L'Enfant en Assyrie

L'original de cette mère si généralement adorée était, nous avons des raisons de le croire, cette même Sémiramis (13) dont nous avons déjà parlé. Elle était adorée par les Babyloniens (14) et d'autres peuples de l'Orient (15) sous le nom de Rhéa (16) la grande déesse Mère. C'était du fils, cependant, qu'elle tenait toute sa gloire et tous ses titres à la déification. Ce fils, quoique représenté comme un enfant dans les bras de sa mère, était une personne d'une grande stature, d'une immense force corporelle, et de manières séduisantes. Dans l'Écriture il est désigné sous le nom de Tammuz (Ézéchiel VIII, 14) mais les écrivains classiques l'appellent d'ordinaire du nom de Bacchus. C'est-à-dire "le Regretté" (17). Le nom de Bacchus ne rappelle au lecteur ordinaire qu'une idée de débauches et d'ivrognerie, mais on sait aujourd'hui que dans toutes les abominations qui accompagnaient ses orgies, on poursuivait ouvertement ce grand but : la purification des âmes (18), c'est-à-dire leur délivrance du péché et de ses souillures. Le dieu Regretté qu'on exposait et qu'on adorait sous la forme d'un petit enfant dans les bras de sa mère paraît avoir été le mari de Sémiramis, dont le nom, Ninus, par lequel il est ordinairement connu dans l'histoire classique, signifie littéralement le Fils (9). Comme Sémiramis, la femme, était adorée sous le nom de Rhéa, dont le caractère distinctif était celui de la grande Mère Déesse (20), la réunion de l'épouse avec l'époux sous le nom de Ninus ou le Fils, suffisait à expliquer l'origine du culte étrange de la Mère et du Fils, si répandu parmi les nations de l'antiquité ; et c'est là sans doute l'explication de ce fait qui a tant embarrassé ceux qui se sont occupés de l'histoire ancienne, que Ninus est quelquefois appelé l'époux, et quelquefois le Fils de Sémiramis (21). C'est aussi ce qui explique l'origine de la même confusion des rapports qu'il y avait entre Isis et Osiris, la Mère et l'enfant des Égyptiens ; car, ainsi que le montre Bunsen, Osiris était représenté en Égypte à la fois comme le fils et le mari de sa mère, et portait comme titre de dignité et d'honneur le nom de mari de la mère (22).

Ces détails jettent encore de la lumière sur ce fait déjà remarqué, que le Dieu Hindou Iswara est représenté comme un nourrisson au sein de sa propre femme Isi, ou Parvati.

Or ce Ninus, ou le Fils, porté dans les bras de la Madone Babylonienne, est décrit de telle manière que nous pouvons l'identifier avec Nemrod. Ninus, roi des Assyriens (23), nous dit Trogue Pompée, résumé par Justin, "fut le premier qui, animé d'une passion nouvelle, le désir des conquêtes, changea les moeurs paisibles de l'antiquité. Il fit le premier la guerre à ses voisins et conquit toutes les nations depuis l'Assyrie jusqu'à la Lybie, car elles ignoraient encore l'art de la guerre (24)." Diodore de Sicile nous donne un récit qui s'accorde entièrement avec celui de Trogne Pompée ; il ajoute même un trait qui démontre plus complètement cette identité : "Ninus, dit-il, le plus ancien roi d'Assyrie mentionné par l'histoire, fit de grandes actions. Naturellement belliqueux, et ambitieux de la gloire qui vient de la valeur, il arma un nombre considérable de jeunes gens braves et vigoureux comme lui, leur fit faire pendant longtemps des exercices laborieux et de pénibles travaux, et les accoutuma ainsi à endurer la fatigue de la guerre et à affronter courageusement les dangers (25)." Puisque Diodore fait de Ninus le plus ancien roi d'Assyrie et qu'il le représente comme ayant inauguré ces guerres qui ont élevé sa puissance à un degré extraordinaire en lui soumettant les habitants de la Babylonie, cela montre qu'il occupait exactement la même position que Nemrod dont l'Écriture dit : "Ce fut le premier qui commença à être puissant sur la terre (I Chroniques I, 10), et il régna d'abord sur Babylone." (Genèse X, 8). Comme les constructeurs de Babel, lors de la confusion de leur langage, furent dispersés avec lui sur la surface de la terre et quittèrent la ville et la tour qu'ils avaient commencé de bâtir, Babylone, comme cité, n'existait pas avant que Nemrod, en y établissant son pouvoir, en fît le fondement, et le point de départ de sa grandeur. À ce point de vue donc, l'histoire de Ninus et celle de Nemrod s'accordent exactement. La manière dont Ninus obtint son pouvoir est aussi la même dont Nemrod éleva le sien. Il est hors de doute que ce fut en endurcissant ses partisans aux fatigues et aux dangers de la guerre, qu'il les forma peu à peu au métier des armes et qu'il les prépara à l'aider dans l'établissement de sa souveraineté absolument comme Ninus, en accoutumant ses compagnons pendant longtemps à des exercices pénibles et à de durs travaux, les rendit propres à faire de lui le premier roi des Assyriens.

