DICTIONNAIRE DE LA
BIBLE
ou
CONCORDANCE
RAISONNÉE DES SAINTES ÉCRITURES
JEAN-AUGUSTIN BOST 1849
corrigé, rénové, et augmenté de plusieurs notes
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annotations en
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CONTENANT, EN PLUS DE 4,000 ARTICLES:
1. La
Biographie sacrée;
2. L'Histoire
sainte;
3. L'Archéologie
biblique;
4. La
Géographie biblique;
5. L'Histoire
naturelle biblique, la Botanique, la Zoologie et la Géologie;
6. L'Esprit
de la législation mosaïque;
7. Des
Introductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament;
8. Des
Essais sur diverses portions des Écritures;
9. L'Interprétation
et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs ou mal traduits;
10. Des
Directions pour l'étude de la prophétie, etc.
________________________________________
DICTIONNAIRE DE LA BIBLE
MM.
Howeker, libraire à Amsterdam.
L.
Van Bakkenes, libraire à Amsterdam.
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et Comp., libraires à Amsterdam.
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et Comp., libraires, Soho-Square, à Londres.
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et Oakey, 34, Paternoster Row, à Londres.
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Veuve
Duret-Corbaz, libraire à Lausanne.
Michaud,
libraire à Neuchâtel.
Ch. Twietmeyer, libraire à Leipzig.
Si la destructivité est peut-être le caractère
dominant de notre siècle, si la destructibilité est le caractère de toutes les
puissances qui cherchent sur la terre un point d'appui; s'il n'y a plus rien
ici-bas qui soit aujourd'hui respecté, si tout est ébranlé, si les royaumes se
dissolvent, si la propriété est menacée d'une transformation, si par
quelques-uns la famille est niée au point de vue humanitaire; si la tiare
pontificale, vulgairement appelée religion, est elle-même compromise, si les
États de l'Église sont menacés dans leur existence comme les Églises de l'État,
si les puissances les mieux établies semblent être à la merci du premier vent qui
souffle, il reste encore une puissance que rien n'a jamais pu renverser, ni
ébranler: une puissance qui n'a pu être détruite ni par les révolutionnaires
français du dix-huitième siècle, ni par les révolutionnaires romains du
douzième et du seizième; une puissance contre laquelle ont échoué les
dragonnades de Louis XIV, et les flammes du clergé; une puissance qui a résisté
à la force plus délétère encore de l'oubli, de l'indifférence, de l'ignorance,
du mépris; une puissance que n'ont pu compromettre ni les moines oisifs des
couvents, ni les moines furieux de l'inquisition, ni ceux qui élevaient leurs
bâtards sur le trône des papes, ni ceux qui brûlaient Jean Huss; une puissance
qui s'est montrée plus forte que les supplices, plus forte aussi que la corruption;
une puissance enfin qui depuis dix-huit siècles toujours la même, toujours
sereine et pure, préside à la chute de tous ses ennemis, offre à tous les
malheureux d'ineffables consolations, et reste seule debout, seule forte, au
milieu des débris nombreux qui jonchent la terre autour d'elle.
Cette puissance, c'est la Parole de Dieu.
Sa force, c'est de ne renfermer aucun alliage humain.
Elle est esprit et vie. Insensible à toute action terrestre, elle grandit par
ses revers comme par ses succès, à l'inverse de tous les pouvoirs matériels,
ecclésiastiques ou civils, qui, souillés de terre, tombent par leurs succès non
moins que par leurs revers.
Il semble que la société moderne commence à le
comprendre; elle se détache toujours plus, et surtout en religion, de ces
autorités sans force morale qui pendant longtemps ont voulu s'imposer à elle.
Assez longtemps on lui a dit: Occupez-vous du matériel, je m'occuperai du
spirituel. Et maintenant ce matériel lui pèse; elle s'en effraye; elle veut,
elle aussi, s'occuper du spirituel; elle le cherche, mais où le
trouvera-t-elle? Dans l'énervante et fade lecture des romans et des livres
d'imagination? elle l'a essayé, et n'en veut plus. Dans les préoccupations
politiques? elle l'a essayé, elle a espéré, elle n'a trouvé que déceptions.
Dans la religion? mais laquelle? À laquelle donnera-t-on ce nom? Dieu a permis
que celle que Voltaire appelait l'infâme, et que la main des hommes ne saurait
détruire, se détruisît elle-même, qu'elle tombât de son propre poids, qu'elle
arrachât elle-même le bandeau à ses prétendus sectateurs, et qu'elle leur dît:
Je ne suis pas une puissance spirituelle, je ne suis qu'une puissance
matérielle; je ne succomberai point; j'ai 300,000 baïonnettes pour me soutenir.
Il a fallu (Dieu l'a permis) qu'elle se montrât non point la colonne et l'appui
de la vérité, mais la fille des armes et du mensonge. Depuis longtemps on le
soupçonnait, on le sait aujourd'hui. Qui recueillera son héritage?
Il n'y a plus que deux prétendants en présence, la
Parole de Dieu, et l'incrédulité. Le grand nombre sans doute se rangeront dans
les rangs de ce dernier, l'incrédulité, qui peut s'accommoder de toutes les
formes religieuses, parce qu'elle a la conscience qu'elle les détruira toutes
dès qu'elle le voudra. Le petit nombre se grouperont autour de la Parole de
Dieu, et ils s'y grouperont tous, parce que l'idole que quelques-uns adoraient
encore par habitude ou par préjugé, se décompose de jour en jour, et perd
jusqu'à son prestige extérieur. Les âmes pieuses de toutes les communions
sentent le besoin impérieux de s'unir entre elles et de se séparer du monde.
L'unité factice, dont le pesant niveau a si longtemps écrasé les peuples et
l'Église, ne suffit plus aujourd'hui, pas plus en religion qu'en politique; le
temps des fictions est passé, parce que l'âge de majorité est venu. Une lutte
sourde, un travail souterrain s'accomplit au sein de toutes les sectes de la
chrétienté: le protestantisme n'est pas moins divisé que le catholicisme,
quoique par sa nature plus spirituelle, il ait moins à souffrir à l'extérieur:
dans aucun pays protestant on n'aurait songé à faire venir de la troupe pour
imposer un pasteur à ses paroissiens. Mais si, chez nous, la lutte est plus
théologique, plus ecclésiastique, moins mondaine, elle n'en existe pas moins;
si le principe de la liberté, qui est la base de notre constitution comme
Église, est lui-même notre sauvegarde contre les excès de la liberté, et ne
nous protège pas contre l'incrédulité; sous ce rapport même, parce qu'on n'a
pas l'habitude de se repaître de chimères, de se payer de mots, les
déchirements intérieurs sont plus visibles, plus sensibles, plus apparents, et
l'on peut compter et classer nos diverses Églises. Mais ce travail de
décomposition, ce travail qui se fait partout, n'est que le prélude nécessaire
de la recomposition: la déformation annonce non seulement une réformation, mais
une transformation. L'énigme est posée, mais elle n'est pas encore résolue, le
mot n'en est pas encore trouvé. Ce que l'on peut affirmer seulement, c'est que
c'est autour de la Parole de Dieu que l'Église chrétienne se constituera, des
fragments de tous ces corps qui auront été brisés entre les deux écueils de la
superstition et de l'irréligion, du fanatisme et de l'incrédulité: la Parole de
Dieu sera la seule autorité de l'Église nouvelle, parce que seule elle est
infaillible et spirituelle, parce que son autorité a déjà subi toutes les
épreuves sans ployer et sans rompre sous aucune. C'est même une chose assez
remarquable déjà, quoiqu'on ne puisse pas en conclure tout ce que les prémices
feraient attendre, que la Bible se soit créé un public en dehors du monde
religieux qui fait reposer sur elle ses espérances et sa foi. Les sciences
profanes, la philosophie, la philologie, l'histoire naturelle, étudient cet
antique document d'un vieux monde passé, et viennent tour à tour lui rendre
hommage; nos grands historiens cherchent dans la divinité la clef, le secret de
l'histoire; c'est dans la religion que les littérateurs vont puiser leurs plus
belles inspirations; les politiques, les économistes en appellent à la Bible,
et les journalistes même, dans l'examen des questions sociales, empruntent à la
législation hébraïque, aux discours de Jésus, aux enseignements des apôtres des
arguments dont le point de départ, du moins, aurait bien étonné les
encyclopédistes, et les désorienterait tout à fait s'ils n'avaient pas, pour se
retrouver en chemin, le point commun d'arrivée et de but. La Bible a rompu les
digues que les hommes avaient élevées pour la contenir, elle est entrée dans le
domaine public, le principe de la réforme a triomphé comme triomphe toujours
tout principe véritable; il reste maintenant à le développer, à l'appliquer.
C'est le moment de la crise. Tous les partis ont fait cette expérience qu'il
est plus aisé de remporter une victoire que d'en profiter, et que
l'organisation définitive est bien rarement accomplie par les mêmes mains qui
ont fait la conquête.
Quels que soient les hommes nouveaux de cette œuvre
nouvelle, et quels que soient leurs devoirs, ce n'est que dans la Bible qu'ils
pourront trouver et leur raison d'être et leurs moyens d'action. Ils ne seront
pas appelés à créer ou à inventer; leur but peut être immense, mais leur tâche
continuera d'être modeste; ils auront à comprendre la théologie, à l'appliquer,
mais ils ne pourront pas en faire une nouvelle. Ils devront autant se garder de
faire quelque chose de moderne, que d'évoquer les traditions de l'ancienne
scolastique. La simple, mais consciencieuse et savante étude de la Bible doit
toujours plus devenir à cet égard le grand juge des controverses, la règle de
la foi, le mobile de la vie; et cette étude n'est autre que la théologie. Qu'il
y ait encore bien des choses à comprendre, et même à apprendre, c'est ce qui
est évident pour tous ceux qui n'auront pas un parti pris d'avance de ne rien
apprendre, et de ne rien oublier. L'étude des prophéties et plusieurs points de
la dogmatique renferment des obscurités qui ne doivent point être éternelles,
et l'on ne saurait avoir tout dit, quand on a dit: C'est un mystère. Dans la
pratique le degré du renoncement à soi-même, le degré de l'amour que l'on doit
avoir pour son prochain (degré est un triste mot pour des choses qu'on aime à
se représenter comme devant être sans limites), les rapports des hommes les uns
avec les autres, des riches avec les pauvres, les droits et les devoirs d'un
État chrétien, le point où la désobéissance à l'État devient un devoir pour le
chrétien (dans la question du service militaire par exemple), les
divertissements légitimes, etc., sont autant de sujets sur lesquels il faut
réfléchir encore, autant de points sur lesquels la théologie prononcera plus
sûrement encore quand elle sera débarrassée des préoccupations personnelles,
des langes du passé, et de l'ignorance accidentelle ou systématique de ceux que
l'on pourrait quelquefois croire ses représentants.
La théologie! ce mot ne sera guère bien vu de tout le
monde. On l'a condamné pour l'abus qu'on en a fait. Aux uns il rappelle la
scolastique du moyen âge; pour les autres il est le synonyme d'idéologie; c'est
pour plusieurs une vaine théorie, une science faussement ainsi nommée, la foi
sans les œuvres, ou une pédantesque érudition. C'est une chose assez ordinaire
de faire porter aux systèmes la peine des fautes de leurs partisans; le
christianisme a été attaqué souvent à cause de la conduite des chrétiens; la
théologie, au même titre, a dû pâtir des fautes des théologiens; mais
l'imputation n'est pas plus juste dans un cas que dans l'autre. La théologie ne
diffère pas plus du christianisme que la foi ne diffère des œuvres; la
théologie c'est le christianisme acquérant la conscience de lui-même; la
théologie c'est l'étude des saintes lettres, la contemplation de Dieu en
Jésus-Christ.
Sans doute on pourra dire encore qu'en définitive la
théologie n'est que de la théorie; mais ce que l'on ne dira pas, c'est le mal
qu'un semblable indifférentisme a fait à l'Église. Ce dédain pour la science
théologique est tout aussi légitime que le serait le mépris du voyageur pour
celui dont les rêves ont imaginé l'application de la vapeur à la mécanique. On
peut se passer de la science théologique comme on peut se passer des
élucubrations astronomiques de tous ceux qui ont tracé et calculé la marche des
astres; ils ont travaillé dans le ciel, et les praticiens sont sur la terre.
Comme science, la théologie n'est sans doute pas le christianisme, mais elle en
est à la fois l'avant-garde, et la sauvegarde. La théologie a souvent fait
fausse route, mais qui nous dira combien de fois l'ignorance s'est jetée dans
les travers du mysticisme ou de l'incrédulité? Qui nous dira les écueils contre
lesquels sont venues se heurter des âmes simples et sérieuses naviguant sans la
connaissance des eaux? Qui nous dira combien de fois, en marchant sur cette
terre inconnue, à tâtons au milieu de précipices dont rien n'indiquait la
présence, des âmes pieuses et des Églises entières ont versé pour ne se relever
qu'avec peine, ou ne point se relever, et compromis ainsi une cause qu'elles
voulaient servir avec zèle, mais sans connaissance? Qui nous dira jusqu'à quel
point cette ignorance n'a pas, de nos jours encore, fatalement influé sur la
durée, la profondeur et la réalité du réveil religieux, dont on avait pu
concevoir tant et de si belles espérances! Pourquoi si peu de fruits après tant
de fleurs? Ah! sans doute, lorsque la foi est ce qu'elle doit être, vive,
enfantine et pure, elle peut suppléer à la connaissance, parce qu'elle est
elle-même la démonstration des choses qu'on ne voit point. Mais elle ne le peut
qu'à la condition d'être entière et sans tache ni défaut. Elle ne le peut aussi
que parce qu'il est dans sa nature même de ne point rester incomplète, mais de
s'agréger la connaissance, de s'approprier la science, de croître en
s'assimilant tous les éléments de la révélation. Elle ne veut perdre aucune des
paroles qui lui ont été données comme «propres à enseigner, à instruire, à
convaincre, pour que l'homme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit
pour toute bonne œuvre.» Elle ne se contente pas de connaître en partie, elle
aspire à connaître parfaitement. Du jour où l'ignorance cesse de lui peser,
c'est que l'indifférence a commencé; c'est que la foi languit; alors cette
plénitude de vie et de force qui la soutenait au milieu des difficultés de la
route l'abandonne; alors aussi cette connaissance qui était pour elle un besoin
intérieur, devient pour elle, bon gré mal gré, un besoin extérieur. La force
qui lui manque au-dedans, il faut qu'elle la retrouve au dehors; après comme
avant, à la foi il faut ajouter la science. C'est une nécessité pour l'individu
comme pour l'Église.
Il suffirait d'ailleurs pour s'en convaincre de
consulter l'état de nos paroisses, ou de lire quelques-uns de ces pâles
sermons, maigres, étiques, sans substance, dont on les repaît si habituellement
en tant de lieux. De la morale, de la dogmatique, délayée en trois points
filandreux, de bons vœux, sans doute, parfois des descriptions pathétiques, de
touchants tableaux, mais le retour invincible aux lieux communs, au cadre tout
fait, au moule convenu, enfin l'horreur des questions élevées et précises,
scientifiques et complètes; voilà ce qui leur a valu depuis un certain nombre
d'années cette réputation de somnolence dont ils auront de la peine à se
débarrasser. Et pour peu que cela continue quelque temps encore, nous n'aurons
bientôt plus grand chose à envier sous ce rapport aux prônes des curés de
village; nous aurons même le pittoresque de moins. Les paroisses de leur côté,
ou plutôt les paroissiens, ne cessant d'entendre les mêmes choses sous toutes
les formes, et ne distinguant plus les sermons que par les textes, ne tardent
pas à s'imaginer qu'ils en savent aussi long que leurs conducteurs, et partant
ils cessent d'étudier l'Écriture; bientôt ils cessent même de la lire; ils ne
fréquentent plus le culte, ou s'ils le fréquentent encore, ce n'est que par
accident. On a des anciens qui ne connaissent plus, même les éléments de la
vérité religieuse, et des catéchumènes dont l'unique préoccupation, puisqu'ils
en savent autant que leurs pères, est d'avoir vite expédié la formalité de
l'instruction religieuse. Il en est sans doute autrement dans les grands
centres, où, sur le nombre, il s'est conservé un noyau vivant de ces chrétiens
de la vieille roche qui veulent encore que la Bible soit étudiée comme elle
doit l'être, sérieusement et à fond; et ce qui prouve le mieux en faveur de
l'idée sur laquelle nous croyons devoir insister, c'est ce double fait que,
partout, ceux qui ont la foi cherchent à la nourrir et à la fortifier par
l'étude de l'Écriture, partout aussi, ceux qui n'ont pas la foi négligent
jusqu'à la simple lecture de la Parole de Dieu.
Et qu'on ne dise pas que cette étude suffise à elle
seule et sans aucune espèce de secours. L'Écriture a beau être simple et claire
comme le jour, pour tout ce qui concerne les points essentiels de la morale et
de la foi, elle n'en renferme pas moins des difficultés de fait, matérielles,
résultant pour nous des temps et des lieux où elle a été écrite. On dira sans
doute, pour pouvoir continuer de dormir, que les détails importent peu
lorsqu'on est sûr de l'ensemble, et que, pourvu que les points fondamentaux
soient solidement acquis, et clairs à entendre, on peut se passer de
l'intelligence de tout ce qui n'est que matériel, lettre, et non esprit. Avec
ce faux spiritualisme, invoqué déjà par les docètes, avec cette spirituelle
paresse, avec ce dédain pour les faits et pour les détails, on ira, et l'on a
été déjà plus loin qu'on ne voulait. Le Verbe éternel du Père a été mis dan un
corps humain: les Juifs n'ont crucifié que la matière. La Parole divine a été
incarnée dans un livre: ceux qui le brûlent ne brûlent que la matière, du
papier. On reconnaît la divinité du Saint-Esprit, mais on nie sa personnalité;
on garde l'esprit, on ne repousse que la forme: on n'a plus qu'un pas à faire
pour prétendre, avec Strauss, conserver l'esprit du christianisme et rejeter le
Christ historique, le mythe, la forme, la matière. Mais, comme en général on
est trop faible, trop inconséquent pour pousser jusqu'au bout les principes, on
taxera d'exagération ces déductions, car la pratique habituelle ne les justifie
pas. Eh bien! l'on aura autre chose. Vous aurez un bon frère du Béarn qui lira,
dans une assemblée chrétienne, la parole de Jacques: «L'homme est justifié par
les œuvres et non par la foi seulement», et qui, pour tout commentaire de la
doctrine de l'apôtre, vous dira simplement «qu'il y a là sans doute une faute
d'impression.» Vous aurez tel autre bon frère de la Suisse française, qui fera
un commentaire de dix minutes sur la chrétienne naïveté de saint Paul qui nous
dit: «Il vaut mieux se marier que de se brûler.» Vous aurez surtout cette foule
de petits docteurs qui ont le bonheur de ne douter de rien, qui, non seulement,
ne diront pas avec Socrate: Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien;
mais qui ne diront pas même avec saint Paul: Je ne veux savoir autre chose que
Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Docteurs irréfragables, mais non pas
angéliques, ils savent tout, affirment tout, et n'admettent pas même qu'on
puisse avoir un autre sentiment que le leur. Si vous leur faites quelque
objection, ils vous citeront, avec plus de mémoire et de piété que
d'intelligence et de sens, une foule de passages qu'ils comprendront peu, mais
dont ils refuseront de discuter la signification réelle; genre de controverse
facile, et dont on trouve des exemples ailleurs que chez ceux qui sont simples
de langage, de fortune, de titres ou de position. Et si c'est à l'orthodoxie
qu'on peut surtout adresser ce reproche, c'est que, seule aussi, elle risque de
tomber dans cet excès: l'indifférence religieuse a tout l'aplomb de la sagesse
et les plus parfaits dehors de la langueur et du marasme. Les uns ont un zèle
sans connaissance, on le leur reproche souvent; les autres n'ont ni zèle ni
connaissance, et c'est ainsi qu'ils se maintiennent en équilibre. Les premiers
lisent la Bible, mais ils ne l'étudient pas; les autres ne lisent rien, ou bien
ils lisent des romans ou des journaux. Il serait instructif, sous ce rapport,
de comparer le nombre des protestants de langue française, avec l'écoulement
moyen des publications qui leur sont adressées, en ne prenant même que les
publications hors ligne par le talent, et qui s'adressent à toutes les
intelligences, à toutes les consciences, à toutes les convictions. Quoi qu'il
en soit, on lit peu; on ne se nourrit pas, il semble que chacun tienne à ne se
plus nourrir que de sa propre substance, et l'on aura beau dire, ce ne sera
jamais une nourriture fort substantielle; les individus languissent, et l'Église!
l'Église elle-même, elle a fait ses preuves, et le moins qu'on puisse dire
c'est qu'elle languit aussi, c'est qu'elle est affaiblie, c'est que ces temps
généreux et forts des Dubosc, des Jurieu, des Basnage, des Dumoulin, des
Drelincourt, des Duplessis-Mornay, sont passés et n'ont laissé aux siècles qui
devaient suivre qu'un souvenir toujours vénéré, mais qu'on n'a ni le courage,
ni parfois même le désir d'imiter.
Nous possédons d'excellents ouvrages de controverse,
de dogmatique, d'histoire, d'excellents recueils de sermons; notre littérature
religieuse a des richesses de circonstance: elle possède aussi quelque travaux
d'un intérêt général, mais il y en a peu dans le nombre qu aient directement
pour objet l'étude et l'explication de l'Écriture sainte.
Cette lacune, j'ai essayé de la combler, du moins en
partie. L'empressement avec lequel l'annonce de cette publication a été reçue
presque généralement, prouve qu'un travail de ce genre était désiré, et que le
Dictionnaire de la Bible répond à un besoin réel et senti. L'ouvrage est
maintenant entre les mains du public; je n'ai plus à en expliquer la nature, et
chacun pourra voir si j'ai réalisé les promesses de mon prospectus. «Le
Dictionnaire, disais-je, traite de tout ce qui est matériellement et naturellement
obscur dans la Bible, des mœurs, des lieux, des hommes, des noms de plantes,
d'animaux, de minéraux, etc. J'explique par un mot la signification des noms
hébreux conservés dans les traductions, je rapporte les étymologies, les
divisions, les opinions diverses; j'ai cherché à donner des définitions claires
et précises, et à éviter tout ensemble les répétitions inutiles et la confusion
qui résulterait d'une trop grande concision. — J'ai conservé la chronologie
d'Ussérius. — J'ai cherché à mettre à profit la plupart des ouvrages de notre
littérature religieuse, et comme mon travail a pour but l'instruction plus que
l'édification proprement dite, ou plutôt, comme il se propose l'édification de
l'Église par son développement intellectuel, je suis sobre de réflexions, mais
je cite habituellement les ouvrages, dissertations, sermons, commentaires,
etc., qui peuvent suppléer à ce que je suis forcé d'omettre ou d'abréger.» — Je
n'ai pas consacré d'articles spéciaux aux noms de villes ou d'hommes qui ne se rencontrent
que dans les listes généalogiques ou dans les tables géographiques, sans aucun
détail qui les caractérise, parce qu'il n'y avait rien à en dire.
Le Dictionnaire de la Bible de dora Calmet, le
Realvœrterbuch de Winer, la Biographie sacrée de M. Coquerel, ont été mis à
profit pour la composition du présent travail, ainsi que les ouvrages spéciaux
de l'Allemagne et de l'Angleterre, Harris, Horne, Hævernick, Hengstenberg,
Tholuck, Olshausen, Schrœder, Harless, Steiger, etc. Quelques amis, MM. le comte
de Saint-Georges, A. Bost, Fr. Chavannes, Arm, de Mestral, Chatelanat,
Woringer, Golliez, etc., m'ont fourni des articles ou des renseignements
utiles. Je dois en particulier à M. de Saint-Georges les deux importants
articles Déluge et Création. Élève de l'École de Théologie de Genève, j'ai cru
pouvoir aussi me servir sans indiscrétion des notes de mes anciens maîtres,
auxquels je suis d'autant plus heureux de restituer publiquement une partie de
ce qui leur est dû, que vu le caractère privé de ces emprunts, je n'ai pu citer
chaque fois mes autorités, comme je l'ai fait lorsqu'il s'agissait de livres
tombés dans le domaine public.
Sans doute ce travail, le premier de ce genre qui ait
été entrepris dans notre Église, présentera des imperfections; je suis bien
loin de me le dissimuler, mais je ne veux pas anticiper sur la critique, et
surtout je ne veux pas me critiquer moi-même. Assez d'autres se chargeront de
ce soin; et je ne doute pas qu'ils ne soient plus indulgents que je ne pourrais
l'être et que je ne le suis réellement. Ils trouveront peut-être aussi que
malgré ses imperfections, ce livre occupera une place utile dans toutes les
maisons chrétiennes, et qu'il est de nature à rendre de vrais services aux
familles et aux Églises.
Quoique j'aie évité les articles de dogmatique
proprement dits, on s'apercevra aisément, et je ne m'en suis point caché, que
mes convictions sont celles qu'on connaît généralement sous le nom
d'orthodoxes, ou évangéliques. J'en bénis Dieu. Mais je ne le bénirais pas si,
sous un rapport quelconque, j'étais un homme de parti; c'est là une première
réserve. Je n'aime pas les partis, et je n'ai jamais su m'affilier à aucun; ils
sont presque toujours faux, et les partisans risquent d'aliéner, entre les
mains de leurs chefs, leurs doctrines, leur responsabilité, et leur
spontanéité. Les partis creusent la tombe de l'Église, parce que l'Église ne
vit que d'amour, les partis que de haine. — Je suis orthodoxe, mais je ne le
suis que sous bénéfice d'inventaire; c'est ma seconde réserve; on la trouvera
très simple, parce qu'elle ressort de l'idée même du protestantisme, mais
aujourd'hui ce qui est simple et logique n'est guère à l'ordre du jour. Toutes
les fois donc que, dans les 1200 pages de ce livre, je suivrai la route
(d'autres diraient la routine) orthodoxe, je le ferai non point par devoir, ou
comme un parti pris d'avance, mais par conviction personnelle et réfléchie,
qu'il s'agisse d'une question d'authenticité, d'un miracle, ou d'une
interprétation. — Enfin, et c'est ma troisième réserve, si pour moi
l'orthodoxie est essentielle à la vie, elle n'est cependant point la vie. C'est
sur ce point surtout que J'abonde dans le sens de cette vieille et vraie
brochure de mon père: Christianisme et Théologie, dont l'apparition a fait tant
de bruit et suscité tant de clameurs.
J'ai eu le temps de contracter bien des obligations
depuis que j'ai mis la main à l'œuvre, et je saisis avec joie l'occasion de
remercier ici collectivement les nombreux amis, connus et inconnus, qui m'ont
aidé, les uns de leur collaboration, les autres par l'appui chaleureux et
sympathique de lettres affectueuses auxquelles je n'ai pu répondre toujours,
mais que je conserve comme un des plus doux souvenirs qui me restent de mon
travail. Je dois en particulier des remerciements à mon collègue et ami M. le
pasteur Bastie, qui a bien voulu se charger de revoir la plus grande partie de
mon manuscrit; à M. Marc Ducloux dont le désintéressement a assuré la
publication de cet ouvrage, et dont l'intelligente activité a su tenir plus
encore qu'il n'avait promis; à M. Juste Olivier, enfin, l'ancien professeur de
l'académie de Lausanne, le poète populaire qui, lorsqu'il chantait:
Il est doux, il est doux d'avoir une patrie,
Des montagnes, des bois, un lac, un fleuve à soi,
Vignes, vergers, champs d'or, fraîche et verte
prairie,
Un cimetière en fleur, un autel pour sa foi!
O qu'il est donc amer d'errer à l'aventure,
Privé de tous ces biens!...
ne se doutait pas et ne pouvait guère se douter, qu'un
jour ces paroles de l'exilé seraient les siennes, et qu'il ne pourrait plus
chanter que de loin cette belle patrie où Dieu l'avait fait naître, et où ses
compatriotes s'étaient habitués à voir en lui le chantre et l'historien naturel
de leur nationalité.
Les circonstances, en le portant ailleurs, m'ont
favorisé d'une collaboration qui m'a été d'autant plus précieuse qu'elle avait
pour objet un travail minutieux et pénible, la surveillance et la vérification
de détails que l'auteur est, moins que personne, à même de faire d'une manière
convenable, et qui n'en exige pas moins tous les efforts d'une intelligence
attentive et clairvoyante. M. Olivier a ainsi contrôlé, la Bible sous les yeux,
toute cette multitude de chiffres qui y renvoient, afin de s'assurer que sur ce
point capital, où, avec mon système de notation abrégée, le moindre faux trait
de lettre ou de plume pouvait entraîner aisément et bientôt multiplier de
graves erreurs, les épreuves n'en laisseraient pas subsister. Le lecteur peut
donc avoir à cet égard une sécurité qui, surtout dans les ouvrages du genre du
mien, est une chose assez rare en typographie, pour qu'il soit juste de la
mentionner ici. — Deux ou trois passages, sur lesquels il y avait eu un
malentendu, ont été rétablis dans le supplément.
Je m'arrête. Cependant encore un mot, un mot pour moi
plus que pour le lecteur. Après dix années d'un travail pénible que
n'encourageait pas même la perspective d'un heureux dénouement, il m'est permis
d'être ému lorsque je vois enfin tous les obstacles aplanis, et cette
entreprise, peu considérable pour d'autres, mais très importante pour moi, bien
grande en comparaison de mes faibles forces, se réaliser au gré de mes désirs
et au-delà de tout ce que j'eusse pu espérer. Pour la première fois depuis dix
ans, je puis respirer à pleins poumons l'air pur de la campagne, et voir une
amie dans cette reine des nuits qui s'incline à l'horizon, saluer avec joie ces
premiers feux du jour qui tant de fois m'ont surpris dans un travail angoissé,
qui me trouvent aujourd'hui traçant ces dernières lignes, le cœur plein de joie
et de reconnaissance pour ce Dieu fidèle et bon qui seul m'a soutenu et
conduit. J'ai fait une fois de plus la douce expérience de sa fidélité; j'ai
compris une fois de plus qu'il vaut mieux se reposer sur l'Éternel que sur les
principaux d'entre les hommes. C'est pour Lui que j'ai travaillé; c'est entre
ses mains aussi que je remets avec confiance l'avenir de ce travail, le
suppliant de le bénir pour l'Église comme il l'a béni pour moi-même.
Templeux-le-Guérard, le 3 juillet 1849, au matin.
J.-Aug. Bost.
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Dictionnaire de la
Bible J.-A. Bost 1849-A
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AARON,
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Lévite, fils ou descendant de Hamram et de Jokébed,
frère aîné de Moïse et cadet de Marie, Exode 6:20 Nombres 26:59, naquit en
Égypte l'an du monde 2430, une année avant la loi cruelle qui ordonnait la
destruction des enfants mâles des Hébreux. Il épousa Élisébah, qui lui enfanta
quatre fils, Nadab, Abihu, Éléazar et Ithamar. On a fort peu de détails sur ses
premières années, et c'est à l'âge de 83 ans seulement que commence pour nous
son histoire. Doué d'une grande éloquence naturelle, il fut donné à Moïse pour
porter la parole soit devant Pharaon, soit devant le peuple d'Israël, Exode
4:14-16. Il annonce à ses malheureux compatriotes les desseins de Dieu à leur
égard; il leur promet une prompte délivrance, et dénonce au roi d'Égypte les
châtiments qui l'attendent s'il refuse de se soumettre à la volonté de
l'Éternel. Bientôt les deux frères accomplissent leurs menaces, et le peuple,
délivré de la servitude, traverse la mer Rouge et s'avance dans le désert. Là,
deux mois après, les Hébreux sont attaqués par les Hamalécites; Moïse monte sur
une colline et prie: la victoire est au peuple qu'il conduit, aussi longtemps
qu'il étend les mains vers le ciel. Mais Moïse est vieux, ses mains sont
devenues pesantes, et Aaron son frère, ainsi qu'un autre ami, le soutiennent
dans l'attitude de la prière, pendant que Josué combat dans la plaine, Exode
17:12. Après la promulgation de la loi, Aaron, suivi de ses deux fils aînés et
de soixante-dix anciens d'Israël, accompagne Moïse sur le Sinaï. Il s'arrête en
chemin avec ses amis; mais il peut voir de près et sans en éprouver aucun
dommage, les signes glorieux par lesquels l'Éternel manifeste sa présence à
Moïse 24:1-2,9-11. Peu après, Aaron est choisi pour exercer, lui et sa
postérité, la sacrificature jusqu'à la venue du Messie promis, 29:1 et
suivants. À peine est-il revêtu de cet honneur insigne, qu'il fait la chute la
plus grave. Sollicité par le peuple de lui faire des dieux pour le conduire à
la place de ce Moïse qui ne revient pas, il rassemble tous les bijoux d'or et
d'argent qu'il peut trouver (peut-être pour détourner Israël de l'idolâtrie, en
lui demandant d'immenses sacrifices), et en fait un veau d'or, à l'imitation du
bœuf Apis, que les Égyptiens adoraient; il fait placer l'idole sur un piédestal
et proclame une fête à l'Éternel. Triste mélange de judaïsme et de paganisme,
condescendance d'autant plus dangereuse qu'elle semblait vouloir conserver le
vrai culte avec les cérémonies païennes! Moïse revient, qui censure avec force
son coupable frère. Aaron cherche d'abord à s'excuser; mais bientôt il
s'humilie, et Dieu lui pardonne. Environ deux mois après, il est revêtu des
ornements sacerdotaux, ainsi que ses quatre fils, et Moïse les consacre par des
purifications, par l'onction sainte et par des sacrifices, Lévitique 8.
Aussitôt Aaron offre un holocauste pour la congrégation d'Israël, et pendant
qu'il bénit l'assemblée, le feu du ciel descend et consume le sacrifice
(chapitre 9). Après cela, au mépris de l'ordonnance divine, les deux fils aînés
d'Aaron, Nadab et Abihu, voulant offrir le parfum, prennent ailleurs que sur
l'autel d'airain le feu dont ils remplissent leurs encensoirs et sont consumés
par l'Éternel. Aaron supporte avec résignation ce coup terrible, mais juste; ni
lui ni ses fils ne prennent le deuil de ces rebelles: cependant ils ne mangent
point les restes de la victime qui avait été offerte en propitiation pour les
péchés du peuple, et comme Moïse, irrité, leur reproche d'avoir ainsi violé la
loi de l'Éternel, Aaron justifie ses enfants, rappelle la brèche qui a été faite
dans sa famille, et demande si dans cette circonstance douloureuse ils auraient
pu se réjouir par un festin (chapitre 10). Une année s'était à peine écoulée,
que Aaron et Marie, jaloux de l'autorité qu'exerçait Moïse, lui reprochèrent
durement son mariage avec une Éthiopienne. Aaron, dont la présence au
tabernacle était journellement nécessaire (et qui peut-être était moins
coupable), ne reçut aucun châtiment de son insubordination; mais Marie fut
frappée de la lèpre. Le souverain sacrificateur reconnut aussitôt la faute
qu'il avait commise, il demanda son pardon et celui de sa sœur, implorant avec
instance la guérison de cette dernière, Nombres 12. Quelque temps après, Coré
et ses complices portant à leur tour envie au souverain sacrificateur, voulurent
s'ingérer dans les fonctions du sacerdoce. Le Seigneur ayant détruit
miraculeusement ces rebelles, le peuple s'éleva contre les deux frères comme
s'ils eussent été les meurtriers de Coré et des siens; mais le châtiment ne se
fit pas attendre, et l'Éternel envoya sur eux un fléau qui menaça de détruire
la congrégation toute entière. Aaron, dont les prières avaient déjà arrêté le
bras de Dieu lorsqu'il frappait les premiers coupables, sauva encore, au péril
de sa vie, ses frères si ingrats et si injustes envers lui. Il court entre les
vivants et les morts, l'encensoir à la main; il fait propitiation pour leurs
péchés, et le fléau s'arrête. En récompense de sa charité, et pour couper court
à toute contestation future sur les fonctions sacerdotales, Dieu confirme Aaron
dans son office, en faisant fleurir la branche d'amandier qu'il avait déposée
dans le tabernacle, tandis que celles qu'y avaient placées les onze autres
tribus demeurèrent sèches et stériles, Nombres 16 et 17.
Il n'est plus reparlé d'Aaron jusqu'à la journée de
Méribah, en laquelle lui et Moïse péchèrent par un manque de confiance en
l'Éternel. Pour punir cette offense et pour montrer que la sacrificature
lévitique n'était pas capable d'introduire les hommes dans l'héritage céleste,
Dieu déclara qu'Aaron n'entrerait pas dans la terre promise. Aussi, bientôt,
pendant le campement de Motséra, Aaron, sur l'ordre de Dieu, monta sur le mont
Hor, où Moïse le dépouilla de ses vêtements sacerdotaux, dont il revêtit son
fils Éléazar; puis il mourut âgé de cent vingt-trois ans. Son fils et son frère
l'ensevelirent dans une grotte, et le peuple mena deuil pendant trente jours;
Nombres 10. Deutéronome 10:6. Sa postérité reçut le nom de Aaronites, et devint
si nombreuse que treize villes lui furent données en héritage dans les tribus
de Juda et de Benjamin. 1 Chroniques 12:27; 6:54-60; Josué 21:13-19. Le nom
d'Aaron accompagne presque toujours les mentions qui sont faites de sa race
dans l'Écriture; il se trouve encore cité Josué 24:5; 1 Samuel 12:6; Psaumes
77:21; 99:6; 105:26; 118:3; 133:2; Michée 6:4; Actes 7:40; Hébreux 5:4; 7:11;
9:4.
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AB,
un des mois de l'année juive; il ne se trouve pas dans
la Bible,
— Voir: Mois.
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ABADDON
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(destruction), nom hébreu de celui qui est aussi
appelé Apollyon (grec, destructeur). C'est l'ange de l'abîme, le roi des
sauterelles, Apocalypse 9:11. Il semblerait que son nom nous soit donné en
hébreu et en grec pour indiquer qu'il étendra ses ravages sur les Juifs et sur
les Gentils.
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ABANA et Parpar,
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deux rivières ou fleuves de Syrie, que Naaman le
lépreux estimait plus propres à le guérir que toutes les eaux d'Israël, 2 Rois
5:12. Abana est probablement le Barrady ou Chrysorrhoas qui, venant du Liban,
coule doucement vers le sud, et après un cours de quelques lieues, se divise en
trois branches; la plus considérable, celle du milieu, traverse la ville de
Damas, les deux autres l'entourent et en fertilisent les magnifiques jardins.
Ces trois rivières se réunissent de nouveau vers le sud et vont, après un cours
d'environ 22 kilomètres, se perdre dans les sables du désert. Maundrel et Benjamin
de Tudéla pensent que le bras du fleuve qui traverse la ville est l'Abana, et
que les deux bras qui parcourent les jardins portaient l'un et l'autre le nom
de Parpar; cependant il est plus probable qu'il faut entendre par ce dernier
l'Orontes, la plus considérable des rivières de Syrie, qui, prenant sa source
un peu au nord ou nord-est de Damas, coule à travers une plaine délicieuse,
passe à Antioche, et après un cours nord-ouest d'environ 300 kilomètres, va se
jeter dans la Méditerranée.
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ABARIM
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(les passages), nom d'une chaîne de montagnes
rocailleuses qui s'étendent à l'est de la mer Morte, au sud et au nord de
l'Arnon, entre le grand désert et le plateau habité par les Moabites. Elles
portent aujourd'hui les noms de Orokarayeh, Tarfouyeh et Ghoweytheh. Les
Israélites, en venant du sud, sous la conduite de Moïse, longèrent d'abord la
partie méridionale de cette chaîne de montagnes, qu'ils laissèrent à gauche,
passèrent le Zéred et l'Arnon, qui partagent ces montagnes dans la direction de
l'est à l'ouest, et vinrent camper dans la partie septentrionale de ces monts,
au pied du Nébo. Cf. Nombres 21:11-13; 33:44-47; Deutéronome 2:18,24; Juges
11:18, et articles Nébo, Pisga et Péhor.
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ABBA
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(syr., père). Plusieurs mots hébreux ont été conservés
par les auteurs du Nouveau Testament, quoiqu'ils écrivissent en grec; tels sont
Abba, Hosanna, Jéhovah, Sabbat, Alléluia, etc.: d'où l'on peut conclure que ces
mots exprimaient des idées difficiles à rendre dans une autre langue. C'est
ainsi que le mot Abba ne répond pas simplement à l'idée de père, mais il
renferme encore ce quelque chose de tendre et de familier qui se trouve dans
l'expression d'amour et de confiance d'un petit enfant envers ses parents. Au
plus fort de ses souffrances en Gethsémané, notre Sauveur s'adresse au Père en
l'appelant Abba, Père, Marc 14:36. Et saint Paul voulant faire comprendre aux Romains
les glorieux privilèges qui sont attachés à leur nouvelle qualité de membres de
l'Église chrétienne, leur dit qu'ils ont reçu l'esprit d'adoption par lequel
ils crient «Abba, Père», c'est-à-dire qu'ils sont avec lui dans les relations
les plus intimes; Romains 8:15; cf. Galates 4:6.
— On a fait la remarque bien juste que dans toutes les
langues les premiers bégaiements des enfants ont une étonnante ressemblance
avec l'Abba des Hébreux.
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ABDIAS
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(serviteur de l'Éternel) (avant J.-C. 904).
1. Intendant
d'Achab roi d'Israël, au temps d'Élie. Pendant que la méchante Jézabel
exterminait les prophètes, cet homme pieux préserva de la mort cent d'entre
eux, qu'il cacha dans deux cavernes et qu'il nourrit secrètement aussi
longtemps que dura la persécution. Plus tard, il entra comme serviteur dans la
maison d'Achab, qui lui accorda, sinon son affection, du moins sa confiance.
Pendant que la famine prédite par Élie désolait le pays, Abdias fut envoyé par
son maître pour chercher auprès des sources et des fontaines un peu d'herbe
pour les chevaux du roi. Dans une de ses courses il rencontra Élie, qui voulut
l'envoyer auprès d'Achab pour lui annoncer son arrivée. Abdias craignant que, pendant
qu'il ferait son message, Élie ne fût transporté ailleurs, et lui-même mis à
mort pour avoir trompé ce roi cruel, hésita d'abord à se charger d'une mission
aussi dangereuse; mais le prophète l'ayant rassuré, Abdias se rendit auprès
d'Achab et lui raconta son entrevue. Cet homme fut sans doute un des 7,000 qui
ne fléchirent point le genou devant Bahal; mais on n'a pas d'autres détails sur
sa vie. Quelques-uns l'identifient avec celui des petits prophètes qui porte ce
nom; d'autres ajoutent qu'il était l'époux de la Sunamite chez laquelle logeait
Élisée, et que c'est lui qui fut le troisième centenier envoyé par Achazia pour
se saisir d'Élie au mont Carmel; mais ces traditions ne reposent sur aucun
fondement solide.
2. Abdias,
le quatrième des petits prophètes, et l'auteur du livre le plus court de
l'Ancien Testament. Son nom revient fréquemment dans les Chroniques, mais avec
des détails trop vagues pour que l'on puisse y reconnaître le prophète. On ne
sait rien de sa famille ni de son histoire; l'époque même à laquelle il vécut
est incertaine. On s'accorde généralement à penser qu'il prophétisa entre la
prise de Jérusalem (587 avant J.-C.) et la destruction des Iduméens par
Nébucadnetsar (583). Il aurait donc été contemporain de Jérémie, qui semble avoir
répété et reproduit une partie de ses prophéties; cf. Jérémie 49:14-16,7-10; et
Abdias 1-9.
— Les seize premiers versets annoncent la destruction
des Édomites, à cause de leur orgueil, de la joie maligne qu'ils témoignèrent
lors de la chute de Jérusalem, et de leur lâcheté à augmenter les malheurs des
vaincus en cherchant à en faire leur profit. Depuis le verset 17, le prophète
annonce le rétablissement d'Israël et le relèvement de Jacob. Luther fait
remarquer que ce livre est particulièrement consolant pour ceux qui ont, comme
les Israélites, à gémir de la haine ou des insultes de leurs proches. Les
oracles d'Abdias s'accomplirent probablement en partie sous Nébucadnetsar qui,
cinq ans environ après la prise de Jérusalem, se leva contre les nations limitrophes
de la Judée; en partie sous les Maccabées.
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ABED-NÉGO ou Habed-Négo,
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(606 avant J.-C.) ou Habed-Négo, nom chaldéen que
l'officier du roi de Babylone donna à Hazaria, l'un des trois compagnons de
Daniel, Daniel 1:7. Ce nom signifie serviteur de Négo, le soleil, ou l'étoile
du matin, ainsi nommée à cause de son éclat (hébreu nagah, briller). Négo
(négro): signifie: celui qui est brûlé, le noir, le brillant, un des noms de Nimrod,
fondateur de Babylone. Jeune encore il fut transporté à Babylone avec Daniel,
Hanania et Misaël, et tous les quatre, à la cour du grand roi, préférèrent
l'abstinence et le jeûne aux repas somptueux qu'on leur destinait. Ils vécurent
ainsi trois ans, et crûrent en beauté extérieure et en sagesse; leur science
fit leur renommée, et sur la recommandation de Daniel, ses trois jeunes
compagnons furent établis gouverneurs de Babylone, Daniel 2:49. De pareils
succès firent des jaloux, et lorsque Nébucadnetsar eut élevé dans la plaine de
Dura la haute statue que tous les grands seigneurs devaient adorer, Daniel 3,
on accusa Sadrac, Mésac, et Abed-Négo de ne s'être point prosternés. Sur leur
refus réitéré de le faire, ils furent jetés dans une fournaise si ardente que
leurs bourreaux en furent consumés; mais eux n'en reçurent aucun mal, selon
qu'ils l'avaient annoncé au roi idolâtre: «Voici, notre Dieu peut nous
délivrer, et il nous délivrera de ta main.» Nébucadnetsar, confondu en voyant
les trois condamnés se promener au milieu des flammes avec un quatrième
personnage semblable à un fils de Dieu, les appela hors de la fournaise: pas un
de leurs cheveux n'était brûlé, leurs vêtements n'étaient point changés, et
l'odeur du feu n'avait pas même passé sur eux. Une si éclatante délivrance
augmenta le crédit dont ils jouissaient, et confondit leurs ennemis.
Le mot de Nébucadnetsar: «La forme du quatrième est
semblable à un fils de Dieu», (la bonne traduction est: «semblable au Fils de
Dieu»), prouve que les nations païennes d'alors, surtout celles qui se
trouvaient en rapport avec les Juifs, n'ignoraient pas les promesses relatives
au Messie. Quelle vive représentation n'avons-nous pas d'ailleurs ici, de ce
salut accompli par le Fils de Dieu! Il a pris la forme d'un serviteur, il a
marché dans la fournaise ardente de la colère de Dieu, et il en délivre les
membres de son Église, sans que même une étincelle puisse les atteindre.
— Le commencement du verset Hébreux 11:34 est très
probablement une allusion à la conservation miraculeuse de ces trois jeunes
fidèles.
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ABEILLES.
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Elles ont toujours été et sont encore très nombreuses
en Orient. On en élève beaucoup dans des ruches; les forêts et les campagnes
sont remplies d'abeilles sauvages. Le pays de Canaan était particulièrement
riche sous ce rapport, de sorte que la dénomination de pays découlant de miel,
serait presque littéralement exacte; car les abeilles sauvages s'établissent
dans les fentes des rochers, sur les buissons, sur les arbres, dans tous les
trous ou ouvertures qui leur conviennent, pour y construire leurs rayons, et la
grande chaleur de ces contrées fait fondre et répand tout à l'entour le miel
renfermé dans leurs cellules.
— Voir: Miel.
Juges 14:8, nos traductions parlent d'abeilles
établies dans la charogne d'un lion: il faut lire «dans la carcasse», car les
abeilles fuient toute odeur forte, et notamment toute odeur de putréfaction;
mais elles se plaisent à bâtir leurs rayons dans les carcasses desséchées et
décharnées des animaux, qui sont pour elles des ruches commodes et toutes
faites.
Il suit de Ésaïe 7:18 et suivant qu'on avait alors
déjà des abeilles en ruches; car ce passage contient une allusion à la coutume
de faire sortir les abeilles pour les envoyer dans les champs, et de les
rappeler à l'approche d'un orage ou à la chute du jour, ce qu'on faisait en
sifflant. C'est ainsi que l'Éternel menace de réunir les ennemis de Juda de
tous les côtés, quelque éloignés qu'ils puissent être, et d'en composer une
armée formidable, acharnée, irrésistible. Les abeilles, en Orient, surtout les
abeilles sauvages, sont beaucoup plus irascibles que chez nous; leur piqûre est
plus brûlante et plus dangereuse, et l'Écriture sainte tire souvent ses
comparaisons des abeilles pour désigner des armées ennemies. Moïse, Deutéronome
1:44, compare aux abeilles les Amorrhéens, le plus acharné de tous les peuples
cananéens contre les Israélites, qu'il attaquait avec fureur et sans relâche,
— Voir: aussi Psaumes 118:12.
L'abeille était au nombre des animaux déclarés impurs
par la loi cérémonielle. Lévitique 11:20,23.
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ABEL,
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Genèse 4, le second fils du premier couple humain,
naquit probablement la 2e ou 3e année du monde; d'autres disent la 15e et même
la 30e année; on ne possède aucune donnée sur ces dates. Certains commentateurs
ont examiné la question de savoir si Caïn et Abel étaient frères jumeaux (c'est
entre autres l'opinion de Calvin), ou si étant nés en des années différentes,
ils ont eu chacun une sœur jumelle, questions qui n'ont évidemment aucune
importance.
— Ses parents le nommèrent Abel (hébreu habél),
c'est-à-dire vanité, peut-être pour marquer leur conviction que depuis la chute
toutes les jouissances terrestres n'étaient que passagères. Entre «les diverses
manières dont Dieu a parlé à nos pères par les prophètes», Hébreux 1:1, les
noms prophétiques donnés à certains hommes par inspiration ne sont pas une des moins
remarquables. (Abel: littéralement Abba-El ou Dieu le Père, avec la notion
d'être insignifiant.)
— Abel fut le premier sur lequel s'exécuta cette
sentence de malédiction: «Tu es poudre, et tu retourneras en poudre»; il est
aussi le premier que l'on puisse citer à l'appui de la déclaration du
Psalmiste: «Certainement l'homme se promène parmi ce qui n'a que l'apparence;
ce n'est que pure vanité de tout homme, quoiqu'il soit debout» Psaumes 39:5-6.
— Abel était berger et Caïn laboureur; c'était
l'accomplissement de cette autre partie de la malédiction: «Tu mangeras ton
pain à la sueur de ton visage.» Bien qu'héritiers de l'empire du monde, ils
devaient gagner leur subsistance par le travail. (Ëtre berger signifie aussi
«être pasteur» et prendre soin des brebis du Seigneur. Il est fort possible que
cela était le rôle primordial d'Abel dans cette période obscure de la
pré-histoire.)
— L'auteur inspiré décrit en peu de mots, mais d'une
manière bien propre à fixer l'attention, le culte qu'ils rendaient à l'Éternel.
«Or, il arriva qu'au bout de quelque temps... Abel offrit des premiers-nés de
son troupeau et de leur graisse. «Ce passage, rapproché de Hébreux 11:4, montre
en quoi consistait l'adoration des premiers temps. Plein de foi dans le Messie
promis, dans cette postérité de la femme qui devait détruire les œuvres du
diable, Abel offrit son oblation. Ces deux circonstances, le choix qu'il fit
dans son troupeau (les premiers-nés), et la partie de l'animal dont il composa
surtout son offrande, montrent l'idée relevée qu'il se faisait de celui auquel
il regardait par la foi; ce sacrifice offert à Dieu était l'ombre ou la
représentation des souffrances et de la mort de Christ pour les coupables. Dieu
eut égard à Abel et à son oblation. Pourquoi? Quelques commentateurs ont mis en
avant diverses conjectures, et ont vu soit dans la composition, soit dans la
nature même des sacrifices, le motif de la différence que Dieu fit entre celui
d'Abel et celui de Caïn. La meilleure réponse à cette question se trouve dans
le passage déjà cité, Hébreux 11:4. L'offrande d'Abel fut plus agréable que
celle de Caïn, parce qu'il l'offrit avec foi. La manière dont Dieu manifesta sa
préférence pour Abel n'est pas indiquée; on ne sait pas si le feu du ciel
consuma son offrande, s'il y eut vision ou simple révélation intérieure. Quoi
qu'il en soit, Caïn, jaloux et irrité, fut rempli de cette haine que l'Apôtre
décrit avec tant de force, Jean 8:44 et 1 Jean 3:12. Abel fut le premier martyr
de sa foi, et cette histoire des premiers frères ennemis est demeurée dans tous
les âges comme un exemple terrible des résultats auxquels peuvent conduire
l'envie et la colère.
Abel, quoique mort, parle encore; il est mis au nombre
de ceux qui obtinrent un bon témoignage par la foi, de ceux dont nous devons
imiter la foi et la patience. Il est mort victime du malin, et type de celui
qui a souffert par excellence. Le sang de l'aspersion prononce de meilleures
choses que celui d'Abel, Hébreux 12:24; celui-ci criait vengeance, celui de
Christ apporte la paix; mais si le sang d'Abel fut vengé jusqu'à sept fois sur
Caïn, combien le sang de Christ ne pèsera-t-il pas avec plus de force sur ceux
qui le crucifièrent? Et si le sang d'Abel le juste a été redemandé à la
génération qui rejeta le Seigneur, Matthieu 23:34-38, quels terribles
châtiments ne sont pas réservés à ceux qui ont immolé tant de martyrs à leur
haine pour le Juste, Jacques 5:6. Jésus, l'anti-type d'Abel, le chef et le
sauveur des martyrs. Cf. Apocalypse 1:5, etc.
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ABEL
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(prairie, plaine, et deuil), nom propre de plusieurs
villes ou places de la Palestine, ordinairement accompagnées d'une épithète.
— Abel-Beth-Mahaca (ou Abel-Majim, plaine des eaux, 2
Chroniques 16:4) ville forte et assez considérable, située vers la partie
méridionale du mont Liban, au nord du lac Mérom, aux environs de Dan, de Hatsor
et de Kédès; elle appartenait probablement à la tribu de Nephthali. Sébah, fils
de Bicri, s'y réfugia, lorsqu'il était poursuivi par les troupes de David.
D'après les conseils d'une femme prudente, et pour échapper au siège terrible
dont Joab les menaçait, les habitants firent périr le rebelle et jetèrent sa
tête hors de la ville par-dessus la muraille, 2 Samuel 20:14-18.
— Environ 80 ans après, Ben-Hadad, roi de Syrie, prit
cette place et la dévasta, 1 Rois 15:20. Deux siècles plus tard Tiglath-Piléser
s'en empara de même, et en transporta les habitants captifs en Assyrie, 2 Rois
15:29. Cette ville fut rebâtie par la suite, et devint le chef-lieu de
l'Abilène.
— Voir: Mahaca.
— Abel-Kéramim (plaine des vignes), bourg situé à
l'est du Jourdain, à 10 kilomètres de Rabbath, capitale des Ammonites. C'est
jusque-là que Jephthé poursuivit ses ennemis vaincus, Juges 11:33.
— Abel-Méholah (plaine de la danse), ville de la tribu
d'Issachar, à 25 kilomètres environ au sud de Beth-Séan, 1 Rois 4:12; ce fut
près de là que Gédéon défit miraculeusement les Madianites, Juges 7:22. La
principale gloire de cette localité est d'avoir été la patrie du prophète
Élisée, 1 Rois 19:16.
— Abel-Mitsraïm (deuil des Égyptiens), aussi nommé
l'Aire-d'Atad, Genèse 50:10-11. Ce fut là que les Égyptiens firent le deuil de
Jacob, lorsqu'on transporta son corps à Macpélah. Selon saint Jérôme, c'est le
même endroit près de Jérico, à 3 ou 4 kilomètres du Jourdain, qui, plus tard,
reçut le nom de Beth-Agla.
— Abel-Sittim (plaine des acacias), à 14 kilomètres
est du Jourdain, vis-à-vis de Jérico, dans le pays de Moab et près du mont
Péhor. Cette ville s'appelle quelquefois simplement Sittim, Nombres 25:1; Josué
3:1. C'est là que les Hébreux campèrent peu avant la mort de Moïse; ils y
tombèrent dans l'idolâtrie et dans la souillure par la séduction des Moabites,
et surtout par celle des femmes madianites. Punis par la mort de 24,000 d'entre
eux en un seul jour, leurs lamentations firent peut-être donner à cet endroit
le nom d'Abel, qui signifierait alors deuil de Sittim, Nombres 33:48-49.
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ABI
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(mon père).
1. Fille
de Zacharie, épouse d'Achaz, et mère d'Ézéchias, 2 Rois 18:2; elle s'appelle
Abija, 2 Chroniques 29:1.
2. Surnom
de Hiram, q. y.
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ABIA,
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— Voir: Abija.
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ABIASAPH
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(un père consumant), fils ou petit-fils de Coré, Exode
6,24; 1 Chroniques 6:23.
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ABIATHAR
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(père excellent), le dixième des souverains
sacrificateurs depuis Aaron, et le quatrième depuis Héli. Quand Saül, à Nob,
fit mourir Ahimélec son père et les autres sacrificateurs, Abiathar échappa
seul et s'enfuit au désert auprès de David, 1 Samuel 22. Il emporta l'Éphod
avec lui dans sa fuite, et put servir de sacrificateur à l'armée de David; nous
le voyons en effet consulter l'Éternel à Kéhila et à Tsiklag, 1 Samuel 23:9;
30:7. Pendant ce temps Saül, en haine d'Ahimélec qu'il croyait avoir trahi ses
intérêts, avait conféré le sacerdoce à Tsadoc, de la branche d'Éléazar; lorsque
David monta sur le trône il ne renversa point Tsadoc, mais il lui adjoignit
Abiathar qu'il voulait récompenser de sa fidélité, 2 Samuel 20:25: il y eut
donc deux sacrificateurs tout le temps de son règne. Abiathar présida aux
cérémonies qui accompagnèrent le retour de l'arche, demeurée jusqu'alors chez
Hobed-Édom, 15:24; il resta fidèle à David pendant la révolte d'Absalon, 15:35;
17:15, calma les esprits après que les troubles eurent cessé, 19:11; puis, par
une triste et inconcevable contradiction, se joignit au parti du conspirateur
Adonija, 1 Rois 1:7, et trahit dans sa vieillesse son vieil ami, son vieux roi.
David ne le punit point lui-même, mais Salomon, tout en lui taisant grâce de la
vie, le priva de son office et le relégua à Hanathoth, 2:26-27. C'est ainsi que
la famille d'Héli se vit à jamais exclue du souverain sacerdoce, comme Dieu le
lui avait annoncé, 1 Samuel 2:30-31,36. La sacrificature rentra dès-lors dans
la famille d'Éléazar, fils aîné d'Aaron, dont elle était sortie pour passer par
Héli dans la branche d'Ithamar.
Le nom d'Abimélec, 1 Chroniques 18:16, et celui
d'Ahimélec, 2 Samuel 8:17, désignent dans ces deux passages le fils d'Abiathar,
et non son père. Cela peut s'expliquer ou par une transposition du copiste, ou
par le fait assez probable que le père et le fils auraient eu l'un et l'autre
le double nom d'Abiathar et d'Ahimélec. (Dans le passage des Chroniques, il est
possible encore qu'il faille lire Ahimélec au lieu de Abimélec.) Le nom
d'Abiathar, Marc 2:26; cf. 1 Samuel 21:1, désignerait alors son père; mais il
pourrait cependant aussi se rapporter au fils, car il est certain qu'il vivait
alors, et son nom se trouverait là comme indication de l'époque (au temps
d'Abiathar), parce qu'il était plus connu que son père.
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ABIB ou Nisan,
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(ou Nisan, Néhémie 2:1; Esther 3:7), premier mois de
l'année religieuse, et 7e de l'année civile des Juifs; il était de trente jours
et correspondait à notre mois de mars (fin de mars et commencement d'avril). Ce
mot signifie «fruit mûr ou mûrissant»; nos versions le traduisent par «au mois
que les épis mûrissent», Exode 13:4; 23:15; Deutéronome 16:1. C'est dans ce
mois que les Juifs commençaient leurs moissons: le 10e jour on mettait à part
l'agneau de Pâque, le 14e on le mangeait; pendant les sept jours suivants on
observait les pains sans levain, et le dernier de ces sept jours avait lieu une
convocation solennelle, Exode 12 et 13. Le 15 du mois ils cueillaient la gerbe
des prémices de l'orge, et ils l'offraient le lendemain, après quoi ils
pouvaient commencer la moisson, Lévitique 23:14. Le 29, ils demandaient, par
des prières publiques, les pluies de l'arrière-saison.
— Les Juifs modernes observent encore plusieurs jeûnes
pendant ce mois: le 1er pour la mort de Nadab et d'Abihu, le 10 pour la mort de
Marie, sœur de Moïse, et le 27 pour la mort de Josué.
— Voir: Année, Mois, etc.
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ABIDAN,
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chef de la tribu de Benjamin dans le désert, Nombres
1:11.
— Voir: Tribu.
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ABIEL
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(mon père est Dieu), 1 Samuel 9:1, appelé aussi
Jéhiel, 1 Chroniques 9:35-36; père de Kis et de Ner, grand-père de Saül.
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ABIGAÏL
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(joie de mon père), femme de bon sens et belle de
visage, 1 Samuel 25:3, ayant appris la manière dont le riche Nabal, son époux,
avait traité les serviteurs de David en fuite qui, à l'époque de la tonte des
brebis, étaient venus lui demander quelques provisions pour leur maître, se
hâta de réparer le mal que Nabal avait fait. Elle se rappelait que David avait
protégé dans le désert de Paran et sur le Carmel de Juda les troupeaux de son
mari; elle savait d'ailleurs que David était assez fort pour châtier
l'insolence de Nabal: sans consulter personne elle fait une ample provision de
vivres, qu'elle met sur des ânes, et descend, accompagnée de quelques
serviteurs, à la rencontre de David qui s'approchait. Ses présents et ses
paroles pleines de sagesse lui gagnèrent l'estime de David, qui consentit à
pardonner à Nabal. Heureuse de ce qu'elle avait fait, Abigaïl retourna sur la
montagne auprès de son mari, et lui raconta le lendemain le danger dont elle
l'avait préservé. Peu de jours après Nabal étant mort, elle épousa David, le
suivit à Gath, 27:3, fut prise à Tsiklag, resta prisonnière jusqu'après la
victoire de David sur les Hamalécites, 30:5,18; et le suivit à Hébron, 2 Samuel
2:2. Elle n'eut de David qu'un seul fils, nommé Kiléab, 2 Samuel 2:3, et Daniel
1 Chroniques 3:1.
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ABIHAÏL
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(la force de mon père).
1. Fils
de Huri et père de Micaël, Messulam et quelques autres, 1 Chroniques 5:14.
2. Père
de Zariel de la famille de Mérari. Nombres 3:35.
3. Père
d'Ester et oncle de Mardochée, Esther 2:15; 9:29.
4. Fille
d'Éliab, frère de David, et femme de Roboam roi de Juda, 2 Chroniques 11:18.
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ABIHALBON
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(père d'intelligence), natif d'Arbath, un des
vaillants guerriers de David, 2 Samuel 23:31.
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ABIHU
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(mon père lui-même) fils d'Aaron le souverain
sacrificateur, et d'Élisébah, Exode 6:23, fut consumé avec son frère Nadab par
le feu de l'Éternel (la foudre ou une flamme sortie de l'autel?), parce qu'ils
avaient offert l'encens avec du feu pris ailleurs que sur l'autel des
holocaustes (1490 avant J.-C.);
— Voir: l'article Autel.
Cet événement terrible et souvent rappelé, Lévitique
10:1; 16:1. Nombres 3:4; 26:61; 1 Chroniques 24:2, eut lieu peu de jours après
la dédicace du tabernacle et la consécration d'Aaron et de ses fils, peu de
jours après qu'ils eurent été admis à l'insigne faveur de voir le Dieu
d'Israël, Exode 24:9-10. De la défense qui est faite immédiatement après aux
sacrificateurs de boire du vin, l'on peut supposer que les deux frères étaient
dans un état d'ivresse lorsqu'ils se présentèrent devant l'Éternel pour
officier. Quelques commentateurs prétendent qu'il n'y avait au fond rien de
très criminel dans la conduite des deux fils d'Aaron, mais qu'ils furent punis
avec cette sévérité pour apprendre aux ministres du Seigneur l'exactitude et la
fidélité qu'ils doivent mettre dans l'exercice de leurs fonctions. On peut y
voir cependant une instruction plus grande encore: c'est un exemple éclatant de
la colère divine contre ceux qui prétendent servir Dieu autrement qu'il ne l'a
commandé, et qui vont allumer leur encens ailleurs que sur l'autel sur lequel
s'est offerte la victime qui sauve les pécheurs et sanctifie leur culte.
