Introduction aux cinq
livres des Psaumes
Caractère du livre des Psaumes
Les Psaumes ne sont pas l’histoire du peuple, ni un enseignement, ni une
prophétie
Le livre des Psaumes a évidemment un caractère particulier. Il ne nous raconte
pas l’histoire du peuple de Dieu ; il ne nous expose pas les voies de Dieu à
l’égard de ce peuple ; il n’a pas davantage pour but de nous enseigner certaines
doctrines ou devoirs positifs, pas plus qu’il n’est la proclamation prophétique
et formelle d’événements à venir. Sans doute, on y trouve des allusions à des
événements importants, et les Psaumes sont étroitement liés avec diverses
révélations prophétiques, de même qu’avec l’ensemble des enseignements de la
Parole de Dieu, mais le but du livre n’est pas de s’occuper directement de ces
sujets.
Les Psaumes sont
l’expression de sentiments produits par l’Esprit dans le cœur du peuple
Les Psaumes sont, presque tous, l’expression des sentiments produits dans les
cœurs du peuple de Dieu par les événements par lesquels ce peuple passe, ou,
pour parler plus exactement, l’expression des sentiments préparée pour eux, par
l’Esprit de Dieu, dans ces événements ; et par le fait ils expriment les
sentiments, non seulement du peuple de Dieu, mais encore souvent ceux du
Seigneur lui-même. Les Psaumes sont l’expression de la part que l’Esprit de
Dieu, en tant qu’opérant dans les cœurs des saints, prend à leurs souffrances et
aux exercices de leurs âmes : l’opération de l’Esprit s’y lie à toutes les
épreuves par lesquelles ils passent et à l’infirmité humaine qui apparaît dans
ces épreuves, au milieu desquelles l’Esprit leur fournit ainsi des pensées de
foi et de vérité comme ressource pour eux au milieu de toutes leurs
vicissitudes. Nous trouvons par conséquent, dans les Psaumes, les espérances,
les craintes, les afflictions, la confiance en Dieu qui respectivement
remplissent l’âme des saints ; — parfois la part que prend à ces sentiments le
Seigneur lui-même, — occasionnellement à l’exclusion de tout autre que lui, — et
la position qu’il a occupée afin qu’il sympathisât ainsi avec eux.
Les Psaumes pour ceux
qui sont sous la loi et pour les chrétiens
Nécessité d’un discernement spirituel pour saisir la portée et l’application des
Psaumes
De tout cela il résulte que, pour juger sainement de la vraie portée et de
l’application des Psaumes, il faut un jugement spirituel plus mûr qu’à l’égard
de toute autre partie des Saintes Écritures : il est nécessaire en effet qu’on
soit capable de comprendre, dans cette lecture, ce qui dispensationnellement a
donné naissance aux Psaumes, comme aussi de juger de la vraie position devant
Dieu de ceux dont ils expriment les besoins ; — et ceci est d’autant plus
difficile que les circonstances, l’état, et la relation avec Dieu du peuple dont
ils traduisent les sentiments, ne sont pas ceux dans lesquels nous nous trouvons
nous-mêmes. La piété que respirent les Psaumes est édifiante pour tous les temps
; la confiance en Dieu qu’ils expriment souvent au milieu de l’épreuve, a
consolé et réjoui le cœur de plus d’un enfant de Dieu dans sa propre épreuve ;
et ce sentiment doit être nourri et entretenu soigneusement. Mais plus cela est
important, plus il est nécessaire que notre jugement spirituel sache discerner
la position à laquelle se rapportent les sentiments exprimés dans les Psaumes,
position qui donne son caractère propre à la piété qu’ils respirent. Faute de
cette intelligence, la vraie et entière puissance de la rédemption, ainsi que la
portée de l’évangile de la grâce de Dieu sont perdues, et un grand nombre
d’expressions, qui choquent l’esprit chrétien inattentif à leur véritable
portée, restent obscures et même tout à fait incompréhensibles. L’âme qui se
place, aujourd’hui, dans la position décrite dans les Psaumes, retourne en
arrière vers des expériences qui appartiennent à un état légal, et qui sont la
part de quelqu’un qui, pour le péché, se trouve sous le châtiment et dans
l’épreuve ; dans cet état, elle retourne en arrière vers des expériences qui se
rattachent aux espérances d’un peuple terrestre. On en vient ainsi à se servir
de la Parole de Dieu pour sanctionner un état légal qui, pour le chrétien, est
un état d’incrédulité ; on vit satisfait dans un état spirituel, auquel manque
la connaissance de la rédemption, dans la crainte de se voir ravir les Psaumes ;
et en voulant les conserver pour soi, comme on se l’imagine, on maintient son
âme dans un état dans lequel on se trouve privé de l’intelligence de la vraie
portée de cette portion des Écritures ; on perd de vue ses propres privilèges,
on devient incapable de comprendre le sens véritable des Psaumes et d’en jouir ;
enfin, ce qui est pis encore, on se prive de l’intelligence, si bénie et si
profondément instructive, des tendres et miséricordieuses sympathies de Christ
dans leur vraie et divine application. L’intelligence égoïste n’apprend pas
Christ, tel qu’il est, tel qu’il est révélé, — et la perte est grande.
Les Psaumes
s’appliquent à ceux qui sont sous la loi, non à l’état chrétien
Sans doute, il y a dans les Psaumes des consolations et des secours de grâce
pour une âme sous la loi, parce que les Psaumes s’appliquent à ceux qui sont
sous la loi, — et des âmes, qui se sont trouvées dans cet état, ont été ainsi
réconfortées par eux : — mais, je le répète, c’est faire une fausse application
des Psaumes, c’est perdre la puissance de ce que Dieu nous a donné dans ce
livre, et c’est nous dépouiller de la vraie position spirituelle dans laquelle
l’Évangile nous place, que d’user des Psaumes pour demeurer dans un état légal
et pour en faire l’application, particulièrement et avant tout, à nous-mêmes. La
raison en est que la relation d’enfant, vis-à-vis du Père, n’est pas et ne peut
pas être introduite dans les Psaumes, et c’est vivre hors de cette relation que
de rester dans l’esprit des Psaumes, quoique l’obéissance et la dépendance
confiante qu’on y respire soient toujours ce qui convient à notre sentier
chrétien.
Les Psaumes en rapport
avec Israël, Juda et Christ]
Étude des Psaumes en recherchant le but de l’Esprit dans chacun
Dans la présente étude, je me propose d’examiner le livre des Psaumes dans son
ensemble, puis chacun des Psaumes en particulier, afin d’avoir, autant que
possible, un aperçu complet de tout le livre. La manière la plus profitable de
faire cette étude sera d’envisager les Psaumes au même point de vue que les
autres portions de la Parole que nous avons déjà parcourues, bien que le
caractère même des Psaumes rende ici cette tâche plus difficile : nous
rechercherons donc l’intention et le but du Saint Esprit dans les Psaumes,
laissant l’appréciation de la piété précieuse qu’ils renferment, au cœur seul
capable de l’estimer, c’est-à-dire au cœur qui se nourrit de Jésus par la grâce
de l’Esprit de Dieu.
Les Psaumes se
rapportent aux circonstances de Juda et d’Israël aux derniers jours
Les Psaumes, et les mouvements du cœur sous l’action de l’Esprit de Dieu, qui y
sont reproduits, ont pour base les espérances et les craintes d’Israël et se
rapportent, dans leur application et leur vraie portée, aux circonstances qui
sont le propre de Juda et d’Israël ; — et ces circonstances, il faut l’ajouter,
sont celles de Juda et d’Israël aux derniers jours, bien que, quant à l’état
moral des choses, ces derniers jours aient, en réalité, commencé à la réjection
de Christ. La piété et la confiance en Dieu, dont ce précieux livre est plein,
trouvent sans doute un écho dans tout cœur croyant, mais les exercices de l’âme,
tels qu’ils sont exprimés ici, s’accomplissent au milieu d’Israël.
L’appréciation que nous faisons ainsi des Psaumes, appréciation dont la vérité
est démontrée par la lecture des Psaumes eux-mêmes, est sanctionnée par l’apôtre
Paul dans l’épître aux Romains, où, après avoir cité plusieurs Psaumes, il dit :
« Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la
loi » (Rom. 3:19).
Expression de
l’opération de l’Esprit dans le résidu, et place de Christ parmi les fidèles
Les Psaumes donc concernent Juda et Israël, et la position dans laquelle se
trouvent ceux qui appartiennent à Juda et à Israël : ils sont essentiellement
l’expression de l’opération de l’Esprit de Christ, quant au résidu, ou dans le
résidu des Juifs (ou d’Israël) aux derniers jours. L’Esprit de Christ entre dans
toutes les afflictions des fidèles Israélites de ces jours-là, exprimant leurs
confessions, leur confiance de foi, leurs espérances, leurs craintes, leur
reconnaissance pour les délivrances obtenues, en un mot tous les exercices de
leurs âmes dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent aux
derniers jours, offrant ainsi à ces fidèles les directions, l’approbation et la
sympathie de l’Esprit de Christ, et l’expression de l’opération de cet Esprit en
eux et même en Christ lui-même. À côté de cela, les Psaumes nous présentent la
place que Christ lui-même prit au milieu de ces fidèles, lorsqu’il était sur la
terre, pour qu’ils eussent part à ses sympathies, et pour que leur délivrance
fût rendue possible, et que leur confiance en Dieu fût juste, quoiqu’ils eussent
péché contre Lui. Les Psaumes ne raisonnent pas, comme les épîtres, sur
l’efficacité de l’œuvre de la croix, mais, dans ceux qui s’appliquent à Christ,
ils nous présentent les sentiments qui remplissaient son âme, alors qu’il
accomplissait l’œuvre. Ils nous font comprendre aussi la place qu’il prit dans
le ciel à la suite de sa réjection, et celle qu’il prendra finalement sur le
trône du royaume ; mais à part sa présente exaltation dans le ciel, mentionnée
seulement comme fait nécessaire pour introduire la délivrance finale d’Israël et
donner à cette délivrance son caractère complet, tout ce qui est révélé à
l’égard du Seigneur, dans sa relation avec Israël, nous est communiqué, non dans
une narration, mais dans l’expression de ses propres sentiments en rapport avec
la place qu’il a prise, comme cela aura lieu pour le résidu lui-même. C’est ce
trait qui donne aux Psaumes le caractère et l’intérêt qui leur sont
particuliers.
Christ entrant dans
toutes les souffrances de ceux qu’Il voulait sauver, comme substitut
Les Psaumes nous enseignent que Christ entra dans toute la profondeur des
souffrances qui firent de lui le vase de cette grâce, compatissant à ceux qui
avaient à traverser ces souffrances : — il entra dans cette voie comme
s’intéressant à ces fidèles, comme se chargeant de leur cause et la soutenant
devant Dieu. Dans le chemin de son humiliation, il apprit la langue des savants,
afin de savoir soutenir par une parole celui qui est las (És. 50:4). Ils étaient
des pécheurs, ils ne pouvaient ni réclamer aucune exemption de la peine, ni
compter sur aucune faveur qui pût délivrer et restaurer. Si lui n’avait pas
souffert pour eux, il leur eût fallu porter les souffrances présentes qu’ils
avaient à endurer, en rapport avec la culpabilité qui les y laissait plongés, en
dehors de la faveur de Dieu. Mais telle n’était pas la pensée de Dieu ; il
voulait les délivrer, et Christ entre au milieu d’eux, en grâce. Il prend sur
lui la culpabilité de ceux qui devaient être délivrés. C’étaient là pour Christ
des souffrances vicariales, c’était souffrir comme substitut — et dans la voie
de l’obéissance et de l’amour parfaits, il entra dans les souffrances au travers
desquelles avaient à passer ceux qu’il venait délivrer. En obéissant, il entra
dans ces souffrances de manière à attirer, par l’expiation, l’efficace de la
grâce salutaire de Dieu, sur ceux qui auraient dû se trouver eux-mêmes dans ces
souffrances, et à devenir ainsi, en vertu de tout cela, comme leur représentant
et leur répondant, le garant de leur délivrance, et le soutien de leur
espérance, dans ces souffrances, en sorte qu’ils n’y succombassent pas.
Les fidèles doivent
passer par l’épreuve en gouvernement, mais y trouvent Christ
Néanmoins il faut, selon les justes voies de Dieu, que les fidèles du résidu
passent par la souffrance à cause de leur folie et de leur méchanceté, et afin
qu’ils en soient purifiés intérieurement. Christ entra dans toutes ces
souffrances, afin d’y être pour eux une source de vie et un soutien pour leur
foi, lorsque la main de l’oppresseur pèserait lourdement sur eux au dehors et
que le sentiment de leur culpabilité accablerait leur âme au-dedans, ne leur
laissant ainsi d’autre sentiment de la faveur divine que la conscience que Celui
qui leur avait assuré cette faveur et qui pouvait en être le canal, avait
entrepris leur cause devant Dieu et passé, pour eux, par les mêmes
circonstances. Sans doute, toute l’efficace de son œuvre dans leur délivrance,
par la mort de ce seul homme pour la nation, ne sera pas connue jusqu’à ce
qu’ils regardent vers Celui qu’ils ont percé. Le peuple, et tout spécialement
les fidèles du résidu, à cause de leur intégrité (car la masse de la nation se
joindra aux Gentils idolâtres afin de jouir de la paix), sont laissés au plus
profond de l’épreuve qui, comme voie gouvernementale de Dieu, les amène par la
grâce au sentiment de leur culpabilité pour avoir violé la loi, puis rejeté et
crucifié le Messie, afin qu’ils connaissent véritablement ce que chacun d’eux
est, et qu’en intégrité de cœur, ils courbent la tête devant un Seigneur
offensé, et disent : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! »
[(118:26)]. Mais quoique la délivrance et un salut meilleur ne doivent pas se
réaliser avant ce moment-là, cependant, en vertu de l’œuvre accomplie pour les
effectuer, Christ peut nourrir les âmes des fidèles du résidu et les conduire à
cette délivrance, et c’est là précisément ce qu’il fait dans les Psaumes qui
sont l’expression de ses pensées envers eux ou plutôt en eux, lorsqu’ils sont
dans la détresse, et qui parfois aussi rappellent de quelle manière il a appris
cette « langue des savants » [(És. 50:4)]. De là vient aussi que des âmes, qui
sont encore sous la loi, trouvent dans les Psaumes une si grande consolation
pour elles-mêmes.
L’intérêt du cœur pour
les souffrances de Christ
Intérêt encore plus grand sous la grâce que sous la loi
Que personne ne suppose, je le dis ici en passant, que ce profond intérêt du
cœur dans ces souffrances de Christ se perde lorsqu’on laisse la loi pour être
sous la grâce ; au contraire, il en résulte un gain immense.
Contempler de cœur, par
l’Esprit, les souffrances de Christ ici-bas
En effet, au lieu d’user des Psaumes égoïstement, en vue de mes propres besoins
et de mes propres douleurs, quelque juste que puisse être cette application, la
jouissance de la grâce me permet de contempler, dans l’adoration et dans
l’amour, toutes les souffrances de Christ avec une aptitude plus profonde pour
le faire, donnée par son Esprit qui habite en moi. Je puis revenir en arrière,
en paix, Lui étant en haut, et, avec un intérêt et une intelligence donnés par
Dieu (quelle que soit d’ailleurs ma mesure) envisager les souffrances qu’il a
endurées ici-bas. Je puis le suivre de cœur lorsque, pour la gloire de Dieu et
en amour pour nous, il traçait ce « chemin de la vie » au travers d’un monde de
péché et de misère, au travers de la mort même, jusqu’à la gloire justement
acquise dans laquelle Il est maintenant.
L’amour pour Christ
nous fait jouir de ces encouragements dans les Psaumes
C’est ainsi que, dans Jean 14, l’amour pour sa personne et non l’esprit légal,
est à la base des consolations et des encouragements qu’il donne à ses disciples
quand il leur dit, au verset 28 : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez
réjouis de ce que je m’en vais au Père ». Sous la loi, les Psaumes peuvent nous
apporter de la consolation et du secours, dans une détresse profitable ; — sous
la grâce, nous en jouissons comme aimant Christ et avec une intelligence divine.
Christ a dû passer
personnellement par la souffrance, pour sympathiser avec le résidu et accomplir
l’expiation
Mais revenons à notre sujet. Le grand fondement qui devait être posé pour rendre
possible la sympathie, c’est que Christ n’a pas été épargné là où le résidu sera
épargné, parce qu’il faut que Christ souffre tout entière la peine du crime et
de l’iniquité, autrement il ne pourrait pas délivrer le résidu, justement et
pour la gloire de Dieu1. Ainsi il a fallu que Christ passât personnellement au
travers de la souffrance, comme il l’a fait, en esprit ; et de plus, qu’il fît
expiation pour le coupable. Il a passé au travers de la souffrance dans la
communion avec Dieu, sauf dans l’œuvre expiatoire ; et, par l’expiation, toute
la grâce et la faveur de Dieu envers lui, tout ce qu’il a trouvé que Dieu était
pour lui dans l’affliction, il le rend valable pour ceux qui doivent y passer
comme lui, afin qu’ils aient ainsi la connaissance de toute la pensée de Dieu à
leur égard, en grâce, quand ils se trouveront eux-mêmes dans l’affliction, et
lors même qu’ils seront dans les ténèbres. Si l’on demande comment cela est
possible, alors qu’ils n’ont pas encore appris que Dieu est pour eux dans
l’expiation, — on peut répondre que ce sont précisément ces Psaumes qui, entrant
dans tous les détails des sentiments de Christ et de la propre position des
fidèles, sont le moyen par lequel Dieu les introduira dans cette voie, selon
Ésaïe 50, que j’ai déjà cité. À dire vrai, un grand nombre de chrétiens sont
dans un état analogue : ils s’attachent à la promesse, ils sentent leurs péchés,
ils sont encouragés par l’espérance, ils voient la bonté de Dieu, — ils usent
des Psaumes comme se rapportant à eux, — et ils ne connaissent ni la rédemption,
ni la paix.
1 C’est dans l’acte de la mort que les souffrances de Christ, pour la justice (et ce à quoi il s’est exposé pour être à même de sympathiser avec le résidu fidèle, quand celui-ci souffre sous la main gouvernementale de Dieu), et l’expiation se rencontrent. Les souffrances pour la justice ont leur expression typique dans l’offrande du gâteau, tandis que l’expiation est figurée dans le sacrifice pour le péché, brûlé hors du camp. Christ a souffert jusqu’à la mort ; alors, il a fait aussi l’expiation pour le péché. Quelques-uns de ceux du résidu pourront souffrir jusqu’à la mort, comme fidèles dans l’épreuve sous ce gouvernement de Dieu ; mais dans ce cas, comme Christ lui-même, ils obtiendront une meilleure résurrection. Je n’ai pas besoin de répéter que l’œuvre expiatoire est absolument et exclusivement l’œuvre de Christ.
Trois lignes
directrices pour comprendre les Psaumes
Différentes catégories de personnes : Israël, le résidu fidèle et les Gentils
Les Psaumes donc se rapportent proprement à Israël1, et en Israël, au résidu
fidèle. C’est là le premier principe général que la Parole elle-même établit
pour nous, comme nous l’avons déjà fait remarquer, de sorte que nous pouvons
dire avec Paul que ce que les Psaumes disent, ils le disent « à ceux qui sont
sous la loi » [(Rom. 3:19)]. L’examen même des Psaumes nous fournira d’autres
éléments très clairs et positifs à l’appui de ce principe. Les Psaumes
distinguent (Ps. 73), et commencent par distinguer (Ps. 1) l’homme qui est juste
et pieux, selon la loi, du reste de la nation. « Il n’en est pas ainsi des
méchants » (vers. 4), et « les pécheurs » ne subsisteront pas dans l’assemblée
des justes (verset 5). Ésaïe nous enseigne la même chose, doctrinalement, avec
non moins de force (Ésaïe 48:22; 57:21). Le sujet propre des Psaumes, c’est le
vrai résidu fidèle, le juste en Israël (voyez Ps. 16:3 et beaucoup d’autres) ;
ce qu’on y trouve, ce sont, par conséquent, la part et les espérances d’Israël :
— le Ps. 1 l’établit clairement et distinctement ; — mais ce sont les espérances
d’un résidu, dont la part est, dès le commencement, distinguée de celle des
méchants de la manière la plus positive.
1 Je me sers ici du nom d’Israël en contraste avec l’Église et les Gentils ; plus tard, quand nous entrerons dans les détails de notre étude, nous verrons Juda distingué d’Israël.
L’Esprit de Christ dans
les Psaumes (1 Pierre 1:11), et les souffrances de Christ
De plus, et c’est ici un second principe général à noter, c’est l’Esprit de
Christ, l’Esprit de prophétie qui parle dans les Psaumes : l’Esprit de Christ,
s’intéressant lui-même à la condition du résidu fidèle d’Israël et parlant des
choses à venir, comme si elles étaient présentes, ainsi que font toujours les
prophètes. Mais si l’Esprit de Christ s’intéresse au résidu d’Israël, il faut
que les souffrances propres de Christ soient annoncées, ces souffrances qui
étaient la preuve parfaite et assurée de l’intérêt que Christ porte au résidu,
et sans lesquelles cet intérêt eût été inutile. En effet, nous trouvons dans les
Psaumes les plus touchantes expressions des souffrances de Christ, non pas comme
récit, mais exactement telles qu’il les a senties, — exprimées comme de sa
propre bouche au moment où il les endurait1. C’est toujours l’Esprit de Christ
qui parle (comp. 1 Pierre 1:11), Christ prenant part lui-même à l’affliction et
à la douleur de son peuple, soit par son Esprit en eux, ou lui-même pour eux
comme l’unique moyen, en présence du juste jugement de Dieu, pour la délivrance
d’un peuple bien-aimé quoique coupable. Ceci nous fait comprendre l’admirable
convenance du langage des Psaumes en un point que je mentionnerai plus loin.
Dans les Psaumes qui parlent proprement d’expiation, Christ est seul, et ainsi
son œuvre est sauvegardée ; dans les Psaumes qui parlent de souffrances non
expiatoires dans leur nature, alors même qu’elles vont jusqu’à la mort,
certaines parties s’appliquent à Christ personnellement, parce que, en personne
et individuellement, il traversa ces souffrances ; mais dans d’autres parties de
ces mêmes Psaumes, les saints entrent en scène parce qu’ils auront leur part de
ces souffrances-là ; et ainsi les souffrances personnelles de Christ nous sont
présentées, mais ses sympathies aussi ne sont pas perdues.
1 De là découle le caractère d’intimité dans les sentiments, et l’intérêt touchant des Psaumes. Ce sont comme les battements de cœur de Celui qui, dans les détails de son histoire, dans l’ensemble de sa vie, dans ses relations avec Dieu et avec les hommes, en un mot dans sa présentation extérieure, ainsi que dans toutes les voles de Dieu à l’égard de sa manifestation en ce monde, a pris la place du résidu.
Détresse du peuple de
Dieu à cause de ses péchés, intégrité et confession
Un autre principe se lie à celui que nous venons de signaler, et forme le
troisième grand principe caractéristique des Psaumes. Les péchés du peuple
empêcheraient moralement que le résidu se confie en Dieu dans sa détresse ;
cependant Dieu seul peut le délivrer, et il faut qu’il regarde vers Dieu avec un
cœur intègre. Ces deux choses se retrouvent dans les Psaumes : les détresses
sont présentées à Dieu en recherchant la délivrance, puis l’intégrité est
invoquée en même temps que les péchés sont confessés. Christ étant entré, comme
nous l’avons vu, dans les afflictions du résidu, et ayant fait l’expiation, peut
conduire les fidèles, malgré leurs péchés et au sujet de leurs péchés, vers
Dieu. Sans doute ils ne connaissent pas d’abord réellement la pleine rémission,
mais l’Esprit de Christ les conduit en avant, et, dans le sentiment de la grâce,
par les expressions qu’il leur fournit dans ces Psaumes mêmes, il les fait
marcher (et que d’âmes il y a qui sont pratiquement dans cet état !) vers le
Dieu des délivrances, en confessant aussi leurs péchés. Ils prennent avec eux
des paroles, et reviennent à l’Éternel (Osée 14:2). La rémission aussi leur est
présentée. L’Esprit de Christ étant vivant en eux, comme principe de vie, et
fixant le propos de leur cœur, ils peuvent, par la confession de leurs péchés,
invoquer sincèrement leur intégrité et leur fidélité à Dieu, mais la pensée de
la miséricorde précède toujours celle de la justice comme base de leur
espérance. En principe, tout ceci est vrai de toute âme renouvelée qui n’a pas
trouvé encore la liberté, la liberté que donne une rédemption connue. C’est
l’état d’âme du fils prodigue avant qu’il rencontre son père [(Luc 15:18-19)],
et c’est aussi l’état de toute âme qui a le sentiment que le Dieu de lumière et
d’amour a été révélé en Christ, mais qui ne connaît pas encore la plénitude de
la rédemption et sa pleine acceptation en Christ. Dans un tel état, il peut y
avoir de la confiance, mais pas encore la paix, ni la liberté avec Dieu. Les
Psaumes, hormis certaines louanges à la fin du livre et à la fin de certains
Psaumes placés ailleurs, ne sont jamais l’expression de cette liberté : et alors
même qu’elle s’y trouve, elle a trait à une délivrance et à une rémission
terrestres.
Expression de l’Esprit
dans le résidu ou en Christ Lui-même souffrant
En résumé donc, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ, soit dans
le résidu juif (ou dans le résidu de tout Israël), soit dans la propre personne
de Christ comme souffrant pour ces fidèles, en vue des conseils de Dieu à
l’égard de son peuple ; — et, puisque ces conseils doivent être accomplis plus
particulièrement dans les derniers jours, les Psaumes sont l’expression de
l’Esprit de Christ dans ce résidu au milieu des événements qui s’accompliront
dans ces jours-là ; alors que Dieu commencera à s’occuper de nouveau de son
peuple terrestre. Les souffrances morales qui se lient à ces événements, ont été
plus ou moins réalisées dans l’histoire de Christ sur la terre, soit dans sa
vie, soit, plus encore, dans sa mort, Christ étant lié aux intérêts et au sort
de ce résidu. Au temps de son baptême par Jean, Christ s’identifia déjà avec
ceux qui composaient le résidu ; non pas avec la multitude sans repentance
d’Israël, mais avec le premier mouvement de l’Esprit dans ces « excellents de la
terre » [(16:3)], par lequel ils étaient amenés à reconnaître la vérité de Dieu
dans la bouche de Jean-Baptiste, et à s’y soumettre. Or c’est dans ce résidu que
les promesses faites à Israël seront accomplies ; en sorte que, bien que ce ne
soit qu’un résidu seulement, les affections de ces saints et leurs espérances
sont celles de la nation. Sur la croix, Jésus est demeuré le seul vrai fidèle
devant Dieu en Israël — le représentant personnel de tout le résidu qui devait
être délivré, aussi bien que Celui qui a accompli l’œuvre sur laquelle la
délivrance des fidèles pouvait être fondée.
Souffrances de Christ :
différentes sortes ou caractères
Relation entre Christ et ses souffrances, et Israël et la terre
Il y a, de plus, quelques observations générales à faire sur un point dont j’ai
déjà dit quelques mots ; je veux parler des souffrances de Christ : ces
observations, tirées en grande partie des Psaumes eux-mêmes, nous aideront par
la lumière que nous fournissent à cet égard les évangiles, à saisir l’esprit de
tout ce livre et à entrer plus exactement dans la pensée d’un grand nombre des
Psaumes. Nous avons déjà vu, en général, que les Psaumes placent le résidu
devant nous, avec ses souffrances, ses espérances, sa délivrance et
l’association de Christ avec lui dans toutes ces choses. Christ est entré dans
les afflictions des fidèles ; il sera leur libérateur, et a accompli l’expiation
qui pose le fondement de leur délivrance, comme elle est le fondement de la
délivrance de toute âme vivante — mais Christ mourut pour la nation juive (Jean
11:51). Sans doute, sa propre perfection se manifeste dans toute son œuvre, mais
ici nous avons à considérer la relation dans laquelle cette œuvre se trouve avec
Israël et la terre, bien qu’il soit question aussi de la glorification
personnelle de Christ dans les cieux, — d’où découlera la délivrance finale
d’Israël. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, nous n’avons pas à chercher ici le
mystère de l’Église, qui, à cette époque, était « caché en Dieu », ni Christ non
plus au point de vue de ses rapports avec l’Église. Les Psaumes nous fournissent
d’une manière parfaite toutes les expériences terrestres de Christ et de son
peuple, que l’Esprit de Christ a voulu nous présenter ; mais pour trouver les
expériences célestes de ceux qu’il a rachetés, il faut recourir au Nouveau
Testament, à l’épître aux Philippiens, par exemple.
Les Psaumes montrent
toutes les souffrances morales que Christ a traversées
Or Christ a passé au travers de toutes les souffrances morales que peut
traverser un cœur d’homme ; il fut tenté en toutes choses comme nous, à part le
péché [(Héb. 4:15)], et rien, en son lieu et place, ne peut porter plus de
fruits1 que d’avoir le cœur occupé des souffrances du Sauveur : personne jamais
ne souffrit comme lui. Les Psaumes placeront ces souffrances devant nous, mais
je ne veux pas me laisser aller à en parler ici en détail ; dans ces remarques
préliminaires, je ne puis que brièvement faire allusion aux causes de ces
souffrances et aux diverses positions dans lesquelles Christ les endura.
1 Il ne faut pas s’arrêter trop longtemps sur ces souffrances en elles-mêmes, en les séparant entièrement de ce qui est le côté divin de la personne du Sauveur, si on ne veut pas que cette contemplation devienne sans profit, ou même funeste, n’étant plus réellement qu’un sentiment de la chair.
Trois positions
différentes de Christ endurant Ses souffrances
Christ souffrant de la part des hommes, de la part de Dieu pour le péché, et
avec le résidu d’Israël
Les positions dont je parle sont, je pense, au nombre de trois : Christ souffrit
de la part des hommes pour la justice et l’amour, pour le témoignage qu’il a
rendu dans ce qui était bon — rendant témoignage à Dieu et révélant Dieu.
Ensuite, Christ a souffert de la part de Dieu, pour le péché. Ces deux
caractères différents des souffrances de Christ sont bien clairs et simples pour
tous ceux qui croient. Mais il y a un troisième genre de souffrances, pour
l’intelligence duquel il faut prêter aux Écritures une attention plus
particulière. Il est dit des voies de Jéhovah à l’égard d’Israël : « Dans toutes
leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (És.
63:9). Ceci a été (et, quant à la dernière partie, le sera) spécialement
accompli en Christ, qui est Jéhovah venu comme homme au milieu d’Israël. Mais
les souffrances d’Israël, du résidu d’Israël, au moins, prennent à la fin un
caractère particulier ; les fidèles sont sous l’oppression des gentils, au
milieu d’une entière iniquité en Israël, mais ils sont caractérisés pourtant par
l’intégrité de cœur (et c’est là ce qui fait d’eux réellement le résidu),
conscients en même temps cependant, à cause de cette intégrité même, des
conséquences générales actuelles du péché sous le gouvernement de Dieu et la
puissance de Satan et de la mort, et souffrant sous le poids de ce sentiment. La
délivrance qui les tire de cette situation n’étant pas encore arrivée, leurs
âmes sont comme accablées sous ce fardeau. Eh bien ! Christ est entré dans cette
affliction-là, aussi.
Souffrance en portant
par anticipation toute l’affliction d’Israël
Pendant tout le cours de sa vie, même jusque dans la mort, il a souffert de la
part des hommes pour la justice (voyez en rapport avec ceci, le Ps. 11 et
d’autres). En outre, sur la croix, il a souffert pour le péché, il a bu la coupe
de la colère pour le péché, la coupe que son Père lui avait donnée à boire. Mais
à côté de ces deux genres de souffrances, il porta dans son âme, à la fin de sa
vie, nous pouvons dire après le repas pascal, toute la détresse et l’affliction
que le gouvernement de Dieu fera venir sur Israël, — non pas la condamnation,
mais cependant la conséquence du péché. Nul doute qu’il n’ait anticipé toute
cette affliction et que, dans ce sens, il ne l’ait sentie, comme il l’a fait au
chap. 12 de l’évangile de Jean, à l’égard de la croix qui l’attendait. C’était
alors, comme il dit, l’heure d’Israël apostat et de la puissance des ténèbres, «
votre heure et le pouvoir des ténèbres » [(Luc 22:53)] ; mais il s’attendait
toujours à son Père, dans le sentiment de sa fidélité, et il n’était pas non
plus encore abandonné de Dieu. Il pouvait encore s’adresser à l’homme pour qu’il
veillât avec lui, tandis qu’il n’y avait que faire de veiller lorsque la colère
divine était sur lui.
Le genre des
souffrances décrit par chaque Psaume est bien mis en évidence
Pour celui qui est enseigné de Dieu, le caractère distinctif de ces différents
genres de souffrances ressort clairement de l’examen attentif des Psaumes qui
nous en parlent. Ainsi, nous verrons que, lorsque Christ souffre de la part des
hommes, il demande, comme parlant par son Esprit en Israël et pour Israël, que
la vengeance vienne sur l’homme ; et alors souvent d’autres personnes souffrent
avec lui. Mais lorsque Christ souffre de la part de Dieu, il est absolument
seul, et les conséquences ne sont que bénédiction et que grâce, sans mélange.
Pour ce qui est des souffrances de la part de l’homme, nous pouvons avoir le
privilège de souffrir ainsi, ayant communion avec ses souffrances ; mais, dans
ce qu’il a souffert de la part de Dieu, comme placé sous la colère de Dieu, il a
souffert ainsi, afin que nous, nous n’eussions jamais à boire une seule goutte
de cette coupe qui eût été pour nous la perdition éternelle. Dans les
souffrances qu’il endura sous le pouvoir de Satan, des ténèbres et de la mort,
lorsqu’il ne buvait pas encore, de fait, la coupe de la colère, — à côté de ce
qu’exigeait sous ce rapport la majesté de Dieu (voyez Héb. 2:10) — il souffrait
pour sympathiser avec Israël, participant aux afflictions dans lesquelles les
fidèles entrent par leur intégrité, tout en étant cependant encore dans leurs
péchés. Toute âme réveillée, mais encore sous la loi, trouvera ici de la
consolation. L’Esprit de Christ dans les Psaumes entre par avance dans toutes
ces souffrances, quant à Christ et quant à Israël. Il faut seulement remarquer
que c’est le rejet du Messie qui a entraîné la ruine totale des Juifs et la
perte de toutes leurs promesses (toute réserve faite quant à la grâce
souveraine), de même que les souffrances et la douleur du résidu aux derniers
jours.
Réunion des trois
genres de souffrances à la croix, dans les dernières heures
Il faut aussi se souvenir que, quoique les trois genres de souffrances dont nous
venons de parler soient essentiellement différents, et qu’ils soient chacun en
particulier, dans leur caractère, bien clairs et importants, ils se sont tous
unis et se trouvent tous ensemble au terme de la vie de Christ, dans les
souffrances de ses dernières heures — sauf que je ne doute pas qu’en quittant
Gethsémané, Christ n’eût déjà traversé et laissé derrière lui les efforts de la
puissance de Satan contre son âme — mais, sur la croix, il souffrit en même
temps de la part des hommes pour la justice, et de la part de Dieu pour le
péché. Cette souffrance pour le péché, de la part de Dieu, lorsqu’elle
étreignait son âme, était trop profonde, je n’en doute pas, pour qu’il sentît
beaucoup celle qui venait des hommes ou qu’il fût sensible à quoi que ce soit en
dehors d’elle.
Contenu détaillé et
sujets des livres des Psaumes
Étude du contenu même des Psaumes
Ayant présenté les observations générales qui précèdent et qui m’ont paru
nécessaires à l’intelligence du livre, je me propose d’examiner maintenant, avec
le secours du Seigneur, le contenu même des Psaumes. Que le Seigneur veuille
nous guider tous deux, et moi, et vous, mon lecteur ! Si Dieu nous dépeint les
souffrances de Christ et l’intérêt qu’il prend à son peuple sur la terre, il
nous convient de sonder ces choses avec révérence, et une confiance enfantine en
même temps, et il nous faut compter, comme nous devons toujours le faire, sur
son enseignement pour être conduits et instruits dans l’étude que nous
entreprenons. Ce qui nous parle des choses que Christ a senties, mérite que nous
nous en occupions avec un amour confiant, mais avec une sainte révérence.
Division en cinq
livres, et sujet particulier de chacun d’eux
On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres, le premier comprenant les
Psaumes 1 à 41 ; le second les Ps. 42 à 72 ; le troisième les Ps. 73 à 89 ; le
quatrième les Ps. 90 à 106 ; et le dernier les Ps. 107 à 150. Chacun de ces
livres a son sujet particulier, et l’examen détaillé que nous allons en faire
nous permettra, j’espère, de discerner clairement leur caractère spécial.
Contenu de chacun des
cinq livres des Psaumes
Premier livre : État du résidu juif à Jérusalem, et Christ en relation avec lui
Le premier livre s’occupe de l’état du résidu juif avant qu’il soit chassé de
Jérusalem, et, par conséquent, de Christ lui-même en rapport avec ce résidu. De
fait, ce livre nous donne plus de détails que tous les autres sur l’histoire
personnelle de Christ, et on en comprend facilement le motif : Christ entrait et
sortait avec le résidu juif tandis qu’il était encore associé à Jérusalem ; et
je dis résidu juif par opposition avec Israël ou la nation tout entière.
Deuxième livre : Christ
au milieu du résidu chassé de Jérusalem, comme espérance
Dans le second livre, le résidu est envisagé comme chassé de Jérusalem, Christ
se plaçant au milieu des fidèles et leur donnant dans cette détresse leur vraie
position d’espérance. L’entrée de Christ au milieu d’eux, quand il sont ainsi
chassés de Jérusalem, les rétablit cependant, au point de vue prophétique, dans
leur position en relation avec l’Éternel (Jéhovah) comme un peuple devant Dieu
(Ps. 45, 46). Avant ce moment, chassés de Jérusalem, ils parlent de Dieu
(Élohim) plutôt que de l’Éternel, car ils ont perdu les bénédictions de
l’alliance ; mais ils sont amenés ainsi à connaître Dieu beaucoup mieux. Les
circonstances historiques de sa vie ont offert à Jésus l’occasion d’entrer
pratiquement et personnellement dans le sentiment de cette condition du peuple,
à cause de l’inimitié dont il a été l’objet. Au Ps. 51 le résidu reconnaît la
culpabilité de la nation et plus particulièrement des Juifs, dans le rejet de
Christ1.
1 Je pense que les deux premiers livres doivent être particulièrement distingués des trois derniers. Les deux premiers présentent davantage Christ personnellement parmi les Juifs ; tandis que les trois derniers s’occupent plutôt de la nation et de son histoire. C’est aussi pour cela que le Ps. 72, le dernier du 2ème livre, s’arrête au règne de Salomon.
Troisième livre :
Restauration d’Israël comme nation, centre des voies de Dieu
Le troisième livre nous présente la délivrance et la restauration d’Israël comme
nation, et les voies de Dieu envers la nation comme telle, Jérusalem, à la fin,
étant le centre de la bénédiction et du gouvernement de Dieu. Les effets
terribles du fait que les fidèles se trouvent sous le régime de la loi, et la
réunion de toutes les gratuités en Christ, sont développés dans les Psaumes 88
et 89, finissant par des supplications pour l’accomplissement de ces gratuités.
La suprématie de la royauté établie en grâce et en délivrance, quand tout était
perdu, nous est présentée au Ps. 78.
Quatrième livre : Venue
du Seigneur délivrant Israël et jugeant les méchants
Dans le quatrième livre, nous trouvons le Seigneur lui-même, en tout temps le
refuge et la demeure d’Israël. Israël est délivré par la venue du Seigneur ; —
l’introduction du Fils unique dans le monde caractérise en général tout le
livre. L’Éternel ayant été toujours le refuge d’Israël, celui-ci regarde vers
lui pour être délivré [(Ps. 91)]. C’est pourquoi les noms abrahamiques et
millénaires de Dieu : « le Tout-Puissant », « le Très-Haut », sont introduits.
Alors le jugement vient sur les méchants [(Ps. 101)], et les justes sont
délivrés. La nature divine du Messie est introduite comme fondement de la
participation du peuple aux bénédictions des derniers jours, bien qu’il ait été
une fois retranché [(Ps. 102)]. Il est le vivant et immuable Jéhovah, le
Créateur [(Ps. 102)]. Ensuite vient la bénédiction sur Israël [(Ps. 103)] et sur
la création [(Ps. 104)], puis le jugement des païens, afin qu’Israël jouisse des
promesses [(Ps. 105)] ; mais c’est la même grâce qui l’a si souvent épargné.
Cinquième livre : Voies
de Dieu et condition d’Israël dans le passé, puis louanges finales
Le cinquième et dernier livre a un caractère plus général, plus spécialement
moral ; il se termine par des chants de triomphe et des actions de grâce. Après
les détails sur la restauration d’Israël au travers de toutes les difficultés et
de tous les dangers [(Ps. 107)], après avoir montré le droit que Dieu a sur le
pays tout entier [(Ps. 108)], l’iniquité de l’instrument anti-chrétien de
l’Ennemi [(Ps. 109)], l’élévation du Messie à la droite de Jéhovah jusqu’à ce
que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds [(Ps. 110:1)], et le
peuple terrestre, devenu un peuple de franche volonté au jour de sa puissance
[(Ps. 110:3)], — ce livre nous offre un aperçu rétrospectif des voies de Dieu,
un exposé de toute la condition d’Israël, de tout ce par quoi le peuple a passé
et des principes selon lesquels les fidèles sont placés devant Dieu, « la loi
étant écrite dans leurs cœurs ». — Puis viennent les louanges de la fin.
Ordre divin de
l’arrangement des Psaumes
D’après l’exposé rapide que nous venons de faire et, plus encore, par l’examen
détaillé auquel nous allons nous livrer, il sera facile de se convaincre qu’il y
a beaucoup plus d’ordre dans les Psaumes que ne le supposent généralement ceux
qui considèrent chacun d’eux à part comme un chant isolé, destiné à servir
d’expression à la piété individuelle. Les Psaumes, il est vrai, ne sont pas liés
par un fil historique ininterrompu comme d’autres parties des Écritures, mais
ils sont cependant l’expression régulière et méthodique de différentes parties
distinctes d’un même sujet, c’est-à-dire de l’état du résidu des Juifs ou
d’Israël aux derniers jours, des sentiments de ce résidu et de l’association du
Messie avec lui. L’Esprit de Dieu qui a dirigé l’arrangement, aussi bien qu’il a
inspiré le contenu de l’Écriture sainte tout entière, a imprimé aussi son sceau
sur cette partie-ci, en caractères non équivoques. Je n’ai pas la prétention de
dire qui réunit ensemble ces cantiques divins, ouvrage de divers auteurs et
d’époques différentes ; ceux qui s’occupent de ce genre d’étude peuvent en faire
la matière de leurs investigations et de leurs discussions ; mais l’autorité qui
les a rassemblés ne demeurera l’objet d’un doute pour aucun de ceux qui seront
entrés dans la pensée qui les remplit.
La distinction en
sujets correspond à celle en livres
La distinction que j’ai faite entre les différents sujets qui sont traités dans
les Psaumes, m’avait porté à les diviser en cinq livres, avant que mon attention
eût été attirée sur le fait, bien connu d’ailleurs, qu’ils sont divisés
exactement ainsi dans la bible hébraïque. Le même principe d’ordre se retrouve
dans chacun des livres, considéré isolément.
Introduction au livre
1er
Livre le plus complet, avec aperçu général de tous les sujets des Psaumes
Nous avons à nous occuper maintenant de l’ordre du premier livre et du contenu
de chacun des Psaumes qui le composent. Ce premier livre, par l’aperçu général
et caractéristique qu’il nous donne des sujets qui sont traités dans les
Psaumes, est peut-être de tous le plus complet et le plus intéressant ; les
autres livres s’occupent davantage des détails qui servent à mettre en relief
l’idée générale qui a été donnée dans le premier. En général on peut remarquer
que dans ce premier livre, et plus ou moins dans les autres, il arrive souvent
que quelque grande vérité ou quelque fait historique important relatifs à
Christ, au résidu ou à tous les deux à la fois, sont mis en avant, et qu’ensuite
vient une série de Psaumes exprimant les pensées et les sentiments du résidu en
rapport avec cette vérité ou ce fait.
Plan du premier livre
Ps. 1-8 : Introduction à l’ensemble des Psaumes
Conformément à ce principe, nous diviserons le premier livre en plusieurs
parties distinctes. Les huit premiers Psaumes forment un tout, qui sert
d’introduction à l’ensemble des Psaumes, les deux premiers posent la base de ce
qui est enseigné ou exprimé dans les Ps. 3 à 7, tandis que le Ps. 8 se présente
comme une conclusion.
Ps. 9-15 : Condition
historique du résidu d’Israël, et sentiments qui en découlent
Après cette première division, nous trouvons les Ps. 9 et 10 qui forment la base
des Psaumes suivants jusqu’à la fin du Ps. 15: cette seconde série ne s’occupe
pas tant des grands principes fondamentaux de l’histoire d’Israël aux derniers
jours, que de la condition historique du résidu à cette époque. Les Ps. 11 à 15
développent les pensées et les divers sentiments auxquels donnent naissance
cette condition du résidu fidèle et les circonstances au milieu desquelles ce
résidu se trouve placé.
Ps. 16-24 : Le Messie,
dans les circonstances du résidu, souffrant puis glorifié
Une troisième série, comprenant les Ps. 16 à 24, nous montre le Messie entrant
formellement dans les circonstances du résidu pieux, les témoignages de Dieu,
les souffrances du Messie et la manifestation finale de sa gloire, lorsqu’il est
reconnu comme Jéhovah, à son retour. On y trouve également le résidu (Ps. 17:20
et 23) ; mais le sujet principal de toute cette série, avec la seule exception
du Ps. 19, qui nous présente le témoignage de la création et de la loi, c’est le
Messie.
Ps. 25-41 : Sentiments
du résidu dans ses circonstances, et motifs de la venue du Messie
Une quatrième série, formée des Ps. 25 à 39, nous expose les divers sentiments
du résidu au milieu de ces circonstances. Puis le livre se termine et se
complète, dans les Psaumes 40 et 41 par la présentation des motifs supérieurs de
l’intervention du Messie, puisés dans les conseils et les desseins de Dieu, — de
la position qu’il a prise dans l’humiliation, comme affligé et pauvre, et de la
bénédiction qui en résulte pour celui qui, avec une intelligence divine, a su
discerner la nécessité de cette humiliation dans laquelle Christ est entré, en
communion avec le résidu juste qu’il associait à Lui-même. C’est ce dernier
aspect de la vérité que les Psaumes sont particulièrement destinés à mettre en
évidence.
Association de Christ
avec le résidu d’Israël, dans les traits manifestés et les afflictions
Traits moraux du caractère de Christ, et rapport moral avec le résidu qui les
manifeste
S’il est extrêmement important que certains Psaumes nous présentent la personne
du Messie lui-même, il ne l’est pas moins que nous apprenions à connaître les
traits moraux qui forment la beauté et l’excellence de son caractère devant Dieu
et qui attirent sur lui les bénédictions que Dieu se plaît à lui prodiguer, afin
que, d’un côté, nous puissions en jouir, et que de l’autre, l’indissoluble union
morale entre Christ et le résidu soit mise en lumière. Ce rapport moral dont
nous parlons et sa manifestation en Christ, nous sont présentés d’une manière
bien claire au commencement du discours sur la montagne (Matt. 5) ; le Seigneur
déclare bienheureux ceux qui manifestent certains traits ou qualités morales :
ces traits caractérisent le résidu, et d’un autre côté, si on les considère
attentivement, on verra qu’ils nous présentent le caractère de Christ lui-même.
Différence entre
l’association de Christ et du résidu, d’avec celle avec l’Église
On comprend ainsi comment il se fait que Christ et le résidu se trouvent si
intimement confondus dans un grand nombre de Psaumes, tandis que d’autres, comme
nous l’avons déjà fait remarquer, nous présentent le grand fondement de
bénédiction en Lui-même. On saisira aussi, de cette manière, la différence qui
existe entre l’association de Christ avec le résidu d’Israël et l’union de
l’Église avec lui. Celle-ci commence après que la rédemption est accomplie et
que Christ est déjà élevé dans la gloire : par l’Esprit envoyé du ciel les
saints sont unis à lui dans cette gloire, et leurs expériences comme chrétiens
découlent de leur union avec Christ en conséquence d’une rédemption accomplie,
et ils se trouvent au milieu de l’opposition du monde, en tant que jouissant
déjà de cette rédemption. Avant qu’ils aient éprouvé la puissance de la
rédemption, et pour cette raison même, les saints peuvent passer aujourd’hui par
des expériences analogues et qui en principe sont les mêmes que celles que nous
rencontrons dans les Psaumes, et trouver, par conséquent, une grande consolation
dans la lecture de ce livre, mais leur vraie et propre position comme chrétiens
est dans leur union avec Christ1, union bien différente des relations du
Seigneur avec le résidu. Les expériences de ces saints du résidu ne seront pas
le fruit de leur union2 avec Christ ; si Christ a parcouru le même chemin
qu’eux, — en grâce envers eux — ce n’est pas qu’ils fussent unis à lui, car il a
été seul ; mais il a été affligé dans toute leur affliction et dans toute
l’oppression dont le monde les accablera jusqu’à la mort. Comme nous l’avons
déjà dit, il est entré, en grâce, dans les souffrances résultant pour eux des
conséquences pénales du gouvernement de Dieu à leur égard, à cause de l’état
dans lequel se trouvait alors Israël. Souffrant sous la main d’Israël incrédule
et pervers et sous l’oppression des Gentils, comme devront souffrir en ce
jour-là les fidèles du résidu, Christ s’associe ainsi à eux prophétiquement par
son Esprit, dans toutes leurs afflictions, et, par la voix de son Esprit en eux,
les fait avancer dans le chemin qui les conduit à la découverte de la
rédemption.
1 De là vient aussi que, dans l’épître aux Romains, la Parole nous présente des expériences, parce que l’âme passe au travers du travail intérieur qui l’introduit dans la liberté, tandis que dans l’épître aux Éphésiens nous ne trouvons pas d’expériences, parce que l’homme est considéré, d’abord comme mort dans le péché, et ensuite comme uni à Christ, élevé à la droite de Dieu. L’épître aux Philippiens nous occupe presque exclusivement de l’expérience propre du chrétien.
2 L’union n’est le propre que de la position de l’Église, elle a lieu par le baptême du Saint Esprit. Par un seul Esprit nous sommes baptisés pour être un seul corps (1 Cor. 12:13) ; celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit (1 Cor. 6:17) ; les Écritures rie font pas dépendre l’union de la vie seulement (comp. Jean 14:20).
Contraste entre le
système juif terrestre du résidu, et Christ qui lui est associé]
Israël délivré après sa repentance, par l’expiation et l’intercession de Christ,
avec la destruction de ses ennemis
Ce qui précède rend le langage et le but des Psaumes clairs et intelligibles.
Sur la croix, accomplissant l’œuvre d’expiation, — fruit de la grâce — Christ
dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34). Le
jugement d’Israël était ainsi suspendu, et le Saint Esprit relevant ces paroles
par la bouche de Pierre, au chapitre 3 des Actes, engage les Juifs à se repentir
afin que Jésus revienne au milieu d’eux, fils des prophètes, peuple en qui les
nations devaient être bénies (Actes 3:17). Cette grâce fut vaine alors ; mais
aux derniers jours, tous les fruits de la croix et de cette intercession de
Jésus sur la terre, seront accomplis sur la terre, lorsqu’ils se seront repentis
et qu’ils auront regardé vers Celui qu’ils ont percé [(Zach. 12:10)].
L’intercession de Christ elle-même et l’accomplissement final de ce qu’il a
demandé, sont fondés sur l’expiation accomplie avec Dieu seul, sur cette œuvre
qui a sa source dans la grâce et apportera la grâce ; ils ne sont pas liés à ce
que le Sauveur a souffert de la part des hommes, ce qui amènera le jugement sur
ses adversaires. Les Psaumes, d’un bout à l’autre, nous présentent ce jugement
comme une conséquence de la méchanceté des hommes contre Christ et comme l’objet
des vœux du résidu : mais, dans l’Évangile, jamais Christ n’exprime un désir de
ce genre ; il prononce de prophétiques malédictions contre ceux qui empêchaient
les âmes de venir à lui [(Luc 11:52)], mais c’est l’amour pour ces âmes qui est
la source de ces paroles et il ne s’y joint aucune demande de jugement. D’un
autre côté, on ne trouve nulle part, dans les Psaumes, de passage semblable à ce
: « Père, pardonne-leur… » bien que le fruit de la grâce, après la propre
délivrance du Christ d’entre les cornes des buffles [(Ps. 22:21)], y soit
développé d’une manière très frappante. L’Évangile était la bonne nouvelle de la
visitation du monde et d’Israël, en amour, par le Fils de Dieu. L’incarnation
était l’entrée solitaire de Christ dans ce chemin de l’amour envers tous : Dieu
était en Christ réconciliant le monde avec lui-même [(2 Cor. 5:19)]. Rien
d’autre, ni rien de plus, n’était ni ne pouvait être alors révélé et développé ;
— il s’agissait de ce qu’il était personnellement dans le monde. Mais le résidu
du peuple de Dieu devait passer par ces afflictions ; le seul moyen possible de
la délivrance des fidèles, était la destruction de leurs ennemis. Nous,
chrétiens, du milieu de nos afflictions, nous irons à la rencontre du Seigneur
en l’air (1 Thess. 4 [v. 17]) ; nous ne nous trouvons pas dans la nécessité de
désirer la destruction de nos ennemis pour être délivrés nous-mêmes ; dans
l’évangile, nous avons à faire avec la grâce et la gloire, avec un Christ
céleste, qui ne passe pas maintenant par les souffrances.
Gouvernement de Dieu
dans le monde et désir du jugement par le résidu
On comprend maintenant pourquoi le résidu d’Israël demande l’exécution du
jugement contre ses ennemis ; il n’a pas à faire comme nous avec cette grâce
céleste, souveraine et abondante qui nous place « nets » avec Christ en dehors
du monde, n’étant pas du monde comme il n’est pas du monde [(Jean 17:16)], lui
qui a été aimé avant la fondation du monde [(Jean 17:24)] ; les fidèles du
résidu ont affaire avec le gouvernement de ce monde. Sans doute ils sont
eux-mêmes des objets de la grâce, de la parfaite grâce, car ils ont rejeté les
promesses en Christ qui leur ont été présentées selon la vérité de Dieu (Rom.
15:8) et ont été renfermés dans l’incrédulité pour être des objets de
miséricorde (Rom. 11:31), mais néanmoins ils sont la nation dans laquelle le
gouvernement de ce monde a son centre et à l’égard de laquelle ce gouvernement
est manifesté. Ils attendent donc le jugement et la manifestation du juste
exercice de ce gouvernement, le retranchement de l’oppresseur et des méchants.
Ainsi Christ aussi, qui est entré et entrera en esprit dans leurs afflictions,
mais a été retranché lui-même, au lieu de voir ses ennemis retranchés, car il
accomplissait une œuvre plus excellente et plus glorieuse, n’a pas fait alors de
demandes pour le monde, mais pour les siens [(Jean 17:9)], et a demandé pour eux
qu’ils fussent avec lui là où il était [(Jean 17:24)]. Le chapitre 17 de
l’évangile de Jean fait ressortir le contraste formel qu’il y a entre les deux
systèmes, contraste que nous désirons mettre ici en lumière. Il ne voulait pas
faire descendre le feu du ciel ni exécuter le juste jugement. Le sermon sur la
montagne, il est vrai, nous fait comprendre que Christ était « en chemin » avec
Israël, comme Jean nous apprend que « le monde ne l’a pas connu » [(Jean 1:10)].
Il n’en est pas moins vrai que la voie du chrétien, c’est de faire le bien, de
souffrir pour l’avoir fait et de souffrir patiemment comme Lui. Ainsi donc, en
passant par les souffrances, Christ n’a pu être associé que prophétiquement à
ces désirs et à ces aspirations du résidu à l’égard du jugement ; ils seront
légitimement à leur place, quand le temps du gouvernement public de Dieu dans ce
monde et du jugement sera venu. C’est pourquoi, déjà au Psaume 2, nous trouvons
le Christ dans cette position ; et ce point de vue se retrouve au travers de
tous les Psaumes. Ainsi le résidu, en souffrant et en demandant le jugement,
retourne en arrière jusqu’à Celui qui, quoique n’ayant jamais recherché le
jugement pour lui-même, a souffert, et qui pour le résidu, recherchera et
exécutera le jugement, étant lui-même le centre de ce cercle du gouvernement
terrestre de Dieu. L’Esprit prophétique le voit dans les mêmes circonstances que
le résidu, et la demande du jugement est exaucée : mais on remarquera que, comme
nous l’avons dit, toutes les fois que ceci a lieu, le résidu, c’est-à-dire
d’autres personnes, se trouvent associées avec le Seigneur lui-même.