Les conclusions que nous tirons de ces témoignages de l'histoire se trouvent puissamment confirmées par d'autres considérations. Nous avons dans Genèse X, 11, un passage qui, bien compris, jette une vive lumière sur le sujet. Voici ce passage tel que le donne la version ordinaire : "De ce pays-là sortit Asshur, et il bâtit Ninive." Il y est dit comme si c'était une chose extraordinaire, qu'Asshur sortit du pays de Schinar, tandis que la race humaine en général venait du même pays. Cette version se fonde sur cette hypothèse qu'Asshur avait une sorte de droit divin sur ce pays, et qu'il en avait été en quelque sorte chassé par Nemrod : mais aucun autre passage du contexte ne fait la moindre allusion à ce droit divin et je ne crois pas qu'on puisse le prouver. De plus, cette traduction représente Asshur comme établissant dans le voisinage immédiat de Nemrod un royaume aussi puissant que celui de Nemrod lui-même : Asshur bâtit quatre cités, dont l'une est appelée par emphase "la grande" (Genèse X, 12). Nemrod d'après cette interprétation, bâtit exactement le même nombre de villes, dont aucune n'est caractérisée comme "grande". - Or, il est tout à fait invraisemblable que Nemrod ait supporté patiemment près de lui un rival si puissant !

Pour résoudre ces difficultés, on a proposé de traduire aussi : "Il (Nemrod) sortit de ce pays et vint à Asshur", ou en Assyrie. - Mais alors, selon la grammaire, il faudrait qu'il y eût dans le texte "Assurah", avec le signe de mouvement vers un lieu, tandis qu'il y a simplement Asshur, sans suffixe. Je suis persuadé que la perplexité des commentateurs, à propos de ce passage, vient de la supposition qu'il y a là un nom propre, tandis qu'en réalité il n'y en a pas du tout. Asshur est le participe passif d'un verbe qui en Chaldéen signifie rendre fort (26), et veut par conséquent dire : rendu fort, ou fortifié. Si on lit ainsi ce passage il devient clair et naturel : (Genèse X, 10) "Et il commença à régner sur Babel, Erech, Accad et Calneh." - Un "commencement" implique évidemment une suite, et cette suite la voici : (Genèse X, 11) "Il vint hors de ce pays, lorsqu'il fut devenu fort, (Asshur) et il bâtit Ninive etc." - Or, ceci s'accorde parfaitement avec la déclaration de l'histoire ancienne de Justin : "Ninus augmenta par des conquêtes incessantes l'étendue de ses possessions. Il soumit ses voisins, recruta encore des troupes pour aller combattre d'autres peuplades, et chaque victoire nouvelle lui préparant ainsi le chemin pour d'autres encore, il vainquit tous les peuples de l'Orient (27)." Ainsi donc Nemrod ou Ninus bâtit Ninive ; et l'origine du nom de cette ville en tant qu'habitation de Ninus, s'explique aisément (28). Nous voyons aussi par là pourquoi le nom de la principale partie des ruines de Ninive s'appelle aujourdhui Nimroud (29).

Ninus donc n'est autre que Nemrod ; et l'explication que cette affirmation nous donne de certains faits inexpliqués de l'histoire ancienne confirme puissamment la justesse de cette conclusion. Ninus dit-on, fut le fils de Belus ou Bel, et Bel, dit-on, fut le fondateur de Babylone. Si Ninus fut en réalité le premier roi de Babylone, comment Belus ou Bel son père peut-il en avoir été le fondateur ? Les deux pourraient bien l'avoir été, comme on le verra quand nous aurons examiné qui était Bel et ce que nous pouvons connaître de ses actions. Si Ninus et Nemrod n'étaient qu'un, qui était le Bel de l'histoire ? Ce doit avoir été Cush ; car Cush engendra Nemrod (Genèse X, 8) et on fait ordinairement de Cush le chef de la grande apostasie (30). Mais Cush comme fils de Ham était Hermès ou Mercure ; car Hermès est un synonyme Égyptien du fils de Ham (31). Or, Hermès était le grand prophète qui donna naissance à l'idolâtrie : car il était reconnu par les païens comme l'auteur de leurs cérémonies religieuses et comme l'interprète des dieux.

Le célèbre Gésénius l'identifie avec le Babylonien Nebo, dieu de la prophétie ; et Hyginus montre qu'il était connu comme principal acteur dans ce mouvement qui produisit la confusion des langues. Voici ses paroles : "pendant longtemps les hommes vivaient sous le gouvernement de Jove (évidemment ce n'est pas là le Jupiter des Romains, mais le Jéhovah des Hébreux) sans villes et sans lois, parlant tous le même langage. Mais Mercure ayant interprété les discours des hommes, (de là le nom de Hermeneutes donné à un interprète) sépara aussi les nations. Dès lors la discorde commença (32)." Ici il y a évidemment une énigme. Comment Mercure ou Hermès avait-il besoin d'interpréter le langage des hommes puisqu'ils parlaient tous le même langage ? Il faut pour le comprendre s'en rapporter au langage des mystères. Peresh, en Chaldéen, signifie interpréter, mais ce mot était autrefois prononcé par les Égyptiens et les Grecs, et souvent par les Chaldéens eux-mêmes de la même manière que "Pères", diviser. Mercure, donc, ou Hermès, ou Cush, le fils de Ham, était "celui qui sépare les langages". C'est lui, semble-t-il, qui aurait été le promoteur du projet de construire la grande cité et la tour de Babel ; et comme le titre bien connu de Mercure (l'interprète des dieux) paraît l'indiquer, il les aurait encouragés au nom de Dieu à continuer leur téméraire entreprise, il aurait ainsi amené la confusion des langues et la dispersion des hommes sur la terre. Or, rapprochez cela du nom de Belus, ou Bel donné au père de Ninus ou Nemrod. Tandis que le nom de Belus représentait à la fois le Baal et le Bel des Chaldéens, c'était cependant deux titres distincts. Ces titres étaient souvent donnés au même dieu, mais ils avaient deux sens entièrement différents. Baal, comme nous l'avons déjà vu signifiait le Seigneur ; mais Bel signifiait celui qui confond. Quand donc nous lisons que Belus, père de Ninus, bâtit ou fonda Babylone, peut-on douter dans quel sens on lui donne le titre de Belus ?

