilleurs, qui consistent dans la perception de la vérité, dans la jouissance du bonheur divin, dans la compréhension du présent de l’éternité , etc., et lorsque l’esprit créé commence à comprendre une partie de l’esprit éternel et incréé à la fois en lui-même et en toutes choses, alors il est merveilleusement ému. En s’examinant lui-même et en réfléchissant à ce qu’il était autrefois et à ce qu’il est maintenant, il se souvient qu’il était un homme pauvre, impie et misérable, qu’il était aveugle et qu’il vivait loin de Dieu ; mais maintenant il lui semble qu’il est plein de Dieu, qu’il n’y a rien qui ne soit Dieu ; de plus, que Dieu et toutes choses sont une seule et même chose. Il se met alors à l’œuvre avec tant d’empressement, qu’il s’excite dans son esprit comme le vin en état de fermentation, qui n’a pas encore formé de sédiment, etc. « De tels hommes sont comme des abeilles qui font du miel : lorsqu’ils sont adultes, et qu’ils sortent pour la première fois de leurs ruches, ils volent d’une manière irrégulière, ne sachant où aller ; Certains prennent la mauvaise direction et se perdent, mais d’autres reviennent au bon endroit. Ainsi en est-il des hommes dont nous avons parlé plus haut, lorsqu’ils voient Dieu comme tout en tous, sans que leur raison soit réglée, etc. Gerson défendit avec acuité la distinction entre Dieu et la créature ( même si elle était hautement favorisée) en opposition à Ruysbroek et à Eckart, bien qu’il ne fût pas toujours cohérent avec lui-même. Comp. Hundeshagen, p. 62, par. Tauler soutenait (Predigtcn, t. I, p. 61), que « rien n’empêchait tant l’âme de connaître Dieu que le temps et l’espace : le temps et l’espace sont à son avis des parties, mais Dieu est un ; c’est pourquoi, si l’âme veut connaître Dieu, il faut qu’elle le connaisse au-delà du temps et au-delà de l’espace, car Dieu n’est ni ceci ni cela, comme le sont ces choses multiples, mais il est un. L’affirmation de Wessel que « Dieu seul est, et que toutes les autres choses sont ce qu’elles sont, par » (De Orat. III. 12, p. 76), et quelques autres de ses déclarations, pourraient conduire à supposer qu’il était aussi panthéiste ; mais comparez, d’autre part, l’observation appropriée d’Ullmann , p. 230, note.
a. La relation de Dieu avec le temps, l’espace et Nombre. (L’Omniprésence, l’Éternité et l’Unité de Dieu.)
Les écrits de Jean Damas1 et de ses successeurs dans l’Église grecque2 contiennent moins d’amples définitions et classifications des attributs, que les travaux de la les écoliers, qui sont très nombreux sur ce point. Bien qu’Anselme et d’autres aient insisté sur l’importance de la proposition Augustin, que les attributs de Dieu non seulement forment un tout, mais qu’ils sont aussi identique à l’essence divine elle-même, et ne peut donc pas être considérée comme quelque chose d’étranger et de multiple, qui n’est attaché qu’à Dieu3, la tendance spéculative et systématisée des scolastiques les a souvent conduits à perdre de vue cette simple vérité. En ce qui concerne l’omniprésence de Dieu, certains, par exemple, g., Hugo et Richard de Saint-Victor, défendirent l’omniprésence substantielle parmi les attributs métaphysiques de Dieu ; Anselme a mis l’accent sur l’éternité et l’omniprésence; la première montrait qu’il ne pouvait y avoir en Dieu ni Aliqando ni Alicubi au sens propre du terme4, en opposition à la simple vue dynamique, tandis que d’autres s’efforçaient d’unir les deux5. Une différence a également été entre l’éternité de Dieu et une simple sempiternitas, dont cette dernière peut être attribuée même aux créatures (e. g., les anges et les âmes des hommes)6. Et enfin, on affirmait que l’unité de Dieu, que beaucoup d’écoliers comptaient parmi ses attributs, ne devait pas être considérée comme une simple grandeur mathématique. Les théologiens de l’Église grecque en étendant l’idée d’une unité numérique à celle d’une unité ce qui est au-dessus de toutes les autres choses7.
1 Jean Damascène, De fide Orth., i. 4 : Ils sont infinis, incompréhensibles, incompréhensibles, et cela seul intelligible, ou infini et incompréhensible ; Ce que nous ne disons pas de Dieu par l’affirmative, la nature, mais les choses de la nature. Ni bon, ni juste, ni même sophon, même que si tu as dit une chose, tu diras Dieu, mais qu’est-ce qui est de la nature. Et Tina affirmative ; comme il est dit de Dieu, puissance de décision suprême Ixon-olov, ténèbres qui sont dites de Dieu, que les ténèbres sont comprises, mais qu’elles ne sont pas la lumière, mais à cause d’elles lumière; et la lumière, afin qu’il n’y ait pas de ténèbres. Comp, cap 9 : Le soufre est simple et incomposite de nombreux contextes différents, composites. Ils sont incréés, anarchiques, incorporels et immortel et éternel et bon et créatif et si essentiel Nous disons de Dieu, à partir de tant de contextes, qu’ils ne sont pas simples, mais composite Δπερ de l’Impiété Ultime Estin. Utilisation de chacune des choses dites par Dieu, ce qu’est essentiellement ce que l’on entend par oiesthai, ou ce qu’ils signifient, la relation à ce qui s’oppose, ou à ce qui est accessoire à la nature, ou énergie. Comp. cap. 19, et ce qui a été dit § 164, note 1.
2 Comp. Ullmann, Nicolaus von Methone, etc., p. 69, ss., et § 164, note 1.
3 Monol. c. 14 à 28. Hasse, ii. 127, sq. Dieu n’est pas seulement juste, mais il est la justice même, etc., ch. 16 : Quid ergo, si ilia summa natura tot bona est, eritne composita tot pluribus bonis, an potius non sunt plura bona, sed unum bonum tarn pluribus nominibus significatum !.... Igitur Ilia Natura nullo Modo Composita Sit et Tamen Omni Modo Tot Ilia bona sit [sint], ne-cesse est, ut ilia omnia non plura, sed unum sint. Idem igitur est quodlibet unum illorum quod omnia [am] sive simul, sive singula, ut dicitur vel justitia vel essentia, idem significet quod alia, vel omnia Sim, Vel Singula. Ch. 18 : Vita et sapientia et !cliqua non sunt partes tui, Sed omnia are unum, et unumquodque horum est totum quod es, et quod are RCLIQUA omnia. Hugo de Saint-Victor adopta des vues analogues, voir Liebner, p. 371. Comp, aussi Abélard, Thcolog. Le Christ, iii. p. 1264 : Non itaque sapientia in Deo vel sub-stantialis ei forma vel accidcntalis, imo sapientia ejus ipse deus est. Idem de potentia Ejus sentiendum est et de cæteris quæ ex nominum affinitate formæ esse videntur in Deo quoque sicut in creatureuris, etc. Alanus dit aussi, 1. c. art. 20 (cité par Pez, i. p. 484) : Nomina enim ista : potentia potens, sapientia sapiens, neque formam, neque proprietatem, neque quicquid talium deo attribuere possunt, Simplicissimus Deus in USA Natura Nihil sit Talium Capax. ergo ratiocinandi De dco causa nomina nominibus copulamus, nihil quod non sit ejus essentia prædicamus, et si transsumtis nominibus de Deo quid credimus, improper balbutimus. [S’assombrit Scot, Comm. dans Sent 1, Dist 8, Qu. 4, maintient une différence réelle dans les attributs : par exemple, dans l’application à la Trinité. Comp. Baur, ubi supra, p. 249.]
4 Voir Monolog, c. 18 , sq. Anselme de Hasse*, ii. 134, sq. — De Dieu, nous pouvons dire Est, et non, Fuit ou Erit. Le temps et l’espace ne sont pour lui pas de limites : comp. Proslog. c. 19. Hasse, ii. 282 , sq. Ainsi, en ce qui concerne l’omniscience, Dieu n’a pas sa connaissance des choses, mais les choses ont leur être de Dieu.
5 Hugo de Saint-Victor, De Sacram. Lib. i. P. ii. c. 17 : Deus substantialiter sive esscntialiter et proprie et vere est in omni creatura, sive natura sine sui definitionc et in omni loco sine circumscriptione ct omni tempori sifle vicia-situdine vel mutationc. Est ergo, ubi est, totum, qui continet totum et pénétrât totum ; voir Liebner, p. 372. De la proposition que Dieu est potentialiter en toutes choses , Richard de Saint-Victor a tiré la conclusion qu’il existe aussi esscntialiter en elles ; de Trin. ii. 24, voir Engelhardt, p. 174. Il est au-dessus de tous les cieux, et pourtant il y est en même temps ; il est dans tout ce qui est corporel et spirituel, dans tout ce qu’il a créé, et gouverne selon sa volonté. — Cette notion d’une présence essentielle de Dieu était sensiblement la même que celle de Peter Lombard, bien qu’il ait reconnu que c’était au-dessus de l’entendement humain ; Sent. i. Dist. 27, g. Selon Alexander Hales, Dieu est en toutes choses, mais il n’est pas inclus dans celles-ci ; il est sans toutes choses, mais il n’en est pas exclu. Dieu existe dans les choses d’une triple manière ; essentiel !ter, præsentialiter, potentialiter ; Ces trois modes, cependant, ne diffèrent pas par eux-mêmes, mais seulement dans l’idée que nous nous faisons d’eux. Dieu n’existe pas en toutes choses de la même manière, par exemple, dans ceux dont les péchés sont pardonnés, dans les sacrements, etc. La question était également posée La grâce de Dieu peut-elle être dans le corps de l’homme avant sa l’union avec l’âme ? etc., voir Cramer, vii. p. 295, 7. Les définitions de Thomas d’Aquin sont basées sur le système d’Alexandre ; Summa 1, Qu. 8, art. 1, (cité par Mun8ch er, éd. par von Cblln, p. 49) : Deus est in omnibus rebus, non quidem sicut pars Essentiæ, vel sicut accidens, sed sicut agens adest ei in quod agit. Oportet enim omne agens conjungi ei, in quod immediate agit, et sua virtute illud contingere........ Art 2 : Deus omnem locum replet, non sicut corpus......Immo per hoc replet omnia loca, quod dat esse omnibus locatis, quæ replent omnia loca. Art. 3 : Substantia sua adest omnibus ut causa essendi, etc. Art. 4 : Oportet in omnibus esse Deum, quia nihil potest esse nisi per Le schéma dynamique (virtuel) des Thoinistes s’opposait à l’idéal point de vue des Scotistes. Reportez-vous à la section . Münscher, éd. par von Colin, ii. p. 50. — Bonaventura, Comp. Theol. (Edit. Mogunt. 1609, p. 695,) dit : Ubique Deus est, tamen nusquam est, quia nec abest ulli loco, nec ullo capitur loco (août.). Deus est in mundo non inclusus, extra mundum non ex-clusus, supra mundum non elatus, infra mundum non dcpressus. Ex his patct, quod Deus est intra omnia, et hoc quia omnia replet et ubique præsens est. Ita extra omnia est, quia omnia continet, nec Usquain Valet Coarctari. Sed nota, quod hæc propositio, « extra », dicit ibi non actualem prœsentiam ad locum, sed potentialem, quæ est Dei immcnsitas, quæ infinites mundos potest replere, si essent. Idem ipse est supra omnia, quia omnibus præstat nec aliquid ei æquatur. Infra de l’article omnia est, quia omnia sustinet et sine ipso nihil subsisteret. Dicimus etiam, quod ubique est, non ut indigent rebus, quod ex eis sit, sed potius res sui indigcant, ut per eum subsistant...... Sciendum est ergo, ut aliquid est in loco circumscriptive et diffinitive, ut corpus ; aliquid diffinitive, non circumscriptive, ut angelus ; aliquid nec sic, nec sic, ut Deus, et hoc ideo, quia non individuatur per materiam, ut corpus, neque per suppositum, ut Angelus. Aliquid est etiam in loco, partira circum-scriptivc, partira definitive, ut Corpus Christi à Sacramento...... Corpus autem Christi...... à pluribus tamen locis est...... sed non ubique...... Nota, quod Deus est multipliciter in rebus, scilicit per naturam : et sic est ubique potentialiter, præsentialitcr, essentialitcr. Item per gratiam ; sic est in bonis ...... Item gloriain pour animaux de compagnie ; Sic De plus, il n’y a pas d’autre moyen Virtute aniraæ, ut veritas, in con-cupiscibili, ut bonitas, in Irascibili, ut potestas. Article par unionem ; sic fuit in utero virginis unit humanæ naturæ, et in sepulcro unites carni, et in inferno unites animæ Christi, Ils allèrent même jusqu’à demander si et de quelle manière Dieu était dans le diable? et de répondre par l’affirmative , en tant que le diable est composé de la nature et de l’esprit ! — Saint Bernard dit dans ses Méditations (cap. i. cité par Bonaventura, 1. c.) : Deus in creaturis mirabilis, in hominibus amabilis, in angelis desirabilis, in se ipso incomprehensibilis, in reprobis intolerabilis, item in damnatis ut terror et l’horreur. — Tauler aussi distinction entre la présence de Dieu dans les choses, et celle dans les hommes : Dieu n’est pas moins présent dans un morceau de bois et de pierre que dans les hommes, mais les premiers sont sans en avoir conscience. Si le morceau de bois connaissait Dieu, et sentait sa proximité, même tel que les anges les plus élevés le connaissent, l’un serait tout aussi heureux que l’autre. L’homme est plus heureux qu’un morceau de bois , parce qu’il reconnaît Dieu, etc. p. 58 et 59.) [Comp, aussi Anselme, Monol. c. 22. Albertus Magnus, Sumina, P. i. Qu. 70, Membr. 1.]
6 C’est ce qui a été fait, par exemple. g., par Alerandar Hales, voir Cramer, 1. c. p. 209, ss. * Comp. Bonaventura, Comp. i. 18. Il définit æternitas (à l’exemple de Boèce) comme interminabilis vitae tota simul et perfecta possessio (intermi nabi litas).
7 Jean Damas, De fide Orth. i. 5. Nicolas de Méthone, Réfut., p. 25 (cité par Ullmann, 1. c. p. 72), dit : « Quand nous appelons l’unité [Dieu] commencement, nous n’entendons pas faire une comparaison entre elle et ce qui est postérieur au commencement ; pour C’est la même raison pour laquelle nous n’utilisons pas simplement le terme de « commencement », le qualifier, mais nous disons le début excessif ; Nous ne restreignons pas non plus au terme « unité » en tant que tel, mais nous l’appelons l’unité totale ; Et au lieu du premier, et tout d’abord , nous disons le plus grand, au lieu du plus grand ou du plus grand, nous employons le terme trop grand ? Il appelait Dieu le ύπερέν et utilisait même l’expression υπέρ-Θεός μονάς καϊ τριάς (Réfut. 26). Comp. Hugo de Saint-Victor, cité par Liebner, p. 371 ; il entendait par unité non pas l’unité numérique, mais aussi la simplicité (vera unitas) et l’immuabilité (summa unitas). [Abélard, Aupied, dans Theol. L. iii. 2 : Nulla tanta fieri concordia, vel regi possunt, quanta ilia quæ unus tantum vel condit, vel régit. Richard de Saint-Victor, de Trin. Lib. i. 14.]
§ 167.
