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Antidote contre
l'Arminianisme
Traité pour réfuter
les cinq points qui constituent cette doctrine;
- savoir:
— la Prédestination fondée sur la prévision des œuvres de l'homme;
— la Rédemption universelle;
— la Grâce suffisante donnée à tous;
— la Puissance de la libre volonté de l'homme dans la conversion;
— et la possibilité de la chute totale et finale des véritables saints.
Ouvrage recommandé par le Docteur Owen,
et publié pour le bien public
par Christophe Ness
Londres, 1700
Paris
Chez Risler, rue Basse-Du-Rempart,
62, Boulevard De La Madeleine
Bruxelles
Chez Lourde, Pasteur
1838
Traduction par D. Lourde De Laplace,
pasteur,
Bruxelles, le 1er janvier 1838
Première mise en page par Jean leDuc,
Seconde mise en page par
GoDieu.com,
juillet 2009
EXCLUSIVITÉ du site
le Vigilant
et celui de
GoDieu.com
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De la Prédestination |
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De la Rédemption universelle |
|
De la Libre Volonté et de la conversion |
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De la Persévérance finale |
Préface du Traducteur
Comme traducteur de ce petit livre je m'étais bien
promis de dispenser le lecteur de parcourir une
préface.
Parce qu'il y avait déjà ici celles de l'auteur
et de l'éditeur.
Parce que le présent ouvrage se recommande
suffisamment lui-même.
Parce qu'on lit peu les préfaces.
Je demande cependant la permission de dire quelques
mots, non sur la traduction (qui est sans doute
très-imparfaite, quant au style, quoique aussi
fidèle qu'il m'a été possible quant au sens); mais
sur les motifs qui m'ont conduit à traduire ce
livre.
Par caractère et par mes principes j'ai toujours
redouté les exagérations. J'admettais la
prédestination, parce qu'il est impossible de lire
et de respecter tant soit peu les Saintes Écritures
sans y trouver ce dogme enseigné en propres
termes, et enseigné plus fréquemment encore
comme se liant à tous les autres dogmes et à toute
la doctrine chrétienne. Mais en même temps qu'il
m'était impossible de nier la prédestination, je me
tenais, sur ce point, parmi ceux qu'on appelle
modérés. Je n'aurais pu m'empêcher de soutenir la
prédestination, ma conviction et ma conscience me
l'auraient ordonné; mais pour cela il aurait fallu
que j'y fusse provoqué. Je n'étais pas disposé à
commencer une attaque sur ce terrain glissant, et
qui jusqu'à présent m'avait paru plus glissant
encore qu'il ne l'est réellement; comme j'en ai
acquis depuis lors la certitude. Car en effet sur ce
point du christianisme comme sur tous les autres,
tout consiste à ne pas aller au-delà de ce qui
est écrit, et à ne pas rester en deçà de ce
qui est écrit. Le danger est pour le moins égal
de part et d'autre. J'ai été moins de toutes les
exagérations de quelques-uns de ceux qui trouvent la
doctrine de la prédestination, une doctrine
exagérée, j'ai vu l'enthousiasme, le fanatisme, et
l'intolérance dans les adversaires de la
prédestination. J'ai vu ce qui est pire encore que
tout cela, j'ai vu dans ces adversaires l'oubli de
ce respect profond que la faible raison humaine doit
toujours à ce qui nous est révélé dans la Parole de
Dieu. Ceux qui ont nié la prédestination et
ont cherche même à la livrer au ridicule, ont oublié
qu'elle est scripturaire, et ils ont osé
mettre à la place une post-destination qui
n'a pas un mot en sa faveur dans toute la Bible. Je
sais qu'il est facile de jeter de l'odieux sur cette
doctrine profonde et atterrante pour la créature
bornée. Il ne faut pour cela que lui donner un
vêtement odieux, comme le remarque notre auteur. Il
ne faut pour cela que la confondre avec la fatalité
(ce qu'on n'a pas manqué de faire). Mais la
fatalité, doctrine païenne, prenait sa source
dans ce dieu païen (le destin) qui était aveugle et
qui habitait un palais de fer. Tandis que la
prédestination est chrétienne, et prend sa
source dans le Dieu souverain qui réunit en lui
toutes les perfections. Quelle distance entre ces
deux origines! De la première il faut dire: Horreur!
De l'autre il faut dire seulement avec saint Paul: «Ô
profondeur!»
La prédestination au reste se lie étroitement avec
le salut gratuit. Cela est prouvé par les amis et
par les adversaires. Ces deux doctrines sont presque
toujours admises ou rejetées ensemble, et il faut
véritablement un grand effort de subtilité pour les
désunir. Car le salut gratuit n'admettant dans les
hommes aucune différence, aucun antécédent, aucun
mérite, qui puisse leur attirer la faveur de Dieu,
il faut bien, de toute nécessité chercher la cause
de cette faveur en Dieu lui-même.
Pendant que j'ai traduit le présent ouvrage, j'ai
été frappé de la masse de témoignages scripturaires
par lesquels l'auteur démontre la vérité de son
sentiment, et la faiblesse du sentiment contraire.
J'ai aussi été frappé des témoignages que la raison
elle-même fournit à l'appui de ce même sentiment.
Mais il y a une observation que l'auteur ne fait pas
et qui me parait assez importante pour être ajoutée
ici: Je ferai donc remarquer, que ce qu'on appelle
l'Arminianisme, c'est-à-dire la doctrine qui suppose
quelque chose de bon dans l'homme, et par conséquent
quelque mérite dans son salut est la doctrine
universelle de l'homme depuis le péché. Tous les
païens sont Arminiens, sous ce rapport. Tous les
Mahométans le sont aussi malgré leur fatalisme. Tous
ceux de l'Église Romaine le sont de même, et les
incrédules partant du même principe repoussent
(comme nous l'expérimentons chaque jour) le salut
gratuit qui leur est offert, par ces mots
dégoutants à force d'être uniformes: Je suis un
honnête homme. Il est donc vrai que si au
commencement du 17ième siècle, Arminius a donné son
nom à cette doctrine, il ne lui a pas donne
naissance. Elle était avant lui dans le cœur de tout
homme naturel, elle y avait toujours depuis la chute
d'Adam, elle y sera jusqu'à la fin du monde excepté
dans ceux que la grâce aura véritablement touches
régénérés, et éclairés. La propre justice
soit entière, soit restreinte, est et restera
l'antagoniste de la miséricorde de Dieu en
Jésus-Christ. Que les adversaires de la
prédestination et du salut sans mérite de la part de
l'homme, cessent d'être fiers s'ils trouvent des
approbateurs quand ils attaquent ces deux doctrines.
Les incrédules doivent les applaudir. Ils peuvent se
rendre populaires à bon marché, car ils sont sûrs
d'avance de parler à des convertis pour peu qu'ils
flattent la bonne opinion que les pêcheurs ont sinon
d'eux-mêmes actuellement, du moins de leurs
intentions, et du succès de leurs bonnes
résolutions.
Je ne trouve l'idée de la prédestination et du salut
par grâce, ni dans les philosophes anciens, ni dans
les philosophes modernes, ni dans les religions
d'autrefois, ni dans les religions d'à présent. Mais
je les trouve toutes les deux dans la Bible. J'en
conclus: que ce sont des choses que l'œil n'a
point de vues, que l'oreille n'a point entendues, et
qui ne montèrent jamais dans le cœur de l'homme
(naturel), mais Dieu les a révélées à ses enfants.
Narrateur religieux publié à Lausanne, dans son
numéro du 5 octobre 1837, et dans sa revue sur
l'ouvrage: Fondement et nature de la foi en
Jésus-Christ, par Thomas Scot, traduit par L.
Burnier, pasteur, contient une remarque qui m'a fait
hâter cette impression: Voici cette remarque.
«De nos jours, nous avons entendu prêcher le salut par l'accomplissement de la morale, et quelle morale! Des chrétiens généreux se sont levés; ils nous ont crié qu'avec toutes nos prétendues vertus, nous allions périr pour toujours; ils nous ont sommés de croire pour être sauvés. Et dans leur zèle à simplifier l'idée de cette foi laquelle sont faites les promesses, ils l'ont vraiment altérée en l'isolant de sa sainteté, du moins dans quelques-uns de leurs discours. Nous sommes déjà l'époque de la réaction; on remarque une tendance éminemment pratique et morale dans les derniers sermons publiés. Dieu veuille que cette réaction n'aille pas trop loin! Le traité sur le fondement et la nature de la foi pourra rendre à cet égard d'immenses services.»
Tandis que la traduction de M.
Burnier sera une digue opposée au débordement de la
réaction qui nous menace, je souhaite que cette
petite traduction fasse partie de la digue et y
devienne un pieu solidement planté.
Je me suis décidé à traduire L'Antidote, par
complaisance et aux sollicitations de quelques amis
qui avaient été plus à même que moi d'apprécier la
valeur du livre. Je puis dire aujourd'hui que j'ai à
les remercier à cause du bien que j'ai reçu par ce
travail. Il ne me reste qu'à joindre mes espérances
à leurs espérances, et mes prières aux prières de
l'auteur et de l'éditeur, afin que, par la
bénédiction du Seigneur, l'Antidote fasse
autant de bien, sous l'habit un peu pauvre que je
viens de lui donner, qu'il en a fait, dans sa langue
native. (D. Lourde De Laplace, pasteur,
Bruxelles, le 1er janvier 1838)
Préface de l'Éditeur de la
quatrième édition
Lecteurs Chrétiens,
Je vous présente une nouvelle édition d'un livre
qui, quoique d'un petit volume, est cependant
considérable et d'un grand poids, quant aux
glorieuses et fondamentales vérités et doctrines de
l'Évangile, qui sont traitées ici, d'une manière si
scripturaire, et en même temps si lumineuse, que
(comme il a été exprimé par plusieurs juges
compétents) «il n'y a point d'ouvrage de cette
espèce qui puisse le surpasser.»
L'Arminianisme, cette dégoûtante hérésie, qui peut
être appelée la racine et le tronc de toutes les
doctrines fausses et hérétiques, est ici arrachée de
ses trompeuses cachettes; et anatomicalement
disséquée, mise à découvert, et dépouillée. La
libre volonté, cette grande idole de
l'homme tombé, est renversée de l'éminence qu'elle
avait usurpée, et jetée aux taupes et aux
chauves-souris; et la libre grâce, le Dieu de
toute grâce lui-même, est exalté et montré comme
assis sur le trône de sa gloire.
Je dois, dès l'entrée, dire franchement au lecteur,
qu'il n'approuvera pas le contenu de cet ouvrage
s'il est sous quelque dépendance, si petite
soit-elle, de quelque chose qu'il doive accomplir
par lui-même, pour se recommander la bienveillance
et l'approbation du grand JE SUIS. Les
caractères qui mangent leur propre pain, et qui
portent leur propre vêtement (Ésaïe 4:1) ne
trouveront ici aucune nourriture de leur
goût, et nul vêtement convenable pour couvrir
leurs personnages à propre justice. Il n'y a dans
ces pages, autre chose, que ce qui doit devenir
toujours plus odieux à l'orgueil du cœur humain, en
tant qu'il n'est pas préparé par la grâce divine. La
souveraineté de YÉHOVAH; le libre amour de Dieu,
ainsi qu'il s'est déployé dans le choix de l'Église
en Christ avant les temps; la prédestination
divine dans ses diverses propriétés, sont
prouvées ici d'une manière supérieure; la
rédemption telle qu'elle est limitée par le
prix qu'elle a coûté; les rachetés manifestés
par un pouvoir invincible; la glorieuse certitude de
la persévérance finale des saints, ou en un
mot, le salut tout de Dieu, tout de grâce, du
commencement jusqu'à la fin, de l'élection jusqu'à
la glorification; la créature rien, le
Dieu trois fois saint tout en tous. Oui,
lecteur, connu par une longue expérience, qu'une
invariable proclamation de ces glorieuses vérités ne
peut manquer d'arracher l'inimitié qui est toujours
latente dans un cœur irrégénéré.
Mais posons bien le cas; et dans le langage
fort et énergique du grand Toplady qu'il me soit
permis de demander: Qu'est-ce en effet que la
prédestination sinon le plan d'action de Dieu
déterminé? Et qu'est-ce que la providence, si ce
n'est l'accomplissement de ce plan? Dans son décret,
Dieu a résolu en lui-même ce qu'il voulait faire et
ce qu'il voulait permettre: par sa providence, cette
volonté effective, et de permission, passe dans
l'acte externe, et a son accomplissement positif. De
telle sorte que le dessein de Dieu, tel qu'il était,
a tracé le plan, et la providence a mis les
couleurs. Ce que l'un a désigné l'autre l'accomplit.
Ce que celui-là ordonne l'autre l'exécute.
La prédestination a rapport à la pensée et à
l'intention; la providence, à la main et à l'action
de l'ouvrier. Le Seigneur est incapable de se
tromper, il n'y a en lui nulle versatilité de
volonté. Il ne peut être surpris par quelque
inconvénient imprévu. Son trône est dans le Ciel, et
il gouverne toutes choses. La volonté
souveraine de Dieu est le premier anneau, son décret
invariable est le second, et l'action toujours
active de sa providence est le troisième dans
la grande chaîne des causes. Ce que sa volonté a
déterminé, ce que son décret a ordonné, sa
providence (soit médiatement soit immédiatement)
l'effectue. Sa volonté a été la source adorable de
toutes choses; son décret a tracé le canal; et sa
providence dirige le courant. Je suis assuré que l'écho
ne répète pas le son aussi ponctuellement, que la
dispensation des choses actuelles correspond à la
prédestination de Dieu, concernant ces choses. On ne
peut nier ceci sans détrôner la providence et sans
établir la fortune à sa place. Il n'y a point
d'alternative. Je défie tous les sophismes des
hommes, de découvrir une voie mitoyenne. Celui qui a
fait toutes choses, dirige toutes les choses qu'il a
faites, ou bien il les a abandonnées au hasard. Mais
qu'est-ce que le hasard? Un mot sans signification.
L'Arminianisme est donc l'Athéisme.
Je voudrais profiter de l'opportunité qui m'est
offerte dans les remarques de cette préface, pour
dire quelques mots aux ministres de l'Évangile
qui persévèrent fidèlement, et qui sont désireux de
demeurer fidèles jusqu'à la fin.
Souvenez-vous, frères, qu'on doit s'attendre, à ce
que les hommes vaillants d'Israël (spécialement dans
des jours semblables à ceux-ci) seront trouvés
autour du lit de Salomon (qui est l'Église)
tous portant l'épée, et étant experts pour la
guerre; chacun ayant son épée à son côté, à cause de
la crainte de la nuit. Je vous prie de considérer,
comme votre plus haut honneur, de demeurer fermes
sans varier. «O
Timothée (dit
saint Paul),
garde ce qui t'a été confié.»
(1 Timothée 6:20). (Ce bon, ce précieux
dépôt) qui t'a été commis, gardez-le par le
Saint-Esprit qui habite en nous. (2 Timothée
1:14). Désirez d'avoir une pleine intelligence
et connaissance de la vérité, et cela sur ses
propres fondements, et ne vous départez pas, pas
même d'un grain de la précieuse vérité de
Dieu, pas même pour l'ami le plus cher de cette
terre. N'ayez point égard aux mouvements fébriles
des hommes; n'ayez aucun souci des pulsations de
leur goût; ne craignez pas leur dédain, ne courtisez
pas leur approbation. «Si
je cherchais à plaire aux hommes
(dit saint Paul)
si même je plaisais aux
hommes, je ne serais pas serviteur de Jésus-Christ»
(Galates 1:10). Tout ce qui est contraire et
tout ce qui est contre la Parole de Dieu, vous devez
le combattre. Et l'Arminianisme ou la libre volonté
lui est contraire. Ne vous bornez donc pas à couper
seulement quelque peu des branches supérieures, mais
mettez la hache à la racine de l'arbre: car
souvenez-vous que l'Arminianisme et le
Pélagianisme (ce qui est là même chose) est la
vie et l'âme du papisme.
Le docteur Owen, dans une admonition au sujet de
l'ordination d'un ministre, en 1682, onze mois
seulement avant sa mort; disait:
«Je crains qu'il n'y ait un grand tort fait à la vérité (non par manque de lumières, ni par manque d'habileté), mais par défaut d'amour. J'ai connu les contestations que nous avons eues pour les vérités de l'Évangile avant le commencement de nos troubles nationaux; et j'étais un de ceux qui s'engagèrent ardemment dans ces contestations. J'ai connu ces pieux ministres qui combattirent pour la vérité comme pour leur vie et pour leur âme: et toute l'opposition qui s'éleva contre eux, ne fut jamais capable de les décourager. Les vérités divines déclinent dans nos chaires, non par défaut d'habileté, mais par défaut d'amour. À peine à présent, entendons-nous un mot de ces vérités. Nous sommes presque honteux de les mentionner dans l'Église. Et celui qui les prêche sera sûr de s'exposer aux reproches et aux moqueries. Mais nous ne devons pas avoir honte de la vérité. Autrefois nous ne pouvions nous rencontrer avec un ministre pieux, sans que l'erreur de l'Arminianisme ne fut montrée par lui, comme la ruine et le poison des âmes des hommes. Ces hommes pieux tremblèrent à sa vue, ils écrivirent et disputèrent contre lui. Mais à présent il n'en est point ainsi. À présent quoique nous retenions tacitement les doctrines de l'Évangile, l'amour de ses doctrines semble s'être grandement refroidi, et leur pouvoir presque perdu. Mais nous n'avons pas gagné du terrain de cette manière; nous ne sommes ni plus saints, ni plus fertiles, que lorsque nous prêchions ces vérités, et que nous les enseignions diligemment. Ces vérités furent la vie de la réformation: elles ont été la vie et l'âme de ceux qui nous ont précédés dans le repos. Ils trouvèrent la force, et la consolation de ces vérités, dans la vie et dans la mort: et maintenant ils trouvent la réalité de ces vérités dans la gloire!! Ah! que pendant le reste de nos jours, nous achetions la vérité et ne la vendions point (1).»
Quelques personnes voudraient bien nous persuader,
que la controverse Arminienne a bien changé d'aspect
depuis les jours de Christophe Ness; et que
lorsqu'elle est agitée (ce que par charité ils
voudraient voir arriver le plus rarement possible),
elle tourne sur d'autres points, que ceux contenus
dans ce livre. Non, non; le subtil ennemi pourra
habilement manœuvrer pour combattre derrière une
batterie masquée; il changera seulement en paroles,
son champ de polémique; mais le ténébreux aspect
de l'Arminianisme n'est point changé. On pourra
dire de lui, comme d'Amalek:
«À cause que la main d'Amalek est contre le trône du Seigneur, à cause de cela le Seigneur a juré, que le Seigneur aura guerre avec Amalek de génération en génération.» (Exode 17:16)
L'Arminianisme moderne, n'est que l'ancien
Pélagianisme, qui s'éleva dans le second
siècle; et le Pélagianisme est le Papisme; et
le Papisme n'est qu'un autre nom pour la
libre volonté de l'homme, en opposition à la
libre grâce de Dieu. C'est tout un.
Nous vivons en vérité dans un temps d'un triste
déclin de la vérité. Il y a plus de 85 ans que le
docteur Gill écrivit comme dans un esprit
prophétique. Car, dans son sermon intitulé: Homme
du guet, quelle heure de la nuit est-il? qu'il
prêcha le 27 décembre 1750, il dit:
«La nuit s'approche; les ténèbres du soir sont répandues autour de nous, et les signes d'une nuit qui paraîtra bientôt et qui apparaîtra de plus en plus, sont très manifestes.»
«La froideur et l'indifférence pour les choses spirituelles; un manque d'affection pour Dieu, pour Christ et pour son peuple, pour ses vérités et pour ses ordonnances, peut s'observer aisément. Le premier amour est abandonné; l'iniquité abonde; et l'amour de plusieurs se refroidit, et se refroidira de plus en plus; on finira par négliger les Ministres de l'Évangile, tandis que ceux qui professent d'être chrétiens seront froids leur égard, les éviteront avec soin, ne voudront pas faire attention à eux, leur parler, et beaucoup moins les recevoir dans leurs maisons; et encore moins entendre leur prédication. Toutefois comme il n'est pas totalement nuit ou ténèbres; nous avons une sorte de crépuscule, entre le clair et l'obscur, entre le jour et la nuit.»
Il y a
eu des ténèbres de plus en plus depuis l'heure où ce
sermon a été prêché. Le Seigneur connaissait ce
qui était devant nous. Mais, mes chers frères
dans le ministère,
«qu'aucune de ces choses ne vous sépare, d'une étroite adhésion à la vérité. Unissez-vous ensemble pour la foi, contre l'ennemi commun. Demeurez fermes, quoique le plus grand nombre de ceux qui professent le christianisme, soient contre la vérité, et quoique ce soient les riches, les sages, les instruits; et quoique la vérité soit exposée aux reproches et aux persécutions. Soyez de bon courage; considérez-vous comme engagés dans une bonne cause, et comme combattant sous le commandement du grand capitaine de votre salut: vous êtes sûrs de la victoire à la fin, et le résultat sera une couronne de vie. Gardez soigneusement la Parole de Dieu; éprouvez les doctrines, éprouvez les esprits par elles, s'ils sont de Dieu. La Parole du Seigneur est une lampe, et une lumière pour vous, faites-en un bon usage. Quand est-ce que la lumière est plus utile que dans la nuit? et il est suit maintenant. Prenez donc vos lampes et vos lumières dans votre main et marchez en vous tenant près de la Parole de Dieu à laquelle vous faites bien de prendre garde, comme à une lumière qui luit dans les ténèbres. Heureux est le serviteur, que son Seigneur trouvera veillant lorsqu'il viendra.» (Gill).
Lecteur, éprouvez le contenu
de ce livre par l'étendard des écrits
du Seigneur, la Bible.
Les preuves de l'Écriture sont clairement mises
devant vous, dans chaque page: «Examinez
bien vous-mêmes; éprouvez toutes choses, retenez ce
qui est bon»
(1 Thessaloniciens 5:21).
Dans mes premières éditions, j'ai informé le lecteur
et je répète ici l'information; que j'ai pris la
liberté de retrancher, et aussi de beaucoup
augmenter dans ce volume, dans l'original écrit par
Ness. Quant aux points de doctrine, il n'y a pas de
changement, nous avons partout marché ensemble dans
un accord mutuel. La phraséologie et le mode
d'expression employé par Ness en 1700, nécessitait
une révision et une correction pour
rendre l'ouvrage présentable au lecteur de 1836.
De plus les mots latins, grecs, hébreux, se trouvant
presque à chaque page dans l'original, le
livre dans son vêtement primitif, ne pouvait être
approprié aux lecteurs ordinaires, ni facilement
étudié par eux. Ma première édition a été appréciée
par beaucoup d'enfants de Dieu; et dans cette
édition aussi, la gloire de Dieu, et le bien de son
peuple, a été devant mes yeux. Oh! puisse la
bénédiction divine l'accompagner, pour
l'affermissement de beaucoup d'âmes dans la
vérité, et pour retirer les autres des dangereux
sentiers de l'erreur! (John Andrews Jones,
Londres, 24 mars 1836)
Courte notice sur l'Auteur
Je ne puis présenter au lecteur qu'une courte notice
sur le digne auteur de ce petit, mais cependant
important ouvrage: cette notice en extraite du
Mémorial des non conformistes du docteur Calamis.
Christophe Ness. M. A. du Col. de St.-Jean, à
Cambridge, était le fils de Thomas Ness, de North
Cave, dans la partie Est, du comté d'York. Il naquit
le 26 décembre 1621, étudia la grammaire sous M.
Seaman, jusqu'à l'âge de 16 ans, qu'il fût envoyé à
Cambridge. Ayant passé sept ans dans ce collège, il
se retira à l'âge de 23 ans dans son pays, à
l'époque des guerres civiles, et il prêcha quelque
temps à Cliffe Chapel sous l'inspection de
son oncle Brearcliffe, qui était un théologien
éminent, et vicaire de North Cave, de là il
reçut une vocation pour Holderness, et peu
d'années après, pour Beverley où il tint une
école et prêcha occasionnellement. Le docteur
Winter, étant élu prévôt du collège de Trinité
Dublin, résigna à M. Ness, sa survivance de
Cottingham, près de Hull. Le Seigneur fut avec lui
dans son œuvre, de telle sorte qu'il fût
l'instrument de la conversion de plusieurs âmes;
particulièrement de M. Thomas Ravin, qui devint un
des chrétiens les plus remarquables de la ville
lorsque ses cheveux commencèrent blanchir. Après
quelques années, il fut appelé à Leeds; et là
aussi beaucoup de personnes eurent à bénir Dieu à
son occasion pour le bien qu'elles reçurent par son
ministère. Depuis l'année 1656 à l'année 1680, il
fut lecteur de N. Stiles, et après sa mort, de M. le
docteur Lake (depuis évêque de Chichester), avec
lequel eut beaucoup de controverses.
Aussi souvent que le docteur établissait la libre
volonté, et les efforts de la créature, le matin;
aussi souvent il fut réfuté par M. Ness, qui élevait
en haut Christ, et prêchait la libre grâce,
le soir. En 1662, étant rejeté de l'établissement
pour cause de non conformité, il prêcha quelque
temps privément. Lorsqu'on passa «The Five-Mile
Act», il se retira à Clayton, et de là à Morley.
Lorsque les temps devinrent plus favorables, il eut
une maison à Hunslet, où il instruisait des jeunes
gens, et prêchait en particulier, jusqu'en 1672.
Lorsque le grand manège à Hunslet fut converti en
une maison de réunion, il y prêcha publiquement, à
une nombreuse congrégation. Il mourut le 26 décembre
1705, âgé de 84 ans, jour pour jour, et fut enterré
dans Bunhill-Fields. Il fut dans le ministère
au-delà de 60 ans.
M. Ness, a écrit plusieurs livres; le principal est
intitulé: Histoire et Mystère de l'ancien et du
nouveau Testament, 4 vol. in-folio. Un antidote
Protestant, contre le poison du Papisme, La couronne
et la gloire du chrétien, et sa marche et ouvrage
sur la terre, et une histoire de l'Église, et des
prophéties de l'Écriture, depuis Adam jusqu'a la fin
du monde.
Le présent ouvrage contre l'Arminianisme, le placera
certainement en un haut rang comme un grand
Casuiste. Il l'écrivit plusieurs années avant de
le livrer à l'impression. On peut dire qu'il
contient la moelle de son mâle entendement, dans
toute sa vigueur, et même l'entendement d'un homme
régénéré en nouveauté de vie, éclairé d'une lumière
divine, et auquel il était donné de voir
l'intention de Dieu dans sa très-sainte Parole.
À l'âge de quatre-vingts ans, il publia ce volume
comme son dernier legs à l'Église. Ce petit livre,
dit-il, m'a beaucoup d'études, beaucoup d'ardentes
prières et beaucoup de pressantes sollicitations à
Dieu. J'ajoute seulement que la bénédiction de Dieu
puisse en accompagner l'étude, dans beaucoup d'âmes,
pour l'amour de Jésus. Amen.
Préface de l'Auteur
Lecteur impartial
Examine ces quelques considérations: quoique ce
petit manuel soir mince en lui-même, il ne doit pas
cependant être méprisé car,
Premièrement nous lisons que le puissant ange
de l'alliance avait un très-petit livre ouvert dans
sa main (Apocalypse 10:2), néanmoins ce petit
livre contenait les grands intérêts du petit
petit troupeau du Rédempteur; double diminutif
ainsi que Christ l'exprime (Luc 12:32). Et ce
petit livre n'était pas ferme ni scelle,
mais ouvert.
C'est l'oeuvre de l'Anté-Christ de le tenir fermé.
Il doit aussi être mangé, prends et mange
(Apocalypse 10:10). C'est-à-dire, il doit
descendre et être caché dans ton coeur («J'ai
caché ta Parole dans mon coeur»
Psaumes 119:11), donc l'âme la plus simple
pourra en avoir une droite conception. «La
Parole est près de toi dans ta bouche, et dans ton
coeur, afin que tu puisses la suivre»
(Deutéronome 30:14).
Secondement. Ce petit livre m'a coûté
beaucoup d'études et beaucoup de travail pour sa
composition, afin qu'il pût contenir la moelle et la
quintessence des meilleurs auteurs sur ce sujet. De
plus il m'a coûté également beaucoup d'ardentes
prières à Dieu, et beaucoup d'ardentes luttes avec
Dieu, afin que je ne fusse pas un de ceux qui se
rebellant contre la lumière (Job 24:13).
Mais que je pusse voir la lumière dans sa lumière
(Psaumes 36:9); et avoir mes yeux oints avec
le collyre de Christ (Apocalypse 3:18),
qu'il me fût donné de voir clair dans ces choses
profondes qui ont si fort embarrassé le monde
chrétien. De même que le bienheureux Athanase
soupirait dans son temps, de ce que le monde
était inondé par l'Arianisme; de même le sujet
de douleur de nos jours est que le monde chrétien
est inondé et même submergé par le débordement de
l'Arminianisme, qui est sorti de la gueule du
serpent, afin d'engloutir la femme (l'Église) dans
ses flots (Apocalypse 12:15).
En troisième lieu. De peur que le débordement
de ce déluge de l'Arminianisme, n'amène notre
destruction, il est grand besoin que quelques
serviteurs de Christ courent pour arrêter une plus
grande extension de cette plaie et de cette
lèpre. Ainsi Moïse se tint dans la brèche, et
prévint la destruction d'Israël (Psaumes 106:23;
et aussi Nombre 16:48), «Il
se tint entre les morts et les vivants, et la plaie
fut arrêtée». Et
le Seigneur se plaint de la négligence de ce devoir,
disant qu'il ne trouve personne pour se tenir a la
brèche, etc. Ô Israël, tes prophètes sont comme
les renards dans le désert. Vous n'êtes pas allés
dans la brèche, et n'avez pas formé la palissade
pour la maison d'Israël, pour tenir ferme dans
la bataille dans le jour du Seigneur. Par des
mensonges vous avez rendu lâche le cœur des justes,
que je n'avais pas faits lâches; et fortifie la main
du méchant en lui promettant la vie (Ézéchiel
13:5,22). Tandis que je considérais ces choses,
le Seigneur excita mon esprit, pour faire comme on
fait dans les incendies ordinaires, lorsque chacun
court avec le meilleur vase qu'il peut rencontrer
pour éteindre les flammes dévorantes, et les
empêcher de consumer tout ce qui est devant elles.
En quatrième lieu. Lorsque j'eus complété ce
court abrégé, je le montrai au docteur Jean Owen, à
M. Nicolas Lockier, et à M. George Griffith; qui
tous unanimement l'approuvèrent, et écrivirent pour
le recommander, une épître qui est trop longue pour
l'insérer ici mais dont j'affirme l'existence.
Finalement. Comme on peut montrer sur une
petite carte, un vaste pays qu'on ne pourrait
parcourir qu'en beaucoup de temps; de même ce petit
livre est multum in parvo, beaucoup dans peu.
Lisez-le sérieusement sans partialité,
et que le Seigneur vous donne de l'intelligence en
toutes choses. (Christophe Ness, 30 septembre
1770.)
De l'Arminianisme en général
Ce fut le lot du Seigneur d'être crucifié entre deux
larrons l'un sa droite et l'autre sa gauche; il en
est de même de la vérité dont il est l'auteur. La
vérité a des ennemis nombreux des deux côtés.
Tandis que quelques-uns considèrent la Bible, comme
une imposture dans le monde, et traitent le salut
par Christ comme une tromperie des prêtres; il y en
a d'autres qui disent avoir Christ et être un avec
Christ, et néanmoins avec une audacieuse arrogance,
ils décrient les ordonnances de l'Évangile, et
considèrent les moyens de grâce comme un fardeau
trop pesant pour une conscience née libre et comme
trop bas et trop charnels pour un esprit séraphique.