C'était évidemment dans le sens de Bel, celui qui confond. C'est à ce sens du nom du Babylonien Bel que Jérémie fait une allusion bien claire quand il dit : (Jérémie L, 2) "Bel est confondu", c'est-à-dire : celui qui confondait est maintenant confondu. Cush était connu de l'antiquité païenne sous le caractère même de Bel, celui qui confond, c'est ce que démontre très clairement un passage d'Ovide : c'est le passage où Janus le dieu des dieux (33), duquel tous les autres dieux tirent leur origine, dit de lui-même (34) : les anciens m'ont appelé Chaos (35). Or,

1° ce passage montre d'une manière décisive que le Chaos était non seulement connu comme un état de confusion, mais comme le dieu de confusion.

2° Tous les lecteurs un peu au courant des règles de la prononciation du Chaldéen savent que le Chaos est précisément une des formes usitées du nom de Chus ou Cush (36).


Fig. 7 — D'après Recherches sur la littérature et les antiquités étrusques, de Sir W. Betham. Le nom étrusque sur le revers de la médaille, Belathri, Seigneur des espions, est sans doute donné à Janus à cause de son nom bien connu, Janus Tuens, qu on peut traduire par Janus le Voyant ou Janus qui voit tout.

Dès lors, qu'on se rappelle le symbole de Janus (fig. 7) que les anciens appelaient Chaos, et l'on verra à quel degré elle s'accorde avec les actions de Cush, quand on l'identifie avec Bel celui qui confond. Ce symbole est une massue, et le nom d'une massue en Chaldéen vient d'un mot qui signifie mettre en pièces, ou disperser (37). Celui qui produisit la confusion des langues fut le même qui brisa l'unité de la terre et en dispersa au loin les fragments (Genèse XI, 1). Quelle signification dès lors dans ce symbole de la massue, qui rappelle l'oeuvre de Cush ou Bel, celui qui confond ! Ce sens n'apparaîtra que mieux encore si on lit le texte Hébreu (Genèse XI, 9) où le mot qui veut dire une massue est le même nom employé par l'auteur, lorsqu'il dit que par suite de la confusion des langues les enfants des hommes furent dispersés au loin sur la terre (38) ! Le mot qui dans ce passage est employé pour disperser est Hephaitz, qui en grec devient Hephaizt (39) et de là vient le nom bien connu mais généralement mal compris de Hephaïstos, Vulcain, le père des dieux (40). Hephaïstos est le promoteur de la première révolte, celui qui disperse au loin, comme Bel est le nom du même personnage sous le caractère de "celui qui confond les langues". Le lecteur peut donc voir maintenant l'origine réelle du marteau de Vulcain qui est aussi un autre nom de la massue de Janus ou du Chaos le dieu de confusion ; il y a une allusion cachée à ce marteau qui brise la terre en pièces dans Jérémie L, 23, où le prophète apostrophe ainsi Babylone qu'il identifie à son ancien dieu : "Comment est-il rompu et brisé, le marteau de toute la terre ?" - Or, comme la construction d'une tour après le déluge était le premier acte d'une rébellion déclarée, et que Bel, ou Cush en était le promoteur, ce fut naturellement le premier à qui on donna le nom de Merodach, le grand rebelle (41), et selon le parallélisme ordinaire du langage prophétique, nous avons une allusion aux deux noms bien connus du dieu Babylonien dans cette prédiction du jugement sur Babylone : "Bel est confondu, Merodach est brisé" (Jérémie L, 2). Le jugement qui vient frapper le dieu Babylonien est conforme à ses propres actions. Bel a confondu la terre entière, à son tour il est confondu. Merodach, par la rébellion qu'il avait suscitée, a mis en pièces le monde jusqu'alors si uni, à son tour, lui aussi, il est mis en pièces. Voilà quel est le caractère historique de Bel, identifié avec Janus ou le Chaos, le dieu de confusion, avec sa massue symbolique (42).

