Le grand dragon rouge

Ce formidable ennemi de la vérité est spécialement dépeint au verset 3 du ch. XII de l'Apocalypse : "Et alors il parut dans le ciel un autre signe, c'était un grand dragon couleur de feu." (Apocalypse XII, 3). Tout le monde admet que c'est le premier grand ennemi qui dans les temps évangéliques assaillit l'Église chrétienne.

Si l'on considère les termes dans lesquels il est décrit et les actes qu'on lui attribue, on verra qu'il y a une grande analogie entre ce dragon et le premier ennemi qui s'éleva contre l'ancienne église de Dieu quelque temps après le déluge. Le mot dragon, suivant les idées auxquelles on l'associe d'ordinaire, est bien fait pour égarer le lecteur en rappelant à son esprit les dragons fabuleux et ailés de l'antiquité. Quand cette divine description fut donnée, l'expression de dragon n'avait point ce sens-là chez les auteurs sacrés ou profanes. Le dragon des Grecs, dit Pausanias, n'était pas autre chose qu'un grand serpent (2), et le contexte montre que c'était bien le cas ici ; car ce qui est appelé dragon dans le 3e verset (Apocalypse XII, 3) est simplement appelé serpent dans le 14e (Apocalypse XII, 14). Le mot traduit par rouge signifie proprement couleur de feu. Le dragon rouge signifie donc dragon de feu, ou serpent de feu. C'est exactement le même qui, dans la première forme de l'idolâtrie, sous le patronage de Nemrod, apparut dans l'antiquité. Le serpent de feu des plaines de Shinar semble avoir été le grand objet de culte. Les preuves les plus solides montrent que l'apostasie commença chez les fils de Noé par le culte du feu, et cela, sous le symbole d'un serpent.

Nous avons déjà vu, en diverses occasions, que le feu étaient adoré comme étant la lumière et la force purificatrice.

Or, il en était ainsi à l'origine. Toute l'antiquité, en effet, désigne Nemrod comme ayant inauguré ce culte du feu (3). Nous avons déjà prouvé l'identité de Nemrod et de Ninus ; on le représente aussi sous le nom de Ninus comme introduisant la même coutume. Dans un fragment d'Apollodore, il est dit que Ninus apprit aux

Assyriens à adorer le feu (4). Le soleil, grande source de lumière et de chaleur, était adoré sous le nom de Baal. Or, puisque le soleil était adoré sous ce nom aux époques les plus reculées, cela montre bien le caractère audacieux de ces premiers commencements de l'apostasie. On a cherché à montrer que le culte du soleil et des corps célestes était une pratique excusable dans laquelle la race humaine pouvait innocemment tomber. Mais comment cela a-t-il pu se faire ? Dans le langage primitif de l'humanité, le soleil s'appelait Shamesh, c'est-à-dire le serviteur. Ce nom était sans doute donné d'en haut pour rappeler au monde cette grande vérité que l'astre du jour, quelque glorieux qu'il fût, n'était après tout que le ministre de la bonté du grand créateur invisible envers ses créatures terrestres.

Les hommes le savaient et néanmoins avec cette entière connaissance, ils mirent le serviteur à la place du maître ; ils l'appelèrent Baal, le seigneur, et l'adorèrent en conséquence. Aussi quelle signification dans ces paroles de Paul : "Connaissant Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu ; mais ils ont changé la vérité en mensonge, et ont adoré et servi la créature, au lieu du Créateur, qui est Dieu au-dessus de tous, béni éternellement." (Romains I, 21-25). Le commencement du culte du soleil et du culte de l'armée du ciel était donc un péché contre la lumière, un péché de présomption, de lèse-majesté contre le ciel. Comme le soleil dans les cieux était le grand objet du culte, ainsi le feu était adoré comme son représentant sur la terre.

Fig. 52


Vitruve fait allusion à ce culte primitif du feu, quand il dit que les hommes se formèrent tout d'abord en états et en communautés en se réunissant autour des feux (5). Et ceci est exactement d'accord avec ce que nous avons déjà vu (p. 174) à propos de Phoronée, que nous avons identifié avec Nemrod ; on lui attribuait l'invention du feu, et on le considérait aussi comme le premier qui ait réuni la race humaine en communautés. En même temps que le soleil, le grand dieu du feu, le serpent eut aussi son culte et s'identifia avec lui (fig. 52).

Dans la mythologie du monde primitif, dit Owen, le serpent est universellement

le symbole du soleil (6). En Égypte, l'un des symboles les plus communs du soleil ou du dieu soleil est un disque entouré d'un serpent (7). Voici croyons-nous, la raison première de cette identification : comme le soleil était la grande lumière du monde physique, ainsi le serpent était considéré comme la grande lumière du monde spirituel, qui donnait à l'humanité la connaissance du bien et du mal.

