Nous arrivons maintenant au huitième chapitre de l'épître aux Romains. Mais avant d'en commencer l'étude, nous pourrions résumer le contenu de toute la deuxième section de la lettre, allant du chapitre 5 verset 12 à la fin du chapitre 8, en deux expressions contenant chacune un contraste, et marquant chacune un aspect de l'expérience chrétienne. Ce sont:
·« Dans la chair» et « dans l'Esprit» : Romains 7.1 à 8.39,
·« En Adam» et « en Christ» : Romains 5.12 à 6.23.
Il est très important que nous comprenions la relation qui existe entre ces quatre termes. Les deux premiers sont « objectifs» et expliquent notre position, d'abord ce que nous étions par nature, et ensuite ce que nous sommes maintenant, par la foi dans l'œuvre rédemptrice de Christ. Les deux derniers termes sont « subjectifs » et s'appliquent à notre marche, c'est-à-dire à notre expérience pratique. Les Écritures nous montrent clairement que les deux premiers termes ne présentent qu'une partie de la vérité, et que les deux autres sont nécessaires pour la compléter. Nous pensons qu'il est suffisant d'être « en Christ ", mais nous avons à apprendre qu'il nous faut aussi marcher « dans l'Esprit" (Romains 8.9). L'emploi fréquent du mot « Esprit» dans la première partie de Romains 8 sert à souligner cette autre leçon importante de la vie chrétienne.
La chair est liée à Adam; l'Esprit est lié à Christ. Nous laisserons de côté la question, maintenant réglée, de savoir si nous sommes en Adam ou en Christ, et nous nous demanderons : Est-ce que je vis dans la chair ou dans l'Esprit?
Vivre dans la chair, c'est faire quelque chose comme « venant de" 1 moi-même, étant en Adam; c'est tirer ma force de la vieille source de vie que j'ai héritée de lui, si bien que je trouve dans mon expérience toutes les dispositions au péché d'Adam; et nous savons tous qu'elles portent leurs fruits! Or, il en est de même pour ce qui est en Christ. Pour posséder dans mon expérience ce qui est vrai de moi en Lui, je dois apprendre ce qu'est la marche selon l'Esprit. Le fait que ma vieille nature a été crucifiée en Christ est acquis dans le passé, et c'est une réalité du présent que je suis béni « de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ» (Éphésiens 1.3). Mais si je ne vis pas dans l'Esprit, ma vie sera en contradiction avec le fait que je suis en Christ, car ce qui est vrai de moi en Lui ne se manifeste pas en moi. Je puis réaliser que je suis en Christ, mais il se peut aussi que je me rende compte que mon vieux tempérament se manifeste encore très fortement.
1 L'auteur pense à la préposition grecque « ek », dont le sens n'est pas facilement rendu par un seul mot dans notre langue.
Pourquoi ce dilemme? C'est que je saisis la vérité seulement d'une manière objective, alors que ce qui est vrai objectivement doit devenir aussi vrai subjectivement ; et cela se fera dans la mesure où je vis dans l'Esprit.
Non seulement je suis en Christ, mais Christ est en moi. Et de même que, physiquement, l'homme ne peut vivre et travailler que dans l'air, et non dans l'eau, de même, spirituellement, Christ demeure et se manifeste, non dans la chair, mais dans « l'Esprit ».
C'est pourquoi, si je vis « selon la chair », je m'aperçois que ce qui est à moi en Christ est, pour ainsi dire, tenu en suspens en moi. Bien que, en fait, je sois en Christ, si je vis dans la chair, c'est-à-dire dans ma propre force et selon ma propre volonté, je m'aperçois avec consternation que, en pratique, c'est ce qui est d'Adam qui se manifeste en moi. Si je veux connaître en pratique tout ce qui est en Christ, il faut que j'apprenne à vivre dans l'Esprit.
Vivre dans l'Esprit, cela signifie que je me confie au Saint-Esprit, pour qu'Il accomplisse en moi ce que je ne puis pas faire moi-même. Cette vie est complètement différente de celle que je vivrais naturellement par moi-même. Chaque fois que je suis en face d'une nouvelle exigence du Seigneur, je regarde à Lui pour qu'Il accomplisse ce qu'Il attend de moi. Je n'ai pas à essayer, mais à me confier; je n'ai pas à lutter, mais à me reposer en Lui. Si j'ai un caractère irritable, des pensées impures, une langue trop vive, ou un esprit critique, je ne chercherai pas à me transformer par un effort de volonté, mais je me considérerai comme mort en Christ à l'égard de toutes ces choses, et je regarderai à l'Esprit pour qu'Il produise en moi la pureté, l'humilité ou la douceur dont j'ai besoin. C'est là ce que signifie cette parole: « Demeurez tranquilles et contemplez la délivrance que l'Eternel va vous accorder» (Exode 14.13).
Plusieurs d'entre nous, nous avons sans doute fait une expérience semblable à celle-ci: on vous a demandé d'aller voir un ami, et vous saviez que cet ami n'est pas très aimable, mais vous vous êtes confié au Seigneur pour qu'Il vous aide dans cette tâche. Vous Lui avez dit, avant de vous mettre en route, que par vous-même, vous alliez inévitablement au-devant d'un échec, et vous Lui avez demandé tout ce qui vous était nécessaire. Alors, à votre surprise, vous ne vous êtes pas senti énervé, bien que votre ami ait été tout sauf aimable. Au retour, en vous rappelant cette expérience, vous vous êtes réjoui d'être res té si calme, et vous vous êtes demandé si vous le resteriez aussi une prochaine fois. Vous étiez surpris de vous-même, et vous en cherchiez une explication. Cette explication, la voici : « Le Saint-Esprit vous a gardé et sou- tenu. },I
Malheureusement, nous ne faisons ce genre d'expérience que de temps à autre, et pourtant, ce devrait être notre expérience continuelle. Lorsque le Saint-Esprit prend les choses en main, nous
14 n'avons nul besoin de nous faire violence. Il ne s'agit pas de serrer les dents, en pensant qu'ainsi nous pourrons contrôler nos réactions et remporter la victoire. Non, là où il y a une véritable victoire, il n'y a point d'effort charnel. C'est le Seigneur qui nous porte glorieuse- ment à travers les difficultés.
