La bête qui monte de la terre

C'est au chapitre XIII de l'Apocalypse, verset 11, que nous trouvons les détails relatifs à cette bête : "Je vis une autre bête monter de la terre qui avait deux cornes semblables à celles de l'Agneau ; mais elle parlait comme le dragon." Bien que cette bête soit mentionnée après la bête qui sort de la mer, il ne s'ensuit pas qu'elle ait existé après elle. L'oeuvre qu'elle fait semble indiquer exactement le contraire ; car c'est par son moyen que les hommes furent entraînés (Apocalypse XIII, 12) à adorer la première bête après qu'elle eut été mortellement blessée ; cela montre bien qu'elle avait dû exister avant elle. Elle est mentionnée la seconde, parce que comme elle a tous les pouvoirs de la première bête et qu'elle entraîne tous les hommes à l'adorer, on ne pouvait convenablement la dépeindre avant que la première ne fût apparue sur la scène. Or, dans l'ancienne Chaldée, on avait aussi le type de cette bête. C'était un dieu qu'on appelait Nebo ; en Égypte Nub ou Num (1), et chez les Romains Numa, car Numa Pompilius le grand prêtre-roi des Romains occupait exactement la même place que le Babylonien Nebo. Chez les Étrusques auxquels les Romains ont emprunté bélier (fig. 55). Dans l'Étrurie, il semble qu'on l'ait représenté d'une manière à peu près semblable ; car nous trouvons dans ce pays un enfant divin et merveilleux portant des cornes de bélier (fig. 56).

Fig. 55   — En

comparant cette figure avec ce qui est dit dans WILKINSON, vol. IV, p. 235, 238, on verra que la tête de bélier donne à cette figure les attribut de Noub, bien qu 'elle soit appelée Almun.


la plupart de leurs rites, on l'appelait Tages ; et on raconte en particulier à propos de ce Tages, que comme Jean vit la bête dont nous parlons sortir de la terre, de même Tages était né subitement et miraculeusement dans un sillon ou un trou de la terre (2). En Égypte, on représentait ce dieu avec la tête et les cornes d'un


Fig. 56 — La figure ci-dessus, et beaucoup d'autres détails qui m'ont servi à confirmer ma démonstration, m'ont été fournis par mon voisin et ami, le Rév. Peebles de Colliston.


Le nom de Nebo, nom distinctif de ce dieu, signifie le prophète, et comme tel il donnait des oracles, pratiquait la divination, prétendait avoir des pouvoirs merveilleux et était adepte en magie. C'était un grand faiseur de miracles, il répondait exactement aux termes de la prophétie où il est dit : "Il fait de grandes merveilles, il fait même descendre le feu du ciel sur la terre à la vue des hommes." (Apocalypse XIII, 13). Or, le Tages étrusque était précisément connu sous ce caractère ; c'est lui, en effet, qui, dit-on, enseigna aux Romains la divination et toute la superstition et les merveilleuses jongleries qui s'y rattachent (3). On nous parle aujourd'hui des statues qui pleurent, de Madones qui froncent le sourcil, et d'autres prodiges innombrables, qui ont lieu à chaque instant dans l'Église romaine, ce qui prouve, dit-on, la vérité de telle ou telle doctrine de la papauté : il en était absolument de même dans le système de Babylone. Il n'y a pas une forme de fraude pieuse ou de sainte imposture pratiquée de jours sur les bords du Tibre, qui n'ait son pendant sur les bords de l'Euphrate, ou dans les systèmes qui en sont dérivés. Il est bien facile de le prouver : la statue de la Vierge répand-elle des pleurs ? Les statues païennes en versaient tout autant ! Écoutez comment Lucain parle de ces idoles au coeur sensible ; décrivant les prodiges qui survinrent pendant les guerres civiles, il dit :

Les pleurs répandus par les dieux protecteurs de notre patrie, Et la sueur qui coulait des Lares, disaient les malheurs de la cité (4).