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ABIJA ou Abia,
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(l'Éternel est mon père).
1. Second
fils de Samuel et frère de Joël ou Vasni, 1 Samuel 8:2; 1 Chroniques 6;28.
Samuel leur ayant confié l'administration de la justice et le gouvernement du
peuple, ils s'acquittèrent si mal de leurs fonctions, se détournant après le
gain déshonnête et recevant des présents, que les Israélites y trouvèrent un
prétexte pour demander un roi (1095 avant J.-C.).
2. Abija
ou Abia, 1 Chroniques 24:10; Luc 1:5, descendant d'Ithamar, se trouva le chef
du huitième ordre de sacrificateurs, lorsque David en fit la distribution en
vingt-quatre classes (1016 avant J.-C.).
3. Abija,
fils de Jéroboam le premier roi des dix tribus, étant tombé dangereusement
malade, sa mère se rendit auprès du prophète Ahija pour l'interroger. Ahija
l'ayant reconnue à travers son déguisement lui annonça la mort de son enfant;
il ajouta que seul de sa famille il recevrait les honneurs de la sépulture et
serait pleuré d'Israël, mais que tous les autres seraient mangés des chiens ou
dévorés par les oiseaux, en punition de l'ingratitude et de l'impiété de
Jéroboam. La parole du prophète fut accomplie; Abija mourut au moment où sa mère,
de retour, franchissait le seuil du palais. (954 avant J.-C.) Il fut retiré de
devant le mal, et sa mort ne fut un châtiment que pour son père.
4. Abija,
1 Chroniques 3:10; 2 Chroniques 13:1; ou Abijam, 1 Rois 15:1, fils de Roboam et
de Mahaca, succéda à son père sur le trône de Juda, dont il fut le second roi
depuis la séparation des dix tribus. Abija n'était sans doute pas l'aîné des
nombreux enfants de Roboam; mais il était le fils de l'épouse préférée, et ce
fut cette raison qui l'éleva au-dessus de ses frères, 2 Chroniques 11:21-22. Il
descendait de David par son père et par sa mère, mais dans les trois années de
son règne (957-955) il suivit le mauvais train de son père, et mourut en paix
au milieu de ses 18 femmes et de ses 60 concubines. Hiddo le prophète a
recueilli non seulement ses actions, mais plusieurs de ses paroles, 2
Chroniques 13:22, ce qui permet de croire qu'il avait des talents et de
l'esprit; d'ailleurs son discours, 2 Chroniques 13, montre une grande finesse
et beaucoup d'habileté. Il fut en guerre pendant sa vie avec Jéroboam roi
d'Israël; ce dernier vint avec 800,000 hommes contre Abija, qui n'en avait que
400,000. Abija s'était campé dans les montagnes d'Éphraïm, à peu près là où fut
bâtie depuis la ville de Samarie. Pendant qu'il haranguait ses troupes et qu'il
les engageait au nom de l'Éternel à monter hardiment contre leur ennemi
adorateur des faux dieux, Jéroboam, joignant la ruse à la force, dressait des
embûches à ceux de Juda et envoyait ses troupes pour les cerner de toutes
parts. Mais l'Éternel combattit avec le descendant de David, ceux de Juda
poussèrent un cri de joie, les trompettes sacrées se firent entendre, et Abija
fut vainqueur. Jéroboam fut humilié pour tout le temps que le fils de Roboam
fut sur le trône.
— Quant à l'énormité des chiffres indiquant le nombre
des hommes d'armes.
— Voir: articles Armées et Nombres.
5. Abija,
fille de Zacharie, femme d'Achas, et mère d'Ézéchias, 2 Chroniques 29:1.
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ABIJAM,
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— Voir: l'article précédant.
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ABILÈNE,
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beau défilé et petit canton de la Syrie, situé au
Nord-Ouest de Damas, entre le Liban et l'Anti-Liban, ainsi nommé de sa capitale
Abila dont parlent Ptolémée, Polybe et Flavius Josèphe, et qu'il ne faut pas
confondre avec une autre Abila dont les ruines se trouvent encore aujourd'hui
en Décapolis. Ni l'une ni l'autre de ces deux villes n'est mentionnée dans la
Bible; mais Luc 3:1, nous parle de la province d'Abilène, comme étant une des
quatre tétrarchies, gouvernées par des princes indigènes, mais sous la tutelle
des Romains. Lysanias en était le gouverneur dans la quinzième année de Tibère,
lorsque Jean-Baptiste commença l'exercice de son ministère. L'histoire de cette
petite province est peu connue, parce que ce n'est qu'en passant que les
auteurs la mentionnent.
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ABIMAËL,
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fils de Joktan et patriarche d'une tribu arabe, Genèse
10:28. Les savants ont fait beaucoup de recherches pour trouver les traces
d'une ville ou d'une province de ce nom. Ptolémée et Abulféda parlent d'un
endroit nommé Mani près de la Mecque. Théophraste mentionne une tribu Mali (ou
Mani) dans les mêmes contrées; peut-être ces noms pourront-ils nous diriger
dans la recherche des descendants d'Abimaël.
— Voir: Sem.
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ABÎME.
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L'Écriture donne ce nom à l'enfer, Luc 8:31; Romains
10:7; Apocalypse 9:1; 11:7, etc.; aux profondeurs de la mer, Genèse 7:11; Exode
15:5, etc., et au chaos sur lequel l'Esprit de Dieu se mouvait à l'origine du
monde, au milieu des ténèbres, Genèse 1:2. C'est dans l'abîme que l'Écriture
nous montre les trépassés, Proverbes 15:24; Psaumes 71:20; et notamment les
rois orgueilleux et cruels qui se sont élevés contre le peuple de Dieu: ceux de
Babylone, Ésaïe 14:9, ceux de Tyr, Ézéchiel 26:19, ceux d'Égypte, ib. 31:18;
32:19.
L'Apocalypse appelle abîme la demeure des impies, des
démons et de Satan. Dans l'opinion des Hébreux, Ecclésiaste 1:7, les sources et
les rivières venaient de l'abîme ou de la mer; elles en jaillissaient par des
canaux invisibles et y retournaient en suivant les lits qu'elles s'étaient
creusés. Au moment du déluge les fontaines du grand abîme furent rompues et
franchirent les limites qui leur étaient assignées, Proverbes 8:28-29; les
sources forcèrent leurs digues et se répandirent sur la terre, en même temps
que les bondes du ciel éclataient pour inonder le monde pécheur, Genèse 7:11.
— Voir: Déluge.
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ABIMÉLEC
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(mon père est roi).
1. Roi
des Philistins. Ayant été frappé de la beauté de Sara femme d'Abraham qui était
venu se fixer à Guérar, et croyant d'après ce qu'Abraham lui avait dit qu'elle
n'était que sa sœur, il l'enleva et la prit chez lui dans l'intention d'en
faire sa femme. Dieu ne permit pas que ce mariage s'accomplît; il apparut en
songe à Abimélec et le menaça d'une mort soudaine s'il ne renvoyait cette femme
à son mari: déjà même, en châtiment de ce péché d'ignorance, la famille et la
maison de ce prince toute entière avait été frappée de stérilité. Abimélec,
dont rien ne prouve qu'il fût idolâtre, s'excusa auprès de l'Éternel sur ce
qu'il avait été induit en erreur par Abraham, rendit à ce dernier sa femme en
le censurant à cause de son mensonge, lui fit un présent considérable, et lui
demanda de prier pour sa famille malade. Abimélec donna entre autres à Sara
mille pièces d'argent (environ 2600 fr.) pour acheter un voile dont elle pût
couvrir son visage encore éclatant de beauté malgré ses quatre-vingt-dix ans.
C'était à la fois reconnaître publiquement Sara comme l'épouse du patriarche,
et blâmer ce dernier pour la dissimulation dont il avait usé à son égard.
Abraham continua de demeurer à Guérar, et environ quatorze ans après, lors de
la naissance d'Isaac, Abimélec craignant la puissance toujours croissante de
son riche voisin, vint avec Picol, le général de ses troupes, lui proposer un
traité qui atteste le rang éminent du patriarche au milieu des nations, et
qu'Abraham s'empressa d'accepter (1897 avant J.-C.).
2. Abimélec,
fils et successeur du précédent à ce que l'on croit (1804 avant J.-C.), fut
trompé par Isaac comme son père l'avait été par Abraham: mais ayant aperçu de
sa fenêtre" quelques familiarités entre Isaac et Rébecca, il en conclut
qu'ils étaient dans des rapports plus intimes qu'ils ne le lui avaient avoué.
Il fit donc venir Isaac et lui reprocha la gravité de son mensonge. Isaac
n'allégua d'autre excuse que la beauté de sa femme et la crainte qu'il avait
eue qu'on ne le fît mourir afin de pouvoir s'emparer d'elle. Abimélec défendit
en conséquence à tous ses sujets, sous peine de mort, de faire aucun mal aux
deux époux. Mais comme Isaac s'enrichissait, et que sa prospérité excitait la
jalousie des Philistins, Abimélec l'engagea poliment à quitter son territoire;
Isaac se rendit d'abord dans la vallée de Guérar, puis à Béer-Sébah, où les
bénédictions divines continuèrent de s'attachera sa maison; ce qu'ayant vu
Abimélec, il se repentit de ce qu'il avait fait, et voulut renouveler avec
Isaac l'alliance qui avait existé entre leurs pères; il vint donc auprès de lui
avec Ahuzat son ami et Picol chef de son armée, et confirma solennellement
cette alliance à Béer-Sébah, où Isaac lui donna un grand festin, Genèse 26.
3. Le
nom d'Abimélec paraît avoir été celui des rois Philistins en général, comme
Pharaon celui des rois d'Égypte, et le Psaume 34, qui donne le nom d'Abimélec
au roi Akis, cf. 1 Samuel 21:10, en est une preuve convaincante.
— Voir: Akis.
4. Fils
illégitime de Gédéon; méchant, ambitieux et sanguinaire, il réussit, à force
d'énergie et d'habileté, dans les plans de destruction qu'il conçut contre ses
frères et contre les Sichémites. Il finit par trouver la mort sous les murs de
Tébets, qu'il assiégeait, et périt par la main d'une femme (1235 avant J.-C.).
5. —
Voir: Abiathar et Ahimélec.
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ABINADAD
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(mon père est prince, ou père d'un noble).
1. Lévite
de Kiriath-Jéharim dans la maison duquel l'arche rendue par les Philistins fut
déposée, et où elle resta pendant soixante-dix ans sous la garde de son fils
Éléazar (1116 avant J.-C.) 1 Samuel 7:1.
2. Fils
aîné d'Isaï et frère de David, 1 Samuel 16:8.
3. Fils
de Saül tué en Guilboah, 1 Samuel 31:2; 1 Chroniques 8:33; 10:2.
4. Inconnu,
dont le fils, un des douze commissaires d'Israël, épousa Taphath, fille de
Salomon, 1 Rois 4:11.
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ABIRAM
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(mon père est haut élevé).
1. Dathan
et Abiram, fils d'Éliab, conspirèrent avec Coré contre Moïse et Aaron: Coré,
par jalousie de famille peut-être; Dathan et Abiram, comme chefs de la tribu de
Ruben, qui aurait voulu voir tout le gouvernement d'Israël entre les mains du
premier-né de Jacob. Moïse ayant engagé le peuple à se retirer dans leurs
tentes, car un cas tout nouveau devait atteindre les rebelles, Abiram et Dathan
restèrent debout avec les leurs, dehors, pour braver l'Éternel; mais la terre
s'entr'ouvrit sous eux et les engloutit, eux, leurs familles, leurs adhérents
et leurs biens, Nombres 16, etc. Cet événement est rappelé Psaumes 106:17.
— Voir: Coré.
2. L'aîné
des fils de Hiel, de Béthel.
Il perdit la vie lorsque son père voulut rebâtir les
murs de Jérico, 1 Rois 16:34. Sa mort fut l'accomplissement d'une prophétie de
Josué 6:26.
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ABISAG
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(l'erreur de mon père)
jeune femme de Sunam, dans la tribu d'Issachar,
remarquable par sa grande beauté, et que les serviteurs de David donnèrent à
leur maître pour femme, lorsque, l'âge ayant diminué la chaleur vitale, le
vieux roi ne put plus trouver dans l'abondance des vêtements la chaleur dont il
avait besoin. Abisag s'attacha tendrement à lui et lui donna tous les soins
qu'une fille donnerait à son père. Après la mort de David, Adonija la demanda
en mariage, moins par amour sans doute que par ambition; mais Salomon ayant
démêlé les motifs qui le faisaient agir, et pensant avec raison qu'Adonija
voulait se frayer le chemin du trône en épousant la veuve du défunt roi, le fit
mettre à mort. (1013 avant J.-C.) 1 Rois 1:3; et suivant.
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ABISAÏ
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(récompense de mon père)
fils de Tséruia, soeur de David, 1 Chroniques 2:16,
vaillant guerrier qui fut des premiers à embrasser le parti de son oncle et qui
ne cessa jamais de lui être fidèle. Étant entré avec David dans la tente de
Saül, il sollicita la permission de tuer le tyran; mais David n'y voulut point
consentir, 1 Samuel 26:7,11. Il fit la guerre contre Is-Boseth, et poursuivit
vigoureusement l'ennemi dans sa fuite, 2 Samuel 2:18-24. Dans la guerre contre
les Iduméens il tailla en pièces 18,000 hommes, 1 Chroniques 18:12. Dans la
campagne contre les Syriens et les Hammonites, ce fut lui qui engagea le combat
avec ces derniers et qui les mit en déroute, 2 Samuel 10:10-14, et dans la
guerre des Philistins, il tua de sa propre main Jisbi-Bénob, géant fameux qui
était près de faire tomber David sous ses coups, 21:16-17. Une autre fois il
attaqua seul un corps de 300 hommes et les détruisit tous jusqu'au dernier,
23:18-19; 1 Chroniques 11:20-21. Irrité des insolences de Simhi, il l'aurait
frappé de son épée si David ne s'y fût opposé, 2 Samuel 16:9-11. Enfin il
commanda le tiers des troupes qui défirent Absalon, 18:2, et fut mis à la tête
des soldats de la maison du roi, qui poursuivirent Sébah, fils de Bicri,
20:6-7. On ignore l'époque et le genre de sa mort. Sa bravoure et sa force le
placèrent dans l'armée de David immédiatement après les trois plus grands
guerriers de ce prince. Le premier ordre ou la première liste était composée de
Jasobham, Éléazar et Samma; Abisaï forma avec Bénaja et Hazaël la seconde; on
sait que la troisième se composait de trente hommes, du moins d'après les
indications de 2 Samuel 23:23, car dans 1 Chroniques 11, le nombre de ces
guerriers est plus considérable, différence qui tient soit à ce que la première
de ces listes fut formée au commencement du règne de David, et la seconde à la
fin, soit peut-être à ce que la première fut plus tard complétée ensuite de
diverses réclamations. Ces catégories de guerriers étaient apparemment des
espèces d'ordres honorifiques semblables à ceux de la chevalerie.
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ABISUAH,
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Prêtres.
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ABIUD,
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Matthieu 1:13. Un des ancêtres de Jésus-Christ selon
la chair, et fils de Zorobabel, q.v.; on a cru le reconnaître dans le Hodaïvahu
de 1 Chroniques 3:24; d'autres n'y ont vu qu'un surnom signifiant père de Jude.
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ABLUTIONS,
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— Voir: Baptême.
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ABNER
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(lampe de mon père)
fils de Ner, cousin de Saül, 1 Samuel 14:50, et
général de ses troupes. Comme il était habituellement à l'armée et qu'il y
occupait une place importante, il n'est pas étonnant qu'il ne connût pas David
lorsque celui-ci vint à Soco et combattit Goliath, 1 Samuel 17:53-58; mais il
est plus difficile de concevoir qu'il gardât assez mal son maître pour que
David et Abisaï aient pu pénétrer dans le camp sans être aperçus, 26:5-14.
Après la mort de Saül, Is-Boseth son fils lui succéda et fut couronné par
Aimer, qui pendant sept ans soutint les prétentions de la famille déchue; mais
dans presque toutes les batailles il dut se retirer avec perte. Les troupes de
David et celles d'Is-Boseth s'étant rencontrées près de Gabaon, Abner eut la
barbarie de proposer, soit comme simple prélude, soit pour gagner du temps, un
combat singulier entre douze hommes de chaque parti. Les vingt-quatre
combattants se furent bientôt égorgés les uns les autres, une affreuse mêlée
s'ensuivit, et les troupes d'Abner furent mises en pleine déroute. Vivement
poursuivi par Hazaël, Abner frappa ce guerrier et retendit sur le carreau après
l'avoir d'abord vainement sollicité de s'éloigner; mais Joab et Abisaï, frères
d'Hazaël, n'en furent que plus acharnés à poursuivre l'armée ennemie; enfin, au
coucher du soleil, Abner demanda que le combat fût suspendu, et profita des
ténèbres pour se retirer avec les siens. Cependant Abner avait noué une
intrigue avec Ritspa, concubine de Saül; Is-Boseth, soit qu'il y vît une tache
pour sa famille, soit qu'il crût y voir plutôt les prétentions de son général
au trône, lui en fit des reproches. Abner, piqué au vif, répondit avec aigreur,
rappela à Is-Boseth les services qu'il lui avait rendus, et jura de livrer tout
le royaume entre les mains de son adversaire. Aussitôt il entre en effet en
correspondance avec David, lui fait rendre sa femme Mical que Saül avait donnée
à un autre, et se rend auprès de lui à Hébron. À peine est-il sorti du festin
auquel David l'avait invité, que Joab, informé de ce qui se passait, tâche de
persuader au roi son oncle qu'Abner est venu dans de perfides intentions. Puis,
sans s'ouvrir davantage sur ses desseins, il envoie à Abner un messager qui Je
ramène à Hébron; là, il le tire à l'écart et lui donne la mort, poussé à ce
crime par le souvenir du meurtre de son frère Hazaël, mais sans doute aussi par
la crainte de voir Abner prendre rang sur lui dans les armées et dans la faveur
du roi. David détesta cette coupable action de son neveu, qui avait répandu
durant la paix le sang qu'on répand en temps de guerre, 1 Rois 2:5; il rendit
de grands honneurs à la dépouille mortelle du général, il composa un hymne sur
sa mort, et près de sa fin rappela à Salomon ce crime qui ne devait pas rester
impuni. 1 Rois 2:5,32-34.
— Voir: encore 2 Samuel 2 et 3.
(Le capitaine Abner, qui joue un si beau rôle dans
l'Athalie de Racine, est un personnage purement fictif qui n'a pas de
correspondant dans l'histoire sainte.)
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ABRAM ou ABRAHAM,
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Genèse 11:26-25:10, fils de Taré, naquit à Ur, ville
des Chaldéens, l'an du monde 2008, avant J.-C. 1996. Il passa les premières
années de sa vie dans la maison de son père, qui était idolâtre; peut-être
adora-t-il lui-même les idoles pendant quelque temps, mais Dieu lui ouvrit les
yeux, et l'on prétend qu'Abraham fut, à cause de sa conversion, exposé à toutes
sortes de persécutions de la part de ses compatriotes. Il paraît assez probable
que Taré fut aussi convaincu de la vanité des faux dieux, puisqu'il partit d'Ur
avec son fils et qu'il l'accompagna dans le lieu que l'Éternel leur avait
désigné. Ils se rendirent d'abord à Caran en Mésopotamie, où Abraham eut la
douleur de perdre son père: de là, il vint en Palestine avec Saraï sa femme,
Lot son neveu, leurs serviteurs et leurs troupeaux, et ils se fixèrent
momentanément dans cette contrée habitée parles Cananéens, mais dont Dieu
promit à Abraham que sa postérité la posséderait. Toutefois, Abraham n'y
posséda jamais lui-même un pouce de terrain (sauf la caverne qu'il acheta pour
y ensevelir son épouse), mais il y demeura toujours comme étranger. Peu de
temps après son établissement dans ce pays, il survint une grande famine qui le
contraignit de descendre en Égypte, et, dans la crainte que les Égyptiens
frappés de la beauté de sa femme ne voulussent la lui ravir et ne lui ôtassent
la vie à lui-même, peut-être aussi pour se soustraire à l'opprobre que lui
aurait causé la stérilité de Saraï, il la fit passer pour sa sœur. Pharaon la
fit en conséquence enlever et voulut la mettre au nombre de ses femmes; mais
averti par une vision et par les châtiments divins, il se hâta de la rendre à
son mari avec de grands présents. La famine ayant cessé, Abraham retourna en
Canaan avec Lot qui l'avait toujours accompagné jusqu'alors, et dressa ses
tentes entre Béthel et Haï, où précédemment il avait élevé un autel. De
fréquentes contestations entre les bergers de l'oncle et du neveu au sujet des
citernes et des pâturages dont ils voulaient jouir exclusivement les uns et les
autres, leur montrèrent que «la terre ne les pouvait porter pour demeurer
ensemble.» Abraham laissa généreusement à Lot la liberté de choisir le premier
l'endroit où il se fixerait; et Lot ayant choisi l'Orient et le Midi, toute la
plaine du Jourdain, Abraham se rendit dans les plaines de l'Amorrhéen Mamré
près d'Hébron (1920, avant J.-C.) Quelques années après, Lot ayant été fait
prisonnier par Kédor-Lahomer et ses alliés, Abraham avec 318 de ses serviteurs
et quelques Cananéens de son voisinage, part, poursuit les vainqueurs, les
joint à Dan, près des sources du Jourdain, délivre son neveu, lui fait rendre
tout ce qui lui avait été enlevé et reprend le chemin du retour. Les rois de la
plaine voulaient abandonner à Abraham tout le butin qu'il avait fait, et ils le
supplièrent de leur rendre au moins les prisonniers, mais Abraham leur rendit
le tout ne voulant rien garder pour lui-même et réservant seulement une faible
part pour les Cananéens qui l'avaient secondé dans son expédition. Comme il
passait devant Salem (plus tard Jérusalem), Melchisédec, roi de cette ville et
sacrificateur du Dieu fort souverain, vint à sa rencontre, le bénit, et lui
offrit du pain et du vin pour le restaurer lui et ses gens. Quelques-uns
pensent que ce fut plutôt à Dieu qu'il offrit ce pain et ce vin en sacrifice
d'actions de grâce; Abraham lui donna la dîme du butin, Hébreux 7:4. À cette
occasion, l'Éternel renouvela les promesses qu'il avait faites à son serviteur,
lui réitérant l'assurance qu'il posséderait le pays de Canaan; un fils lui fut
promis, et Dieu, le conduisant hors de sa tente, lui annonça que sa postérité
serait aussi nombreuse que ces étoiles qui brillaient au firmament. Abraham
offre alors un sacrifice d'après l'ordre que Dieu lui en donne, une génisse de trois
ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un
pigeon; puis, quand le soir est venu, il voit en vision le feu du ciel passer
entre les victimes, et Dieu lui dévoile l'avenir, lui annonce la captivité
d'Égypte, sa fin glorieuse, et les biens qui seraient le partage de sa
descendance.
Cependant ces promesses ne se réalisaient pas; le
patriarche avançait en âge, et tout semblait annoncer qu'Élihézer son intendant
serait aussi l'héritier de ses richesses. Saraï, pensant que peut-être ce
n'était pas à elle qu'était destiné l'honneur de donner un fils à Abraham,
engagea son mari à prendre pour femme Agar sa servante égyptienne, espérant que
Dieu accomplirait ses promesses dans les enfants qu'il aurait d'elle; Saraï de
son côté les aurait adoptés et pris pour siens, suivant la coutume de ces
temps. Mais quand Agar se vit sur le point de devenir mère, elle méprisa sa
maîtresse et voulut s'élever au-dessus d'elle. Abraham maintint Sara dans ses
droits; Agar maltraitée dut s'enfuir, mais l'ange de l'Éternel lui apparut au
désert et lui ordonna de retourner chez Abraham et de se soumettre à sa
maîtresse; elle obéit et donna le jour à Ismaël. (1910, avant J.-C.)
Treize ans après, le Seigneur renouvela son alliance
avec le patriarche, et changea son nom d'Abram (père illustre) en celui
d'Abraham (père d'une multitude), et celui de Saraï (ma princesse) en celui de
Sara (princesse). Comme signe et pour confirmation de l'alliance, il lui
ordonna de se circoncire lui et tous les mâles de sa famille et de sa maison,
et il lui promit positivement qu'avant le terme d'une année, il lui naîtrait un
fils de Sara.
Mais les énormités qui se commettaient dans la contrée
où Lot s'était retiré, à Sodome, à Gomorrhe, et dans les villes voisines,
avaient décidé l'Éternel à les détruire toutes avec le sol même sur lequel
elles reposaient. Un jour qu'Abraham était assis a la porte de sa tente, il vit
s'approcher trois personnages, Genèse 18. Sans les attendre, il court à eux,
les invite à entrer pour se rafraîchir, leur lave les pieds, et prépare avec
Sara de quoi leur servir à manger. Quand ils eurent achevé leur repas, ils se
firent connaître pour ce qu'ils étaient, et répétèrent au patriarche la
promesse que l'Éternel lui avait faite peu de jours auparavant. Mais Sara
n'ayant pu retenir un sourire d'incrédulité, l'Éternel dit à Abraham: «Pourquoi
Sara a-t-elle ri? Y a-t-il quelque chose qui soit difficile à l'Éternel?» Puis
les messagers célestes reprirent leur voyage, marchant vers Sodome, et Abraham
les accompagnait. C'est ici que se place une des scènes les plus touchantes
dont il soit fait mention dans l'Écriture, une scène qu'on ne peut lire sans la
plus vive émotion, l'intercession d'Abraham auprès de l'Éternel en faveur des
villes de la plaine. Pendant que les deux anges marchaient en avant, l'Éternel
communiquait à Abraham ce qu'il allait faire à l'égard de ces villes, et
Abraham ne cessa de plaider pour leur conservation que lorsque les réponses
pleines de grâce et de miséricorde du Seigneur l'eurent persuadé que ces
malheureuses cités étaient tombées en effet dans la plus affreuse dégradation.
Les dix justes ne se trouvaient pas dans toute cette contrée. Au jour suivant,
Abraham, se levant de bon matin, vint à l'endroit où la veille encore il s'était
tenu devant l'Éternel; une fumée comme celle d'une fournaise s'élevait à la
place qu'avaient occupée les villes maudites.
Quelque temps après, Abraham quitta les plaines de
Mamré et, se dirigeant vers le sud, alla demeurer à Guérar où régnait Abimélec.
Éprouvant en ce lieu les mêmes craintes qu'il avait déjà eues en Égypte, il
employa le même moyen pour échapper au danger qu'il redoutait et, pour la
seconde fois, fit passer Sara pour sa sœur (— Voir: Abimélec); mais sa ruse, de
nouveau découverte, eut pour Abimélec les mêmes suites qu'elle avait eues pour
Pharaon, et attira au patriarche des reproches plus vifs encore. C'était la
dernière fois que ce subterfuge était possible, car bientôt après, la même
année, Sara donna à Abraham un fils qui rendit leur union manifeste et plus
intime. L'enfant fut nommé Isaac, et lorsqu'on le sevra, Abraham fit un grand
festin: ce fut alors, à ce qu'il paraît, que Sara vit Ismaël tourmenter son
petit frère, et qu'elle supplia son mari de chasser le fils de l'Égyptienne, afin
qu'il ne partageât pas l'héritage avec Isaac. Abraham, connaissant les
promesses relatives à Ismaël, refusa d'abord de complaire à sa femme; mais, sur
un avertissement de l'Éternel qui lui confirmait ce qu'il lui avait annoncé au
sujet de cet enfant, il n'hésita plus à le renvoyer, ainsi que sa mère.
Vers le même temps à peu près, Abimélec se rendit en
visite auprès du patriarche et fit alliance avec lui. Il s'agissait d'un puits
que les serviteurs du prince avaient enlevé par violence aux bergers du patriarche.
Abraham le racheta en offrant volontairement sept jeunes brebis en échange; ils
appelèrent ce lieu Béer-Sébah (puits du serment), parce que leur traité fut
ratifié par un serment solennel. Abraham y planta un bois de chêne et y demeura
quelque temps.
Vingt années environ se passèrent sans qu'il arrivât
rien de remarquable dans la vie ou dans la famille du patriarche; le fils sur
lequel reposaient tant d'espérances et de promesses précieuses grandissait et
semblait réaliser déjà tout ce que ses parents en attendaient, lorsqu'il
faillit être enlevé à leur tendresse par l'ordre de ce même Dieu qui l'avait
accordé à leurs prières et à leur foi. Abraham dut offrir son Isaac en
holocauste à l'Éternel, épreuve terrible, mais nécessaire, et qui devait faire
d'Abraham le père des croyants: il prit donc son fils et deux de ses
serviteurs, et se mit en chemin pour se rendre à la montagne que Dieu devait
lui indiquer. Deux jours de voyage furent pour Abraham un exercice de foi dans
lequel il put se demander bien souvent ce qu'allaient devenir ces promesses qui
lui avaient été faites d'une innombrable postérité; mais il connaissait
l'Éternel et savait qu'il n'est pas homme pour mentir ni fils de l'homme pour
se repentir, et il estimait que Dieu le pourrait même ressusciter d'entre les
morts. Au troisième jour la montagne funèbre apparut: c'est là que devait se
consommer un sanglant sacrifice. Isaac cherche où est la victime pour
l'holocauste; son père lui répond: «Mon fils, l'Éternel y pourvoira.» Déjà les
deux patriarches ont atteint seuls le sommet de la colline; le bois est prêt,
l'autel est dressé, la victime est liée, le bras du père est levé sur son fils
comme le couteau du sacrificateur sur sa victime. Abraham n'hésite pas; mais du
haut des cieux une voix se fait entendre, la voix de celui qui n'a permis qu'un
seul sacrifice humain, celui de l'homme-Dieu son fils. L'épreuve avait été
suffisante, et un bélier remplaça sur l'autel le fils unique de l'ami de Dieu.
Ils rejoignirent donc leurs serviteurs et retournèrent à Béer-Sébah.
— Douze ans après, Sara mourut à Hébron. Abraham,
étranger dans le pays et n'y possédant aucun fonds de terre, acheta de Héphron
le Héthien, pour le prix de 400 sicles d'argent (environ 1300 francs), le champ
de Macpélah où se trouvait une caverne propre à servir de lieu de sépulture, et
il y ensevelit sa femme après en avoir fait le deuil suivant l'usage du pays.
Se sentant vieillir, Abraham envoya Élihézer, son
intendant, en Mésopotamie, pour y chercher une jeune fille de sa parenté qu'il
pût donner en mariage à Isaac. C'était trois ans après la mort de Sara. Le
fidèle serviteur s'acquitta de sa mission avec zèle, sagesse et promptitude, et
obtint pour son maître la main de Rébecca fille de Béthuel, petite-fille de
Nacor et petite-nièce d'Abraham. Le patriarche vécut encore 35 ans depuis le
mariage de son fils, et il eut de Kéturah, sa seconde femme, six fils qui
furent pères de divers peuples ou peuplades de l'Arabie et des environs. Il
mourut âgé de 175 ans, un siècle après son arrivée dans le pays de Canaan. Il
ne paraît pas que, durant les 33 dernières années de sa vie, il ait eu ni
d'éclatantes révélations ni de grandes épreuves. Les jours des fidèles, même
les plus éminents, ne sont pas tous marqués par des interventions signalées du
Seigneur, et il est beaucoup de ses serviteurs qui s'en vont tout doucement et
sans éclat dans le lieu du repos. Telle fut la fin de la carrière d'Abraham; il
mourut rassasié de jours et fut recueilli vers ses peuples. Son corps retourna
dans la terre comme celui de ses ancêtres, et son âme rejoignit celle des
hommes qui avant lui avaient appartenu au peuple de Dieu, Hébreux 11,13-16. Il
fut enseveli dans la grotte de Macpélah par ses fils Isaac et Ismaël (avant
J.-C. 1821); ce dernier avait alors 89 ans, et Isaac 75.
L'antique figure du patriarche est une des plus belles
que nous présente l'Ancien Testament; elle est noble, vivante et prophétique;
elle n'a rien de plastique, comme celle de Noé; elle est davantage la
représentation d'une vie réelle: Abraham n'est pas le dieu des abîmes et du
déluge, il est le père des croyants.
Parmi les observations nombreuses auxquelles son
histoire pourrait donner lieu, nous nous bornerons aux suivantes:
1. L'auteur
sacré introduit Abraham d'une manière très abrupte, en quelque sorte sans
préparation: «Et Dieu dit à Abraham, etc.» Genèse 12:1. Mais pour qu'un homme
entreprenne un voyage lointain, fatigant, et sans terme à lui connu, il faut
nécessairement qu'il ait confiance en celui par qui l'ordre et le signal du
départ est donné. L'Éternel avait donc fait entendre sa voix à Abraham
auparavant, et peut-être même à plus d'une reprise, quoique nous ne sachions
pas de quelle manière. Or, indépendamment de ce que l'Écriture nous atteste
Josué 24:2,14.
— Voir: Taré,
nous apprenons par d'autres sources que l'idolâtrie
régnait en Caldée à cette époque, et tout porte à croire que ce fut un des
principaux motifs du déplacement d'Abraham.
2. Abraham
n'était point dépourvu de moyens de subsistance lorsqu'il se mit en route pour
le pays de Canaan: «il prit avec lui Saraï et Lot, et tout leur bien qu'ils
avaient acquis et les personnes qu'ils avaient eues à Caran.» Ce ne fut donc
pas dans un intérêt terrestre, et comme ferait un aventurier qui cherche
fortune, qu'il quitta sa famille et sa parenté pour se rendre en d'autres
lieux.
3. La
première épreuve de la foi d'Abraham fut dans la famine qui le contraignit à
quitter momentanément cette terre de Canaan que l'Éternel avait promise à sa
postérité. L'épreuve fut plus forte qu'on ne le suppose au premier moment, et
il est impossible de ne pas voir que la foi du patriarche en souffrit d'abord
quelque peu; car, se méfiant de l'Éternel pendant qu'il est en Égypte, il
s'abandonne à des craintes excessives qui le font tomber dans le péché. Son
mensonge n'est sans doute pas des plus grossiers et des plus révoltants;
néanmoins, en donnant à entendre autre chose que la stricte vérité, il
induisait son prochain en erreur et pouvait devenir l'occasion d'un grand
crime; en sorte que les reproches de Pharaon, parfaitement fondés, durent
humilier le patriarche plus que ne le réjouirent les grands présents qui lui
furent offerts.
4. On
apprécierait bien mal la valeur morale des actions humaines, si l'on en jugeait
toujours par leurs résultats les pires prochains. Abraham semble récompensé de
son mensonge par les grands biens qu'il emporta d'Égypte, mais cet
accroissement de fortune fut la cause d'un de ses plus grands chagrins
domestiques: il dut se séparer de Lot, son neveu, qu'il aimait tendrement et
qui était pour lui comme son fils adoptif.
5. Si
la foi des enfants de Dieu a ses éclipses, comme le soleil les siennes, elle ne
reparaît ensuite que plus brillante. Il n'est personne qui n'ait remarqué la
débonnaireté, la douceur et la confiance en Dieu qu'Abraham manifesta dans sa
conduite avec Lot lorsqu'ils durent se séparer, Genèse 13. C'est ainsi que le
père des croyants fut relevé de sa chute par la grâce du Seigneur.
6. Le
salut du fidèle est fondé sur les promesses et sur la véracité de l'Éternel:
«Ce n'est point par les œuvres, afin que nul ne se glorifie.» Cependant le
fidèle ne fait jamais une œuvre, n'accomplit jamais quelque devoir difficile,
ne remporte jamais quelque victoire sur le péché, sans que Dieu ne lui donne un
sentiment plus vif de sa miséricorde; c'est-à-dire que la grâce qui sauve
sanctifie l'âme qu'elle veut sauver, et console celle qu'elle sanctifie.
— Après qu'Abraham eut montré sa foi par ses œuvres
dans sa conduite avec Lot, l'Éternel lui renouvela ses promesses, les lui
rendit plus claires et même les agrandit, car il ne lui avait pas encore
annoncé que sa postérité serait innombrable, Genèse 13:14-17. La même chose lui
arriva plus tard en de semblables occasions, particulièrement après la défaite
des rois de la plaine, 15:1; et après le sacrifice d'Isaac 22:16.
7. Nous
avons une preuve de la grandeur et de la puissance d'Abraham dans l'histoire de
la délivrance de Lot. Il fallait qu'il eût de grands biens, celui qui pouvait
armer 318 esclaves nés dans sa maison, car cela suppose naturellement qu'il en
avait d'autres qui n'étaient pas nés chez lui, en qui il avait peut-être moins
de confiance, et qu'il laissa pour la garde de ses troupeaux. Si l'on y ajoute
encore les femmes et les petits enfants, on comprendra que les Héthiens aient
pu lui dire: «Tu es un prince excellent parmi nous», 23:6. Ainsi
s'accomplissait déjà une partie des promesses qui lui avaient été faites. Ce
qui n'est pas moins à remarquer, c'est le désintéressement et l'esprit de
justice qui le portèrent à refuser la propriété du butin, tout en réservant la
part des Cananéens qui lui avaient donné du secours, 14:21,24.
8. Quanta
l'union d'Abraham et d'Agar, on s'exposerait à porter un faux jugement si l'on
voulait juger cette action d'après nos mœurs et en se mettant uniquement au
point de vue de l'Évangile. D'abord, il est évident que le patriarche ne
contracta pas ce mariage, ou plutôt cette union passagère, pour satisfaire les
inclinations de la chair; de plus, il le fit non pas malgré Saraï, ni avec le simple
consentement de son épouse légitime, mais sur sa demande expresse; enfin, la
polygamie était déjà généralement adoptée par les mœurs dégénérées de l'Orient.
On peut ajouter que l'Éternel n'avait pas encore dit à Abraham que c'était de
Sara que naîtrait la postérité promise: il pouvait donc s'abandonner à la
pensée qu'une autre femme devait accomplir pour lui la parole de l'Éternel.
Tout cela peut expliquer sa conduite, et diminuer ce qu'elle eut de blâmable
sans toutefois la justifier pleinement. Cependant, quand on réfléchit
qu'Abraham est le premier des descendants de Sera qui se soit écarté de
l'institution primitive du mariage, que cet écart fut le résultat d'une
faiblesse dans sa foi, l'on ne peut s'empêcher d'y voir une chute. Comme Adam,
Abraham eut tort d'obéir à la parole de sa femme, Genèse 3:47; il eut tort de
penser un seul instant qu'il dût amener la réalisation des promesses divines
par une voie de péché; et certes, cette fois comme toujours, la peine du péché
fut à la porte. Dès ce moment Abraham eut de grands chagrins domestiques, la
division se mit dans sa famille, et plus tard il dut renvoyer de chez lui cet
Ismaël qu'il aimait tendrement, et cette Agar qui, selon toute apparence, était
redevenue simplement son esclave, puisqu'il n'en eut pas d'autres enfants,
Genèse 25:1-2, mais qui n'en était pas moins la mère de son premier-né.
— Voir: Gaussen (Abraham épousant Agar); Grandpierre,
sur le Pentateuque.
9. L'alliance
de l'Éternel avec Abraham était à la fois temporelle et spirituelle; elle
reposait d'ailleurs tout entière sur des promesses. Abraham sera grand, il aura
une nombreuse postérité, plusieurs nations sortiront de lui, et le pays de
Canaan sera son héritage. D'autre part il lui est annoncé que toutes les
familles de la terre seront bénies en sa postérité.
— Abraham est grand, même à ne parler que selon la
manière de voir des hommes; son nom est vénéré non seulement des juifs et des
chrétiens, mais encore des musulmans, c'est-à-dire par la moitié de la race
humaine; il n'y a pas d'homme qui ait eu une gloire pareille, et tous les
détails de sa vie occupent une grande place dans les traditions des Orientaux.
De lui sont sortis divers peuples: par Ismaël, les Arabes; par les fils de
Kéturah, les Madianites et d'autres encore; par Ésaü, les Iduméens, et par
Jacob, les Israélites, qui demeurent une grande nation au milieu des peuples de
la terre. Enfin, lorsque le temps marqué fut accompli, la famille d'Abraham
prit possession de ce pays de Canaan promis depuis plusieurs siècles. Voilà pour
le temporel.
— Quant au spirituel, un Rédempteur est venu, qui
selon la chair, est fils d'Abraham sa vraie postérité, et par qui le salut a
été acquis aux pécheurs de toute langue, de toute tribu, peuple et nation.
Abraham lui-même, et tous les fidèles qui l'avaient précédé, ainsi que ceux qui
l'ont suivi, ont été bénis en ce Rédempteur promis dès les premiers jours du
monde aux deux premiers pécheurs. Cette grande bénédiction spirituelle, qui
était la partie essentielle de l'alliance faite avec Abraham, donne à toutes
les parties de cette alliance une signification spirituelle. Abraham est grand
par sa foi et parce qu'il est le père des croyants; de lui sortent
spirituellement tous les vrais fidèles qui sont sa postérité, et une postérité
aussi nombreuse que les étoiles du firmament; enfin il possède avec eux, pour
l'éternité, la Canaan céleste, dont la terrestre n'était que le type.
10. Il
importe de remarquer ici, quoique ce ne soit pas le lieu d'entrer dans des
détails sur ce point, que l'ange qui apparut au patriarche sous les chênes de
Mamré, qui lui annonça la naissance d'un fils et la destruction de Sodome,
Genèse 18, qui lui retint plus tard le bras lorsqu'il allait sacrifier son
unique, 22:15, etc., etc., est constamment appelé du nom de l'Éternel, et qu'il
ne cesse de parler lui-même comme le Dieu tout-puissant.
— Voir: l'article Ange.
11. L'Ancien
et le Nouveau Testament sont remplis de la gloire d'Abraham, de son nom, de sa
mémoire, de son alliance, de ses épreuves, de sa foi. Sans entrer dans l'examen
des divers passages où il est parlé de lui, nous nous bornerons à en indiquer
ici rapidement les principaux:
Ancien Testament.
Genèse, passim. Exode 2:24; 3:6,15-16. 6:3; 32:13;
33:1; Lévitique 26:42; Nombres 32:11; Deutéronome 1:8; 6:10; 9:5; 29:13; 30:20;
34:4; Josué 24:3; 1 Rois 18:36; 2 Rois 13:23; 1 Chroniques 16:16; 29:18; 2
Chroniques 20:7; 30:6; Néhémie 9:7; Psaumes 47:9; 105:6,9,42; Ésaïe 29:22;
51:2; 63:16; Jérémie 33:26; Ézéchiel 33:24; Michée 7:20.
Nouveau Testament.
Matthieu 3:9; 8:11; Luc 1:55; 3:8; 13:16,28; 16:22;
19:9; Jean 8:33, etc., Actes 3:13; 7:2; 13:26. Romains 4:1; 9:7; 11:1; 2
Corinthiens 11:22; Galates 3:6, etc., 4:22; Hébreux 2:16; 7:1; etc. 11:8,17-19.
Le sein d'Abraham, Luc 16:22, désigne le ciel ou le
lieu du repos. Les Juifs avaient trois manières d'exprimer le bonheur des
justes à leur mort: ils allaient au jardin d'Éden, sous le trône de gloire, ou
dans le sein d'Abraham. Ce patriarche étant le père des croyants, leur semblait
devoir être naturellement chargé de les recueillir dans la félicité céleste.
Cette même expression se retrouve dans ce que dit notre Seigneur, que les
fidèles seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob; car on sait que les
anciens se plaçaient à table de telle manière que chacun se trouvait comme
couché sur le sein de son plus proche voisin.
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ABSALON
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(père de paix)
troisième fils du roi David, eut pour mère Mahaca,
fille de Talmaï, roi de Guésur. Ce qui le distinguait entre les fils de David,
c'était sa grande beauté et surtout sa longue chevelure; il la coupait chaque
année, ou plutôt, comme on peut aussi traduire, à de certaines époques, et elle
pesait jusqu'à 200 siècles, c'est-à-dire environ deux kilogrammes et demi. Il
eut trois fils, qui moururent en bas âge, et une fille remarquablement belle,
nommée Tamar, 2 Samuel 14:27, du nom d'une des sœurs d'Absalon, qui fut victime
de l'amour incestueux d'Amnon, un autre fils de David. Absalon, résolu de
venger l'insulte faite à sa sœur, attendit l'occasion de le faire. Au bout de
deux ans, lors de la tonte des moutons, il fit un festin auquel il convia son
frère, et lorsque celui-ci fut ivre, il le fit égorger par ses serviteurs, et
s'enfuit à Guésur, auprès de son grand-père. Il y était depuis deux ans,
lorsque Joab, voyant que David ne serait pas éloigné de pardonner à son fils,
imagina, pour le faire rappeler, une ruse qui lui réussit comme il l'espérait.
Une femme de Tékoah 2 Samuel 14, se présenta devant David pour solliciter sa
protection; elle se disait veuve et n'avait que deux fils, l'un desquels avait
tué l'autre dans une querelle, et sa famille voulait venger le mort par la mort
du meurtrier, de telle sorte qu'elle serait privée des deux à la fois, et elle
suppliait le roi d'intercéder en faveur du coupable. David comprit ce qu'on
voulait, et devina même l'auteur de la ruse; il consentit à ce qu'Absalon fût
rappelé de son exil; mais il refusa de le voir, et deux nouvelles années se
passèrent. Cependant Absalon, fatigué de cette longue disgrâce, cherchait à en
sortir, et comme il ne pouvait pas même obtenir une entrevue avec Joab, il le
contraignit à venir, en faisant mettre le feu à un champ d'orge que Joab
possédait près d'une propriété appartenant à Absalon. Ils entrèrent en
pourparlers; Joab intervint auprès du roi, et Absalon ayant reçu de David
l'assurance d'un entier pardon, profita de sa liberté et de l'influence qui lui
était rendue, pour conspirer presqu'aussitôt contre son père. Il trompa le
peuple par sa popularité, se concilia sa faveur par des intrigues et des
promesses, employa toutes sortes d'artifices pour parvenir à ses fins, se
procura des chevaux et des chariots, et s'entoura d'une garde permanente de 50
archers. Enfin, la quatrième année depuis son retour de Syrie, il se rendit à
Hébron, sous prétexte d'y accomplir un vœu: deux cents personnes de distinction
l'y attendaient, mais sans suspecter ses desseins. Aussitôt il s'ouvre à ceux
qui étaient là, et fait proclamer dans toutes les villes d'Israël qu'il a fixé
le siège de son empire à Hébron, là même où David, son père, avait été sacré
roi quarante ans auparavant, 2 Samuel 2:1-11. Achithophel est des premiers à
joindre l'usurpateur; la masse du peuple suit cet exemple, et David s'enfuit de
Jérusalem avec une poignée d'amis sûrs et fidèles. Absalon s'y rend aussitôt,
et le vengeur d'un inceste devient lui-même incestueux, d'après l'avis de son
principal conseiller, en se faisant livrer les femmes de son père, pour rendre
toute réconciliation impossible. Achithophel voulait encore qu'Absalon lui
remît le soin de poursuivre immédiatement David, avec 12,000 hommes de troupes
choisies; mais cet avis ne fut pas écouté, grâces à Cusaï, qui, feignant
d'entrer dans la révolte, afin de mieux servir son maître légitime, et flattant
l'amour-propre d'Absalon, lui conseilla d'attendre, de réunir d'abord tout le
peuple en une formidable armée, et de marcher ensuite lui-même à la tête de ses
troupes. Une victoire brillante lui était assurée. Pendant qu'Absalon rassemblait
ainsi le peuple, il donnait à David le temps de réunir ses vieux soldats, et ce
furent eux qui le délivrèrent de ses ennemis dans la bataille qu'ils livrèrent
au milieu des forêts d'Éphraïm. Vingt mille hommes restèrent parmi les morts,
et Absalon lui-même, en traversant l'épaisseur de la forêt, demeura suspendu
aux branches d'un arbre, entre lesquelles sa tête ou sa chevelure s'embarrassa.
Son cousin Joab l'ayant appris, il courut en hâte, et, de sa propre main, lui
arracha la vie, malgré la défense expresse du roi, qui voulait qu'on
l'épargnât. (1021, avant J.-C.) Ce fut donc un neveu de David qui le priva d'un
fils, bien coupable sans doute et peu digne d'intérêt, mais auquel son père
n'avait pas retiré son affection. Absalon, pour éterniser sa mémoire, s'était
fait ériger un monument, près duquel il désirait peut-être qu'on l'ensevelît.
L'historien Flavius Josèphe dit que c'était une colonne de marbre, et qu'elle
était à 300 pas de Jérusalem, dans la vallée de Josaphat. Mais son corps fut
jeté dans une fosse immédiatement après le combat, et recouvert d'un monceau de
pierres. Quand David apprit la mort de son malheureux fils, il versa sur lui
d'abondantes larmes, dont l'amertume était bien justifiée par une si triste vie
suivie d'une si triste fin, 2 Samuel 18:33.
— Le nom d'Absalon ne se trouve, en dehors des livres
historiques, que dans l'épigraphe du Psaumes 3.
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ABSINTHE.
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Cette plante, bien connue chez nous, contient un jus
amer. Les Hébreux, qui regardaient les plantes amères comme nuisibles, et comme
vénéneuses (— Voir: Apocalypse 8:10 et 11), se servent souvent du nom de cette
plante pour désigner ce qui est généralement désagréable, nuisible et
pernicieux; et le paraphraste caldéen appelle cette plante «absinthe de mort.»
Les versions orientales et les rabbins traduisent l'hébreu Lahenah par
absinthe, tandis que les versions grecques d'Alexandrie lui substituent le nom
des choses représentées. Ainsi, Deutéronome 29:18, elles traduisent absinthe
par amertume; Jérémie 9:15, par nécessite; 23:15, par douleur. Les idolâtres
sont représentés, Deutéronome 29:18, sous l'image même d'une racine qui produit
de l'absinthe, cf. Hébreux 12:15. La Bible lui compare aussi les attraits d'une
femme de mauvaise vie, Proverbes 5:4; les juges iniques, Amos 5:7. 6:12;
Jérémie 9:15; 23:15, les souffrances et les tribulations, Lamentations 3:15,19.
Quelques savants pensent, mais sans raison, que la plante mentionnée dans la
Bible n'est pas l'absinthe ordinaire, mais l'absinthium santonicum, ou chiha
des Arabes, qui croît librement et sans culture dans les plaines de la
Palestine.
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ACACIA,
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— Voir: Sittim (bois de).
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ACCAD,
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ville bâtie par Nimrod au pays de Sinhar, Genèse
10:10. Il faut la chercher en Babylonie ou en Assyrie. Les Septante lisent
Arcad, ce qui a fait penser à Bochart qu'elle était située aux environs du
fleuve Argade, dans la Sittacène.
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ACCOUPLEMENTS
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hétérogènes. Il était défendu aux Hébreux d'allier,
dans le cours de leur vie et dans les affaires les plus ordinaires, les choses
qui ne devaient pas naturellement aller ensemble, Lévitique 19:19; Deutéronome
22:9 et suivant. Ils ne pouvaient pas, en particulier:
1. porter
des habits faits d'étoffes différentes, de laine et de lin ensemble (demi-laine);
2. semer
dans un même champ deux sortes de graines différentes;
3. atteler
à la charrue deux animaux différents, un âne et un bœuf;
4. accoupler
pour la propagation des bêtes d'espèces différentes qui auraient produit des
animaux neutres et bâtards, des mulets.
L'Écriture n'explique nulle part la cause de cette
défense, et les Juifs eux-mêmes ne paraissent pas l'avoir comprise d'une
manière plus claire. Mais l'idée qui se présente le plus naturellement à
l'esprit, et qui est le plus conforme à l'ensemble des dispositions mosaïques,
c'est que le législateur voulait, en défendant l'union de choses étrangères,
inculquer toujours plus fortement au peuple à part l'horreur des alliances
étrangères, soit avec les Égyptiens qu'ils venaient de quitter, soit avec les
Cananéens qu'ils allaient rencontrer, et avec lesquels ils ne devaient se
rencontrer que pour les déposséder et les extirper. La semence sainte allait se
trouver sur le même sol que la semence maudite: ils devaient avoir horreur de
cet alliage, de ce mélange qui les souillerait; ils devaient l'empêcher par
l'extermination du mal.
La défense d'accoupler des animaux d'espèces
différentes se comprend mieux que les autres. Pervertir en effet le cours de la
nature pour essayer de produire ce que Dieu n'a pas créé, forcer ou favoriser
une marche différente de celle qui est établie, et faire des monstres, était
une pensée qui devait répugner déjà au simple sens moral et religieux, et
provoquer des mesures préventives; en outre, et a fortiori, cette interdiction
disait le dernier mot sur le crime de la bestialité si fréquent parmi les
anciens païens, et que le législateur n'a pas même osé nommer; ce crime, la
plus grande des monstruosités morales, était banni même de la loi, comme le
parricide l'était des lois de Solon.
— Du reste il n'était pas défendu d'acheter et de
nourrir des mulets, et les Israélites en faisaient venir pour leur usage des
pays étrangers.
Quant à la défense d'atteler à une même charrue des
animaux différents, Flavius Josèphe et Philon la regardent comme une loi
d'humanité en faveur des animaux laboureurs; on sait, en effet, que de
semblables attelages sont pour l'un et l'autre animal une charge pénible et
difficile, à cause de la différence de pas, de forces et d'allure.
Les rabbins ont donné encore beaucoup d'autres
explications, toutes plus ou moins satisfaisantes: ils ont dit, par exemple,
qu'il était défendu au peuple de porter des vêtements mi-laine, parce que ce
devait être le costume des seuls sacrificateurs, ce qui n'est pas prouvé. Ils
ont dit encore que par laine la loi n'entendait absolument que la laine de
moutons, et qu'elle permettait celle de chameaux et d'autres animaux; que cette
défense ne s'appliquait qu'aux vêtements, et point à tous les autres tissus que
l'on pouvait faire, tapis, linges, couvertures, essuie-mains, etc. Ces
explications de détail ne mènent guère loin.
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ACHAB
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1. (918,
avant J.-C.), 1 Rois 16:28-22:40, fils et successeur de Homri, monta sur le
trône d'Israël lorsque Asa régnait à Jérusalem; il fut le plus impie de sa
race, et ne fut surpassé peut-être que par sa digne compagne Jésabel ou Izebel,
fille d'Ethbahal, roi de Sidon. Son idolâtrie fut punie par une famine qui
désola le pays pendant trois ans et six mois, et qui lui fut annoncée parle
prophète Élie. À la fin de ce temps, une épreuve solennelle fut proposée par
Élie: les ministres de Banal se réunirent au Carmel, offrirent des sacrifices
et prièrent leur dieu qu'il voulût bien faire tomber la pluie sur la terre;
mais ils prièrent en vain pendant une demi-journée. Élie, s'approchant à son
tour, bâtit un autel et pria le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, de se
manifester comme le seul et vrai Dieu: le feu du ciel consuma l'holocauste, un
petit nuage parut à l'horizon, comme la paume de la main, et Achab, montant sur
son char, s'enfuit en hâte à Jizréhel avant que l'orage l'atteignît. Quelques
années après commença la guerre avec Ben-Hadad, roi de Syrie, et trente-deux
autres rois, 1 Rois 20; mais quelque nombreux que fussent les ennemis d'Israël,
l'Éternel n'était point avec eux, et leur déroute fut complète; ils furent
vaincus par deux fois sur la montagne et dans la plaine. Achab pouvait et
devait exterminer Ben-Hadad, mais par orgueil, ou par une générosité hors de
saison et que Dieu réprouvait, il préféra faire alliance avec lui. Cette
désobéissance lui devint fatale: un prophète, 20:35 (probablement le même
Michée que 22:8), lui annonça que puisqu'il avait laissé échapper l'homme que
Dieu lui avait donné à détruire, sa vie répondrait pour celle de Ben-Hadad, et
son peuple pour le sien. Irrité de ces paroles prophétiques, de
l'accomplissement desquelles il ne pouvait douter, Achab revint à Samarie et ne
fit que pécher davantage au lieu de chercher à apaiser l'Éternel. Sa femme fit
lapider Naboth dont la vigne plaisait à Achab; mais pendant que le malheureux
roi parcourait sa nouvelle possession, Élie se présenta devant lui, et l'âme
coupable et bourrelée s'écria comme le démoniaque du Nouveau Testament:
«Pourquoi viens-tu me tourmenter? Me chercheras-tu toujours? Suis-je ton
ennemi?» Tu l'es, lui répondit le prophète, et en même temps il lui annonça les
maux qui devaient l'accabler lui-même et fondre sur sa coupable famille.
Épouvanté de tant de malheurs, Achab déchira ses vêtements dans cette vigne
même dont un crime l'avait rendu l'infortuné propriétaire, il se couvrit d'un
sac et se traînait en marchant. L'Éternel eut égard à cette humiliation,
sincère peut-être, mais passagère, et renvoya d'une génération
l'accomplissement de ses menaces. «Tant il est vrai, ajoute Saurin, ce que nous
disons, que Dieu aime tant la repentance qu'il en couronne quelquefois les
dehors, et qu'il en récompense quelquefois jusqu'aux apparences.» (Sermon sur
les dévot. passag.) Trois années après, 2 Chroniques 18, Achab s'unit à
Josaphat, roi de Juda, pour reprendre la ville de Ramoth de Galaad, et fit
mettre en prison le prophète Michée, qui lui prédisait sa mort et la défaite de
son armée. Cette mesure séculière n'empêcha pas l'accomplissement de la parole
divine: Achab fut blessé malgré son déguisement et mourut malgré son armure;
une flèche tirée presque au hasard le frappa au défaut de la cuirasse, il tomba
au fond de son chariot et mourut vers le soir, baigné dans son sang, après un
triste règne de 22 ans (897 avant J.-C.). On lava son char et ses armes dans le
vivier de Samarie, et les chiens léchèrent son sang, ainsi que l'Éternel
l'avait annoncé. L'auteur sacré nous trace en deux mots le caractère de ce
méchant prince. «Achab fît ce qui déplaît à l'Éternel, plus que tous ceux qui
avaient été avant lui. Et il arriva que, comme si ce lui eût été peu de chose
de marcher dans les péchés de Jéroboam, fils de Hébat, il prit pour femme Izebel;
puis il alla et servit Bahal et se prosterna devant lui; et il lui dressa un
autel, et fit un bocage», 1 Rois 16:30-33. Son histoire est la plus triste
peut-être de toutes celles des rois d'Israël et de Juda, et l'Écriture sainte
s'en sert comme d'un terme de comparaison pour juger l'impiété de ses
successeurs,
— Voir: 2 Rois 8:18; 9:7; 10:1; 21:3; 2 Chroniques
21:6; 22:3; Michée 6:16.
2. Achab,
fils de Kolaja, et Sédécias, faux prophètes qui séduisaient le peuple juif
captif à Babylone, et qui joignaient à des paroles de mensonge des mœurs
impures, Jérémie 29:21-22. Leur mort passera en proverbe et deviendra un
formulaire de malédiction, dit Jérémie, et l'on dira: «Que l'Éternel te mette
en tel état qu'il a mis Achab et Sédécias, lesquels le roi de Babylone a
grillés au feu.» On ne sait rien de plus sur leur compte; quelques-uns ont
voulu les confondre avec les deux anciens de l'histoire de Suzanne; mais, même
en admettant cette histoire comme vraie, l'identité serait plus que douteuse,
car il est dit que les deux vieillards furent lapidés et non point brûlés.
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ACHAÏE.
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Actes 18:1-12; 2 Corinthiens 1:1. Originairement ce
nom ne désignait que la côte septentrionale du Péloponèse, mais du temps des
apôtres il comprenait toute la province romaine, c'est-à-dire l'ancienne Hellas
(Livadie) et le Péloponèse (Morée). Elle fat successivement régie par des
proconsuls et des procurateurs. Elle avait pour capitale Corinthe, la seule ville
un peu considérable de son territoire; Gallion y résidait lorsque Paul y prêcha
l'Évangile et qu'il y fonda plusieurs congrégations chrétiennes.
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ACHAIQUE,
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disciple de saint Paul, dont le nom semble indiquer la
patrie. On ne sait rien de particulier sur sa vie, et son nom ne se trouve que
1 Corinthiens 16:17, où nous voyons saint Paul le recommander avec force aux
Corinthiens. Envoyé de Corinthe vers l'apôtre, avec Stéphanas et Fortunat, ce
fut peut-être encore lui qui fut chargé de remettre aux fidèles de sa patrie la
1re épître qui leur est adressée.
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ACHAZ,
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2 Rois 15:38; 16:20; 23:12; 2 Chroniques 28; fils de
Jotham, roi de Juda, épousa, fort jeune encore, Abija dont il eut Ézéchias. Il
monta sur le trône à l'âge de 20 ans, 742 avant J.-C., et régna 16 ans. Il
s'adonna tout entier à l'idolâtrie, fit passer ses enfants par le feu en
l'honneur de Moloch, et sacrifia aux idoles dans le temple même de Jérusalem.
Bientôt il vit réunis contre lui Retsin, roi de Syrie, et Pékach, roi d'Israël,
avec une armée formidable; vaincu dans une sanglante bataille, il s'enferma
dans sa capitale où ses ennemis l'assiégèrent, pendant que d'un autre côté les
Iduméens et les Philistins ravageaient ses états, s'emparaient de ses
forteresses et dépouillaient tous ceux qu'ils rencontraient. Achaz fit alors
alliance avec le roi d'Assyrie Tiglath-Piléser, dont le secours ne lui fut pas
fort avantageux. Dans ces tristes circonstances, Dieu restait encore à la
postérité de David; il envoya vers le malheureux monarque le prophète Ésaïe,
pour lui annoncer une prochaine délivrance, Ésaïe 7 et 8. Ésaïe offrit même au
prince, en garantie de cette promesse, de lui donner tel signe qu'il voudrait;
mais Achaz, sous prétexte de ne pas tenter Dieu, Deutéronome 6:16, refusa; sa
véritable crainte était justement de recevoir ce signe, qui l'aurait alors
obligé de Suivre la voie indiquée par le prophète, et d'abandonner l'alliance
assyrienne. Toutefois ce signe lui fut donné: une vierge enfanterait un fils,
et avant que l'enfant pût prononcer les noms de père et de mère, Achaz serait
délivré. Cette prophétie eut son accomplissement: le roi d'Assyrie, pour des
raisons peut-être personnelles, fondit sur les ennemis de Juda, prit Damas dont
il transporta les habitants, et fit mourir Retsin. Achaz alla rendre visite au
vainqueur et lui fit hommage des trésors du temple et du palais de Jérusalem.
Frappé de la beauté d'un autel d'idoles qu'il vit à Damas, il en envoya le
modèle au grand prêtre Urie, et lui enjoignit d'en faire construire un
semblable pouf le mettre à la place de celui de Salomon dans le temple de
l'Éternel, auquel il fit encore plusieurs autres changements également
coupables et impies. Pendant ce temps, Ésaïe et le prophète Michée, 3:3-12, ne
cessaient de prononcer contre Jérusalem de redoutables menaces. Elles
demeuraient inutiles: d'autres prophètes, plus nombreux et plus agréables,
flattaient les goûts du roi et de la multitude, et Achaz, se plaisant en leurs
voix séductrices, mourut au milieu de ses iniquités, 726 avant J.-C. On
l'ensevelit à Jérusalem, maison ne lui donna pas de place dans le sépulcre à
côté des rois ses ancêtres.
— Son nom ne se retrouve plus que pour servir de date
aux oracles des prophètes, Ésaïe 1:1. Osée 1:1, etc.
— Cadran d'Achaz,
— Voir: Cadran.
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ACHAZIA.
