L'arbre de Noël

L'arbre de Noël, si connu aujourd'hui parmi nous, était aussi connu dans la Rome et dans l'Égypte païennes.

Fig. 27- D'après MAURICE, Antiquités Hindoues vol. VI, p. 368-1796.


En Égypte c'était le palmier, à Rome le sapin (30) ; le palmier dénotait le Messie païen, Baal-Tkmar, le sapin se rapportait à lui sous son caractère de Baal-Berith. La mère d'Adonis, le dieu soleil, la divinité médiatrice avait été, disait-on, changée en arbre, et dans cet état elle avait enfanté son fils (31). Si la mère était un arbre, le fils doit avoir été reconnu comme l'homme-branche. Et c'est ce qui explique pourquoi on mettait au feu la bûche de Yule la veille de Noël, et pourquoi le lendemain on trouvait l'arbre de Noël. En qualité de Zero-ashta, la semence de la femme, qui signifie aussi Ignigena, ou né du feu, il doit entrer dans le feu pendant la nuit de la Mère, afin de pouvoir naître le lendemain, comme branche de Dieu, ou l'arbre qui donne aux hommes tous les dons célestes. Mais pourquoi, demandera-t-on, entre-t-il dans le feu sous le symbole d'une bûche ? Pour le comprendre, il faut se rappeler que le divin enfant né au solstice d'hiver était comme une nouvelle incarnation du grand dieu (après que ce dieu eut été mis en pièces) afin de venger sa mort sur ses meurtriers (32). Or, le grand dieu, brisé au milieu de son pouvoir et de sa gloire, était représente sous la forme d'un gros arbre, dépouillé de ses branches, et coupé presque à hauteur de terre (33). Mais le grand serpent, symbole d'Esculape qui rend la vie (34), s'enroule autour du tronc sans vie, et voici (fig. 27) qu'à ses côtés surgit un jeune arbre, un arbre d'une espèce entièrement différente, qui ne doit jamais être abattu par aucune puissance ennemie, un palmier, symbole bien connu de la victoire.

L'arbre de Noël, comme on l'a déjà vu, était ordinairement à Rome un arbre différent, c'était le sapin ; mais le palmier rappelait la même idée que le sapin de Noël ; car il symbolisait mystérieusement le dieu né de nouveau, Baal-Berith, le Seigneur de l'alliance (35), et ainsi témoignait de la perpétuité et de la nature de son pouvoir, maintenant qu'après avoir succombé sous ses ennemis, il s'était élevé en triomphe au-dessus d'eux. Aussi le 25 décembre, jour qu'on observait à Rome comme le jour où le dieu victorieux était réapparu sur la terre, était-il considéré comme "natalis invicti solis", le jour de naissance du soleil invaincu (36). Or, la bûche de Yule est le tronc mort de Nemrod, déifié comme dieu-soleil, mais renversé par ses ennemis ; l'arbre de Noël est Nemrod redivivus, le dieu mis à mort rendu de nouveau à la vie. À la lumière jetée par ce fait sur les coutumes qui persistent encore en Angleterre, et dont l'origine s'est perdue au milieu d'une antiquité reculée, que le lecteur considère la singulière pratique encore en usage dans le sud la veille de Noël, celle de s'embrasser sous la branche de gui. La branche de gui, dans la superstition druidique, qui nous l'avons vu, venait de Babylone, était une représentation du Messie, l'homme-branche. Le gui passait pour une branche divine (37), une branche qui venait du ciel et poussait sur un arbre qui sortait de la terre. Ainsi en greffant la branche céleste sur un arbre terrestre, le ciel et la terre que le péché avait séparés, étaient réunis, et ainsi la branche de gui devint le gage de la réconciliation de Dieu avec l'homme ; le baiser en effet, est le gage bien connu du pardon et de la réconciliation. D'où pouvait venir une pareille idée ? Ne serait-ce pas des versets du psaume 85 : "La grâce et la vérité se sont rencontrées ; la justice et la paix se sont entrebaisées ; la vérité jaillira de la terre (à cause de la venue du Sauveur promis) et la justice regardera du haut des cieux ?" (Psaumes LXXXV, 10, 11). C'est possible ; mais il est certain que ce psaume fut écrit bientôt après la captivité de Babylone, et comme des foules de Juifs, après cet événement, demeuraient à Babylone sous la direction d'hommes inspirés, comme Daniel, il doit leur avoir été communiqué comme partie de la Parole divine aussi bien qu'à leurs frères de Palestine.

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