Ceci implique naturellement une affreuse dépravation de la part des meneurs dans un pareil système, si on considère l'époque où il commença ; mais c'est là, je le crois, le véritable sens de cette identification. En tout cas, nous avons des preuves scripturaires et profanes, pour établir que le culte du serpent commença en même temps que le culte du feu et du soleil. La déclaration inspirée de Paul sur cette question nous paraît décisive : "Ce fut, dit-il, quand les hommes connaissaient Dieu, mais qu'ils ne le glorifiaient pas comme Dieu, qu'ils changèrent la gloire de Dieu, non seulement en des images semblables à l'homme corruptible, mais en des images de bêtes rampantes, c'est-à-dire de serpents." (Romains I, 23) l'histoire profane s'accorde avec cette déclaration. Parmi les auteurs profanes, Sanchoniathon, le Phénicien, qui, dit-on, vivait à l'époque de Josué, s'exprime ainsi : "Thoth le premier attribua quelque chose de la nature divine au serpent et à la tribu du serpent, et il fut imité en cela par les Phéniciens et les Égyptiens." Cet animal, en effet, lui paraissait le plus spirituel de tous les reptiles : il est, dit-il, de la nature du feu ; car il déploie une agilité incroyable, et se meut par le simple effet de sa volonté sans le secours de mains ni de pieds. En outre, il vit très longtemps et a la vertu de renouveler sa jeunesse, ainsi que l'a déclaré Thoth dans ses livres sacrés ; c'est pour ces raisons qu'on a introduit cet animal dans les mystères et dans les rites sacrés (8).

Or, Thoth, il faut se le rappeler, était le conseiller de Thamus, c'est-à-dire Nemrod (9). Cette déclaration nous permet donc de conclure que le culte du serpent formait une partie de l'apostasie primitive de Nemrod. La nature de feu du serpent à laquelle l'extrait ci-dessus fait allusion est partout chantée par les poètes païens. Virgile, parlant de cette nature divine attribuée aux serpents, comme le remarque l'auteur des "Pompéiens" (10), décrit le serpent sacré qui sortit de la tombe d'Anchise, lorsque son fils Énée a offert le sacrifice, en des termes qui jettent une vive lumière sur le langage de Sanchoniathon, et sur le serpent de feu dont nous nous occupons. "À peine avait-il fini de parler que du fond de l'asile sacré sort un énorme serpent dont le corps déroule sept immenses anneaux, sept replis tortueux ; il embrase mollement la tombe, et se glisse autour des autels. Son dos est émaillé d'azur, et ses écailles tachetées étincellent de tout l'éclat de l'or (11)."

Il n'est donc pas étonnant que le culte du feu et le culte du serpent aient été réunis. Le serpent aussi, renouvelant chaque année sa jeunesse, était sans doute représente à ceux qui voulaient une excuse pour leur idolâtrie, comme un emblème exact du soleil, le grand régénérateur, qui chaque année régénère et renouvelle la nature, et qui une fois divinisé, fut adoré comme le grand régénérateur des âmes.

Dans le chapitre que nous étudions, le grand serpent de feu est représenté avec tous les emblèmes de la royauté. Toutes ses têtes sont ceintes de couronnes ou de diadèmes, et ainsi en Égypte, le serpent de feu ou le serpent du soleil, était appelé en grec le Basilisk, c'est-à-dire, le serpent royal, pour l'identifier à Moloch dont le nom, qui rappelle à la fois l'idée de feu et de sang, signifie proprement le roi. Le Basilisk était toujours regardé chez les Égyptiens et chez beaucoup d'autres nations comme le vrai type de la majesté et de la domination (12). Comme tel, son image était fixée à la coiffure des rois Égyptiens, et aucun autre n'avait le droit de la porter (13). Le soleil identifié au serpent était appelé Purros (14), ce qui voulait dire en même temps le feu et le roi, et de ce nom dérivait l'épithète Purros, qui est semblable au feu, épithète donnée au grand serpent à sept couronnes de notre texte (15).

C'est ainsi que le soleil, le grand dieu du feu, était identifié avec le serpent. Mais il avait aussi un représentant humain, c'était Tammuz pour lequel les filles d'Israël se répandaient en lamentations, en d'autres termes, Nemrod. Nous avons déjà vu l'identité de Nemrod et de Zoroastre. Or, Zoroastre n'était pas seulement le chef des mystères chaldéens, mais, comme tout le monde l'admet, le chef des adorateurs du feu (16). Le titre donné à Nemrod, comme premier chef Babylonien, par Berosus, indique le même fait. Ce titre est Alorus (17), c'est-à-dire le dieu du feu (18).

Comme Nemrod le dieu du feu était Molk-Gheber, ou le roi puissant, en ce sens que ce fut le premier qui commença à être puissant sur la terre, nous voyons tout de suite l'origine de cet usage qui consistait à passer au travers du feu ; et nous voyons aussi comment le dieu du feu chez les Romains fut appelé Mulkiber (19). Ce ne fut toutefois qu'après sa mort qu'il paraît avoir été déifié. Aussi fut-il adoré plus tard comme l'enfant du soleil, ou comme le soleil incarné. Pendant sa vie cependant il n'eut d'autres prétentions que celle d'être Bol-Kahn, ou prêtre de Baal, d'où vient évidemment le nom de dieu du feu chez les Romains, Vulcain (20).