En nous basant sur ces conclusions, nous voyons aisément comment on peut dire que Bel ou Belus, père de Ninus, fonda Babylone, tandis qu'en réalité ce fut Ninus ou Nemrod qui la bâtit. Or, quoique Bel ou Cush, spécialement désigné comme posant les premières fondations de Babylone, pût être considéré comme le premier roi de la ville, (c'est ainsi qu'il est représenté dans quelques copies de la "chronique d'Eusèbe"), cependant il est bien évident, d'après l'histoire sacrée et profane, qu'il n'aurait jamais pu régner en qualité du roi de la monarchie Babylonienne ; et en conséquence dans la version Arménienne de la "chronique d'Eusèbe", (qui porte un cachet d'exactitude et d'autorité incontestables), son nom est entièrement omis sur la liste des rois d'Assyrie, tandis que celui de Ninus est le premier, en termes qui correspondent exactement à la description que l'Écriture fait de Nemrod. Si donc on considère ce fait que l'antiquité fait toujours de Ninus le fils de Belus ou Bel, on verra que l'identité de Ninus et de Nemrod est encore mieux confirmée puisque le Bel de l'histoire est le même que Cush.

Mais si nous considérons ce qu'on dit de Sémiramis, femme de Ninus, l'évidence s'accroît encore, et nous pourrons conclure que la femme de Ninus ne pouvait être que la femme de Nemrod : de plus, nous mettrons en lumière un des grands caractères sous lesquels on adorait Nemrod divinisé. Dans Daniel XI, 38, on nous parle d'un dieu appelé "Ala Mahozim (43)", c'est-à-dire le dieu des fortifications. - Les commentateurs ont été fort embarrassés de dire qui était ce dieu des fortifications. Dans les annales de l'antiquité on a généralement ignoré l'existence d'un dieu des fortifications ; et il faut avouer que le lecteur ordinaire n'y découvre aucun dieu de ce genre qui frappe l'attention. Mais tout le monde sait qu'il y a une déesse des fortifications. Cette déesse était Cybèle, qu'on représente partout avec une couronne de tours et de murs ou avec des fortifications au-dessus de la tête. Pourquoi Rhéa ou Cybèle était-elle ainsi représentée ? Ovide nous fournit à la fois la demande et la réponse. "C'était, dit-il, parce que la première, Cybèle entoura de murs les cités" (44).

Fig. 8. — Diane d'Éphèse.


La première ville du monde après le déluge (à partir duquel on datait souvent le commencement du monde lui-même) qui eut des tours et une enceinte de murailles ce fut Babylone : et Ovide lui-même nous dit que Sémiramis, la première reine de cette cité, passe pour avoir entouré Babylone d'une muraille de briques (45). Sémiramis donc, la première reine divinisée de cette cité et de cette tour dont le sommet devait atteindre le ciel, doit avoir été le prototype de cette déesse qui la première transforma les tours en cités. Si nous considérons la Diane d'Éphèse, nous trouvons une preuve qui tend au même but. Diane était ordinairement représentée comme une vierge protectrice de la virginité : mais la Diane d'Éphèse était entièrement différente. On la représentait avec tous les attributs de la Mère des dieux (fig. 8) et comme telle, elle portait une couronne de tours, si bien qu'il est impossible de la regarder sans se rappeler immédiatement la tour de Babel. Or, cette Diane avec sa tour, un ancien scholiaste l'identifie expressément avec Sémiramis (46). Quand donc on se souvient que Rhéa, ou Cybèle, la déesse qui porte une tour, était en réalité une déesse Babylonienne (47), et que Sémiramis divinisée était adorée sous le nom de Rhéa, on n'aura plus de doute, je pense, sur l'identité personnelle de la déesse des fortifications. Il n'y a aucune raison de croire que Sémiramis seule (bien que quelques-uns l'aient pensé) ait jeté les fondements de Babylone. D'après le témoignage formel d'un ancien historien, Megasthenes, conservé par Abydenus, ce fut Belus qui entoura Babylone de murailles (48).

Bel, celui qui confond, ayant dû laisser inachevées la ville et la tour de Babel, qu'il avait commencées, ce fait ne peut s'appliquer à lui. Cela ne peut s'appliquer qu'à son fils Ninus, qui hérita du titre de son père, et qui fut le premier roi de l'empire de Babylone, par conséquent, à Nemrod. La véritable raison, si Sémiramis femme de Ninus eut la gloire de terminer les fortifications de Babylone, c'est qu'elle parvint à occuper une position prépondérante dans l'estime des anciens idolâtres, et parce qu'on lui attribua tous les différents caractères qui avaient appartenu, ou qu'on suppose avoir appartenu à son mari. Ayant donc déterminé l'un des caractères dans lesquels on adorait l'épouse divinisée, nous pouvons en conclure quel était le caractère correspondant du mari divinisé. Layard dit qu'il est convaincu que Rhéa ou Cybèle, la déesse couronnée de tours, était précisément la contrepartie femelle du dieu qui présidait aux remparts et aux forteresses (49). Cette divinité était Ninus ou Nemrod : nous en avons encore une autre preuve dans les détails épars que nous a laissés l'antiquité sur le premier roi Babylonien divinisé avec un nom qui l'identifie au mari de Rhéa, la déesse portant des tours. Ce nom, c'est Kronos ou Saturne (50).