La vérité a autant d'ennemis au-delà d'elle, comme
ses côtés: autant qui devancent le troupeau de
Christ et l'agneau qui les conduit; qu'il y en a qui
s'en écartent ou qui demeurent en arrière. La vérité
est toujours demeurée entre ces deux extrêmes. Les
Sociniens décrient la divinité de Christ et sa
satisfaction, comme si ses souffrances avaient été
seulement pour nous donner un exemple, et non pour
faire une expiation. Les catholiques romains
changent le vrai service de Dieu en un service
volontaire, et enseignent leurs propres
traditions, à la place des commandements de Dieu,
détériorant les institutions de Dieu, par les
inventions de l'homme; et les Arminiens appellent la
justice de Dieu à la barre de la raison. Ils osent
s'élancer avec confiance dans le profond océan des
mystères divins; et en expliquant les décrets de
Dieu, dans lesquels le bienheureux Paul, ne pouvait
trouver de fond, et s'écriait: «Ô
profondeur»,
etc. (Romains 11:33): ils osent entreprendre
d'aller le tirer de son nec plus ultra, en
disant:
«Dieu a prévu que Jacob croirait, et qu'Ésaü ne croirait pas; en conséquence, il a aimé l'un et a haï l'autre.»
Ainsi
l'école d'Arminius enseigne une théologie plus
profonde que celle que Paul a pu apprendre dans le
troisième ciel. Non-seulement ils donnent
satisfaction comme les Sociniens, à l'orgueil de la
raison de l'homme, mais aussi l'orgueil de la
volonté de l'homme en exténuant et en diminuant la
culpabilité et la souillure du péché originel; et
comme la Papauté, leur sœur aînée, ils satisfont
l'orgueil des sens. De là le docteur Leighton
appelle l'Arminianisme,
«le Benjamin du Pape, le dernier et le plus grand monstre de l'homme de pêché; l'élixir de l'anti-christianisme; le mystère du mystère d'iniquité; le cabinet du Pape; la vraie quintessence de l'équivoque.»
À ce
sujet aussi Mr Rous, professeur au collège d'Éton,
ajoute,
«l'Arminianisme est comme le frai ou semence de la Papauté, que la chaleur du succès pourra aisément convertir en grenouilles du puits de l'abîme.»
Hé!
que sont les nouveaux Arminiens, sinon la
progéniture vernissée des anciens Pélagiens; qui
font de la grâce de Dieu un valet de pied de la
volonté de l'homme, ou plutôt la volonté de l'homme
elle-même? C'est mettre le berger sous la garde des
brebis. C'est mettre Dieu dans la même extrémité où
se trouva Darius, qui aurait été bien aise de sauver
Daniel, mais qui n'eut pas ce pouvoir (Daniel
6:14).
Que signifie en autre chose leur doctrine, qu'ils
appellent prescience, ou préconnaissance en Dieu; la
vérité de laquelle dépend non du décret de Dieu,
mais de la libre volonté de la créature? Ceci n'est
autre chose que soustraire la Créature à la
dépendance du Créateur, et enchaîner la Divine
Providence. Ainsi cette fatale nécessité qu'ils
voulaient mettre à notre porte, demeure
inévitablement à la leur; et en conséquence de leur
système, Dieu doit dire à l'homme:
«Ô ma pauvre créature! Cette fatale fortune qui vous opprime, vous devez la supporter plutôt que de vous en plaindre, car elle est de toute éternité et avant ma providence. Je ne pourrai l'empêcher, je ne pourrai faire autre chose que consentir à ces fatales possibilités; et un inévitable destin, que je le veuille ou non, a prononcé l'irrévocable sentence.»
Ceci est-il autre chose, que le renversement de
toutes ces grâces de foi, désespérance, etc.; que la
réjection de toute piété vitale; et que renverser le
grand YÉHOVAH lui-même de son trône de gloire, pour
mettre à sa place Dame Fortune et son culte?
Ces grandes abominations et beaucoup d'autres ont
été découvertes de nos jours, dans la chambre de
l'imagination; et ne sont autre chose que mesurer
les mystères surnaturels avec la règle tordue de la
raison dégénérée. «La
sagesse est trop haute pour le fou»
(Proverbes 24:7). C'est donc bien à propos,
qu'il a été dit sur ces points-là et une fois pour
toutes: «Donne-moi une raison mortifiée» car;
commander à l'entendement infini de Dieu, et ne lui
accorder nulle raison pour guider ses
déterminations, sinon ce que nous comprenons; est
extrêmement arrogant.
La raison ne doit être ni une règle pour mesurer la
foi, ni un juge de la foi. Nous pourrons donner une
raison de notre foi, savoir: «car il est écrit»,
mais non une raison de la chose même que nous
croyons, comme, pourquoi Jacob fut aimé et Ésaü fut
haï, avant qu'ils eussent fait ni bien ni mal.
Ceci fut le conseil de la propre volonté de Dieu.
Touchant de si sublimes mystères notre foi demeure
sur deux solides fondements;
Le premier
est, que l'existence, la sagesse et la puissance
de Dieu, surpassent infiniment la nôtre; et
qu'ainsi il pourra nous révéler des choses bien
au-dessus de notre portée.
Le second
est, que tout ce que Dieu a révélé est
indubitablement vrai, et qu'on doit le croire,
quoique nous n'en puissions sonder la
profondeur, avec la sonde de notre raison: parce
que la raison de l'homme n'est pas absolue, mais
qu'elle est diversement limitée, incertaine à
cause de sa fragilité et incomplète dans son
exercice même.
De la Prédestination
Pour que le lecteur puisse avoir une vue claire de
la prédestination, j'établirai cette doctrine:
Comme étant révélée dans la Bible:
En
considérant les vues des Arminiens à cet égard,
savoir: qu'elle est conditionnelle, d'après
la prévision de la foi, des œuvres, de la
persévérance, etc., et,
En
répondant aux objections, que les Arminiens
mettent en avant contre l'élection et la
prédestination.
La doctrine de la Prédestination
La prédestination est le décret de Dieu, par lequel
(conformément au conseil de sa propre volonté),
pré-ordonne quelques-uns des hommes, la vie
éternelle, et la refuse aux autres, ou les laisse;
et cela pour la louange de la gloire de sa
miséricorde et de sa justice. Quelques-uns sont
vases de miséricorde, quelques-uns sont vases de
colère.
«Le potier n'a-t-il pas tout pouvoir sur l'argile, pour faire d'une même masse de terre, un vase à honneur et un autre à déshonneur? qu'est-ce, si Dieu voulant montrer sa colère, et faire connaître son pouvoir, a supporté avec une grande patience les vases de colère préparés pour la destruction: et pour faire connaître les richesses de sa gloire sur les vases de miséricorde qu'il a auparavant préparés pour la gloire.» (Romains 9:21-23).
Dans une grande maison il y a divers
vases soit pour l'utilité, soit pour l'ornement;
vases à honneur et vases à déshonneur
(2 Timothée 2:20); et le maître de la maison,
sans qu'on puisse accuser sa sagesse, a le droit
d'user de tous ces vases, de la manière qui lui
semble convenable. Dieu s'est servi même de Pharaon,
et des plus grands ennemis de l'Église; ne fut-ce
que comme d'un marmiton, pour polir par ses mains
les vases de miséricorde. Dieu a préparé les élus
pour sa gloire; et il a par l'éternel et libre
dessein de sa volonté, pré-ordonné tous les moyens
pour ce but; tels que, la rédemption par Christ, la
régénération par le Saint-Esprit, l'appel effectuel
à la conversion, la justification au tribunal de sa
conscience par la foi salutaire dans les mérites de
Jésus; la sanctification dans le cœur par l'Esprit,
produisant une sainte vie et une sainte conversation
avec Dieu et les hommes. Et ces participants bénis,
sont gardés par la puissance de Dieu, par la foi à
salut (1 Pierre 1:5). Ceux qu'il a
prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux
qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; et
ceux qu'il a justifiés, il les a aussi
glorifiés. Que dirons-nous donc à ces choses?
Nous dirons avec l'apôtre, «Dieu
ne nous a pas destinés à la colère, mais à obtenir
le salut» (1
Thessaloniciens 5:9).
La prédestination est appelée destination
comme renfermant un ordre déterminé, des moyens à la
fin; et pré-destination, parce que Dieu a
désigné cet ordre en lui-même, avant l'actuelle
existence des choses ainsi ordonnées. Le mot grec
signifie, une pré-séparation pour le spécial
usage de Dieu; comme Israël fut séparé d'entre
toutes les nations du monde, pour être l'héritage
particulier de Dieu. «JE
SUIS le Seigneur
votre Dieu, qui vous ai séparés de tous les autres
peuples.»
(Lévitique 20:24) «Le
Seigneur ton Dieu t'a choisi pour lui être son
peuple particulier, au-dessus de tout peuple qui est
sur la surface de la terre»
(Deutéronome 7:6). Je vous ai séparés pour
que vous soyez vases de miséricorde, membres de
Christ, et temples du Saint-Esprit; avant tous les
temps, même de toute éternité. La divine
prescience est en général prise aussi quelquefois
pour la prédestination (Romains 11:9). Dieu
n'a point rejeté son peuple, qu'il a auparavant
connu (ce sont ceux qu'il a prédestinés), ainsi, de
la même manière, la prédestination est prise
strictement et en particulier pour l'élection même
(Romains 8:30; Éphésiens 1:5). En conséquence
dans le traité suivant, j'en parlerai de cette
manière, employant le mot élection et prédestination
indistinctement. La prédestination est aussi appelée
un décret divin, à cause qu'elle renferme en
elle-même le conseil déterminé de Dieu, et le
conseil de sa propre volonté, en amenant telles et
telles fins, par tels et tels moyens. En effet,
contre ton saint fils Jésus, se sont assemblés
Hérode et Ponce Pilate, etc., pour accomplir ce que
ta main et ton conseil avaient déterminé devoir
arriver (Actes 4:28). «Nous
ayant prédestinés, conformément au bon plaisir de sa
volonté»
(Éphésiens 1:5). «Étant
prédestinés conformément au dessein de celui qui
opère toutes choses, d'après le conseil de sa propre
volonté»
(Éphésiens 1:11). L'élection ou la
prédestination du Seigneur, est, dans le style de
l'Écriture sainte, appelée la main, le
conseil déterminé, le dessein, le
bon plaisir de Dieu (Actes 2:23; Éphésiens
1:9).
Ce divin décret de prédestination a diverses
propriétés; il est éternel, immuable, absolu,
libre, distinctif, extensif.
La première propriété du décret divin, c'est
qu'il est ÉTERNEL.
Ceci se prouve par les raisons suivantes:
Les actes intrinsèques inhérents de Dieu, sont
la même chose que son essence: le décret divin
est un acte de cette nature; et par conséquent,
comme l'essence de Dieu est éternelle, son
décret doit aussi être éternel. Ainsi le
Décret, c'est Dieu décrétant, parce que tout
ce qui est en Dieu, est Dieu: c'est Dieu
lui-même par un acte éternel, décrétant
et déterminant tout ce qui doit arriver, à la
louange de sa propre gloire.
La seconde raison est
déduite de la simplicité de Dieu, c'est-à-dire
Dieu considéré comme un acte simple et parfait,
sans rien de composé ni de successif.
Dans un tel être il ne peut pas plus y avoir une
pensée nouvelle, une nouvelle intention, ou un
nouveau dessein, qu'il ne peut y avoir un
nouveau Dieu. Quoi que ce soit qu'il
pense, il le pense toujours, et l'a toujours
pensé, et le pensera toujours. Quoi que ce soit
qu'il se propose, il se le propose toujours, et
se l'est toujours proposé et se le proposera
toujours. Il dit: «Je
connais les pensées que j'ai à votre égard,
pensées de paix et non de mal, pour vous donner
l'issue que vous attendez»;
(Jérémie 29:11). Comme il ne peut
connaître quelque nouvelle chose; il ne peut non
plus vouloir une nouvelle chose; car son nom
est, JE SUIS. Il ne prend pas, comme
l'homme, de nouveaux conseils ni de nouvelles
déterminations.
La troisième raison est
prise de Christ. Si Christ est l'Agneau de Dieu,
immolé dès la fondation du monde (comme il est
appelé: Apocalypse 13:8). Il faut donc de
nécessité que la prédestination à la vie soit
avant le temps; parce que Christ est le
fondement de l'élection. Nous sommes élus en
lui. «Conformément
à ce qu'il nous a choisis, en lui avant la
fondation du monde»
(Éphésiens 1:4) et prédestinés par lui, «nous
ayant prédestinés à l'adoption des enfants par
Jésus-Christ, à lui-même»
(Éphésiens 1:5). Christ est le moyen.
Maintenant le but et la détermination, ne
peuvent être d'une date postérieure aux moyens
pour atteindre ce but; ils sont relatifs l'un à
l'autre. Et si Christ est l'Éternel propos du
Père, l'acte d'élection en Christ doit être
nécessairement aussi son propos éternel.
L'Écriture prouve expressément l'éternité
du décret, disant: il fut avant le
commencement du monde (2 Timothée 1:9;
Tite 1:2); et avant la fondation du monde
(Éphésiens 1:4); et ce fut son éternel
propos qu'il se proposa en Jésus-Christ notre
Seigneur. (Éphésiens 3:11).
C'est la prérogative
royale du grand JÉH0VAH, d'ordonner aussi bien
que de disposer les choses qui arrivent et qui
doivent arriver. J'ai disposé l'ancien peuple
et les choses qui arrivent et qui arriveront
(Ésaïe 44:7). Nul ne peut indiquer le
temps à Dieu. Il dit: «qui
est semblable à moi et qui m'indiquera le temps?»
(Jérémie 50:44). De là on dit que le
temps est gros des décrets éternels de Dieu, et
qu'il enfante leur accomplissement dans la
saison convenable. Et le décret s'accomplira
(avant que le décret s'accomplisse) (Sophonie
2:2). Tout ce qui a son accomplissement dans
le temps, fut décrété de toute éternité.
Si les intérêts humains
reçoivent la louange, que ce sont des choses
anciennes; (1 Chroniques 4:22). Combien
plus le décret divin qui n'est pas l'ouvrage d'hier!
Si la partie négative de la
prédestination (les impies), ont été ordonnés
d'ancienneté (Jude 1:4). Donc à plus
forte raison la partie positive. Le
propos de Dieu d'aimer Jacob, aussi bien
que de haïr Ésaü, fut «avant
qu'ils eussent fait ni bien ni mal»
(Romains 9:11).
Objection
Quelqu'un pourra objecter et dire: nous accordons
que la prescience ou la préconnaissance de Dieu est
éternelle, mais non sa prédestination; ce
choix ou cette élection mentionnée (1
Corinthiens 1:27-29), doit être une
temporelle et non une éternelle élection.
Réponse
À l'égard de Dieu, la
connaissance des choses qui doivent arriver doit
suivre le décret qui les concerne: car
les choses doivent d'abord être décrétées,
et ensuite prévues, telles qu'elles sont dans le
décret; et dans ce sens la prescience
présuppose la prédestination. «Toutes
ses œuvres sont connues à Dieu dès le
commencement du monde»
(Actes 15:18).
Dieu n'a pas une imparfaite, mais une complète
préconnaissance de toutes les choses futures;
les moyens et la fin; non-seulement tels qu'ils
pourront être, mais aussi tels qu'ils seront
d'après sa divine détermination.
La prescience ou
préconnaissance est prise pour l'amour éternel
de Dieu. «Ceux
qu'il a pré-connus, les a aussi prédestinés»
(Romains 8:29); ce qui signifie, ceux
qu'il a pré-aimés. C'est ainsi que Zanchius
le lit
(2).
Ceux qu'il a pré-connus, non-seulement avec la
connaissance d'observation, mais aussi
avec la connaissance d'approbation; il a
pré-connu qu'ils étaient siens. Ainsi
c'est la prédestination elle-même; et accorder
une éternelle prescience, sans une éternelle
prédestination, c'est rompre un anneau de cette
chaîne d'or (Romains 8:29,50). «Dieu
n'a point rejeté et ne rejettera pas son peuple
qu'il a pré-connu»
(Romains 11:2).
Quelques-uns accordent une prédestination
éternelle, aux élus seulement, mais à
ceux qui ne sont point élus, rien qu'une
prescience ou une prévision (sans nulle
pré-ordination), de peur de faire Dieu l'auteur
du péché ou de la ruine de la créature. Mais ces
hommes craignent sans sujet de crainte; car le
plus grand mal qui jamais ait été commis dans le
monde, savoir la crucifixion du prince de
gloire, Jésus Christ, arriva non pas seulement
sous la prescience de Dieu, mais encore d'après
son conseil déterminé. LUI étant livré par
son conseil déterminé, vous l'avez pris et vous
l'avez crucifié et mis à mort par la main des
iniques (Actes 2:23 et 4:28).
L'action de prendre et de s'emparer de Christ,
fut non-seulement pré-connue, mais immuablement
déterminée.
Même en accordant que l'apôtre parle d'une
élection ou d'un choix temporel, dans 1
Corinthiens 1:27, etc., alors cela ne
signifie autre chose que notre vocation ou
appel; et une réprobation temporelle n'a d'autre
signification que l'endurcissement de
l'homme. On accorde que l'accomplissement de ces
deux choses, a lieu dans le temps, ainsi il ne
peut être confondu avec l'éternel décret de
Dieu: La vocation et l'endurcissement ne sont
autre chose que fruits et effets
de cet éternel décret.
Déductions tirés de ce qui précède.
L'amour de Dieu est-il éternel? donc Satan ne
peut remonter au-delà de son origine ni
s'interposer entre cet amour de Dieu et nous;
car, cet amour a été avant que le monde fut, et
que Satan lui-même fut.
Augustin répondit à un insensé trop curieux qui
lui demandait ce que Dieu faisait avant que le
monde fut fait: «Il faisait l'enfer pour des
hommes tels que vous.» Mais ceci nous
enseigne que Dieu nous choisissait pour lui-même
avant que le monde ne commençât: Ô profondeur!
S'il en est ainsi, Ô croyant, donc ta vocation
et tes souffrances renferment une gloire
éternelle au-dedans d'elles, toute cette
consolation est perdue dans la doctrine
contraire.
Seconde propriété du divin décret de la
prédestination; elle est IMMUABLE.
De là elle est comparée aux montagnes d'airain
(Zacharie 6:1)
(3),
et elle est appelée l'immutabilité de son conseil
(Hébreux 6:17). Ceci devient évident par
beaucoup de raisons. Telles que les suivantes:
Le décret divin a une
source immuable, savoir l'immutabilité de
Dieu. Il est dans une pensée, et qui pourra le
faire changer? (Job 23:13). Il
désire, et il fait ce qu'il désire; nul être
créé ne peut s'interposer entre son désir et
l'accomplissement de ce désir pour empêcher leur
rencontre. «Dieu
n'est pas homme pour mentir, ou fils de l'homme
pour se repentir»
(Nombres 23:19). «JE
SUIS le
Seigneur, je ne change point»
(Malachie 3:6); en «lui
il n'y a point de variation ni d'ombre de
changement»
(Jacques 1:17). «Le
conseil du Seigneur demeure à toujours, et ses
pensées à toutes générations»
(Psaumes 33:11). «Il
y a beaucoup de projets dans le cœur de l'homme;
et néanmoins le conseil du Seigneur demeurera
ferme»
(Proverbes 19:21). L'homme est une pauvre
créature versatile, il change de pensées, plus
souvent que de vêtements, soit à cause des
ténèbres de son entendement, soit cause de la
perversité de sa volonté: il voit fréquemment
quelque chose qu'il ne voyait pas auparavant;
mais il n'y a point une telle imperfection en
Dieu. Toutes choses sont nues devant lui,
disséquées, ou entièrement découvertes. «Il
n'y a aucune créature qui soit caché ses yeux,
mais toutes choses sont nues et entièrement
découvertes aux yeux de celui à qui nous avons à
rendre compte»
(Hébreux 4:13). Il connaît toutes ses
œuvres (leur nature et leurs circonstances),
aussi parfaitement dès le commencement du monde,
qu'il les connaîtra à la fin. Et il demeure
encore dans un même sentiment, lorsque ses
dispositions sont changées, car il a décrété ce
changement de toute éternité.
Le décret de l'élection
repose sur immuable fondement, savoir, ce rocher
des siècles, Jésus Christ, le même hier,
aujourd'hui, et éternellement (Hébreux 13:8).
Comme le premier Adam fut la pierre fondamentale
dans le décret de la création; ainsi le second
Adam, savoir, Jésus, est la pierre fondamentale
dans le décret de l'élection. Dieu nous a bénis
en lui; et certainement nous serons bénis. Il
nous a choisis en lui; il nous a pardonnés en
lui; scellés en lui; édifiés et perfectionnés en
lui. «Selon
son propre dessein de la grâce qui nous a été
donnée EN
Jésus Christ, avant le
commencement du monde»
(2 Timothée 1:9). Tous ces actes de grâce
sont dit être en Christ. Qui nous a
bénis EN Christ (Éphésiens 1:3).
Choisis EN lui (Éphésiens 1:4); qui
nous a pardonnés et EN «qui
nous avons la rédemption par son sang, savoir le
pardon de nos péchés»
(Éphésiens 1:7). EN qui aussi, «après
que vous avez crû, vous avez été scellés»
(Éphésiens 1:13); enracinés et édifiés EN
lui (Colossiens 2:7); et vous êtes
parfaits en lui (Colossiens 2:10); En
vérité Christ lui-même, a été sous une divine
ordination; il a véritablement pré-ordonné
avant la fondation du monde (1 Pierre
1:20). Et il est appelé, la pierre élue
(1 Pierre 2:6) Christ est la première
personne élue. «Voici
mon serviteur que j'ai choisi, mon élu»,
etc. (Ésaïe 42:1; Matthieu 12:18). Christ
a été choisi comme le chef, et nous, comme ses
membres; et en conséquence, il est dit que nous
sommes donnés à Christ. «Ils
étaient tiens et tu me les as donnés»
(Jean 17:6). Maintenant aussi longtemps
que ce fondement demeure ferme, aussi longtemps
l'édifice élevé dessus, demeure immuable. Le
temple est établi fermement, sur ces deux
colonnes, Joachim et Boas, c'est-à-dire
stabilité et force; ainsi le décret d'élection
demeure ferme sur Christ le fondement; et nul ne
peut arracher une âme élue de ce fondement. Nul
ne peut arracher quelqu'un de ceux qui sont à
Christ, hors de ses mains. Christ ne perdra
aucun de ceux qui lui ont été donnés; il
accomplira la volonté de Dieu son Père, en
prenant soin d'eux tous. «Et
c'est ici la volonté de mon Père qui m'a envoyé,
que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné, mais
que le ressuscite au dernier jour»
(Jean 6:39). «Ils
ne périront jamais»
(Jean 10:28).
Elle est immuable,
à cause que c'est un décret écrit dans le Ciel;
et ainsi hors de la portée de la colère de
l'homme, et de la rage des démons, pour être
déchirée.
«Le
Seigneur connaît ceux qui sont siens»
(2 Timothée 2:19).
Ils sont l'assemblée et l'Église des premiers
nés, écrits dans le Ciel (Hébreux 12:23).
De là il est appelé le livre de vie de
l'Agneau, qui contient une liste des élus,
déterminée par l'inaltérable conseil de Dieu;
dont le nombre ne peut être augmenté ni diminué.
Ceci est un sujet de joie plus grand que d'avoir
domination sur les démons, mais «plutôt
réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits
dans le Ciel»
(Luc 10:20); mais si vos noms pouvaient
être écrits dans le Ciel aujourd'hui et effacés
demain, il n'y aurait pas fondement un tel sujet
de joie. Que si les écrits des Mèdes et des
Perses, qui n'étaient que des écrits terrestres
ont été inaltérables (Daniel 6:8),
combien plus doit être inaltérable le décret du
grand Dieu écrit dans le Ciel! Pilate
pourra-t-il dire: «Ce
que j'ai écrit, je l'ai écrit»
(Jean 19:22). Ce qui est dire; mes
écrits ne doivent pas subir d'altération, et
Dieu ne pourra-t-il le dire aussi à plus forte
raison? «Je
connais, dit
Salomon,
que ce que Dieu fait, il
le fera toujours; rien ne peut y être ajouté et
rien ne peut en être retranché»
(Ecclésiaste 3:14). «Mon
conseil demeurera ferme et je ferai tout mon
plaisir, j'ai dit cela et je veux que cela
arrive, je me suis proposé cela et aussi je le
ferai»
(Ésaïe 46:10-11). Le soleil pourra plutôt
être arrêté dans sa course, que Dieu empêché
dans son œuvre ou dans sa volonté. La nature,
les anges, les démons, les hommes, tout cela
peut éprouver de la résistance, et ainsi être
frustré de leur dessein; mais il n'en est pas
ainsi avec Dieu: Car qui peut résister à sa
volonté? Tous ces chariots d'occurrences et
de dispensations humaines, sortent d'entre ces
montagnes d'airain, l'inaltérable décret de Dieu
(Zacharie 6:1); et s'il fallait accorder
qu'une SEULE âme pût être effacée de ce livre de
vie (celui-ci est écrit dans le Ciel), il serait
donc possible que TOUTES fussent effacées de
même; et par conséquent on pourra supposer que
ce livre devienne vide, un papier inutile et
gâté; et que Christ puisse devenir une tête sans
corps.
La Prédestination est
immuable, car le décret concernant fin,
renferme les moyens d'arriver à cette fin; et
les lie ensemble d'une indissoluble chaîne qui
ne peut être jamais brisée. Les prédestinés,
appelés, justifiés, glorifiés, sont les mêmes
(Romains 8:30). Par conséquent, le dessein
de Dieu concernant l'élection doit demeurer
ferme (Romains 9:11). Dieu ne décrète pas
la fin sans les moyens, ni les moyens sans la
fin, mais l'un et l'autre ensemble. Comme
le dessein de bâtir renferme la taille des
pierres et l'équarrissage des poutres, et tous
les autres matériaux pour édifier le bâtiment;
et comme un décret de guerre, implique des
armes, des chevaux, des munitions, et toutes les
provisions d'une campagne: de même, tout ceux
qui sont élus au salut, sont aussi élus à la
sanctification. Dieu ordonne les moyens
aussi bien que la fin. «Autant
qu'il y en eut d'ordonnés pour la vie éternelle,
crurent»
(Actes 13:48).
Dieu a ordonné que nous cheminions en bonnes
œuvres (Éphésiens 2:10). Nous sommes
élus à l'obéissance, par la sanctification de
l'Esprit (1 Pierre 1:2). Par
conséquent Dieu a promis de sanctifier ceux
qu'il se propose de sauver. Nous enseignons avec
Augustin, que «l'élection est une ordonnance à
la grâce aussi bien qu'à la gloire»
par conséquent dans la prédestination les moyens
de salut, ne sont pas moins décrétés que le
salut lui-même. Nous ne pouvons concevoir que le
décret de Dieu aille dans cette forme: «Je veux
prédestiner Pierre, s'il arrive que Pierre croie
et qu'il persévère;» mais plutôt de cette
manière-ci: «Je prédestine Pierre au salut, et
afin qu'il l'obtienne infailliblement je veux
lui donner la foi et la persévérance». S'il en
était autrement le fondement ne demeurerait pas
ferme; et même les dons de Dieu ne seraient pas
sans repentance, si Dieu n'avait pas décrété
d'une manière absolue d'accorder la foi et la
persévérance à ses élus.
L'alliance de grâce, marche d'après cette teneur:
Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple.
(Ce qui veut dire) je vous disposerai de cette
manière.
Conséquences qui découlent de ce qui précède.
Un
nom écrit dans le ciel où ni le larron, ni la
rouille, ni les vers, ne peuvent rien gâter, est
meilleur que d'être enrôlé parmi les princes de
la cour. Être libre citoyen du ciel, est un nom
meilleur que celui de fils et de fille.
Quoique nous soyons des créatures muables,
néanmoins il y a un immuable amour envers nous,
qui nous garde plus soigneusement que nous ne le
gardons.
C'est une condescendance infinie, que le Dieu
grand veuille garder une pauvre masse d'argile
avec tant de soin dans ses puissantes mains, de
telle manière qu'il assure nos intérêts pour
toute l'éternité!! (Jean 10:28-29: 1 Pierre
1:4-5).
La troisième propriété du décret divin, est
d'être ABSOLU.
Il est absolu eu égard à la cause efficiente
impulsive, qui ne peut être quelque chose hors de
Dieu, comme les raisons suivantes le prouvent.
Si
le décret divin est éternel, il doit être
absolu, car on ne peut rien assigner
avant un acte éternel, comme cause efficiente de
cet acte. Il ne peut y avoir une cause de la
volonté de Dieu, hors de Dieu. La
prédestination est un acte intrinsèque de la
volonté de Dieu; et ainsi, non-seulement la
cause, mais la seule cause de tous les êtres
créés: et par conséquent, elle ne peut être dite
(dans quelque sens convenable) dépendante de la
prévision d'actes contingents dans la créature;
et doit par conséquent être un acte absolu: à
moins que nous ne voulions que la volonté de
Dieu, ne vienne après la volonté crée et
temporaire de l'homme, ce qui est grossièrement
absurde.
Ceci ne va à rien moins qu'à nier que Dieu soit
la première cause de toute chose.
Si Dieu est Dieu; s'il est un Dieu
Tout-Puissant, tout sage, tout libre, et qui
dispose tout; son décret d'élection doit
être absolu; car un décret conditionnel,
fait un Dieu conditionnel, et le dépouille
complètement de sa divinité, en lui
attribuant des imperfections telles qu'elles
sont indignes de sa majesté et rabaissent
son essence divine. Ainsi, d'abord, cela est
en opposition avec sa toute-puissance. Si
quelques conditions sont antécédentes à la
volonté de Dieu, elles sont donc aussi
antécédentes au pouvoir de Dieu.
Secondement
cela renverse la gloire de la sagesse
divine, en ordonnant toutes choses; car si
Pierre doit avoir la volonté de croire,
avant le décret de Dieu concernant Pierre,
la divine sagesse ne détermine pas tout ce
qui concerne l'ordre des choses.
En troisième lieu,
cela renverse la gloire de la liberté
absolue et de l'indépendance de Dieu; car si
la foi de Pierre, et l'incrédulité de Judas
sont antécédentes au décret de Dieu les
concernant, Pierre et Judas se font
eux-mêmes les objets de l'élection et de la
non élection, et Dieu n'a donc pas une
absolue domination sur ses propres
créatures; et le potier, n'a pas la liberté
de faire de cette masse d'argile un vase à
honneur, et de celle-là, un vase à
déshonneur, et la différence résultera
plutôt de la qualité de l'argile que de la
volonté du potier, et la volonté de Dieu
devra dépendre de la volonté de l'homme
quant à ses déterminations. Ceci renverse
entièrement l'indépendance de Dieu.
En quatrième lieu,
cela renverse la gloire de cette providence
qui gouverne toutes choses. Si le décret
n'est pas absolu, comment peut-on dire d'une
manière absolue que c'est Dieu qui dispose
des lots qu'on jette au sort, comme
Proverbes 16:33? Dirons nous que le lot
de l'apostolat, tombe sur Mathias par
hasard? (Actes 1:26). Ne fut-il
pas au contraire absolument ordonné et
ordonné par le Seigneur; à qui les apôtres
s'adressaient en priant disant (Actes
1:24); «Seigneur,
toi qui connais le cœur de tous les hommes,
montre lequel de ces deux hommes tu as
choisi. Et ils jetèrent le sort et le sort
tomba sur Mathias.»