Le but de la tentation est toujours de nous amener à faire quelque chose. Durant les trois premiers mois de la guerre sine-japonaise, nous avions perdu un grand nombre de chars, si bien que nous étions incapables de faire face aux chars japonais, jus- qu'à ce que la tactique suivante ait été conçue. Un seul coup de fusil devait être tiré sur un char japonais par l'un de nos meilleurs tireurs en embuscade. Après un laps de temps important, ce premier coup devait être suivi d'un second, puis, après un autre silence, d'un nouveau coup, jusqu'à ce que le chef du char, désireux de découvrir l'origine du trouble, sorte la tête pour jeter un coup d'œil autour de lui. Le coup suivant, soigneusement visé, devait mettre fin à ses jours.
Aussi longtemps qu'il restait à l'abri, il était en parfaite sécurité.
Tout ce plan avait pour but de l'attirer au-dehors. De la même manière, les tentations de Satan n'ont pas pour premier but de nous faire commettre quelque chose de particulièrement mauvais, mais simplement de nous amener à agir dans notre propre énergie; et dès que nous sortons de notre retraite pour agir sur cette base, il a rem- porté la victoire sur nous. Tant que nous ne bougeons pas, tant que nous ne sortons pas de l'abri en Christ pour revenir dans le domaine de la chair, il ne peut pas nous atteindre.
Le chemin de la victoire, selon Dieu, exclut tout ce que nous voudrions faire par nous-mêmes, c'est-à-dire ce qui serait en dehors de Christ. Il en est ainsi parce que, dès que nous faisons un pas, nous courons un danger, à cause de nos inclinations naturelles qui nous poussent dans la fausse direction. Où devons-nous donc chercher le secours? Prenons maintenant Galates 5.17 : « La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair ". En d'autres termes, ce n'est pas contre nous que lutte la chair, c'est contre le Saint-Esprit, car « il y a entre eux une telle opposition ", et c'est l'Esprit, et non pas nous, qui rencontre la chair et triomphe d'elle. Quel est le résultat? « Vous ne faites pas ce que vous voudriez »,
Je pense que nous avons souvent mal compris la dernière proposition de ce passage. Considérons bien ce qu'il signifie. Que « ferions-nous » naturellement? Nous nous élancerions dans une ligne d'action dictée par nos propres instincts, et en dehors de la volonté de Dieu. Notre refus d'agir par nous-mêmes a pour effet de laisser au Saint-Esprit la liberté de dominer sur la chair qui est en nous et de la mettre de côté, de sorte que nous ne ferons pas ce que nous serions enclins à faire naturellement: nous n'agirons pas selon nos inclinations naturelles ; nous ne suivrons pas une ligne ou un plan que nous aurions choisi par nous-mêmes ; mais nous trouverons notre satisfaction à rester dans son plan parfait.
C'est pourquoi nous avons ce principe : « Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez point les désirs de la chair» (Gala- tes 5.16). Si nous vivons dans l'Esprit, si nous marchons par la foi dans le Christ ressuscité, nous pouvons réellement « demeurer tranquilles », tandis que l'Esprit remporte chaque jour de nouvelles victoires sur la chair. Notre victoire consiste à nous cacher en Christ et à nous confier, dans une simple assurance, à son Saint- Esprit, qui triomphe en nous de nos passions charnelles par ses désirs nouveaux. La croix nous a été donnée pour accomplir le salut pour nous; l'Esprit nous a été donné pour produire le salut en nous. Christ ressuscité et élevé au ciel est le fondement de notre salut j Christ dans notre cœur, par l'Esprit, en est la puissance.
« Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ! » Cette exclamation de Paul est fondamentalement la même que celle qu'il exprime en d'autres termes dans Galates 2.20, et que nous avons pris comme titre de notre étude: « Si je vis, ce n'est plus moi, c'est Christ ». Nous avons vu la place importante qu'occupe le mot « je » dans tout ce chapitre de Romains 7, qui aboutit à ce cri d'angoisse: « Misérable que je suis! » Puis vient le cri de délivrance: « Grâces soient rendues à Dieu ... Jésus-Christ! » Il est clair que la découverte qu'a faite Paul est celle-ci: la vie que nous vivons est la vie de Christ seul. Nous pensons à la vie chrétienne comme à « une vie changée », mais ce n'est pas cela. Dieu nous offre une « vie échangée », une « vie substituée», et Christ est en nous, notre Substitut. « Si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ». Cette vie n'est pas quelque chose que nous devons produire en nous-mêmes. C'est la vie même de Christ qui se reproduit en nous.
Combien de chrétiens croient-ils à la « reproduction» dans ce sens-là, comme à une expérience plus profonde que la régénération ? La régénération signifie que la vie de Christ est implantée en nous, par le Saint-Esprit, à notre nouvelle naissance. La «reproduction » va plus loin: elle signifie que cette nouvelle vie s'accroît, se développe, et se manifeste progressivement en nous, jusqu'à ce que la personne même de Christ commence à se reproduire dans nos vies. C'est ce que veut dire Paul, lorsqu'il dit souffrir les douleurs de l'enfantement « jusqu'à ce que Christ soit formé en vous» (Galates 4.19).
Laissez-moi illustrer cela par une autre histoire. J'arrivai un jour, en Amérique, dans le foyer d'un couple chrétien qui m'avait demandé de prier pour eux. Je leur demandai la cause de leurs difficultés.
« Oh ! Monsieur Nee, nous venons de passer par de mauvais moments, confessèrent-ils. Nous nous irritons si facilement à cause des enfants, et ces dernières semaines, nous nous sommes mis en colère plusieurs fois par jour. Nous déshonorons réellement le Seigneur. Voulez-vous Lui demander de nous donner de la patience?