Tout dans l'histoire de Vulcain s'accorde avec celle de Nemrod. Vulcain était le plus laid et le plus difforme de tous les dieux (21). Nemrod, dans le monde entier, est représenté avec les traits et le teint d'un nègre. Quoique Vulcain fût si laid que lorsqu'il chercha une femme toutes les belles déesses le repoussèrent avec horreur, cependant la Destinée, l'irrévocable, intervint et déclara que Vénus, la plus belle des déesses, était unie au plus affreux de tous les dieux (22).

De même Nemrod, en dépit de ses traits noirs et éthiopiens eut pour femme, Sémiramis, la plus belle entre toutes. La femme de Vulcain était célèbre par ses infidélités et ses dérèglements ; la femme de Nemrod avait la même conduite (23). Vulcain était la tête et le chef des Cyclopes, c'est-à-dire des rois de la flamme (24). Nemrod était le chef des adorateurs du feu. Vulcain forgeait les foudres qui servirent si bien à écraser les ennemis des dieux. Nemrod ou Ninus, dans ses guerres contre le roi de Bactres, paraît avoir soutenu la lutte de la même manière. Arnobe nous apprend que pendant la guerre de Ninus contre les Bactriens, la lutte ne se poursuivait pas par l'épée et par la force physique, mais par la magie et par des moyens empruntés aux instructions secrètes des Chaldéens (25). Quand nous savons que les Cyclopes de l'histoire, d'après l'historien Castor, remontent au temps de Saturne ou de Bélus, le premier roi de Babylone (26), quand nous voyons que Jupiter (qui était adoré sous les mêmes caractères que Ninus l'enfant) (27) fut aidé dans sa lutte contre les Titans, par les éclairs éblouissants et les tonnerres des Cyclopes, nous avons une idée assez claire de ces arts magiques empruntés aux mystères chaldéens que Ninus employa contre le roi Bactrien. Nous avons la preuve qu'à une époque reculée, les prêtres des mystères chaldéens connaissaient la composition du feu formidable des grecs qui brûlait sous l'eau et dont on a perdu le secret (28) ; or il n'y a pas le moindre doute que Nemrod en s'élevant au pouvoir se servit de ces secrets scientifiques ou d'autres semblables, que lui seul et ses associés connaissaient.

À ces points de vue et à d'autres que nous avons encore à examiner, il y a une coïncidence exacte entre Vulcain, le dieu du feu des Romains, et Nemrod le dieu du feu des Babyloniens. Quant au Vulcain de l'antiquité, il est seulement représenté d'ordinaire sous son caractère de dieu du feu comme agent physique.

Mais ce fut surtout sous son aspect figuré, dans la purification et la régénération des âmes, que le culte du feu agit efficacement sur le monde. Le pouvoir, la popularité, l'adresse de Nemrod aussi bien que la nature séduisante du système lui-même, lui permirent de répandre au loin la trompeuse doctrine. Il fut représenté sous le nom bien connu de Phaéton (29), comme étant sur le point d'embraser le monde entier, ou (sans la métaphore poétique) d'entraîner toute l'humanité dans le culte du feu. La prédominance extraordinaire du culte du feu dans les premiers âges du monde est établie par des légendes qui existent sur toute la terre, et par des faits qu'on trouve dans presque tous les pays. Ainsi au Mexique, les indigènes racontent que dans l'antiquité après le premier âge, le monde fut complètement embrasé par le feu (30). Comme leur histoire, semblable à celle des Égyptiens, était écrite en hiéroglyphes, il faut l'entendre symboliquement. Dans l'Inde, il y a une légende tendant au même but, quoique un peu différente dans la forme. Les Brahmanes disent qu'à une époque très reculée de leur histoire, l'un des dieux brillait d'un éclat si insupportable, désolant l'univers par ses rayons éblouissants, plus éclatants que mille mondes (31), que sans un autre dieu plus puissant qui s'interposa et lui coupa la tête, cette splendeur aurait eu les conséquences les plus désastreuses.

Dans les Triades Druidiques des anciens Bardes de la Grande-Bretagne, il y a des allusions évidentes au même événement. Ils disent que dans l'antiquité "il s'éleva une tempête de feu qui fendit la terre jusqu'aux abîmes : nul n'échappa, excepté la compagnie des élus, enfermés dans une enceinte par une porte solide, avec le grand patriarche célèbre par son intégrité (32)", c'est-à-dire évidemment avec Sem, le chef des fidèles qui conservèrent leur intégrité alors que tant d'autres "firent naufrage quant à la foi et à la bonne conscience". Ces histoires se rattachent toutes à la même époque et montrent la puissance de cette forme de l'apostasie. Le purgatoire de la papauté et les feux de la veille de la Saint-Jean, que nous avons déjà examinés, et bien d'autres pratiques qui se font encore de nos jours, sont autant de restes de la même superstition. Il faut cependant remarquer que le grand dragon rouge, ou le grand serpent de feu, est représenté comme se tenant devant la femme à la couronne de douze étoiles, c'est-à-dire, l'Église de Dieu, "pour dévorer son enfant aussitôt qu'il naîtra". Or, ceci s'accorde exactement avec le caractère du grand chef du système du culte du feu. Nemrod, représentant du feu dévorant auquel on offrait en sacrifice des victimes humaines et principalement des enfants, était regardé comme le grand mangeur d'enfants. Bien qu'à sa première déification il fût mis à la place de Minus, ou l'enfant, il fut naturellement le père de tous les dieux Babyloniens, puisque c'est lui qui fut le premier déifié ; et cependant c'est sous cet aspect qu'il fut généralement considéré dans la suite (33). Comme père des dieux, il fut appelé Chronos, nous l'avons déjà vu, et chacun connaît l'histoire classique de Chronos ; il dévorait ses enfants immédiatement après leur naissance (34). Voilà l'analogie qui existe entre le type et la réalité.