C'est de même par la disposition des lots
qu'Achan fut reconnu être la cause de la
malédiction d'Israël, et Saül désigné pour
être roi sur Israël (Josué 7:14-18; 1
Samuel 10:19-21). L'homme propose et
Dieu dispose; parce que Dieu par un décret
absolu a pré-ordonné toutes les choses qui
doivent arriver. Ce n'est pas casuellement
qu'elles arrivent et hors de l'intention de
Dieu; ainsi il est dit, «il
a ordonné que Christ souffrit»
(Luc 24:46).
Si
la volonté du potier sur ses vases est une
volonté absolue; beaucoup plus la volonté de
Dieu est-elle absolue sur les hommes. C'est la
comparaison de Dieu même (Romains 9:20-21).
Dieu ne se compare pas à un orfèvre, à cause
qu'un orfèvre possède des matières précieuses,
telles que l'or et l'argent, en sorte qu'il se
trouve forcé de faire des vases honorables avec
cette matière. Mais il se compare à un potier,
parce que d'abord, les matériaux d'un potier
sont vils et sordides, savoir de l'argile, qui
est ainsi beaucoup plus correspondante aux
hommes tombés d'entre lesquels Dieu fait son
choix. Non-seulement nous sommes de l'argile
(Job 4:19). Mais une pécheresse argile par
la chute.
Le potier ne fait pas
cette différence entre ces vases pour quelque
bonté prétendue qu'il prévoit dans l'argile (car
toute la masse qu'il a devant lui est d'une même
nature et qualité). Mais il la fait de sa propre
volonté. Ainsi le pouvoir du potier sur ses
matériaux est plus à l'abri de récusation que
celui de l'orfèvre; et il sert mieux à illustrer
l'absolue volonté de Dieu dans son choix, soit
des vases à honneur, soit des vases à
déshonneur.
De plus la distance entre le potier et l'argile
n'est qu'une distance finie. C'est
seulement la distance entre une créature et une
autre créature, animée, et inanimée; mais
la distance entre Dieu et les hommes, est
infinie. Non-seulement il y a la distance
naturelle entre Dieu et nous en tant que nous
sommes des créatures; mais aussi, la
distance morale entre Dieu et nous, en tant que
nous sommes pécheurs. Le potier doit
aussi avoir son argile toute faite dans sa main;
il ne peut faire sa propre argile, quoiqu'il
puisse la préparer pour faire son ouvrage
lorsqu'il l'a trouvée: mais le Dieu
Tout-Puissant crée sa propre argile. Il a
créé la terre de laquelle l'homme a été formé; «au
commencement, Dieu créa les cieux et la terre»
(Genèse 1:1). Et le «Seigneur
Dieu forma l'homme de la poussière de la terre»
(Genèse 2:7). Il s'ensuit donc que si le
potier dispose de ses vases avec une volonté
absolue, beaucoup plus Dieu a-t-il un droit sur
ses créatures.
Conséquences tirées de ce qui
précède.
Si
l'absolue volonté de Dieu est la cause
universelle de toutes choses, donc nul événement
ne peut arriver au-delà où en deçà de la volonté
de Dieu: et la fortune (dans le sens mondain de
ce mot) n'est qu'un crachat blasphématoire que
le démon a voulu jeter sur la providence divine.
Rien ne peut résister à
l'absolue volonté de Dieu. Ainsi la chose
arrivera, comme il l'aura voulue; et il n'y a
point d'empêchement à son exécution. «Le
Seigneur des armées a juré, disant: certainement
la chose arrivera comme je l'ai pensé et la
chose demeurera ferme, comme je me la suis
proposée.»
(Ésaïe 14:24). «Notre
Dieu est dans les cieux où il fait tout ce qui
lui plaît.»
(Psaumes 115:3). Je connais que tu peux
faire toute chose (Job 42:2).
Apprenons donc la
soumission à la volonté de Dieu. La poterie
fragile et orgueilleuse, choquera son côté,
contre l'absolue volonté de Dieu, jusqu'à ce
qu'elle soit brisée en pièces: Ainsi fit
Adonijah lorsque Salomon dut gouverner.
(Comparez 1 Rois 1:5 avec 1 Chroniques 22:9; et
comparez la fin d'Adonijah, 1 Rois 2:23-25).
Oh! que nous ayons la grâce de l'humilité afin
de nous rendre capables d'adopter le langage du
prophète;
maintenant, ô Seigneur, tu
es notre père: nous sommes l'argile, et tu es
notre potier, et nous sommes l'ouvrage de tes
mains
(Ésaïe 64:8).
La quatrième propriété du décret divin. Il
est LIBRE.
Comme le décret divin n'est pas conditionnel, mais
absolu; ainsi il est non par nécessité, mais
librement issu du plaisir de la volonté de Dieu.
Dieu est un agent libre, et ne peut être soumis à
aucune obligation, quant à tout ce qui émane
de lui sur ses créatures; mais c'est de son libre
amour, qu'il se fait à lui-même une obligation de
répandre des grâces.
Le premier argument
pour prouver la liberté du décret divin, est, —
qu'un tel décret donné sans aucune obligation de
le donner, doit de toute nécessité avoir la
propriété d'être libre, et il en a été
ainsi du décret divin.
S'il y avait quelque obligation, elle devrait
être, soit relativement aux objets; ou
relativement aux actes; ou relativement
aux motifs; mais Dieu n'a réellement été
obligé à aucun de ces égards.
D'abord,
il n'a pas été obligé à l'égard des objets;
car Dieu n'était sous aucune obligation
d'avoir des élus ou des réprouvés.
Il était heureux en lui-même de toute
éternité; il aurait été toujours heureux,
sans les uns ni les autres; et affirmer que
Dieu demeure dans la nécessité d'avoir de
tels objets, c'est nier les perfections de
Dieu. Il est dit, qu'il s'humilie lui-même
lorsqu'il daigne regarder les choses qui
sont dans le Ciel, beaucoup plus donc
lorsqu'il regarde les choses de la terre.
En second lieu.
— Il ne fut pas obligé à certains actes en
tant que les actes sont nécessairement d'une
obligation morale. Dieu n'était sous aucune
obligation morale à l'égard de l'homme. Il
n'aurait fait aucune injustice à l'homme,
s'il n'avait jamais voulu que l'homme
existât, beaucoup moins s'il n'avait pas
voulu que l'homme fut saint et heureux. Dieu
ne fut pas obligé à quelqu'une de ses
actions concernant l'homme, il ne peut être
un débiteur à l'homme d'aucune autre manière
si ce n'est de la manière qu'il se fait
débiteur, de son propre bon plaisir.
Quant à ses promesses, son amour le
porta à les aires, et sa vérité l'oblige à
les accomplir: autrement ses actions
auraient été des actions dues, et non
des actes de grâce, contrairement au contenu
des Écritures, qui font découler toute
l'œuvre du salut de l'homme, entièrement de
la libre grâce de Dieu.
Troisièmement.
— Dieu ne fut pas obligé quant aux motifs;
ni en la créature, ni en Christ.
Ni en la créature, car l'existence de
la créature (beaucoup plus la foi et la
bonne œuvre de la créature), a été l'effet
du décret de Dieu, et ne peut ainsi en être
le motif. Le Seigneur n'a pu non plus
prévoir la repentance, la foi, l'amour,
etc., dans la créature, antécédents à son
propos de les lui accorder. Christ lui-même
n'est pas la cause qui a mû à faire le
décret, car Christ est l'effet de l'éternel
amour de Dieu et non la cause. «Dieu
a tellement aimé le monde qu'il a donné son
fils»
(Jean 3:16). L'amour de Dieu donne
Christ. En conséquence il est dit que nous
sommes élus en Christ, mais jamais pour
Christ, car Christ est lui-même un élu,
comme il a été montré ci-devant. Christ fut
choisi d'abord et ensuite les membres.
L'amour de Dieu vient aussi immédiatement de
Dieu à moi que de Dieu à Christ
(4).
Il fut pré-ordonné à être notre chef,
et nous à être ses membres. Ainsi,
nous sommes de Christ, et Christ est de
Dieu, comme l'effet de son amour pour
ses élus de toute éternité (1 Corinthiens
3:22).
Le second argument
pour prouver la liberté du décret divin, est
pris du témoignage de la Parole de Dieu (la
Bible), dans laquelle il est affirmé que le
décret divin est un acte libre, un acte de grâce
et non de dette, un acte d'amour et de faveur
spéciale; fondé sur le simple bon plaisir de
Dieu. «Il
a été ainsi, Ô Père, parce que cela a semblé bon
à tes yeux»
(Matthieu 11:26). «C'est
le bon plaisir du Père de vous donner le Royaume»
(Luc 12:32). Ce fut le gracieux propos de
Dieu de toute éternité (2 Timothée 1:9;
Éphésiens 1:5,9,11), l'exclamation répétée
de saint Paul est, «le plaisir de sa propre
volonté, le conseil de sa propre volonté» mais
plus pleinement (Romains 9:13,16). Il le
met en exemple par Jacob et Ésaü: j'ai aimé
Jacob, et j'ai haï Ésaü, ce n'est ni de celui
qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui
fait miséricorde. Malachie le prophète
(Malachie 1:3), et saint Paul l'apôtre, font
de cet exemple de Jacob et d'Ésaü, la plus
complète manifestation de la libre élection.
Car ils sont ensemble dans le sein de la même
mère, ils naquirent en même temps (car Jacob
prit le talon d'Ésaü). Ainsi la dispensation
contraire donnée à l'un et à l'autre de ces deux
frères, illustre davantage la libre
prédestination de Dieu, que ne le feraient deux
autres quels qu'ils fussent.
De Jacob il naquit un peuple distingué de tous
les autres peuples du monde, même une Église de
Dieu; et d'Ésaü il naquit une race persécutrice.
Dieu n'eut point égard à la foi dans
l'un, et à l'infidélité dans
l'autre. Lorsque l'oracle de Dieu fut
prononcé, ils étaient tous deux dans le sein de
leur mère, conçus en péché; et s'il y avait eu
quelque prééminence, elle aurait appartenu à
Ésaü, comme étant l'aîné. Qu'est-ce donc qui
fait pencher la balance? Rien, si ce n'est le
bon plaisir de Dieu. «Dieu
fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit
qui il veut.»
(Romains 9:18). Maintenant en opposition
à ceci, la raison charnelle dit, «Ce fut
parce que Dieu prévit ce qu'ils seraient.»
Non, mais Dieu les aima, à cause qu'il les
aima (Deutéronome 7:7-8). Ce fut
l'amour de choix, qu'il leur porta; qui est la
meilleure de toutes les espèces d'amour. C'est
la faveur que Dieu porte à son peuple: il les a
aimés et les a choisis pour être siens.
La troisième raison
qui prouve la liberté du décret divin, c'est que
dans tous les âges Dieu nous a donné des
exemples de sa libre réception de quelques
hommes et de sa réjection des autres; ceci
devient évident par l'histoire de l'Écriture.
Des trois fils d'Adam, Caïn, Abel, Seth; l'aîné
fut rejeté: des trois fils de Noé, Japhet, Sem
et Cham; le plus jeune fut rejeté; des trois
fils de Tharé, Abraham, Nachor, Haram, celui du
milieu fut rejeté. Nachor fut un idolâtre, et
Laban jura par l'idole de Nachor (comparez
Genèse 31:53 avec Josué 24:2). Maintenant,
pourquoi cette épluchure et ce choix, pourquoi
cette réception et cette réjection, une fois
l'aîné, une autre fois le plus jeune, et une
troisième fois celui du milieu? Que signifie
tout ceci si ce n'est pour montrer, que ni la
naissance, ni l'âge ni quelqu'autre chose prévue
ou existante dans la créature, ne saurait
produire un titre: mais que tout gît dans la
libre élection de Dieu.
Nous ne pouvons donner nulle raison, si ce n'est
le bon plaisir de Dieu, pourquoi Pharaon, et
Nabuchodonosor (tous les deux engagés dans une
même guerre contre Israël, l'Église de Dieu),
eurent différentes dispensations du Ciel sur
eux. L'un fut endurci, et l'autre
humilié. Pourquoi le panetier de Pharaon fut
pendu et l'échanson rétabli dans son office:
pourquoi deux hommes seront dans un lit, et
l'un sera pris et l'autre laissé:
pourquoi deux femmes moudront à un moulin, et
l'une sera prise et l'autre laissée:
pourquoi la verge d'Aaron fut entre les douze la
seule qui fleurit.
Si
les fruits du décret divin sont libres,
le décret lui-même, doit aussi être libre. Cette
conséquence est claire; car d'abord, notre
vocation est de libre amour.
Christ, librement et
de sa propre souveraine volonté, appela
Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée,
et laissa leur père avec les serviteurs sans
l'appeler (Marc 1:20). Il appelle
à lui qui il veut (Marc 3:13). «Il
vous est donné à vous de connaître les
mystères du Royaume des cieux, mais pour eux
cela ne leur est point donné»
(Matthieu 13:11). «Nous
connaissons que le fils de Dieu est venu, et
nous a donné l'entendement afin que nous
puissions connaître celui qui est le
véritable»
(1 Jean 5:20).
Tu as caché ces choses
aux sages et aux prudents, et tu les a
révélées aux enfants. Il en est ainsi parce
que c'est ton bon plaisir
(Matthieu 11:25-26).
Notre
sanctification est de la libre grâce. «Il
nous a engendrés de sa propre volonté»
(Jacques 1:18). Cette grâce
sanctifiante, souffle où elle veut; et le
vent en mer est autant à notre commandement,
que le souffle puissant de cet Esprit de
rénovation.
Notre glorification est un libre don.
La vie éternelle est un don de Dieu
(Romains 6:23). Il ne la vend point, en
prévoyant la foi et les œuvres, mais il la
donne librement. Mais si tous ces fruits de
l'élection sont donnés librement, l'élection
à ces fruits, est elle-même librement donnée
aussi. Si la foi est le libre don de Dieu
(Éphésiens 2:8), la prédestination à la
foi doit donc aussi être nécessairement
libre. Car Dieu opère toutes choses
conformément au conseil de sa propre volonté
(Éphésiens 1:11).
Chrétiens croyants! Il y a de la consolation et
de l'affermissement à tirer d'une vue de la
liberté de la grâce de Dieu; donc,
admirez la libre grâce dans ce décret de
prédestination; et écriez-vous: Comment se
fait-il, Seigneur, que tu t'es manifesté
toi-même à moi, avec ton amour, et non pas
au monde! (Jean 14:22).
Tu ne t'es pas fait différent des autres
toi-même, la libre grâce l'a fait pour toi.
Tu es une masse d'argile dans la main du
potier, tu n'es pas meilleur que les autres,
et tu étais enfoncé dans l'enfer par la
chute d'Adam: Rends louange à Dieu, qui
t'élève au ciel!
Réjouissez-vous au
Seigneur, chantez à l'honneur de son grand
nom et vivez pour sa louange et pour sa
gloire. Si David dansa de toute sa force
devant le Seigneur; s'il dit à Michol; «C'est
devant le Seigneur qui m'a choisi avant ton
père, pour me désigner, comme Roi sur
Israël: et par conséquent je veux me réjouir
devant le Seigneur!»
(2 Samuel 6:14-21). La désignation de
David, dans ce temps, fut pour un royaume
terrestre, tu es librement choisi, pour
hériter un royaume céleste; Je vous
dis donc: Réjouissez-vous.
La cinquième propriété du décret divin; c'est
qu'il est DISTINCTIF.
Qu'il soit distinctif et particulier, et non
universel et général, c'est ce qui peut être prouvé
par les arguments suivants:
Le mot même élection
qui est employé, réfute son universalité.
Il ne peut y avoir un choix là où tous sont pris
et nul laissé; on ne peut appeler élection ce
qui s'étend à tous les individus également.
Celui-là ne fait pas un choix qui ne préfère pas
quelques-uns aux autres. Dieu ne choisit pas
tous les trente-deux mille qui allèrent avec
Gédéon, pour être le moyen de sauver Israël de
la main de Madian; mais seulement les trois
cents qui lapaient l'eau; et ceux-ci furent
choisis, d'entre les trente-deux mille (Juges
7:3-7). Dieu ne choisit pas toutes les
nations, mais seulement Israël pour lui être un
peuple particulier, «ton
Dieu t'a choisi par-dessus tous les peuples qui
sont sur la face de la terre»
(Deutéronome 7:6). L'élection par
conséquent doit être distinctive, elle
consiste à faire différer quelques-uns,
des autres.
L'Écriture établit expressément qu'il y en a peu
d'élus, quoique beaucoup d'appelés (Matthieu
20:16). C'est seulement un petit troupeau
(Luc 12:32); et seulement un d'une cité, et
deux d'une famille qui sont portés à Sion
(Jérémie 3:14). Je vous ai choisis du monde
(dit Jésus Christ) (Jean 15:19); et le
Seigneur appelle Paul un vase choisi pour
lui-même (Actes 9:15 et 22:14). Comme
cela sonne mal à l'oreille d'un esprit
évangélique, de dire que Pharaon et Judas furent
élus aussi bien que Paul et Barnabas; et
que Simon le magicien fut élu aussi bien
que Simon Pierre! Tout cela cependant, est
affirmé dans une élection générale, qui est
l'hypothèse des Arminiens. Comment ces pièces
d'argent réprouvées peuvent-elles, dans le
sens évangélique, être appelées vases choisis
(comme Paul le fut pour connaître la volonté de
Dieu, et voir le juste) (Actes 22:14).
Si
l'élection est générale, sous la condition de
croire, donc Pilate, Caïphe, et Judas, ont été
élus à cette condition; et ainsi Dieu est
conduit à parler de cette manière: «J'ai
désigné au salut Pilate, Caïphe, et Judas, s'ils
croient à la mort de Christ; mais s'ils y
croient, Christ ne sera pas crucifié, car ce
sont ici les hommes mêmes désignés par mon
conseil déterminé, à mettre Christ à mort»
(voyez: Actes 2:23 et 4:28). Si ces
hommes avaient cru (et ils auraient pu croire
selon les vues des Arminiens) le décret de Dieu
touchant la mort de Christ n'aurait donc pas été
absolu, mais il aurait été dépendant
d'une condition que ces hommes auraient
pu remplir (savoir croire à la mort de Christ)
et s'ils l'eussent fait, ils auraient cru à une
chose qui ne serait jamais arrivée. C'est ainsi
que la raison charnelle diffame la sagesse
divine!
Comment peut-on affirmer,
que Dieu ait jamais destiné au salut, quelques
autres, excepté ceux qui seront effectivement
sauvés? Ceci serait frustrer la volonté de Dieu,
même sa volonté d'intention, et serait contraire
aux Écritures suivantes: «Notre
Dieu a fait tout ce qu'il lui a plu»
(Psaumes 115:3). «Je
connais que tu peux faire toute chose et qu'on
ne saurait t'empêcher de faire ce que tu penses»
(Job 42:2). Et nul homme ne peut résister
à la volonté de Dieu, car il fait miséricorde à
celui à qui il fait miséricorde et il endurcit
qui il veut. Et si après tout, ô homme vain, tu
voulais encore objecter, et dire: Pourquoi se
plaint-il encore? car qui peut résister à sa
volonté? La seule réponse pour toi est: «Mais
plutôt, ô homme, qui es-tu pour contester contre
Dieu? La chose formée dira-t'elle à celui qui
l'a formée, pourquoi m'as tu faite ainsi?»
(Romains 9:20). Ce fut ainsi que
conformément à la volonté souveraine de YÉHOVAH,
Jacob et Ésaü furent distingués l'un de
l'autre.
L'apôtre montre qu'il y a
cette distinctive différence entre homme et
homme; que quelques-uns sont choisis pour la
vie, et par conséquent l'obtiendront
très-certainement; et que les autres sont
laissés dans une condition de péril dont ils
n'échapperont pas certainement. «L'élection
l'a obtenu, mais le reste a été aveuglé»
(Romains 11:7). La différence est de
Dieu, selon le dessein de l'élection; non comme
de celui qui prévoit la foi et les œuvres, mais
comme de celui qui donne l'une et l'autre.
Nous pouvons apprendre de ce qui
précède.
Que c'est d'un amour de
distinction, que notre potier nous a faits ce
que nous sommes, hommes ou femmes.
Toutes les créatures, même, les crapauds et
autres hideux animaux ont été formés de la même
poussière que l'homme. «Le
Seigneur Dieu forma l'homme de la poussière de
la terre»
(Genèse 2:7). et de la poussière le
Seigneur Dieu forma toutes les bêtes
(Genèse 2:19).
C'est la volonté de Dieu, que quelques-uns
soient pauvres, et d'autres riches;
de même ici que quelques-uns soient vases à
honneur, et d'autres vases à déshonneur.
Christ ne ressuscita pas tous ceux qui
moururent, mais Lazare, etc., ni tous
ceux qui étaient nés aveugles, mais celui
qui est mentionné (Jean 9). — Bénis Dieu,
de ce qu'il t'a ressuscité de la mort du péché
guérissant ton aveuglement, et non celui des
autres! Tu étais aussi destitué de mérite que
les autres! tu étais, et tu es encore en
toi-même un pécheur! Et si tu es enseigné par la
grâce, le dernier accent de ta langue mourante
sera la prière du Publicain: Ô Dieu, sois
miséricordieux envers moi, qui suis pécheur.
La sixième et dernière propriété du décret
divin, c'est qu'il est EXTENSIF.
Le décret divin, de l'élection de Dieu, et de son
prédestinant amour, quoique distinctif et
particulier, est cependant très-extensif. Je
regardais, et Je vis une grande multitude, que nul
me pouvait compter, de toute nation et peuple et
langue qui se tenait devant le trône de l'agneau: et
ils criaient disant, salut, etc. (Apocalypse
7:9-10).
Il y a un décret général relatif à tous les êtres
crées, soit animés ou inanimés, célestes et
terrestres; et qui s'étend à tout individu dans
toute la création de Dieu. Car comme il donne à tous
l'existence, de même il les conserve dans cette
existence pendant qu'ils demeurent dans le monde: et
l'œuvre de la providence qui s'étend depuis
les anges jusqu'aux vers, succède à l'œuvre de la
création. Quoique ce spécial décret de
prédestination ne s'étende pas (comme le décret
général), à tout individu, il est néanmoins
très-extensif: Il s'étend à tous les rangs,
sexes, âges, nations, et générations.
À tous rangs.
— À toutes sortes de rangs parmi les hommes, aux
princes, aux paysans, aux grands, aux petits,
aux riches, aux pauvres, aux esclaves, aux
libres. Elle s'étend même aux Rois, car Dieu a
aussi ses vases choisis parmi eux. — Ses Davids,
ses Salomons, ses Hézéchias, ses Manassés,
quoique les Écritures disent (1 Corinthiens
1:26), qu'il n'y a ni beaucoup de nobles,
ni beaucoup de puissants, qui soient appelés;
Elle ne dit pas cependant aucun, car Dieu
a eu quelque grand parmi les siens dans tous les
âges
(5).
Elle s'étend aussi aux serviteurs (Tite
2:9,11). Car Dieu accorde son amour à ceux
qui sont couverts de haillons aussi bien
qu'à ceux qui sont vêtus de robes.
L'Évangile est annoncé aux pauvres
(Matthieu 11:5) et Dieu ne fait pas
acception des personnes.
À tous les sexes.
— Le décret s'étend aux deux sexes mâle et
femelle, Dieu a ses dames élues.
L'ancien à la dame élue, et ses enfants lesquels
j'aime dans la vérité. — «Les
enfants de ta sœur élue te saluent.»
(2 Jean 1:13), tous les deux mâle et
femelle, sont un en Jésus Christ (Galates
3:28). Je t'exhorte, toi aussi vrai
compagnon de mes travaux, prends soin de ces
femmes qui travaillent avec moi dans l'Évangile,
desquelles, les noms sont écrits dans le livre
de vie (Philippe 4:3).
À tous les âges.
— Aux jeunes et aux vieux, aux enfants, et à
ceux d'un âge avancé: oui les enfants même se
trouvent dans le sein de l'éternel décret,
toujours avant qu'il viennent du sein de
leur mère: «avant
que je t'eusse formé dans le sein, je t'ai
connu; et avant que tu naquisses, je t'ai
sanctifié, et je t'ai ordonné prophète pour les
Gentils»
(Jérémie 1:5). Jean Baptiste fut rempli du
Saint-Esprit dans le sein de sa mère (Luc
1:15); et il est probable que David a eu la
foi que son enfant appartenait à l'élection de
grâce, et que son âme était liée dans le
faisceau de la vie; car il se consolait ainsi: «J'irai
vers lui, mais il ne retournera pas vers moi»
(2 Samuel 12:23). David allant seulement
vers le tombeau de son fils, ne pouvait trouver
dans cette idée qu'une bien petite consolation.
À toutes nations.
— La grâce n'est pas emprisonnée dans les
frontières d'une nation seulement, mais s'étend
aux Juifs et aux Gentils, à la
circoncision et à l'incirconcision,
aux Barbares et aux Scythes, aux
esclaves et aux libres
(Colossiens 3:11), à quelques-uns de toute
nation qui est sous le ciel (Actes 2:5).
Le mur de séparation qui est entre le Juif et le
Gentil, est abattu: notre Seigneur dit: «J'ai
d'autres brebis qui ne sont point de cette
Bergerie (la
nation juive).
Il faut aussi que je les
amène»
(Jean 10:16). Ce prédestinant amour, appelle
efficacement ses élus, de tous les quartiers.
Je t'ai aimée, et en conséquence, j'amènerai ta
postérité de l'Orient, et je te rassemblerai de
l'Occident, je dirai au Septentrion, donne, et
au Midi; ne retiens point: amène mes fils de
loin, et mes filles, des extrémités de la terre,
chacun qui est appelé de mon nom (Ésaïe
43:4,7).
À toutes générations.
— Le prédestinant amour est semblable à une
rivière qui coule sous la terre, et qui sort
au-dessus de la terre en certains endroits. À
cette rivière qui est un océan d'éternel amour,
Moïse avait le regard attaché, lorsqu'en parlant
de Joseph, il dit: «Ta
terre est bénie du Seigneur, de la rosée qui est
en haut, et de l'abîme qui est en bas»
(Deutéronome 33:13). Ainsi de nouvelles
veines d'élection sortent, quelquefois dans
une génération, et quelquefois, dans une
autre. Elle n'est pas liée quant au temps,
— ni avant la loi, ni sous la loi,
ni après la loi; mais en toute
génération Dieu a son Église visible
(6)
sur la terre, et les portes de l'enfer ne
peuvent prévaloir contre elle. Comme Dieu ne
fait point acception des personnes, il
n'en fait pas non plus des lieux, des
nations, ou des générations: Mais il
a eu et aura les siens, jusqu'à la fin du
monde.
Ô
fidèle croyant! Il y a un grand sujet de joie et une
solide consolation à voir l'extension de
l'éternel amour de Dieu.
Si
l'amour prédestinant s'étend à tous les rangs,
donc ceux qui sont pauvres en fortune
peuvent être riches en foi, et le
serviteur de l'homme pourra être
l'affranchi du Seigneur.
S'il s'étend aux deux sexes, donc le vase
le plus faible pourra être un vase d'élection,
et une héritière de la grâce et de la
vie.
S'il s'étend à tous les âges, donc les
parents qui ont la foi pourront avoir
l'espérance, lorsque leurs enfants meurent;
qu'ils peuvent appartenir à l'élection de grâce;
ils peuvent être enveloppés dans le maillot de
l'alliance de grâce; ainsi ils ne sont pas sans
espérance.
S'il s'étend à toutes les nations, donc les
extrémités de la terre pourront regarder vers
Christ (autant qu'il est élevé, sur le pavois de
l'Évangile éternel), et être sauvés (Ésaïe
45:22).
S'il s'étend à toutes les générations,
donc l'amour prédestinant est une inépuisable
fontaine! criant toujours: «Y a-t-il quelqu'un
de la maison de l'Éternel parmi les hommes, afin
que je puisse lui montrer la bienveillance du
Seigneur?» (2 Samuel 9:3).
De la Prédestination
conditionnelle
Ayant établi la doctrine de la prédestination divine
comme révélée dans les Écritures, et ayant
tiré de la même source la preuve qu'elle
possède diverses propriétés distinctes, telles que
d'être éternelle, immuable, absolue, libre,
distinctive, et extensive; je passe à
présent en second lieu à considérer les vues
des Arminiens sur cette doctrine, savoir,
«qu'elle est conditionnelle, d'après la
prévision de la foi, des œuvres, et de la
persévérance, etc.»
À ceci je réponds, que la prédestination ne peut
être conditionnelle, sur la prévision de la foi de
l'homme, des œuvres et de la persévérance, etc., à
cause des douze raisons suivantes:
Ce que les Écritures
déclarent être la cause et le fondement de notre
élection, cela et cela seulement doit être la
cause et le fondement de notre élection.
Le bon plaisir de Dieu est la seule cause et le
fondement de notre élection, et non quelque
prévision de notre foi, etc. Que les Écritures
déclarent ceci, c'est ce qui est évident de
Éphésiens 1:5, «Conformément
au bon plaisir de sa volonté»
et d'Éphésiens 1:9. «Nous
ayant fait connaître le secret de sa volonté,
selon son bon plaisir»;
et Éphésiens 1:11. «Prédestinés
conformément au dessein de celui qui opère
toutes choses d'après le conseil de sa propre
volonté». De
Matthieu 11:25-26. Tu as caché ces choses
aux savants et aux prudents et tu les as
révélées aux enfants. Il en est ainsi, Ô Père,
parce que cela te sembla bon.
Les Écritures déclarent encore amplement la même
vérité (Romains 9:11,15 et 11:5; et 2
Timothée 1:9). Notre salut et notre
vocation, sont montrés comme étant non
selon nos œuvres, mais selon le dessein de la
grâce, qui nous est donnée de Christ avant la
fondation du monde. Le temps manquerait pour
citer tous les passages de l'Écriture, car toute
la Bible, comme d'une seule voix, crie
hautement, «l'élection est de la grâce
souveraine et non des œuvres, découlant
seulement du bon plaisir et de l'absolue volonté
de Dieu.»
Ce qui fait
de l'élection l'acte d'un débiteur,
ne doit pas être reçu; et c'est ce que fait le
décret conditionnel.
Un acte de grâce et un acte de débiteur, sont
des termes contradictoires. Si l'élection est un
acte de grâce (et toute l'œuvre du salut a été
démontrée être entièrement et uniquement de sa
libre grâce,
voir:
Libre">
La
quatrième propriété du décret divin),
on doit regarder comme abominable et on
doit rejeter la pensée de faire de l'élection un
acte de débiteur. Si le décret est conditionnel
sur la prévision de la foi et de la
persévérance, il est donc un acte de dette et
non de grâce, un acte de justice et non de
miséricorde; car un décret qui donne la gloire
aux croyants qui persévèrent, comme étant leur
récompense, ne peut être autre chose qu'une
justice rémunératrice.
Ce
qui bit sortir Dieu de lui-même, dans son action
intrinsèque et éternelle, ne doit pas être reçu;
et c'est ce que fait le décret conditionnel.
Selon un tel décret, Dieu regarde ceci, ou cela
dans la créature sur laquelle sa volonté se
détermine; ainsi l'homme est l'auteur de son
propre salut, et non pas Dieu. La doctrine du
décret conditionnel place Dieu sur sa tour de
guet de préconnaissance pour épier ce que
les hommes feront; s'ils croiront ou non, s'ils
obéiront ou non; s'ils persévéreront ou non; et,
conformément à ce qu'il observe, il détermine sa
volonté à leur égard; ainsi sa perfection de
divine connaissance, et sa divine
volonté, est détruite d'un souffle.
Nulle chose temporelle ne peut être la cause
efficiente de notre éternel salut; mais la foi,
l'obéissance, etc., sont des choses temporelles,
la première étant produite en nous, et la
seconde étant accomplie par nous dans le
temps déterminé.