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1. Fils
d'Achab, d'abord son associé pendant un an, puis son successeur au trône
d'Israël, 1 Rois 22:40; 2 Rois 1; 2 Chroniques 20:35-37, marcha dans
l'idolâtrie comme son père et comme sa mère Jésabel, fut malheureux dans une
alliance qu'il contracta avec Josaphat pour l'équipement de vaisseaux de
commerce, et laissa les Moabites se soustraire à son pouvoir. Il tomba de son
palais de Samarie «par le treillis de sa chambre haute», qui donnait à la fois
sur la cour intérieure du palais par une trappe, et sur la rue ou sur les
parvis extérieurs par la balustrade dont le toit était environné,
— Voir: Maison;
comme il était fort malade de sa chute, il envoya
consulter Bahal-Zébub, dieu de Hébron; ses serviteurs ne purent remplir leur
message et revinrent annoncer à leur maître qu'un prophète les ayant rencontrés
leur avait annoncé la mort prochaine et sûre d'Achazia. Le roi, sur la
description qui lui en fut faite, reconnut le prophète Élie, et, pensant tuer
la prophétie en tuant le prophète, il envoya l'une après l'autre deux compagnies
de cinquante hommes au Carmel pour le saisir. Une troisième troupe fut encore
envoyée, dont le chef (— Voir: Abdias), au lieu de prendre le ton impérieux qui
avait attiré le feu du ciel sur les deux premiers, s'agenouilla devant le
prophète et le supplia de le suivre auprès du roi. Élie descendit, alla vers le
roi et lui répéta ce qu'il avait déjà dit à ses serviteurs: «Tu ne descendras
pas du lit sur lequel tu es monté, mais certainement tu mourras.» Il mourut en
effet, suivant la parole du Seigneur, et sans postérité, un an après la mort de
son père, 896 avant J.-C.; Joram, son frère, lui succéda.
2. Achazia,
2 Rois 8:25; 9:29, ou Jehoachaz, 2 Chroniques 21:17; 22:1, appelé aussi Hazaria
22:6 (à moins que ce ne soit une faute de copiste), fils de Joram et d'Hatalie,
monta sur le trône à l'âge de 22 ans, 885 avant J.-C., et ne régna qu'un an. Il
combattit avec Joram contre les Syriens, et lorsque celui-ci, blessé, eut dû
s'enfuir à Jizréhel, Achazia vint lui faire visite. Cependant Jéhu, simple capitaine,
que son maître avait laissé au siège de Ramoth de Galaad, ayant été oint roi
par Élisée, se souleva, tua Joram et poursuivit Achazia qui, bien que blessé
mortellement à la montée de Gur, put encore s'enfuir dans la contrée de
Samarie, à Méguiddo, où Jéhu l'ayant découvert le fit mettre à mort. Ses
serviteurs l'emmenèrent à Jérusalem, et il fut enseveli avec ses pères, 2 Rois
8:25; 9:29.
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ACHIM,
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fils de Sadoc, père d'Éliud, de la tribu de Juda,
nommé dans la généalogie du Sauveur, Matthieu 1:14, mais du reste, inconnu.
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ACHITHOPHEL
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(frère de ruine ou de folie), 2 Samuel 15:16 et 17,
natif de Guilo, père d'Éliham, 2 Samuel 23:34, et grand-père de Bathsébah, cf.
11:3, courtisan fort habile dont les avis étaient reçus comme des conseils de
Dieu, 16:23, fut des premiers à embrasser le parti d'Absalon révolté contre son
père, et l'on suppose que ce fut pour venger l'affront fait par ce prince à la
personne de sa petite-fille. Du moins on ne voit pas quel intérêt aurait pu
porter ce vieillard à trahir son premier maître; et toute sa conduite, ses
paroles, ses conseils, ses actions respirent la haine personnelle la plus
violente contre David. Il veut une rupture complète et conseille à son nouveau
roi d'abuser en public des femmes de son père, afin que tout le peuple, en
voyant ce crime, comprenne qu'Absalon ne reculera pas devant tous les autres; puis
il demande qu'on lui donne 12,000 hommes, avec lesquels il partira la nuit même
et poursuivra le roi sans lui donner de repos; il se jettera sur lui et ne
frappera que lui. Ce féroce conseil était bon et digne d'un homme d'État
consommé, mais Dieu le dissipa. Cusaï, ami secret de David, conseilla des
lenteurs qui furent approuvées et qui perdirent Absalon. Achithophel, prévoyant
que David serait vainqueur, et sachant bien qu'il ne pouvait en espérer aucun
pardon, fit seller son âne, revint à Guilo, mit en ordre ses affaires et
s'étrangla, 1021 avant J.-C.
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ACHMÉTHA,
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— Voir: Ecbatane.
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ACIER,
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— Voir: Fer.
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ACSAPH
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(un prisonnier), ville cananéenne dont le roi fut
vaincu par Josué, Josué 11:1; 12:20, et qui fit plus tard partie de la tribu
d'Aser, 19:25. Elle était près du mont Thabor. M. Buckingham, qui a visité ces
lieux en 1816, dit que c'est actuellement une petite ville nommé Idippa ou
Ecdippa, près de la Méditerranée, entre Tyr et Ptolémaïs. Au temps de saint
Jérôme, environ quatre siècles après Christ, c'était, à ce qu'il paraît, un
petit village nommé Chassalus.
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ACTES DES APÔTRES.
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Actes (actions ou faits) des Apôtres. Ce livre est le
5e et dernier des livres historiques du Nouveau Testament Il fait suite aux
Évangiles et sert d'introduction préparatoire aux apôtres. Il contient
l'histoire inspirée de ce que les apôtres ont fait et souffert depuis
l'ascension du Seigneur; il est plein de récits d'un haut intérêt et fournit
une foule de preuves éclatantes du pouvoir et de la grâce de Dieu. Pierre,
Jean, Paul et Barnabas en sont les principaux personnages. Après avoir raconté
l'ascension de Jésus-Christ, les Actes parlent du choix qui fut fait de
Matthias en remplacement de Judas, puis de l'effusion du Saint-Esprit à la
Pentecôte, de la prédication miraculeuse des apôtres, de leurs succès, des
persécutions qu'ils eurent à éprouver. On voit ensuite l'élection des diacres,
le martyre d'Étienne, la dispersion des fidèles en Samarie, la honteuse
conduite de Simon le magicien, le baptême de l'eunuque d'Éthiopie. Les
chapitres 9-15 nous montrent Pierre ressuscitant Dorcas, baptisant Corneille,
annonçant l'Évangile aux païens et s'en justifiant auprès des Juifs convertis.
Partout on recueille des aumônes pour les fidèles de Jérusalem qui souffrent de
la famine; Jacques est décapité; Pierre emprisonné est délivré par un ange,
Hérode est rongé des vers. L'assemblée de Jérusalem condamne ceux qui veulent
faire de l'observance des cérémonies lévitiques une condition de salut, mais
elle ordonne de s'abstenir des choses consacrées aux idoles, de la fornication,
des viandes étouffées et du sang.
— Le reste du livre (et déjà les chapitres 11 et 13,
et une portion du 9e), raconte la conversion, les travaux et les souffrances de
Paul, et fait l'histoire abrégée de la fondation et du gouvernement de l'Église
chrétienne pendant environ trente années.
L'évangéliste Luc est l'écrivain dont Dieu s'est servi
pour nous transmettre ces faits, et le livre des Actes est la suite immédiate
de l'Évangile du même disciple. L'usage fréquent de la première personne du
pluriel montre que l'auteur a été souvent le témoin des choses qu'il raconte.
On croit que son principal dessein, en entreprenant ce travail, a été d'opposer
une véritable histoire des apôtres aux faux actes et aux contes absurdes que
l'on commençait à répandre en grand nombre. Le premier et le dernier verset de
ce livre déterminent tout ce que l'on peut savoir quant à l'époque à laquelle
il fut composé: ce fut après l'Évangile, et après le séjour de deux ans que
saint Paul fit à Rome. Saint Luc l'écrivit en grec et dans un style plus
élégant que celui des autres écrivains sacrés du Nouveau Testament
— L'authenticité de ce livre n'a jamais été contestée;
quelques hérétiques seuls, dont les doctrines s'y trouvaient trop fortement
condamnées, les marcionites et les manichéens, l'ont rejeté. Les ébionites le
traduisirent en hébreu et le défigurèrent grossièrement. D'autres essayèrent,
mais en vain, de faire admettre par l'Église plusieurs imitations de ce livre,
sous les titres mensongers d'Actes des apôtres par Abdias, Actes de Pierre, de
Paul, de sainte Thècle (qui nous raconte le baptême d'un lion), de Jean,
d'André, de Thomas, de Philippe, de Matthias, etc.
— Voir: Paul et Luc.
La plus grande difficulté du livre des Actes est
certainement la partie chronologique: on a déjà fait beaucoup de travaux à cet
égard sans arriver à des résultats bien satisfaisants et bien concluants; mais,
comme en pareille matière il vaut mieux avoir une idée fixe et arrêtée,
fût-elle même fausse, que de n'en avoir point, et puisqu'il faut choisir entre
plusieurs systèmes peu sûrs celui qui présente le plus de garanties, nous
renvoyons nos lecteurs français aux Deux dissertations de M. Bost sur le droit
des Papes, suivies d'une table chronologique des Actes des apôtres,
— et à l'Histoire de l'établissement du Christianisme,
par le même, 1er vol., p. 5-53;
— Voir: encore l'ouvrage de Néander, traduit par M.
Fontanès (Établ. et direction de l'Égl. chr. parles ap.); quelques pages de
Sardinoux (sur les Galates), et de Rilliet (Philippiens); Concordance de
Mackenzie, Introduction, etc.
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ACZIB
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(menteur),
1. ville
de la tribu d'Aser, Josué 19:25,29, peut-être la même que Acsaph.
2. Autre
ville du même nom dans la tribu de Juda, Josué 15:44. Michée, jouant sur la
signification du nom de cette ville, dit (1:14): «Les maisons d'Aczib mentiront
aux rois d'Israël», c'est-à-dire que les gens d'Aczib et leurs forces ne leur
seront d'aucun secours pendant l'invasion des Assyriens.
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ADAM.
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Dieu dit au commencement: «Faisons l'homme à notre image»,
et l'homme fut tiré de la poudre; Dieu les créa maie et femelle, Genèse
1:26-27. Le mot Adam signifie terre; c'est un nom qui aurait pu, dans sa
généralité, s'appliquer à tous les individus de la race humaine, mais qui est
demeuré le nom propre de notre premier père. (Le nom Adam, terme désignant
l'humanité, incluant mâles et femelles Gen. 5:2, provient d'adamah et porte
aussi les notions de «l'intelligent, l'astucieux, le brillant, le clairvoyant,
l'éclairé, le lucide, le raisonnable, le sage, le spirituel, le subtil, le
vif.)
— Quand l'organisation matérielle de ce vaste univers
fut achevée, le Créateur compléta son œuvre en créant l'homme à son image et
selon sa ressemblance. Dieu lit l'homme droit, non pas impeccable, non pas doué
de la toute puissance, ni de la toute-science, mais pur de cœur et sain
d'entendement comme de corps. En connaissance, en justice et en vraie sainteté,
il réfléchissait l'image sans tache de son puissant Créateur, et il était
pourvu de ce qu'il lui fallait pour exercer l'empire sur les œuvres de la
création. Celles-ci étaient alors» très bonnes» à tous égards. Ce vaste
ensemble n'était qu'harmonie et bénédiction; le gouverneur suprême en remit la
domination à Adam, et lit passer devant lui toutes les créatures afin qu'il les
nommât et qu'il décidât ainsi de leur rang et de leur qualité, car c'est ce
qu'emportait chez les Hébreux le droit de donner le nom à quelqu'un ou à
quelque chose. Mais tout ce monde et ces milliers d'êtres ne présentaient pas à
l'homme le secours et la communion de sympathie dont il avait besoin; Adam
était seul; nul être ne pouvait partager son bonheur et répondre à ses
sentiments. C'est pourquoi l'Éternel le plongea dans un profond sommeil, et
d'une de ses côtes lui forma une compagne: la femme est créée, le mariage est
institué, et l'homme exprime, en ternies pleins d'énergie, ses nouvelles
affections et le sentiment qu'il a de l'intimité qui doit régner entre lui et
celle qui est un autre lui-même: le nom qu'il lui donne d'abord (Adamah,
Hommesse, 2:23), est destiné à rappeler constamment ce fait. Comme les saisons
n'avaient point encore leurs intempéries, et que le sentiment de la honte et de
la pudeur, premier fruit du péché, était inconnu à nos premiers parents, ils
marchaient dans l'innocence des petits enfants, sans songer à voiler leur corps
par des vêtements. (— Voir: Création, Ève, Femme.)
Plus l'homme était haut placé, plus l'autorité que
l'Éternel lui avait donnée sur les œuvres de la création était grande, plus il
importait aussi que quelque chose vînt sans cesse lui rappeler qu'il avait un
maître au-dessus de lui, un Seigneur qui l'avait créé pour sa gloire et auquel
il devait hommage et obéissance. Peu importait en soi quel que fut le signe de
cette dépendance. Dieu défendit sévèrement à l'homme le fruit d'un des arbres
du jardin qui, pour cela, fut nommé l'Arbre de la connaissance du bien et du
mal. Le bonheur d'Adam était ainsi entre ses mains et dépendait de ses œuvres:
s'il obéissait au commandement, lui et les siens, il jouirait avec eux et à
toujours d'un bonheur sans mélange, dans la communion de Dieu. Vie éternelle,
vie spirituelle, voilà ce qui lui avait été donné avec la vie naturelle, et ce
que son obéissance devait lui conserver. L'arbre de vie qui est au milieu du
jardin sert de signe à ces promesses. Mais s'il manque à la loi qui lui est
imposée, alors tout le contraire lui arrivera: la mort naturelle, la mort
spirituelle, la mort éternelle seront son partage, à moins que la miséricorde
divine n'intervienne; mais Dieu ne lui fait encore aucune promesse à cet égaré,
parce qu'il ne veut pas préjuger sa chute.
Le grand adversaire que nos versions appelle Satan et
le Diable, celui qui est menteur dès le commencement, et père du mensonge, se
sert du serpent pour séduire la femme, il parvient à glisser la tentation dans
son cœur. La convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l'orgueil de la
vie, 1 Jean 2:16, suffirent à faire succomber Ève: quand elle vit que le fruit
de l'arbre était bon à manger, et qu'il était agréable à la vue, et que cet
arbre était désirable pour donner de la science, elle en prit du fruit et
entraîna son mari dans sa chute; (— Voir: un Sermon de Hor. Monod sur les trois
Convoitises.) Dès lors l'image de Dieu dans l'homme fut effacée; Adam et Ève
sont morts spirituellement, et leur communion avec Dieu se trouvant rompue, ils
apprennent ce que c'est que le trouble et la honte; ils cousent ensemble des
feuilles de figuier et s'en font une ceinture autour des reins; puis, lorsque
la voix, la parole de l'Éternel, se fait entendre dans le jardin, ils se
cachent au milieu des arbres et pensent pouvoir celer à Dieu ce qu'ils ont
fait. Bien plus, quand Adam voit que tout est découvert aux yeux de celui à qui
nous devons tous rendre compte, il essaye de rejeter toute la faute sur celle
qu'il devait aimer comme lui-même, et indirectement, par un horrible blasphème,
sur l'Éternel qui lui avait donné cette compagne. Toutefois, avant de frapper,
l'Éternel fait entendre aux coupables l'Évangile, la bonne nouvelle du salut, c'est
que la postérité de la femme brisera la tête du serpent: puis il leur annonce
la malédiction qui reposera sur Adam et sur toute sa race, même sur les élus
qui auront part à la grande délivrance finale. Infirmités, douleurs de
l'enfantement et sujétion à son mari, telle sera la part spéciale de la femme;
travail et fatigues, récoltes précaires et arrosées de sueurs, toutes sortes de
peines et d'infortunes, et la mort après tout, voilà ce qui attend Adam et le
genre humain tout entier dont il est le représentant et le père. «Tu es poudre
et tu retourneras dans la poudre», sentence pleine de miséricorde pour le
fidèle quand on la compare à l'éternelle mort qu'il a méritée, et quand on
pense à l'éternelle félicité que la grâce de Dieu lui assure.
(Le mot serpent ou
NACHASH porte aussi le sens «le raisonnement, l'intellect», c'est à dire «être
brillant, être éblouissant, être flamboyant, être illustre, être magnifique,
être séduisant, être trompeur. Tout porte à penser que le serpent n'est qu'un
terme figuratif qui représente l'esprit de la chair en l'homme, un esprit de
contrariété humaine qui veut son indépendance de Dieu et s'oppose à toutes ses
voies.)
Adam nomma sa femme Ève, c'est-à-dire vivante, parce
qu'elle devait être la mère des vivants: l'immortalité de l'individu fut
remplacée sur la terre par celle de la race, mais ce fut toujours
l'immortalité. Puis l'Éternel, les ayant revêtus de robes de peaux, les chassa
du paradis, dont il fit garder l'entrée par un ange armé d'une épée
flamboyante. Bientôt après naquirent Caïn et Abel portant l'un et l'autre
l'image de leur père terrestre, c'est-à-dire pécheurs et mortels comme lui.
D'autres enfants en grand nombre, des fils et des filles, furent donnés à Adam;
Seth est le seul dont le nom soit conservé; il naquit la 130e année de son
père. Adam mourut huit siècles après, à l'âge de 930 ans. Lémec, père de Noé,
en avait alors 56.
Observations détachées.
1. On
a pensé, mais sans fondement, que le mot Adam signifiait premier créé; d'autres
ont cru y reconnaître le mot sanscrit Adim, qui signifie le premier; enfin,
l'on a prétendu qu'il dérivait d'un mot hébreu signifiant ressemblance. Ce qui
est plus probable, c'est qu'il vient de Adamah, terre: le corps d'Adam fut
formé de terre, et c'est encore à présent la terre végétale, ou terreau, qui,
varié de mille manières, est le principe constitutif, non seulement des
végétaux, mais encore des animaux.
2. La
création de l'homme est racontée de manière à nous montrer combien d'importance
l'esprit de Dieu donne à la formation de ce chef-d'œuvre sorti des mains du
Créateur. Le récit ne nous dit pas simplement que l'homme a été formé, mais il
nous fait part des pensées divines qui précédèrent ce grand et dernier acte de
la création; l'Éternel tient conseil et veut que nous sachions l'idée
essentielle que sa puissance va réaliser. «Faisons l'homme à notre image et à
notre ressemblance.»
3. «Dieu
souffla en l'homme une respiration de vie, et l'homme fut fait en âme vivante,
ce qui veut dire, non seulement que Dieu donna la vie à l'homme comme il
l'avait déjà donnée aux animaux, mais encore qu'il lui donna une âme, siège de
l'intelligence et du sentiment, et qu'il le doua d'un sens moral qui était la
vie de son âme et son privilège essentiel. Par ses sens, dont rien ne troublait
le libre et droit exercice, l'homme était en rapport avec la nature matérielle,
et les facultés de son entendement dans leur force originelle le mettaient en
état de saisir tous ces rapports et de les combiner, en sorte qu'il avait, hors
de lui et en lui, la source de toutes les connaissances naturelles qu'il devait
progressivement acquérir. D'un autre côté, il pouvait s'élever par le sens
moral aux relations qui l'unissaient à Dieu, et les pieuses affections de son
cœur devaient tendre à se développer par la contemplation et par l'exercice.
Tel nous parait avoir dû être le premier homme quand il sortit des mains de son
Créateur, sans toutefois que nous croyions possible d'arriver à quelque chose
de bien certain sur sa nature, vierge encore de toutes impressions, que les uns
croient avoir été extrêmement développée, et que d'autres comparent à celle
d'un enfant admirablement doué de la puissance d'acquérir, mais qui n'a encore
rien acquis.
4. La
dégradation dans laquelle tombe le premier homme, et les rapides progrès qu'il
fait dans la voie du mal, sont vraiment effrayants. On peut remarquer trois
faits dans cette chute: la faiblesse singulière du pécheur, qui cède à la voix
de sa femme; sa lâcheté à vouloir s'excuser en l'accusant; enfin, et surtout,
l'endurcissement qu'il manifeste au point de n'exprimer aucune repentance de
son péché. C'est que le repentir est impossible là où il n'y a point
d'espérance, et nulle promesse de pardon n'était encore sortie de la bouche de
l'Éternel. Mais, dès que la promesse d'un libérateur eut été prononcée, il y
eut pour Adam une voie de retour à Dieu, et le nom même qu'il donna à sa femme
semble indiquer qu'il entra aussitôt dans cette voie. Il l'appela Vivante et
Mère des vivants, au moment que la sentence de mort contre elle et contre sa
postérité venait d'être portée; ce qui rend probable qu'il lui donna ce nom en
vue de la promesse, c'est-à-dire par la foi.
5. Si
le Seigneur afflige quelqu'un, il en a aussi compassion selon la grandeur de
ses gratuités, a dit Jérémie, Lamentations 3:32; et non seulement, après la
chute, Dieu donne la promesse d'un Rédempteur, mais même plusieurs parties de
la malédiction sont de réelles bénédictions, un bonheur dans le malheur, de
tristes remèdes, mais pourtant salutaires à l'homme. Que fussions-nous en effet
devenus si, le mal étant entré dans le monde, nous n'eussions pas été
assujettis à travailler pour vivre, et que de maux l'oisiveté n'eût-elle pas
amoncelés sur le genre humain! Quel avenir de bonheur n'y a-t-il donc pas dans
ces paroles: «Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage»!
— Et si l'homme, après s'être maudit lui-même par sa
chute, eût continué d'être immortel, combien son sort n'aurait-il pas été
déplorable! L'immortalité dans la misère! Mais Dieu prend soin qu'il ne puisse
plus toucher à l'arbre de la vie, et cette privation, ce châtiment apparent
tourne encore au meilleur bien de la créature.
6. On
suppose, et non sans raison, que les robes dont l'Éternel recouvrit Adam et
Ève, furent faites avec la peau d'animaux qu'ils durent offrir en sacrifice par
l'ordre de Dieu, quoique cet ordre ne soit pas mentionné par Moïse. Ces robes
seraient alors une figure de la justice de Christ, dont le Seigneur revêt ses
élus.
7. L'Éternel
ayant chassé Adam et Ève du paradis, prit des mesures pour qu'ils n'y pussent
rentrer. C'est ainsi que les fidèles eux-mêmes, aussi longtemps qu'ils sont
ici-bas, ne peuvent être pleinement rétablis dans la pureté et la félicité
originelles; et c'est dans ce sens qu'ils ne sont «sauvés qu'en espérance.»
8. La
longévité d'Adam et des premiers hommes a eu pour but, évidemment, d'augmenter
plus promptement la famille humaine, et de suppléer en même temps, par la
tradition, au défaut de la parole écrite. Quand la population n'aurait alors
doublé que tous les cinquante ans, il y aurait eu sur la terre, à la mort
d'Adam, près d'un million et cinq cent mille individus issus de lui; et Lémec,
qui mourut cinq ans seulement avant le déluge, avait pu recevoir de la bouche
d'Adam lui-même le récit des premières révélations de l'Éternel.
9. La
Parole de Dieu nous montre en Adam un type de notre Seigneur Jésus-Christ,
Romains 5:12-19; 1 Corinthiens 15:45. Comme le corps d'Adam fut formé par la
puissance de Dieu et pris de la terre, de même Jésus-Christ homme a été formé par
cette puissance dans le sein de Marie. Christ est l'image du Dieu invisible, sa
parfaite ressemblance. Jésus, en sa qualité de Messie, de Christ, a reçu la
domination sur toutes choses. Il est le premier-né d'entre ses frères, le chef
et la tige de tous les élus. Enfin, de même que le péché d'Adam est devenu le
péché de toute sa race, la justice de Christ appartient à tous ceux qui sont
spirituellement sa postérité.
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ADAM,
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Josué 3:16, peut-être la même qui est appelée Adama et
Adaminébek, 19:33,36; ville de la tribu de Nephthali, située près de
l'extrémité sud de la mer de Tibériade. Ce fut près de là que les eaux du
Jourdain s'amoncelèrent lors de l'entrée des Hébreux en Canaan.
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ADAMA et Adaminébek,
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— Voir: l'article précédent.
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ADAR
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(haut, éminent)
le douzième mois de l'année religieuse des Juifs, et
le sixième de leur année civile. Il n'avait que vingt-neuf jours et
correspondait à notre mois de février et aux premiers jours de mars. Ce fut le
troisième jour de ce mois que l'on acheva et que l'on dédia le second temple,
Esdras 6:15. Le septième jour, les Juifs célèbrent un jeûne pour la mort de
Moïse. Le treizième, ils font la commémoration du jeûne d'Ester et de
Mardochée. Le quatorzième, a lieu le jeûne de Purim, Esther 3:12; 4:1, etc.,
9:17. Le vingt-cinquième enfin, célébration de la délivrance de Jéhojachin,
Jérémie 52:31. Tous les trois ans on ajoutait après ce mois, à l'année, un mois
supplémentaire de vingt-neuf ou trente jours, qu'on appelait Be-Adar ou second
Adar.
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ADDI,
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fils de Cosam et père de Melchi, un des ancêtres de
notre Seigneur, d'après Luc, 3:28; du reste, inconnu.
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ADMA
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(terrestre)
la plus occidentale des quatre villes détruites par le
feu du ciel lors de l'embrasement de Sodome, Genèse 14:2. Deutéronome 29:23. La
version de Martin porte Adama en Osée, 11:8; il faut lire Adma.
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ADMINISTRATION,
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— Voir: Gouvernement.
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ADONI-BÉZEK
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(seigneur de Bézek)
Immédiatement avant que Josué entrât en Canaan, Adoni
avait fait aux rois de son voisinage une guerre sanglante; soixante et dix
d'entre eux étaient tombés en son pouvoir; il leur avait fait couper les pouces
des mains et des pieds, sans doute afin de leur ôter la possibilité de manier
les armes, et il les nourrissait des débris de sa table, comme des chiens.
Après la mort de Josué, les tribus de Juda et de Siméon, continuant la guerre
d'extermination contre les peuplades maudites, battirent Adoni-Bézek, le firent
prisonnier et le traitèrent comme il avait traité lui-même ses captifs; il
reconnut la justice de ce châtiment, et mourut à Jérusalem. Juges 1:4-7.
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ADONIJA
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(le Seigneur est mon maître)
quatrième fils de David, par Hagguith, 2 Samuel 3:4; 1
Chroniques 3:2, naquit à Héglon. Après la mort de ses deux frères aînés, Amnon
et Absalon (et peut-être aussi Kiléab, dont on ne sait autre chose que le nom),
son père étant affaibli par l'âge et les infirmités, il tenta de s'assurer le
trône auquel il pensait avoir des droits par le privilège de sa naissance,
quoique son frère cadet, Salomon, fût désigné comme l'héritier légitime. Il se
procura un magnifique train de chevaux et de chariots, et s'entoura d'une garde
de cinquante cavaliers, comme précédemment son frère Absalon. Son père, qui
l'aimait, le laissa faire d'abord sans en manifester son déplaisir. Cependant
son influence augmentait rapidement à la cour; il avait dans son parti Joab, le
général des troupes royales, et Abiathar, le souverain sacrificateur. Mais
Bénaja, Tsadok et le prophète Nathan ne s'étaient point laissés entraîner. Au
jour fixé pour faire éclater la conjuration, Adonija fit un grand festin près
de la fontaine de Roguel, et il y invita tousses frères (à l'exception de
Salomon), et avec eux ses principaux adhérents.
— Pendant qu'ils se livraient aux excès de la table et
qu'ils saluaient leur nouveau roi, Nathan et Bathsébah vinrent informer David
de ce qui se passait, et reçurent de lui l'ordre de faire couronner
immédiatement son fils Salomon, que l'Éternel lui-même avait désigné comme son
successeur. Adonija et les siens, instruits de la chose par les acclamations du
peuple et par le rapport que vient leur en faire Jonathan, fils d'Abiathar,
sont saisis de terreur et se dispersent; Adonija se réfugie aux cornes de
l'autel, probablement dans l'aire d'Arauna; Salomon lui tend une main de paix,
à condition qu'il ne lui donnera plus, à l'avenir, aucun sujet de plainte, et
Adonija rentre dans sa maison, après avoir reconnu Salomon pour son roi, 1 Rois
1.
— Mais à peine David a-t-il rendu le dernier soupir, 1
Rois 2:13, etc., qu'Adonija, laissant percer de nouveau l'ambition qui le
dévore, fait demander pour lui la main d'Abisag la Sunamite, dernière épouse du
roi son père. C'est Bathsébah, mère de Salomon, qui se charge de ce message et
qui demande à son fils d'exaucer la prière d'Adonija. Une si haute intercession
fut cependant inutile, et comme, dans les mœurs du temps, c'était afficher des
prétentions au trône, Salomon dut ordonner à Bénaja de faire mourir Adonija.
Cela arriva une année environ après sa première révolte, 1013 avant J.-C.
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ADONIRAM
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(seigneur haut élevé)
1 Rois 5:14, le principal receveur de l'impôt ordonné
par Salomon, et le directeur en chef des 30,000 hommes qui furent envoyés au
Liban pour couper le bois nécessaire à la construction du Temple et de ses
magnifiques dépendances.
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ADONITSÉDEC
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(seigneur de justice), roi de Jérusalem, 1451 avant
J.-C. Quand il eut appris que Josué s'était emparé de Jérico et de Haï, et que
les Gabaonites avaient fait leur soumission, il se coalisa avec quatre rois ses
voisins pour châtier les Gabaonites, et pour empêcher ainsi que les autres
Cananéens ne suivissent leur exemple. Les Gabaonites recoururent à la
protection des Israélites, qu'ils obtinrent sans peine. Josué marche alors à la
rencontre des cinq rois, les attaque et les met en déroute. Une pluie de
pierres, envoyée par l'Éternel, détruit un grand nombre d'ennemis, et le soleil
s'arrête pour donner aux Israélites le temps d'achever leur œuvre de
destruction. Les rois s'étant réfugiés dans une caverne, on les y tint renfermés
jusqu'à l'arrivée de Josué, puis on les en tira et on les pendit à cinq
potences; leurs cadavres furent ensuite jetés dans la caverne, dont on referma
l'entrée au moyen de gros blocs de pierres qu'on y laissa en mémorial. Le
résultat de cette victoire fut la prise et le sac des villes appartenant à ces
Cananéens, à l'exception toutefois de Jérusalem. Josué 10.
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ADORAM
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(leur louange).
1. Receveur
général du roi David, 2 Samuel 20:24, peut-être le même qu'Adoniram (?),
2. Trésorier
en chef de Roboam et l'intendant de ses travaux. Il fut envoyé aux dix tribus
pour essayer de les ramener à l'obéissance du fils de Salomon; mais les
Israélites, le soupçonnant peut-être d'avoir conseillé la levée des impôts
oppressifs qui avaient causé leur révolte, le lapidèrent sur place, 1 Rois
12:18; 2 Chroniques 10:18; dans ce dernier passage on lit Hadoram.
3. Genèse
10:27.
— Voir: Hadoram.
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ADORATION,
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hommage religieux que l'on rend à la divinité, soit
intérieurement, soit extérieurement; ce terme, pris dans son sens étymologique,
signifie proprement l'acte de baiser quelque chose en le portant à sa bouche.
L'adoration était différente suivant la nature des cultes eux-mêmes. Chez les
païens elle consistait à se couvrir d'un voile, à mettre la main sur la bouche
et à faire plusieurs fois le tour de l'autel. On trouve, Job 31:26-27, une
allusion à ce mode de culte rendu au soleil et à la lune;
— Voir: encore 1 Rois 19:18:
«Je me suis réservé 7,000 hommes de reste en Israël,
savoir, tous ceux qui n'ont point fléchi leurs genoux devant Bahal et dont la
bouche ne l'a point baisé;»
— et Psaumes 2:12: «Baisez le Fils, de peur qu'il ne
s'irrite.» Le passage Genèse 41:40; peut de même se traduire «tout mon peuple
baisera sa main en ta présence.» On adorait encore de diverses manières: Jésus
est à genoux, Luc 22:41; Salomon a les mains étendues vers les cieux, 1 Rois 8:22;
David paraît debout, 2 Samuel 7:18, etc. Mais l'adoration la plus fréquente
était la prostration: l'on s'inclinait profondément, ou même on se prosternait
jusqu'à terre, pour témoigner un grand respect soit à Dieu, soit à des
personnages de distinction qu'on voulait honorer. C'est de cette manière
qu'Abraham reçoit, dans les plaines de Mamré, les trois messagers célestes
qu'il prend pour des voyageurs, Genèse 18:2. Lot également se prosterne devant
eux le visage contre terre à la porte de Sodome, 19:1. Et lorsqu'Abraham veut
obtenir des Héthiens un champ pour la sépulture de Sara, nous le voyons se
prosterner devant le peuple du pays, 23:7.
— Voir: encore Exode 4:31, et ailleurs.
— L'adoration intérieure est la plus pure et le plus
digne du vrai Dieu, mais elle aime à se manifester quelquefois par des actes
extérieurs: les deux peuvent être unies, mais, par leur nature, elles sont
indépendantes. C'est par cette sainte action que nous élevons nos cœurs vers
l'Éternel pour magnifier sa grandeur, ou pour célébrer ses gratuités et ses
merveilles envers les fils des hommes; c'est un culte qui ne cessera jamais, et
que nous rendrons à Dieu dans les joies même de l'éternité, Apocalypse 5:14;
7:11, etc. L'Écriture sainte nous apprend à n'adorer que Dieu, c'est à lui seul
que nous devons un culte, Exode 20:5, et tout hommage rendu à la créature est
une transgression.
— Voir: Idolâtrie.
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ADRAMMÉLEC.
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1. C'était
avec Hanammélec l'idole des colons de Sépharvajim, transportés en Samarie, 2
Rois 17:31, à la place des Israélites emmenés au-delà de l'Euphrate. On rendait
à ces deux fausses divinités le même culte qu'à Moloch, c'est-à-dire qu'on
faisait passer des enfants par le feu en leur honneur.
Adrammélech, selon quelques-uns, était représentée
sous la forme d'un mulet: d'autres disent qu'elle avait la figure d'un paon.
Mais le nom de ces deux divinités qui signifie, en hébreu et en assyrien, l'un
un roi magnifique, l'autre (Hanammélec) un roi débonnaire, peut nous porter à
voir, avec Jurieu, dans le premier le soleil, et dans le second la lune qui,
chez plusieurs Orientaux (comme encore chez les Allemands), n'était pas féminin
mais masculin, et était adoré comme un dieu. Adrammélec veut dire en persan roi
des troupeaux, et Hanammélec présente également une signification analogue, qui
pourrait nous faire supposer qu'on regardait ces divinités comme protectrices
du bétail.
2. 2
Rois 19:37; Ésaïe 37:38, Adrammélec et Saréetser, fils de Sanchérib, trempèrent
leurs mains dans le sang de leur père pendant qu'il adorait, dans la maison de
Nisroc, son dieu. Peut-être furent-ils poussés à ce crime par la crainte que
leur père ne les offrît en sacrifice à l'idole. Après ce parricide ils
s'enfuirent en Arménie et laissèrent le trône à Ésar-Haddon, leur frère. Encore
une révolution qui n'a profité en rien à ses auteurs!
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ADRAMITE.
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1. ville
sur la côte septentrionale de l'Afrique, à l'ouest de l'Égypte;
2. ville
sur la côte occidentale de la Mysie dans l'Asie Mineure, vis-à-vis de l'île de
Lesbos. Ce fut sur un vaisseau de cet endroit que saint Paul fit le voyage de
Césarée à Myra, Actes 27:2.
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ADRIATIQUE,
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Actes 27:27, ne signifie pas seulement le golfe de
Venise, mais se prend pour tout l'espace maritime compris entre la Grèce et
l'Italie, jusque sur les côtes de la Sicile. Hésychius a même appelé Adriatique
la mer Ionienne; mais les plus anciens auteurs, Pline 3, 16, 29, distinguent
l'une et l'autre, et font commencer la différence des noms là où le golfe
Adriatique commence à s'élargir, près des îles Ioniennes.
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ADULTÈRE.
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Ce mot dans son sens littéral désigne les relations
charnelles de deux personnes dont l'une ou l'autre, ou toutes les deux, sont
unies à une autre par les liens du mariage. Il faut observer seulement que la
polygamie étant admise chez les Hébreux, l'homme ne pouvait commettre adultère
qu'en s'unissant avec une femme mariée. La loi de Moïse punissait de mort
l'adultère, Lévitique 20:10, et l'on suppose, d'après Jean 8:5, que la
lapidation était le supplice ordinaire en pareil cas. Anciennement c'était
peut-être le supplice du feu, d'après Genèse 38:24. Mais s'il importait dans
ces climats brûlants du Midi, que le législateur accordât une satisfaction à
l'époux offensé, il n'était pas moins nécessaire qu'il protégeât une femme
innocente contre la jalouse et terrible passion d'un époux soupçonneux. C'est
dans ce but, pour condamner la coupable et pour absoudre celle qui ne l'était
pas, que Moïse avait institué la loi des jalousies, l'épreuve des eaux amères
que l'on trouve Nombres 5:12, et suivants. Le mari conduisait sa femme au
sacrificateur; et là, devant l'autel et tenant dans ses mains le gâteau de
jalousie sans huile ni encens, elle devait repousser avec serment l'accusation
portée contre elle. La formule du serment, accompagnée d'exécrations, était
ensuite mise par écrit, puis effacée avec l'eau sainte d'amertume mélangée avec
quelques herbes amères et quelque peu de poussière prise sur le sol du
tabernacle. L'accusée prenait ce breuvage, et aussitôt qu'elle l'avait bu, la
sentence était prononcée: elle était déclarée innocente et fidèle, si elle n'en
était pas incommodée; mais elle enflait aussitôt par tout le corps, elle
pâlissait et périssait dans d'affreux tourments, si elle avait manqué à la foi
conjugale. La fiancée adultère était punie aussi sévèrement que si elle eût été
mariée, à l'exception des fiancées esclaves, Lévitique 19:20, qui, étant moins
libres de leurs actions, en étaient aussi moins responsables.
Job 31:9-12, et le livre des Proverbes expriment en
plusieurs endroits l'horreur profonde que ce crime doit inspirer, et l'Écriture
sainte en général met tous ces genres de souillures au nombre des plus grandes
iniquités, au point d'appeler adultère et prostitution spirituelle l'abandon du
vrai Dieu, l'idolâtrie et l'apostasie; cf. Jérémie 3:9; Ézéchiel 23:43, etc..
C'est dans ce sens que Jésus appelle les Juifs une nation adultère et
pécheresse, Marc 8:38, etc.
L'histoire de la femme adultère, Jean 8, renferme une
bien grande leçon d'humilité, lorsqu'elle nous montre Jésus en appeler à la
conscience de tous, et tous se retirer convaincus en eux-mêmes du même crime.
Dieu, d'ailleurs, va plus loin que les hommes, et la nouvelle économie va plus
loin que l'ancienne en appelant adultère ce que la loi de Moïse nommait
simplement convoitise; cf. Matthieu 5:27-28; avec Exode 20:14.
— Voir: Divorce.
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ADUMMIM,
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montagne et ville du lot échu à la tribu de Benjamin,
entre Jérusalem et Jérico; ce passage fut souvent infesté de voleurs, et c'est
peut-être à cette circonstance qu'il fut redevable de son nom qui signifie
rouge de sang. Josué 15:7. 18:17. Jésus y a placé l'histoire ou la parabole du
bon Samaritain. Luc 10:30-36.
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AGABUS,
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prophète, et peut-être l'un des soixante-dix disciples
envoyés par Jésus, annonça, Actes 11:28, l'approche d'une grande famine qui eut
lieu en effet la 4e année de Claude César, 44 après J.-C., et qui, au dire de
l'historien Flavius Josèphe, fut particulièrement violente en Palestine. Plus
tard, vers l'an 60, Agabus alla voir Paul à Césarée et lui prédit par une
action symbolique qu'il serait mis dans les chaînes à Jérusalem, Actes 21:10.
C'est tout ce que l'on sait de la vie de ce prophète; les Grecs assurent qu'il
fut martyrisé à Antioche.
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AGAG
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paraît avoir été un nom commun à tous les rois
d'Hamalek. Ils étaient déjà puissants au temps de Moïse, et Balaam les nomme
comme tels dans une de ses prophéties, Nombres 24:7. (c'est par erreur que
quelques éditions de Martin lisent Agar), La défaite et la mort d'un de ces
rois nous est racontée 1 Samuel 15. Saül reçut la nouvelle de sa déchéance,
parce que au lieu de détruire Agag et ses troupeaux à la façon de l'interdit,
ainsi qu'il en avait reçu l'ordre, il les avait épargnés.
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AGAR,
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Genèse 16 et 21, servante égyptienne que Sara donna
pour femme à Abraham. Sur le point de devenir mère, elle dut fuir pour avoir
méprisé sa maîtresse; mais l'ange de l'Éternel qui lui apparut, lui rappela son
devoir en la nommant «servante de Saraï; «lui montra ses torts en lui
demandant: «D'où viens-tu?» et l'avertit des dangers qu'elle courait au désert,
par cette seule parole: «Où vas-tu?» C'est qu'en effet elle fuyait loin de son
devoir, et l'on ne rencontre que dangers et malheurs hors des sentiers du
devoir. Plus tard, lorsqu'Ismaël eut atteint l'âge de 17 ou 18 ans, il se moqua
de son jeune frère Isaac que l'on sevrait, et la servante dut s'enfuir pour
toujours avec son fils. L'ange de l'Éternel lui apparut de nouveau dans sa
détresse, lui fit voir une source d'eau, 21:19, et lui annonça les glorieuses
destinées réservées à Ismaël.
Les mahométans font d'Agar une épouse légitime
d'Abraham, et, légitimant ainsi la naissance d'Ismaël, ils prétendent qu'il
jouit des privilèges du droit d'aînesse; ils en voient même une preuve dans le
fait qu'Isaac n'a obtenu en héritage que la Palestine, tandis qu'Ismaël possède
les contrées beaucoup plus étendues et plus riches de l'Arabie.
Saint Paul, Galates 4:22-31, représente la synagogue et
la loi sous la figure d'Agar qui ne produit que des esclaves, fils selon la
chair mais non selon la promesse, et il distingue les deux alliances et les
deux Jérusalem, et les rattache ainsi, en les comparant, à la double postérité
du père des croyants. Le nom d'Agar, signifiant en arabe rocher, pierre,
pouvait d'autant mieux être employé par l'apôtre pour marquer la dure montagne
sur laquelle la loi avait été promulguée.
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AGATHE,
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Exode 28:19; 39:12, pierre précieuse qui est
proprement une composition de quartz, de pyrite, de jaspe et d'autres minéraux,
ce qui fait qu'on la trouve tantôt plus, tantôt moins transparente, et de
différentes couleurs souvent mélangées d'une manière fort curieuse, de noir et
de blanc, d'or et d'améthyste. Elle est peu rare; on la trouve ordinairement
dans les rivières près des montagnes de roche primitive, et selon quelques
auteurs, elle tirerait son nom d'un fleuve de Sicile où elle se rencontrait en
assez grande abondance. Anciennement elle était fort estimée, mais déjà du
temps de Pline le naturaliste, elle avait beaucoup perdu de sa valeur; on s'en
servait comme de nos jours pour ornements. L'agathe était la 8e pierre du
pectoral d'Aaron, mais elle n'est pas nommée comme faisant partie des
fondements de la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse.
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ÂGE.
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L'âge a toujours été, chez tous les peuples et dans
tous les temps, la mesure de l'honneur que l'on devait rendre à chacun. Partout
un âge avancé a trouvé chez des hommes plus jeunes la vénération qui lui était
due, et que tous lui accordent soit involontairement, soit par un simple
mouvement naturel, soit par la considération de la longue expérience attachée à
une longue carrière. Cette coutume instinctive, à laquelle tous les auteurs
profanes rendent témoignage, est également consacrée dans le plus ancien livre
des Hébreux, Job 12:12; 15:10; 29:8. Ce dernier passage nous montre même les
jeunes gens se cachant ou se retirant par respect à l'approche d'un vieillard,
et la loi de Moïse ordonne au jeune homme de se lever devant les cheveux
blancs, Lévitique 19:32. Le livre des Lamentations 5:42, met au nombre des plus
grands crimes le manque de respect pour le vieillard.
— Et ce respect chez les Hébreux était si loin de
n'être qu'une formalité, que nous voyons au contraire les chefs des villes, des
tribus, ou du gouvernement, toujours choisis parmi les anciens et toutes les
choses importantes ou honorables données à des hommes âgés.
— Voir: Anciens.
Le respect pour l'âge a beaucoup diminué dans la
société moderne. Ce qu'on vénérait chez un vieillard, c'est moins son âge que
les qualités de son âge; or la civilisation prétend, pour bien des choses,
remplacer ces qualités; on acquiert, on apprend, on vieillit vite, et l'on
mûrit de bonne heure, mais on mûrit mal; dans le bouleversement de notre
système social, à une époque où toute autorité est remise en question, celle de
l'âge devait se voir aussi contestée; c'est un signe fâcheux; nous signalons le
fait, l'explication qu'on en pourrait donner ne le justifie pas.
Le mot âge a encore dans l'Écriture sainte différents
sens:
1. le
moment où les facultés d'un homme sont à leur maturité, sans indiquer cependant
la vieillesse, Jean 9:21,23;
2. une
période de temps passé, présent ou à venir, Éphésiens 3:5; 2:7;
3. les
hommes qui vivent ou qui ont vécu en quelqu'une de ces périodes, Colossiens
1:26.
On divise ordinairement en âges ou périodes l'histoire
de la théocratie; c'est commode, mais arbitraire, et chacun peut choisir la
division qu'il aime le mieux. Un premier âge trouvera cependant ses limites
naturelles dans la formation de l'ancien monde et son bouleversement sous Noé.
L'époque suivante, dans laquelle Dieu se manifeste à ses enfants sans avoir
encore choisi un peuple dépositaire de ses oracles, formerait le second âge
allant depuis Noé jusqu'à Abraham; un troisième, d'Abraham à Moïse; un
quatrième, jusqu'à la mort de Samuel, comprendrait la conquête du pays de
Canaan et le gouvernement des Juges; cinquièmement enfin, la royauté jusqu'au
retour de la captivité sous Esdras. C'est ici que finissent les livres
historiques de l'Ancien Testament. Un sixième âge renfermerait le temps écoulé
depuis cette époque jusqu'aux jours de Christ.
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AGGÉE,
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prophète hébreu qui vivait au commencement du règne de
Darius fils d'Hystaspe, 522 avant J.-C. On ne sait rien de particulier sur sa
vie.
— Sa mission était d'activer la construction du second
temple; pour cela il fallait agir sur les dispositions morales du peuple en
général; il fallait l'amener à se repentir de son ingratitude envers Dieu et de
son manque de zèle; mais il fallait aussi relever son courage qui pouvait
facilement être abattu par la vue d'un état de choses qui correspondait si peu
aux espérances magnifiques qu'on avait cru pouvoir concevoir d'après des
prophéties précédentes: c'est pourquoi Aggée annonce que la gloire du second
temple surpassera celle du premier (2:6-9), et c'est ce qui fut accompli par la
venue du Messie,
— Voir: Temple.
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AGNEAU,
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— Voir: Brebis.
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AGRAFE.
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Ésaïe 3:18; Les versets 16 à 24 de ce chapitre d'Ésaü
renferment des difficultés philologiques presque insurmontables, et dont
l'examen dépasserait les bornes de notre travail. Ceux qui voudraient entrer
plus avant dans l'explication de ce passage, pourront consulter l'ouvrage de
Schrœder «Commentarius philologicocriticus de vestitu mulierum hebræarum, ad
intelligentiam Ésaïe 3:16-24. Leyde 1745.» Ce livre sert de guide à tous les
interprètes modernes.
— Quant au sens du mot hébreu traduit par agrafe, il y
a deux explications: selon les uns, ce seraient quelques ornements en forme de
filet destinés à garnir la tête; selon d'autres, ce seraient de petits soleils;
il y aurait alors parallèle ou opposition avec le mot suivant, boucles, ou
plutôt petites lunes. On ne peut décider entre ces deux opinions.
— Nous traduirions ainsi les versets d'Ésaïe
susmentionnés:
18. En
ce temps-là le Seigneur ôtera l'ornement des bracelets (pour les pieds), des
coiffes, et des croissants;
19. et
les perles, et les bracelets, et les longs voiles;
20. et
les bonnets, et les chaînettes (qui lient les bracelets des pieds), et les
rubans, et les flacons odoriférants, et les oreillettes (servant d'amulettes);
21. et
les boucles d'oreilles, et les bagues du nez;
22. et
les habits de fête, et les longs habits à manches, et les manteaux, et les
poches;
23. et
les miroirs, et les chemises (ou crêpes), et les turbans, et les voiles de
gaze;
24. (les
punitions sont rattachées au luxe) et il arrivera au lieu de senteurs
aromatiques, de la puanteur; et au lieu de ceinture, une corde; et au lieu de
boucles poudrées d'or (Vitringa), une tête chauve; et au lieu d'habits larges
et somptueux, des ceintures de cordes de sac; et des stigmates au lieu de
beauté.
Cette traduction, trop littérale pour aspirer à un
autre mérite, n'a pour but que d'indiquer avec précision, et une fois pour
toutes, le sens des modifications qui devraient être introduites dans une
nouvelle version de ce passage; la plupart des changements adoptés sont
empruntés à l'ouvrage de Schrœder cité plus haut.
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AGRIPPA.
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1. Hérode
Agrippa, Actes 12:1,23,
— Voir: Hérode.
2. Agrippa,
fils de celui-ci, était à Rome auprès de l'empereur Claude lorsque son père
mourut, l'an 44 de Jésus-Christ. L'empereur penchait à lui transférer toute
l'autorité dont son père avait joui, mais ses courtisans l'en détournèrent, en
considération de la jeunesse du prince, à peine âgé de 17 ans. L'année
suivante, le gouverneur de la Syrie voulut un instant contraindre les Juifs à
lui remettre les ornements de leur souverain sacrificateur pour les placer dans
la tour Antonia, sous la garde des Romains; mais Agrippa obtint la révocation
de cet ordre.
— Hérode, oncle d'Agrippa, roi de Chalcide, étant
mort, l'an 49, sa succession fut donnée à son neveu, mais lui fut de nouveau
retirée au bout de quatre ans: l'empereur l'en dédommagea, du reste, en lui
conférant le gouvernement de cinq provinces, notamment de l'Abilène et de la
Trachonite, auxquelles Néron ajouta bientôt Julia dans la Pérée, et une partie
de la Galilée, à l'occident de la mer de Tibériade. Il s'occupa avec zèle
d'embellir les villes de son ressort, et surtout Jérusalem; mais malgré cela il
ne fut jamais aimé des Juifs, à cause de l'arbitraire avec lequel il déposait
des souverains sacrificateurs et en établissait de nouveaux. Lorsque Festus fut
nommé gouverneur de la Judée, l'an 60. Agrippa et sa soeur Bérénice se
rendirent à Césarée pour le complimenter. L'apôtre Paul y était alors détenu et
venait d'en appeler à César. Festus ayant entretenu Agrippa de cette affaire,
celui-ci désira vivement d'entendre le prisonnier; il fut tellement charmé du
sens droit et de la majesté qui régnait dans le discours de Paul, qu'il se
sentit à moitié convaincu de la vérité de l'Évangile. «Tu me persuades à peu
près d'être chrétien!» s'écria-t-il un moment, comme s'il oubliait son
caractère déjuge et de roi; mais ce ne fut, hélas! qu'une émotion passagère:
homme juste, doux, et bon Juif du reste, Agrippa ne voulait de la religion que
ce qui ne gênait pas sa morale particulière, et il ne considéra les paroles de
Paul qu'en juge chargé d'en examiner la culpabilité, sans penser qu'elles
pussent le concerner lui-même. Après la ruine de Jérusalem, il se retira à Rome
avec sa sœur, et mourut âgé de 70 ans. (90 après J.-C.).
— Voir: Actes 25 et 26.
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AGUR,
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fils de Jaké, auteur du chapitre 30 des Proverbes, du
reste inconnu. Quelques-uns pensent que c'est Salomon lui-même qui aurait voulu
se cacher sous ce pseudonyme; opinion qui ne se peut guère soutenir. En effet,
pour quelle raison aurait-il changé de nom? Pourquoi se serait-il caché;
pourquoi d'ailleurs Salomon qui s'appelle encore fils de David alors même qu'il
change de nom, Ecclésiaste 1:1, se serait-il appelé ici fils de Jaké sans aucun
motif plausible? Le style de ce chapitre n'est point non plus celui de Salomon
dans le reste des Proverbes; ce n'est pas l'homme qui a reçu de Dieu une
sagesse extraordinaire qui peut venir dire: «Certainement je suis le plus
hébété de tous les hommes, et il n'y a point en moi de prudence humaine», verset
2; ce n'est pas non plus l'homme et le roi le plus riche du monde qui peut dire
à Dieu: «Ne me donne ni pauvreté ni richesse», verset 8, et la lecture de ce
chapitre tout entier trahit évidemment une personnalité différente.
Agur parle à ses deux amis ou disciples, Ithiel et
Ucal, de sa grande ignorance dans les mystères des profondeurs divines; il
exprime sa vénération pour la parole de Dieu, et semble répondre à des
questions qui lui auraient été adressées.
— Composé peut-être par un des sages dont il est parlé
24:23, ce fragment aura sans doute été recueilli par les gens d'Ézéchias, de
même que les cinq chapitres qui précèdent. Cf. 25:1.
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AHA!
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Psaumes 35:21,25; 40:16; Ézéchiel 25:3, interjection
qui exprime le mépris, la dérision, l'insulte; à l'exception peut-être d'Ésaïe
44:16, où elle marquerait la satisfaction.
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AHAVA,
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Esdras 8:15,21,31, petite rivière de la Caldée ou de
l'Assyrie, sur les bords de laquelle Esdras rassembla les captifs qu'il devait
ramener en Judée, et où il publia un jeûne, «afin, dit-il, de nous humilier
devant notre Dieu, le priant de nous donner un heureux voyage pour nous et pour
nos familles.» Selon quelques-uns, ce serait le fleuve connu sous le nom
d'Adiava qui coulait dans l'Adiabène; d'autres, à cause de Esdras 8:15,
prennent Ahava pour une ville ou un district et le comparent avec le pays de
Hava nommé, 2 Rois 17:24.
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AHIHÉSER.
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1. Chef
des enfants de Dan, Nombres 2:25; 7:66-71.
2. Benjamite
et parent de Saül, 1 Chroniques 12:2-3, etc., chef d'archers et de frondeurs,
et vaillant homme, vint au secours de David, lorsque, fuyant devant Saül, ce
malheureux roi était enfermé dans Tsiklag.
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AHIJA
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(frère de l'Éternel).
1. Fils
d'Ahitub et arrière-petit-fils d'Héli, souverain sacrificateur du temps de
Saül, 1 Samuel 14:3, probablement le même que Ahimélec 22:9.
— Voir: Ahimélec.
2. Prophète
du Seigneur, qui habitait à Silo. Ce fut lui, selon toute apparence, qui
encouragea Salomon à construire le temple, 1 Rois 6:11, et qui le menaça
ensuite du démembrement de son royaume, 11:9,29; 12:15. Ayant rencontré
Jéroboam dans un champ, il déchira sa robe en douze pièces, et lui en donna
dix, comme signe de la domination qu'il exercerait sur dix tribus d'Israël.
Plus tard, et dans sa vieillesse avancée, le même prophète fit entendre au même
roi des paroles bien différentes, lorsqu'il annonça à son épouse déguisée la
mort de leur fils Abija et la ruine de toute leur maison, 14:2, lia écrit des
mémoires sur les temps de Salomon et de Jéroboam, mais ces prophéties, comme
tant d'autres, se sont perdues, 2 Chroniques 9:29.
3. De
la tribu d'Issacar, père de Bahasa, le meurtrier et le successeur de Nadab, 1
Rois 15:27.
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AHIKAM,
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fils de Saphan et père de Guédalia, 2 Rois 22:12;
25:22; 2 Chroniques 34:20; Jérémie 26:17-24; 40:6. Il fut envoyé par Josias,
roi de Juda, auprès de Hulda la prophétesse, pour la consulter sur le livre de
la loi qui avait été trouvé dans le temple. Sous Jéhojakim, il prit le parti de
Jérémie et empêcha qu'il ne fût livré au peuple, et qu'on ne le fît mourir.
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AHIMAHATS.
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1. Beau-père
de Saül, 1 Samuel 14:50.
2. Fils
et successeur de Tsadok, souverain sacrificateur, 2 Samuel 15:36; 17 et 18,
rendit à David d'importants services pendant la rébellion d'Absalon. Chargé de
faire passer au monarque les précieux avis de Cusaï, il se tenait avec
Jonathan, caché derrière la fontaine de Roguel. Une servante vint leur annoncer
les résolutions qui venaient d'être prises par Absalon, et ils partirent; mais,
dénoncés par un garçon qui les avait découverts, ils furent poursuivis et
durent se cacher à Bahurim, dans la maison d'un partisan de David, qui avait au
milieu de sa cour un puits au fond duquel ils descendirent. La femme de la
maison étendit un grand drap sur l'ouverture de la citerne et y répandit du
grain pilé; puis, lorsque les émissaires furent arrivés, elle les éloigna par
de faux renseignements et rendit la liberté à ses hôtes.
— Ce fut encore Ahimahats qui annonça le premier à
David la défaite d'Absalon, mais il remit à un autre le soin de lui répondre
sur le triste sort de son fils, sachant bien qu'une pareille nouvelle serait
peu favorable à celui qui l'apporterait.
— Hazaria, son fils, lui succéda dans l'exercice de la
sacrificature. 1 Chroniques 6:8.
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AHIMAN,
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Josué 15:14. Juges 1:10, un des fils de Hanak, fut
chassé de Hébron après que Caleb eut pris cette ville.
— Voir: Hanak.
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AHIMÉLEC
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(mon frère est roi).
1. Fils
d'Ahitub. Au milieu des difficultés qui mettent tant de confusion dans
l'histoire de la succession des grands prêtres, on ne sait pas encore si Ahitub
a eu deux fils souverains sacrificateurs, ou s'il n'en a eu qu'un seul portant
à la fois les deux noms d'Ahija et d'Ahimélec (à ce dernier il faut en tout cas
joindre encore celui d'Abiathar, — Voir: ce mot). D'après 1 Samuel 22:14,
Ahimélec paraît avoir rempli pendant longtemps les fonctions de son ministère,
ce qui rend assez difficile la supposition qu'un frère les aurait exercées
avant lui. Il est donc probable que Ahija et Ahimélec ne sont qu'un seul et
même individu. Ce fut lui qui, pendant l'expédition de Migron contre les
Philistins, consulta l'Éternel et qui, ne recevant point de réponse, fit
connaître au peuple que Jonathan avait, sans le vouloir, violé le serment de
Saül qu'il ne connaissait pas. Il avait sa résidence à Nob avec le tabernacle
et un certain nombre de sacrificateurs. David, fuyant la cour et Saül, se
réfugia auprès d'Ahimélec, qui lui donna à manger des pains de proposition. Il
remit de plus à David l'épée de Goliath, que l'on conservait dans le tabernacle
comme le trophée d'une grande et glorieuse victoire. Ahimélec fit cela, ne
connaissant rien des discussions qui régnaient entre David et Saül; il vivait trop
loin de la cour, et n'avait eu aucun moyen d'apprendre ces querelles intestines
et domestiques entre le gendre et le beau-père; mais l'ombrageux et jaloux
monarque n'en eut pas été plus tôt informé par Doëg, qu'il fit massacrer le
grand pontife et tous les prêtres de Nob.
2. Ahimélec
ou Abimélec, fils d'Abiathar (ou Ahimélec), exerça la souveraine sacrificature
de concert avec Tsadok que Saül avait mis à la place du premier Ahimélec son
père. Ce serait alors le même qu'Abiathar q.v. En tous cas ce fut sous son
ministère que David distribua les sacrificateurs en 24 ordres ou séries, 1
Chroniques 24:3,6; 18:16; 2 Samuel 8:17; 20:25.
3. Héthien
à qui David proposa, de même qu'à Abisaï, de l'accompagner au camp de Saül, 1
Samuel 26:6.
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AHINOHAM.
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1. Fille
d'Ahimahats et femme de Saül, 1 Samuel 14:50. On ne voit pas que Saül ait eu
d'autre femme (sauf Ritspa, 2 Samuel 3:7) et l'on peut croire que ce premier
roi d'Israël s'est écarté des mœurs orientales soit par respect pour la loi de
Dieu, Deutéronome 17:17, soit pour ne pas effrayer le peuple déjà prévenu, 1
Samuel 8,13.
2. Ahinoham
de Jizréhel, 1 Samuel 25:43, seconde femme de David, mère d'Amnon, 1 Chroniques
3:1, suivit son mari à Gath, 1 Samuel 27:3, fut faite prisonnière par les
Hamalécites lors du pillage de Tsiklag, 30:1-5, fut délivrée par David, verset
18, et l'accompagna à Hébron, 2 Samuel 2:2; 3.
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AHIO ou Ahjo,
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2 Samuel 6:3; 1 Chroniques 13:7, allait devant l'arche
pendant que son frère Huza marchait à côté, lorsqu'on ta reconduisait de la
maison d'Abinadab à Jérusalem. S'il eût été à la place de son frère, il eût eu
sans doute la même tentation si naturelle de retenir l'arche chancelante, et il
eût péri comme lui. Pourquoi Dieu a-t-il assigné à deux frères des emplois qui
devaient amener pour l'un et pour l'autre un résultat final si différent? C'est
le mystère qui se retrouve dans toute vie d'homme.
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AHITUB
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(père de bonté).
1. Fils
de Planées et frère d'Icabod. Son père étant mort dans cette fameuse journée où
l'arche tomba entre les mains des Philistins, il succéda à son grand-père Héli
et remplit ainsi les fonctions de souverain sacrificateur sous Samuel. Il fut
remplacé par son fils Ahija ou Ahimélec, 1 Samuel 14:3.
2. Fils
d'Amaria, descendant d'Éléazar, fils d'Aaron, ne paraît pas avoir exercé la
sacrificature; il eut pour fils Tsadok, 1 Chroniques 6:8.
3. Fils
d'un autre Amaria, et père d'un autre Tsadok, 1 Chroniques 6:11.
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AHOLA et Aholiba,
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Ézéchiel 23, deux noms supposés, le premier signifiant
sa tente (de l'Éternel), le second, ma tente est là. Ces deux femmes, filles
d'une même mère, et qui se sont prostituées aux Égyptiens et aux Assyriens,
représentent, l'une, le royaume d'Israël ou de Samarie, et l'autre, le royaume de
Juda, qui ont imité les abominations idolâtres de l'Égypte et de l'Assyrie:
aussi l'Éternel a réduit ces épouses adultères à la plus dure servitude, et
elles ont été menées en captivité.
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AHOLIAB,
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— Voir: Betsaléel.
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AHOLIBAMA.
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Genèse 36:2; sq., femme d'Ésaü et mère de Jéhus,
Jahlam et Korah. Un de ses descendants fut le chef d'une tribu du même nom,
verset 41.
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AHUZAT,
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ami du second Abimélec qu'il accompagna, de même que
Picol, lorsqu'il vint pour traiter alliance avec Isaac, Genèse 26:26. (Quelques
versions traduisent «une compagnie d'amis», au lieu de Ahuzat et son ami.)
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AIGLE.
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Exode 19:4; Lévitique 11:13; Deutéronome 32:11; et
ailleurs. L'aigle a toujours été regardé, dans le langage populaire, comme le
roi des oiseaux à cause de sa force, de sa férocité, de la rapidité et de
l'élévation de son vol, et de la terreur qu'il inspire aux autres habitants de
l'air. C'est un oiseau solitaire, parce qu'il lui faut une grande étendue de pays
pour se procurer sa nourriture: deux paires d'aigles ne se trouvent jamais dans
le même voisinage. Il n'attaque l'homme que rarement, et les petits animaux
jamais. S'il ne peut dévorer sa proie en entier, il n'y revient pas une seconde
fois, car il méprise la chair qui sent. Il niche seulement sur les rochers les
plus élevés et les plus inaccessibles à l'homme; et Balaam, dans sa prophétie,
Nombres 24:21, lui compare sous ce rapport les Kéniens.
— Voir: encore Habacuc 2:9; Abdias, 4.