Cette légende a un sens plus grand et plus profond encore ; mais appliquée à Nemrod ou à celui qui a une corne (35), elle rappelle ce fait que, représentant de Moloch ou Baal, il aimait par-dessus tout qu'on lui offrit des enfants en sacrifice sur son autel. L'antiquité nous fournit beaucoup de preuves de cette triste coutume : "Les Phéniciens, dit Eusèbe, sacrifiaient chaque année leurs fils uniques et bien-aimés à Chronos ou Saturne (36)." Les Rhodiens aussi pratiquaient souvent la même coutume. Diodore de Sicile déclare que les Carthaginois, dans une circonstance où ils étaient assiégés et à toute extrémité, "à fin de réparer, pensaient-ils, l'erreur qu'ils avaient commise en abandonnant l'ancienne coutume de Carthage, choisirent aussitôt deux cents enfants parmi les familles les plus nobles, et les sacrifièrent publiquement à ce dieu (37)". Nous avons des raisons de croire que la même coutume s'établit dans la Grande-Bretagne à l'époque des Druides. Nous savons qu'ils offraient des sacrifices humains à leurs dieux sanguinaires. Nous avons des preuves qu'ils faisaient passer leurs enfants par le feu de Moloch, et cela fait fortement présumer qu'ils les offraient aussi en sacrifice, car, d'après Jérémie XXXII, 35, comparé avec Jérémie XIX, 5, nous voyons que ces deux choses faisaient partie du même système. Le dieu adoré par les Druides était Baal, comme le montrent les feux éclatants de Baal, et le dernier passage cité montre qu'on offrait des enfants en sacrifice à Baal. Quand on offrait ainsi "le fruit du corps", c'était "pour le Péché de l'âme". C'était un principe de la loi mosaïque, un principe dérivé sans doute de la foi patriarcale, que le prêtre doit prendre sa part de tout ce qui est offert en sacrifice pour le péché (Nombre XVIII, 9-10). Aussi, les prêtres de Nemrod ou de Baal devaient manger des sacrifices humains ; c'est ainsi que Cahna-Bal (38), le prêtre de Baal, est le mot consacré en anglais pour désiger celui qui mange la chair humaine (39).

Or, les anciennes traditions racontent que les apostats qui se joignirent à la rébellion de Nemrod firent la guerre aux fidèles d'entre les enfants de Noé. La force et le nombre étaient du côté des adorateurs du feu. Mais Sem et ses fidèles avaient pour eux la puissance de l'Esprit de Dieu. Aussi un grand nombre furent convaincus de leur péché, arrêtés dans leurs funestes desseins, et la victoire, nous l'avons déjà vu, se déclara pour les saints. Le pouvoir de Nemrod fut détruit (40), et avec lui, pour un temps, le culte au soleil et du serpent de feu qui lui était associé. Ce fut exactement ce qui est déclaré ici pour le système correspondant à Babylone : "Le grand dragon ou serpent de feu fut jeté hors du ciel sur la terre, et ses anges furent chassés avec lui." (Apocalypse XII, 9) C'est-à-dire, le chef du culte du feu avec tous ses associés et ses subalternes furent précipités du pouvoir et de la grandeur où ils avaient été élevés. Il en fut ainsi lorsque tous les dieux du Panthéon classique de la Grèce s'enfuirent tout tremblants et se cachèrent devant la fureur de leurs ennemis (41). Il en fut ainsi dans l'Inde, le jour où Indra, le roi des dieux, Surya, le dieu du soleil, Agni, le dieu du feu, en un mot toute la foule en déroute de l'Olympe Hindou, chassée du ciel, erra sur la terre (42) ou se cacha dans des forêts (43), désespérée, et exposée à mourir de faim (44). Ainsi Phaéton, conduisant le char du soleil, faillit mettre le feu sur la terre, et fut écrasé par le maître des dieux et précipité sur la terre, tandis que ses soeurs, les filles du soleil, se lamentaient sur son sort sans écouter aucune consolation, comme les femmes se lamentaient sur Tammuz. Ainsi, comme le lecteur doit être préparé à le voir, Vulcain ou Molk-Gheber, le dieu classique du feu, fut ignominieusement précipité du ciel, comme il le raconte lui-même dans Homère, lorsqu'il parle de la colère du roi du ciel, qui, dans cet exemple, doit signifier le Dieu Très-Haut :

"Il me saisit par les pieds et me précipita loin du seuil divin ; je roulai pendant tout le jour ; et comme le soleil se couchait, je tombai, ayant à peine un souffle de vie, Lemnos, où les Sinthiens me recueillirent et prirent soin de moi (45)."