La base des sentiments
exprimés est l’état d’âme du résidu pieux, auquel Christ est associé
En principe, tout Juif souffrant peut s’exprimer ainsi ; seulement, comme Christ
a souffert plus que tous, les expressions que nous rencontrons dans les Psaumes
où se trouve la demande de la vengeance, s’élèvent quelquefois jusqu’aux
circonstances qui ont été littéralement vraies pour lui, dans ses souffrances
sur la terre. Mais le point de départ du sentiment exprimé et de tout ce qui
l’accompagne, c’est l’état d’âme d’un Juif pieux, quel qu’il soit, aux derniers
jours. — C’est dans cette position que Christ s’est placé ; mais on ne peut lui
faire, à lui-même, l’application directe et exclusive d’un passage, que lorsque
le passage dont il est question, soit dans les circonstances qu’il rapporte,
soit dans les expressions dont il se sert, en fournit la preuve. Le point de
départ moral, c’est toujours le résidu et sa situation. Christ est seulement
associé avec lui dans la pensée de l’Esprit prophétique, bien que, quant aux
faits, Christ soit descendu dans une plus profonde souffrance qu’aucun des
fidèles. De là, l’importance immense qu’il y a de saisir avant tout la position
et les pensées qui sont le propre du résidu dans les Psaumes. Christ est
seulement associé en grâce à la position du résidu, quoiqu’il doive toujours et
partout où il se place, former le centre et occuper la première place. En dehors
de cela, il est impossible de comprendre les Psaumes en aucune façon. Toute
interprétation qui n’a pas son point de départ dans ce principe ou cette vérité,
pèche par la base et ne peut être qu’erronée. Quand nous entrons sur le terrain
de la prophétie et de l’ordre gouvernemental de Dieu, même dans le Nouveau
Testament, nous retrouvons immédiatement ces mêmes demandes de vengeance dont
nous parlons : il s’agit de jugement et non de grâce. Ainsi les âmes qui sont
sous l’autel (Apoc. 6:9, 10) demandent que leur sang soit vengé, et les saints
apôtres et prophètes sont invités à se réjouir de la destruction de Babylone
(Apoc. 18:20).
Application des Psaumes
à Christ et au résidu juif
Établissons donc ce principe important, que tout Psaume auquel le résidu pieux
peut avoir une part, c’est-à-dire tout Psaume dont la personne de Christ n’est
pas le sujet direct (car nous avons vu que certains Psaumes, tels que les
Psaumes 2, 102, et d’autres, parlent de Christ personnellement), ne doit pas
être, en général, appliqué entièrement et directement à Christ, mais bien à la
condition du résidu : c’est de celle-ci qu’il s’occupe, et la manière d’agir de
Dieu à l’égard du résidu, par Christ, est souvent présentée comme le grand
exemple de ses voies envers l’homme pieux souffrant. C’est pourquoi aussi telle
partie d’un Psaume, dans les circonstances auxquelles il se rapporte, peut
s’élever jusqu’aux circonstances mêmes que Christ a traversées, montrant ainsi
de quelle manière Christ s’est associé aux circonstances des fidèles et alors
cette partie du Psaume pourra évidemment en constituer la part la plus
importante, mais le principe exposé plus haut, n’en est pas altéré. Il peut se
trouver aussi des Psaumes qui introduisent le résidu collatéralement sur la
scène comme sujet final de bénédiction, mais dont une partie spéciale peut être
évidemment applicable à Christ qui, seul, peut amener cette bénédiction. Le
Psaume 22 a un caractère tout particulier en ce que, dans ce Psaume, Christ, en
exprimant des souffrances qui, par leur caractère, sinon par leur degré, sont
communes à lui et au résidu comme s’y trouvant déjà, passe de ces souffrances-là
à une situation dans laquelle il a été absolument seul. On peut même dire que ce
Psaume a pour but de faire ressortir ces deux genres de souffrances en les
plaçant en contraste l’un avec l’autre. Les justes ont été dans la détresse, le
résidu y sera ; les justes ont été délivrés quand ils ont crié à lui [(22:4)],
et le résidu, lui aussi, sera délivré ; mais Christ, parfait dans la souffrance
la plus profonde et la plus complète, n’a pas été délivré, en sorte qu’il est
réellement tout seul ici, bien que, pour mettre en relief le contraste entre ce
qu’il souffre ici et ce que d’autres saints ont pu souffrir et ont réellement
souffert, il soit fait mention de souffrances qui ne sont pas la part de Christ
seul. Nous avons déjà signalé, et il est important de le répéter pour former
notre jugement en cette matière, que, dans les Psaumes qui sont l’expression des
souffrances de l’homme pieux de la part des hommes, celui qui parle implore
toujours la vengeance, tandis que Christ, dans sa vie, comme il nous est
présenté dans les évangiles, c’est-à-dire comme la vérité venue personnellement
dans le monde, et étant placé seul comme témoin dans le monde, ne fait jamais
ainsi. Non seulement Christ n’a pas imploré la vengeance, mais il a fait tout le
contraire sur la croix [(Luc 23:34)] ; et durant sa vie, quand ses disciples lui
demandent la vengeance, il la leur défend expressément et leur reproche de ne
pas savoir de quel esprit ils sont animés [(Luc 9:54-55)] : ce fait nous montre
jusqu’à quel point et en quelle manière nous trouvons dans les Psaumes le Christ
vivant et historique comme objet direct des paroles de l’auteur inspiré.
Ordre et liens entre
les Psaumes du premier livre
Passons maintenant aux détails.
Exposé d’un fait
important, suivi de l’expression des sentiments s’y rapportant
Un lecteur attentif reconnaîtra facilement qu’un principe, auquel j’ai fait
allusion, ressort clairement de l’ordre des Psaumes du premier livre, savoir que
la Parole met en tête des Psaumes types, présentant quelque grand principe ou
quelque fait important, et qu’elle fait suivre ensuite ces Psaumes d’une série
d’autres, exprimant les pensées et les sentiments produits par les premiers dans
l’âme des fidèles du résidu. C’est ainsi qu’aux Psaumes 1 et 2 succèdent les
Psaumes 3 à 7, qui expriment l’état de choses tel qu’il se présentait au
Psalmiste en connexion avec les Psaumes 1 et 2, Christ étant rejeté, — et puis
le Psaume 8 qui est le résultat1. Les Psaumes 9 et 10 nous présentent l’ordre
des faits des derniers jours ; les Psaumes 11 à 15, les sentiments divers du
résidu, qui s’y rattachent. Puis, dans les Psaumes 16 à 24, Christ et tout le
témoignage de Dieu, puis Christ sur la croix, c’est-à-dire l’expiation, ayant
été placés devant nous, les sentiments qui en découlent sont décrits dans les
Psaumes 25 à 39. La première mention des péchés est faite au Psaume 25 [(v. 7)].
Il a bien été question auparavant d’épreuves et de délivrances, mais les péchés
ne peuvent pas être confessés, si ce n’est en vue et sur le fondement de
l’expiation, lorsque Dieu lui-même est celui qui enseigne ; il en sera de même
d’Israël aux derniers jours, historiquement, quoique ce point ne soit pas touché
ici.
1 Le Psaume 8, tout en étant le grand résultat des voies de Dieu, en Christ, présente un changement considérable dans la position de Christ selon les conseils de Dieu, qui forme la base de tout ce qui suit. Cette nouvelle position, comme Fils de l’homme, est mentionnée en Jean 1 en contraste avec la confession de Nathanaël faite selon le Ps. 2. On la trouve en Luc 9:26 et dans les passages parallèles des autres évangiles. Elle est citée en Éphésiens 1, 1 Cor. 15 et développée en Héb. 2. À la fin de l’évangile de Jean, nous avons aussi les trois caractères sur lesquels ces Psaumes sont fondés, Dieu revendiquant en cela la gloire de son Fils rejeté : Il ressuscite Lazare et le Fils de Dieu en est glorifié [(Jean 11:4)]. Il fait son entrée à Jérusalem comme roi d’Israël [(Jean 12:15)], et, lorsque les Grecs se présentent, Il dit : « L’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié » [(Jean 12:23)]. Mais pour prendre cette place selon le conseil de Dieu, il doit souffrir et mourir. Comme conséquence, au chap. 13, il prend sa position céleste. C’est une autre sphère de gloire qui n’est pas ordinairement envisagée dans les Psaumes, quoique dans notre Psaume 8, il en soit parlé prophétiquement au moment où il y entre [(8:5)]. Il y est appelé Fils de l’homme [(8:4)] et c’est aussi le titre qu’il aimait prendre quand il était sur la terre.
Ps. 1 et 2 comme
introduction à tous les Psaumes, avec le caractère du résidu et les conseils de
Dieu envers Christ
J’ai déjà fait remarquer que les deux premiers Psaumes forment une sorte
d’introduction, base de tout le livre des Psaumes. Ils montrent le caractère
moral et la position du résidu, puis les conseils de Dieu à l’égard de Christ,
roi en Sion. La loi et Christ sont les deux grandes bases des voies de Dieu
envers Israël.
Psaume 1er
Ps. 1 v. 1-5 — Résidu pieux sur la terre et bénédiction répondant à sa piété
Part des fidèles, en souffrance puis en bénédiction — Parallèle avec Matt. 5
Le Psaume 1 place sous nos yeux le résidu pieux et la bénédiction qui accompagne
sa piété, selon le gouvernement de Dieu. Cette bénédiction, sauf pour ce qui
touche à la consolation et à la paix du cœur intègre, n’a jamais été accomplie,
mais elle est introduite ici de la même manière que la part des débonnaires,
lorsque Christ présente le royaume au chapitre 5 de l’évangile de Matthieu [(v.
5)] : « Ils hériteront de la terre » ; — cependant le royaume n’était pas, et
n’a pas encore été établi en puissance (ce qui est le sujet du Psaume 2)1 ;
c’est pourquoi le Seigneur, en Matthieu 5 [(v. 10)], parle de souffrir pour la
justice. Le royaume des cieux est la part de ceux qui font ainsi ; et s’ils
souffrent pour son nom, le ciel aussi est introduit, et la récompense sera
grande, là, pour eux [(Matt. 5:12)]. Nous trouvons la même chose en 1 Pierre
3:14 et 4:14.
1 Ici, le résidu est envisagé comme étant dans les derniers jours, au moment où le jugement est sur le point de s’exécuter.
Caractère de l’homme
pieux individuellement, et sa récompense selon Dieu
Le Psaume 1, toutefois, nous présente simplement le résidu pieux sur la terre ;
et je dis « résidu » parce que le sujet du Psaume est caractérisé par la
fidélité individuelle : les méchants, les pécheurs, les moqueurs environnent le
juste ; [1:2] la loi est son plaisir ; [1:1] il est un Juif pieux, se tenant
loin des méchants ; [1:3] il est béni et prospère. Tel est le principe de ce
Psaume ; mais pour son accomplissement le jugement de la terre doit intervenir,
[1:5] et dans ce jugement les méchants ne subsisteront pas, ni les pécheurs dans
l’assemblée des justes alors délivrés de l’oppression de ceux qui ne se
souciaient pas de Dieu. Le Psaume 1 nous donne le caractère général de l’homme
pieux, et le résultat de sa piété sous le gouvernement judiciaire de Dieu.
Ps. 1 v. 6 —
Approbation morale de l’homme pieux au milieu des méchants qui sont jugés
Un autre élément est alors introduit : [1:6] l’Éternel connaît la voie des
justes, mais la voie des méchants périra. D’un côté, il y a un jugement ; de
l’autre, une approbation morale avant ce jugement, approbation liée à la
relation d’alliance de l’Éternel avec Israël. Nous avons vu que Christ a été,
sur la terre, cet homme pieux, et qu’il s’est placé au milieu du résidu fidèle,
des « excellents de la terre » selon le Psaume 16 [(v. 3)] ; il a été parfait
dans cette position. C’est en cela que ce Psaume s’applique à Christ, quoique ce
ne soit pas encore d’une manière directe. Le sujet propre du Psaume, c’est, je
le répète, le caractère de l’homme pieux, et le résultat de sa piété sous le
gouvernement de Dieu, de l’Éternel, au milieu de son peuple. Il ne s’agit pas
encore de souffrir pour la justice : ceci viendra en son temps ; mais il s’agit
du caractère de l’homme pieux en présence des méchants, et du résultat, mesuré
par les principes immuables du gouvernement de Dieu. [1:6] L’Éternel connaît les
justes ; — les autres périront certainement.
Principes du Ps. 1,
base du livre, avec le gouvernement de Dieu et l’affliction du résidu
Jugement attendant le méchant et le juste, ce dernier seul étant délivré et béni
Le Psaume 1 nous donne donc le caractère moral du résidu, sa position au milieu
des méchants, le gouvernement général de Dieu, et le lien entre l’Éternel et le
juste. À côté de cela on peut remarquer que le Psaume 1 place le juste et le
méchant en présence d’un jugement prochain, [1:4] par lequel les méchants sont
chassés au loin, comme la balle, [1:5] tandis que les justes constituent une
assemblée, ce qui indique bien explicitement qu’il s’agit du résidu dans les
derniers jours. Les principes de ce Psaume, le caractère des personnes dont il y
est question, et la position de ces personnes sont suffisamment clairs ; ils
sont en même temps d’une haute importance, en ce qu’ils forment une des parties
essentielles de la base de tout l’édifice des Psaumes, savoir le gouvernement de
Dieu et les afflictions du résidu qui sembleraient démentir ce gouvernement, car
ce dernier ne trouvera son accomplissement que dans le jugement, après que le
mystère de Dieu aura été accompli. Nous sommes placés ici en face d’Israël et du
gouvernement de Dieu selon la loi, mais les justes sont distingués des méchants,
et la bénédiction n’est pas la part de tout Israël comme tel, mais la part des
justes qui formeront l’assemblée quand le jugement sera exécuté. La bénédiction
est sur les justes, mais ce sont eux qui formeront le peuple quand les méchants
seront chassés au loin comme la balle : c’est exactement la doctrine de la fin
d’Ésaïe (voyez És. 48:22 ; 57:20 ; 65 ; 66). Seulement, dans ce dernier
chapitre, le jugement atteint aussi les nations.
Résidu prenant plaisir
en la loi, et méchants chassés par le jugement
Telles sont les premières vérités que nous rencontrons : un résidu pieux du
peuple [1:2] prenant son plaisir en la loi, [1:5] puis le jugement de Dieu,
manifestant l’assemblée des justes selon le vrai caractère de Jéhovah, [1:4] et
les méchants chassés au loin ; c’est le gouvernement moral de Dieu sur la terre,
accompli par le jugement en Israël1. C’est pourquoi les derniers jours sont
clairement en vue.
1 Plus spécialement sur les Juifs, alors que le tiers est épargné et passe par la tribulation quand les deux tiers sont retranchés (Zacharie 13:8). Le jugement des dix tribus est une autre chose qui a lieu hors du pays où les rebelles n’entrent pas, selon Ézéchiel 20:35. Le nom d’Israël, appliqué à la nation, est le terme général en rapport avec la promesse.
Psaume 2
Sujet principal : Conseils de Dieu touchant le Messie, et introduction des
Gentils
Nous avons dit que le Messie, les conseils de Dieu touchant son Oint,
constituent le second élément essentiel de la condition d’Israël et du
gouvernement de Dieu. [2:1] Ici, les Gentils sont introduits et forment le sujet
principal du Psaume. Comme au Psaume 1, nous nous retrouvons aux derniers jours,
alors que les droits de Christ seront revendiqués et établis contre les rois de
la terre et tous les opposants ; mais Israël est, encore ici, le centre et la
sphère de l’accomplissement de ces conseils de Dieu : [2:6] l’Oint sera roi en
Sion. Les adversaires sont les puissants d’entre les nations, le mal, hélas !
s’étendant jusqu’aux chefs d’Israël, qui, comme nous le verrons, « mourront
comme un homme, et tomberont comme un des princes »… « une nation sans piété »
(Ps. 82:7 ; 43:1). Nous en trouvons déjà l’application faite par Pierre en Actes
4:25-26.
Christ établi Roi en
Sion et dominant sur les nations, dans un temps à venir
Ps. 2 v. 1-6 — Soulèvement des nations, et établissement du Roi en Sion par Dieu
J’ai dit que les conseils de Dieu à l’égard du Messie sont l’élément des voies
de Dieu formant le sujet des Psaumes, qui est introduit ici ; [2:2] mais le
Psaume 2 s’ouvre par le soulèvement des nations qui veulent se soustraire à
l’autorité de ce Messie et à celle de l’Éternel qui l’a établie ; les Juifs
apostats, comme nous l’avons vu, étant engagés dans cette grande lutte contre
Dieu. [2:1] Les nations s’agitent ; les peuples méditent la vanité ; les rois et
les princes de la terre veulent rompre les liens de l’Éternel et de son Oint ;
[2:5] mais ce soulèvement ne fait qu’amener la colère et le courroux, contre
lesquels toute résistance est vaine. [2:4] Celui qui est assis dans les cieux se
rira d’eux, Adonaï1 s’en moquera ; [2:6] en dépit de tous, l’Éternel a oint son
Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté : tel est le propos assuré de Dieu,
accompli par sa puissance. La présomption de l’homme qui résiste ne fait
qu’amener sa ruine.
1 Ici, Adonaï veut dire Seigneur, dans le sens d’un titre exprimant sa suprématie officielle.
Ps. 2 v. 7 — Christ, le
Roi, né homme et reconnu de Dieu comme Fils
Il y a plus encore : Ce roi, qui est-il ? [2:7] L’Éternel lui a dit : « Tu es
mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré ». Ce Roi, c’est quelqu’un qui étant
engendré dans ce qui peut être appelé « aujourd’hui », c’est-à-dire dans le
temps, en contraste avec l’éternité, est reconnu Fils par l’Éternel. Il n’est
donc pas question ici de la précieuse vérité de la filialité éternelle du Fils
avec le Père, bien qu’il ne faille pas l’en séparer (ce qui ne saurait se
faire), mais la Parole nous présente Celui qui, étant l’Homme Oint, la « sainte
chose » née dans le monde, avec le titre de Fils de Dieu aussi (Luc 1:35), est
reconnu tel par l’Éternel. C’est pourquoi Paul nous dit que cet acte, par lequel
Jésus a été suscité (non pas ressuscité), est l’accomplissement de la promesse
faite aux pères, citant le Psaume 2 comme confirmation de son dire ; il rapporte
ensuite un autre passage à l’égard de sa résurrection et de son incorruptibilité
(voyez Actes 13:33-35).
Ps. 2 v. 8-12 —
Domination future de Christ sur la terre, mais non encore accomplie
[2:7] Christ donc, né sur la terre, est reconnu Fils de Dieu par l’Éternel, et
de vastes conséquences découlent de ce titre. [2:8] Christ n’a qu’à demander à
l’Éternel et les nations lui seront données pour héritage et les bouts de la
terre pour possession. [2:9] Il les gouvernera avec un sceptre de fer et les
mettra en pièces comme un vase de potier ; avec une puissance irrésistible il
dominera en jugement sur toute l’impiété et l’impuissance qui se sont élevées
contre son trône. Ce jugement toutefois n’est pas accompli encore, [2:10] et le
Psaume invite les rois et les juges de la terre [2:12] à se soumettre en
reconnaissant le Fils, de peur qu’ils ne périssent si sa colère s’embrase tant
soit peu. On peut et on doit se confier en lui, et qui peut réclamer cette
confiance, sinon l’Éternel ? Cet appel aux rois de la terre est fondé, il faut
le remarquer, sur la revendication du titre de Christ au jugement royal et au
pouvoir sur la terre. [2:6] Mais Christ est-il établi roi sur Sion ? Il a été
jeté hors de Sion, pendu au bois, en vue de choses meilleures et d’une gloire
plus excellente que celle qu’il avait auprès du Père avant que le monde fût
[(Jean 17:5)] ; toutefois il a été rejeté de Sion à laquelle il s’est présenté
comme Roi ; [2:8] et pour ce qui concerne les nations et l’héritage terrestre,
il ne les a pas encore demandés : quand il le fera, « au temps déterminé par le
Père », ils lui seront certainement donnés et ses ennemis seront mis pour
marchepied de ses pieds [(110:1)]. Il déclare lui-même (Jean 17 [v. 9]) qu’il
n’a pas fait de demande à ce sujet, mais seulement pour ceux qui lui ont été
donnés du monde. Les rois de la terre continuent à régner, plusieurs se
réclament de son nom, pour être cependant trouvés rebelles quand il prendra en
main sa grande puissance, et que les nations s’irriteront, et que sa colère sera
venue. [2:9] Nul sceptre de fer ne les a encore frappées ; — le vase de potier
mis en pièces n’est pas leur image maintenant ; le Seigneur ne s’est pas encore
réveillé pour les mépriser ; elles règnent par l’autorité de Dieu ; mais il n’y
a point de roi en Sion : Christ a été rejeté. Cependant nous savons qu’Il est
Adonaï dans les cieux.
Éléments des deux
premiers psaumes, et introduction de la suite
Événements des derniers jours dans les deux premiers Psaumes
Nous avons eu devant nous, dans ces deux premiers Psaumes, les grands événements
des derniers jours : [1:5] un résidu Juif attendant le jugement, les méchants
étant toujours sur la scène, [2:2] les nations se mutinant contre l’Éternel et
son Oint ; [2:4] Celui qui est assis dans les cieux se riant de leur vaine rage,
[2:6] l’Éternel établissant Christ roi sur Sion [2:8] et, à sa demande, lui
donnant toutes les nations pour son héritage : la soumission étant imposée à
tous par un jugement auquel rien ne peut résister. Point de souffrances dans
tout cela, pas même quant au résidu du Ps. 1, mais simplement les conseils et
les décrets de Dieu et une puissance à laquelle nul ne peut résister. De fait,
les rois de la terre se sont levés et les princes ont consulté ensemble, et,
pour ce qui est de la puissance et de la scène terrestre, ont réussi. Christ a
été rejeté et n’a pas résisté. Et maintenant, si nous cherchons où est le résidu
et quelle est sa condition au milieu de la scène juive de l’histoire de ce
monde, nous verrons que les grands principes caractéristiques de sa position
nous sont présentés dans les Ps. 3 à 7.
Base du livre, comme
thèse établie avant les circonstances y amenant
On comprendra maintenant facilement comment les deux premiers Psaumes forment la
base de tout le livre, bien que les Psaumes suivants soient l’expression des
exercices produits dans l’âme par le non-accomplissement, pour un temps, des
conseils révélés dans les deux premiers ; et sous ce rapport on peut dire que
l’ordre du livre tout entier ressemble à celui d’un grand nombre des Psaumes
eux-mêmes. La thèse est établie dans le premier ou les premiers versets ; puis
viennent les circonstances, souvent entièrement contraires, au travers
desquelles le fidèle passe, et qui l’amènent à ce qu’exprimait le commencement
du Psaume.
Psaume 3
Ps. 3-7 — Condition du résidu et pensées produites en lui par l’Esprit de Christ
Esprit de Christ agissant dans les fidèles du résidu et produisant des
sentiments appropriés
Conformément à cette règle, les Ps. 3 à 7 nous présentent en général, et quant
au principe, la condition du résidu et les pensées et les sentiments produits
dans les fidèles par l’Esprit de Christ, au milieu de l’état de choses qui est
la conséquence, en Israël, du rejet personnel du Christ. On ne rencontre pas
d’allusion aux circonstances au milieu desquelles les fidèles se trouvent
historiquement eux-mêmes, avant les Ps. 9 et 10 ; c’est pourquoi ces cinq
Psaumes nous exposent l’opération de l’Esprit de Christ dans les fidèles,
produisant les fruits moraux convenables, de manière à nous initier ainsi à la
condition du résidu pieux, la sainte semence qui est en Juda, quand tout est en
ruine. Les principes caractéristiques de la position de ces fidèles, les divers
sentiments qui s’y déploient, sont placés devant nous. Il n’y a pas là cette
puissante expression qui s’échappe du cœur sous la pression des circonstances au
milieu desquelles il se trouve ; mais chaque phase morale met au jour les
sentiments divers que l’Esprit de Christ doit produire en relation avec Dieu.
Psaume 3
Le Ps. 3 place, le premier, devant nous, la condition du résidu en général, en
contraste avec le Ps. 2, ainsi que l’appui et la confiance de la foi dans cette
condition. [3:1] Les persécuteurs de l’homme pieux sont multipliés ; [3:2] ils
s’élèvent et triomphent sur lui comme si Dieu lui faisait défaut : [3:3] mais
l’Éternel est son bouclier. [3:5] Il se couche en paix, [3:7] et, par la foi, il
voit ses ennemis frappés et leur puissance renversée. [3:8] Le salut est de
l’Éternel et sa bénédiction est sur son peuple. Ici de nouveau, remarquons-le,
nous nous retrouvons aux derniers jours ; [3:6] l’homme pieux, bien qu’environné
par ses ennemis, [3:5] repose en paix [3:7] et, prophétiquement, voit leur
destruction, [3:8] et la bénédiction sur Israël. Ce Psaume est l’expression de
la confiance en Dieu au milieu d’ennemis multipliés et dans une position sans
ressource. Sans doute Christ est entré pleinement dans cette position, mais le
Psaume nous reporte aux derniers jours, après qu’a été établie la preuve du
non-accomplissement du Ps. 2, lors de la première présentation de Christ comme
Messie à Israël.
Psaume 4
Le Ps. 4 diffère, sous ce rapport, du Ps. 3 ; comme d’autres que nous
rencontrerons plus tard, il n’est pas seulement l’expression de la confiance en
Dieu, mais il demande aussi la justice [4:2] contre les fils des hommes qui
diffament toute la gloire qui appartient au peuple de l’Éternel et
particulièrement à son Roi ; [4:3] mais Dieu a choisi l’homme pieux, [4:6] et la
lumière de la face de l’Éternel est sa ressource. Le Ps. 3:4 et le Ps. 4:1, font
tous deux mention de la grâce de l’Éternel comme étant connue par expérience.
Psaume 5
[5:1-2] Le Ps. 5 nous présente la requête de l’homme pieux ; [5:4] il fait appel
au caractère de Dieu, comme correspondant nécessairement à celui du juste et
comme exigeant qu’il l’écoute et juge le méchant. Si le juste aime la piété,
assurément l’Éternel l’aime aussi ; si le juste hait la méchanceté, assurément
l’Éternel la hait. Celui que le fidèle invoque dans ce Psaume, répond à ce
qu’est le « Père juste » dans la bouche du Seigneur, au chap. 17 de l’évangile
de Jean [(v. 25)], avec cette différence seulement que, là, la réponse a été le
ciel ; — ici, la terre ; — conséquence nécessaire de la différence de position
de Christ sur la terre et du résidu.
Psaume 6
Au Ps. 6, le résidu se place sur un autre terrain. Les fidèles sont opprimés,
[6:3] leur âme est troublée, [6:1] la grandeur de leur détresse et l’absence
d’une conscience purifiée, font naître dans leur esprit accablé la crainte que
l’Éternel ne se tourne contre eux dans sa colère, et ils demandent que celui-ci
ne les reprenne point en sa colère et ne les châtie point en sa fureur, qu’ils
ont bien méritées comme nation, [6:2] mais au sujet desquelles le cœur des
rachetés implore la miséricorde. [6:4] Ils s’attendent à être délivrés par
miséricorde et à être sauvés de la mort, [6:8] et invitent le méchant à se
retirer, car l’Éternel a entendu leur cri.
Psaume 7
Appel au jugement de l’Éternel pour la délivrance du juste
Le Ps. 7 est un appel à l’Éternel, fondé sur la juste et plus que juste conduite
du fidèle envers ses ennemis, [7:6] afin que l’Éternel se lève et se réveille
pour le jugement qu’il a ordonné, et qu’ainsi, par la délivrance du résidu au
moyen du jugement, l’assemblée des diverses nations de la terre l’environne
(vers. 6, 7). [7:8] Alors l’Éternel jugera les peuples ; cela introduit
distinctement le jugement à venir. Mais nous trouvons ici une autre vérité : le
Seigneur juge l’homme juste ; [7:12] si un homme ne retourne pas en arrière,
mais va en avant dans sa méchanceté, Sa colère le suivra.
Association de l’Esprit
de Christ au résidu, aux derniers jours, en sympathie
Dans tout ceci nous voyons l’Esprit de Christ s’associant au résidu juif, et,
sous certains rapports, nous entrevoyons Christ lui-même, comme passant au
travers des circonstances qui l’ont mis à même de prendre part à celles du
résidu avec vérité, car nous avons vu que l’effet sur sa propre âme n’a jamais
été ce que cet effet est dans le résidu. Il ne s’agit pas de l’histoire de
Christ, mais de ses sympathies pour les fidèles du résidu ; et sous ce rapport,
nous pouvons reconnaître deux principes qui lient ensemble Christ et le résidu
aux derniers jours : en premier lieu, Christ introduit les fidèles, en grâce,
dans sa propre position sur la terre, et, en second lieu, il s’associe à leur
position à eux. C’est ce que nous montre Matthieu 17:24-27 où il associe les
siens à sa position, sans doute par anticipation, seulement il leur révélait
déjà le nom du Père. Quant à la nature et aux principes de leur vie, les justes
ont moralement les sentiments produits par l’Esprit de Christ : leurs cris et
leurs supplications sont l’expression de ce fait. Dieu reconnaît les droits des
justes, bien qu’ils n’en aient pas eux-mêmes clairement l’intelligence, et il
leur en fournit l’expression dans les Psaumes. C’est à la fois un besoin et un
désir, que la vie qui est en eux légitime, devant le cœur de Celui qui peut
tenir compte du fondement que Christ a posé pour la bénédiction : il est donc
juste dans son support, quoique la justice, quant aux Juifs, ne soit pas encore
manifestée. La connaissance qu’a le résidu de ce qu’est l’Éternel — de ce qu’il
a toujours été — pour ce qui concerne l’intégrité et l’oppression, lui donne
d’attendre une délivrance qui semble impossible1.
1 Les versets 22-24 du chap. 9 du Lévitique nous présentent cette vérité d’une manière frappante. L’acceptation par Dieu du sacrifice n’était pas manifestée avant que Moïse et Aaron — Christ comme sacrificateur et roi, — fussent sortis du tabernacle, après y être entrés (vers. 23). Ensuite le peuple adore ; mais Aaron bénissait auparavant d’auprès de l’offrande (vers. 22). Nous savons par l’Esprit, descendu du ciel, que l’offrande a été acceptée, tandis que le sacrificateur est encore au-dedans du voile ; et par lui, nous connaissons la pleine et entière valeur de la justice divine.
Jusqu'à quand : attente
de la foi jusqu’à ce que Dieu agisse en sa faveur
Nous trouvons ici (Ps. 4:2 ; 6:3 et ailleurs) une expression qu’il faut
remarquer : « Jusques à quand ? ». Ce cri est l’expression de l’attente de la
foi : Dieu ne peut pas rejeter son peuple à toujours [(Lam. 3:31)] ; — jusques à
quand agira-t-il envers eux comme il l’a fait et ne tiendra-t-il aucun compte de
l’oppression ? C’est pourquoi il est dit quelque part : « Il n’y a personne… qui
sache jusques à quand » (Ps. 74:9).
État général du résidu
juif devant Dieu à la fin, et non sentiments de Christ
Les Psaumes dont nous venons de parler, en les considérant comme un seul tout,
sont donc une exposition générale de l’état du résidu des Juifs devant Dieu aux
derniers jours, et des principes selon lesquels les fidèles sont reconnus comme
étant intègres : jusqu’ici nous n’avons pas encore trouvé la puissante effusion
des sentiments des fidèles sous le poids de l’affliction. Christ est-il donc
loin d’eux tous ? Certainement non ; autrement nous n’aurions pas les Psaumes.
Christ entre par ses sympathies dans leur condition, il forme la foi de leurs
cœurs dans cet état par son Esprit, et entre ainsi pleinement et de la manière
la plus touchante dans leur condition d’abaissement. Ces Psaumes ne sont pas
l’expression1 de ses propres sentiments lorsqu’il était sur la terre, bien que
(précieuse vérité !) il ait appris par ses propres souffrances dans des
circonstances semblables, à soutenir par une parole celui qui est las et accablé
(comp. És. 50 [v. 4]).
1 Je n’ai pas la pensée que ce ne soit le cas d’aucun des Psaumes: nous savons au contraire que plusieurs d’entre eux, et notamment le Psaume 22, nous fournissent l’expression de ses sentiments personnels, et que, d’un autre côté, il ne serait pas exact d’affirmer qu’on ne trouve dans les Psaumes qui ne s’appliquent pas directement à Lui, aucune parole qui exprime ses sentiments. J’aurai l’occasion d’en citer plusieurs exemples dans le cours de notre étude, et j’ai déjà établi le principe de leur application: mais ici je parle des Psaumes qui nous occupent dans ce moment, savoir des Ps. 3 à 7.
Psaume 8
Gloire de l’Oint de l’Éternel, élevé au-dessus de toutes choses
Nous sommes arrivés maintenant au Ps. 8, qui clôt l’exposition de la condition
du résidu et des conseils de Dieu concernant l’Oint de l’Éternel, rejeté. Ce qui
est dit ici, l’est encore par la bouche du résidu, considéré comme délivré.
[8:1] « Éternel, notre Seigneur ! ». C’est en vain que les nations se sont
élevées contre toi ! « Que ton nom est magnifique par toute la terre ; tu as mis
ta majesté au-dessus des cieux ! ». Il ne s’agit pas ici du Roi en Sion, — bien
que, certainement, il régnera comme tel ; — mais d’une gloire qui est établie
au-dessus des cieux. Ce n’est pas seulement le peuple du grand Roi, qui est
ainsi béni ; mais nous avons devant nous la gloire du nom de l’Éternel, le
Seigneur d’Israël, en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes ; non pas
comme s’il était question, dans ce Psaume, de l’établissement de Christ sur la
sainte montagne de Sion ; [8:6] mais la Parole nous présente ici cette gloire en
relation avec l’élévation du Fils de l’homme, non seulement au-dessus des fils
des hommes, mais au-dessus de toutes les œuvres de ses mains dans tous les lieux
de sa domination, sans qu’aucune soit exceptée.
Jésus rejeté comme Fils
de l’homme et glorifié après son œuvre ici-bas
[8:4] Et qui est ce Fils de l’homme ? [8:5] Il a été fait un peu moindre que les
anges, à cause de la passion de la mort, couronné maintenant de gloire et
d’honneur, et établi (l’épître aux Hébreux nous montre que ceci n’est pas encore
accompli [(Héb. 2:8)]) sur toutes les œuvres des mains de Dieu1. Il n’a pas pu
être rejeté comme Christ (lors même que ce titre doive être aussi réalisé plus
tard en lui, par Celui qui, du haut des cieux, se rit de la rage impuissante des
rois de la terre [(2:4)]) sans que les conseils de Dieu lui eussent préparé une
position encore plus glorieuse, savoir d’être couronné de gloire dans les cieux
[8:6] et établi dominateur sur toutes choses. Les titres de Fils de Dieu et de
Fils de David, Roi en Sion, sont ses titres sur la terre (comparez Jean 1:49-51)
; mais sa première réjection comme tel, lui ouvre cette gloire plus étendue
qu’il a également justement acquise, — ce qui appartient au Fils de l’homme
selon les conseils de Dieu. C’est pour ce motif que nous voyons le Seigneur
défendre à ses disciples de dire plus longtemps qu’il fût le Christ (Matt.
16:20, 21 ; 17:12 ; Luc 9:20-22), car il était alors virtuellement rejeté par
Israël, parce que le Fils de l’homme devait souffrir et être rejeté, livré aux
nations, mourir et ressusciter. Sans doute, il y avait la grâce envers Israël, —
mais c’était la grâce envers l’homme, envers l’homme en Christ : — [8:9] et le
Seigneur d’Israël, l’Éternel, avait ainsi un nom magnifique par toute la terre.
1 La petitesse de l’homme, comparée à la grandeur de la création dans les cieux, donne occasion à la révélation des conseils de Dieu dans l’homme.
Témoignages à la gloire
de Christ sur la terre, sous ses divers caractères
Ce résultat glorieux de la fin de notre Psaume est proclamé par la bouche du
résidu, bien que ce résultat soit amené par une gloire bien plus excellente et
soit dépendant d’elle. En présence de la fureur et de la méchanceté de ses
ennemis, et pour confondre les oppresseurs et les infatigables et impitoyables
persécuteurs de ses saints et de son peuple, Dieu a choisi ce qu’il y a de plus
faible sur la terre pour en tirer sa parfaite louange. La réception du Christ,
entrant à Jérusalem sur le poulain d’une ânesse, nous en présente comme une
image anticipée, mais le plein accomplissement est pour les derniers jours.
Christ avait reçu témoignage comme Fils de Dieu en ce qu’il avait ressuscité
Lazare [(Jean 11)] ; comme Fils de David, dans son entrée à Jérusalem [(Jean
12:12-19)] ; comme Fils de l’homme, lorsque les Grecs étaient montés [(Jean
12:20-23)], mais il devait mourir pour avoir cette dernière gloire (Jean 12:24).
Aux derniers jours tout ne faillira pas ainsi sur la terre, mais sera accompli
en puissance : [8:5] en attendant il est couronné de gloire et d’honneur dans un
lieu plus excellent.
Caractère d’élévation
lié à la gloire du Fils de l’homme et à la délivrance célébrée
Tout le Psaume dont nous nous occupons a un caractère d’élévation et d’énergie
en rapport avec la grande délivrance qu’il célèbre. [8:4] L’homme est si peu de
chose devant la création : qu’est-ce que l’homme quand nous considérons
l’étendue et la gloire de l’univers ? Mais regardez à Christ, et toute cette
magnificence pâlira devant la gloire excellente de Celui [8:6] sous les pieds
duquel sont placées toutes choses. Ces choses mêmes en recevront un nouvel
éclat. L’homme est, en effet, grand et élevé au-dessus de toutes choses en Lui,
le Fils de l’homme, établi sur toutes choses.
Emploi du Ps. 8 dans le
Nouveau Testament
Ce n’est pas ici le lieu de faire remarquer l’emploi que le Nouveau Testament
fait de ce Ps. 8, mais l’emploi qui en est fait rend évidents et son sens et son
importance. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens [(v. 27)] nous
montre qu’il est accompli en résurrection ; par le chap. 2 de l’épître aux
Hébreux [(v. 6-8)], nous apprenons que l’assujettissement de toutes choses sous
les pieds du Fils de l’homme aura lieu dans le monde à venir, et que ces choses
ne sont pas encore actuellement placées sous les pieds de Christ [(Héb. 2:8)],
mais qu’il est déjà maintenant couronné de gloire et d’honneur [(Héb. 2:9)] ;
par le chap. 1 de l’épître aux Éphésiens [(v. 20-23)], nous voyons de plus que
l’Assemblée est unie à lui dans cette position de gloire, mais ce point n’entre
en aucune manière dans le but et la portée du Psaume, car il fait partie du
mystère caché dès les siècles et les générations (Col. 1:26).
Éléments des relations
de l’Éternel avec le résidu juif dans sa position à la fin
Sujets principaux des Ps. 1-7, concernant la marche du résidu et le Messie
Avant d’entrer dans l’examen des Psaumes suivants, je voudrais passer brièvement
en revue le champ que nous venons de parcourir, en nous occupant des Psaumes qui
forment comme l’introduction de tout le livre. Nous avons vu d’abord le résidu
des derniers jours, ensuite les conseils de Dieu touchant le Messie. [2:2] Mais
les rois et les princes de la terre s’élèvent contre l’Éternel et contre son
Oint : [2:6] cependant il sera établi Roi dans Sion. Nous avons trouvé ensuite,
dans les Ps. 3 à 7, les grands principes de la marche du résidu au milieu des
circonstances dans lesquelles il se trouvera lui-même : on n’y rencontre pas ces
expressions profondes des sentiments que produit ailleurs la grandeur de la
détresse, mais celles-là seulement qui se rapportent aux sentiments de confiance
et de foi que la grâce fait naître dans la position où le résidu se trouve. Au
Ps. 3, nous trouvons la confiance ; au Ps. 4, l’imploration adressée au Dieu de
la justice, et le sentier du juste ; au Ps. 5, le juste crie à l’Éternel, parce
que l’Éternel distingue le mal du bien, et ainsi il faut que le méchant soit ôté
et que Jéhovah bénisse le juste qui se confie en lui. Le Ps. 6 fait appel à la
compassion : le juste, troublé dans son âme, supplie l’Éternel de ne pas le
reprendre dans sa colère, et Celui-ci l’a entendu dans sa détresse, afin de le
sauver de la mort ; au Ps. 7, le juste demande l’intervention de l’Éternel
contre ses persécuteurs, plaçant en contraste leur conduite, et la sienne envers
eux ; mais l’Éternel juge son peuple.
Christ, traversant
toutes les afflictions en étant au-dessus du mal, et exprimant les sentiments
produits par l’Esprit dans le résidu
Tels sont les principaux éléments des relations de l’Éternel et du résidu de son
peuple en ce jour-là. Combien il sera précieux pour les fidèles de trouver ainsi
pour leur foi un soutien et une expression, élevés au-dessus de leurs craintes,
par le moyen de ces témoignages de grâce de l’Esprit de Christ, afin d’être
conduits par eux, justifiés dans leurs meilleures espérances et calmés au milieu
de leurs plus justes craintes ! Il me semble qu’il est facile de comprendre
pourquoi Christ n’a pas pu avoir personnellement les sentiments et les désirs
qui sont exprimés ici, et comment il se fait qu’il a pu produire cependant par
son Esprit, prophétiquement, ces mêmes désirs dans le résidu et entrer par ses
sympathies dans toutes les circonstances qui entourent celui-ci. Il descendit du
ciel et ne perdit jamais l’esprit qu’on y respire, bien qu’il se trouvât dans
les circonstances que sa présence sur la terre a amenées sur lui ; mais cet
esprit, c’est l’amour. Christ était au-dessus du mal dans la puissance de
l’amour et dans la conscience des sentiments divers que devait nécessairement
avoir le Fils de l’homme « qui est dans le ciel », quoiqu’il passât par toutes
les afflictions auxquelles pouvait être assujetti le Fils de l’homme sur la
terre. Il passa au travers de toute la détresse que le péché et l’inimitié
infatigable de l’homme, aussi bien que l’insensibilité de ses disciples1,
pouvaient attirer sur lui ; — mais d’autant plus sensible lui-même à cette
détresse et la ressentant d’autant plus profondément, qu’il était parfait, il
était élevé au-dessus de tout le mal, en amour, dans la perfection personnelle
du bien. Le résidu ne sera pas ainsi : il sera soutenu par Dieu, non pas
seulement au milieu du mal, mais sous le mal, quand il sera oppressé par lui,
par le sentiment de la culpabilité, par la crainte de la colère ; et non
seulement par un sentiment profond de la colère, mais, plus que cela, par une
frayeur de cette colère, agissant sur l’âme pour la cribler. Il n’y a point de
délivrance pour les fidèles, si ce n’est par la destruction de leurs ennemis ;
et ils soupirent après cette destruction : ces ennemis sont aussi ceux du
Seigneur, et le désir des fidèles est juste (voyez Ps. 6:5, 7, 10). Christ, nous
l’avons fait remarquer, n’a pas fait ainsi : il était élevé au-dessus de toute
cette haine, en amour céleste et en vraie et consciente communion avec son Père,
dont il avait à accomplir en paix la volonté, sachant qu’il était approuvé de
lui, jusqu’à ce que, à la fin, il entrât dans cette sombre vallée, où, pour
l’amour de nous et d’Israël, il dut rencontrer la colère ; mais là tout se passe
entre Dieu et lui. Quant à ses ennemis humains, il dit seulement : Si c’est moi
que vous cherchez, laissez aller ceux-ci (Jean 18 [v. 8]), et tous tombent à la
renverse devant lui ; c’est à lui de leur dire en paix : « C’est ici votre
heure, et la puissance des ténèbres ! » [(Luc 22:53)]. C’est pourquoi lui-même,
l’amour divin, traversant toutes les afflictions qu’Israël, ou bien nous-mêmes
pouvons avoir à traverser, il passa au travers de tout personnellement, en amour
: tout a été senti par lui, mais il était élevé au-dessus du mal, en amour
envers les hommes, étant en parfaite communion avec le ciel, son amour et sa
faveur. En cela Christ est un modèle pour nous chrétiens, non pas pour Israël.
Mais il traversa réellement tout ce par quoi le résidu ne pourra jamais passer,
étant toutefois assez libre à l’égard de toute la puissance que pouvaient
exercer sur lui ces circonstances, pour sentir pour les autres, dans ce chemin
qu’il traversait. Parfait dans ce sentier, il inspire prophétiquement les
expressions de la foi à ceux qui ne connaissent pas encore l’amour céleste et la
délivrance, à ceux qui sont oppressés au milieu de leurs afflictions ; et il
exprime par l’esprit prophétique, devant Dieu (comme ferait l’Esprit en de
telles gens), les sentiments de leurs cœurs oppressés, sentiments auxquels les
circonstances donnent naissance, là où la faveur divine et la délivrance ne sont
pas connues. Nul ne peut entrer aussi bien dans les afflictions d’autrui sous
cette détresse, que Celui qui en connaît les causes et l’effet, quant aux
relations avec Dieu, mais qui ne s’y trouve pas lui-même. Christ a été dans
toute leur affliction ; il l’a sentie, mais il n’a pas senti, comme à l’égard
d’autres afflictions, ce que ceux-là sentent qui s’y sont plongés, et qui, à
cause de leurs fautes, nécessairement et justement, sont occupés d’eux-mêmes. Il
était rempli d’amour divin pour ses oppresseurs. Ses sympathies étant parfaites,
elles l’ont fait entrer dans toutes les circonstances et les sentiments du
résidu, et en ont fourni l’expression divine.
1 Ils ne comprirent pas une seule fois ce qu’il leur disait.
Christ a connu une
souffrance bien plus profonde que le résidu, pour eux
On dira peut-être qu’il a été facile pour lui de fournir cette expression par
l’Esprit prophétique, si lui-même n’est pas réellement entré dans ces
circonstances. Mais à cela je réponds que dans chaque partie des afflictions, il
est entré pleinement ; et infiniment plus complètement que ne le fera jamais le
résidu, ayant souffert, en outre, ce que celui-ci ne souffrira jamais,
précisément parce que lui l’a souffert à leur place. Or, cette souffrance plus
profonde dans laquelle il est entré, loin de l’empêcher de sympathiser
parfaitement, l’a rendu capable d’avoir cette sympathie en rapport avec toute la
détresse qui venait de Satan et de Dieu sur sa propre âme, tandis qu’il n’était
pas question chez ceux qui avaient causé la détresse de sentir cela. Il traversa
tout de la même manière qu’eux, bien plus profondément toutefois, et sa part a
été la plus lourde, en ce qu’il a pris sur lui ce qu’aucun d’eux n’aura jamais à
porter.
Expression juste des
sentiments donnée de Dieu aux fidèles affligés
Lorsque les fidèles du résidu seront dans les mêmes afflictions, sans
connaissance de la faveur divine, il leur apportera, par ces Psaumes, tous les
sentiments auxquels Dieu peut donner son approbation et prêter son oreille. Il
conduira leurs âmes au travers de ces afflictions. Que de fois, lorsque
nous-mêmes nous osions à peine exprimer ce que nous sentions, par crainte
d’offenser Dieu, au milieu des incertitudes d’une foi environnée de nuages,
n’avons-nous pas été calmés par un texte qui exprimait nos afflictions d’une
manière qui, étant de Dieu, doit être juste, et n’avons-nous pas été ainsi
fortifiés dans la foi en regardant à Dieu : il en sera de même pour le résidu.
Psaumes 9 et 10
Ps. 9-15 — Ordre des faits des derniers jours et sentiments s’y rattachant]
Ps. 9-10 — Les fidèles d’Israël à la fin, avant l’apostasie, au milieu des
nations — Circonstances du résidu aux derniers jours
Scène de l’exercice des fidèles, état amenant ces exercices et délivrance finale
Les Ps. 9 et 10 nous introduisent historiquement au milieu des circonstances
dans lesquelles se trouve le résidu aux derniers jours, dans la terre d’Israël.
Les grands principes ont été posés : le résidu ; — le Messie ; — l’affliction au
milieu d’Israël en suite de son rejet ; — un sentier qu’il a personnellement
appris à connaître ; — la gloire dans le Fils de l’homme ; et nous trouvons
maintenant, dans ces deux Ps. 9 et 10, une sorte de préface qui, nous initiant à
ces circonstances, nous fait connaître la scène des exercices d’âme des fidèles,
l’état de choses qui donne naissance à ces exercices, et la délivrance opérée
par le jugement de Dieu.
Circonstances des
derniers jours pour le résidu opprimé par ses ennemis
Nous pouvons remarquer ici, comme confirmation de ce que nous avons avancé
précédemment, que l’homme juste, le Messie selon les conseils de Dieu, — mais
rejeté (avec les afflictions du résidu qui en découlent et dans lesquelles il
entre), et en résultat glorifié comme Fils de l’homme et établi sur toutes les
œuvres des mains de Dieu [(8:6)] — ayant été placé devant nous dans les huit
premiers Psaumes, nous nous trouvons d’abord aux derniers jours, alors que le
résidu juste sera sous l’oppression des méchants et des nations. Les Ps. 9 et 10
nous font entrer d’une manière plus détaillée dans les circonstances de ces
derniers jours. Le Messie, en esprit, dans le résidu opprimé, reconnaît la
justice du Dieu qui est assis sur le trône, jugeant justement.
Justice de Dieu contre
le méchant ici-bas, en contraste avec ce qu’a connu Christ
Remarquons également en passant, la grande différence qu’il y a entre la
célébration de la justice de Dieu, assis sur le trône, jugeant justement, et
vengeant l’homme juste de l’oppresseur, — et cette autre scène, où nous voyons
Christ sur la croix qui n’a pas été vengé sur la terre, mais qui se déclare
lui-même abandonné de Dieu [(Matt. 27:46)] ; ses ennemis, en apparence,
accomplissant tout leur méchant conseil contre lui ; mais alors, la justice
étant établie par des voies célestes, la justice de Dieu le fait asseoir à sa
droite dans les lieux célestes : « De justice, parce que je m’en vais à mon Père
et que vous ne me voyez plus » (Jean 16:10). Pour ce qui concerne cette justice,
il a été entièrement retiré de ce monde, de manière que les disciples, comme
étant dans la chair, et c’était le cas des Juifs, ne l’ont plus vu. Il avait
glorifié Dieu, et était glorifié en Dieu comme Dieu avait été glorifié en lui.
La justice qui jugeait l’oppresseur, quoique exercée par Dieu qui seul est
réellement juste et a la puissance, avait sa sphère et sa mesure dans le
gouvernement terrestre et dans la distinction qu’elle faisait entre le juste et
le méchant au milieu des hommes, entre l’opprimé et l’oppresseur : elle se liait
au juste gouvernement de Dieu. L’intelligence de cette différence est une clef
pour la compréhension de toute la structure des Psaumes.
Différents termes
hébreux rendus par « peuple » et leur signification
Un autre point qu’il ne faut pas passer sous silence est celui-ci : Dans nos
traductions, divers mots hébreux sont rendus par peuple. Ainsi : Ham, Hammi, (au
singulier) « peuple », « mon peuple » (Israël) Ps. 3:6, 8 ; Gojim, « les nations
ou les païens », Ps. 2:8, c’est-à-dire ceux du dehors, en contraste avec Israël,
peuple de Dieu (Israël est une fois désigné par ce mot pour signaler sa
culpabilité, Ps. 43:1) ; l’ummim, « les peuplades » Ps. 7:7, en général, sur la
terre, les diverses races de l’humanité ; Hammim, pluriel, « les peuples » Ps.
7:8, je pense les nations envisagées en connexion avec Israël rétabli et placées
en relation avec Jéhovah.
Nous pouvons aborder maintenant l’examen des deux Psaumes que nous avons devant nous.
Psaume 9
Délivrance du peuple par l’Éternel selon le droit du juste
Le Ps. 9 nous présente l’Éternel, le Très-Haut (noms que Dieu prend en relation
avec les Juifs d’une part et avec l’accomplissement millénaire des promesses
faites à Abraham d’autre part), délivrant le peuple de l’oppression des nations
et mettant fin à la puissance du méchant par le jugement. [9:4] Le Juif délivré
célèbre cette bonté qui a revendiqué les droits du juste et maintenu sa cause.
C’est réellement l’Esprit de Christ qui parle ici, comme ayant pris en main la
cause du juste : c’est le droit de Christ ; si le Juif a quelque droit, c’est
par lui, et si les fidèles invoquent ce droit, c’est lui qui a mis les paroles
dans leur bouche. En effet, si Christ n’était pas entré dans leur affliction, et
s’il ne leur avait pas donné ces paroles, ils n’eussent pu parler de « mon droit
».
Ps. 9 v. 1-5 —
Célébration du Très-Haut qui a défait les ennemis du juste
Pénétrons maintenant un peu plus avant dans le détail des circonstances
auxquelles ce Psaume nous initie. [9:1] L’homme humble et opprimé célèbre Dieu
de tout son cœur, sous le double nom de l’Éternel [9:2] et du Très-Haut
(comparez Ps. 91 et Genèse 14:19-20). [9:3] La défaite de ses ennemis n’est pas
seulement une victoire humaine ; ils tombent et périssent devant la face de
l’Éternel [9:4] qui est intervenu pour revendiquer le droit du juste et
maintenir sa cause, proprement le droit et la cause de Christ qui s’était placé
lui-même au milieu des fidèles dans ses sympathies miséricordieuses.
Caractères public et
personnel de l’Éternel, grand sujet de tous les Psaumes
Ps. 9 v. 6-8 — Temps limité des efforts de l’ennemi, mais Dieu demeure à
toujours
Au vers. 6 nous trouvons un principe important pour la foi dans tous les temps,
alors réalisé de fait : les efforts de l’ennemi ici-bas sont pour un temps ; il
peut, si Dieu le permet, détruire la prospérité présente ; — le Seigneur demeure
à jamais ; nous n’avons qu’à faire sa volonté sur le chemin qui est devant nos
pieds ; sa volonté s’accomplira toujours à la fin. Cette volonté que nous
accomplissons dans notre course, peut-être dans l’affliction et la souffrance
maintenant, dominera certainement au terme de la route. Le moment était venu où
les destructions devaient prendre fin pour toujours — les villes et leur mémoire
avaient été détruites : [9:7] l’Éternel demeure à toujours. Nous avons ouï
parler de la patience de Job [(Jac. 5:11)] — c’était pendant le cours de son
épreuve ; mais nous avons vu la fin du Seigneur — ceci devient un fondement de
la foi. La foi marche avec Celui qui tient certainement la fin entre ses mains :
il est assis à toujours ; il a préparé son trône pour le jugement. [9:8] Il
jugera en justice le monde universel et exercera le jugement sur les peuples
avec droiture.
Ps. 9 v. 9-10 —
L’Éternel comme refuge dans la détresse
Tel est le caractère public de l’Éternel ; mais il y a un côté particulier de
son caractère personnel, si l’on peut parler ainsi, dont la manifestation,
publique aussi, est le sujet principal du Ps. 9 ; avec le premier caractère
public dont nous venons de parler, elle forme réellement le grand sujet de tous
les Psaumes ; ces deux caractères sont connus seulement de la foi et ils sont
célébrés par anticipation. [9:9] Ce second caractère est que l’Éternel est un
refuge pour l’opprimé, un refuge au temps de la détresse. [9:10] C’est pourquoi
ceux qui connaissent son nom, se confient en l’Éternel en tout temps. Son
intervention en faveur de ceux qui le cherchent dans ce jour-là, rendra son nom
glorieux en tout lieu.
Ps. 9 v. 11-16 —
L’Éternel habite en Sion et juge pour le bien de son peuple
Un autre point nous est encore présenté ici : [9:11] l’Éternel, se révélant
ainsi, habite en Sion. Ses exploits (c’est-à-dire ce qu’il fait pour la gloire
de son nom, par le jugement en faveur du résidu) seront publiés parmi les
peuples, afin que les fidèles du résidu soient ainsi rendus capables de se
confier en Lui. Le mot hébreu que nous trouvons ici n’est pas celui qui est
employé souvent pour désigner les peuples ; et ce mot particulier doit
s’appliquer, je pense, aux nations que Dieu reconnaît. L’Éternel est ainsi
retourné dans Sion à la fin. Aux vers. 13 et 14 les fidèles du résidu implorent
l’Éternel, faisant appel à sa miséricorde, afin que leurs cœurs le célèbrent en
Sion aussi bien que ses jugements. Le verset 15 célèbre le jugement, dont le
côté moral nous est donné au verset 16 : l’Éternel se fait connaître par le
jugement qu’il exécute.
Préface du livre par
les deux caractères présentés, et application aux derniers jours
La manière dont ce Ps. 9 sert ainsi de préface au livre des Psaumes tout entier,
et nous fait connaître, et sa portée, et son application aux derniers jours, est
évidente ; et une fois bien saisie, elle sert grandement à la compréhension de
la structure générale du livre.
Ps. 9 v. 17-20 —
Jugement des méchants, selon l’imploration du résidu
[9:17] Aux derniers versets, les méchants (ici c’est au pluriel et cela a son
importance, car il y a aussi « le méchant » comme Paul l’appelle [(1 Cor.
5:13)]), quels qu’ils soient d’ailleurs, Juifs ou Gentils, mais plus
particulièrement le Juif et puis toutes les nations qui oublient Dieu,
c’est-à-dire qui n’avaient pas voulu se souvenir de Dieu, sont présentés comme
devant être rejetés et jugés, placés dans le hadès par le jugement. [9:18] C’est
en ceci que Dieu se souvient des opprimés, car la destruction des méchants est
leur délivrance, [9:19] et c’est pourquoi le résidu s’écrie : « Lève-toi, ô
Éternel ! ». Ce trait nous fournit l’explication de certaines expressions des
Psaumes auxquelles j’ai fait allusion plus haut, — l’imploration du jugement.