Ceci n'est donc autre chose que préférer le
temps à l'éternité, et mettre une
post-destination à la place d'une
prédestination.
Ce qui est l'effet et le
fruit du décret divin ne peut être sa cause; la
foi, la persévérance ne sont que
les fruits et les effets de l'élection d'amour.
Ceux qui sont donnés à Christ dans le décret
d'élection, viennent à Christ et
croient en lui; les autres ne viennent
ni ne croient; et la cause assignée est;
parce qu'ils ne sont pas de ses brebis, parce
qu'ils ne sont pas donnés. «Tout
ce que mon père me donne viendra à moi»
(Jean 6:37). Venir à Christ, c'est croire
en lui, «vous
ne croyez pas, parce que vous n'êtes point: de
mes brebis»
(Jean 10:26). «Et
tous ceux qui étaient destinés à la vie
éternelle crurent»
(7)
(Actes 13:48).
Nous ne pouvons (selon la notion Arminienne)
lire ce passage ainsi: autant comme il y en
eut qui crurent furent destinés à la vie;
car ceci serait mettre la charrette devant les
chevaux, comme si les moyens avaient été
ordonnés avant la fin. Nous sommes
prédestinés, afin que nous soyons saints,
et non à cause que nous sommes saints.
(Éphésiens 1:4). Nous sommes prédestinés
afin que nous marchions dans les bonnes
œuvres et non parce que nous y marchons.
(Éphésiens 2:10). Nous sommes prédestinés
à être conformes à l'image de Christ, et
non parce que nous y sommes conformes
(Romains 8:29). C'est l'élection qui
obtient la foi, et non la foi qui obtient
l'élection. (Romains 11:7), et l'apôtre
(2 Timothée 1:9), exclut toutes
les causes (soit prévues ou existantes) montrant
que le gracieux dessein est l'origine de tout.
Oui Paul lui-même fut choisi, afin qu'il pût
connaître la volonté de Dieu et non parce
qu'il la connaîtrait (Actes 22:14);
et il dit aux Thessaloniciens (2
Thessaloniciens 2:13). que Dieu les a
élus au salut par la sanctification de l'Esprit,
et la foi de la vérité. Nous ne pouvons
faire un antécédent de l'élection, ce qui n'en
est que la conséquence, «Je
vous ai choisis, et je vous ai ordonnés, afin
que vous alliez et que vous portiez beaucoup de
fruits»
(Jean 15:16).
Ce qui place une cause
inférieure au-dessus d'une cause
supérieure, ne doit pas être admis; et c'est
ce que fait le décret conditionnel.
Dieu est la cause des causes, et la première
cause de toutes choses. Il ne peut y
avoir aucun être qui ne vienne de
lui, il ne peut y avoir rien, avant lui.
«De
lui, et à lui, et par lui sont toutes choses»
(Romains 11:36). «En
lui nous avons la vie, le mouvement et l'être»
(Actes 17:28). «Seigneur,
tu as créé toutes choses et c'est par ta volonté
qu'elles sont et ont été créées»
(Apocalypse 4:11). Dieu est la cause
efficiente, et la dernière fin de tous les
êtres; mais s'il y a un être antécédent à la
détermination de la volonté de Dieu, il ôte la
dignité de la cause suprême, et il fait
l'acte de l'homme, supérieur à l'acte
de Dieu.
Ce
qui ôte la certitude, et
l'immutabilité du décret divin, ne doit pas
être reçu, et c'est ce que fait le décret
conditionnel.
Si quelque chose dans l'homme, incline
Dieu à choisir l'homme, le décret de Dieu
ne peut donc demeurer ferme; mais doit dépendre
de quelque acte contingent de l'homme,
que ce soit la foi, les œuvres, ou la
persévérance.
S'il dépend de notre persévérance dans la foi,
il ne peut être ferme et certain, selon la
doctrine Arminienne de la déchéance de la grâce:
Car l'hypothèse Arminienne établit le décret de
Dieu d'après cette forme, savoir: Je les
sauverai tous si tous m'obéissent; mais je vois
qu'ils pécheront; je dois le leur permettre;
mais je les condamnerai tous; cependant ce
décret de condamnation ne sera pas péremptoire;
j'enverrai Christ pour les racheter tous: pour
les sauver tous encore une fois s'ils croient;
mais je vois qu'ils ne croiront pas. Je
décréterai de sauver ceux que je prévois
qui croiront et persévéreront en croyant.
Oh! quelle variable peinture d'un Dieu immuable!
Ce qui établit que nous
choisissons Dieu avant que Dieu nous
choisisse, ne doit point être reçu: et c'est ce
que fait le décret conditionnel sur la foi
prévue.
Si Dieu ne nous choisit que lorsqu'il prévoit la
foi en nous, il suit donc nécessairement que
nous choisissons Dieu avant qu'il ne nous
choisisse, et que nous l'aimons avant qu'il nous
aime; contrairement à ces écritures, «vous
ne m'avez pas choisi, mais c'est moi qui vous ai
choisis»
(Jean 15:16); «nous
l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier»
(1 Jean 4:19). Mais les Arminiens vont
plus loin encore, car ils disent: nous devons
être prévus non-seulement croyants mais encore
persévérants dans la foi; ce qui est
non-seulement choisir Dieu pour notre Dieu, mais
aussi persévérer dans ce choix jusqu'au
dernier moment de notre existence, avant que
nous puissions être des objets convenables du
choix ou de l'élection de Dieu!!!
Ce
qui ôte son caractère mystérieux au décret
divin, doit être rejeté, et c'est ce que fait
cette doctrine de la foi prévue.
C'est une dangereuse présomption aux hommes de
prendre sur eux, avec leurs mains impures,
l'explication des profonds mystères de Dieu
(8)
d'après leur raison charnelle; là où le grand
apôtre demeure dans l'étonnement, s'écriant: «O
profondeur! qu'elle est impossible à sonder!»
(Romains 11:33) et encore: «qui
connaît la pensée du Seigneur!» (Romains
11:34) Si saint Paul eût été dans la
persuasion arminienne, il aurait répondu: «Les
élus sont ceux dont Dieu a prévu qu'ils
croiraient et qu'ils persévéreraient!» Cette
réponse n'aurait pas été dure à entendre même
par les ignorants (c'est-à dire les
charnels), les hommes du monde qui tordent
les écritures à leur propre perdition (2
Pierre 3:16). Mais Paul n'était qu'un
ignorant, et ces hommes sont plus sages que le
Saint Esprit; car il nous dit que notre
élection procède de la volonté de celui qui
élit, et non de quelque chose qui soit dans
l'élu. La souveraine volonté de Dieu, est
la règle suprême de toute justice; «il aura
compassion de qui il aura compassion, et il
endurcira qui il voudra». Si la foi prévue
et la persévérance eussent été les causes et les
conditions de l'élection, il n'y aurait eu
nul mystère là dedans.
Cette élection dont l'ombre nous est montrée
dans l'amour de Dieu à l'égard de Jacob (soit
comme personne, soit comme
nation) est l'élection selon la
vérité; mais cette élection n'a pas
été d'après la foi ou les œuvres prévues.
Premièrement
la personne de Jacob. Il était
sous l'élection d'amour; toute prévision de
foi et d'œuvres étant exclue. J'ai aimé
Jacob (Romains 9:12-13). Aimer
Jacob, c'est lui vouloir le plus grand bien,
même le salut éternel, et tout ce qui
l'accompagne; et ceci eut lieu avant qu'il y
eût quelque différence entre lui et
Ésaü, car ils étaient tous les deux
également dans le sein de leur mère et
conçus dans le péché. «Avant
que les enfants fussent nés, et qu'ils
eussent fait ni bien ni mal; afin que le
dessein de Dieu selon l'élection demeurât
ferme, non des œuvres, il fut dit à Rébecca,
l'aîné sera assujetti au plus jeune»
(Romains 9:11-12).
Secondement
Jacob comme nation.
Notre élection est typifiée par l'élection
que Dieu fit d'Israël laquelle, il le paraît
clairement, ne fut pas une élection d'après
la prévoyance de dignité en Israël; non à
cause de tes justices, ni à cause de la
droiture de ton cœur. «Sache
donc que ce n'est point pour ta justice que
le Seigneur ton Dieu te donne ce bon pays
pour le posséder, car tu es un peuple de col
roide»
(Deutéronome 9:5-6). Toutes les
œuvres de dignité sont exclues, et la
raison assignée est à cause que le Seigneur
vous a aimés (Deutéronome 7:8).
Ce
qui élève le Dagon vermoulu de la libre volonté
de l'homme, en avant ou au-dessus de l'arche de
la grâce spéciale prédestinante de Dieu, doit
être rejeté; et c'est ce que fait le décret
conditionnel.
Le décret conditionnel est fondé sur une
prévision de nos volontés, recevant ou rejetant
la grâce proposée; et ainsi la volonté de
l'homme est placée comme le premier moteur, et
en avant de la volonté de Dieu: et l'acte de la
prédestination est mis dans la volonté et
dans le pouvoir du prédestiné et non dans
celle du divin prédestinateur. Par là le
pouvoir d'ordonner le salut de l'homme est
transporté (ainsi qu'on l'a fait) des mains de
Dieu, dans les mains de la libre volonté
de l'homme. Le salut est donc l'ouvrage du
sauvé et non du Sauveur; et la
volonté et l'exécution n'est plus
selon le bon plaisir de Dieu (Philippe 2:13).
Ainsi les hommes pensent méchamment que Dieu est
semblable à l'un d'eux (Romains 1:21).
Incertain, chancelant dans ses desseins; et
semblable au mouvement d'un balancier; prenant
de nouveaux conseils, comme étant dans la
dépendance de la volonté des hommes, et des
actes contingents qui en dérivent.
Ce
qui implique une succession d'actes en Dieu, ne
doit pas être admis; et l'élection d'après la
prévision implique cette succession.
Dieu est un acte unique, et en lui il ne
peut y avoir de succession, car autrement
il ne serait pas le JE SUIS. La prévision
de la foi, suppose nécessairement un décret
préexistant, concernant l'existence de cette foi
prévue.
Car d'abord, Dieu doit
décréter que la foi existe;
secondement
il prévoit cette foi,
troisièmement
il décrète de sauver par cette foi prévue.
De manière que cette prévision arrive
nécessairement entre deux décrets.
On
pourrait ajouter beaucoup d'autres raisons,
telles que la foi prévue ne saurait avoir lieu
dans les enfants qui meurent, cependant
le royaume des cieux est pour ceux qui leur
ressemblent. Et leurs noms sont écrits dans le
livre de vie (voyez: Apocalypse 20:12).
Mais pour résumer le tout en une sentence; un
décret conditionnel fait un Dieu conditionnel,
puisque le décret est Dieu lui-même décrétant.
Donc la condition doit être rejetée.
Réponse aux objections contre
le Décret absolu de la Prédestination
J'ai établi et prouvé la doctrine de
l'absolue prédestination divine.
J'ai considéré aussi, et (je l'espère), réfuté
d'une manière scripturaire les notions que s'en
forment les Arminiens, savoir; qu'elle
est conditionnelle.
Je
répondrai en troisième lieu, à
quelques-unes des principales objections qu'ils
font contre ce divin et absolue décret de
la prédestination inconditionnelle.
Les
Arminiens agissent, à l'égard de cette doctrine,
comme les Empereurs païens agissaient avec les
premiers chrétiens, dans les dix premières
persécutions; ils les couvraient de peaux de bêtes
et les exposaient ensuite à la férocité des dogues
pour être mis en pièces. Ainsi font les Arminiens
avec cette grande VÉRITÉ. Ils commencent par
l'habiller d'une manière difforme en lui
mettant leurs propres et fausses gloses, et
alors ils lancent leurs cyniques sarcasmes
l'un après l'autre, contre elle, disant: «Cette
doctrine de prédestination tend à accuser Dieu et à
le rendre coupable d'injustice, de dissimulation et
d'hypocrisie, etc., etc.»
1ère objection
D'injustice, parce qu'il donne à des personnes
qui sont semblables, des choses qui ne sont pas
semblables; contrairement à l'Écriture, qui dit, que
Dieu ne fait point acception des personnes
(Actes 10:34).
Réponse
Ceci fut objecté contre la
doctrine de saint Paul (Romains 9:14).
Que dirons-nous donc? y
a-t-il de l'injustice en Dieu? à Dieu ne plaise!
Quand nous voyons que l'apôtre amène cette
difficulté comme étant le sophisme de la raison
charnelle contre le décret de Dieu, nous avons,
par conséquent, suffisante raison de la
rejeter. Dieu ne doit pas perdre l'honneur de sa
justice parce que la raison de son décret
n'apparaît pas à notre entendement
superficiel. Nous n'avons pas le droit de
reprendre ce que nous ne pouvons
comprendre. La justice de Dieu ne doit pas
être mesurée, par la règle de notre raison; car
que serait cela, sinon parler méchamment à la
place de Dieu, et parler artificieusement
pour lui (Job 13:7); et ouvertement
le dépouiller de toute justice qui ne serait pas
conforme à notre modèle? L'œuvre de Dieu
et la sagesse de Dieu doivent toujours
être considérées, comme unies
inséparablement.
Dieu est la justice
même; et les ténèbres pourraient procéder du
soleil (qui est la source de la lumière),
plutôt qu'un acte injuste ne procédera de Dieu.
Les voies de Dieu sont toujours équitables,
quoique les hommes en pensent autrement. «Néanmoins
vous dites, la voie du Seigneur n'est pas bien
réglée. Écoutez donc, ô maison d'Israël, ma voie
n'est-elle pas bien réglée? ne sont-ce pas
plutôt vos voies qui ne sont pas bien réglées?»
(Ézéchiel 18:25); et quoique les voies de
Dieu soient quelque fois secrètes, et dépassent
notre pensée (comme Romains 11:33); elles
sont néanmoins toujours justes. La
volonté de Dieu est la règle souveraine; mais
non comme l'entend la raison dépravée de
l'homme. Dieu est l'origine de tout bien;
il est aussi la source de la justice et
de l'équité. Dieu est trop bon pour nous
faire un tort, et trop juste pour nous
faire une injustice.
Jacob et Ésaü étaient égaux dans le sein
de leur mère, et cependant le décret dispose
d'eux d'une manière inégale; car Dieu
avait le droit et le pouvoir d'en agir ainsi.
L'apôtre démontre ceci:
Par le témoignage de
Moïse (Exode 33:18-19). «Je
ferai passer toute ma bonté devant toi; je
proclamerai le nom du Seigneur devant toi,
je ferai miséricorde à celui à qui je ferai
miséricorde, et j'aurai compassion de celui
de qui j'aurai compassion».
Dieu a le droit d'en agir ainsi.
Par l'exemple du potier qui a un pouvoir
sur ses vases, moins toutefois que Dieu sur
ses créatures. Donc ce que le vase ne peut
faire avec celui qui le fait, que l'homme ne
le fasse pas non plus avec son Créateur.
Mais le vase (en supposant qu'il pût
parler), ne pourrait accuser celui qui l'a
fait, d'injustice parce qu'il a disposé
d'une même masse d'argile pour des fins
différentes.
Le décret de Dieu n'est
pas un acte de justice, mais un acte de
seigneurie, et de souveraineté. La
justice présuppose toujours une dette;
mais Dieu (qui était parfait en lui-même de
toute éternité) ne pouvait être débiteur envers
l'homme, qui reçoit tout de Dieu. Le
décret n'est pas une matière de justice
ou d'injustice; mais de libre faveur;
la grâce étant la propriété de Dieu, il pourra
faire ce qu'il voudra de cette grâce. «Ne
m'est-il pas permis de faire ce que je veux de
mon bien? Ton œil est-il mauvais parce que je
suis bon?»
(Matthieu 20:15). S'il fait grâce aux
uns et non pas aux autres, il n'y a
pas d'injustice en lui. Il n'est point obligé de
faire grâce à personne.
Si
Dieu ne fait point acception des personnes,
c'est dans ce sens; qu'il ne choisit pas les
hommes à cause de leurs œuvres. Ce fut avant que
Jacob et Ésaü eussent fait ni bien ni mal. Il
les trouva tous deux égaux, et il n'y
avait rien pour faire pencher la balance plutôt
d'un que de l'autre, sinon le propre et seul bon
plaisir de Dieu. Dieu est un agent libre, et
n'est assujetti à aucune loi, lors qu'il fait
grâce.
2ième objection
De cruauté; comme si Dieu avait été pire, à ses
créatures, que les tigres à leurs petits; et que les
tueurs de rats, qui, après avoir fermé toutes les
issues, les poursuivent avec leurs chiens, etc.,
etc.(9)
Réponse
Ceci est accuser Dieu follement, puisque nous
voyons qu'il n'y a nul acte de Dieu qui puisse
être un moyen de damner les hommes, mais que ce
sont les propres actes des hommes qui
sont la cause de leur damnation; savoir
l'accomplissement de leurs propres convoitises.
De même que la réprobation ne leur donne pas une
grâce telle qu'elle les rende infailliblement
meilleurs, de même elle n'opère rien en eux
pour les rendre plus mauvais.
C'est seulement un sophisme: comme si le décret
de non-élection était une cause qui
produisit la damnation de l'homme. Le péché
est la cause de la damnation, mais la
réprobation n'est pas la cause du
péché. L'ordre que David donna à Salomon, à
l'égard de Joab et de Chimeï, ne fut pas la
cause que l'un et l'autre eurent une fin
prématurée; mais ce fut la trahison contre
Salomon quant à Joab, et la fuite de Jérusalem
quant à Chimeï, qui leur causèrent la mort
(voyez: 1 Rois 2:5,28,40,42).
C'est une fausse
hypothèse, de supposer que Dieu, dans le décret
de réprobation, a le dessein de mener les
hommes à la damnation, comme par un moyen
effectif; ainsi que par le décret d'élection,
il conduit les autres au salut: car le salut est
une faveur qui n'est due à personne,
de telle sorte, que Dieu pourra absolument
donner ou refuser le salut. Mais la
damnation est une punition qui se trouve
ainsi en relation avec une faute. Les
moyens de salut sont les dons de la libre
grâce, mais la damnation vient du propre et
volontaire péché de l'homme, elle est le
fruit et le gage du péché. «Les
gages du péché c'est la mort; mais le don de
Dieu est la vie éternelle par Jésus-Christ notre
Seigneur»
(Romains 6:23). C'est Dieu qui
disposa Pierre pour le salut; mais Judas
se disposa lui-même pour la damnation.
Si
Dieu eût contraint la créature au péché,
pour la damner ensuite pour ce péché, il
se complairait dans la destruction de ses
créatures, contrairement à Ézéchiel 18:23; et
33:11. Dieu ne poussa pas Adam dans son
péché, comme il le poussa hors du paradis
après qu'il eut volontairement péché.
La punition de l'homme est de Dieu comme juge;
mais sa destruction est de l'homme lui-même,
comme pécheur. Répétons donc encore et
encore, que le péché de l'homme vient
librement de lui-même.
3ième objection
On objecte contre le décret absolu, qu'il fait
Dieu coupable de dissimulation; en appelant ceux qui
sont la partie négative du décret, à se repentir;
etc. Tout comme s'il commandait aux hommes dont il
aurait fermé les yeux, de juger des couleurs: ou à
ceux dont-il aurait lié les pieds, de se lever et de
marcher.
Réponse
Le défaut de repentance
dans les non élus vient
non-seulement d'un manque de pouvoir («Nul
ne peut venir à moi, si le Père ne le tire.»
Jean 6:44); mais aussi d'un manque de
volonté. «Vous
ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie»
(Jean 5:40). Nul n'est damné parce qu'il
ne peut pas faire mieux, mais parce qu'il
ne veut pas faire mieux. S'il n'y avait
eu nulle volonté, il n'y aurait eu nul
enfer. Et ce sera l'enfler des enfers,
que l'homme a été, le trompeur, de soi-même,
son propre destructeur, felo de se.
L'homme eut un pouvoir en Adam.
Dieu lui donna une connaissance dans son
entendement, une rectitude dans sa
volonté, et la pureté dans ses affections;
mais ces choses ont été toutes perdues
par la chute. Dieu cependant ne doit pas
perdre son autorité de commander, parce
que l'homme par son péché a perdu la
capacité d'obéir.
Ne
peut-on pas dire plus convenablement, que ce
sont les Arminiens qui accusent Dieu de
folie et de dissimulation, quand
ils le représentent comme désappointé dans son
dessein, et le réduisent à parler ainsi: «En
vérité je désire ardemment vous sauver, mais
vous m'empêchez tellement que je ne puis faire
ce que je désire; je le voudrais, si vous le
vouliez; mais voyant que vous me frustrez de mon
intention, je changerai le dessein que j'avais
de vous sauver, et en conséquence ma volonté
sera une détermination de vous détruire.»
Vorstius, l'Arminien, nous dit aussi: «Il
pourra arriver quelque chose qui plongera Dieu
dans le chagrin, ayant essayé de tous les
moyens en vain!»
Mais il faut ici prendre un autre point
de vue. Lorsque Dieu donne un commandement pour
des actes spirituels, il accorde le
pouvoir de les accomplir. Il en fut
ainsi lorsque Christ commanda à l'homme
qui avait une main sèche de l'étendre; et à
Lazare de sortir du tombeau. L'appel et le
commandement de Dieu, sont les canaux de la
force et de la capacité.
4ième objection
Le décret de Dieu ne peut être absolu et
infaillible, car il pourrait avoir été frustré par
la possibilité qu'Adam persistât dans son innocence.
Réponse
La
persistance d'Adam était possible quant à
lui-même, mais non quant à Dieu. Dire
qu'Adam pourrait ne pas avoir péché, est une
proposition catégorique et simple, et serait
bonne en tant qu'Adam serait considéré comme
revêtu de la liberté de sa volonté: et de même
aussi dire qu'il ne pouvait se faire autrement
sinon qu'Adam tombât dans le péché, est
également vrai si on considère Adam comme
subordonné au décret de Dieu, déterminait ce que
ferait Adam, abstraction faite de
la liberté de sa volonté.
Quant à l'homme, Adam pourrait n'être
pas ou être tombé: car Dieu ne donna pas à
sa créature seulement une loi, mais il lui
fournit aussi un pouvoir suffisant pour
garder cette loi, s'il l'eût voulu; et si
l'homme n'eût pas été une créature muable
il aurait été Dieu et non homme.
L'homme est muable; Dieu seul est
immuable. C'est en ceci que le Créateur
est distingué de tous les êtres créés. Ainsi, en
tant que cela concerne Dieu, il n'était pas
possible que l'homme restât innocent; car
dans le décret de Dieu il était certain que
l'homme étant laissé à la mutabilité de sa
propre volonté (et Dieu permettant à Satan de le
tenter) inclinerait volontairement au mal. Adam
a donc péché librement eu égard à lui-même, mais
nécessairement eu égard à Dieu. Il a agi aussi
librement dans cet acte, que s'il n'y avait pas
eu de décret, et cependant aussi infailliblement
que s'il n'y avait pas eu de liberté. Le décret
de Dieu n'ôta pas la liberté de l'homme; l'homme
dans la chute, tandis qu'il accomplissait
le décret de Dieu, exerça néanmoins librement
les propres mouvements de sa propre
volonté.
Ainsi donc, Dieu en
décrétant le péché d'Adam, n'ôta à Adam aucune
grâce qu'il eut; car il décréta
qu'il pécherait volontairement. Il ne
diminua point le pouvoir dont il était revêtu,
seulement il n'y ajouta point cette grâce par
laquelle Adam aurait infailliblement évité de
tomber: grâce qui n'était en aucune manière
due à l'homme et que Dieu n'était nullement
obligé de lui accorder. De sorte qu'Adam
aurait pu persévérer, eu égard à lui-même;
mais qu'il devait tomber certainement, eu égard
à Dieu. Les juifs auraient pu briser les
os de Christ, eu égard à leur libre volonté dans
de telles actions, mais il n'était pas possible
qu'ils le fissent; «car
aucun de ses os ne sera rompu»
(Jean 19:36; Psaumes 34:21). Il y avait
possibilité dans un sens, que Christ fut délivré
de sa passion par des légions d'anges
(Matthieu 26:53). «Mais
comment alors auraient été accomplies les
écritures qui disent que cela doit être ainsi?»
(Matthieu 26:54). Il était possible eu
égard aux choses, que Dieu pardonnât les
pécheurs sans un Christ; mais impossible tout
autant que Dieu avait décrété que Christ serait
leur rançon. En arguant d'après l'hypothèse des
Arminiens sur la libre volonté, il serait
possible que personne ne fut sauvé, ou
personne perdu; et alors, ou le ciel ou
l'enfer serait une chose superflue.
5ième objection
Les prédestinariens ne peuvent s'accorder sur la
manière d'établir leur décret; quelques-uns le
placent avant la chute, comme les
supralapsaires; et les autres après la chute
comme les infralapsaires.
Réponse
Les Arminiens, par la loi de réciprocité,
pourront être appelés inframortuariens,
car ils ne reconnaissent d'élection complète,
qu'après la mort des hommes; et
post-destinariens, parce qu'ils placent le
décret éternel postérieurement à la vie
terrestre de l'homme. Certainement lorsque les
croyants meurent, ils sont les objets de la
glorification et non de l'élection.
Christ aurait dû dire (d'après leur hypothèse)
au larron pénitent: «Aujourd'hui tu seras
complètement élu et non pas, tu seras
avec moi en paradis.» Et ne pourront-ils pas
aussi être appelés Relapsairiens,
puisqu'ils disaient que les élus peuvent
totalement et finalement tomber; et que celui
qui est un enfant de Dieu aujourd'hui
pourra être un enfant du démon demain?
Ces notions de sub et de supra ne
sont que des conceptions humaines de l'ordre
du décret divin, qui surmonte notre entendement
à un si haut degré, que notre faible capacité ne
peut le comprendre si ce n'est selon la manière
des hommes. Ces divers états de l'homme
avant et après la chute, ne sont
point dans l'entendement divin, comme ils
sont dans le nôtre, par une succession
d'actes l'un après l'autre; mais Dieu ordonne
toutes choses par un seul acte; et l'idée
divine dans le décret est une représentation
de tous ces états à la fois. Non celui-ci
après celui-là, mais ensemble dans un
instant de l'éternité
(10).
6ième objection
Le décret absolu rend l'homme nonchalant dans ses
devoirs, et le porte à dire : quel besoin ou
quelle utilité y a-t-il de faire de bonnes œuvres?
Je puis vivre comme il me conviendra; si je suis élu
au salut, je serai certainement sauvé.
Réponse
Le
décret de Dieu établit les moyens; il
n'ordonne pas seulement la fin, mais
aussi les moyens d'atteindre cette fin;
et l'un n'est jamais séparé de l'autre.
Dieu décrète que la terre sera fertile;
ceci n'exclut pas, mais implique
au contraire que le soleil luise sur elle, les
pluies doivent l'arroser, et la main de l'homme
doit la cultiver, comme son Dieu lui en donne
l'ordre (Ésaïe 28:26). Dieu décrète que
quinze années seront ajoutées à la vie
d'Ézéchias; ceci ne le rendit ni insouciant
pour sa santé, ni négligent pour prendre sa
nourriture. Il ne dit pas: «Quoique je me
jette dans le feu, ou dans l'eau, ou que je
boive un breuvage empoisonné, je vivrai
néanmoins pendant un temps aussi long;» mais la
Providence naturelle, dans l'usage
convenable des moyens, coopéra de manière
à le conduire à cette période de temps
pré-ordonnée pour lui. L'industrie de
l'homme est subordonnée au décret de Dieu,
elle est appelée la vie de nos mains
(Ésaïe 57:10). Nous ne devons pas tenter le
Seigneur notre Dieu.
La chaîne d'or
a tellement lié les moyens à la fin, et la
sanctification pour conduire au salut,
que Dieu fait aussi infailliblement agir les
élus dans l'usage des moyens, qu'il les conduit
à la fin par l'usage de ces moyens. «Frères
bien-aimés du Seigneur; Dieu vous a dès le
commencement choisis pour le salut, par la
SANCTIFICATION de l'esprit, et la foi de la
vérité»
(2 Thessaloniciens 2:13). «Je
vous donnerai un nouveau cœur et je mettrai un
nouvel esprit au dedans de vous; J'ôtera le
cœur de pierre, de votre chair, et je vous
donnerai un cœur de chair, je mettrai mon esprit
au dedans de vous et je vous ferai marcher dans
mes statuts, et vous garderez mes jugements et
les ferez. Vous vous souviendrez donc de vos
méchantes voies, et de vos actions qui ne sont
pas bonnes, et vous vous déplairez en
vous-mêmes, à cause de vos iniquités, et à cause
de vos abominations»
(Ézéchiel 36:25-31). Que ceux en qui le
Seigneur aura mis son Esprit, vivent comme ils
le voudront, et je suis très-sûr qu'ils vivront
d'une vie de piété.
L'éternelle prescience Arminienne
implique une absolue certitude et une nécessité
d'événements, aussi bien que notre
prédestination; car les choses doivent être
pré-ordonnées à l'existence, avant
qu'il puisse être prévu qu'elles
existeront. D'après les principes Arminiens, les
hommes pourront raisonner ainsi: s'il est
prévu éternellement que je croirai, je croirai
et je serai sauvé. Et cependant, ils
enseignent les hommes à dire au contraire: Je
me repentirai quand je voudrai; je pourrai être
élu lorsqu'il me plaira, quoique dans ce moment
je vive dans l'iniquité, car je suis libre de me
repentir même sur mon lit de mort, ainsi je
pourrai être sauvé si je pense que ce soit
convenable. «HO! C'EST BIEN ICI LA DOCTRINE
QUI RENDRA LES HOMMES NONCHALANTS DANS LEURS
DEVOIRS!» Mais pour une âme qui est élue, par
l'opération du Saint-Esprit, afin de lire dans
le cœur du Dieu de son alliance, comment il la
aimée éternellement, absolument, et
particulièrement; et comment en conséquence de
son amour éternel et immuable, il lui accorde et
lui donne le plus grand de tous les dons,
savoir: Jésus-Christ lui-même; qu'elle
vive comme elle voudra, ceci sera son langage et
sa pratique. «Pour moi Christ est ma vie, et
la mort m'est un gain. Je t'aime parce
que tu m'as aimée le premier; je suis
contrainte par cet amour, par la
toute-puissante influence de ta grâce; ce monde
transitoire ne peut désormais rien
m'offrir de satisfaisant. Je ne serai
jamais satisfaite, jusqu'à ce que je sois
absente du corps, et présente avec le Seigneur;
jusqu'à ce que je me réveille avec ta
ressemblance» (Philippiens 1:21; 1 Jean 4:19;
2 Corinthiens 5:14-15; Psaumes 17:15).
7ième objection
La doctrine de la réprobation absolue porte les
hommes au désespoir; lors même que je ferai tout
mon possible, si je dois être damné, je serai damné:
je suis sous une nécessité fatale.
Réponse
Ceci est sucer du
poison d'une douce fleur; c'est se
choquer contre le rocher des siècles; c'est
heurter contre la Parole, «à
quoi aussi ils ont été destinés»
(1 Pierre 2:8). Pourquoi Dieu a-t-il
ordonné toutes choses pour jamais par son décret
absolu? C'est pour que l'homme tremble devant
lui (Ecclésiaste 3:14). Dieu agit
librement comme la cause première; et
l'homme librement comme la cause
seconde; en concurrence et non par
contrainte.
On
a répondu convenablement à cette objection dans
le 17ième article de l'église d'Angleterre. —
«Pour les personnes curieuses et
charnelles, manquant de l'Esprit de Christ,
c'est une très-dangereuse pierre d'achoppement
que d'avoir continuellement devant les yeux la
sentence de la prédestination de Dieu,
par laquelle pierre d'achoppement, le démon les
fait tomber dans le désespoir, ou dans le
dérèglement de la vie la plus impure, non
moins dangereuse que le désespoir.
