L'Enfant en Grèce

D'Égypte passons en Grèce. Là non seulement nous avons des preuves qui tendent au même but, mais nous avons un accroissement d'évidence. Le dieu adoré comme un enfant dans les bras de la Grande Mère de la Grèce sous les noms de Dionysius, ou Bacchus ou lacchus, est, d'après les anciens historiens, entièrement identique à l'Osiris Égyptien. C'est l'opinion d'Hérodote, qui avait poursuivi ses recherches jusque dans l'Égypte, et qui parle toujours d'Osiris comme étant le même que Bacchus (1). Le témoignage de Diodore de Sicile nous amène à la même conclusion. Orphée, dit-il, emprunta à l'Égypte la plus grande partie des cérémonies mystiques, les orgies que célèbrent les recherches de Gérés, et toute la fable des ombres infernales. Les rites d'Osiris et de Bacchus sont les mêmes ; ceux de Gérés (An^qTpa) et d'Isis se ressemblent exactement sauf pour le nom (2). Or, comme si on avait voulu identifier Bacchus avec Nemrod le dompteur de léopards, on prenait des léopards pour tramer son chariot ; il était lui-même représenté comme vêtu d'une peau de léopard ; ses prêtres étaient vêtus de la même manière, ou bien quand on n'avait pas de peau de léopard, on prenait la peau tachetée d'un faon pour vêtement sacerdotal. Cette coutume de porter la peau tachetée d'un faon paraît avoir été empruntée d'abord à l'Assyrie et importée en Grèce ; le faon tacheté était pour les Assyriens un emblème sacré, ainsi que nous l'apprennent les sculptures de Ninive ; nous trouvons en effet dans cette ville une divinité portant dans ses bras un faon ou un daim fauve tacheté (fig. 21) comme symbole de quelque chose de mystérieux (3).

L'origine de cette importance attribuée au faon tacheté et à sa peau était évidemment celle-ci : lorsque Nemrod dompteur de léopards commença à se vêtir de la peau du léopard comme trophée de son adresse, son air, son vêtement tacheté doivent certainement avoir frappé l'imagination de ceux qui le virent ; et il en vint à être appelé non seulement le dompteur de celui qui est tacheté (c'est précisément là le sens de Nimr, nom du léopard), mais à être appelé lui-même le tacheté.

Fig. 21


Damascius nous fournit des preuves certaines de ce fait, il nous dit que les Babyloniens appelaient le fils unique de la grande déesse mère Mômis, ou Moumis (4). - Or en Chaldéen, Mômis comme Nimr, veut dire celui qui

est tacheté. Ainsi donc il fut aisé de se représenter Nemrod sous le symbole du faon tacheté, surtout en Grèce et partout où l'on prononçait à peu près comme en Grèce. Le nom de Nemrod tel que le connaissaient les Grecs était Nebrod (5). Le nom du faon, c'est-à-dire le tacheté, était en Grèce Nebros (6). Ainsi rien de plus naturel que ce Nebros, le faon tacheté, soit devenu le synonyme de Nebrod lui-même. Quand donc le Bacchus de la Grèce fut symbolisé par Nebros, le faon tacheté, comme nous le verrons, quel pouvait être ce dessein, sinon de l'identifier ecrètement avec Nemrod ?