L’application de la connaissance et de la puissance divines aux choses hors de Dieu a facilement donné lieu à des notions anthropomorphiques et à des subtilités absurdes1, qu’il était préférable d’éliminer en considérant les attributs de la toute-puissance et de l’omniscience non pas comme des attributs séparés, mais dans leur relation avec l’essence divine. Anselme2 et Abélard3 étaient d’accord pour affirmer que Dieu peut faire tout ce qui peut être fait sans nuire à sa perfection infinie ; Pierre Lombard, Hugo de Saint-Victor, Richard de Saint-Victor, et d’autres, adoptèrent le même point de vue.4 La connaissance de Dieu a ensuite été considérée comme immédiate et omniprésente, et une distinction a été faite entre l’aspect de cette connaissance qui se rapporte aux choses (comme habitus) et celui qui se rapporte à lui-même (comme actus).5 Respectant la toute-puissance divine certains, e. g., Abélard, soutenait que Dieu ne pouvait rien faire d’autre et rien de meilleur que ce qu’il fait réellement6; d’autres, e. g, Hugo de Saint-Victor, a pensé que cette assertion était blasphématoire, parce que la puissance infinie de Dieu est ainsi renfermée dans certaines limites.7
1 e. g, Dieu pourrait-il défaire ce qui est fait ? pourrait-il changer une prostituée en une vierge pure ? et d’autres questions absurdes semblables ; voir les passages cités § 152, note 5, de l’œuvre d’Érasme.
2 C’est ainsi qu’Anselme affirma, en réponse à la question de savoir si Dieu pouvait mentir, s’il le voulait. (Cur Deus Homo, i. 12) : Non sequitur, si Deus vult mentiri, justum esse mentiri, sed potius Deum ilium non esse, Nam nequaquam potest velle mentiri voluntas, nisi in qua corrupta est veritas, imino quæ deserendo veritatem corrupta est. Cum ergo dicitur : Si Deus vult men-tiri, non est aliud, quam : Si Deus talis est naturæ, quæ velit mentiri, etc. Comp. ii. 5 : Denique Deus nibil facit necessitate, quia nullo modo cogi-tur aut prohibetur aliquid facere. Et cum dicimus Deum aliquid facere, quasi necessitate vitandi inhonestatem, quam utique non timet, potius in-telligendum est, quia hoc facit necessitate servandæ honestatis, quæ scilicet nécessitas non est aliud, quam immutabilitas honestatis ejus, quam a se ipso et non ab alio habet ; et idcirco improprie dicitur nécessitas. Ibid. 18 : Quo-ties namque dicitur Deus non posse, nulla negatur in eo potestas, sed insuper-abilis significatur potentia et fortitudo. Non enim aliud intelligitur, nisi quia nulla res potest efficere, ut agat ille, quod negatur posse. Nam multum usitata est hujusmodi locutio, ut dicatur res aliqua posse, non quia in ilia, sed quoniam in alia re est potestas ; et non posse, non quoniam in ilia, sed quia in alia re est impotentia. Dicimus namque : Istc homo potest vinci, pro : Aliquis potest eum vincere, et : Ille non potest vinci, pro : Nullus cum vincere potest. Non enim potestas est, posse vinci, sed impotentia, nec vinci non posse impotentia est, sed potestas. Nec dicimus Deum necessitate facere aliquid, eo quod in illo sit ulla nécessitas, sed quoniam est in alio sicut dixi de impotentia, quando dicitur non posse. Omnis quippe nécessitas est aut coactio, aut prohibitio, quæ duæ necessitates convertuntur invicem contrarie, sicut necesse et impossibile. Quidquid namque cogitur esse, prohibetur non esse, et quod cogitur non esse, prohibetur esse ; quemadmodum quod necesse est esse, impossibile est non esse, ct quod necesse est non esse, impossibile est esse, et conversim. Cum autem dicimus aliquid necesse esse aut non esse in Deo, non intelligitur, quod sit in illo nécessitas aut cogons, aut prohibons, sed significatur, quod in omnibus aliis rebus est nécessitas prohibons eas facere, et cogens non facere ; contra hoc, quod de Deo dicitur. Nam cum dicimus, quod necesse est Deum semper verum dicere, et necesse est eum . nunquam mentiri, non dicitur aliud, nisi quia tanta est in illo Constantia ser-vandi veritatem, ut necesse sit, nullum rem facere posse, ut verum non dicat, aut ut mentiatur. 7 :...... Inde verius es omnipotent, quia potes nihil per impotentiam ct nihil potes contra te. Hasse , ii. 274 , sq. De Concord. Præsc. et Præd. P. i. c. 2, ss. (où la question est discutée, jusqu’à quel point le terme nécessitas peut être appliqué à Dieu). En ce qui concerne la connaissance de Dieu, Anselme (à l’exemple d’Augustin) s’est efforcé de prouver que Dieu ne connaît pas les choses parce qu’elles sont, mais qu’elles sont parce qu’il les connaît, ibid. c. 7.
3 Si différentes que soient les théories générales d’Abélard et d’Anselme, elles étaient d’accord sur ce point. Abel, Theol. Christ v. p. 1350 (edit. Martène) : Quærendum itaque primo videtur, quomodo vere dicatur omnipotens, si non possit omnia efficere ; aut quomodo omnia possit, si quædam nos possumus, quæ ipse non possit Possumus autem quædam, ut ambulare, loqui, sentire quæ a natura divinitatis penitus aliéna sunt, necessaria istorum instramenta nullatenus habere incorporea queat substantia. Quibus quidem ob-jectis id prædicendum arbitrer, quod juxta ipsos quoque philosophes, et communis sermonis usum, numquam potcntia cujusque rei accipitur, nisi in his, quæ ad cominodum vel dignitatem ipsius rei pertinent. Nemo enim hoc potcntiæ hominis députât, quod ille supcrari facile potest, imino impotentiæ et débilitât ! ejus quod minimi suo resist potest incommodo, et quicquid ad vitium hominis vergit, magisque personam improbat quam commendat, im-potcntiæ potius quam potcntiæ adscribendum est...... Nemo itaque Deum impotentem in aliquo diccre præsumat, si non possit pcccare sicut nos pos-eumus, quia ncc in nobis ipsis hoc potcntiæ tribuendum est, sed infirimitati. ..... P. 1351 :...... Sicut etiam quædam, quæ in aliis rebus potentiæ dcputanda sunt, in aliis vero minime...... Inde potentem hominem comparatione aliorum hominum diceremus, sod non ita leonem vel elephantem. Sic in homine, quoad ambulare valet, potcntiæ est adscribendum, quoniam ejus necessitudini congruit, nec in aliquo ejus minuit dignitatem. In Deo vero, qui sola voluntate omnia complet, hoc omnino superfluum esset, quod in nobis nccessarium est, atque ideo non potentiæ, sed vitio penitus tribuen-dum esset in eo, præsertim hoc in multis excellcntiæ ipsius derogaret, ut ambulare videlicet posset...... Non absurde tamen et de his omnibus, quæ efficere possumus, Dcum potentum prædicabimus, ct omnia quæ agimus, ejus potentiæ tribuemus, in quo vivimus, inovemur ct sum us. Et qui omnia operator in omnibus (utitur enim nobis ad cfficiendum quæ vult·, quasi instrumentis) et id quoque facere dicitur, quæ nos facere facit, sicut dives aliquis turrem componere per opificcs quos adhibet, et posse omnia efficere dicitur, qui sive per se sive per subjcctam crcaturam omnia, quæ vult ct quomodo vult, operator, et ut ita fiant, ipse etiam facit. Nam etsi non potest ambulare, tamen potest facere, ut ambuletur.......Posse itaque Deus omnia dicitur, non quod omnes susciperc possit actiones, sed quod in omnibus, quæ fieri velit, nihil ejus voluntati resist queat♦ Comp. Baur, Trinitatsl. ii. 487 , sq., [Comp, aussi Neander, Hist. Dogmas, 501-6.]
♦ Abélard, parlant de la Trinité, attribuait la toute-puissance principalement au Père, sans la nier cependant du Fils ou de l’Esprit. Comp. § 1T0.
4 Hugo de Saint-Victor, De Sacram. Lib. i. C. 22 : Deus omnia potest, et tamen se ipsum destrucre non potest. Hoc enim posse, posse non esset, sed non posse. Itaque omnia potest Deus, quæ posse potentia est. Et ideo vere omnipotens est, quia impotens esse non potest. Comp. Li’bner, p. 367.— Peter Lombard, Sentent, i. Dist. 42, E. : Deus omnino nihil potest pati, ct omnia facere potest præter ea sola, quibus dignitas ejus lædcretur ejusque exccllentiæ derogaretur. In quo tamen non est minus omnipotens : hoc enim posse non est posse, sed non posse. Comp. Mùnscher, éd. par von Colin, ii. p. 47, 48, où d’autres passages sont cités des écrits de Richard de Saint-Victor, de Trin. L. I. c. 21 ; Alexander Hales, Summa, I. qu. 21, Membr. 1, art 2 ; Albertus Magnus, Summa, P. I. qu. 77, Membr. 1 ; et Thomas d’Aquin, Summa, P. I. qu. 25, art. 3.
5 Hugo de Saint-Vtcior (cap. 9, 14-18, cité par Licbncr, p. 363, 364), s’exprimait ainsi : « Toutes les choses qui ont été créées par Dieu dans le temps, ont existé incréées en lui de toute éternité, et lui étaient connues pour cette raison même, parce qu’elles existaient en et lui étaient connus de la manière même dont ils existaient en lui. Dieu ne savait rien de lui-même, parce qu’il comprenait toutes choses en lui-même. Ils n’étaient pas en lui, parce qu’ils devaient venir à l’existence à une époque future ; le fait qu’ils aient été conçus pour exister dans le temps à venir n’était pas la cause de leur existence en Dieu, et ils n’ont pas non plus été créés dans le temps parce qu’ils existaient en Dieu, comme si l’éternel n’aurait pas pu exister sans le temporel. Au contraire, la première aurait existé sans la seconde, mais elle n’aurait eu aucun rapport avec la seconde, si elle n’avait pas existé comme quelque chose qui devait être dans l’avenir. Il y aurait toujours eu la connaissance d’une existence, c’est-à-dire d’une existence en Dieu, mais non d’une existence future ; Mais la connaissance du Créateur n’aurait donc pas été moins complète, parce qu’on pouvait seulement dire qu’il n’avait pas de prescience de ce qui n’était pas futur. — D’après Alezander Hales, Dieu connaît toutes choses par lui-même et en lui-même ; car si Dieu les connaissait par le moyen de quelque chose d’autre, alors le fondement de sa connaissance serait une perfection existant en lui, et il ne pourrait pas être l’être le plus parfait s’il devait quelque chose à un autre être. Dieu connaît toutes choses à la fois ; car il voit toutes choses en lui-même, et puisqu’il se connaît lui-même immédiatement et complètement, il est évident qu’il connaît toutes choses en lui-même à la fois et parfaitement. Les choses elles-mêmes peuvent être multipliées ou diminuées, mais non la connaissance de Dieu : celle-ci est immuable ; voir Cramer, vii. p. 240.— Bonaventura, Comp. i. 29 : Scit Deus omnia præsentialiter et simul, perfecte quoque et immutabiliter. Præsentialiter dico, hoc est, ita limpide ac si cuncta essent præsentialiter existentia. Simul etiam scit omnia, quia videndo se, qui sibi præsens est, omnia videt. Perfecte quoque, quia cognitio ejus nec potest augeri, nec minui. Scit et immutabiliter, quia noscit omnia per naturam sui intellectus, qui est immutabilis. Dicendum ergo, quod Deus cognoscit temporalia æternaliter, mutabilia immutabiliter, contingcntia in-fallibiliter, create increate, alia vero a se, in se et per sc. Comp. Brev. i. 8. — Thomas d’Aquin, Quæst. xiv. 4......In Deo intellectus et id, quod intelligitur, et species intclligibilis et ipsum intelligere sunt omnino unum et idem. Unde patet per hoc, quod Deus dicitur intelligcns, nulla multiplicités ponitur in ejus substantia. Comp. art. 13 ה Deus autem cognoscit omnia contingcntia, non solum prout sunt in suis causis, sed etiam prout unum-quodque eorum est actu in sc ipso. Et licet contingcntia fiant in actu sue-cessive, non tamen Deus successive cognoscit contingentia, prout sunt in suo esse, sicut nos, sed simul : quia sua cognitio mcnsuratur æternitatc, sicut etiam suum esse. Æternitate autem tota simul existons audit totum tempus ...... Where omnia, quæ sunt in tempore, sunt Deo ab æterno præsentia, non solum ea ratione, qua habet rationes rerum apud se præsentes, ut quidam dicunt, sed quia ejus intuitus fertur ab æterno super omnia, prout in sua præ-scntialitatc. Where manifestum est, quod contingentia et infallibiliter a Deo cognoscuntur, in quantum subduntur divino conspectui secundum suam præ-sentialitatem,.et tamen sunt futura contingentia suis causis comparata...... Ea, quæ temporaliter in actum redacuntur, a nobis successive cognoscuntur in tempore, sed a Deo in æternitate, quæ est supra tempus.. . Sicut ille, qui vadit per viam, non videt illos, qui post eum veniant, sed ille, qui ab aliqua altitude totam vitam intuetur, sim videt omnes transeuntes per viam · Sur la relation entre la connaissance et la prescience, voir Jean de Salisbury ( 2). 21. (Max. Bibl. xxiii. p. 268.) Un exemple de raisonnement subtil est donné par Liebner, 1. c. p. 365, note.
6 Abélard, Théol. Christ, v. p. 1354.......Facit itaque omnia quæ potest Deus, et tantum bene quantum potest ...... Necesse est, ut omnia quæ vult, ipse velit ; Sed nec inefficax ejus voluntas esse potest : necesse est ergo, ut quæcunque vult ipse perficiat, earn videlicet sumamus voluntatem, quæ ad ipsius pertinet ordinationem. Istis ergo rationibus astruendum videtur, quod plura Deus nullatenus facere possit quam faciat, aut melius facere, aut ab his cessare, sed omnia ita ut facit necessario facere. Sed rursus singulis istis difficillimæ occurrunt objectiones, ut utroque cornu graviter fidem nos-tram oppugnet complexio. Quis enim nega audeat, quod non possit Deus eum qui damnandus est salvare, aut meliorem ilium qui salvandus est facere, quam ipse futurus sit collatione suorum donorum, aut omnino dismississe,ne eum unquam crearet ? Quippe si non potest Deus hunc salvare, utique nec ipse salvari a Deo potest. Necessaria quippe est hæc reciprocationis conse-cutio, quod si ipse salvatur a Deo, Deus hunc sal vat. Unde, si possibile est hunc salvari a Deo, possibile est Deum hunc salvare. Non enim possibile est antecedens, nisi possible sit et consequens : alioquin ex possibili impossi-bile sequeretur, quod omnino falsum est...... Comp, la partie suivante du chapitre. C’est ainsi qu’il arrive à la conclusion suivante : Quicquid itaque facit (Deus), sicut necessario vult, ita et necessario facit.
7 Sur l’opposition d’Hugo de Saint-Victor à l’optimisme d’Abélard (par lequel il était forcé de supposer une plus grande étendue de la puissance divine que de la volonté divine), comp. Liebner, p. 100. 367 368.
§ 168.
Les soi-disant attributs moraux de Dieu, c’est-à-dire sa sainteté, sa sagesse, sa justice et sa bienveillance, étaient traités en relation avec d’autres doctrines, et parfois de manière à donner l’apparence de contradictions1. De même que la connaissance de Dieu ne fait qu’un avec son être, de même sa volonté, dont l’objet final ne peut être que le bien absolu, c’est-à-dire Dieu2. Les mystiques aimaient à descendre dans la profondeur de l’amour divin et s’efforçaient de l’expliquer à leur manière3, tandis que les scolastiques proposaient des questions merveilleuses sur cet attribut de Dieu, qui admet le moins d’être discuté dialectiquement.4
1 C’était le cas de la justice, de la toute-puissance et de l’amour de Dieu en référence à la théorie de la satisfaction. Anselme, Cur Deus homo i. c. 6-12, et Proslog. c. 8 : voir le § précédent, note 1. Hasse, ii. 275, sq. \Ritschl. dans Jahrb. £. deutsche Theol. 1860, pp. 584-595.]