— Job 39:30 sq. nous donne l'histoire naturelle de cet
oiseau. Deutéronome 32:11, nous parle des soins tout particuliers de l'aigle
pour apprendre à voler à ses jeunes aiglons. Exode 19:4, est une allusion à
l'ancienne croyance que l'aigle emporte ses petits sur ses ailes, ou qu'il les
aide à voler en planant au-dessous d'eux pour les soutenir s'ils venaient à
tomber. Job 39:33, est littéralement vrai de certaines espèces d'aigles qui
mangent les corps morts, à moins qu'ils n'exhalent une odeur de putréfaction
trop forte. Notre Sauveur fait une espèce d'allusion à ce passage lorsqu'il
dit: «Où sera le corps mort, là s'assembleront les aigles.» Dans Matthieu
24:28, cette parole semble avoir le sens plus général: partout où la corruption
se montre on trouve de faux Christs tout prêts à en profiter; mais Luc 17:37,
doit s'entendre particulièrement des aigles romaines qui fondirent sur le
peuple juif pour s'en emparer, après qu'il eut perdu toute vie religieuse et
nationale et qu'il ne fut plus qu'un corps mort.
— Du reste, dans le passage de Job, quelques-uns
pensent que l'aigle serait ici confondu avec le vautour, comme cela se fait
souvent dans le langage ordinaire.
— Voir: encore Proverbes 30:17.
— Michée 1:16, ne peut s'appliquer qu'au vautour; les
mots qui mue ne se trouvent pas dans l'original, et le prophète veut parler
d'un oiseau qui a naturellement la tête nue; or aucune espèce d'aigle n'est
dans ce cas. Il est souvent fait allusion dans l'Écriture à la rapidité du vol
de l'aigle, Deutéronome 28:49; 2 Samuel 1:23; Jérémie 4:13, etc.; à la distance
extraordinaire de laquelle il découvre sa proie, Deutéronome 28:49; Habacuc
1:8; à l'impétuosité avec laquelle il se précipite pour s'en emparer, Job 9:26;
Proverbes 30:19. Le vol de l'aigle est aussi grandiose qu'il est impétueux et
rapide; aucun autre oiseau ne s'élève aussi avant dans les airs; il laisse
derrière lui les nuages et les régions du tonnerre et de l'éclair; son nid
s'élève sur les sommets des rochers, et «entre les étoiles», Abdias 4; Jérémie
49:16; Job 39:30-31. Cette immense élévation, jointe à une vue rapide et si
perçante qu'il passait pour regarder le soleil en face, l'ont fait prendre
comme symbole du prophète.
L'aigle est un des quatre animaux qui entrent dans la
composition des chérubins, Ézéchiel 1:10; Apocalypse 4:7.
— Psaumes 103:5; Ésaïe 40:31, se rapportent à
l'opinion anciennement très répandue que par la mue l'aigle, chaque printemps,
renouvelle son plumage et rajeunit ses forces, ou selon d'autres, qu'il atteint
un âge très avancé, et que dans sa vieillesse il mue et acquiert une nouvelle
jeunesse avec de nouvelles plumes. Cyrus, qu'Ésaïe 46:11, compare
prophétiquement à un aigle, avait en effet cet oiseau pour ses armes. Les
Perses, d'après les anciens auteurs, avaient pour enseignes un aigle d'or aux
ailes déployées: il est probable qu'ils tenaient ce symbole des Assyriens qui
le portaient déjà sur leurs bannières, circonstance qui nous fait comprendre
pourquoi les écrivains sacrés font si souvent allusion à l'aigle et à ses ailes
quand ils décrivent la marche victorieuse des armées assyriennes, Osée 8:1;
Jérémie 48:40; Ésaïe 8:8, et ailleurs.
— Voir: Animaux impurs, et Vautour.
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AIRAIN.
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L'hébreu Nechosheth, dans la Bible, désigne le cuivre,
et non pas le métal que nous appelons communément airain ou bronze, lequel est
d'une invention plus moderne. Anciennement les outils, instruments, etc., qui
dans la suite se firent en fer, étaient surtout en cuivre. Déjà dans la septième
génération après Adam, Tubal-Caïn travaillait ce métal, Genèse 4:22. Chez les
anciens Hébreux les armes étaient de cuivre, même les arcs, 1 Samuel 17:5;
6:38; 2 Samuel 22:35; 1 Rois 14:27; Job 20:24. Les Philistins lièrent Samson
avec des chaînes de cuivre, Juges 16:21. Beaucoup de meubles et ustensiles du
tabernacle, les colonnes du temple de Salomon, 1 Rois 7:13-21, le grand bassin
appelé la mer d'airain, 2 Rois 25:13, et d'autres objets qui servaient aux
sacrifices étaient pareillement de cuivre, 2 Chroniques 4:16, de même que les
miroirs de femmes, Exode 38:8; cf. Job 37:18. Les marchands de Mésec et de
Tubal apportaient des vases de cuivre au marché de Tyr, Ézéchiel 27:13.
Il est aussi parlé ailleurs de cuivre poli et
brillant, et l'on croit que c'était le métal connu des Grecs et des Romains
sous le nom d'aurichalcum. Il y en avait de naturel et d'artificiel; ce
dernier, appelé œs pyropum, ou
χαλκός
χρυτοείδης par Aristote, était une sorte de cuivre jaune ou de
laiton. L'aurichalcum naturel est peu connu: les anciens ne nous ont laissé que
des renseignements incomplets à cet égard; il paraît qu'il avait l'éclat et la
couleur de l'or, et la dureté du cuivre, et comme on le tirait des Indes,
quelques savants pensent que c'était notre platine; mais la chose est peu
probable. Le trésor de Darius renfermait plusieurs vases de ce métal.
— Voir: encore Esdras 8:27.
De nos jours il y a des savants qui croient que
l'aurichalcum est un métal dont parle le voyageur Chardin et dont il dit qu'il
se trouve dans l'île de Sumatra, qu'il y est plus estimé que l'or, et que les
rois seuls ont le droit de le posséder: il tient le milieu entre l'or et le
cuivre. Sa couleur est un rose pâle très fin; il se laisse facilement polir et
surpasse l'or en lustre et en éclat. Bochart et d'autres encore supposent que
ce métal est désigné, Ézéchiel 1:4,27; 8,2, par le mot chaldéen Hasmal (qui
signifie composition d'or et de cuivre), auquel le prophète compare la clarté
lumineuse et brillante qu'il voyait dans sa vision céleste. Les versions
grecque et latine traduisent ce dernier mot par Electrum, qui désigne non
seulement l'ambre jaune, mais encore un métal composé d'or et d'argent, très
estimé des anciens à cause de son éclat. L'apôtre Jean, dans l'Apocalypse 1:15;
2:18, rend ce mot par
Χαλκολίδανον, cuivre ardent, ou cuivre qui brille comme s'il était
ardent; Luther le rend par laiton, Bochart y voit une composition d'or et d'argent;
mais ces traductions ne sont que des hypothèses plus ou moins probables, et
toutes les savantes recherches que l'on a pu faire jusqu'à nos jours n'ont
encore amené aucun résultat clair et satisfaisant sur ce point.
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AJALON.
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1. Ville
de la tribu de Dan, assignée aux lévites descendants de Kéhath, Josué 21:24,
près de Timnah et non loin de Bethsémès, 2 Chroniques 28:18. Il paraît qu'elle
demeura au pouvoir des Amorrhéens jusqu'au temps de Hozias ou de quelque autre
puissant roi de Juda. Les Philistins la reprirent sous Achaz. Ce fut là
peut-être que Saül cessa de poursuivre l'armée des Philistins, battue à Micmas;
cf. Josué 19:42; 21:24; 1 Samuel 14:31. On pense que c'est au-dessus de cette
ville que Josué commanda à la lune de s'arrêter; elle devait être non loin de
Haï et de Gabaon. Josué 10:12.
2. Ville
de Benjamin, à 5 ou 6 kilomètres environ à l'est de Béthel (Eusèbe); elle fut
fortifiée par Roboam. 2 Chroniques 11:10.
3. Dans
Zabulon, sépulture d'Élon, juge d'Israël. Juges 12:12.
Quelques-uns comptent une quatrième ville de ce nom en
Éphraïm près de Sichem; mais nous pensons que cette ville n'est autre que la
première qui serait tombée entre les mains des Éphraïmites, cf. Josué 21:24,
avec 1 Chroniques 6:69.
— Vallée d'Ajalon, espèce d'enfoncement dans le
plateau d'Éphraïm, se dirigeant de l'est à l'ouest, long d'environ 18
kilomètres et large de 9. Cette vallée, près de Gabaon, est celle sur laquelle
la lune s'arrêta au commandement de Josué.
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AKIS.
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1. Roi
de Gath, auprès de qui David se réfugia par deux fois. La première fois, il
contrefit l'insensé afin de donner le change aux officiers philistins qui
paraissaient avoir reconnu en lui le vainqueur de Goliath et le héros d'Israël,
1 Samuel 21:10-15; la seconde fois, toujours en fuite, il revint avec 600
hommes, et Akis, sur sa demande, lui donna Tsiklag pour demeure. David y passa
seize mois en paix avec les Philistins, mais faisant des excursions
continuelles sur les terres de leurs amis. Il devait même servir dans les
troupes d'Akis contre Saül; mais la méfiance des principaux officiers l'éloigna
de l'armée, au regret d'Akis lui-même.
2. Autre
roi de Gath du temps de Salomon, 1 Rois 2:39-40.
Akis est appelé Abimélec au Psaumes 34:1, ce qui
s'explique par le fait que ce dernier nom était une désignation générale
s'appliquant à tous les rois des Philistins, comme Padischa aux rois de Perse,
Pharaon aux Égyptiens, etc.
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ALBÂTRE.
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Matthieu 26:7; Marc 14:3; Luc 7:37. Espèce de
carbonate ou de sulfate de chaux, pierre gypseuse assez semblable au marbre,
mais moins dure et plus difficile à polir; ordinairement blanche comme la
neige, quoiqu'on en trouve aussi qui tire sur le gris, le rouge ou le brun.
C'est en Égypte, en Syrie, en Grèce qu'elle est en plus grande abondance.
Quelques savants croient que l'albâtre est aussi désigné sous le nom d'onyx.
L'albâtre blanc était autrefois très estimé: on le travaille facilement pour en
faire des ornements de sculpture, des meubles, des pieds de lits, des chaises,
des vases, des écuelles, des boîtes de senteur, etc. Comme on préférait les
flacons d'albâtre pour garder les parfums, parce qu'on pensait qu'ils s'y
conservaient mieux que dans d'autres (Pline 13, 2; Hérodote 3, 20), le mot
albâtre désignait par extension un vase ou flacon d'albâtre: ces derniers
avaient pour l'ordinaire un long col, et l'ouverture en était cachetée, de
sorte que pour en faire sortir les parfums il fallait briser le cachet: c'est
ce qui est indiqué Marc 14:3, où nous voyons la femme pécheresse répandre sur
la tête du Sauveur le nard du vase précieux: elle ne rompit pas le vase
lui-même, ce qui n'eût pas été facile en tous cas aux faibles mains d'une
femme, mais elle en rompit le cachet, ou, comme on peut aussi traduire, elle
l'entama sur sa tête, elle commença à le verser sur la tête de Jésus (Matthieu
et Marc), et répandit le reste sur ses pieds (Jean 12:3).
— Dans le passage 2 Rois 21:13, les Septante
(probablement pour la raison indiquée plus haut) traduisent par albâtre le mot
hébreu qui signifie proprement une écuelle.
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ALEPH,
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première lettre de l'alphabet hébreu. On trouve
quelques psaumes (25, 34, 37, 111, 112, 119 et 145) dont le premier verset
commence par un Aleph et les autres versets par chacune des lettres suivantes
de l'alphabet. Quoi qu'en pensent les Juifs, il n'y faut pas chercher de
mystère; c'est une forme de vers acrostiches que le poète sacré a préférée, et
voilà tout. Ces psaumes étaient plus faciles à retenir parce que, pour chaque
verset, la mémoire était aidée de l'ordre alphabétique. Le roi Lémuel,
Proverbes 31, a suivi une marche semblable dans les paroles d'instruction qu'il
nous a conservées; et Jérémie a de même écrit en vers abécédaires ses quatre
premières élégies sur la ruine de Jérusalem. Les chapitres 1, 2 et 4 ont 22
versets suivant le nombre des lettres de l'alphabet; le chapitre 3 en a 66,
parce que trois versets de suite commencent par la même lettre.
— Voir: l'article Lamentations.
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ALEXANDRE.
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1. Fils
de Simon de Cyrène, Marc 15:21. Son frère Rufus, leur mère et lui semblent
avoir été bien connus des premiers chrétiens: ils étaient eux-mêmes, selon
toute apparence, membres de l'Église.
2. Alexandre
Lysimaque d'Alexandrie, frère du célèbre Philon, et le plus riche des Juifs de
son temps, fit au temple de magnifiques présents, il fut jeté en prison par
l'ordre de Caligula, qu'il avait sans doute refusé d'adorer, et ne fut rendu à
la liberté que par l'empereur Claude. Quelques auteurs pensent que c'est lui
que nous voyons, Actes 4:6, dans la compagnie des souverains sacrificateurs et
des anciens, lorsqu'on fit emprisonner les apôtres après la guérison de
l'impotent. Cependant l'identité est peu probable, car le frère de Philon
remplissait à Alexandrie les fonctions d'alabarque (premier magistrat, chef des
Juifs en Égypte), et ne pouvait par conséquent pas faire partie du sanhédrin à
Jérusalem. On ne saurait alors autre chose de cet Alexandre sinon qu'il était de
la race sacerdotale.
3. Le
forgeron, 2 Timothée 4:14-15; cf. Actes 19:33; 1 Timothée 1:20. S'agit-il d'une
seule personne, ou de deux, ou de trois dans ces différents passages? Dans les
Actes, pendant l'émeute d'Éphèse, un Juif, nommé Alexandre, veut parler au
peuple; c'est un ouvrier en argenterie, et le nom de forgeron peut s'appliquer
à lui dans ce sens; mais on ne sait pas s'il veut parler pour sauver Paul, ou
si c'est pour rejeter sur les chrétiens toute la faute en déchargeant les
Juifs. Luc a écrit, selon toute apparence, à Rome et pour quelqu'un qui ne
connaissait pas en détail les affaires de l'Asie, et cependant il parle
d'Alexandre comme d'un personnage connu, d'où l'on peut conclure que cet
Alexandre avait fait plus tard un voyage à Rome. Paul, écrivant à Timothée (2e
épître), semble bien avoir en vue ce même individu, d'autant plus qu'il ne lui
donne pas d'autre désignation que celle de son métier, la croyant suffisante
pour le faire reconnaître. Celui de la 1re épître est plus difficile à déterminer;
il paraît que c'était un Juif qui cherchait à faire du mal à Paul en attaquant
publiquement sa doctrine. Saint Paul le livre à Satan pour qu'il apprenne à ne
plus blasphémer, et l'on peut croire qu'il est différent d'Alexandre le
forgeron, puisque dans la 2e à Timothée, écrite plus tard, l'apôtre parle de ce
dernier comme d'un homme qui n'a pas encore reçu la récompense de son impiété.
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ALEXANDRIE,
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ville célèbre de la Basse Égypte. Elle était située
entre le lac Maréotis et le Canopique ou bras le plus occidental du Nil, à peu
de distance de la Méditerranée. Alexandre le Grand en fut le fondateur et ne
tarda pas à y être enseveli dans un cercueil d'or.
— Le célèbre Dinocrate avait fait le plan de cette
ville et en avait donné les dimensions; elle occupait un espace d'environ 25
kilomètres. Le palais, qui faisait à lui seul la cinquième partie de la ville,
était du côté de la mer, et renfermait la résidence royale, le musée et les
tombeaux des princes. La principale rue avait 35 mètres de largeur et
traversait toute la ville. Les Ptolémées, qui succédèrent à Alexandre, en
tirent pendant deux siècles la capitale de l'Égypte. Sa proximité de la mer
Rouge et de la Méditerranée, y attirait le commerce du monde entier, de sorte
qu'après Rome il n'y avait pas de cité plus florissante. Elle possédait une
bibliothèque fameuse, recueillie par les ordres de Ptolémée-Philadelphe; c'est
le même prince sous les auspices duquel fut commencée la première traduction
des livres saints, 280-222 avant J.-C. Quoique ce travail soit connu sous le
nom de version des Septante, le nombre de ceux qui y coopérèrent est fort
incertain: les auteurs le font varier de cinq à soixante et douze, et le chiffre
le plus faible semble approcher davantage de la vérité.
— La bibliothèque d'Alexandrie fut brûlée par les
Arabes ou Sarrasins l'an 642 de l'ère chrétienne. Lorsqu'ils s'emparèrent de
cette ville, elle comptait 4,000 palais, 400 places, 4,000 maisons de bain, et
12,000 personnes uniquement employées à la vente des légumes et des fruits. Ce
n'est plus guère maintenant qu'un immense village qui n'a rien de remarquable
que ses ruines, et un commerce assez étendu.
Cette capitale de l'Égypte a toujours eu pour
habitants, depuis l'époque d'Alexandre, un grand nombre de Juifs, quelquefois
jusqu'à cent mille et au-delà. Une partie d'entre eux étant revenus à
Jérusalem, concoururent à la persécution dont Étienne fut le premier martyr,
Actes 6:9. Apollos était natif d'Alexandrie, 18:24, et le vaisseau qui
transporta saint Paul à Rome venait de cette ville, (27:6) dont les navires,
chargés de blé, faisaient assez ordinairement le trajet d'Égypte en Italie et
débarquaient à Pouzzoles, 28:13.
— 50,000 Juifs y furent massacrés par l'ordre de
Néron; et quand les Arabes en tirent la conquête, ils y trouvèrent 40,000 Juifs
qui leur payèrent le tribut.
Le christianisme s'introduisit de bonne heure à
Alexandrie, par le ministère, à ce que l'on croit, de saint Marc l'évangéliste,
vers l'an 59 ou 60: après sa mort il fut remplacé par Anien qu'il avait
converti dès ses premières prédications. Clément, Origène, le grand Athanase et
beaucoup d'autres illustres serviteurs de Dieu furent successivement la gloire
de cette Église. Pendant plusieurs siècles, l'évêque d'Alexandrie partagea avec
ceux d'Antioche, de Constantinople et de Rome, la direction souveraine de
l'Église chrétienne; il avait sous sa juridiction les églises de la partie
orientale de l'Afrique. L'école d'Alexandrie jouit longtemps d'une fort grande
vogue, l'école juive d'abord, puis l'école chrétienne. Outre d'éloquents
prédicateurs, elle a produit d'habiles copistes des saintes Écritures, et sous
ce dernier rapport nous avons un échantillon de leurs travaux dans le célèbre
manuscrit d'Alexandrie, qui se trouve maintenant au Musée britannique de
Londres, et qui fut écrit par Thécla, jeune fille noble de cette cité.
— Voir: Steiger, Introduction aux livres du Nouveau
Testament, p. 87 et 88.
— La Vulgate a traduit à tort par Alexandrie la ville
de No qui se trouve Nahum 3:8; Jérémie 46:25; Ézéchiel 30:14-15, et ailleurs.
— Voir: No.
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ALGUES,
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— Voir: Roseaux.
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ALGUMMIM,
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— Voir: Almugghim.
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ALLIANCE.
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On appelle ainsi la relation qui s'établit entre des
parties qui, séparées antérieurement, se rapprochent l'une de l'autre sous
diverses conditions et dans divers buts, et qui consolident ce rapprochement
par certains rites et par certaines promesses qui le rendent sacré. Ce
rapprochement est donc opéré par un lien, et comme ce lien introduit souvent
entre ceux qu'il rattache un genre d'unité ou de communauté, alliance désigne
quelquefois non pas le lien seulement, mais encore ce qui fut lié ou plutôt
l'état d'union qui en dérive. Dans ce cas, alliance et communion ont un même sens,
Matthieu 26:28; 1 Corinthiens 10:16. Or, une même communauté ou un même corps
ne pouvant être animés que d'une seule et même vie, on comprendra facilement
pourquoi toute participation à une même nourriture (comme principe de cette
même vie) constatait une alliance déjà consommée ou acceptée, tout comme ce qui
déterminait un droit à cette participation commune, constatait la consommation
elle-même de l'alliance; cf. Exode 24, les versets 4, 5, 6, avec 9, 10, 11.
Quant à l'alliance, c'est-à-dire quant aux liens proprement dits, ils
ressortaient nécessairement de la qualité et des circonstances des personnes
qui entraient dans de pareils rapports, car de cette qualité ou de ces
circonstances se tiraient les considérations qui fixaient, non seulement la
nature et le caractère du traité que l'on voulait former, mais celles surtout
par lesquelles se spécifiaient encore les intérêts et les avantages des
personnes qui y voulaient entrer, Exode 19:4; 20:2; Genèse 31:43; 15:7; Josué
9:9; 1 Samuel 20:15. Du reste, une alliance ne se faisait point sans qu'elle
imposât des obligations qui lui étaient particulières, et qui, le plus souvent,
se trouvaient réciproques pour chacune des parties. Genèse 26:28; Exode 19:5;
Genèse 31:50,52,54. Observer ces obligations devenait indispensable,
puisqu'elles étaient autant de conditions sans l'accomplissement desquelles le
contrat formé ne pouvait obtenir la réalisation de sa fin. On devait, par
conséquent, envisager de pareilles obligations ou de pareilles conditions comme
si étroitement unies aux alliances, que si, de part et d'autre, elles n'étaient
pas fidèlement remplies, les liens du traité lui-même se rompaient
inévitablement. Toute la valeur de l'alliance dépendait ainsi de l'engagement
que prenait chaque partie de respecter les nouveaux devoirs qu'elle venait de
contracter et de ne se rien permettre qui pût détruire ou troubler les nouveaux
rapports dans lesquels elle venait d'entrer. Or cet engagement consistait en
une promesse solennelle, c'est-à-dire accompagnée de serments et de
témoignages, et comme le traité tirait d'elle toute sa force, faire cette
promesse et la garder se disaient l'un et l'autre: confirmer l'alliance,
Galates 3:15 et 17; Daniel 9:27. Cette confirmation étant une promesse
d'observer une alliance faite, suivait naturellement l'alliance elle-même.
Pour qu'une alliance fût consommée, il fallait que
cette alliance et que la promesse de la garder fussent consacrées par certains
actes religieux. Ces actes avaient deux buts:
1. de
réclamer une intervention et par conséquent une sanction divine;
2. de
consommer le traité, en d'autres termes, de le mettre en activité par une
démonstration solennelle qui exprimait à la fois son caractère et sa réalité.
L'acte qui réclamait l'intervention et la sanction de
la Divinité, consistait dans une reconnaissance formelle d'un Dieu, et comme
témoin de la vérité des traités, et comme exécuteur du bien et du mal que leur
observation ou que leur transgression méritait.
Ces fonctions de témoin et d'exécuteur des contrats,
quoiqu'elles appartinssent à Dieu proprement, pouvaient cependant, par une
autorisation légale ou spéciale de sa part, être transmises à d'autres. Mais
ces deux fonctions étant réunies en Dieu, le devaient être également dans ceux
qui les recevaient de lui, Deutéronome 17:7. Du reste, l'une et l'autre avaient
un même office; elles exigeaient un témoignage rendu à l'inviolabilité des
traités, par conséquent leur exécution, en tant qu'elle dépendait de Dieu et
non plus des hommes seulement. Ce témoignage ou cette exécution n'étaient donc
qu'un jugement de Dieu direct ou indirect, c'est-à-dire sa bénédiction ou sa
malédiction, imposées en vertu de l'alliance elle-même, et suivant la fidélité
des contractants.
L'acte religieux qui, dans une alliance quelconque,
consacrait une sanction pareille était d'une double espèce: c'était d'abord un
signe qui, comme symbole, constatait quelle était cette intervention dont
chacune des parties reconnaissait la validité, et qui, comme témoignage
quelquefois monumental, constatait en même temps la réquisition que l'on en
avait faite; c'était ensuite un serment par lequel on déclarait se soumettre et
s'attendre à être jugé par le tiers intervenant (appelé témoin), selon les
termes de l'alliance et selon la manière dont on l'aurait gardée. Quant au
serment lui-même, la nature du traité le pouvait aussi modifier, c'est-à-dire
qu'il appelait séparément la bénédiction ou la malédiction, ou qu'il certifiait
la possibilité de l'une et de l'autre. Dans certains cas, il était accompagné
d'un symbole qui montrait que la sentence méritée était immédiatement imposée,
symbole dont le sens devenait alors sacramentel.
L'acte qui servait à consommer une alliance, ou plutôt
à la mettre en vigueur par une démonstration solennelle, laquelle devait exprimer
à la fois et la réalité et la nature du lien qu'elle établissait entre les
contractants, cet acte précédait le serment et variait d'après la nature du
contrat. Il paraît, du moins, s'être distingué de certains rites païens par ce
côté essentiel, que jamais, dans ses formes, il ne confondait une alliance
profane avec une alliance dont le but était proprement religieux. Enfin, il
était lui-même réclamé comme témoignage; et indépendamment d'un rapport
quelconque avec la religion, certains symboles lui donnaient, par leur
signification, le caractère sacré qu'il devait toujours posséder. Quant aux
rites qui accompagnaient de semblables contrats, ils offrent des modifications
que la variété des circonstances sert à expliquer. Ces explications sont donc
renvoyées à l'article qui traite le sujet particulier auquel elles se
rapportent. Nous nous bornons ici à indiquer les formes les plus indispensables
et les plus inhérentes au cérémonial des alliances contractées.
Ce qui figurait l'alliance comme lien et communauté,
c'est-à-dire ce qui figurait l'alliance elle-même, c'était ordinairement un
repas pris en commun, Genèse 26:30; 31:46; Josué 9:14. Quand la communauté
fondée était une communauté religieuse, alors seulement le repas se faisait
avec les victimes du sacrifice, Deutéronome 27:7. Le pain et le vin, mais
surtout le sel, paraissent avoir été habituellement employés. Le sel
particulièrement tirait des qualités qui lui appartiennent, un sens symbolique
correspondant à l'idée même d'alliance. Par cette puissance qu'il a d'attaquer
dans un corps certaines parties, en même temps qu'il en conserve d'autres, par
cette action amie et ennemie qu'il exerce à la fois sur tout aliment, il était
le symbole le plus naturel d'un contrat dont la vertu propre est justement de
vous rendre et l'ami de ceux qui sont les amis de votre allié, et l'ennemi de
ceux qui en seraient les ennemis, Genèse 12:3. Mais une alliance faite en ces
ternies: «Je bénirai ceux qui te bénissent, et je maudirai ceux qui te
maudissent», étant considérée comme l'alliance la plus sacrée et la plus
indestructible que l'on pût former, le sel, dont la propriété est de conserver,
exprimait doublement le caractère de semblables alliances, de ces alliances
éternelles que, dans certains endroits, l'Écriture nomme également, à cause de
cela, des alliances de sel, Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5. Enfin, l'épithète
d'alliance accompagne le mot sel là où il est ordonné de le faire entrer dans
la composition de tout ce que l'on devait offrir à Dieu d'après son alliance,
Lévitique 2:13.
Un autre rite non moins solennel et non moins répandu
dans toute l'antiquité (il a donné son nom au mot hébreu qui signifie alliance,
Berith, de Barah, disséquer, tailler, partager), consistait à partager un ou
plusieurs animaux en des parts qui se plaçaient de manière à se correspondre,
Genèse 15:10; les parties contractantes passaient entre ces moitiés, et
donnaient ainsi à entendre qu'elles entraient dans les mêmes rapports qui
avaient précédemment uni les membres de la victime. Cette interprétation sera
peut-être contestée, mais toutes les autres se fondent sur des points de vue
qui semblent inconciliables avec le seul exemple que l'Écriture nous fournisse
d'une alliance faite de cette manière, l'alliance de Dieu avec Abraham.
— Jérémie 34:18, n'est point en opposition avec ce que
nous venons de dire; car rien ne prouve que les deux parts représentassent les
deux parties contractantes.
Un dernier usage que nous consignerons sur ce point,
et dont il est parlé Genèse 21:28, fut de donner à celui avec lequel on voulait
contracter, une portion de son propre bien.
Les parties contractantes, leur sincérité dans les
engagements qu'elles avaient pris, sont également figurés dans le rituel des
alliances par des signes matériels et visibles, destinés à servir quelquefois
de témoignages permanents, Genèse 31:46. Les symboles employés dans ce but
étaient habituellement des pierres; on les érigeait en un monceau, suivant le
nombre des parties contractantes, et si l'alliance où elles entraient était une
alliance religieuse, on en faisait un autel, Exode 24:4. À l'égard de ces
autels, il est constamment ordonné de les construire de pierres non taillées,
Exode 20:25; Deutéronome 27:5; Josué 8:31. Cet ordre fut donné, d'abord afin
que ces autels ne fussent point une occasion de révolte contre le commandement
exprès de n'offrir des sacrifices qu'au lieu que l'Éternel aurait désigné
lui-même (pour cette même raison ils se faisaient de terre dans les autres
cas), mais surtout afin qu'ils marquassent plus expressément leur genre de
destination et qu'ils représentassent par leur propre intégrité la vie, la
plénitude, la sainteté du témoignage dont ils faisaient foi, Deutéronome 27:8;
1 Pierre 2:5; 1 Rois 6:7; Éphésiens 2:22; Jean 19:36; Exode 12:46. La consécration
des alliances, en tant que ces alliances sont une promesse à garder, trouve
dans le rituel des symboles correspondants. Cette consécration consiste,
avons-nous dit, dans l'invocation d'un témoignage divin, invocation qui
imposait au lien établi, et surtout à la promesse donnée, un caractère
inviolable et sacré; néanmoins elle ne les convertissait jamais en des rapports
proprement religieux, si déjà ils ne l'étaient pas par eux-mêmes. Ce témoignage
invoqué était habituellement représenté par des pierres; tantôt ces pierres
étaient carrées, alors elles étaient le symbole reconnu de l'univers; tantôt
elles étaient non taillées, et elles représentaient davantage l'œuvre de Dieu:
dans ce dernier cas elles étaient tout ensemble un témoignage rendu à Dieu, et
un témoignage venant de Dieu. Dans l'un et dans l'autre cas, les cieux ou la
terre étaient invoqués en témoignage. Ces pierres donnaient à entendre que
celui qui est l'auteur de la création devait être le Dieu du témoignage,
l'auteur des serments, le Dieu par lequel on devait jurer, cf. Philippiens
2:10-11; Apocalypse 5:8, etc., Josué 24:22, et Deutéronome 27:9. Celui qui
érigeait une telle pierre faisait donc un acte de foi, et il en usait comme
d'un gage de sa propre fidélité. C'est pourquoi aussi Dieu, voulant donner à
son peuple, au sujet de son alliance avec lui, un gage (ou un témoin) de sa
propre fidélité, il employa pour signe dans le second temple une pierre carrée
(Théod. Hasæns, de lapide fundamenti, dans le Thésaurus Ugolini. t. VIII), et
dans le premier deux tables de pierre, qui sans doute, sous une forme
appropriée aux circonstances, représentaient ces cieux et cette terre où Dieu a
partout écrit de son doigt le témoignage, c'est-à-dire sa loi. Le nombre sept
avait une place sacrée parmi les symboles destinés à la consécration du
serment. Il représente le monde dans sa durée; mais cette durée, elle est
envisagée elle-même dans son rapport avec le témoignage de Dieu. De là l'emploi
de ce nombre dans notre cas; Hérodote 3, 8; Genèse 21:30. Christ comme témoin
est également représenté par une pierre à sept yeux, Zacharie 3:9; cf
Apocalypse 5:6.
Enfin la consécration des alliances, en tant que ces
alliances sont un lien et une communion établis entre plusieurs, ne se
célébrait point d'après des rites religieux, si les rapports fondés sur ces
alliances n'étaient eux-mêmes essentiellement religieux. Ainsi aucun sacrifice,
aucune libation, aucune participation à la victime, aucun signe d'une
consécration personnelle n'accompagnait une alliance purement humaine. Les
cérémonies païennes, par exemple celles des Grecs (Iliad. III, 251), celles des
anciens Arabes (Hérodote 3, 8), celles des Scythes (Hérodote 4, 70; comp. Sali.
Cat. 22), celles des Lydiens et des Mèdes consistaient toutes au contraire dans
une participation des contractants à la victime (Iliad. III, 273), ou dans une
corrélation établie mystiquement entre eux par la communication de leur propre
sang (Hérodote 1, 74). L'un et l'autre étaient défendus à l'Israélite; boire le
sang lui était interdit, le sacrifice appartenait au temple.
L'usage de partager un animal en deux moitiés, et de
passer entre elles, fut commun à plusieurs peuples de l'antiquité. De là sont
venues, en hébreu, les expressions Berith (partage), Karath Berith (partager);
mais rien ne prouve que les mots foedus icere, ferire, percutere, et
δρκια
τέμνειν, en soient également déduits (voyez cependant le
passage de l'Iliade cité plus haut). Quoi qu'il en soit, rien ne nous oblige à
voir dans ce rite un sacrifice proprement dit, plutôt qu'un acte symbolique et
solennel dont le sens a été indiqué, lequel paraît certain à l'égard des Juifs:
rien ne prouve qu'il en fût autrement chez les autres nations (Hérodote 2, 139;
7, 39; comp. Liv. 1, 24. Sophonie Aj. 1177, sq.). Cela explique pourquoi nous
ne trouvons rien de pareil dans la consécration des alliances de Dieu avec son
peuple, et pourquoi encore ce signe n'était point un signe de réciprocité, et
s'employait seulement quand l'une des parties était sommée par l'autre de
donner un témoignage figuratif des engagements qu'elle contractait, Genèse
15:8.
De là dérivent néanmoins certaines formules
d'imprécation ou de malédiction, qui pourtant ne contredisent en rien ce que
nous venons d'avancer, puisqu'elles démontrent justement que l'animal partagé
ne figurait que l'une des parties du contrat, Jérémie 34:19.
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ALLON-BACUTH,
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Genèse 35:8, chêne sous lequel fut ensevelie Débora,
nourrice de Rébecca; son nom signifie chêne des pleurs.
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ALMODAD,
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Genèse 10:26, peuplade arabe de la famille des
Joktanides, mais du reste inconnue. Bochart pense aux Allonmaïotes de Ptolémée
dans l'Arabie Heureuse.
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ALMUGGHIM, ou Algummim,
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1 Rois 10:11-12, ou Algummim, 2 Chroniques 2:8-11, nom
d'une espèce de bois qui se trouvait au nombre des marchandises que la flotte
syrienne apportait d'Ophir, du temps de Salomon. Ces deux noms désignent la
même chose, car de pareilles transpositions de lettres se font presque
involontairement, et ont leurs analogues dans toutes les langues.
— Dans le passage du livre des Rois, les Septante
traduisent ce mot par «du bois travaillé et taillé», Jérôme et la Vulgate par
«ligna thyina», et dans les passages des Chroniques, les Septante le rendent,
ainsi que les traductions latines, par «bois de pin.» S'attachant à ces
anciennes interprétations, quelques savants ont cru que l'Almugghim était un
bois résineux et odoriférant; mais un tel bois n'aurait pu être propre à
l'usage auquel le destinait Salomon, car il en fit faire, non seulement des
instruments de musique, mais encore des barrières et des piliers. Par la même
raison, et plus encore, il faut repousser l'idée qui veut traduire ce mot par
corail.
— Les anciens commentateurs juifs les plus célèbres,
Kimhi et autres, pensent que ce bois d'Ophir était celui que les Arabes nomment
El-Bakam, bois du Brésil, ou de Sandal rouge, lequel en tout cas fut connu et
décrit bien antérieurement à la découverte du Brésil. Cet arbre croît dans les
Indes; son bois, dur et pesant, est noir au dehors, rouge au centre, et sans
odeur; il sert à la teinture, à la menuiserie et à la sculpture.
— D'autres interprètes pensent que c'était une espèce
de pin du mont Liban, 2 Chroniques 2:8; mais c'est peu probable à cause de ce
qui est dit, 1 Rois 10:12, qu'il n'était point encore venu de ce bois, et qu'on
n'en avait point vu jusqu'à ce jour: un bois si précieux, et dans un voisinage
aussi rapproché, n'aurait pas échappé longtemps à l'attention des architectes.
— Enfin, les plus modernes prennent ce bois pour le
Santalum Album de Linné, arbre de haute futaie qu'on trouve dans les Indes, en
Arabie et en Afrique: ce serait le bois appelé citrus par les Romains, et
thyion par saint Jérôme. Il est très odoriférant, et d'autant plus qu'il est
plus près de terre et que la couleur en est plus foncée. On s'en servait comme
d'encens, mais plus généralement encore pour la construction des temples, et
pour la sculpture. Cette opinion qui est la plus probable est confirmée par le
témoignage de Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 8, 7). «Les vaisseaux
d'Ophir, dit-il, apportaient des pierres précieuses et des pins dont Salomon
faisait faire des colonnes pour le temple et pour son palais, et des
instruments de musique. Ce bois était plus grand et plus fin qu'aucun autre
bois connu jusqu'alors; il avait l'apparence de bois de figuier, mais il était
encore plus blanc et plus éclatant.»
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ALOÈS,
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Nombres 24:6; Proverbes 7:17, etc., genre d'arbre dont
Tournefort compte quatorze espèces; celui dont il est question dans la Bible
n'est pas l'aloès de nos jardins, mais un arbre des Indes, le bois d'aloès
appelé aussi bois d'aigle. Il a de huit à dix pieds de hauteur; sa cime est
couronnée d'une touffe de feuilles ovales, dentelées, épaisses et longues
d'environ quatre pieds; ses fleurs, d'un rouge mêlé de jaune ou de blanc,
exhalent un parfum délicieux; son fruit est de la grandeur d'une cerise; de
sorte que c'est un des plus beaux arbres qui existent. L'aloès a une sève
extrêmement amère, et son écorce recouvre trois couches de bois différentes; la
couche extérieure est noire, dure et pesante; la seconde est brune, très
poreuse et pleine d'une résine odoriférante; enfin l'intérieur du bois a une
odeur aromatique extrêmement forte. Les anciens faisaient déjà grand cas de
cette dernière couche et l'estimaient plus que l'or. On s'en sert pour parfumer
les habits, les appartements, etc., soit en le réduisant en poudre, soit en le
brûlant, soit en en mettant de petits morceaux appelés calumbaks dans les
objets que l'on veut parfumer: on garde ordinairement ces calumbaks dans des
flacons pour empêcher l'odeur de s'évaporer.
Balaam, pour indiquer combien le peuple d'Israël est
agréable à son Seigneur, et précieux devant lui, le compare à des arbres
d'aloès que l'Éternel a plantés, Nombres 24:6. Parmi les attraits que la femme
de mauvaise vie met en usage pour séduire, Salomon lui fait dire qu'elle a
parfumé son lit d'aloès, Proverbes 7:17. La myrrhe, l'aloès et la casse sont
dans les vêtements de la reine chantée Psaumes 45:8; et l'épouse du Cantique,
4:14, dit que la myrrhe, l'aloès et tous les parfums aromatiques se trouvent
dans le jardin de son époux. Quand le corps de notre Seigneur eut été descendu
de la croix, Jean 19:39, Nicodème apporta de la myrrhe et de l'aloès, non pour
embaumer le corps, mais pour mettre ces aromates dans les linges, verset 40,
afin de conserver le corps jusqu'après le sabbat.
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ALPHA,
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a, première lettre de l'alphabet grec, dont oméga (ou
o long) est la dernière. Le Saint-Esprit désigne par ces deux lettres
l'éternité de Dieu et celle de Jésus-Christ, Apocalypse 1:8,11; 21:6; 22:13.
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ALPHÉE.
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1. Père
des apôtres Jacques le mineur, et Jude; époux de Marie sœur de la mère de
Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:15; Actes 1:13; Marc 13:40; le même que
le Cléopas de Jean 19:25, mais différent de celui qui est nommé Luc 24:18.
— Voir: Cléopas.
On ne sait, du reste rien sur sa vie.
2. Père
de Lévi ou saint Matthieu, Marc 2:14, également inconnu. Peut-être est-ce le
même que le précédent, et, dans ce cas, Matthieu son fils, qui n'est jamais
indiqué parmi les enfants de Marie, serait le fils d'un premier mariage.
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ALTASCHETH,
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inscription des Psaumes 57, 58, 59 et 75, signifie ne
détruis point.
«On ne saurait, dit Calvin, amener de certaine raison
pourquoi l'inscription de ce psaume (57) est ne détruis point; et pourtant les
expositeurs sont différents d'opinion, comme en une chose obscure et douteuse.
Aucuns pensent que c'était le commencement de quelque vieille chanson. Les
autres estiment que ce sont les mots que David prononça se voyant environné de
toutes parts sans espoir d'échapper, «O Dieu, ne détruis point.» Les autres
sont d'advis que la preud'hommie de David est louée par cette sentence, lequel
empescha et destourna Abisaï qui voulait aller tuer Saül, pour ce aussi que
l'histoire sainte exprime nommément cette repréhension en ces termes: Ne le
deffais point, 1 Samuel 26:9. Mais pour ce que David avait fait cette prière et
psaume déjà auparavant (comme on le voit par l'inscription même), ceste opinion
ne peut convenir. Par quoy il nous faut tenir à l'une de ces deux expositions,
ou que ce psaume a été composé sur le chant d'une chanson commune, ou que David
a voulu yci noter en brief, comme une chose mémorable, la prière qu'une frayeur
soudaine lui tira de la bouche.»
Ainsi parle Calvin, et depuis lui la science n'a rien
découvert que l'on puisse ajouter à son explication. La version de nos Bibles
est défectueuse dans ces inscriptions, et ne donne aucune idée du vrai sens du
mot.
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AMANA,
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Cantique 4:8, une des cimes de l'Anti-Liban, à ce
qu'il paraît d'après le contexte du passage cité. C'est probablement de cette
montagne que sortait le fleuve Abana, q.v. Une correction apportée au texte
hébreu de 2 Rois 5:12; autorise à croire que le vrai nom du fleuve est plutôt
Amana comme celui de la montagne.
— Quelques-uns placent l'Amana au-delà du Jourdain,
dans la demi-tribu de Manassé; d'autres, le cherchant au nord-est, pensent
qu'il séparait la Syrie de la Cilicie.
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AMANDIER,
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Genèse 30:37; 43:11; Exode 25:33-34; 37:19-20. Les
mots hébreux Louz et Shaked que nos versions rendent par amandier, ou par
coudrier, Genèse 30:37, désignent deux espèces différentes de pêchers dont les
fleurs et les feuilles se ressemblent beaucoup. L'un de ces arbres, dont le
fruit ne mûrit qu'au mois de septembre, est le premier à fleurir aussitôt après
les rigueurs de l'hiver, avant même qu'il ait poussé des feuilles. Cette
particularité lui a fait donner en hébreu le nom de Shaked qui signifie
«prompt, expéditif, qui se réveille de bonne heure, vigilant», et l'a fait
prendre, Jérémie 1:11, pour le symbole de la rapidité avec laquelle les
jugements de Dieu allaient éclater sur Israël. Jérémie a fait dans ce passage
un jeu de mot conforme au goût des Orientaux, mais difficile à rendre dans
notre langue.» Que vois-tu, Jérémie?» dit l'Éternel, et le prophète répond: «Je
vois une branche shaked;» ce qui signifie tout à la fois: je vois une branche
d'amandier, et je vois une branche, un bâton vigilant, qui veille, qui se hâte.
Aussi l'Éternel, continuant d'employer le même mot dans son double sens, répond
encore: «Tu as bien vu, car je me hâte d'exécuter ma parole.«C'est donc sur ce
nom significatif de l'amandier que repose tout le sens de cette vision.
Dans le passage Ecclésiaste 12:7, cet arbre qui
fleurit déjà lorsque ses branches sont encore dénuées de feuilles, est pris
pour image de la tête du vieillard couverte seulement de quelques touffes de
cheveux blancs.
— La verge d'Aaron qui le confirma dans sa dignité de
grand prêtre, Nombres 17:8, était une verge d'amandier; et, selon quelques
savants, une verge de ce bois était le signe distinctif des chefs des tribus
israélites qui devait leur rappeler la vigilance.
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AMARIA.
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1. Souverain
sacrificateur, 1 Chroniques 6:7; il vécut du temps des juges, et paraît avoir
fonctionné immédiatement avant Héli.
2. 1
Chroniques 6:11.
3. Esdras
10:42.
4. Sophonie
1:1.
5. 2
Chroniques 19:11. Souverain sacrificateur, placé par Josaphat à la tête de la
cour suprême des juges d'Israël.
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AMATSIA.
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1. Neuvième
roi de Juda, fils de Joas et de Jéhohaddan, 2 Rois 12:21; 14:1; 1 Chroniques
3:12; 2 Chroniques 24:27; 25:1. Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il monta sur le
trône, 839 ans avant J.-C., et régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Il commença
par faire mourir les meurtriers de son père, mais ne permit pas qu'on fît le
moindre mal à leurs enfants, mesure de grâce et de justice, bien rare alors,
bien opposée aux moeurs barbares de ces temps, mais conforme à l'esprit et à la
lettre de la loi mosaïque, Deutéronome 24:16. Il comptait dans son royaume
300,000 hommes en état de porter les armes; il s'en adjoignit encore 100,000 du
royaume d'Israël, pour les envoyer contre les Iduméens qui s'étaient soustraits
sous Joram à l'obéissance des rois de Juda, environ cinquante ans auparavant.
Mais un prophète lui ayant rappelé que toute alliance avec les tribus rebelles
serait fâcheuse au royaume de Juda, il comprit que c'est Dieu seul qui donne la
victoire et qui met en fuite, et il se hâta de licencier les troupes
étrangères, en faisant le sacrifice des cent talents (près d'un million) qu'il
avait donnés pour les enrôler. La victoire se prononça en faveur de celui qui
avait cru; il vainquit les Iduméens dans la vallée du Sel. Ici s'arrête la
première partie de la vie d'Amatsia; sa foi ne l'accompagna pas dans toute sa
carrière, parce que ce n'était pas une foi véritable; il se détourna de
l'Éternel, et la fin de ses jours, à dater de cette victoire, ne fut plus que
péchés et malheurs. Au nombre des objets pris sur l'armée d'Édom se trouvaient
les idoles de Séhir. Amatsia les adora; puis, lorsqu'un prophète vint lui
reprocher son incroyable idolâtrie, le culte de ces dieux vaincus, Amatsia lui
répondit: «Qui t'a établi conseiller du roi. Cesse de m'importuner, car
pourquoi te ferais-tu tuer?» Le prophète se retira donc, après lui avoir
annoncé les châtiments que Dieu ferait tomber sur lui. Et Dieu aussi s'était
retiré de la cour et des conseils du malheureux roi. Enivré de sa récente
victoire, il osa défier son voisin d'Israël, et lui offrit le combat. On peut
croire que la cause ou le prétexte de cette guerre, ce furent les déprédations
que les 100,000 Israélites, frustrés du butin qu'ils avaient espéré de
remporter sur Édom, avaient commises en s'en retournant dans leur pays, et dont
le roi de Juda crut devoir demander satisfaction. Joas, roi d'Israël, se
comparant lui-même au cèdre du Liban, et son adversaire à quelques ronces de la
montagne, voulut le dissuader de son entreprise téméraire; mais Amatsia ne
l'écouta point (car cela venait de Dieu). Les deux armées se rencontrèrent à
Bethsémès, et le roi de Juda, fait prisonnier avec une partie de son armée, vit
les remparts de Jérusalem démolis, ses trésors transportés à Samarie, et les
principaux des siens emmenés comme otages. Il survécut encore quinze ans à
Joas, et par conséquent à sa défaite; mais la fin de son règne fut sans gloire,
et il périt victime d'une conjuration. Il fut assassiné à Lakis où il s'était
réfugié, et son corps fut transporté à Jérusalem où on l'ensevelit avec ses
pères.
2. Amatsia,
sacrificateur du veau d'or à Béthel (784 avant J.-C.), Amos 7:10 et sq.,
dénonça à Jéroboam les prophéties d'Amos, et ses menaces contre le culte
idolâtre d'Israël. Amos répondit au faux prophète, qui l'engageait à s'enfuir
de devant la colère du roi: «Je n'étais qu'un bouvier, piquant des figues
sauvages (pour les faire mûrir), lorsque l'Éternel me dit: Va et prophétise à
la maison d'Israël.» Et après avoir donné à Amatsia la preuve de sa divine
mission, Amos lui annonça à lui-même les maux qui fondraient sur sa maison, sur
sa femme, et sur ses enfants.
— Cyrille d'Alexandrie, Épiphane et d'autres pères,
ajoutent qu'Amatsia employa la violence pour forcer le prophète à se taire, et
qu'il lui fit souffrir divers supplices.
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AMBASSADEUR,
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officier d'un prince, envoyé pour annoncer quelque
importante nouvelle, ou pour traiter quelque grande affaire. Les anciens
n'avaient pas d'ambassadeurs titrés et à poste fixe; ce n'était qu'une charge
temporaire, en vue d'un objet unique, et qui cessait après la négociation
terminée. Élihézer, serviteur du patriarche Abraham, fut l'ambassadeur de ce
riche et puissant prince auprès de Nacor, Genèse 24:1. Plus tard cette mission
prit un caractère plus politique, ainsi que nous le voyons 2 Chroniques
32:9,31.
— Les ministres de l'Évangile sont appelés
ambassadeurs de Christ, parce qu'au nom de ce Roi des rois, peu nombreux sur la
terre, ils sont chargés de dire aux hommes sa volonté, et de proclamer le
traité de grâce qu'il a fait avec eux; 2 Corinthiens 5:20. Éphésiens 6:20.
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ÂME.
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C'est le mot par lequel on traduit ordinairement
l'hébreu néphesh dans l'Ancien Testament, et le grec
ψυχή dans le Nouveau, cf. Deutéronome 6:5; Matthieu 22:37.
L'hébreu leb, cœur, et le grec
καρδια, désignent l'organe par lequel l'âme a la conscience
d'elle-même, et perçoit les impressions, cf. Genèse 8:21; Exode 10:20; etc.
Cette distinction ne saurait cependant s'appliquer à tous les cas, et l'on doit
reconnaître que dans le sommaire de la loi, à moins de supposer une tautologie,
l'âme et le cœur sont deux choses différentes, dont l'une n'est pas l'organe de
l'autre, mais qui ont chacune un rôle indépendant, une action spéciale dans
l'organisme moral. Le cœur représenterait davantage l'élément actif, le
principe de l'aspiration, du désir; et l'âme, l'élément passif et susceptible
de recevoir des impressions.
Les paroles du Deutéronome 6:5, sont citées trois fois
dans les Évangiles, et chaque fois d'une manière différente, qui s'éloigne
également du texte hébreu, et de la traduction des Septante. Il est aisé de voir
que les évangélistes ont cité de mémoire, en s'occupant du sens plus que des
mots.
Dans le texte hébreu du Deutéronome, on trouve en
effet, et dans l'ordre suivant, les mots: cœur, âme, forces (Septante,
δύναμις).
Dans saint Matthieu: cœur, âme, pensée (διανοία).
Saint Marc 12:30: cœur, âme, pensée (διανοία), force (ίσχύς): au verset 33 l'ordre des mots est encore
interverti, et, en outre,
συνέσις est mis à la place de
διανοία.
Saint Luc 10:27: cœur, âme, force, pensée.
Le mot force (Deutéronome et Luc) désigne, presque
sans contestation, l'action de la volonté, l'activité, la pratique; le mot
pensée (ou intelligence, Marc 12:33) comprend les facultés intellectuelles; les
mots cœur et âme, qui se retrouvent dans les quatre passages, ne peuvent avoir
que le sens qui a été indiqué: la force serait alors l'expansion au dehors des
impressions reçues, des désirs, et des résolutions formées par l'activité
intérieure.
L'emploi et la distinction des mots cœur et âme, dans
les plus anciens livres des Hébreux, indiquent déjà, même en admettant un
certain matérialisme, que les Juifs avaient une idée de la spiritualité de
l'homme. Comme la plupart de leurs notions religieuses, théologiques,
philosophiques, psychologiques, cette idée était confuse et vague, parce que
l'analyse n'était pas intervenue, parce que le temps ne l'avait pas mûrie.
Moïse pouvait dire: L'âme de la bête est dans son sang, Lévitique 17:11;
Deutéronome 12:23; cf. Genèse 9:4, sans être accusé d'hérésie, sans heurter le
sentiment public et la délicatesse des sages. Longtemps après, on pouvait
confondre encore par une même expression l'âme et la vie matérielle,
ψυχή, Matthieu 16:26. Mais l'idée n'en existait pas moins
qu'une substance immatérielle, qu'une réalité spirituelle était jointe au
corps, à la matière; quelque intime que fût l'union, ce n'était qu'une union,
et non une identité, une confusion. En disant l'esprit, l'âme et le corps,
l'Écriture renferme des indices, sinon une théorie formelle sur la composition
de l'homme, Ésaïe 57:16.
Le récit de la création même implique la distinction
de nature entre le corps formé de la terre, et l'âme formée par le souffle,
l'esprit de Dieu, et renferme par conséquent le germe de l'idée d'immortalité,
Genèse 2:7, quoique les mots respiration de vie se retrouvent plus loin, 7:22,
appliqués aux animaux, par suite de cette absence de précision, qui n'est pas
l'erreur, mais qui accompagne toute définition encore incertaine, toute science
dont les termes sont encore à créer. Les mots âme vivante sont également
appliqués aux animaux, 1:20,30, et l'âme semble désigner simplement le principe
vivifiant, comme Jonas 4:3, où le texte porte: ôte-moi, je te prie, l'âme, car
la mort me vaut mieux que la vie. Cf. 1 Corinthiens 15:45. C'est encore le
souffle, Ecclésiaste 12:9, qui retourne à Dieu, après que la poudre est
retournée dans la terre.
— Voir: plus loin l'article Immortalité.
«L'âme dit Calvin, est prise pour la volonté et désir,
à savoir, d'autant qu'elle est le siège de la volonté et du désir. En ce sens,
il est dit que l'âme de Jonathan était liée à l'âme de David, et l'âme de
Sichem adhéra à Dina, fille de Jacob... Quelquefois l'âme est simplement prise
pour la personne, ou homme ayant âme, comme quand il est dit que «septante-six
âmes descendirent avec Jacob en Égypte.» Item.: «L'âme qui aura péché
mourra...» Et davantage, l'Écriture use de cette façon de parler que «l'âme se
départ», au lieu que nous disons coutumièrement: «rendre l'âme...» Davantage,
nous savons que quand ces deux mots, âme et esprit, sont conjoints ensemble,
par l'âme est signifiée la volonté, et par l'esprit l'entendement;... il faut
prendre en ce même sens ce que l'apôtre aux Hébreux dit, que «la parole de Dieu
est vive et pleine d'efficace, et plus pénétrante que tout glaive à deux
tranchants, et atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit...»
Toutefois, en ce dernier passage, aucuns aiment mieux par l'esprit entendre
cette essence en laquelle est la raison et la volonté.... et par l'âme, le
mouvement vital, et les sens que les philosophes appellent supérieurs et
inférieurs.»
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AMEN.
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1. Vrai,
fidèle, certain. C'est le mot que nos traductions ordinaires rendent par «en
vérité». Quand il est redoublé, il équivaut à la solennité du serment. Des
quatre évangélistes, saint Jean est le seul qui ait conservé la répétition de
ce mol, et cette différence entre lui et les synoptiques, se retrouve même dans
les passages parallèles; cf. Matthieu 26:21,34; et Jean 13:21,38. Y aurait-il
un sens mystérieux et caché dans le fait de cette double affirmation? C'est
l'opinion de Bengel. La parole de Christ est la vérité à l'égard de celui qui
parle, et à l'égard de ceux qui croient; cf. 1 Jean 2:8. Elle est la vérité
quant à la forme et quant au fond. Christ n'est pas seul à rendre témoignage:
lui et son Père sont uns à le rendre, Jean 8:18; 2 Corinthiens 1:20. Et lors
même qu'on ne verrait pas dans cette répétition tout ce que Bengel y voit et
qu'il développe d'une manière si intéressante, on ne saurait y méconnaître une
affirmation solennelle. Des exemples de cette répétition se trouvent aussi dans
l'Ancien Testament, par exemple Psaumes 41:14.
2. Ainsi
soit-il, Deutéronome 27:26; Jérémie 28:6; Apocalypse 1:18. Formule d'adhésion,
d'approbation, d'affirmation, ou de souhait, ordinairement employée à la fin
des prières comme pour en sceller le contenu, par exemple à la fin de l'oraison
dominicale. On ne la trouve cependant ni à la fin de la prière sacerdotale,
Jean 17:26, ni lors de la présentation de Matthias et Joseph à l'apostolat,
Actes 1:25. Presque tous les écrits du Nouveau Testament se terminent par ce
mot, qui semble être la récapitulation et la confirmation des faits et des
renseignements qui s'y trouvent renfermés.
3. Un
des noms donnés à Christ, parce qu'il est le Véritable, le Dieu de vérité, la
substance de la vérité révélée, le prophète infaillible, le fidèle et vrai
témoin, Apocalypse 3:14. Toutes les promesses sont oui et amen en lui; elles
sont inébranlablement fondées sur sa parole et sur son serment, irrévocablement
ratifiées par sa mort, et scellées par son esprit, 2 Corinthiens 1:20.
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AMÉTHYSTE.
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Exode 28:19; 39:12; Apocalypse 21:20. Pierre
précieuse, espèce de quartz transparent dont la couleur est un mélange de rouge
et de bleu, de sorte qu'il y a des améthystes de couleurs diverses, tirant sur
le pourpre, le rose ou le violet, selon que le rouge ou le bleu prédomine; il y
a même des améthystes blanches. Les plus fines se trouvent en Arabie, en Syrie,
en Arménie et dans les Indes. Les anciens, qui se faisaient déjà des bijoux de
cette pierre précieuse, croyaient qu'elle préservait de l'ivresse, et lui ont,
à cause de cela, donné le nom qu'elle porte, et qui pourrait se traduire par
désenivrante.
— Les Rabbins ont aussi leurs étymologies, et
prétendent que le nom hébreu de l'améthyste vient de ce qu'elle fait voir des
songes à celui qui la porte; ce serait une songeuse.
— C'était la neuvième pierre dans le pectoral du
souverain sacrificateur, Exode 28:19; elle forme dans le Nouveau Testament le
douzième fondement de la Jérusalem céleste, Apocalypse 21:20.
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AMI,
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— Voir: Amon #3.
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AMINADAB.
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1. Fils
d'Aram, père de Naasson, nommé dans la généalogie de notre Sauveur, Matthieu
1:4; Luc 3:33. C'est le même que Hamminadab, Exode 6:23; Nombres 1:7; Ruth
4:19-20; 1 Chroniques 2:10. Sa fille Élisébah était femme d'Aaron.
2. —
Voir: Hamminadab.
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AMNON,
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l'aîné des fils de David, qui l'eut d'Ahinoham sa
seconde femme, 2 Samuel 3:2; 1 Chroniques 3:1. Ce malheureux, épris d'une
fureur coupable pour sa sœur de père, Tamar, que les lois de Moïse ne lui
permettaient pas d'épouser (Lévitique 18; 20:17; Deutéronome 27:22), la
déshonora, et se porta envers elle aux plus criminels excès, puis il la chassa
honteusement comme «ne ennemie. Absalon, frère de Tamar, attendit pendant deux
ans entiers l'occasion de venger l'outrage fait à sa sœur, et enfin finit par donner
l'ordre à ses serviteurs de l'assassiner. Amnon périt misérablement au milieu
d'un festin, 2 Samuel 13. Le crime fut puni: ce qu'Amnon avait semé, il le
moissonna; Absalon trouva plus tard aussi la peine de sa vengeance; mais ces
deux crimes furent un châtiment envoyé de l'Éternel sur David pour son adultère
et pour le meurtre d'Urie. Amnon avait été une verge de Dieu: triste ministère
que celui d'un fils dont Dieu se sert contre l'auteur de ses jours! Considérée
en elle-même, l'histoire d'Amnon est un terrible exemple des excès auxquels
peut porter une passion que l'on ne cherche pas à combattre, mais que l'on
héberge comme un hôte, que l'on nourrit et que l'on entretient. La chute
d'Amnon, précipitée et peut-être amenée par des conseils étrangers, doit nous
apprendre en même temps à choisir nos amis parmi les fidèles, et à nous
accompagner de ceux qui révèrent le nom de l'Éternel, Psaumes 119:63.
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AMON.
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1. Gouverneur
de la Samarie, auquel Achab ordonna d'emprisonner le prophète Michée, 1 Rois
22:26, jusqu'à son retour de l'expédition contre Josaphat.
2. Fils
de Manassé et de Mésullémet, quinzième roi de Juda, monta sur le trône à l'âge
de vingt-deux ans, et régna deux ans. Ce fut un monstre de méchanceté; trop
fidèle imitateur des désordres de son père, il ne l'imita pas dans sa
repentance. Il fut assassiné par les gens de sa maison; mais le peuple, dont il
avait su flatter les désordres ou les superstitions, le vengea et fit périr les
meurtriers. Il ne fut pas, non plus que son père, enseveli dans le tombeau des
rois, mais on le plaça dans son sépulcre, au jardin de Huza. Son fils Josias
lui succéda. 2 Rois 21:18-26; 2 Chroniques 33:20-25; Matthieu 1:10; Jérémie
1:2; Sophonie 1:1.
3. Ou
Ami. Esdras 2:57; Néhémie 7:59. Un des principaux chefs des Juifs qui revinrent
de la captivité.
4. —
Voir: No.
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AMORRHÉENS.
________________________________________
C'était la peuplade cananéenne la plus considérable.
Ils descendaient de Cam par son quatrième fils Canaan, et de Canaan aussi par
son quatrième fils, Genèse 10:6,15-16. Plusieurs d'entre eux étaient des géants
dont Amos dit, 2:9, que leur hauteur était comme celle des cèdres, et qu'ils étaient
forts comme des chênes. Ils avaient à l'est du Jourdain les deux puissants
royaumes de Basan et de Hesbon, gouvernés par Hog et par Sihon, Josué 9:10, qui
s'étendaient depuis le torrent d'Arnon jusqu'à la montagne de Hermon,
Deutéronome 3:8. Sihon s'était emparé d'une grande partie du territoire des
Moabites et des Hammonites, Nombres 21:24; Juges 11:13. (Ce dernier passage
indiquant les prétentions des Hammonnites sur une partie du pays qui leur avait
appartenu, disent-ils, avant que les Amorrhéens le possédassent, est le seul
indice d'une conquête faite sur les enfants de Hammon par les Amorrhéens.) Mais
Moïse lit la conquête de toute cette contrée, et la donna aux tribus de Ruben
et de Gad et à la demi-tribu de Manassé, Nombres 32:33; Deutéronome 3:8,12-13.
— Il y avait encore d'autres royaumes amorrhéens dans
la partie méridionale de Canaan, à l'ouest du Jourdain, dans le voisinage de
Hébron et de Hatsatson-Tamar, Genèse 14,7, occupant le territoire de la
montagne de Juda, Nombres 13:30. Ce sont ceux-là qui battirent les Israélites à
Horma, Nombres 14:45; Deutéronome 1:44; mais environ quarante ans après, Josué
vainquit leurs cinq rois, Josué 10:5, et distribua leur pays aux tribus de
Juda, de Siméon, de Dan et de Benjamin, Josué 15 et 19. Cependant ils ne purent
être entièrement assujettis, et Josué même ne put les empêcher de se relever
quelquefois et de faire des conquêtes sur Israël, Juges 1:34; 3:5; 1 Samuel
7:14; les Gabaonites, en particulier, un reste des Amorrhéens, subsistèrent
longtemps, 2 Samuel 21:2; cf. Josué 9. Les nombreux débris de cette nation ne
furent définitivement soumis que par Salomon qui les fit tributaires, 1 Rois
9:20; 2 Chroniques 8:7.
Comme les Amorrhéens occupaient le premier rang au
milieu des Cananéens, il n'est pas rare que leur nom serve à désigner
l'ensemble de ces peuplades, et Canaan tout entier, Genèse 15:16; Juges 6:10; 1
Rois 21:26; 2 Rois 21:11.
Dieu dit aux Juifs que leur père était Amorrhéen, et
leur mère Héthienne, Ézéchiel 16:3, pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient
en réalité pas plus dignes des grâces de Dieu que les pires des Cananéens, et
que, s'ils descendaient physiquement de Sem au lieu de descendre de Cam, il n'y
avait en eux-mêmes rien qui les rendît plus agréables à Dieu que ces peuplades
qu'ils avaient dépossédées, et dont ils habitaient le territoire.
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AMOS.
