CONFUSION ANTITRINITAIRE MODERNE
Entre 180 et 240 de notre ère, la christologie du Logos a
un concurrent redoutable: le Modalisme. Pour les
modalistes, la divinité elle-même s'est incarnée dans le
Christ, qui n'est autre que le Père devenu chair, ce qui est
fortement attesté par les Saintes-Écritures (Ésaïe 9:5,6;
Jean 14:9). Le Dieu des modalistes est avant tout absolue
liberté: «Lorsqu'on ne le voit pas, il est invisible; lorsqu'il
se laisse voir, il est visible. De la même façon, il est
engendré et inengendré, immortel et mortel» (Noët, d'après
Hippolyte, Elenchos, IX, 10, 10). Reprochant la
christologie du Logos comme étant du dithéisme (deux
dieux), le Modalisme concilie la foi en un seul Dieu avec la
croyance en la pleine divinité du Christ; il resta longtemps
populaire chez les simples fidèles, inquiétés par la
philosophie. D'Orient, le Modalisme avait gagné Rome.
Son influence est grande sous les papes Zéphyrin (198-
217) et Calliste (217-222). Vers 260 encore, l'évêque
d'Alexandrie, Denys, doit le combattre. On le désigne alors
faussement sous le nom de Sabellianisme, du nom de
Sabellius, qu'on prétend être chef de la secte sous Calliste,
qui finit par l'excommunier. Toutefois la doctrine de
Sabellius n'était pas le Modalisme original de Noët, mais
une perversion. Pour les sabelliens, Dieu agit sous trois
prosôpa – trois masques ou visages – successifs mais
temporaires: il est Père, comme créateur et législateur, et
cesse d'être Père lorsqu'il devient Fils; il est Fils, de sa
naissance à sa mort sur la croix, et cesse d'être Fils
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