- C'est la seule chose que je ne puisse pas faire, répondis-je.
- Que voulez-vous dire? s'écrièrent-ils.
-Je veux dire qu'une chose est certaine, répliquai-je, c'est que Dieu ne répondra pas à votre prière.
Alors ils murmurèrent avec étonnement.
- Pensez-vous vraiment que nous sommes allés si loin, et que Dieu n'est plus disposé à nous entendre quand nous Lui demandons de nous rendre patients?
- Non, ce n'est pas tout à fait cela, mais j'aimerais savoir si vous n'avez jamais fait de cela un sujet de prière. Vous l'avez fait. Mais Dieu a-t-Il répondu? Non! Savez-vous pourquoi? C'est parce que vous n'avez pas besoin de patience.
Alors les yeux de l'épouse étincelèrent.
- Que voulez-vous dire ? Nous n'avons pas besoin de patience, alors que nous nous irritons toute la journée ! Que voulez-vous vraiment dire? s'écria-t-elle.
- Ce n'est pas de patience dont vous avez besoin, répondis-je, c'est de Christ. »
Dieu ne me donnera pas l'humilité, ou la patience, ou la sainteté, ou l'amour, comme des dons isolés de sa grâce. Il ne détaille pas sa grâce, pour nous la distribuer par petites doses, accordant une mesure de patience à celui qui est impatient, un peu d'amour à celui qui est orgueilleux. Il nous a fait un seul Don, qui répond à tous nos besoins: son Fils Jésus-Christ; et lorsque je regarde à Lui pour qu'Il vive Sa vie en moi, Il sera humble et patient, et plein d'amour, et tout ce dont j'ai besoin - à ma place. Souvenons-nous de ces paroles de la première épître de Jean: «Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie" (1 Jean 5.11-12). La vie de Dieu ne nous est pas donnée comme un objet séparé ; la vie de Dieu nous est donnée dans le Fils. C'est « la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 6.23). Notre relation avec Christ est notre relation avec la vie.
C'est une expérience bénie que de découvrir la différence qu'il y a entre les grâces chrétiennes et Christ j de connaître la différence entre l'humilité et Christ, entre la patience et Christ, entre l'amour et Christ. Souvenons-nous encore de ce que nous dit 1 Corinthiens 1.30 : « Jésus-Christ a été fait pour nous, de la part de Dieu, sagesse, et justice, et sanctification, et rédemption ». La notion courante de la sanctification veut que chaque point particulier de la vie soit rendu saint. Mais ce n'est pas cela la sainteté, c'est le fruit de la sainteté.
La sainteté, c'est Christ. C'est le Seigneur Jésus en nous qui est cette sainteté. Tout est compris en cela: l'amour, l'humilité, la force, le contrôle de soi. Aujourd'hui j'ai besoin de patience. Il est notre patience. Demain j'aurai besoin de pureté. Il est notre pureté! Il est la réponse à tous nos besoins.
C'est pourquoi Paul parle du « fruit de l'Esprit ", comme d'un seul fruit (Galates 5.22), et non de plusieurs « fruits », de dons séparés. Dieu nous a donné son Saint-Esprit, et quand nous avons besoin d'amour, le fruit de l'Esprit, c'est l'amour; quand nous avons besoin de joie, le fruit de l'Esprit, c'est la joie. C'est toujours vrai. Peu importe notre besoin personnel, ou les mille et une choses qui nous manquent, Dieu a une seule réponse, mais une réponse suffisante: son Fils Jésus-Christ, et Il est la réponse à tous les besoins de tous les hommes.
Comment pouvons-nous connaître une plus grande mesure de Christ? Seulement par une conscience plus grande de nos besoins. Certains chrétiens ont peur de découvrir des insuffisances en eux-mêmes, aussi ne grandissent-ils pas. La croissance en grâce est la seule manière dont nous puissions grandir, et la grâce, nous l'avons dit, c'est Dieu qui agit à notre place. Nous avons tous le même Christ demeurant en nous, mais la révélation d'un nouveau besoin nous amènera spontanément à nous confier en Lui pour qu'Il vive sa vie en nous, dans ce point particulier. Une plus grande capacité signifie une connaissance plus grande des ressources de Dieu. La conquête d'un nouveau terrain demande un nouvel abandon, et une confiance en Christ renouvelée. « Christ ma vie» est le secret de l'accroissement.
Nous avons parlé de nos efforts et de notre abandon, et de la différence qui existe entre ces deux positions. Croyez-moi, c'est la même différence que celle qu'il y a entre le Ciel et l'Enfer. Ce n'est pas simplement une belle pensée dont il est bon de parler: c'est la réalité. « Seigneur, je ne puis pas le faire; je n'essaierai donc plus de le faire. » C'est le point où la plupart d'entre nous subissons un échec. « Seigneur, je ne puis pas; c'est pourquoi je retire mes mains; dès maintenant, je me confie à Toi. » Je refuse d'agir; je dépends de Lui pour qu'Il agisse, et j'entre ensuite pleinement et joyeusement dans l'action qu'Il a commencée. Ce n'est pas de la passivité; c'est une vie des plus actives que de se confier au Seigneur de cette manière; de tirer de Lui la vie, de Le prendre pour qu'Il soit ma vie même, de Le laisser vivre sa vie en moi.
Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair, mais selon l'Esprit, parce que la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort. (Romains 8.1-2)
C'est dans ce chapitre huit que Paul nous présente en détaille côté positif de la vie dans l'Esprit. « Il n'y a donc maintenant aucune condamnation ", commence-t-il par déclarer, et cette déclaration peut au premier abord sembler ne pas être à sa place. En effet, la condamnation a été enlevée par le sang, grâce auquel nous avons trouvé la paix avec Dieu et avons été sauvés de la colère (Romains 5.1,9).