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1. Le
troisième des douze petits prophètes. Il vécut environ 800 ans avant J.-C.,
sous les règnes de Hozias roi de Juda, et de Jéroboam II roi d'Israël, et
commença son ministère au moins en 784, année de la mort de Jéroboam; il se
trouvait ainsi contemporain d'Osée, de Joël et d'Ésaïe, Amos 1:1. Il était
originaire de Tékoah dans la tribu de Juda, et exerça d'abord la profession de
berger, ou de bouvier, s'occupant parfois à piquer les figues sauvages pour les
faire mûrir, 7:14; des images empruntées à son genre de vie se retrouvent
fréquemment sous sa plume, 3:12; 4:1; 7:1-2. S'il paraît, 7:14, se refuser à lui-même
le titre de prophète, il faut l'entendre seulement dans ce sens qu'il n'avait
pas été élevé dans les écoles de prophètes, qu'il n'avait pas reçu l'éducation
régulière des prophètes; car en luttant contre Amatsia il insiste fortement
lui-même sur la divinité de sa mission; et la grande connaissance du
Pentateuque, par exemple, qui perce dans ses écrits, montre qu'il était bien
préparé pour remplir ses importantes fonctions.
C'est auprès des Juifs des dix tribus qu'il exerça
essentiellement son ministère; l'idolâtrie, la corruption qui y régnaient, la
tyrannie et les injustices des grands, forment le sujet de ses exhortations
prophétiques, dans lesquelles il dénonce, pour une époque plus ou moins
éloignée, de terribles jugements de Dieu. Sa sévère franchise lui attira la
haine des prêtres qui s'efforcèrent d'obtenir du roi son expulsion, et la
tradition nous le représente même comme étant mort victime de leurs cruels
traitements.
Les six premiers chapitres contiennent dans un langage
simple et sans figures, des prédictions, d'abord contre les ennemis du peuple
théocratique, puis, depuis 2:4, contre le royaume même d'Israël. Les trois
derniers chapitres dénoncent en un langage symbolique, les jugements de Dieu
sur Israël, et se terminent, depuis 9:8, par des paroles consolantes. Le style
est en général peu animé, mais toujours plein de dignité.
2. Luc
3:25; Un des ancêtres de notre Seigneur, par Marie; inconnu.
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AMOTS.
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2 Rois 19:2; Ésaïe 1:1; Père du prophète Ésaïe. Nous
ne savons rien sur lui de positif. Les uns le confondent, mais sans fondement,
avec Amos le prophète; les autres le font fils de Joas et frère d'Amatsia, rois
de Juda, en sorte qu'il aurait été de la famille royale.
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AMPHIPOLIS,
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ville de la Macédoine, et colonie athénienne, sur les
confins de la Thrace. Paul et Silas la traversèrent lorsque, délivrés de la
prison de Philippe, ils se rendirent à Thessalonique, Actes 47:1. Elle était
située non loin de la mer, sur le Strymon qui l'entourait de tous les côtés;
c'est de là que lui est venu son nom, d'après Thucydide 4, 102. Elle porte
aujourd'hui le nom d'Acra, ou d'Emboli.
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AMPLIAS,
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Romains 16:8; Disciple bien-aimé de Paul qui le salue,
mais du reste inconnu.
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AMRAPHEL,
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Genèse 14:1; Petit roi de Sinhar, contemporain
d'Abraham et allié de Kédor-Lahomer, q.v.
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ANANIAS.
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1. Le
mari de Saphira, Actes 5:1. Il prit place au nombre des chrétiens de la primitive
église de Jérusalem, et séduit par tout ce qu'il y avait d'honorable et de
touchant dans le dévouement et l'abnégation des autres disciples, il voulut les
contrefaire sans avoir le courage de les imiter, vendit une possession, retint
une partie du prix d'accord avec sa femme, et en apporta le reste aux pieds des
apôtres, mentant par son silence, comme s'il eût apporté la valeur entière de
sa propriété. Son mensonge, qui ne s'adressait pas à l'homme, mais à Dieu, fut
puni de Dieu lui-même, et l'hypocrite tomba mort aux pieds des apôtres. On
connaît le beau tableau que ce sujet a inspiré à M. Paul Delaroche.
Il semble que ce ne fût qu'un mensonge: c'était un
sacrilège. Ananias voulait-il s'enrichir aux dépens des frères en versant une
partie de ses biens dans la bourse commune pour obtenir par là le droit d'être
entretenu, lui et sa femme, aux frais de l'Église? Regardait-il les biens de la
communauté comme une espèce de caisse d'assurances qui lui rapporterait un
intérêt viager supérieur aux intérêts de la somme par lui déposée? Voulait-il
peut-être seulement acquérir des droits à la considération des frères, en
faisant un acte brillant de charité chrétienne? Il est probable qu'il y eut un
mélange de tout cela dans son cœur livré à Satan, verset 3; l'intérêt et la
vanité furent la source de l'hypocrisie et du mensonge.
Le châtiment de ces deux coupables peut paraître
sévère, si on ne le considère qu'en lui-même, et surtout encore si on le
compare avec le crime de Simon le magicien (chapitre 8), ou d'Élymas (chapitre
13), et la conduite des apôtres à leur égard. Quelques réflexions montreront
qu'Ananias et Saphira furent punis justement, et que leur mort était nécessaire
à la gloire de Dieu.
1. Moins
coupables en apparence que Simon le magicien et qu'Élymas, ils l'étaient plus à
cause des grâces qu'ils avaient reçues et de la lumière dont ils jouissaient.
Élymas était décidément un impie, ignorant peut-être jusqu'à l'histoire même de
l'Évangile; et quant à Simon, qui paraît avoir eu plus d'instruction positive,
et dont il est dit même qu'il crut, qu'il fut baptisé, et qu'il était comme
ravi hors de lui-même, il paraît qu'il se laissa séduire par la grandeur de ces
miracles qu'il ne pouvait imiter; mais il n'eut aucune idée de ce qu'était la
vie chrétienne, la lumière de la Parole ne pénétra pas dans son cœur, il ne
comprit pas l'Évangile: c'est là tout son crime, tout son malheur, et il agit
comme un homme qui n'avait ni part ni héritage dans cette affaire, 8:21; il ne
chercha pas à tromper les apôtres, il se trompa lui-même, tandis qu'Ananias,
témoin peut-être des merveilles de la Pentecôte, et dans tous les cas, témoin
des merveilles de l'amour fraternel, paraît avoir joui lui-même un certain
temps de la lumière divine: il a trompé les autres sans s'être trompé lui-même.
2. Le
mensonge d'Ananias ne fut pas un simple mensonge, ce fut une tromperie dans les
choses religieuses; il voulut servir Dieu et Mammon, jouir de la considération
des chrétiens et des délices du péché, se faire des amis avec ses richesses
iniques en conservant ces richesses dont il affectait de faire l'entier
sacrifice; il feignit la piété, et si tout mensonge est un crime, celui qui
ment au Saint-Esprit commet le plus grand des crimes; les tartufes débordent la
mesure, ce sont des monstres qui étalent sur le devant de leur boutique les
choses de Dieu pour gagner et pour s'enrichir; les vendeurs et les changeurs
furent chassés du temple par Jésus parce qu'ils se logeaient dans la maison de
Dieu pour faire leur commerce; mais il n'est point de fouet à cordelettes assez
fort pour réprimer ceux qui vendent les choses saintes elles-mêmes, et
l'encensoir et la manne. Le Saint-Esprit voyait d'avance tous ceux qui
viendraient couverts du masque de la religion pour voiler les noirceurs de leur
cœur et de leur conduite, et il a voulu les effrayer par le sort de ce premier
trompeur.
3. Si
la ruse d'Ananias eût réussi, et qu'elle eût été découverte plus tard, ce fait
seul eût suffi pour saper, et avec raison, toute l'autorité des apôtres: un
infidèle se glissant dans l'Église primitive, et se faisant honorer par ses
crimes, sans que les apôtres découvrissent la supercherie, eût fait douter que
l'esprit d'en haut habitât en eux véritablement.
4. Enfin,
remarquons que si le précepte de saint Paul, Éphésiens 4:25: «Parlez en vérité
chacun avec son prochain, car nous sommes les membres les uns des autres»,
devait jamais avoir une actualité vivante et forte, c'était bien à cette époque
de réveil, où la multitude de ceux qui croyaient n'étaient qu'un cœur et qu'une
âme, Actes 4:32, où tous par conséquent étaient les membres les uns des autres;
une même sève de vérité jeune et vigoureuse, devait circuler de l'un à l'autre
sans être altérée, et l'on pouvait regarder comme mort et corrompu tout membre
qui ne transmettait pas à ceux qui {'entouraient la droiture et la pureté:
l'Église devait le retrancher comme tel, et le Saint-Esprit a dû retrancher
Ananias, parce que celui-ci, par le fait seul de son mensonge, montrait qu'il
n'appartenait pas au corps des fidèles dont Christ est le chef.
5. La
mort subite d'Ananias et de Saphira devait servir d'exemple, comme leur péché
avait été une provocation; le châtiment devait contrebalancer les effets de la
chute. Ces deux coupables furent punis en quelque sorte pour le public, plutôt
que pour eux-mêmes; et nous ne pouvons pas savoir s'ils ont trouvé grâce devant
le Seigneur, ou s'ils sont morts sous la condamnation divine. Si leur foi était
réelle, ce n'est pas parce qu'ils sont morts en état de chute qu'ils auront été
condamnés; si leur foi était fausse, leur condamnation a été prononcée dans le
ciel, non à cause de leur tromperie, mais à cause de leur manque de foi. La
chute n'a été punie que d'une mort soudaine et prématurée.
2. Disciple
de Jésus-Christ, Actes 9:10-18. Peut-être l'un des soixante et dix
évangélistes. Il prêchait l'Évangile à Damas, lorsqu'une nuit il fut appelé par
une vision à se rendre auprès du fameux Saul de Tarse, trop célèbre alors par
les persécutions qu'il exerçait contre les chrétiens. Ananias résista d'abord;
il savait quels projets amenaient à Damas le disciple de Gamaliel, et les
indications de l'ange étaient trop précises pour qu'il pût douter que celui
qu'il devait visiter ne fût le même que l'ennemi furieux de l'Église primitive.
Mais le Seigneur le rassure et lui annonce les brillantes destinées de Saul.
Ananias part donc humble et confiant; il trouve Saul, évite de lui rappeler son
égarement, lui donne le titre de frère, et a l'honneur de consacrer le premier,
par l'imposition des mains, Paul l'apôtre des gentils et le grand missionnaire.
Longtemps après, saint Paul, parlant de cette entrevue solennelle, montre qu'il
en avait conservé un souvenir bien vivant, et il appelle Ananias un homme qui
craignait Dieu selon la loi, et qui avait un bon témoignage de tous les Juifs
qui demeuraient là, Actes 22:12.
3. Ananias,
Actes 23:2; 24:1. Souverain sacrificateur, d'un caractère altier, susceptible
et remuant, était, d'après Flavius Josèphe, fils de Nébédée. Il succéda, vers
l'an 48 de Jésus-Christ, à Joseph fils de Kamyde, dans les fonctions
pontificales. Quadrants, gouverneur de Syrie, ayant réussi à étouffer les
troubles excités en Judée par les Juifs et les Samaritains, envoya cet Ananias
à Rome, pour y rendre compte de la conduite qu'il avait tenue aux milieu de ces
désordres. Il parvint à se justifier entièrement, et l'empereur Claude le
renvoya dans son pays. Quelques années après le retour d'Ananias, Paul eut à
comparaître devant le Sanhédrin qu'il présidait, et comme l'apôtre, plein
d'assurance et de modération, commençait à parler pour justifier le tumulte de
la veille, 22:22-23; 23:1, Ananias le fit frapper au visage, sans qu'on puisse
expliquer cette violence autrement que par l'irritation que lui causa le titre
d'hommes frères, dont Paul se servit en s'adressant aux membres du conseil.
Alors Paul, soit qu'il refusât de reconnaître Ananias en qualité de
sacrificateur, soit qu'il ignorât effectivement qu'il fût le souverain
sacrificateur en charge, lui reprocha son hypocrisie, et lui dénonça les châtiments
de Dieu. On peut croire que les quarante assassins qui complotèrent pour faire
périr l'apôtre, furent poussés à ce projet par Ananias et quelques autres de
ses collègues, vieille manière, mais bien commode, de répondre aux arguments de
ses adversaires. On sait, du reste, que ce crime ne put s'accomplir, parce que
l'apôtre fut transféré à Césarée. Ananias l'y poursuivit encore, accompagné
d'un certain rhéteur ou avocat nommé Tertulle, et ne discontinua ses
accusations que lorsque Paul en eut appelé à l'empereur.
— Il est probable qu'il s'agit encore d'Ananias, 25:2,
quoiqu'il ne soit pas nommé, dans la comparution de Paul devant Festus.
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ANCIEN.
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1. Qui
appartient aux temps passés, 1 Samuel 24:14; 1 Chroniques 4:22.
2. Un
vieillard, Job 12:12.
3. Les
chefs du peuple, soit civils, soit ecclésiastiques, sont appelés anciens, Ésaïe
3:14; Jérémie 19:1; 26:17. C'est le même mot traduit quelquefois par sénateurs,
et quelquefois par prêtres dans le Nouveau Testament, Luc 7:3; Actes 11:30;
14:23; 15:2 sq. 16:4; 1 Timothée 4:14; Tite 1:5, etc. Les anciens formaient un
conseil, un sénat, une espèce de municipalité religieuse, chargée de diriger
les affaires de la communauté, sans avoir exclusivement la charge de
l'enseignement et de la prédication, ce droit étant alors en quelque sorte
illimité, et appartenant à tous les membres de l'Église. Le titre d'ancien
était à l'origine synonyme du titre d'évêque, ainsi qu'on le voit clairement
par Actes 20:17,28; Tite 1:5-7. Don Calmet lui-même avoue que «anciennement le
nom d'évêque et celui de prêtre étaient communs et réciproques.»
— Voir: articles Évêque et Synagogue.
4. Dieu
est appelé l'Ancien des jours, pour désigner son éternelle existence, Daniel
7:9.
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ANCRE.
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Instrument dont on se sert pour arrêter les vaisseaux
en rade ou au port. Ce furent d'abord de grandes pierres attachées avec des
câbles: telles étaient les ancres des Argonautes. On se servit ensuite de
pièces de bois chargées de plomb, ou de paniers pleins de pierres, espèce
d'ancre encore en usage chez les Japonais. Les ancres faites de deux barbes ou
dents, furent inventées par Eupalamius, ou par le Scythe Anacharsis, peu de
temps après le retour des Juifs de la captivité. Dans les grands vaisseaux on
tenait trois ou quatre ancres, mais il y en avait toujours une dont on ne se
servait qu'à la dernière extrémité: on l'appelait ancre sacrée, et maintenant
encore on l'appelé maîtresse-ancre. Autrefois on jetait les ancres de la poupe,
Actes 27:29; de nos jours on les jette de la proue. Les ancres modernes sont de
fer; elles ont la forme de crocs, en sorte que, de quelque manière qu'elles
tombent, elles entrent dans le sable.
— L'espérance du salut est comparée par l'apôtre,
Hébreux 6:19, à une ancre sûre et inébranlable, qui, allant se fixer au-delà du
voile dans le ciel, vers Jésus et les choses invisibles, nous affermit au
milieu des orages et de la tempête des passions, et nous empêche de flotter à
tout vent de doctrines, cf. Jacques 1:6; Jude 13; 1 Timothée 1:19; Éphésiens
4:14.
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ANDRÉ,
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fils de Jonas, frère de Simon Pierre, et pêcheur comme
lui, était de Bethsaïda, et fut un des premiers disciples de Jean-Baptiste.
C'est aussi lui que Jean 1:35-42; nous montre comme le premier de ceux qui se
joignirent à Jésus: il suivait le Maître timidement et sans lui adresser la
parole, jouissant en silence de cette divine compagnie, ignorant même,
peut-être, que Jésus l'eût aperçu. Mais Jésus s'approcha de lui (cf. Jacques
4:8) et le conduisit dans sa propre demeure où il le logea, car le jour était
déjà avancé. Toutefois ce ne fut que plus tard que Jésus l'appela comme apôtre
sur les bords de la merde Galilée, Matthieu 4:18; Marc 4:16, et dès lors il
accompagna le Seigneur jusqu'à la fin. Son caractère était moins vif et moins
ardent que celui de son frère, et son rôle fut modeste; nous ne le voyons
qu'une fois seul dans la compagnie des trois grands apôtres, Marc 13:3. Il
paraît avoir été lié plus particulièrement avec Philippe, qui le consulta, Jean
12:22, sur le désir de quelques Grecs de voir Jésus, cf. aussi Jean 6:7-8.
— Après la Pentecôte, la tradition nous le montre
tournant ses pas vers la Scythie, puis vers Byzance où il aurait établi
Stachys, Romains 16:9, comme premier évêque de cette future métropole. Partout
il eut à combattre la magie et la foi au démon, et il le fit avec puissance et
par des prodiges qui lui obtinrent des succès signalés. Il paraît qu'après
avoir prêché l'Évangile dans la Grèce, il souffrit le martyre à Patras, en
Achaïe.
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ANDRONIQUE,
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Romains 16:7, probablement le mari de Junias; on ne
les connaît, l'un et l'autre, que par ce qui en est dit dans ce seul verset. On
ignore où ils furent prisonniers avec Paul, si ce fut à Rome ou ailleurs. Saint
Paul les appelle ses parents, mais le mot employé pourrait aussi ne s'entendre
que dans le sens de compatriotes, issus d'une même famille, peut-être d'une
même tribu. Ils sont distingués entre les apôtres, dit saint Paul, et le mot
d'apôtre dans cette phrase a l'acception étendue qu'il a lorsqu'il est donné à
Barnabas, Actes 14:14, et à d'autres disciples. On pourrait traduire aussi,
mais c'est moins probable, «ils sont distingués par les apôtres.»
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ÂNE.
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Le nom hébreu de l'âne est Hhamor, qui signifie roux,
roussâtre, parce que c'est, en Orient, la couleur ordinaire de cet animal; on
en trouve cependant aussi de gris, et quelquefois même de noirs et de blancs.
Bien différent de l'âne humble et méprisé de nos contrées, l'âne oriental est
actif, grand et vigoureux, plein d'énergie et de légèreté dans ses mouvements;
son poil est lisse et beau, son pas est sûr et agréable; en marchant il relève
avec vivacité ses pieds légers, et porte la tête haute, en sorte que l'épithète
de noble animal pourrait s'appliquer à lui tout aussi bien qu'au cheval. C'est
peut-être à cause de sa vivacité qu'il est dit, Proverbes 26:3: «Le fouet est
pour le cheval, et la bride pour l'âne;» on dirait le contraire chez nous. En Orient
l'âne est aussi infatigable et plus fort que le cheval, et on le préfère pour
les courses et les voyages dans les contrées montagneuses. Plusieurs voyageurs
célèbres, comme Niebuhr et Myller, rapportent qu'ils faisaient souvent d'une
lieue et demie à deux lieues par heure, montés sur ce léger coursier.
On trouve quelquefois en Asie des ânes entièrement
blancs; ils sont considérés comme les plus beaux de leur espèce, et sont un
objet de luxe; on les soigne mieux que les autres, on les couvre d'étoffes et
de harnais plus précieux et plus brillants, et l'on n'épargne ni couleurs, ni
sonnettes pour les parer. Quelquefois on marque leur poil blanc de taches et de
raies rouges, avec le jus d'une plante nommée henna; la crinière et la queue
sont de même teintes en rouge. C'est à cette coutume que se rapporte une
discussion sur le sens du passage Juges 5:10, où il est question d'ânesses
blanches (d'après le mot hébreu), et où quelques savants, s'appuyant sur le
sens du même mot en arabe, veulent ajouter tachetées de rouge; toutefois, il
est peu probable que les anciens Hébreux connussent l'art de peindre les
animaux, et, en tout cas, nous n'avons aucune trace de cet usage.
— Comme ces ânes blancs sont plus rares et plus beaux
que les autres, il n'y a que les grands et les riches qui puissent s'en
procurer, et ces animaux sont, par là même, devenus une marque de distinction
pour ceux qui les montent.
De tout temps, les ânes ont été fort estimés en
Orient; et autrefois on leur donnait, surtout aux ânesses, autant de soins que
les Arabes en donnent maintenant à leurs nobles chevaux. Ils composaient en
grande partie la richesse des patriarches, Genèse 12:46; 22:3; 24:35; Exode
4:20; Nombres 22:21; Josué 9:4; Juges 5:40; 12:14; 2 Samuel 16:2; 1 Rois 13:13;
Néhémie 7:69; Job 1:3, etc., etc.; et l'on comprend que les ânesses surtout
dussent être d'un grand prix pour des peuples nomades. Comme l'élève des
chevaux était presque nulle en Palestine, les Israélites se servaient d'ânes
pour transporter leurs effets, tourner la meule ou traîner la charrue, cf.
Deutéronome 22:10; Exode 23:12; Ésaïe 30:24; on les montait aussi comme nous
montons les chevaux, Genèse 22:3,5; Exode 4:20, et les riches, comme on l'a vu,
préféraient les ânesses, les ânes blancs ou les ânons, coutume qui s'est
conservée jusqu'à nos jours. On bride l'animal, Nombres 22:21; Juges 19:10; on
lui jette une couverture ou des habits sur le dos en guise de selle, Matthieu
21:7, et le conducteur marche à côté ou par derrière, Juges 19:3; 2 Rois 4:24.
Quand les chevaux commencèrent à être introduits en
Israël, on s'en servit principalement pour la guerre et comme montures, et les
ânes cessèrent d'être un objet de luxe; en sorte que la prophétie de Zacharie
9:9, que notre Seigneur ferait son entrée à Jérusalem monté sur un ânon, tout
en étant conforme aux idées théocratiques des anciens temps, n'emportait plus
l'idée de grandeur, mais celle de paix; et l'entrée de notre Seigneur dans
cette métropole du vrai culte annonçait le triomphe de la paix. Christ allait
accomplir, à cet égard, les anciennes prophéties messianiques, cf. Ésaïe 62:11;
Zacharie 9:9; et l'épithète de débonnaire qui lui est donnée, doit être
comprise dans ce sens.
Il paraîtrait, d'après 2 Rois 7:7, qu'à la guerre on
ne chargeait ordinairement que le bagage sur les ânes; toutefois, dans la
description prophétique de l'armée de Cyrus, roi des Perses, Ésaïe 21:7, il est
question d'une cavalerie montée de ces animaux. Strabon, de même, assure que
les Caramaniens, peuple soumis aux Perses, se servaient d'ânes pour leur
cavalerie, et Hérodote nous raconte que, dans une bataille contre les Scythes,
Darius, fils d'Hystaspe, n'avait pas d'autre monture pour ses cavaliers. Les
historiens rapportent encore que, huit siècles après Jésus-Christ, un calife
possédait une cavalerie montée d'ânes, et que ces animaux étaient si courageux,
que depuis cette époque le mot a passé en proverbe chez les Arabes: «Âne de
guerre ne fuit pas».
— Voir: d'Herbelot.
On croit que la défense, Deutéronome 22:10, d'atteler
un âne et un bœuf ensemble à la charrue, de même que plusieurs lois du même
genre, était une loi purement symbolique, soit qu'elle eût pour but de rappeler
aux Israélites de se garder toujours de toute alliance inconvenante, tant en
religion qu'en politique, cf. 2 Corinthiens 6:14, soit qu'elle dût leur
apprendre l'humanité, même à l'égard des animaux, soit enfin qu'elle fût
destinée à les préserver de certaines pratiques superstitieuses en usage chez
les païens, et qui n'étaient pas sans rapport avec ces sortes d'alliances.
— Voir: Accouplements.
Quant à l'ânesse de Balaam, à laquelle le Seigneur
ouvrit la bouche, Nombres 22:28.
— Voir: Balaam.
nous ferons seulement observer que chez les Romains
aussi l'on trouve des traditions relatives à des animaux qui auraient parlé, et
ce cas était toujours un présage funeste.
— Voir: Valér. Maxim. 1, 6; Pline, Hist. Nat. 8, 10;
70; et Bochart.
— Le passage Juges 15:19; a été expliqué de diverses
manières; on peut voir l'article Samson et ce que nous avons dit dans l'Histoire
des Juges d'Israël, p. 103. La traduction généralement adoptée est la seule
littérale, et dans tous les cas, celle qui se justifie le mieux. D'après
Lévitique 11:4, l'âne était mis au nombre des animaux impurs dont il était
défendu de manger la chair; mais on comprend que dans les cas de famine, comme
2 Rois 6:25, cette défense n'ait pas été bien strictement observée. L'énormité
de la somme payée pour une seule tête d'âne montre à quelle extrémité les
habitants de Samarie étaient réduits.
Âne sauvage. Cet animal, connu aussi sous le nom
d'onagre, surpasse de beaucoup l'âne domestique, même celui de l'Orient, par la
beauté de sa taille et la proportion de ses membres; il ne saurait être dépassé
en vitesse, même par le cheval arabe. Il se distingue par une crinière laineuse
et foncée; son cou est un peu long et courbé, ses oreilles sont droites et très
longues, son front est élevé, sa peau lisse et rayée de brun sur un fond
couleur d'argent, tirant sur le jaunâtre vers le ventre; cependant on en trouve
aussi d'une couleur plus foncée. Il est sauvage, vit, uniquement dans les
déserts et ne se laisse pas approcher par l'homme, Job 39:8-9; Genèse 16:12;
Ésaïe 32:14; Daniel 5:21. Il ne marche que par petites bandes ordinairement
composées d'un mâle et de plusieurs femelles. Cf. Jérémie 2:24; Psaumes 104:11.
De nos jours il habite surtout les déserts de l'Asie centrale, tandis qu'il se
trouvait autrefois jusque dans les parties montagneuses et désertes de l'Asie
Mineure, de la Syrie et de l'Arabie. Le livre de Job 6:5; 39:8-11, donne une
belle description de ses habitudes et des lieux où il se tient de préférence.
Les Bédouins, Job 24:5, aussi bien que leur père Ismaël, Genèse 16:12, sont
comparés à des onagres, à cause de leur vie indépendante et libre dans les déserts,
de leur opiniâtreté et de leur rapidité dans la fuite.
Outre l'âne sauvage, que nous venons de décrire, il en
existe dans la Mongolie une autre espèce appelée djiggetaï ou ziggetaï (longue
oreille), sorte de mulet sauvage et naturel qui tient le milieu entre le cheval
et l'onagre. Presque tout ce que la Bible dit de l'âne sauvage pourrait se
rapporter à ce djiggetaï; mais on ne le trouve pas dans l'Asie antérieure, et
les anciens ont toujours soigneusement distingué ces deux animaux.
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ANET,
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Matthieu 23:23, herbe connue chez nous et dont les
anciens employaient la graine comme épice, Pline 19, 61. Les juifs scrupuleux
portaient leur zèle aveugle pour l'observation de la loi mosaïque jusqu'à payer
la dîme de l'anet aussi bien que celle des autres productions de la terre, et
le Talmud rémunère expressément parmi les objets soumis à la dîme. Notre
Sauveur reproche aux pharisiens hypocrites d'être par ostentation fidèles dans
les petites choses, mais infidèles dans les grandes.
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ANGE ou Messager,
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nom générique donné aux intelligences célestes par qui
Dieu exécute une partie de ses desseins, et qui sont toujours prêts à lui
obéir. Tous les peuples qui ont eu l'idée d'un esprit souverain y ont joint
celle d'esprits subalternes ou génies. Il y a, en effet, lieu de supposer entre
nous et la divinité une vie plus relevée que celle dont nous vivons ici-bas,
une nature plus subtile, plus puissante, plus accomplie. De là, dans le monde
païen, l'idée de ses demi-dieux dont il a peuplé l'espace, inventant jusqu'à
des êtres protecteurs de peuples, de familles, même d'individus. La révélation
est remarquable dans la pureté des conceptions qu'elle nous offre sous ce
rapport, repoussant comme indigne en elle-même l'idée de dieux imparfaits, mais
justifiant celle d'esprits supérieurs à nous, et qui animent ce monde immense
encore caché à nos regards; elle place leur création au-dessus de l'origine de
notre présent monde, et en distingue de bons et de mauvais. Job 38:7; Jean
8:44; Genèse 3:4; 1 Jean 5:18; 2 Pierre 2:4; Jude 6.
Les bons sont représentés comme plus élevés en
intelligence, en force, en bonté, et par cela même en bonheur. Ils sont classés
parmi les choses invisibles qui font aussi partie de la création. Colossiens
1:16; Hébreux 1:14; Luc 24:39 (1 Corinthiens 15:42-50); Matthieu 28:3; Marc
16:5; Luc 1:11; 2:9; 24:23; Actes 1:10; 6:15; 12:7; 2 Corinthiens 11,14;
Apocalypse 1:20; Ésaïe 6:1, etc. Leur désignation commune de messagers ne
renferme ni attribution de divinité, ni droit à aucun culte; ils sont comme les
hommes, serviteurs clans le royaume et pour la loi, mais occupant un rang plus
élevé. Ils sont appelés l'armée des deux, Luc 2:13; gardiens, Daniel 4:13-14;
fils de Dieu, Job 1:6; élus, 1 Timothée 5:21; saints, Luc 9:26; Daniel 4:13.
— Ils paraissent classés en catégories variées: les
séraphins, Ésaïe 6:2,6; les chérubins, Ézéchiel 10:1. Leurs rôles sont
assignés, Exode 32:34. Enfin ils sont représentés comme ayant un corps, Juges
13:3, cf. verset 6. Leur armée est immense, et les divers noms qui leur sont
donnés font supposer qu'il y a diversité de rangs parmi eux. Psaumes 68:17;
Daniel 7:10; Matthieu 26:53; Colossiens 1:16; Apocalypse 5:2. (Car, même en
admettant que ces noms soient le fruit d'un tradition babylonienne, ils sont
consacrés dès qu'ils sont reçus par les écrivains inspirés, et par les anges
eux-mêmes.)
— L'Écriture établit une grande liaison entre le monde
invisible et le nôtre, liaison qui a été plus fréquente dans ses manifestations
jusqu'à l'établissement complet de l'Église, et qui subsiste, quoique cachée,
jusqu'à la fin, Hébreux 1:14. Quand tout ce qui est caché sera mis en évidence,
et que le règne de Dieu prévaudra complètement, alors l'apparition des anges
redeviendra un signe de communication libre entre les cieux et la terre.
Matthieu 13:41,49; 16:27; 24:31; 25:31; 1 Thessaloniciens 4:16; 2
Thessaloniciens 1:7.
Quant aux anges déchus, leur histoire est et sera
toujours une énigme pour nous jusqu'au jour où nous connaîtrons parfaitement.
La possibilité de la chute finale d'êtres aussi excellents et aussi élevés,
devait entrer dans le dessein primitif de leur Créateur, et nous lisons, Job
4:18: «Il met, ou il a mis de l'imperfection dans ses anges.» C'est la vraie
traduction du passage. La question de cette chute se lie, du reste, à celle de
l'origine du mal dans le monde, et nous ne pouvons l'examiner ici. Il reste
seulement que l'œuvre de Dieu étant harmonique, il n'a pu créer deux principes
contraires et hostiles: les anges déchus, comme tels, n'appartiennent pas à la
création; leur existence tient à leur péché qui fut peut-être l'orgueil, et
notre raison ne peut rien alléguer contre la possibilité d'une condition telle
que ces anges en soient sortis par un usage plein, outré, poussé jusqu'à
l'abus, de leur propre gloire; et comme parmi les hommes on voit celui qui est
tombé chercher à entraîner les autres et, devenu séducteur, devenir ensuite
persécuteur des bons qui résistent à son action funeste, on peut concevoir
qu'une réaction semblable ait eu lieu chez ces grandeurs déchues et qu'elles
cherchent maintenant à nous entraîner avec elles. Leur caractère est tracé dans
ces paroles: «séduisant et étant séduits.»
Des apparitions d'anges dans le Nouveau Testament se
lisent, Matthieu 1:20-21; 2:13,19; 4:11; Luc 1, passim; 2, passim; 22, 43; 24;
Actes 1:10-11; 5:19, etc.
Dans une foule d'endroits de l'Ancien Testament, nous
retrouvons l'action des anges; mais il est un de ces messagers célestes qui est
appelé par excellence l'ange de l'Éternel, et même Jéhovah, l'Éternel, dans
lequel il est impossible, malgré son refus de se nommer lorsque Jacob ou Manoah
lui demande son nom, de ne pas voir le grand médiateur entre Dieu et les
hommes, le Fils unique issu du Père, Dieu manifesté en chair; Genèse 16:7-13;
22:11,15-18; 31:11-13; 32:24-30; 48:15-16. Exode 3:2-6. Juges 2:1;
6:11,16,21-24; 13:16-22.
— Voir: Gaussen.
Gédéon devant l'ange de l'Éternel.
Contrairement à la
notion populaire, les anges célestes de la cour de Dieu ne sont pas des êtres
créés mais des émanations de Dieu. Dans les nombreuses émanations de Dieu
lui-même, nous retrouvons les anges de sa puissance, messagers de sa gloire
éternelle. L'Écriture nous donne le nom de deux anges seulement, Michael et
Gabriel, mais ceux-ci suffisent pour nous indiquer une telle notion.
L'étymologie du nom Michael signifie proprement «la présence de Dieu» et celle
de Gabriel signifie «la force de Dieu», nous indiquant que les anges ne sont
pas des créatures mais des émanations des différentes caractéristiques de
l'essence du renoncement divin. Sans parler de la préexistence des élus qui
sont éternellement les membres du Corps de Christ, on voit dans l'étymologie du
nom Elohim ou «Lui-eux-qui-sont» qu'ils sont rassemblés avec les anges dans «la
cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste» (Héb. 12:22-24), pour former le
Conseil de Dieu. Ceci nous indique que les anges sont la manifestation personnelle
de Dieu dans ses caractéristiques phénoménales qui transmettent son message et
sa puissance dans une circonstance donnée. Ainsi Gabriel transmet la force de
Dieu et Michael sa présence requise dans une situation particulière. Toutes les
caractéristiques qualificatives de l'Esprit de Dieu sont ainsi des anges, et
puisque Dieu est infini, les anges sont innombrables. En suivant cette pensée,
nous trouvons ainsi dans l'étymologie des termes hébraïques l'ange Dabâriel,
messager de la Parole de Dieu; l'ange Owriel, messager de la Lumière de Dieu;
l'ange Chokmaniel, messager de la sagesse de Dieu; l'ange Ahabiel, messager de
l'amour de Dieu; l'ange Chananiel, messager de la Grâce de Dieu; l'ange
Mélékiel, messager de la Royauté de Dieu; l'ange Aphiel, messager de la colère
de Dieu; ainsi de suite, à l'infini.
Ceci nous laisse
supposer que chaque ange a sa propre identité et sa propre existence, sans
toutefois être indépendant de l'unité de l'essence divine dans laquelle il
puise sa puissance et son existence. L'essence de Dieu est entièrement contenue
en chaque ange, tout comme chaque ange est contenu dans l'essence divine, étant
partie intégrale de la nature de Dieu comme des effets de la cause primaire.
Par ceci nous voyons que les anges ne sont pas des êtres créés, mais des
émanations phénoménales des différentes caractéristiques de Dieu qui est le
centre de toute existence. Selon cette notion et en regardant le mot hébraïque
«Ahabiel» qui signifie «l'amour de Dieu», lorsque Dieu se manifeste dans son amour
il se dégage ou plutôt s'exhale comme l'ange Ahabiel, mais l'ange Ahabiel n'est
point Dieu dans sa plénitude, il est seulement qu'un reflet d'une des
différentes caractéristiques de Dieu. Il en est ainsi pour tous les anges.
Cette conception nous fait réaliser l'impossibilité qu'un ange se rebelle
contre Dieu, puisque cela voudrait dire que Dieu se rebellerait contre
Lui-même. Ainsi nous voyons que la doctrine de la chute des anges n'est qu'une
fiction formulée par des versets tirés hors de contexte dans le but
d'impressionner les crédules afin de les séduire avec toutes sortes de fausses
doctrines.
Le seul passage
dans toute la Bible qui semble indiquer une création des anges se trouve dans
les Psaumes 148:1-8, mais en regardant attentivement on voit tout un autre
aperçu que celui qui lui est généralement attribué. Il ne s'agit aucunement des
anges célestes dans ces passages des Psaumes. Le mot "anges" ou
«Malâk» en Hébreu signifie «messager, envoyer, expédier» et nous indique dans
le contexte de ces passages que toutes les forces de la nature dans la Création
servent de «messager» pour exécuter la volonté de Dieu. En effet, l'apôtre Paul
lui-même nous dit que la Création existe pour rendre témoignage de la puissance
de Dieu et sa divinité (Rom.1:20).
La Parole de Dieu
nous indique trois classes d'anges: 1) les esprits célestes; 2) les éléments de
la nature; 3) les serviteurs de Dieu. Il faut avouer qu'il n'est pas toujours
facile de discerner quand le mot «ange» s'applique à des êtres célestes, aux éléments
de la nature, ou à des êtres humains. Une étude diligente du contexte où il
apparaît, est le seul moyen d'en déterminer l'application. Généralement
lorsqu'il s'agit d'être humains, le mot «messager» est utilisé, et lorsqu'il
s'agit d'êtres célestes, on emploi le mot «ange» littéralement. Ceci est la
règle employée par les traducteurs du Texte Sacré, mais cette règle n’est pas
inviolable comme nous allons voir.
Un passage qui
semble problématique à cause de la restriction d'un contexte insuffisant, est 1
Tim.5:21 qui mentionne «des anges élus». Sûrement si nous acceptions la
possibilité non scripturaire d'une chute des anges, nous ne pourrions arriver
qu'à la conclusion d'y voir que les anges qui n'ont pas chuté sont les anges
élus, tandis que ceux qui auraient chuté seraient enchaînés dans l'abîme pour
être réservés au jugement (2 Pi.2-4). Mais sachant qu'il n'y a jamais eu de
chute d'anges, puisque cela est impossible, nous indique que les anges élus se
rapportent à des êtres humains, c'est à dire aux saints, les élus, qui exercent
le ministère de messagers de la Parole pour prêcher le salut, tel que les
prophètes et les apôtres le furent. C'est dans ce contexte là qu'on doit aussi
comprendre Heb. 1:13,14 où nous voyons que les anges ou messagers «sont envoyés
pour servir en faveur de ceux qui doivent recevoir l'héritage du salut»,
principalement lorsque nous comparons ces deux versets avec Marc 16:15-20, d'où
nous voyons le ministère des apôtres comme celui de messagers de l'Évangile du
salut.
Il est assez
intéressant de voir aussi dans Heb.1:14 que le mot «envoyés» est en Grec
«Apostellomena», mot qui vient de «Apostolos» ou «Apôtre». Ceci ne signifie pas
que les anges en tant qu'esprits célestes n'exercent pas un ministère
spécifique dans la vie des chrétiens, mais que ces textes se rapportent plutôt
à des êtres humains. Nous savons d'ailleurs que certains, en exerçant
l'hospitalité, ont logé des anges sans le savoir (Heb. 13:2), ce qui s'applique
aussi bien aux messagers de l'Évangile qu'aux anges célestes qui se manifestent
en ce monde pour exercer un ministère en faveur des enfants de Dieu.
Pour ce qui
concerne les anges qui ont péchés (2 Pi.2:4) et qui n'ont pas gardé leur
origine, mais qui ont abandonné leur propre demeure (Jude 6), et les anges élus
(l Tim.5:21); il faut comprendre le mot «anges» comme s'appliquant à des êtres
humains, dont certains sont vivant et d'autres morts, plutôt qu'aux esprits
célestes de la cour de Dieu. Une telle approche n'est pas injustifiée, car
l'Écriture abonde d'exemples en ceci dans l'original. Dans Mat.11:10, Mc.1:2,
et Luc 7:27, Jean-Baptiste est appelé «un ange». Dans Luc 7:24 les disciples de
Jean-Baptiste sont appelé «des anges». Dans Luc 9:52 les disciples de Jésus
sont appelé «des anges». Dans Jac.2:25, Rahab reçoit chez-elle «les anges»
Israélites envoyés par Josué comme des espions (Jos.2:1,2). Dans Gen.32:3 Jacob
envoya devant lui «des anges» à Ésau. Dans Nom. 20:14, Moise envoya «des anges»
au roi d'Édom. Il existe en tout cent cinq exemples de la sorte, lorsque nous
vérifions le mot «messager» dans une bonne Concordance qui donne l'étymologie
des mots comme celle de Strong. Pour ce qui est du mot «Archange», il signifie
«Chef des anges» et se rapporte au Seigneur Jésus-Christ qui est le Chef de la
Création de Dieu et le Maître de tous les élus. Ce mot apparaît seulement deux
fois dans l'Écriture et est toujours au singulier, ce qui nous indique qu'il
n'existe aucune classe d'anges qui s'appelle des Archanges. Michael l'Archange
est tout simplement un autre nom pour Jésus-Christ qui signifie «la Présence de
Dieu, le dirigeant des messagers» (Dan.10:13,21; 12:1; Jude 9; Apoc.12:7).
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ANIMAUX.
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La Bible appelle en général les animaux êtres vivants,
et leur principe vital âme ou souffle de vie. Dans la description que Moïse
nous donne de la création, Genèse 1:20-29, les animaux sont nommés dans l'ordre
suivant:
1. petits
animaux aquatiques,
2. oiseaux,
3. grands
animaux aquatiques (poissons et amphibies),
4. quadrupèdes,
5. reptiles.
Dans le 28e verset du même chapitre ils sont énumérés et classés sommairement
comme suit:
1. poissons
de la mer,
2. oiseaux
des cieux,
3. toute
bête qui se meut sur la terre.
La même classification, dans un ordre peu différent,
se retrouve 9:2; et, dans le récit du déluge, tous les animaux, à l'exception
des aquatiques, sont compris dans les classes des oiseaux, des quadrupèdes et
des reptiles, 6:20. Les quadrupèdes eux-mêmes sont divisés en bétail et bêtes
des champs, division naturelle qui sanctionne celle que nous avons établie
entre animaux domestiques et bêtes sauvages. Lévitique 11:3,26-27, la
distinction est faite entre quadrupèdes,
1. qui
marchent sur des pattes,
2. qui
ont l'ongle divisé, et
3. qui
ont le pied fourchu;
dans ces deux dernières classes, Moïse distingue
encore les animaux qui ruminent et ceux qui ne ruminent pas. Les animaux qui
vivent dans l'eau sont divisés en deux classes, ceux qui ont des nageoires et
des écailles, comme les poissons, et ceux qui n'en ont pas. Parmi les reptiles,
ce législateur distingue ceux qui ont à la fois des ailes et quatre pieds, de
ceux qui n'ont point d'ailes et qui rampent ou marchent sur quatre pieds ou
davantage encore. C'est sur ces divisions que se fonde la distinction en
animaux purs et animaux impurs, c'est-à-dire en animaux que l'usage transmis
par les patriarches, et la loi de Moïse, permettaient ou interdisaient de
manger. Lévitique 11.
Presque tous les animaux désignés comme purs, et
quelques-uns de ceux qui sont déclarés impurs, nous sont connus; mais jusqu'à
nos jours les savants ne sont pas encore parvenus à déterminer exactement et
avec certitude quels sont les autres animaux impurs nommés dans la loi de
Moïse. Il est évident, du reste, que cette distinction n'est pas arbitraire;
elle existait déjà du temps de Noé, Genèse 7:2; 8:20, et date peut-être de la
création même, ou plutôt de la chute. Cependant il ne faut pas croire que les
animaux déclarés impurs fussent, pour cette seule raison, détestés, craints ou
bannis du pays: leur chair seule était défendue, mais les Israélites s'en
servaient pour d'autres usages. Ils possédaient des ânes, des chameaux, ainsi
que plusieurs autres animaux de cette classe, et les estimaient pour leur
utilité de tous les jours. Nous remarquons même que le lion et l'aigle, qui
étaient des animaux impurs, entraient dans la composition des chérubins,
Ézéchiel 1:10; Apocalypse 4:7. Les Israélites éprouvaient cependant, à l'égard
du plus grand nombre de ces animaux, la même aversion naturelle à l'homme, que
nous ressentons également à leur vue, quoique ce ne soient plus des motifs
religieux qui nous l'inspirent.
Le Lévitique, au chapitre cité, indique les marques
auxquelles on pouvait reconnaître et distinguer les animaux purs des animaux
impurs, et ces caractères extérieurs sont si simples et si appropriés au but
que se proposait le législateur, que les hommes les moins instruits du peuple
pouvaient les reconnaître et les retenir; nos savants même ont été forcés d'admirer
la simplicité, l'exactitude et la justesse de ce système mosaïque. Mais le
législateur se tait sur les raisons qui l'ont guidé dans la distinction qu'il a
faite entre ces animaux: le Seigneur l'avait prescrite, et cela devait suffire.
Cependant, comme on doit admettre que Dieu avait certainement de bonnes raisons
fondées sur la nature des objets en question, et sur les circonstances dans
lesquelles les Juifs se trouvaient, les savants de tous les temps se sont donné
beaucoup de peine pour découvrir ces motifs, et nous les trouvons dans les
considérations suivantes:
1. Il
est écrit, Lévitique 20:25-26: «Séparez la bête nette de la souillée, et ne
rendez point abominables vos personnes, en mangeant des bêtes et des oiseaux
immondes... ni rien de ce que je vous ai défendu comme une chose immonde; vous
me serez donc saints, car je suis saint, moi l'Éternel, et je vous ai séparés
des peuples, afin que vous soyez à moi»; cf. Deutéronome 4:2-3,20. La pureté
spirituelle et morale à laquelle les Juifs étaient appelés, devait être
exprimée et représentée par toutes leurs actions jusque dans celles de la vie
ordinaire: l'extérieur devenait ainsi comme l'emblème et le signe de la vie
intérieure, Lévitique 11:43-44. En habituant les Juifs à distinguer entre ce
qui est pur et ce qui ne l'est pas, et à ne servir leur Dieu qu'avec des objets
purs, ils se pénétraient d'amour pour la pureté et d'horreur pour l'impureté,
aussi bien pour les choses spirituelles que pour les objets matériels. Aucun
des dieux innombrables des païens n'exigeait la pureté et la sainteté: bien
souvent, au contraire, leur service consistait dans des rites et des sacrifices
moralement et physiquement impurs, qui ne répondaient que trop bien aux
attributs de ces divinités, tandis que chez les Juifs le service du Dieu saint
était une éducation continuelle qui devait élever l'âme et la remplir de
sentiments nobles, saints et purs; cf. Ésaïe 65:3-4; 66:17.
2. La
distinction dont nous parlons était en outre le moyen le plus efficace de
séparer le peuple de Dieu des nations environnantes; elle empêchait toute
communion religieuse, et par là tout rapport familier avec les païens; car rien
ne contribue tant à rendre les hommes intimes les uns avec les autres qu'une
même religion, les mêmes cérémonies, et des festins en commun; et la table des
païens eût été un filet continuel tendu sous les pas des Hébreux.
— Voir: Psaumes 69:22.
Cette distinction servait même à créer une certaine
aversion mutuelle entre les Juifs et les païens, puisqu'elle faisait abhorrer
aux uns ce qui, pour les autres, était un objet de vénération ou de jouissance,
et obligeait les premiers à s'unir plus étroitement entre eux. Lorsque, par
exemple, les fils de Jacob furent descendus en Égypte, Pharaon leur assigna une
contrée à part, et comme en dehors de l'Égypte proprement dite. Il arrivait
aussi que les Israélites et les Égyptiens ne pouvaient manger ensemble, s'ils
ne voulaient se souiller les uns et les autres; car les uns s'occupaient et se
nourrissaient de choses qui étaient presque invariablement réputées impures
chez les autres. Genèse 43:32; 46:34.
3. De
plus, nous voyons par la loi elle-même que Moïse avait aussi des motifs
d'hygiène publique et privée: il importait, en effet, beaucoup à un bon
législateur de veiller à la santé du peuple, surtout dans un pays aussi chaud
que la Palestine, où le climat développe les germes de maladie avec une telle
rapidité, qu'il leur fait prendre facilement un caractère épidémique, ou les
rend presque inguérissables. En s'abstenant ainsi de tout aliment qui
prédisposait au moins à certaines maladies s'il ne les produisait pas lui-même,
les Juifs non seulement n'engendraient pas ces maladies, mais ils se
préservaient encore des maux épidémiques contagieux qui auraient pu se
développer chez les peuples voisins.
4. Nous
trouvons un dernier motif à ces distinctions dans l'influence incontestable que
la nourriture exerce sur le tempérament et les facultés intellectuelles de
l'homme. On a observé de tout temps que certains aliments développent ou
émoussent telles ou telles facultés, morales ou spirituelles, qu'ils rendent
l'homme dur, sanguinaire, stupide, ou doux, léger, bienveillant, intelligent.
Or, comme les Juifs devaient être un peuple religieux et moral, pur, propre à
être guidé par l'influence de l'Esprit de Dieu et à recevoir ses révélations,
il fallait bien leur interdire, entre autres choses, toute nourriture qui
aurait favorisé et fortifié en eux des dispositions contraires. Il est évident
que la nourriture, et en général la manière de vivre, rendent l'homme plus ou
moins propre à servir d'organe à l'Esprit-Saint. Les observances du nazaréat
sont tout entières fondées sur ce principe. L'Église chrétienne même, pour
laquelle cette distinction détaillée entre aliments purs et impurs n'existe
plus, Actes 10:10; sq., a néanmoins toujours senti et reconnu la même vérité;
c'est ce que les règles des anciens ordres monastiques, des anachorètes, et
bien d'autres témoignages, suffisent amplement à prouver.
— La chair de toute une série d'animaux, depuis les
plus parfaits jusqu'aux plus imparfaits, contient une matière toute
particulière, très acre et peut-être vénéneuse, qui en rend l'usage, comme
nourriture, très désagréable, et qui répugne à la nature humaine: ce sont
précisément ceux-là qui sont déclarés impurs par la Bible. La constitution
intérieure de ces animaux correspond à cette propriété de leur chair; leur
système ganglionnaire paraît plus développé que celui des autres; ceux en
particulier que la loi mosaïque déclarait impurs étaient regardés par les
Égyptiens et par d'autres peuples païens comme divinatoires (μαντυιά), tels que les chevaux et les chiens, par exemple.
(Origène contre Celse, 4). Les Juifs croyaient que l'organisme intérieur de ces
animaux les rendait particulièrement propres à subir l'influence des démons;
cf. Matthieu 8:31-32, et ailleurs.
Ces lois sur les bêtes pures ou immondes n'étaient pas
des préceptes de religion de l'observation desquels dépendît le salut des âmes,
et leur transgression ne constituait pas un péché proprement dit, mais une
souillure légale: les étrangers qui séjournaient parmi les Israélites n'étaient
pas même tenus de les observer. Le concile des apôtres, Actes 15:29, n'interdit
aux fidèles que les choses sacrifiées aux idoles, le sang et les bêtes étouffées:
pour tout le reste, l'Église donne liberté plénière de manger ou de ne pas
manger, pourvu que l'on rende grâces à Dieu, avec reconnaissance, dans un cas
et dans l'autre. La vision de saint Pierre, Actes 10, dans laquelle des animaux
impurs sont déclarés purs sous la nouvelle dispensation de Christ, est
expliquée par cet apôtre lui-même, verset 28: «Dieu, dit-il, m'a montré que je
ne devais plus estimer aucun homme être impur ou souillé»; les animaux immondes
qu'il avait vus dans la vision représentaient les païens de toutes les nations.
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ANNE.
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1. L'épouse
d'Elkana, rivale de Péninna, stérile d'abord, puis mère de Samuel et de
plusieurs autres enfants. 1 Samuel 1. Son histoire simple et touchante nous
apprend ce que pouvait être la foi des Hébreux, et comment ils étaient
récompensés pour avoir cru en, celui qu'ils ne voyaient pas. Pour plus de
détails,
— Voir: Juges d'Israël, p. 114-118.
2. Fille
de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle fut mariée de bonne heure, et resta veuve
après sept ans de mariage. Dès ce moment, elle se dévoua tout entière au
service de Dieu: tous les malins et tous les soirs elle assistait aux
sacrifices qui s'offraient dans le temple. Elle avait quatre-vingt-quatre ans
lorsque Marie vint y apporter son enfant quarante jours après sa naissance; et
après que Siméon eût béni Dieu de lui avoir fait voir son salut, Anne, inspirée
par le Saint-Esprit, loua l'Éternel, et dirigea sur Jésus l'attention de tous
ceux qui croyaient aux promesses de Dieu, en le leur annonçant comme le Messie
promis à leurs pères. C'est elle qui, la première après Zacharie, prononça le
mot de délivrance, rachat ou rédemption (Δύτρωτις) en l'appliquant à l'œuvre que Jésus venait accomplir
sur la terre. Luc 2:36-38.
3. Anne
ou Annanus, souverain sacrificateur, fils de Seth et beau-père de Caïphe. Il
eut plusieurs enfants, dont cinq fils qui remplirent successivement les mêmes
fonctions que leur père, les uns de son vivant, les autres après sa mort. L'un
d'eux, pareillement nommé Annanus, présida, selon Flavius Josèphe, à la mort de
l'apôtre Jacques. Anne fut déposé de ses fonctions par Quirinus, légat impérial
sous le règne de Tibère, mais continua d'exercer encore une grande influence
sur les affaires; il conserva le titre honorifique de souverain sacrificateur,
Actes 4:6, et fut probablement vicaire (ou Sagan) de son beau-père, le
grand-prêtre Caïphe. C'est devant lui que Jésus fut conduit d'abord après son
arrestation, et soit qu'il voulût se débarrasser d'une affaire désagréable,
soit que, pour une cause de cette importance, il crût ne pas pouvoir la prendre
sous sa responsabilité, il renvoya le prisonnier devant Caïphe, qui était le
souverain sacrificateur de cette année-là, Jean 18:13. L'un et l'autre furent
persécuteurs des apôtres, et nous les retrouvons Actes 4:6, au nombre de ceux
qui devaient juger Pierre et Jean coupables d'avoir guéri un impotent.
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ANNEAUX,
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— Voir: Boucles.
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ANNÉE.
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L'année des Hébreux se divisait en six saisons,
composées chacune d'un mois et de deux demi-mois. Ils avaient deux époques, à
dater desquelles ils comptaient le commencement de l'année, suivant les objets
qu'ils avaient en vue: ils avaient ainsi deux aimées différentes qui
s'enchâssaient l'une dans l'autre, l'année sacrée et l'année civile. Cette
dernière commençait, comme encore chez les Juifs de nos jours, au mois de
Tisri, (mi-septembre); elle servait pour régler les jubilés et toutes les
affaires civiles, Lévitique 25:8-10. L'autre, l'année sacrée, commençait au
mois d'Abib ou Nisan (mi-mars), parce que c'est dans ce mois que les Israélites
furent délivrés de la captivité d'Égypte, Exode 12:2. C'est d'après elle que se
réglaient les fêtes et les services religieux; la fête de Pâque qui tombait au
milieu du premier mois, était comme la dédicace ou la mère des autres
solennités.
Comme les mois des Juifs suivaient plus que les nôtres
la marche de la lune, et qu'ils étaient alternativement de 29 et de 30 jours,
leur année était nécessairement plus courte que la nôtre, et ne comptait que
354 jours et 8 heures. Pour la faire correspondre avec l'année solaire, ils
devaient par conséquent intercaler tous les deux ou trois ans, un mois
supplémentaire qui se plaçait après le mois Adar, le douzième de l'année
sacrée, et qu'on appelait pour cette raison second Adar (Beadar ou Veadar).
Nous donnons ici les noms des douze mois, en renvoyant pour plus de détails
soit à l'article mois, soit à leurs articles respectifs, pour ce qu'il y a à
dire sur chacun de ces mois en particulier.
Année civile.
Tisri ou Ethanim (correspondant à notre fin de
septembre et commencement d'octobre; nous n'indiquons, pour abréger, que le
mois de septembre);
Marchesvan ou Bul (octobre);
Kisleu (novembre);
Tebeth (décembre);
Sébat (janvier);
Adar (février, suivi de Beadar quand il y avait lieu);
Nisan ou Abib (mars);
Jyar ou Zif ou Jiar (avril);
Sivan (mai);
Thammuz (juin);
Ab ou Af (juillet);
Élul (août).
Les noms de Tisri, Marchesvan, Jiar, Thammuz et Ab ne
se trouvent pas dans l'Écriture.
L'année sacrée, commençant avec le septième mois de
l'année civile, et se rapprochant davantage de la nôtre, comptait donc les mois
dans l'ordre suivant:
1. Abib
(mars);
2. Jyar;
3. Sivan;
4. Thammuz;
5. Ab;
6. Élul;
7. Tisri;
8. Bul;
9. Kisleu;
10. Tebeth;
11. Sebat;
12. Adar;
le mois intercalaire Beadar était le dernier de
l'année sacrée.
— Voir: sur ce sujet le Traité de l'année juive de L.
Bridel (Bâle, 1810); la matière y est savamment traitée.
Nous avons à mentionner ici deux institutions
mosaïques bien extraordinaires pour nos mœurs, mais dont l'intention, dans la
pensée du législateur, ne saurait être douteuse, savoir l'année du sabbat et
l'année du jubilé.
Il y avait année sabbatique ou de repos fous les sept
ans. Les travaux de la campagne devaient être interrompus; on ne pouvait ni
ensemencer les champs, ni tailler la vigne dans cette année extraordinaire,
Lévitique 25. Le propriétaire même ne pouvait pas jouir exclusivement des
produits naturels de son domaine, et les fruits de la terre devaient être la
propriété des pauvres, Exode 23:11. Les esclaves hébreux pouvaient être
affranchis s'ils le voulaient. Et pour rassurer le cultivateur inquiet, Dieu
promit aux propriétaires que l'année qui précéderait celle du sabbat, il
enverrait sa bénédiction sur la terre, de telle sorte qu'elle produirait pour
trois années, Lévitique 25:21. Durant cette septième année, le livre de la loi
devait être lu publiquement devant tout Israël, d'après un commandement exprès
de Dieu.
La loi sabbatique fut probablement observée au temps
de Josué et des anciens qui lui survécurent; puis Israël se révolta contre
l'Éternel pour servir Bahal, et comme il n'en est plus fait mention
postérieurement, la fêle de la septième année ne fut probablement plus
considérée que comme une division de temps, et comme une institution civile.
Cette négligence, et le mépris de cette loi, fut l'une des causes de la
captivité des soixante et dix années, 2 Chroniques 36:21.
Dans quel but Moïse a-t-il pu donner une loi si
contraire en apparence au dessein qu'il s'était proposé d'arracher les Hébreux
à leur vie nomade, et d'en faire un peuple d'agriculteurs? Cette loi ne
devait-elle pas d'ailleurs, sous un point de vue tout à fait matériel, fausser
les notions agricoles des Hébreux, et nuire au sol plutôt que de lui profiter?
Remarquons à cet égard que, si chez nous un an de paresse pour la terre est
comme un an de paresse pour l'homme et pour ses facultés intellectuelles,
c'est-à-dire un temps de détérioration, nous ne devons pas juger du climat et
du sol oriental d'après ce que l'un et l'autre sont chez nous. Plus vigoureuse
et plus féconde, la vigne de la Palestine pouvait mieux supporter une année de
repos et de mauvaise taille; et les champs autrement travaillés que les nôtres,
plus fertiles, plus chauds, et peut-être mieux entretenus dans la sixième
année, pouvaient conserver pour l'année sabbatique une force naturelle qui les
fit travailler même sans le concours de la charrue et des engrais. D'ailleurs
l'Éternel avait promis sa bénédiction pour cette année qui devenait la sienne,
et ceux qui se confient en l'Éternel connaissent la valeur d'une semblable
promesse. On peut croire aussi que cette loi servait de transition entre la vie
précédente nomade, et la vie future des Hébreux; ce devait être pour eux comme
un point de répit au milieu des rudes travaux de l'agriculture, qui les eussent
effrayés sans l'espérance de cet otium dulce. Mais plus tard, accoutumés à ce
nouveau genre de vie, ils voulurent l'utiliser tout entier, et négligèrent
l'année de l'Éternel et des pauvres. De plus, en annonçant aux riches une année
sans revenu, la loi les excitait au travail, à la prévoyance, à l'économie,
tout comme elle y poussait les pauvres eux-mêmes, en leur donnant cette
richesse passagère qu'ils devaient être jaloux de faire durer pendant les
années qui devaient s'écouler jusqu'à la prochaine jachère septennale. Enfin,
un dernier motif de cette loi, et qui certes n'était pas le moindre en
importance comme en actualité: elle tendait à conserver au milieu des Hébreux
le souvenir de la création et à augmenter leur respect pour l'institution d'un
jour de repos au milieu d'eux. Aucun doute ne peut s'élever à cet égard, et
l'on ne saurait méconnaître l'intention du législateur de rappeler encore au
peuple, trop oublieux de ses devoirs, la nécessité d'observer le jour solennel
du Créateur pour le sanctifier. Frappés par une loi de repos qui revenait de
diverses manières et qui se présentait sous diverses formes, les Hébreux
devaient y être rendus plus attentifs que si le sabbat leur eût été ordonné
seul, isolé, sans dispositions analogues dans les autres parties de la loi
générale du pays.
Cette dernière observation s'applique également à la
loi de l'année du jubilé; elle venait tous les cinquante ans, après sept années
de sabbat, et indiquait ainsi comme la clôture d'une semaine sabbatique,
Lévitique 25:8-10. Le mot de jubilé, auquel on a donné diverses étymologies,
vient probablement de Jobel qui signifie le son d'une trompette, parce que
c'était au son de cet instrument que le soir du jour des expiations on
annonçait l'approche de l'année jubilaire; quelques rabbins prétendent même que
chaque. Israélite était obligé de sonner la trompette par neuf fois. Dès le
moment où le bruit de l'airain sonore se répandait sur la surface du pays, les
dettes étaient remises, les esclaves hébreux recouvraient leur liberté, les
terres sorties des familles, par ventes ou par échanges, retournaient à leurs
anciens possesseurs ou à leurs héritiers. C'était l'année des privilèges et de
la liberté, l'année du pauvre et de l'esclave; c'était aussi par excellence
l'année de la nation juive, celle dans laquelle toutes choses rentraient dans
l'état normal primitif, et où les propriétés reprenaient le nom de leur premier
maître.
Plus étrange encore à nos mœurs que la précédente,
cette loi qui, sans doute, fut aussi moins religieusement observée, avait une
portée plus nationale encore et plus théocratique, en même temps qu'elle avait
pour but d'empêcher une trop grande inégalité des fortunes de s'introduire à la
longue au milieu des Hébreux. Nous avons indiqué déjà son rapport avec l'institution
du sabbat. Dieu lui-même avait donné aux Israélites la terre qu'ils habitaient,
et il ne pouvait pas permettre qu'ils l'oubliassent. «La terre est à moi»,
dit-il Lévitique 25:23, et les Hébreux n'étaient que ses fermiers; s'ils
eussent pu disposer à tout jamais des propriétés qui leur étaient confiées, ils
eussent pu s'en croire les maîtres, et c'est re que Dieu voulait empêcher. À
cet égard la loi du jubilé était donc une loi fondamentale, et reposait sur
cette idée, base de la constitution israélite, c'est que Dieu ne traitait son
peuple que comme des étrangers sur la terre, et qu'il leur refusait le droit de
posséder.
Mais que devenait l'Hébreu que la misère avait forcé
de vendre son champ?La modique somme qu'il en avait retirée devait être
insuffisante pour l'entretenir lui et sa famille pendant le temps où il en
était privé, et il était quelquefois obligé de se vendre lui-même, mesure
pénible qui n'imprimait cependant aucune flétrissure sur celui qui y était
réduit, et dont l'Éternel avait adouci l'amertume en lui donnant le droit de se
racheter en l'année sabbatique, s'il le désirait, et en l'affranchissant
nécessairement lorsque l'époque du jubilé venait lui rendre sa richesse
première, ses propriétés, et abolir ses dettes. Cet affranchissement, comme le
retour des propriétés à la famille de l'ancien possesseur, marquait encore la
puissance de Dieu, et la dépendance de la créature. Aucun homme ne peut en
posséder un autre, «car ils sont mes serviteurs», dit l'Éternel, Lévitique
25:42. Ils sont mes serviteurs, mes esclaves, et ne peuvent être possédés par
personne; ils peuvent se mettre au service d'autrui pour un temps, mais
personne ne peut réclamer sur eux des droits de propriété que moi seul je
possède, moi l'Éternel. Par là même, chaque Hébreu conservait, avec sa liberté,
le sentiment de sa dignité; la servitude n'avait rien de dégradant, parce
qu'elle n'était que temporaire et en quelque sorte volontaire: l'esclave
restait Hébreu, fils d'Abraham, et le maître, sachant que le terme n'était pas
éloigné où les fortunes redeviendraient égales, où son esclave redeviendrait
libre comme lui-même, n'était pas tenté d'abuser d'une autorité qu'il savait
n'être pas éternelle, et se rappelait que son serviteur était en même temps son
frère. La différence des rangs ne devait donc pas s'établir d'une manière
stable et permanente, et ne pouvait se trancher au-delà de certaines limites.