Comparez les caractères de ceux qui sont jugés, dans les chap. 1 et 2 de
l’épître aux Romains ; remarquez seulement que la colère, dans ces chapitres,
est la colère révélée du ciel [(Rom. 1:18)] et non pas la colère gouvernementale
sur la terre, colère qui vient de Sion ; remarquez encore que, comme on pouvait
s’y attendre, on trouve, dans l’épître aux Romains, un développement moral plus
grand et non pas le jugement extérieur des nations. En Apocalypse 4, nous avons,
dans les quatre animaux, les caractères des chérubins aussi bien que des
séraphins, pour annoncer, je crois, que les jugements qui vont s’exécuter sont à
la fois conformes à la sainte nature de Dieu et à ses voies gouvernementales. Il
est vrai que le cas d’Ésaïe 6, où nous ne trouvons que les séraphins, s’applique
à un jugement gouvernemental, alors que la grâce épargne un résidu, mais
l’incompatibilité entre l’Éternel et la souillure est placée devant le prophète.
Psaume 10
Ps. 10 v. 1-11 — Caractère du méchant, orgueilleux et négligeant Dieu
Le Ps. 10, dans son ensemble, dépeint l’état des choses aux derniers jours,
jusqu’au moment où l’Éternel se lève pour le jugement, et plus particulièrement
le caractère du méchant, car on reconnaît le méchant à son caractère, et c’est
dans le Juif spécialement que ce caractère se retrouve (comp. És. 40 à 48 qui
s’occupe particulièrement de l’idolâtrie et de Babylone ; et 49 à 58 qui traite
du rejet du Messie, ces deux péchés capitaux qui amènent les Juifs sous le
jugement, le péché contre l’Éternel et celui contre son Oint). Le méchant, dans
son orgueil, agit d’après ce qui se voit, tandis que le juste agit en se
confiant au caractère de l’Éternel, par la foi en lui. [10:3] Le méchant se
glorifie du désir de son âme et bénit l’avare que l’Éternel abhorre ; il
poursuit ses plans, sans conscience, cherchant à détruire l’affligé par ses
artifices, [10:11] et estimant que Dieu l’a oublié. De quel secours Christ ne
peut-il pas être ici pour le résidu ? Les débonnaires élèvent leur voix sous
l’oppression ; [10:1] pourquoi l’Éternel se tient-il loin et se cache-t-il au
temps de la détresse ?
Ps. 10 v. 12-15 — Les
débonnaires crient à l’Éternel et de confient en Lui
Les débonnaires sont loin en effet d’être là où Christ a été ; toutefois
l’ombre, si je puis dire ainsi, de ces souffrances que Christ a traversées,
passe sur eux, mais ils peuvent espérer en Dieu. Ainsi au verset 12, ils
implorent Dieu afin qu’il élève sa main, qu’il n’oublie pas les affligés ;
[10:13] pourquoi le méchant méprise-t-il Dieu ? — [10:14] L’Éternel l’a vu, et
recherchera : — le malheureux s’abandonne à lui.
Ps. 10 v. 16-18 —
Manifestation de l’Éternel en réponse aux débonnaires
Les versets 16 et suivants célèbrent l’entrée de l’Éternel sur la scène en
réponse aux supplications des débonnaires, et les résultats qui découlent de
cette intervention. [10:16] L’Éternel est Roi à toujours, — les nations ont péri
de dessus sa terre. Voilà le jugement public ; [10:17] puis le secret de Jéhovah
: Jéhovah a exaucé le désir des débonnaires ; il a préparé leur cœur ; ensuite
il a entendu leur cri ; [10:18] et sa réponse sera le jugement ; il sera juge en
faveur de l’orphelin et de celui qui est opprimé, en sorte que l’homme de la
terre, celui qui a sa force et son espérance sur la terre, n’effraye plus
désormais.
Remarques
supplémentaires sur les Ps. 9 et 10
Quelques observations supplémentaires sur les deux Psaumes que nous venons de
parcourir ne seront pas hors de propos.
Trois classes de
personnes étrangères au résidu : les nations, le méchant et les méchants
À côté du résidu pauvre et débonnaire qui s’attend à Dieu, il y a deux autres,
et même dans un certain sens, trois autres classes de personnes : il y a les
nations, gojim, étrangères à Israël, qui l’oppriment, des ennemis de Dieu ; puis
les méchants, qui seront alors plus spécialement au milieu des Juifs, comme nous
l’avons vu. Mais ces méchants sont mentionnés à un double point de vue, et c’est
pourquoi j’ai parlé de trois classes de personnes : en général, — dans le Ps. 10
partout, et dans le Ps. 9 partout, excepté au vers. 17, — il est parlé du
méchant au singulier ; au vers. 17, il est parlé des méchants au pluriel, afin
de montrer qu’ils seront tous précipités dans le shéol. L’expression de méchant,
au singulier, définit le caractère, bien que je ne doute pas qu’il y aura un
Méchant particulier, harashah, o anomos l’antichrist ; il est mentionné ici
certainement par son caractère, non pas par une prophétie distincte touchant sa
personne. L’anomia est manifestée, — mais non pas l’anomos — et elle n’est pas
restreinte à un seul. L’analogie de tout ce qui concerne le Christ dans ses
circonstances de réjection sur la terre est claire ; il en est ainsi de toutes
les formes de la méchanceté : la trinité même est imitée, en mal, dans
l’Apocalypse ; on y trouve la cité de la corruption, comme aussi l’épouse de
Christ, et ainsi de suite. Jusqu’ici, sauf pour ce qui est du Messie des
conseils de Dieu, présenté au Ps. 2, l’homme juste a été placé devant nous
caractéristiquement ; ici, comme cela est nécessaire, la Parole caractérise
toute la classe des personnes opposées à l’Éternel et à son Christ, bien qu’un
seul homme puisse être l’expression concentrée, pour ainsi dire, de ce
caractère. Le résidu était appelé à juger d’après ce caractère, moralement.
Jugement des méchants
avec les nations
De plus, remarquez-le, les méchants sont jugés avec les nations ; ils tombent
tous ensemble sous le même jugement. Les méchants seront repoussés jusque dans
le shéol, et avec eux toutes les nations qui oublient Dieu : « Tu as tancé les
nations, tu as fait périr le méchant » (9:5). Ce Ps. 9 nous présente, comme nous
l’avons vu, l’aspect général de l’intervention de l’Éternel en jugement ; au Ps.
10 nous avons particulièrement la position du résidu affligé et tourmenté,
au-dedans ; c’est pourquoi nous trouvons qu’il est fait mention du méchant (un
homme), non pas des nations, jusqu’à ce que, lors de l’exécution du jugement,
ils se trouvent tous également retranchés de la terre de l’Éternel, de manière à
identifier le jugement avec les déclarations générales du Ps. 9. Il est inutile
d’ajouter combien tout ceci répond pleinement à l’histoire qui nous est donnée
des derniers jours.
Psaume 11
Ps. 11-15 — Pensées et sentiments du résidu dans l’état de choses de la fin
Psaume 11
Ce que doit faire le résidu quand le mal domine dans le pays
Le Ps. 11 nous montre ce que doit faire le résidu juste lorsque le pouvoir du
mal est établi dans la terre d’Emmanuel. Nous avons déjà dit que les Ps. 11 à 15
nous donnent les pensées et les sentiments du résidu dans ce temps-là,
c’est-à-dire à la suite de l’état de choses dont il a été question dans les Ps.
9 et 10. En voici les traits généraux.
L’Éternel, dans les
cieux, s’occupe de la terre, même si son gouvernement n’est pas immédiat
[11:1] Le Ps. 11 nous présente le juste rejetant loin de lui l’idée de faiblir,
comme s’il était sans ressource devant l’impie méchanceté de ceux qui ne
craignent pas Dieu : il se confie en l’Éternel. [11:2] Cependant le méchant, de
toute sa force, cherche la destruction de ceux qui sont droits de cœur. [11:3]
Si toute ressource humaine, tout terrain sur lequel l’espérance aurait pu
s’établir sur la terre, font défaut, que fera le juste ? [11:4] L’Éternel
demeure le même, immuable comme toujours : Il est au palais de sa sainteté ; il
a son lieu sur la terre, lieu que la foi reconnaît, quelque ruiné qu’il soit ;
et son trône est dans les cieux. Là, aucun mal n’a accès, et son trône domine à
jamais. Mais il y a plus que cela : si l’Éternel habite dans un repos que rien
ne peut troubler, parce qu’il est le Tout-Puissant et s’il est élevé au-dessus
de tout mal, dans les cieux, il regarde vers la terre : il la gouverne, car
c’est de la terre, et non pas de la part céleste de l’Église, qu’il est
question, comme du reste dans tout l’Ancien Testament. Ses yeux voient, ses
paupières sondent les fils des hommes. Quelle solennelle et puissante
consolation pour ceux qui sont dans l’épreuve. Les voies gouvernementales de
Dieu nous sont encore découvertes davantage. [11:5] L’Éternel sonde le juste :
l’histoire de Job, image de ce qui arrive à Israël, nous l’apprend. Aujourd’hui,
l’état de choses qui nous entoure n’est en aucune manière une révélation du
gouvernement de Dieu ; la foi sait que Dieu a la haute main et que toutes choses
concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu [(Rom. 8:28)] ; mais Dieu ne
gouverne pas immédiatement, en sorte que l’état de choses présent puisse montrer
le résultat de l’estimation que Dieu fait du bien et du mal ici-bas. S’il en
était ainsi, nous ne verrions aucun mal toléré ; le juste fleurirait et
prospérerait dans toutes ses voies : mais il en est tout autrement. Pendant ce
temps, l’Église a sa part en dehors du monde, elle a le lieu de son habitation
là où Christ est allé lui préparer place ; elle souffre avec lui et régnera avec
lui [(2 Tim. 2:12)]. Mais quant à tous ses saints, il les éprouve ; [11:6] quant
au méchant qu’il hait, il fera pleuvoir sur lui le jugement, des pièges, du feu
et du soufre ; [11:7] car l’Éternel juste aime la justice et sa face regarde
l’homme droit.
Fondement de la foi en
Dieu qui sonde tout et jugera au temps convenable
Tel est donc, pour ce temps-là, le vrai fondement de la foi, alors que le résidu
sera dans l’épreuve. Dieu regarde : il éprouve le juste et exécutera son
jugement au temps convenable. Cela découle du fait que : [11:7] « l’Éternel
juste aime la justice ». Mais si c’est là le fondement général de la confiance
et de la marche de l’homme pieux, le juste, cependant, n’est pas insensible au
mal, et il peut le présenter à Dieu, comme nous le voyons au Psaume suivant.
Psaume 12
[12:1] « Sauve, Éternel ! car l’homme pieux n’est plus » ; [12:3] l’Éternel
retranchera les lèvres flatteuses et la langue orgueilleuse, car tel est le
méchant. [12:4] Le méchant ne connaît ni résistance, ni frein à sa volonté ; il
dit : « Qui est seigneur sur nous ? ». [12:5] Mais, parce qu’il opprime les
débonnaires, à cause de cela même, l’Éternel se lève. [12:6] La parole de Dieu
en laquelle les fidèles avaient mis leur confiance, et qui leur promettait du
secours, comme témoignage nécessaire du caractère de l’Éternel vers lequel ils
ont regardé, cette parole de Dieu est pure, éprouvée par sept fois ; elle
portera infailliblement son fruit promis ; il n’y a en elle rien de trompeur.
[12:7] L’Éternel préservera ses pauvres de la génération des méchants ; [12:8]
mais les méchants ont libre carrière quand les gens vils sont élevés parmi les
fils des hommes.
Psaume 13
Au Ps. 13, le juste est réduit à la dernière extrémité, en tant qu’il s’agit du
mal qui vient des hommes : [13:1] on pourrait penser que Dieu l’a entièrement et
définitivement oublié. [13:2] Son ennemi a été exalté par-dessus lui, et lui,
consultait dans son cœur ; [13:3] mais alors il a crié, il a regardé vers
l’Éternel pour être entendu, de peur qu’il ne pérît, d’un côté, [13:4] et de
peur aussi que son ennemi ne pût dire qu’il a eu le dessus. [13:5] Jéhovah
l’entend ; le juste peut se réjouir de sa délivrance et chanter la louange de
Celui dans la miséricorde duquel il s’est confié et qui, à la fin, agit envers
lui dans sa bienveillance.
Psaume 14
Au Ps. 14, le mal a atteint son apogée devant Dieu. Ce qui est toujours vrai de
la chair est placé maintenant sous le regard de Dieu, au temps où il va juger.
[14:1] Les hommes s’élèvent orgueilleusement contre Lui : oui, c’est là ce qui
amène le jugement. [14:2] L’Éternel regarde des cieux pour voir s’il y a, parmi
les hommes, quelqu’un qui ait de l’intelligence ou qui cherche Dieu. Mais il n’y
a personne. Il y a bien un résidu, en qui la grâce opère, que l’Éternel
reconnaît déjà comme son peuple (verset 4) ; [14:4] et les méchants le dévorent
comme ils mangeraient du pain ; ils n’invoquent point l’Éternel. L’orgueil et la
méchanceté de l’homme sont là dans leur plein épanouissement ; [14:5] mais
bientôt tout change : Dieu est au milieu de la génération juste. La frayeur
tombe sur l’orgueilleux [14:6] qui, peu auparavant, jetait de l’opprobre à
l’affligé parce qu’il se confiait en l’Éternel. Le verset 7 nous montre que tout
ceci est présenté d’une manière anticipée et prophétique et nous fait voir où et
comment tout sera accompli : c’est le désir de l’homme pieux selon
l’intelligence de la foi. Le juste attend la délivrance, il l’attend de Sion,
remarquons-le, n’étant pas satisfait jusqu’à ce que le Seigneur établisse là sa
louange. Le peuple est envisagé comme étant captif.
Psaume 15
[15:1] Alors vient la question : Qui aura part aux bénédictions de cette sainte
montagne lorsque le Seigneur aura établi en Sion le siège de son juste pouvoir ?
Le Ps. 15 répond à cette question : [15:2] Ce sera celui qui marche dans
l’intégrité de son cœur dans le chemin de la loi. Remarquez ici que, tandis que
les hommes pieux, — quand tout est obscurité autour d’eux, quand la méchanceté a
complètement le dessus, que les fondements de toute espérance terrestre de la
part des hommes, même dans les choses qui concernent Dieu sur la terre, sont
détruits, et que la méchanceté a pris la place de la justice, — élèvent leurs
yeux en haut et voient le trône immuable dans le ciel, et ainsi toutes choses
dans le ciel et sur la terre mises en rapport ensemble ; cependant le point
qu’ils ont en vue, c’est l’Éternel dans le temple de sa sainteté, et la
délivrance venant de Sion. C’est, en effet, ainsi que les choses s’accompliront
(voyez És. 66:6). Le trône immuable dans le ciel établira en puissance le trône
longtemps vide sur la terre. L’Éternel sera dans son temple, mais il régnera, en
la personne de Christ, en Sion. C’est une délivrance juive dans son caractère,
et selon les justes espérances des Juifs.
Remarques générales sur
ces Psaumes
Relation avec l’Éternel dans son temple goûtée par le résidu non encore chassé
du pays
Nous devons faire ici une remarque générale et importante : c’est que le résidu
jouit pleinement du sentiment de sa relation avec l’Éternel. Quelle que soit
l’épreuve, quelle que soit la condition du résidu, quelle que soit la méchanceté
du peuple ou l’oppression des nations dans le pays, la foi du résidu regarde à
sa relation avec l’Éternel. C’est pourquoi aussi l’Éternel est vu comme étant
dans son temple [(11:4)], bien que, pour le moment, il n’y ait encore aucune
manifestation de sa puissance. Le résidu, par conséquent, n’est pas envisagé non
plus comme encore entièrement chassé hors du pays, ni la puissance de
l’antichrist comme manifestée : quand l’antichrist établira sa puissance, il y
aura révolte ouverte et les fidèles seront obligés de s’enfuir. Mais le méchant
et les nations, comme telles, dans le pays, sont en vue, et nous apprenons
clairement par le Ps. 11, que l’expression : « le méchant » désigne ici un
caractère et non une personne ; c’est pourquoi nous avons le pluriel partout,
excepté au vers. 5, où le méchant est mis en contraste avec le juste.
Délivrance du résidu
par l’Éternel établi en Sion et chassant les Gentils oppresseurs]
Les Psaumes qui nous occupent dans ce moment, passent par-dessus l’expulsion du
résidu hors de Jérusalem, nous introduisent en espérance sur une autre scène, et
nous montrent la délivrance opérée par l’Éternel quand il est réellement revenu
à Jérusalem : non pas, comprenons-le bien, la destruction de l’antichrist par la
venue du Seigneur descendant du ciel ; mais l’expulsion des oppresseurs Gentils
par l’Éternel établi en Sion. C’est pourquoi tout Israël est introduit (Ps.
14:7), et la délivrance vient de Sion. C’est pourquoi aussi, ces Psaumes, dans
la mesure où ils s’appliquent à Christ, ont en vue le temps durant lequel Christ
marchait sur la terre avant sa réjection finale. En général ils ne s’appliquent
pas directement à lui, sauf les Ps. 2 et 8, mais au résidu ; cependant dans sa
marche sur la terre depuis son baptême par Jean-Baptiste, Christ s’est associé
publiquement au résidu, dans sa grâce, comme, à la fin de sa carrière, il a
goûté en grâce les souffrances finales des fidèles au terme de leur histoire.
État du résidu au
milieu des nations non encore apostates
Tous ces Psaumes nous présentent l’état du résidu pendant qu’il a encore sa
place au milieu des nations qui n’ont pas encore ouvertement rompu avec
l’Éternel par l’apostasie, mais dont la méchanceté se montre de fait et mûrit
jusqu’à son plein développement : les fidèles devancent, par la foi, le temps où
l’Éternel, assis en Sion, délivrera son peuple, jetant hors de son pays tous les
Gentils, et ramenant tout Israël de la captivité. Toute la scène des derniers
jours est devant nous, excepté la dernière demi-semaine du pouvoir de
l’antichrist. Jéhovah est encore dans sa demeure, publiquement reconnu. Il en a
été ainsi exactement aux jours du Seigneur. Le Ps. 14:5 nous parle d’Élohim
parce que ce n’est pas la relation qui est ici en question, mais Dieu lui-même
dans sa nature et son caractère. Ce n’était pas l’homme, ni rien qui fût de
l’homme, ni même la puissance de Satan, qui était là, mais Dieu était avec la
génération juste.
Psaume 16
Ps. 16-24 — Relations de Christ comme le Messie avec le résidu
Psaume 16
Position de Christ ici-bas en lien avec le résidu
Christ prend place au milieu du résidu
Avec le Ps. 16, nous commençons une série importante de Psaumes, — ceux dans
lesquels la relation de Christ lui-même avec le résidu nous est présentée par
l’Esprit divin. Dans le Ps. 16, Christ prend formellement place au milieu du
résidu. Ce Psaume est cité par l’apôtre Pierre en Actes 2 [(v. 25-28)], et par
Paul en Actes 13:35, pour prouver la résurrection de Christ, et l’allusion qui y
est faite en Hébreux 2:13 : « Je me confierai en lui », a pour but de montrer sa
participation à la nature humaine. Quant à la citation textuelle d’Hébreux 2,
elle est la traduction littérale d’Ésaïe 8:18, d’après les Septante.
Ps. 16 v. 2-3 —
Position prise par Christ, comme serviteur parfait, au milieu des saints du
résidu
Au verset 2, Christ dit à l’Éternel : « Tu es le Seigneur, ma bonté, etc. » ; et
au verset 3 il dit aux saints : « En eux sont toutes mes délices ! ». Ce Psaume
prend ainsi une valeur toute particulière : Christ prend place en grâce au
milieu du pauvre résidu d’Israël ; il prend la place de serviteur, pour
parcourir ce sentier de la vie que nul homme dans la chair n’avait trouvé dans
ce monde, et qui conduisait par la mort au-delà de la mort, où il y a abondance
de joie. Christ prend une position de dépendance, de confiance, non pas
d’égalité divine ; et celui qui dit qu’il ne prend pas cette place, doit avoir
un titre à faire ainsi, sans quoi il serait inutile de le dire. Il prend une
autre position ; il prend la place de serviteur et appelle l’Éternel son
Seigneur. Mais ce n’est pas tout : quelque seul qu’il puisse être dans sa
perfection, quelque parfait qu’il puisse être en s’anéantissant ainsi, il prend
place au milieu des saints sur la terre ; et il ne prend pas cette place
seulement de fait, mais avec la plus complète affection. Il prend son plaisir en
eux ; il se réjouit de les appeler « les excellents de la terre ».
Association, et non
union, aux saints sur la terre
Ajoutons que ce n’est pas aux saints célestes qu’il s’associe, et que ceux dont
il parle ici, ne sont pas unis à lui dans le ciel ; — mais il s’associe à eux.
Quelques-uns peuvent entrer dans le ciel par ce chemin de vie dont il a lui-même
tracé l’empreinte, [16:3] mais il s’associe à eux et il se les associe sous ce
nom d’« excellents de la terre ».
Caractère de
dépendance, s'appuyant sur l’Éternel
Remarquez de plus que le Psaume tout entier respire cet esprit et porte ce
caractère de dépendance si précieux pour le pauvre résidu. Ce n’est pas ici : «
Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » [(Jean 2:19)] ; — ce
qui était prendre une place divine : son corps était un temple, — il l’a relevé
lui-même ! Mais ici, il s’appuie comme homme sur l’Éternel, parfait dans cette
position comme dans la première. [16:10] « Tu n’abandonneras pas mon âme au
shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ».
Détail des principes de
ce psaume, Christ y ayant une place prépondérante
Considérons ce Psaume plus en détail ; nous avons dit quelques mots déjà sur les
premiers versets ; mais les principes qu’il renferme sont de la plus haute
importance et méritent une attention toute spéciale à cause de la place que
Christ prend ici.
Ps. 16 v. 1-7 —
Positions prises par le Messie, et part qu’Il a de l’Éternel ici-bas
[16:1] Le Messie, comme homme, s’attend à Dieu, afin que Dieu le garde. Il prend
la position d’homme, non pas seulement comme un Juif invoquant l’Éternel, mais
comme un homme devant Dieu : il met sa confiance en Dieu, et ce principe de
confiance est présenté en Hébreux 2:13, comme un témoignage que le Messie est le
vrai homme. — [16:2] Ensuite il prend la position de serviteur, disant à Jéhovah
: — car il prend maintenant sa position devant lui — « Tu es mon « Adon », mon
Seigneur », et c’est là une position bien définie et distincte. — De plus il ne
prend pas cette position en bonté divine envers d’autres personnes, mais il se
place devant Dieu comme homme : « Ma bonté, dit-il, ne s’élève pas jusqu’à toi
», comme nous le voyons répondre au jeune homme qui s’approcha de lui en
l’appelant bon Maître : — Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon un
seul, Dieu (Luc 18:19). [16:3] Mais, bien qu’en vérité il soit réellement seul,
si nous le considérons dans sa relation avec l’homme, car tous étaient pécheurs,
il prend place avec le résidu, « les excellents de la terre ». Historiquement il
a pris cette position lorsqu’il vint au baptême de Jean-Baptiste avec ceux que
l’Esprit amenait à Dieu par la sainte voie de la repentance. C’était leur
premier pas, et il s’associe à eux en grâce. Néanmoins, même ici, nous sommes
placés en face du résultat final aux derniers jours. [16:4] Il ne veut qu’on lui
parle d’aucun Dieu, sinon de l’Éternel : les misères de ceux qui courent après
un autre seront multipliées. [16:5] L’Éternel lui-même est sa part, il l’a
gardée dans la paisible jouissance de ce dont il était appelé à jouir dans le
conseil de Dieu, [16:6] et les cordeaux lui sont échus en des lieux agréables.
L’héritage de l’Éternel sur la terre était sa part, et cet héritage est tout
particulièrement en Israël. — Voilà sa part ! — mais le chemin à parcourir vient
d’abord ; [16:7] et ici encore, il bénit l’Éternel ; c’est Lui qui toujours le
conduit par son conseil ; le conseil de l’Éternel est avec lui pour le diriger,
et quand, loin des hommes, tout est amené au plus profond de son cœur, ses
propres sentiments les plus intimes ont été lumière et direction. Il en est
toujours ainsi quand nous sommes en communion avec Dieu, car bien que de tels
sentiments soient dans le cœur même, ils sont toujours lumière de Dieu dans le
cœur, le fruit, et le fruit moral de l’opération de son Esprit. Il y avait la
direction positive de l’Éternel, et puis cette intelligence intérieure de l’âme,
résultat de l’opération de Dieu en elle.
Ps. 16 v. 7-8 —
Direction de Dieu dans l’âme et propos du cœur se confiant en l’Éternel
En Christ, sans doute, tout ceci a été parfait. [16:7] En même temps qu’on juge
toutes choses par la Parole, il ne faut pas négliger ce travail de l’âme poussée
et enseignée par Dieu : on y trouve la pensée de l’Esprit en discernement moral.
[16:8] À côté de cette direction, il y avait le propos positif du cœur : il
s’était toujours proposé l’Éternel devant lui ! Il n’avait pas d’autre guide, et
parce que l’Éternel était toujours proche, et à sa droite, il ne serait pas
ébranlé. Ce n’était pas dépendre de soi-même, mais c’était la confiance en
l’Éternel, et véritablement le chemin de la vie, quoique non encore manifesté en
puissance visible (comparez Rom. 1:4).
Ps. 16 v. 9-11 — Chemin
de la vie au travers de la mort
[16:9] C’est pourquoi il se réjouira au travers de tout et passera par la mort
avec une foi sans nuage ; sa chair reposera en assurance ; comme homme, il n’a
pas craint la mort. [16:10] L’Éternel en qui il s’est confié, ne laissera pas
son âme au shéol, ni ne permettra que son saint voie la corruption. L’âme et le
corps, bien que s’en allant respectivement là où vont les esprits des trépassés
et où leurs corps sentent la corruption, ne seront, ni l’une laissée au shéol,
ni l’autre atteint par la corruption. [16:11] Jéhovah lui montrera le chemin de
la vie au travers, mais au-delà de la mort : et de quelle manière bénie ne
l’a-t-il pas fait ? Ce chemin de la vie menait à des joies plus glorieuses que
la bénédiction d’Israël au milieu duquel il était venu habiter ; et là, sans
doute, les excellents de la terre ne pouvaient pas le suivre (Jean 13:33, 36 et
21:19) : il faut auparavant qu’il dessèche les eaux du Jourdain pour eux, et
qu’il en fasse le chemin pour eux aussi, après y avoir lui-même passé. Car ce
sentier, depuis qu’il a conduit au travers de la mort, doit conduire (s’il est
réellement le chemin de la vie) à ce qui est au-delà de la mort — dans la
présence de Celui dont la face est un rassasiement de joie, et là où il y a des
plaisirs à sa droite pour toujours.
Résultats du chemin
suivi par le Seigneur ici-bas
Tels sont, et la bienheureuse issue et les résultats bénis du chemin du Seigneur
au travers de ce monde, où il est venu prendre place au milieu des saints, et
où, dans la confiance en l’Éternel, entre les mains duquel il a remis son
esprit, il a suivi le chemin qui, — s’il s’est chargé de nous, — devait conduire
à travers la mort, et qu’il a retrouvé alors en résurrection pour entrer ainsi
comme homme auprès de Celui devant qui il y a plénitude de joie. L’Esprit de
sainteté caractérisa la vie du Fils de Dieu d’un bout à l’autre : il a été
déclaré tel, en puissance, par la résurrection ; mais, étant homme, il a été
élevé et est entré dans la présence de Dieu qu’il s’était toujours proposé
devant lui [(16:8)]. La vie de sainteté et de confiance trouve là sa parfaite
joie. Il est notre précurseur ; — Dieu en soit béni, et loué soit le précieux
Nom de Celui qui a parcouru ce chemin !1
1 Comparez à ce point de vue Jean 12:23-24, où Christ est rejeté, et la revendication de sa gloire telle qu’elle apparaît dans les chap. 11, 12 et 13, comme Fils de Dieu, roi d’Israël et Fils de l’homme.
Relation avec d’autres
passages, et distinction des relations avec Israël et avec l’Église
Arrêtons-nous un moment ici pour considérer la relation de tout ceci avec
d’autres écritures auxquelles nous avons déjà fait partiellement allusion ; nous
arriverons ainsi à mieux comprendre la vraie position de Christ au milieu
d’Israël et la différence qu’il y a entre les relations d’Israël et celles de
l’Église avec Lui. En même temps nous apprendrons à connaître les sentiments
divinement parfaits de Christ lui-même dans cette position. Christ s’est associé
aux saints en Israël ; seulement cette position qu’ils sont appelés à prendre,
en témoignage de leur retour à Dieu, il l’a prise volontairement. Nous apprenons
(Héb. 2:11) que cette association a lieu avec « ceux qui sont sanctifiés » :
Christ forme, avec le résidu pieux, manifesté ainsi pour Dieu, une seule
compagnie ; il ne prend point à honte de les appeler frères, s’étant chargé de
leur cause et étant en conséquence devenu homme, devenu chair et sang, parce que
les enfants que Dieu lui avait donnés participaient à la chair et au sang [(Héb.
2:14)]. Il est réellement devenu homme, mais pour s’identifier avec les intérêts
et assurer la bénédiction des saints1, du résidu des enfants que Dieu amenait à
la gloire et qui sont distingués de la masse d’Israël pour laquelle ils devaient
être un signe (voyez És. 8:18). Ce passage du prophète envisage la condition de
ce résidu et l’attente de meilleurs jours : laissant de côté l’Église qui n’est
pas le sujet de la prophétie, la Parole passe ici, comme elle le fait souvent
ailleurs, de la relation personnelle de Christ avec les saints en Israël, à la
position et à la part de ces saints aux derniers jours. Le passage d’Ésaïe que
nous venons de citer est particulièrement clair sur ce point, et nous aide
grandement à bien saisir la manière dont l’Esprit de Dieu passe de l’histoire
précédente des saints en Israël, aux derniers jours, omettant entièrement
l’Église. Christ, en Esprit, n’a en vue que ces saints, c’est-à-dire sa relation
avec eux, le résidu d’Israël, et dans cette mesure, avec la nation ; il passe
ainsi par-dessus toute l’histoire de l’Église, afin de se retrouver de nouveau
dans la même relation avec la nation aux derniers jours. « Lie le témoignage »,
dit-il, « scelle la loi parmi mes disciples. Et je m’attendrai à l’Éternel
(comme en Héb. 2:13), qui cache sa face de la maison de Jacob, et je l’attendrai
» (És. 8:16, 17) : ceci a été accompli quand il est devenu le sanctuaire rejeté
et la pierre d’achoppement. Le passage va ensuite jusqu’à la gloire finale,
alors qu’Israël le possédera, Lui, comme « le Fils qui nous est né » (És. 9:6,
7). Si nous ne faisons pas abstraction de l’Église, il nous est impossible de
comprendre les prophéties de l’Ancien Testament : l’Église a une part céleste,
mais Christ peut considérer séparément sa relation avec son peuple terrestre.
1 Devenant ainsi homme et en ce qu’il glorifie Dieu dans son œuvre comme homme, il a aussi droit — par le don de Dieu — sur toute chair.
Part de Christ et
sentiments qu’Il y manifeste
Idolâtrie ôtée avant la part amenée par le Seigneur, liée à sa résurrection
Reprenons notre Psaume 16. Le lecteur remarquera l’allusion qui y est faite, au
vers. 4, à l’idolâtrie, ce grand sujet de controverse entre Dieu et Israël. Nous
apprenons, par Matt. 12:43, 45, et És. 65, que les Juifs tomberont dans
l’idolâtrie aux derniers jours. [16:2] L’Esprit prophétique de Christ reconnaît
l’Éternel seul, [16:3] et ce n’est qu’après que toute cette idolâtrie aura été
ôtée, que, aux jours qui sont à venir, il se réjouira dans la part que le
Seigneur lui a donnée avec les « excellents de la terre ». La certitude de cette
espérance est liée à la résurrection, qui est la condition nécessaire de son
accomplissement, et que la faveur de l’Éternel assure à son Oint, [16:10] en
vertu de cette puissance qui ne souffrira pas que son Saint voie la corruption.
C’est pourquoi l’apôtre fait allusion aux « grâces assurées de David » (Actes
13:34), c’est-à-dire à l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu à
Israël, comme preuve que Christ devait ressusciter d’entre les morts pour ne
plus voir la corruption.
Sentiments du Seigneur
exprimés, dans la position qu’Il a prise avec Son peuple
Rien, si ce n’est sa mort, ne peut être plus beau que l’expression des
sentiments du Seigneur qui nous sont donnés dans ce Psaume, dans lequel il
exprime lui-même la position qu’il a prise et qu’il a prise avec les saints.
L’Éternel est sa part ! Combien cela a été vrai ! Quel autre avait-il que
l’Éternel ? [16:3] Cependant il a pris son plaisir dans les saints. Ne
voyons-nous pas qu’il a pris plaisir en ses disciples ? Dès le premier pas de la
vie spirituelle dans les fidèles du résidu, manifestée dans leur soumission au
baptême de la repentance prêché par Jean, il s’identifie avec eux, lui qui
certainement n’avait pas besoin de repentance ; [16:8] et ainsi, comme un homme
fidèle, un Israélite, il se propose toujours l’Éternel devant lui. [16:10]
Ainsi, même dans la mort, il se confie en lui pour la résurrection, chemin de la
vie au travers et en dépit de la mort (chemin qu’il a ouvert pour nous) ;
[16:11] et là, il le sait, l’Éternel, Dieu, la présence de son Père, est une
plénitude de joie, — « il y a des plaisirs à sa droite pour toujours ». C’est la
joie la plus élevée, la propre joie de l’âme et de l’Esprit de Christ : — non
pas la gloire, mais la présence de Dieu.
Psaume 17
Appel au jugement de Dieu, Christ étant juste et s’attendant à Lui
La clef du Ps. 16 se trouve dans les mots : « Je me confie en toi » [(16:1)] ;
celle du Ps. 17 dans ceux-ci : « Écoute, ô Éternel, la justice ! » [(17:1)]. Au
Ps. 16, nous avons trouvé le chemin bienheureux et l’opération de cet esprit de
confiance : et ce Psaume, nous l’avons vu, est essentiellement applicable à
Christ lui-même, en personne, bien que le même esprit opère aussi dans le
résidu. Le Ps. 17 s’applique également à Christ, mais non pas aussi complètement
: le point de vue en est un peu moins élevé, quoiqu’il soit également celui de
l’Esprit de Dieu : nous voyons clairement qu’au vers. 11, il a en vue d’autres
personnes que Christ lui-même, bien que non pas sans Christ, comme le montre le
verset 11 : « À chacun de nos pas, maintenant ils nous environnent ». [17:1]
Cependant Christ est là, car, sans lui, nul ne peut dire avec raison : « Écoute
la justice ! ». Notre Psaume est un appel à l’Éternel pour qu’il juge, Dieu se
levant pour défendre la justice de celui qui l’invoque. Le résidu fidèle sera
finalement délivré de ses ennemis mortels ; l’Éternel se lèvera pour confondre
ceux-ci. Toutefois quelques-uns, même d’entre les sages, tomberont (Dan. 11 [v.
35]) : Christ lui-même, parfait en toutes choses, a succombé, quoique pour des
raisons bien plus glorieuses, mais cependant dans ses sympathies pour son
peuple. C’est pourquoi la justice s’élève bien plus haut que la délivrance
présente du résidu pieux sur la terre par le gouvernement de Dieu, — à un
résultat vrai à l’égard de Christ et qui fait la consolation de la foi de tous
ceux qui tomberont sous l’oppression de l’ennemi : « Moi, je verrai ta face en
justice ; quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image » (verset 15).
Ceci est entièrement vrai de Christ qui est devant son Père en justice et qui
est l’image même du Dieu invisible [(Col. 1:15)], celui en qui Dieu est
manifesté en gloire. Mais Christ a tracé le chemin qu’il a parcouru, comme le
Juste sur la terre, au milieu du mal, et là où il fut exposé aux tentations de
l’ennemi. [17:3] Avant tout il y avait en lui, jusque dans ses pensées les plus
secrètes, une parfaite intégrité de cœur ; il y avait en lui, dans l’obéissance,
le propos de ne pas transgresser ; [17:4] les paroles de la bouche de Dieu le
dirigeaient dans l’obéissance ; et ainsi il ne mit jamais un seul instant le
pied dans les sentiers du destructeur ; les paroles de la bouche de Dieu ne
conduisent jamais là, comme le Seigneur nous le montre dans sa tentation au
désert. [17:5] Dans les sentiers de l’Éternel, il regardait à l’Éternel afin
qu’il affermît ses pas : or c’est ici une partie de la justice dans l’homme,
savoir la dépendance. [17:6] Il a imploré Dieu, avec la pleine assurance que
Dieu l’entendrait, et telle est la confiance que nous avons.
Fondement de l’attente
de Christ dans l’intervention divine
Tel a été le sentier de Christ : [17:7] Christ en fait ensuite le fondement de
son attente en l’intervention de la puissance de Dieu pour sa protection, comme
Dieu délivre ceux qui se confient en lui, de l’oppression des méchants : « Rends
admirable ta bonté, toi qui, par ta droite, sauves de leurs adversaires ceux qui
se confient en toi » (vers. 7). [17:14] Ils étaient dans la prospérité, ils
s’enorgueillissaient ; mais l’Éternel était le refuge de Christ quand il
n’intervenait pas encore, et Christ s’attendait à son intervention ouverte en sa
faveur.
Proximité de confiance
avec Dieu, le juste sentant sa valeur pour Dieu
Remarquez que la perfection du caractère moral établit une proximité de
confiance et donne le sentiment qu’on a du prix aux yeux de l’Éternel : Dieu
voudrait voir ce sentiment en nous aussi. Combien plus valons-nous que des
passereaux ; les cheveux mêmes de notre tête sont comptés [(Matt. 10:30-31)] !
Ici tout cela est parfait, [17:8] et le juste en appelle à l’Éternel pour être
gardé comme la prunelle de l’œil, comme ce qui est le plus précieux à celui qui
le possède.
Rupture d’avec le monde
et bénédiction dans le monde à venir
Après tout, ces oppresseurs prospères ne sont que les instruments de l’Éternel,
— des hommes de ce monde, rassasiés de tout ce que leur cœur peut désirer, par
la providence extérieure de Dieu — mais quelle leçon pour les Juifs dont la
part, selon la loi, était d’être bénis dans « leur corbeille, dans leur huche et
dans le fruit de leur ventre » [(Deut. 28:4-5)]. (Comparez la parabole du riche
et de Lazare [(Luc 16:19-31)], et celle de l’économe infidèle [(Luc 16:1-13)]).
La Parole nous présente ici clairement la rupture avec ce monde et une place
dans la gloire du monde à venir. [17:15] « La face de l’Éternel en justice » et
« son image » après le réveil dans un autre monde, valent bien [17:14] la part
des « hommes de ce monde ». Mais, remarquez-le, la mort et un autre monde sont
ici pleinement en vue, — bien que la délivrance aussi le soit, le résidu étant
introduit ici d’une manière plus distincte : il en est ici comme de Matthieu 5,
où nous trouvons ces deux mêmes choses. — Nous trouvons ainsi, dans ce premier
livre, les Juifs à la fin des jours, mais au milieu de circonstances pareilles à
celles de la vie de Christ, c’est-à-dire vivant pieusement au milieu d’un peuple
méchant.
Psaume 18
Christ souffrant et mourant pour la délivrance d’Israël
Le Ps. 18 nous présente la relation de Christ avec toute l’histoire d’Israël, et
en particulier Christ entrant dans les souffrances de la mort (non pas cependant
dans les souffrances expiatoires ; celles-ci nous sont présentées au Ps. 22). Ce
Psaume fait ressortir la liaison de la délivrance d’Israël et du jugement final
exécuté en sa faveur sur la terre, avec le droit que Christ avait à cette
intervention. Sans doute l’expiation était absolument nécessaire pour
l’accomplissement de ces choses, mais ce n’est pas à ce point de vue que les
souffrances de Christ sont envisagées ici. Dieu prend son plaisir en lui ; Il
lui répond selon l’intégrité de son cœur, et délivre le résidu souffrant, aux
souffrances duquel il s’est associé. Christ, en un mot, est la base de toutes
les délivrances d’Israël, la cause de leur délivrance d’Égypte, et de leur
complète et finale rédemption en puissance aux derniers jours, et leur
libérateur personnel également. Il est dépendant de l’Éternel ; l’Éternel
l’entend ; ses souffrances sont devant nous : [18:50] mais à la fin il accomplit
avec la puissance de l’Éternel la délivrance de son peuple, et est alors le
témoin fidèle de la miséricorde de Dieu (khesed) envers David son oint, et
envers sa semence à toujours. La miséricorde ici n’est pas seulement cette
miséricorde dont nous parlerions à des pécheurs, mais la faveur et la grâce
manifestées et goûtées, devenant ainsi la source de la piété dans l’homme. Cette
miséricorde est célébrée particulièrement dans le Ps. 89, où le terme « khasid
», saint, est appliqué à Christ en qui se concentrent la bonté, la piété et la
miséricorde. Il est le « khasid » (Ps. 89:19). C’est pourquoi les grâces
accordées à Israël à la fin (et réellement à tous ceux qui en jouissent) sont
appelées « les grâces assurées de David » [(És. 55:3)], confirmées par une
alliance éternelle, et de fait, comme l’apôtre nous le montre, assurées par la
résurrection de Christ [(Act. 13:34)], rendant ainsi bien claire leur liaison
avec les douleurs de la mort dont parle notre Psaume.
Utilisation de
circonstances particulières pour dévoiler une scène plus vaste
Principe essentiel des Psaumes, dévoilant ce qui ne s’applique qu’à Christ seul
Le Ps. 18 place également sous nos yeux une preuve scripturaire directe et un
exemple de l’application d’un principe essentiellement important concernant la
nature de tous les Psaumes, et nous donne ainsi une clef de leur caractère
général et de leur forme. Nous apprenons par 2 Sam. 22 que l’occasion de ce
Psaume a été la célébration par David de la délivrance qui lui a été accordée de
la main de Saül et de tous ses ennemis. Mais il est évident que les paroles du
Psaume ne s’arrêtent en aucune manière à quelqu’un des événements particuliers
de la vie de David, et que dans son dessein général l’Esprit de Dieu n’a pas
même en vue ce qui est arrivé à ce David souffrant, déjà oint, qui a été
l’occasion du Psaume. L’Esprit de Dieu s’empare de la circonstance qui a un
intérêt présent et personnel pour celui dont il se sert uniquement comme
prophète, comme d’une occasion pour dévoiler la scène plus vaste dont Christ
seul peut être le centre et l’explication complète, et relativement à laquelle
les circonstances de David ne forment qu’un des anneaux (peut-être d’un haut
intérêt) de cette chaîne qui conduit jusqu’à la pleine manifestation de Dieu et
de ses voies dans leur grand résultat.
Application des
prophéties des Psaumes, bien au-delà des circonstances de l’écrivain
Il en a été ainsi de tous les prophètes et, ici, d’une manière toute spéciale.
L’invasion de Sanchérib, par exemple, sert d’occasion pour introduire sur la
scène l’Assyrien des derniers jours. De cette façon, les prophéties avaient une
application du plus haut intérêt dans le temps où elles étaient prononcées et
révélaient alors le gouvernement de Dieu, mais elles étaient en même temps la
révélation de ces événements de la fin, sur la terre, au milieu de ces mêmes
peuples et nations dans lesquels le gouvernement de Dieu doit être et sera
entièrement et finalement manifesté. Les prophéties ne sont pas « d’une
interprétation particulière », « idias epiluseôs » (2 Pierre 1:20), mais elles
font partie du plan général du gouvernement de Dieu. Dans les Psaumes, en
particulier, l’écrivain et l’occasion immédiate disparaissent quelquefois
presque entièrement, et ne sont jamais l’objet principal, bien qu’il faille
toutefois en tenir compte, là où les paroles du Psaume sont l’expression propre
de sentiments personnels, au lieu d’être la révélation de faits objectifs. Dans
ce dernier cas, les circonstances au milieu desquelles se trouvait l’écrivain,
ont peu d’application. Les Psaumes, plus que d’autres parties de la prophétie,
introduisent l’écrivain sur la scène, quoique le croyant reconnaisse que le
Saint Esprit s’est servi des sentiments de celui qui parle pour créer ainsi une
ressource pour d’autres, l’Esprit dominant cependant et opérant en eux, et
connaissant l’écrivain par sa propre puissance bien au-delà de tout ce que les
circonstances auraient suggéré à son esprit. Le sentiment, produit par la
circonstance qui pouvait donner lieu au Psaume, n’était que l’occasion pour le
Saint Esprit de se servir de l’écrivain pour préparer un document divin qui
guidât les fidèles dans les âges futurs, ou révélât les sentiments de Christ
lui-même comme prenant la cause de son peuple. Ces sentiments pouvaient être
ceux de l’écrivain également comme cela se présente souvent quand il s’agit de
piété ; mais, dans tous les cas, les paroles qui nous sont rapportées étaient
comme la provision faite par l’Esprit pour les jours à venir, ou bien une
prophétie relative à Christ lui-même et à la part qu’il prend aux voies de Dieu
envers Israël et s’étendant, — si nous considérons le livre des Psaumes dans son
entier — jusqu’à la célébration complète et manifeste des résultats de ces
voies.
Ps. 18 v. 1-19 —
Christ, représentant Israël, passe au travers de la mort et est délivré, étant
dépendant
Le Ps. 18, nous l’avons dit, introduit l’histoire d’Israël tout entière, et
parle comme si déjà la délivrance de dessous l’oppression de la puissance
hostile était accomplie ; mais il célèbre particulièrement l’Éternel lui-même,
le Libérateur, exprimant toujours la dépendance dans laquelle demeure à son
égard celui qui parle. Tel est le sujet de ce Psaume. Ensuite, selon l’habitude
des Psaumes, il passe par toutes les circonstances qui ont amené l’âme à ce qui
est célébré dans le, ou les premiers versets. Christ nous est présenté : [18:4]
les douleurs de la mort l’environnent, la foule des méchants le presse ; [18:5]
les souffrances du hadès l’accablent et les cordeaux de la mort entourent son
âme. Je ne doute pas que nous n’ayons ici l’expression littérale de ce que David
a éprouvé, comme le montre d’ailleurs le verset 50 ; cependant, ainsi que je
l’ai dit plus haut, ceci n’est que l’occasion, et le fond du Psaume s’applique à
Christ : Christ passe dans son âme, comme à Gethsémané, au travers des douleurs
de la mort. Là est le fondement de tout le reste. — Viennent ensuite la
dépendance et les supplications : [18:6] dans sa détresse il implore l’Éternel
et crie à son Dieu ; l’Éternel l’entend comme habitant au milieu d’Israël, et
son cri parvient jusqu’à Lui — puis les résultats suivent. Christ ici ne
représente qu’Israël, car l’Église n’a rien à faire ici. Les vers. 7 à 16 nous
présentent la délivrance d’Israël hors d’Égypte par l’intervention puissante de
l’Éternel ; mais Israël avait d’autres difficultés ; [18:17] il fallait que la
puissance des ennemis qui étaient plus forts que lui, pour ce qui concerne la
chair, fût annulée : [18:19] ceci aussi a été accompli, et il a été amené en un
lieu prospère.
Ps. 18 v. 19-28 —
Justice de Christ, agréable à Dieu, imputée aux fidèles
Un autre principe est ainsi introduit : — la justice dans laquelle Dieu prenait
plaisir, et qui, bien qu’elle ne se trouve parfaitement et absolument qu’en
Christ, comme homme vivant, caractérise cependant les fidèles du résidu
d’Israël, dans le cœur desquels est gravé l’amour de la loi de Dieu. Ce principe
est développé depuis la fin du vers. 19 jusqu’au vers. 26. Christ est le
fondement de tout ceci, mais c’est comme entrant dans la condition et les
souffrances de son peuple. Il est l’Israël en esprit ; et c’est pourquoi, tandis
que toute la valeur de sa perfection est devant Dieu pour les fidèles, —
perfection de Celui dont toute la vie, dans son identification avec eux, était
agréable à Dieu — nous devons nous placer au point de vue du résidu, et de David
lui-même. Car si Christ prit place au milieu des fidèles du résidu, dans sa
propre perfection, pour leur donner la valeur de cette perfection devant Dieu
comme lui étant agréables, c’est cependant l’état de ceux à qui elle devait être
comptée qui est réellement placé sous nos yeux dans notre Psaume. De là vient
cette expression importante pour bien juger de l’usage littéral des Psaumes : «
Je me suis gardé de mon iniquité » (vers. 23). Christ eût pu dire : « Je me suis
gardé de l’iniquité », mais non pas « de mon iniquité ». Mais l’Esprit de piété
(de Christ) dans les fidèles du résidu les garde, en sorte qu’ils ne suivent pas
la chair : ils reconnaissent qu’Israël s’est égaré ; ils se sont tous égarés.
Mais, comme principe général, cette méchanceté était la leur propre, — ce qu’ils
étaient en eux-mêmes ; — seulement ils en étaient gardés, et c’est là la vérité
dans l’homme intérieur ; exactement ce que Dieu recherche [(51:6)]. C’est le
gouvernement de Dieu qui nous est ici clairement présenté dans ses immuables
principes (vers. 25, 26). Or Christ, ayant entrepris la cause du résidu, comme
s’étant associé à lui, à ces « excellents de la terre » [(16:3)], toute la
valeur de ce qui appelait sur lui le bon plaisir de Dieu, et qui, par grâce, se
reproduisait en eux, était le principe de leur acceptation devant Dieu, bien que
finalement tout dût reposer sur l’expiation. Mais, dans les fidèles, cette
intégrité et cette nature divine intérieure se manifestaient en ce qu’ils
étaient préservés de leur voie naturelle. À côté de cela il y avait une autre
partie de ce gouvernement, savoir les tendres soins pour les affligés, par
lesquels ceux-ci étaient sauvés, et tout l’orgueil de l’homme abaissé (vers. 27)
: [18:28] au milieu des ténèbres la lampe pouvait luire et la lumière se lever
dans les ténèbres pour le juste.
Ps. 18 v. 29-50 —
Puissance délivrant le résidu et introduisant le royaume
Christ victorieux prenant le royaume et dominant sur tout
Une autre scène se présente maintenant à nous : — la puissance qui délivre le
résidu pieux ; et comme Christ avait pris part à l’affliction, au commencement,
et qu’ensuite nous avons trouvé les fidèles dans leur propre position à eux,
Christ cependant n’étant pas séparé d’eux, pour ce qui est de l’intérêt qu’il
leur porte, et de son association avec eux (car il ne s’agit pas ici d’union qui
est la part de l’Église) ; — ainsi il faut ici que Christ saisisse le pouvoir en
personne (précisément comme dans Marc, nous le voyons occupé des semailles et de
la moisson, aussi tout le temps intermédiaire s’écoule sans que son intervention
personnelle ou ses soins apparaissent, quoique la récolte fût toujours à lui).
La parole de Dieu s’est montrée ferme au travers de tout, [18:30] et l’Éternel
lui-même a été un bouclier pour ceux qui se confient en lui ; mais maintenant il
donne la force et la victoire à son Oint pour Israël, depuis le vers. 29 jusqu’à
la fin du Psaume. Sans doute, le langage est celui de David ; mais c’est
réellement l’introduction du royaume de Christ. Si l’on a bien saisi le
caractère général de la dernière partie de notre Psaume, quelques observations
suffiront pour en faire ressortir les détails : la victoire, une victoire à
laquelle rien ne peut résister, domine toute cette fin du Psaume, mais au vers.
43 il y a quelques particularités à noter. Trois classes de personnes y sont
mentionnées comme devant servir le Messie : le peuple, aux séditions duquel il a
échappé ; les nations dont il a été établi chef ; puis un peuple, jusque-là
inconnu, avec lequel il n’avait pas encore été en relation. Le Messie est
délivré des luttes et des débats des Juifs impies — il est établi chef des
nations ; enfin un peuple, jusque là étranger, le servira, — devenu maintenant
un peuple qui lui appartient. La soumission sera immédiate, tant sont manifestes
maintenant sa puissance et sa gloire ; même là où il n’y a pas de vraie
sincérité, ou au moins de preuves de cette sincérité, il sera obéi sans coup
férir, tout genou se ployant devant lui. Il s’agit ici du millénium ; l’Éternel
est de nouveau reconnu.
Célébration de
l’Éternel une fois toutes les difficultés du peuple traversées
Ayant traversé toutes les difficultés du chemin avec Israël, ou du moins avec
les Juifs, nous nous retrouvons en face du but originel du Psaume. Je ne vois
pas l’antichrist ici : le seul mot qui pourrait sembler se rapporter à lui, est
l’expression du vers. 48 : « l’homme violent » ; mais je pense que cet homme
violent est un ennemi du dehors : [18:49] c’est pourquoi le Psaume célèbre
l’Éternel parmi les nations, tandis que la destruction de l’antichrist serait
célébrée parmi les Juifs.
Christ homme dépendant,
souffrant et victorieux, associé à Israël
Il faut le remarquer ici, Christ quoique revêtu de force de par Dieu, est
envisagé comme l’homme dépendant, et, sur la terre, soit souffrant, soit
victorieux. Nous le trouvons tel que nous avons pu apprendre à le connaître par
l’étude des versets 4-6, au commencement du Psaume, dans ses souffrances et sa
détresse ; et bien que David soit partiellement en scène, cependant c’est
réellement le Messie qui nous est de nouveau présenté depuis le vers. 32. Dans
l’intervalle, nous trouvons Israël, premièrement délivré comme nation, ensuite
traversant les afflictions et la calamité. Alors les principes du gouvernement
de Dieu sont établis, et la délivrance est introduite. Il est du plus haut
intérêt de voir, après que la personne du Messie a été introduite et que son
association avec le résidu pieux a été établie, l’histoire publique d’Israël
rattachée tout entière, depuis le commencement jusqu’à la fin, à son intérêt
pour eux, et à sa participation à leurs douleurs : « Dans toutes leurs
angoisses, il a été en angoisse ».
Psaume 19
Ps. 19-21 — Témoignages rendus à Israël et au monde]
Psaume 19
Nous arrivons maintenant aux témoignages rendus dans le monde ou à Israël. Le
Ps. 19 nous fournit deux de ces témoignages : [19:1] d’abord la création, et
particulièrement la création dans les cieux, qui se trouve au-dessus de l’homme
et n’a pas été corrompue par lui : c’est là un témoignage à Dieu, comme Dieu.
Ensuite il y a la loi (vers. 7), la loi de l’Éternel. Devant ce double
témoignage, le péché apparaît sous un double aspect au Juif pieux dans son
humble condition : [19:12] en premier lieu, il ne peut pas dire son péché, tant
il le connaît peu — et ici il désire être purifié. [19:13] En second lieu, il
entrevoit des actions commises par fierté ; et de celles-ci, il désire être
gardé. De cette manière il sera préservé de se détourner de l’Éternel en quoi
que ce soit.
Psaume 20
Le témoin fidèle délivré de sa détresse, les fidèles s’associant à Lui de cœur
Au Ps. 20, au milieu des souffrances et du mal qui est entré dans le monde, en
rapport avec les deux témoignages précédents, la Parole place devant nous le
témoin fidèle, le témoin vivant lui-même. [20:1] On le voit au jour de sa
détresse, car il est descendu au milieu d’un peuple impie ; le résidu,
prophétiquement désigné par le fait qu’il prend part à la détresse du Messie,
est assuré que l’Éternel exaucera son Oint. Il y a de la conscience dans les
fidèles ; la vérité est dans leurs cœurs en présence de la loi, et de la loi
comprise spirituellement ; ils s’intéressent de cœur au Messie lorsqu’il est
méprisé et rejeté des hommes ; [20:2] toutefois nous sommes en Israël et ils
attendent le secours du Dieu d’Israël et de ce Dieu comme demeurant au milieu
d’eux et ayant là son sanctuaire. Au Ps. 16, le Seigneur s’identifiait avec le
résidu ; ici les fidèles s’associent de cœur avec lui dans ses souffrances et
son combat, bien qu’ils n’en voient peut-être que le dehors, [20:6] étant
assurés toutefois de son acceptation devant l’Éternel. [20:3] Ils désirent que
ses oblations soient acceptées, [20:4] que le désir de son cœur et ses conseils
soient accomplis et que toutes ses demandes lui soient accordées. [20:5] Leur
joie est dans la pleine délivrance de cet Oint béni, mais dépendant, et le vers.
6 exprime la parfaite assurance de leur foi à cet égard : l’Éternel a exaucé du
ciel, [20:8] les puissants sont tombés, les pauvres du troupeau sont relevés et
soutenus devant lui. — Au vers. 9, le Messie prend une autre position : l’Oint,
dépendant de l’Éternel, avait été délivré au jour de sa détresse ; maintenant
les fidèles du résidu attendent que le roi les exauce au jour qu’ils crient à
lui. C’est toujours à l’Éternel qu’on s’attend comme Sauveur, mais on invoque le
Messie, le Roi ; ils savent maintenant que l’Oint est élevé sur le trône. Nulle
autre partie des Écritures ne dévoile la personne de Christ comme les Psaumes, à
l’exception toutefois des deux premiers chapitres de l’épître aux Hébreux, qui
s’y rapportent et leur servent de clef. — Ici le Messie associé au résidu est
l’homme dépendant, mais élevé aussi comme Roi pour être invoqué par Israël ; un
peu plus loin nous trouverons qu’il est l’Éternel lui-même.