On sait bien que Kronos ou Saturne était le mari de Rhéa, mais on ne sait pas aussi bien qui était Chronos lui-même. Si on remonte à son origine on trouve que ce dieu était le premier roi de Babylone. Théophile d'Antioche montre que Kronos était adoré en Orient sous les noms de Bel et Bal (51) ; et Eusèbe nous apprend que le 1er roi d'Assyrie nommé Belus était aussi appelé Kronos par les Assyriens (52). Comme le texte authentique d'Eusèbe n'admet pas qu'il y ait eu un roi d'Assyrie avant Ninus, roi des Babyloniens, cela montre que Ninus, premier roi de Babylone était Kronos. Mais il y a plus, nous lisons que Kronos était roi des Cyclopes qui étaient des frères, et qui tiraient leur nom de lui (53), et que les Cyclopes étaient connus comme étant les inventeurs de l'art de construire les tours (54). Le roi des Cyclopes, inventeurs de cet art, occupait une position tout à fait correspondante à celle de Rhéa, qui, la première, éleva les tours en cités. Si donc, Rhéa, la femme de Kronos, était la déesse des fortifications, Kronos ou Saturne, le mari de Rhéa, c'est-à-dire Nemrod ou Ninus, le premier roi de Babylone doit avoir été Ala Mahozim, le dieu des fortifications (55). Le nom lui-même de Kronos confirme fortement mes assertions. Kronos signifie celui qui a une corne (56). Or, la corne étant, en Orient, le symbole bien connu de la force ou de la puissance, Kronos le cornu était, suivant ce système mystique, le synonyme de l'épithète accordée par l'Écriture à Nemrod, savoir Gheber, le puissant, (Genèse X, 8), "il commença à être puissant sur la terre". Le nom de Kronos, comme le sait fort bien le lecteur au courant des classiques, est appliqué à Saturne en tant que père des dieux. Nous avons déjà parlé d'un autre père des dieux, Cush, dans son caractère de Bel, celui qui confond, ou Hephaïstos, celui qui disperse au loin, et il est facile de comprendre comment, lorsqu'on se mit à diviniser les mortels et en particulier le puissant fils de Cush, le père, si l'on considère surtout la part qu'il semble avoir prise à la formation de tout ce système idolâtre, a dû aussi être divinisé sous les traits de père du "Puissant", et de tous les immortels qui lui ont succédé. Mais nous verrons en réalité, dans le cours de nos recherches, que Nemrod était le père des dieux, parce que c'est le premier mortel qui ait été divinisé ; et que, par conséquent, il s'accorde parfaitement avec ce fait historique que Kronos, celui qui a une corne, ou le puissant, est connu sous ce titre dans le Panthéon classique.

Le sens de ce nom de Kronos, celui qui a une corne, appliqué à Nemrod, explique clairement l'origine de ce symbole extraordinaire, qu'on voit si souvent dans les sculptures de Ninive, le gigantesque homme-taureau avec des cornes, représentant les grandes divinités d'Assyrie. Le même mot qui signifiait un taureau, signifiait aussi un gouverneur ou un prince (57). Aussi le taureau porteur de cornes signifiait-il le prince puissant, c'est-à-dire le premier des hommes puissants qui, sous le nom de Guèbres, Gabri ou Cabiri, occupèrent dans l'antiquité une si grande place, et auxquels les anciens rois divinisés d'Assyrie faisaient remonter leur puissance et leur noblesse. Ceci explique pourquoi le Bacchus des Grecs était représenté avec des cornes et pourquoi on l'invoquait souvent sous cette épithète, "aux cornes de taureau", pour désigner par là ses grands titres de gloire (58). Dans des temps relativement modernes, Togrul Begh, le chef des Turcs Seldjoucides qui venaient des bords de l'Euphrate, était aussi représenté (fig. 9) avec trois cornes sortant de la tête comme emblème de sa souveraineté.

Fig. 9


Fig. 10


Ceci aussi explique admirablement l'origine des divinités adorées par les Anglo-Saxons païens sous le nom de Zernebogus. Ce Zernebogus était la divinité noire, funeste de mauvais augure (59), en d'autres termes l'exacte contrepartie de l'idée populaire du diable, qu'on croyait être noir, et qui, disait-on, avait des cornes et des pieds fourchus. Analysez ce nom, comparez-le avec la gravure ci-après (fig. 10) extraite de Layard (60) et vous verrez qu'elle jette une singulière lumière sur l'origine de la superstition populaire à propos du grand adversaire.

Le nom de Zernebogus est presque du chaldéen tout pur, et semble se décomposer de lui-même pour nous offrir le sens de "la semence du prophète Cush". Nous avons vu qu'il y a lieu de conclure que sous le nom de Bel, différent de Baal, Cush était le grand devin ou faux prophète qu'on adorait, à Babylone. Mais des savants indépendants ont été amenés à cette conclusion que Bel et Nebo étaient deux noms différents d'un même dieu et d'un dieu prophète. Voici comment Kitto s'exprime à propos du passage Ésaïe XLVI, 1 : "Bel est tombé sur ses genoux, Nebo a été renversé." Ce dernier nom, dit-il, semble venir de Nibba, rendre un oracle ou prophétiser ; il signifierait donc "oracle" et dès lors comme le fait remarquer Calmet (commentaire littéral) ne serait autre chose que Bel lui-même ou une épithète caractéristique qui lui est appliquée ; il n'est pas, en effet, contraire à l'usage de répéter la même idée dans le même verset en termes équivalents (61).