Cette loi empêchait encore une trop grande
disproportion des fortunes. Les terres, primitivement partagées par égales portions
entre les familles hébraïques, ne pouvaient en sortir que pour un temps, et
devaient, chaque année jubilaire, retourner à leur premier maître, ou aux
héritiers de ses droits et de son nom. C'était une entrave à la possibilité
d'acquérir de grandes richesses: tous les cinquante ans le niveau repassait sur
le pays. De plus, comme ces achats de terre n'étaient à proprement parler que
des baux à longs termes, la terre n'avait pas une aussi grande valeur que si la
vente en eût été réelle, effective; l'acheteur n'achetait pas grand chose, et
le vendeur ne retirait pas de sa propriété de quoi s'enrichir: il ne pouvait y
avoir grande spéculation ni chez l'un, ni chez l'autre.
Enfin, par cette institution, les terres des diverses
tribus leur étaient conservées; le cœur et le nom de chacun se rattachaient
constamment à cette glèbe héréditaire, qui pouvait servir aux Hébreux de titres
généalogiques; de sorte que la famille de Christ, comme celle de tout Juif,
étant intimement liée à la possession d'une propriété, il était facile d'en
suivre les traces et d'établir avec certitude la filiation de chacun jusqu'aux
générations les plus reculées. On sait combien les Juifs tenaient à leurs
généalogies, et l'on sait aussi pourquoi. La famille du Messie habitant à Nazareth,
avait ses titres et ses propriétés à Bethléhem: c'est là que la famille de
David dut se faire enregistrer lors du dénombrement de César-Auguste; Joseph et
Marie descendirent au lieu de leur naissance, et pendant ce voyage notre
Sauveur naquit au lieu même que les prophètes avaient annoncé.
L'année jubilaire est un type remarquable de la
rédemption procurée par Jésus-Christ, Ésaïe 61:1-2, et le Sauveur lui-même
établit cette analogie entre l'Évangile et le jubilé, Luc 4:19.
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ANTÉCHRIST, ou plutôt Anti-Christ
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(opposé à Christ, ennemi de Christ, et aussi, vicaire,
substitut de Christ), 1 Jean 2:18; 4:3. On désigne généralement sous ce nom un
monstre de puissance et de méchanceté qui doit s'élever dans les derniers temps
pour terminer la période des gentils, et hâter par sa chute la restauration
d'Israël et le second avènement du Seigneur. L'esprit de secte a souvent
dénaturé les caractères par lesquels l'Écriture désigne ce personnage, et l'on
y a vu, tour à tour et successivement, Mahomet et le pape, Luther et Napoléon,
le papisme et l'esprit révolutionnaire des temps modernes. On l'a considéré
dans le passé et non dans l'avenir, et on l'a assez généralement fait surgir de
la partie occidentale de l'ancien empire romain. On peut consulter, sur ces
divers points de vue, trois ouvrages à la portée de tout le monde, et qui se
recommandent d'autant plus que leurs points de vue ne sont pas les mêmes:
Vivien sur l'Apocalypse, Gaussen sur Daniel, et B. W. Newton, Pensées sur
l'Apocalypse.
— Aucun de ces points de vue ne saurait être accepté
d'une manière absolue; chacun a trop confondu l'anti-Christ avec les
anti-Christs (cf. 1 Jean 2:18), les types avec l'anti-type. Comme Christ a été
le résumé divin de tout ce qui avait été avant lui, de tout ce qui après lui
devait être né de Dieu, l'anti-Christ sera le résumé diabolique et infernal,
l'incarnation, la personnification de ce qui, dans tous les temps, aura
représenté le principe anti-chrétien, le principe du mal opposé au principe du
bien. Caïn, dans sa lutte contre Abel, Pharaon opprimant Israël, Hamalec,
Madian, Saül luttant contre David, Nébucadnetsar, et surtout Antiochus
Épiphanes (cf. Daniel 11), ont été de vrais anti-Christs, de vrais types de
l'anti-Christ; depuis les jours apostoliques, Judas Iscariot, Néron et
Domitien, Julien l'Apostat, Mahomet, le papisme, l'incrédulité voltairienne,
ont été de même, hommes ou systèmes, de vrais anti-Christs, et le nombre en est
considérable, mais seulement des types de l'anti-Christ qui doit venir à la fin
des temps et que les prophètes annoncent, tant dans l'Ancien que dans le
Nouveau Testament, comme une personnalité puissante et devant appartenir à
l'ancien empire romain. Toute espèce d'opposition à Christ est un
anti-christianisme; tout individu qui repousse ou nie Christ, est un
anti-Christ; et ce nom lui appartient, sinon à plus juste titre, du moins avec
plus d'apparence, à mesure que son influence est plus considérable. Mais ce ne
sont là que des hommes ou des systèmes animés de l'esprit de Satan;
l'anti-Christ en sera possédé; la plénitude de Satan habitera en lui, comme la
plénitude de la divinité a demeuré en Christ. Entre ces deux termes il y a
parallélisme et corrélation. L'arrivée de l'anti-Christ sera le signal du
dernier engagement, de la lutte définitive entre les deux principes qui se sont
toujours partagé le monde. Satan viendra lutter en personne contre le peuple de
Dieu, qui sera persécuté pendant quarante-deux mois, trop faible pour résister,
mais qui triomphera lorsque Christ en personne apparaîtra pour combattre son
adversaire. C'est cette dernière lutte qui fait presque tout le fond des
prophéties de l'Apocalypse, et a eu raison de dire, dans une série d'articles
sur ce sujet, que la Bête était la clef de la Révélation. (Kirchenzeitung,
janvier 1847)
Les chapitres qui jettent le plus grand jour sur
l'histoire de l'anti-Christ, sont Ésaïe 13:44, et 30; Daniel 2, 7, 8, et 11; 2
Thessaloniciens 2; 1 Jean 2; Apocalypse 14:13, et 17. Il est appelé roi de
Babylone, roi d'Assur, Lucifer (étoile du matin), la corne qui a des yeux
(symbole de force et d'intelligence), le roi pour lequel Tophet est préparée,
l'homme de péché, le méchant, l'anti-Christ et la Bête; c'est la onzième corne
de la bête.
— Son caractère est essentiellement impie, mais d'une
impiété orgueilleuse et surnaturelle. Il dira dans son cœur: Je suis semblable
au Souverain. Il résistera contre le Seigneur des seigneurs; il s'élèvera
pardessus tout Dieu, contre tout ce qui est nommé Dieu, voulant se faire passer
pour un Dieu; il niera le Père et le Fils, et sa bouche sera pleine de
blasphème contre Dieu; la Bête est pleine de noms de blasphèmes. On peut voir
également dans ces passages tout ce qui est dit de sa merveilleuse puissance,
appuyée de miracles, et accompagnée d'un enthousiasme si général que les dix
rois abdiqueront entre ses mains, et que tous ceux dont les noms ne sont pas
inscrits au livre de vie, l'adoreront: caractère que l'on ne peut encore attribuer
à aucune des puissances que l'on a voulu jusqu'à ce jour identifier avec
l'anti-Christ (Antichrist).
— Le lieu de son origine et de son séjour, et le
centre de son activité ne sont que très vaguement déterminés: il sera assis en
la montagne d'assignation aux extrémités de l'aquilon, entre les nues, sur la
noble montagne de la sainteté; il s'assiéra dans le temple de Dieu.
— et fera cesser le sacrifice continuel; la bête sort
de la mer (Méditerranée). La plupart de ces données, et spécialement celles qui
concernent l'activité de l'anti-Christ, semblent se rapporter assez clairement
à Jérusalem, et c'est à Jérusalem aussi que prophétiseront les deux témoins que
l'anti-Christ fera mettre à mort. Un caractère, plus important qu'il ne paraît
d'abord, c'est que la seule fois où la Bête apparaît avec un corps (partout
ailleurs on ne voit que son horrible coiffure), elle a un corps de léopard
(symbole de l'empire macédonien), des pieds d'ours (l'empire mède), et une
gueule de lion (l'empire babylonien), Apocalypse 13:2, comme si le prophète
voulait nous rappeler les visions de Daniel, et constater que l'empire de cette
Bête s'étendra sur tout ce qui est compris sous le nom général des quatre
monarchies. Ajoutons que si l'Occident a depuis quelques siècles joué un rôle
immense, bien plus important que l'Orient, l'Orient semble de nos jours se
réveiller et vouloir rentrer dans la carrière de gloire, de civilisation, de
puissance d'où son long assoupissement (le lion au cœur d'homme) l'a si
longtemps exclu.
Sans entrer dans les détails du commentaire, nous
résumerons en deux mots ce qui nous parait être la vérité sur cette redoutable
apparition. L'anti-Christ sera l'incarnation de l'enfer; il naîtra sur les
rives de la Méditerranée, cette grande mer des prophéties; il appartiendra
peut-être, par son origine, à deux ou à plusieurs des quatre monarchies, plus
spécialement à la monarchie macédonienne; il grandira dans une glorieuse
infériorité jusqu'à ce qu'il dépossède celui qu'il aura servi; il s'emparera
d'un ou de plusieurs trônes, et par ses qualités brillantes et chevaleresques,
par ses dons miraculeux, il attirera à lui tous ceux qui ne seront pas de
Christ (il séduirait même les élus s'il était possible); il régnera en Orient,
et fera de Jérusalem le centre de ses opérations; il y persécutera les Juifs
pieux (la femme), qui s'enfuiront dans le désert; il enverra après eux une
armée (le fleuve), qui sera détruite ou engloutie; il fera mettre à mort les
deux témoins, et c'est à ce moment, à l'apogée de sa puissance, que par
l'intervention directe de Christ son règne prendra fin. La pierre sera coupée
sans main, le Seigneur fera mourir le méchant par le souffle de ses lèvres, par
l'Esprit de sa bouche; la bête sera prise et jetée toute vive dans l'étang
ardent de feu et de soufre (Ésaïe 11:4; Daniel 8:25; 2 Thessaloniciens 2:8;
Apocalypse 19:15,20) La plaine de Jizréhel, q.v., sera probablement le champ de
cette dernière bataille.
Tout cela n’est que
spéculations, car nous savons que l’Antichrist n’est pas un homme mais une
doctrine qui élève l’homme au même niveau que Dieu. Il s’agit en effet de la
doctrine du libre-choix (hérésie en Grec) de l’Arminianisme, nommée aussi
doctrine du choix de la foi, que la Bible nomme aussi le mystère d’iniquité et
la marque de la bête.
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ANTILIBAN,
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chaîne orientale et intérieure du Liban, qui se
prolonge plus au midi que la chaîne occidentale. Son sommet principal, situé
près de son extrémité sud, appartient encore à la Palestine. Solitaire et
couvert de neiges éternelles, il dépasse de beaucoup les plus hautes sommités
du Liban, et domine majestueusement les rangs étages des montagnes inférieures.
Cette partie méridionale est appelée, dans la Bible, Hermon; c'est le Scénir
des Amorrhéens, Deutéronome 3:9; et le Scirion des Sidoniens, Psaumes 29:6;
elle porte aussi le nom de Sion, Deutéronome 4:48; Psaumes 133:3. La partie
septentrionale qui est beaucoup plus basse, porte le nom d'Amana q.v.
L'Antiliban est souvent compris sous la désignation générale de Liban; Cantique
7:4; Josué 13:5.
— Voir: Liban.
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ANTIMOINE.
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C'est par ce mot que nous croyons devoir traduire
l'hébreu Pouk, 2 Rois 9:30; Jérémie 4:30, etc., que nos traductions rendent par
fard. Les femmes se servaient, en effet, d'une composition d'antimoine et de
zinc dont elles se noircissaient le bord des paupières, pour donner plus de
relief au blanc de l'œil et ajouter ainsi à la beauté des yeux. Les propriétés
astringentes de l'antimoine contractant aussi les paupières, font paraître les
yeux plus larges, plus tendres et plus languissants, et les rendent semblables
à ceux de la gazelle, que l'on regarde en Orient comme de la plus grande
beauté. Pour appliquer ce fard, les femmes se servent d'une plume ou d'un
poinçon d'argent ou d'ivoire, bien poli et long d'environ deux pouces, dont
elles mouillent la pointe, et qu'elles plongent dans une boîte remplie d'une
poudre d'antimoine, de parfums et d'autres ingrédients; puis elles le font
glisser légèrement entre les paupières fermées: la poudre se dépose ainsi sur
toute la largeur de la paupière et sur les coins des yeux (— Voir: Hussel,
Hist. nat. d'Aleppo; Niebuhr, Descrip. de l'Arabie; Savary, 10e lettre sur
l'Égypte). Anciennement les femmes hébraïques pratiquaient aussi cette coutume.
C'est ainsi que Jézabel, pour se montrer à Jéhu, 2 Rois 9:30, farda ses yeux,
ou, plus littéralement, «mit ses yeux dans du fard.» Le prophète Ézéchiel,
23:40, représente Israël sous l'image d'une femme coquette qui se farde les
yeux. Et le nom d'une des tilles de Job (42:14), Kerem-Happuch, qui signifie
cornet à fard, prouve que cette coutume était déjà fort ancienne. Les momies de
femmes égyptiennes ont ordinairement près d'elles un flacon de fard
d'antimoine, et Xénophon (Cyrop. 1, 15), rapporte que le roi efféminé Astyage
avait aussi l'habitude de se farder les yeux. Clément d'Alexandrie, un des
Pères de l'Église (Pédag. 3, 2), mentionne également cette coutume, et
Tertullien (de cultu fœm.) se récrie contre les femmes de son temps qui
aimaient mieux se farder les yeux avec le fard du diable que de les oindre avec
le collyre de Christ.
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ANTIOCHE.
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Séleucus Nicator, le premier monarque syro-grec, fonda
seize villes de ce nom, en mémoire de son père Antiochus; mais l'Écriture ne
parle que de deux d'entre elles.
1. La
capitale de la Syrie. On pense qu'elle fut bâtie sur l'emplacement où se
trouvait la ville de Ribla, au pays de Hamath, 2 Rois 23:33; 25:6,20-21, où
Nébucadnetsar demeura pendant une partie du siège de Jérusalem, où il fit
mourir une partie des enfants de Sédécias, creva les yeux de ce prince
lui-même, et priva de la vie quelques-uns des principaux de Juda. Cette ville
était située sur les deux rives de l'Oronte, à environ 27 kilomètres de la mer
et d'Alep. Près de là se trouvait le fameux temple de Daphné, un des plus
célèbres lieux de refuge qu'il y eût à cette époque. La ville d'Antioche avait
environ 15 kilomètres de tour; elle servait de résidence aux successeurs
d'Alexandre dans cette partie de son vaste empire, et fut une des plus riches
et des plus florissantes villes du monde. On peut dire qu'elle était la
capitale de l'Orient romain. Les Juifs y obtinrent égalité de droits avec les
Grecs; Vespasien, Titus et d'autres empereurs la comblèrent d'honneurs et de
franchises.
— Ce fut là que Paul et Barnabas annoncèrent les
premiers l'Évangile, Actes 11:19-27; qu'Agabus prédit une grande famine, ibid,
verset 28; que Pierre essaya un instant de dissimuler ses vrais sentiments en
refusant de manger avec les païens, Galates 2:11-12, et que les disciples du
Rédempteur reçurent pour la première fois le nom de chrétiens, Actes 11:26.
Antioche devait être le premier centre des missions païennes; la seule vue
humaine pouvait déjà le faire présumer; ses rapports avec les Grecs et les
habitants de l'Asie Mineure étaient plus fréquents et plus naturels que ceux
d'une ville juive: des hommes considérés, tels qu'un Simon Niger, un Lucius de
Cyrène, un Manahem élevé à la cour, 13:1, y secondaient et pouvaient y
remplacer plus ou moins pendant leur absence les Apôtres missionnaires; et
l'Esprit de Dieu n'avait pas tardé à faire voir par des faits que telle était
aussi sa volonté.
L'Église d'Antioche demeura longtemps célèbre: un des
quatre patriarches de l'Orient y avait son siège, et l'illustre Chrysostôme y
prêchait à la fin du quatrième siècle, aux applaudissements de tous et avec
d'éclatants succès.
Cette ville fut, dans le quatrième siècle, presque
renversée à trois reprises par des tremblements de terre, et à peu près aussi
souvent dans le cinquième. L'an 548 de Jésus-Christ les Perses la brûlèrent et
en passèrent les habitants au fil de l'épée. L'empereur Justinien la rebâtit
plus belle qu'auparavant, mais bientôt les Perses la reprennent et en abattent
les murailles. L'an 588, soixante mille de ses habitants périssent par un
tremblement de terre; aussitôt rebâtie, elle est prise par les Sarrasins, l'an
637, et depuis ce moment le christianisme y est presque anéanti. L'an 966
l'empereur grec Nicéphore reprend Antioche, et peu de temps après elle tombe au
pouvoir des Turcs. En 1098, elle est délivrée par les croisés, puis 90 ans plus
tard elle redevient la proie des infidèles, qui la démolissent de fond en
comble. Ses ruines actuelles, connues sous le nom d'Antakieh, comptent encore
18,000 habitants, dont 3,000 professant le christianisme.
2. Antioche,
capitale de la Pisidie, sur le mont Taurus, à l'est d'Apollonie, n'est plus
maintenant qu'un bourg inconnu et nommé Akschehr, ou, selon d'autres,
Versatgeli. Paul et Barnabas y prêchèrent l'Évangile avec de grands succès
jusqu'au moment où les Juifs ayant excité le peuple contre eux, les
con-contraignirent de s'éloigner, Actes 13:14; sq., cf. 2 Timothée 3:11.
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ANTIPAS,
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1. fidèle
martyr et témoin de Jésus-Christ, fut mis à mort à Pergame, ville de Mysie. On
ne le connaît que par ce qui en est dit Apocalypse 2:13. Il paraît qu'il fut
tué vers l'an 90, dans une émeute soulevée par les prêtres d'Esculape. Ses
Actes portent qu'il fut évêque de Pergame et qu'il fut brûlé dans un taureau
d'airain. Jean-Baptiste, Marc 6:17, Étienne, Actes 7, et Jacques, Actes 12,
sont, avec Antipas, les seuls martyrs de leur fidélité dont les écrivains
sacrés nous aient conservé le récit.
2. Antipas,
fils d'Hérode le Grand;
— Voir: Hérode.
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ANTIPATRIS,
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ville de Canaan, située dans une vallée fertile et
bien arrosée, sur le chemin de Jérusalem à Césarée, à environ 30 kilomètres de
Joppe, 74 de Jérusalem, et 45 de Césarée. Elle se nommait primitivement
Capharsalma, aujourd'hui Saranas.
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APELLÉS,
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Romains 16:10, homme approuvé en Christ; complètement
inconnu.
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APHARSEKIENS, et Apharsatkiens,
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Esdras 5:6; et apharsatkiens, 4:9, deux peuplades du
royaume d'Assyrie, dont l'identité est incertaine; le plus probable est de les
prendre pour les Parætaceni d'Hérodote (1, 101), entre la Perse et la Médie.
Malgré la ressemblance du nom, il faut se garder de les confondre avec les
Apharsiens, Esdras 4:9, par lesquels il semble qu'on doive entendre les Perses
en général; c'est ainsi que Luther a traduit ce nom; les lettres radicales des
deux mots sont les mêmes p. r. s.
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APHEK.
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1. Ville
de la tribu de Juda, où campèrent les Philistins lorsque l'arche fut amenée de
Siloh et faite prisonnière, 1 Samuel 4:1. C'est probablement la même que Aphéka
Josué 15:53.
2. Ville
de la tribu d'Issachar, dans la vallée de Jizréhel, près des montagnes de
Guilboah, où Saül et ses fils turent défaits et tués. 1 Samuel 29:1. Il paraît
que c'est le roi de cette ville qui fut mis à mort par Josué. Josué 12:18.
3. Ville
de la tribu d'Aser, sur les frontières des Sidoniens, Josué 19:30; 13:4.
Peut-être la même que Aphik Juges 1:31, qui fut laissée en possession des
Cananéens. Peut-être encore la même que
4. Aphek,
ville de Syrie, et l'une des principales du royaume de Benhadad: elle était
située sur la route militaire de Damas en Palestine. C'est dans son voisinage
que les Syriens, conduits par Benhadad, furent battus au nombre de 100,000
hommes, par Achab, roi d'Israël; ils se retirèrent précipitamment dans Aphek,
dont les murailles s'écroulèrent sur eux et en écrasèrent 27,000. 1 Rois
20:26-34.
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APOCALYPSE, ou révélation,
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mot grec qui signifie révélation, et qui a été
conservé en français pour désigner le livre de l'Écriture dans lequel saint
Jean a consigné les merveilles qu'il lui avait été donné de voir dans l'avenir
touchant Christ et son Église. L'authenticité de cet ouvrage, accrédité
généralement pendant tout le second siècle, n'a commencé à être mise en
question que par un certain Caïus qui vivait au commencement du troisième, et
qui l'attribuait à l'hérétique Cérinthe. Après lui, Denys d'Alexandrie rapporte
le fait de l'opinion de Caïus; pour son propre compte il ne peut l'admettre, il
pense que l'Apocalypse a été écrite par un homme pieux, nommé Jean, mais il
n'ose affirmer que ce soit le même que l'apôtre frère de Jacques, fils de
Zébédée. Eusèbe épouse la même hypothèse qui lui paraît un bon juste milieu,
quoique dans ses premiers ouvrages (Démonstration évangélique) il eût admis
l'opinion générale que saint Jean le théologien était l'auteur de l'Apocalypse.
Avant Caïus quelques hérétiques, Marcion en tête, avaient nié l'authenticité de
ce livre; mais ce témoignage est plutôt une preuve en sa faveur, vu la qualité
des opposants. Quant à la Peshito, qui ne comprend plus l'Apocalypse, elle
serait le seul témoin de quelque autorité qu'on pût invoquer dans ce sens, s'il
était prouvé que cette lacune est aussi ancienne que la traduction elle-même:
or c'est le contraire qui paraît établi. Éphrem, au quatrième siècle, s'est
évidemment servi d'une traduction syriaque qui comprenait l'Apocalypse, (—
Voir: l'Einleitung de Hug. et Steiger, Introduction générale aux livres du
Nouveau Testament, p. 47 à 51)
Les témoignages en faveur de l'Apocalypse sont à la
fois plus anciens, plus nombreux et plus respectables; ce sont: Irénée, qui
rapporte les paroles de personnes qui avaient connu l'apôtre Jean; Polycarpe,
Papias de Hiérapolis, Mélithon de Sardes, Apollonius d'Éphèse, Justin martyr;
Théophile d'Antioche, Clément d'Alexandrie, Tertullien, l'Église du deuxième
siècle tout entière, les millénaires et les anti-millénaires, même les
montanistes, tous ont reconnu cette authenticité.
— Au troisième siècle, nous trouvons d'abord le
fragment de canon dit de Muratori; Cyprien, Hippolyte, Jacques d'Édesse et Ébed
Jesu, Origène, Méthodius, l'évêque Népos d'Égypte.
— Au quatrième, chez les Latins, Lactance, Victorinus
de Petanio, Commodien, Jérôme, le concile d'Hippone de 393, celui de Carthage
397, etc.: dès lors il n'y a plus de doutes dans l'Église latine; chez les
Grecs, Grégoire de Nysse, Grégoire de Naziance, Cyrille de Jérusalem, Basile le
Grand, Épiphane de Chypre, Athanase, Didyme d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie,
etc., etc.
À l'époque de la réforme, où toutes les anciennes
traditions durent subir l'épreuve d'un examen à compte nouveau pour laisser la
vérité reprendre ses droits légitimes, l'authenticité de l'Apocalypse passa par
des crises difficiles, Luther la nia assez librement en 1522, avec plus de
modération en 1534; Zwingle partagea cette manière de voir; Théodore de Bèze,
au contraire, traita d'une manière solide les anciens témoignages qui
établissent que ce livre est de l'apôtre Jean, et Calvin paraît avoir partagé
cette opinion, quoiqu'il n'ait pas essayé d'ouvrir un système d'interprétation
sur le contenu de ce livre.
Dans le dix-huitième siècle où chacun se borna
presqu'exclusivement à douter et à nier, tantôt en vers, tantôt en prose, on
douta naturellement aussi de l'Apocalypse. D'Abauzit, de Genève, commença;
l'école moderne peut le revendiquer comme son maître. Après lui vinrent
successivement Michaélis qui doutait, Œder, Semler, Merkel, etc, qui ne doutaient
plus, mais qui affirmaient hardiment que Cérinthe était l'auteur de
l'Apocalypse. L'opinion contraire fut défendue par Twells, Wolff, Schmid,
Hartwig, etc., et surtout par Storr dont l'ouvrage est encore utile;
— Voir: aussi Bengel.
Nommons enfin dans notre siècle, parmi les
adversaires, Heinrichs, De Wette, Bretschneider, Ewald, Schott et Lücke; parmi
les défenseurs, Hug, Schulz, Hemsel, Winer, Guericke; l'ouvrage de Lücke a en
outre été réfuté dans la Gazette évangélique de Berlin par Hævernick, 1834,
numéros 88-91, et par Steiger, 1835, numéros 14, 15, 22, 23.
Il ressort, de ce qui précède, que les témoignages
historiques sont décidément en faveur de l'Apocalypse. Quant aux caractères
intérieurs, il est clair que ce livre, seul en son genre, seul prophétique
parmi ceux qui sont sortis du christianisme, ne saurait être jugé d'après
l'analogie des autres écrits du Nouveau Testament. Le style et le caractère
rhétorique des ouvrages d'un même auteur peut toujours varier, et même
considérablement, suivant le sujet et la matière traitée.
Saint Jean eut ces révélations pendant son exil à
Patmos, dans les dernières années du règne de Domitien, et il les mit par écrit
lorsqu'il fut de retour à Éphèse, vers l'an 96 ou 97. Néanmoins, le contexte
interne de l’Apocalypse indique plutôt une date antérieure vers la fin de l’an
60 juste avant la destruction de Jérusalem par les armées romaines en l’an 70.
Il n'entre pas dans notre plan d'examiner quel fut le
but de l'apôtre, quelle est la portée de ses révélations, le sens de ses
prophéties, la clef de tous ses mystères. Toutefois, il n'est pas hors de
propos de dire un mot de l'oubli dans lequel ce livre est tombé, et de
l'indifférence avec laquelle une partie considérable de la chrétienté le lit ou
le ferme. Beaucoup de personnes l'excluent de leur lecture habituelle; elles
reculent et préfèrent donner plus de temps à la méditation des autres portions
de la Bible qu'elles ont plus de chance de comprendre, et qu'elles peuvent plus
facilement s'approprier. L'Apocalypse les désoriente, les déconcerte; leur sens
chrétien ne trouve dans ce livre ni la nourriture, ni la clarté dont il a
besoin, et parmi les vérités révélées il choisit de préférence celles dont la
révélation est claire et complète, intelligible et point mystérieuse. On peut
comprendre sans peine cette manière de faire, et chacun peut-être l'a pratiquée
pour ce qui le concerne, à une époque ou à une autre de sa vie religieuse; mais
comprendre n'est pas excuser. Dès qu'on admet que l'inspiration divine a dicté
à l'apôtre ses magnifiques révélations, il faut admettre que la lecture de ce
livre doit être pour le chrétien une source de bénédictions qu'il ne lui est
pas permis de dédaigner, ou de trouver trop difficiles à exploiter. On oublie
trop d'ailleurs que l'Apocalypse est une révélation, dont le sens par
conséquent peut être trouvé, et doit être cherché; et, tout en avouant
l'obscurité qui enveloppe cette révélation des choses futures, encore
pénétrera-t-on mieux cette obscurité par le travail que par l'absence de
recherches. Si beaucoup d'opinions erronées ont été mises au jour, si des
essais infructueux ont été faits, si plusieurs théologiens ont fini par
déclarer qu'ils n'entrevoyaient aucune solution satisfaisante aux énigmes de la
prophétie, pourtant un grand pas est fait; leur ignorance consciencieuse et
savante est tout autre, moins pénible, plus honorable, plus éclairée que
l'ignorance volontaire et complète sur ces sujets; ils ont gagné cela tout au
moins de connaître les difficultés de l'interprétation, de savoir quelles sont
les questions débattues, et de pouvoir facilement rapporter aux choses qu'ils
savent ignorer, celles qu'ils découvrent à mesure; et c'est déjà beaucoup que
de connaître les questions auxquelles on ne peut pas répondre. À force de
chercher, d'ailleurs, on finit par trouver, et, selon la remarque de Newton, il
n'est pas un interprète qui n'ait fait faire un pas à cette science de la
prophétie.
Ajoutons que, s'il y a dans l'Apocalypse des
profondeurs insondables, il s'y trouve aussi des passages dont l'intelligence
est facile: «Un lecteur ordinaire, dit le docteur Lowth, peut trouver une
grande édification dans les hymnes magnifiques chantées à Dieu et à
Jésus-Christ; il peut découvrir dans ce livre plusieurs vérités importantes, telles
que l'adoration d'un Dieu suprême en opposition au culte des créatures, la foi
dans les mérites de Jésus-Christ pour obtenir uniquement de lui le pardon, la
sanctification et le salut; la patience et la vigilance avec laquelle nous
devons attendre l'avènement de Jésus-Christ et de son règne, en professant avec
fermeté la vraie foi, et en pratiquant la sainteté, quels que soient les
obstacles qu'il faille surmonter, etc., etc.» Un autre théologien, qui ne
saurait être accusé d'un grand enthousiasme pour l'Apocalypse, le docteur
Lücke, dans sa préface à cet ouvrage, s'exprime ainsi: «Le théologien qui admet
la canonicité de l'Apocalypse n'est plus libre de l'employer ou de ne pas
l'employer pour la construction systématique d'une dogmatique chrétienne, ou
pour l'édification populaire d'une paroisse. Si ce livre est reconnu canonique,
il est tout aussi nécessaire de le méditer dans le culte public que de
l'exposer dans des leçons ou dans des commentaires.»
La grande difficulté que l'on rencontre dans l'étude
de ce livre provient de ce que, depuis longtemps déjà, l'on a pris l'habitude
d'y chercher des prophéties relatives à l'histoire passée de l'Église, et par
conséquent d'en regarder une bonne partie du moins comme étant déjà accomplie;
on y a vu toutes les persécutions de l'Église: Néron, Julien, les mahométans,
les guerres des Sarrasins, la papauté, les Albigeois, le protestantisme, les
missions, Napoléon, etc. Il n'est dès lors pas surprenant que chacun se
contentant de vagues allusions, y trouve, comme dans les nuages, des
ressemblances avec l'objet qui le préoccupe. Si ces oracles étaient accomplis,
il n'y aurait sur leur signification ni doute, ni hésitation, ni divergence. Ce
qui importe donc, lorsqu'on lit ce livre, c'est d'y chercher les destinées futures,
finales de;l'Église, l'histoire de la grande lutte qui doit précéder
immédiatement la seconde venue du Sauveur. Il importe également de s'en tenir,
autant que faire se peut, au sens littéral (les emblèmes et les symboles ne
sauraient être assujettis à cette règle). La méthode symbolique ne provient que
du besoin de se donner plus d'aisance et de liberté dans l'interprétation des
prophètes afin de pouvoir les rapporter aux temps passés, au gré de ses
caprices et de son imagination; elle est fatale aux interprètes comme à la
vérité elle-même.
Au milieu de la foule de livres et d'opuscules qui ont
traité de l'Apocalypse, commentaires, brochures, etc., nous ne mentionnerons en
français que Basset, (3 vol.) diffus et peu sobre; Vivien, d'un usage facile,
mais un peu trop sûr de son fait; Barbey, faible exégète, plus scripturaire en
apparence qu'en réalité, consciencieux et quelquefois intéressant; les Pensées
de W, B. Newton sur l'Apocalypse (traduit de l'anglais), grave et sage, mais
trop absolu, et quelquefois exagéré quant à la notion d'Église; puis une
quantité de brochures sur des points spéciaux, publiées à Genève, chez
Kaufmann, et appartenant presque toutes à l'école de Plymouth; Digby, Burgh,
Hartley, Cumming, Elliott en anglais. En Allemagne, on a sur ce sujet peu
d'ouvrages de valeur; on annonce un commentaire de Hengstenberg.
Ce livre, dit Digby, se trouve en germe dans les
prophéties de Daniel, lesquelles renferment une histoire anticipée de l'Église
de Dieu dans son assujettissement aux puissances de ce monde, qui y sont
représentées par quatre bêtes. Cette histoire comprend tous les temps qui
devaient s'écouler depuis la fin de la théocratie juive jusqu'au jour glorieux
où le Fils de l'Homme viendra pour rétablir le royaume d'Israël.
La période de la domination funeste de ces bêtes forme
une grande semaine d'années prophétiques, dont les sept années (temps) de la
démence de Nébucadnetsar sont peut-être un symbole, laquelle commence avec la
chute de Samarie et la déportation des dix tribus par le roi d'Assyrie, et
s'étend jusqu'au commencement du son de la septième trompette de l'Apocalypse,
époque à laquelle les royaumes de ce monde seront remis, et où les saints
seront mis en possession du royaume. Cette période forme donc un grand calendrier
prophétique de 2,520 ans, ou sept fois 360 ans. Les 1260 jours prophétiques de
Daniel et de saint Jean, désignés aussi par trois ans et demi (d'années), en
forment la dernière moitié. Les trois premières bêtes, celles qui désignaient
les Babyloniens, les Perses et les Macédoniens, avaient déjà été englouties, du
temps de saint Jean, par la quatrième bête, qui représentait la puissance
romaine. Ainsi, les prophéties de l'Apocalypse ne concernent que cette
dernière, qui existait alors seule sur la terre. Le théâtre de l'Apocalypse,
c'est donc l'empire de Rome.
Les destinées de cet empire et de l'Église qu'il
renferme, sont écrites dans le livre mystérieux scellé de sept sceaux, 5:1; sq.
C'était un grand volume formé de sept volumes distincts, roulés l'un sur
l'autre à la manière des livres anciens. L'arrangement de toutes les prophéties
apocalyptiques est admirable: elles suivent un ordre chronologique. Le septième
volume, sept fois plus grand que les six premiers, renferme la vision des sept
trompettes, laquelle nous conduit jusqu'à la fin des temps, et pareillement, la
septième trompette, qui est la dernière, cf. 1 Corinthiens 15:52; 1
Thessaloniciens 4:16, comprend les sept coupes par lesquelles la colère de Dieu
est accomplie. Ainsi le septième volume, la septième trompette et la septième
coupe, se terminent tous ensemble avec la chute du dernier royaume terrestre et
rétablissement du règne visible de Jésus-Christ sur la terre.
À ce grand volume scellé, l'esprit de prophétie a
ajouté un codicille, ou une récapitulation prophétique: c'est le petit livre
ouvert qui commence par ces mots: «Il faut que tu prophétises derechef», etc.,
10:11. Ce livre ouvert concerne principalement les événements des 1260 jours
prophétiques de la révolte de l'Église de Rome, et nous en trouvons l'archétype
dans les visions du prophète Ézéchiel, contenues dans le petit livre qui lui
fut donné à manger, Ézéchiel 2:8.
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APOCRYPHES.
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C'est le nom qu'on donne à certains livres, reliés
quelque fois avec la Bible, entre l'Ancien et le Nouveau Testament, et qui
cependant ne font pas partie du volume inspiré. Quoique leur nom même ne se
trouve pas dans la Bible, nous avons cru pouvoir en dire quelques mots, soit
parce qu'une partie de la chrétienté les regarde comme divins, soit parce que
c'est par les apocryphes seuls qu'on peut juger du caractère et de l'histoire
des Juifs, 3 ou 400 ans avant Christ, soit enfin parce que le Nouveau Testament
semble y faire parfois des allusions indirectes.
Les anciens chrétiens les lisaient, si ce n'est en
entier, du moins en partie; mais ils n'en faisaient lecture que chez eux et
jamais dans leurs assemblées: ils ne les admettaient pas au nombre des écrits
canoniques. Aucun de ces livres ne fut reconnu comme inspiré par les Juifs,
«auxquels les oracles de Dieu avaient été confiés.» Philon qui les connaît,
leur emprunte quelquefois des phrases ou de belles expressions, mais il ne les
cite jamais comme ayant une autorité divine ou canonique, et Flavius Josèphe
(C. Ap. 1, 8) déclare expressément que, chez les Juifs, «les apocryphes étaient
d'un degré de crédibilité inférieur à celui des livres canoniques.» Au deuxième
siècle de l'ère chrétienne, Méliton dressa le catalogue des livres sacrés, et
les apocryphes n'y sont pas mentionnés; ni Origène au troisième siècle, ni au
quatrième Épiphane, Athanase, Cyrille, ne reconnaissent leur authenticité.
Jérôme et Ruffin nomment quelques livres apocryphes qu'ils déclarent
positivement n'être pas canoniques. Dès lors l'Église, se corrompant de jour en
jour davantage, en admit au fur et à mesure quelques-uns, jusqu'à ce qu'enfin
le concile de Trente, tenu en 1550, sous le pontificat de Pie IV, les déclara
tous d'autorité divine.
Il suffit d'un peu d'attention pour s'assurer que ces
livres ne procèdent pas du Saint-Esprit. Non seulement ils n'ont pas la
majestueuse simplicité des autres, mais encore ils renferment un grand nombre
de choses mauvaises, mensongères et opposées aux oracles de Dieu.
— On les divise ordinairement en livres historiques et
didactiques; mais cette division est peu tranchée, parce qu'il y en a qui sont
des contes moraux, ou prétendus tels, à la fois historiques et sentencieux.
Le Premier livre d'Esdras n'est guère qu'un extrait
mal rédigé des deux derniers chapitres des Chroniques, et du livre authentique
d'Esdras. La traduction en est libre et abrégée, les hébraïsmes sont évités;
l'auteur ajoute quelques idées et quelques faits, mais dont l'inexactitude
évidente montre un homme peu au fait de l'histoire. Il fait par exemple de
Zorobabel un jeune homme au temps de Darius Hystaspes, et il lui donne pour
fils Joachim, 5:2, tandis que celui-ci était fils du souverain sacrificateur
Jésuah, Néhémie 12:10. Il appelé Darius roi d'Assyrie, longtemps après que cet
empire eut été complètement détruit; et il rapporte comme ayant eu lieu sous ce
règne, des événements qui se sont passés sous Cyrus, cf. 4:43,57-58 avec Esdras
1; 3:1.
— Il est difficile de reconnaître un plan dans cet ouvrage,
d'autant plus qu'il n'est pas achevé, et que nous n'en possédons qu'un
fragment. Cependant, un auteur allemand, Berchthold, a émis l'opinion, assez
probable, que l'auteur a voulu donner une histoire du temple de Jérusalem
depuis la dernière époque du culte légal, sous Josias, jusqu'au rétablissement
de ce culte par la nouvelle colonie revenue de l'exil. Ce plan est exécuté
aussi bien qu'on pouvait l'attendre d'un Juif alexandrin, c'est-à-dire qu'il
est extrêmement peu important pour l'histoire elle-même.
Le Second livre d'Esdras qui n'a même jamais été vu en
grec, mais seulement en latin, est une collection de fables, de songes et de
visions, si pitoyable que le concile de Trente lui-même rougit de lui concéder
le titre de livre divin. Plusieurs passages de cet écrit laissent supposer
qu'il a été fabriqué depuis la prédication de l'Évangile.
L'histoire de Tobie, sa piété, ses épreuves, et le
secours qu'il trouve en Dieu, est une fiction poétique où l'auteur a voulu
montrer que la piété, les bonnes œuvres, les aumônes et la prière, sont
abondamment bénies, 12:13 sq. Un Juif de la Palestine paraît avoir pris son
sujet dans la tradition, pour y rattacher ses idées et celles qui se
répandaient parmi le peuple depuis l'exil. Il dit souvent: Les aumônes sauvent
de la mort, 4:7-11; 12:8-14. La doctrine des anges a un caractère persan, et le
Zend-Avesta nous parle comme Tobie 3:16; 12:12, de ces anges qui exaucent les
prières et qui les apportent devant Dieu. De même, le voluptueux démon Asmodée,
et le moyen de chasser ces êtres malfaisants par la fumée ou autres cérémonies,
se retrouvent dans les livres religieux du paganisme oriental.
— L'auteur doit avoir vécu assez tard, car il commet
des fautes dont plusieurs trahissent un moderne: on le place ordinairement un
siècle avant Jésus-Christ. On ignore si Tobie fut d'abord écrit en hébreu.
Saint Jérôme l'a traduit du caldéen, langue dans laquelle il semble le plus
probable qu'il a été composé. Les héllénismes que l'on trouve dans l'exemplaire
de Castellion, ou dans les exemplaires publiés par Munster et Fagius,
démontrent manifestement que ce ne sont là que des traductions du grec, et non
des productions originales. En tout cas, cette légende ou histoire, aussitôt
qu'elle eut paru, reçut des modifications de tous genres: aussi n'y a-t-il pas
une seule de ces versions qui ressemble à l'autre. L'imitation en vers,
d'Andrieux, n'est ni la moins poétique, ni la moins édifiante de toutes ces
éditions retouchées et augmentées.
Le Livre de Judith est un roman dont l'intrigue est
connue de tout le monde. Une femme s'introduit auprès d'Holopherne comme
courtisane, l'endort de vin et de propos caressants, lui coupe la tête, et
vient annoncer au peuple juif qu'il est délivré du général assyrien. Ce livre
paraît avoir été écrit en caldéen comme le précédent, et c'est de cette langue
que saint Jérôme l'a traduit en latin. On ne saurait à quelle époque de
l'histoire des Juifs placer l'action qui fait le sujet de ce livre. Ce devait
être après le retour de Babylone et la reconstruction du temple; mais depuis la
dix-huitième année de Nébucadnetsar, les Juifs ne furent en aucune manière
inquiétés pendant plus de quatre-vingts ans. (2:1; 4:3; 5:18-19; 16:20-23).
Comment concilier ces faits avec la vérité? Quelle improbabilité d'ailleurs que
Béthulie, petite ville, ait pu tenir contre une si puissante armée, et que la
mort d'un général ait suffi pour faire prendre la fuite à toutes ses troupes!
Quant à la géographie de l'ouvrage, elle dénote la plus incroyable ignorance,
et l'on croirait volontiers que l'auteur, après avoir fait sa petite histoire,
l'a parsemée au hasard, de tous les noms de villes ou de pays qui lui passaient
par la tête. On peut en dire autant de la chronologie.
Les Additions au livre d'Esther n'ont jamais paru en
hébreu. Contrairement à ce que rapporte l'histoire inspirée, l'auteur de cet
écrit prétend que ce fut dans la deuxième année de son règne qu'Assuérus
faillit être assassiné par un de ses eunuques; il dit que Mardochée fut
récompensé sur-le-champ pour avoir révélé le complot; qu'Haman avait été élevé
en dignité déjà avant cette circonstance, et que sa haine contre Mardochée
provint de la révélation qu'il avait faite; que cet Ha-man était un Macédonien
qui voulait s'emparer du trône des Perses au profit de son royaume. Les Juifs
s'y donnent le nom d'enfants du Dieu très-haut, et prétendent que leur Dieu a
ordonné aux païens mêmes d'observer la fête du Purim. Cela étant dit, nous
pouvons ajouter que ces additions renferment aussi quelques belles et bonnes
choses, dont Racine a su tirer parti dans sa belle tragédie de ce nom. Il n'est
pas sûr que le concile de Trente ait déclaré cet ouvrage canonique: quelques
docteurs romains prétendent que non.
Le Livre de la Sapience, dit de Salomon, n'a point été
écrit par Salomon, et jamais on ne l'a vu en hébreu. Celui qui l'a composé
avait lu Platon et les poètes grecs, ainsi qu'on le voit par plusieurs passages
de son livre. En quelques endroits, il copie presque les prophètes et quelques
écrits de l'Ancien Testament. Cet ouvrage se divise en trois parties générales:
1. 1-6:8;
2. 6:9-10;
3. 11-19.
Ces parties sont isolées et bien tranchées, mais non
pas tellement qu'elles fassent penser à trois ouvrages ou à trois auteurs
différents. L'auteur s'adresse d'abord aux rois en leur proposant la sagesse
comme but de leurs études et de leurs efforts; puis il fait l'histoire de la
sagesse, comment on peut l'obtenir et quels en sont les fruits: il montre les
peuples idolâtres éprouvant les rigueurs de l'Éternel, et les compare au bonheur
du peuple juif, qui reconnaît Jéhovah pour son roi. Il est possible que
l'auteur ait eu un but politique, mais son objet principal était bien
religieux.
— L'idée de saint Augustin que Sirach est l'auteur de
ce livre est assez heureuse; cependant on ne peut rien décider à cet égard, et
il faut se contenter de l'idée générale d'un auteur alexandrin et antérieur à
Philon, parce que la Sapience renferme une spéculation plus saine que celle de
ce Juif.
L'Ecclésiastique, ouvrage préférable au précédent. Un
certain Jésus, fils de Sirach, en lisant les Écritures et d'autres bons livres,
avait acquis de grandes connaissances morales. Il se mit à recueillir ça et là
diverses maximes, auxquelles il en ajouta de son propre fonds. C'est donc un
recueil de sentences et de proverbes dans le genre de ceux de Salomon; il
renferme des excursions plus ou moins étendues sur l'ordre moral du monde, dans
lesquelles l'auteur passe en revue les classes et les âges de l'homme. On ne
saurait y chercher de plan ni d'ensemble, et le livre ne se laisse pas diviser.
Primitivement écrit en hébreu ou en caldéen, l'Ecclésiastique fut traduit en
grec par un petit-fils de l'auteur, sous Ptolémée Évergète, roi d'Égypte,
probablement environ 240 ans avant J.-C. Du reste, la date se laisse difficilement
déterminer, car tout repose sur les indications de l'auteur lui-même, qui nous
dit avoir écrit sous le pontificat d'un Simon, pendant le règne d'un Évergète;
or il y a eu deux pontifes Simon qui ont vécu tous les deux sous le règne d'un
Évergète. L'auteur se donne si peu pour inspiré, qu'il s'excuse lui-même des
imperfections de son travail; il fait du Fils de Dieu, de la Parole, une simple
créature; il représente l'aumône et l'obéissance à père et mère comme un moyen
d'expier ses péchés; il prétend que Samuel prophétisa encore après sa mort;
enfin, selon lui, ce serait à Élie le Thisbite qu'il appartiendrait de faire
cesser la colère de Dieu: à ce dernier égard, cf. Malachie 4:5.
Baruch est un insigne roman qu'on dit avoir été écrit
par Baruch à Babylone. Or, selon toute probabilité, jamais Baruch ne fut à
Babylone. Il fut lu à Jéchonias, près d'une rivière qui n'a point existé; et
d'ailleurs, comme on sait, Jéchonias vivait en prison pendant son séjour à
Babylone, et n'avait pas le loisir d'aller se promener le long des eaux
courantes. On y parle d'une collecte qui aurait été faite parmi les Juifs de la
captivité, pour acheter des victimes, qu'on aurait envoyées au sacrificateur
Joachim avec les vases sacrés de Sédécias! Mais comment des esclaves, tout au
commencement de leur captivité, peuvent-ils avoir de l'argent à déposer dans
une collecte? Comment envoya-t-on ces victimes à un souverain sacrificateur qui
n'existait pas? Comment put-on renvoyer de Babylone des vases sacrés faits par
Sédécias, lorsqu'il est probable que Sédécias n'en a jamais fait faire? Il faut
remarquer, en outre, que l'auteur emprunte diverses expressions de Daniel, qui
cependant vécut après la mort de Baruch.
— Le chapitre 6 se donne pour une lettre de Jérémie
aux exilés de Babylone, et renferme des déclamations contre l'idolâtrie. Ce
morceau est séparé de ce qui précède par une inscription, et il se distingue
par un meilleur style: ce n'est que par accident qu'il se trouve lié à Baruch,
mais il ne porte pas davantage le cachet de l'authenticité; les soixante et dix
semaines de Daniel y sont ridiculement converties en sept générations. Il est
cité 2 Maccabées 2:2, et appartient sans doute aux Alexandrins, qui
traduisaient en général très librement les oracles de Jérémie, et parmi
lesquels s'étaient conservées un bon nombre de légendes sur ce prophète.
Le Cantique des trois jeunes Hébreux dans la fournaise
est une mauvaise imitation du Psaumes 148. Ces flammes de 49 coudées de
hauteur, et ce vent de rosée que faisait souffler l'ange du Seigneur au milieu
du feu, sont des détails qui portent tous les caractères de la fiction.
L'Histoire de Susanne, (formant quelquefois le 13e
chapitre de Daniel), est probablement une fable d'un bout à l'autre. Qu'elle
ait été primitivement écrite en grec, c'est ce que prouve l'espèce de jeu de
mots que fait le prétendu Daniel versets 55 et 59, et qui n'a de sens que dans
cette langue. Et puis, n'est-il pas absurde d'imaginer que tout au commencement
de la captivité, un Juif ait pu être aussi riche qu'on nous représente le mari
de Susanne? que le droit de vie et de mort ait été donné à des tribunaux juifs
en Caldée? que Daniel élevé à la cour ait pu assister à ce procès? et enfin,
que si jeune, on l'ait admis au nombre des juges, surtout après que la sentence
avait été prononcée?
Le livre de Bel et celui du Dragon sont encore plus
romanesques. En effet, quelle invraisemblance que Cyrus, roi de Perse, ait
adoré une idole babylonienne, et une idole qui fut mise en pièces lors de la
prise de la ville! Un homme de sa trempe pouvait-il croire qu'une statue
d'airain pût réellement boire et manger? Quel pitoyable moyen que celui
qu'imagine Daniel pour découvrir la supercherie des prêtres de l'idole! Comment
ceux-ci ne virent-ils pas les cendres semées sur le parquet? ou comment Daniel
put-il empêcher qu'ils ne fussent avertis par les serviteurs du roi? Puis,
quelle absurdité que de faire trembler Cyrus devant les Babyloniens jusque-là
qu'il leur sacrifie son cher Daniel de faire vivre Habacuc jusqu'à cette
époque, pour qu'il puisse porter de la nourriture au jeune prophète dans la
fosse des lions d'imaginer enfin que Cyrus ait pu rester six jours sans
s'informer de ce qu'était devenu son ami!
— Ces deux livres forment ce que, sans leur donner de
titre à part, les catholiques romains appellent le 14e chapitre du prophète
Daniel.
La Prière de Mariasse, qui ne se trouve pas dans le
texte hébreu, semble être l'ouvrage de quelque Pharisien. Il y est parlé des
justes, savoir d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, comme de gens sans péché, et qui
n'ont pas eu besoin de repentance. Elle n'a été admise comme canonique que par
l'Église grecque.
Enfin les Livres des Maccabées renferment l'histoire
des Juifs sous le souverain sacrificateur Mattathias et ses descendants. Ils
sont d'une très grande utilité, surtout le premier. Il doit avoir été composé
en hébreu ou en caldéen: Origène l'a lu dans cette langue, et il paraît que
c'est aussi de là que Jérôme l'a traduit en latin. Toutefois ce livre ne
saurait être attribué à l'esprit de Dieu, et l'auteur lui-même fait
l'observation qu'il n'y avait point de prophètes en ces temps-là, 4:46; 9:27;
14:41. Il renferme d'ailleurs diverses méprises qui constatent son origine
humaine. On y voit qu'Alexandre le Grand partagea lui-même ses conquêtes entre
ses illustres généraux, tandis que ce partage ne se fit qu'après sa mort;
qu'Antiochus le Grand fut fait prisonnier par les Romains; que ces derniers
donnèrent à Eumènes, roi de Pergame, l'Inde et la Médie, États qui faisaient
partie de ceux d'Antiochus; que le sénat romain comptait 320 membres;
qu'Alexandre Balas était fils d'Antiochus Épiphanes, etc., etc., tout autant
d'assertions qui sont positivement contredites par l'histoire.
— Le second livre des Maccabées, contenant l'histoire
de quinze années, est de beaucoup inférieur au premier. C'est l'abrégé de
l'ouvrage d'un certain Jason de Cyrène. L'auteur termine en faisant des excuses
sur sa manière d'écrire l'histoire; et dans le fait il a bien des choses à se
faire pardonner. À l'en croire, Judas Maccabée aurait vécu jusqu'à la 188e
année des Séleucides, tandis qu'il mourut l'an 152; Antiochus Épiphane aurait
été tué dans le temple de Nanée, en Perse, et l'on sait qu'il finit ses jours
sur les frontières de la Babylonie. Néhémie aurait bâti le second temple et
l'autel, constructions qui se firent soixante ans avant que Néhémias revînt de
Perse; Jérémie aurait caché dans une grotte et le tabernacle, et l'arche, et
l'autel des parfums; Persépolis aurait encore été debout un siècle après qu'Alexandre
l'eut réduite en cendres; Judas aurait bien fait d'offrir des prières et des
sacrifices pour les morts, et Ragis serait aussi louable de s'être suicidé pour
échapper à la fureur des Syriens.
On peut juger, par tout ce qui précède, combien ces livres
apocryphes sont indignes d'occuper une place quelconque dans notre volume
sacré, même en en faisant une catégorie tout, à fait à part, ainsi que cela se
pratiquait encore il n'y a pas beaucoup d'années. Aussi les sociétés bibliques
se refusent-elles maintenant presque toutes à joindre ces livres aux versions
qu'elles distribuent, et elles ont bien fait de prendre ce parti, puisqu'elles
ne veulent et ne doivent répandre que la Bible.
Si quelques personnes désiraient étudier la question
des apocryphes, elles trouveraient, dans un ouvrage sur ce sujet de feu
l'excellent pasteur Moulinié de Genève, une apologie assez complète de ces
livres; mais elles verraient en même temps combien sont faibles les meilleures
raisons que l'on peut avancer en faveur de leur authenticité. Il n'a paru aucun
écrit français quelque peu détaillé qui traite de la non inspiration des
apocryphes; mais on peut lire avec intérêt quelques mots de M. Hævernick à ce
sujet, dans les Mél. de théol, réformée, par Hævernick et Steiger, p. 214-222.
Le Nouveau Testament a eu aussi ses Apocryphes; mais
les livres auxquels on a donné ce nom sont loin d'avoir acquis l'importance
historique des Apocryphes de l'Ancien Testament. Il ne paraît pas que l'Église
chrétienne ait jamais hésité sur la formation de son Canon. À aucune époque,
aucun écrit humain n'est venu s'adjoindre au recueil des écrits sacrés. À la
vérité, certaines sectes, assez mal connues d'ailleurs, ont essayé de modifier
la collection évangélique à leur point de vue, mais ces tentatives ont avorté
devant l'opinion générale, et il en reste à peine quelques traces, encore
sont-elles contestables et contestées.
On croit, par exemple, que les Évangiles des
Égyptiens, des Hébreux, de Marcion, n'étaient que des reproductions altérées
des Évangiles canoniques, et l'on suppose que chacun de nos quatre Évangiles a
dû être plus ou moins corrompu au profit des tendances diverses qui se
partageaient l'Église primitive, tendances dont les germes se trouvaient dans
les écrits sacrés eux-mêmes. La disparition prompte et presque totale de ces
altérations, atteste à la fois la rectitude du sens chrétien, l'autorité de la
tradition générale, et la pureté du Canon dans l'Église primitive.
À côté de ces écrits se placèrent d'autres livres. Les
uns avaient uniquement en vue l'édification, comme le célèbre Pasteur d'Hermas
qui est cité avec respect et entouré d'une sorte d'autorité morale. Les autres,
dictés par l'imagination, avaient pour but de suppléer aux lacunes du Nouveau
Testament sur la vie de Jésus, et de fournir une pâture à la curiosité avide
des âmes pieuses. Tels sont le Protévangile de Jacques, les Évangiles de Marie,
de l'enfance, de Thomas, de Nicodème, etc. M. Cellérier a fait entre ces
derniers écrits et les Évangiles inspirés un parallèle intéressant. (Origine du
Nouveau Testament p. 174-215) Une de ses remarques est assez importante pour
être rappelée ici. «Ces Apocryphes ne sont point l'ouvrage d'imposteurs
individuels, mais le résultat de l'imagination, des opinions, des préjugés du temps,
l'ouvrage successif et en quelque sorte national des compatriotes ou des
contemporains du Sauveur. On y voit, en d'autres termes, de quoi nos Évangiles
eussent été infailliblement remplis s'ils n'eussent été divins... Pour traduire
la chose en langue scientifique, ces écrits sont des mythes, et nos Évangiles,
s'ils se fussent formés de la même manière, ne leur seraient pas supérieurs.»
M. Cellérier avait à l'avance et en deux mots, réfuté le fameux système de
Strauss.
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APOLLONIE.
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Il y avait une ville de ce nom en Illyrie, et une
autre au nord du pays de Canaan; mais celle dont il est fait mention Actes
17:1, était une ville de Macédoine, fondée par-les Corinthiens, à 36 milles
romains (62 kilomètres), sud-ouest de Thessalonique, et qui n'est guère connue
que par la circonstance que César-Auguste y étudia la langue grecque;
(aujourd'hui Paleo-Chori).
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APOLLOS,
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Juif d'Alexandrie, qui arriva à Éphèse dans le temps
même où Paul entreprenait son troisième voyage à Jérusalem. C'était un homme
éloquent, et profondément versé dans les Écritures. Quoiqu'il ne connût encore
que le baptême de Jean, il enseignait avec chaleur les choses qui regardaient
le Seigneur Jésus. Aquilas et Priscille l'ayant entendu prêcher avec hardiesse
dans la synagogue, le prirent chez eux et l'instruisirent plus à fond de la
doctrine chrétienne. Il partit d'Éphèse pour l'Achaïe, muni de lettres de
recommandations, et il fut très utile aux nouveaux convertis en les
affermissant dans la foi. De Corinthe il se rendit dans l'île de Crète avec
Zénas; puis à Éphèse, où il était lorsque Paul écrivait sa première lettre aux
Corinthiens, Actes 18:24; 19:1; 1 Corinthiens 16:12; Tite 3:13.
— Quelques personnes pensent que la prédication
d'Apollos à Corinthe y avait occasionné le schisme dont saint Paul fait mention
dans sa première épître; mais d'autres, et cette opinion paraît plus vraisemblable,
croient que Paul emploie les noms d'Apollos et de Céphas par ménagement pour
les vrais auteurs du schisme, pour généraliser ses observations et pour rendre
ses raisonnements d'autant plus concluants, 1 Corinthiens 1:12; 3:4,6; 4:6.
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APOLLYON,
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— Voir: Abaddon.
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APOSTOLAT,
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mission, charge d'apôtre, 1 Corinthiens 9:1-2; 2
Corinthiens 12:12. Il paraîtrait, d'après ces passages, que pour être capables
d'exercer l'apostolat dans le sens spécial du mot, il fallait avoir vu notre
Seigneur Jésus-Christ, être autorisé par lui à rassembler en tous lieux son
Église, et se rendre recommandable par une grande patience, des signes, des
prodiges et des miracles: quelques-uns y ajoutent même l'infaillibilité
d'enseignement, et le don de communiquer le Saint-Esprit par l'imposition des
mains, Actes 8:17. Nous laissons à la dogmatique ce qui lui appartient, le
droit de discuter en détail et à fond les questions si graves qui se rapportent
à l'apostolat, à la manière dont il était transféré, aux caractères qui le
constituaient, aux signes auxquels on le reconnaissait, à son exclusisme et à
la possibilité ou l'impossibilité de voir cette charge se prolonger au-delà du
siècle dit apostolique. Nous nous bornerons à quelques observations. Le passage
Galates 2:14, semble prouver que l'infaillibilité n'était pas un des caractères
immuables de la charge d'apôtre, et l'on ne peut douter que lorsque Simon
Pierre «ne marchait pas de droit pied selon la vérité de l'Évangile», son
enseignement ne s'en ressentît d'une manière fâcheuse. En outre, il n'est point
dit 1 Corinthiens 9:1-2, qu'il fallût avoir vu le Seigneur pour être apôtre:
c'est en passant que saint Paul dit: «N'ai-je pas vu notre Seigneur
Jésus-Christ!» tout comme il dit au même verset: «Ne suis-je pas libre?» sans
que cela entraîne le moins du monde, pour l'apôtre, l'obligation d'être libre
ou de se démettre de sa charge s'il vient à perdre sa liberté. Le Nouveau
Testament ne nous donne aucune règle bien précise sur les conditions
d'admission dans le corps apostolique: nous y voyons entrer, outre les douze,
Matthias, Actes 1:26; saint Paul, 1 Corinthiens 9:1; Barnabas, Actes 14:14;
Andronique et Junias, Romains 16:7; Épaphrodite, Philippiens 2:25. (dans
l'original) et d'autres. Notre Sauveur lui-même est appelé dans l'Épître aux
Hébreux 3:1, l'apôtre et le souverain sacrificateur de notre profession. Ce qui
est sur, c'est que cette charge sacrée se manifestait d'une manière sensible,
de telle sorte que les chrétiens ne pussent s'y tromper; et pour exprimer cette
pensée encore plus clairement, il paraît qu'en général 2 Corinthiens 12:12, on
reconnaissait un apôtre à ses œuvres plutôt qu'au mode de sa nomination. C'est
du moins le principe duquel saint Paul semble partir toutes les fois qu'il
aborde ce genre de sujets.
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APÔTRE
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(f, l'art précédent) missionnaire, messager, envoyé.
On désigne spécialement sous ce nom les douze disciples que notre Seigneur
chargea d'une façon particulière de fonder son Église. Après sa résurrection,
il les envoya prêcher l'Évangile et baptiser; et non seulement il leur donna le
pouvoir de faire des miracles, mais encore il voulut qu'ils pussent conférer ce
pouvoir à d'autres. Leurs noms se trouvent Matthieu 10:2; Marc 3:16; Luc 6:14;
Actes 1:13. L'ordre dans lequel ils sont nommés paraît arbitraire. Quelques-uns
ont cru qu'ils étaient rangés suivant l'ordre dans lequel ils furent appelés;
mais il paraît d'après Jean 1:40, qu'André fut le premier qui reçut vocation,
tandis qu'il n'est nommé que le second dans Matthieu, le cinquième dans Marc.
D'autres ont cru y voir l'établissement d'une espèce de hiérarchie commençant
par Pierre et finissant par Judas lscariot; mais, s'il y a peut-être quelque
chose de vrai dans les extrêmes, il n'en est pas de même pour les
intermédiaires, et la preuve en est dans le fait que l'ordre n'est pas le même
dans les quatre catalogues qui nous en sont donnés. Quant à Judas lscariot, il
va sans dire qu'on ne pouvait lui donner d'autre place que la dernière; il n'y
a pas besoin de supposer une hiérarchie pour cela.
— Cinq d'entre eux nous ont laissé des écrits,
Matthieu, Jean, Pierre, Jacques le Mineur et Jude. Nous les retrouverons, du
reste, à leur article spécial.
Soulignons que le
ministère d’apôtre n’est plus en vigueur de nos jours, il était désigné
uniquement pour l’enfance de l’Église, une fois le but accompli il a cessé avec
tous les dons miraculeux qui lui étaient propre.
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APPEL.
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«J'en appelle à César», dit saint Paul, Actes 25:11.
Tout citoyen romain avait le droit d'en appeler des gouverneurs de province à
l'empereur lui-même. Pline, dans une de ses lettres à Trajan, dit qu'il avait
pour habitude et pour système d'envoyer à Rome les citoyens romains qu'on lui
déférait pour cause d'attachement au christianisme.
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APPIE ou Apphie.
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Philémon 2. Probablement la femme de Philémon; on
croit qu'elle souffrit le martyre avec son mari.
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APPIUS,
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consul romain (303 avant J.-C.) qui avait fait
construire la ville connue sous le nom de Marché d'Appius (— Voir: Forum). Il
avait aussi fait tracer une route qui porte son nom, la Voie Appienne.
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AQUILAS,
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Juif né dans le Pont et fabricant de tentes. Sa femme
(Prisca ou Priscilla) et lui furent de très bonne heure convertis au
christianisme; peut-être le furent-ils par le discours de Pierre à la
Pentecôte. Après avoir résidé quelque temps à Rome, occupés sans doute à faire
des tentes pour l'armée d'Italie, ils durent quitter la capitale, comme tous
les Juifs, bannis par l'édit de Claude, et vinrent se fixer à Corinthe, Actes 18:2.