Les vers où Milton raconte la même chute, bien qu'il lui donne une application différente, décrivent plus majestueusernent encore la grandeur de la catastrophe :

Dans la terre d'Ausonie, on l'appelle Mulciber ;

La fable raconte comment il fut jeté du haut du ciel

Renversé par Jupiter en courroux, il fut lancé au-dessus des créneaux de cristal.

Du matin jusqu'au midi, il roula, du midi jusqu'au soir

D'un jour d'été, et avec le soleil couchant il s'abattit du zénith Comme une étoile tombante, dans l'île de Lemnos, en Égée (46).

Ces passages montrent d'une manière frappante la chute terrible de Molk-Gheber ou Nemrod, le roi puissant, lorsque soudain, il fut jeté de la hauteur de sa puissance et perdit à la fois son royaume et sa vie (47). Or, il y a une allusion évidente à cette chute dans l'apostrophe du prophète Ésaïe au roi de Babylone : "Comment es-tu tombé des cieux, ô Lucifer, fils de l'aurore ?" (Ésaïe XIV, 12). Le roi Babylonien prétendait être le représentant de Nemrod ou de Phaéton ; et le prophète dans ces paroles l'avertit qu'il serait précipité de sa haute élévation aussi sûrement que le dieu dont il se réclamait. D'après l'histoire classique, Phaéton fut, dit-on, consumé par la foudre et, comme nous le verrons, Esculape mourut aussi de la même manière, mais la foudre est simplement une métaphore qui signifie la colère de Dieu, par suite de laquelle il perdit à la fois sa vie et son royaume. Si on examine l'histoire et si on écarte la figure, on voit, comme nous l'avons déjà montré, qu'il fut frappé par l'épée (48).

Tel est le langage de la prophétie, et il correspond exactement au caractère, aux actions, au sort de l'ancien type. Comment s'accorde-t-il avec le système analogue ? Le pouvoir de la Rome impériale païenne, ce pouvoir qui le premier persécuta l'Église de Christ, qui plaça ses soldats autour de la tombe du Fils de Dieu lui-même pour le dévorer, si cela avait été possible, lorsqu'il ressusciterait comme premier né d'entre les morts (49) pour gouverner toutes les nations, pouvait-il être représenté par le serpent de feu ? Rien, en effet, ne pouvait le dépeindre plus exactement.

Parmi les nombreux seigneurs et les nombreuses divinités adorées dans la ville impériale, les deux grands objets de culte étaient le feu éternel, qui brûlait toujours dans le temple de Vesta, et le serpent sacré d'Epidaure. Dans la Rome païenne, ce culte du feu et ce culte du serpent étaient quelquefois séparés, quelquefois confondus, mais tous les deux occupaient une grande place dans l'estime des Romains. Le feu de Vesta était considéré comme l'un des principaux protecteurs de l'empire. On disait qu'il avait été apporté de Troie par Énée à qui il avait été confié par les soins de l'ombre d'Hector (50), aussi était-il conservé avec le soin le plus jaloux par les vierges

Vestales qui, en raison de leur charge, étaient entourées des plus grands honneurs. Le temple où elles le gardaient, dit Augustin, était le plus sacré et le plus honoré de tous les temples de Rome (51). Le feu qui était gardé avec une telle sollicitude et dont dépendaient tant de destinées, avait les mêmes caractères que chez les anciens Babyloniens, adorateurs de cet élément. On le regardait comme purificateur et chaque année au mois d'avril, à l'époque des Palilia, ou fêtes de Pales, on faisait passer dans le feu, à cet effet, les hommes et le bétail (52). Le serpent d'Epidaure que les Romains adoraient aussi bien que le feu, était regardé comme une divine représentation d'Esculape, l'enfant du soleil (53). Esculape, représenté par le serpent sacré, était évidemment un autre nom du grand dieu Babylonien. Il eut exactement le même sort que Phaéton. Il fut, dit-on, terrassé par la foudre pour avoir voulu rendre des morts à la vie (54). Il est évident que cela n'aurait jamais pu avoir lieu dans un sens littéral, et on l'aurait cru avec peine. Mais si on le considère dans un sens figuré, cela veut dire qu'on croyait qu'il rendrait à une nouvelle vie les hommes morts dans leurs fautes et leurs péchés.