Virgile parle aussi du même prodige :

Dans les temples l'ivoire se couvre de larmes et l'airain de sueur (5). quand, sous le consulat d'Appius Claudius et de Marcus Perpenna, Publius Crassus fut égorgé dans une bataille contre Aristonicus, la statue d'Apollon à Cumes pleura pendant quatre jours sans interruption (6). Les dieux avaient aussi leurs moments de bonne humeur comme leurs accès de larmes. Si Rome estime que le froncement des sourcils est une perfection divine pour la statue de la Madone, il était également admis que les statues païennes faisaient à l'occasion une petite grimace. Nous savons que le cas se produisait souvent : Psellus nous dit que, lorsque les prêtres faisaient usage de leur pouvoir magique, les statues riaient et les lampes s'allumaient d'elles-mêmes (7). Cependant quand les statues étaient joyeuses, elles paraissent avoir inspiré d'autres sentiments que la joie à ceux qui les contemplaient.

Les Théurgistes, dit Salverté, faisaient apparaître des dieux dans les airs au milieu d'une vapeur gazeuse, sans aucun feu. Le théurge Maxime faisait incontestablement usage d'un secret analogue à celui-là, lorsque, dans les fumées de l'encens qu'il brûlait devant la statue d'Hécate, on voyait la statue rire si naturellement qu'elle terrifiait les spectateurs (8). Il y avait des jours cependant où elles inspiraient d'autres sentiments. La statue de la Madone jette-t-elle un regard favorable sur son adorateur privilégié pour le renvoyer avec l'assurance que sa prière a été entendue ? Il en était ainsi pour les statues égyptiennes d'Isis. Elles étaient faites de telle manière que la déesse pouvait remuer le serpent d'argent qu'elle portait sur le front, et faire un signe de tête à ceux qui avaient su faire leur demande d'une façon qui lui plût (9). Nous lisons que les saints de Rome montraient leur pouvoir miraculeux en traversant les rivières ou la mer de la manière la plus extraordinaire. Ainsi, Saint-Raymond fut, dit-on, transporté sur la mer dans son manteau (10). Le paganisme ne le cède pas d'un iota au Romanisme sur ce sujet. On raconte, en effet, qu'un saint Bouddhiste, Sura Acharya, visitant son troupeau à l'ouest de l'Indus, flottait au-dessus de l'eau sur son manteau (11). Les dieux et les grands prêtres du paganisme montraient encore plus d'élasticité. Il y a aujourd'hui un saint de l'Église de Rome quelque part sur le continent, du nom de saint Cubertin ; ce saint est tellement immatériel, que lorsqu'il fait ses dévotions, son corps ne peut pas demeurer sur terre, en dépit de toutes les lois de gravité, il s'élève à plusieurs pieds en l'air. Ainsi étaient le fameux Saint François d'Assise (12), Pierre de Martuna (13) et François de Macerata (14) qui vivaient il y a aujourd'hui quelques siècles.

Mais saint Cubertin et saint François sont loin d'être originaux dans cette dévotion surhumaine. Les prêtres et les magiciens des mystères Chaldéens les avaient devancé non pas seulement depuis des siècles, mais depuis des milliers d'années. Coelius Rhodigunus dit que d'après les Chaldéens, des rayons lumineux émanant de l'âme pénètrent quelquefois le corps d'une manière divine : dès lors il s'élève de lui-même au-dessus de la terre ; c'est ce qui arrivait pour Zoroastre (15). Les disciples de Jamblique affirmaient que souvent ils avaient vu le même miracle à propos de leur maître : lorsqu'il était en prières, il s'élevait à une hauteur de dix pieds au-dessus de la terre (16).

