La tonsur cléricalee

Les prêtres célibataires ont tous une certaine marque au moment de leur ordination ; c'est la tonsure cléricale. La tonsure est la première partie de la cérémonie de l'ordination, et elle est considérée comme l'élément le plus important du caractère des ordres du clergé romain. Lorsque après de longues discussions, les Pictes se furent enfin soumis à l'évêque de Rome, leur clergé accepta cette tonsure comme étant celle de saint-Pierre : ce fut là le symbole visible de leur soumission. Naitan, le roi des Pictes, ayant réuni les nobles de sa cour et les pasteurs de son église, s'adressa à eux en ces termes : "Je recommande à tout le clergé de mon royaume de recevoir la tonsure." C'est ainsi, nous dit Bédé, que cette importante révolution fut aussitôt accomplie par l'autorité royale (10). Le roi envoya des agents dans chaque province, il imposa la tonsure circulaire à tous les ministres et aux moines, suivant la mode romaine, et les soumit ainsi à Pierre, le prince béni des apôtres (11). Ce fut la marque, dit Merle d'Aubigné, que le pape imprima non sur le front, mais sur le haut de la tête. Une proclamation royale et quelques coups de ciseaux placèrent les Écossais, comme un troupeau de brebis, sous la houlette du berger du Tibre (12). Mais si Rome donne tant d'importance à cette tonsure, quel en est donc le sens ? C'était l'ordination visible de ceux qui s'y soumettaient, comme les prêtres de Bacchus. On ne peut faire reposer cette tonsure sur aucune autorité chrétienne. C'était bien la tonsure de Pierre, mais du Pierre Chaldéen des mystères, et non du Pierre de la Galilée. C'était un prêtre tonsuré, car le dieu dont il révélait les mystères était tonsuré. Plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, Hérodote disait à propos de la tonsure Babylonienne : les Arabes ne reconnaissent pas d'autres dieux que Bacchus et Uranie (c'est-à-dire la reine du ciel,) et ils disent que leurs cheveux étaient coupés de la même manière que ceux de Bacchus ; or, ils les coupent en forme circulaire, se rasant autour des tempes (13).

Qu'est-ce donc qui a pu donner lieu à cette tonsure de Bacchus ? Tout dans cette histoire était représenté d'une manière mystique ou hiéroglyphique, et cela de telle sorte que les initiés seuls pouvaient le comprendre. L'un des faits qui occupaient la place la plus importante dans les mystères, c'était la mutilation qu'on fit subir a Bacchus après sa mort. En souvenir de ce fait, on répandait chaque année des larmes amères sur le "Rosh-Gheza, le prince mutilé". Mais Rosh-Gheza (14) signifie aussi celui qui a la tête tondue ou rasée. Aussi était-il représenté sous l'une ou l'autre de ces deux formes de tonsure ; et ses prêtres, pour la même raison, avaient au moment de leur ordination, la tête tondue ou rasée dans le monde entier, là où l'on trouve des traces du système Chaldéen, on trouve toujours en même temps cette manière de tondre ou de raser la tête. Les prêtres d'Osiris, le Bacchus Égyptien, se distinguaient toujours par la tonsure de leur tête (15). Dans la Rome païenne (16), dans l'Inde, et même en Chine, la marque caractéristique du clergé Babylonien était une tête rasée. Ainsi lorsque Gautama Bouddha, qui vivait au moins 540 années avant Jésus-Christ, établit dans l'Inde la secte du Bouddhisme, qui de là se répandit dans les pays les plus éloignés de l'Extrême-Orient, il se rasait lui-même la tête, pour obéir, disait-il, à un commandement divin et alors il se mit à pousser les autres à suivre son exemple. L'un des titres par lesquels on le désignait était le dieu à la tête rasée (17). "Le dieu à la tête rasée, dit l'un des Purans, forma un certain nombre de disciples et d'hommes à la tête rasée, comme lui, afin d'accomplir les ordres de Vichnou." On peut démontrer la haute antiquité de cette tonsure d'après la loi Mosaïque : il était formellement défendu aux prêtres Juifs de se faire aucune tonsure sur la tête (Lévitique XXI, 5) ce qui montre suffisamment que même déjà à l'époque de Moïse, l'usage de se raser la tête avait été introduit. Dans l'Église de Rome, la tête des prêtres ordinaires est seulement tondue, la tête des moines ou du clergé régulier est rasée, mais les uns et les autres, à leur consécration, reçoivent la tonsure régulière. Ils s'identifient ainsi, sans qu'il soit possible d'en douter, avec Bacchus, le prince mutilé (18). Or, si les prêtres de Rome enlèvent au peuple la clef de la connaissance et lui ferment la Bible ; s'ils sont consacrés pour offrir le sacrifice Chaldéen en l'honneur de la reine païenne du ciel ; s'ils sont liés par la loi chaldéenne du célibat, qui les plonge dans la dépravation ; si en un mot, ils sont marqués à leur consécration de la marque caractéristique du Bacchus Chaldéen, quel droit, quel droit possible, ont-ils de se faire appeler ministres du Christ ?

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