2 Thomas d’Aquin, Summa P. I. Qu. 19, art. 13 : Voluntas divina neces-sariam habitudinem habet ad bonitatem suam, quæ est proprium ejus objectum, On a soulevé la question de savoir si Dieu a un liberum arbitrium, puisque tout est nécessaire en lui. Thomas a décidé que Dieu est libre à l’égard de ce qui n’est pas une détermination essentielle de sa nature, c’est-à-dire à l’égard de l’accidentel, du fini. Mais en ce qui le concerne, il est déterminé par sa propre nécessité, comp, art 10, et Baur, Trinitâtslehre, ii. p. 641. — Duns Scot, au contraire, affirmait la liberté absolue de Dieu ; voir Baur.
3 Le langage de l’auteur de la Deutsche Théologie mérite d’être remarqué (c. 50) : « Dieu ne s’aime pas lui-même comme tel, mais comme l’être le plus parfait. Car si Dieu savait quelque chose de mieux que Dieu, il l’aimerait, et non pas lui-même. L’égoïsme et l’égoïsme, c’est-à-dire l’amour de soi et la volonté propre, sont entièrement étrangers à Dieu ; Il n’appartient à Dieu que ce qui est nécessaire pour con· la distinction entre les différentes personnes de la Trinité.
4 C’est ainsi qu’Alexandre Hales demanda (le passage est cité par Cramer, VII, p. 261), si l’amour dont Dieu aime ses créatures est le même que celui qu’il a pour lui-même, et que les personnes divines ont les unes envers les autres. Il répond par l’affirmative à l’égard de l’idée principale (signature principale), mais par la négative à l’égard de l’idée secondaire (connatum), c’est-à-dire que l’amour est le même de la part de celui qui aime, mais non le même à l’égard de ceux qui sont aimés. C’est aussi pour cette raison que Dieu ne manifeste pas le même degré d’amour envers toutes ses créatures, mais plus d’amour envers la meilleure partie d’entre elles, moins envers les moins bonnes. Il aime toutes les créatures de toute éternité (dans l’idée), mais il ne les aime pas en réalité, jusqu’à ce qu’elles viennent à l’existence. — Une autre question était : Qui Dieu aime-t-il le plus, les anges ou les hommes ? La réponse est : les premiers, en ce sens que le Christ n’appartenait pas au nombre des seconds ; mais l’amour dont Dieu aime le Christ, et par conséquent le genre humain dans le Christ, surpasse l’amour qu’il a pour les anges. — Nous avons là une vérité chrétienne profonde exprimée sous une forme scolastique.
§ 169.
Procession de l’Esprit Saint.
Walch, J. G., Historia Controversiæ, etc ., Pfaff, Historia succincta (comp. § 94). Hasse , Anselme, ii. 322 [Kahnis, Gesch. d. Lehr vom heil. Esprits.]
Avant que la doctrine de la Trinité puisse être plus développée philosophiquement et pleinement établie, il était nécessaire de trancher la controverse qui s’était élevée entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident au sujet de la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils. Après que le point de vue adopté par l’Église grecque eut été reçu en Orient comme la doctrine orthodoxe , l’empereur Charlemagne, sous l’influence de Jean Damas1, convoqua un synode à Aix-la-Chapelle en l’an 809, qui, influencé surtout par les théologiens francs , Alcuin et Théodulphe d’Orléans, a confirmé la doctrine de l’Église d’Occident, selon laquelle le Saint-Esprit procède non seulement du Père, mais aussi du Fils.2 Pape Léon III. approuva la doctrine elle-même, mais désapprouva l’introduction non critique de la clause « filioque » dans le credo adopté par le concile de Constantinople. Il a compté la doctrine en question parmi les mystères difficiles à étudier, et qui sont plus importants au point de vue spéculatif qu’au point de vue d’une foi vivante.3 Mais lorsque, plus tard, la controverse entre Photius, patriarche de Constantinople, et Nicolas Ier. conduit à la dissolution des deux Églises, leur divergence sur ladite doctrine fut de nouveau le sujet de discussion. Photius défendit la doctrine de la procession du Saint-Esprit contre le Père seul, et rejeta la clause additionnelle « filioque », que les théologiens de l’Église d’Occident, tels qu’Énée , évêque de Paris, et Ratramn, moine de Corvey, voulaient conserver.4 Anselme, archevêque de Cantorbéry, défendit également la doctrine de l’Église latine au synode de Bari (dans les Pouilles) en l’an 1098, et la discuta plus en détail dans un traité séparé5. Anselme, évêque de Havelberg, la défendit (1135-1145).6 La tentative faite au synode de Lyon en 1274, pour réconcilier les deux partis, n’aboutit à aucun résultat satisfaisant. La controverse reprit en l’an 1277 ; mais la formule proposée au synode de Florence (ap. J.-C. 1439) n’a pas réglé le point en question.7 C’est pourquoi, depuis ce temps-là, les deux Églises ont toujours différé en ce que, selon l’Église grecque, le Saint-Esprit procède du Père seul, mais selon l’Église latine, du Père et du Fils. Il y avait cependant quelques théologiens dans ce dernier qui étaient satisfaits de l’opinion adoptée par les théologiens grecs.8
1 De Fide Orth. i. c. 7. Il a appelé le Saint-Esprit (par opposition à un simple souffle, ou à une simple puissance divine) puissance essentielle , celle d’elle-même dans la souffrance singulière, et celle du Père venant de״ mais il a ajouté : et dans ledit repos et elle était manifeste, ni séparée de Dieu au milieu de la parole, oh Il se plaint, fort7], non pas à l’inexistant à réduire, mais à la ressemblance de la parole dans l’hypostase, vivants, volontaires, motivés, actifs, toujours le bien qu’ils voulaient, et pour tous les co-syndromes intentionnels ils avaient la volonté du pouvoir, ni commencement ni fin, qui n’ont jamais manqué la Parole du Père, ni ledit ״esprit, Baur, ii. p. 177.
2 Alcuinus, de Processione Spir. S. libellas. Opp. T. i. éd. Froben, p. 743. — À l’appui de ses vues, il en appelle à Luc, VI. 19 (Omnis turba quæ-rebat eum tangcre, quia virtus de illo exibat et sanabat omues) ; à Jean xx. 21, 22 ; 1 Jean iii. 23, 24, et à l’autorité des Pères. Theo-dulphi de Spiritu S. liber, dans Theodulphi Opp. ed. Sirmond, Par. 1646, 8, et dans Sirmondii Opp. T. ii. p. 1695, cf. Libr. Carolin. Lib. iii. c. 3 ; Ex paire et filio—omnis universaliter confitetur ecclesia eum procedere. En ce qui concerne la partie historique, voir les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique. [Gieseler , ii. § 12, § 93, § 156.]
3 A l’occasion d’une controverse entre les moines grecs et latins de Jérusalem avant le synode d’Aix-la-Chapelle, le pape avait donné son avis : Spiritum Sanctum a Patre et Filio æqualiter procedentem. P. III. utraque a Smaragdo Abb. édita, (in Mansi, T. xiv. p. 17, ss.).
4 Voir Photii Epist. Encyclica publié en 867 (donné par Montacutius, Ep. 2, p. 47) ; les accusations suivantes, entre autres autres, sont portées contre l’église romaine : Τό πνεύμα τδ άγιον ούκ έκ του πατρυς μόνον, άλλά γε έκ τού νΐού έκπορεύεσθαι καινολογήσαντες.—Les écrits de ses adversaires, Ratramn et Énée n’existent plus sous une forme complète, comp. d’Achery, Spicil. Ed. i. T. i. p. 63, ss. Rössler, Biblrothck der Kir-chenvater, t. X, p. 663, ss. [Ils appuyèrent leur opinion sur Gal., iv. 6 ; Phil, i. 19 ; Actes ii. 33 ; xvi. 7 ; Jean viii. 42 ; xx. 22.] — Les Grecs considéraient le Père comme le πηγη Θεότητος, et disaient que si l’Esprit procédait aussi du Fils, il s’agirait d’un πολυαρχία, ce que les Latins n’ont pas concédé, puisque le Père et le Fils ne font qu’un. [Le Photius, voir Abbé Jager, Histoire de Photius (d’après les documents originaux), 2e éd. Paris, 1853. J. Hergen-t’other, Photii Constantinopl. Liber de Spirit ! Sanct. Mystagogia, Regensb^ 1857 : Comp. Hergenrother, Die theol. Polemik des Photius gegen die Lateiner, dans Theol. Quartalschrift, 1858, pp. 559-629. Hase, Glaubenszcu-gnisse d. griechischen Kirche, Anhang zur 5. Aufl. der Dogmatik., Leipz. I860.]
5 Sur le synode, voir Eadmer, Vita Anselmi, p. 21, cité par Walch, l. c. p. 61. — L’œuvre d’Anselme s’intitule : De Processione Spiritus S. contra Græcos. Opp. p. 49 (Edit. Lugd. p. 115). Dans les chapitres 1 à 3, il montre de manière claire et concise les points d’accord entre les deux Églises (en référence à la doctrine de la Trinité et à celle du Saint-Esprit dans ses aspects généraux), ainsi que les points de divergence. Se référant à la doctrine de l’Église d’Occident elle-même, Anselme argumente à partir de la proposition : Deus est de Deo, comme suit (c. 4} : Cum est de Patre Spiritus S., non potest non esse de filio,si non est filiusdeSpiritu Sancto ; nulla enim alia ratione potest negari Spiritus S. esse de filio...... Quod autem filius non sit de Spir. S ., palam est ex catholica fide ; non enim est Deus de Deo, nisi aut nascendo ut filius, aut procedendo ut Spir. S. Filius autem non nascitur de Spiritu S. Si enim nascitur de illo, est filius Spir. Sancti, et Spiritus S. pater ejus, sed alter alterius nec pater nec filius. Non ergo nasciter de Spiritu S. filius, nec minus apertum est, quia non procedit de illo. Esset enim Spir. ejusdem Spiritus Sancti, quod aperte negatur, cum Spiritus S. dicitur et ere-ditur Spiritus Filii. Non enim potest esse Spiritus sui Spiritus. Quare non proccdit filius de Spir. Sancto. Nullo ergo modo est de Spir. Sancto filius. Sequitur itaque inexpugnabili ratione, Spir. Sanctum esse de filio, sicut est de patre. — C. 7 : Nulla relatio est patris sine relatione filii, sicut nihil est filii relatio, sine patris relatione. Si ergo alia nihil est sine altera, non potest aliquid de relatione patria esse sine relatione filii. Quare sequitur, Spiritum S. esse de utraque, si est de una. Itaque ai est de pâtre secundum relationem, erit simul et de filio secundum eundem sensum ......Non autem magis est pater Deus quam filius, sed unua solas vcrus Deus, Pater et Filius. Qua-propter si Spiritus S. est de Pâtre, quia est de Deo qui pater est, negari nequit esse quoque de filio, cum sit de Deo, qui est filius. — (C. 8-12, il donne l’argument scripturaire.) Dans le treizième chapitre, il répond à l’objection que la doctrine en question abaisserait la dignité de l’Esprit . Qui dicimus Spiritum S. de filio esse sive procédera, nec minorera, nec postcriorem cum filio fatemur, namque quamvis splendor et calor de sole procédant, nec possint esse nisi sit ille, de quo sunt, nihil tamen prius aut postcrius in tribus, in sole ct splcndore ct calore, intelligimus : multo itaque minus, cum hæc in rebus temporalibus ita sint, dans æternitatc, quæ tempore non clauditur, prædictæ très personæ in cxistendo susceptibiles intervalli pos-sunt intelligi. — La concession faite par les théologiens grecs, c’est-à-dire Spiritum Sanct. de patrc esse per filium, ne parut pas satisfaisante à Anselme. De même qu’un lac n’est pas seulement formé par la source, mais aussi par le fleuve qui coule de la source, de même l’Esprit procède à la fois du Père et du Fils.♦ (C. 15 et 16.) Il ne faut cependant pas supposer l’existence de deux principes d’où procède l’Esprit, mais d’un seul principe divin, commun au Père et au Fils (c. 17). Dans les chapitres 18 à 20, il considère les Écritures qui enseignent apparemment la procession de l’Esprit venant du Père seul ; c. 21, il défend l’introduction de la clause « filioque » comme un moyen nécessaire d’éviter tout malentendu. Dans les chapitres 22 à 27, il répète et confirme tout ce qu’il a dit auparavant. De même qu’Anselme commençait son traité en invoquant lui-même l’aide de l’Esprit Saint, il le terminait en disant : Si autem aliquid protuli quod aliquatenus corrigendum sit , mihi imputetur, non sensui Latlni tails. Comp. Hasse, ubi supra.—Sur le déroulement de la controverse, comp. Mùnscher, éd. par von Colin, ii. p. 100. Chapitre 112 et 113. Sur les définitions ultérieures des scolastiques, voir Baur, Trinitatslehre, ii. 705, sg. ; en particulier sur Thomas d’Aquin et Duns Scot. [Thomas d’Aquin argumente : Le Fils vient du Père, comme le Verbe vient de l’esprit, le Saint-Esprit procède comme amour, de la volonté ; mais l’amour doit aussi procéder du Verbe, parce que nous ne pouvons pas aimer ce que nous ne concevons pas ; c’est pourquoi l’Esprit procède du Fils... Comp, aussi Twesten sur la Trinité, transi, dans Bibliotheca Sacra, iv. p. 25, sq.]
♦ Une illustration analogue est apportée par Abélard, Theol. Chr. iv. p. 1335 : Spir. Sanct ex Pâtre propria proceed dicitur, quasi a eumma origine, quæ scilicet aliunde non sit, et ab ipso in Filium quasi in rivum...... et per Füium ad nos tandem quasi in stagnum hujus seculi.
6 Il était en 1135 ambassadeur de Lothaire II à Constantinople, où la controverse était en cours. Le pape Eugène III. En 1145, il lui ordonna de mettre ses vues par écrit. Voir Spleker, dans Illgen’s Zeifscbrift f. hist. Theol. 1840.
7 Au synode de Lyon, les Grecs se mirent d’accord avec le concile pour adopter comme can. I. : Quod Spir. S. æternabiliter ex Pâtre et Filio, non tanquam ex duobus principes, sed tanquam ex uno principio, non duabas spirationibus, ecd unica spiritione procodit. Münscher, éd. par von Colin, 1. c. p. 114. — Dans la formule d’union formulée par le synode de Florence, a. d. 1439, Jnly 6 (donnée par Mansi, T. xxi. p. 1027, ss. et Gieseler , iii. § 156 , Münscher, von Côlln, p. 115) a fait usage de l’expression quod Esprit. S. ex Patre et Filio æternaliter est ; l’expression : procedere ex Ÿtàre per filium, a été interprétée conformément aux vues de l’Église latine, et la clause filioque a été retenue. Mais la paix ainsi établie ne dura pas longtemps, et les patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem publièrent (1443) une lettre contre l’union. Comp. Léon Allatius, De Ec-clesiæ occidentals et orientalis perpétua Consensione, p. 939, ss. Pour les autres ouvrages, voir Münscher, éd. par von Côlln, et Gieseler, 1. c.
8 Ainsi John Wessel, comp. Ullmann, Les Réformateurs, etc., t. I, p. 388, 894.
§ 170.
En général.
C. Schwartz, De Sancta Trinitate quid senserint Doctores ecclesiastic ! prima Scholastic® Theologiæ Periodo, Hah, 1842. [Comp, les œuvres visées au § 87. Néandre, Hist Dogmas. 497 , sq., 562, sq.]