Le plus grand miracle que Rome se vante de faire, c'est lorsque, par la répétition de cinq paroles magiques, elle prétend faire descendre du ciel l'âme, le corps, le sang et la divinité de Nôtre-Seigneur Jésus-Christ, pour qu'il soit présent réellement et corporellement dans le sacrement de l'autel. Les prêtres Chaldéens prétendaient avoir la même puissance : au moyen de leurs enchantements magiques, ils faisaient descendre leurs divinités dans les statues, de manière que leur présence réelle s'y manifestât visiblement. Ils appelaient cela "faire les dieux (17)", et c'est de là certainement que vient la parole blasphématoire des prêtres de la papauté : "Nous avons, disent-ils, le pouvoir de créer notre Créateur." Nous n'avons pas de preuve, autant que j'ai pu en juger, que dans le système Babylonien, le gâteau rond et mince qui est le sacrifice non-sanglant de la messe, ait été jamais regardé autrement que comme un symbole, qu'il ait jamais été considéré comme devenant le dieu qu'il représentait. Mais cependant la doctrine de la transubstantiation est bien évidemment de l'essence de la magie qui prétendait par quelques mots puissants changer une substance en une autre, ou, par une adroite jonglerie, écarter entièrement une substance et la remplacer par une nouvelle. De plus, le pape dans la plénitude de son pouvoir prend le droit de lancer les foudres de Jéhovah, et de fulminer une excommunication contre quiconque l'offense. Des rois et des nations entières, croyant en son pouvoir, ont tremblé et se sont courbés devant lui, craignant d'être anéantis par ses foudres spirituelles. Les prêtres du paganisme prétendaient au même pouvoir, et pour affermir la foi en leur puissance spirituelle, ils ont même essayé de faire descendre du ciel les foudres matérielles, et nous avons des raisons de croire qu'ils ont réussi, et qu'ils ont anticipé sur la magnifique découverte du Dr. Franklin (18). Numa Pompilius, dit-on, le tenta avec un entier succès. Tullius Hostilius, son successeur, suivant son exemple, périt dans cette tentative, frappé, lui et toute sa famille, comme de nos jours le professeur Reichmann, par la foudre qu'il s'efforçait de faire descendre (19). Tels étaient les pouvoirs merveilleux attribués par la Parole divine à la bête qui sortait de la terre, et l'ancien type Babylonien possédait déjà la même puissance.

Or, en souvenir de la naissance du dieu qui sortit d'un trou de la terre, les mystères étaient souvent célébrés dans des caves souterraines. C'était le cas en Perse, où de même que Tages était né, dit-on, de la terre, de même Mithra était sorti d'une grotte de la terre (20). Numa de Rome, lui-même, prétendait tirer toutes ses révélations de la grotte de la nymphe Égérie (21). Les hommes étaient tout d'abord initiés aux mystères dans ces grottes, et par des signes et des miracles faits devant eux, ils furent ramenés après la mort de Nemrod au culte de ce dieu sous sa forme nouvelle. Ainsi cette bête de l'Apocalypse qui sort de la terre, s'accorde de toute manière avec cet ancien dieu né dans un trou de la terre ; car aucune autre parole ne pourrait aussi exactement que celle de l'Apocalypse décrire ses actions : "Et elle faisait de grands prodiges, même jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre à la vue des hommes. Elle obligeait les habitants de la terre à adorer la première bête dont la blessure mortelle avait été guérie." (Apocalypse XIII, 13). Cette bête qui faisait des merveilles, appelée Nebo, ou le prophète, comme prophète d'idolâtrie, était naturellement le faux prophète. En comparant ce passage avec Apocalypse XIX, 20, nous voyons cette bête qui monte de la terre expressément appelée par son nom : "Et la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle des prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête, et qui avaient adoré son image." Comme c'était la première bête qui montait de la terre et qui faisait des miracles devant la première bête, cela montre que la bête qui vient de la terre c'est le faux prophète, en d'autres termes c'est Nebo. Si nous examinons l'histoire de l'empire Romain nous trouvons aussi un accord exact entre le type et la figure correspondante. Quand la blessure mortelle du paganisme fut guérie, et que l'ancien titre païen de pontife fut restauré, ce fut par le moyen du clergé corrompu, symbolisé, comme on le croit généralement, et comme cela était tout naturel, sous l'image d'une bête à cornes, comme un agneau, suivant la parole de Nôtre-Seigneur : "Prenez garde aux faux prophètes qui viendront à vous sous des vêtements de brebis et qui au-dedans sont des loups ravissants." (Matthieu VII, 15).