Fig. 22


Nous avons la preuve que ce dieu dont l'emblème était le Nebros était connu comme étant de la race de Nemrod. Nous lisons dans Anacréon que l'un des titres de Bacchus était Aithiopais (7). C'est-à-dire le fils de Aethiops. Mais qui était Aethiops ? De même que les Éthiopiens étaient Cushites, ainsi Ethiops était Cush : Chus, dit Eusèbe, était le père des Éthiopiens (8). - Le témoignage de Josèphe tend au même but. Comme père des Éthiopiens, Cush était Éthiopien, par manière de supériorité. Aussi Épiphane parlant de l'origine de Nemrod dit ceci : Nemrod fils de Cush, l'Éthiopien (9). Or, comme Bacchus était le fils d'Éthiope ou Cush, ainsi il était dépeint comme un jeune homme ou comme un enfant, et ce jeune homme ou enfant était représenté d'ordinaire avec une coupe à la main. Cette coupe faisait de lui pour la foule le dieu de l'ivrognerie et des festins, et il est hors de doute que ces orgies, ces festins se pratiquaient sur une large échelle ; mais après tout cette coupe n'était qu'un hiéroglyphe, celui du nom de ce dieu. Le nom de la coupe, dans le langage sacré, était khûs, et ainsi la coupe dans la main du jeune Bacchus fils d'Ethiops, montrait qu'il était le jeune Chus, ou le fils de Chus. Dans la figure ci-dessous (fig. 22), la coupe dans la main droite de Bacchus est élevée d'une manière si significative, qu'elle fait naturellement penser que c'était un symbole, et quant au rameau que tient l'autre main, nous avons la preuve expresse que c'était aussi un symbole.

Mais il est à remarquer que cette branche n'a point de famille qui en détermine la nature. Il faut donc que ce soit un emblème générique d'une branche ou le symbole d'une branche en général ; et par conséquent elle a besoin de la coupe comme d'un complément pour déterminer spécifiquement l'espèce de cette branche.

Il faut donc considérer ces deux symboles ensemble, et si on les considère ainsi ils sont exactement équivalents à la branche de Chus c'est-à-dire au rejeton ou fils de Cush (10).

Il y a un autre hiéroglyphe qui se rattache à Bacchus et qui confirme fortement ce que nous venons de dire ; c'est la branche de lierre. Aucun emblème ne caractérisait si nettement ce culte. Partout où l'on pratiquait les cérémonies de Bacchus, partout où l'on célébrait ses orgies, la branche de lierre apparaissait infailliblement. Le lierre sous une forme ou une autre, était essentiel à ces cérémonies. Les sectateurs le portaient dans leurs mains, s'en entouraient la tête (11), ou avaient la feuille de lierre (12) gravée sur leur corps d'une manière indélébile (13). Quel pouvait en être l'usage ? Quelle en était la signification ? Quelques mots suffiront à le montrer. Tout d'abord, nous avons la preuve que Kissos le nom grec du lierre, était l'un des noms de Bacchus (14). Nous savons aussi que les Grecs appelaient d'ordinaire les descendants de Cush (nom bien connu cependant des prêtres dans les mystères) non pas d'après la coutume orientale, mais Kissaioi, ou Kissioi. Ainsi Strabon, parlant des habitants de Susa, qui étaient du Chusistan, ou de l'ancien pays de Cush, dit ceci : les Sussiens sont appelés Kissioi (15) c'est-à-dire évidemment Cushites. Or si les Kissioi sont Cushites, Kissos est le même que Cush. Et de plus la branche de lierre qui occupait une place si importante dans les fêtes des Bacchanales était un symbole formel de Bacchus lui-même ; ainsi Hésychius nous assure que Bacchus tel qu'il est représenté par son prêtre était connu dans les mystères comme étant la Branche (16). On voit donc par là comment Kissos, le nom grec de lierre, devint le nom de Bacchus. Comme fils de Cush, et lui étant identifié, il était quelquefois désigné par le nom de son père (17). Et cependant ses rapports avec son père étaient essentiellement indiqués par la branche de lierre ; car la branche de Kissos, qui pour le profane vulgaire n'était autre chose qu'une branche de lierre, était pour les initiés la branche de Cush (18). Or, ce dieu, reconnu comme le rejeton de Cush, était adoré sous un nom, qui tout en lui étant approprié sous le caractère vulgaire de dieu de la vigne, le représentait aussi comme le grand fortificateur. Ce nom était Bassareus, qui, dans son double sens, voulait dire à la fois le ramasseur de raisin ou celui qui récolte la vendange, et aussi celui qui entoure d'un mur (19). Ce dernier 79 sens identifie le dieu grec au dieu égyptien Osiris, le chef puissant des constructions et au dieu Assyrien Belus, qui entoura Babylone d'une muraille.

