Introduction
Dieu dévoile l’état moral du peuple et en annonce le jugement à venir
Jugement de Dieu sur le témoignage qui Lui est rendu, sous un roi pieux
Sophonie nous présente le jugement que l’Esprit de Dieu porte sur l’état du
témoignage rendu au nom de Dieu, dans ce monde, à une époque où il y avait
quelque relèvement extérieur par le moyen d’un roi pieux.
Patience de Dieu envers
Son peuple, et jugement final sur son état moral
Dieu a plus d’une fois accordé cette grâce à son peuple, comme il a supporté
avec une longue patience sa désobéissance et sa révolte, et dans les deux cas,
il a voulu nous faire voir le véritable état moral de ce qui portait Son nom, le
jugement qu’une âme spirituelle porterait, que son Esprit portait sur cet état ;
jugement qui serait légitimé par celui que Dieu exécuterait contre son peuple et
contre les gentils, lorsque la patience ne servirait plus à rien.
Dieu montre le jugement
à venir et l’état qui l’amènerait, mais aussi Sa grâce
Ce sont les deux principales parties de la prophétie : la publication des
intentions de Dieu à l’égard du jugement qu’il exécuterait, et le dévoilement de
l’état qui amenait ce jugement. Ceci est accompagné constamment de la révélation
de ses desseins de grâce et de l’avènement du Messie, dans le but d’encourager
et de soutenir la foi du résidu fidèle de son peuple.
Jugement sur les
nations, une fois le témoignage rendu à Dieu disparu
Suspension du jugement mérité tant qu’un témoignage était rendu par Son peuple
Israël ayant été appelé à être le témoin de Dieu, lorsque les nations s’étaient
plongées dans l’iniquité et dans l’idolâtrie, le jugement général du monde a pu
être arrêté aussi longtemps que, ce témoignage étant maintenu, le vrai caractère
de Dieu a été mis en évidence, car Dieu est lent à la colère ; aussi, a-t-il
suscité les prophètes depuis Samuel, pour porter remède aux égarements et à
l’infidélité de son peuple, lorsque ce peuple même a manqué. Aussi longtemps que
ce témoignage extraordinaire de grâce, et les avertissements et les châtiments
qui l’ont accompagné, ont servi pour maintenir quelques lueurs de vérité et de
justice sur la terre, l’Éternel a retenu sa main prête à détruire ce qui
déshonorait Dieu et opprimait l’homme. Nous avons vu ailleurs, dans le transport
de la souveraineté à l’empire des gentils, l’introduction d’un nouveau système,
comme nous trouvons dans le Nouveau Testament l’établissement de l’Église. Je ne
m’y arrête pas ici. Quant au gouvernement du monde, en vue du témoignage rendu
au nom de l’Éternel, lorsque Israël, qui soutenait ce témoignage au milieu des
nations apostates et rebelles à Dieu, a manqué, de sorte qu’il n’y eut plus de
remède, ces nations aussi ont dû subir le jugement qu’elles avaient longtemps
mérité. Elles appelleront ce jugement sur elles, en mettant le comble à leur
iniquité et à leur révolte contre Dieu, et en manifestant leur haine contre le
peuple de Dieu, par la joie avec laquelle elles se mettront en avant pour
accomplir les châtiments que ce peuple a mérités ; car Dieu est patient envers
elles aussi. Il a bien voulu même envoyer l’évangile, soit celui de la pleine
grâce de Dieu dont nous jouissons, soit la proclamation de ses jugements
prochains, afin que ceux qui ont des oreilles pour écouter y échappent. Mais, en
principe, aussitôt que le témoignage d’Israël a définitivement failli, les
nations ont été exposées au jugement mérité par leur état de péché ; ce jugement
ayant été suspendu, parce qu’un vrai témoignage était rendu à Dieu. C’est
pourquoi nous avons trouvé constamment dans les prophètes le jugement définitif
d’Israël. L’établissement de l’empire gentil, présenté sous les figures de la
statue et des bêtes, l’introduction du christianisme, l’apostasie qui éclate
dans son sein, introduisent d’autres objets du jugement de Dieu, mais ne
changent pas le jugement qui s’exécute sur les nations, en dehors de ces objets.
Le jugement des nations
part de Sion, même s’il est lié à celui des Juifs
Le jugement de l’apostasie et de l’empire des gentils vient directement du ciel,
d’où découlait l’autorité de cet empire et la bénédiction de ceux qui sont
devenus apostats, et contre lequel ils sont en révolte. Le jugement des nations
a Sion pour son point de départ ; Sion, déjà actuellement sous le jugement, mais
alors délivrée par le jugement exécuté contre la bête qui l’opprime (voyez Ps.