Nul homme ne pourra se juger lui-même réprouvé
dans cette vie, et devenir ainsi désespéré; car
l'impénitence finale (la seule évidence
infaillible de la réprobation), ne peut être
découverte jusqu'au moment de la mort. Nous
n'avons pas à questionner le décret de la
volonté de Dieu, mais à donner notre attention à
sa volonté révélée.
La doctrine Arminienne
(Dieu a prévu le bon chemin que je devais
prendre d'après ma libre volonté, et en
conséquence il m'a élu), est une misérable
consolation pour celui dont le cœur est exposé à
des myriades d'infidélités envers Dieu. Il a été
dit bien à propos par le Psalmiste: «Qui
peut connaître ses erreurs? qui peut dire
combien souvent il pèche? Purifie-moi de mes
fautes cachées»
(Psaumes 19:12).
Dire aux hommes (comme le font les Arminiens),
qu'ils peuvent être justifiés et sanctifiés,
enfants de Dieu et tout, excepté d'être
glorifiés; et néanmoins qu'après tout
cela ils pourront devenir réprouvés, et être
finalement condamnés; est en vérité une
doctrine désespérante. Évidemment c'est leur
doctrine qui est désespérante; au lieu que la
nôtre est sujette seulement aux fausses
inférences des hommes charnels; de ces mêmes
hommes qui tirèrent de fausses conclusions des
paroles du Seigneur et dirent: «Qui
peut donc être sauvé?»
(Luc 18:26). De telles conséquences ne
sont pas légitimement déduites, mais ce sont des
conséquences perverses tirées de
bonnes prémisses.
La justice en tout temps, guide le Dieu seul sage,
L'obscurité n'est point un obstacle à ses yeux,
La pensée ni l'action, n'ont jamais de nuage,
Qui les cache à celui qui siège dans les cieux.
Il habite un séjour, pour nous inaccessible,
Il accomplit son œuvre et nous cache sa main,
Bien que son procédé, ne nous soit pas visible,
L'équité sert de base au trône souverain.
Dans le ciel, sur la terre, et dans l'air et sur ronde,
Sa puissance accomplit un éternel décret,
Les saints qui sont aux cieux, ceux qui sont en ce monde,
De son parfait ouvrage admirent le secret.
Mon âme, à sa grandeur, soumets ton espérance,
Prosterne-toi, devant son siège redouté,
Si sa verge te fait frémir sous sa puissance,
Espère au Dieu seul sage, espère en sa bonté.
De la Rédemption universelle
La rédemption universelle, par où on entend que
Christ est mort pour tous les hommes, ne peut
être une vérité évangélique, à cause des raisons et
des arguments suivants.
L'élection
de Dieu le père, la rédemption de Dieu le
fils, et la sanctification de Dieu le
Saint-Esprit, doivent toutes être d'une
étendue ou d'une latitude égales;
mais la rédemption universelle, dans le sens
Arminien, les fait inégales.
Ceci est clair: car comme le Père,
la Parole, et l'Esprit sont
unis en essence
(en une seule
personne - Hébreux 1:3);
de même ils sont unis en volonté, en
œuvres, et en témoignage, dans la
rédemption des pécheurs. Comme il y en a trois
qui rendent témoignage sur la terre, savoir: l'Esprit,
l'eau et le sang; de même il y en
a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le
Père, la Parole, et le Saint-Esprit; et ces
trois ne sont qu'un (1 Jean 5:6-8).
(Non trois
personnes mais une seule personne, c'est-à-dire
une seule essence ou HUPOSTASIS - Hébreux 1:3
qui révèle la manifestation du Père, de la
Parole, et du Saint-Esprit en la personne unique
de Jésus-Christ).
Ceux que le Père a élus, le fils les a
rachetés et le Saint-Esprit les a
sanctifiés. Donc s'il y a une rédemption
universelle, il doit y avoir aussi une
élection universelle, et une
sanctification universelle, et (par
conséquent), un SALUT UNIVERSEL. Que le Fils
n'en rachète pas un seul de plus que le
Père n'en a élu c'est évident, d'après
ces deux déclarations de la Parole de Dieu,
la première (Jean 5:23), qui déclare
que le Fils doit être honoré comme égal au Père;
mais dire que le Fils les rachète tous,
tandis que le Père en élit seulement
quelques-uns, c'est donner un plus grand
honneur à l'un qu'à l'autre et
constituer une inégalité dans leurs opérations.
Le second passage est Jean 17:9-10.
Tout ce qui est tien est mien, et tout ce qui
est mien est tien, etc. Ils étaient du
Père par l'élection d'amour, ils sont
devenus la propriété du fils par le don de la
rédemption: ils étaient tiens et tu me les as
donnés (Jean 17:6). Christ rachète
seulement ceux que le Père lui a donnés. De là
le livre de vie de Dieu dans lequel le nombre
des élus est enregistré, est aussi appelé le
livre de vie de l'agneau; ce qui nous
enseigne que le nombre de ceux qui sont élus par
le Père, est mesuré ensemble avec le nombre de
ceux qui sont rachetés par le Fils. Mais que le
Fils n'en rachète pas un plus grand nombre que
ceux qui sont sanctifiés par l'Esprit;
c'est ce qui est évident de 1 Jean 5:6-8.
Il doit y avoir de l'eau
(la Parole -
Éphésiens. 5:26; Tite 3:5; 1 Pierre 1:23)
pour sanctifier, là où il y a du sang
pour racheter. L'oblation de
Christ n'est pas d'une plus grande étendue que
l'opération de l'Esprit...
Les bénéfices de la mort et de la
résurrection de Christ, sont d'égale
étendue dans leurs objet; mais le
bénéfice de la résurrection de Christ ne s'étend
pas à tous.
Que le bénéfice de la résurrection de Christ ne
soit pas étendu à tous, et à chacun
également, mais qu'il soit particulier aux
croyants, c'est ce qui est reconnu même par les
Arminiens. Que la mort et la résurrection
de Christ soient d'égale étendue dans leurs
objets, est évident de Romains 8:34.
(Elles sont toutes deux mises ensemble.) Qui
intentera accusation contre les élus de Dieu
pour lesquels Christ est mort? qui
condamnera ceux pour lesquels Christ est
ressuscité? Ceux pour lesquels Christ est
mort et ressuscité, ne peuvent être condamnés.
Il est mort pour nos offenses et il est
ressuscité pour notre justification
(Romains 4:25). Ceux qui ont le fruit du
combat de Christ, ont aussi le fruit de sa
victoire; mais ceci ne peut être dit de
tous les hommes, car il y en a une partie
sur lesquels demeure la colère de Dieu (Jean
3:36).
Les bénéfices de la mort et de
l'intercession de Christ sont d'égale
étendue dans leurs objets; mais Christ
n'intercède pas pour tous.
Ceci est expressément déclaré dans l'Écriture. —
Je te prie non pour le monde, mais
pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont
tiens. Ils ne sont pas du monde (Jean
17:9,16). L'intercession de Christ n'est pas
pour le monde en général, mais seulement pour
ceux que le Père lui a donnés; et la
raison confirme ceci, car si Christ a intercédé
pour Judas et pour Pilate, etc.,
il a donc eu un refus et n'a pas toujours été
exaucé du Père; contrairement à Jean 11:42.
De plus Christ est un souverain sacrificateur,
et les deux parties de l'office de la
sacrificature l'oblation et la
présentation ne peuvent être séparées;
et ceux qui ont une part dans la première,
ont aussi une part dans la seconde. Car
la présentation implique nécessairement
l'oblation; qui lui donne une force perpétuelle
devant Dieu (Hébreux 9:12). Christ doit
intercéder en faveur de ceux qu'il a réconciliés
à Dieu par sa mort; et son intercession est
l'offrande de lui-même présentée à son Père, en
faveur de ceux qu'il a représentés sur la croix.
Nous ne pouvons pas dire qu'il y en a
quelques-uns pour lesquels Christ s'est offert
sur la terre, mais pour lesquels il n'intercède
pas dans le ciel; ce serait faire de Christ un
demi-sacrificateur pour quelques-uns, et non un
fidèle souverain sacrificateur; contrairement à
une multitude de passages (Ésaïe 53:11-12; 1
Jean 2:1-2; Hébreux 9:11-12 et 10:19-21).
Ceux pour qui Christ est mort, ont Christ pour
leur caution; mais tous n'ont pas Christ pour
leur caution.
Tous sont pécheurs; et chaque pécheur doit
mourir soit en lui-même, ou dans sa caution, car
les gages du péché, c'est la mort, et le
cautionnement de Christ, consiste en ceci, que
Christ est mort pour nous (Romains
10:8). Il a été fait malédiction pour
nous, ce qui veut dire à notre place
(Galates 3:13; 2 Corinthiens 5:21). Juda fut
caution pour la sûreté de Benjamin (Genèse
44:32). Et Christ est la caution de la
nouvelle alliance (Hébreux 7:22). Il a
pris sur lui nos péchés en sa mort (Ésaïe
53:4-8; 1 Pierre 2:24). Si Christ a été une
caution pour tous, il a donc offert une
satisfaction pour tous, en devenant
péché, et en portant la malédiction et la colère
de Dieu en leur place. Mais cela n'a pas été
fait pour tous; car Christ ne reconnaît
pas les ouvriers d'iniquité, et il ne les a
jamais connus (Matthieu 7:23);
Cependant il connaît ses brebis, et il a donné
sa vie pour elles (Jean 10:11-15).
Si l'alliance de grâce
n'est pas pour tous, Christ n'est donc pas mort
pour tous.
Le sang de Christ est appelé le sang de
l'alliance (Hébreux 9:20), et le sang
du Nouveau Testament (Matthieu 26:28).
Il est évident que l'alliance de grâce n'est pas
étendue à tous, car elle est faite
seulement avec la maison d'Israël; «c'est
ici l'alliance que je ferai avec la maison
d'Israël, dit le Seigneur, je mettrai ma loi
dans leurs cœurs, et je l'écrirai dans leurs
cœurs; et je serai leur Dieu, et ils seront mon
peuple»
(Jérémie 31:33). L'alliance est seulement
avec ceux dans les cœurs desquels les
conditions sont effectuellement mises, savoir:
que la crainte de Dieu soit mise dans
leurs cœurs; et sa loi écrite dans leur
entendement; ce que les élus seuls
obtiennent.
Personne n'osera dire que Dieu entre dans une
alliance de grâce avec la semence du serpent,
mais c'est seulement avec ceux dont le serpent a
mordu le talon (Genèse 3:15).
Si Christ est mort pour
ses brebis, ses amis, et son
Église seulement; il n'est donc pas mort
pour tous.
Ceci est prouvé par beaucoup de déclarations de
l'Écriture. Le bon berger donne sa vie pour
ses brebis. Je connais mes brebis et mes brebis
me connaissent, et je donne ma vie pour mes
brebis (Jean 10:11-15). «Personne
n'a un plus grand amour que celui-ci, savoir
quand un homme met sa vie pour ses amis. Vous
êtes mes amis»
(Jean 15:13-14). Paissez l'Église
qu'il a rachetée par son propre sang
(Actes 20:28). Christ a aimé son église
et s'est donné lui-même pour elle
(Éphésiens 5:25). Christ est mort pour ceux
qui sont semblables à Paul et à Tite, et non
pour ceux qui sont semblables à Pharaon et à
Judas qui furent des boucs et non des brebis
(Matthieu 25:32-33). Il est mort pour sauver
son peuple de leurs péchés, et à cause de cela
son nom fut appelé Jésus (Matthieu 1:21).
Pour ceux qui sont appelés les rachetés du
Seigneur (Psaumes 107:2). Alors donc on
voit que ceux pour lesquels Christ est mort,
sont les mêmes qui entendent sa voix et le
suivent et auxquels il donne la vie éternelle
(Jean 10:27-28). Les mêmes qu'il
sanctifie, qu'il purifie, et qu'il
fait paraître devant lui sans souillure et sans
tache (Éphésiens 5:27). Les mêmes
qu'il a rachetés de toute iniquité, pour les
purifier et se les rendre un peuple particulier
(Tite 2:14). Les mêmes qui sont son
peuple, ses élus, ses enfants, et cela ne peut
être entendu de tous, à moins que nous ne
disions que Pharaon et Judas, etc. ont été les
brebis, les amis et l'Église de Christ. Il est
vrai qu'il est mort pour des ennemis
(Romains 5:10). Mais ce fut pour les
réconcilier à Dieu, et tels furent les fidèles
de Rome, qui étaient Gentils. Christ les
avait appelés, d'autres brebis qui
n'étaient pas de la bergerie juive.
La mort de Christ doit
être appliquée à ceux pour qui elle fut
destinée; or elle n'est point appliquée à
tous, donc elle n'a pas été destinée à
tous.
La fin et le dessein ne peuvent être privés de
l'action pour atteindre cette fin. Le
dessein de Christ étant d'accorder ce
qu'il obtient, il n'obtient rien que ce qu'il
applique. Il parle lui-même de quelques-uns,
à qui l'Évangile était caché; et d'autres
à qui il était révélé, ou donné à
connaître. «Tu
as caché ces choses aux sages et aux prudents,
et tu les as révélées aux enfants»
(Matthieu 11:25). La somme totale de
l'intercession de Christ, est, que ce qu'il a
obtenu puisse être appliqué (voyez tout le
chapitre: Jean 17).
Si
Christ est mort pour tous, tous doivent donc
être réconciliés à Dieu; mais tous ne
sont pas réconciliés.
Le péché empêche la réconciliation; et la mort
de Christ est une propitiation pour le péché
(Romains 3:25). Ainsi tous ceux pour qui
Christ est mort doivent être réconciliés à Dieu.
La mort de Christ est la cause, et la
réconciliation l'effet qui suit de la
cause. Si tous sont réconciliés, tous
doivent être sauvés; et rien ne peut être laissé
à la charge de qui que ce soit. Ôtez le péché,
et vous acquittez le pécheur. Mais cet
acquittement et cette réconciliation appliquée
à tous, conduit à une multitude
d'absurdités. Car de cette hypothèse il suit:
que Caïn, Pharaon, etc., ont été réconciliés
à Dieu par la mort de Christ, tandis qu'ils
étaient (dans le temps où Christ mourut)
dans les tourments de l'enfer, ne devant
jamais en être délivrés;
que Dieu damne des personnes réconciliées;
que Dieu prend double payement pour une
seule faute, en punissant la caution et le
débiteur;
que la réconciliation
faite par Christ de quelques-uns, demeure
sans effet, etc. Mais ces choses ne sont
point ainsi; car à ceux pour qui Christ est
mort, la repentance et la
rémission des péchés leur est accordée
(Actes 5:31). La délivrance de
l'esclavage du péché leur est donnée
ainsi que la régénération en nouveauté de
vie (Romains 6:6; Hébreux 2:14-15).
La grâce de la purification leur est
accordée, «purifiant
leurs cœurs par la foi»
(Actes 15:9). Ils ont le sang de
Christ pour purifier leurs consciences des
œuvres mortes, afin qu'ils puissent servir
le Dieu vivant (Hébreux 9:14). Et la
vie éternelle est à eux: «Je
leur donne la vie éternelle et elles ne
périront jamais»
(Jean 10:28).
Tous ces fruits sont des manifestations de notre
réconciliation par la mort de Christ.
Ce
que l'Écriture n'affirme nulle part, ne saurait
être une vérité chrétienne. L'Écriture n'affirme
nulle part que Christ soit mort pour tous les
hommes, beaucoup moins pour chaque homme
individuellement, par conséquent cela n'est
point une vérité.
Il est dit à la vérité que Christ a donné sa
vie en rançon pour tous; mais non pour tous
les hommes, ou pour chaque homme
individuellement. L'Écriture est le meilleur
commentateur de l'Écriture, et ce Tous est rendu
par PLUSIEURS dans Matthieu 20:28; et Marc
10:45. Le fils de l'homme est venu pour
donner sa vie en rançon pour PLUSIEURS.
Mon sang est répandu pour PLUSIEURS pour
la rémission des péchés (Matthieu 26:28).
Et cela est si fréquemment restreint à ses
brebis, amis, Église, croyants, élus, et à ceux
qui sont donnés à Christ; que cela ne peut
signifier que quelques-uns de toute sorte;
ce qui en termes équivalents est clairement
exprimé dans Apocalypse 5:9-10. Tu
nous as rachetés, de tout royaume, et langue et
peuple et nation. Par conséquent le mot
Tous, doit être pris pour tous les
élus, toute son Église, tous ses enfants que
le père lui a donnés, etc. et non pour tous les
hommes universellement, et pour chaque homme
individuellement.
Ce
qui fait opposition aux attributs de Dieu, ne
doit pas être reçu; et c'est ce que fait la
rédemption universelle.
Elle est opposée à sa justice: Si
Christ a racheté Pharaon et Judas, donc des
âmes rachetées sont injustement
condamnées; cette hypothèse place la
mort de Christ en opposition directe à la
justice de Dieu. Et comment Christ aurait-il
pu mourir pour le péché de Judas, quand la
mort de Christ a été le propre péché de
Judas
(11).
Elle est en opposition avec sa sagesse:
Comme si Dieu avait dû aimer et haïr la même
personne en même temps; Ésaü doit être
aimé si Christ est donné pour mourir
pour lui, et cependant haï comme
étant condamné de toute éternité.
Elle est opposée à son pouvoir: Si
Christ est mort intentionnellement, (en
tant que Dieu) pour tous, donc les
intentions de Dieu sont frustrées,
voyant que tous ne sont pas sauvés.
Donc Dieu n'est pas Tout-Puissant,
s'il est arrêté dans ses desseins par
l'ouvrage de ses mains. Et dire, que la
LIBERTÉ a été obtenue par la mort de
Christ pour ceux qui ne sont pas en
LIBERTÉ, est une chose ridicule, c'est
faire une risée de la religion.
Réponse aux objections contre
la Rédemption particulière
1ère objection
Ce que chacun est obligé de croire, doit être
vraie; et c'est le devoir de tous les hommes de
croire; donc Christ doit être mort pour tous les
hommes.
Réponse
Supposez que nous accordions cette proposition,
la doctrine d'un amour de distinction ne
serait-elle pas détruite par cela même? Ne
serait-ce pas une pauvre consolation pour
une âme en détresse de croire que Christ
n'est pas plus mort pour elle que pour Judas et
pour tous les damnés de l'enfer?
Ceux à qui l'Évangile n'est jamais parvenu, ceux
qui jamais n'entendirent parler de Christ, ne
sont pas obligés de croire que Christ est mort
pour eux. Ce que Dieu révèle est
vrai, mais Dieu ne révèle nulle part, que c'est
son intention que Judas croit, ou que tous
croient. (Jean 12:39-40; 2 Thessaloniciens
2:9-12)
Tous
n'entendent pas prêcher l'Évangile; et
beaucoup de ceux à qui il est prêché, en
entendent le son seulement de l'oreille
extérieure. Ils vont et viennent pour
entendre cette Parole, comme une porte sur ses
gonds, et d'une manière de simple formalité. Ils
ne sont point impressionnés par la vue et le
sentiment de leur état en tant que pécheurs. Ils
ne sont point travaillés et chargés à cause du
péché. La proclamation par la trompette de
l'Évangile, de la rédemption des péchés par le
sang de Christ, n'est point un son joyeux pour
eux; ils n'en connaissent point la nécessité. La
repentance évangélique est le don de la libre
grâce; la foi est le don de Dieu. Ce qui est de
Dieu, comme un don qu'il accorde, ne peut être
un devoir de l'homme pour l'accomplir comme une
condition du salut. Ceux qui sont invités pour
regarder à Christ, pour aller à lui, afin d'être
sauvés sont décrits d'une manière toute
particulière. Ils sont les travaillés et
chargés à cause de leurs péchés, les repentants,
les âmes affamées et altérées etc., etc. Ce sont
les personnes d'un tel caractère qui sont
invitées à venir et à croire en Christ, et
non tous les hommes (Matthieu 11:28;
Ésaïe 55:1; Marc 2:17).
2ième objection
Les mots TOUS et CHACUN employés
souvent dans l'Écriture, doivent être pris dans un
sens universel.
Réponse
Les mots TOUS et CHACUN ne doivent pas être
entendus d'une affirmation universelle, ni
collectivement, ni pour tout homme
individuellement, dans les citations ordinaires
de l'Écriture; mais distributivement comme
Matthieu 9:35. Où il nous est dit que
Jésus allait guérissant chaque maladie et chaque
infirmité parmi le peuple; ce qui veut dire
quelques-unes et de toute espèce, car Christ ne
guérit pas chaque malade individuellement. De
même, Colossiens 1:28 où chacun
est pris distributivement pendant trois fois
dans ce qui précède et doit être restreint à
ceux à qui saint Paul prêchait.
Tous, dans 1 Timothée 2:4 ne peut être
pris pour chaque homme individuellement; puisque
ce n'est pas la volonté de Dieu que tout homme
dans ce sens général soit sauvé: car
c'est sa volonté, que quelques hommes soient
damnés (Proverbes 16:4), et cela
très-justement, à cause de leurs péchés et de
leurs transgressions. Il sera dit à quelques
hommes; retirez-vous de moi, maudits, et
allez au feu éternel. Si Dieu avait voulu
que tous les hommes fussent sauvés, tous
les hommes auraient été sauvés. Car Dieu
agit conformément à sa volonté dans
l'armée des Cieux et parmi les habitants de
la terre (Daniel 4:35). Dieu ne
faillit point, il ne peut être trompé dans sa
propre volonté; car il opère toutes choses selon
le conseil de sa volonté
(12).
Il est dit encore
(Hébreux 2:9) que Jésus a goûté la mort
pour tout homme; et cela est restreint
dans le verset prochain, aux enfants amenés à
la gloire «et dans le verset 11 (Hébreux
2:11) à ceux qui sont sanctifiés (1
Timothée 2:6) (qui s'est donné lui-même en
rançon pour TOUS) est rendu dans le texte
parallèle Tite 2:14 qui s'est donné
lui-même pour nous.» Mais qui sont les
personnes appelées nous dans le texte?
N'est-ce pas ceux qui sont particularisés
comme; rachetés de toute iniquité, purifiés et
faits un peuple particulier? Christ s'est donné
lui-même en rançon pour tous ceux qui sont ainsi
décrits, et non pour un seul autre.
(Il faut
comprendre aussi que le mot «homme» ou
«ANTHROPOS» est un terme sélectif qui porte la
notion de «tous genres d'hommes» et n'implique
aucunement tous les hommes du monde entier).
Le
prophète David dit: Tous les hommes sont menteurs:
Prenez le mot strictement et ce sera un
menteur qui aura dit cela.
3ième objection
Jean 3:16 et 1 Jean 2:2. Il est déclaré que
Dieu a donné Christ pour le monde et pour les
péchés de TOUT le monde; ce qui doit être
pris littéralement.
Réponse
Le mot monde a
diverses significations. Il y eût un ordre
que tout le monde fut enregistré (Luc
2:1). Ce qui signifie l'empire romain
et toutes les contrées qui lui étaient
assujetties. On parlait de la foi de l'église de
Rome dans tout le monde (Romains 1:8).
Ce qui signifie, par toutes les églises
et parmi tous les saints dans le monde.
Lorsque les Pharisiens disaient de Christ, «voici
tout le monde va après lui»
(Jean 12:19). En référence nous trouvons,
que cela signifie une multitude du peuple
qui sortit de Jérusalem, à la rencontre de Jésus
criant hosanna! (Jean 12:12-13). Les
Pharisiens, qui parlaient ainsi, n'allaient pas
eux-mêmes après Christ; donc tout le
monde n'y allait pas, puisque les Pharisiens n'y
allaient pas. Ainsi Jean 3:16. «Dieu
a tant aimé le monde»,
ne peut être entendu de tout ce qui est contenu
dans le monde dans un sens strict, car alors les
oiseaux, les bêtes, les poissons, et toutes les
choses inanimées s'y trouveraient comprises, et
ces choses ne peuvent avoir la vie éternelle. Ce
ne peut être non plus tous les hommes du
monde, si ce n'est en tant que Dieu est le
conservateur des hommes et des bêtes
(Psaumes 36:6). Il y a un amour de Dieu
envers ses créatures, son amour envers
les hommes, et son amour envers les gens
de bien. L'amour de Dieu a été la cause
qu'il a envoyé Christ; et le mot quiconque
(dans ce verset) restreint cet amour de Dieu à
quelques-uns, à l'exclusion des autres.
Le troisième amour doit donc être proprement
l'amour de Dieu envers les gens de bien,
non ceux qu'il trouve gens de bien, mais
ceux qu'il rend tels.
C'est le monde des
croyants (Apocalypse 5:9). Et comme
la manne était pour Israël seulement, de
même Christ, la vraie manne, le pain du
ciel, donne la vie au monde des croyants
seulement (Jean 6:33). Le monde des
croyants seulement a cru en Christ (1
Timothée 3:16). Le monde réconcilié (2
Corinthiens 5:19) et tous les hommes
n'ont pas la foi (2 Thessaloniciens
3:2). Il y a aussi le monde des incrédules.
«Tout
le monde était dans l'admiration après la bête,
et adorait le Dragon»
(Apocalypse 13:3-4). «Tout
le monde est plongé dans la méchanceté»
(1 Jean 5:19). Le monde croyant est un
monde dans le monde (ils sont dans le
monde, Jean 17:11) et ils sont pris et élus
d'entre le monde. Ils sont dans le monde et ils
séjournent parmi les habitants du monde, comme
des étrangers et des voyageurs, ce
monde n'étant point le lieu de leur repos,
leur maison; et leurs désirs étant
tournés vers une meilleure contrée
(Hébreux 11:13-16). Qu'ils soient pris et
choisis du monde, c'est ce qui est clair de
Jean 15:19. «Si
vous étiez du monde, le monde vous aimerait;
mais parce que vous n'êtes pas du monde mais que
je vous ai élus d'entre le monde, le monde vous
hait», ainsi
que de Jean 17:6,9, «J'ai
manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés
du monde,» «je
prie pour eux et je ne prie pas pour le monde».
On
accorde que Dieu prend soin de tous les hommes;
nous nous confions (dit saint Paul au Dieu
vivant, qui est le sauveur, c'est-à-dire,
le conservateur de tous les hommes, et
spécialement des fidèles (1 Timothée
4:10). Le Seigneur est bon envers tous, et
sa tendre miséricorde est sur tous ses ouvrages
(Psaumes 145:9). Il fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons; et il envoie
la pluie sur les justes et sur les injustes
(Matthieu 5:45). Tout ceci n'implique pas
une éternelle conservation; mais seulement une
providence et une conservation
temporelles, car sans cela, les gages du
péché auraient été payés dès l'origine du
péché, et le monde (par la confusion du péché)
se serait écroulé sur Adam, si Christ n'en était
devenu le glorieux garant.
Tous ceux qui sont rachetés, sont
rachetés par Christ; mais les élus
seuls lui sont donnés, eux seuls ont un
intérêt en lui, sont rachetés par
lui, et ils seront glorifiés avec lui.
Le
mot Monde est quelquefois dans
l'Écriture, mis pour les Gentils en
opposition aux Juifs, et il en est ainsi (1
Jean 1:2). Jean écrivait aux Juifs,
et était ministre de la circoncision
(voyez: Galates 2:9), et il leur dit: Christ
est la propitiation pour nos péchés, et non
seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux
de tout le monde; c'est-à-dire, non pour nous
Juifs, seulement, mais pour les Gentils
aussi. La nation juive se considérait
elle-même, comme le peuple particulier de Dieu;
et ils l'étaient en effet, car à eux
appartenait l'adoption et la gloire, et les
alliances, et le don de la loi et le service de
Dieu, et les promesses. Et Christ était
juif, desquels Christ est né selon la chair
(Romains 9:4-5). Les Juifs avaient été
enseignés, à s'approprier le Christ
exclusivement, à l'entière exclusion des
Gentils qui étaient appelés étrangers,
incirconcis, communs, impurs, chiens, etc. Et
c'était une chose illégale pour un Juif d'être
dans la compagnie d'un Gentil; ou d'avoir
quelqu'affaire avec lui (voyez:
Matthieu 10:5; Marc 7:17; Actes 10:28; et 11:3).
Le salut des Gentils est appelé dans divers
endroits des Écritures, un mystère, un
mystère caché; le mystère de Christ, qui
dans les siècles passés n'avait pas été donné à
connaître aux enfants des hommes, que les
Gentils seraient cohéritiers (Éphésiens
3:4-6; Colossiens 1:27). Mais lorsque ce
mystère fut révélé et pleinement donné à
connaître, par la mission divine de saint Paul,
que Christ envoya pour prêcher aux Gentils
(Actes 26:17-18). Lorsque par la vision des
bêtes impures, la même commission fut donnée à
Pierre en conséquence (Actes 10:9,15,20).
Alors les contentions de la circoncision
cessèrent (Actes 11:2-3); ils reconnurent
que le mur de séparation entre les
Juifs et les Gentils, avait été
renversé; et que les derniers qui
auparavant, avaient été étrangers à la
république d'Israël, et étrangers aux alliances
de la promesse, étaient maintenant approchés par
le sang de Christ: et ils glorifièrent Dieu,
disant: Dieu a donc aussi accordé aux Gentils
la repentance pour avoir la vie.
Jésus-Christ est non-seulement la propitiation
pour nos péchés (de nous Juifs), mais
aussi pour les Gentils (Éphésiens 2:11-18).
Ce
qui précède est prouvé par Romains 11:21
où les deux mots Monde et Gentils
sont tous deux employés pour signifier une seule
et même chose. Si la chute des Juifs est la
richesse du MONDE, et leur diminution la
richesse des GENTILS; combien plus leur
plénitude?
«Ce fut une controverse agitée parmi les
docteurs juifs, si, lorsque le Messie viendrait,
les Gentils, le MONDE, auraient quelque
bénéfice par lui; il y eut une immense majorité
pour la négative de la question; quelques-uns
seulement, tels que le vieillard Siméon et
autres, reconnurent qu'il «devait être une
lumière pour éclairer les GENTILS aussi
bien que la gloire du peuple d'Israël. Tous
les autres conclurent que les plus sévères
jugements, et les plus effrayantes calamités
devaient tomber sur les GENTILS; et que même ils
devaient être jetés dans l'enfer à la place des
Israélites.» (Dr Gill).
4ième objection
Certainement Christ a autant d'efficace pour
sauver, qu'Adam pour damner (voyez: Romains 5:18).
Réponse
Il
y a une différence entre une extension
nécessaire, et une extension volontaire.
Le péché d'Adam a été extensif nécessairement,
mais le salut par Christ est de libre grâce,
entièrement du bon plaisir de Dieu, et en
conséquence il est appelé le libre don
(Romains 5:15).
Christ n'est nulle part comparé à Adam, dans
l'étendue de son objet, mais seulement dans
l'efficacité de son obéissance. Tous, et chacun,
ne sont point en Christ radicalement, comme ils
étaient en Adam; tous ne sont pas donnés à
Christ; mais, tous ceux (dit Christ) que
tu m'as donnés. Comme toute la postérité
d'Adam est tombée par sa chute, ainsi tous ceux
qui sont de Christ sont sauvés par sa mort;
comme tous meurent en Adam, ainsi tous
ceux qui sont en Christ ont la vie par
lui (1 Corinthiens 15:22).
Afin que l'apôtre ne soit pas mal compris, et
que le mot TOUS (Romains 5:18), ne soit
pas pris universellement, le terme dont
il faut avoir l'intelligence, est varié
dans le verset suivant (Romains 5:19), et
TOUS est rendu par PLUSIEURS. Par
l'obéissance d'un seul, plusieurs seront rendus
justes.