Ainsi l'Assyrie, l'Égypte, la Grèce, nous fournissent des preuves accumulées et éclatantes qui toutes contribuent à démontrer que l'enfant adoré dans les bras de sa mère dans tous ces pays, sous le divin caractère de Ninus, ou Nin, le Fils, était Nemrod, fils de Cush. On a pu emprunter ici un trait, là un autre à quelque héros qui lui a succédé, mais il nous paraît hors de doute que Nemrod fut le prototype, l'original de cet enfant. Le développement vraiment inouï du culte de cet homme montre que son caractère avait quelque chose d'extraordinaire et il y a là bien des raisons de croire qu'à son époque il était l'objet d'une grande popularité. Bien qu'en s'établissant comme roi, Nemrod ait détruit le système patriarcal et diminué les libertés de l'humanité, le grand nombre vit cependant en lui le bienfaiteur des hommes. Ces bienfaits les dédommageaient largement de la perte de leurs libertés, et le couvraient de gloire et de renommée.

Lorsqu'il apparut, les bêtes sauvages des forêts, se multipliant plus rapidement que la race humaine, devaient commettre de grands ravages parmi les populations dispersées et errantes, et leur inspiraient sans aucun doute une grande terreur. Le danger qu'il y avait là pour les existences humaines quand la population est restreinte, se trouve indiqué par la raison que Dieu donne pour ne pas faire sortir devant Israël en une seule fois tous les Cananéens, bien qu'ils eussent comblé la mesure de leurs iniquités. (Exode XXIII, 29-30). "Je ne les chasserai pas devant toi en une seule année de peur que le pays ne devienne désert, et que les bêtes des champs ne se multiplient devant toi. Mais peu à peu je les chasserai devant toi à mesure que tu t'augmenteras." Les exploits de Nemrod, en détruisant les bêtes sauvages des champs, et en débarrassant la terre de ses monstres doivent lui avoir valu le caractère d'un bienfaiteur éminent. C'est de cette manière, non moins que par les troupes qu'il dirigeait, qu'il arriva au pouvoir "lorsqu'il commença à être puissant sur la terre" (I Chroniques I, 10) ; et c'est de cette manière aussi sans doute que son pouvoir s'affermit. Mais il fit plus encore : étant le premier grand constructeur de villes après le déluge, il rassembla les hommes en tribus et les entoura de murailles, il leur permit ainsi de vivre en sécurité et les délivra de ces alarmes auxquelles ils étaient exposés dans leur état de dispersion, alors que nul ne pouvait dire à quel moment il aurait à livrer un combat mortel à des bêtes sauvages qui rôdaient ça et là, et à défendre sa propre vie et celle des êtres qui lui étaient chers.

Dans l'enceinte d'une ville fortifiée, de pareils dangers n'étaient plus à craindre, et la sécurité que les hommes trouvaient dans ces murs, devait leur inspirer une profonde reconnaissance. Il ne faut donc pas s'étonner que le nom du puissant chasseur, qui en même temps était le prototype du dieu des fortifications, soit devenu un nom célèbre.

Nemrod l'aurait bien mérité, ne fut-ce qu'à cause de ce seul bienfait. Mais non content de délivrer les hommes de la crainte des bêtes sauvages il s'efforça aussi de les délivrer de cette "crainte du Seigneur qui est le commencement de la sagesse" (Proverbes IX, 10 ; Psaumes CXI, 10) et qui seule donne le vrai bonheur. Aussi semble-t-il avoir obtenu, comme l'un des titres par lesquels les hommes se sont plu à l'honorer, le surnom d'émancipateur ou de libérateur. Le lecteur peut se rappeler un nom dont nous avons déjà parlé. Ce nom c'est celui de Phoronée. L'époque de Phoronée est exactement celle de Nemrod. Il vivait à l'époque où les hommes n'avaient qu'un langage, alors que commença la confusion des langues et que l'humanité fut dispersée au loin (20). C'est lui, dit-on, qui le premier réunit les hommes en communautés (21), c'est le premier des mortels qui ait régné (22) et le premier qui ait offert des sacrifices idolâtres (23). Ce caractère ne peut s'accorder qu'avec celui de Nemrod. Or, le nom qu'on lui donne, pour désigner ce rassemblement des hommes et l'offrande de ces sacrifices idolâtres, est très significatif.