Le clergé, comme corporation, se composait de deux parties, le clergé régulier et le clergé séculier, correspondant aux deux cornes ou aux deux pouvoirs de la bête, et réunissant aussi, à une époque très reculée, les pouvoirs temporels et spirituels. Les évêques, chefs de ce clergé, avaient de grands pouvoirs temporels longtemps avant que le pape n'eût sa couronne temporelle. Nous en trouvons la preuve à la fois dans Guizot et dans Gibbon. Après avoir montré que déjà avant le Ve siècle, le clergé était non seulement distinct, mais indépendant du peuple, Guizot ajoute : "Le clergé chrétien avait cependant une autre source d'influence. Les évêques et les prêtres devinrent les principaux magistrats municipaux. Si vous ouvrez le code, soit celui de Théodose, soit celui de Justinien, vous trouverez beaucoup de règles qui remettent les affaires municipales au clergé et aux évêques." Guizot fait plusieurs citations. L'extrait suivant du code de Justinien suffit à montrer l'étendue du pouvoir civil des évêques. "Quant aux affaires annuelles des cités, soit celles qui concernent les revenus ordinaires de la ville, soit qu'il s'agisse de fonds provenant de sa propriété ordinaire ou des dons et des legs, ou de quelqu'autre ressource ; soit qu'il s'agisse de travaux publics, de dépôts de provisions ou d'aqueducs, de l'entretien des bains, des ports ou de la construction de murs ou de tours, de la réparation des ponts ou des routes ; ou de procès dans lesquels la cité peut être engagée pour des intérêts publics ou privés, nous ordonnons ce qui suit : le très pieux évêque et trois notables choisis parmi les premiers de la cité, se réuniront chaque année, ils examineront les ouvrages exécutés ; ils prendront soin que ceux qui les conduisent ou qui les ont conduits les règlent avec précision, rendent leurs comptes, et montrent qu'ils ont rempli leurs engagements dans l'administration des affaires, soit qu'il s'agisse des monuments publics, soit qu'il s'agisse des sommes dépensées pour les approvisionnements, pour les bains, ou des dépenses dans l'entretien des routes, des aqueducs, ou de tous autres travaux (22)." Voilà une bien grande liste des fonctions laissées aux soins spirituels du très pieux évêque ; mais pas une seule n'est mentionnée dans l'énumération des devoirs d'un évêque, telle que la fait la Parole de Dieu (I Timothée I, 7 ; Tite I, 5, 9). Comment les évêques qui furent dans l'origine désignés pour des objets purement spirituels s'efforcèrent-ils de s'emparer d'une telle étendue de pouvoirs temporels ?