110). Ces événements, dont Daniel, les prophéties du Nouveau Testament et en
partie Zacharie s’occupent, sont omis par ceux d’entre les prophètes qui
traitent le sujet des relations propres du peuple terrestre avec Dieu en Sion ;
et le jugement de Jérusalem et des Juifs est lié dans leurs prophéties à celui
des nations qui en seront atteintes, quand Israël, infidèle au témoignage dont
il était chargé, aura fait blasphémer le nom de l’Éternel.
Jugement des nations
assemblées contre Jérusalem, dans la délivrance d’Israël
Ce jugement a commencé, à l’égard des Juifs, par Nebucadnetsar lui-même. Puis,
lors du déclin de son empire qui commença originellement avec lui comme la tête
d’or, à la fin du siècle, les nations, reprenant leur force, s’en servent contre
Israël lié alors et assujetti à l’empire apostat, jugement encore plus terrible.
Toutes les nations seront ainsi rassemblées contre Jérusalem, et mettant le
comble au jugement du peuple et à leur propre iniquité, amèneront l’intervention
du Dieu de miséricorde en faveur de son peuple, selon ses promesses et ses
conseils de grâce ; sa délivrance s’accomplira dans le jugement exécuté contre
ceux qui s’élèvent contre Israël, et en s’élevant contre lui s’élèvent contre
l’Éternel et contre son Christ. Aussi, ce sera le jugement qui sortira de Sion,
de même que la bête aura été détruite par Celui qui sera venu du ciel.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1 — Lien entre les prophéties, les rois et l’état d’Israël
Ézéchias est l’occasion de la révélation du Fils de David délivrant le peuple
Les dates attachées aux livres des prophètes, se lient aux diverses actions de
cette série d’événements. Ésaïe, Michée, ainsi qu’Osée et Amos, ces deux
derniers, toutefois, moins immédiatement, s’occupent de la révélation du Fils de
David, libérateur, défenseur de son peuple en Jérusalem. Ézéchias, suscité après
le misérable règne d’Achaz, fournissait l’occasion de ces révélations, qui
faisaient comprendre aux fidèles, en dévoilant l’iniquité et le véritable état
du peuple, qu’ils devaient regarder plus loin, pour ne s’arrêter qu’aux pensées
de Celui qui avait suscité ce roi pieux, pour le relèvement temporaire de son
peuple, et qui accorderait une délivrance complète et éternelle par le vrai
Emmanuel. Ésaïe insiste, chapitres 1, 2, 3, ainsi qu’au dernier chapitre, sur
cette liaison entre le jugement d’Israël et celui des nations dont nous venons
de parler.
1.1.2 - [Josias,
dernier roi pieux, tombe avant le jugement de Jérusalem
Josias ne représentait pas de la même manière le Rédempteur à venir. Ayant eu la
faveur, à cause de sa piété, de ne point voir la ruine de Jérusalem [(2 Chron.
34:27-28)], il tombe lui-même par les mains des étrangers. Jérusalem perd avec
lui, pour le temps présent, sa gloire, sa paix et son espérance ; son jugement
arrive.
Sophonie annonce l’état
d’Israël et le jugement qui en résulterait, en lien avec les nations
[1:1] Sophonie a prophétisé sous son règne. Le prophète ne tient pas compte de
la piété passagère du peuple qui (voyez Jér. 3), au fond, n’était pas changé. Il
parle, au point de vue général, de l’état d’Israël et du jugement qui en
résulterait, en rapport avec son effet sur les nations. Nous avons vu que
Nebucadnetsar exécute le premier ce jugement, quoique le jugement et la
prophétie qui en parle, aillent beaucoup plus loin.
Ch. 1 v. 2-13 — Journée
de l’Éternel venant en jugement sur le peuple
Ch. 1 v. 2-9 — Désolation de la terre et jugement d’Israël, dans le jour de
l’Éternel
[1:2-3] Le prophète commence en déclarant que la terre serait plongée dans une
désolation complète. [1:4-5] Ensuite, que Juda, Jérusalem, leurs faux dieux et
leurs sacrificateurs, seraient frappés de la main de l’Éternel, ainsi que les
idolâtres, ceux qui mêlaient le nom de l’Éternel aux noms d’autres dieux ; [1:6]
ceux qui s’étaient détournés de l’Éternel ; ceux qui ne l’avaient pas cherché.