Mais il existe deux sortes de condamnation : devant Dieu et devant moi-même (nous avons vu de la même manière qu'il y a deux sortes de paix). Et cette deuxième condamnation peut parfois nous paraître plus terrible que la première. Lorsque je vois que le sang de Christ a satisfait Dieu, je sais que mes péchés sont pardon- nés, et qu'il n'y a plus pour moi de condamnation devant Dieu. Cependant, je puis encore connaître la défaite, et le sentiment d'une condamnation intérieure peut être très réel, comme le montre Romains 7. Mais si j'ai appris à vivre par Christ qui est ma vie, je connais alors le secret de la victoire, et que Dieu soit loué, « il n'y a donc maintenant plus de condamnation». « La pensée de l'Esprit est vie et paix » (Romains 8.6). Cela devient mon expérience à mesure que j'apprends à marcher selon l'Esprit. Si la paix règne dans mon cœur, je n'ai pas le temps de me sentir condamné, mais seule- ment de louer Celui qui me conduit de victoire en victoire.
Mais d'où me vient ce sentiment de condamnation ? Ne serait-ce pas de la conscience de mes défaites et du sentiment de mon impuissance à y remédier? Avant d'avoir vu que Christ était ma vie, je souffrais du sentiment constant de mon incapacité j mes limitations entravaient mes pas, je me sentais désemparé à tout instant. Je criais sans cesse: « Je ne puis pas faire ceci! Je ne puis pas faire cela. » Malgré tous mes efforts, je voyais que je ne pouvais pas « plaire à Dieu" (Romains 8.8). Mais en Christ, il n'y a plus de «Je ne puis pas »; C'est maintenant: « Je puis tout par Celui qui me for- tifie " (Philippiens 4.13).
Comment Paul ose-t-il être si hardi? Sur quoi se base-t-il pour déclarer que, désormais, il est libéré de toute limitation et qu'« il peut tout» ? Voici sa réponse: « Parce que la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du Péché et de la mort» (Romains 8.2). Pourquoi n'y a-t-il plus de condamnation? « Parce que ... » Il y a une raison à cela; il y a une chose très précise qui justifie son affirmation. La raison, c'est qu'il y a une loi appelée « la loi de l'Esprit de vie ", qui s'est montrée plus forte qu'une autre loi appelée « la loi du Péché et de la mort ". Que sont ces deux lois ? Comment opèrent-elles? Et quelle est la différence entre le péché et la loi du péché et entre la mort et la loi de la mort ?
Demandons-nous tout d'abord : Qu'est-ce qu'une loi ? Eh bien, à proprement parler, une loi est la généralisation d'un fait observé, jusqu'à ce que la preuve soit faite qu'il n'y a pas d'exception. Nous pourrions la définir plus simplement comme une chose qui se répète toujours à nouveau dans des conditions semblables. Toutes les fois où elle reparaît, elle reparaît de la même manière. Nous prendrons deux exemples pour expliquer cette définition: l'un dans les lois humaines, l'autre dans les lois naturelles.
En Angleterre, par exemple, si je conduis ma voiture du côté droit de la route, je me ferai arrêter par la police routière. Pourquoi? Parce que j'enfreins la loi du pays. Si vous faites la même chose, vous serez aussi arrêté. Pourquoi? Pour la même raison que celle pour laquelle j'ai été arrêté: c'est contre la loi du pays, et la loi ne connaît pas d'exception. C'est quelque chose qui arrive de manière répétée et infaillible. Ou bien encore, nous savons tous ce que signifie la loi de la pesanteur. Si je laisse tomber mon mouchoir à Londres, il tombera à terre; c'est l'effet de la pesanteur. Mais la même chose se répétera si je le laisse tomber à Paris, à New York ou à Hong-Kong ; le même fait se reproduira. Peu importe où je le laisse tomber, la pesanteur a le même effet sur tous les points du globe terrestre. Partout où existent les mêmes conditions, les mêmes effets se reproduisent. Il y a ainsi une « loi» de la pesanteur des corps.
Maintenant, qu'est-ce que la loi du péché et de la mort? Si quelqu'un me fait une remarque peu aimable, je me sens immédiate- ment blessé. Ce n'est pas une loi, c'est le péché. Mais si différentes personnes me font des remarques désobligeantes, et que j'aie toujours à nouveau la même réaction, je discerne alors une loi en moi - une loi de péché. Comme la loi de la pesanteur, la loi du péché est un principe constant. Les choses se répètent toujours de la même manière. Et il en est de même de la loi de la mort. Nous avons dit que la mort est la faiblesse arrivée à sa limite extrême. La faiblesse, c'est « je ne puis pas ». Or, si je m'efforce de plaire à Dieu dans un cas particulier, et que je trouve que je ne puis pas y arriver, et si, dans un autre cas, j'essaie de Lui plaire et que je découvre à nouveau que j'en suis incapable, je discerne une loi qui est à l'œuvre en moi. Ce n'est pas seulement le péché qui est en moi, mais une loi de péché; et ce n'est pas seulement la mort qui est en moi, mais une loi de mort.
Bien plus, la pesanteur est une loi, non seulement en ce sens qu'elle est constante, qu'elle n'admet pas d'exception, mais aussi- et contrairement au code de la route - par le fait qu'elle est une loi «naturelle », et non un objet de discussion et de décision mais simplement de découverte. La loi existe, et le mouchoir tombe « naturellement » à terre, par lui-même et sans aucune aide de ma part.
Et la loi découverte par cet homme de Romains 7 .23 est exactement de la même nature. C'est une loi de péché et de mort, opposée à ce qui est bon, et qui paralyse l'homme qui voudrait faire le bien. Il pèche « naturellement », selon « la loi du péché» qui est dans ses membres. Il désire être différent, mais la loi qui est en lui est implacable, et aucune volonté humaine ne peut y résister. Cela m'amène donc à cette question : Comment puis-je être libéré de la loi du péché et de la mort? J'ai besoin de connaître la délivrance du péché, et plus encore la délivrance de la mort, mais par-dessus tout, j'ai besoin d'être affranchi de la loi du péché et de la mort. Comment puis-je être délivré de la répétition constante de mes faiblesses et de mes chutes ? Pour répondre à cette question, voyons encore un peu nos deux exemples.