5ième objection
Romains 14:15, il est dit: ne détruits
point celui pour qui Christ est mort, et 2
Pierre 2:1, il est parlé de certaines personnes
qui renoncent le Seigneur qui les a rachetées.
Réponse
On ne peut entendre par le
mot détruire la destruction éternelle,
dans Romains 14:15, et le contexte le
montre; car l'apôtre, dans tout le chapitre,
exhorte les croyants de Rome, à ne pas se
mépriser et condamner les uns les autres au
sujet de choses indifférentes; et à ne pas
détruire la paix de l'âme du croyant faible,
en faisant quelque chose (qui quoique
indifférente et non mauvaise en elle-même),
pourrait cependant devenir une pierre
d'achoppement pour lui. «Je suis persuadé (dit
Paul) qu'il n'y a rien d'impur de soi-même; mais
une chose est impure à Celui qui
l'estime impure. Si ton frère est scandalisé
par ta viande, tu ne te comportes pas
charitablement. Ne détruis pas par ta conduite
(en mangeant des viandes que ton frère ESTIME
impures), la paix de l'âme d'un des faibles
de ce troupeaux pour qui Christ est mort. Ne
mets pas une pierre de scandale, ou une occasion
de chute et de péché dans la voie du frère
faible.» (Romains 14:13).
«Soit
donc que vous mangiez ou que vous buviez, ou que
vous fassiez quelqu'autre chose, faites tout la
gloire de Dieu, ne donnez point de scandale»
(1 Corinthiens 10:31-32). Tout le
chapitre 1 Corinthiens 8, est sur le même
propos.
Les personnes dont il est parlé (2 Pierre
2:1), comme renonçant le Seigneur qui les
a rachetées, sont ainsi décrites par
l'apôtre «FAUX DOCTEURS» faisant une profession
hypocrite, ivraie parmi le blé (Matthieu
13:25,38), dans lesquels il n'y eut jamais
de vraie racine; non rachetés par Christ
de la mort éternelle, mais qui seulement avaient
échappé aux excès, ou s'étaient abstenus de la
corruption du monde par la connaissance
théorique du Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ (Matthieu 13:20). Dans
quelque but qu'ils avaient, ils faisaient une
profession extérieure de l'Évangile, qui les
obligeait pour quelque temps à une moralité
extérieure; s'étant associés au peuple de
Dieu, insinués dans son Église
(13),
ils y introduisirent sourdement des hérésies
damnables; beaucoup suivirent leurs voies
pernicieuses, à raison de quoi, la voie de la
vérité fut blâmée, et ils faisaient marchandise
des vrais croyants; c'est ainsi qu'ils firent
pendant quelque temps, et enfin soit que leurs
habits de brebis (Matthieu 7:15),
leur fussent ôtés, ou qu'ils les dépouillassent
eux-mêmes, ils retournèrent au monde. Pendant
tout ce temps, ils furent des boucs et
non des brebis, des loups
ravissants, et non de doux agneaux; et
Pierre termine le chapitre les concernant en
disant: Il leur est arrivé conformément à ce
proverbe véritable. Le Chien est retourné à ce
qu'il avait vomi; et la truie qui avait été
lavée, est retournée se vautrer dans le bourbier
(2 Pierre 2:1-3; et 17-22).
L'apôtre (dans 2 Pierre
2:1) ne parait pas parler dans cet endroit
du rachat par le sang du Rédempteur. Le nom ou
titre; Seigneur (Grand Despote) n'est nulle part
ailleurs appliqué à Jésus-Christ dans le nouveau
Testament, mais il est appliqué au Père. Luc
2:29; Actes 4:24; 2 Timothée 2:22; et
spécialement dans Jude 1:4, où le seul
Seigneur Dieu est distingué de notre
Seigneur Jésus-Christ. Et lors même qu'il
pourrait être prouvé qu'il s'applique à Christ
dans le texte ci-dessus, ce texte pourra être
expliqué d'après le principe que ce n'est pas
une chose peu commune dans les écrits inspirés,
de parler des choses, non comme elles sont en
effet, mais selon que les personnes font
profession de les montrer. Ainsi par exemple,
Matthieu 13:12, «à
quiconque a, il lui sera donné et il aura plus
abondamment; mais à quiconque n'a rien, il lui
sera ôté même ce qu'il a.»
Ce qui signifie: Celui qui paraît avoir,
comme cela est expliqué (Luc 8:18). Ainsi
les apostats sont appelés «deux fois morts.»
Ce qui semblerait impliquer qu'ils ont été
spirituellement vivants, quoique en fait ce
n'ait jamais été le cas, mais seulement
ce qu'ils avaient paru être.
Ainsi, lors même que nous accorderions les
prémisses, il s'ensuivrait seulement, que
tels qui pensent être des rachetés ou que
d'autres regardent comme tels, peuvent
blasphémer et périr. Ceci ne fait donc
pas que tout le MONDE soit racheté: ceci ne peut
en aucune manière établir la doctrine de la
RÉDEMPTION UNIVERSELLE.
De la Libre Volonté dans l'état
tombé;
et de la vocation spéciale, ou conversion à Dieu
Les Arminiens nient, non-seulement que l'élection
soit un acte de Dieu, éternel, particulier,
inconditionnel, et irrévocable; mais ils assurent
aussi que Christ est mort, également et
indistinctement pour chaque individu de la race
humaine; pour ceux qui périssent, non moins
que pour ceux qui sont sauvés; ils affirment
encore que la grâce qui sauve est offerte à
l'acceptation de chaque homme; qu'il pourra la
recevoir ou ne pas la recevoir; exactement comme
il lui plaira
(14);
que le pouvoir régénérateur du Saint-Esprit dans la
conversion, n'est pas invincible, mais qu'il
est suspendu, qu'il dépend quant à son efficace, de
la volonté de l'homme, que nonobstant la mort de
Christ, il était possible (eu égard à la libre
volonté) que tous périssent; que maintenant
par sa mort pour tous, une grâce véritable est
donnée tous afin qu'ils puissent la faire
valoir, la garder soigneusement, et être sauvés;
ou la mépriser, la négliger, la rejeter et être
perdus.
La volonté de l'homme est, naturellement, un pouvoir
et un principe se déterminant par lui-même, mais qui
depuis la chute, a la plus forte inclination au
péché. La liberté est radicalement, et
originellement, dans la volonté, non dans
l'entendement; et c'est une des propriétés
essentielles de la volonté, qu'elle ne peut être
contrainte, par aucun agent extérieur créé, dans son
propre et libre choix. Mais il ne faut pas
s'étonner, si beaucoup d'erreurs se sont élevées sur
ce grand ouvrage du Tout-Puissant, quand on voit que
l'âme ne se connaît elle-même que par réflexion; et
que malgré que nous connaissions ses qualités et ses
opérations, nous ne connaissons pas son essence.
L'homme est considéré dans quatre états
différents:
L'état de création,
dans lequel il eut la libre volonté soit du
bien soit du mal, mais ne fut
nécessité ni à l'un ni à l'autre.
L'état de dégénération,
dans lequel il est esclave du péché et
nécessité au mal.
L'état de régénération,
dans lequel il est délivré de l'esclavage
ou de la domination du péché, et de l'amour du
péché, quoique non délivré (quant à présent) de
la corruption qui est née avec lui, et qui
habite dans sa chair.
Dans l'état de glorification, dans
lequel l'homme est librement et nécessairement
bon, parfait et heureux.
Dans le ler état, l'homme est
libre;
dans le 2ième, esclave;
dans le 3ième, rendu libre;
et dans le 4ième, ayant une
glorieuse liberté.
La
controverse est concernant le second état,
dans lequel nous disons que l'homme est sous une
nécessité de pécher, et cependant libre de
contrainte; il est libre pour le mal, mais
non pour le bien; ce qui devient évident par
les arguments suivants.
Qu'il n'y ait nulle libre volonté pour le bien
dans l'état tombé de l'homme, cela est prouvé
par la chute elle-même: Si l'homme dans la chute
perdit sa libre volonté pour le bien,
cette libre volonté ne peut donc être trouvée
dans l'état de chute.
La chute implique la perte de cette originelle
justice et perfection dans lesquelles l'homme
fut créé. Si les autres facultés de l'âme sont
devenues dépravées, et ont été dépouillées de
leur lustre primitif par la chute, la volonté
doit donc aussi avoir participé à cette
dépravation. Mais la dépravation de la volonté
est prouvée, en considérant le bien qu'elle a
perdu et le mal qu'elle a gagné par
le péché d'Adam. Le bien qu'elle à perdu
consiste en six choses. Le pouvoir, l'ordre,
la stabilité, la prudence, l'obéissance,
la liberté. Le mal qu'elle a gagné
consiste en une triple rébellion;
contre le conseil de l'entendement;
contre le contrôle de la conscience;
contre les commandements de Dieu.
Ce roi du petit
monde qu'on appelle l'homme (la volonté)
lorsqu'elle sortit de l'hôtel des monnaies de
Dieu, était une admirable pièce d'argent, et
reluisait très-glorieusement, mais maintenant
tombés au milieu des larrons, elle a été
dépouillée de tout, elle a la cendre pour
beauté, et n'est plus qu'an tyran sur un fumier:
oui elle est libre de justice, mais un véritable
esclave du péché (Romains 6:17-20).
Avant la chute, la volonté avait la liberté
soit pour le bien soit pour le mal,
de le faire ou de ne le faire point; mais
depuis la chute, la volonté est mauvaise,
seulement mauvaise, et continuellement
mauvaise (Genèse 6:5). Tout le cœur, à
présent, est extensivement mauvais, il n'est
qu'infiniment mauvais, et continuellement
mauvais.
(Ce n'est pas que
l'homme n'aurait pas la capacité de choisir,
mais celle-ci est esclave de la chair et du
péché et ne peut rien contribuer à la grâce du
salut ni à la sanctification).
Si la conversion est une
création nouvelle, l'homme tombé n'a donc
plus une libre volonté pour le bien.
Un converti est appelé une nouvelle créature, ou
une nouvelle création (Galates 6:15; et 2
Corinthiens 5:17). Création signifie
que quelque chose est produit de rien;
mais s'il y a une libre volonté à faire le bien,
dans l'homme, avant la conversion, il y a donc
quelque chose qui de sa propre nature est
spirituellement bon dans l'homme inconverti, qui
le porte vers la conversion. Ainsi il ne
peut-être appelé une nouvelle créature. Je suis
sûr que toute âme expérimentée trouve le
contraire dans cette œuvre; toute la
forme est déformée dans l'état inconverti; et
l'homme est un chaos confus, un désert dévasté,
lorsque ce pouvoir créateur s'étend sur lui. Oui
il faut un pouvoir plus grand pour créer de
nouveau ce petit monde, qu'il n'en
fallut autrefois pour créer le plus grand; car
dans celui-ci (le petit monde) quoiqu'il
n'y ait aucune bonne matière préexistante, il y
a néanmoins une mauvaise matière qui résiste. La
création du monde universel a été l'ouvrage de
la Parole de Dieu (Psaumes 33:6):
l'ouvrage de ses doigts (Psaumes 8:3);
ou de ses mains (Psaumes 102:25).
Mais pour restaurer le petit monde (l'homme),
l'emploi du bras de Dieu est requis
(Luc 1:51); Christ a même employé son côté
percé pour cette œuvre; elle lui a coûté des
pleurs, une agonie et du sang.
De nouvelles qualités et de nouvelles opérations
sont créées en nous; la volonté de
faire le bien et le pouvoir de le faire,
sont attribués à ce très-haut pouvoir
créateur, dans la conversion effectuelle de
l'âme à Dieu. «C'est
Dieu qui opère en vous la volonté et l'exécution
selon son bon plaisir»
(Philippiens 2:13).
Si la conversion est une
nouvelle naissance, ou création, l'homme
tombé n'a donc nulle libre volonté pour le bien.
Génération c'est le mouvement pour
être, et un procédé dans l'être; ceci
présuppose qu'il n'y a nul être auparavant;
car nous ne sommes pas, nous ne sommes
rien, avant que nous soyons engendrés: Ainsi
que cela demeure vrai dans la génération, cela
l'est aussi dans la régénération: «Il
nous a engendrés de sa propre volonté»
(Jacques 1:18)
(15).
Il n'est pas dit que Dieu nous engendre de notre
propre volonté (cependant cela devrait être dit,
s'il y avait en nous une libre volonté pour le
bien), mais de la volonté de Dieu; et
jusqu'alors nous ne sommes pas engendrés
(1 Corinthiens 1:28).
Les hommes inconvertis sont des créatures de
néant.
Un néant naturel,
car qu'est-ce que cet immense sein d'où
toutes les choses viennent, si ce n'est le
néant?
Un néant moral;
nous sommes moralement pire que rien,
c'est-à-dire, misérables; (Énosh).
L'homme est vanité (ou comme dans
l'hébreu Adam est Abel, qui
veut dire vanité) (Psaumes 39:5);
et un mensonge (Psaumes 62:9).
«Le
cœur du méchant est peu de chose»
(Proverbes 10:20), soit pour
l'utilité, soit pour le service; comme une
ombre n'est d'aucune utilité pour la guerre,
ni une statue pour la prière, ainsi
l'homme tombé est impropre au service de
Dieu, car ses meilleures actions ne sont
que péché. Tout ceci montre que nous ne
sommes rien, et que nous n'avons pas une
libre volonté pour le bien, avant que nous
ne soyons nés de Dieu.
Si
la conversion est une nouvelle naissance,
l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour
le bien.
Nous ne pouvons naître de nous-mêmes; rien ne
peut avoir son origine de soi-même; car
alors, ce serait être avant et après
soi-même. Cela serait être et n'être
pas en même temps. Aussi sommes-nous
enseignés à regarder au-dessus de nous pour
notre nouvelle naissance. Si un homme ne naît de
nouveau, ou d'en haut (Jean 3:3).
Nous sommes nés, non de la chair mais de
l'Esprit (Jean 3:6). Notre
première naissance est de la terre, terrestre;
notre seconde naissance est du Seigneur,
céleste; né de Dieu (1 Jean 3:9).
Si la conversion consiste
à vivifier quelqu'un qui est mort,
l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour
le bien.
Ceci est prouvé par Éphésiens 2:1,
vous, qui étiez morts il vous a vivifiés,
etc. Il ne dit pas moitié morts, comme
fut l'homme qui tomba au milieu des voleurs
(Luc 10:30); mais totalement morts,
quant à la vie spirituelle. Il n'y a nulle
espèce de bien en nous (Romains 7:18),
et nous ne pouvons de nous-mêmes, comme de
nous-mêmes avoir une bonne pensée, jusqu'à
ce que Christ nous vivifie (2 Corinthiens
3:5). «Sans
lui nous ne pouvons rien»
(Jean 15:5). Nous tirons de lui notre
fruit (Osée 14:8); soit
le bourgeon des bons désirs, la fleur
des bonnes pensées, et le fruit des
bonnes actions. La verge d'Aaron (qui n'était
qu'un morceau de bois sec sans racines) est un
emblème très-convenable; elle bourgeonna, elle
fleurit, et produisit des amandes; ceci n'arriva
point par quelque principe intérieur, ou par le
pouvoir de la nature, mais ce fut
seulement, et entièrement l'œuvre de Dieu. Ainsi
les os secs d'Ézéchiel turent vivifiés;
il n'y avait rien en eux de cette vie, mais tout
était l'œuvre de Dieu. Il en est ainsi dans la
vie spirituelle; nous ne pouvons
contribuer en rien à dis poser en
nous-mêmes notre volonté à ce qui est
véritablement bon; nous ne pouvons pas même
appeler Christ, Seigneur si ce n'est par
le Saint-Esprit (1 Corinthiens 12:3).
S'il n'y a nulle vie, sinon par notre union avec
Christ, donc jusqu'à ce que nous soyons greffés
dans ce cep béni et donnant la bénédiction, nous
ne pouvons porter du fruit à Dieu. Et ce n'est
pas quelque pouvoir ou principe en nous
qui peut nous greffer en Christ
(16),
car la foi est la grâce qui greffe, et cette foi
est le don de Dieu (Éphésiens 2:8);
la grâce par laquelle le juste vit (Hébreux
2:4) et par laquelle Christ demeure en nos
cœurs (Éphésiens 3:17). Jusqu'alors donc
nous sommes morts, et n'avons nulle libre
volonté pour le bien.
Si la
régénération, ou la restauration de l'état de
dégénération, est une résurrection,
l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour
le bien.
Que la régénération
ou nouvelle
naissance
soit une résurrection, c'est ce qui est
manifeste des passages suivants; «en
vérité en vérité, je vous dis, que l'heure vient
et qu'elle est déjà venue que les morts
entendront la voix du fils de Dieu; et ceux qui
l'entendent vivront»
(Jean 5:25). Lorsque nous étions morts
dans nos fautes et dans nos péchés, il nous a
vivifiés ensemble avec Christ et nous a
ressuscités ensemble (Éphésiens 2:5-6).
Autant de puissance est requise pour
ressusciter, vivifier, et faire vivre un pécheur
mort dans ses fautes et dans ses péchés, que
pour ressusciter Christ des morts (Éphésiens
1:19-20). Pour ressusciter Christ et pour
opérer la foi en nous, cela demande
l'excessive grandeur de son pouvoir;
(Éphésiens 1:19). Il y a ici trois
gradations; pouvoir, grandeur de son pouvoir, et
excessive grandeur de son pouvoir; et comme si
c'était trop peu, l'apôtre ajoute:
conformément à l'opération de son grand pouvoir.
Les paroles de l'original impliquent,
non-seulement une opération, mais une force
effectuelle, dans cette opération; une force
telle qu'elle est dans les bras des hommes
vaillants, qui peuvent faire de grands
exploits. Bien plus encore, cela implique
une puissance qui peut faire toutes choses;
un pouvoir tout-puissant. Certainement s'il
y avait eu un principe intérieur en nous,
vers ce grand ouvrage; ou quelque libre volonté,
en nous pour le bien, Paul n'aurait pas employé
ces gradations, ni ces expressions emphatiques
et significatives. Cette œuvre de régénération
n'aurait pas requis l'effectuel et l'efficace
pouvoir du vaillant bras de Dieu; une puissance
telle que celle de ressusciter Christ des morts,
par laquelle il fut déclaré être le Fils
de Dieu (Romains 1:4).
Si
la persuasion morale est entièrement
insuffisante d'elle même, pour restaurer l'homme
de son état tombé, l'homme tombé n'a donc aucune
libre volonté pour le bien.
Si la persuasion morale pouvait restaurer
l'homme, alors la foi serait une œuvre facile,
et ne réclamerait pas un pouvoir tel qu'il vient
d'être prouvé. À la résurrection de Lazare,
Christ fit plus que de le persuader
moralement de sortir du tombeau. Lorsque Christ
dit: «Lazare, sors dehors» une grande puissance
s'exerça en même temps que son commandement, et
cette puissance donna l'effet au
commandement. Ce n'est pas assez de persuader
à un prisonnier de sortir, mais ses chaînes
doivent être rompues, et les portes de la prison
ouvertes (Actes 12:6-7,10), et
l'homme est plus qu'un simple prisonnier;
il est mort dans ses péchés; et doit
avoir par conséquent une grâce vivifiante;
ce qu'une persuasion morale ne peut
jamais accomplir.
Si
Christ est tout en tous
(Colossiens 3:11) en matière de salut,
l'homme n'est donc rien du tout, quant à
cette œuvre; et n'a point en lui-même une libre
volonté pour faire le bien.
Premièrement
l'œuvre de Christ est d'ouvrir l'oreille,
qui auparavant est fermée comme celle de
l'aspic qui est sourd à la voix de
l'enchanteur (Psaumes 58:4-5). Christ
donne l'oreille de l'entendement; il ouvre
leur oreille à la discipline, et commande
qu'ils se retirent de l'iniquité (Job
36:10; voyez: Psaumes 40:6; et Ésaïe 50:4);
passages qui quoique parlant de Christ,
peuvent être appliqué à son peuple.
Secondement,
Christ ouvre non-seulement l'oreille,
mais le cœur (Actes 16:14). Le
Seigneur ouvrit le cœur de Lydie, et
non elle-même; ce qu'elle aurait pu faire si
elle avait eu une libre volonté pour le
bien. La clef du cœur pend à la ceinture de
Christ. Il ferme et personne ne peut
ouvrir, il ouvre et personne ne peut fermer
(Apocalypse 3:7). La persuasion
morale ne deviendra jamais effectuelle pour
ouvrir le cœur de l'homme.
En troisième lieu,
Christ est notre unique Sauveur (Ésaïe
43:11; Osée 13:4); mais la libre volonté
arminienne fait l'homme un co-sauveur
avec Christ; comme s'il y avait un
partage de cet ouvrage, entre la
grâce de Christ, et la volonté de
l'homme, et que la dernière partageant les
dépouilles avec la première; méritât même
la meilleure part: car si Christ est
seulement un docteur, et ne fait que
persuader le bien, la propre
volonté de l'homme est donc le principal
auteur de sa propre bonté; et c'est
lui-même qui se fait différent des autres,
et il a quelque chose qu'il ne reçoit
point à la conversion dont il peut se
glorifier devant Dieu. «Qui
a mis une différence entre toi et les
autres? et qu'as-tu, que tu ne l'aies reçu?
Et si tu l'as reçu, pourquoi t'en
glorifies-tu, comme si tu ne l'avais point
reçu?»
(1 Corinthiens 4:7). La persuasion
laisse la volonté enseignée, à son propre
arbitre, sans la changer du tout; ainsi
l'homme devient son propre Sauveur, et il en
résulte pour le moins que Christ n'est
pas le seul sauveur; comment donc Christ
est-il TOUT en TOUS?
Si l'homme tombé doit être
incliné à la bonté, il n'a donc pas une
libre volonté pour le bien.
Que la persuasion morale ne conduise pas une âme
à Christ; que l'homme ne puisse aller à Christ
par lui-même, mais qu'il doive être tiré;
c'est ce qui est prouvé par Jean 6:44, «Nul
homme peut venir à moi si le Père ne le tire.»
Tirer, c'est détourner quelque chose de
son cours ou canal, par une influence
extérieure, et non par un pouvoir inné,
ou par un principe qui vient du dedans.
Dans le chant de Salomon (Cantique de Salomon
1:4), il n'est point dit: incliné,
mais tiré; dans l'action de tirer
il y a moins de volonté et plus de
pouvoir, que dans celle d'incliner; et
quoique Dieu nous tire fortement, il le
fait cependant avec douceur. Puisque nous
sommes tirés, nous n'avons pas une libre
volonté pour le bien, à moins que l'homme ne
soit tombé dans son entendement seulement, et
non dans sa volonté: néanmoins nous le
sommes volontairement (Psaumes 110:3),
«un
peuple de bonne volonté»;
non que Christ nous trouve ainsi, mais, il nous
fait ainsi, dans le jour de son pouvoir,
et lorsqu'il nous parte avec une main forte
(Ésaïe 8:11). Naturellement nous haïssons
Dieu, et sommes en inimitié contre lui
(Romains 1:30; et 8:7). Mais l'Esprit donne
un nouveau pouvoir à l'âme et ainsi
pousse et influence ce pouvoir vers le
bien; et porte ainsi celui qui hait Dieu
à l'aimer. Ceci est plus que de persuader
simplement à une pierre d'être chaude,
car Dieu ôte le cœur de pierre et donne un cœur
de chair (Ézéchiel 36:26). Dieu le
Saint-Esprit donne l'inclination à venir, et
même le pouvoir de venir à Christ; et Christ ne
trouve rien de bon en nous (Romains 7:18).
Si l'âme de l'homme est
passive dans la vocation effectuelle, il n'y
a donc dans l'homme tombé nulle volonté libre
pour le bien.
L'Esprit de grâce est comparé à une liqueur
précieuse qui est infusée; et les appelés et
élus de Dieu sont appelés vases de
miséricorde. Je répandrai l'Esprit de grâce sur
la maison de David, etc. (Zacharie 12:10);
les vases de miséricorde, préparés pour la
gloire (Romains 9:23); mais un vase
ne fait que recevoir la liqueur qui est versée
dedans. «L'amour
de Dieu est répandu dans nos cœurs par le
Saint-Esprit»
(Romains 5:5); ce qui veut dire, versé ou
infusé dans les vases de miséricorde de Dieu.
L'atmosphère est passive lorsqu'elle reçoit
la lumière, et le corps d'Adam
était passif lorsque Dieu souffla en lui
l'esprit de vie; quoiqu'il fût formé et organisé
il était néanmoins sans vie et sans souffle
(Genèse 2:7). Ainsi la volonté de l'homme
(eu égard à la réception de la grâce) n'a ni
concours ni coopération active; le Seigneur est
seul dans cet ouvrage. Si on met à part
les influences de la grâce, ce serait un vrai
enfer pour quelqu'un que d'être retiré de
l'enfer; quoique ce fût un enfer pour nous d'y
demeurer après que Dieu a ouvert nos yeux et
changé nos cœurs! La nature corrompue, ni ne
peut, ni ne veut contribuer en
quelque chose à détruire sa propre corruption.
Dans le commencement de l'œuvre, la volonté
ne se met pas en mouvement d'elle-même, mais
elle est mue par le pouvoir de Dieu: La volonté
comme créature, doit obéir à son
Créateur. Cependant en tant que volonté
dépravée et pécheresse, elle n'obéit
pas volontairement, jusqu'à ce que cette
volonté lui soit donnée (Psaumes 110:3).
L'homme et la volonté de l'homme, tandis qu'ils
sont dans l'état irrégénéré, pourront être
comparés à l'ânon attaché (Marc 11:2)
(Lié et enchaîné par des chaînes de péché). Mais
lorsque le Seigneur a besoin de lui, et
que le jour de sa puissance est venu, le pécheur
doit alors être détaché et mis en liberté.
Nier la grâce, la spéciale
et irrésistible grâce dans la conversion, est
abominable; et la doctrine de la libre
volonté est la négation de cette grâce.
Les avocats de la libre volonté diront: «Si un
homme améliore ses dispositions naturelles,
Dieu est obligé de lui en donner de
spirituelles;» qu'est-ce autre chose que
changer la grâce en une dette? Et dire, que la
raison pour laquelle, l'un croit, et un
autre ne croit pas, provient de la
coopération de la libre volonté de celui qui
croit, c'est nier la grâce spéciale
irrésistible comme étant particulière aux
élus. Toutes choses qui sont contraires à
l'Écriture (Jean 6:37,45; Romains 8:14; 1
Corinthiens 1:23-24; 1 Jean 4:13), et un
grand nombre d'autres passages. Les
dispensations de Dieu à l'égard de son peuple,
sont toutes de libre grâce. Il vivifie qui il
veut (Jean 5:21). Le cœur d'un
pécheur est forcé de s'amollir, comme la cire
devant le feu et de recevoir le sceau de Dieu;
tandis que le cœur des autres demeure
aussi dur qu'un marbre, et comme le roc
qui ne peut être ébranlé; ceci est l'œuvre de la
gracieuse dispensation de Dieu. «Il
fait miséricorde à celui à qui il fait
miséricorde, et il endurcit qui il veut»
(Romains 9:18). L'Esprit souffle où il
veut (Jean 3:8). Dieu pourra verser
sa grâce, en même temps que le premier souffle
de vie; et régénérer un enfant aussitôt qu'il
est né; comme Jean-Baptiste qui fût rempli du
Saint-Esprit dès le ventre de sa mère
(Luc 1:15,41). Il pourra mettre les autres
dans le sein de la nouvelle naissance lorsqu'ils
sont au moment de quitter le monde et à la
onzième heure, et même à la douzième heure,
comme le larron de la croix. Oh! qui peut
ordonner aux voies de la grâce, et mettre des
bornes à l'Esprit de Dieu, dans son souffle sur
l'homme!
La
libre volonté entraîne avec elle tant
d'absurdités qu'elle ne peut être reçue.
Premièrement,
elle fait l'homme la cause de son propre
salut.
Secondement,
elle place la grâce sous la
puissance de l'homme et non la volonté
de l'homme sous le pouvoir de la grâce.
Troisièmement,
elle dérobe à Dieu, l'honneur de mettre de
la différence entre un homme et un autre, et
attribue cet honneur à l'homme.
Quatrièmement,
elle accorde à l'homme une liberté de
laquelle il peut se glorifier envers Dieu,
disant: «Ô Dieu, je te loue de ce que tu
m'as donné la puissance de vouloir
(cependant tu l'as aussi donnée à Judas
aussi bien qu'à moi), mais je rends
grâce à moi-même pour l'acte de ma volonté,
quand je vois que je n'ai rien reçu de plus
que Judas.»
Cinquièmement,
cette libre volonté exempte la créature du
pouvoir de Dieu, comme si l'homme (semblable
à l'araignée) pouvait tirer de son propre
sein un fil par lequel il s'élèverait au
ciel.
Sixièmement,
elle fait de l'homme, la cause que
Dieu veut une chose ou une autre;
ainsi Dieu devra attendre la volonté de
l'homme, et n'être plus infaillible dans
ses décrets, ni opérer toutes choses
d'après le conseil de sa volonté
(Éphésiens 1:11; Psaumes 115:3).
Septièmement,
donc l'apôtre Jacques ment, lorsqu'il dit
que tout don parfait vient de Dieu
(Jacques 1:17); et Paul aussi s'est
trompé dans Romains 9:16. Il aurait
dû dire: Cela vient de l'homme qui veut
et qui court, et non de Dieu qui fait
miséricorde.
Réponse aux objections en
faveur de la Libre Volonté
1er objection
Il y a une loi écrite dans le cœur de l'homme
tombé (Romains 2:15).
Réponse
Ceci est la conscience, rendant témoignage
de ce qui est juste ou injuste (voyez:
Romains 2:15). L'impuissance est dans la
volonté.
Adam engendra un fils à
son image (Genèse 5:3). Non-seulement
en tant qu'homme, mais en tant que
pécheur. «Ce
qui est né de la chair est chair»
(Jean 3:6). Qui peut tirer le pur de
l'impur? personne (Job 14:4). Tout
le temps que nous sommes sans Christ,
nous sommes sans force (Romains 5:6).
Les démons ont plus de lumières que les hommes,
cependant, ils sont entièrement morts dans le
péché, quoiqu'ils croient et tremblent
(Jacques 2:19), et quoiqu'ils confessent
Christ (Luc 4:34; Marc 1:24). Ils
pèchent librement, néanmoins ils ne
peuvent l'éviter mais ils doivent pécher.
2ième objection
S'il n'y a point de libre volonté, pourquoi
l'homme est-il blâmé de ce qu'il résiste à
l'Esprit? (Actes 7:51; Matthieu 23:37).
Réponse
Ils résistaient à ta prédication de
l'Évangile (qui est le moyen de grâce
extérieur), en persécutant ses ministres. Le mot
(résister) dans ce passage signifie, s'élever
contre, et tomber sur quelque chose, d'une
manière rude et hostile; et il exprime
convenablement leur mauvais traitement à l'égard
de Christ et de ses ministres, lorsqu'ils leur
tombèrent dessus et qu'ils les mirent à mort.
C'est cette résistance, qui est ici
particulièrement désignée; (voyez: Actes
7:52). La Parole intérieure de l'Esprit est
irrésistible; de même que la créature ne peut ni
empêcher, ni avancer sa propre création,
ni les morts leur propre résurrection,
ainsi l'homme tombé ne peut ni avancer, ni
retarder sa propre conversion.
Matthieu 22:37.
Ce passage si commun dans la bouche et qu'on
trouve si fréquemment dans les écrits des
Arminiens; si volontiers produit par eux dans
presque toutes les occasions, contre la doctrine
de la grâce; ce passage pris dans son
contexte, ne leur servira de rien. «Combien
de fois n'ai-je pas voulu rassembler tes enfants»,
etc. «Mais
vous ne l'avez pas voulu».