[1:7] Chacun est appelé à se taire devant la présence de l’Éternel, car sa
journée arrivait. Il avait préparé son sacrifice, et invité ses convives ; [1:8]
et au jour de son sacrifice, le roi, les princes, les enfants du roi seraient
visités de sa main ; [1:9] la violence et la fraude trouveraient leur juste
récompense.
Ch. 1 v. 10-13 —
Intervention de l’Éternel en jugement contre Jérusalem
[1:10] La journée de l’Éternel ferait monter des cris des portes de Jérusalem ;
[1:12] il fouillerait Jérusalem comme avec des lampes, et ferait voir la folie
de ceux qui niaient son intervention en bien ou en mal.
Ch. 1 v. 14-18 —
Terreurs de la journée de l’Éternel
[1:15-16] Ensuite, le prophète annonce en des termes généraux mais des plus
forts, les terreurs de cette journée de l’Éternel. [1:18] Tout le pays serait
dévoré par le feu de sa jalousie. Voilà donc tout le pays, Jérusalem et Juda,
jugés dans la grande journée de Dieu. Cette partie de la prophétie se termine
là.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-11 — Appel en grâce au résidu fidèle, avant l’exécution du jugement
sur le pays
Le chapitre 2, tout en révélant le caractère de la nation, s’adresse à elle,
[2:3] afin que tous ceux au moins qui craignent l’Éternel, soient cachés au jour
de sa colère. [2:1] Ils sont appelés à se rassembler et à chercher l’Éternel
[2:2] avant que le décret de jugement ait enfanté et que son ardente colère
fonde sur eux. [2:3] Ainsi, le résidu est distingué ; les débonnaires qui
pratiquent la justice, sont invités à la débonnaireté et à la justice, afin
qu’ils soient cachés, bien que le témoignage soit adressé à toute la nation :
car, après tout, Dieu se souvenait de ses conseils de grâce. Ses voies à cet
égard sont développées d’une manière admirable dans le reste de la prophétie.
[2:4-5] Le jugement serait sur tout le territoire d’Israël, rempli, en bien des
endroits, d’étrangers hostiles au peuple. L’effet de la désolation qui en
résulterait, car l’appel et les dons de Dieu sont sans repentance [(Rom.
11:29)], serait de laisser tout le pays libre, [2:6] pour qu’Israël en jouisse,
[2:7] car l’Éternel le visiterait et ramènerait tous ses captifs, [2:9] et le
résidu du peuple le posséderait. [2:11] L’Éternel allait juger et affamer tous
les dieux de la terre, et tous les hommes l’adoreraient chacun de sa place, même
toutes les îles des nations.
Ch. 2 v. 12-15 — Chute
et désolation des nations puissantes
[2:12] L’Éthiopie, [2:13] Ninive, tout ce qui était puissant entre les nations,
tomberait et serait en désolation.
Jugement des peuples
révoltés contre Dieu aux derniers jours
C’est le jugement des peuples dont nous avons parlé, dont Nebucadnetsar a été le
premier instrument, mais qui est introduit ici en vue des derniers jours,
lorsque la puissance que Dieu a établie sera dans sa dernière révolte contre
lui.
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-13 — Place de Jérusalem dans le jugement des nations
Iniquité de Jérusalem jugée, et bénédictions en résultant pour le résidu]
Au milieu de ce jugement des nations (ch. 3), Jérusalem tient la principale
place. [3:8] L’Esprit de Dieu, en exposant l’iniquité qui en est la cause, se
tourne vers le résidu pour l’inviter à s’attendre à l’Éternel, puisqu’il n’y
avait plus d’espoir. Il l’éclaire sur ses voies, et lui révèle de quelle manière
elles résulteraient en bénédictions pour Israël.