Association de
l’Éternel et du Roi dans le jugement
Je ne vois pas de raison pour changer ici le texte conformément aux Septante,
que d’autres, et parmi eux la Vulgate, ont suivi. Les anciens, la version
syriaque et toutes les interprétations juives lisent comme nous, au lieu de
lire, comme le veulent quelques-uns : « Éternel, sauve le roi ! réponds-nous,
etc. ! ». Déjà au Ps. 21 l’Éternel et le Roi sont associés dans le jugement,
comme nous les avons vus associés plus haut, au Ps. 2 ; et c’est ici précisément
le point capital de l’instruction des Psaumes, — le mystère de la manifestation
de Christ dans la chair.
Psaume 21
Réponse aux demandes du Ps. 20 par la délivrance du Messie
Le Ps. 21 est la réponse à la requête du Ps. 20 : l’élévation de Christ y
projette sa lumière pour mettre en relief le vrai caractère des demandes du Ps.
20. [21:1] Le roi se réjouit dans la force de l’Éternel et s’égaie de la
délivrance que cette force a introduite. [21:2] Cette délivrance est ensuite
manifestée : l’attente patiente du résidu, comme nous l’avons vu au Psaume
précédent, était que l’Éternel accorderait au Messie souffrant le désir de son
cœur et exaucerait toutes ses demandes [(20:4-5)]. Maintenant, par l’élévation
de Christ, ils peuvent dire, et l’Esprit dit pour eux : « Tu lui as donné le
désir de son cœur et tu ne lui as pas refusé la requête de ses lèvres ». [21:3]
Bien plus, la bienveillance et l’amour de l’Éternel pour lui, le prévenaient par
des bénédictions excellentes et mettaient sur sa tête une couronne d’or fin.
Mais ce Psaume nous révèle avec plus de détails ce qui s’était réellement passé
et ce qui avait été accompli. [21:4] Le Messie avait demandé la vie à l’Éternel
(comp. Héb. 5 [v. 7]) et Il la lui avait donnée, même une longueur de jours pour
toujours et à perpétuité, c’est-à-dire la vie éternelle de l’homme ressuscité et
glorifié. Telle avait été la réponse de l’Éternel au cri du Messie souffrant,
quand la mort avait été devant lui ; cela est clairement manifesté dans ce qui
suit. [21:5] Sa gloire est grande par cette délivrance, par la faveur de
l’Éternel ; il a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père [(Rom.
6:4)] ; l’Éternel l’a revêtu de majesté et de magnificence ; [21:6] il l’a mis
pour bénédictions à toujours et l’a rempli de joie par Sa face. Telle a été la
délivrance du Messie souffrant, la réponse de Dieu à son cri, la glorification
de l’homme souffrant. Il n’est pas envisagé ici comme portant la colère de Dieu
; au contraire, lorsqu’il est abattu, le secours doit venir de l’Éternel, et le
jugement de ses ennemis en est, comme nous l’avons vu, la conséquence.
L’inimitié et les machinations de l’homme sont en vue, [21:8] puis vient le
jugement : la droite du Roi trouve tous ses ennemis ; [21:9] l’Éternel les
engloutira. Je le répète, ce ne sont pas les souffrances expiatoires du Christ
qui nous sont ici présentées, mais les machinations méchantes des hommes. C’est
pourquoi les souffrances du Messie n’amènent pas la paix, mais le jugement.
Témoignage des justes
voies de Dieu dans les souffrances et la glorification de Christ
[21:2] Nous trouvons donc ici Christ souffrant, et criant à l’Éternel ; [21:3]
Christ élevé comme homme, couronné de gloire et d’honneur ; [21:8] Christ,
enfin, exécutant le jugement sur ses ennemis ; et les trois Psaumes qui viennent
de nous occuper, ont fait passer successivement devant nous le témoignage de la
création, le témoignage de la loi, puis les souffrances et l’élévation du Messie
(le vrai et fidèle témoin), véritable et final témoignage des justes voies de
Dieu. Ce témoignage sera de la plus haute importance pour le résidu aux derniers
jours, soit quant aux souffrances, soit quant à l’assurance de la délivrance.
Christ a souffert comme homme de la part des hommes et pour sa fidélité ; le
jugement des hommes en sera la conséquence ; en attendant il est élevé en haut.
Mais il a aussi souffert de la part de Dieu pour le péché, et les faits qui s’y
rapportent sont développés au Ps. 22, de même que les résultats de ces
souffrances spéciales.
Psaume 22
Souffrances de Christ dans Son œuvre pour la gloire de Dieu
Souffrances uniques de Christ, glorifiant Dieu et fondement de la bénédiction
Au Ps. 22, les souffrances de Christ ont un caractère différent et bien plus
profond qu’au Ps. 20. Nous sommes placés en face de l’œuvre glorieuse qui est le
fondement de toute la bénédiction développée dans les autres Psaumes, ainsi que
de toute la bénédiction et de la gloire éternelles. En même temps, cette œuvre
rend possible l’intérêt que Christ prend à ses saints, parce qu’elle rend cet
intérêt légitime et aboutit à la gloire de Dieu. — Nous avons déjà fait observer
ailleurs, comme principe général, que souvent le sujet d’un Psaume nous est
donné dans le premier ou les premiers versets : c’est encore ici le cas. Christ
avait souffert de la part des hommes, de la part d’hommes aussi violents
qu’insensibles ; [22:16] des chiens l’avaient environné, [22:12] de puissants
taureaux de Basan l’avaient entouré. Mais si la mesure de ces souffrances
dépasse toute expression, si ce que Christ a souffert ainsi, il l’a senti plus
et autrement que des souffrances ordinaires de la part des hommes, parce qu’ici,
ces souffrances étaient entièrement injustes, et supportées par amour pour
l’Éternel pour le nom duquel il souffrait la honte ; cependant d’autres que lui
avaient, dans une certaine mesure et pour l’amour du Seigneur, enduré des
souffrances de la part des hommes sans pitié ; si lui, en grâce, a été le Chef
et le Consommateur de la foi [(Héb. 12:2)], d’autres que lui — et c’était, quant
à eux, le privilège qui leur était accordé, et quant à Dieu, la bonne volonté de
sa grâce — avaient par grâce fait quelques pas dans ce sentier tracé par Dieu.
[22:4] Ils s’étaient confiés en Dieu et ils avaient été délivrés ; selon qu’il
l’avait promis, l’Éternel ne les avait jamais délaissés ou oubliés ; ils
savaient, dans leurs consciences, qu’il ne manquait jamais à aucune de ses
bonnes et miséricordieuses promesses. Mais ici, nous nous trouvons en face d’une
souffrance qui était hors de la portée de la promesse, et bien plus, qui devait
poser le fondement de son juste accomplissement ; nous sommes en présence d’une
scène nouvelle, d’une scène sans pareille dans le passé et dans l’avenir de
l’histoire éternelle des cieux et de la terre, d’une scène unique : — [22:1] le
juste abandonné de Dieu. Impossible qu’elle se retrouve une seconde fois, car
elle y perdrait son caractère et détruirait ou ruinerait son premier témoignage,
Dieu parfaitement glorifié, moralement glorifié à l’égard du péché (et Dieu ne
l’aurait pas été, si la scène avait dû être répétée). Elle s’accomplit une fois
pour toutes, complètement et parfaitement. La nature de Dieu est établie
moralement, en témoignage dans l’univers ; et il n’y a plus aucune place pour la
répétition d’une telle œuvre. Tout est accompli, la gloire de Dieu est
parfaitement et éternellement établie.
Manifestation de la
justice et de l’amour divins dans l’œuvre de Christ
Mais pour amener ce résultat, à l’égard du bien et du mal, afin que la justice,
la grâce et l’amour pussent être établis là où sont la faiblesse et le péché, il
a fallu que tout ce que Dieu était contre le mal fût constaté et réalisé. Mais
contre qui ? — Qui est-ce qui pourra l’endurer ? — Si c’est contre le pécheur,
ce sera pour lui le malheur éternel, et l’amour, ce que Dieu est, ne sera pas
manifesté. Mais le Seigneur se donne lui-même, lui qui était seul capable de
porter le fardeau et qui, dans la plus profonde humiliation de ceux dont il prit
la cause, était puissant pour accomplir l’œuvre dans leur nature. Il porte dans
son âme le poids de tout ce que Dieu est contre le mal. Heure terrible ! Elle
seule peut nous faire comprendre ce que sont la justice et le jugement.
Le juste parfait
abandonné, glorifiant Dieu dans Sa vie et dans Sa mort
Voilà ce qui nous est présenté ici, ce qui nous est présenté dans les paroles
même de Christ, manifestant le grand fait et le sentiment qu’il en avait : ce
qui s’est passé là, nul cœur d’homme ne peut le sonder. C’est le fait qui est
placé devant nous ici, mais avec l’expression du sentiment qu’il en a eu
lui-même. Cependant nous avons sous les yeux le juste, conscient de sa justice,
celui qui est parfaitement obéissant ; il a le sentiment de son néant quant à sa
position, mais aussi le sentiment de la perfection certaine et immuable de
l’Éternel. [22:1] Il est juste, et il peut dire : Pourquoi ? [22:3] Il est
soumis — « et toi, tu es saint ». Ici, nulle activité de la volonté mettant en
question les voies de Dieu, mais un état sûr et parfait qui voit, quoi qu’il en
soit, la perfection de Dieu. [22:1] Car le seul juste qui eût glorifié Dieu dans
toutes ses voies, est seul exclu ici de toutes les voies de la juste faveur de
Dieu envers les justes : il est abandonné ; [22:2] il crie et l’Éternel ne
l’entend pas ; [22:6] il est un ver et non pas un homme. Mais cette position ne
pouvait durer, pas plus qu’il ne pouvait être retenu par la mort, parce qu’il
avait glorifié Dieu parfaitement en allant jusqu’au bout de l’épreuve et en
attendant le temps qui conviendrait à Dieu. Celui qui faisait partout et
toujours les délices de l’Éternel ne pouvait pas être exaucé jusqu’à ce que tout
fût accompli, bien qu’il fût l’objet de ce bon plaisir de l’Éternel plus
glorieusement, et à plus juste titre, que dans l’accomplissement d’une justice
vivante, quelque parfaite qu’elle eût été. Dans sa vie, il avait glorifié Dieu à
l’égard du bien ; il avait été parfait dans son obéissance comme homme et
parfait en manifestant le nom de grâce de son Père, proclamant ce que Dieu
était, quoi qu’il pût lui en coûter ; les outrages de ceux qui outrageaient
Dieu, sont tombés sur lui [(69:9)] : — mais maintenant, étant fait péché, il
glorifie Dieu à l’égard du mal ; et ceci a un caractère et une valeur absolument
uniques dans son genre, comme nous l’avons vu : À cause de ceci le Père m’aime,
c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne (Jean 10:17).
Abandon de Christ au
moment où Il glorifie parfaitement Dieu
Là où le péché est placé devant Dieu, c’est-à-dire où Christ était fait péché,
mais dans une position où son obéissance était absolue et parfaite, dans un
entier dévouement de lui-même pour Dieu ; — ce qui est le contraire du péché —
là où la justice de Dieu trouvait un motif d’amour : dans cette position même
Dieu devait l’abandonner, pour poser à la fois le fondement de la justice
éternelle et de la bénédiction éternelle. Là, Dieu était parfaitement glorifié
et le fondement de l’accomplissement de tous ses conseils en gloire était établi
d’une manière immuable.
Perfection de l’œuvre
de la croix vis-à-vis de Dieu
La croix, base d’une bénédiction parfaite selon la justice immuable de Dieu
Plus nous étudions la croix, plus nous y voyons la solution de toute la question
du bien et du mal, ainsi que l’établissement de la base immuable de la
bénédiction parfaite que Dieu veut manifester en justice, en grâce et aussi en
majesté, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite. Pour
nous, nous y découvrons d’abord le témoignage béni que la croix fait face à tous
nos besoins ; mais en la contemplant en paix, nous y voyons l’homme dans tout
son péché, haïssant et rejetant Dieu manifesté en grâce et en bonté ; puis,
toute la puissance de Satan ; les disciples s’enfuyant de peur et le monde tout
entier exerçant sa puissance contre Christ ; tandis qu’il y avait, d’autre part,
dans la personne de Christ, l’homme, dans une bonté et une obéissance absolues,
aimant le Père et glorifiant Dieu quant au péché même et selon que ce péché
l’avait rendu nécessaire. En même temps, nous voyons là, comme nulle part
ailleurs, Dieu dans sa justice parfaite contre le péché et dans son amour
parfait envers le pécheur. L’innocence était une bénédiction conditionnelle,
mais la croix établit une bénédiction parfaite dont la valeur ne peut jamais
changer. C’est une justice éternelle. C’est pourquoi la bénédiction des nouveaux
cieux et de la nouvelle terre est immuable. Nous avons eu un Éden innocent, un
monde pécheur ; nous aurons, outre le règne de la justice, de nouveaux cieux et
une nouvelle terre où la justice habite [(2 Pier. 3:13)], et nous le devrons à
la croix.
Perfection de l’œuvre
accomplie pour la gloire de Dieu
Lorsque l’œuvre, cette œuvre morale de la glorification de Dieu, est complète,
[22:21] alors il est exaucé des cornes des buffles. L’homme et tout ce qui s’y
rattache est hors de vue, d’épaisses ténèbres le couvrent, alors que tout ce qui
est de Dieu, comme ce qui est de la puissance et de l’impuissance du mal
s’opposant à la souveraine bonté et à la justice de Dieu, a été amené à ce
résultat divin où Dieu a été glorifié. Tout se passe entre l’âme de Celui qui
est une offrande pour le péché et le juste Jéhovah, et tout est accompli. Il est
parfait ; il a établi la gloire de Dieu ; il l’a glorifié lorsqu’il ne pouvait
pas être exaucé ; puis il a été exaucé, et tout est accompli ! Il descend, il
est vrai, dans le tombeau, sûr et irréfutable témoin du fait que tout ce qui
tenait à cette grande cause dont la mort était le témoin ordonné, était arrivé à
son terme ; mais il y descend seulement afin de ressusciter sans que rien manque
désormais à la perfection de l’œuvre de propitiation et à la glorification de
Dieu à l’égard du péché ; à la victoire complète sur l’ennemi, quel qu’il soit,
même le dernier ennemi, la mort. Il est exaucé ! Qui pouvait le mettre en
question parmi ceux qui ont su qu’il était ressuscité ?
Jésus a tout réglé et a
une nouvelle relation avec Dieu basée sur Sa justice
Que reste-t-il maintenant ? — Le péché ? En ce qui concerne les résultats de
l’œuvre accomplie, il était entièrement et à jamais ôté de devant les yeux de
Dieu pour ceux qui avaient une part avec Christ1. — La colère ? Il en avait bu
la coupe. — Le jugement contre le péché ou le jugement du croyant à cause du
péché ? Il l’avait porté. — La puissance de la mort sur l’âme ? Il en avait
triomphé. — La puissance de Satan qui avait l’empire de la mort ? Il l’avait
anéantie. Mais la lumière de la face et de l’amour du Père était là, le bon
plaisir du Père en justice divine et en notre faveur. Jésus entre dans une
nouvelle relation avec son Dieu et Père, en tant qu’établie devant lui en
justice sur le fondement de ce qu’il avait accompli pour le glorifier et non pas
seulement comme objet personnel des éternelles délices du Père : c’est pourquoi
cette position est immuable pour ceux qui y ont une part avec lui, ainsi que
pour la bénédiction éternelle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Cette
position a été acquise pour des pécheurs en ôtant leur péché, et elle est fondée
sur la justice de Dieu lui-même. Comme homme il entre maintenant dans la pleine
bénédiction de cette relation avec Dieu sur la base de la justice divine.
1 Cela a été manifesté par l’envoi du Saint Esprit après que le Seigneur eut été glorifié. Les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront la pleine manifestation des résultats de l’œuvre de la croix qui sera, en outre, la juste base de la condamnation de l’homme incrédule.
Résultats bénis de
l'œuvre accomplie
Termes employés par Jésus dans Sa relation avec Dieu
Christ, durant sa vie ici-bas, employait naturellement, dans sa relation avec
Dieu, le terme « Père ». [22:1] À la croix, après les heures de ténèbres, il dit
: « Mon Dieu, mon Dieu » (en mourant, de même qu’en Gethsémané, il dit : « Père
» [(Luc 22:42)]) et après sa résurrection, Père et Dieu (Jean 20:17) — le
premier terme exprimant sa relation personnelle et les délices du Père, le
second, la justice divine dans laquelle il nous a introduits.
Bénédiction liée au nom
du Père déclaré à ses frères
[22:22] Mais Jésus avait « ses frères » — ceux, du moins, auxquels il s’était
associé et qu’il aimait plus que tout après la gloire de son Père. Une fois
entré dans le lieu sans nuages de la bénédiction, son cœur n’avait plus besoin
que de déclarer à ses frères le nom qui était l’expression de cette bénédiction
; le connaître, c’était être amené à cette bénédiction : « Je déclarerai ton nom
à mes frères ». Ce témoignage si particulièrement précieux de son amour est
précisément celui que Christ a donné à ses disciples après sa résurrection : «
Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon
Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17).
Exaucement quand
l’œuvre est parfaitement accomplie
[22:21] Remarquez que c’est « des cornes de buffles » qu’il a été exaucé, au
moment où son œuvre s’achevait, lorsqu’il avait soumis son âme à la mort comme
jugement divin. L’obéissance jusqu’à la mort étant complète, l’exaucement
devenait juste et nécessaire. La résurrection en a été la preuve pour l’homme ;
mais lui pouvait dire : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » [(Luc
23:46)] ; remettre son esprit réellement à son Père, et assurer le brigand qu’il
serait ce jour-là même avec lui dans le Paradis [(Luc 23:43)].
Ps. 22 v. 22-31 —
Bénédiction sur la terre découlant des souffrances passées
J’ai déjà fait observer un caractère infiniment précieux de ce Ps. 22, si
différent de ceux qui parlent des souffrances de Christ de la part des hommes,
et même en contraste avec eux, car, ici, tout est grâce. Pas un mot de jugement
! En effet, qui donc aurait à passer en jugement, après que Dieu lui-même avait
infligé les souffrances et caché sa face à Celui qui se présentait comme le
substitut des croyants ? Par ces souffrances mêmes, ils étaient délivrés de
leurs péchés. Sans doute, ces souffrances étaient l’expression du jugement, mais
d’un jugement passé, épuisé, de sorte que tout était grâce désormais. Dès lors,
la grâce coule comme un fleuve, flot après flot, portant la bénédiction et rien
d’autre. Remarquons, toutefois, que cette bénédiction est ici tout entière sur
la terre, tant il est vrai que le Seigneur n’a en vue qu’Israël et les Juifs,
dans les Psaumes ; et quoique nous ayons vu passer devant nous sa propre
résurrection et que nous ayons plus loin la mention de son ascension, en sorte
que le chemin de la vie soit ainsi ouvert à la foi jusqu’en la présence de Dieu
lui-même, néanmoins le lieu d’habitation céleste des saints n’est pas révélé.
Nous savons bien que les vérités sur lesquelles repose la bénédiction,
s’étendent plus loin que la terre, mais le Psaume n’en parle pas : [22:22] « Je
te louerai au milieu de la congrégation ». Le résidu rassemblé alors est le
premier cercle réuni dans les parvis de la louange ; — puis vient la bénédiction
millénaire de tout Israël. [22:23] Ceux qui craignent l’Éternel sont invités à
le louer. Les hommes ne savent que craindre Dieu, et rien de plus ; mais cette
œuvre fait que ceux qui le craignent le louent en ce jour-là. Ainsi, ceux qui
craindront l’Éternel pendant la tribulation à venir et qui souffriront pourront
désormais prendre courage, car Christ sera le garant de leur délivrance et leur
confiance (et il peut l’être parce qu’il a fait la propitiation). [22:24] De
fait, il sera leur délivrance positive, parce que l’Éternel, au jour où Christ
affligé a crié, n’a pas fermé l’oreille à son cri, ni caché sa face de lui,
lorsqu’il avait crié : Jéhovah l’avait entendu. — Il avait été affligé pour un
moment, mais seulement afin que dans ces souffrances la propitiation fût faite ;
il est exaucé, maintenant qu’elle est accomplie. Il pouvait donner à d’autres
aussi l’assurance de la délivrance. [22:26] Il en résulte que les débonnaires de
la terre mangeront et seront rassasiés ; ils seront en paix. [22:27] Mais la
bénédiction ne sera pas limitée à Israël : tous les bouts de la terre s’en
souviendront, et se tourneront vers l’Éternel, et se prosterneront devant lui,
[22:28] car le règne appartiendra au Seigneur ; c’est lui qui dominera [22:29]
et tout genou fléchira devant lui. [22:31] La bénédiction n’est pas même limitée
à cette génération, mais ils viendront et raconteront sa justice à un peuple qui
naîtra et lui annonceront que le Seigneur a fait ces choses.
Méditation sur l’œuvre
de Christ et ce qui en découle
Sentiments de Christ en accomplissant l’œuvre, appréciée et acceptée de Dieu
En m’occupant ici de l’explication des Psaumes, je dois laisser de côté la
méditation de l’œuvre elle-même sur laquelle le Ps. 22 est fondé ; je dis :
fondé, parce que le Psaume parle de ce que Christ a senti en accomplissant
l’œuvre, plutôt que de l’œuvre elle-même. Je désire seulement que ce constant et
inépuisable sujet de méditations des saints ait sur l’âme de mon lecteur, comme
sur la mienne propre, toute la force dont de faibles créatures humaines, par la
puissance du Saint Esprit, peuvent être capables. Pour ce qui concerne la paix,
notre consolation est que, comme l’œuvre a eu sa source dans l’amour de Dieu,
Dieu aussi apprécie cette œuvre parfaitement, et qu’en même temps qu’il a
glorifié Jésus, il a lui-même accepté cette œuvre pour notre paix. Mais, je le
répète, je ne suis occupé ici que de la structure du Psaume lui-même, pour la
développer de mon mieux.
Souffrances expiatoires
de Christ entraînant la grâce pour tous
Quant aux souffrances extérieures, le lecteur remarquera combien elles étaient
profondes ; mais Christ seul, entre tous les justes, devait porter le poids de
l’abandon de Dieu : lui qui avait souvent exprimé sa confiance en l’Éternel, et
l’intimité de sa relation avec lui, et qui avait enseigné ses disciples à mettre
leur confiance en Celui qui exauçait toujours la prière, [22:1] il faut qu’il
proclame publiquement qu’il n’est pas exaucé, mais abandonné ! Quelle expression
de ce que fut cette heure ! — Comme nous l’avons déjà fait remarquer, les
souffrances de Christ de la part des hommes amènent le jugement sur ses ennemis
; tandis que l’abandon qu’il souffre de la part de Dieu, étant expiatoire, — et
c’était, pour lui, endurer le jugement — tout ce qui en découle n’est que grâce
sans mélange ! [22:21] Une fois exaucé des cornes des buffles, tout est grâce.
[22:22] Un fleuve de grâce coule pour le résidu, [22:23] ensuite pour Israël,
[22:27-29] pour le monde, [22:30-31] pour la génération à venir — et la seule et
unique source de cette grâce, c’est l’œuvre inébranlable et divinement parfaite
de l’expiation, accomplie dans la mort de Christ. Quant à l’œuvre, dans les
souffrances, il a été seul. — [22:22] Cela fait et accompli, il prend place au
milieu de la congrégation dont il s’entoure.
Joie découlant de la
délivrance et de la connaissance de Dieu
Remarquez combien parfaite a dû être en Christ la connaissance du nom de son
Dieu et Père, dans la jouissance de laquelle il entrait comme homme après qu’il
eut ôté le péché, combien parfaite a été en lui la joie qui en découlait, comme
aussi la pleine satisfaction de Dieu en lui et dans son œuvre. Tout ce que Dieu
a été contre lui alors, il l’est pour lui maintenant, en vertu de l’excellence
de son œuvre ! Quelle connaissance Christ ne doit-il pas avoir de ce que c’est,
que de passer des souffrances insondables de la croix dans cette lumière de la
joie divine ! Eh bien ! cette délivrance est ici le motif de sa louange, et tel
doit être aussi le caractère de nos louanges ; elles doivent découler de la
bienheureuse certitude que nous sommes sortis de l’enceinte du péché, de la mort
et du jugement, et entrés dans la perfection de la faveur divine. Tout ce qui ne
découle pas de ce sentiment-là est en désaccord avec Celui qui conduit nos
louanges.
Psaumes 23 et 24
Psaumes 23 et 24 — Confiance en la fidélité de l’Éternel, et justice de ceux qui
partageront la gloire terrestre
Les Psaumes 23 et 24 s’interprètent en quelque sorte, eux-mêmes : nous y
trouvons la parfaite confiance dans le Berger, l’Éternel, fondée sur
l’expérience de ce qu’il est en toute circonstance [(Ps. 23)], puis le caractère
de ceux qui auront une part avec Jacob [(Ps. 24)] : deux principes que les Ps.
16 et 17 ont mis en évidence relativement à Christ, et qu’on retrouve dans un
grand nombre d’autres Psaumes : savoir la confiance en la fidélité de l’Éternel,
et la justice pratique qui caractérise ceux qui se tiendront dans la sainte
demeure de l’Éternel au temps de sa gloire millénaire. Mais l’Éternel y prend
place, comme Roi de gloire. Ceci nous donne le côté divin, dans toute sa
perfection, du chemin suivi par le Seigneur et du résultat manifesté dans la
gloire terrestre, par rapport au résidu, à Christ, et à l’Éternel. Nous
trouvons, en outre, le témoignage précieux pour nous que, d’un côté, Christ a sa
place et sa part avec les fidèles dans le sentier que Dieu leur a tracé, et que,
d’un autre côté, il l’a avec l’Éternel, car il était réellement homme, et
réellement l’Éternel. Mais entrons un peu plus dans les détails.
Psaume 23
Bénédiction de se reposer sur l’Éternel et Sa fidélité connue, plutôt que sur
Ses dons
Ce qui rassure et réjouit l’âme au Ps. 23, ce n’est pas ce que l’Éternel donne,
mais l’Éternel lui-même. [23:2] Il nous fait reposer (car c’est là le fruit
naturel de sa grâce en tout temps et cela en sera aussi le résultat) dans de
verts pâturages et nous mène à des eaux paisibles. Douce et abondante pâture, là
où ne peut atteindre aucune sécheresse, — sécurité pour en jouir et conduite
sûre vers ces rafraîchissements divins, dont on jouit en paix, telle est la
portion donnée par les soins du Berger ; mais ce qui donne confiance et ôte les
craintes, c’est lui-même. Le mal est entré sur la scène : nous devons le sentir
en nous-mêmes, mais Christ, dans tout ce qui l’a entouré, en sorte qu’il a pu
être saisi d’une profonde tristesse et troublé ; mais nous, hélas, plus que cela
! [23:3] Le bon Berger, — et Christ est pour nous le bon Berger — restaure l’âme
et nous conduit dans des sentiers de justice à cause de son nom. La bénédiction
dépend de ce qu’il est, non pas de ce que nous avons saisi. [23:2] Sans doute
j’ai de la bénédiction et j’apprends à la goûter dans les verts pâturages ;
[23:3] et, si j’ai été troublé ou que je me sois égaré, il restaure mon âme.
[23:4] Mais avec le chagrin et la douleur, le péché a apporté aussi la mort.
Alors il vient et me fait passer au travers de la mort et me console. [23:5]
Ensuite, il y a des ennemis mis sur le chemin ; il dresse la table devant moi et
je m’en rassasie en leur présence. Quelle consolation, là aussi, pour le
chrétien ! Puisque c’est de l’Éternel lui-même que je suis appelé à dépendre, et
non pas des circonstances dans lesquelles je me trouve, — je peux dire : « Tu as
oint ma tête d’huile, ma coupe est comble ». [23:6] Lorsque j’ai vu toutes les
peines et les difficultés de la route, j’ai l’Éternel lui-même plus
distinctement comme étant la bénédiction, en sorte que je puis compter sur elle
pour toujours, car lui ne change pas. En ayant fait l’expérience dans le passé,
devant tous les effets de la puissance de l’ennemi, et sachant ce qu’il a été
Lui-même pour moi dans ces circonstances, je puis compter sur la bénédiction en
tout temps, pour l’avenir. — La fin des voies du Seigneur est que nous serons
amenés à habiter avec lui à jamais. La bénédiction est moins apparente à la fin,
mais bien plus profonde et plus personnelle, et, comme nous l’avons dit, l’âme
se repose sur l’Éternel, connu dans toutes les circonstances, et non pas sur la
bénédiction qu’il se plaît à donner. Une âme exercée a ainsi, comme résultat,
une bénédiction bien plus profonde qu’une âme simplement bénie. Le résultat pour
Israël — et bien plus pour nous — est plus que les verts pâturages dans
lesquels, à l’origine, le peuple avait été le troupeau placé par l’Éternel ; il
est dans la profonde connaissance qu’une âme exercée a acquise de la fidélité de
l’Éternel, et ainsi, selon la béatitude de sa propre nature, le repos sera son
repos. [23:2] Les verts pâturages convenaient à des brebis, [23:5] mais la tête
ointe, la coupe débordante [23:6] et la maison du Seigneur pour toujours, voilà
ce qui convenait à Celui qui demeurait là.
Résultats de la
confiance en l’Éternel, quelque soient les conditions extérieures
Tel est le résultat de la confiance du résidu en l’Éternel alors que les verts
pâturages sont, en quelque sorte, perdus pour un temps : dans ces conditions, on
suit l’Agneau. Pour nous c’est Christ qui est le Berger. Nous souffrons avec
lui, et nous avons de plus une meilleure bénédiction. En attendant, les soins du
Berger sont là sous une autre forme.
Psaume 24
Le Ps. 24, comme nous l’avons vu, nous présente le second aspect de la condition
du résidu à l’égard du bien, de ce que la grâce produit en eux. [23:1] L’Éternel
était le Berger tout le long du chemin ; [24:1] à la fin, la terre et tout ce
qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent, sont à lui. Le ciel n’est pas
directement introduit sur la scène, ni le long du chemin, ni à son terme ;
[24:3] mais l’Éternel a, sur la terre, un lieu spécial de son habitation, une
montagne qui est particulièrement son héritage. Qui montera en ce lieu-là ? —
Ceux dont la parole nous donne le caractère : — [24:4] l’homme qui a les mains
innocentes et le cœur pur ; qui ne s’attache pas aux idoles ; qui ne jure point
faussement à son prochain. — [24:5] Ceux-là seront bénis ; [24:6] ils sont la
génération et ont le vrai caractère de ceux qui recherchent Jacob, car Dieu a
établi en Jacob le lieu de sa demeure. Ils recherchent Jacob en tant que peuple
béni du Seigneur ; mais s’ils montent à la montagne de l’Éternel et entrent dans
sa sainte demeure, la couronne de leur bénédiction, [24:7] c’est que l’Éternel
lui-même entre par les portes ouvertes afin de demeurer là. [24:8] Le Seigneur
victorieux, l’Éternel des armées, entre. Christ lui-même qui a pris la place de
ses brebis pour marcher devant elles, occupe alors la place de l’Éternel, qui
lui appartient de droit, et dans laquelle il est reconnu lorsque la plénitude de
la bénédiction est introduite et révélée. Ceci vient clore le développement de
la position de Christ en rapport avec le résidu, tel que nous l’ont présenté les
Psaumes que nous venons d’étudier, à partir du Psaume 16, le premier qui
introduise formellement ce sujet, et nous avons à nous occuper maintenant de la
position du résidu à un point de vue et sur un terrain nouveaux.
Psaume 25
Ps. 25-41 — Position et sentiments du résidu dans ses circonstances
Ps. 25-26 — Confession et intégrité de l’homme pieux
Psaume 25
Condition du résidu et première mention de la confession des péchés
Christ ayant été introduit, non pas encore en gloire, mais comme s’associant au
résidu et souffrant même la mort pour lui, la Parole peut maintenant nous
occuper prophétiquement de tout ce qui concerne l’état d’Israël. Ici, au Ps. 25,
nous rencontrons pour la première fois la confession des péchés. Il ne s’agit
plus simplement d’une position, comme nous pouvions la trouver dans les Ps. 3 à
7, ni du sentiment des circonstances au milieu desquelles l’homme pieux se
trouve, tel que nous l’ont retracé les Ps. 11 à 15, fondés sur les Ps. 9 et 10 ;
mais la condition tout entière du résidu, comme celui-ci la sentira, est
maintenant placée devant nous.
Confiance du fidèle en
l’Éternel, et caractère du résidu, auquel Dieu répond
[25:1] Les premiers mots caractérisent les fidèles : « À toi, Éternel, j’élève
mon âme ! ». [25:2] L’homme pieux exprime sa confiance en son Dieu et demande à
ne pas être confus dans son attente [25:3] comme le seront ceux qui agissent
perfidement. Le vers. 3 distingue clairement le résidu. [25:4] Il y a dans l’âme
des fidèles le désir de connaître les voies de l’Éternel, d’être enseignés dans
ses sentiers, [25:5] car il est le Dieu de leur salut ; ils se sont toujours
attendus à lui. Au vers. 6, le fidèle se jette entre les bras de la miséricorde
divine, s’abandonnant à Dieu tel qu’il s’était lui-même manifesté en bonté ;
[25:7] il supplie Dieu de ne plus se souvenir des péchés passés d’Israël, mais
de lui-même, à cause de sa bonté ; [25:8] le fidèle sait que l’Éternel est bon
et droit et que, par conséquent, il enseignera le chemin aux pécheurs, et c’est
ici un point important. — Ensuite, nous trouvons le caractère du résidu : [25:9]
les fidèles sont les débonnaires de la terre et l’Éternel les fera marcher dans
la justice ; [25:10] toutes ses voies ne sont que gratuité et vérité envers eux,
et ils gardent son alliance et ses témoignages (vers. 9-10). [25:11] L’homme
pieux confesse ici, de la manière la plus complète, non plus seulement les
péchés passés d’Israël, mais son propre péché ; il s’attend à la miséricorde
seule, tant son péché est grand, et ne fonde son espérance que sur le nom de
l’Éternel. Ceci est d’une grande beauté. Les premiers versets de ce Psaume
avaient présenté l’appréciation que fait l’homme pieux du nom de l’Éternel,
comme il avait été révélé en Israël ; — de ses voies de grâce et de vérité. La
réponse de Dieu à ce cri du résidu, telle qu’elle apparaît dans l’œuvre efficace
de Christ, quoique annoncée par les prophètes et formant la base de tout, aux
yeux de Dieu, n’est pas connue du résidu pieux, à cette époque ; elle ne le sera
que lorsqu’ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé [(Zach. 12:10)]. Mais
s’ils n’ont pas cette connaissance, ils ont celle des voies de Dieu et de ses
promesses ; ils ont les nombreuses déclarations de l’Éternel, dans les
prophètes, que si leurs péchés étaient comme le cramoisi, ils seraient blanchis
comme la neige [(És. 1:18)]. Toute cette révélation est liée pour eux au nom de
l’Éternel, [25:15] et c’est à lui qu’ils regardent, étant, jusqu’à un certain
point, dans la position de la pauvre femme pécheresse avant qu’elle eût reçu la
réponse du Seigneur : Va-t-en en paix ! (Luc 7 [v. 50]). Aux vers. 12 à 14, nous
trouvons la réponse prophétique de l’Esprit en espérance ; aux vers. 15-21,
celui qui est débonnaire, plaçant toute sa position devant le Seigneur. Le grand
résultat et le vrai sens du Psaume nous sont donnés dans le dernier verset.
Position du résidu
devant Dieu et instances envers Lui selon ce qu’Il est
Ce Ps. 25 place toute la condition du résidu devant l’Éternel dans l’expression
devant lui des sentiments d’une âme attirée et enseignée par la grâce ; on y
trouve l’expression claire et complète de la position du résidu et de ses
instances devant l’Éternel, selon ce qu’Il est. Quelques points très spéciaux
sont mis en évidence : [25:7] la confession des péchés passés d’Israël, [25:11]
la confession des propres péchés de celui qui parle ; — [25:6] la miséricorde
est considérée comme la seule ressource. [25:8] Cependant on peut attendre d’un
Dieu si plein de grâce qu’il enseigne des pécheurs ; [25:9] mais ces pécheurs
sont les débonnaires qui doivent hériter de la terre. [25:21] L’intégrité de
cœur les caractérise ; ils se confient en l’Éternel et s’attendent à lui. —
Comparez avec ce Psaume le tableau merveilleux du résidu que nous trouvons au
commencement de l’évangile de Luc. — Le Ps. 25 est à la fois plein de beauté et
tout particulièrement caractéristique.
Psaume 26
Le Ps. 26 est une invocation à l’Éternel, fondée sur l’intégrité et la confiance
en lui. [26:1] L’homme pieux s’étant confié en lui ne chancellera certainement
pas. [26:2] Il invite l’Éternel à sonder son cœur jusqu’au fond, ainsi que fit
Pierre (Jean 21:17) bien qu’il fût tombé. [26:3] Ici encore la bonté de
l’Éternel est le premier motif de l’homme pieux. — [26:4] Ensuite la séparation
des fidèles de la masse infidèle de la nation est mise en pleine lumière et
invoquée comme motif pour que les âmes des fidèles ne soient pas réunies avec
les pécheurs (vers. 9). [26:11] Cependant si le fidèle invoque son intégrité, il
recherche la rédemption et la miséricorde ; [26:12] il sait que la fin sera
bénédiction pour lui : son pied s’est arrêté dans un chemin uni ; il bénira
l’Éternel au milieu de toute la congrégation réunie. En substance, la Parole
nous présente ici la complète séparation des fidèles d’avec la nation, et ces
fidèles devenant la congrégation de Dieu.
Manifestation du cœur
renouvelé par la confession et l’intégrité devant Dieu
Ainsi, dans ces deux Psaumes 25 et 26, nous avons la confession des péchés et
l’intégrité dont se réclame l’homme pieux, le double témoignage du
renouvellement de l’entendement. Quoique la possibilité du gouvernement de Dieu,
en pardon et en miséricorde, soit fondée sur l’expiation qui nous a été
présentée au Ps. 22 et qui est pleinement reconnue par Israël en Ésaïe 53,
postérieurement au temps de ces Psaumes, cependant le point de vue auquel tout
est envisagé par le résidu, dans ces deux Psaumes, est le caractère bien connu
et le gouvernement de l’Éternel en Israël ; les sentiments du cœur renouvelé
sont exprimés en rapport avec ce gouvernement, c’est-à-dire avec les voies de
l’Éternel. Son nom est la clef de leurs pensées et réveille leurs meilleures et
leurs plus vraies affections. C’est la foi d’un Israélite pieux aux derniers
jours. Toute cette portion des Psaumes nous occupe spécialement de l’état moral
du résidu, et plus particulièrement de l’état des fidèles à l’égard de
l’Éternel, les circonstances au milieu desquelles les fidèles se trouvent étant
comparativement moins en vue, quoique les ennemis au-dehors et les
transgresseurs au-dedans soient nécessairement l’occasion des sentiments
exprimés quant à la délivrance et à la rédemption. Le cœur du fidèle a le secret
de toute l’histoire d’Israël et de toutes les voies de l’Éternel envers son
peuple, parce que le fidèle s’attend à la grâce et a fait confession du péché.
C’est le vrai principe de l’intelligence en tout temps, et pour le résidu aussi.
Les voies de Dieu ont été et sont parfaites : on l’invoque afin qu’il se
souvienne de ses compassions et non pas des péchés de la jeunesse de son peuple
: on lui présente les ennemis du peuple. L’espérance du pardon est fondée sur le
nom de l’Éternel (elle est liée, comme nous l’avons vu, avec son gouvernement ;
les fidèles n’ont pas encore tourné leurs regards vers Christ et compris
l’expiation) ; le fidèle dans sa conduite recherche la direction de l’Éternel et
compte sur sa fidélité : il présente tous ses péchés, toutes ses afflictions,
tous ses ennemis, à cœur ouvert, à l’Éternel ; il peut envisager et attendre les
grâces de l’alliance, parce que l’Éternel se trouve réellement auprès d’un
pécheur qui confesse son péché d’un cœur droit.
Psaumes 27 et 28
Ps. 27-28 — Sentiment personnel de sa condition et base de la relation avec Dieu
Psaume 27
Ps. 27 v. 1-6 — Le croyant désire l’Éternel, en confiance, malgré les ennemis
Le Psaume 27 se divise en deux parties, et nous présente ensuite dans les deux
derniers versets, le résultat de l’enseignement de Dieu dans l’âme du fidèle. La
première partie, vers. 1-6, est l’expression de la confiance absolue du croyant,
quels que soient ses ennemis ; la seconde, vers. 7-12, le cri de sa détresse.
[27:4] Le fondement de la confiance, dans la première partie, est « l’œil simple
» ; [27:8] dans la seconde, c’est l’appel de l’Éternel à rechercher sa face.
[27:2] Les ennemis du dehors ou les oppresseurs du dedans (car le résidu les
trouvera tous deux contre lui), [27:3] toute une armée et la guerre qui s’élève,
ne lui inspirent aucune crainte. [27:1] L’Éternel est la lumière et la
délivrance de son âme ; [27:4] son seul désir, c’est d’habiter dans la maison de
l’Éternel pour voir sa beauté et s’enquérir diligemment de Lui dans son temple.
Il l’a connu quand il mettait en déroute les ennemis du fidèle ; il le cherche
comme l’objet du désir de son cœur. [27:5] Au temps de la détresse, l’Éternel le
mettra à couvert dans sa loge ; [27:6] les ennemis qui l’attaquent ne seront
pour lui que l’occasion d’élever sa tête au-dessus d’eux, et alors il sacrifiera
des sacrifices de cris de réjouissance.
Ps. 27 v. 7-14 — Le
fidèle en détresse crie à l’Éternel et se confie en Lui
Mais les choses changent, à partir du vers. 7 ; nous ne trouvons plus le fidèle
pensant au Seigneur, par la foi ; [27:7] nous le trouvons criant à lui dans sa
détresse. [27:8] Il n’invoque pas son intégrité devant l’Éternel ; mais il se
souvient qu’il a dit : « Cherchez ma face ! ». [27:9] Après avoir parlé ainsi,
l’Éternel la cacherait-il ? [27:11] Le fidèle demande que l’Éternel le conduise
dans un chemin droit : il y a de l’intégrité dans son cœur, mais ce qui
l’occupe, c’est ce à quoi Dieu l’appelle. [27:13] À la fin, il recherche et
attend avec confiance la délivrance temporelle dans la terre des vivants ;
[27:14] en attendant, il faut qu’il se confie patiemment au Seigneur qui
interviendra au temps convenable et qui fortifiera son cœur. — Nous avons ici un
tableau instructif qui vient s’ajouter à ce que nous avons déjà appris sur la
condition du résidu fidèle : la confiance abstraite des fidèles et la base de
leur espérance, quand ils sont dans la détresse et qu’il leur faut s’attendre à
l’Éternel, sont placées devant nous.
Psaume 28
[28:1] Le Juif pieux, au temps de la détresse qui est venue sur la nation,
demande à ne pas être confondu avec les méchants. Il est si réellement plongé
dans la même détresse que ceux-ci, que si le Seigneur n’intervient pas en sa
faveur, la mort l’engloutira : [28:4] il demande le jugement des méchants ; ils
méprisent l’Éternel et l’Éternel leur rendra selon leurs œuvres. — Les Psaumes
ne fournissent pas seulement au résidu l’expression du cri de sa détresse ;
[28:6] mais encore le témoignage que le Seigneur a entendu ce cri. [28:7] Le
cœur se confie en l’Éternel ; il a trouvé du secours et ainsi la joie et la
louange. Alors le Messie est pleinement associé avec le juste. [28:8] L’Éternel
est la force des fidèles ; il est celle du Messie. [28:9] Ceci une fois établi,
le désir prophétique de l’homme pieux, selon l’Esprit de Christ, est présenté à
l’Éternel, afin qu’il sauve son peuple et bénisse son héritage (car la foi aux
bénédictions et aux relations d’alliance se retrouve tout le long de ces
Psaumes), et qu’il paisse son peuple et l’élève éternellement. Être délivrés,
bénis, nourris, élevés éternellement, — voilà ce que les fidèles attendent de
l’intervention de l’Éternel en puissance.
Sentiments du cœur du
fidèle exprimés devant Dieu
Ps. 27 — Rechercher la face du Seigneur est le seul désir du fidèle
Nous avons vu, aux Ps. 25 et 26, les grands principes moraux de la confiance en
l’Éternel (même dans la confession des péchés) et l’intégrité, tandis que dans
les derniers Psaumes qui viennent de nous occuper, nous sommes placés davantage
en face du sentiment personnel de la condition des fidèles, et du fondement de
leur relation avec Dieu. Le sentiment dont nous parlons se manifeste d’une
manière admirable dans ce seul désir qui remplit le cœur au commencement du Ps.
27 ; [27:8] et plus loin dans cette touchante invocation : Tu m’as dit de
chercher ta face ! Alors, — en ces temps de divine instruction, — mon cœur te
dit : « Je chercherai ta face » : [27:9] Seigneur, — détournerais-tu ta face de
moi maintenant que je suis dans la détresse, quand toi tu m’enseignas à chercher
ta face et à me confier en Toi ? La vérité est la même au commencement et à la
fin, seulement la première partie du Psaume est l’expression du désir seul et
unique qui possède le cœur ; tandis que, dans la seconde, l’exhortation de Dieu
à chercher sa face devient la ressource du cœur. L’Éternel lui-même est le
refuge du fidèle et l’a enseigné à le rechercher.
Ps. 28 — Séparation du
résidu d’avec le mal, caractérisant le témoignage de Dieu
Au Ps. 28, le poids du mal pèse plus lourdement sur le cœur ; [28:1] il demande
le jugement et la séparation du résidu d’avec les méchants. Cette séparation
caractérise le témoignage de Dieu tout entier en rapport avec le Messie à venir,
et ce fait nous aidera à saisir l’unité du résidu dans la pensée de Dieu. Non
seulement la séparation du résidu est prophétiquement annoncée, comme au chap.
65 d’Ésaïe, mais Jean-Baptiste caractérise par elle la venue du Messie,
avertissant ceux qui viennent de ne pas s’appuyer sur leur qualité extérieure
d’enfants d’Abraham ce qui est sans valeur (Matt. 3:9). Cette séparation
s’accomplit d’ailleurs spirituellement ainsi, seulement le Seigneur étant rejeté
et ne venant pas encore en puissance, les séparés furent alors ajoutés à
l’Assemblée comme les « sôxomenoi » [Bibliquest : Actes 2:47 — « ceux qui
devaient être sauvés »]. C’est ce qui explique le langage de Pierre au chap. 2
des Actes, vers. 40. Le Seigneur lui-même les reçoit comme ses brebis (Jean 10)
; Paul aussi appuie sur le même fait son argumentation au chap. 11 de l’épître
aux Romains.
Psaume 29
[29:1] Le Ps. 29 somme les puissants d’écouter la voix plus puissante de
l’Éternel, [29:2] de le reconnaître et de l’adorer selon le saint ordre de sa
maison, [29:4] célébrant la puissance de sa voix dans toute la création. Mais il
y a un lieu de service intelligent où sa gloire est comprise, — son peuple, où
les hommes sont appelés à venir. [29:10] Cet Éternel est élevé au-dessus de
l’orgueilleux bruissement des flots de toutes puissances créées : Il préside
comme Roi éternellement et en dépit de tout ; [29:11] et c’est lui, ce puissant
Éternel, qui donnera force à son peuple, et le bénira par la paix. Ce Psaume
n’est pas un cri de détresse ou un appel à Dieu, mais un encouragement positif
pour les fidèles, un témoignage pour eux, afin d’affermir leur cœur en présence
des puissants. [29:1] Celui qui prend soin d’eux est plus puissant que ces fils
des forts.
Psaume 30
Au Ps. 30 nous trouvons le contraste entre la confiance dans la prospérité, même
donnée par Dieu, et la confiance en Dieu lui-même. [30:1] Il est intervenu ; il
a élevé le pauvre et ne l’a pas abandonné à ses ennemis. [30:5] Sa faveur est la
vie ; sa colère n’est que pour un moment et pour le bien de ses saints : sa
faveur est à toujours. Si la lamentation a demeuré chez eux le soir, le chant de
joie y est le matin. [30:3] Peut-être les laisserait-il descendre jusqu’aux
portes du tombeau, mais c’est afin de manifester son pouvoir dans son
infaillible délivrance. [30:6] Quant à lui, l’homme pieux, — Israël lui-même
comme peuple — il s’était confié en la prospérité qui lui avait été donnée ; —
[30:7] maintenant, au sein de l’adversité, il a trouvé l’Éternel en délivrance.
Surmonter définitivement la puissance du mal, vaut mieux que le bien incertain
qu’on peut perdre. On est en sûreté sous la bénédiction et dans les bras de
l’Éternel qui est pour nous : car c’est lui qui est le Libérateur. Nous voyons
clairement ici que le peuple dont il s’agit est un peuple vivant qui doit être
béni sur la terre (vers. 3, 9) ; et bien qu’il puisse y avoir des grâces
analogues dans tous les temps, car il y a un gouvernement de Dieu pour les
chrétiens aussi, il y aurait du danger à faire l’application de ce Psaume aux
saints d’aujourd’hui. Il s’agit d’une délivrance temporelle pour jouir de la
paix dans ce monde. [30:7] Nulle montagne, même lorsque nous reconnaissons
qu’elle a été rendue forte par l’Éternel, n’est semblable à l’Éternel lui-même,
quand même nous serions aux portes du sépulcre : mon cœur, s’il en est occupé,
dit d’elle : c’est « ma montagne » (vers. 7), et cela y apporte un certain
caractère de faiblesse.
Psaume 31
Application au résidu et utilisation par Jésus ici-bas
Psaume utilisé par Jésus, sans lui être littéralement applicable
Le Ps. 31 nous démontre comment Jésus a pu prendre dans sa bouche les pieuses et
saintes paroles d’un Psaume, et réellement passer au travers de tout en esprit,
sans que ce Psaume doive lui être appliqué d’une manière littérale.
Parole prononcée par
Jésus sur la croix, mais non tout le verset
Nous trouvons ici, en effet, (vers. 5) ces mots qu’il a prononcés : « En ta main
je remets mon esprit », ce qui a été absolument vrai de Lui (Luc 23:46). Mais le
Psaume continue, disant : « Tu m’as racheté, ô Éternel ! Dieu de vérité »,
tandis que lui a dit : « Père ! ». Bien que je ne doute pas qu’alors son âme fut
rentrée dans la jouissance de la faveur divine, cependant les paroles : « tu
m’as racheté », ne peuvent s’appliquer à lui, si ce n’est à ce seul point de vue
que son âme a été délivrée de la malédiction qu’il a portée lorsqu’il fut fait
péché pour nous, tout en glorifiant parfaitement Dieu quant à nos péchés. Mais
le Seigneur ne s’est pas servi de ces dernières paroles sur la croix. À ce
moment, bien qu’il eût encore, de fait, à passer par la mort, l’amertume et
l’aiguillon de la mort avaient disparu.
Confiance du résidu en
l’Éternel, même dans l'épreuve
Ainsi ce Psaume tout entier est — sans parler de David — la requête et
l’expression de la confiance du résidu, liant les deux principes de la confiance
et de la justice ; [31:3] le résidu recherche la direction de l’Éternel pour
l’amour de son nom [31:2] et il attend la délivrance alors qu’il est entouré par
ses ennemis. [31:17] Il a invoqué l’Éternel ; son nom était en cause. [31:19]
L’homme pieux a compté sur sa bonté, mise en réserve pour ceux qui le craignent,
[31:10] et cela au milieu d’une vie qui se consume « dans la tristesse et le
gémissement ». La détresse l’accable, sa force s’en va. [31:11] Il est dans
l’épreuve pour sa fidélité, mais ses voisins et ceux de sa connaissance l’ont
abandonné [31:12] et leur cœur l’a oublié comme un mort. Telle sera la condition
du résidu, et combien réellement Christ ne s’y est-il pas associé ? [31:15] Mais
le temps de la délivrance et de tout ce que le fidèle doit jamais porter et
traverser, est entre les mains de Dieu, non pas dans celles de l’ennemi, quelle
que soit sa fureur. Au milieu de ses afflictions et de l’adversité, l’Éternel
connaît l’âme du fidèle, car il marche devant lui dans la conscience de sa
relation d’alliance avec lui. La présence du Seigneur est un tabernacle et un
lieu de refuge pour lui. Dans son agitation, il s’était estimé retranché de
devant ses yeux ; mais il a crié et l’Éternel l’a entendu (vers. 22). Au milieu
de la fureur de ses adversaires, il a crié à lui comme à son Dieu (vers. 14) ;
il en célèbre maintenant, dans les deux derniers versets, le résultat béni, et
encourage les saints et tous ceux qui espèrent en l’Éternel : [31:23] quelle que
soit la détresse, l’Éternel garde les fidèles et juge les orgueilleux.
Expression de l’état
expérimenté par le résidu, et lien avec les psaumes suivants
Ceci, en un certain sens, clôt et résume l’expression expérimentale, fournie par
l’Esprit, de l’état du résidu, et manifeste pleinement cet état. Le Psaume qui
suit parle de pardon et de grâce ; ensuite nous rencontrons une connaissance
plus claire, une confiance plus objective en face du jugement de toutes choses,
jusqu’à ce que nous arrivions aux Ps. 38 et 39 qui ont un caractère particulier.
Sans doute la délivrance n’est pas encore venue, mais les sentiments exprimés
dans ces Psaumes, sont plutôt l’expression de la faveur dans la lumière que
celle de la confiance du fond de la détresse.
Expressions variées des
motifs et des sentiments dans le Ps. 31
Expression parfaite de l’Esprit de Christ pour le résidu, Christ Lui-même ayant
une relation différente
Tout lecteur instruit de Dieu saisira combien le Ps. 31, dont nous venons de
nous occuper, est l’expression parfaite de l’Esprit de Christ et cependant la
relation personnelle de Christ avec Dieu était autre. Il était Fils ; et
mourant, il remit son esprit à son Père [(Luc 23:46)], non pas à l’Éternel pour
être préservé de la mort. Comme nous l’avons déjà fait remarquer dans
l’introduction, il prie pour ses ennemis qui le crucifient [(Luc 23:34)], au
lieu d’appeler sur eux la vengeance. Ici la prière de son Esprit dans le résidu
est conforme à sa pensée pour ce jour-là, tandis qu’en lui personnellement, il a
dû en être autrement, car il vint en grâce et donna sa vie en rançon pour Israël
et pour plusieurs : c’est pourquoi il passe au travers de tout, selon sa
perfection, avec son Père à Gethsémané, et se livre lui-même à la mort, parce
que telle était la volonté de son Père. Toutefois, pour ce qui est de
l’affliction et de l’épreuve, il a tout traversé, et l’Esprit prophétique dans
les Psaumes déclare ici ce qui s’accomplira à la fin, comme conséquence de
l’inimitié perverse des Juifs et des païens aussi. Les expressions dont il se
sert ici deviendront de vivantes requêtes dans la bouche du résidu, dont ces
jugements seront la seule et nécessaire délivrance. Christ a demandé la vie, et
elle lui a été donnée en résurrection et en gloire, comme nous le voyons au Ps.
21 [(v. 4)] ; mais non pas, nous le savons, en ce qu’il a été épargné ici-bas.
Dans l’accomplissement de la rédemption, le chemin de la vie, pour lui,
conduisait à travers la mort, quoiqu’il ne pût pas être retenu par elle [(Act.
2:24)]. — C’est ainsi que Christ est entré, en esprit, dans toute l’affliction
du résidu. Les paroles, dans la pensée de l’écrivain, s’appliquaient, dans leur
sens littéral, à ses propres sentiments, — dans le sens prophétique, au résidu
pieux des derniers jours ; mais la variété des motifs et des sentiments réunis
dans ce Ps. 31, exige quelques remarques supplémentaires.
Confiance en Dieu
malgré la détresse de la part des hommes, et bonté de Dieu pour les saints
J’ai déjà fait observer que nous rencontrons ici, réunis ensemble, les deux
fondements, si fréquemment mentionnés, de la confiance en Dieu, base de la
requête du fidèle, puis de la justice, comme motif sur lequel se fonde cette
confiance. L’amour du nom de l’Éternel est ajouté (verset 3). Le verset 6 est la
complète réprobation de ceux « qui prennent garde aux vaines idoles » ; au
verset 7, la bonté de l’Éternel est reconnue comme étant miséricorde. Il a connu
les détresses de l’âme du croyant dans l’adversité — douce pensée, quelque
sombre qu’ait jamais été l’affliction. La délivrance a été accordée (vers. 8).