Or, c'est exactement ce que Phaéton s'efforçait de faire lorsqu'il fut terrassé pour avoir mis le feu sur la terre. Il y avait dans le système Babylonien une mort symbolique (55) par laquelle tous les initiés devaient passer, avant d'avoir reçu la nouvelle vie qui était impliquée dans la régénération, et cela pour déclarer qu'ils étaient passés de la mort à la vie. Comme le fait de passer à travers le feu était en même temps une purification du péché et un moyen de régénération, c'était aussi pour avoir voulu ressusciter les morts que Phaéton fut terrassé. Esculape était l'enfant du soleil, Phaéton l'était aussi (56). C'était pour symboliser cette parenté qu'on entourait d'ordinaire de rayons la tête d'Esculape (57). C'est ainsi que le pape entoure les têtes des prétendues images du Christ ; mais la véritable origine de cet embellissement est évidente pour tous ceux qui connaissent la littérature ou l'art romain. Voici ce que Virgile dit de Latinus : "Cependant les rois s'avancent. Latinus se montre dans un pompeux appareil, sur un char attelé de quatre chevaux ; son front est ceint de douze rayons d'or resplendissants, symbole du soleil, son aïeul (58)."

Les rayons d'or qui entourent la tête d'Esculape avaient la même signification : ils le désignaient comme l'enfant du soleil ou le soleil incarné. Les rayons d'or qui entourent la tête des peintures et des statues appelées du nom de Christ, voulaient dire pour les païens qu'on pouvait sans crainte les adorer comme les statues de leurs divinités bien connues, quoiqu'elles portassent un nom différent. Or, Esculape pendant une terrible épidémie fut appelé d'Epidaure à Rome. Le dieu, sous la forme d'un grand serpent, entra dans le navire qu'on lui avait envoyé pour l'amener à Rome, et, étant arrivé sain et sauf sur le Tibre, fut solennellement consacré comme dieu protecteur des Romains (59). Depuis ce jour, en particulier comme parmi le peuple, le culte du serpent d'Epidaure, le serpent qui représentait le soleil comme divinité incarnée, en d'autres termes, du serpent de feu devint presque universel. Dans presque toutes les maisons, on trouvait le serpent sacré, qui était d'une espèce innocente.

Fig. 53


Ces serpents nichaient près des autels domestiques, dit l'auteur des Pompéiens : ils se promenaient comme des chats ou des chiens, pour se faire caresser par les visiteurs, et venaient leur demander à manger. Et même, à table (si nous pouvons nous en rapporter à des passages isolés), ils se glissaient entre les coupes des convives, et quand il faisait chaud, les dames s'en servaient comme de boas vivants, et se les enroulaient autour du cou pour éprouver de la fraîcheur. Ces animaux sacrés faisaient la guerre aux rats et aux souris et en détruisaient ainsi une grande quantité ; mais comme leur vie était sacrée, et que personne ne leur faisait de mal, ils se multipliaient si rapidement, qu'ils devinrent, comme les singes de Bénarès, une engeance insupportable. Les feux qu'on faisait souvent à Rome étaient le seul moyen de s'en débarrasser (60).

Le lecteur verra (fig. 53) la représentation du culte Romain du feu et du culte du serpent à la fois distinct et réuni (61). Je ne puis expliquer ici la raison de la double représentation de ce dieu ; mais il est évident d'après les passages de Virgile déjà cités, que les figures de la partie supérieure avec les têtes entourées de rayons représentent le dieu du feu ou la divinité du soleil ; et ce qui est digne de remarque, c'est que ces dieux du feu sont noirs (62) (fig. 54). Cette couleur les identifie ainsi avec le Phaéton Éthiopien ou noir ; tandis que (l'auteur des Pompéiens lui-même l'admet) ces mêmes dieux du feu sont représentés dans la partie inférieure par d'énormes serpents.

Fig. 54 — En Inde, l'enfant Crishna (appelé emphatiquement dieu noir), porté dans les bras de la déesse Devaki, est représenté avec les cheveux laineux et les traits distinctifs du nègre ou de la race africaine.

Or, si ce culte du serpent sacré du soleil, le grand dieu du feu, était si répandu à Rome, quel autre symbole que le grand serpent de feu pouvait dépeindre plus exactement le pouvoir de la Rome païenne impériale ! C'était évidemment dans ce but que l'étendard impérial lui-même, l'étendard de l'empereur païen de Rome, du Pontifex Maximus, le chef du grand système du culte du feu et du culte du serpent, était un serpent au bout d'un grand bâton, et colorié de manière à le montrer comme le symbole indubitable du culte du feu (63). À mesure que le christianisme se répandait dans l'empire romain, "les puissances" de la lumière et des ténèbres finirent par se heurter : "Michel et ses anges combattirent le dragon ; et le dragon combattit avec ses anges, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne se trouva plus dans le ciel. Et le grand dragon fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui." (Apocalypse XII, 7-8).

Le grand serpent de feu fut précipité lorsque par décret de Gratien, le paganisme fut aboli dans tout l'empire Romain, lorsque les feux de Vesta furent éteints, et les biens des Vestales confisqués, lorsque l'empereur Romain (qui tout en professant le christianisme pendant plus d'un siècle et demi, avait été Pontifex Maximus, le chef même de l'idolâtrie romaine, et comme tel, se montrait investi de tous les emblèmes idolâtres du paganisme), obéissant à l'impulsion de sa conscience, abolit ses propres fonctions (64). Si Nemrod fut personnellement et littéralement mis à mort par l'épée, ce fut par l'épée de l'Esprit que Sem détruisit le système du culte du feu et soumit tellement les coeurs que pour un temps ce culte fut entièrement détruit. Ainsi le Dragon de feu dans l'empire Romain fut 330

mortellement frappe d'une épée, de l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu. Il y a donc une analogie profonde et réelle entre le type et le système qui lui correspond.