Phoronée, dans l'une de ses significations et l'une des plus naturelles, veut dire l'Apostat (24). Ce nom lui avait été donné sans doute par la partie demeurée fidèle des enfants de Noé. Mais ce nom signifiait encore, "mettre en liberté", aussi ses sectateurs l'ont adopté et ont glorifié le grand Apostat de la foi primitive, bien qu'il eût restreint les libertés humaines sous le caractère de grand Émancipateur (25). C'est de là que sous une forme ou sous une autre, ce titre fut transmis à ses successeurs divinisés comme un titre honorifique (26). Toute la tradition depuis les temps les plus reculés témoigne de l'apostasie de Nemrod, de son succès à détourner les hommes de la foi patriarcale et à délivrer de la crainte de Dieu et des jugements célestes qu'ils éprouvèrent sans doute tant que dura le souvenir du déluge. Et suivant les principes de la corruption humaine ce fut sans doute là un des grands éléments de sa réputation : car les hommes se rallient vite autour de celui qui peut donner la moindre apparence de raison à une doctrine qui leur dit : vous pouvez être assuré du ciel et de votre bonheur sans changer de coeur et de nature, et en vivant sans Dieu dans le monde.

Une tradition Polynésienne nous décrit la grandeur de ce don fait aux hommes par Nemrod, de l'avis des impies, lorsqu'il les arrache aux impressions de la vraie religion et à l'autorité du ciel. John Williams, le missionnaire bien connu, nous dit que, d'après une ancienne tradition des mers du Sud, "les cieux étaient à l'origine si près de la terre, que les hommes ne pouvaient pas marcher, mais ils étaient obligés de ramper. C'était là un grand mal ; mais à la fin quelqu'un conçut l'idée d'élever les cieux à une hauteur plus convenable : pour cela, il déploya toute son énergie, et d'un premier effort les souleva à la hauteur d'une plante délicate appelée teve, haute d'environ quatre pieds. Là il les laissa un instant jusqu'à ce qu'il se fût reposé, puis par un second effort, il les souleva jusqu'à la hauteur d'un arbre appelé Kanakiri, qui est aussi grand que le Sycomore. Au troisième effort, il les éleva jusqu'à la hauteur des montagnes. Enfin, après un long repos, il les éleva à leur hauteur actuelle. C'est pour cela qu'il fut divinisé comme un puissant bienfaiteur de l'humanité, et, jusqu'au jour où ils embrassèrent le christianisme, les mortels trompés l'adorèrent comme l'Élévateur des cieux (27)." Or, comment mieux décrire que par cette fable polynésienne la situation de l'humanité après le déluge, et la conduite de Nemrod ou Phoronée l'Émancipateur (28) ?

Tandis que cette effrayante catastrophe par laquelle Dieu manifesta sa justice vengeresse sur les pécheurs de l'ancien monde était encore dans toutes les mémoires, tant que Noé et ses descendants fidèles cherchaient avec zèle à graver dans l'âme de leurs disciples les leçons que cet événement solennel était si propre à leur enseigner, le ciel, c'est-à-dire Dieu, devait paraître tout rapproché de la terre.

Maintenir l'union entre le ciel et la terre, et la maintenir aussi étroite que possible, tel doit avoir été le grand but de tous ceux qui aimaient Dieu et les intérêts de l'humanité. Mais cela impliquait qu'il fallait s'abstenir et se débarrasser de toute espèce de vice, et de tous ces plaisirs de péché après lesquels l'esprit naturel non renouvelé, non sanctifié soupire continuellement. C'est là ce que tout esprit impur doit avoir senti comme un état d'insupportable esclavage. "L'affection de la chair est ennemie de Dieu, elle n'est pas soumise à la loi de Dieu, et aussi elle ne le peut." Elle dit au Tout-Puissant : "Retire-toi de nous, car nous ne désirons pas connaître tes voies."