Le vers. 9 est l’expression de la détresse de Christ, arrivée à son comble. Les
huit premiers versets formaient comme une préface de principes généraux, mais
maintenant le fardeau de sa condition présente pèse sur lui : [31:11] il est en
opprobre à ses ennemis, particulièrement à ses voisins, et une frayeur à ceux de
sa connaissance ; il est pauvre, méprisé, et cependant haï et rejeté : il
appartient à un caractère divin, à Dieu lui-même, d’être tous les deux. L’homme
laisse de côté celui qu’il méprise ; mais jamais il ne peut laisser Dieu ainsi,
ou ce qui est de Dieu. Le brigand, sur la croix, n’a pas insulté l’autre brigand
crucifié à côté de lui, mais il a insulté Christ [(Luc 23:39)]. L’homme couvrira
Dieu d’opprobre, si Dieu s’abaisse (il fera de même pour ceux qui sont à lui) ;
mais il craindra Dieu et le haïra tout à la fois. [31:12] Il est mis en oubli,
et malgré cela méprisé, [31:13] insulté, environné d’ennemis qui consultent
ensemble pour lui ôter la vie. Ces vers. 9 à 13 sont l’expression de la position
que l’Esprit de Christ, ou Christ lui-même, occupe dans le monde. Le vers. 14
est frappant : il se confie en Dieu ! Tout ce qui doit lui arriver est après
tout entre Ses mains ! — Ensuite un autre motif est présenté : « je t’ai invoqué
» (vers. 17). — Que ce soient les lèvres menteuses qui soient rendues muettes
(vers. 18) ! La confiance dans la bonté de Dieu est mise en réserve ici pour les
saints, et leur refuge est en Dieu pour le mauvais jour (vers. 20). Le vers. 21
célèbre la fidélité de Jéhovah ; les vers. 23 et 24 en font un motif
d’encouragement pour les saints. Au milieu d’une détresse sans pareille, toutes
les requêtes du fidèle sont merveilleusement rassemblées ici. Tous ces derniers
Psaumes que nous venons de parcourir sont l’expression des sentiments d’Israël
dans l’angoisse et cherchant la délivrance : et, de fait, c’est ce qu’Israël
fera.
Psaume 32
Confession des péchés nécessaire au pardon et à la délivrance
Au Ps. 32, nous arrivons à ce qui, plus encore que cette délivrance, fait défaut
à Israël, savoir la rémission des péchés. Le poids de l’affliction tourne son
âme vers la loi de Dieu et par elle à la conscience qu’il l’a violée. Comment à
ce point de vue invoquerait-il la justice ? C’est de pardon qu’il a besoin, et
que l’Éternel ne lui impute pas son iniquité dont il a maintenant conscience.
[32:3] Longtemps il avait lutté contre ce sentiment, [32:4] mais l’Éternel ne
lui a pas laissé de repos : [32:5] il confesse son péché et la fraude est ôtée
de son cœur. Il est impossible que le cœur soit autrement : jusque-là nous y
tenons cachée notre iniquité. [32:6] Le pardon par la grâce attire l’homme pieux
vers Dieu ; dans un déluge de grandes eaux, elles ne l’atteindront point ;
[32:37] l’Éternel est l’asile de son âme ; Lui garde, bénit [32:8] et conduit.
[32:9] Seulement les fidèles sont exhortés à être intelligents en étant
obéissants, au lieu d’être sans intelligence et de devoir être conduits par la
providence de Dieu.
Maintien de la
distinction du résidu, par ses caractères
[32:1] Remarquez ici que, tandis que le pardon est célébré, — et le résidu en
aura un besoin profond — le grand trait distinctif qui sépare le résidu de la
masse du peuple est clairement maintenu, [32:10] savoir la confiance, [32:11] la
justice et l’intégrité de cœur [32:10] tandis que plusieurs douleurs atteindront
le méchant.
Le pardon complet ôte
la fraude du cœur
En principe, un Psaume comme celui-ci est d’une application très étendue, Dieu
en soit béni. Pour le résidu, il est prophétique, [32:2] afin de produire la
vérité dans le cœur [32:5] et d’encourager les fidèles, par la grâce, à cette
confession du péché dans laquelle seule Dieu peut bénir, ici, comme toujours, —
car le pardon et la fraude ne vont pas ensemble. Le résidu ne connaîtra la
pleine acceptation devant Dieu que lorsqu’il regardera « vers Celui qu’ils ont
percé » [(Zach. 12:10)] et qui vient, comme Jéhovah, pour délivrer. Mais allons
plus loin et regardons au grand principe dont ce Psaume est l’expression. [32:1]
Le pardon complet, absolu, [32:2] l’entière non-imputation du péché, voilà ce
qui ôte la fraude du cœur. En dehors de là on fuit Dieu, on s’excuse, on pallie
le mal si on n’ose le justifier. Mais avec le pardon devant les yeux, on a le
courage d’être vrai de cœur. Qui ne dira toutes ses dettes lorsqu’il ne s’agit
que de les voir acquittées par un autre ? Qui ne déclarera son mal en vue d’une
guérison assurée ? [32:5] La grâce apporte la vérité dans le cœur, l’amène à
confesser ses transgressions et tout le fardeau des péchés est ôté. L’homme
débonnaire et pieux est encouragé à s’approcher d’un Dieu connu de cette
manière. « Mais il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Ps.
130:4). Notre Psaume veut amener ainsi le résidu à une vraie confession :
lorsque celle-ci sera devenue un fait, le résidu sera introduit dans la pleine
bénédiction qui l’attend. Ce Psaume est donc une préparation prophétique et une
école pour les saints ; il place devant eux ce qui ne sera pas entièrement
accompli lorsqu’ils seront amenés à se tourner vers l’Éternel, mais avec la
certitude que tous leurs besoins seront satisfaits. C’est pourquoi ces Psaumes
parlent du caractère de l’Éternel, tel qu’il s’est révélé à l’égard des auteurs
inspirés ; en principe, et souvent littéralement à l’égard de Christ, — afin de
produire la confiance au jour de la détresse et de fortifier toute âme inquiète
; c’est pourquoi aussi nous voyons la célébration de la pleine délivrance mêlée
à la requête qui demande cette délivrance ; car tout cela est prophétique et a
eu des accomplissements.
L’absence de fraude
amène dans l’intimité avec Dieu, selon Sa perfection
Avant d’aller plus loin, remarquez combien l’absence de fraude, produite dans le
cœur par un pardon entier, [32:8] amène l’âme à cette intimité avec Dieu qui la
fait jouir de la direction par son œil. Nous avons une même pensée avec lui, et
cela dans la perfection de sa propre nature.
Psaume 33
Le Ps. 33 est placé logiquement après le pardon. Le pardon conduit à la pleine
bénédiction, et le Ps. 33 nous dépeint, en le célébrant, le résultat complet de
la délivrance. [33:1] Ceux qui sont droits de cœur sont invités à se réjouir ;
le caractère de l’Éternel, sa parole, ses œuvres, sont manifestés, [33:5] et la
terre est remplie maintenant de sa bonté. [33:6] C’est lui qui a fait toutes
choses, il est le Créateur ; [33:8] que la terre le craigne ! [33:10] Il dissipe
les desseins et les conseils de l’homme, [33:11] mais son conseil demeure à
toujours. [33:12] Bienheureuse la nation qui a l’Éternel pour son Dieu, le
peuple qu’il a choisi pour son héritage ! [33:13] L’Éternel regarde des cieux
sur les fils des hommes [33:15] et il dispose de tous ; [33:18] mais ses yeux
sont sur ceux qui le craignent et qui s’attendent à sa bonté. [33:20] Le
glorieux résultat de l’intervention de l’Éternel est ainsi placé devant la foi
du résidu et célébré comme s’il était déjà présent dans son entier ; les trois
derniers versets nous montrent la confiance produite ainsi dans le cœur des
fidèles.
Psaume 34
Secret de la foi qui bénit même à travers l’épreuve
[34:1] L’assurance que c’est Dieu qui gouverne, rend la foi capable de bénir en
tout temps. [34:6] Il a manifesté sa fidélité à ceux qui étaient dans la
détresse. [34:3] Le Psalmiste, Christ en esprit, engage le résidu à bénir, car
l’Éternel a manifesté sa délivrance envers lui. [34:15] Les yeux du Seigneur
sont sur les justes et ses oreilles sont ouvertes à leur cri ; sa face est
contre ceux qui font le mal pour les retrancher de la terre (vers. 15, 16).
L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont
l’esprit abattu (vers. 18). [34:19] Le juste doit s’attendre à souffrir aussi
longtemps que l’homme a son jour, mais l’Éternel le délivre, [34:21] tandis que
le mal fait mourir le méchant ; [34:22] l’Éternel rachète l’âme de ses
serviteurs, et aucun de ceux qui se confient en lui ne sera tenu pour coupable.
C’est l’expression de la pleine assurance du gouvernement de l’Éternel en faveur
de celui qui est humble de cœur, [34:1] et ce qui le rend capable de bénir non
seulement lorsqu’il est béni — ce ne serait pas la foi — mais en tout temps,
[34:17] car l’Éternel entend le cri des justes, [34:20] il les garde, [34:22] il
les rachète lorsqu’ils sont dans la détresse. Christ est l’exemple par
excellence de tout ceci. Je ne pense pas qu’il parle ici personnellement,
quoiqu’il le fasse en esprit dans les premiers versets. La foi du résidu
s’empare de ce qui lui est arrivé, pour son propre encouragement (vers. 6). Le
vers. 20 a aussi été accompli littéralement à son égard. Le Psaume tout entier
est le secret de la foi seule qui, par son épreuve, est conduite à bénir en tout
temps. Pierre en fait l’application aux principes immuables du gouvernement de
Dieu.
Caractère
interlocutoire du psaume, exposant les voies de Dieu
Remarquez aussi que c’est le premier Psaume dans lequel nous ayons trouvé le
caractère interlocutoire qu’on rencontre ailleurs quelquefois, comme aux Ps. 91
et 145, quoique ce Psaume soit certainement l’expression de l’expérience du
Psalmiste qui parle de nouveau au vers. 11. Toutefois, je pense que, dans ce
Psaume, Christ en esprit expose les voies de Dieu. [34:3] Magnifiez l’Éternel
avec moi ! [34:4] J’ai cherché l’Éternel ! Il y a là l’encouragement le plus
puissant pour le juste, humble de cœur.
Psaume 35
Le Ps. 35 est une pressante requête pour que l’Éternel intervienne en jugement
contre les perfides et impitoyables persécuteurs qui poursuivent l’âme du juste.
Les insultes, la ruse, la violence, tout a été employé contre lui : ses ennemis
ont voulu le surprendre. Il a recherché la délivrance afin que l’Éternel soit
loué dans la grande congrégation, savoir dans l’assemblée complète d’Israël
restauré. Les vers. 13, 14 nous montrent la grâce dont l’homme pieux (Christ
lui-même) a usé envers ces ennemis ; et tout le Psaume en général s’applique à
l’homme pieux, mais Christ en particulier est introduit ici en esprit.
Psaume 36
Au Ps. 36 nous trouvons un avertissement nécessaire à l’égard des méchants, de
ceux qui sont spécialement les ennemis de la justice, les instruments du pouvoir
de Satan. On ne peut attendre d’eux qu’ils aient de la conscience, ni rien qui
les arrête dans leurs machinations. [36:7] La puissance et la bonté de l’Éternel
sont le refuge assuré de ceux qui s’attendent à lui. [36:12] Finalement les
méchants sont renversés !
Psaume 37
Ps. 37 v. 1-11 — Exhortation au résidu à s’attendre à Dieu sans crainte
Le Ps. 37 est d’un grand intérêt ; il s’adresse au résidu, et avec lui à toute
âme, [37:7] pour l’exhorter à s’attendre à Dieu et à ne point se laisser
troubler dans son esprit par les méchants ; [37:2] ils seront soudainement
fauchés comme l’herbe ! [37:1] Que les justes donc ne se tourmentent pas et ne
se dépitent pas, [37:3] mais qu’ils se confient en l’Éternel et qu’ils fassent
le bien ; [37:4] qu’ils aient leurs délices en lui, car leurs désirs seront
accomplis ; ils jouiront de la prospérité ; [37:5] qu’ils remettent leur voie
sur l’Éternel, il les justifiera ; [37:7] qu’ils se reposent en lui et
s’attendent à lui patiemment, [37:9] car il va intervenir, retrancher les
méchants [37:11] et donner le pays en héritage aux débonnaires !
Ps. 37 v. 12-40 —
Caractère du résidu comme juste
Le résidu a un autre caractère largement développé ici : le caractère d’homme
juste qui apparaît à partir du vers. 12. [37:28] L’Éternel n’oublie pas ses
saints ; il les garde ; [37:29] les justes posséderont le pays. [37:34] Ce à
quoi ils sont particulièrement exhortés, après tout, c’est à s’attendre à
l’Éternel et à garder sa voie. Les justes souffrent, mais ils ne sont point
oubliés ; [37:35] les méchants jouissent d’une grande prospérité, mais pour un
moment, et leur lieu ne les reconnaît plus ! Combien tout ce que nous lisons
ici, touchant le juste, nous montre la profondeur des souffrances de Celui qui
fut abandonné, tout en étant la perfection de la justice.
Parallèle entre le
résidu et les disciples de Jésus ici-bas
Le Psaume qui nous occupe nous aide aussi à saisir la ressemblance qu’il y a eu
entre les disciples et le résidu (lisez Matt. 5:5) ; mais il nous montre aussi
la différence qu’il y a entre eux : le Fils était avec les disciples ; ils
pouvaient souffrir pour son nom ; et ceci introduisait le ciel (Matt. 5:12). De
même Jésus pouvait leur révéler le Père, et les établir comme la lumière du
monde [(Matt. 5:14)] et le sel de la terre [(Matt. 5:13)]. Tout cela, joint à la
révélation du Père qui agit en grâce, met les disciples en présence de certains
détails de la grâce dont le résidu des derniers jours ne saura rien. Cependant,
malgré ces différences de fait, nous avons devant nous le même résidu.
Psaumes 38 et 39
Psaumes 38 et 39
Le résidu sent le poids de son péché et souffre sous la discipline de Dieu]
Les Ps. 38 et 39, comme nous l’avons déjà fait remarquer, ont un caractère
particulier. Celui qui est droit de cœur a recherché et attendu la délivrance,
et le pardon des péchés lui a été accordé comme bénédiction ; mais dans ces deux
Psaumes, le résidu gémit sous le poids du châtiment gouvernemental des péchés,
et il a le sentiment du pourquoi il souffre de la part de Dieu. Au Ps. 6 [(v.
1)], le fidèle suppliait l’Éternel de l’épargner dans sa colère, mais ici il est
sous le poids tout entier de la discipline pour le péché : la verge a atteint le
troupeau au-dehors, l’âme au-dedans. Il s’agit de chacun d’eux individuellement,
mais c’est pourtant le résidu qui est en vue. [38:11] Ceux qui aiment l’homme
pieux et ses compagnons se tiennent loin de sa plaie ; [38:12] des ennemis sans
pitié complotent contre lui et cherchent sa vie. [38:9] Toutefois il est devant
Dieu avec tout son désir et tous ses soupirs. Il est droit de cœur envers Dieu,
et il reconnaît Dieu, [38:13] mais il est comme un muet à l’égard des hommes.
[38:2] Les flèches qui l’ont percé sont pour son âme les flèches de l’Éternel —
[38:15] et c’est à Lui qu’il a recours (vers. 13-16). [38:6] Le saint courbe la
tête et se soumet. Ses ennemis sont actifs et puissants, mais quoique l’Éternel
le frappe, il se confie en lui, parce que l’âme qui est humble reconnaît que le
châtiment est juste. Elle peut attendre d’être délivrée de tous ses ennemis.
[38:16] Ils seraient heureux que le pied du fidèle glissât, pour triompher de
lui ; [36:18] mais ce dernier déclare son iniquité et est en peine de son péché
qu’il reconnaît. Il ne s’excuse, ni ne cache son âme devant Dieu : [36:22] c’est
à Dieu qu’il crie, afin qu’Il se hâte de le secourir.
Psaume 38
L’âme droite confesse son péché et s’attend à Dieu pour sa délivrance
Ce Psaume 38 nous présente un admirable tableau de l’état d’une âme : car
l’Esprit pourvoit à tout, même là où le juste a manqué et où il a pu appeler sur
lui quelque grand châtiment, à la joie du méchant. Mais celui qui est droit de
cœur accepte la punition de son iniquité et se place ouvertement devant Dieu,
confessant son péché, mais se confiant en Lui pour être délivré des méchants.
Quelque triste que puisse être un cas pareil, rien ne met plus en évidence la
vérité devant Dieu et la confiance en lui. Comment confesser son péché et
attendre le secours de Dieu, quand on a été infidèle, quand on l’a déshonoré et
que l’ennemi s’en réjouit ? Point d’excuse ; nulle tentative de rien cacher ! Le
juste confesse tout et s’abandonne entre les mains de Dieu.
L’Esprit de Christ
entre pleinement dans cette condition, en sympathie
Sans ces détails, le tableau de l’état du résidu eût été incomplet, aussi bien
que les enseignements de la grâce pour toute âme en tout temps. Maintenant,
jusqu’à quel point l’Esprit de Christ entre-t-il dans cette condition dont notre
Psaume est l’expression ? Il y entre pleinement, je pense, quoique, sans doute,
Christ en personne n’ait jamais pu s’y trouver. L’écrivain était évidemment sous
l’impression de quelque grand châtiment, et d’un châtiment ouvertement
manifesté. De pareils cas pourront se produire au milieu du résidu, dans toute
leur étendue. Le principe d’ailleurs est d’une application universelle. En
Christ, sans doute, il n’y a rien à discipliner ; mais ayant devant lui le péché
dans toute sa gravité, et rencontrant dans son chemin toutes les afflictions qui
tomberont sur le peuple, Christ peut, tout en étant « le bois vert », entrer
dans le jugement qui viendra sur « le bois sec » [(Luc 23:31)]1. Il n’a pas pu
dire ce qui est exprimé ici ; mais il peut sympathiser parfaitement avec ceux
qui doivent parler ainsi : il leur a préparé les paroles qui, par son Esprit, en
seront l’expression dans leurs cœurs. S’il n’avait pas porté toute la colère
pour ces mêmes iniquités qui pèsent de tout leur poids sur leurs consciences, et
à la pleine rigueur de laquelle ils échappent, ce n’aurait pas été simplement de
la discipline gouvernementale qu’ils auraient eu à demander la délivrance, et
c’est aussi pourquoi, lorsque l’affliction a ce caractère, Christ peut faire
plus que de la sentir, car dans toutes les douleurs dont ils sont environnés, il
a pris la plus large part.
1 Quoique « le bois sec » soit proprement l’Israël sans vie, cependant, comme le résidu, qui a longtemps rejeté Jésus, le Messie, se trouve d’abord mêlé avec la nation, les fidèles traversent dans leurs âmes et en esprit les afflictions qui viennent sur la nation, exception faite toutefois de son jugement final de la part de Dieu qui a été porté par Christ pour eux : il mourut pour la nation. Mais, ce jugement final à part, ils traversent tout, et sentent plus que jamais l’amertume de la douleur et de l’angoisse, en face du jugement, parce qu’ils ont le sentiment du péché qui l’amène. C’est pourquoi Christ, qui connaissait la cause de ce jugement qu’il avait devant lui et qu’il devait traverser (subissant l’oppression, sans délivrance apparente, car l’heure était venue à laquelle il devait être compté parmi les transgresseurs), a pu entrer pleinement dans leur position ; et bien qu’il y soit entré en amour, cependant la justice qui effrayait Israël, était devant lui.
Psaume 39
Le fidèle se courbe en silence devant Dieu, sentant son néant et s’attendant à
Lui
Au Ps. 39, l’homme pieux est encore sous le châtiment de Dieu, mais plutôt avec
le sentiment du néant de toute chair sous la main de Dieu, qu’avec celui de la
défaveur, de la honte et de la crainte. Le fidèle courbe la tête devant Dieu,
[39:2] il se tait plutôt que de laisser son cœur déborder et sa langue parler
follement. Il eût pu répliquer ; il eût pu être irrité pour mal faire, mais il
lui faut savoir se contenir et se taire quand Dieu fait peser sa main sur lui :
il en est de même en tout temps. Le fidèle s’est tu, même quant au bien, et sa
douleur a été excitée ; il nous le dit dans l’admirable langage de notre Psaume.
[39:3] À la fin, son cœur déborde, [39:5] mais c’est pour présenter à Dieu le
néant dont le sentiment a mûri dans son âme. [39:4] Il désire connaître sa fin
et la mesure de ses jours, combien fragile il est : [39:6] Il voit que tout est
vanité, [39:8] mais il voit sa propre transgression et son péché [39:11] dans la
présence de Celui dont la correction consume la beauté de l’homme comme la
teigne. [39:7] Il s’attend au Seigneur pour sa délivrance : [39:10] ce dont il
s’inquiète, c’est de son châtiment. [39:8] Il a confiance en lui, qu’il ne le
laissera pas devenir en opprobre à l’insensé. Cette expression de la vanité,
trouvant son niveau dans l’anéantissement de soi-même, est d’une grande beauté,
de même que la confiance en Dieu pour être délivré de l’orgueil des hommes, mais
ce qui domine c’est que Dieu a affaire avec nos transgressions.
Fin de l’histoire
morale du résidu dans sa relation avec l’Éternel
Ici se termine l’histoire morale du résidu au point de vue de sa relation
d’alliance avec l’Éternel : le résidu invoque son nom, parce qu’il est en
relation avec lui. C’est pourquoi nous trouvons tant de Christ lui-même dans les
Psaumes de ce premier livre. Le Psaume suivant nous montre Christ prenant la
place dans laquelle il devait être associé aux fidèles selon les conseils de
Dieu, puis nous apprenons que cette position est la position réellement bénie.
Psaume 40
Chemin de Christ dans l’affliction, encourageant le résidu éprouvé
Délivrance de Christ de Ses afflictions, encouragement pour le résidu
Christ délivré par la fidélité de l’Éternel des afflictions qu’Il traversait
Au Ps. 40 donc, Christ n’apparaît pas seulement comme traversant les afflictions
qui encombraient son chemin, du moment qu’il se chargeait de la cause du peuple
de son amour, désobéissant et coupable, afflictions au milieu desquelles il a
appris la langue des savants et par lesquelles il a été rendu capable d’entrer
dans les afflictions de ceux qui seront éprouvés et épargnés aux derniers jours,
et d’exprimer les désirs et les requêtes qui convenaient à leur état devant Dieu
; — mais ce Psaume nous place avant tout en face de la délivrance dans laquelle
Christ, ayant attendu patiemment l’Éternel au milieu de ces afflictions
[(40:1)], fait l’expérience de la fidélité de l’Éternel, en sorte qu’il est
délivré de ces afflictions pour l’encouragement de plusieurs ; puis nous
trouvons la clef de toute son histoire, lorsqu’il a entrepris de faire la
volonté de l’Éternel, tout le système juif sous la loi prenant ainsi fin et
étant mis de côté. Christ a été parfaitement fidèle à l’Éternel au milieu de
toute la congrégation d’Israël, au travers de l’épreuve et de l’affliction la
plus profonde ; mais le Psaume se clôt, comme il convenait, sur le thème de la
délivrance.
Relation de Christ avec
le résidu, base de l’enseignement des Psaumes
De là vient que l’application de cette délivrance aux afflictions de Christ,
analogues à celles du résidu, sera d’un si grand prix pour les fidèles du résidu
lorsqu’ils se trouveront dans la détresse. Ce principe est développé ici d’une
manière si claire, que le Ps. 40 prend une importance particulière au milieu de
tout le livre. La relation de Christ avec Israël dans le résidu est mise en
lumière d’une manière aussi frappante que possible, et posée comme base de tout
l’enseignement des Psaumes, bien que les circonstances ne soient plus les mêmes
après le Ps. 41.
Christ entreprenant son
œuvre d’obéissance ici-bas
J’ai à peine besoin de dire que le Psaume nous parle de Christ personnellement —
(l’apôtre le cite comme les propres paroles de Jésus en Héb. 10 [v. 5-7]), — de
Christ entreprenant cette œuvre glorieuse par laquelle les symboles et les
figures sont mis de côté, et le croyant rendu parfait à perpétuité [(Héb.
10:14)]. [40:7] « Voici, je viens », telles sont les paroles du Fils s’offrant
lui-même de sa libre volonté, pour accomplir toute la volonté de Dieu dans son
œuvre ici-bas, selon les conseils éternels de la divinité. Je le répète, ce
Psaume nous fait voir Christ entreprenant l’œuvre. Son œuvre, c’était d’obéir,
mais il s’offre lui-même pour cela, de sa pleine et libre volonté, [40:8]
trouvant ses délices à faire le bon plaisir de Dieu. [40:9] Dans la grande
congrégation d’Israël, en accomplissant son service envers l’Éternel, il n’avait
pas reculé, quelle que fût la réception qu’on lui fît : il avait prêché la
justice ; il n’avait pas retenu ses lèvres ; il avait été fidèle à son service,
coûte que coûte, et c’était l’Éternel qu’il avait ainsi proclamé. [40:10] Il
n’avait point caché sa justice, sa fidélité, son salut, sa bonté et sa vérité
devant le corps tout entier d’Israël. — Tel avait été son service : [40:12] mais
ensuite tout change pour ce fidèle serviteur, car des maux sans nombre l’ont
environné. Il s’attend à la gratuité et à la vérité de l’Éternel envers lequel
il a été fidèle. Il y a plus encore : non seulement des maux sans nombre l’ont
entouré, [40:14] des hommes ont cherché son âme pour la détruire, [40:12] mais
il dit : « Mes iniquités m’ont atteint et je ne puis les regarder ». Ces
iniquités, sans doute, quand il s’agit de Christ, étaient celles d’autres
personnes, de tous les rachetés et particulièrement aussi d’Israël envisagé
comme nation. [40:16] Dans cet état, il désire que ceux qui cherchent l’Éternel,
puissent s’égayer et dire continuellement : « Magnifié soit l’Éternel » ;
[40:14] et que les autres soient rendus honteux et soient confondus ! Il sépare
le résidu pieux qui cherche l’Éternel, de ceux qui, lorsqu’il se présente
fidèlement et en amour, se montrent les ennemis de Celui dont il manifeste le
nom. [40:17] C’est ainsi que Christ termine son expérience du monde, affligé et
pauvre, mais assuré que le Seigneur pense à lui.
Fidélité de Christ dans
l’affliction, s’attendant à l’Éternel sans chercher à l’éviter
Christ n’est pas abandonné dans la position dans laquelle il nous est présenté
ici, mais il entre dans cette position par une vie de fidélité qui devait
aboutir à cette heure terrible. C’est, en quelque sorte, son cri, au moment où
il confesse les péchés avant que la victime soit consumée ou égorgée. Il est là
dans la profonde affliction d’une telle position, implorant l’Éternel, mais non
pas sous la colère manifestée au temps où il ne peut être entendu. Le Psaume, je
le répète, ne dépeint pas cette colère, mais la fidélité de Christ, qui s’attend
à l’Éternel lorsqu’il est dans l’affliction, plutôt que de rechercher le repos,
ou douze légions d’anges [(Matt. 26:53)], ou la myrrhe qui stupéfie [(Marc
15:23)], ou de reculer devant la souffrance qui doit résulter de l’entière
soumission à la volonté de Dieu, de même qu’il n’a pas craint d’affronter les
hommes quand il a annoncé cette volonté. [40:1] Il a attendu patiemment
l’Éternel, et Il s’est penché vers lui et a entendu son cri : c’est là la
perfection de Christ. Il n’a pas cherché une issue pour éviter l’obéissance, il
n’a pas hésité, il n’a pas reculé, ni ne s’est détourné : il a attendu le temps
de l’Éternel dans le sentier de l’obéissance parfaite, et le temps vint où,
comme il est dit de Joseph, sa cause fut connue.
Encouragement pour le
résidu éprouvé, en regardant à Christ
Le but de l’Esprit, dans notre Psaume, est de montrer à ceux qui étaient
éprouvés, que quelqu’un avait passé avant eux dans le chemin de la souffrance,
et avait été exaucé. Nous pouvons dire que c’est en résurrection que Jésus a été
pleinement exaucé ; mais, sur la croix même, l’heure des ténèbres était passée,
et avec une forte voix, il put remettre son esprit à son Père [(Luc 23:46)], et
sa mère à son disciple bien-aimé [(Jean 19:26-27)]. Ces détails nous sont donnés
par l’histoire, non par la prophétie, et ils n’auraient pas été profitables pour
les fidèles du résidu, car ce dont ceux-ci ont besoin, c’est de savoir qu’ils
seront exaucés lorsqu’ils s’attendront patiemment à l’Éternel. S’ils sont mis à
mort, l’exaucement sera pour eux en résurrection ; s’ils demeurent vivants, ils
seront exaucés pour jouir de la position d’Israël en bénédiction, je n’en doute
pas, avec l’Agneau sur la montagne de Sion, parce qu’ils ont traversé, quelque
faibles et infirmes qu’ils aient été, des épreuves et des souffrances
semblables, fidèles à l’Éternel dans la grande assemblée. Si leurs iniquités les
alarment, ils ne sont pourtant pas sans espérance ; ils ne connaissent pas
l’expiation, [40:12] mais ils savent que quelqu’un qui a pu dire : « Mes
iniquités m’ont atteint », [40:1] a attendu patiemment et a été exaucé et
délivré. Ils attendent, se confiant en la miséricorde de l’Éternel, quoique
maintenant ils ne connaissent pas encore la paix. Leurs iniquités les ont
atteints, en sorte qu’ils se demandent comment ils peuvent espérer en l’Éternel
pour être délivrés. « Il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint »
(Ps. 130:4), [40:2] et notre Psaume assure aux fidèles que quelqu’un, qui était
dans un abîme pareil à celui dans lequel ils se trouvent, a été délivré. Quand
ils regarderont à lui, ils jugeront leurs péchés dans cette lumière où ils
verront Celui qui les a portés, et ils auront la paix ; mais le fondement de la
paix est posé ici pour eux, en espérance. Un cœur accablé sous le poids de ses
iniquités peut, en s’appuyant sur lui, attendre la délivrance. La délivrance est
trouvée, et quelque obscure que soit la lumière des fidèles, car elle le sera,
le fondement de l’espérance est posé. (Comparez Ésaïe 50:10, 11, qui décrit cet
état, résultat pour le résidu de ce que Christ a été justifié et secouru). Mais
ce n’est pas tout : [40:3] le Messie se place dans son association avec les
saints : « Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, la louange de notre
Dieu. Plusieurs le verront et craindront, et se confieront en l’Éternel ». «
Bienheureux l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance, et ne s’est pas tourné
vers les orgueilleux et ceux qui se détournent vers le mensonge ! ». Telles sont
les pensées de Dieu envers nous (vers. 5) !
Ps. 40 v. 1-4 — Christ
exaucé et délivré, encouragement de la multitude des fidèles
Aux premiers versets, [40:1] nous voyons Christ qui a attendu patiemment
l’Éternel, exaucé [40:2] et tiré hors du puits de la destruction et d’un
bourbier fangeux. Je ne doute pas que le cœur de David n’ait chanté cela, mais
il s’agit certainement ici non de lui, mais de Christ, dans l’intention de la
prophétie. Ensuite, nous l’avons vu, Christ, quoique distinguant le résidu,
s’identifie avec Israël. La louange de notre Dieu, dit-il (vers. 3) ; [40:3] le
résultat est que « plusieurs le verront, et craindront, et se confieront en
l’Éternel ». Ce qu’ils ont vu agit sur les fidèles aux derniers jours et les
encourage à se confier en l’Éternel ; ils peuvent s’attendre aussi à la
délivrance ; plusieurs le feront. Sa prédication de la justice à la grande
congrégation rassemble un petit troupeau ; sa délivrance, en tant que Christ
souffrant, sera bénie pour un grand nombre. « Qui m’a engendré tous ceux-ci ? »
dira Sion en ce jour-là (Ésaïe 49:21). Cette expression embrasse, peut-être, les
dix tribus aussi ; toutefois, comme principe, une multitude de gens sera là
présente et bénie, ce qui n’a pas eu lieu à la première venue du Christ : alors,
il a dû être, dans son histoire et ses souffrances personnelles, le méprisé et
le rejeté des hommes.
Ps. 40 v. 5-12 — Christ
accomplissant la volonté de Dieu, confessant les péchés avant de les expier
Les pensées dont fait mention le vers. 5, sont les pensées de l’Éternel pour
bénir ; elles nous amènent à la pensée capitale, au centre et au fondement de
tout, [40:7-8] savoir à Christ venant pour faire la volonté de Dieu ; et
maintenant nous pouvons pénétrer plus avant et comprendre mieux la valeur de
l’accomplissement de cette volonté, ou ce qui est mieux encore, l’Esprit le fait
pour nous. Après le vers. 5, nous sommes placés beaucoup plus en présence de la
fidélité de Christ, accomplissant cette volonté, [40:12] accablé par les
iniquités qui l’ont atteint dans sa propre âme tel que nous le voyons en
Gethsémané, — mais en présence de la délivrance. La confession des péchés sur la
tête de la victime, souvenons-nous-en, était autre chose pour elle que d’être
mise à mort ou consumée — de même, lorsque Christ reconnaît ou confesse les
iniquités dont il se chargeait comme siennes, ce n’est pas porter la colère, ni
être retranché de la terre des vivants. Quelque terrible qu’ait été pour lui ce
moment, comme nous le trouvons dans les évangiles — (et il voyait à l’avance
tout ce qui devait en résulter pour lui), — ce qu’il a fait alors, confesser les
péchés, est tout autre chose que de porter la colère qui leur est due. Il faut
que son peuple, je ne dis pas imite sa confession de péchés, mais s’empare de
cette confession avec la conscience que les péchés qu’il a confessés étaient les
leurs ; et peut-être, jusqu’à ce que la grâce soit pleinement connue, auront-ils
à le faire dans une profonde angoisse et une appréhension terrible de la colère
à venir. C’est là — les afflictions extérieures à part — ce qui constitue
l’analogie entre le résidu juif et le Seigneur : quant à la colère de
l’expiation, nous savons qu’il en a porté le poids, afin que nous n’ayons jamais
à la souffrir.
Fidélité de Christ
comme témoin obéissant ici-bas, dans la détresse
Venue de Christ selon les conseils de Dieu, obéissant et dépendant
Notre Psaume nous présente donc Christ, selon les conseils éternels de Dieu,
venu ici-bas pour accomplir la volonté de Dieu dans la nature humaine, se
plaçant au milieu de la grande congrégation d’Israël, souffrant en conséquence
profondément, [40:2] descendant jusque dans le puits de la destruction ; mais sa
confiance en l’Éternel demeure ferme. [40:1] Il l’a attendu patiemment ; il a
été délivré [40:3] et un nouveau cantique a été mis dans sa bouche. [40:1]
L’Éternel a entendu son cri [40:2] et l’a fait sortir du bourbier. C’est une
leçon pour tout le résidu : [40:4] Oh ! que bienheureux est l’homme qui a mis en
l’Éternel sa confiance et ne s’est pas tourné vers les orgueilleux ! — Puis
vient la suite des événements : [40:5] les conseils de Dieu ont été merveilleux
; [40:7] Christ vient pour faire la volonté de Dieu comme homme ; [40:8] il
trouve ses délices à la faire ; [40:9] il déclare la justice de Dieu devant
tous. Mais il est amené par là dans la plus profonde détresse ; [40:12] des maux
sans nombre l’entourent, et de plus, ses iniquités (celles de son peuple)
l’atteignent ; mais la patience a son œuvre parfaite : il est parfait et
accompli dans toute la volonté de Dieu [(Jac. 1:4)], et comme le Psaume nous le
montre au commencement, il est délivré. Toutefois, ainsi que je l’ai déjà fait
remarquer, le Psaume annonce sa fidélité, tout spécialement ; c’est pourquoi
nous le suivons jusqu’à l’accomplissement de l’épreuve, mais toujours sans qu’il
en soit encore délivré. [40:14] L’objet de sa requête est que les méchants,
étant trouvés ses ennemis, soient retranchés, [40:16] mais que les pauvres du
troupeau soient rendus capables de louer, de s’égayer, et de se réjouir en
l’Éternel. Qu’il est beau de voir sa parfaite patience dans l’épreuve, afin que
toute la volonté de Dieu soit accomplie, et de le contempler cherchant la joie
et la parfaite béatitude du pauvre résidu, mais prenant lui-même la position de
dépendance vis-à-vis de l’Éternel et le priant d’intervenir comme Dieu.
L’obéissance et la dépendance sont les deux traits caractéristiques de l’action
de la vie divine dans l’homme à l’égard de Dieu.
Fidélité du témoin dans
sa vie et ses souffrances, sans mention de sa mort
On peut remarquer ici que [40:9-10] le témoignage au milieu de la congrégation
est clos [40:12] lorsque « les maux sans nombre » l’atteignent. [40:2] La
préface du Psaume parle du puits de la destruction quand il en est déjà sorti,
et nous apprenons en vue de quoi il a été obéissant, mais le Psaume ne fait pas
mention de sa mort. Le corps même du Psaume nous le présente dans la fidélité de
sa vie comme témoin, [40:7-8] car il est venu pour faire la volonté de Dieu,
[40:12] et nous montre les maux qui l’ont atteint à la fin, quand il eut à
porter le poids de l’iniquité de son peuple. Le verset 4 applique au résidu,
pour son instruction, et son encouragement, le résultat de la fidélité de
Christ.
Ps. 40 v. 6 — Christ
prenant la position de serviteur en se faisant homme
Avant de passer plus avant, je dirai quelques mots de l’expression du vers. 6 :
« Tu m’as creusé des oreilles ». Cette expression n’est pas la même que celle
que nous trouvons dans l’Exode, au chap. 21 [(v. 6)], où l’esclave a l’oreille
percée avec une alène et attachée au poteau de la porte, afin qu’il devienne
serviteur pour toujours. Ce n’est pas non plus l’expression dont se sert Ésaïe
(chapitre 50 [v. 4-5]) pour nous dépeindre son obéissance si entière et
parfaite, comme serviteur, à la volonté de son Père, qu’il prête l’oreille
chaque matin pour recevoir ses commandements. Le sens du mot que nous trouvons
ici, au Ps. 40, est proprement que Dieu lui a « creusé des oreilles »,
c’est-à-dire que lui, il a pris la position de serviteur. Mais, selon que nous
enseigne l’épître aux Philippiens, chap. 2 [(v. 7)], il a pris cette position en
se faisant homme ; c’est pourquoi l’Esprit accepte ici l’interprétation que les
Septante donnent de ce passage : « tu m’as formé un corps » (voyez Héb. 10:5).
Comparez Jean 13 (qui répond, quant au temps, à Exode 21) ; Luc 12:37 et 1 Cor.
15:28.
Psaume 41
Paroles d’un fidèle du résidu souffrant, exprimant son bonheur
[41:1] Le Ps. 41 nous montre le bonheur de l’homme qui a l’intelligence de cette
position des pauvres du troupeau et qui s’y associe (comp. Matt. 5:3 ; Luc
6:20). Les paroles du Psaume sont celles de l’un des fidèles du résidu
souffrant, — sans doute, l’expression de l’expérience propre du Psalmiste. Nous
avons devant nous un des Psaumes auxquels Christ emprunte une expression pour
montrer comment, au terme de sa vie, lorsqu’il a pris part aux souffrances du
résidu, il les a goûtées dans toute leur amertume. [41:12] Cependant le pauvre
est gardé dans l’intégrité et placé devant la face de l’Éternel. Le triomphe
apparent des méchants est de courte durée.
Conclusion du premier
livre
Expérience du résidu en relation avec l’Éternel, et position de Christ parmi eux
Ainsi se termine le premier livre, dans lequel, comme ensemble, nous trouvons
l’expérience du résidu avant qu’il soit chassé, ou au moins l’expérience de ceux
qui ne seront pas chassés : le nom d’alliance de l’Éternel y est employé. C’est
pourquoi nous y sommes initiés à la position de Christ, pour autant qu’il vint
et se plaça lui-même au milieu des pauvres du troupeau sur la terre, et vécut
dans la souffrance et l’intégrité, au milieu du mal : mais, comme je l’ai déjà
observé, il n’est pas personnellement le sujet du dernier Psaume du livre, comme
nous le fait voir le verset 4.
Lien et intérêt des Ps.
40 et 41 avec le reste du livre
Comme nous l’avons dit aussi, les huit premiers Psaumes forment une sorte
d’introduction dans laquelle la scène tout entière se déroule devant nos yeux
dans ses principes et ses résultats selon le conseil de Dieu : après quoi les
Ps. 9 et 10 nous font connaître les véritables circonstances historiques des
Juifs aux derniers jours. — Ainsi, au point de vue des faits historiques, l’état
des Juifs aux derniers jours forme la base et le sujet de tout le livre, en même
temps que nous apprenons de quelle manière Christ a pu s’associer à leurs
souffrances et devenir par son exemple un encouragement pour eux. Sa vie tout
entière au milieu de la nation est passée en revue, et plus particulièrement à
la fin, alors que, après avoir déclaré la justice de Dieu dans la grande
congrégation [(40:9)], il entra dans les profondes souffrances des dernières
heures de son passage sur la terre, s’avançant au-devant de l’abandon de Dieu.
Cependant le sentier qu’il suivait était pour lui, et grâce à Dieu certainement
pour nous, le sentier de la vie. Dans cette suite de Psaumes, le Ps. 40 offre
cet intérêt particulier, qu’il nous montre non seulement l’histoire de Christ,
sa fidélité, mais la libre offrande qu’il fait de lui-même avant son
incarnation, pour accomplir tout ce que les conseils du Père exigeaient de sa
part ; — puis nous le présente, attendant dans l’obéissance jusqu’à ce qu’il
plaise à l’Éternel d’intervenir, après quoi il chantera le cantique nouveau. La
résurrection a été le témoignage solennel de l’intervention de Dieu, par
laquelle, comme nous l’avons vu au Ps. 22, il a suscité ou plutôt créé ce
cantique dans tant d’autres cœurs. Comme nous le voyons fréquemment ailleurs,
les premiers versets (v. 1-3) nous fournissent le sujet même du Psaume, ceux qui
suivent tout ce qui a produit ce résultat, avec ceci de particulier qu’ici, le
sentier a pour point de départ l’offrande qu’il a faite d’abord de lui-même pour
accomplir l’œuvre.
Béatitude de ceux qui
s’associent aux pauvres, contrastant avec la fausseté des méchants
Le lecteur remarquera aussi, dans le Ps. 41, que nous avons signalé comme
caractérisant le résidu, la reconnaissance du péché (vers. 4) et la déclaration
de l’intégrité (vers. 12). Nous avons déjà dit que Christ a emprunté une
expression de ce Psaume qui montre, quoique le Psaume ne traite pas directement
de Lui, comment il a pris la place à laquelle la teneur générale du Psaume
s’applique (Jean 13:18). Les orgueilleux et les méchants pouvaient le mépriser
et le fouler aux pieds, lui, humble et débonnaire, et ce fait peut s’appliquer
au résidu sous la discipline, mais ce qui est ici devant nous, c’est plutôt
l’esprit de fausseté de ceux dans lesquels il aurait dû se confier. La
bénédiction est pour ceux qui, humbles et débonnaires sous le châtiment,
comprennent les voies du Seigneur. L’homme humble regarde au Seigneur quand sa
main est sur lui. La portée du Psaume est que ceux qui comprennent la position
des pauvres avec lesquels l’Éternel a affaire et qui s’y associent, sont
bienheureux. Christ a pleinement pris cette place, quoiqu’il n’ait jamais été
sur un lit de maladie.
Introduction au livre 2
Contenu et sujets du livre
Le second livre tout entier nous présente le résidu hors de Jérusalem, et la
ville livrée à l’iniquité ; la relation d’alliance des Juifs avec l’Éternel est
perdue, mais le résidu se confie en Dieu. Quand le Messie entre sur la scène,
tout change. Le livre place aussi plus clairement devant nous l’exaltation de
Christ dans les cieux comme moyen de la délivrance des fidèles, ainsi que son
rejet et ses souffrances ici-bas. Il se termine par le règne millénaire du
Messie dans la paix, sous la figure de Salomon. L’esprit de l’homme pieux est
mis à l’épreuve par ces circonstances, et comme tout espoir de trouver dans le
peuple quelque chose de bon est perdu, l’âme du fidèle est tournée plus
complètement vers Dieu lui-même et s’attache à lui.
Psaumes 42 et 43
Ps. 42-49 — Foi du résidu chassé, et délivrance par le Messie en jugement
Psaume 42
Le livre s’ouvre par le Ps. 42. [42:4] L’homme pieux s’était rendu avec la
multitude à la maison de Dieu, mais tout cela est passé : [42:6] il est chassé
hors du pays et sa supplication monte depuis le pays du Jourdain et des Hermons,
de la montagne de Mitsear ; [42:7] toutes les vagues de Dieu ont passé sur lui.
Quelle douleur, quelle chose effrayante de voir un ennemi en possession du
sanctuaire, le nom de l’Éternel blasphémé et celui qui lui était fidèle jeté
dehors. [42:3] Les Gentils, selon Joël, sont entrés avec puissance et se sont
raillés de ceux qui s’attendaient à la fidélité de l’Éternel, disant : « Où est
leur Dieu ? » (Joël 2:17). Il y avait là, certainement, une épreuve terrible (il
en a été ainsi de Christ, sur la croix, et bien plus encore, car il a dit qu’il
était abandonné [(Matt. 27:46)]), car ce que Dieu était pour les fidèles, par la
foi, était mis en question. Cette foi est précisément ce dont notre Psaume est
l’expression. [42:2] Le cœur du fidèle soupire après Dieu : les bénédictions de
l’alliance étaient perdues ; dès lors, ce que Dieu était en lui-même n’en
ressortait que plus puissamment et était apprécié de même. [42:3] La détresse
qui prédomine est exprimée dans ces mots : « Où est ton Dieu ? ». [42:5] Mais si
le saint n’est plus dans Jérusalem, Dieu est sa confiance. La foi dit : « Je le
célébrerai encore, sa face est le salut ». [42:11] Le cœur aussi peut en appeler
à lui, et sous le poids des outrages répétés espérer en Dieu lui-même, qui sera
le salut de la face de celui qui se confie en lui. Au vers. 5, on remarquera
qu’il est parlé de la face de Dieu qui est le salut, et qu’au vers. 11, Dieu
devient le salut de la face de celui qui s’attend à lui. Par la privation de
toutes les bénédictions et l’exercice de foi qui s’y rattache, l’âme est rejetée
entièrement sur Dieu ; Dieu lui-même devient tout pour elle.
Psaume 43
L’ennemi du Ps. 42 est l’ennemi et l’oppresseur du dehors, le gentil. Quoique ce
ne soit, naturellement, que dans les circonstances et non dans les profondeurs
de l’expiation, il est pourtant intéressant de constater l’analogie qui existe
entre le verset 3 et ce que le Seigneur a dit sur la croix ; mais au Ps. 43, qui
forme comme un supplément du précédent, [43:1] la nation impie, les Juifs, et
l’homme trompeur et pervers, le méchant, sont devant nous — l’oppresseur gentil
restant toutefois sur la scène (vers. 2), car nous savons qu’ils seront tous
deux présents alors. [43:3] Le fait qu’il s’agit ici de la nation juive ramène
davantage les pensées du résidu vers le retour à la montagne sainte, aux
demeures de Dieu [43:4] et à son autel. Les vers. 3 et 4 forment la base du
livre.
Psaume 44
Le Ps. 44 nous présente un tableau complet et vivant de l’état de la nation,
développé dans la conscience du résidu. [44:1] Ils ont ouï de leurs oreilles ;
la foi se repose dans le souvenir de toutes les anciennes glorieuses délivrances
de Dieu, [44:2] et elle se souvient comment il a mis son peuple en possession du
pays par sa puissance, [44:3] non par la leur (vers. 1-8). Les vers. 9-16 sont
l’expression de leur condition présente : [44:9] ils sont rejetés [44:11] et
dispersés ; [44:16] l’ennemi, le vengeur est au milieu d’eux ; [44:11] ils sont
dispersés parmi les nations, [44:12] vendus par Dieu pour rien. Cependant ils ne
se sont pas détournés de leur intégrité (vers. 17-22) ; [44:22] au contraire,
c’est pour l’amour de lui qu’ils sont mis à mort tout le jour et qu’ils sont
estimés comme des brebis de tuerie1. Les vers. 23-26 contiennent leur requête à
Dieu [44:23] pour qu’il se réveille, [44:26] afin de les délivrer à cause de sa
bonté. Le nom de l’Éternel n’est pas mentionné dans ce Psaume, car les fidèles
sont « dehors », loin de Jérusalem ; c’est de Dieu qu’il s’agit.
1 Remarquez qu’ils sont, en principe, dans cette position, dès le moment où le Messie est rejeté.
Psaume 45
Le Ps. 45 introduit le Messie sur la scène, et, avec lui, un changement complet,
comme nous allons le voir. La portée de ce Psaume est si simple et si claire
que, malgré tout son intérêt et toute sa force, il est presque superflu d’entrer
dans beaucoup de détails à son sujet. Le Messie est là en jugement et prend
possession du trône. [45:7] Il avait déjà prouvé qu’il aimait la justice et
haïssait la méchanceté, qu’il était propre au gouvernement. [45:6] Il est salué
Dieu : [45:7] toutefois ses disciples (le résidu) sont appelés « ses compagnons
», tandis que Zacharie (chap. 13:7), qui nous le présente dans son humiliation
et frappé, l’appelle le compagnon de Jéhovah. Je pense que la reine (la femme),
mentionnée au verset 9, est Jérusalem. [45:12] Tyr et d’autres lui offrent des
présents ; [45:13] elle est reçue glorieusement « dans les appartements du Roi
lui-même », car tel est, je pense, le sens de l’expression « dans l’intérieur »
du vers. 13. Elle est dans la relation la plus intime avec le Roi. [45:14] Les
vierges, ses compagnes, sont, je le suppose, les villes de Juda. [45:16] La
gloire d’Israël n’est plus celle des pères, mais la présence du Messie qui est
venu accomplir les promesses, a éclipsé la gloire des anciens dépositaires de la
promesse. Au lieu des pères, ils ont des fils qui seront établis pour princes
dans tout le pays. L’entrée du Messie sur la scène, en gloire et en jugement,
amène le triomphe complet de Jérusalem et du peuple juif et leur gloire au
milieu des nations. Ce Psaume est exclusivement rempli par le Messie, envisagé
comme homme : Dieu est son Dieu ; mais le Messie est Dieu.
Psaume 46
Maintenant que le Messie est apparu en gloire, le résidu peut célébrer ce que
Dieu est pour son peuple ; [46:1] il peut le célébrer avec la connaissance
particulière qu’il a acquise de ce qu’Il a été pour lui au temps de la détresse.
[46:2-3] Il peut y avoir encore une attaque à subir, et en effet, selon la
prophétie, je crois qu’il y en aura une. Mais comme le plein et entier effet de
la venue du Messie en bénédiction est célébré dans le Ps. 45, le 46ème en
célèbre le grand résultat selon le gouvernement de Dieu. Le résidu fidèle a
l’Éternel avec lui comme le Dieu de Jacob (vers. 7), ici spécialement comme
refuge et délivrance ; on en comprendra le pourquoi, après l’étude que nous
venons de faire. [46:2] Quand la terre tremblerait, que les montagnes se
renverseraient, [46:3] et que les eaux mugiraient et écumeraient, son peuple n’a
rien à craindre : [46:1] Dieu est avec lui. Ce n’est pas tout : [46:4] sa sainte
ville sur la terre, le saint lieu où le Très-Haut habite, les tabernacles de
Dieu, sont réjouis par le fleuve qui, dans ces descriptions, ici et ailleurs,
est l’image de la bénédiction, et qu’on retrouve avec la même signification,
soit dans la Jérusalem céleste [(Apoc. 22:1)], soit dans la Jérusalem terrestre
(dans Ézéchiel [chap. 47]), soit dans le paradis, soit dans le croyant et dans
l’Église qui invite celui qui a soif à boire l’eau de la vie [(Apoc. 22:17)].
Même alors, ce fleuve réjouit la ville de Dieu ; [46:5] Dieu est là, — la plus
sûre et plus excellente réponse à l’insultante question : « Où est ton Dieu ? »
du Ps. 42 [(v. 10)]. La ville du Souverain ne sera pas ébranlée, mais sera
secourue au lever du matin. Le vers. 6 nous présente, avec une puissance
magnifique, le grand résultat de l’intervention divine ; tout est décidé. [46:7]
Alors les fidèles disent : « L’Éternel des armées (Jéhovah Sabaoth) est avec
nous » ; le Dieu de tout le peuple est la haute retraite de ce pauvre résidu
(vers. 7). Dans les vers. 8 et 9, les saints invitent la terre à contempler les
hauts faits de l’Éternel, la fin de l’impuissante rage des hommes et de tous
leurs efforts, car il sera exalté parmi les nations et par toute la terre.
[46:10] Que la foi soit tranquille et s’attende à lui, et sache qu’il est Dieu,
[46:11] comme le résidu de Jacob reconnaîtra avec joie que l’Éternel des armées,
le Dieu de Jacob, est avec lui.
Psaume 47
Le Ps. 47 poursuit cette délivrance jusqu’à ses brillants résultats pour Israël,
selon la gloire de Dieu sur la terre. [47:2] L’Éternel est maintenant un grand
Roi sur toute la terre (comp. Zach. 14 [v. 9]) ; [47:3] il assujettit les
peuples à Israël [47:4] et lui-même leur choisit leur héritage. Les vers. 5 à 9
célèbrent ce fait avec un chant de triomphe, [47:9] ainsi que la réunion, au
peuple du Dieu d’Abraham, de ceux d’entre les nations qui maintenant
reconnaissent Dieu. [47:6] Il est spécialement le Roi d’Israël (le Roi du
résidu), mais s’il est tel, [47:7] il est Roi sur toute la terre. Dieu est
magnifié dans ces versets, mais il est le Dieu d’Israël : c’est la célébration
de la partie terrestre de la gloire millénaire de Dieu, dont Israël, reconnu
dans le résidu délivré, est le centre.
Psaume 48
Le Ps. 48 complète la série des Psaumes qui nous occupent. [48:1] L’Éternel est
pleinement établi Roi d’Israël en Sion, [48:2] qui est devenue maintenant la
joie de toute la terre, la ville du grand Roi, [48:3] et dans les palais de
laquelle Dieu est bien connu comme une haute retraite. [48:4] Les rois s’étaient
assemblés ; ils avaient trouvé là un tout autre pouvoir que celui qu’ils
imaginaient ; [48:5] ils ont été étonnés, ils ont été troublés, et se sont
enfuis consternés. [48:7] La puissance de la mer a été brisée par le vent
d’orient, et la main de l’Éternel y a été manifestée. Notre Psaume nous reporte
d’une manière admirable au commencement du Ps. 44 [(v. 1)], où les saints, dans
leur détresse, disaient : « Nous avons entendu de nos oreilles… l’œuvre que tu
as opérée dans leurs jours » ; tandis que maintenant ils disent : « Comme nous
avons entendu, ainsi nous l’avons vu dans la ville de l’Éternel des armées, dans
la ville de notre Dieu » (vers. 8). Ils ne s’expriment pas maintenant comme au
Ps. 42 [(v. 4, 6)] : « J’allais avec la foule… il me souvient de toi depuis le
pays du Jourdain… », mais dans une douce paix que rien ne peut troubler, ils
disent : « Ô Dieu ! nous avons pensé à ta bonté, au milieu de ton temple »
(verset 9). Ils s’étaient confiés au nom de Dieu ; [48:10] maintenant ils
célèbrent ses louanges selon ce nom : Il est entré sur la scène en puissance. Sa
louange s’étend jusqu’aux bouts de la terre ; [48:11] il invite la montagne de
Sion à se réjouir à cause de ses jugements [48:14] avec la certitude
bienheureuse que ce Dieu est leur Dieu pour toujours et à perpétuité, et sera
leur guide jusqu’à la mort (vers. 11 à 14). La bénédiction est terrestre, et la
mort, « le dernier ennemi » [(1 Cor. 15:26)], n’est pas détruite.
Psaume 49
Le Ps. 49 est une espèce de conclusion morale pour tous, fondée sur ces
jugements de Dieu. Prospérité, gloire mondaine, tout ce dont l’homme
s’enorgueillit, tout cela n’est que vanité. [49:11] L’homme s’attend à durer, il
donne son nom à sa terre, [49:18] il bénit son âme et il est loué de sa prudence
et de sa sagesse parce qu’il s’est fait du bien ; [49:14] mais le moment vient
où « ils gisent dans le shéol comme des brebis ». [49:12] L’homme du monde
espère toujours, mais il doit quitter le monde au milieu duquel il était grand ;
sa mémoire, qui dure, ne sera rien pour lui et une déception pour d’autres. La
puissance de Satan est pour cette vie-ci, il n’y a plus après elle lieu à
tromperie. [49:20] L’homme qui est en honneur et qui n’a point d’intelligence
est semblable aux bêtes qui périssent, [49:15] mais le résidu fidèle se confie
en Dieu, son âme sera rachetée de la puissance du shéol. Dieu le prendra. La
préservation sur la terre ou la bénédiction céleste sont ici un peu dans le
vague. L’attente immédiate des fidèles serait plutôt d’être gardés en vie, mais
elle assure à ceux qui seront mis à mort l’espérance la plus entière. Il en est
de même dans Luc, chapitre 21:19 (Ktêsasthe tas psychas umôn) et dans Matt.
24:13. Ici aussi, le vague est intentionnellement maintenu.