Mais l'analogie ne s'arrête pas là. En examinant à fond les annales de l'histoire, on s'aperçoit que lorsque le chef de l'idolâtrie païenne de Rome fut frappé de l'épée par l'abolition de l'office de Pontifex Maximus, le dernier Pontifex Maximus de Rome était le représentant unique et légitime de son système idolâtre, alors en existence. Il est nécessaire pour éclaircir ceci, de jeter un rapide coup d'oeil sur l'histoire Romaine. D'accord avec toute la terre, Rome, à une époque préhistorique fort reculée, avait bu largement à la coupe d'or de Babylone. Mais plus que toutes les autres nations, elle avait eu avec l'idolâtrie de Babylone des rapports qui la plaçaient dans une position exceptionnelle. Bien avant Romulus, un représentant du Messie Babylonien, appelé de son nom, avait établi son temple comme dieu et son palais comme roi sur l'une des hauteurs qui furent enfermées dans les murs de la cité que devaient fonder Rémus et son frère. C'est sur le mont Capitolin, si fameux plus tard pour avoir été le siège principal du culte Romain, que Saturnia, ou la cité de Saturne, la grande déesse Chaldéenne, fut bâtie à une époque d'une antiquité obscure et fort reculée (65). Une révolution survint ; les images taillées de Babylone furent détruites ; on interdit formellement d'élever des idoles (66), et quand les deux jumeaux fondateurs de la cité si fameuse élevèrent ses humbles murailles, la ville et le palais de leur prédécesseur Babylonien étaient depuis longtemps tombés en ruines. L'état de cette ville sacrée même à l'époque reculée d'Évandre est décrit par Virgile ; il parle du temps où Énée, dit-on, visita cet ancien roi d'Italie :

"Ces deux villes, dont vous voyez les murs renversés sont les débris des monuments de nos anciens héros : l'une fut bâtie par Janus, et l'autre par Saturne, celle-ci s'appelait Saturnia, celle-là Janicule (67)."

Le coup mortel ainsi donné au système chaldéen devait cependant guérir. Une colonie étrusque étroitement attachée à l'idolâtrie chaldéenne avait émigré, les uns disent d'Asie Mineure, les autres de Grèce, et s'était fixée près de Rome (68). Ces Étrusques furent plus tard incorporés à l'État romain, mais longtemps avant cette union politique ils exerçaient une puissante influence sur la religion romaine. Dès le premier jour, leur adresse dans la divination, les prédictions, et toute leur science réelle ou prétendue, dont les augures et les devins déclaraient avoir le monopole, inspirèrent aux Romains le plus grand respect. Tout le monde s'accorde à reconnaître que les Romains ont emprunté surtout aux Toscans (69), c'est-à-dire aux habitants de l'Étrurie, leur connaissance des augures, qui occupaient une place si importante dans toutes leurs entreprises publiques, et tout d'abord les indigènes de ce pays avaient seuls le droit d'exercer l'office d'Aruspex, qui concernait tous les rites essentiellement compris dans le sacrifice (70). Des guerres et des disputes s'élevèrent entre les Romains et les Étrusques ; mais cependant les plus distingués d'entre les jeunes nobles de Rome furent envoyés en Étrurie pour être instruits dans la science sacrée qui y florissait (71). Aussi grâce à l'influence des hommes dont l'esprit était façonné pour ceux qui demeuraient encore attachés à l'ancien culte des idoles, les Romains furent ramenés en grande partie à cette idolâtrie qu'ils avaient autrefois répudiée et rejetée. Bien que Numa cependant, en érigeant son système religieux, se laissât guider par le sentiment qui dominait alors et défendit le culte des images, toutefois par suite de l'alliance existant entre Rome et l'Étrurie pour les choses sacrées, tout fut mis en oeuvre pour faire disparaître entièrement cette défense. Le collège de pontifes dont il posa les fondements (72), devint avec le temps un collège essentiellement étrusque et le souverain pontife, qui présidait ce collège et contrôlait tous les rites religieux publics ou privés du peuple romain dans tous les points essentiels, devint en esprit et en réalité un pontife étrusque.