Cette action de rassembler, ne désigne pas une
action de rassembler les Juifs à Christ, quant à
l'intérieur, par l'Esprit de la grâce de
Dieu; mais l'action de les rassembler
extérieurement, pour qu'ils entendissent sa
prédication, de manière qu'ils pussent être
conduits à le reconnaître, comme le Messie.
Cette réception de Christ n'aurait pas été la
foi qui sauve, mais elle les aurait
préservés de cette RUINE TEMPORELLE qui leur
est dénoncée dans le verset suivant. Ce passage
donc (comme celui de Actes 7:51) regarde
seulement la résistance au ministère extérieur
de Christ. Jérusalem, c'est-à-dire ses
gouverneurs ne le reçurent point (Jean 7:48).
Et ainsi leur maison sera désolée
(Matthieu 23:38); la cité est une chose, et
ses enfants une autre. Il y a ici la menace
d'une destruction temporelle, pour avoir négligé
une visitation temporelle (Luc 19:44).
Considérée nationalement, Jérusalem aurait été
conservée en paix, si le peuple, d'après la
rationnelle opportunité qui lui était
offerte, de recevoir le Messie, eût accepté
Christ sous ce caractère.
3ième objection
Pourquoi Dieu dit-il; «qu'ai-je
de plus à faire à ma vigne?»
(Ésaïe 5:4).
Réponse
Ceci n'est pas dit de la grâce que Dieu donne
particulièrement à des hommes particuliers;
mais des grandes choses faites pour Israël comme
nation (Psaumes 147:20). Dieu
n'agit pas ainsi avec les autres nations.
«Ces paroles font partie d'une parabole
représentant l'état et la condition du peuple
Juif; et dont le but est de montrer
l'ingratitude des Juifs au milieu de tant de
faveurs qui leur étaient accordées, et la
patience et le long support de Dieu envers eux,
et de justifier sa justice dans leur destruction
comme nation.» (Gill).
Dieu fit assez en faisant l'homme droit;
et si l'homme a perdu sa justice, il doit s'en
prendre à lui-même et non blâmer Dieu qui
n'est point obligé de la lui rendre. La grâce
est la propriété de Dieu, il la donne à
qui il veut.
4ième objection
L'homme est une créature raisonnable; sa volonté
ne peut être déterminée par quelque chose
d'extérieur, elle est un principe se déterminant par
soi-même.
Réponse
La
grâce irrésistible n'ôte pas cette liberté
naturelle que la volonté a eue dès sa
création, mais seulement sa dépravation;
brisant ses fers, mais ne détruisant
point sa nature. Nous ne jouissons jamais
mieux de notre volonté que lorsque la volonté de
Dieu gouverne la nôtre.
Si l'homme peut déterminer sa propre
volonté, sans détruire sa liberté, beaucoup
plutôt Dieu, qui en est le Créateur, pourra-t-il
le faire.
La
volonté vient de la nature, la
bonne volonté vient de la grâce: un
fruit spirituel doit provenir d'une
racine spirituelle.
Chapitre IV
De la Persévérance finale
Le cinquième et dernier point de l'Arminianisme
implique, que la grâce qui sauve n'est pas un
principe stable; mais que ceux qui sont aimés de
Dieu, rachetés par Christ, et régénérés par
l'Esprit, pourront (quoique Dieu souhaite le
contraire et agisse en conséquence) détruire tout
cela, et finalement périr pour toujours.
La doctrine de la persévérance des saints
sera donc considérée dans ce chapitre; et la
proposition qu'il s'agit de défendre est: que la
foi véritable et qui sauve, ne peut être finalement
perdue.
Pour mieux faire comprendre ceci, je rechercherai
premièrement,
ce qu'est la grâce qui sauve;
secondement,
ce que c'est que tomber totalement, et
finalement;
en troisième lieu,
quels arguments peuvent être assignés, ou
quelles raisons peuvent être données, pour
rendre évident que cette grâce spéciale et qui
sauve, ne peut être totalement et finalement
perdue?
Première question
Qu'est-ce que la grâce qui sauve?
Réponse
Négativement.
Ce n'est pas la grâce de nature, ou la grâce
naturelle, qui est considérée dans deux états;
Dans l'état de pureté,
le don originel de connaissance et de
justice qui fût infusé dans l'âme aussitôt
qu'elle eût son existence dans sa pure
nature,
Dans l'état tombé,
les Gentils font naturellement les
choses contenues dans la loi; leur
conscience leur rendant témoignage, et
leurs pensées les accusant ou les excusant,
selon le bien ou le mal qu'ils font
(voyez: Romains 2:14-15).
En second lieu,
ce n'est pas non plus la grâce surnaturelle
commune, qui est appelée surnaturelle,
comme ne pouvant être atteinte par les forces de
la nature ou de la libre volonté; et commune,
parce qu'elle est donnée soit aux élus soit aux
non-élus. Telles furent la dextérité dans les
vocations, donnée par l'Esprit à Bezaléel,
et à Aholiab; Je l'ai rempli de
l'Esprit de Dieu, en sagesse, et en entendement,
et en connaissance, et dans toutes sortes
d'ouvrages d'hommes, etc., etc. (Exode
31:2,6). Les dons ministériels, dont Judas
fut participant. La joie en entendant la Parole,
comme l'auditeur qui est une terre
rocailleuse (Matthieu 13:20); et
comme Hérode aussi, qui fit beaucoup de choses,
et qui entendit avec plaisir la prédication de
Jean (Marc 6:20). Ces goûts des
choses célestes sont donnés aux serviteurs
aussi bien qu'aux enfants; et ils
diffèrent de la grâce qui sauve; dans
leurs sujets, dans leur origine, dans
leur efficace, dans leur propriété,
dans leur durée, dans leur résultat
et dans leur issue finale.
Dans leurs sujets; La grâce
qui sauve étant particulière aux élus
seulement, et ne s'étendant pas plus loin
que l'élection elle-même.
Dans leur origine; la grâce
commune découle de Christ, comme un
rédempteur, mais non pas comme de leur
rédempteur; et de l'esprit de Christ,
assistant, mais non comme habitant en
eux.
Dans leur
efficace; la grâce commune pourra
qualifier pour une profession commune
seulement, là où il n'y a qu'une forme de
connaissance (Romains 2:20), et une
forme de piété (2 Timothée 3:5)
qui ne renouvelle point le cœur, ni
ne l'élève au-dessus d'une forme commune; et
qui cependant pourra faire beaucoup pour
Dieu (avec le terrain rocailleux), et
souffrir beaucoup pour Dieu (avec le terrain
à chardons), et cependant n'être pas la
grâce spéciale; «que
le monde ne peut recevoir»
(Jean 14:17) et qui vit, vivifie, et
règne de telle manière, que le péché ne
peut avoir domination (Romains 4:14).
Les dons ne sont que des grâces mortes;
mais les grâces sont des dons vivants.
Dans leur propriété ou
nature; la grâce ordinaire n'est que
l'ornement et non la substance
d'un chrétien; les dons, il est vrai,
pourront embellir la grâce, mais la
grâce seule sanctifie les dons; comme
l'or embellissait le temple, mais c'était le
temple qui sanctifiait l'or (Matthieu
22:17). Car des dons éminents, et
la domination du péché; une forme
de piété, et la puissance du péché; pourront
habiter et exister ensemble.
Dans leur durée; nous
reconnaissons que la grâce ordinaire pourra
être ôtée, ce n'est pas un don dont Dieu ne
se repent point, comme cela est dit de ce
don de la vocation effective (Romains
11:29). Les plus grands flots de dons
spirituels pourront être réduits à moins
qu'une goutte: au lieu que la moindre goutte
de la grâce qui sauve, s'accroîtra jusqu'à
devenir une rivière. Ainsi l'Esprit (dans
les dons de courage et de
gouvernement), se retira de Saül (1
Samuel 16:14) et les dons
ministériels (comme l'œil droit et le
bras droit, Zacharie 11:17) pourront
manquer et dépérir
(17).
Dans leur résultat et leur
issue finale; la grâce ordinaire
aggrave la condamnation: De même
qu'un vase qui s'engloutit, tombe d'autant
plus profondément qu'il est plus chargé
d'or; il en est de même des hommes, plus ils
sont chargés de dons sans grâce, plus
ils tombent profondément dans l'enfer. De
même encore qu'une femme de mauvaise vie
pourra avoir des enfants, mais ne
peut en retirer ni honneur ni consolation,
parce qu'ils sont bâtards; de même
les grâces bâtardes telles que fausse
espérance, fausse foi, faux amour, etc. (si
nous ne sommes un avec Christ et
mariés à lui), ne pourront jamais se
terminer dans la joie. Nous pourrons nous
féliciter dans la pensée que nous embrassons
la belle Rachel (comme il arriva à Jacob),
tandis qu'au matin de la résurrection, nous
ne trouverons que Lea aux yeux malades.
Mais en troisième lieu
(et c'est à présent d'une manière positive
que nous le prouvons), la grâce surnaturelle qui
sauve, est la sanctification de l'Esprit,
renouvelant en nous l'image de Dieu, nous
guidant et nous fortifiant dans l'obéissance, et
même à l'obéissance jusqu'à la fin. Elle est
Son tout-puissant ouvrage sur le cœur des
élus, leur donnant une communion certaine et
continuelle, de toutes les spirituelles
bénédictions, qui les conduisent progressivement
jusqu'à l'état de gloire. «Ceux
qu'il a prédestinés, il les a aussi APPELÉS, et
ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés;
et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi
GLORIFIÉS»
(Romains 8:30). «Il
nous a rendus capables de participer à
l'héritage des saints dans la lumière»
(Colossiens 1:12). Les effets de cette
grâce accompagnent le salut, étant des effets
permanents; soit sur l'âme en
justification et adoption, et dans l'âme
en vocation, sanctification et
persévérance pour la glorification. Cette grâce
ne diffère pas de la gloire en nature,
mais seulement en degré. La grâce est la
gloire militante, comme la gloire est la
grâce triomphante. C'est pourquoi, elle
est appelée les richesses de sa GRÂCE
(Éphésiens 1:7), et les richesses de sa
GLOIRE (Romains 9:23). C'est cette grâce
qui NE PEUT être ni totalement, ni finalement
perdue; «l'eau
que je lui donnerai deviendra en lui une
fontaine qui jaillira jusque dans la vie
éternelle»
(Jean 4:14).
Seconde question
Qu'est-ce que tomber totalement et finalement?
Réponse
Tomber totalement,
c'est que la grâce soit totalement morte
en nous, soit dans les actions soit dans les
habitudes. C'est qu'il n'y ait plus de vie, ni
dans les branches, ni dans le tronc, ni dans les
racines; nulle semence qui demeure en nous, ni
aucune racine de cette grâce.
Tomber finalement,
c'est ne jamais se relever, ne jamais
revenir à la repentance, mais mourir sans
s'être repenti et sans être pardonné.
Troisième question
Quel argument scripturaire peut-il être assigné, ou
quelles raisons peut-on donner, pour rendre évident
que la grâce spéciale qui sauve, ne peut être
totalement, ni finalement perdue?
Réponse
Les arguments, et les raisons assignées pourquoi,
les élus de Dieu ne peuvent totalement et
finalement déchoir de la grâce, sont les
suivants:
1er argument.
Il est pris de Dieu le Père dans son
amour d'élection: Si l'amour du Père pour
ses élus, est un immuable amour
(Jérémie 31:3); s'il n'y-a en lui nulle
variation, ni ombre de changement (Jacques
1:17), si nul ne peut les arracher des mains
du Père (Jean 10:29), donc ses élus ne
peuvent totalement et finalement tomber.
Ni la force ni les ruses de l'enfer ne peuvent
prévaloir contre l'amour du Père qui choisit, et
qui marche parallèlement à l'éternité. «Dieu
est amour»
(1 Jean 4:8), et d'un Dieu éternel, il
doit nécessairement procéder un amour éternel.
Il regarde les siens et il leur dit: Oui je vous
ai aimés d'un amour éternel; et c'est
pourquoi par un effet de cet amour, je vous ai
tirés avec les cordages de l'amour (Jérémie
31:3). Il doit être déclaré à l'Église de la
part du Seigneur, que; «Le
Seigneur ton Dieu qui est au milieu de toi est
puissant; il te sauvera, il se réjouira sur toi
avec joie; il se REPOSERA dans son amour; il se
réjouira sur toi en chantant»
(Sophonie 3:17). De là Paul (ayant parlé
de quelques apostats qui étaient tombés),
fortifie les cœurs des croyants, disant
qu'ils seront affermis, à cause de l'élection,
ou plutôt à cause de l'amour qui les a élus
(2 Timothée 2:19). Il compare cet amour à
un sceau et à un fondement, deux choses qui sont
d'une grande valeur et d'une grande solidité.
Les croyants sont debout comme sur un rocher,
ils sont placés comme sur une montagne d'airain,
et ainsi ils ne peuvent ni totalement, ni
finalement tomber; car le Père n'est point
inconstant dans son amour; il ne veut pas aimer
aujourd'hui, et haïr demain.
Le second argument
est pris de Dieu le Fils dans son amour
de rédemption, qui est inaltérable.
Par cet amour tous les membres de Christ
sont unis à Christ leur chef. Ni les,
principautés, ni les puissances, ne pourront les
séparer de l'amour de Dieu en Christ (Romains
8:38). «Et
les portes de l'enfer ne peuvent prévaloir
contre son Église»
(Matthieu 16:18). Si un membre
peut être séparé de Christ, tous peuvent
donc l'être aussi; l'un n'ayant pas plus de
privilège que les autres, quant à leur état
et fermeté; ainsi Christ (d'après cette
hypothèse), pourra être supposé une tête sans
corps ou sans membres; et être mort en vain;
deux choses qui sont grossièrement absurdes.
Christ a prié pour la persévérance des
siens; et pour que la foi de Pierre
ne défaillît point (Luc 22:32), et pour
que ses disciples fussent gardés du
mal (Jean 17:15), même pour tous
les croyants (Jean 17:20), et dans ce
que Christ demande, il est toujours exaucé
(Jean 11:41-42). Christ promet
aussi la persévérance aux siens. «Tous
ceux que le Père me donne viendront à moi»
(Jean 6:37). Il ne retirera pas sa
miséricorde de dessus eux-mêmes, dans ses plus
sévères corrections (Psaumes 89:31-33).
«Ayant
aimé les siens qui étaient dans le monde, il les
aima jusqu'à la fin»
(Jean 13:1). Et il n'en a perdu aucun
(Jean 6:39). Il est un sauveur pour
toutes les portions du corps (Éphésiens 5:23).
Les saints sont dans les mains de Christ
(Deutéronome 33:3), et il est aussi aisé
d'arracher une étoile du ciel, qu'un des saints
des mains de Christ (Jean 10:28); ils
sont et ils seront tous gardés par le
pouvoir de Dieu, par la foi, en vie éternelle.
Sanctifiés (mis à part) par Dieu le
Père, conservés en Christ, et appelés
(Jude 1:1; 1 Pierre 1:5).
Le troisième argument
est pris de Dieu le Saint-Esprit, dans
son amour de sanctification. Si
l'opération de l'Esprit sur le cœur des
croyants, est une œuvre solide et certaine, donc
les vrais croyants ne peuvent tomber entièrement
et finalement.
La vérité de ceci se montre en ce que
l'opération de l'Esprit est comparée dans
l'Écriture,
à une arrhe,
à un sceau,
à un témoin.
Premièrement
à une arrhe. Dieu nous a donné les
arrhes de l'Esprit (2 Corinthiens
5:5). C'est l'arrhe de notre salut; non
le gage qui doit être rendu. L'arrhe est une
partie du marché, et le premier fruit du
ciel; mais l'arrhe serait perdue, si la
convention du salut ne demeurait pas ferme,
et si celui qui a l'arrhe n'était pas sauvé:
et si un tel individu était damné, il
emporterait l'arrhe de l'Esprit avec lui,
dans l'enfer, ce qui ne peut être
qu'absurde.
Secondement,
à un sceau. La foi est notre
sceau; l'assurance de foi est le sceau de
Dieu. Celui qui croit a scellé que Dieu est
véritable (Jean 3:33). Après
que vous avez crû, vous avez été scellés
(Éphésiens 1:13). C'est-à-dire
pleinement assurés. Dieu honore le sceau
que nous mettons à sa vérité, par le
sceau de son Esprit: comme l'arrhe
fait la convention, de même le sceau ratifie
et confirme la convention. Le grand sceau
du ciel doit nécessairement être plus
inaltérable que celui des Mèdes et des
Perses.
Troisièmement,
à un témoin. Celui qui a le
témoignage en lui-même (1 Jean 5:10).
Et on ne peut élever aucun soupçon au sujet
de ce témoin qui habite pour toujours, dans
le cœur des élus, et qui est appelé
l'Esprit de vérité (Jean 14:17)
qui enseigne toutes choses et qui est
vérité et non mensonge (1 Jean 2:27);
et même l'Esprit éternel (Hébreux
9:14), un témoin qui ne peut ni
mourir ni mentir: De sorte que les
croyants dont les corps sont appelés les
temples du Saint-Esprit (1
Corinthiens 6:19), ne peuvent pas
devenir une habitation des démons; ceci
serait mettre Satan dans le cas de se
réjouir et d'insulter Dieu (comme s'il était
plus fort que lui) s'il pouvait ainsi
déposséder Dieu, comme Dieu le dépossède
(Luc 11:21-22).
Le quatrième argument
pour la défense de la persévérance finale,
concerne les ennemis spirituels. Si nul
ennemi spirituel, ne peut prévaloir contre un
vrai croyant totalement et finalement, un vrai
croyant ne peut donc pas tomber totalement et
finalement.
Satan
ne le peut point; car ce méchant ne peut le
toucher avec aucun de ses traits mortels
(1 Jean 5:18). Mais Dieu mettra
Satan sous leurs pieds (Romains
16:20). La semence du serpent pourra
mordre le talon de la semence de la
femme, mais elle ne peut lui blesser
mortellement le cœur; car son armure
lui est ôtée (Luc 11:21), et ses
œuvres sont détruites (Hébreux 2:14).
Christ au dedans d'eux, l'espérance de la
gloire, est plus fort que celui qui
est dans le monde (1 Jean 4:4).
Le monde
ne le peut: car Christ leur donne la foi
pour remporter la victoire sur le
monde (1 Jean 5:4), oui lui-même a
vaincu le monde pour eux (Jean 16:33).
Il les place au-dessus de la région des
hommes, au-dessus de toutes les tempêtes
(Proverbes 15:24). Ils sont faits
Rois à Dieu; ils ont un Esprit-Royal
pour vivre au-dessus des menaces
et des flatteries du monde; et le
monde, et même toutes les choses sublunaires
sont au-dessous d'eux; sous leurs pieds.
Leurs convoitises
charnelles ne
le peuvent: lesquelles n'ont point
domination sur ceux qui sont sous la grâce
(Romains 6:14) quoique tous les vrais
Sulamites sentent la présence de deux armées
(Cantique de Salomon 6:13). La chair
convoitant contre l'Esprit et l'Esprit
contre la chair (Galates 5:17), de
telle sorte qu'ils ne peuvent être, tels
qu'ils le voudraient; cependant l'issue de
la contestation n'est point douteuse. Une
multitude pourra pendant quelque temps
opprimer Gad; venant sur lui comme un essaim
d'abeilles (selon l'expression de David,
Psaumes 118:12). Mais Gad vaincra à
la fin (Genèse 49:19). Les
croyants sont plus que vainqueurs, et
même triomphateurs, sur tous leurs
ennemis spirituels, par Christ qui les a
aimés, et nulle puissance créée ne pourra
prévaloir contre eux; (Romains 8:35,40).
Donc, que grâces soient rendues à Dieu
qui nous a donné la victoire par Christ
(2 Corinthiens 2:14).
La nature de la sainteté
prouve la persévérance finale; si la sainteté
est un service, une sujétion, une
adoption et un mariage, donc les
saints ne peuvent tomber totalement et
finalement.
Premièrement,
c'est un service. Le service
de Dieu surpasse tous les autres services:
Les hommes engagent un domestique pour un an
et un apprenti pour sept ans, mais notre
céleste Maître engage pour la vie; nous
sommes pour servir Dieu en sainteté et en
justice, tous les jours de notre vie
(Luc 1:74-75). Le serviteur de Dieu, est
comme le domestique Juif duquel on perçait
l'oreille en signe de servitude
perpétuelle (Deutéronome 15:17).
La religion est une obligation perpétuelle.
Secondement.
C'est une sujétion. Elle
établit Dieu comme notre Roi, et
c'est pour lui être toujours fidèle, on ne
peut le désavouer (Luc 19:27). Nés
de Dieu par la grâce de Dieu; et si nous
sommes nés sujets dans le Royaume de
ce gracieux Seigneur et Roi, nous
devons mourir ses sujets: il ne doit
point y avoir de séparation.
Troisièmement.
C'est une adoption. Et ceci va
plus loin que les deux autres similitudes:
un serviteur pourra être mis en liberté
lorsque son temps est expiré; un sujet
pourra changer de souverain terrestre, en
quittant son pays natal: mais un enfant
ne peut changer son Père, et il
habite dans la maison pour toujours
(Jean 8:35). Donc puisque Dieu nous a
engendrés de sa propre volonté par l'Esprit
de régénération; nous faisant aller à lui
avec larmes, et nous attirant avec des
supplications, parce qu'il est notre Père
(Jérémie 31:9), et à cause des
relations qui existent entre lui et nous, il
fait reconnaître à nos âmes son amour d'Abba
(Galates 3:26), nous devons donc
persévérer; Dieu est notre Père, et
nous sommes appelés les enfants de Dieu.
En quatrième lieu:
C'est un état de mariage, et
cet état est pour toute la vie (Osée
2:19; Ésaïe 54:5; Apocalypse 19:7; Romains
7:14). Et dans cet état Dieu hait de
renvoyer (Malachie 2:16).
Relativement aux saints
eux-mêmes. Si les
noms des saints sont écrits dans le ciel; s'ils
sont gardés pour le ciel, comme le ciel est
gardé pour eux; et s'ils sont comparés à des
choses qui ne peuvent ni manquer ni faillir:
Donc ils ne peuvent tomber totalement et
finalement.
Premièrement
leurs noms sont écrits dans le Ciel
(Philippiens 4:3; Psaumes 69:28; Apocalypse
13:8; 20:15; 21:27). «Réjouissez-vous
de ce que vos noms sont écrits dans le ciel»
(Luc 10:20). Être enrôlé dans le
livre de vie, emporte nécessairement la
persévérance, car il n'y a ni tache, ni
rature dans ce livre; Satan ne le peut
effacer (car il est au-dessus de sa
portée) et Dieu ne le veut point, car
son œuvre ne serait ni parfaite ni
glorieuse, s'il pouvait s'y trouver des
ratures ou des taches, mais à ce sujet on
peut voir plus de détails dans le second
point: « Immuable">Seconde
propriété du divin décret de la
prédestination».
En 2ième lieu,
les saints sont gardés par une double
garnison ou par une double garde; le ciel
est pour eux et ils sont pour le ciel; ils
sont gardés par le pouvoir de Dieu, par la
foi, pour le salut (1 Pierre 1:4-5).
Christ est leur bon Berger, et si Dieu avait
voulu permettre la perte d'un seul saint,
il n'aurait pas investi Christ de tout
pouvoir dans les cieux et sur la terre, pour
entreprendre le salut de ses enfants, et le
poursuivre jusqu'à son accomplissement
(Matthieu 11:27; Hébreux 7:25).
En 3ième lieu.
Les saints sont comparés à un arbre qui ne
se flétrit point (Psaumes 1:3)
à un cèdre du Liban (Psaumes
92:12; Osée 14:5). À la «Montagne
de Sion qui est inébranlable, et demeure à
toujours»
(Psaumes 125:1) et à une maison bâtie
sur le roc (Matthieu 7:24).
quoiqu'ils tombent Dieu les relève
(Psaumes 37:24; Proverbes 24:16). Le
Seigneur est avec eux dans leur âge
avancé (Ésaïe 46:4), il est
leur guide jusqu'à la mort (Psaumes
48:14), de sorte qu'ils ne peuvent
tomber totalement et finalement.
La persévérance finale des saints
pourra être prouvée en 7ième lieu, par
l'immutabilité de l'alliance de grâce.
Ce qui est établi sur deux fondements
inébranlables, ce qui est fait entre deux
personnes immuables, et qui est ratifié devant
un immuable témoin, doit lui-même être
immuable; il en est ainsi de
l'alliance de grâce.
D'abord.
— Elle repose sur deux fondements
inébranlables, la Parole de Dieu et
le serment de Dieu. Lorsque Dieu fit
la promesse à Abraham, il jura par lui-même:
Voulant montrer, plus abondamment, aux
héritiers de la promesse l'immutabilité
de son conseil, il le confirma par un
serment, afin que nous puissions avoir une
ferme consolation (Hébreux
6:17-18). La Parole de Dieu est comme
l'or purifié, qui ne perd rien de son
poids quoiqu'il soit jeté un millier de fois
dans le feu. Nous disons communément que la
parole d'un honnête homme est aussi bonne
qu'un contrat; combien plus la Parole du
Dieu de vérité qui ne peut mentir!
(Tite 1:2; Nombres 23:19) Et cette
Parole est confirmée par un
serment, lorsque Dieu jure par sa
sainteté, qu'il ne changera rien à la parole
qui est sortie de ses lèvres.
En 2ième lieu,
l'alliance de grâce est faite entre deux
personnes immuables (Malachie 3:6;
Hébreux 13:8). Dans cette alliance il y
a une mutuelle stipulation. Dans l'alliance
le Père donne un peuple à Christ
(Jean 17:6,9,12,24). Le fils consent à
prendre sur lui la nature de l'homme dans
l'accomplissement des temps; et dans cette
nature d'obéir à la loi, de la magnifier, de
la rendre honorable; et de répondre à notre
lieu et place, à ce que demande la
justice, en répandant son propre et
très-précieux sang (Psaumes 40:6-7;
Hébreux 10:5-7; Éphésiens 5:26-27); d'où
il est appelé le sang de l'alliance
éternelle (Hébreux 13:20).
En 3ième lieu.
Cette alliance est ratifiée devant un témoin
immuable, savoir le Saint-Esprit. À la
vérité le Père et le Fils, sont leurs
propres témoins (Jean 5:32,36-37),
cependant c'est le Saint-Esprit qui est le
témoin de cette alliance, convention, et
stipulation, qu'il y a eu entre le Père et
le Fils. Comme Christ a un meilleur
témoignage que celui des hommes, de
même l'alliance a aussi ce meilleur
témoignage savoir le témoignage de l'Esprit
éternel. Ainsi l'alliance est appelée
éternelle (Hébreux 13:20; Ésaïe
54:8,10; Jérémie 32:38,40), et les
fermes miséricordes promises à David
(Ésaïe 55:3), immuables de la part
de Dieu, qui ne peut retirer sa bonne
volonté aux élus; et immuable aussi de
leur côté parce qu'ils n'auront pas
la volonté de se détourner de lui. Le
dernier point entre également dans
l'alliance avec le premier; par
conséquent quoique l'alliance permette
une chute néanmoins elle assure
toujours, la repentance après la chute,
comme en David et Pierre. L'alliance promet,
d'une manière absolue, la grâce de la
persévérance, et toutes les choses qui
accompagnent le salut des élus, même jusqu'à
la fin de leur vie.
Si la grâce qui sauve,
est d'une nature permanente, et non sujette à
être altérée; donc les élus ne peuvent tomber
totalement et finalement.
La grâce qui sauve est appelée une semence
qui demeure dans ceux qui sont nés de Dieu
(1 Jean 3:9) «une
semence incorruptible»
(1 Pierre 1:23). La grâce ne diffère
jamais d'elle-même, quoiqu'un homme qui a
la grâce diffère de lui-même: La grâce
qui sauve ne peut être perdue,
quoiqu'elle ne soit pas toujours en exercice
quant à ses actes et opérations; mais les
degrés et la mesure de grâce
(d'abord obtenus) peuvent se perdre.
Tu as abandonné ton
premier amour
(Apocalypse 2:4), non l'habitude,
ni tout l'exercice de l'amour, mais
seulement cette vigueur et cette
chaleur qu'on avait vues autrefois.
Les Israélites
qui étaient un type de l'Israël spirituel
de Dieu, ne pouvaient aliéner leur héritage dans
la terre de la promesse (Lévitique 25:23-24;
1 Rois 21:3). S'il en fut ainsi dans le
type, il doit en être de même aussi dans
l'anti-type.
Un vrai chrétien ne peut aliéner son héritage
dans le ciel; car les actes concernant
cet héritage sont écrits et scellés dans
le ciel, et une partie de la possession
est donnée au croyant même dès cette vie
(Jérémie 32:40), «Je
mettrai ma crainte dans leurs cœurs
(la gracieuse possession présente)
afin qu'ils ne se
détournent point de moi»
(la persévérance pour la glorification).
Christ est fidèle pour garder le dépôt qui lui
est confié jusqu'à cette journée-là (2
Timothée 1:12). Non-seulement il est notre
plus près parent, et notre plus près
parent qui a racheté pour nous notre héritage
qui était engagé, mais il est aussi notre
fidéicommissaire, gardant le ciel pour
nous et nous pour le ciel; et «il
demeure fidèle»
(2 Timothée 2:13), soit en nous tirant
afin que nous venions à lui, soit en nous
gardant afin que nous ne soyons pas séparés
de lui. Il est même à présent assis à la droite
du père, intercédant pour nous et disant:
Père, je désire que là où je suis, ceux que tu
m'as donnés y soient aussi, afin qu'ils
puissent voir ma gloire laquelle tu m'as donnée
(Jean 17:24).
Si ceux qui tombent totalement et
finalement,
ne sont pas (et n'ont jamais été) de
véritables croyants, il s'ensuit donc que
ceux qui sont de vrais croyants ne
peuvent faire de même.
Cette vérité ressort des paroles de Jean 8:31,
ceux-là seulement sont les disciples de
Jésus-Christ, qui persévèrent dans sa
doctrine; (et ceux qui déchoient finalement) ont
seulement l'éclat d'une foi temporaire, qui,
comme un débordement, inonde une contrée, et
finit par n'être plus rien. «Ils
sont sortis d'entre nous parce qu'ils n'étaient
point des nôtres»
(1 Jean 2:19). Tous les vrais croyants
persévèrent jusqu'à la fin (Hébreux 3:6,14).
ceux-là sont en vérité de la maison de
Dieu et participants de Christ; et ceux-là
seulement.
Le 11ième argument
est pris du sujet de la prière.
Tout ce que les vrais croyants demandent au
Père, au nom de Jésus-Christ, selon sa volonté,
ils l'obtiendront certainement: (Jean
14:13-14; et 1 Jean 5:14-15) et ils
prient pour avoir la grâce de persévérance.
L'Église est représentée comme venant du désert,
appuyée sur son bien-aimé (Cantique de
Salomon 8:5) convaincue de sa propre
faiblesse, elle s'appuie sur la force d'Israël
(Psaumes 84:5). Garde-moi et je serai
en sûreté. Mon âme est attachée à la poussière,
toi vivifie-moi, je suis à toi, sauve-moi;
fais-moi persévérer (Psaumes 119:25). Ce
sont les requêtes d'une âme fidèle, qui est
convaincue que sa force est une parfaite
faiblesse, qu'en un mot sa sagesse n'est que
folie, et qu'elle n'est pas un seul moment sûre
de demeurer debout, si ce n'est comme
soutenue par le bras du Tout-Puissant. Les
croyants prient pour la persévérance, et il est
dit qu'ils ne cherchent jamais le Seigneur en
vain (Ésaïe 45:19).
Le dernier témoignage
pour la persévérance des saints, est pris de
l'ensemble des arguments de l'Écriture.