La doctrine de la Trinité, développée dans la période précédente, et, dans une certaine mesure, résumée par Jean Damas1, a mis en lumière les tendances spéculatives et l’ingéniosité des scolastiques, ainsi que l’imagination des mystiques, pour sonder la profondeur insondable de ce mystère. Mais toutes les tentatives dialectiques s’accompagnaient du vieux danger de tomber dans des erreurs hérétiques, soit dans un sens, soit dans l’autre. Ce fut particulièrement le cas avec les premières tentatives audacieuses et juvéniles de spéculation occidentale. Jean Scot Erigène a déclaré que les termes Père et Fils ne sont que des noms, auxquels il n’y a pas de distinction objective correspondante d’essence dans la Divinité, qui sent fortement le panthéisme2. Le nominalisme de Roscelin l’exposait à l’accusation de trithéisme3, tandis que celui d’Abélard l’exposait à l’accusation de sabellisme4. Quod Est a donné à sa doctrine l’apparence du tétrathéisme5. Anselme6 et Pierre Lombard,7 adoptèrent pour l’essentiel les vues d’Augustin ; la terminologie employée par ce dernier donna lieu à des malentendus. Le traitement du sujet par les scolastiques de la seconde période était plus strictement systématique et spéculatif.8 Mais cette tendance même, qui perdait de plus en plus de vue l’aspect pratique de la doctrine, conduisait à ces distinctions subtiles et à ces questions absurdes, qui ont longtemps gravement nui à la réputation de la scolastique, mais qui étaient, en fait, les excès d’une tendance autrement puissante9. Chez les Grecs , Nicétas Choniatès se contentait de représenter le mystère en question dans un langage figuré10, tandis que Nicolas de Méthone manifestait un penchant plus fort pour la tendance dialectique des théologiens occidentaux11. Les mystiques suivirent pour la plupart Denys l’Aréopagite, et luttèrent avec le langage dans l’effort de représenter l’incompréhensible en lui-même12 ou de le mettre plus à la portée de l’entendement (ce qu’ils n’évitèrent pas toujours l’apparition du panthéisme)13. — Les disciples de l’école de Saint-Victor tenaient pour ainsi dire le milieu entre la dialectique stérile et le mysticisme fantastique.14 Savonarole15 et Wessel,16 au lieu de se livrer à des raisonnements philosophiques, fondés sur la nature de Dieu, sont revenus à des analogies naturelles et humaines adaptées aux besoins religieux des hommes, et qui pouvaient servir à illustrer le mystère, mais n’étaient pas destinées à l’expliquer.
1 Jean Damas n’apporte rien de nouveau. Il répète les propositions précédentes, en utilisant les termes traditionnels , νους et λόγος, et la comparaison avec le mot et l’esprit humains, dans le sens des théologiens précédents. Dieu ne peut pas être άλογος, mais le Logos doit avoir un πνεύμα. Il insiste beaucoup sur l’unité dans la Trinité, de sorte que le Fils et l’Esprit, bien que personnes, ont cependant leur unité dans le Père ; ce qu’ils sont, ils le sont par lui. On l’a donc accusé d’osciller entre l’unitarisme et le trithéisme, et, en tout cas, les contradictions dialectiques, dont la logique de l’ancienne église ne pouvait se libérer, se manifestent d’une manière frappante dans ses déclarations. Comp. Baur, Tri nit âtslehre, ii. p. 176, ss. Meier, p. 199, par.
2 De Div. Nat i. 18 : Num quid veris ratiocinationibus obsistit, si dicamus, Patrem et Filium ipsius habitudinis, quæ dicitur ad aliquid, nomina esse et plus quam habitudinis ? Non enim credendum est, eandem esse habitudinem in excellentissimis divinæ esse nt iæ substantiis, et in his, quæ post earn ab ea condita sunt. Quemadmodum superat omnem essentiam, sapientiam, virtu-tern, ita etiam habitudinem omnino ineffabiliter supergreditur. D’après I. 14, Scot (faisant appel aux théologiens antérieurs et aux Inquisitores veritatis) appelle le Père l’essentia, le Fils la sapientia, et l’Esprit la vita Dei. Sur la question de la relation entre les quatre catégories de nature, les créans, etc. (voir § 165), et les trois personnes de la Trinité, comp. Baur, Trinitatlehrc, ii. p. 275, par. Meier, p. 230, par. Amer, vii. 250 . [Christlier, dans son récent ouvrage sur Jean Scot Erigène, 1860, donne un exposé complet de ses vues sur la Trinité, pp. 178-187. Ainsi, dans le De Div. Nat. ii. 29, il enseigne qu’il y a trois causes dans une cause, et une dans trois, comme il n’y a qu’un seul Dieu existant « in tribus substantiis per se subsistant ! » autobus. Sur la procession du Saint-Esprit, il était plus d’accord avec l’église grecque qu’avec l’église latine ; car il dit que si l’Esprit procède du Père et du Fils, il procède de deux causes ; et, u ex duabus causis unam causam confluere, ration ! non facile occurrit. » Mais toute sa doctrine de la Trinité est modifiée par son point de vue panthéiste fondamental, qu’il n’y a pas de distinctions en Dieu ; Dieu n’est pas essentiellement une unité ou une trinité, mais plus que les deux ; comp. Christlier, p. 184.]
3 Conformément à ses notions nominalistes , Roscelinus considérait l’appellation 6W, qui est commune aux trois personnes, comme un simple nom, c’est-à-dire comme l’idée abstraite d’un genre, sous lequel le Baigneur, le Fils et le Saint-Esprit sont compris (comme trois individus, pour ainsi dire). C’était du moins le sens que ses adversaires attachaient à son langage : voir Ep. Joannis Monachi ad Anselmum (donné par Baluze, Miscell. L. iv. p. 478) : Hanc de tribus Deitatis personis quæstionem Roscelinus movet : Si très per-sonæ sunt una tantum res, et non sunt très res per se, sicut très angeli aut très animæ, ita tamen ut voluntate et potentia omnino sint idem : ergo Pater et Spir. S. cum filio incarnatus est. — Cette opinion a été condamnée par le synode de Soissons (a. d. 1093), et combattue par Anselme dans son traité : De Fide Trinitatis et de Incarnatione Verbi contra Blasphemias Rucelini. — Mais Anselme doutait de l’exactitude des déclarations faites par ses adversaires, c. 3 : Sed forsitan ipse non dicit : « sicut sunt très animæ aut très angeli il a pensé qu’il était plus probable que Roscelinus s’était exprimé en termes généraux : Tros personas esse très, sine additamento alicujus similitudinis, et que l’illustration ci-dessus a été ajoutée par ses adversaires. Néanmoins, il était également disposé à ajouter crédit aux déclarations de ses adversaires ? comp., c. 2♦ Comp. Baur, Trinitätslehre, ii. p. 400, ss. Meier, p. 243. Hasse, ii. 287, sq.
♦Plus tard , Jérôme de Prague fut accusé de tétradhéisme, et même de plus que cela, il aurait enseigné : In Deo sive in divina essentia non solum est Trinitas personarum, sed etiam quaternitas rerum et quinlernitas, etc. Iste res in divinis sunt sic distincte, quod una non est alia, et tamen quælibet earum est Deus. Istarum rerum una est aliis perfection Voir Hermann von der Hardt, Acta et Décréta, T. iv. p. vin. 88. Y 645.
4 De l’histoire de la condamnation d’Abélard au synode de Sois-sons (Concilium Suessionense, a. d. 1121), et à Sens, 1140, comp., les ouvrages sur l’histoire ecclésiastique, et Neander, der heilige Bernhard, p. 121, ss. Ses vues sont principalement contenues dans son Introductio ad Theologiam et dans sa Theologia Christiana. Il procède de la perfection absolue de Dieu. Si Dieu est absolument parfait, il doit aussi être absolument puissant, sage et bon. La puissance, la sagesse et l’amour sont donc, à son avis, les trois personnes de la Trinité, et la différence n’est que nominale. Theol. Christiana L 1, p. 1156, ss. : Summi boni perfectionem, quod Deus est, ipsa Dei sapientia incarnata Christus Dominus describendo tribus nominibus diligenter dis-tinxit, cum unicam et singularum individuam penitus ac simplicem substan-tiam divinam, Patrem et Filium et Spirit. S. tribus de causis appellavit : Patrem quidem secundum illam unicam majestatis suæ potentiam, quæ est omnipotentia, quia scilicet efficere potest, quidquid vult, cum nihil ei resistere queat ; Filium autem eandem Divinam substantiam dixit secundum propriæ sapientiæ discretionem, qua videlicet cuncta dijudicare ac discernere potest, et nihil earn latere possit, quo decipiatur ; Spiritum S. etiam vocavit ipsam, secundum illam benignitatis suæ gratiam, qua omnia, quæ summa condidit sapientia, summa ordinat bonitate et ad optimum quæ-que finem accommodât, malo quoque bene semper utens et mirabilitcr quan tumlibet perverse facta optime disponens, quasi qui utraque manu pro dextra utatur et nesciat nisi dextram...... Tale est ergo très personas, hoc est Patrem et Filium et Spirit. S. in divinitate confiteri, ac si commemoraremus divinam potentiam generantem, divinam sapientiam genitam, divinam benignitatem procedentem. Ut his videlicet tribus commemoratis summi boni perfectio prædicetur, cum videlicet ipse Deus et summe potcns, i. e^ omnipotent et summe sapiens et summe benignus ostenditur. Comp. Introd, ad Theol. L 10, p. 991, et les autres passages cités par Münscher, éd. par von Colin, p. 53, 54. — La relation dans laquelle se trouve le Père avec le Fils et l’Esprit, Abélard la compare à celle dans laquelle la matière se tient pour former (materia et mate-riatum). De même qu’une figure de cire est composée de cire, mais, étant une figure de forme distincte, différa de la masse informe, de même le Fils, en tant que materia materiata, diffère du Père. Celle-ci, cependant, reste la materia ipsa, et l’on ne peut pas dire avec la même convenance que la cire doit son origine à la figure , comme on peut dire que la figure doit son origine à la cire. Il compare également le TrIl établit une distinction entre la substance dont le sceau (æs) est composé, la figure sculptée dans le cuivre (sigillabile), et le sceau lui-même (sigillans), en tant qu’il montre ce qui se trouve dans le sceau . La comparaison qu’Abélard a faite (Introd., II, 12) entre les trois personnes de la Trinité et les trois personnes de la grammaire (prima quæ loquitur, sccunda ad quam loquitur, tertia de qua loquuntur ) était particulièrement offensante, et pourrait facilement être représentée comme approuvant la Trinité.isme. Voir Baur, ii. 503 . Meier, p. 251.
5 Les opinions hétérodoxes de Gilbert se rattachaient aussi à la controverse entre le nominalisme et le réalisme ; il partit du réalisme, mais arriva finalement aux mêmes résultats que Roscelinusavait été conduit par le nominisme. D’après les déclarations qu’il fit à Paris en 1147, et en Rhcims en 1148, en présence d’Eugène III, il affirma : divinam essentiam non esse Deum. La première est la forme par laquelle Dieu est Dieu, mais ce n’est pas Dieu lui-même, comme l’humanité est la forme de l’homme, mais pas l’homme lui-même. Le Père, le Fils et l’Esprit ne font qu’un ·mais non pas en référence au quod est, mais seulement en référence au quo est, i, e. (la forme substantielle). On peut donc dire : Père, Fils et Saint-Esprit ne font qu’un, mais non : Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Gilbert considérait que l’erreur de Sabellius avait consisté en ce qu’il confondait le quo est avec le quod est. Il fut lui-même chargé de séparer les personnes à la manière d’Arias . Il y avait, en effet, dans sa proposition un semblant de trithéisme : ce qui fait que les trois personnes sont trois, c’est-à-dire tria singularia quædam, tree res numerabiles. La distinction qu’il établit entre le quod est, l’essence divine en tant que telle, et les trois personnes, lui valut encore plus l’accusation de croire à une quaternitas. — Gilbert ne fut pas formellement condamné, mais Eugène III. déclara qu’en théologie, Dieu et la Divinité ne pouvaient être séparés l’un de l’autre. Comp, surtout Gaufredi, Abbatis Claræ-vallcnsis, Epistola ad Albinum Card, et Episc. Albanens. (Mansi, T. xxi. p. 100). 728, ss.), et son Libellus contra Capitula Gilbert ! Pictav. Episcopat , dans l’édition Mabillon des œuvres de Bernhard , t. II, p. 100. 1336, par. Baur, ii. Débloquer le niveau 509. Meier, 264, sq.
6 Chez Anselme, comme chez Augustin, le Fils est l’intelligence de Dieu , et l’Esprit est l’amour de Dieu ; Monol. c. 27, par. Vers 30, il dit du Fils (le Verbe) : Si mens humana nullum ejus aut sui habere memoriam aut intelli-gentiam posset, nequaquam se ab irrationabilibus creaturis, ct illam ab omni creatura, secure sola tacite disputando, sicut nunc mens mea facit, discerneret. Ergo summus ille spiritus, sicut est ætcrnus, ita æterne sui memor est, et in-telligit se ad similitudinem mentis rationalis : immo non ad ullius similitudi-nem, sed ille principaliter, et mens rationalis ad ejus similitudinem. At si æterne se intelligit, æterne se dicit. Si æterne se dicit, æterne est verbum ejus apud ipsum. Sive igitur ille cogitctur nulla alia existente essentia, sive aliis existentibus, necesse est, verbum illius coæternum illi esse ipso ...... C. 36 : Sicut igitur ille creator est rerum et principium, sic et verbum ejus ; nec tamen sunt duo, sed unus creator et unum principium...... C. 37 : Quamvis enim nécessitas cogat, ut sint duo : nullo tamen modo exprimi potest, quid duo sint...... C. 38 : Etenim proprium unius est, esse ex altcro ; ct proprium est alterius, alterum esse ex illo. C. 39 :...... Illius est verissimum proprium esse parentem, istius vero veracissimam esse prolem. C. 42 :...... Sicut sunt (pater et filius) oppositi relationibus, ut alter numquam suscipiat proprium alterius : sicat sunt concordes natura, ut alter emper teneat essentiam alterius. C. 43 :...... Est autem perfecte summa essentia pater et perfecte summa essentia filius : pariter ergo pcrfectus pater per se est, et pariter perfectus filius per se est, sicut uterque sapit per se. Non enim idcirco minus perfecta est essentia vol sapientia filius, quia est essentia nata de patris essentia, et sapientia de sapientia : sed tunc minus perfecta essentia vel sapientia esset, si non esset per se, aut non saperet per sc. Nequa· quam enim répugnât, ut filius per se subsistât, et de pâtre habeat esse.— Néanmoins il parle d’une priorité du Père, c. 44 : Valdc tamen magis congruit filium dici essentiam patris, quam patrem essentiam filii ; quoniam namque pater a nullo habet essentiam nisi a se ipso, non satis apte dicitur habere essentiam alicujus nisi suam : quia vero filius essentiam suam habet a pâtre, et eandem habet pater, aptissime dici potest, habere essentiam patris.—C. 45 : Veritas quoque patris aptissime dici potest filius, non solum eo sensu, quia est eadem filii veritas, Quæ est et patris, sicut jam perspectum est, sed etiam hoc sensu, ut in eo intelligatur non imperfecta quædam imitatio, sed integra veritas paternæ substantiæ, quia non est aliud, quam quod est pater. At si ipsa substantia patris est intel ligentia et scientia et sapientia et veritas, consequenter colligitur : quia, sicut filius est intelligentia et scientia et sapientia et veritas paternæ substantiæ, ita est intelligentia intclligentiæ, scientia scientific, sapientia sapientia et veritas veritatis...... C. 47 : Est igitur filius memoria patris et memoria memoriæ, 2. e,, memoria memor patris, qui est memoria, sicut est sapientia patris et sapientia sapientiæ, c’est-à-dire sa-pientia sapiens patrem sapientiam, et filius quidem memoria nata de memoria, sicut sapientia nata de sapientia, pater vero de nullo nata memoria vel sa-pientia. Ho s’exprime comme suit. C. 48 : Palam certe est rationem habenti, eum idcirco sui memorcm esse aut se intelligere, quia se amat, sed ideo se amare, quia sui meminit et se intelligit : nec eum se posse amare, si 8ui non sit memor aut se non intelligit. Nulla enim res amatur sine ejus memoria et intelligentia, et multa tenentur memo-ria et intelliguntur, quæ non amantur. Patet igitur amorem summi spiritus ex eo procedere, quia sui mcmor est et se întelligît. Quodsi in memoria sumrni spiritus intulligitur pater, in intelligentia filius, manifestum est : quia a patre pariter et a filio summi spiritus amor procedit C. 49 : Sed si se Amat summus spiritus, procul dubio se amat pater, amat se filius, et alter alterum : quia singulus pater summus est spiritus, et singulus filius summus spiritus , et ambo simul unus spiritus. Et quia utcrque pariter sui et alterius meminit, et se et alterum intelligit, et quoniam omnino id ipsum est quod amat vel amatur in patre et quod in filio, necesse est, ut pari amore uterque diligat se et alterum.—C. 55. En ce qui concerne la relation dans laquelle les trois per· sons se tiennent les uns avec les autres, il dit : Patrem itaque nullus facit sive créât aut gignit, filium vero pater solus gignit, sed non facit ; pater autem pariter et filius non faciunt neque gignunt, sed quodammodo, si sic dici potest, spirant suum amorcm : quamvis enim non nostro more spiret summa incommutabilis essentia, Tamen ipsum amorem a se incffabiliter procedentem, non disccdendo ab ilia, sed existendo ex ilia, forsitan non alio modo videtur posse dici aptius ex se emittere quam spirando. C. 57 : Jucundum est intueri in patre et filio ct utriusque spiritu, quomodo sint in se invicem tanta æqualitate, ut nullus alium exccdat...... Totam quippe suam memoriam summus intelligit spiritus et amat, et totius intelligcntiæ meminit et totam amat, et totius♦ amoris meminit et totuin intelligit. Intclligitur autem in memoria pater, in intelligentia filius, in amore utriusque spiritus. Tanta igitur pater et filius et utriusque spiritus æqualitate sese complcctuntur et sunt in se invicem, ut eorum nullus alium exccdere, aut sine eo esse probetur...... C. 60 :.. . Est enim unusquisque non minus in aliis quam in se ipso...... (Il devrait être <B144> faire remarquer qu’Anselme admettait que cette relation ne peut être ni comprise, ni exprimée en termes appropriés, c. 62.) Comp. JBaur, ii. 380 , sq. Meier, 238 , sq. Hasse, ii. 127, 146, 181, 287, 222, sq.