L'une des plus lourdes charges que nous avions autrefois en Chine était la taxe « likin », une loi à laquelle personne ne pouvait échapper ; elle datait de la dynastie des Ch'in et était restée en vigueur jusqu'à nos jours. Cette taxe s'appliquait au transport intérieur des marchandises et était appliquée dans toutes les provinces de l'empire j la perception était assurée par de nombreux bureaux d'octroi, et les fonctionnaires jouissaient de très larges pouvoirs. Les taxes ainsi imposées sur les marchandises qui traversaient plusieurs provinces pouvaient donc devenir énormes. Mais il y a plusieurs années, une seconde loi fut promulguée qui supprima cette loi « likin ». Vous pouvez vous imaginer le sentiment de soulagement qu'éprouvèrent ceux qui avaient souffert sous l'ancienne loi. Nous n'avions plus besoin de penser, d'espérer ou de supplier j la nouvelle loi était là et nous avait délivrés de l'ancienne. Nous n'avions plus à penser à l'avance à ce qu'il faudrait dire si nous rencontrions un percepteur du « likin » le lendemain!
Il en est de même pour les lois de la nature que pour les lois d'un pays. Comment la loi de la pesanteur peut-elle être annulée? En ce qui concerne mon mouchoir, cette loi s'exerce clairement j elle l'attire à terre; mais je n'ai qu'à le soutenir de ma main pour qu'il ne tombe pas. Pourquoi? La loi existe toujours. Je ne change rien à la loi de la pesanteur j en fait, je ne puis pas agir sur elle. Alors pourquoi mon mouchoir ne tombe-t-il pas à terre? Par une force qui l'en empêche. La loi est là, mais une autre loi, qui lui est supérieure, agit et triomphe d'elle, c'est la loi de la vie. La pesanteur peut exercer toute sa puissance, mais le mouchoir ne tombera pas, parce qu'une autre loi agit contre la loi de la pesanteur pour le maintenir à sa place. Nous avons tous vu un de ces arbres qui, parti d'une petite semence tombée entre deux dalles de pierre, a grandi et a soulevé ces blocs par la puissance de la vie qui était en elle. C'est là ce que nous entendons par le triomphe d'une loi sur une autre.
C'est d'une manière toute semblable que Dieu nous délivre d'une loi en introduisant en nous une autre loi. La loi du péché et de la mort subsiste toujours, mais Dieu a mis en œuvre une autre loi- la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ - et cette loi est assez puis- sante pour nous délivrer de la loi du péché et de la mort. Car c'est une loi de vie en Jésus-Christ. La vie de résurrection qui est en Lui a rencontré, la mort sous toutes ses formes, et en a triomphé. Quelle est, envers nous qui croyons, l'infinie grandeur de sa puissance qui agit par la vertu souveraine de sa force. C'est cette puissance qu'il a déployée dans le Christ, en le ressuscitant des morts et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes. (Ephésiens 1.19-20) Le Seigneur Jésus demeure dans nos cœurs en la Personne de son Saint-Esprit, et si nous Lui laissons la liberté d'agir et que nous nous confions à Lui, nous verrons qu'Il nous gardera de l'ancienne loi. Nous apprendrons ce que c'est que d'être gardés, non par notre propre pouvoir, mais « par la puissance de Dieu» (1 Pierre 1.5).
Il nous faut chercher à trouver le sens pratique de tout cela.
Nous avons parlé fréquemment de la question de notre volonté en relation avec les choses de Dieu. Les chrétiens, même les plus âgés, ne réalisent pas la part importante que joue dans leur vie la puissance de la volonté. C'était l'un des tourments de Paul, dans Romains 7. Sa volonté était bonne, mais toutes ses actions la contredisaient, et toutes les résolutions qu'il prenait, et les intentions qu'il avait de plaire à Dieu, ne faisaient que l'amener dans une obscurité plus profonde. «Je voudrais faire le bien », mais «je suis charnel, vendu au péché ». C'est là le point sensible.
Semblables à une voiture sans essence, qu'il faut pousser et qui s'arrête dès qu'elle est laissée à elle-même, beaucoup de chrétiens persistent à avancer par la force de leur volonté, et trouvent que rien n'est plus épuisant ou plus âpre que la vie chrétienne. D'autres se for- cent à dire «Alléluia », parce que certains le disent, tout en avouant que cela n'a aucun sens pour eux. Ils veulent se forcer à être ce qu'ils ne sont pas; et cela est plus pénible que de vouloir faire remonter de l'eau sur une pente. Car, après tout, le point extrême que peut atteindre la volonté est celui d'une bonne disposition. « L'esprit est plein de bonne volonté, mais la chair est faible» (Matthieu 26.41).
S'il nous faut exercer tant d'efforts dans notre vie chrétienne, cela signifie simplement que nous ne sommes pas naturellement chrétiens. Nous n'avons aucun effort à faire pour parler notre langue maternelle. En fait, ce n'est que pour les choses que nous ne faisons pas naturellement qu'il nous faut avoir recours à notre volonté. Nous pouvons y réussir pendant un certain temps, mais la loi du péché et de la mort aura finalement le dessus. Nous pouvons dire : « J'ai la volonté, et je ferai ce qui est bien durant deux semaines », mais il nous faudra bientôt confesser : « Je ne sais pas comment l'accomplir », Non, ce que je suis déjà, je n'ai pas besoin de chercher à l'être. Si je désire l'être, c'est parce que je ne le suis pas.
Nous demanderons: « Pourquoi les hommes emploient-ils leur force de volonté pour essayer de plaire à Dieu? » Il peut y avoir deux raisons à cela. Ou bien ils peuvent n'avoir jamais fait l'expérience de la nouvelle naissance, et n'ont pas dans ce cas la vie nouvelle agissant en eux; ou bien, s'ils sont nés de nouveau et qu'ils possèdent cette vie, ils n'ont pas appris à se confier à cette vie. C'est ce manque de compréhension qui les ramène toujours à l'échec et au péché habituel, de sorte qu'ils commencent à douter de la possibilité d'une vie meilleure.