Zernebogus, le grand rejeton du prophète Cush, était donc évidemment Nemrod, car Cush était le père de Nemrod. Consultez maintenant Layard et voyez combien l'Angleterre et l'Assyrie sont mises ainsi dans un rapport étroit. Dans la gravure précédente, dont nous avons déjà parlé, nous voyons d'abord l'Hercule Assyrien (62), c'est-à-dire le grand Nemrod, ainsi qu'on le désigne dans la version des septante, sans massue ni éperons, ni armes d'aucune espèce attaquant un taureau. Lorsqu'il l'a terrassé, il met sur sa tête les cornes de l'animal, comme trophée de victoire et symbole de puissance ; puis on nous le montre avec les cornes, les sabots et les jambes du taureau. Ainsi équipé, il se retourne pour attaquer un lion. Cette gravure est destinée vraisemblablement à rappeler quelques traits de la vie de celui qui le premier commença à être puissant dans la chasse et dans la guerre, et qui, selon toutes les traditions anciennes, était aussi remarquable par sa force corporelle, car ce fut le chef des Géants qui se révoltèrent contre le ciel. Or Nemrod fils de Cush était noir, en d'autres termes c'était un nègre. Cette parole scripturaire : "L'Éthiopien peut-il changer sa peau ?" (Jérémie XIII, 23) est ainsi dans l'original : "Le Cushite peut-il changer sa peau ?" Si on ne perd pas ceci de vue, on verra que dans cette figure découverte à Ninive, nous avons à la fois le prototype de l'Anglo-Saxon Zernebogus, la semence du prophète Cush et le véritable original du noir, ennemi de l'humanité, avec des cornes et des pieds fourchus. C'est sous un tout autre aspect que Nemrod fut tout d'abord adoré, mais chez un peuple au teint clair, comme chez les Anglo-Saxons, il était inévitable, s'il était adoré, que ce fût généralement comme un objet de crainte, et c'est ainsi que Kronos le Cornu, qui portait des cornes comme un double emblème de sa force physique et de son pouvoir souverain, est devenu, dans la superstition populaire, le représentant autorisé du démon. Dans bien des contrées éloignées les cornes sont devenues l'emblème du souverain pouvoir. La couronne qui entoure encore le front des monarques européens semble venir de l'ancien emblème de puissance adopté par Kronos ou Saturne qui, d'après Phérécyde, fut le premier de tous qui ait porté une couronne (63). La première couronne royale paraît avoir été simplement une bande dans laquelle on plaçait les cornes. Par suite de l'idée du pouvoir indiqué par la corne, des chefs secondaires paraissent avoir porté un cercle orné d'une simple corne, comme emblème de leur pouvoir emprunté. Bruce, le voyageur Abyssinien, parle de chefs qui étaient ainsi décorés (fig. 11) ; il dit à ce propos que la corne attira son attention, lorsqu'il aperçut que les gouverneurs des provinces se distinguaient par cette coiffure. Quant aux souverains, la bande de la tête royale était parfois ornée d'une corne double, quelquefois triple.

La corne avait été évidemment à l'origine le symbole du pouvoir et de la force chez les souverains : car sur les monuments Égyptiens, les têtes des personnes royales divinisées n'ont en général pas plus de deux cornes pour témoigner de leur pouvoir. Comme la souveraineté de Nemrod était fondée sur la force physique, les deux cornes du taureau étaient le symbole de cette force corporelle - Et comme confirmation de ce fait, nous lisons Sanchoniathon qu'Astarté se mit sur la tête une tête taureau, comme emblème de la royauté (64).

Bientôt cependant apparut

Fig. 11 — Les deux hommes sont des chefs Abyssiniens. Les deux femmes viennent, elles, du Liban. Les coiffures à cornes, sont, d'après Walpole (Ansayri), des restes de l'ancien culte d'Astarté.



une idée nouvelle et plus haute, dont l'expression se montra dans le symbole des trois cornes. Avec le temps, il semble qu'une coiffure ait été associée aux cornes royales. Dans l'Assyrie la coiffure à trois cornes était l'un des emblèmes sacrés (65), comme gage de l'origine divine du pouvoir qu'elles représentaient : les trois cornes désignaient évidemment le pouvoir de la Trinité. Nous avons de plus des preuves que le bandeau à cornes sans aucune coiffure était autrefois la corona ou couronne royale. La couronne que portait le dieu Hindou Vichnou dans son avatar du poisson est précisément un cercle ouvert ou bandeau

Fig- 12        surmonté de trois cornes droites terminées par une boule).

Tous les avatars sont représentés comme ornés d'une couronne qui paraît avoir été modelée là-dessus : elle consiste en une petite couronne à trois pointes dressées en l'air dans laquelle Sir William Jones reconnaît la couronne des Éthiopiens ou des Parthes (66). La tiare ouverte d'Agni, dieu du feu chez les Hindous, porte à son bandeau inférieur la double corne (67) faite de la même manière qu'en Assyrie (68) et qui prouve tout de suite l'ancienne coutume et son origine. Au lieu des trois cornes, on porta trois feuilles en forme de corne (69) et ainsi la bande à cornes devint peu à peu la petite couronne moderne ou la couronne aux trois feuilles de fleur de lis, ou autres ornements à trois feuilles.