Psaume 50
Ps. 50-51 — Jugement de Dieu sur le peuple, et confession de celui-ci
Psaume 50
Nous entrons maintenant sur un autre terrain, et nous trouvons au Ps. 50, le
jugement de Dieu sur le peuple — [50:1] l’Éternel, le Dieu fort, appelle la
terre à comparaître, — puis au 51ème la confession du péché dont le peuple s’est
rendu coupable en mettant Christ à mort. L’introduction du Ps. 50 est de toute
beauté ; elle exige du reste peu d’explication. Remarquez seulement que les deux
premiers versets forment la thèse du Psaume, développée dans les versets qui
suivent. [50:4] Il appelle les cieux en haut et la terre comme témoins de sa
justice, mais le jugement est spécialement celui du peuple. Aux vers. 5 et 6,
Dieu prend en main la cause du résidu ; [50:5] il reçoit et rassemble ses saints
(ou pieux ; khasidim, en hébreu) qui sont entrés maintenant en alliance avec lui
sur le sacrifice. C’est, je suppose, avec la pensée qu’ils porteront leurs
regards vers Christ, celui qu’ils ont percé [(Zach. 12:10)], que ces choses sont
exprimées. [50:2] Quoique Dieu soit en résultat établi en Sion, [50:6] les cieux
interviennent pour la manifestation de Sa justice, et cette manifestation est
distincte de son jugement, remarquez-le. Tout ceci est une mise en scène et
n’est pas en soi-même le jugement de Dieu. Lui resplendit au milieu de toute
cette scène, je n’en doute pas, mais d’une manière particulière ; nous pouvons
dire que cela a lieu dans ses saints glorifiés (naturellement avec Christ
lui-même), et si pleinement, qu’ils jugeront la terre. Il ne s’agit pas ici de
jugements providentiels par des causes secondaires ; Dieu lui-même est Juge
maintenant, [50:5] et c’est pourquoi il rassemble ses saints aussi. Au verset 7,
le peuple est jugé. [50:9] Dieu n’a pas besoin de sacrifices, il veut la
justice, et ne veut pas la méchanceté, ni non plus maintenant que les méchants
demeurent au milieu de son peuple. Nous retrouvons les mêmes choses aux chap. 48
et 57 d’Ésaïe. [50:21] L’homme estime que Dieu est semblable à lui, mais Il l’en
reprendra et mettra tout en ordre en Sa présence (vers. 21) ; ceci est le
jugement de Dieu.
Psaume 51
Le Ps. 51 est la vraie confession des fidèles du résidu : ils sont entrés
pleinement dans la pensée de Dieu (voyez vers. 16). Il y a une vraie et complète
humiliation devant Dieu pour le péché, et pourtant de la confiance en lui.
[51:7] La vraie foi du peuple de Dieu s’attend à lui pour qu’il purifie [51:14]
et délivre. Le péché tout entier du cœur et de la nature est reconnu et le crime
horrible de la mort de Christ confessé (vers. 14) ; l’humiliation est acceptée,
[51:7] mais avec le sentiment que la purification de Dieu est parfaite. [51:10]
Il crée aussi un cœur pur. [51:11] Le résidu demande à Dieu que l’esprit de sa
sainteté, dont Aggée dit qu’il a demeuré avec eux après tous leurs péchés (Aggée
2:5), et en dépit de la captivité de Babylone, ne soit pas ôté du milieu de lui,
et qu’il ne perde pas le sentiment de la présence de son Dieu. Quelques
personnes trouvent ici une difficulté que je ne vois pas. Les saints de l’Ancien
Testament n’ont pu faire aucun bien que par l’Esprit Saint ; et si cet Esprit
leur était retiré, toute leur joie et leur bonheur s’évanouiraient et feraient
place aux ténèbres : c’est ce que le fidèle appréhende ici. Il ne peut y avoir
de doute sur ce fait que l’Esprit a été avec les saints de l’Ancien Testament ;
la seule question est de savoir s’il était présent avec eux de la même manière
et s’il a habité en eux en vertu de l’œuvre et de la gloire de Christ, les
unissant à un Chef (Tête) ressuscité dans le ciel. Ceci, naturellement, ne
pouvait être. L’œuvre n’était pas encore accomplie, l’homme Jésus n’était pas
encore entré dans la gloire. Le Nouveau Testament est très explicite à cet
égard. Le Saint Esprit n’était pas encore (Jean 7:39), mais il fallait qu’il
opérât en eux et avec eux, car tout ce qu’il y a de bien vient de lui. Toute
activité de Dieu dans la créature est par l’Esprit, comme, lors de la création,
il se mouvait sur la surface des eaux [(Gen. 1:2)]. Or il opère spécialement
dans les cœurs des hommes pour y être la source et la puissance de toute
activité et de toute joie, comme nous le voyons dans les prophètes et chez
d’autres. Un saint qui a l’intelligence de sa position ne pourrait maintenant
tenir le langage du vers. 11; il sait que Dieu ne lui retirera pas son Esprit.
Peut-être, dans son angoisse, s’exprimera-t-il ainsi, et avec un cœur vrai ; —
et Dieu dans sa miséricorde l’entendra, mais il n’aura pas parlé avec
intelligence. — Cette repentance d’Israël, comme nous l’apprenons par
l’enseignement invariable des Écritures (voyez Actes 3:19), est le chemin qui
conduit à la bénédiction de Sion. [51:16] Dieu recevrait-il leurs sacrifices ?
Jugement du peuple,
délivrant le résidu, et confession de tout son péché
Dans les deux Psaumes qui viennent de nous occuper, nous avons trouvé le
jugement séparatif en Israël en rapport avec la méchanceté, le péché contre
l’Éternel, un jugement qui est la vraie délivrance pour le résidu ; puis
(lorsqu’Il est apparu) la pleine confession, celle même d’être coupable du sang
du Sauveur. Pour ce qui est des circonstances, ces deux Psaumes complètent
l’exposé de la scène tout entière que nous avons devant nous, et qui forment la
base de tout le livre.
Psaume 52
Ps. 52-64 — Sentiments convenant au résidu dans ses circonstances
Souffrances du fidèle voyant le mal dominer, avant que Christ le délivre et
règne
La série de Psaumes, qui commence avec le Psaume 52, vient (comme nous l’avons
vu ailleurs) fournir et développer l’expression des sentiments qui conviennent
au résidu au milieu de ces circonstances ; par conséquent elle ne nous présente
pas autant l’épreuve et les souffrances de celui qui se trouve au milieu du mal,
que celles qui l’accablent par le fait qu’il voit le mal dominer et prévaloir
dans le lieu même qui appartient à l’Éternel. De là vient aussi que ces Psaumes
sont généralement adressés à Dieu et au Très-Haut, le Dieu de la promesse, et
non pas à l’Éternel, le Dieu des bénédictions de l’alliance, car les fidèles
sont loin du lieu de ces bénédictions ; chaque fois qu’il en sera autrement,
nous aurons soin de le faire remarquer. Après que toutes ces souffrances ont été
développées, provoquant les soupirs vers la délivrance, nos regards sont dirigés
sur la position en vertu de laquelle le Christ qui a souffert une fois en
Israël, et qui est exalté en haut, pouvait secourir et délivrer son peuple. Tout
ceci s’applique au résidu, comme la dernière requête de David souffrant et
fatigué de jours, et caractérisant la position d’Israël lui-même à la fin,
aboutit au règne millénaire de Christ sous la figure de Salomon.
Psaume 52
Au Ps. 52, nous trouvons la foi en face de la puissance du Méchant, puissance
qui est devant le juste. [52:1] « La bonté de Dieu subsiste ». Dieu détruira
l’orgueilleux et le trompeur, mais les justes demeureront. [52:5] Le Psaume nous
rappelle Shebna [(És. 22:15-18)], non pas les ennemis du dehors, ni même la
Bête, mais au-dedans, au milieu d’eux, l’Antichrist lui-même dans sa puissance.
Psaume 53
Le Ps. 53 nous présente les méchants en général, toute la masse du peuple, sauf
ceux que la grâce a mis à part. Ce sont les mêmes paroles que nous trouvons au
Ps. 14, [53:2] mais ici nous avons le nom de Dieu au lieu de celui de l’Éternel
[(14:2)], parce que le résidu est loin du lieu de l’alliance. C’est pourquoi
nous n’avons pas ici Dieu au milieu de la génération juste (Ps. 14:5), [53:5]
mais la confusion complète de ceux qui campent contre elle, — le jugement public
des ennemis extérieurs (Ps. 53:5). Ceux qui sont saisis de frayeur, sont les
Juifs impies (voyez És. 33:14 ; 8:12 et 10:24) ; au Ps. 14 [(v. 6)], ils
méprisaient l’affligé qui se confiait en l’Éternel ; ils étaient extérieurement
ensemble. Maintenant il en est autrement : au lieu de l’impie orgueilleux
accablant le pauvre du troupeau, [53:5] nous trouvons Dieu dispersant ses
ennemis, [53:6] et alors nous trouvons le désir que le salut complet (les
saluts) d’Israël, et non pas seulement le jugement des ennemis du dehors, vienne
de Sion. La puissance qui vient du ciel et détruit l’oppresseur sans foi, est
une chose distincte de l’établissement du résultat en Sion, de la puissance qui
appartient à l’alliance, conformément à la promesse.
Psaume 54
Le Ps. 54 est le cri du juste [54:1] demandant à Dieu de le délivrer selon la
valeur de son nom, qui est le motif de sa confiance. [54:3] Le double caractère
des ennemis est mentionné : les étrangers sont les ennemis du dehors et les
hommes violents sont ceux du dedans qui cherchent la vie du pauvre. Quand la
délivrance vient, alors le nom de l’Éternel est introduit (vers. 6 et 7). Le nom
de Dieu est la révélation de ce qu’il est : c’est là ce qui fait le fondement de
la confiance. [54:6] Le nom de l’Éternel, le nom du Dieu de l’alliance, sera
célébré quand le peuple retournera au lieu où il est en relation avec lui.
Psaume 55
Le Ps. 55 est une description effrayante de la méchanceté dans Jérusalem. Celui
qui parle est hors de la ville, [55:12-13] mais il a fait l’expérience de cette
méchanceté par la trahison de ses plus chers amis. [55:16] Dieu est sa ressource
: l’Éternel sauvera. Il regarde en arrière, je pense, vers tout ce dont il a
fait l’expérience à Jérusalem. [55:10] Jour et nuit la méchanceté faisait le
tour de ses murailles ; [55:11] la méchanceté, la tromperie et la fraude étaient
au milieu d’elle, et ne s’éloignaient pas de ses places. [55:6-7] Il se serait
volontiers enfui loin de tout cela. L’ennemi est au-dehors, le méchant au-dedans
; [55:3] ils accusent le juste de méchanceté et l’ont en parfaite haine ;
[55:15] mais ce qui lui est le plus dur, c’est la perfidie sans cœur de ceux du
dedans, [55:14] de ceux avec lesquels il avait été de compagnie à la maison de
Dieu. [55:22] Toutefois sa confiance est en Dieu, car où chercherait-il du
secours ailleurs ?
Psaume 56
[56:2] Ce Psaume est l’expression du sentiment de l’ardente et infatigable
inimitié des méchants, [56:8] mais Dieu recueille les larmes de l’homme pieux.
[56:2 (note)] Dieu est reconnu comme le Très-Haut : son titre en rapport avec la
promesse, non pas avec l’alliance. Son nom d’alliance est l’Éternel, et ici le
résidu est loin de Jérusalem : — [56:4] mais la parole de Dieu est une sûre
retraite. Elle apporte la vérité de Dieu à l’âme comme fondement de sa
confiance, et renferme toutes les expressions de sa bonté, de ses voies, de sa
fidélité, et aussi de son intérêt pour son peuple. C’est pourquoi le fidèle n’a
aucune crainte de l’homme (vers. 11). [56:13] L’âme du juste était délivrée de
la mort ; il s’était échappé et avait fui, et maintenant il s’attend à Dieu pour
qu’il garde ses pieds de broncher afin qu’il marche devant Lui dans la lumière
des vivants. Comme expression des sentiments de celui qui, chassé de Jérusalem,
est éprouvé, et qui échappe, ce Psaume a une place bien distincte au milieu des
autres : il a en vue, particulièrement, le mal et la marche au milieu du mal de
celui dont les pieds sont gardés parce qu’il s’appuie sur la Parole.
Psaume 57
Le Ps. 57, quoique s’adressant à Dieu dans le même esprit, au milieu des mêmes
circonstances, et sous le même nom, est davantage l’expression de la confiance
en Dieu comme refuge du fidèle. [57:1] Les ailes de Dieu sont un abri jusqu’à ce
que les calamités soient passées, [57:2] et le fidèle attend sa complète
délivrance de l’intervention glorieuse de Dieu qui mettra fin à son affliction.
Dieu a envoyé des cieux et a sauvé (vers. 3). C’est pourquoi la fin de ce Psaume
est plus triomphante que celle du précédent. « Je te célébrerai parmi les
peuples, ô Seigneur ! je chanterai tes louanges parmi les peuplades ; car ta
bonté est grande jusqu’aux cieux, et ta vérité jusqu’aux nues » (vers. 9, 10).
[57:11] Le fidèle attend que Dieu s’élève publiquement au-dessus des cieux et
que sa gloire soit au-dessus de toute la terre. Il n’y avait point de secours
sur la terre auquel il pût s’attendre ; mais il est ainsi rejeté plus
complètement sur Dieu, et amené par là à une confiance plus entière en sa
protection et en la manifestation finale de sa puissance pour le délivrer. Il en
est toujours de même. [57:3] Le Dieu Très-Haut « a envoyé des cieux » ! Combien
ceci dirige en haut les regards du résidu et le lie à une délivrance céleste.
[57:7-10] Ensuite, l’Éternel est loué.
Psaume 58
[58:1] Toute justice se tait en Israël. [58:3] Les méchants étaient méchants et
rien d’autre. [58:6-9] L’homme pieux attend que le jugement tombe sur eux, car «
si l’on use de grâce envers le méchant il n’apprend pas la justice ; dans le
pays de la droiture, il fait le mal » (És. 26:10). C’est des mêmes hommes que
David dit qu’on ne les prend pas avec la main, mais que l’homme qui les touche
se munit d’un fer ou d’un bois de lance (2 Sam. 23:6, 7). [58:10] C’est pourquoi
le juste attend le jugement, comme le seul moyen possible d’ôter le mal, selon
le propre jugement de Dieu, car il avait montré une patience parfaite à l’égard
des méchants, mais lorsque la main de Dieu lui-même est élevée contre eux, ils
ne voient point (Ésaïe 26:11). La vengeance pour la délivrance viendra, « et
l’homme dira : Certainement, il y a un fruit pour le juste, certainement il y a
un Dieu qui juge sur la terre » (v. 11). « Lorsque tes jugements sont sur la
terre, les habitants du monde apprennent la justice » (És. 26:9). Ces terribles
événements établissent le gouvernement et le juste jugement de Dieu sur la
terre. La grâce nous a tirés hors du monde, nous chrétiens ; nous ne sommes pas
du monde, comme Christ n’était pas du monde [(Jean 17:14)]. Quant à notre
délivrance, même du milieu des souffrances, Christ viendra et nous retirera hors
du mal, en sorte que nous n’avons en aucune manière à chercher la destruction de
nos ennemis ; mais, pour le résidu persécuté, il n’y a pas d’autre délivrance
que par cette destruction : c’est pour eux la seule délivrance promise, qui en
même temps, établit le gouvernement de Dieu sur la terre.
Psaume 59
Jugement des ennemis extérieurs à Israël, méchants et orgueilleux
Le Ps. 59 envisage plutôt les ennemis extérieurs. La même méchanceté se retrouve
chez eux, mais la force du pouvoir humain est avec elle ; il faudra qu’ils
passent sous le jugement eux aussi, afin que la méchanceté soit ôtée. [59:3-4]
Ce n’était pas le péché d’Israël contre les Gentils qui avait attiré sur le
peuple l’oppression de leur part (bien que Dieu puisse châtier le peuple parce
qu’il a péché contre Lui, en sorte que Dieu soit justifié) ; c’est pourquoi le
résidu fidèle attend l’intervention de l’Éternel pour juger ces ennemis, [59:5]
et Lui jugera toutes les nations. [59:11] Elles ne sont pas détruites, mais
dispersées ; toutefois, pratiquement, comme puissance, elles sont consumées, et
beaucoup d’entre elles sont mises à mort. Ce Psaume ne fait aucune mention d’un
rétablissement de la bénédiction ; il s’agit ici de jugement, et d’un jugement
qui se continue et n’est pas terminé. Ce jugement des ennemis orgueilleux et
méchants sera poursuivi : quoique dans leur rage ils s’élèvent jusqu’au comble
de la méchanceté, ils seront retranchés et consumés. Toutes les nations
passeront sous ce jugement, mais particulièrement, je pense, la puissance
apostate poussée par Satan, partiellement peut-être le roi du chap. 8 de Daniel.
[59:5] On remarquera que, dès que la position du peuple est envisagée en
contraste avec les nations, le nom de l’Éternel est introduit. [59:1]
L’invocation personnelle est faite encore au nom de Dieu, car le peuple est
encore loin de Jérusalem (voyez vers. 3, 5, 8 pour le nom de l’Éternel ; et les
vers : 1, 9, 10, 17 pour l’invocation personnelle). [59:13] Le résultat de
l’intervention de Dieu, c’est que Dieu domine en Jacob jusqu’aux bouts de la
terre. Les versets 14 et 15 sont, je pense, une sorte de défi : que les nations
entourent la ville comme des chiens affamés, le croyant chantera la puissance de
Jéhovah ! La scène se passe à la fin de la tribulation.
Langage du Messie en
relation avec son peuple, comme l’Éternel
Ce Psaume nous fait connaître une autre phase de la relation d’Israël avec le
Messie, et nous montre comment David devint entre les mains de Dieu un
instrument propre à dire les souffrances du Messie et du résidu. « Ne les tue
pas, de peur que mon peuple ne l’oublie »1 (vers. 11) : ce n’est pas le langage
du roi, comme tel, mais celui de l’Éternel. Le seul cas où cette expression : «
mon peuple », soit employée, se trouve en 2 Sam. 22:44 et au Ps. 18:43, où c’est
Christ qui parle. Mais lorsque Christ est né, il est appelé Jésus, car il
sauvera son peuple de leurs péchés (Matt. 1:21). Jésus a été la manifestation
personnelle de ce qui était dit de l’Éternel : dans toutes leurs afflictions, il
a été affligé, comme Ésaïe nous le montre au chapitre 63 [(v. 9)]. C’est
l’Éternel qui « apprend la langue des savants », selon És. 50 [(v. 4)] ; en
sorte que là où les paroles : « mon peuple » ne sortent pas directement de la
bouche de l’Éternel, ce qui arrive fréquemment, elles sont l’expression des
sentiments de Christ s’associant en sympathie aux souffrances d’Israël, mais
selon l’amour de l’Éternel pour son peuple. Ce sont ses sympathies comme homme,
sans doute, car comment eût-il pu souffrir autrement ; mais cependant celles de
l’Éternel lui permettent de sympathiser parfaitement aux souffrances d’Israël.
Ainsi il pleure sur Jérusalem, disant : « Combien de fois j’ai voulu rassembler
tes enfants ! » [(Luc 13:34)]. Mais c’était l’Éternel. [59:11] C’est pourquoi,
bien qu’il puisse dire « notre bouclier » parce qu’en grâce il prend place au
milieu des enfants, cependant, en disant : « notre », il donne à la requête
toute la valeur et l’excellence de sa propre personne. Le « je » et le « moi »
peuvent être souvent l’expression des sentiments de quelqu’un des fidèles du
résidu, mais quand nous rencontrons des expressions comme celle-ci « mon peuple
», nous nous trouvons, cela est bien clair, en présence d’un personnage qui est
dans une autre position. Il ne s’agit pas de David seulement, qui dit toujours,
comme Moïse, à l’Éternel : « ton peuple », ce qui est parfaitement à sa place,
mais il s’agit de quelqu’un qui, dans quelque affliction que ce fût, pouvait
dire comme l’Éternel, — prophétiquement : — « mon peuple », entrer dans toutes
leurs afflictions, et demander avec justice que Dieu intervînt en jugement. — Je
pense que, quoique les ennemis soient ici les nations, l’intimité de ces nations
avec les méchants d’entre les Juifs et leur alliance avec eux ressortent
clairement de ce passage, comme en És. 66 : ils sont fondus ensemble en un seul
système et dans une même condition de méchanceté.
1 Quand David, par l’Esprit, a employé cette expression il n’était pas encore roi, en fait. Mais l’esprit de Christ en lui, parlait par anticipation, et évidemment en vue d’une autre époque. Remarquez aussi qu’ici, les désirs de la foi embrassent tout Israël quoique aucune délivrance, même celle des Juifs, ne fût encore accomplie.
Psaume 60
[60:1] Au Ps. 60, le résidu reconnaît que Dieu l’a rejeté ; son seul espoir est
que Dieu se retournera de nouveau vers lui. C’est ici ce qui constitue la
justice d’Israël comme nation : nulle recherche d’un autre secours, nul esprit
de rébellion ; mais l’acceptation de la punition de leur iniquité. [60:4] Aussi
Dieu a placé sa bannière en Israël ; il est leur Jéhovah-Nissi [(Ex. 17:15)].
[60:5] Ils regardent maintenant vers lui, [60:7] et la fin du Psaume nous montre
Dieu, affirmant son droit au pays de la promesse. [60:12] La victoire sera
donnée à Israël par lui.
Psaume 61
Le caractère principal de tous ces Psaumes, c’est la confiance en Dieu alors que
tout est contre l’homme pieux. Plus les circonstances sont contraires, plus la
confiance est absolue, mais Christ brille au travers de tout, prenant la place
du juste sous la dépendance de Dieu. Il est vraisemblable qu’un grand nombre des
Psaumes de ce livre ont été composés par David quand il fuyait devant Absalom.
Cette confiance qui fait appel à Dieu est exprimée spécialement dans le Ps. 61.
Nous n’avons pas ici une requête du juste contre ses ennemis, mais le juste
succombant sous le poids du sentiment qu’il est rejeté, [61:2] le juste criant à
Dieu du bout de la terre, le cœur accablé par un déluge de maux, et attendant
que Dieu le conduise sur un rocher trop haut pour lui, afin de le délivrer.
[61:4] Sa confiance est alors rétablie. Il se confie en un Dieu connu, quelles
que soient ses souffrances du moment. Le vers. 5 est l’expression de la
certitude présente qu’il a d’avoir été entendu. Ses vœux sont parvenus jusqu’aux
oreilles de Dieu ; — une pleine bénédiction repose sur lui et sous cette
bénédiction il acquittera ses vœux. Au vers. 6, il est évidemment question de
David, quant à l’occasion, mais nos regards sont dirigés, je pense, vers
quelqu’un de plus grand que David et vers la vie dans laquelle il est entré à
perpétuité comme homme. [61:2] Quoique le résidu pieux soit loin de Jérusalem,
succombant sous le poids de l’affliction de son âme, le fait que le roi s’est
trouvé dans la même position, encouragera les fidèles et affermira leurs cœurs ;
[61:8] son cantique deviendra le leur, et, qu’il l’ait chanté lui-même, sera
leur consolation, lorsqu’ils auraient pu être accablés sous le désespoir. Bien
que le fait que le résidu est chassé de Jérusalem soit l’occasion de notre
Psaume, et soit senti par les fidèles, ce Psaume n’a pas en vue la méchanceté,
mais la faiblesse de la nature, quand le cœur de l’homme est prêt à succomber.
Psaume 62
Le Ps. 62 est encore davantage l’expression de la confiance. Ce n’est plus le
cri d’un cœur accablé, mais le regard s’élève librement en haut, en sorte que le
cœur est en paix. [62:5] L’âme s’attend à Dieu ; elle n’a rien que lui, mais
elle ne désire rien d’autre ; elle attend, et dit aussi : « Jusques à quand ? »
(vers. 3). Dieu interviendra certainement au temps convenable ; alors on
connaîtra à qui la puissance appartient. Ce Psaume est l’expression des
sentiments personnels de chacun des saints du résidu. [62:3] « Jusques à quand
vous jetterez-vous sur un homme ? ». [62:4] Quel est le but de ceux qui
consultent ensemble contre lui… ? Pourquoi le haïssent-ils et cherchent-ils
traîtreusement à le précipiter de son élévation, du lieu de bénédiction dans
lequel Dieu a placé les fidèles en Israël ? Mais tout ceci, je n’en doute pas, a
une application particulière à Christ comme à Celui qui a été réellement dans
cette position et contre lequel ils ont mis en œuvre toute leur méchanceté pour
le faire déchoir de son élévation. [62:8] C’est lui aussi qui invite le peuple
(juif) à mettre sa confiance en Dieu, à répandre son cœur devant Lui, et qui, se
plaçant avec les fidèles dans cette position, ne trouve pas seulement pour
lui-même son refuge en Dieu, mais peut dire : « Dieu est notre refuge » (vers.
7, 8). [62:7] En disant « mon refuge », il nous montre qu’il possédait
réellement cette retraite ; mais ces « maskilim » (les intelligents, et
par-dessus tout, lui, le vrai intelligent) en instruiront plusieurs et en
amèneront plusieurs à la justice1. [62:10] Les peuples sont invités à ne pas
mettre leur confiance en ceux qui sont grands et usent d’oppression et de
rapine, [62:12] mais à Celui à qui appartient la force et auprès de qui est la
bonté. Ils peuvent se confier en Lui comme en un Dieu de justice et vivre
justement, n’étant pas séduits par la prospérité des méchants, car Adonaï «
rendra à chacun selon son œuvre ». [62:3] C’est le désir qu’ont les méchants de
jeter par terre les pauvres du troupeau qui est l’occasion de ce Psaume, parce
qu’après tout, les méchants ont le sentiment que l’excellence de Dieu est avec
ceux-ci et avec Christ particulièrement. Mais il est aussi l’expression de la
foi du fidèle [62:8] et un avertissement pour le peuple de se confier en Dieu
[62:9] et non pas dans les grands de la terre. Ceux-ci sont élevés sur la terre,
mais la vraie grandeur de la part de Dieu est avec Christ, et avec ceux qui
marchent ainsi dans la crainte de Dieu et l’obéissance à la voix de son
serviteur.
1 Comp. Dan. 12:3 et És. 53 [(v. 11)], où il faut lire, non pas : justifiera, mais « enseignera la justice à plusieurs, et lui il portera leurs iniquités ».
Psaume 63
La louange est la portion du fidèle, même dans le désert, car il connaît Dieu
Si le Ps. 61 était le cri d’angoisse, et l’encouragement à s’abandonner à lui,
le Ps. 63 nous présente le désir du fidèle, [63:1] toujours chassé et éloigné du
sanctuaire — (quant à nous, nous pouvons parler ainsi du ciel, car nous y avons
vu, par la foi, la force et la gloire [(63:2)]), — [63:3] mais ayant pour
portion, par la foi en la gratuité elle-même, des chants de louange, même dans
le désert, [63:5] avec de la moelle et de la graisse pour se rassasier. C’est un
Psaume admirable à ce point de vue, parce qu’il nous montre comment la
connaissance de Dieu engendre la louange dans l’âme, pour tous les temps. — Deux
choses sont mises en avant : [63:3] d’abord, parce que la bonté de Dieu est
meilleure que la vie, les lèvres du fidèle le loueront, quoique la vie dans le
désert soit une vie de douleur ; [63:7] ensuite, parce que Dieu a été son
secours, il chantera de joie à l’ombre de ses ailes. Le vers. 8 nous en montre
le résultat pratique : l’âme du fidèle s’est attachée étroitement à Dieu et sa
droite l’a soutenue. [63:2] Elle désire voir sa force et sa gloire (comme elle
l’avait contemplé dans le lieu saint) ; [63:5] elle est rassasiée comme de
moelle et de graisse, [63:6] et se réjouit ainsi, même dans les veilles de la
nuit, lorsque loin des excitations du monde, elle est livrée à elle-même. [63:9]
Ceux qui cherchent la vie du juste pour la détruire, s’en iront dans le hadès,
[63:11] mais le roi se réjouira en Dieu. Ceux qui confessent son nom s’en
glorifieront, mais la bouche de ceux qui parlent faussement et se sont détournés
de lui, sera fermée. C’est encore le roi qui parle et le Psaume s’applique à
Christ lui-même beaucoup plus qu’au résidu. [63:2] Quant à lui il a désiré voir
la gloire de laquelle il était descendu ; pour le Juif cette gloire était dans
le temple ; pour nous, elle nous a été révélée en Christ, et nous la voyons, par
la foi, dans le lieu saint où il est entré.
Différence avec le Ps.
84, car la joie est là en Dieu, non dans le tabernacle
Il y a une différence entre ce Psaume et le Ps. 84 : dans ce dernier, nous
trouvons le désir de retourner de nouveau dans le sanctuaire pour le visiter ;
au Ps. 63, [63:1] c’est la soif de Dieu lui-même ; [84:1] là, les tabernacles de
l’Éternel, d’un Dieu d’alliance, sont aimables ; [63:5] ici, Dieu lui-même est
un rassasiement de joie lorsqu’il n’y a point de tabernacles à visiter. Ceci est
d’un profond intérêt moral1.
1 [63:1] Pour Christ et pour le nouvel homme, le monde est un désert n’ayant rien pour rafraîchir l’âme ; [63:3] mais la gratuité de Dieu étant meilleure que la vie, [63:4] nous pouvons le louer pendant notre vie [63:5] et notre âme peut être rassasiée comme de moelle et de graisse. Le saint n’est pas dans le sanctuaire, mais il a vu Dieu là et son désir est vers Dieu lui-même. Christ pouvait dire cela littéralement. Et nous, nous avons vu le Père en Lui.
Psaume 64
Le Ps. 64 parle principalement de l’incessante et artificieuse inimitié de
l’ennemi, et fait requête à Dieu : « Dieu tirera sa flèche contre eux » (vers.
7). [64:9]Ce jugement aura pour conséquence que tous les hommes craindront,
raconteront les actes de Dieu et considéreront son œuvre. [64:10] Alors, car le
jugement sera venu, le juste se réjouira en l’Éternel : son nom d’alliance est
maintenant mentionné, le jugement ayant ôté la puissance du mal. Ceux qui sont
droits de cœur se glorifieront : le jugement introduit ainsi le millénium.
Psaumes 65 à 67
Ps. 65-67 — Complète confiance du fidèle comptant sur la bénédiction
Les Ps. 65 à 67 nous présentent la pleine et joyeuse confiance du fidèle qui
sait être entendu, et compte sur la bénédiction, quoiqu’il n’y soit pas encore
actuellement placé, tandis que jusqu’ici nous nous sommes trouvés en présence de
la puissance du mal ou des supplications adressées à Dieu par ceux qui
s’attendent à lui.
Psaume 65
Néanmoins les portes de la louange ne sont pas encore ouvertes au Ps. 65 ;
[65:1] la louange se tait dans Sion, mais pas à toujours, car les vœux seront
accomplis. En attendant, si la louange se tait encore, [65:2] Dieu écoute les
prières et toute chair viendra jusqu’à lui. Il y a pleine confiance ! [65:3]
Quant à l’état actuel du peuple et du résidu — le résidu seul, au fait, a
conscience de sa position, — les iniquités ont prévalu contre eux ; mais la
confiance demeure inébranlable, Dieu en fera la purification. [65:4] Bienheureux
est l’homme qu’Élohim a choisi, — car tout est grâce, — et qu’il aura fait
habiter dans ses parvis : ils seront rassasiés des biens de sa maison ; ils en
ont l’assurance et leurs cœurs sont satisfaits. Au vers. 5, il est fait mention
du jugement qui intervient en faveur du résidu pour introduire la bénédiction :
« des choses terribles de justice ». [65:9-13] La fin du Psaume célèbre les
bénédictions de la terre quand Dieu interviendra ainsi en faveur de son peuple.
[65:5] Les fidèles, qui portaient encore le fruit de leurs péchés hors de Sion,
sont amenés maintenant à ses portes, et, encore que la louange se taise dans
Sion, sont prêts pour cette louange. Dieu n’a qu’à intervenir en jugement et en
délivrance ; alors la louange s’éveillera. Élohim fera ces choses, lui qui seul
bénit et gouverne toute la terre.
Psaume 66
Le Ps. 66 célèbre cette intervention de Dieu en justice. Les hommes sont invités
à contempler les œuvres de Dieu (vers. 5), de ce même Dieu qui a autrefois
délivré Israël de l’Égypte (vers. 6). Le vers. 8 invite tous les peuples qui ont
été mis en relation avec Dieu, à bénir le Dieu du résidu, c’est-à-dire d’Israël.
Les fidèles avaient eu à traverser toutes sortes d’afflictions et d’oppression
afin d’être éprouvés comme l’argent (v. 9-12) ; maintenant ils viendront à lui
et le loueront. [66:17] Ils avaient crié à lui, [66:18] ils avaient été droits,
[66:19] ils avaient été exaucés et avaient trouvé grâce ; [66:20] leur prière
n’avait point été rejetée et la bonté de Dieu ne s’était point détournée d’eux.
C’est ainsi qu’après les souffrances (souffrances qu’ils reconnaissent
maintenant comme le fruit des voies et de la main puissante de Dieu envers eux),
il s’est élevé une lumière pour les justes, dans l’obscurité ; [66:13] ils
peuvent acquitter les vœux [66:14] faits au temps de leur détresse, [66:16] et
dire à d’autres la bienheureuse et assurée délivrance du Seigneur qui prend soin
des justes et a, en vérité, entendu leur cri. Toutefois, c’est une délivrance
par des actes terribles de justice de la part de Dieu, manifestant son
intervention en jugement dans le gouvernement de ce monde. Nous voyons ici,
comme dans beaucoup d’autres Psaumes, et bien qu’un passereau ne tombe pas en
terre sans sa volonté [(Matt. 10:29)], que c’est dans le résidu juif que Dieu
manifeste son gouvernement du monde, de même que c’est de ce résidu, comme le
montrera le Psaume suivant, que découle la bénédiction de la terre.
Psaume 67
Le Ps. 67 termine cette courte série de Psaumes [67:1] en exprimant l’attente de
la bénédiction du résidu, non pas seulement comme la juste et miséricordieuse
réponse à la requête des fidèles, [67:2] mais comme le moyen de répandre la
connaissance de Dieu par toute la terre. « Que Dieu use de grâce envers nous,…
pour que ta voie soit connue sur la terre » ; [67:3] ainsi tous les peuples
célébreront Dieu [67:4] et la terre sera jugée et gouvernée avec droiture.
[67:6] Elle donnera son fruit, la bénédiction de Dieu sera sur elle, et, comme
Dieu du résidu pieux qui s’est confié en lui, il bénira les fidèles. [67:7] Le
résultat est résumé dans le dernier verset : « Dieu nous bénira et tous les
bouts de la terre le craindront », car la repentance d’Israël est le moyen de
bénédiction, une vie d’entre les morts pour le monde (Rom. 11:15).
Psaume 68
Ce Psaume fait suite aux précédents, car il célèbre l’introduction d’Israël dans
la position que ceux-ci nous ont dépeinte ; mais il a un caractère particulier
et forme un tout en lui-même. [68:1] Il rappelle tout d’abord les paroles que
Moïse prononçait au départ de l’arche, lorsque le camp d’Israël s’ébranlait dans
le désert sous la conduite de Dieu, la nuée s’élevant et marchant devant lui
[(Nomb. 10:35)]. Il en est de même maintenant. Dieu prend place devant son
peuple. Le Psaume s’ouvre avec une grande majesté : « Que Dieu se lève, que ses
ennemis soient dispersés » ; [68:2] comme de la cire devant le feu, les méchants
périront devant lui. [68:3] Que les justes se réjouissent et exultent en sa
présence et qu’ils tressaillent de joie, car il apparaîtra pour la confusion du
fort qui s’oppose à lui, et pour la gloire du pauvre qui marche dans la justice.
Ceci met clairement en relief l’intention de notre Psaume ; mais, si nous lisons
plus loin, nous y trouvons de plus un magnifique développement du caractère de
Celui qui intervient ainsi : [68:5] il est le Père des orphelins, le juge des
veuves ; [68:6] il fait habiter en famille ceux qui étaient seuls, mais les
rebelles demeurent dans une terre aride. Le jugement est la vraie et
miséricordieuse délivrance du Dieu bienheureux, et maintenant son peuple peut
chanter sa gratuité. Ensuite, l’histoire du peuple est rappelée (vers. 7) ; tel
Dieu a été lorsqu’il le tira d’Égypte. [68:8] Au Sinaï, la terre trembla à cause
de sa présence, [68:9] mais il fit tomber sur son héritage une pluie
rafraîchissante ; il rétablit son peuple fatigué, [68:10] lorsqu’il eut préparé
ses biens pour l’affligé. Maintenant, des faits présents disaient ces choses
plus puissamment encore au cœur des fidèles : « Le Seigneur donna la parole :
grande fut la foule des femmes (des filles d’Israël) qui répandirent la bonne
nouvelle » (vers. 11). [68:12] Les rois se sont enfuis en hâte. Quelle subite et
complète délivrance ! Celle qui demeurait dans la maison, la femme la plus
paisible, partage le butin, car le Seigneur a opéré. [68:13] Alors Israël
apparaît dans toute sa beauté, bien qu’il eût été dans la pauvreté et la misère1
: [68:16] Au milieu de toutes les prétentions et de toutes les luttes des
nations, la volonté de Dieu jette un défi à ces prétentions de la puissance
humaine : « Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie
la montagne que Dieu a désirée ? ». Sion était la montagne de Dieu et l’Éternel
veut y demeurer pour toujours. [68:14] Il a dispersé les rois pour l’amour de
ses saints [68:17] et Il veut demeurer au milieu de ceux-ci. Mais d’où vient
cette grande délivrance ? [68:18] Le Seigneur est monté en haut, il a reçu des
dons comme homme et pour les hommes, — même pour Israël, le rebelle, dont il est
maintenant question, afin que Jah habitât au milieu de ce peuple : [68:19] c’est
pourquoi il célèbre le Dieu de sa délivrance, [68:20] car son Dieu est un Dieu
de salut, et avec quelle puissance de vérité et d’expérience Christ n’a-t-il pas
rendu témoignage à cela ! Mais ils étaient toujours des hommes mortels sur la
terre. Leur délivrance était terrestre et temporelle, quoiqu’elle fût la
délivrance de saints ; mais lui serait toujours leur conducteur, même jusque
dans la mort, — [68:21] il détruirait les méchants ! La vraie cause de toute
cette explosion de joie, de cette exultation dont le cœur est trop plein pour en
parler plus tranquillement, est ensuite indiquée : [68:22] Israël est rétabli en
puissance, [68:23] ses ennemis sont détruits, [68:25] l’ordre magnifique de son
temple est restauré ; [68:27] les tribus y montent, [68:29] les rois apportent
des présents. [68:28] Dieu a ordonné sa force, et le peuple compte sur Dieu pour
maintenir ce qu’il a opéré (vers. 28). [68:30] Puis vient l’assujettissement de
tous les ennemis et de tous les puissants. [68:31] Des princes viendront
d’Égypte, et Cush étendra ses mains vers Dieu. [68:32] Tous les royaumes de la
terre sont invités à chanter les louanges du Seigneur. [68:34] La force est à
Dieu, mais sa majesté, ce en quoi il est glorifié, est sur Israël, et, dans les
nuées, du lieu de sa demeure en puissance, [68:35] sa force veille sur son
peuple. C’est la pleine restauration de la bénédiction et de la gloire d’Israël,
et plus même que la restauration, — tout cela, en conséquence de l’exaltation du
Seigneur, afin qu’il reçoive des dons comme homme [(68:18)]. Mais dans cette
intervention de Dieu en puissance de jugement pour la bénédiction du résidu, en
jetant par terre tout pouvoir humain et toute arrogance de la volonté de l’homme
quand Dieu se lève devant son peuple terrestre et disperse ses ennemis, il y a à
relever des détails de la plus grande importance : Premièrement, nous trouvons
le nom de « Seigneur » (Adonaï). Le nom de « Jah » se trouve bien dans les
versets 4 et 18, mais c’est toujours du « Seigneur » qu’il est parlé. Ce n’est
pas le nom d’alliance, quoique Jah le rappelle, mais un nom qui implique la
puissance en exercice. Il s’agit de seigneurie et d’une seigneurie divine. Je
crois que c’est ce que nous trouvons chez Thomas quand il dit : « Mon Seigneur
et mon Dieu » [(Jean 20:28)]. C’est autre chose que : « Dis à mes frères : Je
monte vers mon Père et votre Père » [(Jean 20:17)]. C’est Dieu, mais manifesté
en puissance comme Seigneur, ainsi qu’au Ps. 2 [(v. 4)] : « le Seigneur s’en
moquera ». Seulement là il n’est pas encore redescendu, [68:18] tandis qu’ici
son ascension est envisagée comme ayant eu lieu. Ce n’est pas Dieu, comme tel,
qui donne, mais Celui qui est Seigneur est monté et a reçu des dons comme homme
et dans l’homme. Il les a reçus dans son caractère adamique (dernier Adam) ayant
emmené captive la captivité (Actes 2:33-36). Il est ici l’homme monté en haut,
quoiqu’il soit beaucoup plus, et, ayant reçu les dons comme Tête humaine
glorifiée, il les distribue (voir Éph. 4 [v. 7-11]), mais bien que, comme homme,
ce soit pour l’homme et dans l’homme, il s’y a joute encore un caractère spécial
: « même pour les rebelles, afin que Jah, Dieu, ait une demeure ». Ici, le
résidu, l’Israël de notre Psaume, apparaît. L’apôtre ne cite pas cette dernière
partie, mais s’arrête au fait que les dons sont reçus par Lui pour l’homme. Dans
le Psaume suivant, nous trouverons son humiliation — (quel contraste !) — mais
combien elle est loin d’être moins glorieuse ou d’un moins grand intérêt pour le
cœur qui a appris et sait qui Il est !
1 La force de l’expression employée au verset 13 est controversée, mais je ne doute pas qu’elle ne s’applique aux étables des moutons et du bétail.
Psaume 69
État d’âme exprimé dans le psaume, dans la détresse mais regardant à Dieu
L’état d’âme dont ce Psaume est l’expression demande la plus grande attention et
un patient examen. Jusqu’ici, nous avons eu toujours le résidu d’Israël devant
nous, ou Christ lui-même associé à ce résidu : il en est de même au Ps. 69.
Celui qui parle est David tout d’abord, sans doute, mais en réalité un plus
grand que lui. [69:2] L’état qui y est décrit est celui de quelqu’un qui est
dans la plus grande détresse, enfoncé dans une boue profonde ; [69:5] il a à
peser devant Dieu la folie et les fautes qui sont l’occasion de ce triste état.
[69:4] Il est environné de nombreux et puissants ennemis qui le haïssent sans
cause. Quoi qu’il en soit des péchés qu’il envisage, lui, personnellement, a été
fidèle ; [69:9] le zèle même de la maison de Dieu l’a dévoré, [69:7] et il
souffre l’opprobre pour l’amour du Dieu d’Israël. [69:6] C’est pourquoi il
demande que son état ne soit pas une pierre d’achoppement pour d’autres,
lorsqu’ils verront qu’un tel fidèle a été plongé dans l’angoisse et la détresse
les plus extrêmes. [69:13] Cependant il n’est pas abandonné de Dieu ; bien au
contraire, sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé ; il s’attend à être
exaucé selon la grandeur de Sa bonté et la vérité de Son salut. Ses ennemis sont
le sujet de sa plainte, cependant il se voit lui-même frappé de Dieu et placé au
milieu de ceux que Dieu a blessés (vers. 26). [69:22-28] Son désir est la
vengeance contre ces hommes : ce n’est pas le témoignage de la grâce.
Souffrances de Christ
de la part des Juifs, selon la condition du résidu fidèle
Tout cela répond parfaitement à la condition du fidèle au milieu du résidu
d’Israël : [69:5] il reconnaît ses péchés, — tous les péchés de son peuple ;
[69:7] cependant il souffre l’opprobre [69:4] et une inimitié sans cause pour
l’amour du Dieu d’Israël ; plus il est fidèle, plus il souffre. [69:13]
Cependant la foi lui fait savoir qu’il prie le Dieu d’Israël en un temps agréé
(c’est le caractère des derniers Psaumes que nous venons de parcourir), mais il
est dans la détresse la plus profonde ; [69:3] ses yeux se consument pendant
qu’il attend son Dieu. [69:10] Son intérêt pour Israël, sa soumission aux
outrages, font de lui le sujet de leur mépris. [69:24-26] Il demande la
destruction de ses adversaires et de ses persécuteurs qui n’ont point de pitié,
qui n’en veulent point, [69:33] assuré que le Seigneur écoute les pauvres et ne
méprise pas ses prisonniers. [69:34] Toute la création est invitée à le
célébrer, [69:35] car Dieu sauvera Sion et bâtira les villes de Juda, afin
qu’ils y habitent et qu’ils les possèdent ; [69:36] la semence de ses serviteurs
l’héritera et ceux qui aiment son nom y demeureront. Tout ceci est exactement la
position et le sentiment du résidu fidèle — les maskilim. Mais au verset 21 et
même au 9ème, quoique ce dernier soit d’une application plus générale, nous
trouvons ce qui a été littéralement accompli en Christ. L’emploi que fait
l’épître aux Romains [(Rom. 11:9-10)] du verset 22, nous amène à la même
conclusion ; c’est aussi à Christ que plusieurs autres versets trouvent leur
application la plus parfaite, tout en étant applicables à d’autres personnes.
Qu’on le remarque bien cependant : dans ce Psaume, Christ ne parle en aucune
manière comme abandonné de Dieu. Aussi, quoique ce soit à la vie de Christ qu’il
se rapporte, et que cela puisse s’étendre jusqu’aux souffrances de la croix, on
n’y trouve, comme nous l’avons vu, aucune allusion à la grâce et à la
miséricorde qui en découlent. Ce sont les souffrances de la part de l’homme qui
nous sont présentées dans ce Psaume, et non point l’abandon de Dieu : aussi
n’annonce-t-il point la grâce en vertu de la justice, mais il appelle le
jugement sur l’homme. [69:5] Cependant les péchés y sont confessés devant Dieu,
[69:26] et celui qui endure les persécutions est quelqu’un que Dieu a frappé.
C’est à cause de cela qu’il m’est impossible de ne pas voir, dans ce Psaume,
Christ entrant de cœur et de pensée, — après sa vie juste, à cause de laquelle
il a souffert l’opprobre (et dont il fait le récit en rapport avec les grands
principes qui l’ont dirigée), dans les maux et la détresse qu’Israël avait
attirés sur lui selon les lois du gouvernement de Dieu. Il ne s’agit point
toutefois ni d’abandon, ni de rejet, car c’était la part de Christ seul, comme
portant le péché, et en faisant l’expiation. Cependant Israël est battu de Dieu
et blessé par Lui, et Christ y est entré selon les sympathies de son cœur, parce
que, bien que ce ne soit pas le sujet généralement traité dans ce Psaume, il a
été battu de Dieu dans le sens le plus élevé et le plus absolu. La persécution
par les Juifs est le grand sujet présenté ici ; mais la personne persécutée
était frappée de Dieu et sentait ce qu’il y avait de terrible dans la méchanceté
qui n’avait qu’insulte et outrage pour Celui que l’amour et le dévouement
avaient amené à prendre cette coupe amère que nous avions remplie de nos péchés.
Christ était frappé de Dieu sur la croix et sentait profondément l’opprobre et
la honte qui lui échurent là.
Souffrances
personnelles de Christ, mais non de l’expiation
Quant aux fautes rappelées dans le vers. 5 (*), je pense qu’elles sont en
rapport avec le gouvernement de Dieu en Israël : le fait que c’est Dieu qui
frappe, y est bien mis en saillie, mais la puissance expiatoire de ce fait n’est
nullement le sujet de ce Psaume. C’est pourquoi il fait appel au jugement ; ce
n’est point le fruit de l’expiation (comparez le Ps. 22). Mais pour cette même
raison, ce Psaume nous fait plus pleinement comprendre toutes les souffrances
personnelles de Christ, en omettant celles dans lesquelles il demeure absolument
et entièrement seul dans son œuvre de propitiation et d’expiation. — Ne nous
eût-il été révélé que cette portion de ses souffrances, elle est d’une grandeur
telle qu’elle aurait éclipsé toutes celles à travers lesquelles il eut à passer
personnellement comme homme en ces jours-là. Dieu en soit béni, ce que nous
trouvons dans ce Psaume, c’est ce qui accompagnait le grand fait qu’il fut battu
de Dieu.
1 De plus, comme nous l’avons déjà remarqué, l’identification avec la victime et la confession des péchés sur sa tête, n’étaient en aucun cas l’acte de l’expiation. C’était simplement l’indication de ce qui devait être expié.
Psaume 70
Le Ps. 70 est l’expression du désir de l’Esprit de Christ, en rapport avec les
souffrances qu’il a endurées de la part de l’homme, mais avec la forme que ce
désir prendra chez le résidu au dernier jour : [70:3] Que ses ennemis soient
confondus, eux qui disent : ha ! ha ! — comme ils le firent quand il était sur
la croix ; — [70:4] que ceux qui cherchent l’Éternel s’égaient et se réjouissent
en Lui, et que ceux qui aiment son salut — en d’autres termes, ceux qui
jouissent de ce salut — disent continuellement : Magnifié soit Dieu ! [70:5] En
ce qui le concerne, il est satisfait, à cause de cela, d’être affligé et pauvre
comme homme sur la terre, et de ne pas avoir d’autre part jusqu’à la fin. Il se
confie en l’Éternel qui est son secours et son libérateur, et sait qu’Il
interviendra. Il lui demande de ne point tarder. Ce langage peut se trouver,
sans doute, dans la bouche d’un saint quelconque du résidu, mais il résume
parfaitement le principe d’après lequel l’Esprit de Christ parle, dans les
saints, lorsque Christ s’associe personnellement à leurs tribulations : par là,
il nous fournit une clef pour l’intelligence de ces Psaumes. On remarquera que
le nom d’alliance : « l’Éternel », est introduit à partir du vers. 13 du Ps. 69.
Psaume 71
Le Ps. 71, composé, je le suppose, ainsi que plusieurs autres Psaumes de ce
livre, pendant la fuite de David lors de la révolte d’Absalom, présente, à mon
avis, le résumé de toutes les voies de Dieu envers Israël depuis le commencement
de son histoire ; il célèbre les soins fidèles de ce Dieu de bonté et de
compassion [71:9] et lui adresse une instante requête pour qu’il n’abandonne pas
maintenant son peuple. Je ne doute point que Christ n’entre ici, comme toujours,
en esprit dans tous ces sentiments (voir le vers. 11), mais l’expression que
nous en trouvons ici ne saurait s’appliquer à Christ personnellement. Vers la
fin de sa vie, il connut à la vérité des épreuves exactement semblables,
seulement elles étaient plus profondes, et n’avaient été amenées sur lui par
aucune faute ; ici, les expressions de notre Psaume s’appliquent aux anciens
temps de l’histoire du peuple, [71:20] que la grâce fidèle du Saint d’Israël
fera remonter comme des lieux profonds de la terre.
Psaume 72
Avec le Ps. 72 nous arrivons, non aux souffrances et aux combats de David, mais
au parfait établissement du règne de paix et de la bénédiction royale. Le Psaume
nous présente le Fils de David, source et garant des bénédictions millénaires ;
il est d’ailleurs si clair, qu’il ne me semble pas demander beaucoup
d’explications. [72:1] Nous y trouvons le roi à qui Dieu donne ses jugements et
qui est en même temps le fils du roi, le fils de David, [72:2-3] dans son règne
de justice et de paix, comme Salomon ou Melchisédec. [72:8] Son royaume s’étend
aussi loin que s’étendait la promesse, [72:11] mais tous les rois du dehors
doivent se prosterner devant lui. [72:16] Des bénédictions de toute sorte
accompagnent ce règne de justice. [72:15] La déclaration qu’on priera pour lui
continuellement, montre simplement que les bénédictions dont on jouira par son
moyen porteront les cœurs à désirer et à demander la continuation de sa gloire
et de sa puissance. Je pense que, tout en ayant trait littéralement à Salomon,
cela s’applique aussi à Christ, régnant comme vrai homme sur la terre. Le verset
17 prouve, selon moi, qu’il ne faut point voir dans ces prières l’indice de
quelque incertitude touchant la durée du roi, mais bien les effets de son
gouvernement sur les cœurs de tous ceux sur lesquels il règne. Je pense qu’il y
aura à Jérusalem un prince de la maison de David, mais le Psaume me paraît aller
plus loin que lui.
Conclusion du deuxième
livre
Ici se termine le second livre. Il nous a montré les fidèles chassés hors de
Jérusalem, la détresse qu’ils éprouvent, et la confiance qui les anime dans
cette position, tout cela finissant par la certitude et la ferme espérance de
leur rétablissement. Nous y avons vu ensuite la délivrance apportée par le
Messie, son humiliation préalable, sa personne glorieuse, mais dans
l’humiliation, mise en lumière, et enfin le gouvernement royal de l’homme établi
en Israël. Cela met fin aux voies de Dieu envers le résidu, envisagé comme
séparé du reste de la nation.
Introduction au livre 3
Contenu du livre : État et position d’Israël comme nation
Avec le troisième livre nous entrons dans une sphère plus étendue que celle qui
vient de nous occuper, et qui n’embrassait que l’état du résidu Juif durant les
derniers jours, soit que ce résidu se trouve dans Jérusalem, soit qu’il en ait
été chassé. Par suite, dans ce troisième livre, nous trouvons beaucoup moins que
dans les autres, les circonstances personnelles, les sentiments particuliers du
Seigneur, qui, aux jours de sa chair, marcha avec le résidu comme en faisant
lui-même partie. Ce qui est en vue ici, ce sont les intérêts généraux d’Israël ;
en conséquence, nous entrons dans le domaine de l’histoire. Nous avons devant
nous tout l’ensemble de la position nationale d’Israël, mais avec la distinction
d’un résidu au cœur droit et sincère. Remarquez que ce livre ne renferme qu’un
seul Psaume de David ; les autres sont attribués à Asaph, aux fils de Coré, à
Éthan, car je ne connais pas de raison pour rejeter les indications qui nous
sont données relativement à ces différents auteurs des Psaumes. C’est bien
encore de l’état d’Israël dans les derniers jours qu’il s’agit ici, seulement
les faits généraux sont mentionnés en rapport avec la nation tout entière, et il
ne faut pas y chercher les détails qui sont particuliers au résidu Juif, et à
Christ comme prenant place avec lui : le sujet est beaucoup plutôt Israël ; les
principes sont généraux, avec des allusions à l’histoire passée du peuple et aux
voies de Dieu envers lui.
Psaume 73
Le premier Psaume de cette nouvelle série, le 73ème, est une preuve de ce que
nous venons de dire. [73:1] « Certainement, Dieu est bon envers Israël, envers
ceux qui sont purs de cœur ! » — [73:3] mais le fidèle était dans la perplexité
à cause de la prospérité des méchants [73:2] et ses pieds lui manquaient
presque. Puis vient la description de cette prospérité des impies ; [73:10] le
gros du peuple se joint à eux [73:11] et le Très-Haut est méprisé ; [73:14]
tandis que l’homme pieux est continuellement châtié [73:13] et serait porté à
dire que c’est en vain qu’il a lavé ses mains dans l’innocence ! Mais en parlant
ainsi, il serait infidèle à la génération des enfants de Dieu (v. 15). [73:16]
Peser attentivement cet état de choses était un travail trop pénible pour
l’homme : [73:17] mais tout devenait clair dans les sanctuaires de Dieu, aux
lieux où la pensée de Dieu était révélée. [73:20] Il en sera de toutes les
prétentions des méchants comme d’un songe, quand on se réveille ; — elles
disparaîtront lorsque Dieu s’éveillera. [73:22] Le fidèle déplore son manque de
sens divin dans ces pensées et ces sentiments ; [73:23] cependant après tout, il
est avec Dieu qui le tient par la main droite ; [73:24] guidé par son conseil,
dans ce temps de ténèbres, il sera reçu, après que la gloire aura été révélée
(comparez Zacharie 2:8). Le résultat est béni. [73:25] Le fidèle n’a, dans le
ciel, aucun autre que le Seigneur et il ne prend plaisir sur la terre en rien
qu’en lui seul : tel est l’effet de l’épreuve ; [73:26] mais sa chair et son
cœur défaillent : c’est la nature. Il faut qu’il en soit ainsi, mais Dieu est le
rocher de son cœur et son partage à toujours. Les deux derniers versets
annoncent le résultat final : [73:27] ceux qui se sont éloignés de l’Éternel et
qui sont tombés dans l’apostasie, périssent ; [73:28] mais il est bon, pour
l’homme pieux, de s’approcher de Dieu. Il a mis son espérance dans le Seigneur
quand il ne se montrait pas, afin de pouvoir raconter tous ses faits lorsque la
délivrance sera venue, car ceux qui seront bénis plus tard, sans avoir été
éprouvés, n’auront pas appris cette connaissance de Dieu.