Mais si nous avons manqué de foi, cela ne veut pas dire que la faible vie que nous expérimentons quelquefois représente tout ce que Dieu nous a donné. Romains 6.23 déclare que « le don de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ, notre Seigneur », et Romains 8.2 nous apprend que « la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ» est venue à notre secours. Ainsi, Romains 8.2 ne nous parle pas d'un don nouveau, mais de la vie déjà présentée dans Romains 6.23. En d'autres termes, il s'agit d'une révélation nouvelle de ce que nous possédons déjà. Je crois que je ne puis trop souligner cette vérité. Ce n'est pas quelque chose de nouveau que nous devons attendre de la main de Dieu, mais c'est une nouvelle découverte de l'œuvre déjà accomplie en Christ; car le verbe « m'a affranchi» est au passé. Si je vois réellement cela et que je mets ma foi en Lui, il n'est pas indispensable que je fasse l'expérience de Romains 7, et certainement pas dans ce déploiement épuisant de volonté.
Si nous abandonnons notre propre volonté et que nous nous confions en Lui, nous ne tomberons pas et ne serons pas écrasés, mais nous serons soumis à une loi différente, la loi de l'Esprit de vie. Car Dieu nous a donné, non seulement la vie, mais une loi de vie. Et de même que la loi de la pesanteur est une loi naturelle, et non le produit de la législation humaine, ainsi la loi de la vie est une loi « naturelle >}, semblable à la loi qui règle les battements de notre cœur ou qui contrôle les mouvements de nos paupières. Nous n'avons pas besoin de penser à nos yeux, ni de décider la fréquence de leur clignotement pour les maintenir propres, et bien moins encore de faire intervenir notre volonté dans le fonctionnement de notre cœur. Nous ne ferions que créer des complications. Non, tant que la vie est là, elle agit spontanément. Notre volonté ne peut qu'entraver la loi de la vie. J'ai découvert un jour cette vérité de la manière suivante.
Je souffrais fréquemment d'insomnie. Un jour, après plusieurs nuits sans sommeil, alors que j'avais beaucoup prié à ce sujet et épuisé toutes mes ressources, je finis par confesser à Dieu que la faute devait m'en être imputée, et je lui demandai de me la montrer. Je dis à Dieu: « Je demande une explication. » Sa réponse fut: « Crois aux lois de la nature. » Le sommeil est une loi, tout autant que la faim. Je ne m'étais jamais inquiété de savoir si j'avais faim ou non, par contre je m'étais tourmenté à l'égard de mon sommeil. J'avais essayé d'aider la nature, et c'est là le piège dans lequel tom- bent la plupart de ceux qui souffrent d'insomnie. Alors, je mis ma confiance, non seulement en Dieu, mais aussi dans les lois naturelles de Dieu, et j'ai bien dormi.
Ne devons-nous pas lire la Bible? Evidemment, il nous faut la lire, sinon notre vie spirituelle s'en ressentira. Mais cela ne signifie pas que nous devons nous forcer à la lire. Il y a en nous une nouvelle loi qui nous donne faim de la Parole. Alors, une demi-heure nous sera plus profitable que cinq heures de lecture forcée. Et il en est de même pour la libéralité, pour la prédication, et pour le témoignage.
Si nous laissons vivre en nous la nouvelle loi, nous serons moins conscients de l'ancienne. Elle existe encore, mais elle ne domine plus, et nous ne sommes plus sous son emprise. C'est pourquoi le Seigneur a dit dans Matthieu 6 : « Regardez les oiseaux ... Laissez-vous instruire par les lis». S'il était possible de demander aux oiseaux s'ils ne craignent pas la loi de la pesanteur, que nous répondraient-ils? Ils diraient simplement: « Nous n'avons jamais entendu citer le nom de Newton. Nous ne connaissons pas sa loi. Nous volons, parce que c'est la loi de notre vie de voler. »Non seulement il y a en eux une vie qui a le pouvoir de voler, mais la loi de cette vie rend ces créatures vivantes capables de triompher, spontané- ment, de la loi de la pesanteur.
La pesanteur n'en existe pas moins. Si vous vous levez de bonne heure, un matin où le froid est intense et la neige épaisse sur le sol, et si vous trouvez un moineau mort dans la cour, vous vous souviendrez aussitôt de la permanence de cette loi. Mais tant que les oiseaux vivent, ils en triomphent, et cette loi est ce qui domine dans leur existence.
Dieu a réellement été bon pour nous. Il nous a donné la nouvelle loi de l'Esprit, et « voler» pour nous n'est plus une question de notre propre volonté, mais de sa vie. Avez-vous remarqué quelle épreuve ce serait que de vouloir rendre patient un chrétien impatient ? Il suffirait de lui demander un peu de patience pour le rendre malade de dépression.
Mais Dieu ne nous a jamais demandé de nous forcer à être ce que nous ne sommes pas naturellement, ni de tendre, à force de réflexion, à accroître notre stature spirituelle. Les soucis peuvent nuire au niveau spirituel d'un homme, mais ils n'y ajouteront jamais rien. « Ne soyez point en souci. ", nous dit notre Seigneur. « Laissez-vous instruire par les lis ... ils croissent.» Il attire notre attention sur la nouvelle vie qui est en nous. Oh ! Puissions-nous apprécier tout à nouveau cette vie qui est nôtre!
Quelle merveilleuse découverte! Elle peut faire de nous des hommes entièrement nouveaux, car elle agit dans les plus petites choses comme dans les plus grandes. Elle nous arrête lorsque, par exemple, nous avançons la main pour regarder un livre dans la chambre d'une autre personne, et nous rappelle que nous n'avons pas le droit de le faire, puisque nous n'en avons pas demandé la permission. Nous ne pouvons pas, nous dit le Saint-Esprit, toucher aux droits des autres.