Ils continuèrent d'y exercer leur industrie, et plus d'un Juif, plus d'un Grec,
plus d'un soldat romain, logèrent sous des tentes qu'un des ouvriers d'Aquilas,
un nommé Saul, apôtre des gentils, avait fabriquées de ses mains. Saint Paul
cependant quitta bientôt la maison d'Aquilas, et alla, peut-être pour complaire
aux chrétiens d'entre les gentils, peut-être pour être plus près du lieu des
réunions et parce que ses devoirs pastoraux se multipliaient, habiter auprès de
Juste, païen converti, dont la maison était voisine de la synagogue. Au bout de
quelque temps, lorsque Paul s'embarqua pour la Syrie, Aquilas et Priscille
partirent avec lui et l'accompagnèrent à Éphèse: c'est probablement là, dans
l'émeute de Démétrius, 19:24, qu'ils exposèrent leur vie pour lui, Romains
16:4; c'est encore là qu'ils instruisirent Apollos dans la voie du Sauveur et
dans le baptême de Jésus, lui qui ne connaissait encore que le baptême de Jean.
Plus tard, ils retournèrent à Rome, où il paraît que l'édit de Claude était
tombé en désuétude, et nous voyons leur maison servir d'église à quelques
fidèles de la ville. Ils sont en tête de ceux auxquels saint Paul adresse des
salutations dans sa lettre aux Romains. Enfin ils revinrent en Asie et se
fixèrent de nouveau à Éphèse ou dans les environs: c'est là que nous les
trouvons pour la dernière fois. L'amitié qui les unit au grand apôtre ne se
démentit jamais, et Paul pressentant son prochain supplice, les mentionne
encore les premiers dans sa lettre testamentaire, lorsqu'il charge Timothée de
saluer les frères qui l'entourent, 2 Timothée 4:19.
Quelques auteurs, poussés par des principes ou
scrupules dogmatiques, attribuent à Aquilas, et non à saint Paul, le vœu dont
il est question. Actes 18:18; mais le contexte de la phrase ne permet pas cette
interprétation. C'est de Paul, et non point d'Aquilas, qu'il s'agit; c'est Paul
qui fait le voyage, et ses amis ne sont nommés qu'en passant. D'ailleurs
l'ensemble des principes et de la conduite de Paul nous prouve que cet apôtre,
si large avec les païens, ne laissait pas d'être encore Juif pour les Juifs, et
qu'il avait conservé de l'ancien culte quelques rites, quelques cérémonies
pieuses auxquelles il était toujours attaché.
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ARABIE,
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vaste contrée de l'Asie, à l'est et principalement au
sud du pays de Canaan. Sa plus grande longueur d'orient en occident est
d'environ 3,000 kilomètres, et du nord au midi de 2,500. Dans sa partie
septentrionale, à l'est de Canaan, l'Arabie n'a pas, à beaucoup près, la moitié
de ces dimensions. On évalue sa surface à cinq ou six fois celle de la France;
elle est bornée au sud par l'Océan indien, à l'ouest par la mer Rouge et
l'isthme de Suez, au nord-ouest et au nord par le pays de Canaan et par la
Syrie, à l'est par les montagnes de la Caldée et le golfe Persique. On la
divise communément en trois parties:
1. L'Arabie
Pétrée ou rocheuse, au nord-ouest. C'est maintenant la province d'Hedjaz: on y
trouve au sud-ouest les villes fameuses de La Mecque et de Médine, lieux de
pèlerinages chers aux mahométans. Cette contrée se divisait autrefois en pays
d'Édom, désert de Paran, pays de Cusan, etc., et il semble qu'on lui ait donné
le nom d'Arabie soit parce qu'elle est à l'occident de l'Asie, soit à cause du
mélange, à cause de la variété des tribus qui l'habitaient, soit enfin à cause
de la stérilité du pays, le mot Arabie pouvant signifier ces trois choses.
— On y trouvait Guérar, Kadès-Barné, Lakis, Béersébah
et le mont Sinaï.
2. L'Arabie
Déserte, en partie au sud de l'Arabie rocheuse, en partie s'étendant à l'est de
Canaan, comprenait les pays de Hammon, de Moab, de Madian, la contrée des
Ituréens, celle des Hagaréniens, et probablement aussi le pays de Huz: c'est là
qu'on trouve surtout ces affreux déserts qui font avec leurs caravanes légères
la réputation de l'Arabie; des hordes sauvages et quelques bêtes féroces, moins
redoutables pour les voyageurs, en sont les seuls habitants.
3. L'Arabie
Heureuse, au sud des deux premières; contrée délicieuse et fertile, riche en
parfums de toutes espèces. Selon quelques auteurs, la reine de Séba, aurait
étendu sa domination jusque-là.
Toutefois, et malgré tout ce qu'il peut y avoir de
tranché dans les différences qui séparent ces trois grandes provinces, elles ne
forment effectivement qu'un seul tout, un même pays, avec de fortes nuances,
mais avec une unité plus forte encore, et des caractères communs qui ne
permettent pas de les séparer. Le climat en est sec et chaud, l'ardent Simoun y
souffle presque continuellement, les nuits y sont fraîches, les sources rares,
les rivières peu abondantes, les montagnes nombreuses mais sans végétation;
quelques eaux souterraines, conduites avec art, et conservées avec soin par les
Arabes, donnent une grande fertilité aux oasis clairsemées dans les déserts. On
pêche les plus belles perles sur les côtes méridionales du golfe Persique. Le
climat, généralement salubre, rend cependant les ophthalmies fréquentes et
dangereuses. Des lions, des chacals, des hyènes, des panthères, des léopards
sont la plaie des troupeaux; les sauterelles sont la plaie des lieux herbeux et
des oasis; l'autruche nourrit quelquefois de ses œufs les voyageurs ou les
Bédouins. Le millet et les dattes sont la principale ressource contre la faim.
Les caféiers, l'aloès, l'acacia-gommier, l'encens, la manne, la myrrhe et le
séné se trouvent en abondance au midi du désert et sur les côtes. Les moutons
que l'Arabe nomade fait paître dans les plaines du Nedjed près de l'Yémen et
jusqu'à l'Euphrate, donnent leur lait et leur viande à ceux qui ne vivent pas
de pillage. Les chevaux arabes sont célèbres par leur beauté et la rapidité de
leur course; ils ont leurs généalogies, leurs titres de noblesse, leur histoire
et leurs rivalités. Enfin le chameau, la merveille du désert, l'idole de ses
maîtres, et le chef-d'œuvre de la création pour ces peuples abandonnés, leur
tient lieu de vaisseau pour traverser les sables; son poil les habille, son
lait et sa chair les nourrit; sa compagnie les charme, il aime la musique, il
dresse la tête au son du fifre ou du tambour; chargé de masses pesantes il fuit
avec la rapidité de la flèche, et transporte, sans se fatiguer, des familles,
des marchandises, ou des guerriers, ne demandant qu'une poignée de farine
toutes les vingt-quatre heures, et une source tous les huit jours; sa fiente
même sert à l'Arabe, et remplace le bois si rare et si coûteux. Enfin, près de
périr de soif au milieu des sables et des rochers, le maître tue son serviteur
et trouve encore, dans ses quatre estomacs, une source qui le rend à
l'existence. C'est ainsi que, par sa sobriété, son courage et ses nombreux
services, le chameau se fait pardonner sa laideur, et l'Arabe l'aime à l'égal
de ses nobles coursiers.
L'Arabe est passionné de la liberté; son gouvernement
est patriarcal, jamais il n'en a voulu d'autre, on n'a pu l'asservir. Mais les
querelles des tribus sont quelquefois sanglantes. Brigands entre eux, et
barbares pour les étrangers, ils sont hospitaliers pour celui qui vient
réclamer leur tente et leur pain mal cuit: leur ennemi le plus cruel peut
dormir en paix si quelque circonstance fortuite l'a amené sous le toit de celui
qui le hait; mais la vengeance relève la tête aussitôt que l'hôte est sorti de
la maison.
L'Arabie heureuse doit avoir été peuplée
essentiellement par la nombreuse famille de Joktam, descendant de Sem; les deux
autres Arabies furent d'abord habitées par les Réphaïms, les Émims, les
Zamzummims, les Hamalécites, les Horites, et autres descendants de Cus, l'aîné
des fils de Cam. Les Cusites en furent insensiblement dépossédés par la
postérité de Nacor, Lot et Abraham. Ismaël s'établit d'abord dans l'Hedjaz, et
fonda les douze puissantes tribus des Nabathéens, des Kédaréens, etc., Genèse
25:13-15, qui s'étendirent peu à peu de manière à occuper tout au moins les
contrées septentrionales du pays: les restes des Uzites, des Buzites, des
Hammonites, des Moabites, des Madianites, etc., s'incorporèrent à eux plus
tard.
Les anciens Arabes étaient adonnés à une grossière
idolâtrie: ils adoraient le soleil, la lune, les étoiles, et un grand nombre
d'anges et d'hommes qui, selon eux, s'étaient illustrés; ils rendaient même un
culte à de grandes pierres qui, dans l'origine, ne marquaient autre chose que
les emplacements où leurs ancêtres avaient servi le vrai Dieu, Genèse 28:18.
Les Perses introduisirent parmi eux la religion des mages, et les Juifs qui
fuyaient la fureur des Romains, firent plus tard, chez les Arabes, grand nombre
de prosélytes. Paul prêcha l'Évangile en Arabie, Galates 1:17, et l'on assure
que dix tribus embrassèrent la foi chrétienne dans le siècle des apôtres ou
dans le suivant. Mais depuis Mahomet, c'est-à-dire depuis 630 environ, les
Arabes ont généralement adhéré à l'islamisme.
— Voir: Ismaël.
— Torrent des Arabes.
— Voir: Saules.
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ARAIGNÉE.
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La toile de cet animal sert à marquer, Job 8:14,
combien est vaine et fragile la confiance de celui qui oublie le Dieu fort.
Ésaïe lui compare aussi les œuvres du méchant, 59:5.
— Quelques versions traduisent à tort le mot teigne,
Job 27:18, par araignée; et dans le passage, Proverbes 30:28, il ne s'agit pas
de l'araignée non plus, ainsi que nos versions le portent, mais d'une espèce de
lézards, peut-être venimeux, qui se trouvent en abondance dans les maisons,
même dans les plus belles, et qui se nourrissent de mouches et d'autres
insectes.
— Voir: Bochart, Hiéroz. II, 491.
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ARAM.
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1. Genèse
10:22 Un des enfants de Sem. C'est le nom que la Bible donne ordinairement à la
Syrie, mais il prend quelquefois une signification plus étendue: les
descendants d'Aram occupèrent non seulement la Syrie, mais encore les contrées
qui sont à l'orient jusqu'au-delà de l'Euphrate, dans la Mésopotamie, que la
Bible appelle Aram-Naharajim, Genèse 24:10 (dans l'hébreu), ou Paddan Aram,
25:20, ou encore Paddan tout simplement, 48:7. Parmi les différentes peuplades
ou tribus du pays d'Aram, nous remarquons l'Aram de Damas, 2 Samuel 8:6,
Mahaca, 1 Chroniques 19:6, la Syrie de Tsoba, 2 Samuel 10:8, Guésur, 2 Samuel
15:8, la Syrie de Beth-Réhob, 2 Samuel 10:6. C'est probablement encore dans la
même contrée qu'il faut chercher Hul, Genèse 10:23. La Syrie de Tsoba fut, sous
Saül et David, le plus puissant des États araméens.
— Voir: Hadadéser: sous Salomon ce fut Damas.
q.v. Quelques autres villes semblent avoir été situées
en Syrie, sans cependant qu'elles soient nommées araméennes, telles que Hamath,
Helbon, Ribla, Bethéden, Thadmor, etc., qu'on trouvera en leur lieu et place.
— On peut remarquer qu'Homère, Hésiode et Strabon
donnent aux Syriens le nom d'Araméens.
2. Fils
de Cémuel, et petit-fils de Na-cor, frère d'Abraham, Genèse 22:21. C'est lui qui,
d'après quelques auteurs, aurait été le père des Syriens; mais cela paraît peu
probable, car, du vivant d'Abraham déjà, le nom d'Aram est le nom d'un peuple
nombreux, Genèse 24:10; 25:20, dont l'origine doit par conséquent remonter bien
plus haut. Il est possible cependant que la postérité de cet Aram se soit
confondue plus tard avec celle du fils de Sem, et qu'il ait donné son nom à
l'une des nombreuses peuplades de la Syrie.
3. Aram
ou Ram, Ruth, 4:19; 1 Chroniques 2:10, père d'Aminadab, et arrière-petit-fils
de Juda; un des ancêtres de notre Sauveur. Matthieu 1:3; Luc 3:33. Du reste,
inconnu.
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ARARAT,
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pays d'Asie, Ésaïe 37:38; 2 Rois 19:37; Jérémie 51:27,
probablement une province de l'Arménie, extrêmement fertile, située entre le
fleuve Araxès et les lacs Van et Ormias. C'est aussi le nom de la montagne sur
laquelle l'arche s'arrêta, Genèse 8:4. Elle se trouve à l'extrémité d'une vaste
plaine, à l'est d'Érivan, et ressemble à un pain de sucre; sa hauteur est de
plus de 4,000 mètres; le voyageur Parrot qui doit en avoir fait l'ascension en
1829, lui donne 16,200 pieds, environ 1,500 pieds de plus qu'au Mont-Blanc. Sa
hauteur est évaluée, par l'Edinburgh Gazelteer, à 9,500 pieds; par Stieler
(édition de 1839), à 16,100; par d'autres, à 10, 11, 12, et 12,700. Rien de
plus incertain. On y trouve les traces d'un volcan éteint. La montagne conserve
encore aujourd'hui le nom d'Ararat, et l'on rencontre partout des traditions de
la descente de l'arche. Les Perses l'appellent Kuhi Nuach, montagne de Noé; au
pied se trouve un village nommé Tamanim (les huit) chiffre qui rappelle la
famille de Noé sauvée dans l'arche, et selon El-Matzim (Hist. Saracenorum) ce
serait Noé lui-même qui l'aurait construit.
— L'Ararat est couvert de neiges et de glaces
éternelles; son sommet est ordinairement enveloppé de nuages.
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ARAUNA, ou Ornan,
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2 Samuel 24:16-25, ou Ornan, 1 Chroniques 21:15,
Jébusien; il possédait en Morijah une aire à battre le blé. Quand David eut vu
l'ange de l'Éternel qui volait au-dessus de Jérusalem pour en détruire les
habitants à cause du dénombrement qu'il avait fait faire dans son orgueil, il apprit
de Cad le prophète qu'il devait élever un autel et offrir un sacrifice à
l'Éternel dans l'aire d'Arauna, que Dieu lui-même avait désignée. Le pieux
Jébusien, qui se cachait avec ses fils de devant la colère de l'Éternel, n'eut
pas plutôt appris ce que David demandait, qu'il lui offrit en pur don, et
l'aire, et le bois nécessaire pour le sacrifice, et même des bœufs pour servir
de victimes. Non, dit le roi, je n'offrirai point à l'Éternel, mon Dieu, des
holocaustes qui ne me coûtent rien; et il refusa d'aller plus avant, aussi
longtemps que le prix ne serait pas déterminé. Arauna vendit donc l'aire à
David, qui, pour les bœufs, lui donna 50 sicles d'argent (165 fr., 50 c.) et
pour le fonds de terre où l'aire était située, environ 600 sicles d'or, 23,844
fr. David offrit son sacrifice, et la plaie s'arrêta.
— Voir: Jébusiens.
Quant à Arauna lui-même, il parait qu'il était entré
de cœur dans le sein de l'Église et de, la nation juive, quoique Cananéen
d'origine, et il se montre bien digne, par son désintéressement et sa
générosité, de l'honneur que Dieu lui fit en choisissant son .domaine pour en
faire le théâtre de sa miséricorde envers les Juifs.
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ARRAH,
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inconnu; probablement un des plus célèbres d'entre les
enfants de Hanak. Il fonda la ville qui porte son nom, Kiriath-Arbah, ville
d'Arbah, Josué 15:13, laquelle reçut plus tard le nom d'Hébron: c'est tout ce
que nous savons de lui.
— Voir: Hébron. Géants.
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ARBÉ,
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Lévitique 11:22.
— Voir: Sauterelles.
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ARBRE.
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Les principaux arbres dont l'Écriture fasse mention sont
le sittim (acacia), le cèdre, le châtaigner, le cyprès, l'algummim, le chêne,
le tilleul, le frêne, l'orme, le buis, le sapin, l'olivier, le pommier, le
grenadier, le figuier, le sycomore, le mûrier, l'amandier: nous les
retrouverons à leur lettre.
— Voir: encore l'article Plantes.
Le Paradis renfermait toutes sortes d'arbres agréables
et utiles, dont les plus remarquables était l'arbre de la connaissance du bien
et du mal, et l'arbre de Vie. Le premier était ainsi nommé parce qu'il était
destiné à éprouver l'obéissance d'Adam, et parce qu'en mangeant de son fruit,
l'homme devait apprendre à connaître la différence entre le bien et le mal. Les
fruits du second étaient peut-être le moyen naturel dont Dieu voulait se servir
pour conserver intactes les forces physiques d'Adam s'il fût demeuré dans
l'obéissance; on ne peut douter du moins qu'il ne fût le signe de l'alliance de
Dieu avec notre premier père, comme l'arc-en-ciel le fut pour Noé, la
circoncision pour Abraham, et le baptême poulies fidèles, Christ étant l'arbre
de vie pour ceux qui croient en lui. Mais après la chute, et l'homme étant
maudit, l'arbre de l'immortalité n'était plus qu'un malheur pour Adam, et le
gage de malédictions éternelles: aussi Dieu lui en interdit l'usage et
l'éloigna du Paradis. Dieu lui promit ainsi la mort, qui devait être la fin de
ses souffrances, en même temps qu'il lui annonça la bonne nouvelle d'un fils
qui naîtrait de sa femme, et qui triompherait du serpent.
Quant à la nature de ces deux arbres, il est
impossible de rien avancer de sûr; les hypothèses n'ont pas manqué, mais ce ne
sont que des hypothèses plus ou moins hasardées. Nous sommes ici vis-à-vis de
mystères, et toutes les questions sur le pourquoi et le comment ne serviront à
rien, et sont de trop. Ce que Dieu n'a pas voulu révéler, nous n'avons pas
besoin de le savoir.
L'agriculture devant être une des principales
occupations des Hébreux, les arbres fruitiers avaient été dans la loi l'objet
de divers dispositions (— Voir: fruits), dont une des plus remarquables était
la défense faite aux Israélites de gâter ou détruire les arbres fruitiers des
villes ennemies dont ils faisaient le siège. Deutéronome 20:19.
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ARC,
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instrument de guerre, bien connu. Il consiste en une
branche de corne, de bois ou d'acier, qui, fortement ployée au moyen d'une
corde attachée à ses deux extrémités, repousse avec force en reprenant sa
première position la flèche placée sur la corde tendue. C'est une des plus
anciennes armes dont on ait fait usage, et on la retrouve chez les peuples les
plus barbares. Ismaël était déjà grand tireur d'arc, Genèse 21:20. Cependant
c'est des Philistins que les Hébreux paraissent avoir appris l'usage de cette
arme pour la guerre, mais ils ne s'en servirent guère que jusqu'aux temps de
David; cf. Genèse 27:3; 1 Samuel 31:3; 1 Rois 22:34; 2 Rois 13:45, etc. Le roi
Hosias en avait rempli ses arsenaux, 2 Chroniques 26:14. On y joignait souvent
l'épée, Genèse 48:22; 1 Samuel 18:4.
— Le mot arc est pris quelquefois dans un sens plus
général, pour armes. Psaumes 44:7.
— Jérémie, pour annoncer que la puissance d'un peuple
sera anéantie, dit que Dieu brisera son arc, 49:35, cf. Osée 1:5; et le
prophète Osée compare à un arc qui trompe les Israélites qui, au lieu de
prendre l'Éternel pour leur but, s'en sont détournés pour se diriger ailleurs.
— Arc-en-ciel, phénomène de la décomposition des
rayons du soleil par les nuages qui jouent dans ce cas le même rôle que le
prisme. Il en est parlé pour la première fois, Genèse 9:13, lorsque Noé sortit
de l'arche. Il est inutile d'examiner si la pluie existait ou non avant le
déluge, et si par conséquent l'arc-en-ciel ne fut qu'un symbole, un signe
choisi parmi les choses existantes, ou s'il fut en quelque sorte une garantie
physique donnée à Noé, prouvant que l'organisation actuelle de l'atmosphère ne
permettra plus un déluge nouveau. Le chrétien ne peut regarder l'arc-en-ciel
sans un sentiment de gratitude envers Dieu, et sans se rappeler que Dieu lui
renouvelle l'assurance de sa grâce et de sa miséricorde aussi souvent qu'il
fait paraître dans les airs ce brillant phénomène. C'est nous qui connaissons
vraiment le message de la paix, et qui pouvons à plus juste titre que les
païens appeler l'arc-en-ciel Iris deorum nuntia.
— Arc de triomphe; c'est ainsi que la Vulgate entend
le passage, 1 Samuel 15:12, où il est dit que Saül après la défaite des
Hamalécites se lit ériger un monument. L'hébreu porte une main: ce fut
peut-être une colonne, peut-être un simple monceau de pierre; il ne saurait
être question d'un arc de triomphe.
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ARCHANGE.
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Ce mot ne se rencontre que deux fois dans l'Écriture,
1 Thessaloniciens 4:16. Jude 9, et il signifie proprement prince, chef des
anges. Il n'est jamais parlé que d'un seul archange; l'apôtre Jude le nomme
Michel, nom qui se trouve déjà dans Daniel 12:1. (Micaël), et deux fois dans
l'Apocalypse, et qui signifie image de l'Éternel. Quelques-uns supposent
l'existence de plusieurs archanges, Gabriel, Raphaël, Uriel (la tradition juive
en compte sept); mais ils ne s'appuient sur aucun fait ni passage. Il paraît
beaucoup plus probable qu'il n'y en a qu'un seul qui est Christ lui-même. On
dérive ordinairement le nom d'archange du livre de Daniel, où Micaël est appelé
grand chef, et les rationalistes prétendent que les Juifs ont reçu cette
croyance des Caldéens; mais, sans nier que les Juifs envisagés comme peuple,
aient hérité des Caldéens quelques erreurs et quelques superstitions, nous
devons rejeter cette hypothèse pour ce qui regarde les auteurs bibliques; et
quant au nom de grand chef que Daniel emploie, nous le trouvons déjà chez
Josué, qui pour sur ne le tenait pas des Caldéens, sous une forme encore plus
développée, 5:13-14; c'est l'ange de l'Éternel qui porte ce nom, et qui se dit
être le chef de l'armée de l'Éternel,
— Voir: Micaël.
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ARCHE,
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1. de
Noé: c'est le vaisseau qui sauva ce patriarche et sa famille des eaux du
déluge. Il porte en hébreu le même nom que celui qui est donné au coffret de
jonc dans lequel Moïse fut placé par sa mère, Exode 2:3. On croit généralement
que Noé mit cent-vingt ans à construire l'arche, et qu'il y employa beaucoup
d'ouvriers; cependant c'est une erreur qui provient sans doute de Genèse 6:3.
Noé avait six cents ans quand le déluge vint sur la terre 7:6. Cent ans
auparavant, à l'âge de cinq cents ans, il n'avait pas encore d'enfant, 5:32;
or, quand Dieu lui ordonna de construire l'arche, il avait déjà trois fils, et
tous les trois mariés, ce qui suppose déjà, pour le temps d'alors, un âge assez
avancé, soixante à quatre-vingts ans, ou même davantage. Il n'y mit donc qu'une
vingtaine d'années tout au plus, et peut-être deux ou trois seulement;
d'ailleurs il n'est pas nécessaire de supposer un si long espace de temps, et
Dieu fut le principal architecte de l'arche dont Noé ne fut que l'ouvrier en
chef.
La forme de ce bâtiment était un grand carré long,
avec un fond plat, et un toit légèrement incliné; il n'avait ni voiles ni
cordages, et ses deux extrémités n'étaient point taillées de manière à fendre
les eaux; l'arche n'était point faite pour voguer, mais pour flotter seulement,
et pour surnager, et sa disposition offrait la plus grande résistance possible
aux courants et à l'agitation des eaux; elle n'aurait pu que très difficilement
se voir entraînée dans les mers, il ne faut pas oublier que l'Éternel lui-même
s'était chargé d'en être le pilote.
L'arche avait 300 coudées de long, 50 de large, et 30
de haut, c'est-à-dire environ 162 mètres de long, 27 de large, et 16m,20 de
haut, soit plus de 70,000 m, cubes; en sorte qu'elle était calculée de manière
à pouvoir porter plus de 80,000 tonneaux, soit 80,000,000 kilogrammes.
Elle était divisée en trois étages, le fond de comble
non compris, chacun desquels, déduction faite des planchers, devait avoir 4 à 5
mètres de hauteur, et se distribuait sans doute en un grand nombre de loges et
de compartiments. Il est à présumer aussi que ce bâtiment était construit de
manière à recevoir du jour et de l'air par les côtés, et qu'il y avait
par-dessus le toit quelque grande couverture en peau, qui, s'abattant par
devant les croisées, empêchait l'entrée de la pluie; mais cette circonstance,
comme tant d'autres qui regardent le détail de la construction, peut avoir été
passée sous silence. Ce serait en écartant cette espèce de contrevent que Noé
aurait reconnu la fin du déluge, 8:13.
Le grand cheval de bataille des incrédules contre
cette histoire miraculeuse, c'est l'impossibilité prétendue de loger dans
l'arche un aussi grand nombre d'animaux. Pour rendre l'objection plus forte, il
n'y a qu'à faire l'arche aussi petite, et le nombre des animaux aussi grand que
possible; mais il y a des limites à tout, même à la valeur des objections.
L'arche était un édifice immense, et tel qu'il n'y a guère de grand temple en
Europe qui présente une masse à lui comparer. Quant aux animaux, il est sûr,
puisque Dieu se proposait simplement d'en conserver les espèces différentes,
qu'il n'aura pas fait entrer dans l'arche des subdivisions de ces espèces,
provenant de croisements successifs, mais seulement les espèces primitives et
principales. Or, si l'on porte à 130 ou 140 le nombre des espèces bien
tranchées de quadrupèdes qui vivent sur la terre, à 160 celui des oiseaux, et à
30 ou 40 celui des reptiles qui n'ont pu se réfugier sous le sol et y demeurer
dans un état d'engourdissement, comme cela peut avoir eu lieu pour les
serpents, l'arche se trouverait avoir été plus que suffisante pour contenir
tous les animaux qui durent y entrer, avec la nourriture nécessaire à tous
pendant une année. D'ailleurs, s'il y a de gros animaux, il ne sont pas tous
gros: on n'en connaît que six espèces plus grandes que le cheval; il y en a peu
qui soient aussi grandes, et il y en a un fort grand nombre qui sont au-dessous
de la brebis. Le premier étage à lui seul aurait reçu tous les quadrupèdes; au
second aurait été leur nourriture; et le troisième présente assez d'espace pour
loger les oiseaux et les reptiles, puis Noé et sa famille avec les provisions
nécessaires. Des calculs très détaillés et très exacts ont amené là-dessus les
résultats les plus satisfaisants, qu'il n'est pas difficile de vérifier. En
outre, la position particulière et tout exceptionnelle où se trouvaient les
animaux, aura influé sur leurs rapports entre eux (rapports du reste que nous
ne connaissons pas pour les temps antédiluviens), comme aussi sur leurs
rapports avec l'homme, de manière à faciliter beaucoup les soins qu'on était
obligé de leur donner. On objecte de même souvent, qu'à cette époque peu
avancée de l'industrie, il était presque impossible de construire un bâtiment
d'une telle grandeur, et de le mettre en état de résister aux vagues de l'Océan
universel. Mais l'antiquité tout entière, même la plus reculée, a pris soin de
répondre à cette objection. L'industrie s'est développée bien longtemps avant
le commerce, presque en même temps que l'agriculture, et nous possédons dans
les pyramides, et dans les ruines les plus anciennes des pays classiques, le
témoignage irréfutable d'un vaste esprit d'entreprises, et d'une connaissance
étonnante et profonde de la mécanique et des autres arts, chez les hommes des
siècles passés. Le grand temple de l'Inde percé dans une montagne, et le mur de
la Chine, sont d'ailleurs des travaux bien autrement gigantesques, et Dieu n'en
a pas été l'architecte et l'ordonnateur, comme il le fut de l'arche destinée à
faire surnager ses huit sur le chaos et les débris d'un monde qui allait cesser
d'être.
L'arche fut faite de bois de gopher (q.v.), et Noé
l'enduisit de bitume. Après qu'elle eut vogué pendant cinq mois environ, elle
s'arrêta sur le mont Ararat en Arménie.
— Voir: Déluge.
— Sermons de Rochat, etc.
2. Arche
de l'alliance. Le mot hébreu que nos traductions rendent par Arche, Exode 37:1,
et ailleurs, n'est pas le même que celui qui désigne le vaisseau de Noé.
L'arche de l'alliance était un coffret de bois de sittim, d'environ 1m,62 de
longueur, large de 1m,08, et profond d'autant. Il était garni de plaques d'or
pur en dehors et en dedans; il avait en dehors une corniche également d'or, et
il était recouvert d'une table en or massif appelé le couvercle ou le
propitiatoire, sur lequel se tenaient deux chérubins. Ils étaient l'un
vis-à-vis de l'autre, regardant le propitiatoire qu'ils couvraient de leurs
ailes; c'est du milieu d'eux que l'Éternel rendait ses oracles, Exode 25:22;
Nombres 7:89; cf. 2 Rois 19:15; Psaumes 80:1, et qu'il manifestait visiblement
sa gloire et sa présence. Dans l'arche se trouvaient la cruche d'or avec la
manne, la verge d'Aaron qui avait fleuri, et les tables de l'alliance, Hébreux
9:4. Elle était placée dans le lieu très saint, et au grand jour des expiations,
le souverain sacrificateur venait et répandait sur le propitiatoire le sang des
victimes immolées. Il est facile de voir que ce coffret mystérieux était un
type de notre Seigneur Jésus-Christ: c'est lui qui a réellement magnifié la loi
de Dieu, tout en faisant propitiation pour nos péchés; il est notre alliance
avec le Saint des saints, et c'est en lui qu'a brillé toute la gloire du Père.
Maintenant qu'est-elle devenue, cette arche de
l'alliance? On n'en sait rien et l'on n'a pas besoin de le savoir, puisque la
présence de notre Dieu n'est plus attachée à aucune chose périssable, mais que
nous pouvons le trouver partout où nous sommes avec un cœur pur et des mains
nettes. Toutefois, voici quelques mots sur les traditions relatives au sort
final de cet ustensile sacré qui fut si longtemps, pour les Juifs, l'objet de
leur juste vénération. D'après 2 Maccabées 2:4; et sq., Jérémie aurait caché
l'arche dans une caverne de la montagne où Moïse était monté peu avant sa mort
(Pisga), afin que personne ne la pût trouver jusqu'au jour où le Seigneur
rassemblerait de nouveau son peuple. Théophylacte, Épiphane et le rabbin Joseph
Ben-Gorion racontent la même histoire, mais sur la foi de ce même témoignage,
de sorte qu'il n'y a qu'une seule source pour cette tradition. Toutefois, en
l'absence d'autres données, celle-là pourrait avoir quelque poids. La Bible
n'en dit plus rien. Lorsque Cyrus rendit à Esdras, Esdras 1:7, les vases que
Nébucadnetsar avait emportés, nous n'y trouvons pas un mot sur l'arche; les
Juifs sont d'accord pour dire qu'elle ne se trouvait pas dans le second temple,
et lorsque Flavius Josèphe (Bell. jud.) énumère les objets qui ont été emmenés
par Titus triomphant, il nomme la table d'or, le candélabre et la loi; et sur
l'arc de Titus dont on admire encore les restes bien conservés, on no trouve
parmi les dépouilles du temple que le candélabre et la table. Tout cela prouve
assez clairement qu'au retour de la captivité, l'arche d'alliance n'existait
plus pour les Juifs. Quelques rabbins s'appuyant sur 2 Chroniques 36:10, ou sur
2 Rois 20:17; et 24:13, prétendent qu'elle fut détruite et emmenée à Babylone
avec les autres trésors du palais et du temple; cependant il est peu probable
qu'elle soit tombée entre les mains des Caldéens, car on ne saurait comprendre
pourquoi il n'est jamais parlé de ce monument précieux, ni dans le récit des
choses emmenées, ni dans la liste des effets rendus à Esdras.
Selon d'autres, elle aurait été détruite lors de la
ruine de Babylone, ou par accident, ou à dessein; car, d'après Ésaïe 37:19, les
Assyriens avaient coutume de jeter au feu les dieux des nations vaincues. Aucun
auteur juif n'admet cette supposition; les chrétiens au contraire l'ont presque
tous acceptée en se fondant sur Jérémie 3:16: dans ce passage le prophète
exprime en effet l'idée que, dans les temps à venir, l'arche ne sera plus
honorée comme le seul trône de l'Éternel; mais il parle par opposition à la
vénération superstitieuse que les Juifs de son temps, après la réformation de
Josias, avaient pour les objets visibles de leur culte, et il veut dire qu'un
temps viendra où le véritable temple de l'Éternel sera dans les cœurs de son
peuple: ce passage ne peut donc pas s'entendre à la lettre.
Il ne reste plus maintenant que la troisième
supposition, c'est que l'arche ait été cachée. C'est la supposition des Juifs:
ils sont, à peu d'exceptions près, d'accord sur ce point. Selon eux, Josias,
averti des maux qui allaient fondre sur le peuple de Dieu, 2 Chroniques 34:24,
cacha l'arche dans l'intérieur de la montagne, au-dessous du temple, dans une
retraite préparée déjà par Salomon pour cet effet. Ils allèguent 2 Chroniques
35:3, qui semblerait prouver le contraire de ce que les Juifs prétendent; mais
ils l'expliquent en disant que l'ordre même qui est donné de remettre l'arche à
sa place, indique qu'elle n'y avait pas été sous le règne de l'impie
prédécesseur de Josias, et qu'elle avait été probablement mise en lieu de
sûreté. Conséquents avec eux-mêmes, ils espèrent que le temps viendra où, par
une direction providentielle, l'arche sera retrouvée, et rendue au peuple de
retour dans la terre promise.
Quant à nous, ce qui nous paraît à la fois le plus
probable et le plus simple, c'est que les sacrificateurs, sachant que la
captivité ne devait durer que soixante et dix ans, auront mis de côté les
monuments les plus précieux de leur culte, et que Jérémie le prophète, en
réponse peut-être à une demande qui lui aura été adressée par le sacrificateur,
aura indiqué le moment précis où devait avoir lieu l'invasion: on l'aurait
ainsi prévenue en se hâtant d'enfouir quelques-uns des vases sacrés. Puis au
retour de l'exil, les Juifs, toujours entourés d'ennemis et de difficultés de
tout genre, auront voulu attendre des temps meilleurs et l'érection du second
temple, avant de sortir de leur retraite ces monuments ensevelis, et à force de
délais on aura perdu la connaissance exacte des détails et de l'emplacement; il
n'en sera plus resté qu'une tradition vague et peu solide, appuyée, comme
toujours, sur un fond de vérité, mais amplifiée et défigurée par de curieuses
conjectures rabbiniques, ou par l'imagination des poètes.
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ARCHÉLAUS,
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fils d'Hérode le Grand, par la samaritaine Malthace,
sa cinquième femme. Ce fut le plus cruel et le plus sanguinaire des fils
d'Hérode. Celui-ci, après avoir fait mourir ses fils Alexandre, Aristobule et
Antipater, et après avoir interdit à Hérode Antipas toutes prétentions au
trône, s'établit pour successeur Archélaüs, en réservant toutefois l'agrément
de l'empereur. Le peuple et l'armée parurent satisfaits du choix d'Hérode, et
prêtèrent à Archélaüs le serment de fidélité. Le nouveau monarque fit à son
père de magnifiques obsèques, solennisa un deuil de sept jours, et fit de
grandes réjouissances populaires. Ayant rassemblé la multitude dans les cours
du temple, il promit de gouverner avec douceur et de ne prendre le titre de roi
qu'après qu'il en aurait obtenu de Rome la permission. Peu de temps après, la
populace se réunit tumultueusement, demandant la mort d'un homme parles
conseils duquel Hérode avait, fait exécuter un Juif zélé, qui avait arraché des
portes du temple l'aigle d'or qu'on y avait placée. Le peuple demandait en
outre que Joazas fût dépouillé de la souveraine sacrificature, et il maudissait
la mémoire d'Hérode le Grand. Pour se venger de ces insultes, Archélaüs envoya
ses troupes contre la multitude, et massacra 3,000 hommes sur le lieu même du
rassemblement près du temple. Tout cela se passait l'année même de la naissance
de notre Sauveur.
Cependant Archélaüs ne tarda pas à partir pour Rome,
pour y solliciter la confirmation du testament de son père, tandis que de son
côté, Hérode Antipas demandait qu'un testament antérieur, qui le faisait
héritier, fût seul déclaré valide, comme ayant été écrit dans un moment où leur
père jouissait mieux de toutes ses facultés. Auguste, ayant entendu les
parties, ajourna la sentence. D'autre part, la nation juive pétitionnait auprès
de l'empereur pour que les prétentions de la famille d'Hérode tout entière,
fussent écartées, et que la Judée fut annexée à la Syrie comme province
romaine. Après un délai de quelques jours, l'empereur investit Archélaüs d'une
partie des domaines de son père, avec le titre d'Ethnarque ou chef du peuple,
lui promettant la couronne s'il la méritait par sa conduite. À son retour en
Judée, Archélaüs déposa Joazas de sa charge, sous prétexte qu'il avait excité
des séditions parmi le peuple, et le remplaça par Éléazar, frère de Joazas.
Mais, au bout de sept ans, les Juifs et les Samaritains, fatigués de ses
violences et de sa tyrannie, le dénoncèrent à l'empereur. Contraint de
comparaître, il se rendit à Rome, fut condamné à l'exil, et finit ses jours à
Vienne en Dauphiné.
— Ce fut le caractère cruel de ce prince qui détourna
Joseph et Marie de résider en Judée avec le petit enfant Jésus, Matthieu
2:22-23.
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ARCHERS,
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guerriers ou chasseurs se servant d'arcs. Avant
l'invention des armes à feu, l'usage de l'are était presque universel, et il
remonte à la plus haute antiquité, Genèse 21:20; Jérémie 51:3. Les archers qui
avaient donné beaucoup d'amertume à Joseph et qui avaient tiré contre lui,
Genèse 49:23, signifient ses ennemis, savoir ses frères et la femme de
Potiphar. Les archers de Dieu dont parle Job 16:13, étaient les afflictions et
les terreurs qui étaient venues fondre sur lui, et qui avaient produit sur son
âme des effets tels que feraient des flèches empoisonnées.
— Les Benjamites passaient pour excellents archers, 1
Chroniques 8:39-40; 2 Chroniques 14:8; 17:17, de même que les Philistins, 1
Samuel, 31:3, et les Hélamites, Ésaïe 22:6; Jérémie 49:35; Ézéchiel 32:24.
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ARCHIPPE,
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ministre du saint Évangile à Colosses. Les membres de
cette Église sont invités par Paul à exciter leur pasteur à la diligence et au
courage dans l'œuvre de son maître, Colossiens 4:17. Paul le salue dans sa
lettre à Philémon, verset 2.
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ARÉOPAGE,
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Actes 17:19. Tribunal suprême des Athéniens, célèbre
par la justice de ses sentences. Institué par Solon comme cour de judicature,
il fut dans la suite élevé au rang d'un conseil d'État, puis dépouillé de
nouveau d'une partie de ses attributions par Périclès, puis encore réintégré
dans ses droits après la chute des trente tyrans. Présidés par l'archonte, ils
jugeaient les causes de meurtre, de blessures graves, d'incendie,
d'empoisonnement, et toute atteinte au respect dû aux dieux de la patrie.
L'aréopage tirait son nom de la colline, ou du faubourg où il tenait ses
séances, lequel était consacré au dieu Mars (Ares), et qui s'élevait, dans Athènes,
à l'ouest de l'Acropolis, citadelle séparée de la ville basse par une muraille.
C'est du haut de cette colline (et non point devant des juges, mais devant le
peuple) que saint Paul adressa la parole aux philosophes épicuriens et
stoïciens qui avaient désiré de l'entendre.
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ARÉTAS
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(vertueux). Il y eut sous ce nom plusieurs petits rois
qui régnèrent à l'est de Canaan, vers les frontières de l'Arabie, sur le pays
de Ghassan. Mais l'Écriture ne parle que de celui qui succéda à Obodas, et qui
fut le beau-père d'Hérode Antipas. Son gendre, amoureux d'Hérodias, femme
d'Hérode son frère, et ayant poussé sa première femme à demander une
séparation, Arétas, père de l'épouse congédiée, résolut de la venger.
À ce grief vinrent encore s'ajouter quelques
contestations à propos des frontières des deux États; la guerre commença,
l'armée d'Hérode fut entièrement battue. Hérode s'en plaignit à Rome, et
Vitellius fut chargé de punir l'Arabe; mais ayant appris la mort de Tibère (37
après J.-C.), il fit rentrer ses troupes en quartier d'hiver. C'est vers cette
époque qu'Arétas doit avoir occupé Damas et y avoir placé l'ethnarque dont il
est question 2 Corinthiens 11:32; cf. Actes 9:24. Plus tard un intrigant, nommé
Syllæus, essaya de nouveau de perdre Arétas dans l'esprit de l'empereur, qui,
ayant démasqué le traître, confirma solennellement le roi de Ghassan dans son
autorité.
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ARGENT.
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Il ne paraît pas que ce métal ait été en usage avant
le déluge; du moins les seuls métaux mentionnés dans la Bible jusqu'à cette
époque sont le cuivre et le fer, Genèse 4:22. Mais dès le temps d'Abraham nous
le voyons employé pour le commerce et les arts: Joseph avait une coupe
d'argent, 44:2,8, et les Égyptiens avaient des vases et autres ustensiles du
même métal, Exode 12:35; Nombres 7:13; 10:2. Comme monnaie, les patriarches
s'en servaient déjà, Genèse 20:16; 23:16, il n'était pas frappé au coin, mais
on l'estimait au poids en morceaux ou lingots, selon qu'il était plus ou moins
pur. À l'époque même de la destruction de Jérusalem par les Babyloniens, nous
voyons le prophète Jérémie acheter le champ de son cousin Hanaméel, et lui peser
17 sicles d'argent (198 grammes) en échange, Jérémie 32:9. Plusieurs passages
nous autorisent à penser que l'exploitation de ce métal, et l'art de le
raffiner et de le travailler, étaient connus des Israélites; cf. Job 28:1;
Psaumes 12:7; 66:10; Proverbes 10:20; 17:3; 27:21; Ézéchiel 22:22; Zacharie
13:9; 1 Chroniques 29:4, et ailleurs. Les Phéniciens, ces rois du commerce
d'alors, tiraient surtout l'argent de l'Espagne, et l'apportaient en lingots,
Ézéchiel 27:12, ou en plaques, Jérémie 10:9.
Le nom hébreu de ce métal (kèseph) signifie pâle, et
dérive d'un verbe qui signifie être pâle, languir après quelque chose d'aimé.
C'est pour cela sans doute que chez eux l'argent a été regardé comme le symbole
de la charité.
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ARGOB.
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1. Contrée
de Basan, appartenant à la demi-tribu de Manassé; elle était extrêmement
fertile, surtout en oliviers, et contenait soixante villes fermées, que Jaïr,
fils de Makir, répara et qu'il appela de son nom bourgs de Jaïr. Cette contrée
se nommait sans doute Argob, du nom de sa capitale, ou de celui de quelque
Amorrhéen célèbre auquel elle aurait autrefois appartenu, Deutéronome 3:4,14; 1
Rois 4:13.
2. Argob
et Arié, inconnus. Leur nom ne se trouve que 2 Rois 15, 25, mentionné à propos
de la conspiration de Pékach, dont on ne sait pas s'ils furent les complices ou
les victimes: la phrase dans l'original, comme dans nos traductions, permet
l'une et l'autre interprétation, mais favoriserait davantage l'idée qu'ils
succombèrent dans la défense d'Hazaria leur roi.
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ARIÉ,
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— Voir: Argob.
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ARIEL,
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Ésaïe 29:1, mot composé qui peut signifier lion de
Dieu ou foyer de Dieu; cette dernière signification se justifie davantage par
la comparaison de Ézéchiel 43:15-16. (Hariel est mis par erreur), où le
prophète donne ce nom à l'autel des holocaustes. C'est un nom prophétique et
symbolique de la ville de Jérusalem, la ville forte et vaillante qui doit être
le foyer et l'autel de Jéhovah. Dans le premier sens, l'allusion porterait sur
la force de ses moyens de défense dans la guerre.
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ARIMATHÉE,
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ville de Judée, que quelques écrivains pensent être la
même que Ramathajim Tsophim, 1 Samuel 1:1, la patrie de Samuel le prophète,
dans le voisinage de Béthel. Suivant Clarke et Buckingham, Arimathée est sur la
route de Jérusalem à Joppe, à l'extrémité d'une vaste et fertile plaine, à 50
kilomètres environ nord-ouest de Jérusalem. C'est dans cette ville que
demeurait l'honorable conseiller juif qui demanda la permission d'ensevelir
Jésus dans un sépulcre neuf qui lui appartenait. Matthieu 27:57; Luc 23:50.
— Voir: Rama.
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ARIOC ou Arjoc.
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1. Roi
d'Ellasar, un des alliés de Kédor-Lahomer, Genèse 14,1. Du reste, inconnu.
2. Capitaine
des gardes de Nébucadnetsar qui reçut l'ordre de faire périr tous les sages de
Babylone. À la demande de Daniel, il suspendit l'exécution et introduisit ce
prophète devant le roi, pour lui révéler le songe qui l'inquiétait, et lui en
donner l'explication, Daniel 2:14.
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ARISTARQUE,
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natif de Thessalonique, un zélé chrétien qui
accompagna Paul à Éphèse, et faillit perdre la vie dans le tumulte qu'excita
l'orfèvre Démétrius. Il suivit Paul en Grèce, de là en Asie, puis à Jérusalem;
on dit qu'il fut mis à mort dans la capitale de l'Empire, en même temps que
l'Apôtre. Actes 19:29; 20:4; 27:2; Colossiens 4:10.
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ARISTOBULE
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passe pour avoir été frère de Barnabas et l'un des
soixante et dix disciples; on dit même qu'il prêcha l'Évangile en Angleterre
avec de grands succès. Mais en réalité l'on ne sait rien de positif sur son
compte; on ne sait pas même s'il fut chrétien, puisque ce n'est pas lui mais sa
famille ou ses serviteurs que saint Paul salue Romains 16:10.
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ARJOC,
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— Voir: Arioc.
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ARKÉVIENS,
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Esdras 4:9, peuplade issue probablement de Érec,
Genèse 10:10, q.v.
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ARKIEN, et Arkite,
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Josué 16:2,4, (et Arkite, 2 Samuel 15:32) Arki était
une ville de la tribu d'Éphraïm, près de Béthel: peut-être faut-il joindre à ce
nom celui de Hataroth qui suit, de sorte que ce serait le même endroit que
Hatroth-Addar au verset 5.
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ARMAGEDDON,
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Apocalypse 16:16. Ce mot semble dérivé de Méguiddo, la
plaine où Barac, avec 10,000 hommes découragés et presque sans armes, mit en
déroute la formidable armée des Cananéens, Juges 4 et 5, et où le pieux roi
Josias fut blessé à mort dans la bataille contre Néco, roi d'Égypte, 2
Chroniques 35:22. C'est le nom hébreu donné par saint Jean au lieu qui sera le
théâtre de la destruction des troupes ennemies sous la sixième fiole. Sera-ce
en Italie, en Judée, ou dans les deux contrées à la fois, ou ailleurs? C'est ce
qu'il n'est pas possible de déterminer; le sens littéral est préférable. Il s’agit plutôt ici d’une guerre
spirituelle entre la souveraineté de l’homme et la Souveraineté de Dieu, plus
particulièrement entre le salut par les œuvres et le salut par la grâce seule.
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ARMÉES.
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Les plus nombreuses armées dont il soit parlé dans la
Bible, sont celles de Zérah, forte d'un million d'hommes et plus, 2 Chroniques
14:9, celle de Jéroboam, de 800,000 hommes (ib. 13, 3), celle d'Abija, 400,000
hommes (ibid.), et enfin celle de Josaphat, qui se composait d'environ
1,200,000 combattants (17:14-18). Un nombre aussi considérable d'hommes, levés
sur un espace de terrain assez peu étendu, peut sembler étonnant; mais il faut
se rappeler que ces armées ne se composaient pas de troupes régulièrement
organisées, soudoyées et entretenues par leurs gouvernements: ce n'étaient que
des levées en masse dans lesquelles se rencontraient tous les Israélites en
état de porter les armes, vieillards ou jeunes gens, riches ou pauvres, hommes
de toutes classes, espèces d'armées semblables à celles que Xercès lança sur la
Grèce, semblables encore à celles du turc Bajazet, du tartare Tamerlan, ou aux
armées ecclésiastiques des croisés du moyen âge. Après la guerre, chacun de
ceux qui en revenaient reprenait son métier et le cours interrompu de ses
occupations. Il va d'ailleurs sans dire que les chiffres indiqués plus haut ne
sont, avec toute l'exactitude désirable, que des nombres ronds tels que nous
les marquerions nous-mêmes en pareils cas.
— Voir: Nombres.
Avant le règne de David, les Israélites ne
combattaient qu'à pied, et chaque soldat portait ses vivres avec lui. La
plupart de ses successeurs n'eurent que des gardes du corps, et toute leur
armée se composait de milices. Lorsque les Hébreux étaient à la veille d'une
bataille, il se faisait une proclamation par laquelle étaient invités à se
retirer tous ceux qui avaient nouvellement bâti une maison ou planté une vigne,
ceux qui étant fiancés n'étaient pas encore mariés, et tous ceux qui se
laissaient influencer par la peur, Deutéronome 20:5-8; puis les sacrificateurs
sonnaient de la trompette et exhortaient ceux qui étaient demeurés à se confier
dans l'assistance du Seigneur (ibid.).
Les Hébreux sont souvent représentés comme l'armée de
l'Éternel, ils marchaient sous ses ordres, lui-même étant leur prince et leur
général; quelquefois il désignait leurs chefs et traçaient leurs plans de
campagne; les ministres de ses autels étaient chargés de donner le signal du
combat, Josué 5:14. Daniel 8:10-11. Les anges, les ministres, les hommes zélés,
les astres, les sauterelles, les troupes romaines, et en général toutes les
créatures composent la grande armée du Seigneur; il s'en sert pour la défense
de son peuple et pour l'extermination de ses ennemis: toujours elles sont
prêtes à obéir à ses commandements, Psaumes 103:21; 68:12; Daniel 4:25; Joël
2:7,25; Matthieu 22:7. L'armée des cieux et toutes ces brillantes étoiles du
firmament appartiennent au suprême Créateur de toutes choses, qui est appelé
l'Éternel des armées, le Dieu des cieux et de la terre, parce que sa puissance
s'étend sur toutes choses: il commande, et ils obéissent. Le nom de l'Éternel
des armées, qui ne paraît jamais dans le Pentateuque ni dans les Juges, est
très fréquemment employé par Ésaïe, Jérémie, Zacharie et Malachie; on trouve
encore: Éternel, Dieu des armées, Psaumes 59:5, et le Seigneur, l'Éternel des
armées, Ésaïe 10:16. Les armées désignent dans cette locution les puissances
célestes et spirituelles, essentiellement les anges, par opposition aux choses
de la terre.
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ARMÉNIE,
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contrée d'Asie, bornée au nord par la Colchide et
l'Ibérie, à l'est par la Médie, au sud par la Mésopotamie, à l'ouest par la
Cappadoce, enfin au sud-ouest par l'Euphrate et par la Syrie. Elle fut conquise
par Astyage le Mède, qui lui laissa ses propres rois tout en se la rendant
tributaire. Sous Cyrus, elle devint une simple province de la Perse, dont elle
continua de faire partie jusqu'au moment de la conquête de l'empire par
Alexandre. Après lui, elle échut en partage aux rois de Syrie, qui la
possédèrent jusqu'à Antiochus le Grand, sous le règne duquel cette province se
révolta et se partagea en deux royaumes, la grande et la petite Arménie.
Environ cinquante ans avant Christ, elle tomba au pouvoir des Romains, auxquels
les Arabes ou Sarrasins l'enlevèrent du temps de Justin II, empereur d'Orient;
cinquante ans après, elle fut envahie par les Tartares; en 1472 elle fut
annexée derechef à l'empire perse, jusqu'à l'an 1522, où elle fut conquise par
les Turcs dont elle est encore, en majeure partie, la propriété.
Le christianisme pénétra de bonne heure dans cette
contrée, et il y est encore professé. Les Arméniens font un commerce très
étendu avec l'Inde, la Perse et la Turquie, où ils ont des établissements.
L'Arménie est un pays de montagnes; les hivers y sont
très froids; mais en été, et dans les vallées surtout, la température y est
extrêmement élevée.
Elle ne se trouve nulle part mentionnée dans la Bible
sous le nom même d'Arménie, mais on croit qu'elle est désignée en divers
passages par les mots de Ararat, Genèse 8:4, de Thogarma, 10:3, et de Minni,
Jérémie 51:27:
— Voir: ces articles.
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ARMES.
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On trouve, en général, employées chez les Hébreux les
mêmes armes que chez les autres nations d'alors, 1 Samuel 17:5; sq. 2
Chroniques 26:14; Néhémie 4:13,16; mais il est difficile de rien préciser ni
sur la forme de ces armes, ni sur les matières dont elles étaient faites. On
distinguait:
1. Parmi
les armes défensives,
a. le
bouclier;
b. le
casque, 2 Chroniques 26:14; Jérémie 46:4; cf. Éphésiens 6:17; d'airain, 1
Samuel 17:5,38;
c. la
cuirasse, qui recouvrait le ventre et la poitrine, 1 Samuel 17:38; Néhémie
4:16; 2 Chroniques 26:14, ordinairement d'airain, et souvent de lames d'airain
disposées en écailles. Pour blesser un guerrier cuirassé, il fallait
l'atteindre à l'endroit des jointures et de l'agencement des deux pièces
principales de la cuirasse, cf. 1 Rois 22:34.
d. Les
jambières: espèce de bottés destinées à couvrir l'os de la jambe, aussi
d'airain, 1 Samuel 17:6; elles étaient fréquemment employées par les guerriers
de l'antiquité, Iliade 7, 42. Énéide 11, 777.
e. Il
est encore parlé, Ésaïe 9:4, suivant quelques traductions, d'une espèce de
soulier militaire, ou bottine de cuir (lat. caliga) garnie de fortes pointes;
c'est le mot que nos versions rendent par tumulte.
2. Armes
offensives,
a. L'épée,
qu'on ceignait autour du corps avec une ceinture de cuir; les Juifs, comme
l'infanterie romaine, portaient l'épée du côté gauche: on a voulu prouver le
contraire par l'histoire d'Ehud, Juges 3:16,21, mais l'historien fait
précisément remarquer l'exception dans le fait de ce guerrier qui était
gaucher, verset 15. L'épée se mettait dans un fourreau, 1 Samuel 17:51; 1
Chroniques 21:27; souvent elle était à deux tranchants, Juges 3:16; Proverbes
5:4; cf. Hébreux 4:12.
b. La
lance, hallebarde ou javelot, dont, parfois, on se servait pour le combat corps
à corps, et qui, d'autres fois, se lançait contre l'ennemi: ce dernier cas
était le plus rare, 1 Samuel 19:10; 20:33. La hampe était ordinairement de bois
et se terminait par une pointe de fer ou d'airain, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel
21:16,19. Nahum 2:3. (dans ce passage le mot traduit par sapin se rapporte à la
hampe de la lance, le contexte le prouve suffisamment),
c. L'arc
(q.v.) avec ses flèches.
d. La
fronde, e. On peut croire, enfin, qu'il s'agit encore d'une hache d'armes,
Psaumes 35:3 (au lieu de lance), et d'un marteau de guerre, Proverbes 25:18;
mais ce n'est pas très clair.
Quant à l'usage des anciens d'ensevelir avec un
guerrier les armes dont il se servait pendant sa vie, on peut en trouver une
trace Ézéchiel 32:27. On suspendait volontiers dans les temples, ou bien on
brûlait par morceaux, les armes prises sur l'ennemi, Ézéchiel 39:9. (Ésaïe
9:3?) Il parait que les rois d'Israël avaient des arsenaux; du moins, nous
voyons que David, Cantique 4:4, Salomon, 2 Chroniques 9:16; Roboam, 11:12,
Hosias, 26:14, et Ézéchias, Ésaïe 39:2, en avaient. Le temple lui-même servit à
ces dépôts, 1 Samuel 21:9; 2 Chroniques 23:9.
Les armes de Dieu sont, dans un certain sens, tous les
moyens que le Seigneur emploie pour défendre son peuple et le faire triompher
de ses ennemis; dans un autre sens, ces armes sont les secours mêmes qu'il
prête aux fidèles, pour combattre le bon combat de la foi contre le péché, le
monde et Satan. Psaumes 35:2; Éphésiens 6:11-20.
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ARMONI, et Méphiboseth,
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fils de Saül et de Ritspa, et Méphiboseth, son frère
(qu'il ne faut pas confondre avec le fils de Jonathan), furent livrés par
David, de même que cinq de leurs neveux, fils de Mical, aux Gabaonites, qui les
mirent à mort, pour expier les crimes de Saül à l'égard de cette peuplade, 2
Samuel 21:1,8; ils furent exposés en croix sur une colline.
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ARNON,
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rivière ou torrent dont il est fréquemment parlé dans
l'Écriture, Nombres 21:13; 22:36; Deutéronome 2:24,36; 3:8,12; 4:48; Josué
12:1-2; 13:15-16; Juges 11:18; Ésaïe 16:2; Jérémie 48:20. Il prend sa source
dans les plaines du plateau de Galaad, brise la chaîne des hauteurs qui
limitent le désert, coule au sud-ouest dans un étroit et sombre ravin, au
milieu de vastes et fertiles plaines, le long de la frontière de Moab, et se
jette dans la mer Morte. Bamoth-Arnon, Nombres 21:28, est le nom propre d'une
petite ville maintenant inconnue, ou bien il doit se traduire les hauteurs
d'Arnon, ce qui se rapporterait aux rives escarpées et rocheuses du fleuve.
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ARPACSAD ou Arphaxad,
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(qui guérit), Genèse 11:10-13; 10:22; 1 Chroniques
1:17; ou Arphaxad, Luc 3:36, fils de Sem, naquit deux ans après le déluge;
c'est de lui qu'Abraham descendait par Sélah, à la septième génération. Il
mourut l'an 1916 avant J.-C., âgé de quatre cent trente ans. Abraham était
alors déjà en Canaan, et séparé de Lot depuis une année environ.
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ARPAD,
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ville de Syrie, probablement voisine de celle de
Hamath avec laquelle elle est presque toujours nommée. Quelques-uns la
confondent avec Arvad en Phénicie, mais il est plus probable que c'est l'Arphas
de Flavius Josèphe, située au nord-est de Bassan. 2 Rois 18:34; 19:13; Ésaïe
10:9; 36:19.
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ARTAXERCÈS, ou plutôt Arthachschaschtha.
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signifie, en vieux persan, un grand roi. C'était un
nom générique, et en quelque sorte un titre donné aux rois de Perse. Plusieurs
rois de ce nom sont mentionnés dans l'Écriture, mais il règne beaucoup
d'incertitude sur l'identité de ces rois avec ceux dont nous parle l'histoire
profane. Ces noms, qui n'étaient souvent que les noms généraux des rois d'une
dynastie ou des titres honorifiques accordés à quelques-uns d'entre eux,
variaient en outre si facilement, soit par le changement des voyelles, soit par
le changement des consonnes, soit même par l'addition ou le retranchement d'une
ou de plusieurs syllabes, en passant d'une langue à l'autre, du persan au grec,
et du grec au latin, que parfois ils sont devenus entièrement méconnaissables.
Il arrive ainsi que souvent plusieurs rois portent un seul nom, comme aussi que
plusieurs noms très différents ne servent à désigner qu'un seul et même
personnage. De tout cela résulte une confusion que les recherches historiques
peuvent parvenir à débrouiller dans bien des cas, mais qui parfois déroute
aussi la critique. Le cas actuel en est un exemple: nous trouvons dans la Bible
trois Artaxercès différents; mais il n'est pas sûr que le deuxième et le
troisième ne soient pas le même, Artaxercès Longuemain; il est de même possible
que l'un des Artaxercès soit identique avec l'un des Assuérus, q.v.
1. Celui
qui est mentionné Esdras 4:7,8, est presque sans contestation le faux Smerdis,
surnommé par d'autres Mardus, par d'autres encore Speudata ou Oropaste.
Prétendu fils de Cyrus, et prétendu frère cadet de Cambyse, il fut porté au
trône des Perses par une révolution de prêtres (522 avant J.-C.); mais son
usurpation ne fut pas de longue durée: au bout de huit ans il fut renversé.
Cédant aux menées des Samaritains, et en suite d'un rapport de Réhum, Artaxercès
lit défendre aux Juifs de continuer les travaux commencés pour le
rétablissement du temple et de Jérusalem; il eut ainsi le temps, pendant son
règne si court, d'être trouvé taisant la guerre à Dieu. Ces travaux restèrent
interrompus l'espace d'environ soixante ans.
2. Esdras
7:1,11; 8:1. Peut-être le fameux Xercès, époux d'Ester, sous le nom d'Assuérus,
et successeur de Darius Hystaspe. La septième année de son règne tomberait sur
l'an 478 avant J.-C. Il est cependant possible, ainsi que nous l'avons dit, que
ce soit Artaxercès Longue-main. C'est l'opinion de Bossuet, c'est encore celle
de plusieurs historiens; c'est celle de Gesénius, mais ce n'est qu'une opinion;
les données manquent, et c'est parce que les dates sont incertaines et fixées
diversement, que les uns plaçant le retour des Juifs en 478, le mettent sous
Xercès; les autres, le renvoyant à 457, le placent sous le règne de
Longue-main. Tout cela importe peu. À la requête d'Esdras, cet Artaxercès
permit aux Juifs de reprendre la suite de leurs travaux et de pourvoir à la
reconstruction du temple. L'édit qu'il promulgua à cet effet est empreint d'un
esprit de générosité, de paix et d'amour pour le bien du peuple de Dieu; il
permet aux exilés de retourner dans leur patrie; il leur permet de faire des
collectes, de recueillir autour d'eux l'or et l'argent dont ils auront besoin,
et de l'employer comme il leur semblera bon; il leur rend les ustensiles et
vases sacrés destinés au service de l'Éternel, et les autorise, en outre, à
puiser dans les trésors royaux tout ce qui sera nécessaire pour les dépenses de
leur culte. Esdras est chargé d'établir des juges, des magistrats et des hommes
capables d'appliquer les lois de Dieu, et de les enseigner à ceux qui ne les
sauraient pas; enfin le roi exempte de toutes charges, impôts et tributs, les
sacrificateurs, lévites, chantres, portiers, porteurs d'eau, et autres employés
du nouveau temple.
3. Néhémie
2:1; 5:14; 13:6. C'est, sans contestation, l'Artaxercès qui reçut le surnom de
Longuemain. Le commencement de son règne ne se laisse pas préciser très
exactement; selon les uns ils commença 474 ans avant J.-C., selon d'autres, et
c'est plus probable, en 464; il régna jusqu'en 425. Ce roi, qui accepta les
services de Thémistocle exilé, avait pour échanson un vieillard vénérable, Juif
d'origine, et dont la tristesse un jour le frappa et l'irrita. «Que le roi vive
éternellement, lui répondit l'échanson; mais comment mon visage ne serait-il
pas abattu, puisque ma ville, qui est le Heu des sépulcres de mes pères,
demeure désolée? Si le roi le trouve bon, et si ton serviteur t'est agréable,
envoie-moi en Judée, vers la ville de mes pères, pour la rebâtir.» Le roi et sa
femme eurent égard à la prière du Juif qui, lui-même, nous a conservé ce récit;
c'est Néhémie. Il obtint une escorte et des passeports pour son voyage, avec
les pleins pouvoirs nécessaires pour se procurer tous les matériaux dont il
aurait besoin; il fut même fait gouverneur de Judée par Artaxercès. C'est de
cet édit en faveur des Juifs qu'il faut partir pour compter les soixante et dix
semaines de Daniel; Daniel 9:24-25. «Cette importante date, dit Bossuet, a de
solides fondements.»