♦ Le mot spiritus est également utilisé tout au long du traité en référence à Dieu en général.
7 Sentent. Lib. i. Dist. 5 (cité par Münscher, éd. par von Colin, ii. p. 56, 57), et Dist. 25. K : Alius est in persona vel personaliter pater, c’est-à-dire proprietate sua pater alius est quam filius , et filius proprietate sua alius quam pater. Paternali enim proprietate distinguitur hypostasis patris ab hypostasi filii, et hypostasis filii filial ! proprietate disceruitur a patre, et Spir. S. ab utroque processibili proprietate distinguitur. Comp. Baur, Trinitatslehre, t. II, p. 550. Meier, 268 , sq. Joachim, abbé de Flore, s’opposa à Pierre Lombard, et l’accusa d’avoir enseigné : Patrem et Filium ct Spiritum Sanct. quandam summam esse rem, quæ neque sit generans, neque genita, neque procédons. Mais Pierre Lombard n’a fait qu’insister sur l’importance de la distinction souvent négligée entre Dieu (en tant que tel) et Dieu le Père (en tant que l’une des personnes de la Trinité), et avait donc affirmé : Non est dicendum, quod divina essentia genuit filium, quia cum filius sit divina essentia, jam esset filius res, a qua generaretur, ct ita eadem res se ipsam gen-eraret...... quod omnino esse non potest Sod pater solus genuit filium, et a patre et filio procedit Spiritus S. Mais il s’exposait ainsi à l’apparence d’un quartier. (Sur la doctrine de Joachim lui-même, voir note 13).
8 Alexander Hales, Summa, P. i. Q. 42, Membr. 2 (cité par Münscher , éd. par von Colin , p. 55, Cramer, vol. vii. p. 309, ss.) : Thomas d’Aquin, P. i. Qu. 27-43. Sur ce dernier et sur Duns Scot, voir Baur, II. 685 , sq. Meier , 274. — Nous rencontrons une appréhension purement spéculative de la Trinité dans l’ouvrage d’Alanus ab Insulis, i. art. 25 (Pez, t. I, p. 484) ; il considérait le Père comme matière, le Fils comme forme, et le Saint-Esprit comme l’union des deux. Sur Alexander Hales, voir Cramer, 1. c. La génération du Fils est expliquée par Alexandre à partir de la nature diffusive de Dieu ; en même temps, une distinction est faite entre la génération matérielle (à partir de la substance du Père), la génération originelle et la génération originelle.génération (comme un fils humain est engendré par son père), et génération ordinale (comme le matin donne naissance à midi) ; mais aucune de ces choses ne peut s’appliquer à l’être divin. Il n’est permis que de parler du Fils engendré de la substance du Père, car un tel langage n’est pas destiné à impliquer quoi que ce soit de matériel, mais seulement à enseigner que l’essence du Fils n’est pas distincte de celle du Père.
9 Des questions telles que celles-ci ont été soulevées : Était-il nécessaire que Dieu engendrât ? ou aurait-il pu posséder le pouvoir, mais non la volonté d’engendrer ? Pourquoi n’y a-t-il que trois personnes dans la Trinité ? Pourquoi pas plus ou moins ? comment se fait-il que le nom du Père soit mis en premier, et que les noms du Fils et de l’Esprit suivent, bien que tous les trois soient égaux ? Est-il permis d’inverser l’ordre, et pourquoi pas ? etc. Anselme (Monol., c. 40), s’est enquis de la raison pour laquelle on appelle Dieu Père, en référence à l’acte de la génération, et non à la mère. Il démontra aussi très sérieusement que le Fils était le plus apte des trois personnes de la Trinité à se faire homme (Cur Deus homo ii. 9 : Si quælibet alia persona incarnetur, erunt duo filii in Trinitate, filius scilicet Dei, qui et ante incarnationem filius est, et ille qui per incarnationcm filius erit virginis : et ent in personis, quæ semper æquales esse debent, inæqualitas secundum dignitatem nativitatum...... Item, si Pater fuerit incarnatus, erunt duo nepotes in Trinitate, quia Pater erit nepos parentum virginis per homi-nem assumtum, et Verbum, cum nihil habeat de homine, nepos tamen erit virginis, quia filii ejus erit filius, quæ omnia inconvenientia sunt, nec in incarnatione Verbi contingunt. Est et aliud, cur magis conveniat incarnari filio, quam aliis personis, quia convenientius sonat filium supplicare Patri, quam aliam personam alii.♦ Item, homo, pro quo erat oraturus, et diabolus, quem erat expugnaturus, ambo falsam similitudinem Dei per propriam voluntatem præsumserant Unde quasi specialius adversus personam Filii peccaverunt, qui vera Patris similitudo creditur, etc. (Comp, ci-dessous, § 179.)
♦ Pourquoi concommode, si ce n’est qu’à l’arrière-plan le Père a toujours la priorité ?
10 L’une des illustrations de Nicétas est , par exemple, tirée d’une balance (The-saur., c. 30). Le Fils représente le point central de l’union entre le Père et le Saint-Esprit, et maintient l’équilibre le plus parfait entre les deux ; Mais le tout dénote l’équilibre parfait entre l’honneur, le pouvoir et l’essence, l’égalité et l’harmonie divines internes, en ce sens que personne ne s’élève au-dessus de l’autre. Les Séraphins à deux ailes sont aussi, à son avis, une figure de la Trinité. Mais tandis que dans le premier cas le Fils est le point central de l’union, dans le second, le corps des séraphins représente le Père, et les ailes désignent le Fils et le Saint-Esprit. Comp. Ullmann, 1. c. p. 41, 42.
11 « Beaucoup de théologiens antérieurs affirmaient l’incompréhensibilité de Dieu, et en même temps proposaient les mystères les plus profonds de la doctrine de la Trinité avec un degré d’assurance qui ne permettait aucun doute ; et Nicolas montre la même incohérence. Dans la même phrase, il a représenté la nature de Dieu comme étant au-delà de la connaissance et de l’expression, au-delà de l’appréhension et de l’investigation même de l’ordre le plus élevé des esprits, et a donné les définitions les plus précises et les plus apodictives concernant la relation entre l’essence divine et les personnes divines. Réfut., p. 23 et 24) ; Ullmann, p. 78. Nicolaï a supprimé l’apparente contradiction d’une Trinité dans l’unité en évitant toute analogie avec les objets créés. Il ne voudrait pas que les termes d’unité et de trinité soient compris dans le sens où ils sont utilisés par les mathématiciens, c’est-à-dire comme des déterminations numériques. Mais, selon lui, l’unité de Dieu n’est qu’une unité d’essence, et la trinité une trinité de personnes. Il pensait qu’il n’y avait rien de contradictoire dans l’union d’une telle unité avec une telle trinité ; voir Ullmann, p. 79, 80. (Il en appela aussi à Grégoire de Nazianze, Orat. xxix. 2 : M01׳àç απ' Αρχής είς δυάδα κινηθεισα, μέχρι τριάδος εστη.) « Nous adorons, dit Nicolas (Réfut., p. 67), comme le principe créateur de toute existence, ce Dieu qui est un par rapport à sa nature essentielle, mais qui se compose de trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. À l’égard de ces trois, nous louons le Père comme ce qui cause (ώς αίτιον), mais quant au Fils et au Saint-Esprit, nous confessons qu’ils procèdent du Père comme ce qui est causé (ως αίτιατά), non pas créé ou engendré dans le sens commun du mot, mais d’une manière surnaturelle et suressentielle. Étant de même essence , ils sont unis au Père (l’un par la génération, l’autre par la procession), et l’un à l’autre, sans être confondus ; ils sont distincts sans séparation. En ce qui concerne le terme αίτιον, il voudrait faire comprendre qu’il ne désigne pas une causalité créatrice ou formatrice, mais une causalité hypostatique, que l’on pourrait appeler γεν-νητικόν (c’est-à-dire génératrice) par rapport au Fils, et προακτικον εΐτουν προβλητικύν (c’est-à-dire la source de la procession) en référence à l’Esprit C’est ainsi qu’il dit aussi (p. 45 : ό πατήρ εν πνεύμα προβάλλει ; voir Ullmann, 1. c. p. 82).
12 Tauler (Predigtcn, II. p. 172) a dit : « En ce qui concerne cette très excellente et très sainte triunité, nous ne pouvons trouver de mots appropriés pour en parler, et cependant nous devons exprimer cette Trinité suppléante et incompréhensible par des mots. Si donc nous essayons d’en parler, il est aussi impossible de le faire correctement, que d’atteindre le ciel avec la tête. Car tout ce que nous pouvons en dire ou en penser est mille fois moins proportionné à lui que la pointe d’une aiguille ne l’est au ciel et à la terre, oui, cent mille fois moins, au-delà de tout nombre et de toute proportion. Nous pouvons parler à une quantité merveilleuse, et pourtant nous ne pouvons ni exprimer ni comprendre comment l’unité supraessentielle peut être avec la distinction des personnes. Il vaut mieux méditer ces choses que d’en parler ; car il n’est agréable ni de dire beaucoup de choses sur ce sujet, ni d’en entendre parler, surtout quand il faut introduire des mots [tirés d’autres sujets], et parce que nous sommes tout à fait incapables de le faire. Car tout le sujet est à une distance infinie de nous, et nous est entièrement étranger, et il ne nous est pas révélé, car il surpasse même l’appréhension des anges. Nous laissons donc cela aux grands prélats et aux savants ; il faut qu’ils aient quelque chose à dire, pour défendre la foi catholique ; mais nous croirons tout simplement.
13 En opposition à Pierre Lombard, JbacAm, abbé de Flore, énonça une théorie qui fut condamnée par le quatrième concile de la Latérale ! (A. D. 1215), bien qu’il ait prétendu l’avoir reçu par inspiration. Il considérait le psaltérion à dix cordes comme l’image la plus significative de la Trinité. Ses trois coins représentent la trinité, le tout l’unité. Cette unité, il la compare à l’unité des croyants dans l’Église. Sur le développement ultérieur de cette notion, qui aboutit à un substantialisme grossier, voir Engelhardt, kirchenhistorische Abhandlungen, p. 265, ss. — Les vues de maître Eckart sur la doctrine de la Trinité sont données par Schmidt dans le Studien und Kritiken, 1. c. p. 694. Dans son Sermon sur la Trinité, fol. 265 A, il est dit : « Qu’est-ce que la parole de Dieu ? Le Père, se contemplant lui-même avec une simple connaissance, et regardant dans la pureté simple de sa nature, y voit toutes les créatures représentées, et parle en lui-même ; ce Verbe est une connaissance claire, et c’est le Fils ; c’est pourquoi l’expression « Dieu parle » équivaut à « Dieu engendre ». Pour les autres passages, comp. Schmidt, 1· c. p. 696.—H. Suso a enseigné ce qui suit (c. 55, voir Diepenbrock, p. 215) : « In pro· De même qu’un être est simple en lui-même, il est multiple dans ses pouvoirs et ses capacités. Ce qui n’a rien, ne peut rien donner ; Ce qui a beaucoup, peut donner beaucoup. Dieu est en lui-même la plénitude de tout ce qui est parfait, le bien qui s’écoule et qui coule toujours, mais, parce que sa bonté est illimitée et supérieure à tout, il ne la gardera pas pour lui, mais il se plaît à la faire entrer en lui-même et hors de lui-même. C’est pourquoi le premier et le plus élevé acte de la manifestation du summum bonum roust se rapporte à lui-même, et cela ne peut être, si ce n’est en présence, intérieur, substantiel, personnel, naturel, nécessaire, sans être obligatoire, infini et parfait. Toutes les autres manifestations, qui sont dans le temps ou dans les objets créés, ne sont que le reflet de l’éternelle effusion de l’insondable bonté divine. C’est pourquoi les scolastiques disent que, dans l’émanation de la créature depuis le premier originel, il y a un retour circulaire de la fin au commencement, car de même que l’écoulement de la personne d’après Dieu est une image complète de l’origine de la créature, de même c’est aussi un type de la réintégration de la créature en Dieu. Maintenant, observez la différence de l’émanation de Dieu... Un père humain donne à son fils, dans sa naissance, une partie de sa propre nature, mais non pas tout de suite, et non pas la totalité de ce qu’il est ; car il est lui-même un être composé. Mais comme il est évident que l’émanation divine est d’autant plus intime et plus noble selon la grandeur du bien qu’il est lui-même, et que Dieu surpasse infiniment tous les autres biens, il s’ensuit nécessairement que son émanation est égale à sa nature, et qu’une telle effusion de lui-même ne peut avoir lieu sans donner sa nature.n biens personnels. Si vous pouvez maintenant contempler d’un œil pur, et contempler la bonté la plus pure du bien suprême, qui est par sa nature même un commencement présent et opérant, et qui s’aime naturellement et volontairement, alors vous verrez l’extrême surnaturel sortir du Verbe du Père, par la génération et la parole duquel toutes choses sont dites à l’existence et formées, et vous trouverez dans le plus grand bien, et dans la plus haute manifestation de celui-ci, l’origine nécessaire de la Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit. Et comme ce plus haut écoulement procède de la Divinité suprême et essentielle, il doit y avoir dans ladite Trinité la similitude d’essence la plus suprême et la plus intime, la plus haute égalité et la plus grande individualité d’être que les trois personnes possèdent dans le processus triomphant, dans la substance indivise et la toute-puissance indivise des trois personnes dans la Déité. (Suso, cependant, a reconnu que personne ne pouvait expliquer avec des mots comment la Trinité des personnes divines pouvait exister dans l’unité de l’être. Ibid., p. 217.) Comp. Schmidt in Stud, und Kritik. 1840, p. 43. — Des vues analogues, mais plus précises, ont été entretenues par Ruysbroek, dont les opinions sur la Trinité sont données dans l’ouvrage d’Engelhardt : p. 174 à 177. Selon Ruysbroek, il y a quatre propriétés fondamentales en Dieu. Il se manifeste dans la nature par la sagesse et l’amour, il attire à lui par l’unité et la substantialité. La vérité éternelle est engendrée du Père, l’amour éternel procède du Père et du Fils. Ce sont les deux attributs qui émanent de Dieu. L’unité de la nature divine attire les trois personnes intérieures par les liens de l’amour, et la sagesse divine comprend l’unité dans un certain repos avec une étreinte joyeuse dans l’amour essentiel. Ce sont là les attributs centripètes de Dieu.