Je parlai un jour à un ami chrétien; il se tourna vers moi et me dit:
« Voyez-vous, je crois que si l'on veut vivre par la loi de l'Esprit de vie, l'on deviendra vraiment cultivé.
- Que voulez-vous dire? lui demandai-je.
- Cette loi a le pouvoir de faire d'un homme un parfait gentleman» reprit-il.
Quelques-uns diront avec mépris: « Vous ne pouvez pas blâmer ces gens pour leur manière d'agir; ils viennent de la campagne et n'ont eu aucun des privilèges de l'éducation. » Mais la vraie question, c'est: « Ont-ils en eux la vie du Seigneur? Car je vous le dis, cette vie peut leur dire: « Votre voix est trop forte», ou bien: « Ce rire est déplacé », ou encore: « La raison pour laquelle vous avez fait cette remarque n'était pas bonne. » Dans tous les détails, l'Esprit de vie peut leur montrer comment agir, et produire en eux une véritable distinction. Il n'y a pas un tel pouvoir dans l'éducation. »
Et mon ami était lui-même éducateur! Mais c'est vrai. Prenons par exemple le bavardage. Etes-vous une personne qui parle trop?
Est-ce que, quand vous vous trouvez en société, vous vous dites : « Que vais-je faire? Je suis un chrétien; mais si je veux glorifier le nom du Seigneur, je dois tout simplement parler beaucoup moins. J'aurai donc aujourd'hui bien soin de me contrôler à cet égard. » Et durant une ou deux heures, vous réussirez, jusqu'à ce que, sous un prétexte ou un autre, vous perdiez tout contrôle et que, avant de savoir où vous en êtes, vous vous trouviez une fois de plus en difficulté à cause de votre langue.
Oui, soyons bien certains que notre volonté nous est ici inutile. Si je vous exhortais à exercer votre volonté à cet égard, ce serait pour offrir la vaine religion du monde, et non la vie en Jésus-Christ. Car, remarquons-le encore: une personne bavarde reste ce qu'elle est, alors même qu'elle arriverait à se tenir tranquille toute une journée, car une loi « naturelle » la gouverne et la pousse à parler. Un pommier, qu'il porte des pommes ou non, est toujours un pommier.
Mais devenus chrétiens, nous découvrons en nous une loi nouvelle, la loi de l'Esprit de vie, qui triomphe de toutes les autres choses, et qui nous a déjà délivrés de la « loi» de notre bavardage. Si nous croyons à la Parole de Dieu et que nous obéissons à la nouvelle loi, elle nous dira quand nous devons nous arrêter - ou ne pas commencer! - et elle nous donnera le pouvoir de le faire. Sur cette base-là, vous pourrez aller chez votre ami, et y rester deux ou trois heures, ou même deux ou trois journées, sans avoir aucune difficulté. A votre retour, vous pourrez remercier Dieu pour sa nouvelle loi de vie.
C'est cette vie spontanée qui est la vie chrétienne. Elle se manifeste en amour pour ceux qui ne sont pas aimables, pour le frère que vous n'aimeriez pas naturellement, et que vous ne pouvez certaine- ment pas aimer. Car cette loi agit sur la base des possibilités que le Seigneur discerne dans ce frère. « Seigneur, Tu vois qu'il peut être aimé et Tu l'aimes. Aime-le maintenant, à travers moi! » Et cette loi produit une vraie vie, un caractère moral sincère et véritable. Il y a trop d'hypocrisie dans la vie des chrétiens, trop d'apparences. Rien n'enlève autant au témoignage chrétien son efficacité que d'essayer, pour les enfants de Dieu, de paraître ce qu'ils ne sont pas réellement j car l'homme de la rue finit par découvrir ce déguise- ment, et il sait nous apprécier pour ce que nous sommes. Oui, la simulation fait place à la réalité, lorsque nous nous confions à la loi de la vie.
Car ce qui était impossible à la loi, attendu que la chair la rendait impuissante, Dieu l'a fait! En envoyant, à cause du péché, son propre Fils, dans une chair semblable à notre chair de péché, il a condamné le péché dans la chair, afin que la justice prescrite par la loi fût accomplie en nous, qui marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit. (Romains 8.3-4)
Celui qui prend soin de lire attentivement ces deux versets verra que deux choses y sont présentées. Il est dit, premièrement, ce que le Seigneur Jésus a fait pour nous, et deuxièmement, ce que l'Esprit veut faire en nous. « La chair» étant « faible », nous ne pouvons pas, « selon la chair», accomplir la justice de la loi, Souvenons-nous qu'il ne s'agit pas ici de notre salut, mais de cette question de plaire à Dieu. Et c'est à cause de notre incapacité que Dieu a fait deux choses. Il est premièrement intervenu au cœur de notre problème. Il a envoyé son Fils dans la chair, son Fils qui est mort pour le péché et, par là, «a condamné le péché dans la chair». Cela signifie qu'Il a mis à mort, en sa Personne, tout ce qui en nous appartenait à la vieille création, que nous l'appelions « notre vieil homme », ou « la chair », ou « le moi », Dieu a ainsi frappé à la racine même du mal, en supprimant la base de notre faiblesse. Ce fut la première intervention divine.
Cependant, « la justice prescrite par la loi » devait encore être accomplie « en nous ». Comment cela pouvait-il se faire? Il fallait cette deuxième intervention de Dieu : le Saint-Esprit venant demeurer en nous. C'est Lui qui est envoyé pour se charger de l'aspect intérieur de ce problème, et Il peut le faire, nous est-il dit, si nous « marchons ... selon l'Esprit».
Que signifie «marcher selon l'Esprit? » Cela signifie deux choses. Tout d'abord, ce n'est pas une œuvre, c'est une marche. Que Dieu soit loué! Les efforts désespérés et stériles que je m'imposais, lorsque je cherchai, dans la chair à plaire à Dieu, ont fait place au repos et à la joie, dans la dépendance de « sa force qui agit puissamment en moi» (Colossiens 1.29). C'est pourquoi Paul met en contraste les « œuvres» de la chair avec le « fruit» de l'Esprit.
