Le passage donné, d'après Proclus, est diversement rendu par différents traducteurs. Tel que je l'ai cité, il est presque le même que dans Taylor (traduction de Proclus). Taylor abandonne la version du traducteur latin de l'édition de Hambourg, 1618, à propos du mot "dépouillés de leurs vêtements". Ce traducteur rend le mot qui dans l'original est vupviTa.Z, par vélites, ou soldats légèrement équipés. Mais après un soigneux examen du passage, on verra que la version Taylor, pour le sens et l'application du mot, apparaît parfaitement exacte, et que c'est, entièrement confondre le sens que de l'interpréter par "soldats légèrement armés". Dans le lexique grec de Donnegan, vujivithZ est donné comme synonyme de vupvnZ, qui dans son sens primitif, veut dire nu. Dans le lexique de Liddell et de Scott vujivithZ ne se trouve pas ; il y a seulement vupvnTnZ ; or, YupvnTnZ qui est un nom, veut dire soldat légèrement armé ; mais étant un adjectif, il signifie nu. Or, le contexte montre que vupviTa.Z ou vupvnTaZ doit être employé comme adjectif. De plus, le contexte avant et après montre évidemment qu'il signifie dépouillé ou débarrassé des vêtements. La phrase elle-même établit une comparaison. Je donne les mots de la comparaison d'après la version latine déjà mentionnée : "Et que-madmodum (ici viennent les mots cités dans le texte) eodem modo puto et in ipsâ rerum contemplatione rem se habere." Or, dans la phrase ci-dessus, l'âme ou la personne qui s'adonne proprement à la contemplation de Dieu et de l'univers le fait ainsi : "Contrahens se totam in sui ipsius unionem et in ipsum centrum universae vitae, et multitudinem et varietatem omnigenarum in eo comprehensarum amovens, in ipsam summam ipsorum Entium speculam ascendit." Ainsi dans la citation qui suit la phrase en question, la même idée de dépouiller tout ce qui peut empêcher la parfaite union de l'âme, nous est clairement indiquée, "et omnibus omissis atque neglectis", etc. Voici l'argument ; comme les initiés avaient besoin d'être 448
entièrement dépouillés, pour retirer de leur initiation tous les bénéfices possibles, ainsi l'âme doit se dépouiller de tout ce qui peut l'empêcher de s'élever à la contemplation des choses, telles qu'elles sont réellement.
Il n'y a qu'un autre point à remarquer, c'est le doute qui peut s'élever sur les mots qui sont entre parenthèses, "pour ainsi dire". Ces mots tels qu'ils se trouvent dans l'original, et tels qu'ils sont donnés par Taylor, qualifient-ils la phrase qui précède ou la phrase qui suit ? Tels qu'ils sont donnés dans la version de Taylor, ils sont ainsi placés : "dépouillés de leurs vêtements, pour ainsi dire, ils participent à la nature divine". On ne voit pas trop clairement quel point ils désignent. On ne peut le distinguer que par un usus loquendi. Or, l'usus loquendi de Proclus est fort décisif. Cette expression qualifie ce qui suit. Ainsi nous lisons le passage suivant (liv. I, ch. 3, p. 6) : rqv a^prqa tou vou (coZ (paoi) to av0oZ (la perfection de l'âme (pour ainsi dire) la fleur) et encore (ibid. ch. 1, p. 16) :^ai navTsZ («Z sinsiv) rqZ sv0sou oo^iaZ ^sikn^aoi, (et tous pour ainsi dire ont participé à la sagesse inspirée). D'après ces passages, nous voyons aisément quelle était l'habitude de Proclus ; aussi, tout en conservant les mots de la traduction de Taylor, j'ai arrangé la dernière clause de manière à faire ressortir plus clairement le sens original de l'auteur.
Appendice
Note N, p. 343