Tant que domina l'influence du grand père du monde nouveau, tant qu'on s'attacha à ses maximes, que le monde fut entouré d'une atmosphère de sainteté, quoi d'étonnant que ceux qui vivaient loin de Dieu et de la piété, sentissent le ciel, son influence, son autorité, dans une intolérable proximité, et que dans ces circonstances, ils ne pussent pas marcher, mais seulement ramper, c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas libres de marcher d'après les regards de leurs yeux et l'imagination de leur coeur ! Nemrod les affranchit de cette servitude. Par l'apostasie qu'il introduisit, par la liberté de vie qu'il développa chez ceux qui se rallièrent autour de lui, et en les éloignant des saintes influences qui les avaient déjà plus ou moins travaillés, il les aida à repousser Dieu et la stricte spiritualité de sa loi, et devint ainsi l'Élévateur des cieux, amenant les hommes à penser, à agir, comme si les deux étaient loin de la terre, et comme si le Dieu des cieux ne pouvait voir à travers un épais nuage, ou comme s'il ne voyait pas avec déplaisir les violateurs de ses lois. Dès lors tous ceux-là sentaient qu'ils pouvaient respirer à l'aise et marcher en toute liberté. Pour cette raison, ces hommes ne pouvaient que voir en Nemrod leur grand bienfaiteur.

Or qui aurait pu croire qu'une tradition de Tahiti illustrerait l'histoire d'Atlas ? Et cependant rapprochez Atlas portant les cieux sur ses épaules de ce héros déifié des mers du Sud, qui rendit le monde heureux en soulevant les cieux qui l'écrasaient, et vous trouvez entre les deux une analogie extraordinaire (29) !

Ainsi, on voit qu'Atlas avec les cieux reposant sur ses larges épaules ne se rapportait pas simplement à une célébrité astronomique quelque grande qu'elle fût, comme quelques-uns l'ont pensé, mais bien à quelque chose d'entièrement différent, à cette grande apostasie des Géants révoltés contre le ciel (30) et dans laquelle Nemrod le puissant reconnu de tous comme chef (31) occupait une place si importante.

D'après le système que Nemrod contribua si fort à introduire, les hommes furent amenés à croire qu'un changement spirituel du coeur n'était pas nécessaire, et que si cependant il était nécessaire, ils pouvaient être régénérés par des moyens extérieurs.

Si l'on étudie la question à la lumière des orgies de Bacchus qui, on l'a vu, rappelaient le souvenir de Nemrod, il est évident qu'il entraîna les hommes à chercher leur souverain bien dans les plaisirs sensuels, et leur montra comment ils pouvaient jouir des plaisirs du péché sans avoir à craindre en aucune façon la colère du Dieu de sainteté. Dans ces nombreuses expéditions il était toujours suivi de troupes de femmes ; et par la musique, le chant, les réjouissances et les fêtes, et tout ce qui pouvait plaire au coeur humain naturel, il se recommandait aux bonnes grâces de l'humanité.

Or, le nom de Cush se trouve souvent comme Cuth, et dans certains dialectes, comme Cuath. L'enfant Kuathos donc est précisément la forme grecque de l'enfant Cush ou du jeune Cush. Le lecteur remarquera certainement les taches sur la robe (fig. 22). Les baies ou les boutons des fleurs non entrouvertes au bout des rameaux peuvent indiquer le lierre. Ce fait cependant n'invaliderait pas, mais plutôt confirmerait l'argument général.

Le sens Chaldéen du nom Feronia confirme fortement cette conclusion. Le dieu qu'on lui associait et qu'on adorait comme elle dans un bois était un jeune dieu, comme Vénus ; on l'appelait le jeune Jupiter. (SMITH, Diction, class. sub voce Anxurus, p. 60).