14 Hugo de Saint-Victor a trouvé dans la nature extérieure une indication de la Trinité. Il en apercevait une impression encore plus pure dans la création rationnelle, c’est-à-dire dans l’esprit, qui n’est assisté que par le monde extérieur, ou le monde des corps ; dans un cas, nous avons un vrai type, dans l’autre seulement un signe. Comment la Trinité se manifeste dans la création extérieure (puissance, sagesse et bonté), il l’a montré dans son traité, De tribus Diebus, T. i. fol. 24-33. Comp. De Sacram. Lib. i. P. iii. vers 28 ; Liebner, p. 37δ. Dans ses développements dialectiques, Hugo a suivi ses prédécesseurs, Augustin et Anselme, mais il a employé ce style plus ample et plus poétique qui est particulier aux mystiques, surtout dans son traité : De tribus Diebus. Dans l’ensemble, Hugo différait d’Anselme en se tenant à une certaine distance, et en s’en tenant ainsi à des expressions plus générales et indéfinies, dans l’usage desquelles il s’exposait à moins de dans. » Liebner, p. 381. Nous pouvons remarquer comme très remarquable, étrangère à l’esprit général de la mystique, mais vraiment scolastique, la manière dont Hugo a répondu à la question : « Dans toutes les Saintes Écritures, les Saintes Écritures♦ ont attribué la puissance en particulier au Père, la sagesse au Fils et l’amour au Saint-Esprit, puisque la puissance, la sagesse et l’amour appartiennent également et essentiellement à tous les trois. et sont éternels. Il argumentait comme suit : « Quand les hommes entendaient parler du Père et du Fils en Dieu, ils pouvaient, selon les relations humaines, penser que le Père était vieux et vieux, et par conséquent plus faible que le Fils, mais que le Fils était juvénile et inexpérimenté, et par conséquent moins sage que le Père. Pour éviter une telle erreur, l’Écriture a sagement et prudemment attribué le pouvoir au Père et la sagesse au Fils. De même, les hommes, entendant parler de Dieu le Saint-Esprit (Spiritus), pourraient penser à lui comme à un être renifleur (Germ, schnaubend) et rétif, et être terrifiés par sa dureté et sa cruauté supposées. Mais ensuite, l’Écriture est venue et a appelé le Saint-Esprit aimant et doux, les a tranquillisés » (De Sacram. c. 26). Ce passage est cité par Liebner, p. 381 et 382, où l’on peut comparer d’autres détails. Hugo, cependant, rejetait, d’une manière générale, toutes les questions subtiles, et avait une idée claire du langage figuré de l’Écriture. — Richard de Saint-Victor ne se livrait pas non plus autant à des spéculations subtiles dans son ouvrage De Trinitate, que beaucoup d’autres scolastiques. Il est vrai qu’il adopta les mêmes vues sur les trias de la puissance, de la sagesse et de l’amour, mais il insista davantage sur ce dernier et lui attribua la génération du Fils. Dans le bien suprême il y a la plénitude et la perfection de la bonté, et par conséquent l’amour le plus élevé : car il n’y a rien de plus parfait que l’amour. Or, l’amour, pour être charité, doit avoir pour objet, non pas lui-même, mais quelque chose d’autre. C’est pourquoi, là où il n’y a pas de pluralité de personnes, il ne peut y avoir de charité. L’amour envers les créatures n’est pas suffisant, car Dieu ne peut aimer que ce qui est digne de la amour le plus élevé. L’amour de Dieu pour personne d’autre que lui-même ne serait pas l’amour suprême ; pour qu’elle soit telle, il est nécessaire qu’elle se manifeste à l’égard d’une personne qui est divine, etc. Mais même cela n’est pas encore l’amour le plus élevé. L’amour est social. Les deux personnes (qui s’aiment) veulent qu’une troisième personne soit aimée autant qu’elles s’aiment, car c’est une preuve de faiblesse que de ne pas vouloir laisser la société aimer. C’est pourquoi les deux personnes de la Trinité s’accordent à aimer une troisième. La plénitude de l’amour exige aussi la plus haute perfection, c’est pourquoi les trois personnes sont égales. Dans la Trinité, il n’y a ni plus ni plus petit ; deux ne sont pas plus grands qu’un, trois ne sont pas plus grands que deux. Cela semble en effet incompréhensible, etc. Comparez aussi le passage De Trin. i. 4, cité par Hase, Dogmatik, p. 637, et surtout Engelhardt, 1. c. p. 108, ss. Baur, Trinit ii. 536 . Meier, 292. — Les autres scolastiques qui manifestaient un penchant pour le mysticisme, argumentaient de la même manière. Ainsi Bonaventura, Itiner. Mentis, c. 6. Raimond de Sabunde, c. 49.♦♦ (Comparer aussi Gerson, Sermo I. in Festo S. Trin. cité par Ch, Schmidt, p. 106).
♦ Il est à peine nécessaire d’observer que l’Écriture ne sanctionne nullement une telle distribution arbitraire des attributs divins entre les trois personnes. Avec une justesse égale, sinon supérieure, le Fils aurait pu être appelé amour, et l’Esprit sagesse ou puissance. Ce n’est que le fait de faire remonter l’idée du Logos à celle de la Sophia dans l’Ancien Testament, et la tendance spéculative prédominante (selon laquelle l’intelligence précède tout le reste), qui a conduit à cette inférence de l’usage de l’Écriture.
♦♦ Sur la doctrine de la Trinité de Raimund, voir J/a/zfce, p. 54 sq. Entre autres choses, il compare les trois personnes avec les trois formes du verbe ; le Père est l’actif, le Fils le passif, et le Saint-Esprit le verbe impersonnel ! Matzke, p. 44. [Matzke , p. 55, Note, citations de Tit. 51, sur le Trinity : Et quia dare non potest esse sine red-pere, neque dans sine récipiendaires, ideo necessario in esse divino et in natura divina sunt duo, scilicet unus dans et alter recipiens, unus producens et alter productus, etc. Et sur l’Esprit Saint (p. 56), extrait de Tit 52 : Et cum ex dare et recipere, quando Sunt per-fecta, oportet quod procédât et sequatur aliud, quod non est dare neque recipere, seilicet amor, ideo, cum in divina nature sit dare et recipere, oportet quod procédât amor a dante in recipientem et a recipient© in dantem, et sic est ibi processio amoris ab uno in alterum et e con verso, et sic est ibi tertia res producta scilicet amor, quæ quidem res non est pater neque filius, sed procédons necessario de ambabus, quia pater non potest non amare suum filium ab ipso productum, nec filius non amare pattern qui genuit eum æqualem per omnia sibi.]
[Sur le point de vue de Raymund Lulli sur la Trinité, voir Neander, Hist. Dog. 563, sq. — Dans son Liber Preverbiorum, sur le Fils : Quælibet divinarum rationum est principium per patrem in filio et per filium est medium et per Spiritum Sanctum est quies et finis. Id propter quod spiritus sanctus non producifc personam, est, ut appetitus cojuslibet rationis in illo habeat finem et quietem· Quia pator et filius per amorem se habent ad unum finem, ille finis est Spiritus Sanctus...... Quia Deus est tantum Deus per agere, quam per existere, habet in sua essentia distinctas personas. Nulla substantia potest esse sine distinctione : sine distinctione non csset quidquam.]
15 Savonarole a montré d’une manière très ingénieuse (Triumphus Crucis, Lib. III. c. 3, p. 192-96, cité par Rudelbach, p. 366, 67), qu’une certaine procession ou émanation existe dans toutes les créatures. Plus ces croyances sont excellentes et nobles, plus la dite procédure est parfaite : plus elle est parfaite, plus elle est intérieure. Si vous prenez du feu et que vous le mettez en contact avec du bois, il s’enflamme et l’assimile. Mais cette procession est tout à fait extérieure, car la puissance du feu n’agit qu’à l’extérieur. Si vous prenez une plante, vous constaterez que sa puissance vitale agit à l’intérieur, changeant l’humidité qu’elle extrait du sol en substance de la plante, et produisant la fleur qui était interne. Cette procession est beaucoup plus intérieure que celle du feu ; mais elle n’est pas tout à fait intérieure, car elle attire l’humidité du dehors , et produit la fleur d’une manière extémentielle ; et bien que la fleur soit liée à l’arbre, le fruit est cependant une production extérieure et se sépare de l’arbre. — La vie sensible est d’un ordre supérieur. Quand je vois un tableau, il en sort une procession et une émanation qui produit une impression sur l’œil ; l’œil présente l’objet en question à l’imagination ou à la mémoire ; Néanmoins, la procession reste intérieure, bien qu’elle vienne de l’extérieur. L’intelligenceest d’un ordre encore plus élevé : l’homme ayant perçu quelque chose, en forme dans son esprit intérieur une image et se plaît à la contempler : cela fait naître un certain amour qui demeure dans la faculté de penser. On peut en effet dire que même dans ce cas, il y a quelque chose d’extérieur (la perception). Mais de cette procession la plus haute et la plus intime, nous pouvons tirer d’autres conclusions à l’égard de Dieu, qui réunit en lui-même toute perfection, que le Père, pour ainsi dire, engendre de lui-même une idée, qui est son Verbe éternel (Logos), et que l’amour, qui est le Saint-Esprit, procède du Père et du Fils. Cette procession est la plus parfaite, parce qu’elle ne vient pas du dehors, et parce qu’elle demeure en Dieu.♦ Comp. Meier , Savonarole, p. 248, par.
♦ Mais Savonarole soulignait aussi, dans un langage très approprié, l’insuffisance de nos conceptions : « Dieu nous traite comme une mère traite son enfant. Elle ne lui dit pas : Va, et fais telle ou telle chose ; mais elle s’accommode de la capacité de l’enfant, et fait connaître ses désirs par des paroles entrecoupées et par des gestes. C’est ainsi que Dieu s’accommode de nos idées. Voir Rudelbach, L 0. p. 369.
16 Wessel (de Magnitudine Passionis, c. 74, p. 606, cité par Ullmann, p. 100 ). 206) s’exprimait ainsi : « י Dans notre homme intérieur, qui est créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance, il y a une certaine trinité : l’intelligence (mens), la raison (intelligentia) et la volonté (voluntas). Ces trois-là sont également stériles, inactifs et inoccupés, lorsqu’ils sont aliénés de leur prototype. Notre entendement sans sagesse est comme la lumière sans l’œil, et qu’est-ce que cette sagesse, si ce n’est Dieu le Père ?♦ La Parole (le Logos) est la loi et la norme de nos jugements, et nous enseigne à penser à nous-mêmes avec humilité selon la vraie sagesse. Et l’Esprit de l’un et de l’autre, l’amour divin, est la nourriture de la volonté (Spiritus amborum, Deus charitas, lac est voluntati). L’application pratique suit, bien sûr.
♦ Ici, il appelle le Père Sagesse ; les scolastiques appliquaient ce terme au Fils. Comp, ci-dessus, note 14.
Les trois personnages de la Trinité se référaient d’une manière particulière au développement de l’histoire du monde. D’après Hugo de Saint-Victor (De tribus Diebus, cité par Liebner, p. 383, note), le jour de la crainte commençait avec la promulgation de la loi donnée par le Père (puissance), le jour de la vérité avec la manifestation du Fils (sagesse), et le jour de l’amour avec l’effusion du Saint-Esprit (amour). C’est ainsi qu’il y eut un développement progressif des temps vers une lumière de plus en plus grande ! — Amalrich de Bena et les sectes mystico-panthéistes, d’autre part, interprétaient ces trois périodes d’après leurs propres notions, en relation avec des espérances imllennariennes. (Comparez l’eschatologie.) [Un point de vue similaire a été avancé par Joachim de Flore, et forme (dit Baur, Dogmengesch., 253), le contenu principal de ses trois ouvrages, à savoir, Concordia Vet. et Nov. Test, Expositio in Apocalyps., et Psalterium decern Chordarum. Le Père est le principium principal, le Fils et l’Esprit sont les principia de principio. Dans la période du Père (la plus matérialiste), Dieu apparaît comme le Dieu puissant, le Dieu terrible de la loi. Le Fils assume la nature humaine, pour révéler l’amour miséricordieux de Dieu ; et l’Esprit apparaît sous la forme de la colombe, la figure de la sainte mère, l’Église. Cette révélation est une révélation progressive, subjuguant peu à peu le charnel et le matériel, le transformant en spirituel, etc.]
Bien que la doctrine de la Trinité fût généralement comptée parmi les mystères, qui ne pouvaient nous être révélés que par révélation (comparez § 158), il y avait cependant encore une controverse sur la question de savoir si Dieu pouvait se faire connaître à la conscience naturelle comme trinitaire, et de quelle manière ? Comparez à ce sujet , Baur, Trinitatslehre, ii 697 , 8q. [Ceci est entièrement nié par Thomas d’Aquin, et admis d’une manière nuancée par Duns Scot.]
Les scolastiques, dit Baur, Dogmengesch. 252, donnent à la Trinité un caractère plus raffiné, mais dans un sens qui n’est pas conforme au dogme de l’Église. Ce qu’ils appelaient des personnes n’étaient pas des personnes au sens de l’Église, mais des relations. Pour construire la Trinité, ils (à l’exception d’Anselme et de Richard) ne sont pas allés au-delà de la distinction psychologique de l’intelligence et de la volonté, les mettant dans un rapport simplement coordonné, au lieu de s’efforcer de saisir les différents rapports dans lesquels Dieu, en tant qu’Esprit, se trouve pour lui-même, du point de vue d’un processus spirituel vital dans son unité et sa totalité. Les mystiques les plus profonds luttent après une telle conception, dans ce qu’ils disent d’un discours de Dieu, etc., voir ci-dessus, note 13.
§ 171.
Le système panthéiste de Jean Scot Erigène1 ne trouva pas d’imitateurs parmi les scolastiques orthodoxes ; ils adhérèrent plutôt à l’idée d’une création à partir de rien2. aurait pu être la cause de l’existence3. —
Le récit mosaïque de la création a été interprété littéralement par certains, et allégoriquement par d’autres.4 L’opinion continuait encore à prévaloir en général, que le monde est une œuvre de la bonté divine et qu’il existe principalement pour le bien de l’homme5. Bien que le mysticisme ait eu tendance à induire ses partisans à considérer l’indépendance de la créa-ture finie comme une séparation d’avec le Créateur, et par conséquent comme un lion rebelle, et donc de représenter la création comme l’œuvre de Satan (à la manière des Manichéens)6, mais ces pieux penseurs ont été éveillés par la vue des œuvres de Dieu à l’expression de pensées belles et élevées, et perdus dans l’émerveillement et l’adoration.7 D’un autre côté, les scolastiques, friands d’enquêtes vaines et subtiles, s’adonnaient ici aussi à des recherches absurdes8. — Sur l’existence du mal dans le monde, les scolastiques adoptèrent pour la plupart les vues d’Augustin. ® Ainsi, certains (p. ex. G., Thomas d’Aquin) considérait le mal comme l’absence du bien, et comme formant une partie nécessaire du monde fini, tout en conservant cependant la différence entre le mal moral et le mal physique (le mal de la culpabilité et le mal de son châtiment)9. D’autres ont adopté, avec Chrysostome, la notion d’une double volonté divine (voluntas antecedens et consequens).10
1 Comp., ci-dessus § 165, 1, et De divina Natura, ii. c. 19, cité par Muns-cher, éd. par von Colin, p. 63.
2 Dieu n’est pas seulement le premier (facteur), mais le créateur et l’auteur (créateur) de la matière. C’est ce qu’enseigna Hugo de Saint-Victor (Prolog, c. 1. Liebner, p. 355), et le même point de vue a été adopté par les autres mystiques. Seuls les partisans du platonisme sympathisaient avec les notions d’Origène.