Psaume 74
Le Ps. 74 se plaint de la désolation du sanctuaire par les ennemis, après qu’il
a été reconstruit dans le pays. [74:4] Les adversaires de Dieu, comme la foi les
appelle ici, rugissent dans les synagogues. Les signes de l’homme, et non ceux
de Dieu, caractérisent leur autorité. [74:7-8] Le culte public juif est
renversé. [74:9] Mais il y a plus : ce qui dans un temps pareil aurait pu être
une consolation, fait complètement défaut ; il n’y a point de signes de la part
de Dieu pour encourager les fidèles dans leurs difficultés, point de prophètes,
personne qui sache jusques à quand, — qui sache, par la direction de Dieu, quand
Dieu interviendra en puissance. Cependant la confiance que Dieu n’abandonnera
pas son peuple, se trouve ici ; [74:10] et cette parole : « jusques à quand »,
s’il n’y a pas de réponse pour elle, se change en requête : Dieu ne laissera pas
les siens pour toujours ; ils se confient en Sa fidélité. [74:13] Dieu avait
jadis frappé l’Égypte et délivré son peuple en le faisant passer à sec à travers
la mer ; à lui seul est toute puissance dans la création. [74:18] L’ennemi avait
outragé le nom de l’Éternel. [74:19] Israël doit être encore considéré, dans le
résidu, comme la tourterelle de Dieu ; [74:20] il supplie Dieu de regarder à
l’alliance, car les lieux ténébreux de la terre (ou du pays) sont pleins
d’habitations de violence. [74:21] Les opprimés, les pauvres, les affligés,
sont, comme toujours, présentés aux yeux et au cœur de Dieu. Nous les retrouvons
partout, comme ceux auxquels Dieu pense, auxquels Christ prend son plaisir dans
le pays. Il en est ainsi, même quant à l’esprit qui doit nous animer. [74:22] Le
psalmiste supplie Dieu de se lever et de défendre sa propre cause : [74:23] le
tumulte de ceux qui s’élevaient contre lui montait continuellement. C’est une
chose remarquable de voir comment la foi identifie les intérêts du résidu pieux,
envisagé dans sa pauvreté et son oppression, avec les intérêts de Dieu, et
plaide sa cause auprès de Dieu. Sa requête s’élève à Dieu comme venant de dehors
; c’est à lui que l’on s’adresse, [74:18] seulement on lui rappelle que le nom
qu’il a pris en Israël a été blasphémé. Ce nom rappelle (vers. 19, 20) la
relation de l’Éternel avec son peuple et le tendre amour qu’il lui porte en
vertu de l’alliance.
Psaume 75
Au Ps. 75, c’est le Messie qui parle, [75:1] quoique le Psaume commence par les
actions de grâce que le résidu rend à Dieu pour les œuvres merveilleuses déjà
accomplies. Puis les jugements de Dieu introduisent le Messie dans son royaume.
Il reçoit la congrégation d’Israël (vers. 2) ; ensuite le juste jugement doit
être exécuté. [75:3] La terre s’écroule dans le crime et dans la confusion ; le
Messie a affermi ses piliers. [75:4] Dans les versets qui suivent, il avertit
les méchants et les contempteurs de ne pas s’enorgueillir, [75:7] car c’est Dieu
qui est le Juge : il élève et il abaisse. [75:8] Les méchants boiront la coupe
des jugements jusqu’à la lie ; [75:9] mais le Messie méprisé exaltera le Dieu de
Jacob [75:10] et humiliera les méchants : les justes seront élevés.
Psaume 76
L’application de ce Psaume au jugement des rois qui viennent dans leur orgueil
contre Jérusalem, et y trouvent inopinément le Seigneur lui-même, est
extrêmement simple (comp. Michée 4:11-13 et Zach. 14:3, 4; 12:2). Le jugement de
Dieu est raconté, [76:2] et le psalmiste célèbre Dieu comme ayant son domicile
en Sion. [76:1] Il est le Dieu de Jacob et il est connu en Juda : [76:8] son
jugement a été entendu des cieux. [76:4] Sion, longtemps méprisée, est plus
glorieuse que « les montagnes de la rapine », que les hauts lieux de la violence
humaine. [76:8] La terre a eu peur et s’est tenue dans le silence [76:9] lorsque
Dieu s’est levé pour accomplir le jugement et pour sauver tous les débonnaires
de la terre.
Psaume 77
Le Ps. 77 nous présente la délivrance spirituelle et le rétablissement de la
confiance du fidèle. [77:1] Il a crié à Dieu et Dieu l’a écouté. Crier est plus
qu’un désir. Un cri est l’expression de la faiblesse, de la dépendance, du
recours à Dieu, dans l’âme et avec un cœur droit. [77:2] Au jour de la détresse,
le fidèle n’a pas eu simplement des plaintes, de l’irritation, de la colère,
mais, dit-il, « j’ai cherché le Seigneur », Adonaï, non pas l’Éternel. [77:7] Sa
première pensée a été de se demander si le Seigneur l’aurait rejeté pour
toujours (vers. 7-9) ; car ici, comme nous l’avons vu souvent dans les Psaumes,
ses pensées suivent le cours qui nous ramène à ce qu’expriment les premiers
versets1. Au verset 10, il juge lui-même sa pensée, et se rappelle, comme au
verset 5, les années auxquelles se déployait la puissance de l’Éternel, Dieu
d’alliance d’Israël, le Tout-Puissant des pères. [77:13] La voie de Dieu est
toujours et nécessairement en harmonie avec sa nature très sainte et bénie : on
la comprend dans le lieu secret où il fait connaître ses pensées à ceux qui sont
en communion avec lui. Ses voies sont en parfait accord avec ce lieu, et il juge
son peuple selon sa relation avec Lui (de là la fonction de l’interprète, un
entre mille [(Job 33:23)]). Les voies de Dieu sont l’application des principes
divins de sa nature sainte, quand il se met en relation avec son peuple selon
cette nature : la relation elle-même doit être maintenue conformément à ces
principes. C’est là son sanctuaire ; c’est là qu’on s’approche de lui. De là
vient qu’il agit envers son peuple, non pas simplement en le guidant d’une
manière extérieure, mais en réalisant selon sa majesté, les principes de sa
nature (pour autant qu’ils sont révélés) dans l’homme caché du cœur ; et cela
suppose la conversion. Il agit envers nous, dans le saint lieu de sa nature et
de sa majesté, selon la vérité de notre état — de notre état réel, moral,
intérieur. Il ne dévie pas de ces voies, ni ne compromet la majesté qu’elles ont
pour but de manifester. Mais quoique Dieu agisse dans ces voies conformément à
sa nature, il agit envers l’homme dans une relation révélée ; ses voies sont la
sanction de sa nature et de sa majesté dans cette relation, mais elles
n’enfreignent jamais Son caractère. L’homme, placé en relation avec lui, doit
marcher d’une manière qui soit en harmonie avec cette relation et digne d’elle ;
il doit, quant à son état intérieur, marcher avec Dieu selon cette relation ;
mais si Dieu agit conformément à cette relation, il purifie l’homme pour elle ;
— il montre le mal ; — il dépouille l’homme de son orgueil afin de le bénir,
mais il maintient sa majesté. Aussi, dans le mal, le cœur revient-il en arrière
à ce qui a formé la relation par la rédemption (vers. 14-18). Ici, Israël ou le
résidu fidèle, n’est pas dans la jouissance des bénédictions que l’alliance lui
assure, [77:2] il se trouve, au contraire, dans la détresse, [77:10-12] et
regarde en arrière, par la foi, vers une époque qui rappelle le pouvoir de Celui
qui ne peut changer. [77:13] L’âme trouve sa consolation dans le fait que la
voie de Dieu est dans le sanctuaire, conformément à la nature et aux voies de
Dieu lui-même, dans la mesure où il est révélé. Si je cherche à juger comme
homme, sa voie est « dans la mer » (verset 19) ; je ne puis en suivre la trace.
[77:19] « Ses traces ne sont point connues », car qui serait capable de suivre
Celui qui, d’une pensée, arrange toutes choses ? C’est par la foi que nous
connaissons la vraie nature et le vrai caractère de Dieu, en relation avec nous,
et nous pouvons compter sur cette nature et ce caractère parce qu’Il est un Dieu
fidèle et immuable ; mais nous ne pouvons pas connaître ses voies en
elles-mêmes, ni en juger. Aussi l’incrédule est mécontent, et blâme Dieu ; mais
le croyant est heureux, parce qu’il a la clef de tout ce qu’est le Dieu qu’il
connaît, et qu’il peut compter sur l’arrangement qu’il a fait de toutes choses.
Il faut que tout soit conforme, et non pas contraire, à ce que Dieu est ; mais
il est pour nous [(Rom. 8:31)], et par conséquent arrange tout en notre faveur :
il faut que toutes choses travaillent ensemble pour notre bien [(Rom. 8:28)].
[77:20] Il mène son peuple comme un troupeau. Dans le Ps. 73, le fidèle éprouvé
apprenait la fin de ses ennemis extérieurs, qui prospéraient pendant que lui
était châtié ; ici, il apprend les voies de Dieu à son égard. Mais ce Psaume est
à la fois intéressant et instructif au point de vue pratique. [77:1] L’âme
privée de la jouissance de la bénédiction divine est, de ce fait, amenée par
grâce à crier à Dieu. [77:2] Elle cherche le Seigneur, ce qui accentue son
trouble, comme cela arrive toujours, car elle connaît sa condition et elle
refuse d’être consolée. [77:3] Penser à Dieu, alarme le fidèle au lieu de lui
donner la paix, car si sa foi est réveillée sa conscience l’est aussi et le
sentiment d’avoir perdu la bénédiction accable son esprit. Il ne peut oublier sa
condition présente. [77:5] Il pense aux jours d’autrefois, aux merveilles des
siècles passés, lorsque la lumière du Seigneur brillait sur lui. [77:7] Dieu
l’a-t-il abandonné ? [77:9] A-t-il oublié d’user de grâce ? A-t-il enfermé ses
miséricordes dans la colère ? Peut-il penser que Dieu l’a abandonné, lui qui est
un de ses saints ? Cela amène Dieu lui-même dans sa pensée. Comment tout
serait-il fini pour lui ? [77:10] C’était là son infirmité et il regarde en
arrière aux années de la droite du Très-Haut. [77:11] Il se souvient des œuvres
de l’Éternel. En s’approchant de l’Éternel avec son esprit humilié, il
s’approche de quelqu’un qui n’avait pas changé envers son peuple, en faveur
duquel il avait opéré la rédemption. Ce Dieu ainsi connu, et non pas son propre
état, devient alors la source de ses pensées. [77:14] Le fait qu’il était leur
Dieu s’était montré dans l’histoire du peuple d’une manière terrible. [77:19] Le
fidèle peut alors penser à ses voies et les apprécier justement. Elles n’avaient
pas laissé, dans la mer, des traces pouvant être suivies par le pied de l’homme,
mais dans le sanctuaire, elles apparaissaient conformes à sa nature et à son
caractère, et comme l’accomplissement des desseins de sa bonté.
1 Ceci, pour le lecteur attentif, rend aisés à comprendre plusieurs Psaumes qui, sans cela, seraient difficiles, parce qu’on y voit l’affliction et la détresse succéder à la confiance; mais ces choses ne sont, en réalité, que le chemin à travers lequel l’esprit passe dans sa marche vers la confiance.
Psaume 78
Ps. 78 v. 1-64 — Conduite historique du peuple d’Israël, infidèle et châtié
Au Ps. 78, la sagesse discute la conduite d’Israël, historiquement en rapport
avec tout le peuple, mais en faisant ressortir des principes très importants. Il
n’y a pas seulement eu autrefois une rédemption à laquelle la foi avait recours
; [78:5] il a été donné un témoignage et une loi pour diriger les voies d’Israël
et pour que les pères les fissent connaître à leurs enfants. [78:8] Mais les
pères avaient été une génération indocile et rebelle. Or la loi et le témoignage
furent donnés afin que les enfants ne fussent pas tels que leurs pères (verset
8) ; ils le furent, et c’est l’histoire de leurs infidélités qui est exposée
ici. [78:33] En conséquence Dieu les châtia ; il y eut de sa part un
gouvernement direct et manifeste, à l’égard de leurs voies. [78:34] Quand le
châtiment fondait sur eux, ils se retournaient vers Dieu et le recherchaient ;
[78:36] mais ils le flattaient de leur bouche ; [78:37] leur cœur n’était pas
ferme envers lui et ils ne furent pas fidèles dans son alliance (vers. 32-37).
[78:38] Néanmoins il montra de la compassion ; il leur pardonna ; [78:39] il se
souvint qu’ils n’étaient que chair. [78:42] Après les signes opérés en Égypte,
ils l’avaient oublié ; [78:55] introduits dans le pays, [78:58] ils s’adonnèrent
à l’idolâtrie. Lorsque Dieu l’entendit, il se mit en grande colère et méprisa
fort Israël (vers. 59). Sur le pied de ce gouvernement, fondé sur la loi et le
témoignage, et qui comportait pourtant une tendre miséricorde, Israël fut
entièrement délaissé, [78:60] le tabernacle abandonné [78:61] et l’arche livrée
pour aller en captivité entre les mains des ennemis. [78:62] Le peuple aussi fut
livré au jugement.
Ps. 78 v. 65-72 —
Intervention de la grâce, et manifestation du choix de Dieu
Mais l’amour de l’Éternel pour son peuple, sur le principe de la grâce, n’était
pas affaibli, et la misère dans laquelle le peuple était tombé faisait appel à
cet amour. [78:65] Le Seigneur se réveilla comme quelqu’un qui se serait endormi
[78:66] et il frappa ses ennemis et les livra à un opprobre éternel (versets 65,
66). Mais maintenant il était intervenu en grâce dans son amour pour son peuple.
Ce n’était pas la bénédiction de son gouvernement direct sous condition
d’obéissance, mais l’intervention de la grâce, après que la désobéissance avait,
sur le principe du gouvernement, amené un jugement complet, malgré la compassion
et la miséricorde. Maintenant la grâce souveraine intervenait. [78:67] Les
anciennes bénédictions avaient établi Joseph héritier naturel ; il avait eu la
riche et double part ; [78:68] mais Dieu a choisi Juda, il a choisi Sion. C’est
ce qui donne à ce Psaume son importance. Son sanctuaire est le lieu de l’amour
en grâce, quand tout a manqué sous la loi, même accompagnée de l’exercice de la
plus pleine et compatissante patience. [78:69] Il a bâti son sanctuaire. Il ne
s’agit pas ici directement de l’objet de l’élection de grâce ; [78:70] mais Dieu
a choisi David, le prenant dans la condition la plus humble, [78:71] pour qu’il
fût ensuite le conducteur de son peuple.
Faillite du peuple sous
la loi et la miséricorde, et délivrance de Dieu en amour
Des principes de la plus grande importance se trouvent dans ce magnifique
Psaume. Envisagé comme établi en Sinaï sur le principe du gouvernement, sur le
pied de la loi mêlée de compassion, Israël ayant entièrement failli, était
devenu un objet d’horreur, était complètement rejeté. Il y avait eu rupture
totale ; [78:61] l’arche de l’alliance, ce lien entre Israël et Dieu, lieu de
propitiation et trône de Dieu, avait été abandonnée à l’ennemi. [78:68] Mais
Dieu, dont l’amour souverain pour son peuple étant intervenu en puissance pour
délivrer, avait choisi Juda, Sion, [78:70] David, avait établi un lien en grâce,
par la délivrance, après que tout avait failli. La foi peut revenir en arrière
pour considérer les œuvres de Dieu dans la rédemption, mais non pas la conduite
de l’homme sous la loi. Le Ps. 78 est l’opposé du Ps. 77. Néanmoins, en Israël,
tout cela est déclaré pour produire dans leurs cœurs ce que la grâce opérera au
dernier jour, la valeur de la loi, [78:5] qui les portera à l’enseigner à leurs
enfants (comp. Gen, 18:17-19; voyez Ex. 34 où la miséricorde plaçait encore
Israël sous la condition de l’obéissance). Ici la puissance délivre le peuple
après qu’il avait failli sous la miséricorde et que le jugement était venu, Dieu
agissant selon sa pensée d’amour. De fait, Israël n’a jamais été placé purement
sous la loi ; les tables ne sont jamais entrées dans le camp [(Ex. 32:19)]
(comp. 2 Cor. 3). La face de Moïse ne brilla que lorsqu’il eut vu Dieu, après
être monté la seconde fois sur la montagne, étant reçu en grâce ; mais, quant à
Israël, cette alliance le ramenait sous la loi. Cette loi, mitigée de grâce,
introduite postérieurement à la seconde ascension de Moïse, est mort et
condamnation. Cela est impossible, avec une substitution ; mais, Moïse ne
pouvait évidemment pas prendre cette place de substitut : « Peut-être ferai-je
propitiation pour votre péché » [(Ex. 32:30)] ; — « Efface-moi, je te prie ! »
[(Ex. 32:32)]. À quoi Dieu répond : « Celui qui aura péché contre moi, je
l’effacerai » [(Ex. 32:33)]. Cela était la loi, et, comme nous le voyons ici, et
comme nous le déclare positivement 2 Cor. 3, la mort et la ruine.
Psaume 79
Le Ps. 79 se rapporte, de la manière la plus évidente, à l’invasion des nations,
spécialement à celle de l’armée du Nord (Joël 2 a trait à une seconde attaque,
lors de laquelle la requête de ce Psaume est exaucée ; Ésaïe parle des deux)
[79:1] qui avait ravagé Jérusalem et le temple [79:3] et répandu le sang des
adorateurs de l’Éternel. [Ps. 79:8] On confesse dans ce Psaume les iniquités
anciennes, et on implore la miséricorde, les tendres compassions du Seigneur.
[79:10] Le motif qu’on fait valoir est celui qui est invoqué en Joël 2 [(v.
17)], et auquel il est fait allusion dans les Psaumes 42 [(v. 10)] et 43. «
Pourquoi les nations diraient-elles : Où est leur Dieu ? ». La foi demande que
Dieu se fasse connaître en vengeant le sang de ses serviteurs. [79:13] Ainsi son
peuple et le troupeau de sa pâture, le célébreraient à toujours ! [79:5] La
colère de l’Éternel est envisagée ; il y a de la foi pour dire : « Jusques à
quand ? ». Quoique le résidu ne jouisse pas des grâces de l’alliance, et qu’il
soit même dans un état tout contraire, la foi a les yeux sur ces gratuités et
voit l’Éternel irrité contre son peuple ; mais c’est son peuple ; et s’il est en
relation avec les siens, il ne peut les abandonner. C’est seulement : « Jusques
à quand ? ». [79:9] Cependant, même alors, le cri s’adresse directement à Dieu,
et non à l’Éternel. Israël n’est pas rétabli dans sa relation d’alliance. Quand
il s’y trouvera, ce sera en grâce et cette condition ne sera plus jamais perdue
de vue. Tel n’est pas le cas ici : Israël est rejeté en vertu du fait qu’il a
manqué sous une alliance conditionnelle, et, quoique la foi aux promesses le
soutienne, il n’est pas encore entré dans l’alliance nouvelle ; il est en dehors
de la bénédiction, regardant en arrière et en avant, n’ayant rien actuellement.
Ce n’est jamais la position chrétienne ; en s’y plaçant et en s’appliquant le
langage du Psaume, on se fait Juif. Car, tandis que Christ est caché en haut
pour eux, par le Saint Esprit descendu vers nous pendant qu’Il est là, nous
savons qu’Il est accepté et glorifié comme ayant pris notre place, et que nous
sommes en Lui.
Psaume 80
Circonstances historiques d’Israël, et ses épreuves extérieures
Le Ps. 80 montre, d’une manière remarquable, que nous sommes ici sur le terrain
d’Israël, de ses circonstances historiques dans le passé ou dans l’avenir : ce
n’est point Christ qui nous y est présenté, quoique naturellement tout dépende
de lui, ni les Juifs fidèles au milieu de la congrégation apostate. Nous voyons
bien Jérusalem prise, des assemblées de peuples, d’anciennes délivrances
d’Israël, en un mot l’histoire de la nation, ou la prophétie au sujet de
circonstances nationales, mais tout est extérieur ; point d’épreuves intérieures
de nature à faire intervenir Christ personnellement sur la scène, sauf quand il
reçoit la congrégation, alors que les fidèles en Israël sont distingués. Ce
n’est pas non plus à l’Éternel qu’on s’adresse (sauf pour l’avenir, quand on
entre dans la nouvelle alliance), jusqu’au jugement de la dernière
confédération, qui fait connaître l’Éternel comme le Très-Haut sur toute la
terre. Je pense que ces Psaumes n’excluent pas les Juifs ; ils font partie
d’Israël, et c’est en Judée que Jéhovah sera révélé : seulement ce qui est
introduit d’une manière historique, c’est tout Israël, y compris Joseph ; la
nation, en un mot. [80:1] Dieu est invoqué comme le Berger d’Israël qui mène
Joseph comme un troupeau et qui est assis entre les chérubins : encore ici, il
s’agit d’Israël dans le sens historique ; ce n’est point Dieu appelant ou venant
du ciel ; il n’est vu par la foi, que lorsqu’il a pris sa place en Israël.
Attente de la
manifestation de la puissance de Dieu, et cette puissance sur le fils de l’homme
Le Psaume qui nous occupe est un Psaume remarquable. [80:1] Dieu est en Israël,
et son trône y est aussi, de droit ; on s’attend à ce qu’il fasse reluire sa
splendeur [80:2] et réveille sa puissance pour secourir son peuple ; on lui
rappelle les temps anciens, lorsque autrefois, en Israël dans le désert,
Éphraïm, Benjamin et Manassé se trouvaient immédiatement après l’arche, derrière
le tabernacle, et que, le camp étant en marche, le sanctuaire allait
immédiatement devant eux, et l’on demande que ces temps se renouvellent. [80:4]
C’était Jéhovah, le Dieu des armées. [80:3] La foi soupire après sa présence, en
puissance, au milieu de son peuple, comme au temps jadis. [80:4] La question est
celle-ci : « Jusques à quand » (l’ardent désir de la foi) « ta colère
fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? ». Tels sont ici les pensées et
le langage de la foi ! [80:8] La vigne, transportée d’Égypte, [80:16] était
ravagée ; [80:12] sa haie, selon la menace proférée par Ésaïe [(És. 5:5)], était
rompue ; [80:5] des larmes étaient le seul breuvage du peuple de l’Éternel ;
[80:14] le fidèle supplie Dieu de regarder des cieux et de visiter la vigne :
[80:15] le cep qu’il avait planté et le provin [branche de vigne qui prend
racine] qu’il avait fortifié pour lui-même — ce dernier signifiant la famille de
David, je suppose. [80:16] Néanmoins l’état d’Israël était un châtiment de la
part de Dieu. En outre, la foi s’attend à ce que la puissante main divine soit
sur l’homme de cette puissance, le Fils de l’homme que Dieu s’était fortifié
pour Lui-même (vers. 17). Nous pouvons comprendre d’après ce passage, et non pas
seulement d’après Dan. 7 [(v. 13-14)] qui donne simplement au Fils de l’homme
une place particulière, pourquoi le Seigneur prend habituellement le titre de
Fils de l’homme. Quoique rejeté, il est celui sur lequel la droite de Dieu doit
être en puissance. C’est à ce passage que le Seigneur fait allusion en Luc
22:69, en disant : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la
puissance de Dieu ». Descendu ici-bas en grâce, sa mission était terminée ;
désormais on ne le connaîtrait plus qu’élevé au pouvoir judiciaire. Cela donne
une grande importance à ce nom qui, selon le Psaume 8, apporte la délivrance du
résidu d’Israël selon toute la vaste portée de sa puissance. Comme Fils de
l’homme, l’humanité, dans sa Personne et selon les conseils de Dieu, est élevée
au-dessus de toutes les œuvres de la main de Dieu [(Ps. 8:6)]. Il est le
Seigneur de tout, mais comme homme, et en vertu de son œuvre en faveur de son
peuple, il effectue cette délivrance du résidu d’Israël. De cette manière, le
peuple de Dieu sera gardé. Telle est la portée de la requête de ce Psaume :
[80:1-2] l’intervention en puissance de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël ;
[80:17] la puissance placée sur le Fils de l’homme ! La requête a sa source dans
la grande détresse d’Israël ; cependant la foi s’attend à l’Éternel, et le voit
intervenir en Israël. [80:18] Lorsqu’il les aura visités ainsi, ils ne se
retireront plus en arrière de lui ; quand il leur aura rendu la vie, ils
invoqueront son nom de Messie. Les vers. 3, 7 et 19 montrent le sujet du désir :
« Ramène-nous » ; cependant c’est encore la délivrance extérieure qu’ils
attendent. Le verset 17 demande une attention spéciale au point de vue déjà
signalé : il indique ce qui était dans la pensée du Seigneur, lorsqu’il
présentait aux siens cette immense anomalie que le Fils de l’homme devait
souffrir. Le Psaume 8 donne la clef des desseins de Dieu, quant à l’humiliation
et à l’exaltation, et à la place de l’homme ; c’est sur cette humiliation que le
Seigneur insistait auprès de ses disciples. [80:17] Ici, les fidèles attendent
que la puissance divine se déploie en lui. L’Église et son union avec Christ,
puis l’adoption connue individuellement, sont les seules choses qui ne soient
pas, que je sache, révélées dans l’Ancien Testament. Tout ce qui concerne Christ
y est révélé, sauf encore peut-être, la position présente de Christ comme
sacrificateur. Ni l’une ni l’autre de ces choses ne sont mentionnées parmi les
titres donnés à Christ dans le premier chapitre de l’évangile de Jean.
Psaume 81
Restauration de tout Israël, toujours en lien avec l’histoire du peuple
Le Ps. 81, tout en célébrant, en figure, la restauration d’Israël, revient
encore au point de vue historique, [81:5] notamment en ce qu’il introduit Joseph
qui représente les dix tribus (voir Ézéch. 37:16) : sinon Juda, les Juifs,
auraient pu tout réclamer. Mais lors de la restauration (quoiqu’il y ait des
événements qui se rattachent d’une manière spéciale aux Juifs, car c’est parmi
eux que Jésus a conversé, et, au dernier jour, Il entrera tout particulièrement
dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent, s’associant avec
eux de la manière si profondément intéressante que nous avons étudiée dans les
deux premiers livres), il est évident que, dans le plein accomplissement des
desseins de Dieu, le bois de Joseph doit avoir sa place, et ne faire qu’un avec
Juda dans la main du Fils de l’homme, pour représenter tout Israël [(Éz.
37:17)]. [81:3] Or la nouvelle lune était le symbole de la réapparition d’Israël
à la lumière du soleil ; le peuple la saluait avec allégresse, rattachée qu’elle
était à la rédemption, dans la pensée de la foi (voyez le vers. 5 du Psaume).
Grâce de Dieu envers
Son peuple, même ayant failli sous Son gouvernement
[81:7] Israël dans la détresse avait crié à Dieu, et Dieu l’avait délivré ; mais
un autre principe apparaît en même temps : Dieu, il est vrai, répondait à son
peuple en détresse, mais il l’éprouvait aussi. [81:11] Ils tentaient Dieu,
doutant de ses soins et de sa puissance, [81:12] et lui les mettait à l’épreuve
par des difficultés qui semblaient montrer qu’il ne s’occupait pas d’eux, et
qu’il manquait de pouvoir. Ils dirent alors : l’Éternel est-il au milieu de nous
? Mais l’Éternel répondit en grâce (Exode 17 [v. 6-7]). C’est, je pense,
l’événement auquel il est fait allusion ici. Mais même dans la seconde occasion,
celle de Mériba, ainsi nommée parce qu’Israël contesta de nouveau avec
l’Éternel, lorsque Moïse (Nomb. 20) parla inconsidérément de ses lèvres et fut
exclu de Canaan (car depuis Sinaï le peuple était placé sous le gouvernement de
la loi, quoique ce fût un gouvernement miséricordieux), l’Éternel fut sanctifié
en donnant de l’eau à son peuple, par une grâce qui s’élevait au-dessus de la
faute de Moïse. Néanmoins, quoique la grâce et la fidélité de Dieu à ses
promesses envers son peuple se trouvassent dans son gouvernement (Ex. 34:6, 7),
le peuple était mis à l’épreuve d’une manière légale, sur le pied même de cette
miséricorde. Ce gouvernement mettait à l’épreuve, tout en étant un gouvernement
miséricordieux, et tel est, en effet, dans un sens, le gouvernement divin. Dieu
soumet son peuple à cette épreuve-ci : [81:8] s’ils étaient fidèles à Dieu,
[81:9] et qu’il n’y eût point de dieu étranger au milieu d’eux, la bénédiction
était prête. [81:10] Il était l’Éternel, leur Dieu, qui les avait fait monter du
pays d’Égypte. Ils n’avaient qu’à ouvrir la bouche toute grande et il la
remplirait. [81:11] Mais ils ne voulurent point écouter, [81:12] et furent
abandonnés à l’obstination de leur cœur. Cependant nous voyons dans ce Psaume la
tendresse de l’amour de Dieu en leur faveur, et la joie qu’il aurait eue à les
bénir et à subjuguer tous leurs ennemis. Son juste gouvernement aurait été
manifesté en eux (comp. Matt. 23:37; Luc 19:42). [81:13] Oh ! s’ils eussent
écouté ! Ceci nous donne la raison de la ruine d’Israël. En tant que racheté de
l’Égypte, le peuple était placé sous l’épreuve de l’obéissance et de la fidélité
envers Dieu ; il y avait failli ; néanmoins il apparaîtra de nouveau pour
refléter la lumière de la face de l’Éternel. Cet amour de l’Éternel pour son
peuple éclate même dans sa chute. Ici, un principe d’une grande importance pour
toute âme nous est présenté : la rédemption, accompagnée de la promesse d’une
bénédiction conditionnelle, ne fait qu’aboutir à la perte de la bénédiction,
précisément comme il en a été pour la création. C’est la même chose ou pis
encore. Comment le soin d’assurer la bénédiction reposerait-il sur nous,
maintenant que nous sommes des êtres déchus, au lieu d’être innocents et libres
comme Adam dans le paradis. La grâce seule peut nous garder, et il en sera ainsi
à l’égard d’Israël. Le Ps. 81 fait ressortir d’une manière magnifique les
pensées de Dieu envers son peuple et son caractère plein de grâce et de
tendresse. Les passages des Évangiles auxquels j’ai renvoyé expriment la même
tendresse, mais montrent de plus que Jésus est l’Éternel même.
Psaume 82
Ici Dieu prend le gouvernement dans ses propres mains. Il avait établi
l’autorité sur la terre, et particulièrement en Israël. [82:1] Dirigés quant au
jugement par sa Parole et revêtus de son autorité, les juges, parmi le peuple
d’Israël, avaient porté le nom de Dieu (Élohim) : [82:5] mais aucun d’entre eux
ne voulait comprendre ni agir selon la justice et les fondements de la terre
chancelaient. Tous les magistrats avaient reçu le pouvoir et l’autorité de Dieu.
Les juges Juifs avaient aussi reçu sa parole, mais eux non plus ne
connaissaient, ni n’entendaient rien : ils étaient des hommes ; [82:7] ils
mourraient comme des hommes, et tomberaient comme un prince quelconque d’entre
les princes inconvertis de ce monde. [82:1] Dieu qui avait conféré l’autorité
jugeait parmi les dieux. Il faut qu’il exerce la justice. [82:8] L’esprit de
prophétie demande ce jugement, dans celui qui a de l’intelligence : « Lève-toi,
ô Dieu ! juge la terre, car tu hériteras toutes les nations ! ».
Psaume 83
Le Ps. 83 exige que nous attirions l’attention du lecteur sur ce qui en fait le
sujet, [83:5-7] savoir la dernière confédération des nations qui entourent
Canaan, [83:8] avec Assur qui les aide dans leur attaque. [83:18] Le nom de
l’Éternel est introduit à la fin du Psaume, [83:1] quoique la requête s’adresse
à Dieu comme tel, car le peuple n’est pas encore établi dans la bénédiction de
l’alliance. [83:16] Le jugement doit être exécuté pour que les nations rebelles
recherchent le nom de l’Éternel. Ce n’est point pour qu’elles connaissent le
Père, ni qu’elles sachent qu’il y a un Dieu, mais afin qu’elles connaissent
l’Éternel. Quand ses jugements sont en la terre, les habitants du monde
apprennent la justice [(És. 26:9)] ; [83:18] ils sauront que Celui-là seul dont
le nom est l’Éternel, Celui qui était et qui est et qui vient [(Apoc. 4:8)], est
le Très-Haut, c’est-à-dire que l’Éternel (le seul vrai Dieu) le Dieu d’Israël,
est au-dessus de tout, le Très-Haut sur toute la terre. C’est avec ce nom-là
qu’il prend possession de la terre, comme Melchisédec la bénit au nom du
Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre [(Gen. 14:19)], et comme
Nébucadnetsar, le chef humilié des Gentils, célèbre et bénit le Très-Haut [(Dan.
4:34)]. C’est le nom millénaire de Dieu, le nom sous lequel il prend à lui sa
grande puissance et règne, véritable Melchisédec, sacrificateur sur son trône,
le conseil de paix étant établi entre les deux [(Zach. 6:13)], savoir entre
Christ et Jéhovah en haut. Cela établit, d’une manière prophétique, l’Éternel le
Dieu d’Israël, comme le Très-Haut sur toute la terre. Son peuple, rétabli
maintenant dans la relation qui lui est propre, attend une pleine bénédiction,
et le nom de l’Éternel est de nouveau employé. Jusqu’ici le peuple n’étant pas
en possession des bénédictions de l’alliance, avait adressé sa requête à Dieu,
sauf quand il portait son regard en arrière ou en avant.
Psaume 84
Bénédiction dans les parvis de l’Éternel, et chemin qui y conduit
Le Ps. 84 considère la bénédiction qu’il y a à se rendre maintenant dans les
parvis de l’Éternel ; [84:6] mais il fait allusion d’une manière figurée au
chemin qui mène à ces parvis et au sentier de larmes que le peuple avait dû
suivre dans sa marche vers la bénédiction. Ce Psaume a donc une grande portée
morale, instructive pour les chrétiens comme pour les Juifs. Au Ps. 63 [(v. 1,
5)], le résidu chassé avait soif de Dieu lui-même et trouvait en lui, en dépit
de tout, un rassasiement comme de moelle et de graisse ; dans celui-ci, l’âme
est occupée des joies de sa maison, car elle entre dans la jouissance des
bénédictions de l’alliance : [84:2] non pas qu’elle ne soupire avec ardeur après
le Dieu vivant ; mais elle est dans ses parvis. « Bienheureux ceux qui habitent
dans ta maison ; ils te loueront incessamment » (vers. 4). Être introduits là, —
telle est la bénédiction ! Ils n’auront plus rien à faire qu’à louer. C’est le
premier grand sujet de bénédiction : la bénédiction parfaite et complète dans sa
nature même. Elle se trouve au terme de la course ; [84:5] mais il y a aussi le
chemin qui y conduit : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux
dans le cœur desquels sont les chemins frayés » (ceux qui mènent à la maison).
Ces traits caractérisent l’état de l’âme qui est devant nous : sa force est en
l’Éternel ; son cœur est aux chemins qui conduisent à lui. Ce sentier de la
bénédiction passe à travers l’épreuve ; c’est pourquoi l’on a besoin de force ;
et, quel qu’il puisse être, on aime et l’on prend le chemin qui conduit à Dieu.
[84:6] Les saints passent par la vallée des pleurs : elle devient pour eux une
fontaine ; car par ces choses-là on a la vie, et dans toutes ces choses consiste
la vie de l’esprit [(És. 38:16)]. De plus, la pluie vient d’en haut remplir les
réservoirs de cette terre altérée. [84:7] Les saints font usage de leur force :
sans aucun doute cette force est mise à l’épreuve : mais ils la renouvellent ;
ils vont de force en force jusqu’à ce qu’ils paraissent tous devant Dieu en Sion
(vers. 6, 7). [84:8] C’est un peuple qui prie, demeure dans la dépendance, et se
confie en la grâce. Le nom d’alliance : l’Éternel des armées — le Dieu de Jacob,
est de nouveau introduit ici ; [84:9] il est le bouclier de son peuple et ce
dernier lui demande de regarder à son Oint. Tel est maintenant le lien entre
l’Éternel et son peuple, — non la loi que le peuple avait enfreinte. [84:7] Ils
paraissent devant Dieu en Sion, le lieu de la délivrance royale en grâce.
Désormais les intérêts du peuple et de l’Oint ne peuvent plus être séparés ; la
bénédiction repose sur lui, et sur eux à cause de lui.
Célébration et
jouissance de ce qu’est l’Éternel en allant vers Son sanctuaire
L’intérêt que prend le cœur à cette bénédiction spéciale est ensuite exprimé
d’une manière pleine de douceur et de force ; [84:11] le psalmiste résume ce
qu’est l’Éternel, qui donne cette bénédiction : il est lumière et protection ;
il donne la grâce et la gloire et ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans
l’intégrité. [84:12] La pensée de ce qu’est l’Éternel amène le psalmiste à se
résumer dans un mot, dont il a profondément conscience : « Éternel des armées !
bienheureux l’homme qui se confie en toi ! ». Il est très beau de voir les
saints célébrer de nouveau, du fond du cœur, à diverses reprises, l’Éternel,
leur Dieu selon l’alliance, maintenant que le chemin, bien que passant à travers
l’affliction, leur est ouvert jusque dans sa présence connue. Le Ps. 63 était
l’expression de la joie en Dieu, dans le désert, quand on n’avait rien d’autre
que lui ; le caractère du désert faisant ressortir la profondeur et la douceur
de la bénédiction du sanctuaire ; le Ps. 84 exprime la joie dont Dieu est la
source pour le cœur lorsqu’on a été amené à lui, ou qu’on est en route vers lui
; la manière dont on jouit de lui au milieu de ce qui l’entoure. Le Psaume
suivant traite de la bénédiction du pays et du peuple délivré. Dans ceux qui
viennent ensuite nous trouvons Christ lui-même, en tant qu’associé au peuple,
mais toujours en rapport avec la relation qui existe selon l’alliance entre
l’Éternel et son peuple.
Psaume 85
Ps. 85 v. 1-9 — Recherche de la jouissance de la faveur divine par le peuple
délivré
En lisant le Ps. 85, j’ai longtemps hésité sur sa véritable portée directe : je
me suis demandé si sa première partie était relative à la délivrance extérieure
et à la grâce qui s’y manifeste, et si la seconde serait destinée à faire entrer
le peuple dans la jouissance de cette bénédiction par la restauration de l’âme
de chacun des fidèles en particulier — ou bien si, comme nous avons vu que cela
est souvent le cas, nous y avons d’abord la déclaration du grand résultat comme
sujet du Psaume et ensuite la description des souffrances du résidu et des
opérations divines qui menaient à ce résultat. La délivrance extérieure du
peuple sera suivie d’une œuvre de restauration dans les âmes. À présent encore
je ne me prononce pas sur ce point avec une grande certitude. Sur l’ensemble du
Psaume, je suis porté à penser que les Israélites fidèles y recherchent la
jouissance de la faveur divine lorsqu’ils seront délivrés de tous leurs ennemis
et que leur délivrance leur montrera qu’ils sont pardonnés. En effet, les trois
premiers versets posent cette base, [85:1] que Dieu est propice à sa terre, et
qu’il a rétabli les captifs de Jacob. C’était la grande vérité publique. Mais le
verset 4 fait voir que le peuple restauré avait besoin d’une autre bénédiction,
dans la réalité de sa relation propre avec Dieu : « Ramène-nous, ô Dieu de notre
salut ! ». L’Éternel était le Dieu de leur salut, mais ils avaient besoin de sa
bénédiction au milieu du pays, afin que son peuple se réjouît en lui. Combien
souvent cela est vrai de l’âme qui sait qu’elle est pardonnée ! [85:7] Les
rachetés s’attendent à la bonté et au salut de l’Éternel, et restaurés ainsi
dans sa faveur, [85:8] ils écoutent ce que dira Élohim Jéhovah ; car ils
comptent sur la miséricorde. Il dira paix à son peuple, le caractère public des
fidèles, et à ses saints, le résidu qui doit en jouir. [85:9] La foi possède
donc, en toute manière, la certitude que le salut de Dieu est près de ceux qui
le craignent, afin que la gloire de l’Éternel habite dans le pays.
Ps. 85 v. 10-13 —
Principes divins établissant la bénédiction, en miséricorde et en justice
Les derniers versets célèbrent dans des termes remarquables les principes divins
sur lesquels les bénédictions sont désormais établies. [85:10] La bonté et la
vérité de Dieu se sont maintenant rencontrées ; ses promesses, toujours
véritables, ont été maintenant accomplies par sa miséricorde. Il convient de
remarquer que, dans les Psaumes, la miséricorde précède toujours la justice et
la vérité. Car en rejetant le Seigneur, Israël avait perdu tout droit à la
promesse ; il était tombé pleinement sous la culpabilité ; il n’avait pas de
justice sur laquelle il pût s’appuyer ; il avait été renfermé dans la
désobéissance, afin qu’il pût être aussi l’objet de la pure miséricorde [(Rom.
11:32)]. Mais, par le moyen de l’œuvre de Christ, ces promesses vont être
maintenant accomplies, et la bonté et la vérité se rencontreront. Il y a encore
plus que cela. Le Seigneur est, par grâce, la justice de ceux qui composent le
résidu ; par conséquent cette justice est pour eux la paix, et ce qui, dans le
jugement, aurait été leur ruine, se trouve, dans la grâce, être leur paix : « la
justice et la paix se sont entre-baisées ». J’ai à peine besoin de dire combien
ces grands principes sont vrais pour quelque pécheur que ce soit, à l’égard de
bénédictions bien meilleures et célestes. [85:11] Ici, ils sont appliqués à des
bénédictions terrestres : la vérité germera de la terre, c’est-à-dire que son
fruit, le plein et entier effet de la vérité et de la fidélité de Dieu, sera
manifesté sur la terre en de parfaites bénédictions. Mais ces bénédictions ne
seront pas le résultat d’une justice, accomplie ici-bas par l’homme d’une
manière légale. La justice regardera des cieux : c’est la justice de Dieu, —
l’Éternel leur justice ! Elle est donc stable ; [85:12] l’Éternel donne ce qui
est bon, et le pays est béni. [85:13] La justice fraie à Jéhovah lui-même, dans
le pays — son pays, sans aucun doute, — le chemin de la bénédiction. Son règne
sera caractérisé ainsi : « Un roi régnera en justice » (Ésaïe 32:1). Il n’y aura
plus d’oppression, on ne verra plus la justice se tenir loin, ni la vérité
trébucher sur la place publique, comme dit Ésaïe 59:14. Le jugement est revenu
sur la terre et le gouvernement a ce caractère : « l’œuvre de la justice sera la
paix et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours » (Ésaïe 32:17).
Ce dernier trait est pratique, [85:11] mais il est le résultat du fait que la
justice a regardé des cieux ; bien plus, qu’elle est établie sur la terre (comp.
Ps. 72:1-7, où nous trouvons la description de cet état béni).
Psaume 86
Requête à l’Éternel d’une âme confiante, qui sait que la délivrance vient de Lui
Ce Psaume est l’humble requête, mais la requête assurée et pleine de confiance,
d’une âme qui a le sentiment de sa piété envers l’Éternel et qui regarde aux
résultats du privilège qu’elle possède d’être en relation avec lui. [86:1] Nous
retrouvons toujours l’Éternel depuis le Ps. 84, fondé sur ces relations selon
l’alliance, dans lesquelles le résidu sent qu’il se trouve, quoiqu’il attende
encore, du sein de la détresse, le rétablissement des bénédictions de l’alliance
dans le pays. L’expression « saint » du verset 2, signifie pieux (khesed et non
pas kodesh). Nous trouvons trois requêtes dans ce Psaume. Au verset 1 nous
lisons : « Éternel ! incline ton oreille, réponds-moi ». Puis, au verset 6, nous
avons un appel à la miséricordieuse attention de l’Éternel, pour qu’il prête
l’oreille à la prière du juste et soit attentif à la voix de ses supplications ;
c’est-à-dire que le juste s’attend à ce que l’Éternel l’exauce. Enfin, nous
avons, au verset 11, la troisième requête : d’être enseigné dans la voie de la
vérité. [86:15] Puis le résidu reconnaît les miséricordes de l’Éternel dans la
terrible lutte qu’il a traversée, [86:17] mais il s’attend encore à ce que
l’Éternel intervienne en sa faveur, afin que ceux qui le haïssent soient
honteux, parce que l’Éternel l’aura aidé et consolé. Combien l’état du résidu,
comme l’histoire de Job, fait ressortir le grand conflit entre le pouvoir de
Satan et la délivrance divine ! Mais dans cette lutte, l’âme sincère qui en est
le sujet, en quelque bas état qu’elle puisse avoir été amenée, reconnaît que
c’est l’Éternel qui est la source de toute délivrance et de toute bénédiction,
quoique ses pieds aient été près de glisser en voyant la prospérité des méchants
[(73:2-3)]. Nous n’avons point ici une âme qui se plaigne ou soit dans
l’amertume ; [86:1] mais une âme, encore affligée et pauvre, qui a goûté la
consolation que fait éprouver la bonté du Seigneur (*), une âme pieuse (voyez
verset 2).
1 Il faut remarquer la différence qu’il y a entre les noms de Adonaï et de Jéhovah; ce dernier, traduit par Éternel, est le nom que Dieu a pris en fidélité éternelle dans son alliance avec Israël; tandis qu’Adonaï est le nom de Celui qui a pris le pouvoir et qui est pour nous, le Seigneur. Aussi, de fait, nous reconnaissons que Christ a ce caractère à notre égard, — notre Seigneur Jésus Christ; — il en sera de même pour les Juifs, bien qu’ils ne doivent le reconnaître que lorsqu’ils le verront. Cet Adonaï est Élohim.
Requête du résidu,
éprouvé mais connaissant l’Éternel
[86:13] La mort et [86:14] la puissance de l’homme sont devant les pensées des
fidèles, [86:15] mais ils ont aussi pour aide la consolation d’un Éternel bien
connu : la délivrance est trouvée, mais elle n’est pas complète en bénédiction.
En résumé, ce Psaume nous présente essentiellement la requête que, dans sa
piété, le résidu d’Israël, de retour dans le pays, adresse à l’Éternel ; mais
d’une manière générale, on peut dire qu’il est l’expression de sentiments et
d’une position dans lesquels Christ est pleinement entré, quoique le Psaume ne
lui soit pas applicable directement.
Psaume 87
[87:1] Le Ps. 87 considère Sion comme fondée par Dieu, comme une cité qui a des
fondements. Les hommes possédaient des cités et en étaient fiers, mais Dieu
avait une cité qu’il avait fondée dans les montagnes de sainteté ; même ici, il
ne s’agit pas de Joseph, ou des richesses de la nature ; la richesse de Sion,
c’est Dieu ; son lieu, les saintes montagnes, ce qui est consacré à Dieu
lui-même ! Dans la puissance de l’Esprit, les fidèles n’ont pas à rougir de
Sion, en présence de tous les lieux vantés de la terre : [87:3] ce qui se dit
d’elle sont des choses glorieuses. [87:4] L’Égypte et Babylone se sont
enorgueillies en vain, ainsi que la Philistie, Tyr et l’Éthiopie qui toutes
avaient eu leur jour. Les fidèles peuvent parler de ces lieux sans redouter la
comparaison. [87:5] On tient Sion pour le lieu de naissance de l’homme de Dieu,
le lieu de naissance des bien-aimés de l’Éternel. Le Très-Haut l’établira.
[87:6] « Quand l’Éternel enregistrera les peuples, il comptera : Celui-ci est né
là ». [87:7] Là se trouvaient la joie, la célébration des louanges et toutes les
fraîches sources de l’Éternel. [87:5] Je doute un peu que l’expression «
celui-ci » se rapporte à Christ : Sion s’enorgueillit de ses héros : les mots «
celui-ci » et « celui-là » désignent les grands hommes, non les pauvres et les
misérables. Ils sont les enfants de celle qui était autrefois désolée (comparez
Ésaïe 49:21, 22).
Psaume 88
Sentiment de la colère de Dieu pesant justement sur l’âme, sans délivrance
Le Ps. 88 place le résidu sous le sentiment profond et terrible de la loi
enfreinte et de l’ardente colère de Dieu, venant en justice sur ceux qui se sont
conduits de la sorte ! Il ne s’agit plus de souffrances extérieures ou de
l’oppression des ennemis, mais de quelque chose d’infiniment plus profond entre
l’âme et Dieu. Quoique les jugements de Dieu aient amené le résidu au sentiment
de sa petitesse (il en est toujours ainsi, moralement, de l’âme quand Dieu la
visite en jugement, car que pourrait faire l’homme dans cette position, s’il
voulait y porter remède ?), ce n’était, néanmoins, qu’une partie de la détresse
résultant de la colère de Dieu, car la mort et la colère sont le véritable
fardeau envisagé dans ce Psaume, mais ici les terreurs de Dieu pèsent sur l’âme.
On n’y trouve pas, non plus, comme chose actuelle, aucune trace de consolation,
ni la perspective d’une délivrance de l’oppression humaine, quelque obscurément
que cette délivrance pût être entrevue par la foi. Le Psaume se termine dans la
détresse ; tout s’y passe avec Dieu : c’est ainsi qu’il faut avoir affaire avec
Lui jusqu’à ce que la grâce soit connue. Israël, placé sous la loi, doit arriver
au sentiment que la colère divine est sur lui à cause de la loi qu’il a
enfreinte : il est juste qu’il en soit ainsi. Mais le Dieu dont la colère pèse
sur eux est un Dieu avec lequel ils sont en relation. Ils ont été délivrés,
ramenés, ils se trouvent dans le pays plus près de Dieu ; ils ont, par suite, le
sentiment de ce que leur condition de juste affliction est par rapport à cette
relation. Ceci mérite d’être bien remarqué, soit pour ce qui concerne Israël,
soit pour nous-mêmes ; car on peut réellement connaître d’une manière générale
un Dieu de délivrance, sans que la conscience soit véritablement sondée, que la
colère divine soit connue dans la conscience, et que celle-ci en soit délivrée.
Colère de l’Éternel
sentie et connue par le fidèle placé sous la loi
[88:1] « Éternel, Dieu de mon salut ! » tel est le début de ce Psaume, ce qui
lui donne sa portée et son vrai caractère, et le rend d’autant plus terrible !
Il est possible que la pleine bénédiction de la liberté dans la grâce ne soit
pas connue, mais on connaît assez la relation avec le Dieu du salut ; on le
connaît assez lui-même ; on a assez conscience d’avoir affaire avec lui, pour
que la privation de sa faveur et le sentiment de sa colère soient ce qu’il y a
de plus terrible, la chose affreuse par-dessus toutes. La position des Juifs,
sous la loi, les circonstances dans lesquelles ils se trouvent et le
gouvernement de Dieu à leur égard, peuvent se rapporter davantage à ce que nous
trouvons ici, parce que leur relation avec l’Éternel se rattache précisément à
ces choses. Cependant c’est la colère ardente de l’Éternel qui est le grand et
terrible fardeau ; le sujet de ce Psaume est précisément cette terreur du
Tout-Puissant, ou, plus exactement de l’Éternel, qui absorbe et confond l’esprit
— le sentiment de la colère, qu’aura, en ce jour-là, le résidu, sous une loi
qu’il a enfreinte ! Les douleurs l’avaient visité auparavant ; [88:15] il avait
été affligé et près de rendre l’âme dès sa jeunesse, car telle avait été
effectivement sa portion, comme chassé loin de Jérusalem, et maintenant rétabli.
[88:1] Étant ainsi mis en relation avec l’Éternel, le Dieu de son salut, il faut
qu’il sente toute la profondeur de sa position morale, entre l’Éternel et lui
seul, sous la colère qu’il a méritée. À moins de passer par là, on ne peut pas
être réellement guéri, on ne peut entrer justement dans la bénédiction. Cela ne
veut point dire, certes, que la colère doive demeurer sur les fidèles ; c’est
pourquoi il y a de la foi, de la confiance dans ce Psaume, quoiqu’il ne s’y
trouve point de consolation. Car c’est après que la miséricorde leur a été
montrée, et a été connue d’eux, que cette détresse vient sur les fidèles ; c’est
quand ils sont rentrés dans leur relation avec Dieu par cette miséricorde,
qu’ils peuvent en sentir la valeur, de la même manière que Job qui, déjà béni,
apprit ensuite à se connaître et à voir quel homme il était, comme ayant à faire
lui-même à Dieu, lorsque fut élevée la question de l’acceptation et de la
justice. La colère ne demeurera pas sur les fidèles, parce que Christ en a bu la
coupe ; mais il faut qu’ils entrent dans l’intelligence de cette colère, comme
placés sous la loi, car ils avaient été sous la loi et avaient eu la prétention
d’arriver par elle à la justice ; or, jusque-là, cette question n’était pas
résolue pour eux. Je n’ai pas besoin de dire combien Christ est entré réellement
en tout ceci dans la dernière période de sa vie : c’est le fait capital de son
histoire.
Christ a connu aussi
cette colère, mais seul à en boire toute la coupe
Il faut remarquer que, même quant à ce qui fait le sujet direct du Psaume, les
terreurs n’ont pas été toujours sur l’affligé ; [88:15] il avait été affligé et
expirant dès sa jeunesse1 ; telle avait été sa vie ; — [88:14] mais maintenant
il sentait son âme rejetée, [88:8] et les amis et compagnons qu’il avait eus
auparavant avaient été éloignés de lui par la main de Dieu. Il en fut ainsi de
Christ : ses disciples ne purent pas alors persévérer avec lui dans ses
tentations ; il leur rendit témoignage qu’ils l’avaient fait jusque-là [(Luc
22:28)] ; mais maintenant ils allaient être criblés comme le blé [(Luc 22:31)],
et la part des meilleurs d’entre eux allait être de l’abandonner ou de le
renier. Tel fut le lot de notre Sauveur, différant seulement en ceci d’avec les
fidèles, que non épargné, ni délivré, il but réellement la coupe qui fera
échapper ceux-ci à la mort qu’ils redoutent. Cela pourra leur être appliqué
comme une leçon pressante, afin qu’ils connaissent la justice et la délivrance ;
mais, quant à la coupe de colère, ils ne la boiront pas ; ils seront exaucés et
délivrés sur la terre. Ce Psaume nous présente donc la colère sous la loi ; dans
le Ps. 89, nous trouvons la miséricorde et la faveur, en Christ, mais comme
objet de leur attente dans la promesse ; la délivrance actuelle viendra dans le
livre suivant, par l’introduction définitive de l’Éternel, le Messie, pour le
repos du monde et d’Israël.
1 Quelques-uns, comme Venema, traduisent: «parce que j’ai été chassé et abaissé» au lieu de: «dès ma jeunesse»; Rosenmuller donne les deux traductions. Comparez le Ps. 129.
Psaume 89
Sujet du livre troisième : Israël comme peuple dans son pays, mais détruit par
ses ennemis
Nous avons vu que le Psaume précédent plaçait Israël (lorsqu’il était coupable
de lui avoir été infidèle), sous le jugement de l’Éternel, avec le sentiment de
la colère qu’il avait encourue, ayant foi néanmoins en l’Éternel lui-même. C’est
une position que Christ a tout particulièrement prise, quoique naturellement
pour d’autres, en particulier pour Israël, mais non pas pour cette nation
seulement. Maintenant, le Ps. 89 s’occupe de l’autre face de la relation de Dieu
avec Israël ; non pas de sa relation avec la nation en tant que sous la loi,
mais de cette relation selon les promesses de l’Éternel à David. Ici,
remarquez-le, ce n’est point le péché qui est mis en avant ; certainement il
était, dans l’un et l’autre cas, la cause de l’état dont il est fait mention ;
mais ce dont il s’agit, c’est de la colère au lieu du salut. L’Éternel avait été
le Sauveur d’Israël, et la foi le considérait encore comme tel ; néanmoins il
abandonnait Israël au lieu d’accomplir la promesse, en tant que faite à David.
Il n’y a pas de trace de confession de péché. Dans le Ps. 88, le résidu exprime
sa plainte à l’égard de la mort et de la colère sous lesquelles ils se sent
placé ; notre Psaume, [89:2] lorsque la bonté devait être édifiée pour toujours,
[89:39] montre l’alliance devenue de nul effet et la couronne de David profanée.
Les chap. 40 à 58 d’Ésaïe sont des plaidoyers contre Israël, pour le convaincre
qu’il s’est rendu coupable, d’abord contre l’Éternel par les idoles qu’il s’est
faites (chap. 40 à 48) ; ensuite, par son rejet de Christ (chap. 49 à 58). Ici,
au contraire, nous avons la plainte d’Israël contre l’Éternel lui-même ; non
pas, je pense, une plainte de blâme qui serait impie, mais une sorte d’appel qui
s’adresse à lui, sur le fondement de ce qu’il avait été pour Israël : comme nous
l’avons vu, l’Éternel est occupé ici à établir ces relations. Israël est bien
Israël, et il se trouve dans le pays (voyez le Ps. 85 [v. 1]) ; les nations sont
là ; tout n’est pas restauré ; la dernière confédération apparaît, mais elle est
formée contre Israël. Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu ; il juge au milieu
des juges (Ps. 82 [v. 1]) ; l’Éternel s’est rappelé ses anciennes compassions
(Ps. 81:10-16). Le souvenir de l’arche est rappelé et il est fait mention de
Dieu comme de Celui qui est assis entre les chérubins, comme autrefois dans le
désert (Ps. 80 [v. 1]). En un mot, le livre tout entier présente la condition
d’un peuple rétabli dans le pays, mais qui est attaqué et détruit ; le temple
qui existe de nouveau étant abattu et ruiné (Psaumes 74 à 76 et 79). Ce n’est
pas simplement un résidu juif, se plaignant de la malice anti-chrétienne de gens
avec lesquels il est extérieurement associé ou par lesquels il a été chassé ;
mais c’est la nation d’Israël (représentée par le résidu), ayant des ennemis qui
détruisent ce qui lui est cher, encouragée par des prophéties relatives au
résultat final et instruite par la grâce souveraine envers David, lorsque, pour
ce qui la concerne, elle a manqué à sa fidélité comme nation (Ps. 78 et 79).