Ensuite , « marcher selon » implique la soumission. Marcher selon la chair signifie que je cède aux exigences de la chair, et les versets qui suivent (Romains 8.5-8) montrent clairement où cela me conduit. Cela ne peut que me mettre en conflit avec Dieu. Mar- cher selon l'Esprit, c'est être soumis à l'Esprit. Il y a une chose qui est impossible à l'homme qui marche selon l'Esprit, c'est être indépendant de Lui. Il faut que je sois soumis au Saint-Esprit. C'est Lui qui doit avoir l'initiative de mes actes. Ce n'est que dans la mesure où je suis abandonné à Lui, pour Lui obéir, que je verrai la « loi de l'Esprit de vie» agir librement, et la « justice prescrite par la loi» (tout ce que je m'étais efforcé de faire pour plaire à Dieu) s'accomplir non plus par moi, mais en moi. « Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu» (Romains 8.14).
Nous connaissons tous les paroles de la bénédiction que nous avons dans 2 Corinthiens 13.14 : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ». L'amour de Dieu est la source de toute bénédiction spirituelle; la grâce du Seigneur Jésus a mis cette richesse spirituelle à notre portée j et la communion du Saint-Esprit est le moyen par lequel elle nous est donnée. L'amour est quelque chose de caché dans le Cœur de Dieu; la grâce est cet amour exprimé et offert dans le Fils j la communion est le don de cette grâce par l'Esprit.
Ce que le Père a conçu à notre égard, le Fils l'a accompli pour nous, et maintenant le Saint-Esprit nous le communique. Ainsi, quand nous découvrons quelque chose de ce que le Seigneur Jésus nous a acquis par sa croix, regardons, pour nous l'approprier, dans la direction que Dieu nous a indiquée, et par notre ferme attitude de soumission et d'obéissance au Saint-Esprit, gardons notre cœur largement ouvert, afin qu'Il puisse nous le donner. C'est là le ministère du Saint-Esprit. Il est venu dans ce but réaliser en nous ce qui est à nous en Christ.
Nous avons appris, en Chine, combien il est nécessaire, lorsque l'on veut amener une âme à Christ, d'être clair et d'aller bien au fond des choses, car il n'est pas certain qu'elle peut avoir encore l'aide d'autres chrétiens. Nous cherchons toujours à bien faire comprendre à un nouveau croyant que, lorsqu'il a demandé au Seigneur de lui pardonner ses péchés et d'entrer dans sa vie, son cœur est devenu l'habitation d'une Personne vivante. L'Esprit Saint de Dieu est désormais en lui pour lui ouvrir les Écritures afin qu'il y trouve Jésus-Christ, pour guider sa prière, pour gouverner sa vie, et pour reproduire en lui le caractère de son Seigneur.
J'étais allé, vers la fin de l'été, dans une station de montagne pour une période prolongée de repos; il m'avait été difficile de trou- ver une pension, et j'avais été obligé de dormir dans une maison et de prendre mes repas dans une autre ; celle-ci était le foyer d'un ouvrier et de sa femme. Durant les deux premières semaines de mon séjour, je demandai la bénédiction du Seigneur à chaque repas, mais je ne parlai pas de l'évangile à mes hôtes. Un jour, enfin, j'eus l'occasion de leur parler du Seigneur Jésus. Ils étaient disposés à écouter, et vinrent à Lui avec une foi simple pour recevoir le pardon de leurs péchés. Ils firent l'expérience de la nouvelle naissance et une lumière et une joie nouvelles entrèrent dans leur vie, car leur conversion était bien réelle. Je pris soin de leur montrer clairement ce qui leur était arrivé. Puis, le temps étant devenu plus froid, je dus les quitter pour rentrer à Shanghaï.
Durant les mois froids de l'hiver, l'homme avait eu l'habitude de prendre du vin à ses repas, et il était enclin à le faire avec excès. Après mon départ, lorsque revint le temps froid, le vin apparut de nouveau sur la table; ce jour-là, comme il s'était maintenant accoutumé à le faire, le mari courba la tête pour rendre grâces pour le repas, mais les paroles ne lui vinrent pas. Après une ou deux tentatives vaines, il se tourna vers sa femme:
« Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demanda-t-il. Pourquoi ne pouvons nous pas prier aujourd'hui? Prends la Bible, et cherchons ce qu'elle nous dit au sujet de la boisson.
Je leur avais laissé un exemplaire des Saintes Écritures, mais bien que la femme sût lire, elle était encore ignorante de la Parole, et elle tourna les pages sans trouver la lumière à ce sujet. Ils ne savaient pas comment consulter le Livre de Dieu, et il était impossible de chercher un conseil auprès du serviteur de Dieu, car j'étais bien loin d'eux, à des kilomètres, et il pouvait se passer des mois avant que nous nous rencontrions de nouveau.
- Prends simplement ton vin, dit sa femme. Nous parlerons de cette question à frère Nee à la première occasion.
Et cependant, le mari reconnut qu'il ne pouvait simplement pas rendre grâces au Seigneur pour ce vin.
- Emporte-le, dit-il enfin; et lorsque cela fut fait, ils demandèrent ensemble la bénédiction sur leur repas.
Lorsque, plus tard, l'homme put venir me voir à Shanghaï, il me raconta leur expérience. Il se servit d'une expression familière en chinois, et me dit:
- Frère Nee, "mon Patron intérieur" 2 ne m'a pas permis de boire!
- "Très bien, frère", lui dis-je, obéis toujours au Patron intérieur. »
La plupart d'entre nous, nous savons que Christ est notre vie.
Nous croyons que l'Esprit de Dieu réside en nous, mais cela a peu d'effet sur notre comportement. La question importante est donc celle-ci: Le connaissons-nous comme une Personne vivante, et Le connaissons-nous comme notre « Patron» ?
2 Cette traduction correspond à l'expression anglaise: « Resident boss » indiquée par l'auteur lui-même.