Chez les Peaux-Rouges d'Amérique, on trouve un usage analogue à celui des Babyloniens. Dans la "danse des buffles", en effet, chaque danseur avait sur la tête des cornes de buffle (70) ; et ce qui mérite d'être remarqué, c'est que la danse des Satyres en Grèce, semblait avoir été la contrepartie de cette solennité chez les Indiens, car les Satyres étaient des divinités à cornes, et ceux qui imitaient leur danse devaient avoir la tête ornée comme la leur (fig. 13).

Si donc une coutume fondée sur une parole qui caractérisait le pays où dominait Nemrod se retrouve dans tant de contrées différentes éloignées l'une de l'autre, où cette parole n'était jamais employée dans la vie ordinaire, nous pouvons être sûrs que cette coutume n'était pas le fait du hasard, mais qu'elle s'était répandue de Babylone dans toutes les directions, à l'époque où Nemrod le premier commença à être puissant sur la terre. Le pouvoir de Nemrod signifie celui qui est ailé (71). Aussi était-il représenté comme un taureau portant à la fois des cornes et des ailes ; il montrait par là non seulement qu'il était lui-même puissant, mais qu'il commandait à des puissants toujours prêts à exécuter ses ordres et à vaincre tous ses adversaires.

Fig. 13  — Les Satyres,

compagnons de Bacchus, dansaient avec lui. L'épithète qui caractérisait Bacchus étant le taureau à cornes, les cornes des Satyres (pour une raison mystique, c'étaient des cornes de bouc) se montrent sous leur vrai jour.


était représenté par un autre symbole. Il y a un synonyme de Gheber le puissant ; c'est Abir. Aber, aussi, signifie une aile. Nemrod, chef et capitaine des soldats qui l'entouraient, et qui l'aidaient à établir son pouvoir, était appelé Baal-aberin, le seigneur des puissants. Mais Baal-abirin (qui lui est à peu près semblable)


Fig. 14


Et ces ailes largement ouvertes symbolisaient l'étendue de sa puissance. Ésaïe fait clairement allusion à cette manière de représenter les rois de Babylone et d'Assyrie qui imitaient Nemrod et ses successeurs (Ésaïe VIII, 6-8) : "Parce que ce peuple a méprisé les eaux de Shiloah qui coulent doucement, et qu'il s'est réjoui au sujet de Retsin et du fils de Remalia, voici, le Seigneur va faire monter contre eux les puissantes et grandes eaux du fleuve (le roi d'Assyrie et toute sa gloire) il s'élèvera partout au-dessus de son lit et il se répandra sur toutes ses rives ; il pénétrera dans Juda, il débordera

et inondera, il atteindra jusqu'au cou. Le déploiement de ses ailes remplira l'étendue de ton pays, Ô Emmanuel." - Si nous remarquons les figures présentées ici au lecteur (fig. 14 et 15) avec leurs grandes ailes étendues, comme symboles du roi Assyrien, quelle force, quelle énergie présente le langage inspiré du prophète.


Et comme il est évident que le déploiement des ailes du monarque Assyrien "qui devait remplir l'étendue du pays" offre précisément ce sens symbolique dont j'ai parlé, c'est-à-dire la diffusion de ses braves dans le pays, ou de ces troupes armées, que le roi de Babylone devait amener avec lui dans son invasion ! La manière dont les rois d'Assyrie étaient représentés et le sens de cette figure donnent encore plus de force à l'histoire du songe de Cyrus le Grand. Cyrus le Grand, nous dit Hérodote, vit en songe le fils d'un de ses princes, en ce moment même dans une province éloignée, portant deux grandes ailes aux épaules ; l'une couvrait l'Asie, et l'autre l'Europe (72).

Il en conclut aussitôt qu'il fomentait une révolte contre lui. Les symboles des Babyloniens dont Cyrus avait pris la capitale et sur lesquels il régnait, lui étaient entièrement familiers ; et si les ailes étaient le symbole de la souveraineté, si leur possession impliquait la souveraineté sur la puissance, ou sur les armées de l'empire, il est aisé de voir qu'il était tout naturel que le roi conçût au sujet de ce prince des soupçons de déloyauté, dans les circonstances que nous avons indiquées !

Fig. 15


Le vrai sens de ce mot équivoque, Baal-aberin, pourra seul expliquer le passage d'Aristophane où il est dit : "Au commencement du monde, les oiseaux furent créés les premiers, et après eux vint la race bénie des immortels (73)." - On a vu là une parole athée ou sans signification, mais si l'on a la clef de ce langage, on verra qu'il contient un fait historique important. Les oiseaux, il ne faut pas l'oublier, c'est-à-dire les ailés, symbolisaient les seigneurs des puissants, le sens est donc clair ; le voici : les hommes commencèrent à être puissants sur la terre, et les seigneurs, ou les chefs de ces hommes puissants, furent divinisés. Le sens mystique de ce symbole aide à expliquer l'origine de l'histoire de Persée, fils de Jupiter, né miraculeusement de Danaé, qui accomplit des faits merveilleux et allait de lieu en lieu au moyen d'ailes qu'un dieu lui avait accordées. Ainsi s'explique aussi le mythe de Bellérophon, ses exploits sur le coursier ailé, sa fin déplorable, son élévation dans les airs, et sa chute terrible ; celui d'Icare, enfin, fils de Dédale, qui s'envolant au dessus de la mer Icarienne au moyen des ailes qu'il avait attachées à son corps avec de la cire, s'approcha trop du soleil, vit fondre la cire, et tomba, dit-on, dans la mer à laquelle il donna son nom. Toutes ces fables se rapportent à ceux qui ont marché, ou sont censés avoir marché sur les traces de Nemrod, le seigneur des puissants, et qui sous ce caractère étaient représentés avec des ailes.