Cependant le souverain pontife de Rome, même lorsque l'idolâtrie eut été absorbée dans le système romain, n'était qu'un rejeton du grand système babylonien primitif. C'était un adorateur dévoué du dieu babylonien, mais ce n'était pas le représentant légitime de ce dieu. Le véritable pontife babylonien avait son siège hors des limites de l'empire romain. Ce siège, après la mort de Balthazzar et l'expulsion de Babylone du clergé chaldéen par les rois Mèdes et Perses, était à Pergame, où fut plus tard l'une des sept églises d'Asie (73). Ce fut donc là que se maintint, pendant des siècles, le siège de Satan (Apocolypse II, 13). C'était, sous la protection des rois déifiés de Pergame (74), sa demeure préférée. Là fut célébré le culte d'Esculape sous la forme d'un serpent, avec des orgies et des excès incroyables, tandis qu'ailleurs il y avait dans ces orgies une certaine mesure. Tout d'abord le pontife romain n'avait aucun rapport avec Pergame et sa hiérarchie, mais avec le temps, le pontificat de Rome et celui de Pergame furent identifiés. Pergame elle-même devint une partie et une dépendance de l'empire romain, lorsqu'Attale, le dernier de ses rois, laissa en mourant, dans son testament, toutes ses possessions au peuple romain, 133 av. J.-C. (75). Quelque temps après, le royaume de Pergame s'étant fondu dans les provinces romaines, personne n'aurait osé, ouvertement et de propos délibéré, prétendre à la dignité inhérente au vieux titre des rois de Pergame. Les pouvoirs originaux des pontifes romains eux-mêmes, paraissent avoir diminué à cette époque (76) ; mais lorsque Jules César qui déjà avait été élu pontife suprême (77), devint aussi, comme empereur, le chef civil suprême des Romains, dès lors, comme il était la tête de l'état romain et la tête de la religion romaine, il fut investi de tous les pouvoirs et de toutes les fonctions du véritable et légitime pontife babylonien, et il se trouva dans une position où il pouvait revendiquer tous ces pouvoirs. C'est alors qu'il paraît avoir prétendu à la dignité divine d'Attale et au royaume que ce roi avait légué aux Romains, comme y ayant naturellement droit ; car sa devise bien connue "Venus Genitrix" qui signifiait que Vénus était la mère de la race de Julius, semble avoir tendu à faire de lui le fils de la grande déesse ; car c'est ainsi qu'on considérait Attale, à la tête de taureau (78) Alors à de certaines occasions, dans l'exercice de son grand office pontifical, il se montrait solennellement dans tout l'éclat de son costume babylonien, comme aurait pu le faire Balthazzar lui-même avec une robe écarlate (79), portant la crosse de Nemrod, la mitre de Dagon et les clefs de Janus et de Cybèle (80). Ainsi allaient les choses, nous l'avons vu, même sous les soi-disant empereurs chrétiens qui, comme pour sauvegarder leur conscience, nommèrent un païen pour les remplacer dans l'accomplissement des fonctions pontificales les plus ouvertement idolâtres (ce remplaçant néanmoins agissait en leur nom et par leur autorité) jusque sous le règne de Gratien qui, ainsi que le montre Gibbon, refusa le premier de revêtir un appareil pontifical idolâtre ou d'agir comme Pontifex (81). D'après tout cela, il est donc évident que lorsque la pagaye fut aboli dans l'empire romain, lorsque l'office de Pontifex Maximus fut supprimé et que tous les dignitaires du paganisme furent renversés de leur trône qu'ils avaient encore en quelque sorte la permission de garder, ce ne fut pas simplement la chute du dragon de feu de Rome, mais la chute du dragon de feu de Babylone ! C'était le nouvel accomplissement, dans un sens symbolique, à l'égard du véritable et légitime successeur de Nemrod, de ce qui lui était arrivé à lui-même, lorsque la profondeur de sa chute fit pousser cette exclamation : "Comment es-tu tombé des cieux, ô Lucifer, fils de l'aurore ?" (Ésaïe XIV, 12).

comme "roi des Juifs". Quand il meurt l'inscription sur sa croix indique : "Voici le roi des Juifs" (Matthieu XXVII, 37 ; Luc XXIII, 38 ; Marc XV, 26; Jean XIX, 19). Et Paul nous dit qu'il était le ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu (Romains XV, 8). Notre Seigneur déclare : "Je ne suis envoyé, dit-il à la femme Syrophénicienne, que pour sauver les brebis d'Israël qui sont dispersées" (Matthieu XV, 24) et en envoyant les disciples, voici leur mission : "N'allez pas chez les Gentils, et n'entrez dans aucune des villes des Samaritains." (Matthieu X, 5) Une fois déclaré fils de Dieu avec puissance par sa victoire sur le tombeau, il se révéla comme le dieu-enfant né pour gouverner les nations. Alors il dit à ses disciples : "Tout pouvoir m'est donné dans le ciel et sur la terre ; allez donc et enseignez toutes les nations." (Matthieu XXVIII, 18, 19) Le Seigneur fait allusion à cette

glorieuse naissance de la tombe et aux douleurs d'enfantement de l'Église la nuit avant sa trahison : "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, mais le monde se réjouira et vous serez attristés, mais votre tristesse se changera en joie. Lorsqu'une femme est en travail, elle a de la douleur, car son heure est venue, mais dès qu'elle est délivrée de son enfant elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est venu au monde. Vous aurez donc maintenant du chagrin, mais je vous verrai de nouveau et votre coeur se réjouira." (Jean XVI, 2022). Comment douter du sens du symbole quand la femme est présentée en travail et que l'homme-enfant fut élevé "jusqu'à Dieu et à son trône" ?

le même fait dans GIBBON, vol. III, p. 397, note.

Chapitre 7

Les deux développements considérés au point de vue historique et prophétique.

Article 2

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