3 Frédégis, de Tours, défendait la réalité du néant, comme le genre infini (englobant), d’où tous les autres genres et espèces de choses tirent leur forme : comp, son ouvrage De Nihilo, et Ritter, Gesch. der Christi. Phil, vii. 189 , sq. Alexander Hales (Summa, P. ii. Quæst. 9, Membr. 10), a établi une distinction entre nihilum privativum et negativum ; voir sur ce point Münscher, éd. par von Colin, p. 61, 62. 495. [Le nihil privativum abolit l’objet de l’acte , le negativum, l’acte lui-même : la création à partir de rien est dans le premier sens.] Thomas d’Aquin (Pars. i. Qu. 46, art. 2), a représenté la doctrine d’une création à partir de rien comme un article de foi (credibile), mais non comme un objet de connaissance et d’argumentation (non démontrable vel scibile), et s’est exprimé comme suit, Qu. 45, art. 2 : Quicunque facit aliquid ex aliquo, illud ex quo facit, præsup-ponitur action ! ejus et non producitur per ipsam actionem...... Si ergo Deus non ageret, nisi ex aliquo præsupposito, sequeretur, quod illud præsup-positum non esset causatum ab ipso. Ostensum est autem supra, quod nihil potest esse in entibus nisi a Deo, qui est causa universalis totius esse. Unde ncccsse est dicere, quod Deus ex nihilo res in esse producit. Comp. Cramer* vii. p. 415, par. Baur, Trinitatslehre, ii. p. 716 : « Le fait que Thomas considérait Dieu comme la cause première et le type de toutes choses, montre clairement qu’à son avis, la création, qui est désignée comme une création à partir de rien, n’était pas un passage soudain de la non-existence à l’existence. » Quæst. 44, art. 2 : Dicendum, quod Deus est prima causa exemplairs omnium return.... Ipse Deus est primum exemplar omnium. — Tandis que Thomas et plus encore Albertus Magnus ne tracent aucune ligne de démarcation nette entre l’idée d’émanation et celle de création (Baur, 1. c. p. 723, ss.), Scot adhère à la simple notion que Dieu est le primum efficiens ; Néanmoins, il distingue entre Au esse existentiæ et An essentiæ ; mais l’un et l’autre ne peuvent être séparés en réalité, et le second présuppose le premier ; Voir lib. ii. Dist. 1, Qu. 2, et autres passages de Baur, 726, sq.
4 C’est ainsi qu’Hugo de Saint-Victor pensait que la création d’une matière informe en six jours pouvait être interprétée littéralement. Le Tout-Puissant aurait pu faire autrement, mais de cette façon, il enseignerait aux êtres raisonnables dans une figure, comment ils doivent être transformés de la difformité morale en beauté morale. En créant la lumière avant toutes les autres œuvres, il signifiait que les œuvres des ténèbres lui déplaisaient. Les bons et les mauvais anges ont été séparés en même temps, lorsque la lumière et les ténèbres ont été séparées. Dieu n’a pas séparé la lumière des ténèbres, jusqu’à ce qu’il ait vu la lumière, qu’elle était bonne. De la même manière, nous devons d’abord veiller à ce que notre lumière soit bonne, et ensuite nous pouvons procéder à une séparation, etc. Observant que l’expression « et Dieu vit que c’était bon » manque de référence à l’œuvre du second jour dans le récit mosaïque de la création, ce scolastique mystique fut conduit à de nouvelles recherches sur la raison de cette omission. Il l’a trouvé dans le nombre deux, qui est un nombre de mauvais augure, parce qu’il dénote un abandon de l’unité. Il n’est pas dit non plus, à propos des eaux au-dessus du firmament, comme on le fait à l’égard de celles qui sont sous le firmament , qu’elles ont été rassemblées en une seule parce que l’amour de Dieu (l’eau céleste) est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit. Cet amour doit s’étendre et s’élever plus haut ; mais les eaux sous le firmament (les passions inférieures de l’âme) doivent être maintenues ensemble. Les poissons et les oiseaux sont créés à partir d’une seule et même matière, mais des places différentes leur sont assignées, ce qui est un type de l’élu et du réprouvé, d’une seule et même masse de nature corrompue : Comp. Liebner, p. 256, 57. — Frère Berthold voyait dans les œuvres des trois premiers jours de la création la foi, l’espérance et l’amour ; voir p. 462, 63.
5 Joh, Bam. De Fide Orth. ii. 2, (after Gregory of Nazianzum and Dionysius Arc ^pagita) : Έττεί ούν δ αγαθός καϊ υπεράγαθος θεδς ούκ, ήρκέσθη τη έαυτού θεωρίρ,αλλ' υπερβολή άγαθότητος ευδόκησε γενέσθαι τινά τά ευερ-γετηθησόμενα, καϊ μεθέξοντα της αυτού άγαθότητος, έκ τού μτ) δντος είς τδ είναι παράγει καί δημιουργεί τά σύμπαντα, άόρατά τε καϊ δρατά, καϊ τδν έξ δρατού καϊ αοράτου συγκείμενον άνθρωπον.—Petr. Lomb. Sententt. ii. Dist. i. C. : Dei tanta est bonitas, ut summe bonus beatitudinis suæ, qua æternaliter beatus est, alios velit esse participes, quoniam videt ct communi-cari posse et mi nui omnino non posse. Illud ergo bonum, quod ipse erat et quo beatus erat , sola bonitate, non necessitate aliis communicari voluit...... Lit. D : Et quia non valet ejus beatitudinis particeps existere aliquis, nisi per intelligcntiam (quæ quanto magis intelligitur, tanto plenius habetur), fecit Deus rationalem creaturam, quæ summum bonum intelligeret et intclligendo amaret et amando possideret ac possidendo frucretur...... Litt. F. : Deus perfectus et summa bonitate plenus, nec augeri potest nec minui. Quod ergo rationalis creatura facta est a Deo, referendum est ad creatoris bonitatem et ad crcaturæ utilitatem. Comp. Alan, ab Ins. ii. 4 (cité par Pez, Thee, i. p. 487, 88).—Hugo de Saint-Victor dit aussi (cité par Liebner, p. 357, 58) : « La création du monde avait l’homme, celle de l’homme avait Dieu pour fin. Le monde doit servir l’homme, et l’homme doit servir Dieu ; Mais le service de ce dernier n’est que l’avantage de Roan, puisqu’il doit trouver son bonheur dans ce service. Car Dieu se suffit à lui-même et n’a besoin des services de personne, l’homme a reçu les deux , c’est-à-dire tous, c’est-à-dire le bien au-dessous de lui, et le bien au-dessus de lui, le premier pour pourvoir à ses besoins, le premier pour subvenir à ses besoins, le bien au-dessus de lui-même, le bien au-dessus de lui, le bien au-dessus de lui, le bien au-dessus de lui, le bien au-dessus de lui, le bien au-dessus de lui, le premier pour pourceux-ci pour constituer son bonheur, le premier pour son bénéfice et son usage, le second pour sa jouissance et sa possession. Ainsi l’homme, bien que créé à une époque ultérieure , n’en était pas moins la cause de tout ce qui était sous lui, et de là la haute dignité de la nature humaine. Thomas d’Aquin supposait que Dieu n’avait pas d’autre objet que la communication de son propre être, Summa , P. i. Qa. 44, art. 4 : Primo agenti, qui est agens tantum, non convenit agere propter ac-quisitioncm alicujus finis : sed intendit solum communicare suam perfec-tionem, quæ est ejus bonitas. Et unaquæque creatura intendit consequi suam perfectioncm, quæ est similitude pcrfectionis et bonitatis divinæ. Sic ergo divina bonitatis est finis rcrum omnium. Comp. Cramer, vii. p. 100. 414, 15. jBaur, Trinit. ii. 731, sq. Ritter, viii. 284. [Christi. Phil. i. 650. Ventura, à propos de la fin de Dieu dans la création, soutient que « la fin suprême de Dieu doit être sa propre gloire, car il est dit que Dieu a créé toutes choses pour lui-même ; non pas comme si cela lui était nécessaire, ou pour augmenter sa gloire, mais pour la révéler et la communiquer, en quoi consiste le plus grand bien-être de ses créatures... Si quelqu’un dit qu’une fin aussi élevée est égoïste , la réponse est que c’est une chose en Dieu , et une autre avec la créature ; car en Dieu il n’y a pas de distinction entre le bien général et le bien particulier ; il est le fondement originel de tout bien et du bien suprême. Si celui de qui dérive toute autre bonté ne faisait pas tous ses actes à cause de lui-même, l’effet qui proviendrait de lui ne serait pas vraiment bon. Puisque l’usage des créatures dépend tout entier de leur rapport au bien suprême, tout procède de l’amour de Dieu, puisqu’il fait tendre toutes choses vers lui. Ce qui est la fin la plus élevée de la création doit aussi être le point culminant des actions humaines. Voyez Néandre, Hist. des dogmes, pp. 564-5.]
6 D’après l’auteur de l’ouvrage , Théologie allemande (cap. 1 , dès le commencement) les idées d’être une créature, d’être créé, d’être un L’ego et l’individualité sont synonymes de l’amour du monde, de l’amour de la créa. l’amour de soi, la volonté propre, le sens charnel naturel et le plaisir charnel. Il faut que la créature s’en aille, si Dieu veut entrer. Il pense que c’est un péché « d’estimer les choses créées, et de les regarder comme quelque chose, alors qu’elles sont en réalité – rien » Par la suite, il admet cependant que ces choses n’ont leur être qu’en Dieu : « De ce qui est parfait, ou sans lui, il n’y a pas del’existence véritable, mais tout n’est qu’accident, ou simple ressemblance et éclat, qui n’est ni n’a d’être véritable, si ce n’est dans le feu d’où procède l’éclat, comme l’éclat qui procède ou s’écoule du feu, ou de la lumière, ou du soleil. — Quelques-unes des sectes hérétiques du moyen âge avaient sur ces points des vues qui touchaient au manichéisme. C’est ce qu’a dit Berthold, moine français, dans un sermon (cité par Kling, p. 305 ; Wackernagcl, Lesebuch, i. Sp. 678) : Certains hérétiques croient et soutiennent que le diable a créé l’homme, lorsque Notre-Seigneur a créé l’âme en lui. Comp. Ermengardi , Opusc. contra Hæreticos, qui dicunt et credunt, mundum istum et omnia visibilia non esse a Deo facta, sed a Diabolo, édité par Gretser dans Bibl. Max. PP. T. XXIV. p. 1602. Gieseler, Histoire de l’Église, ii. § 82, note o. [Comp. Vaughan’s Hours with the Mystics, 2e éd., 1859.]
7 Henry Suso (vers 54, cité par Diepenbrock, p. 208) a dit : « Maintenant, restons ici un moment et contemplons le grand et excellent maître dans ses œuvres. Regardez au-dessus de vous et autour de vous, regardez les quatre coins du monde, combien le beau ciel est large et haut dans sa course rapide, et combien le maître l’a noblement orné des sept planètes, dont chacune, à l’exception de la lune, est beaucoup plus grande que la terre, et comment il est embelli par la multitude innombrable des étoiles brillantes. Oh, avec quelle clarté et quelle gaieté le beau soleil se lève dans la saison d’été, et avec quelle diligence il donne croissance et bénédictions au sol ; Comment les feuilles et l’herbe poussent, comment les belles fleurs sourient, comment la forêt, la bruyère et les champs retentissent de l’air doux du rossignol et des autres petits oiseaux, comment tous les animaux qui étaient enfermés pendant le rude hiver sortent et s’amusent, et vont par paires, comment jeunes et vieux manifestent leur joie dans des paroles joyeuses et joyeuses. 0, tendre Dieu / si tu es 80 aimant dans tes créatures, que tu dois être belle et belle en toi-même !— Regardez plus loin, je vous prie, et voyez les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu, et toutes les choses merveilleuses qu’ils contiennent, la variété et la diversité des hommes, des quadrupèdes, des oiseaux, des poissons et des merveilles de l’abîme, qui tous crient à haute voix et proclament la louange et l’honneur de la nature illimitée et infinie de Dieu ! Ô Seigneur, qui préserve tout cela ? Qui le nourrit ? Tu prends soin de tous, chacun à sa manière, grands et petits, riches et pauvres, toi, ô Dieu ! tu le fais, tu es vraiment Dieu !
8 Jean Damascène, De fide Orth. ii. 5, ss. traité de toute la gamme des sciences naturelles (cosmographie, astronomie, physique, géologie, etc.), dans la mesure où il la connaissait, dans la section sur la création. La plupart des scolastiques suivirent son exemple. Comp. Cramer, vii. p. 388, par. Mais en introduisant l’histoire naturelle dans le domaine de la théologie dogmatique, ils pensaient qu’ils pourraient mettre des limites à l’investigation physique par la doctrine de l’Église. C’est ainsi qu’à l’époque de Boniface, l’assertion de Virgilius, prêtre, qu’il y a des antipodes, fut considérée comme hérétique ; voir Schrockh, xix, p. 219, 220. ♦
♦ Un autre point en référence à l’œuvre de la création était la question de savoir si elle devait être attribuée à une seule des personnes de la Trinité. Les théologiens de l’époque actuelle adoptèrent l’opinion de l’Église antérieure, que les trois personnes y participaient ; Thomas d’Aquin, Qu. 45, art. 6 , Cramer, vii. p. 416. Mais ce n’était guère plus qu’une idée spéculative. Le pouvoir de créer était supposé être plus particulièrement possédé par le Père, pour la raison même que le pouvoir lui était particulièrement attribué ; bien que diverses expressions aient été employées, dans les services liturgiques, e. g. dans l’hymne : Veni Creator Spiritus.
9 Anselme lui-même enseignait que ce monde est le meilleur (omne quod est, recte est, Dial, de Ver . c. 7) ; et Abélard était d’accord avec ce que Platon affirmait (dans le Timée) : Deum nullatenus mundum meliorem potuisse facere, quam fecerit (Introd, ad Theol. iii. c. δ, cité par Mùnscher, éd. par von Colin, ii, p. 70.) Cette affirmation, cependant, s’est heurtée à l’opposition d’autres personnes. (Com. § 167, note 7.) D’après Alexander Hales, chaque individu possède sa propre perfection, bien qu’elle puisse paraître imparfaite comparée à l’ensemble, voir Cramer, vii, p. 413. — Sur la nature du mal, Thomas d’Aquin s’exprimait tout à fait dans le sens d’Augustin (Qu. 48 et 49) : le mal n’est pas une chose qui existe par elle-même, mais l’absence et le manque du bien. Le mal est, d’ailleurs, nécessaire pour constituer une différence de degrés ; l’imperfection des choses individuelles appartient même à la perfection du monde (Summa. P. i. Qu. 48, art. 2, cité par Mùnscher, von Colin, p. 74). Mais Thomas savait bien faire une exception dans le cas du mal moral : celui-ci n’est pas seulement un défaut, mais les méchants manquent de quelque chose dont ils ne devraient pas manquer ; C’est pourquoi l’idée du mal appartient plus proprement au mal de la culpabilité (malum culpæ) qu’au mal du châtiment (malum pœnæ). (Comp. Tertull. advers. Marc. ii. 14). [Selon Dana Scot, tout dépend de la liberté de la créature finie, et par conséquent, la bonté de Dieu révélée dans la perfection du monde, est conditionnée par cette liberté. » Baur, Dogmengesch. 254.]