«La
Parole du Seigneur est permanente à toujours»
(Ésaïe 40:8).
Le
docteur Moulin, et d'autres ont compté que les
textes de l'Écriture qui déclarent la persévérance
finale des saints, sont au nombre de six cents.
Néanmoins les douze suivants pourront suffire
(seulement comme exemple) pour l'établir comme une
vérité évangélique (Romains 11:29; Jean 10:28-29;
Luc 22:32; Romains 8:30,38,40; 1 Jean 2:19,27; 2
Corinthiens 1:21-22; Philippiens 1:6; 2 Timothée
2:19; Malachie 3:6; Jean 14:19; Jérémie 32:40; 1
Pierre 1:3-5).
La Montagne de Sion est inébranlable (Psaumes
125:1). Ils ne peuvent être séparés de l'amour
de Dieu, dans lequel ils sont enracinés et fondés;
ni de l'alliance de grâce: ni des mains de Christ,
personne ne peut les ravir de sa main; ni séparés de
Christ qui est le fondement sur lequel ils sont
posés, qui est un fondement solide et éternel, ni de
l'état de grâce, dans lequel ils sont, ni de
la sanctification qui est liée à la vie
éternelle; ni de la justification car ceux
qui ont passé de la mort à la vie ne peuvent jamais
entrer dans la condamnation. Ceux-là comme la
Montagne de Sion, demeurent à toujours. Ils
demeurent sur le cœur de Dieu et dans les mains de
Christ; ils demeurent dans la maison de Dieu, et
parmi la famille de son peuple. Le Seigneur les
environne de son amour, il les entours de sa faveur,
les garde par sa spéciale providence, veille sur eux
nuit et jour, et les garde par son pouvoir (comme
dans une forteresse), par la foi à salut.
(Docteur Gill).
Mais si toutes ces choses sont vraies, comme elles
le sont certainement, donc toute l'Église
persévérera dans la grâce jusqu'à la fin, et sera
éternellement sauvée.
Réponse aux objections contre
la doctrine de la Persévérance finale
1re objection
Enseigner que la grâce ne peut se perdre, c'est
conduire ceux qui professent le Christianisme au
relâchement.
Réponse
Hélas! ceci n'est autre chose que l'égout des
plaintes du vieil homme charnel, contre les
doctrines de la grâce, savoir: qu'elles
conduisent à la licence. Le pourceau pourra
fouler les perles sous ses pieds
(Matthieu 7:6). Les hommes impies
pourront tourner et tourneront la
grâce de Dieu en dissolution (Jude 1:4).
Les plus hautes connaissances des vérités de
l'Évangile, et les plus saintes doctrines ne
porteront pas du fruit à Dieu (si l'homme est
destitué d'expérience du cœur, et s'il est
étranger à l'œuvre de l'Esprit). Il est dans la
nature de l'homme tombé d'aimer le péché, il
boit l'iniquité comme l'eau (Job 15:16).
Et c'est l'œuvre de l'Esprit de convaincre de
péché, et de montrer qu'il est
excessivement péchant; sans cette
conviction, il ne peut y avoir nulle haine pour
le péché et nul amour pour la sainteté quelle
que puisse être la profession extérieure. Satan
se réjouit de voir des personnes charnelles
professer la religion; il est sûr que tôt ou
tard ces personnes déshonoreront cette
profession, et que les doctrines de la grâce
seront accusées d'en être la cause;
tandis que ces doctrines ont une tendance toute
contraire, NOUS enseignant qu'en renonçant à
l'impiété et aux convoitises mondaines, nous
vivions dans le présent siècle, sobrement,
justement et religieusement (Tite 2:12).
Les deux semences sont décrites en
détails par leurs fruits (1 Jean
3:8-10).
La
grâce pourra être considérée, dans son
existence et dans son perfectionnement.
Elle est d'abord radicale, et
fondamentale, tendant à produire la
sainteté, comme la foi, l'espérance,
l'amour;
et en second lieu, comme découlant
de ces grâces seulement pour les
améliorer, comme la joie de la
foi, confiance de l'espérance, zèle et
ferveur d'amour: ces choses sont le
lustre et la beauté du
principe radical; les rayons du soleil; et
comme il en est de la saveur et de la
substance. Ces dernières choses
pourront se perdre, et peut-être sans être
jamais recouvrées (Psaumes 51:12);
mais non pas les premières. La racine
demeure, quoique les reins soient
consumés (Job 19:27-28). C'est une
source de cette eau qui jaillit jusque dans
la vie éternelle (Jean 4:14; et 7:38).
Elle est un divin désir
d'être saint même jusqu'à la fin. C'est ici
une loi écrite dans chaque volonté qui a été
renouvelée. Elle est aussi une divine
tendance, ou une poursuite de ce
désir. On ne trouve pas ce désir toujours
également actif, dans un cœur qui a la grâce.
C'est le flux et le reflux selon
l'influence de l'Esprit en nous. «Je
ne trouve pas le moyen d'accomplir le bien»
(Romains 7:18). Notre vie n'est pas
cachée en nous-mêmes, mais elle est
cachée avec Christ en Dieu (Colossiens
3:3). Et ceci nous place sous une
journalière dépendance de son Esprit (Philippiens
2:13; et 4:13). Quant à la pratique, une
déchéance partielle pourra troubler nos
jugements, comme chez les Galates
ensorcelés (Galates 3:1) et nos
affections pourront se refroidir, comme
dans l'église d'Éphèse (Apocalypse 2:4).
L'épouse de Christ pourra paraître endormie
et cependant son cœur être éveillé
(Cantique de Salomon 5:2). La grâce pourra
pendant un temps, paraître perdue, dans un
enfant de Dieu, quoiqu'en réalité, il n'en soit
point ainsi. Le soleil pourra être
éclipsé, et cependant recouvrer son premier
lustre; l'arbre pourra perdre ses fruits et ses
feuilles pendant l'hiver et bourgeonner
de nouveau au printemps: Israël s'enfuit
une fois, et deux fois devant ses ennemis,
cependant ils firent la conquête de la terre
promise. Une multitude vint fondre sur Gad,
cependant Gad fut vainqueur à la fin. Et
pourquoi tout ceci? «Parce
que je vis, vous vivrez aussi»
(Jean 14:19).
Quoique tous les péchés du peuple de Dieu
aient été imputés à Christ (le Seigneur a mis
sur lui l'iniquité de nous tous, Ésaïe 53:6),
et quoique le sang de Christ purifie de tout
péché, et que son application par le
Saint-Esprit continue à purifier de tout
péché (Jean 1:29), cependant le
péché, est-ce qu'il a toujours été,
excessivement péchant. Et si une seule
pensée coupable demeure sans expiation,
parmi son peuple, il y en a assez pour les faire
aller au fond de l'enfer. Quoique Dieu ne nous
déshérite pas à cause du péché et ne nous
efface pas de son livre de vie, cependant
lorsque nous péchons, il retire sa faneur
et diminue toutes nos consolations. Il fait que
nos parents (qui auraient dû être des
consolations) deviennent des verges pour nous
(2 Samuel 12:11). Et il nous remplit
d'angoisse (Psaumes 38:3).
Certainement beaucoup des enfants de Dieu ont
trouvé que le mal qu'ils ont enduré pour
le péché, après que le péché a été
consommé, a été complètement proportionné
au plaisir qu'ils avaient trouvé dans ce
péché. Si David avait pu prévoir les funestes
conséquences de son péché (au sujet de la femme
d'Urie), il aurait pu dire, tu me seras un
péché qui me coûtera bien cher. Quelquefois
même Dieu pourra ajouter, à cause du péché des
appréhensions de la colère éternelle,
sans aucun espoir de délivrance (Psaumes
88:6-7). Comme Père de l'alliance
avec ses enfants, il visite leurs
transgressions, avec la verge, et leur
iniquité avec des coups; néanmoins sa
grande bonté ne se retire pas et sa fidélité ne
se dément pas (Psaumes 89:32-33). D'après
ces considérations, la doctrine de la
persévérance finale n'engendre pas le
relâchement dans ceux qui sont possesseurs
de la grâce de la doctrine, quoique cela
puisse avoir lieu dans ceux qui en ont la
profession seulement.
2ième objection
Il est dit de quelques-uns qu'ils font naufrage
quant à la foi (1 Timothée 1:19), et une
déchéance de la grâce pourra être prouvée de
Hébreux 6:5, etc.
Réponse
On
accordera que faire naufrage quant à la foi,
de même que blasphémer les doctrines de
l'Évangile, de la part des personnes qui les ont
professées, c'est tomber de la
profession de la foi; mais déchoir de
la doctrine de l'Évangile, et de la
profession de l'Évangile; et déchoir de
la grâce et faveur de Dieu, ou de la grâce de la
foi, sont en vérité des choses
très-différentes. La raison assignée à ce
naufrage quant à la foi est montrée dans 1
Jean 2:19. Les auditeurs qui ressemblent à
la terre rocailleuse, persévèrent quelque
temps seulement, n'ayant point de racine
(Matthieu 13:21). Mais bientôt, ils sont
scandalisés, tombent, et il est dit d'eux,
qu'ils abandonnent, ou qu'ils font naufrage
quant à la foi, laquelle ils n'avaient
jamais possédée qu'en apparence (Luc
8:18). Tandis qu'il y en a quelques-uns
qui sont salutairement éclairés par l'Esprit de
Dieu, pour voir leur état de perdition, le
besoin qu'ils ont d'être sauvés par Christ, et
l'intérêt qu'ils ont en lui, et qui ne
périront jamais; il y en a d'autres qui sont
éclairés seulement dans le système des doctrines
de l'Évangile; et chez quelques-uns, à un degré
tel, qu'ils sont capables de prêcher aux autres,
et qui cependant sont eux-mêmes entièrement
destitués de la grâce de Dieu. Lorsque de
telles personnes tombent, ils ne sont ni une
preuve, ni un exemple de la finale apostasie des
véritables saints.
Il
est parlé aussi (Hébreux 6:5), de ceux
qui ne font que goûter, mais qui ne
digèrent pas; qui ont l'entendement éclairé,
mais non pas le cœur réformé; qui professent
d'être sanctifiés, mais qui n'ont pas
senti le pouvoir de la sanctification. Et
l'apôtre avait une meilleure espérance de
ceux auxquels il écrit; il était convaincu que
leur foi n'était pas seulement
historique, mais qu'elle était l'œuvre de
Dieu (Colossiens 2:12) manifestée
par leurs fruits (Hébreux 6:9-10; 1
Thessaloniciens 1:5).
Les objections pourront être multipliées,
par les adversaires des doctrines de la grâce,
et des répliques scripturaires et
très-concluantes faites à ces objections;
cependant, quant à ce qui concerne la
persévérance finale des saints, les
bien-aimés du Père; les rachetés du
Fils, et les sanctifiés par l'Esprit;
comme Christ est mort une seule fois, et
ne meurt plus, ainsi, dans ses membres,
la vie de la grâce ne peut totalement mourir
(Romains 6:8-9). La foi n'est donnée qu'une
fois aux saints; comme nous ne naissons qu'une
fois, de même nous ne sommes régénérés qu'une
fois. C'est ici la volonté du Père qui m'a
envoyé que je ne perde AUCUN de ceux
qu'il m'a donnés. Que quiconque voit le fils et
croit en lui, AIT LA VIE ÉTERNELLE; et je
le ressusciterai au dernier jour (Jean
6:39-40).
Conclusion
par l'éditeur anglais J.A. Jones
Maintenant, cher lecteur Chrétien! En terminant ce
petit traité après l'avoir revu pour cette
cinquième édition, je plie le genou devant le
trône du Père de mon alliance, le priant d'en bénir
l'étude pour le bien de ton âme.
L'ancienne copie fut remise en mes mains
(dans l'an 1810), précisément dans le temps où le
Seigneur par sa grâce ôta les écailles de mes yeux
et me donna de voir du milieu de l'obscurité et des
ténèbres. Le bien que mon âme en a retiré est trop
grand pour que la plume ou la langue puisse le
décrire. Et maintenant, après que plus de vingt-cinq
ans (à partir de cet événement), de miséricordes et
de bontés de la part du Seigneur envers moi,
et d'indignités et de péchés de ma part envers
lui, ont passé sur moi, je suis contraint
d'avouer, à sa louange et à sa gloire, qu'il m'a
conservé (au milieu de défections de
beaucoup d'autres qui avaient bien commencé),
il m'a affermi, et s'il est possible de plus
en plus fondé dans les grandes et glorieuses
vérités et doctrines, défendues et scripturairement
maintenues dans les pages de ce livre précieux.
Comme j'ai de nouveau scrupuleusement examiné chaque
sentence, et la valeur de chaque sentence dans ce
traité; la préparation de cette nouvelle édition m'a
donné la sainte occupation de parcourir pas à
pas, non pas d'une manière systématique
comme je l'avais fait, mais je puis dire d'une
manière spirituelle, ces grandes doctrines
de notre très-sainte foi; telles que l'éternelle; et
personnelle élection; la divine prédestination, la
rédemption particulière, la vocation effective, et
la persévérance finale, pour la gloire éternelle, de
tous les bien-aimés du Seigneur en Christ de toute
éternité. J'ai cherché les preuves scripturaires
de tous ces principes fondamentaux de l'Évangile,
et je n'ai pas cherché en vain. Comme le prédicateur
de l'ancien temps, j'ai conté un à un,
ou, comme porte la marge, j'ai pesé
une chose après l'autre, pour trouver la raison
(Ecclésiaste 7:27). Le Seigneur soit loué,
j'ai trouvé la raison; et je puis déclarer que
la somme de tout le calcul est comme suit:
Que le Salut, du commencement à la fin, de
l'élection à la glorification, EST
TOUT DE GRÂCE; découlant uniquement de l'amour
souverain, de la volonté et du bon plaisir de
YÉHOVAH, Père, Fils, et Saint-Esprit. Et que
c'est en cela que consiste l'éternelle
sécurité du peuple de Dieu.
Cet amour n'aurait pu
exister sans un objet, et l'objet de cet
éternel amour était Christ.
«Tu
m'as aimé avant la fondation du monde»
(Jean 17:24). Et si l'amour du Père,
envers Christ, est un amour éternel; donc tous
les vrais croyants qui étaient un avec Christ
de toute éternité, sont aussi aimés de cet
amour éternel. Que l'amour duquel tu m'as
aimé, puisse être en eux. Moi en eux et toi en
moi, afin qu'ils puissent être perfectionnés en
UN. (Jean 17:23,26). S'ils sont un avec
Christ, et s'ils sont regardés comme unis à lui
de toute éternité, les croyants sont donc
éternellement justifiés, et ne viendront jamais
en condamnation. Il n'y a nulle condamnation
pour ceux qui sont en Jésus-Christ
(Romains 8:1). Car leur vie est cachée avec
Christ en Dieu; lorsque Christ qui est leur vie
apparaîtra, ils paraîtront aussi avec lui en
gloire (Colossiens 3:3-4). Le croyant
ayant Christ, est possesseur de toutes choses,
car toutes choses sont à vous, soit la vie ou
la mort, ou les choses présentes, ou les choses
à venir; toutes choses sont à vous, et tous êtes
à Christ, et Christ est à Dieu (1
Corinthiens 3:21-23). Béni donc soit Dieu le
Père, notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous
a bénis de toutes bénédictions spirituelles,
dans les lieux célestes, en Christ; selon
qu'il nous avait choisis en lui avant la
fondation du monde, afin que nous fussions
saints, et irrépréhensibles devant lui, dans
l'amour: à la louange de la gloire de sa
grâce par laquelle il nous a adoptés en son
bien-aimé (Éphésiens 1:3-4,6).
Puisse
l'Esprit de toute vérité, bénir les choses contenues
dans ce livre (qui sont conformés à sa pensée et à
sa volonté), pour affermir le cœur de ses Élus: Et
au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme à
l'indivisible YÉHOVAH d'Israël, soient les
éternelles louanges. Amen.
À Christ seul soit la Gloire
Références
Les Arminiens ne veulent abattre la
prédestination qui est le Rocher de notre
salut, que pour élever une tour de Babel, du
sommet de laquelle ils puissent monter au
ciel, et le fondement de cette tour n'est
autre chose que le sable de leur
propre libre volonté et de leurs
efforts. Ils ont inventé une multitude
de nouvelles notions et de termes, pour
obscurcir la doctrine: «l'élection,
disent-ils, est légale ou évangélique,
générale ou particulière, complète ou
incomplète, révocable ou irrévocable,
péremptoire ou non péremptoire» et je ne
sais combien d'autres distinctions (dont il
n'y a ni signe ni échantillon dans toute la
Bible) d'un seul et éternel acte du
Dieu Tout-Puissant. |
|
L'opinion de Zanchius en vaut mille autres.
(De Courcy). |
|
Zacharie 6:1
«Par les montagnes d'airain, on entend le
conseil éternel et la providence de Dieu;
par lesquels il a décrété de toute éternité
ce qui doit arriver, ce que ni Satan ni tout
le monde ne saurait altérer.» (Bèze). |
|
Toutefois, nous ne sommes aimés de Dieu,
qu'en Christ (Remarque du Traducteur). |
|
Cette grande dame, la défunte comtesse de
Huntingdon, que le Seigneur avait suscitée
pour la grande utilité de l'Église de
Christ, avait coutume de s'écrier; «Ô béni
soit le Seigneur pour la lettre M. dans 1
Corinthiens 1:26, de ce qu'il n'est pas
dit, not any (aucun) mais not Many
(peu) de nobles qui sont appelés: et
spécialement de ce que par grâce, je suis de
ce petit nombre si hautement favorisé.» |
|
Visible.
C'est peut-être trop accorder. Dans la
controverse entre Leibnitz et Bossuet, ce
dernier prit un grand avantage de la
concession que le premier avait faite,
savoir: qu'il y a toujours eu une Église
visible (Remarque du traducteur). |
|
Actes 13:48
«Par conséquent tous n'étaient pas destinés
à la vie éternelle, sans quoi, tous auraient
cru; mais comme il n'en est pas ainsi, il
suit que quelques-uns seulement étaient
destinés: et par conséquent Dieu
non-seulement pré-connut, mais il ordonna,
afin que ni la foi, ni les effets de la foi
ne fussent point la cause de sa destination
et de sa désignation, mais que sa
destination fut la cause de la foi.
(Bèze). |
|
Cher lecteur! Si tu es
un enfant de Dieu, je désire que tu
t'arrêtes, avec moi, à ce mot Mystères.
Le mystère de sa volonté! La sagesse de Dieu
en mystère! Le grand mystère de piété! En
vérité, en vérité (comme monsieur Ness l'a
observé, ici), C'est une dangereuse
présomption de la part des hommes, de
prendre sur eux avec leurs mains impures,
l'explication des profonds mystères de Dieu,
d'après leur raison charnelle. Hélas!
l'homme orgueilleux, est trop souvent
vainement enflé de son esprit charnel
dédaignant de rester ignorant concernant l'Infini
YÉHOVAH lui-même, ce qu'il est
impossible, dans la nature des choses, qu'il
arrive jamais à connaître dans ce monde,
«l'homme vain voudrait être sage, quoique
l'homme soit né comme l'ânon sauvage»
(Job 11:12). Il est dit (Job 11:11):
«Le
Seigneur connaît les hommes vains. Il les
connaît en vérité.»
Il connaît qu'eux et tout ce qu'ils ont
n'est que vanité. Ils voudraient dans
la force de leur propre sagesse, et de leurs
recherches charnelles, trouver Dieu: trop
orgueilleux néanmoins pour prendre les
Écritures de vérité pour leur guide. Écoute,
homme vain, écoute le défi et toutes les
importantes questions que l'infini YÉHOVAH
adresse à ce pauvre ver de terre Job
(Job 38; 39; 40; 41). et puisse le
Seigneur te rendre capable de cacher ta face
dans le manteau de ton propre néant, et
d'adopter la réplique de Job et dire, «J'ai
donc parlé et je ne comprends rien; ce sont
des choses trop étonnantes pour moi, et que
je ne connais point. Je t'ai entendu par
l'ouïe de l'oreille, mais à présent mon œil
te voit, et par conséquent je m'abhorre
moi-même et je me repens sur la poussière et
sur la cendre.» |
|
Ce fut
l'objection favorite ordinairement employée
par feu M. Weslay, contre la souveraineté de
Dieu. Il comparait la doctrine de la
prédestination absolue, à l'action de jeter
un homme les pieds et les mains liés, dans
une maison à laquelle on mettrait le feu en
criant ensuite à l'homme de s'échapper pour
sauver sa vie: «Je le voudrais bien,
répond l'homme, mais je ne le puis parce que
je suis lié.» Ce spécieux argument ne
trouve-t-il pas sa réponse complète,
dans les réponses à la 2ième et 3ième
objection? Cher lecteur! puisse le Seigneur
t'accorder de bien peser ces réponses.
Puisse le Seigneur oindre tes yeux avec un
collyre! La doctrine de la LIBERTÉ de la
VOLONTÉ, est un point de la plus haute
importance. Il me parait que les pages (de
la section « Decret">Réponse
aux objections contre le Décret absolu de la
Prédestination»
jusqu'à la 3ième objection) telles qu'elles
sont, contiennent la substance, oui la vraie
MOELLE du LIVRE. Tout son contenu dépend de
ceci. C'est-à-dire: qui sera le
Seigneur et le Maître? Dieu ou l'homme? Qui
sera sur le trône? Dieu ou l'homme? Ô folie,
ô folie de l'homme abominable et
impur, qui boit l'iniquité comme l'eau,
d'oser lever sa main contre Dieu; de se
roidir contre le Tout-Puissant; de
courir sur Lui; même sur son cou, et
sur l'épaisseur de son bouclier (Job
15:26). |
|
Supralapsaires, et
Infralapsaires. —
Ce fut une question dans l'église. «Si dans
la pensée de Dieu, les hommes ont été
considérés dans te décret d'élection, comme
tombés, ou non tombés; comme dans la masse
corrompue par la chute, ou dans la masse
pure de la création; avant la création, et
comme devant être créés. Il y en a
quelques-uns qui pensent que les derniers
ainsi considérés, furent les objets de
l'élection dans l'entendement divin; et
ceux-là sont appelés supralapsaires: D'un
autre coté, il y a ceux dont les conceptions
les portent à adopter le premier sentiment
et qui sont appelés infralapsaires et
ceux-ci sont pour l'opinion que les hommes
ont été considérés comme créés et tombés,
dans le décret d'élection. Les arguments
employés, de part et d'autre, sont en grand
nombre; mais la différence n'est pas
aussi grande qu'on pourrait le penser
d'abord; car les uns et les autres
s'accordent dans la chose principale et
matérielle, dans la doctrine de l'élection.
Savoir:
Par conséquent, quoiqu'ils différent dans la
considération de l'objet de l'élection comme
étant d'une manière ou d'une autre, ils
s'accordent néanmoins quant à la chose
elle-même. Et dans ce en quoi ils différent,
ils s'accordent à différer comme ils le
doivent, et ne s'accusent pas les uns les
autres de fausse doctrine et d'hétérodoxie;
car il n'y a point de raison de s'accuser.
Calvin était pour la masse
corrompue; Bèze qui était son collègue
dans l'église de Genève, et qui fût aussi
son successeur, était pour la masse pure;
et néanmoins ils vécurent en grande paix,
amour et harmonie. Les contre remontrants en
Hollande lorsque l'Arminianisme commença à
paraître parmi eux, n'étaient pas d'accord
sur ce point; quelques-uns adoptèrent un
côté de la question et les autres un autre;
mais les uns et les autres s'unirent
contre le commun adversaire, les Arminiens.
Le docteur Twiss, qui était un aussi grand
supralapsaire, qu'il y en ait jamais eu, qui
portait les choses aussi haut qu'on les ait
jamais portées, et qui avait étudié cette
matière aussi attentivement, et l'entendait
peut-être mieux qu'aucun homme ne l'eût
jamais fait; confesse cependant que ce n'est
ici qu'un apex logicus (un point en
logique): et que la différence consiste
seulement dans l'ordre et l'arrangement du
décret de Dieu. Quant à moi, je pense que
l'une et l'autre opinion peuvent être
accordées ensemble; et que dans le décret de
la fin, la dernière fin, qui est la
gloire de Dieu, pour laquelle il a fait
toutes choses; les hommes peuvent être
considérés dans l'entendement divin, comme
devant être créés, et non comme étant déjà
créés et tombés. Mais que dans le décret des
moyens qui entre autres choses, se
lie à la médiation de Christ, à la
rédemption par lui et à la
sanctification de l'Esprit; ils peuvent être
considérés, comme créés, tombés et pécheurs;
parce que le décret des moyens implique
toutes ces choses. Ceci ne suppose pas des
actes ou des décrets séparés en Dieu; ou
quelque priorité ou postériorité en eux; car
en Dieu ils ne sont tous ensemble qu'un
acte; mais nos entendements finis, sont
obligés de les considérer l'un après l'autre
n'étant pas capables de les pendre dans leur
ensemble et tous en une fois.» (Extraits
du corps de théologie du Dr Gill, livre 2,
chapitre 2, SUR L'ÉLECTION.) |
|
Et quand Christ avait dit de Judas: Il
vaudrait mieux pour lui de n'être jamais
né (Note du traducteur). |
|
«Je pense plutôt que PAR TOUS LES HOMMES
(1 Timothée 2:4), il faut entendre les
Gentils qui sont quelquefois appelés,
LE MONDE, TOUT LE MONDE, ET TOUTE CRÉATURE
(Romains 11:12,15; Jean 11:2; Marc 16:15)
qui est, je crois, le sens dans lequel il
est pris le verset (Marc 16:1) où
l'apôtre exhorte que des supplications et
des prières et des intercessions, et des
louanges, soient faites pour tous les
hommes pour les Rois et pour toutes les
autorités; ce qui était contraire à la
notion qui avait prévalu parmi les juifs
(qui était en grand nombre dans les églises
primitives), qu'on ne devait pas prier pour
les PAÏENS et pour les magistrats païens.
L'apôtre fortifie, cette exhortation, en
montrant les avantages qui en reviendraient
aux chrétiens eux-mêmes: afin que nous
puissions mener une vie paisible et
tranquille, en toute piété et honnêteté.
Car en outre, dit-il, cela est agréable à
Dieu votre sauveur, qui veut que tous hommes
(soit GENTILS soit JUIFS) soient sauvés et
viennent à la connaissance de la vérité et
qui en conséquence a envoyé ses ministres
prêcher l'Évangile parmi eux. Car il est le
Dieu des Juifs et des Gentils,
qui par son Évangile, s'est formé un peuple
d'entre CES DERNIERS, à cause de son nom et
pour sa gloire. En voyant donc qu'il est
fait allusion à quelques-unes des notions
des JUIFS dans le contexte et que le tout
est adapté à l'état des Gentils, il y
a bonne raison de conclure que ce sont eux
qui sont désignés ici, et par ce moyen une
autre principe des JUIFS est réfuté, savoir:
que les GENTILS ne devaient retirer aucun
bénéfice du Messie, lorsqu'il viendrait; et
c'est la vraie raison de la plupart,
si non de toutes ces expressions
universelles, se rapportant à la mort de
Christ, que nous rencontrons dans
l'écriture!» |
|
«Il y en a beaucoup dans l'Église qui
cependant ne sont pas de l'Église, et
qui par conséquent seront jetés dehors à la
fin: mais l'entière et parfaite séparation
de ces gens-là est différée jusqu'au dernier
jour.» (Bèze). |
|
Je m'avance au nom du Seigneur, pour ôter
les épaisses ténèbres avec lesquelles
plusieurs ont couvert les saints écrits et
pour montrer, que le salut tel qu'il
appartient à Dieu de le donner, et que
l'homme a besoin de le recevoir, est à la
portée de chaque âme humaine!!! (Adam
Clarke. LL. D.) |
|
J'ai lu quelque part une similitude,
employée par défunt Mr Jean Wesley, savoir:
«qu'un pécheur pourra nourrir, ou COUVER la
grâce, quoiqu'il ne puisse pas l'engendrer.»
Si ceci est un fait, si un pécheur a ce
pouvoir, de sa propre libre volonté; le
docteur Young a donc eu raison dans son
Centaure non fabuleux, qui s'adressant à
l'homme, dit «Ton consentement est-il
nécessaire pour faire ce qui est commencé?
Oui; c'est à toi à accorder ou à
refuser la requête du Tout-Puissant.
Le ciel a des intentions, il décrète, il
travaille, il opère des miracles pour ton
bien-être. Il te presse, il sollicite avec
importunité ta condescendance.
Considère comment tu es courtisé, et
par qui. Par le Père, le Fils, et le
Saint-Esprit, TES COMPAGNONS D'OEUVRE pour
ton bien. Ainsi réjouis le ciel; assure-toi,
relève-toi; ennoblis-toi, et couronne-toi
avec des bénédictions éternelles. Car sans
toi, dans l'ordre de choses tel qu'il est
institué, le ciel est incapable de faire
cela. Sans toi, être étonnant, il y a de
L'IMPUISSANCE dans le ciel. Les désirs du
ciel sont à la disposition!!» |
|
Ces expressions et d'autres semblables ne
militent en aucune façon contre la doctrine
de l'éternelle et sainte union en Christ: —
Le peuple de Dieu était un avec Christ de
toute éternité; et c'est à cause qu'ils sont
enfants (non pour les faire enfants)
que l'Esprit est envoyé dans leurs cœurs,
criant abba, Père (Galates 4:6).
Avant l'appel effectuel, les élus ne peuvent
être distingués des réprouvés ni par
eux-mêmes ni par les autres. C'est par grâce
que nous sommes sauvés, mais c'est par la
foi produite dans nos cœurs que nous avons
la connaissance de ce salut (Éphésiens
2:9); ainsi on pourra dire que c'est la
foi qui nous «greffe en Christ».
C'est-à-dire qui manifeste notre union avec
lui (Romains 9:24-25). Paul a pu dire
de lui et des autres: nous avons été élus en
Christ avant la fondation de monde
(Éphésiens 1:4). Mais Paul ne donnait
aucune évidence soit à lui-même soit aux
autres, qu'il appartenait à Christ,
lorsqu'il assistait à la lapidation
d'Étienne (Actes 7:58), et lorsqu'il
demande au souverain sacrificateur, des
lettres pour Damas; il était donc mort dans
ses péchés; mais bientôt après, lorsque
cette lumière, qui est plus brillante que le
soleil, luisit dans son cœur, il vécut à
Dieu, par Jésus-Christ son Seigneur. |
|
Hélas, hélas, nous vivons dans un temps où
un ministre qui n'a que des dons, est
plus ardemment souhaité, qu'un ministre
qui a des grâces! Et après tout que sont
les dons? Les hommes méchants,
n'ont-ils point des dons?
Je suis entièrement de l'avis de l'estimable
Mr Newton, que la popularité d'un
ministre ne doit pas lui procurer quelque
fondement de solide satisfaction: car
tous depuis le plus petit jusqu'au plus
grand admiraient Simon le Magicien , en
disant: «Cet homme est la grande vertu de
Dieu.» Il ne peut non plus fonder sa
satisfaction sur l'exercice des plus grands
talents, car Balaam lui-même fut doué
de grands talent. Ni même sur les
succès; car plusieurs diront:
N'avons-nous pas fait beaucoup de miracles,
et chassé les Démons en ton nom? Mais la
satisfaction d'un ministre doit être fondée
sur la fidélité avec laquelle il s'acquitte
de sa charge en délivrant son message.
Alors nulle moquerie, nul reproche qui
pourra être jeté sur loi, ne peut lui ravir
sa PAIX. Son témoin est dans le ciel,
et son témoignage dans les hauts lieux
(Job 16:19). C'est un beau caractère que
celui qui est attribué à un des anciens Non
conformistes:
|
A Christ seul soit la Gloire
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