Gibbon nous fournit la lumière sur la vraie origine de ce que Guizot appelle "ce prodigieux pouvoir". L'auteur de "Déclin et chute" montre que peu de temps après Constantin, l'Église (et par conséquent les prêtres, plus spécialement, quand ils essayèrent de former un corps distinct de l'autre clergé) obtint un grand pouvoir temporel par le droit d'asile qui avait appartenu aux temples païens, et fut transféré par les empereurs aux églises chrétiennes. Voici ses paroles : "Il était permis aux fugitifs et même aux coupables d'implorer la justice ou la pitié de la déesse et de ses ministres (23)." Ainsi furent jetés les fondements de l'envahissement sacerdotal dans les droits des magistrats civils, ainsi le clergé fut encouragé a s'emparer des pouvoirs de l'état. Ainsi, comme le fait justement remarquer l'auteur de "Rome au XIXe siècle", à propos du droit d'asile, les autels, par une étrange perversion, protégèrent les crimes mêmes qu'ils devaient faire disparaître du monde (24). C'est un fait bien frappant, qui montre combien le pouvoir temporel de la papauté dans ses origines était fondé sur l'illégalité, et c'est une preuve de plus, après toutes celles qu'on peut invoquer, que la tête du système romain à laquelle tous les évêques sont soumis, est véritablement "ô ocvo|HoÇ", l'impie, prédit dans l'Écriture comme le chef reconnu du "mystère d'iniquité". Tout ce pouvoir temporel vint dans les mains d'hommes qui, se disant ministres de Christ et disciples de l'Agneau, ne cherchaient que leur propre accroissement, et pour assurer cet accroissement, n'hésitèrent pas à trahir la cause qu'ils faisaient profession de servir. Le pouvoir spirituel qu'ils prétendaient avoir sur les âmes et le pouvoir temporel qu'ils acquirent sur les affaires du monde étaient tous les deux employés en opposition avec la cause de la religion pure et sans tache. Tout d'abord les faux prophètes, en séduisant les hommes et en cherchant à réunir le paganisme et le christianisme, travaillèrent mystérieusement, minant comme la taupe dans l'obscurité et pervertissant secrètement les simples, conformément à la parole de Paul : "le mystère d'iniquité travaille déjà." (II Thessaloniciens II, 7). Mais bientôt vers la fin du IVe siècle, quand les esprits furent bien préparés et que l'état des choses parut le plus favorable, les loups recouverts de peaux de brebis apparurent sur la scène, exposèrent peu à peu au grand jour leurs pratiques et leurs doctrines secrètes, et siècle après siècle, à mesure que leur pouvoir augmentait par le moyen de "toutes les séductions de l'iniquité et par des signes et des faux miracles" trompèrent les esprits des chrétiens mondains, leur faisant croire que leurs anathèmes étaient équivalents à la malédiction divine ; en d'autres termes, ils leur firent croire qu'ils pouvaient faire descendre le feu du ciel sur la terre, et ainsi amener la terre et tous ses habitants à adorer la bête dont la blessure avait été guérie (25). Quand la blessure mortelle de la bête païenne fut guérie et que la bête sortit de la mer, il est dit que la bête qui montait de la terre devint l'exécuteur reconnu, accrédité, de la volonté de la bête qui montait de la mer (Apocalypse XIII, 12) et elle exerçait toute la puissance de la première bête devant elle, littéralement "en sa présence", sous ses regards. Si nous considérons qui est la première bête, l'expression "en sa présence" a beaucoup de force. La bête qui monte de la mer, c'est la petite corne qui a des yeux comme ceux d'un homme (Daniel VII, 8), c'est Janus Tuens, Janus qui voit tout, en d'autres termes, l'évêque universel ou le voyant universel, qui du haut de son trône sur les sept collines, par son système de confessionnal, voit et sait tout ce qui se fait, jusqu'aux limites les plus reculées de son vaste domaine. Or, ce fut exactement vers le temps où le pape devint l'évêque universel, qu'apparut la coutume d'orner systématiquement les principaux évêques de l'empire d'Occident de la livrée papale qu'on appela le Pallium afin, dit Gieseler, de symboliser et de fortifier leur lien avec l'Église de Rome (26).

Ce pallium, que les évêques portaient sur l'épaule, était la livrée du pape, elle obligeait ceux qui la revêtaient à agir comme fonctionnaires de Rome et c'était de leur chef qu'ils tiraient leur autorité, c'était sous son contrôle qu'ils l'exerçaient ; d'un autre côté, ce pallium était l'ornement visible de ces loups revêtus de peaux de brebis. Que signifiait donc le pallium de l'évêque papal ? C'était un vêtement de laine bénie par le pape, prise aux agneaux sacrés que gardaient les nonnes de Sainte-Agnès et filée par leurs saintes mains (27). Il n'était donné qu'à ceux que le pape voulait honorer, afin, comme le dit un d'eux, "de les faire entrer dans la communion de notre troupeau pastoral (28)." Avec une pareille mission, avec une pareille ordination qu'ils tenaient de l'évêque universel, "ils travaillèrent en conséquence et entraînerent la terre et ses habitants à adorer la bête qui avait reçu la blessure faite par une épée et qui y survécut." Ce fut une partie de l'oeuvre prédite. Mais cette bête en fit une autre tout aussi importante : c'est celle-là qu'il nous reste à examiner.

Les deux développements considérés au point de vue historique et prophétique.

Article 4

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