10 Les scolastiques traitent communément de la Providence et de la Théodicée en ce qui concerne les attributs divins, avec la volonté divine en particulier. Hugo de Saint-Victor a même dit que la providence divine elle-même est un attribut, c’est-à-dire cet attribut de Dieu par lequel il prend soin de toutes les œuvres de ses mains, n’abandonne rien de ce qui lui appartient, et donne à chacun ce qui lui est dû et droit. dépendent des arrangements (dispositio) de Dieu. Il n’en est pas ainsi du mal. Seul le mode de son existence dépend de Dieu, mais non son existence elle-même, car Dieu ne fait pas le mal lui-même, mais quand le mal est fait, il l’emporte (malum ordinabile est). De Sacram. c. 19-21, cité par Liebner, p. 366. Cramer, vii. p. 274, par. Sur le θέλημα προηγούμενον, etc., comp. § 126, note δ, et John JDamasc. De Fide Orthod. ii. 29. Chez les scolastiques , le θέλημα προηγούμενον était aussi appelé voluntas bene placiti, le θελ. έπόμε-vov (consequcns), signe voluntas ! (expression de sa volonté). Comp. Liebner , Hugo de Saint-Victor, p. 386. Peter Lomb. Lib. i. Dist. 45, F. Alex. Hales , Summa, P. i. Qu. 36, Membr. Thomas d’Aquin nie et admet que le mal procède de Dieu. Dans la mesure où le mal présuppose un défaut, il ne peut avoir son origine en Dieu, car Dieu est la plus haute perfection. Mais en tant qu’elle consiste dans la corruption de certaines choses, et que cette corruption à son tour fait partie de l’univers parfait, elle procède en effet de Dieu, ex conséquent et quasi per accidcns. La théodicée de Thomas peut être comprise dans cette proposition, Summa theol. Qu. 15, art. 3 : Malum cognoscitur a Deo non per propriam rationem, sed per rationem boni. Comp. Baur, Trinitàtslehre, ii. p. 734, par. Ritter, viii. 285, et le passage qui y est cité. Mùnscher, par von Colin, 72. Cramer, p. 264.♦
♦ Une controverse orientale particulière est celle de la lumière créée et de la lumière incréée : les Hésychastes (Les quiétistes) de ML Athos, avec Palamas, plus tard archevêque de Thessalonique, à leur tête, soutenaient qu’il y a une lumière éternelle, incréée et pourtant communicable (la lumière de la transfiguration sur le Thabor). Le moine Barlaam (de Calabre) s’opposa à cette affirmation, soutenant que la lumière sur le Thabor était une lumière créée . Une confession adoptée à Constantinople en 1341, était favorable aux hésychastes. Acindynus, le coadjuteur de Barlaam, reprit la controverse, mais perdit son procès lors d’un second synode à Constantinople. Mais il faillit remporter la victoire lors d’un troisième synode (après la mort d’Andronic, 1341) sous l’impératrice Anne ; mais un quatrième synode, sous Cantacuzène, déclara de nouveau que la doctrine des hésychastes était correcte Cette dispute était liée à celle sur l’ούσία et le ένέργεια de la nature divine. Comp. Gass dans la RealencycL de Herzog, sous Hésychastes (d’après le rapport de Nicéphore Gregoras), et l’essai d’Engelhardt, renvoyés au § 153, note 12.
§ 172.
Jean Damas et d’autres1 adhérèrent à la classification des anges donnée par Pseudo-Denys (§ 131, note 8). Le concile du Latran, A. mort en 1215, sous le pape Innocent III. déclaré comme la doctrine de l’Église, que Les anges sont des êtres spirituels, et qu’ils ont été créés saints2. Mais avec en ce qui concerne des points particuliers, tels que la nature et les fonctions des anges, la relation dans laquelle ils se trouvaient avec Dieu, le monde, l’homme et l’œuvre de rédemption, une large place a été laissée aux spéculations poétiques et imaginaires, allant parfois jusqu’à la vanité volontaire3. L’idée du diable pénétra plus profondément encore que ne l’était la croyance aux anges, dans le credo populaire de la germaniques, parfois liées d’une manière horrible à la croyance en la sorcellerie et les sorcières, si courantes au moyen âge, légèreté et humour, entremêlés de légendes et de contes populaires4. Dans l’histoire de doctrines, cette croyance vivante et nationale au diable doit être considérée comme ainsi que les théorèmes et les systèmes des écoles, fondés pour la plupart sur définitions traditionnelles5. D’un point de vue religieux, le seul point de vue l’importance est celle-ci, qu’il a été jugé que le diable ne peut contraindre personne à commettre le péché, tandis que Lui-même est livré à la condamnation éternelle6. Lui, en tant que comme ses associés, les mauvais esprits, ressentent leur propre châtiment, mais aussi prenez plaisir aux tourments des damnés ; cette compensation, digne de leur tempérament diabolique, c’est toute leur joie7.
1 De Fide Orthod. it 3. La plupart des scolastiques adoptèrent cette classification. C’est ainsi que Hugo de Saint-Victor mentionnait et expliquait l’ordre et les noms des anges (selon Pseudo-Denys) que très brièvement (De Sacr. i. 5), « a preuve de son bon sens. (Liebner, p. 395). Comp. Lomb. Sent. lib. ii. Régime 9, A. Thom. Thomas d’Aquin, Summ. P. i. D. 108 (cité par Münscher, éd. par von Cölln, p. 65).
2 Cône. Latran. IV. Can. i. Mansi, T. xxii. p. 982, cité par Münscher , éd. par von Colin, p. 65.
3 La plupart des scolastiques adoptèrent l’opinion d’Augustin, que les anges ont été créés avec toutes les autres créatures, et seulement dans la mesure où ils les surpassent en dignité. Ainsi Hugo de Saint-Victor (cité par Liebner, c. 28 et 29, p. 392), Alexandre Hales, Thomas d’Aquin, Bonaventure, etc. (cité par Cramer, VII, p. 426). C’est un fait dont on a parlé au sujet des anges, et qui n’est pas sans importance dans un point de vue religieux, c’est que les anges ne sont représentés que comme distincts et isolés les créations de Dieu, ne formant pas un tout, comme le genre humain ; C’est pourquoi, dit-on, La chute des individus n’impliquait pas la chute de tout le monde angélique. Comp. e. g. Cur Deus d’Anselme Homo 1, ii. 20 : Non enim sic sunt omnes angeli de uno angelo, quem-admodum omnes homines de uno homine. « Il y a une race humaine, mais pas une race angélique (keine Engelheit)- ? Anselme de Hasse, ii. D’après les déclarations des scolastiques postérieurs, le Les anges se distinguent des âmes des hommes, 1. Physiquement (ils ne tiennent pas debout en besoin absolu d’un corps) ; 2. Logiquement (ils n’acquièrent pas la connaissance en inférences) ; 3. Métaphysiquement (ils ne pensent pas au moyen d’images, mais par vision intuitive) ; 4. Le Théologiquement (ils ne peuvent devenir ni l’un ni l’autre) meilleur ou pire). Alexander Hales, cependant, a fait cette dernière affirmation avec réserver. En tant que créatures sans corps, elles ne sont pas faites de matière et de forme ; mais actus et potentia ne sont pas identiques à eux comme à Dieu. De plus, (selon les à Thomas) il n’y a pas deux anges de la même espèce ; mais cela est nié par Duns Scot. La question s’est posée de savoir si la pensée est l’essence d’un ange? La réponse a été négative. Pourtant, Thomas d’Aquin dit que la pensée d’un L’ange n’est jamais simplement potentiel, mais en même temps, réel. La connaissance de anges est purement a priori, et plus le rang d’un ange est élevé, d’autant plus univer-sal sont les conceptions, par lesquelles il sait. Scot dit que les anges avoir la capacité d’acquérir des connaissances empiriques (intcllcctum agentem et possibilème) ; D’après d’autres, leurs connaissances sont soit matutina (COG-nitio rerum in verbo), ou vespertina (cognitio rerum in se), ou, enfin, meri-diane (aperta Dei visio). Comp. Bonaventura, Compend. ii. 15. La connaissance de certains anges, cependant, est plus plus complet que celui des autres. Certains , par ex. connaissaient d’avance le mystère de l’incarnation du Christ, qui était inconnu des autres. Les anges ont aussi un langage, qui n’est cependant pas né des sens, mais de l’intellect. Ils ont en outre une place , c’est-à-dire qu’ils ne sont pas omniprésents comme Dieu, mais se meuvent avec célérité incommensurable d’un endroit à un autre, et imprègne tout l’espace plus plus facilement que l’homme. On leur demanda aussi s’ils pouvaient faire des miracles. si Un ange pourrait-il exercer une influence sur la volonté d’un autre ? etc., voir Cramer, 1. c. (Ces citations sont pour la plupart tirées d’Alexander Hales et Thomas d’Aquin). Voir Baur, Trinit. Il 731, sq. — Pierre Lombard et d’autres ont également conservé l’idée d’anges gardiens, voir Sent. ii. Dist. ii. A. (dans Mùnscher., éd. par von Colin, p. 66). Certains se sont amusés l’idée singulière d’une haine de la part des anges contre les pécheurs de l’espèce humaine, dont parle Berthold dans un de ses sermons, cité par Kling, p. 18, 20 : « Ils crient tous les jours à la vue des pécheurs : Seigneur, que tuons-les ! Mais il les apaise et les exhorte à laisser l’ivraie croître parmi les blé. — Mais les scolastiques les plus lobers n’entraient dans aucune d’autres enquêtes de ce genre. C’est ainsi qu’Hugo de Saint-Victor a dit : « Nous marchons timidement au milieu de ces choses, et, pour ainsi dire, les yeux bandés, et nous tâtonnons avec le sens de notre connaissance insignifiante après l’incompréhensible. Liebner, p. 393. — Tauler s’exprime dans un langage analogue, Sermon sur la Saint-Michel, (vol. III. p. 145) ; « Avec quelles paroles nous pouvons et devons parler de ces purs esprits, je ne le savent pas, car ils n’ont ni mains, ni pieds, ni forme, ni forme, ni affaire; et que dirons-nous d’un être qui n’a rien de tout cela, et qui ne peut être appréhendé par nos sens ? Ce qu’ils sont est un mystère pour nous, et cela ne doit pas nous surprendre, car nous ne le savons pas nous-mêmes, c’est-à-dire notre esprit par lequel nous sommes faits hommes, et de qui nous recevons tout le bien que nous possédons. Comment donc pourrions-nous connaître cet esprit extrêmement grand, dont la dignité surpasse de beaucoup toutes les dignités que le monde peut posséder ? C’est pourquoi nous parlons des œuvres qu’ils mais pas de leur nature » Néanmoins, Tauler suivit l’exemple de ses contemporains en adhérant à la la hiérarchie cœlestis de Denys.
4 « Il est assez remarquable que le diable de Le moyen âge semble avoir perdu beaucoup de sa terreur et de sa laideur, et jouer plutôt le rôle d’un imposteur rusé, et d’un joyeux garçon... plutôt comme un qui excite le rire plutôt que la peur. Augusti, Dogmengesch. p. 320. Comp. Grimm, deutsche Mythologie, p. 549, ss. Hase, Gnose, i. p. 263. Koberstein, Sage vom Wartburgkriege, p. 67, 68. (Les procès pour sorcellerie ne sont pas devenus général jusqu’à la fin de la période actuelle, au XVe siècle, à partir de à ce moment-là, la foi en la puissance du diable devint de plus en plus lugubre et prodigieux.)
5 Anselme composa un traité séparé sur la chute du diable (De ־ Casu Diaboli). Son idée maîtresse, cap. 4, est : Peccavit volendo aliquod com-modum, quod nec habebat, nec tunc voile debuit, quod tamen ad augmentum beatudinis esse illi poterat...... Peccavit et volendo quod non debuit, et nolendo quod debuit, et palam est, quia non ideo voluit, quod volendo illam [justitiam] dcscruit...... At cum hoc voluit, quod Deus ilium velle nolebat, voluit inordinate similis esse Deo—quia propria voluntate, quæ null ! subdita fuit, voluit aliquide. Solius enim Dei esse debet, sic voluntate propria velle aliquid, ut superiorem non sequatur voluntatem. Non solum autem voluit esse æqualis Deo, quia præsumsit habere propriam voluntatem, sed etiam major voluit esse, volendo, quod Deus ilium velle nolebat, quoniam voluntatem suam supra voluntatem Dei posuit Comp. Hasse, ii. 393 sq. La plupart des théologiens s’en tenaient encore à l’opinion que l’orgueil était la cause principale de la chute du diable : mais Duns Scot trouve que la mot luxuria plus approprié (Lib. ii. Dist. 3, p. 544 ; Baur, Trinit., ii. 771 sq.) — D’accord avec Ésaïe. xiv. 2, Satan a été identifié avec Lucifer, et ce dernier nom fut dès lors constamment appliqué au diable.♦ D’après Anselme (sensiblement comme dans Augustin, Enchiridion, c. 29), la chute du diable était la cause de la création de l’homme, qui devait être une sorte de compensation, suppléant à l’insuffisance du nombre des esprits élus (Cur. Deus Homo, c. 16-18). La même idée a été entretenue par Hugo de Saint-Victor et Pierre Lombard, quoique sous une forme quelque peu modifiée ; voir Liebner, p. 395. D’après Alexander Hales, quelques-uns sont tombés parmi toutes les différentes classes d’anges, mais le nombre de Fallen Angels est moins que celle de ceux qui ont préservé leur innocence. Duns Scot soutient que les anges déchus peuvent même s’élever de manière à vouloir ce qui est bon ; mais elle reste une simple volonté, et ne vient jamais à l’acte (Dist 7, p. 577 : Baur, Trinit, ii. 786). Ni les mauvais ni les bons anges ne peuvent faire de miracles dans le bon sens ; Le premier peut cependant exercer un certain pouvoir sur le corporel monde, bien qu’ils ne puissent pas aller aussi loin (comme la superstition populaire voudrait que les hommes croire), comme pour changer les hommes en d’autres êtres, e. g., loups ou oiseaux ; voir Cramer, p. 100. 44, Les scolastiques ont aussi apporté leur contribution à la pensée libérale !
♦Bonaveni. Compend. ii. 28 : Dictus est autem Lucifer quia præ cæteris luxit, suæque pulchritudinis consideratio eum excœcavit. Parmi les premiers pères de la Eusèbe fut le seul qui appliquât l’appellation de Lucifer à la diable (Demonst. Evang. iv. 9). Ni Jérôme ni Augustin ne l’ont jamais fait. Comp. Grimm, L c.p. 550, note.
6 Thomas d’Aquin, i. Qu. 64. Le pouvoir de Satan a été particulièrement limité depuis l’apparition du Christ (comp. Cramer, p. 447).—Anselme déclara impossible que les mauvais anges fussent enfin rachetés (comme le supposait Origène) ; Cur Deus Homo, ii. c. 21 : Sicut enim homo non potuit reconciliari nisi per hominem Deum (voir ci-dessous, § 179), qui mori posset.... Ita angeli damnati non possunt salvari nisi per angelum Deum qui mori pos-sit...... Et sicut homo per alium hominem, qui non esset ejusdem generis, quam vis ejusdem esset naturæ, non debuit relevari, ita nullus angel us per alium angelum salvari debet, quamvis omnes sint unius naturæ, quoniam non sunt ejusdem generis sicut homines. Non enim sic sunt omnes Angeli de uno angelo, quemadmodum omnes homines de uno homine. Hoc quoque Re-movet eorum restaurationem, quia sicut ceciderunt nullo alio suadente ut caderent, ita nullo alio adjuvante resurgere debent : quod est illis impossible »
7 Cramer, 1. c. p. 448 : « Ils peuvent en effet se complaire dans le mal et le mal qu’ils font à l’homme, mais cette joie est une joie pleine d’amertume, et les prépare à un châtiment encore plus douloureux. Selon John Wessel (De Magnit. Pass. c. 38, p. 532, cité par Ullmann, p. 236 ), « Satan (ou le dragon) trouve son premier et son plus grand le malheur dans sa claire connaissance, que Dieu est toujours béni en lui-même...... Sa seconde misère, c’est de voir dans sa propre condition, et dans le cas de toutes les autres, que l’Agneau, en tant que vainqueur, a reçu de Dieu un nom qui est au-dessus de tout nom...... Son troisième malheur, c’est qu’il est lui-même, avec toute l’armée de l’armée, puissances des ténèbres, a préparé cette couronne de victoire pour l’Agneau.
FIN DU VOL· 1