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ARTÉMAS,
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Tite 3:12, était, selon toute apparence, un fidèle
ministre de l'Évangile. Paul avait l'intention de l'envoyer en Crète, lui ou
Tychique, sans doute pour y remplacer Tite pendant que celui-ci aurait été
visiter l'apôtre à Nicopolis.
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ARTSA,
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maître d'hôtel du roi Éla, et gouverneur de Tirtsa,
capitale du royaume des dix tribus. C'est dans sa maison et pendant un repas
qu'Artsa donnait à son maître qu'Éla fut assassiné par Simri. 1 Rois 16:9.
________________________________________
ARUMA,
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Juges 9:41, ville dans le voisinage de Sichem. Eusèbe
dit qu'elle prit plus tard le nom de Remphin, et qu'elle était située non loin
de Diospolis; mais,
— Voir: Rama.
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ARVADIENS,
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descendants de Canaan; Genèse 10:48; 1 Chroniques
1:16. Ils bâtirent, peu après le déluge, la ville d'Arvad ou Aradus, en
Phénicie, sur une petite île au sud de Tyr, à la distance d'environ 5
kilomètres du rivage, à l'embouchure du fleuve Éleuthère. En face de cette île,
et sur la terre ferme, se trouvait la ville d'Antaradus, au nord de Tripoli.
— Les Arvadiens s'étaient acquis la réputation
d'habiles marins, Ézéchiel 27:8,11, témoignage qui est confirmé par Strabon;
ils étaient gouvernés par leurs propres rois et avaient un commerce assez
étendu, surtout depuis que Tyr et Sidon eurent passé sous la domination
syrienne. Cette ville compta plus tard au nombre des alliés de Rome; 1
Maccabées 15:23. On possède encore des monnaies arades.
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ASA,
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troisième roi de Juda, fils et successeur d'Abija. (Il
régna quarante et un ans, 955-914 avant J.-C.) Il épousa Hazuba, fille de
Silhi, qui donna le jour au noble Josapbat. Animé des dispositions les plus
pieuses, dans les mesures qu'il prit contre l'idolâtrie, il n'épargna pas même
son aïeule Mahaca, la mère de son père, qui s'était fait une idole infâme. Il
fit la guerre à la débauche comme à l'idolâtrie, et renversa les autels des
faux dieux, dont il brisa les statues. Mais, ajoute l'historien sacré, les
hauts lieux ne furent point ôtés, 1 Rois 15:14; 2 Chroniques 15:17, observation
qui est immédiatement suivie de celle-ci: «et néanmoins le cœur d'Asa fut droit
devant l'Éternel tout le temps de sa vie.» Il paraît donc que c'est la
puissance, plutôt que la volonté, qui lui manqua pour achever entièrement
l'œuvre de réformation qu'il avait commencée; on voit de même qu'il ne put
exterminer du pays toutes les prostituées qui s'y trouvaient; 1 Rois 22:47.
— Il profita de la paix dont il jouit pendant les
quinze premières années, pour pourvoir à la sûreté extérieure de son royaume,
en construisant des forteresses et en donnant à son armée une organisation plus
régulière; 2 Chroniques 14:6; sq. La onzième année de son règne, il fut attaqué
par le roi d'Éthiopie Zéraph (probablement celui qui est nommé Sabacon par
Manetho, dans la chronique d'Eusèbe); les deux années étaient immenses; mais
celle de l'Éthiopien était deux fois plus forte que celle du roi juif. Elles se
rencontrèrent dans la vallée de Tséphat; Asa cria à l'Éternel: «Aide-nous, car
nous nous sommes appuyés sur toi», et la victoire se déclara en faveur de celui
qui avait prié. Dieu frappa les Éthiopiens; les guerriers de Juda en firent un
grand carnage et retournèrent à Jérusalem avec un riche butin, des brebis et
des chameaux. Fortifié par cette délivrance miraculeuse, et encouragé par le
prophète Hazaria, qui lui dit: «L'Éternel sera avec vous aussi longtemps que
vous resterez avec lui», Asa continua de détruire les idoles dans son royaume
et dans les villes qu'il avait prises, et rétablit la peine de mort contre
«tous ceux qui ne rechercheraient pas l'Éternel de tout leur cœur.» Il
rassembla son peuple à Jérusalem: un grand nombre d'Israélites fidèles du
royaume des dix tribus vinrent grossir cette foule pieuse, et ils offrirent un
sacrifice solennel au Dieu des délivrances, 700 bœufs et 7,000 brebis du butin
qu'ils avaient fait. Cette fête, où l'alliance fut renouvelée avec l'Éternel,
fut suivie d'une longue paix. Puis, en la trente-sixième année depuis la
séparation des deux royaumes, la seizième du règne d'Asa, Bahasa, roi d'Israël,
vint en Juda, s'empara de Rama, la fortifia, et s'en fit une position
importante; 1 Rois 15:16; 2 Chroniques 16:1. Asa, qui venait de faire une
expérience si remarquable du secours de Dieu, montra, par une triste chute,
combien sa foi était encore faible et mêlée de doutes, d'incrédulité, de
confiance humaine. Pour résister à son ennemi, il contracta alliance avec
Ben-Hadad, roi de Syrie, et acheta même son secours avec les trésors du temple,
qu'il avait consacrés d'abord à l'Éternel. Il obtint la victoire, força Bahasa d'abandonner
ses travaux, et se servit des matériaux que le roi d'Israël avait fait
transporter à Rama, pour fortifier à son tour Guébah et Mitspa, qu'il entoura
de fossés; cf. Jérémie 41:9. Mais il recueillit ce qu'il avait semé, et
moissonna les fruits du péché: sa démarche lui fut vivement reprochée par le
prophète Hanani, et occasionna même des troubles civils. Asa, irrité contre le
voyant, parce qu'il lui avait annoncé de nouvelles guerres comme châtiment de
son alliance avec les étrangers, le fit traîner en prison; mais cela ne lui
donna pas la paix. Dans ce même temps encore, et comme poussé par une
conscience malheureuse, il se laissa aller à opprimer quelques-uns de son
peuple, et ternit ainsi la fin d'un règne commencé sous de si heureux auspices.
Pendant sa dernière maladie, il montra aussi moins de confiance en Dieu que
dans l'art des médecins; il mourut, à ce qu'il paraît, de la goutte, après deux
ans de souffrances, et dans la quarante et unième année de son règne. On
l'ensevelit dans une sépulture qu'il s'était fait préparer à Jérusalem.
Quel que soit le jugement que nous soyons disposés à
porter sur la fin du règne d'Asa, ce règne fut, à tout prendre, un des plus
heureux qu'ait eu le royaume de Juda; la Bible même cite en diverses occasions
Asa comme un des rois dont la piété dut servir de modèle à leurs successeurs; 1
Rois 22:43; 2 Chroniques 20:32; 21:12. Et sa fidélité est d'autant plus digne
d'être remarquée, que pendant son long règne six rois se succédèrent sur le
trône d'Israël, qui tous furent coupables (Nadab, Bahasa, Éla, Zimri, Homri,
Achab), et dont l'exemple eût pu facilement entraîner au mal tout autre qu'un
monarque fidèle.
Pour concilier la chronologie des rois de Juda avec
celle des rois d'Israël, il faut nécessairement admettre que lorsqu'il est dit,
2 Chroniques 15:19; 16:1, qu'il n'y eut point de guerre jusqu'en la
trente-cinquième année, ce chiffre se rapporte, non point à l'avènement d'Asa,
mais à l'époque de la séparation des deux royaumes; car, d'après 1 Rois 15:33,
Bahasa commença de régner la troisième année d'Asa, et comme il ne régna que
vingt-quatre ans, il atteignit à peine la vingt-sixième année d'Asa, bien loin
d'avoir atteint sa trente-sixième année.
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ASAPH,
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1. descendant
de Lévi par Kéhath, fut un des trois principaux chantres établis par David pour
le service du sanctuaire; ses enfants, 1 Chroniques 25:2, formaient les classes
première, troisième, cinquième et septième des musiciens. Il paraît que leur
place, dans les cérémonies, était au côté méridional de l'autel d'airain. Le
Psaumes 50e et les onze depuis le 73e jusqu'au 83e, sont indiqués comme étant
d'Asaph, quoique l'on puisse traduire aussi Psaumes pour Asaph, destinés à être
chantés par lui, ou par les chœurs de ses enfants.
— Voir: Psaumes.
Quelques personnes pensent, à cause du contenu de ces
psaumes, qui ne paraissent pas convenir au temps d'Asaph, qu'il y eut plus tard
un autre prophète du même nom, qui les aurait composés; d'autres enfin
supposent, et c'est l'opinion du bénédictin Calmet, que quelques descendants
d'Asaph les auront écrits, et leur auront donné le nom de ce fameux chef de la
musique du temple; ils rapportent les Psaumes 50, 74, 79 et 80 à l'époque de la
captivité, le 78e au temps d'Asa, les autres au temps de Josaphat. Asaph est
appelé voyant ou prophète 2 Chroniques 29:30.
2. Le
père de Joach qui fut secrétaire du roi Ézéchias, 2 Rois 18:18.
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ASDOD, ou Azote,
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appelée Azote par les Grecs et les Romains, ville
forte sur la côte sud-est de la Méditerranée, sous la même latitude à peu près
que Jérusalem, à 55 ou 60 kilomètres ouest de cette ville, à 50 de Gaza, à 25
de Hékron. Cette ville devait appartenir à la tribu de Juda, mais elle demeura
aux Philistins qui surent la conserver ou la reprendre, Josué 15:47. C'est là
que se trouvait le fameux temple de Dagon; c'est là que fut conduite l'arche
captive, qu'elle mit en pièces l'idole du faux dieu, et qu'elle frappa de
plaies les Philistins, 1 Samuel 5:1-6. Hozias en démolit les fortifications, et
l'entoura de quelques forts pour la tenir en respect, 2 Chroniques 26:6.
Tartan, général assyrien, l'ayant prise de vive force, y plaça une garnison qui
tint ferme contre Psammétique, roi d'Égypte, Ésaïe 20:1. Prise et ravagée plus
tard par les troupes de Nébucadnetsar, elle fut de nouveau reprise par
Alexandre le Grand. Jonathan Maccabée la réduisit en cendres avec le temple de
Dagon, 1 Maccabées 5:68; 10:84; mais elle fut ensuite rebâtie. Dès les premiers
temps de l'établissement du christianisme, l'Évangile y fut prêché par
Philippe, Actes 8:40, et une église chrétienne s'y forma et s'y maintint, sans
doute jusqu'au temps de l'invasion des Sarrasins, cf. encore Sophonie 2:4;
Zacharie 9:6. Ce n'est plus maintenant qu'un misérable village qui a conservé
son ancien nom.
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ASÉNATH,
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fille de Potiphérah, et femme de Joseph; elle fut mère
d'Éphraïm et de Manassé. Genèse 41:45; 46:20. Quelques-uns pensent que
Potiphérah est le même que Potiphar, le premier maître de Joseph. Les fables,
les légendes, les traditions et les livres mystiques abondent sur l'histoire
des amours de Joseph et d'Asénath; les Orientaux ont voulu en faire une espèce
de Cantique des Cantiques.
— Voir: Calmet, Dict.
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ASER
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(bonheur, bénédiction), huitième fils de Jacob et
second fils de Zilpa, Genèse 30:13; il a donné son nom à l'une des douze tribus
des Hébreux. Il eut pour fils Jimna, Jisua, Jisui, Biriha, et pour fille Sérah,
Genèse 46:17; 1 Chroniques 7:30-40. Au sortir de la servitude d'Égypte, cette
tribu comptait 41,500 hommes en étal de porter les armes, sous la conduite de
Paghiel, fils de Hocran, Nombres 1:13,40. Celui d'entre eux qui alla épier le
pays de Canaan, s'appelait Séthur, Nombres 13:14, et leur chef, lors du partage
des terres, était Ahihud, fils de Sélomi, 34:27. À la sortie du désert leur
nombre était de 53,000 hommes au-dessus de vingt ans, 26:44-47. Le lot qui leur
échut en Canaan, Josué 49:24-31, était dans la partie nord-ouest du pays,
occupant la haute Galilée avec la plaine d'Acre, depuis le Carmel jusqu'au
Liban, contrée d'un sol très fertile et riche en fer et autres minéraux:
c'était l'accomplissement des prophéties de Jacob et de Moïse. «Le pain
excellent viendra d'Aser; il fournira les délices royales; il trempera ses
pieds dans l'huile; ses souliers (mal traduit verrous) seront de fer et
d'airain.» Genèse 49:20; Deutéronome 33:24-25. Il aurait pu s'avancer encore
davantage vers le nord, et la moitié inférieure de la vallée de Békaa lui
appartenait; mais les Asérites, par nonchalance et par lâcheté, laissèrent
entre les mains des Cananéens les villes de Sidon, d'Ahlab, d'Aczib, d'Helba,
d'Aphek et de Réhob, Juges 1:31-32. La tribu d'Aser était une des six qui,
placées sur le mont Hébal, devait répondre amen aux malédictions de la loi,
Deutéronome 27. Après s'être soumis sans résistance à la tyrannie de Jabin, roi
de Canaan, les descendants d'Aser assistèrent puissamment Gédéon contre les
Madianites, Juges 5:17; 7:23. Quarante mille d'entre eux, tous vaillants
guerriers, assistèrent au couronnement de David. Pahana, fils de Cusaï,
gouverna cette tribu sous le règne de Salomon. Enfin nous voyons qu'elle ne
demeura pas étrangère au réveil religieux qui eut lieu du temps d'Ézéchias, 1
Chroniques 12:36; 1 Rois 4:16; 2 Chroniques 30:11.
— Anne la prophétesse était Asérite. Luc 2:36.
— Voir: encore l'article Tribu.
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ASHUR,
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1 Chroniques 2:24; 4:5, fils de Hetsron et d'Abija, et
père de Tékoah; du reste, inconnu.
— Voir: Tékoah.
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ASIARQUES,
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Actes 19:31. C'était le nom que portaient, dans l'Asie
proconsulaire, certains magistrats annuels, chargés, comme les édiles, de faire
célébrer les jeux solennels en l'honneur des dieux et des empereurs romains.
Cette place était purement honorifique, et ceux qui l'acceptaient devaient être
riches et considérés, car les frais de ces fêtes religieuses étaient à la
charge des asiarques. Ils résidaient dans les principales villes de l'Asie
Mineure, à Smyrne, Éphèse, etc. Ces villes, à l'époque de l'équinoxe d'automne,
élisaient chacune un de leurs bourgeois, qui pouvait être pris dans les
familles sacerdotales, sans que ce fût cependant une condition exclusive; tous
même ne pouvaient pas appartenir à la caste des prêtres. Sur le nombre de ceux
qui avaient été élus, dix étaient choisis pour former une espèce de conseil
administratif, dont il paraît que le proconsul désignait lui-même le président;
c'était ordinairement l'asiarque de la métropole à qui ce titre était dévolu.
Un passage d'Eusèbe montre qu'on désignait l'année par le nom de ce président
(Hist. Ecclésiaste 4:15).
— Ceux de la ville d'Éphèse, par amitié et par
considération pour saint Paul, l'engagèrent, dans l'affaire de Démétrius
l'orfèvre, à ne point se présenter devant le peuple. On voit par là combien
devait être grand le crédit de l'apôtre chez les populations païennes au milieu
desquelles il demeurait.
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ASIE.
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Sous ce nom par lequel nous désignons maintenant l'une
des cinq grandes parties du monde, les anciens entendaient tour à tour, l'Asie
entière (— Voir: Hérodote), la partie de l'Asie soumise aux Romains jusqu'à
l'Indus, puis l'Asie Mineure, enfin l'Asie propre. Ces deux dernières sont les
seules qui soient expressément mentionnées dans l'Écriture Sainte.
1. L'Asie
Mineure, Natolie, ou le Levant, bornée au nord par l'Hellespont et le
Pont-Euxin, à l'occident et au midi par la Méditerranée, avait environ 1,000
kilomètres de long sur 830 de large, et renfermait les provinces de la Mysie,
la Lydie, la Carie, à l'ouest; la Bithynie, la Phrygie, la Pisidie, la
Pamphylie, et la Lycie à l'est des premières; plus à l'est encore, se
trouvaient la Paphlagonie, la Galatie et la Lycaonie; enfin à l'extrême
frontière orientale, le Pont et la Cappadoce.
2. L'Asie
propre, que le roi Attale laissa par testament aux Romains, comprenait la
Phrygie, la Mysie, la Carie et la Lydie. C'est là que se trouvaient les sept
églises dont il est parlé dans l'Apocalypse, 1:11. C'est de cette Asie qu'il
est question lorsqu'il est dit que le Saint-Esprit défendit à Paul de prêcher
l'Évangile en Asie, lors de son premier voyage dans le Nord, Actes 16:6. C'est
là que de faux apôtres parvinrent à détourner les âmes de l'affection et de la
confiance qu'elles devaient à saint Paul, pendant qu'il était prisonnier à
Rome, 2 Timothée 1:15; cf. encore Actes 2:9. Dans le Nouveau Testament, on doit
donc presque toujours entendre par le mot Asie, l'Asie propre.
L'Asie Mineure, à l'exception peut-être de la Lydie,
fut primitivement peuplée par les descendants de Japhet, qui se la partagèrent
en un très grand nombre de petites souverainetés. Les plus remarquables, avec
les États de la Grèce qui avaient une commune origine, furent la Troade, la
Lydie, le Pont et la Cappadoce. Il ne paraît pas que les Assyriens, ou
Caldéens, aient jamais étendu leurs conquêtes jusque-là. Mais il n'en fut pas
de même des armées perses: de là naquirent les guerres de ces derniers avec les
Grecs. Sous Alexandre le Grand, et environ 330 ans avant Christ, les Grecs
d'Europe s'emparèrent de l'Asie Mineure tout entière, après quoi elle tomba au
pouvoir des Romains, et leur demeura soumise, du moins en partie, jusqu'aux
invasions des Sarrasins; puis les Turcs en dépouillèrent les empereurs
d'Orient. Depuis plus de trois cents ans le farouche musulman opprime ces
magnifiques contrées, qu'il a presque réduites en désert.
Il n'est pas douteux que ce pays ne soit un de ceux
que les prophètes appellent les îles de la mer, Ésaïe 42:10; 49:1, etc. Le
christianisme y fut généralement connu et adopté dès les jours des apôtres.
Pendant longtemps un grand nombre d'Églises y fleurirent et brillèrent d'un vif
éclat; c'est là que se tinrent, entre autres, les fameux conciles de Nicée,
d'Éphèse et de Chalcédoine. Maintenant la plupart de ces Églises sont
détruites, et celles qui subsistent encore sont dans un état déplorable; les
sept Églises de l'Apocalypse en particulier, ont toutes subi le sort qui leur
fut annoncé par le Seigneur.
— Voir: les articles spéciaux, et Hartley, Voyage en
Grèce et aux sept Églises.
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ASIMA,
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2 Rois 17:30; c'est le nom de l'idole que se firent
les gens de Hamath. On ne sait rien sur sa forme; quelques-uns lui donnent la
figure d'un singe (cf. le latin Simia), d'autres celle d'un âne, d'un bœuf, du
soleil, d'un agneau, d'un bouc, d'un satyre, du dieu Pan, etc. Les mages enfin
pensent qu'Asima était l'ange de la mort, qui sépare les âmes des corps. Ce
sont tout autant de conjectures.
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ASKÉLON,
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capitale du pays des Philistins, sur la côte de la
Méditerranée, à 25 ou 30 kilomètres nord de Gaza sa rivale, à 15 kilomètres sud
d'Asdod, à 65 kilomètres ouest de Jérusalem, et à 50 de Jaffa. Cette ville fut
autrefois célèbre par son temple et son vivier poissonneux, l'un et l'autre
consacrés à la déesse Dercéto, par ses produits en épices, en vin et en fruits
excellents, et par ses oignons si fameux (d'où nos échalotes, coepe
ascalonicum). C'était la plus forte des villes appartenant aux Philistins, ce
qui n'empêcha pas qu'elle ne leur fût enlevée par la tribu de Juda, de même que
Gaza et Hékron; mais les Philistins la reconquirent plus tard, Juges 1:18;
14:19. Elle fut prise et saccagée par les Assyriens, détruite par les Caldéens,
puis rebâtie. Alexandre le Grand s'en empara; puis les Juifs s'en rendirent
maîtres de nouveau du temps des Maccabées. Amos 1:8; Jérémie 47:5-7; Zacharie
9:5. Une Église chrétienne y fut fondée peu après l'ascension de notre Sauveur,
et subsista durant plusieurs siècles, jusqu'à la funeste invasion des
Sarrasins, 1191. Maintenant c'est à peine s'il reste quelques vestiges de cette
ville ruinée, et quelques traces d'un port que le sable a comblé.
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ASKÉNAS.
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Genèse 10:3; Jérémie 51:27. Un des descendants de
Japhet. La contrée qu'il habita paraît avoir été proche du pays de Gomer son
père, et du royaume d'Ararat; mais c'est tout ce qu'on en sait de positif, et
les interprètes varient beaucoup sur le lieu où ils doivent fixer sa
descendance. Bochart fait observer que l'on rencontre ce nom dans plusieurs
endroits de la Phrygie; il y a une ville Ascania, un sinus Ascanius, un lacus
Ascanius, les insulæ Ascaniæ, etc. Quelques-uns supposent qu'Askénas, partant
de l'Asie Antérieure, aura traversé l'Asie Mineure, où il aura en quelque sorte
semé ces divers noms; puis, arrivés en Europe, ses descendants auraient pris
deux directions différentes; les uns, franchissant les Alpes et les Pyrénées,
auraient peuplé la Grèce, l'Italie et l'Espagne, leur langue nous serait
conservée dans la langue basque; l'autre branche aurait suivi les côtes de la
mer vers le nord, et aurait conservé le nom de son aïeul Gomer dans la
dénomination de Cimbri, les Cimbres (les mêmes peut-être que les Gaëls, les Celtes,
les Gaulois); leur langue nous aurait été conservée dans le dialecte du pays de
Galles (province de Wales), elle a beaucoup de rapports avec la langue basque.
Les Juifs, d'après leurs traditions, appellent l'Allemagne Askénas.
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ASPÉNAZ,
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Daniel 1:3; sq., capitaine des eunuques de
Nébucadnetsar; chargé de présenter à son maître quelques jeunes Hébreux, beaux
et bien faits, il lui présenta Daniel et ses trois compagnons, dont il changea
les noms afin de leur en donner d'autres plus en rapport avec ceux des idoles
babyloniennes. Les jeunes prisonniers lui demandèrent de n'être point
contraints à manger des viandes sacrifiées, et Dieu inclina le cœur de cet
officier, de telle sorte qu'il leur accorda un essai de dix jours, malgré les
dangers auxquels il s'exposait en n'exécutant pas en tous points la volonté du
monarque.
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ASPERSIONS,
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Baptêmes sous
l’Ancienne Alliance. Les rituels de purifications étaient nombreux et variés.
— Voir: Libations et Baptême.
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ASPHALTE ou Bitume,
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hébreu Hhémar. Cette matière résineuse, semblable à de
la poix fondue, sort de terre, soit comme une source, soit en filtrant à
travers les crevasses dont le sol est parsemé. L'asphalte se trouve tantôt dans
les montagnes, tantôt nageant à la surface des sources et des lacs de plusieurs
contrées de l'Orient; il Hotte surtout en abondance sur les eaux de la mer
Morte, dont les rives et le fond le vomissent en masses considérables, gras et
foncé. La mer Morte, comme on sait, occupe maintenant la place où existait
autrefois la vallée de Siddim, Genèse 14:10, qui était remplie de puits de
bitume, et le voyageur Mariti a trouvé sur la côte occidentale de ce lac de
petits cratères pleins de cette substance continuellement en fusion; elle se
solidifie dans les eaux lourdes et salées du lac auquel elle donne son nom, le
lac Asphaltite.
— Voir: Mer Morte.
Lors de la construction de la tour de Babel, Genèse
11:3, on se servit de bitume au lieu de mortier, et de tout temps les habitants
de la Babylonie l'ont employé pour le même objet. Le voyageur Balbi rapporte
que dans le désert de Bagdad, il y avait un lac tellement plein de bitume, que
si les habitants des contrées environnantes n'avaient pas été le recueillir
pour fabriquer des tuiles, ou construire des maisons, il y aurait eu bientôt
tout autour du lac des montagnes de bitume devenu solide. Dans l'île de Zante,
on trouve également de ces puits d'asphalte, et l'on a remarqué que ce bitume,
employé comme ciment, devient si tenace et si durable, lorsqu'il a été séché au
soleil, qu'il est plus facile de briser que de séparer les pierres qu'il sert à
lier. Pline le naturaliste, raconte que les Égyptiens se servaient d'asphalte
pour enduire leurs petites barques de papyrus, et pour empêcher les eaux du Nil
d'y pénétrer. Cette coutume parait être fort ancienne, car déjà nous lisons
dans la Bible que le petit vaisseau ou coffret de jonc (papyrus), dans lequel
l'enfant Moïse fut exposé sur le Nil, était enduit de poix et d'asphalte; et,
longtemps auparavant, l'arche de Noé avait été garantie des eaux du déluge par une
précaution semblable, Genèse 6:14; Exode 2:3.
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ASPIC.
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1. Ce
serpent (hébreu Pèthen) est mentionné six fois dans l'Ancien Testament; dans
cinq de ces passages, Deutéronome 32:33; Job 20:14,16; Psaumes 58:5; Ésaïe
11:8; Jérémie 8:17, les Septante le traduisent par aspic, et dans le 6e,
Psaumes 91:13, ils le rendent par basilic, sans avoir cependant aucune raison
pour faire cette différence. Une espèce de serpent qui, chez les Arabes, porte
encore le nom de Béten et que quelques savants croient être le Pèthen de la
Bible, a environ un pied de longueur, et une grosseur proportionnée; sa peau
est couverte de taches de diverses couleurs, de noires et de blanches; il est
ovipare, et si venimeux que sa morsure tue en très peu de temps, eu faisant
enfler le corps, et produisant une gangrène générale. Le célèbre voyageur
Hasselquist rapporte à peu près la même chose d'un autre serpent appelé aspic
par les Grecs de l'île de Chypre, et dont le venin, dit-il, est le plus violent
qui soit connu en Orient. Il est très possible que ce soit le même que le Béten
des arabes, ou du moins une espèce de la même famille. Les habitants de l'île
de Chypre le représentent comme privé de l'ouïe, et lui ont donné à cause de
cela le surnom de sourd, parce qu'aucun charme ne saurait dompter sa
méchanceté. Jérémie nous dit la même chose, 8:17, que ce serpent est le plus
malicieux et le plus dangereux de tous, qu'on ne peut ni l'apprivoiser, ni le
mettre hors d'état de nuire, comme on le fait avec d'autres espèces, et dans le
Psaumes 58:5-6, il est encore appelé sourd à la voix des enchanteurs et du
charmeur.
Les voyageurs qui ont visité l'Orient racontent des
traits étonnants de l'adresse et du pouvoir dont certaines personnes, hommes ou
femmes, font preuve pour dompter et presque apprivoiser les serpents. Cet art,
pratiqué dans l'antiquité par les Marses et les Psylles, qui habitaient la
portion de l'Afrique comprise entre la mer Rouge et la Méditerranée, est encore
connu, mais gardé secret, chez les Égyptiens, les Arabes, les Indous, et
d'autres peuples de ces contrées. Le fait est suffisamment constaté pour être
hors de doute; mais depuis deux mille ans, malgré toutes les recherches qu'on a
faites, rien n'a transpiré sur les mystérieux moyens employés pour obtenir
d'aussi singuliers résultats: c'est une espèce d'art et de gagne-pain que
certaines familles possèdent seules, et qu'elles transmettent à leurs
descendants comme elles l'ont reçu de leurs ancêtres. Tout ce qu'on a pu
observer, c'est que les charmeurs se nourrissent volontiers de serpents, crus
ou cuits, et qu'ils en font des soupes pour leur nourriture ordinaire; ils en
mangent surtout lorsqu'ils se proposent une de leurs exécutions, expéditions ou
représentations; et le sheik de leur tribu ou de leur village les bénit en
prononçant sur eux certaines formules accompagnées de cérémonies mystérieuses.
— Les charmeurs de serpents ne s'occupent jamais
d'apprivoiser d'autres animaux venimeux, tels que les lézards ou les scorpions;
il y a pour chacune de ces spécialités des personnes spéciales qui n'empiètent
pas sur les attributions les unes des autres.
2. Quant
à la plante d'aspic, Cantique 1:11; 4:13-14.
— Voir: Nard.
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ASSEMBLÉE.
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C'est ainsi que doivent se traduire les deux mois
d'origine grecque église et synagogue.
(Contrairement
à la notion populaire, le mot Église est un mot Grec composé de ek-klesis et
dont le sens réel est «appelé hors de». Il s’agit de l’appel de la grâce à
renaître en Christ et non d’un appel à s’assembler.)
— Voir: ces deux mots.
L'Ancien Testament parle fréquemment de l'assemblée de
l'Éternel, de l'assemblée des saints et des justes, des anciens de l'assemblée,
et de l'assemblée dans un sens absolu, comme le Nouveau Testament dit l'Église
de Dieu, l'Église des premiers-nés dont les noms sont écrits dans le ciel, les
anciens de l'Église, ou aussi l'Église dans un sens absolu, sans autre désignation;
cf. Nombres 27:17; Actes 20:28; Psaumes 89:5; 1:5; Hébreux 12:23; Lévitique
4:15; Jacques 5:14.
— Le terme hébreu qu'on a rendu par assemblée, aussi
bien que le terme grec dont on a fait celui d'Église, s'applique d'ailleurs à
une réunion d'hommes quelconque, soit religieuse, soit politique, soit autre,
Genèse 49:6; Psaumes 22:16; Actes 19:32; il veut dire simplement une multitude,
Genèse 28:3; 1 Samuel 17:47; Jérémie 6:11, ou bien le peuple d'Israël en masse.
Exode 16:3; Nombres 10:3; 20:6; Néhémie 5:7; Lévitique 4:21; 10:17; 16:33. Mais
son sens le plus habituel est celui que nous avons signalé d'abord.
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ASSIR,
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1 Chroniques 3:17.
— Voir: Salathiel.
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ASSOS,
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port de mer sur la côte nord-ouest de l'Asie Mineure,
au sud de Troas, et vis-à-vis de l'île de Lesbos. L'apôtre Paul y aborda lors
de son quatrième voyage à Jérusalem, Actes 20:13-14; mais il n'est pas question
d'une église chrétienne dans cette ville avant le huitième siècle.
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ASSUÉRUS,
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1. Daniel
9:1, doit être Astyage le Mède, fils du vaillant Cyaxare, qui concourut au
renversement de l'empire des Assyriens et à la destruction de Ninive; il fut
père de Darius le Mède et de Mandane, et grand-père de Cyrus. (601 avant J.-C.)
2. Esdras
4:6, c'est Cambyse, roi de Perse, 529 avant J.-C. Il succéda à son père Cyrus,
et régna sept ans et cinq mois. À peine fut-il monté sur le trône que les
Samaritains le sollicitèrent d'empêcher la reconstruction du temple de
Jérusalem, et quoiqu'il ne leur accordât pas officiellement leur demande en
publiant un décret formel de révocation, les travaux commencés restèrent
suspendus tout le temps de son règne. Ce prince, en général, ne fut célèbre que
par sa violence, sa folie et sa cruauté. Après avoir fait avec succès la guerre
d'Égypte, il perdit son armée dans les déserts de la Lybie par son obstination
à vouloir envahir l'Éthiopie. Dans sa rage il fit tomber la tête de ses
principaux officiers, celle de son frère, et même celle de sa sœur. Apprenant
que le mage Patizithes, auquel il avait confié le gouvernement en son absence, en
avait profité pour placer sur le trône son propre frère, mage comme lui,
Smerdis, qu'il donnait pour Smerdis le frère de Cambyse, celui-ci hâta son
retour dans son royaume. On dit qu'en traversant la Judée, il assouvit sur les
malheureux Juifs la fureur qui l'animait; mais près du mont Carme], il se
blessa lui-même de son épée, en descendant précipitamment de son cheval, et
comme il se sentait mourir, il réunit ses officiers, leur déclara qu'il avait
fait mourir lui-même son propre frère Smerdis, et que celui qui occupait
maintenant le trône n'était qu'un imposteur, et les engagea fortement à venger
et punir cette usurpation.
— Voir: Artaxercès #1.
— Que ce Cambyse soit l'Assuérus dont il est parlé
Esdras 4, et Smerdis le mage, l'Artaxercès mentionné immédiatement après, c'est
un point sur lequel il ne saurait y avoir de doute, puisqu'il n'y a eu que ces
deux rois entre Cyrus qui donna l'édit en faveur des Juifs, et Darius qui le
confirma.
3. Enfin,
l'Assuérus dont il est parlé dans le livre d'Ester et qui fut le mari de cette
belle et pieuse Juive. On a essayé de toutes sortes de conjectures, et l'on a
cherché un peu partout quel était le roi de Perse auquel pouvait le mieux se
rapporter, sous le point de vue historique, le peu que nous savons de cet Assuérus.
On en a fait tour à tour Cambyse, Smerdis, Darius fils d'Hystaspe, Darius
Nothus, Artaxercès Mnémon, et enfin le fameux Xercès, et Artaxercès Longuemain.
L'histoire profane ne nous donne aucune indication qui puisse nous mettre sur
la voie; nulle part il ne nous est parlé d'un roi perse, époux d'une Israélite
Ester; nulle part nous ne voyons un premier ministre Haman disgracié et
remplacé par un Juif Mardochée. Les Grecs et les Romains, qui seuls nous ont
conservé l'histoire de la Perse, ne font nulle part mention du massacre projeté
des Juifs de la dispersion; mais leur silence sur ce point ne prouve rien: il
tient à ce qu'ils avaient assez d'autres choses à nous raconter, quand ils
voyaient l'Orient se ruer sur l'Occident par millions d'hommes, et les
principes des gouvernements se discuter dans de sanglantes batailles. Ester
pâlissait devant Marathon peut-être, et Mardochée devant Salamine. Mais Ester a
été la première femme d'un roi perse, et Mardochée son premier ministre. Qui
est ce roi? La plupart des interprètes semblent, au milieu de toutes les
suppositions que nous venons d'énumérer, hésiter entre Xercès et Longue-main.
C'est donc très probablement de l'un de ces deux rois qu'il est question, et
les raisons que l'on met en avant pour Xercès paraissent l'emporter encore de
beaucoup sur celles qui prouvent en faveur d'Artaxercès Longuemain. En effet,
ce dernier (— Voir: notre article) a été contemporain de Néhémie; sa femme
parut s'intéresser à lui, Néhémie 2:1, et l'on ne comprendrait pas comment, si
cette femme était Ester, Néhémie ne l'aurait jamais nommée, ne fût-ce qu'en
passant ou pour lui donner un témoignage public de la reconnaissance de ses
compatriotes, dont elle avait protégé la vie contre les tentatives de leur
oppresseur. D'ailleurs, on ne saurait pas non plus où placer l'histoire d'Ester
sous le règne de cet Artaxercès: serait-ce pendant que Néhémie était à la cour?
mais comment Ester eût-elle souffert jusqu'alors cet asservissement des Juifs
dont se plaint l'échanson? serait-ce après la faveur accordée à Néhémie de
retourner à Jérusalem pour en rebâtir le temple et les murailles? mais cette
faveur même était une garantie qui devait rendre impossibles les machinations
d'Haman contre les Hébreux dispersés. Ces motifs, joints à la circonstance que
cette histoire tout entière cadre mieux avec l'histoire de Xercès et avec la
chronologie, nous paraissent décisifs autant qu'il peut y avoir quelque chose
de décisif en pareille matière. Le fameux Xercès aurait été l'époux de la
cousine de Mardochée (485-465 avant J.-C.). Le caractère cruel, capricieux,
voluptueux, bizarre, de ce prince est le même dans les livres d'Hérodote et
dans le livre d'Ester: là nous le voyons faisant frapper et emprisonner la mer
qui a détruit son pont de bateaux; ici, par une boutade sans motifs, nous
l'entendons livrer, donner le peuple juif tout entier à Haman pour qu'il en
fasse «comme il lui plaira» Esther 3:11. Là ce prince farouche se prend à
verser des larmes en contemplant son immense armée du haut d'une colline, à la
pensée que, dans un siècle, il n'existera plus un seul de ces innombrables
guerriers; ici de même, en apprenant les représailles sanglantes des Juifs
révoltés à Susan, Assuérus paraît ému et voudrait venger les familles en deuil
(cf. Esther 9:11-12; Hérodote 7, 33; 37; Justin 2, 12. Strabon 14, etc.). Pour
ce qui regarde la chronologie, on peut encore comparer Esther 1:3; 2:16; avec
Hérodote 7, 7.
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ASSUR,
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Genèse 10:11,22, fils de Sem, et père des Assyriens.
Moïse raconte l'origine de l'Assyrie à l'occasion du royaume de Nimrod. Assur,
probablement avec une colonie, ou avec une tribu mécontente, partit de Sinhar,
où Nimrod exerçait son pouvoir absolu, et s'en vint fonder les royaumes de
Ninive, etc. Il faut aussi quelquefois entendre sous ce nom le royaume même
d'Assyrie, comme Osée 14:3.
— Voir: l'article suivant, et Nimrod.
— Dans le passage cité de la Genèse, d'autres
commentateurs, et notamment Schrœder, traduisent: «Nimrod sortit vers Assur;»
c'est-à-dire qu'après avoir fondé le royaume de Babylone, son vaste génie fonda
un second royaume, celui d'Assyrie, dont Ninive fut la capitale. La question
est indécise.
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ASSYRIE,
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ancien royaume de l'Asie, borné au nord par les
montagnes de l'Arménie, à l'est par la Médie et la Perse, au sud par la
Suziane, province perse, et la Babylonie; à l'ouest enfin par le Tigre
(Hiddekel), dans lequel se jettent le Lycus, le Capros, le Gorgus et le Silla,
quatre rivières qui parcourent l'Arménie dans une direction sud-ouest. Les
villes les plus célèbres de ce royaume furent Ninive, Résen, Calah, Bessarah,
Ctésiphon, sur la rive orientale du Tigre, Arbèle et Artémita, encore plus à
l'orient. Ninive était le centre général du commerce entre l'Occident et
l'Orient. Cf. 2 Rois 17:24; 48:11; 2 Chroniques 33:11; Ésaïe 7:20; 10:8-9;
22:6. L'Assyrie est appelée le pays de Nimrod, Michée 5:6. Ses habitants
avaient une grande réputation de richesse, Ézéchiel 23:6,17,23; ils étaient
orgueilleux, Ésaïe 10:12; Zacharie 10:11, et redoutables, Nahum 2:11-12. Cette
contrée porte de nos jours le nom de Kourdistan; depuis deux cents ans ce n'est
plus guère qu'un vaste désert, par suite des luttes sanglantes qu'y ont
entretenues pendant de longues années tant et de si puissants peuples.
Après avoir dit que le royaume d'Assyrie fut fondé par
Nimrod, l'Écriture n'en reparle plus jusqu'au jour de la mission de Jonas le
prophète, 840 ans avant J.-C.; puis nous voyons un roi assyrien, nommé Pul
(Sardanapale II), attaquer le pays de Canaan, environ soixante-dix ans après
Jonas, vers 770, 2 Rois 15:19. Peu après, Tiglath-Piléser, 2 Rois 16:7; 2
Chroniques 28:16, autre roi d'Assyrie, envahit la portion de la Judée qui était
sur la rive gauche du Jourdain, ce qui n'empêcha pas Achaz de contracter une
alliance avec lui. Tiglath-Piléser eut pour successeur son fils Salmanassar,
qui s'empara de la Samarie et emmena captives les dix tribus d'Israël 722 avant
J.-C., 2 Rois 17:5; 18:9. Le royaume même de Juda lui fut rendu tributaire,
18:7; la Médie et la Perse lui furent également assujettis, 18:11. Sanchérib,
son fils, monta sur le trône à sa place 714 avant J.-C. Après une heureuse
expédition contre l'Égypte, il entreprit aussi, mais sans succès, la conquête
de Juda et le siège de Jérusalem sous Ézéchias, 2 Rois 18:13; 19:36; Ésaïe 37.
Mis à mort par ses deux aînés, il fut remplacé par son troisième fils
Ésar-Haddon, Ésaïe 37:38; 2 Rois 19:37, appelé Osnapar Esdras 4:10, et qui fit
prisonnier Manassé, roi de Juda. L'Écriture nomme encore Sargon, Ésaïe 20:1,
dont le règne assez court doit se placer probablement entre ceux de Salmanassar
et de Sanchérib.
— À l'exception de ce dernier (Hérodote 2, 141), aucun
de ces rois ne paraît dans les auteurs profanes.
Les derniers rois d'Assyrie ne sont pas nommés dans
l'Écriture. Le successeur d'Osnapar fut son fils Saosduchinus, qu'on suppose
être le Nabuchodonosor du livre de Judith: son règne fut d'environ vingt ans.
Après lui vint Chyniladanus, contemporain de Josias, roi de Juda. Ce prince
efféminé vit son empire démembré par Nabopolassar, un de ses généraux, qui se
déclara roi de Babylone, dont il était satrape; Babylone, depuis une
cinquantaine d'années, appartenait aux Assyriens. Nabopolassar, s'étant allié
avec Cyaxare, roi des Mèdes, attaqua le roi d'Assyrie, s'empara de Ninive,
trancha les jours de Chyniladanus, et mit ainsi fin à l'antique royaume de
Nimrod le chasseur.
— Voir: Ninive.
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ASTARTÉ,
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Deification de Sémiramis, femme de Nimrod. Connue
aussi chez les différents peuples comme Vénus, Isis, Diane, la Madone, etc..
— Voir: Bahal et Caldéens.
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ASTRES.
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Le soleil, la lune et les étoiles sont appelés, dans
l'Écriture, l'armée des cieux, l'armée de l'Éternel. C'est le plus magnifique
spectacle que Dieu ait donné à notre terre; il est digne de l'admiration des
hommes, et doit élever leurs cœurs vers l'Être suprême, créateur de ce vaste
univers. Mais comme la pauvre créature, pécheresse et corrompue depuis la
chute, ne saurait admirer sans être tentée d'adorer et de rendre un culte,
l'Esprit-Saint qui, dans les trois premiers chapitres de la Genèse, semble
avoir renfermé le plus sublime manuel de dogmatique, a pris soin de raconter la
création de ces divers luminaires auxquels Dieu n'a donné l'existence que pour
l'agrément et l'utilité de l'homme. Ces astres ne sont point des dieux, ce sont
des choses créées qui s'en iront et s'envieilliront; ces astres ne sont que des
serviteurs de Dieu, destinés à l'usage de l'homme; un jour ils passeront, mais
l'homme vivra éternellement. Les peuples, sans connaissance du vrai Dieu, sont
tous arrivés à une astrolâtrie, qui est bien la plus concevable et la plus
noble des idolâtries, mais qui n'est cependant qu'une idolâtrie. L'éclat, la
beauté de ces astres, leur influence réelle, mais éloignée, sur l'ordre du monde,
la fixité des uns, la régularité des autres dans leur cours, le retour des
saisons qui en dépend, les effets de la lune sur quelques maladies, en un mot,
tout ce qu'il y a en eux de grand et de mystérieux, leur a fait attribuer, par
différents peuples et dans presque tous les temps, une force, une connaissance,
une espèce de vie, une action, une influence magique sur les destinées de ce
monde, bonne ou mauvaise suivant la constellation sous laquelle tel homme est
né, suivant la conjonction d'étoiles dans laquelle telle entreprise se forme ou
s'exécute; de là l'astrologie si généralement crue des anciens, et même de
quelques modernes (Bodin, de Thou, Montaigne), et dont l'Écriture nous montre
des traces chez les Babyloniens, q.v. Ésaïe 47:13; Daniel 1:20. Les Juifs
semblent avoir puisé dans leur captivité de soixante et dix années, quelques
idées astrologiques; Philon fait à cet égard une profession de foi très
explicite, et les rabbins plus modernes ne se sont pas fait faute des mêmes
erreurs. Maïmonides en particulier, estime qu'entre les sages il ne peut pas y
avoir deux opinions pour ce qui regarde les astres: chaque herbe doit avoir son
étoile particulière, chaque homme de même, sans toutefois que sa liberté morale
en soit atteinte ni détruite; les astres n'ont d'influence que sur les choses
extérieures, sur le corps, la santé, la génération et la corruption des êtres.
On trouve à la vérité, dans l'Écriture, des passages où les astres sont traités
comme des créatures intelligentes, invitées à louer le Seigneur, capables de
recevoir des ordres et d'y obéir, exerçant même une espèce d'influence
particulière sur les produits du sol, Job 9:7; Psaumes 148:3; Deutéronome
33:14; Psaumes 104:19, etc. Mais tous ces passages sont pris dans un sens
poétique, et ne peuvent pas plus favoriser l'astrologie, que tant d'autres
passages où la terre, l'herbe, les eaux sont personnifiées, ne prouvent que ces
objets soient effectivement animés. Moïse se prononce très fortement contre le
penchant à l'astrolâtrie; il interdit au peuple de Dieu de se faire aucune
espèce d'image ou d'effigie «de peur, ajoute-t-il, qu'élevant tes yeux vers les
cieux, et qu'ayant vu le soleil, la lune et les étoiles, toute l'armée des
cieux, tu ne sois poussé à te prosterner devant elles, et que tu ne les serves,
vu que l'Éternel ton Dieu les a données en partage à tous les peuples qui sont
sous tous les cieux», Deutéronome 4:19. Et Job, parlant de la supposition où il
aurait pu se laisser aller à adorer le soleil qui brille et la lune qui marche noblement,
dit: «C'eût été une iniquité toute jugée, car j'eusse renié le Dieu d'en haut»,
31:26,28.
Quant à l'astronomie des Hébreux, elle ne paraît pas
avoir été fort avancée, non plus que celle des autres peuples de l'antiquité.
Elle reposait sur les observations que les pâtres pouvaient faire en gardant
leurs troupeaux dans de vastes steppes dont aucune montagne ne bornait
l'horizon: de là vient aussi que la plupart des noms que les constellations ont
reçus, sont empruntés à la vie champêtre de ces premiers astronomes, le Bélier,
le Taureau, etc. Les patriarches ont déjà senti leurs cœurs s'émouvoir à la
contemplation des beautés célestes, cf. Genèse 15:5; 37:9, et leur langue
emprunta plus d'une figure à la langue des cieux. Le soleil et la lune furent
distingués naturellement au milieu des autres habitants de l'espace, à cause de
leur grandeur et de leur éclat, cf. Genèse 1:16, et la lune amena la première
division du temps en mois et années (q.v.). On célébrait chaque nouvelle lune
par des fêtes solennelles; cf. Psaumes 81:4; 1 Samuel 20:5; etc. Les
principales étoiles ou constellations mentionnées dans la Bible, sont: l'étoile
du matin, Vénus, Ésaïe 14:12; cf. Apocalypse 2:28; 22:16, la Grande Ourse, ou
le Chariot, Job 9:9; Orion, ibid. 38, 31, et Amos 5:8, les Pléiades, ou la
Poussinière, Job 9:9; Amos 5:8; la Petite Ourse avec ses enfants (sans doute
les trois étoiles courbées en arc dont la dernière marque le pôle), l'hébreu de
Job 38:32; le Serpent traversant, 26:13, peut-être le Dragon entre la Grande et
la Petite Ourse; les Gémeaux, Castor et Pollux, Actes 28:11, Quant à une
division des astres en comètes, étoiles fixes et planètes, il n'en est parlé
nulle part dans l'Écriture, et le passage Jude 13 n'a qu'un sens tout à fait
figuré.
L’expression «astre
errant» signifie dans le Grec «planète». Cela nous amène à penser que le monde
de Nod où Caïn fut bani fut une planète, car Nod signifie «errant». Il s’agit
donc d’une terre errante, un corps céleste qui, selon certains, se trouvaient
entre Mars et Jupiter avant d’éclater dans une catastrophe cosmique, qui en
toute probabilité occasionna le Déluge sur notre Terre.
Les Égyptiens, les Caldéens, les Babyloniens, d'autres
peuples dont la configuration géographique et les vastes plaines étaient plus
favorables à l'observation des astres, et ceux qui, cherchant leur vie dans le
commerce et dans la navigation, devaient avoir l'astronomie pour alliée, ont à
cet égard laissé les Hébreux bien en arrière. C'est en Égypte que, d'après
Hérodote, on aurait découvert la véritable année solaire, et les habitants de
ce pays auraient, d'après Dion Cassais, trouvé la division en semaines de sept
jours dans le nombre des planètes. Cette dernière assertion cependant est plus
que douteuse, car il est très probable que la semaine était connue dès les
jours de la création, et qu'elle se sera conservée au moins comme tradition, et
comme division du temps, chez tous les descendants de Noé.
Mais quelque reculés qu'aient été les Hébreux dans la
science de l'astronomie, il est remarquable qu'aucun de leurs livres sacrés ne
renferme une seule erreur sur ce sujet; on y découvre au contraire, avec
étonnement, une science ou prescience de la véritable astronomie, qui montre à
l'évidence l'intervention de l'Esprit de vérité qui a conduit la plume des
historiens comme celle des prophètes. Tous les peuples ont compté le nombre des
étoiles, et les premiers télescopes ont bien servi cette opération; mais la
Bible nous dit qu'elles sont innombrables, et Herschel l'a prouvé. «Comme leur
nombre, dit-il, croît indéfiniment à mesure que les instruments se
perfectionnent, on peut dire, par expérience, que ce nombre est infini dans
toute l'étendue du sens qu'on voudra donner à ce mot.» Il estime qu'une
nébuleuse est un groupe qui ne renferme pas moins de vingt mille soleils.
Ailleurs la Bible nous parle de la terre comme d'un globe, Ésaïe 40:22; Job
26:10; Proverbes 8:27: ailleurs encore elle nous la montre suspendue dans le
vide, Job 26:7,: autant de notions inconnues des anciens, et qui eussent passé
pour hérétiques en cour de Rome, aussi bien que le mouvement de la terre de
Galilée. Le passage, Luc 17:31,34, où le glorieux avènement de notre Seigneur
est annoncé comme devant avoir lieu pour les uns de jour, pour les autres de
nuit, semble encore supposer la rotation de la terre et le mouvement diurne.
Nous n'insisterons pas davantage sur cette idée; un maître habile l'a
développée de manière à ne rien laisser désirer, M. Gaussen, dans sa
Théopneustie, pages 172 et suivantes.
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ASTROLÂTRIE, Astrologie, Astronomie,
________________________________________
— Voir: l'article précédent.
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ASYNCRITE,
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Romains 46:14, est inconnu. Les Grecs le font évêque
d'Hyrcanie.
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ATAD,
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Cananéen qui possédait une aire dans le lieu qui fut
appelé Abel-Mitsraïm (deuil d'Égypte), en suite du deuil que les fils de Jacob
et les Égyptiens menèrent sur ce patriarche, Genèse 50:11.
— Voir: Abel-Mitsraïm.
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ATHALIE
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(heure de l'Éternel). On devrait écrire Hathalie; mais
Racine a immortalisé une orthographe fautive, et peut-être plus harmonieuse;
c'est presque maintenant le seul nom connu de cette méchante reine. Elle était
petite fille de Homri, et fille d'Achab et de Jézabel; elle épousa Joram roi de
Juda, et sut entraînera l'idolâtrie son époux, et son fils Achazia, 2 Rois
8:18,26. (884 avant J.-C.). La révolution de Jéhu ayant fait périr la famille
entière d'Achab, et avec elle Achazia, qui se trouvait alors à Samarie, Athalie
s'empara du trône laissé vacant par la mort de son fils et, pour s'en assurer
la possession, elle extermina toute la race royale. Joas, son petit-fils,
encore à la mamelle, échappa seul au massacre, grâces aux soins d'une tante,
Jéhosébah, sœur de son père. Caché dans le temple, et secrètement élevé pendant
six ans par son oncle Jéhojadah, souverain sacrificateur, il est proclamé roi à
l'âge de sept ans. Les cris de vive le roi éveillent l'attention de la régente
usurpatrice; elle accourt, elle regarde, elle voit dans le temple un roi déjà
oint de l'huile sacrée et assis près de la colonne selon la coutume des rois;
les capitaines, les sacrificateurs et tout le peuple font entendre des cris de
joie qui se mêlent au bruit retentissant des trompettes. Elle s'écrie
conjuration! conjuration! elle déchire ses vêtements, elle voudrait recourir
aux quelques créatures qui lui sont restées fidèles; mais sa dernière heure a
sonné: seulement le souverain sacrificateur ne permettra pas qu'on mette à mort
cette profane dans la maison de l'Éternel; on la chasse du temple, et en
rentrant dans son palais, elle trouve le châtiment qu'elle a si justement
mérité, 2 Rois 11; 2 Chroniques 23.
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ATHÈNES,
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ville célèbre de la Grèce, située dans une plaine
délicieuse, à environ 40 kilomètres est de Corinthe. Elle passe pour avoir été
bâtie 1580 ans avant la naissance de Jésus, c'est-à-dire à peu près au temps du
séjour de Moïse en Égypte; mais il est probable que c'est placer cette origine
quelques siècles trop tôt. Athènes fut d'abord gouvernée par des rois de la
famille de Cécrops, égyptien, son fondateur. Au bout de 487 ans, à la mort de
Codrus, les Athéniens se donnèrent pour chefs les Archontes, espèce de
magistrats nommés d'abord à vie, puis pour dix ans seulement, puis enfin pour
un an, et dont le pouvoir ressemblait beaucoup à celui des rois. Ils finirent
par se constituer en démocratie pure, sous Solon, vers 588. Quatre siècles plus
tard, les Athéniens, qui étaient tombés sous la puissance des rois de Macédoine
successeurs d'Alexandre, subirent avec eux le joug des Romains; ils le
portaient encore aux jours de notre Seigneur.
Athènes brilla de bonne heure, au sein du monde
idolâtre, par ses succès dans les sciences et dans les arts. Peu de villes
donnèrent le jour à plus d'hommes illustres, et jouirent de plus de gloire. La
littérature et les beaux arts y survécurent à la ruine de sa puissance et de sa
liberté: Athènes demeura longtemps le centre des sciences, et de toutes parts
on allait à l'école de ses grands maîtres, puiser cet atticisme dont les
Romains eux-mêmes faisaient tant de cas. Ce fut aussi l'une des villes où le
paganisme prit le plus de développements, et où il se formula de la manière la
plus précise. Jaloux d'adorer tous les dieux, sans en excepter aucun, les
Athéniens avaient, par surcroît de précaution, élevé un autel au Dieu inconnu,
Actes 17:23, ou plutôt à un dieu inconnu. Peut-être même existait-il plusieurs
autels consacrés aux divinités étrangères et inconnues. Saint Paul, avec cette
habileté, cet à propos, cette argumentation ad hominem qui le caractérise à un
si haut degré comme orateur, rattache à ce fait qu'il a sous les yeux, et qui
est bien connu des Athéniens, tout ce qu'il veut dire à cette population légère
et distraite. Il ne veut pas leur annoncer quelque nouvelle étrange,
inattendue; mais ce Dieu inconnu dont les Athéniens semblent attendre qu'il se
manifeste, saint Paul le connaît et veut le leur faire connaître aussi. Ses
auditeurs, d'accord avec Paul sur le point de départ, et piqués par la
curiosité de savoir quelles conclusions il tirera de ses prémisses, l'écoutent
avec attention, et entendent l'Évangile; mais, comme toujours, peu d'entre eux
le reçurent, et lorsque l'apôtre vint à parler de la résurrection, ils se
dispersèrent en se moquant. Quelques-uns crurent la Parole, Denys l'aréopagite,
Damaris, et d'autres; la plupart la rejetèrent.
Athènes, au temps de Paul, était déjà à une époque de
décadence. Conquise par Sylla, elle avait vu détruire ses plus beaux édifices;
elle languit jusqu'aux temps d'Adrien qui s'efforça de lui rendre son premier
lustre. Sa chute graduelle a été ensuite l'effet des troubles du moyen âge. Ce
n'est plus maintenant qu'une ville de 14 à 18,000 âmes; mais sa population tend
à augmenter de nouveau. Résidence royale, elle a vu depuis quelques années
s'élever des édifices plus somptueux que les cabanes et les ruines qui
l'ornaient seules il y a peu d'années. Le peuple travaille courageusement à
sortir de sa misère, et le gouvernement le seconde de tout son pouvoir.
— On trouve dans la contrée peu de bêtes à cornes,
mais beaucoup d'ânes, de chevaux, de mulets, et quelques chameaux, (voir dans
le Morgenland de 1839, trois lettres écrites d'Athènes, par Woringer, p. 273,
300, 342, et les Voyages de Hartley en Grèce).
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ATTALIE,
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ville maritime de la Pamphylie, à l'embouchure du
fleuve Kattarrhactes, et résidence principale d'un préfet de Rome; elle portait
le nom d'Attale Philadelphe, roi de Pergame, son fondateur; elle subsiste
encore de nos jours sous le nom de Antali, et n'est pas sans importance. Paul
et Barnabas y passèrent en allant de Perge à Antioche, Actes 14:25; mais nous
ne savons rien de plus sur l'histoire religieuse de cette ville, sinon qu'au
cinquième et au sixième siècle, il s'y trouvait un évêque.
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ATTIRSATHA,
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Néhémie 8:9; 10:1, surnom de Néhémie, tiré de son
emploi; il signifie échanson du roi.
— Voir: Néhémie.
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AUGUSTE,
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Luc 2:1, d'abord appelé Caius Octavius, était
petit-fils de Julia, la sœur de Jules-César. Son grand oncle l'avait adopté
pour son fils, et le déclarait par son testament, son principal héritier. Le
jeune Octave, poussé par une ambition excessive qui le faisait aspirer à la
domination de sa patrie, prit une part active aux guerres qui déchiraient la
république romaine, et déploya tout ensemble beaucoup de hardiesse, de ruse et
de cruauté. Il sut se défaire de ses ennemis en les détruisant les uns par les
autres, jusqu'à ce qu'il ne lui resta plus qu'un seul adversaire, le consul
Marc-Antoine. Il le vainquit à la bataille d'Actium, et se fit dès lors adjuger
par le sénat de Rome, le pouvoir suprême avec le titre d'Imperator (général
victorieux), ceux de roi et de dictateur étant odieux au peuple romain, et
celui de consul ne suffisant pas à l'ambition d'Octave, parce qu'il ne
conférait cette dignité que pour un an, et qu'Octave entendait bien ne pas se
dessaisir du pouvoir. Il fut aussi nommé Auguste, et même Père de la patrie; il
prit en outre le nom de César qu'il légua à ses successeurs. Dans la suite il
fit sans doute semblant d'abdiquer, il offrit même sa démission au sénat; mais
il choisissait bien son temps, ce n'était qu'une comédie: il avait gagné le
sénat par des flatteries et des largesses, le peuple par sa modération et sa
douceur, l'armée par les succès de ses généraux. Son pouvoir fut ainsi trempé à
neuf et consolidé pour la vie; le sénat et le peuple ne furent plus qu'une
machine dont il tenait tous les fils, et qu'il conduisait comme il voulait. Il
conserva au gouvernement les anciens noms et les anciennes formes, sachant bien
que ces hochets (puisque hochets il y a), ont plus d'empire sur l'esprit des
peuples, que les constitutions elles-mêmes; il laissa au peuple le droit
d'élire les principaux magistrats, et au sénat la nomination des gouverneurs
des provinces, à l'exception de celles qui étaient exposées aux attaques de
l'ennemi, et dans lesquelles par conséquent les légions se trouvaient réunies:
c'était se faire la part du lion. Son plus grand soin était de rendre sa
domination insensible, afin de ne pas irriter un peuple qui avait répandu son
sang pour la république; il séduisit les Romains par ses manières et par sa
politique, et les laissa croire à la liberté lorsque déjà son gouvernement
n'était plus qu'une complète tyrannie.
Son siècle fut l'époque des plus beaux génies, soit
dans le domaine des lettres, soit dans l'art de l'administration et de la
guerre: les noms des Tite-Live, des Virgile, des Horace et des Mécènes dans la
littérature, des Agrippa, des Drusus, des Tibère dans la science des batailles,
répandent un éclat immortel sur ce règne despotique.
Auguste eut encore l'honneur et le bonheur de faire,
pour la troisième fois depuis la fondation de Rome, fermer le temple de Janus,
qui restait ouvert en temps de guerre; mais cette paix ne fut pas obtenue sans
de violents combats: il fallut en livrer en Afrique, en Asie, dans les Gaules
et en Espagne, où les légions eurent bien de la peine à soumettre les
Cantabres. Ses armes soumirent encore l'Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie,
l'Illyrie, et continrent les Daces, les Numides, les Éthiopiens. Il fit une
alliance avec les Parthes, qui cédèrent l'Arménie, et rendirent les drapeaux
enlevés à Crassus et à Antoine dont les armées avaient été taillées en pièces.
Cet hommage rendu à Auguste par les barbares, fut imputé à celui-ci par les
Romains comme un véritable triomphe. Il eut à combattre aussi les Germains sur
lesquels il remporta divers avantages, mais qui lui firent éprouver un échec
terrible par le massacre de l'armée commandée par Varus. Ce revers causa la
plus vive douleur à l'empereur, qui s'écria plus d'une fois: «Varus, Varus,
rends-moi mes légions!» Tibère effaça par ses triomphes la défaite de ce
général qu'il vengea cruellement.
Les jours de l'empereur furent deux fois menacés par
le fer des conspirateurs: la première fois, au commencement de son règne, la
deuxième vers la fin. Cinna, qu'Auguste avait comblé de ses bienfaits, était à
la tête de cette dernière conjuration. Auguste informé de la chose, fit venir
auprès de lui le coupable, lui pardonna généreusement en lui témoignant
beaucoup d'affection, et le fit même consul pour l'année suivante. Ce noble
procédé désarma tous les complices, et porta au plus haut degré l'amour et
l'admiration du peuple romain pour son chef. Dès lors il n'eut plus d'ennemis,
ni au dedans ni au dehors; sa douceur, sa clémence, son amour pour la justice
lui avaient gagné tous les cœurs. Nous avons vu sa conduite à l'égard
d'Archelaüs (— Voir: cet article); ce fut encore lui qui fit donner à Hérode,
par le sénat romain, la couronne de la Judée, et il y ajouta plus tard la
tétrarchie de Zénodonus: il voulut faire lui-même l'éducation d'Alexandre et
d'Aristobule, fils d'Hérode, et leur donna des appartements dans son propre
palais. On comprend, d'après cela, combien Auguste dut être affligé lorsque,
dans la suite, Hérode versa le sang de ces deux jeunes princes. «Il vaut mieux
être le porc d'Hérode que son fils!» s'écria-t-il dans son indignation.
Quand la paix fut rétablie dans son empire, il fit
faire un recensement général de tous ses sujets; il en ordonna même trois
presque consécutivement, et c'est pendant le second qui commença sept ans
environ avant Christ, et qui durait encore à cette époque, que Joseph et Marie
vinrent se faire enregistrer dans le lieu de leur bourgeoisie, Bethléhem, Luc
2:1-6. (Il faut ajouter cependant, que l'impôt qui fut établi par l'empereur en
suite de ce recensement, ne fut prélevé que quelques années plus tard.) Ce fut
dans la vingt-sixième année d'Auguste que naquit le Sauveur du monde; et le
même règne qui vit fermer les portes du temple de Janus, vit naître aussi le
prince de la paix, mais d'une paix meilleure et plus durable, de celle dont
l'Éternel a dit: «C'est moi qui la donne.» À côté du fondateur de la monarchie
impériale de Rome, s'élevait celui qui venait fonder le nouveau royaume
d'Israël, un empire universel, éternel, qui devait, quelque chétifs que fussent
ses commencements, envahir le monde entier, et dominer les ruines de l'empire
romain.
Auguste mourut à Nole en Campanie, l'an 14 avant J.-C., au retour d'un voyage qu'il avait entrepris pour sa santé. Il avait atteint sa soixante-treizième année, (selon d'autres sa soixante-dix-septième), et avait régné quarante ans. Aprè