Le nom de Thésée semble avoir eu la même origine ; nthes veut dire relâcher, et par conséquent délivrer (le r pouvant disparaître). Le temple de Thésée à Athènes, dit POTTER (vol. I, p. 36) avait le privilège d'être un sanctuaire pour les esclaves, et pour tous ceux de basse condition qui fuyaient la persécution des puissants ; c'était un souvenir de Thésée qui pendant sa vie, était le défenseur et le protecteur des opprimés.

N'est-ce pas une allusion aux puissants ou aux ailés de Nemrod ? Les divinités ailées étaient souvent représentées comme des serpents ailés. Voir WILKINSON, vol. IV, p. 232 où le dieu Agathodemon est représenté comme une guêpe ailée. Chez des peuples grossiers le souvenir d'une pareille représentation pouvait bien être gardé en même temps que celui d'une mouche-dragon ; et comme tous les puissants ou ailés de l'époque de Nemrod, le véritable âge d'or du paganisme, quand ils moururent devinrent des démons (HÉSIODE, Oeuvres et jours, v. 120-121), ils furent tous symbolisés de la même manière. Si l'on s'étonne à la pensée d'un pareil rapport entre mythologie de Tahiti et de Babel qu'on n'oublie pas que le nom du dieu de guerre Tàhitien était Oro (WILLIAMS, ibid.), tandis que Horus (ou Orus) comme Wilkinson appelle le fils d'Osiris en Égypte, qui emprunte sans contredit son système à Babylone, apparaissait sous ce même caractère (WILKINSON. vol. IV, p. 402). Alors la séparation de ces cordes qui liaient le ciel et la terre pouvait-elle signifier autre chose que la rupture des chaînes de l'alliance par laquelle Dieu retenait la terre, lorsque sentant une odeur agréable dans le sacrifice de Noé, il renouvela son alliance avec lui comme étant le chef de la race humaine ? Cette alliance ne respectait pas seulement la promesse faite à la terre de la protéger contre un autre déluge universel, mais elle contenait une promesse ainsi que toutes les bénédictions spirituelles à ceux qui l'accepteraient. L'odeur du parfum dans le sacrifice de Noé se rapportait à sa foi en Christ. Si donc, après avoir senti cette douce odeur, Dieu bénit Noé et ses enfants (Genèse IX, 1), cette bénédiction a rapport non seulement à des bénédictions temporelles, mais à des bénédictions spirituelles et éternelles. Chacun donc des fils de Noé qui avait la foi de Noé et qui marchait comme Noé était divinement assuré d'un intérêt "dans l'alliance éternelle ordonnée en toutes choses et certaine". Ils étaient bénis, ces liens par lesquels Dieu s'était attaché à lui-même les enfants des croyants et par lesquels les cieux et la terre étaient étroitement réunis.

D'un autre côté les sectateurs de l'apostasie de Nemrod brisaient l'alliance et disaient en réalité : "Brisons ses liens et délivrons-nous de ses chaînes." Il y a dans l'histoire de Babylone par Berosus une allusion qui est parfaitement distincte à cette action de briser l'alliance entre le ciel et la terre. Belus, ou comme on l'a déjà vu Nimrod, après avoir chassé les ténèbres antiques sépara, dit-il, le ciel de la terre et arrangea le monde avec ordre (BEROSUS dans BUNSEN, vol. I, p. 709). Ces mots représentaient Belus comme celui qui forme le monde. Mais c'est un monde nouveau qu'il forme ; car des créatures existaient bien avant que son pouvoir démiurgique ne soit mis en oeuvre. Ce monde nouveau était précisément le nouvel ordre de choses qu'il introduisit quand il se révolta contre le ciel. Une allusion évidente à cette ancienne querelle entre le ciel et les souverains babyloniens existe dans les paroles de Daniel à Nebuchadnezzar lorsqu'il annonce l'humiliation et la restauration de ce souverain : "Ton royaume te sera assuré dès que tu auras reconnu que celui qui domine est dans les cieux." (Daniel IV, 26).

Objets du culte

Article 2

La Mère et l'Enfant, et l'original de l'Enfant

Section 4

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