Ch. 3 v. 1-10 —
L’Éternel agit avec jugement et tendresse envers Son peuple
[3:5] Dieu a été au milieu de la sainte ville, [3:1] maintenant corrompue ;
[3:2] mais elle ne voulait pas s’approcher de Lui, ni Lui obéir. [3:3] Ses
princes étaient les violents de la terre ; ses juges, les ravisseurs ; [3:4] ses
prophètes étaient vains et trompeurs ; ses sacrificateurs profanaient le
sanctuaire. [3:5] L’Éternel était là pour leur montrer leurs fautes et son
jugement, mais le méchant était éhonté dans son iniquité. [3:6] Sans doute,
l’Éternel avait retranché les nations et les avait réduites en désolation ;
[3:7] mais quelque châtiment qu’il ait dû infliger à Israël, celui-ci au moins,
devait-on supposer, recevrait de l’instruction. L’Éternel ne serait pas forcé de
le retrancher ; mais il a corrompu diligemment toutes ses actions. Israël,
puisqu’il n’écoutait pas l’Éternel agissant avec cette tendresse, et se tenant
si près de lui ; Israël, sans être nommé, descend dans le rang des nations qui
sont les objets du juste jugement de Dieu, et le résidu est invité (v. 8) à
s’attendre à l’Éternel seul, qui est sur le point d’exécuter ce jugement, et
puisque rien ne touchait le cœur engraissé de ce peuple, à attendre le moment où
l’Éternel se lèverait pour le dégât1. Avant ce moment, il n’y avait rien à
faire. Israël n’écoutait pas ; le jugement ne concernait pas le résidu, et ce
jugement seul pouvait mettre fin à ce qui le désolait. [3:8] Dieu rassemblerait
tous les peuples pour faire fondre sur eux son ardente colère, témoignage
solennel et universel des prophètes ; [3:9] mais alors il leur donnerait des
lèvres pures, afin qu’ils invoquassent le nom de l’Éternel pour le servir d’un
seul cœur2. [3:10] Tous les dispersés d’Israël seraient rassemblés des pays les
plus lointains.
1 Note Bibliquest : mot traduit par « butin » dans la version Darby.
2 Témoignage qui montre très clairement le moment où les habitants du monde apprennent la justice.
Ch. 3 v. 11-13 —
Résultat du jugement et état du résidu d’Israël
[3:11] Jérusalem ne penserait plus à sa honte ; ses transgressions seraient
absolument effacées. Les orgueilleux seraient ôtés du milieu d’elle ; [3:12] un
peuple humble et chétif serait là, dont la retraite serait l’Éternel seul ;
[3:13] ce petit résidu ne ferait point d’iniquité, ne proférerait pas de
mensonges, il paîtrait et se reposerait en sûreté, personne ne l’effrayerait.
Ch. 3 v. 14-20 —
Cantique de louange pour tout ce que l’Éternel a fait pour Son peuple
Les versets 14-17 renferment un cantique de louange, que l’Esprit compose et
enseigne à Sion, [3:14] qu’il invite à chanter avec actions de grâces à
l’Éternel, [3:15] qui a aboli sa condamnation, [3:17] qui est au milieu d’elle,
qui se repose dans son amour pour elle. [3:18] Tous ceux qui avaient été désolés
à cause de l’opprobre dans lequel Sion était tombée, et qui soupiraient après
ses assemblées solennelles, seraient rassemblés, [3:19] ses ennemis seraient
détruits, et ses enfants seraient en admiration partout où ils avaient été en
opprobre. [3:20] Israël serait un sujet de louange parmi tous les peuples de la
terre.
Conclusion
Caractère général de la prophétie de Sophonie
Sophonie traite des nations et du peuple en rapport avec l’Éternel, non de
l’empire gentil et du Messie]
On remarquera que la prophétie de Sophonie concerne les nations et non l’empire
des gentils, duquel il n’est nullement question, et que les rapports d’Israël,
dont elle parle, sont ceux qu’il a avec l’Éternel ; sa conduite envers le Messie
n’est pas en vue. C’est Israël, Jérusalem et l’Éternel ; Christ n’est vu que
dans ce dernier caractère. Les voies spéciales de Dieu dans l’empire des
gentils, dans la mission de son Fils et dans l’état des Juifs à la suite de son
rejet, sont entièrement passées sous silence, et il n’est traité que du jugement
d’Israël au point de vue de ses rapports avec l’Éternel, le roi (ch. 3:15).
Nécessité et effet
moral du jugement des nations]
Le jugement de toutes les nations et son effet moral, la nécessité absolue de ce
jugement, puisque Israël, où Dieu était, ne voulait pas écouter, sont annoncés
de la manière la plus claire, et ont leur but, leur effet pratique, signalés
avec une précision plus nette peut-être que par aucun autre prophète,
accompagnés qu’ils sont de la déclaration claire et distincte que c’est lorsque
Dieu exécute le jugement sur les nations rassemblées, qu’elles apprendront une
langue pure et l’invoqueront. L’adresse au résidu, et le caractère de celui-ci,
et le bon plaisir de l’Éternel en lui sont exposés avec une beauté exquise.
Commentaire entier
John Nelson Darby