Il est frappant de voir que dans ce passage d'Aristophane déjà indiqué, où il est parlé d'oiseaux ou d'êtres ailés qui sont créés avant les dieux, on nous apprend que celui dont les dieux et les puissants tiraient leur origine n'était autre que l'enfant ailé Cupidon (74). Cupidon, fils de Vénus, occupait, comme on le verra plus loin dans la mythologie mystique, la même place que Ninus ou Nin le fils, par rapport à Rhéa, la mère des dieux. Comme Nemrod était incontestablement le premier des puissants après le déluge, ce passage d'Aristophane d'après lequel l'enfant-dieu Cupidon qui lui-même était ailé, créait tous les oiseaux ou les ailés, tout en ayant la même place que Nin ou Ninus, le fils, ce passage montre qu'à cet égard aussi Nemrod et Ninus sont identiques. C'est là, évidemment, la pensée du poète ; c'est aussi à un point de vue historique, la conclusion de l'historien Apollodore ; il déclare en effet que Ninus, c'est Nemrod (75). De plus, pour confirmer cette identité, nous voyons dans l'une des plus célèbres sculptures de l'ancienne Babylone, Ninus et sa femme Sémiramis dans toute l'ardeur de la chasse (76) ; Sémiramis porte un carquois, c'est la digne compagne du "puissant chasseur devant l'Éternel".

elles pleurèrent aussi Bacchus.

Grégoire attribue à Cush ce qu'on croyait généralement convenir à son fils ; mais son témoignage montre que de son temps, on croyait, ce qui est amplement confirmé par d'autres preuves, que Cush avait puissamment contribué à détourner l'humanité du culte du vrai Dieu.

Her est le nom de Horus, identique au soleil (BUNSEN, vol. I, p. 607) ce qui montre que l'étymologie réelle du nom vient du verbe auquel je la rattache.

2° Mes de Mesbeh (ou sans le radical qu'on peut omettre, voir PARKHURST, sub voce, p. 416) produire. En Égyptien, nous avons Ms dans le sens de mettre au jour, (BUNSEN vol. I, Signes Hiéroglyphiques, Append. b : 43, p. 510) ce qui est évidemment une forme différente du même mot. Au passif, nous trouvons Ms. (BUNSEN, Vocab, Append. I, p. 470, en bas, etc. Ms... né). Le radical de Mesheh, dans le Lexique de Stockius, est en latin "extraxit" et notre mot extraction, appliqué à la naissance ou à l'origine montra qu'il y a rapport entre le sens générique de ce mot et la naissance. Ce dérivé explique le sens des noms des rois Égyptiens, Ramesses et Thothmes ; le premier est évidemment le fils de Ra, ou le Soleil, car Ramesses est Hliou paiz (AMMIEN MARCELLIN, liv. 17, ch. 4, p. 162) le dernier de même veut dire le fils de Thoth. Pour la même raison, Her-mes veut dire le Fils de Her ou Ham le brûlé, c'est-à-dire Cush.

1° Les liens de parenté des dieux sont singulièrement embarrassants : Osirist présenté comme fils et mari d'Isis est aussi père et frère (BUNSEN, tome I, p. 438)

2° Quel que soit le caractère antérieur des mortels déifiés, ils acquièrent de nouveaux liens de parenté. Dans l'apothéose du mari et de la femme, ils devaient avoir la même origine céleste, comme étant surnaturellement les enfants de Dieu. Avant le déluge, le grand péché qui amena un châtiment sur la race humaine, vient de ce que les fils de Dieu épousent d'autres femmes que les filles de Dieu, qui n'étaient pas spirituellement leurs soeurs (Genèse VI, 2, 3). Dans le monde renouvelé, l'usage contraire doit avoir prévalu, un fils de Dieu ne pouvait épouser une autre femme qu'une fille de Dieu, ou sa propre soeur dans la foi, sans honte ni mésalliance. Par perversion d'une idée spirituelle, vint sans doute la croyance que la dignité et la pureté de la race royale étaient conservées intactes par le mariage entre frères et soeurs. C'était le cas au Pérou (PRESCOTT, vol. I, p. 18), en Inde, (HARDY, p. 133), et en Égypte (WILKINSON, tome iy p. 385). Junon se vantait ainsi d'être soeur et femme, "soror et conjux". Pour la même raison, Rhéa était soeur de son mari Kronos, indiquant ainsi qu'elle partageait sa divinité.

Chapitre 2

Objets du culte

Article 2

La Mère et l'Enfant, et l'original de l'Enfant

Section 2

66