Elle regarde à Dieu (Élohim) comme tel, en contraste avec l’homme, au Très-Haut,
mais revient avec prière à l’Éternel (auquel elle appartient depuis sa sortie
d’Égypte) et demande que sa main soit sur le fils de l’homme, le provin1 qu’il
s’est fortifié, Ps. 80 [(v. 17, 15)]. En un mot, tout le livre envisage Israël
comme formant un peuple qui est de fait dans le pays, qui a un temple, qui entre
par la foi dans la relation d’alliance, mais qui est sujet aux invasions
destructrices de puissances ennemies, l’Assyrien et ses alliés, auxquels, à la
vérité, le peuple revient par suite des succès qu’ils remportent (Ps. 73:10) ;
car la prophétie, contenue en Ésaïe 10:5-23, n’est pas encore accomplie dans ce
moment-là (comparez Ésaïe 18:5-7).
1 Comparez le rapport et le contraste remarquable de ceci avec Jean 15. [Provin = branche de vigne qui prend racine]
Effet de cet état de
choses sur l’esprit des fidèles, dans un peuple sous la colère
Or les deux derniers Psaumes du livre font voir toute la pression que cet état
de choses exerce sur l’esprit des fidèles. Au lieu d’un peuple béni, nous avons
devant nous son isolement sous la colère. Néanmoins l’Éternel est le Dieu de
leur salut [(88:1)]. [89:44, 39] Le trône est renversé et profané, [89:29-34]
quoique d’immuables promesses, qu’il ne serait point mis de côté par suite de
fautes quelconques, eussent été faites en miséricorde à David. On trouve le
résultat dans le livre suivant, par la manifestation du Seigneur, par
l’introduction du Fils unique dans le monde. Dans tout ce livre-ci, nous sommes
sur le terrain de la prophétie en rapport avec Israël : le livre ne présente
point la condition spéciale dans laquelle le résidu juif sera vis-à-vis de
l’Antichrist, par suite du péché qu’il a commis en rejetant Christ, ni ses
afflictions spéciales en rapport avec cette condition ; ceci se trouve, comme
nous l’avons vu, dans les premier et deuxième livres. De là vient aussi que dans
les livres suivants nous voyons les fidèles reconnaître que l’Éternel a été leur
refuge et leur demeure dans toutes les générations : leur histoire prend fin par
l’apparition du Messie, en gloire.
Détails du Ps. 89,
parlant des grâces assurées de l’Éternel envers le peuple
Avant d’aller plus loin, j’ajouterai ici encore quelques observations de détail
sur le Psaume 89. [89:1] Il a pour sujet les bontés de l’Éternel (sa gratuité
envers Israël, khasdei) et leur immutabilité, les gratuités assurées [(És.
55:3)]. Il y a de la foi pour dire « à toujours », car c’est la grâce ; [89:46]
et ainsi la requête que nous avons fait remarquer ailleurs, s’élève vers Dieu :
« Jusques à quand ? ». En serait-il autrement et en apparence même à toujours ?
L’Éternel était fidèle ; [89:2] car le fidèle avait dit avec foi : la gratuité,
la bonté « sera édifiée pour toujours ; dans les cieux mêmes tu établiras ta
fidélité », là où rien ne pouvait lui porter atteinte. Il en sera ainsi, Satan
étant précipité du ciel : c’est la description même du millénium. [89:3] Alors
le Psalmiste raconte l’alliance faite dès l’origine avec David, alliance qui est
l’expression de la gratuité, de ce à quoi Jéhovah devait être fidèle : les
gratuités assurées à David [(És. 55:3)]. Ensuite il revient en arrière, et
continue de célébrer les louanges de l’Éternel (vers. 5-18) ; [89:10] il
rappelle l’ancienne délivrance de la servitude d’Égypte et considère que la
louange de l’Éternel découle nécessairement de ce qu’Il est, [89:15] et de la
bénédiction du peuple qui sait ce que c’est que le cri de joie. [89:16] Ils
s’égaieront tout le jour en son nom et seront haut élevés par sa justice (car
ici nous sommes en plein sur le terrain de la grâce). [89:17] Il est la gloire
de leur force, et dans son bon plaisir leur corne sera haut élevée. Telle est la
bénédiction qu’il y a, à se trouver associé avec l’Éternel, dans sa faveur. Mais
cette bénédiction se trouve dans les immuables gratuités promises à David [(És.
55:3)]. Comment s’accompliront-elles ? En ceci (vers. 18), que le Kodesh (saint)
d’Israël, sera leur roi. Mais Dieu avait aussi parlé, non d’un Kodesh (saint),
mais d’un Khésed (bien-aimé) dans lequel tous les Khasdei (pluriel de Khésed),
toutes les gratuités, seraient concentrés et envers lequel l’Éternel montrerait
une fidélité immuable, — « les grâces assurées de David » [(És. 55:3)]. Le
Psaume revient ici à l’alliance faite avec David et fait voir qu’elle ne devait
jamais être changée (versets 34-37). Cependant tout était, de fait, dans un état
différent ; [89:46] mais il y avait aussi, fondée sur cette promesse, la foi
pour dire : Jusques à quand, ô Éternel ? S’il cache sa face à jamais et si sa
fureur s’embrase comme un feu, qui est l’homme qui vivra et ne verra point la
mort ? (vers. 48). [89:49] Le fidèle fait appel aux bontés précédentes envers
David, en tant que jurées à David lui-même ; mais je ne doute pas que, dans le
vers. 49, ces gratuités ne soient applicables à tous les fidèles. Néanmoins
l’Esprit de Christ entre dans cette position du résidu, comme il l’a fait pour
la colère, afin de prendre sur lui toute la réalité de leur fardeau.
Naturellement, en ce jour-là, lui n’éprouvera aucune souffrance ; mais il a
anticipé ce jour de souffrance, afin que son Esprit pût s’exprimer dans son
peuple comme avec sa propre voix ; [89:51] car l’opprobre qui vient des
puissants et des apostats, en ce jour, diffamera les actes de l’Oint de Dieu.
[89:50] Et si les fidèles marchent sur ces traces, ils auront part à l’opprobre
provenant des ennemis de l’Éternel. Telle est alors la position des fidèles :
ils marchent dans les sentiers du Seigneur, ils attendent les bénédictions de
l’alliance avec Israël, sentant la colère sous laquelle ils se trouvent ; dans
la foi néanmoins, mais regardant à la promesse de gratuité faite par Dieu à
David (promesse qui était une pure grâce, car l’arche de l’alliance s’en était
allée et Israël était devenu I-Chabod [(1 Sam. 4:21)]), et attendant la réponse.
Cette réponse, le livre suivant la donne. Comme je l’ai dit, nous sommes ici
dans les temps prophétiques, au milieu des scènes décrites par Ésaïe, avec
l’Assyrien et un temple dévasté. Les méchants sont là ; le peuple s’assemble en
foule avec eux dans la prospérité. Si quelque partie du livre de Daniel se
rapporte à ces circonstances, c’est le chap. 8 et non pas le 7ème : la Bête ou
l’Antichrist ne sont pas en scène, mais nous avons devant nous le pays, Israël
coupable, les promesses — non pas la question d’un Christ rejeté. Ce Psaume
termine le troisième livre.
Introduction au livre 4
Caractère et plan du contenu de ce livre
Le quatrième livre ne diffère pas du troisième d’une manière aussi marquée que
les trois précédents l’un de l’autre, et spécialement le troisième des deux
premiers, par la raison que le troisième, tout en annonçant prophétiquement la
bénédiction, décrit un état de choses qui prépare le chemin à l’intervention
divine pour introduire une pleine bénédiction. Le premier livre avait donné les
grands principes de la position du résidu juif en rapport avec l’histoire de
Christ ; le second avait présenté les fidèles hors de Jérusalem ; le troisième
revient à la condition d’Israël comme nation rétablie dans le pays, mais pas
encore dans la pleine bénédiction de l’Éternel ; le quatrième, comme je l’ai
dit, complète le tableau par la venue du Messie et rattache ensemble la nation
et Christ, la nation et l’Éternel. Le livre s’ouvre donc en présentant la nation
en relation avec l’Éternel, au retour duquel on s’attend et qui, finalement,
bénit les Israélites afin que son bon plaisir soit sur eux. Le second Psaume du
livre nous fait voir la nation en rapport avec Christ, en tant qu’homme dans ce
monde ; le troisième, Psaume 92, célèbre d’une manière prophétique le grand
résultat, dans le plein établissement duquel nous font entrer les Ps. 93 à 100.
Viennent ensuite quelques détails profondément intéressants sur Christ, Ps. 101
et 102, tandis que le résultat général, en tant que manifestant les voies de
l’Éternel envers Israël et la terre, est traité dans les louanges des Psaumes
103 et 104. Les voies de l’Éternel, depuis le commencement, et celles d’Israël
envers lui, se trouvent dans les Ps. 105 et 106 qui terminent le livre.
Psaume 90
Ps. 90-92 — Introduction au thème du règne de l’Éternel
Psaume 90
Le premier Psaume du livre, le Ps. 90, place le peuple — c’est-à-dire sa portion
fidèle — sur le fondement de la foi en l’Éternel, et exprime son désir d’être
délivré et béni de sa main. [90:1] D’abord l’Israélite pieux reconnaît que le
Seigneur a été de génération en génération la demeure d’Israël ; [90:2] ensuite
qu’il est le Dieu éternel, avant que le monde fût, [90:3] qu’il tourne et
retourne l’homme en un moment, comme il lui semble bon, [90:4] et que pour lui
le temps n’est pas le temps. [90:7] Actuellement Israël était consumé par sa
colère. Mais ce n’est pas tout : quoique son pouvoir soit absolu, il n’en use
pas d’une façon arbitraire. [90:8] Son gouvernement est un vrai et saint
gouvernement moral ; les fidèles le reconnaissent par une confession sincère,
non seulement des fautes extérieures, mais aussi des péchés secrets que ce
gouvernement met en lumière, car c’est la manière d’agir de Dieu. [90:9] Leurs
jours s’en allaient par sa grande colère ; [90:10] ils demandent que l’orgueil
de leur cœur soit tellement brisé, qu’il leur soit donné de se souvenir de leur
faiblesse et de leur mortalité, de telle sorte qu’ils soient débarrassés de la
suffisance si naturelle à leurs pauvres cœurs [90:12] et qu’ils en acquièrent un
cœur sage, par la crainte de Dieu. L’homme est mis à sa place et Dieu à la
sienne, en même temps qu’Israël se confie en l’Éternel : tout ceci est plein
d’instruction relativement à la position morale qui convient dans ce jour-là au
résidu, ainsi qu’à tous ceux qui ont affaire avec Dieu. [90:13] Ainsi on regarde
à l’Éternel. pour qu’il revienne en délivrance, comme l’indique la parole de la
foi : « Jusques à quand ? ». [90:15] Quant à ses serviteurs, ils demandent que,
de même que l’affliction est venue sur Lui, [90:16] ainsi aussi son œuvre
apparaisse désormais : [90:17] que la gratuité du Seigneur soit sur eux et que
leur œuvre soit établie par lui. C’est la vraie foi, quant à la relation avec le
Dieu suprême dans son saint gouvernement sur la terre. Mais s’il en est ainsi,
c’est que l’Éternel est le Dieu d’Israël.
Psaume 91
Le Messie reçoit la bénédiction de Dieu pour Israël avec qui il est
Nous trouvons ici un autre principe fort important. En prenant place avec
Israël, dans la position de la confiance en l’Éternel, le Messie devenait le
canal qui doit amener la pleine bénédiction du peuple. Trois noms d’Élohim
(Dieu) nous sont présentés dans ce Psaume : [91:1] celui par lequel il fut en
relation avec Abraham, le nom de Tout-Puissant ; puis un autre nom, dont Abraham
a pu avoir connaissance d’une manière prophétique par le témoignage de
Melchisédec, le titre millénaire d’Élohim, quand il prend son titre le plus
élevé sur la terre (comp. Gen. 14:18-20), le nom de Très-Haut. Ces deux noms,
comme tous les noms de Dieu, ont l’un et l’autre leur signification propre :
l’un rappelle sa puissance parfaite, l’autre sa suprématie absolue. [91:2] Le
troisième nom est celui d’Éternel. Alors surgit la question : Quel est le Dieu à
qui appartient cette place ? Qui est ce Dieu suprême au-dessus de tout sur la
terre ? [91:1] Qui trouvera le lieu secret de sa demeure pour y habiter ? Celui
qui se sera logé là, sera complètement protégé par le pouvoir du Tout-Puissant.
[91:2] Le Messie (Jésus) dit aussitôt : « J’ai dit de l’Éternel : Il est ma
confiance et mon lieu fort ». [91:9] Il prend l’Éternel, le Dieu d’Israël pour
sa demeure. Les vers. 3-8 nous font connaître la réponse qu’il reçoit. Sans
aucun doute ces choses sont vraies de tout pieux Israélite, et tous les fidèles
peuvent les avoir, mais conduits par l’Esprit de Jésus, le seul parfait fidèle,
qui a réellement pris cette position. Je pense qu’au vers. 9, c’est Israël qui
parle, c’est-à-dire que l’Esprit personnifiant Israël, s’adresse au Messie : «
Parce que toi tu as mis l’Éternel, mon refuge, le Très-Haut pour ta demeure,
aucun mal ne t’arrivera ». L’allocution continue jusqu’au vers. 13 ; puis au
vers. 14, l’Éternel lui-même parle du Messie (Jésus) comme de celui qui a mis
son affection sur Lui et qui obtiendra la pleine bénédiction de l’Éternel, parce
qu’il a connu Son nom. C’est un Psaume très intéressant à ce point de vue.
Marche de Christ dans
une soumission parfaite à Dieu, assurant la bénédiction à Son peuple
Mais nous avons à remarquer que tout, — le caractère de Dieu sous tous ses
aspects — est envisagé ici au point de vue de la terre. Quant à la question de
savoir comment Christ a pu faire l’abandon de toutes les bénédictions
terrestres, comme chose actuelle, afin de prendre 1a position de parfaite
obéissance, en se confiant d’une manière absolue en son Père, elle nous conduit
à des vues plus profondes sur les desseins de Dieu et sur le sentier du
Bien-aimé lui-même. [91:11-12] Satan aurait voulu se servir précisément de ce
qui est dit ici pour le détourner du chemin de l’obéissance, et l’amener dans
celui de la défiance et de la volonté propre [(Luc 4:9-12)]. Mais, Dieu soit
béni, ce fut en vain, comme nous le savons. Les gratuités assurées à David [(És.
55:3)] devaient se trouver dans un Être obéissant et ressuscité — (ce point est
traité plus loin dans un Psaume d’une incomparable beauté) — et des bénédictions
plus profondes et des gloires plus hautes devaient être ainsi introduites. Mais
celui qui a suivi cette marche parfaite de la soumission, n’en a pas moins
assuré tout le fruit à ceux qui marcheront après lui dans cette position de
confiance en l’Éternel sur la terre. Ce principe se montre sous diverses formes
tout le long du livre des Psaumes : et même l’œuvre expiatoire de Christ,
impliquant qu’il renonçait personnellement à la bénédiction terrestre, était
nécessaire pour que d’autres pussent suivre ce chemin dans lequel il a pu,
naturellement, marcher personnellement sans elle. Nous trouvons, au Ps. 21, une
révélation divine quant à la manière dont la promesse de la vie s’est accomplie
pour le Seigneur.
Psaume 92
[92:1] Le Ps. 92 emploie les noms de Dieu : Éternel et Très-Haut ; seulement il
ne s’agit plus du domicile secret que connaissent seules la fidélité et la foi.
Les vers. 7 et 8 montrent comment la Toute-Puissance assure la bénédiction et
répond à la foi. Ce qui est célébré ici n’est point l’exercice de la foi, sous
la discipline, mais la réponse à la foi, annonçant (verset 15) que l’Éternel est
droit et qu’il n’y a point d’injustice en lui. Les Psaumes 90, 91 et 92 forment
ensemble une introduction au grand thème qui suit, caractérisé par l’expression
: « L’Éternel règne ». Déjà la puissance avait été déployée ; [92:9] on en
attend maintenant le résultat parfait et final dans le jugement de tous les
ennemis, et dans la bénédiction permanente, non pas simplement comme objet
d’espérance, mais fondée sur l’intervention manifeste de Dieu. Ces choses sont
exprimées dans la position que le Messie avait prise au Psaume précédent, où il
est identifié avec Israël dans les derniers jours, restauré par la puissance
divine, mais non pas encore dans la pleine et paisible jouissance de la
bénédiction divine, précisément comme nous l’avons vu dans le Livre 3. Le Messie
prend donc la direction de la célébration des louanges, [92:10] et voit sa corne
élevée en gloire (comp. Ps. 75). [92:5] Mais les pensées de l’Éternel sont plus
profondes. Il voit de loin, il voit la fin dès le commencement, et il accomplit
sa parole et tous ses desseins. C’est là ce dont la foi doit se souvenir.
Psaume 93
Ps. 93-100 — Plein établissement de Christ en rapport avec son peuple
Psaume 93
Le Ps. 93 annonce les grands et bienheureux résultats de l’intervention finale
de Dieu en puissance. [93:1] L’Éternel règne. [93:2] Certes son trône était
établi dès l’éternité ; [93:3] mais les fleuves avaient élevé leur voix ; les
flots mugissant des hommes impies s’étaient fait entendre, [93:4] seulement
l’Éternel, dans les lieux hauts, était plus puissant qu’eux tous. [93:5] Deux
autres grands principes complètent ce court, mais remarquable sommaire de toute
l’histoire du gouvernement de Dieu à l’égard de l’homme : « Les témoignages de
l’Éternel sont très sûrs ». Quoi qu’il puisse arriver, la foi peut compter sur
eux. D’autre part, il en ressort une autre grande vérité concernant le caractère
de Dieu : « La sainteté sied à la maison de Dieu ». Mais je regarde cette
dernière phrase comme décrivant la sainteté qui convient à la maison de Dieu
durant la période finale de laquelle ces Psaumes parlent et en vue de laquelle
la terre a été établie. Puis, au Psaume suivant, viennent les détails de la
venue du Fils unique dans le monde, à l’effet d’y établir la gloire et l’ordre
selon Dieu, venue à laquelle la requête du résidu d’Israël sert d’introduction.
Psaume 94
Le Ps. 94 nous donne cette requête des fidèles ; elle est en même temps
l’expression de la parfaite intelligence de leur position, des voies de Dieu, de
la position des méchants et du résultat qui va être produit, et cela, pour ce
Psaume comme pour tous ceux de ce livre, sur le pied de la relation connue du
peuple avec l’Éternel. Nous avons vu qu’au Ps. 91, Christ prend cette place avec
le peuple, afin que la pleine bénédiction puisse venir sur le peuple en tant
qu’associé avec Lui. [94:1] Le Ps. 94 s’adresse à l’Éternel comme au Dieu des
vengeances et lui demande de se montrer, [94:2] de s’élever comme juge de la
terre et de rendre la récompense aux orgueilleux. [94:3-4] Le « Jusques à quand
? » devient instant et pressant ; la conduite et l’impiété des méchants sont
exposées. Les vers. 4-11 s’adressent aux Israélites incrédules touchant la folie
de cette conduite. Les versets 12-15 renferment une explication bien instructive
des voies de l’Éternel : [94:12] « Bienheureux l’homme » que Jah châtie et qu’il
enseigne par sa loi ! Telle est la position du résidu souffrant, [94:13] cette
position dans laquelle Dieu le met à l’abri des mauvais jours jusqu’à ce que la
fosse soit creusée pour le méchant. Sans doute les fidèles (comme les Psaumes
nous le montrent) avaient été quelquefois bien près d’oublier cette précieuse
vérité (voy. Ps. 73) ; pas toujours cependant (voyez Ps. 27:5) ; mais la foi ne
l’oublie pas, et c’est là le vrai sens des afflictions du résidu, et des nôtres
aussi sous les soins de notre Père. Le cœur, au milieu du mal, a affaire avec
Dieu, non seulement dans la soumission, mais comme sachant que la coupe qui lui
est présentée vient de l’Éternel (de notre Père). Ainsi le trouble et la misère
que nous ressentons, lorsque nous rencontrons la volonté de l’homme dans notre
volonté, sans qu’il nous reste de ressource, prennent fin ; et la volonté (le
grand obstacle) étant soumise, Dieu enseigne alors le cœur humble et soumis qui
est dans sa vraie position devant lui1. [94:14] Pour la foi, c’est d’ailleurs
une chose établie que l’Éternel ne rejettera jamais son peuple : [94:15] mais le
jugement retournera à la justice et tous ceux qui sont droits de cœur le
suivront. C’est là le grand principe, le principe essentiel et capital du
changement qui s’effectue dans le temps dont parle notre Psaume. Le jugement,
longtemps séparé de la justice, revient désormais à elle. Le jugement se
trouvait en Pilate, la justice en Christ. Là l’opposition de ces deux choses
était complète ; — partout ailleurs elle l’est plus ou moins. Souffrir pour la
justice, — or la justice divine établie dans les cieux est certainement la
meilleure part — c’est la part de Christ, comme homme, maintenant glorifié ;
mais ce n’est point là le maintien de la justice sur la terre. Cette justice sur
la terre doit être maintenue d’une manière effective ; mais où trouver celui qui
la fera triompher ? [94:16] Qui se chargera de la cause des fidèles, ou se
lèvera pour le résidu, contre les puissants ouvriers d’iniquité ? [94:17] Si
l’Éternel ne s’était levé pour eux, leurs âmes eussent été bientôt logées dans
le lieu du silence. Il est à peine besoin de faire remarquer combien tout cela
est vrai de Christ, à l’égard des hommes, combien il entre pleinement dans toute
la position qui nous est présentée ici. [94:18] Même lorsque le résidu avait
peur de glisser, la bonté de l’Éternel l’a soutenu ; [94:19] et sous le poids
accablant des pensées, où se trouve toute la puissance du mal, les consolations
de l’Éternel ont fait les délices de son âme. Le verset 20 nous présente une
demande très remarquable : le trône d’iniquité et celui de l’Éternel sont-ils
prêts à s’unir ensemble ? Non, sans doute ; alors les jours du trône de
l’iniquité sont comptés. [94:21] La méchanceté est là, elle est maintenant
patente. [94:23] Mais l’Éternel, la retraite des fidèles, le juge des méchants,
qui fera venir leur iniquité sur eux-mêmes, les détruira. Comme je l’ai déjà
fait observer, ce Psaume nous présente donc, d’une manière remarquable, la revue
la plus complète de l’ensemble de la position du résidu et des voies de
l’Éternel.
1 Christ, tout en sentant profondément ce qui était devant Lui, est précisément le contraste avec cette lutte contre la volonté propre, car il est parfait dans sa soumission (voir Jean 12 et Gethsémané). Pierre aurait résisté, mais Christ a pris la coupe de la main de son Père.
Psaume 95
Ps. 95-100 — Introduction du Fils dans le monde, en jugement et en puissance
Les Ps. 95 à 100 nous montrent très distinctement la marche de l’introduction du
Fils unique dans le monde ; mais ici, il est toujours vu comme l’Éternel venant
du ciel en jugement, et, à la fin, prenant place entre les chérubins et appelant
le monde à l’adorer là. Cela met en contraste l’établissement d’Israël dans la
bénédiction par le moyen de la puissance, avec son ancienne chute, quand il fut
délivré pour la première fois.
Psaume 95
[95:1-2] Le Ps. 95 appelle Israël à venir devant l’Éternel avec des cris de
joie, des louanges et des actions de grâce ; il décrit (vers. 3-5) sa grandeur
par-dessus tous les dieux et comme Créateur. [95:6] Mais l’Éternel est Celui qui
a fait Israël, [95:7] il est aussi son Dieu ; et Israël maintenant peut attendre
le repos, même après un si long temps et une si longue chute. Jusqu’à ce que la
puissance intervienne pour exercer le jugement, pendant qu’il est dit : «
aujourd’hui » (car dans ce grand « demain » Dieu ne supportera plus de mal ni de
volonté rebelle), [95:8] le peuple est invité à ne pas endurcir son cœur, [95:9]
comme autrefois dans le désert, [95:11] lorsque Dieu jura qu’il n’entrerait
point dans son repos. [95:7] Mais maintenant, après tout, la grâce dit : «
Aujourd’hui ! ». [95:1] Elle les invite à venir en sa présence à lui, le rocher
de leur salut.
Psaume 96
[96:1] Le Ps. 96 appelle toute la terre à entrer dans l’esprit de l’Évangile
éternel : [96:2] tous doivent reconnaître l’Éternel ; [96:5] les dieux des
nations ne sont que vanité ! Au Ps. 95 [(1, 6)], l’invitation était faite comme
de compagnie : « Venez, chantons, agenouillons-nous ! ». [96:2-3] Ici, il est
dit à ceux qui sont loin : « Chantez à l’Éternel… racontez parmi les nations sa
gloire ». [96:5] L’Éternel est le Créateur ; [96:6] et son excellence est alors
déclarée, [96:8] mais c’est dans ses parvis, en Israël sur la terre, qu’il est
connu. [96:7] Les nations sont de nouveau invitées à le reconnaître là, [96:8-9]
à l’adorer conformément à l’ordre établi dans sa maison sur la terre, [96:10]
car l’Éternel règne, le monde est affermi ; Il exercera le jugement sur les
peuples avec droiture. [96:11-12] Cela introduit l’invitation à tout le monde
créé de se réjouir dans un chœur de louanges devant l’Éternel, [96:13] car il
vient pour juger la terre en justice et selon sa fidélité.
Psaume 97
Le Ps. 97 célèbre la venue même de Christ. [97:1] L’Éternel a pris à lui sa
grande puissance et son règne : la terre et la multitude des îles sont appelées
à se réjouir. [97:2] Les nuées et l’obscurité sont autour de lui, car ce n’est
pas de la révélation de lui-même qu’il s’agit, mais de celle de ses jugements en
puissance. La justice et le jugement caractérisent toujours son trône : [97:3]
le feu du jugement marche devant lui et consume tous ses adversaires. [97:5]
L’Éternel, le Seigneur de toute le terre, sort de son lieu. [97:6] Les cieux
(car sur la terre il n’y a personne pour le faire) déclarent sa justice avec
puissance, et tous les peuples voient sa gloire. [97:7] Ensuite l’effet du
jugement est déclaré : le culte des idoles est couvert de confusion devant
l’Éternel, et tous les pouvoirs, toutes les autorités, depuis les anges et
au-dessous, doivent désormais le reconnaître. [97:8] Mais un autre fait se
produit, qui est la joie et la délivrance pour Sion : C’est le jugement du mal
qui est sa délivrance, car il est la glorieuse exaltation de l’Éternel son
Dieu1. Les versets 10-12 signalent les objets bénis de la délivrance, savoir le
résidu fidèle. [97:11] La lumière est semée pour le juste et la joie pour ceux
qui sont droits de cœur. Le Psaume tout entier est un exposé fort complet du
caractère de la venue du Seigneur sur la terre.
1 En Ésaïe 30:32, où le bâton ordonné, qui est la verge décrétée, devait passer, ce devait être avec des tambourins et des harpes.
Psaume 98
Dans le Ps. 98, Israël sur la terre célèbre le résultat de cette intervention
personnelle. [98:2] L’Éternel a fait connaître son salut [98:3] et s’est souvenu
de sa bonté et de sa fidélité envers la maison d’Israël. [98:4] Tout le pays (ou
toute la terre) est invité à célébrer l’Éternel comme Roi. Ici l’invitation ne
s’adresse point aux cieux, comme au Ps. 96 [(v. 11)] : les cieux sont déjà
remplis de sa gloire, et les anges ont été appelés à adorer ; [98:7] mais la
mer, avec tout ce qui la remplit, le monde et ceux qui y habitent, doivent faire
éclater leur joie [98:9] au-devant de l’Éternel qui vient pour juger la terre et
tout le monde habitable.
Psaume 99
Ps. 99 v. 1-5 — L’Éternel règne et est exalté à Jérusalem
Le Ps. 99, quoique d’un caractère très simple, renferme quelques principes
importants. [99:1] L’Éternel règne maintenant, non pas seulement en rendant
manifeste la puissance céleste, mais en établissant cette puissance comme Roi
sur la terre. Maintenant il est assis, comme jadis, entre les chérubins, en
Israël. [99:2] Il est grand en Sion et haut élevé par-dessus tous les peuples.
Je pense que ce mot peuples (« Ammim »), traduit généralement par « peuple », ce
qui le confond avec Israël, est employé, non pas comme « Goïm » (98:2 et souvent
ailleurs), en opposition avec Israël et la connaissance de l’Éternel, mais pour
désigner les nations qui ne sont pas Israël, en tant que mises en relation avec
Israël et par là avec l’Éternel lui-même. Israël est appelé « Goï » (43) quand
il est jugé et rejeté. [99:4] En outre le Roi (le Messie, mais toujours
l’Éternel), aime la justice et établit la droiture, exerçant le jugement et la
justice en Jacob. [99:5] Ainsi l’Éternel, le Dieu de Jacob, devait être exalté
et cela dans Jérusalem.
Ps. 99 v. 6-9 — Dieu
est saint et agit en gouvernement, mais Il écoute aussi en grâce
Mais voici un autre principe touchant et important. Israël avait entièrement
failli ; il avait repoussé l’Éternel, rejeté le Messie, et avait été jugé et
chassé. Mais Dieu n’avait jamais abandonné sa fidélité et sa grâce. [99:6] Aussi
l’Esprit revient-il ici en arrière pour reconnaître les saints de l’ancienne
alliance qui, par grâce, avaient été fidèles. Le résidu a toujours été reconnu ;
en un sens nous sommes tous encore enfants de Jérusalem, la délaissée, et nous
attendons, sous la discipline et le gouvernement, qui sont pour nous ceux d’un
Père. Moïse et Aaron parmi ses sacrificateurs, Samuel parmi ceux qui invoquaient
son nom, les vrais prophètes sans office, quelle que fût leur mesure, tous ont
crié à l’Éternel et il leur a répondu. Il y avait entre eux et lui la relation
de la foi : [99:8] l’Éternel leur répondait, mais il gouvernait son peuple,
tirant vengeance de leurs actes. Il en sera de même à la fin : quiconque
invoquera le nom du Seigneur sera sauvé [(Joël 2:32)], mais certainement les
actes de ceux qui l’invoqueront seront punis. Ce sont là les deux pivots de
toutes les voies de Dieu : d’un côté la grâce et des oreilles de compassion
attentives au cri des débonnaires et des affligés ; de l’autre, un gouvernement
saint et vrai. Il en est de même pour nous ; seulement nous sommes sous le
gouvernement du Père (quoiqu’il soit toujours le gouvernement du Dieu saint),
mais après le salut et l’adoption. L’Israël régénéré est ainsi identifié avec
l’Israël fidèle de jadis. L’enfant de Ruth et de Booz est un fils né à Naomi
[(Ruth 4:17)]. On ne connaît plus Mara [(Ruth 1:20)].
Psaume 100
Le Ps. 100 est une invitation universelle à adorer l’Éternel avec allégresse et
louange. [100:5] L’Éternel est bon. Le vers. 5 présente en principe la grande
vérité si souvent posée comme fondement de l’espérance d’Israël : « Sa bonté
demeure à toujours », vérité qui leur donnait aussi lieu de dire : « Jusques à
quand ? ». L’expression : « Toute la terre » du verset 1, désigne tout le pays
d’Israël ; [100:3] le droit que réclame le peuple d’Israël d’être le peuple de
l’Éternel et le troupeau de sa pâture, semble s’étendre à la terre entière ;
cependant, j’incline beaucoup à penser qu’il est question simplement de « tout
le pays d’Israël ». Ce Psaume termine la remarquable série de ceux qui décrivent
la venue de l’Éternel (Christ) pour établir la justice et le jugement sur la
terre, et son trône en Israël.
Psaume 101
Ps. 101-102 — Détails sur Christ
Psaume 101
Le Ps. 101 pose les principes d’après lesquels le roi gouvernera sa maison et le
pays quand il prendra le royaume au nom de l’Éternel.
Psaume 102
Le Ps. 102 est un des plus remarquables, peut-être le plus remarquable de tous
les Psaumes ; il présente Christ d’une manière divinement admirable. Le vers. 10
fait voir quelle a été l’occasion du cri par lequel le Psaume commence. Christ
est complètement envisagé comme homme, élu d’entre le peuple et exalté pour être
le Messie ; et maintenant, au lieu de prendre le royaume, il est rejeté et
chassé1. Le temps auquel nous sommes reportés, est celui de l’approche immédiate
de la croix ; mais il fut, nous le savons, anticipé, peut-être souvent, en
pensée, par le Seigneur, comme Jean 12 nous en fournit un exemple. Christ
regarde à l’Éternel, qui avait jeté par terre Celui qu’il avait appelé à la
position de Messie, mais qui rencontre maintenant l’indignation et la colère.
Ici, il n’envisage pas ses souffrances comme lui venant de la part de l’homme.
Elles venaient de sa part, sans doute, et il le sentit ; mais les hommes ne sont
pas devant lui dans ce jugement ; ce n’est pas non plus de son œuvre expiatoire
qu’il est question, quoique nous trouvions ici ce qui l’opérait, l’indignation
et la colère qui ont eu leur plein effet à la croix : il s’agit de Christ
lui-même, de son retranchement comme homme. Il est dans la détresse, [102:4] son
cœur est frappé, [102:6] semblable au pélican du désert et au hibou des lieux
désolés ; [102:11] ses jours sont comme une ombre qui s’allonge ; il est sec
comme l’herbe. Tel était le Messie à qui appartenaient toutes les promesses.
[102:12] Mais l’Éternel demeurait éternellement ; ses promesses étaient
certaines. [102:13] Il se lèverait et aurait compassion de Sion ; le temps
assigné était venu. Toute la scène, depuis Christ sur la terre jusqu’au résidu
des derniers jours, est une scène seule et unique. [102:15] Lorsque Sion sera
restaurée, les nations craindront le nom de l’Éternel. [102:16] Quand l’Éternel
bâtira Sion, il paraîtra dans sa gloire. [102:17] Il aura égard à la prière du
désolé et exaucera le pauvre résidu, [102:21] afin qu’on annonce son nom en Sion
et sa louange dans Jérusalem, [102:22] alors que les peuples seront rassemblés
et les royaumes, pour servir l’Éternel. Mais où était alors le Messie ? [102:23]
Sa force avait été abattue dans le chemin ; ses jours avaient été abrégés.
[102:24] Il avait crié à celui qui pouvait le délivrer, le sauver de la mort.
Sion devait-elle être restaurée et pas le Messie ? Devait-il, lui, rester abattu
et retranché ? Vient alors l’admirable et glorieuse réponse : [102:25] il est
lui-même le Créateur des cieux et de la terre ; il est toujours le même ;
[102:27] ses années ne défaudront pas, [102:26] lorsque l’univers créé sera
changé comme un habit. [102:28] Les enfants de ses serviteurs continueront
d’habiter près de lui et leur semence sera établie devant lui. [102:25] Le
Christ, Jésus, le méprisé et le rejeté, est l’Éternel le Créateur. Le Jéhovah
dont nous avons appris qu’il doit venir, est le Christ qui est venu. L’Ancien
des jours vient : c’est Christ qui l’est, tout en étant Fils de l’homme. Ce
contraste entre l’extrême humiliation et l’isolement de Christ, et sa nature
divine, est d’une puissance incomparable. Mais il faut nous rappeler que nous
avons ici le sentiment personnel de la réjection de Christ, en rapport avec le
résidu, et non le fait de porter dans son âme le jugement du péché, pour les
hommes. Considérez la différence des résultats au Psaume 22, bien que cette
œuvre parfaite fût nécessaire aussi pour la « nation » qui sans elle n’aurait pu
être délivrée.
1 Remarquez qu’il n’y a pas ici l’introduction de «moi» en rapport avec l’indignation et la colère, comme au Ps. 22, bien que Christ réalise la chose en esprit; mais, personnellement, il est élevé et jeté en bas. C’est une clef qui aide beaucoup à comprendre les Psaumes.
Psaume 103
Ps. 103-106 — Voies de l’Éternel envers Israël et la terre, et voies d’Israël
Résultats de l’histoire d’Israël, en grâce et en responsabilité]
Les Ps. 103 à 106 nous présentent, en même temps que l’alliance, les résultats
en grâce et en responsabilité de l’histoire d’Israël.
Sujet et contenu de
chaque psaume
Le Ps. 103 nous fait entendre la voix du Messie en Israël, célébrant les
louanges de Dieu selon ses voies envers ce peuple. Le Ps. 104 nous donne le
chant de louange du Messie dans la création. Le Ps. 105 décrit les voies de Dieu
en grâce envers Israël, depuis Abraham jusqu’au moment où Dieu donna à son
peuple le pays dont il doit maintenant jouir en paix. Au Ps. 106, les voies
d’Israël, depuis le commencement jusqu’à la fin, sont confessées, mais la bonté
de l’Éternel est reconnue, et les fidèles s’attendent à elle, car elle demeure à
toujours. La grâce et la faveur sont le seul fondement sur lequel puisse être
édifiée l’espérance qui mène à l’obéissance. Cette pensée termine le livre.
Ps. 103-104 — Louanges
du Messie en Israël et dans la création]
Psaume 103
Les Ps. 103 et 104 exigent quelques observations. Sans doute, c’est l’Esprit de
Christ qui conduit les louanges que nous y trouvons, car sa louange commencera
par l’Éternel dans la grande congrégation ; mais c’est au nom d’Israël que le
Psaume s’énonce. Israël possède le pardon et la miséricorde par les tendres
compassions de l’Éternel. [103:15] Pour ce qui est de l’homme, ses jours sont
comme l’herbe ; le peuple aussi a été comme l’herbe et desséché (És. 40 [v.
6-8]), [103:17] mais la bonté de l’Éternel est de tout temps et à toujours sur
ceux qui le craignent, sur ceux qui lui obéissent. Ainsi tout est attribué à la
grâce, — en même temps qu’à la fidélité — selon la nature même et le nom de
l’Éternel ; mais c’est pour ceux qui obéissent, pour le résidu fidèle.
Maintenant l’Éternel les reconnaît avec amour et de tendres compassions ;
[103:12] tous leurs péchés sont entièrement éloignés d’eux ; [103:19] le trône
de l’Éternel est préparé dans les cieux : seul moyen d’assurer la bénédiction !
Maintenant son royaume a domination sur tout. Il ne s’agit pas seulement des
droits de l’Éternel, mais son règne est établi de fait. Ce Psaume est le chant
de louange d’Israël à la suite de l’intervention de l’Éternel, dont ont parlé
les Psaumes précédents. Matt. 9:1-6 signale Jésus comme l’Éternel qui
maintenant, à la fin, guérit tout Israël, selon le verset 3 de notre Psaume.
Plus nous apprenons à connaître à fond l’Écriture, plus la vérité que, tout en
étant Fils de l’homme, Christ est le Jéhovah de l’Ancien Testament, apparaît
claire et nette.
Psaume 104
Le Ps. 104, qui célèbre l’Éternel comme Créateur, exige fort peu de remarques.
Il s’occupe presque exclusivement de la terre. [104:1-3] L’Éternel y est
présenté comme revêtu de la gloire des cieux, décrite ici en un magnifique
langage ; mais c’est la terre qui est le sujet du Psaume. Elle est envisagée
comme existant pour être la demeure de l’homme, ainsi qu’elle l’est
effectivement, mais sous la dépendance absolue de la volonté souveraine de
l’Éternel. Ce n’est pas la terre que l’on célèbre, mais son Créateur ; ce n’est
pas le paradis, mais la terre, telle que nous la voyons entre les mains de
l’homme. [104:35] Seulement, le Psaume envisage les pécheurs comme consumés de
dessus la terre, de sorte qu’il n’y a plus de méchants : ce trait donne à notre
Psaume un caractère particulier et le rattache à l’introduction du Premier-né
dans le monde.
Psaume 105
Ps. 105-106 — Voies de l’Éternel envers Son peuple, et voies d’Israël envers Lui
Psaume 105
Le Ps. 105 offre des actions de grâces à l’Éternel [105:6] et invite la
postérité d’Abraham et de Jacob [105:5] à se souvenir de lui [105:3] et à se
glorifier en son nom. Les vers. 7 à 9 nous en donnent les motifs. [105:7] Il est
l’Éternel leur Dieu ; ses jugements sont dans toute la terre, [105:8] et il
s’est souvenu de son alliance à toujours. Cette alliance devait être une
alliance éternelle : elle était ordonnée pour mille générations ; maintenant il
s’en est souvenu. Vient alors le récit de la manière dont Dieu avait pris soin
des pères et avait jugé l’Égypte pour la délivrance de son peuple ; [105:37] en
dépit de la servitude, aucun n’avait chancelé parmi ses tribus. [105:42-45] « Il
se souvint de sa parole sainte, et d’Abraham son serviteur1, et il fit sortir
son peuple avec joie, ses élus avec chant de triomphe. Et il leur donna les pays
des nations,… afin qu’ils gardassent ses statuts et qu’ils observassent ses lois
». Quant à toutes leurs chutes subséquentes, il n’en est fait mention en aucune
manière ; car maintenant Dieu s’est souvenu de nouveau de son alliance avec
Abraham (vers. 8), et il a délivré son peuple par des jugements, car c’est
l’accomplissement de la promesse ; et « les dons et l’appel de Dieu sont sans
repentance » [(Rom. 11:29)]. Le Psaume suivant nous dira les voies d’Israël,
mais seulement afin de faire ressortir la miséricorde de Dieu et sa bonté qui ne
faillit jamais ; car tel est le thème précieux de ce Psaume.
1 S’en référer aux promesses inconditionnelles faites à Abraham, ou à celles de Moïse dont l’accomplissement dépendait de la fidélité du peuple, est une chose bien différente et marque le caractère de la foi qui fait appel aux unes ou aux autres dans les temps où le peuple invoque la miséricorde.
Psaume 106
[106:1] « Alléluia ! Célébrez l’Éternel, car il est bon ; car sa bonté demeure à
toujours ». Nous avons retrouvé souvent cette expression de la bonté inépuisable
et fidèle de l’Éternel qui fait la sûreté d’Israël. [106:3] Le Psaume décrit
ensuite le caractère de ceux qui sont bienheureux, [106:4] et demande, comme par
la bouche d’un fidèle Israélite de la fin, que l’Éternel se souvienne de lui
selon sa faveur envers son peuple, [106:5] avec le désir de voir le bien de ses
élus, de se réjouir dans la joie de sa nation et de se glorifier avec son
héritage. [106:6] C’est l’expression d’une piété vraie qui se met à confesser la
culpabilité du peuple. Elle ne dit pas : ils ont péché, bien qu’elle le
reconnaisse, comme manifestant la bonté de l’Éternel qui demeure ; mais : nous
avons péché avec nos pères. C’est le langage de la piété pratique, faisant
l’expérience, par sa propre confession, de la permanence de la miséricorde. Le
Psaume parcourt alors toute l’histoire d’Israël à ce point de vue [106:45] et
montre à la fin que, malgré tout, l’Éternel se souvenant de son alliance, a
considéré l’affliction d’Israël [106:46] et a fait que les nations qui l’avaient
emmené captif ont eu compassion de lui. [106:47] Car c’est la miséricorde que
les fidèles contemplent maintenant, afin de pouvoir triompher dans la louange de
l’Éternel. Cela termine le livre quatrième.
Conclusion du livre 4
On remarquera que, de même que le troisième livre, le quatrième parle de tout
Israël, et que, tout en faisant ressortir le contraste remarquable entre
l’humiliation de Christ et sa divinité éternelle, ce livre n’entre pas d’une
manière particulière dans les circonstances des Juifs, ni dans l’association de
Christ avec eux, quoique son Esprit soit dans tout ce que nous y trouvons. Dans
le Ps. 94, l’antichrist nous est présenté, mais en vue de sa destruction par
l’arrivée du Messie, le Roi, venant comme l’Éternel, le Juge.
Introduction au livre 5
Contenu du livre : vue générale des voies de Dieu, et chants de louange
Le cinquième livre nous ramène en arrière et présente une vue générale des voies
de Dieu envers son peuple avec une espèce de commentaire divin sur elles toutes
; il se termine par des chants de louange, comme se termineront sûrement toutes
les voies du Seigneur.
Psaume 107
Le Ps. 107 est une sorte d’introduction à tout ce qui suit. [107:1] Il célèbre
la bonté de Dieu « qui demeure à toujours », formule bénie de la foi en
l’immuable miséricorde de l’Éternel dans tous les âges, depuis la manifestation
de la grâce au temps de David. C’est à Israël restauré qu’il appartient
particulièrement de chanter cette miséricorde. Le Psaume célèbre les deux
parties de la délivrance dans laquelle la bonté de Dieu s’est manifestée envers
ceux qui en ont été l’objet. [107:2] Ils sont rachetés de la main de
l’oppresseur ; — [107:3] ils sont rassemblés des pays du levant et du couchant,
du nord et de la mer. Tel est le double caractère de la restauration d’Israël :
sa délivrance dans le pays et son rassemblement d’entre les nations de tous
côtés. Mais le sujet propre du Psaume est la bonté de l’Éternel. Il envisage les
délivrances accordées, dans les circonstances les plus fâcheuses où la folie de
l’homme l’ait placé, en réponse à son cri de détresse, [107:8] avec le désir que
ceux qui ont fait de telles expériences célèbrent l’Éternel pour sa bonté et ses
merveilles envers les fils des hommes. En Israël s’en trouve la manifestation
complète. Le Psaume passe ensuite au châtiment qui atteint les Juifs dans le
pays, après leur retour, mais il le fait suivre de la ruine complète de
l’orgueil des hommes comme dernier résultat. [107:40] L’Éternel verse le mépris
sur les nobles [107:41] et relève le pauvre de l’affliction, donnant les
familles comme par troupeaux. [107:42] Le grand résultat du gouvernement de Dieu
est alors signalé : les hommes droits se réjouissent, toute iniquité a la bouche
fermée. [107:43] Quiconque est sage et prend garde à ces voies de Dieu,
comprendra les bontés de l’Éternel. Il convient de remarquer comment la bonté de
Dieu, rappelée ici, est manifestée exclusivement dans les choses temporelles ;
elle n’en est pas moins sa bonté, qui est d’une grande douceur, mais ce fait
nous montre très clairement quel est le terrain sur lequel ces enseignements
nous placent.
Psaume 108
Ps. 108 v. 1-5 — Fin du Ps. 57, assurance du cœur pieux psalmodiant parmi les
peuples
Le Ps. 108 a un caractère particulier : il est composé de la fin de deux autres,
dont les premières parties étaient l’expression d’une profonde détresse et dont
les dernières, réponse à ce cri, en foi et en espérance, ont été réunies ici. La
première partie de ce Psaume [(108:1-5)], qui forme la fin du Ps. 57 [(v.
7-11)], [108:1] exprime la ferme assurance du cœur pieux qui peut psalmodier
maintenant, [108:3] et qui psalmodie parmi les peuples (« ammim ») désormais en
relation avec Israël, et parmi les diverses races de nations, les peuplades.
Ps. 108 v. 6-13 — Fin
du Ps. 60, célébrant l’intervention divine
Mais tous les résultats que doit amener la faveur de Dieu ne sont pas encore
produits, et la même foi, saisissant le Ps. 60 [(v. 5-12)], dont elle omet le
cri de détresse, célèbre l’intervention de Celui dont la bonté s’élève
par-dessus les cieux, à l’effet d’amener l’assujettissement de tous ceux qui
possèdent encore quelques parties du territoire d’Israël.
Position du peuple :
rétabli dans le pays, mais encore sous la menace des ennemis
Il est bon de faire remarquer que ce qui caractérise en général ce livre, comme
le livre précédent, relativement à la position d’Israël, c’est que le peuple est
bien délivré et rétabli par Dieu dans le pays, mais n’y est pas à l’abri de
toute attaque, ni en possession de toute la terre promise. Aussi, quoique le
peuple fasse entendre des actions de grâce et des chants de louange (car Dieu
est intervenu, et l’état d’Israël a changé), il éprouve le besoin de secours et
de sécurité contre des ennemis non encore détruits, et celui de la pleine
bénédiction de Dieu dans la paix. Parmi ces Psaumes de la fin, on n’en trouve
que quelques-uns qui soient exclusivement des Psaumes de louange, ou plutôt qui
invitent à la louange. Cet état, dans lequel le peuple est délivré, mais attend
encore une pleine sécurité, est exprimé à la fin du Ps. 108 ; pour ce qui
regarde la délivrance finale, le fait seul est énoncé.
Dieu célébré pour ce
qu’Il est, et prenant pour sienne la cause d’Israël
La connexion des deux parties de ce Psaume n’est pas sans intérêt. La première
célèbre l’Éternel pour ce qu’il est, en tant que connu du cœur par la foi :
c’est Dieu en contraste avec l’homme. [108:4] Sa bonté est grande par-dessus les
cieux, et sa vérité atteint jusqu’aux nues, — la bonté étant toujours placée la
première, comme la racine de tout. [108:5] La seconde partie débute en exprimant
l’attente que Dieu s’élève au-dessus des cieux et que sa gloire soit au-dessus
de toute la terre : il faut qu’il prenne sa place et qu’il revendique son nom
comme Dieu, [108:6] afin que ses bien-aimés soient délivrés. Le verset 7 fait
connaître la réponse de Dieu qui prend en main, en détail, toute la cause
d’Israël comme étant la sienne propre. Ainsi c’est Dieu qui a guerre avec les
nations qui possèdent le pays d’Israël, [108:13] et c’est par la force de Dieu
avec lui que le résidu fera des actions de valeur. C’est pourquoi il est fait
mention ici de Dieu et non de Jéhovah, parce qu’il ne s’agit pas de la relation
selon l’alliance, mais de ce qu’il est, lui, en contraste avec l’homme dont le
secours pour la délivrance est absolument vain.
Psaume 109
Il est certain que ce Psaume-ci s’applique à Judas ; toutefois nous verrons en
le lisant qu’il ne peut s’appliquer exclusivement à lui, et cette remarque nous
aide à comprendre de quelle manière les Psaumes sont écrits. On y trouve la
condition générale des saints aux derniers jours, et cela même d’une manière qui
ne peut absolument pas s’appliquer à Christ personnellement, comme par exemple
le Ps. 118:10, 11 ; ces passages s’appliquent aux justes en général ; il y en a
d’autres qui peuvent s’appliquer, et quelques-uns avec toute leur portée et leur
exactitude prophétique, à Christ personnellement et aux circonstances dans
lesquelles il s’est trouvé. Quand on lit les Psaumes, il faut avoir tout cela
devant l’esprit, et rechercher l’enseignement de Dieu. J’ai dit que le Ps. 109
ne s’applique pas exclusivement à Judas. Il parle, pour la plus grande partie,
plutôt « des méchants » que « du méchant ». Les cinq premiers versets parlent de
la haine des méchants qui sont de la troupe des Juifs, hostiles à Christ et au
résidu fidèle ; — Judas est un cas spécial de cette haine des méchants contre
Christ ; — mais je n’ai aucun doute que même cette partie du Psaume ne soit
d’une application générale, c’est-à-dire que les jugements demandés sont des
jugements généraux, et qu’il ne faut point y voir une révélation prophétique que
Judas avait femme et enfant [(109:9)], ou quoi que ce soit de ce genre. Le
verset 20 prouve incontestablement le caractère général de l’application de ces
imprécations. Toutefois, nous ne saurions douter que notre bien-aimé Seigneur
ait été dans cette position de souffrance, mais je ne doute pas davantage qu’il
s’y soit trouvé simplement en grâce, comme prenant la position du résidu, et que
le Psaume s’applique au résidu qui traverse des afflictions semblables : les
vers. 30 et 31 le font voir clairement. Néanmoins c’est une chose très certaine
que Christ est pleinement entré dans tout cela, ce qui est, pour nous, du plus
profond intérêt, car le fait qu’il y est entré donne précisément à ce que nous
trouvons ici son véritable caractère.
Psaume 110
Le Psaume 110 est d’une application si simple que, malgré son grand intérêt, il
n’a pas besoin d’un long commentaire. Le pauvre (Ps. 109:31) qui, pour son
amour, a trouvé la haine [(109:4)], [110:1] est le Seigneur de David ; il est
appelé à s’asseoir à la droite de l’Éternel. Il est du plus profond intérêt de
voir comment, en Ésaïe 6, le Seigneur est l’Éternel des armées, dans le sens le
plus absolu, et, dans notre Psaume, celui qui est le Fils de David s’assied à la
droite de l’Éternel [110:5] et brise les rois au jour de sa colère (comparez Ps.
2 [v. 9]). Tout ce qui est relatif à l’association de l’Église avec lui en haut,
est omis, [110:1] et le Psaume passe directement du fait de la séance de Christ
à la droite de Dieu, [110:2] au fait qu’il enverra de Sion la verge de sa force
: cela montre combien, dans ces Psaumes, tout est entièrement Juif. Remarquez de
plus que ce Psaume est la réponse au rejet de Christ sur la terre : il ne s’agit
point de sa venue du ciel pour détruire l’antichrist ; il a déjà pris possession
de Sion, et c’est de là que sort la verge de sa force. Tout cela répond à la
position du résidu, telle qu’elle nous est présentée dans tout ce livre, qui
nous a montré les Juifs restaurés, mais la domination d’Israël ou de Christ en
Sion non encore établie. [110:3] Mais le peuple est désormais de franche volonté
au jour de la puissance de Christ (voyez Cantique des cantiques 6:12). Qu’il
était différent lors de son humiliation ! Le Ps. 109 a décrit ce dernier état.
Mais ici nous nous trouvons, au matin d’un jour nouveau, dans lequel nous
sommes, non pas devant les pères, mais devant les enfants de la grâce. [110:4]
Puis nous trouvons le serment assuré de l’Éternel, que Christ sera assis comme
sacrificateur sur son trône sur la terre. C’est à la fois une promesse et une
prophétie. [110:5] Le regard se porte aussi en avant vers le jour de sa colère :
Adonaï, le Seigneur qui est à la droite de l’Éternel, a un jour de colère qui
approche, — le jour déjà signalé, où ses ennemis seront mis pour le marchepied
de ses pieds [(110:1)] ! Le temps de sa séance à la droite de l’Éternel n’est
pas ce jour, mais le temps de la miséricorde, le jour favorable. Christ a été
exaucé et exalté, et son œuvre parmi les hommes est le résultat de son expiation
en grâce. Désormais le temps de la colère est venu, celui de l’exécution du
jugement. Je suppose qu’au vers. 6, le Chef d’un grand pays est le chef du
pouvoir sur la terre, mais pas l’antichrist, ni même la Bête, qui sont détruits
lorsque Christ vient du ciel. L’homme qui s’exalte est abaissé. [110:7] Christ,
qui, dans une humble dépendance de son Père, but des eaux rafraîchissantes qui
lui furent données en chemin, selon la volonté de Dieu, aura sa tête haut élevée
sur la terre. Nous trouvons dans les Psaumes que nous venons de parcourir, les
principaux éléments de la scène tout entière.
Psaumes 111 à 113
Ps. 111-117 — Louange célébrant les voies de l’Éternel envers Son peuple
Les Psaumes qui suivent sont comme une revue des circonstances depuis les temps
anciens, et de celles qui doivent survenir, avec des réflexions à leur sujet et
des chants de louange relativement au résultat.
Ps. 111-113 —
Célébration de la délivrance d’Israël par l’Éternel
Psaume 111
Les Ps. 111, 112 et 113, forment un tout, comme un alléluia qui célèbre les
voies de l’Éternel à l’égard d’Israël dans l’œuvre de sa délivrance. [111:2-3]
D’abord, au Psaume 111, ce sont les œuvres de l’Éternel, glorieuses par
elles-mêmes. [111:4] Il les a rendues mémorables par sa puissante intervention
en justice ; néanmoins il s’est montré plein de compassion, [111:5] et s’est
souvenu aussi de son alliance. [111:6] Il a manifesté à son peuple la puissance
de ses œuvres en lui donnant l’héritage des nations ; [111:7-8] de plus, ses
œuvres subsistent. [111:9] Ce qui donne lieu à la louange, avec la connaissance
de son nom, c’est qu’il a envoyé la rédemption à son peuple. [111:10] L’Éternel
étant tel, sa crainte est le commencement de la sagesse : elle nous rend
intelligents pour la conduite que nous avons à suivre. La foi le sait, et
l’apparition du Seigneur pour le jugement le prouvera au monde.
Psaume 112
[112:1] D’autre part, le Ps. 112 décrit le caractère de ceux qui craignent
l’Éternel, [112:2-3] ainsi que la bénédiction qui sera leur partage lorsque le
gouvernement de Dieu sera établi. Tout cela fait voir combien il est impossible
d’appliquer ces Psaumes à la position des saints d’aujourd’hui, quoique les
exercices de la foi et de la piété aient souvent la même origine chez les saints
de tous les âges. Mais, c’est par la délivrance d’Israël que le nom de l’Éternel
est alors manifesté.
Psaume 113
Dans le Ps. 113 le sujet de la louange est plus général, même tout à fait
universel, mais l’occasion en est la même. [113:2] Cette louange est célébrée
dès maintenant et à toujours ; [113:3] désormais elle est répandue sur toute la
terre, mais celui qu’on célèbre est le Dieu d’Israël, [113:5] qui habite dans
les lieux très hauts, [113:6] qui s’abaisse néanmoins à regarder si bas, [113:7]
mais afin d’exalter ceux qu’il aime, [113:8] de les faire asseoir avec les
nobles de son peuple [113:9] et de remplir de joie dans leur demeure ceux qui
étaient sans espérance.
Psaume 114
Le Ps. 114 est écrit dans le style poétique le plus élevé. Il est important pour
nous, en ce qu’il rattache directement l’ancienne délivrance d’Israël de la
servitude d’Égypte à la délivrance actuelle du peuple, et nous fait voir que,
dans toutes les deux, [114:7] c’est le même Seigneur qui appelle la terre à
trembler à cause de sa présence. [114:3] Lors de la délivrance de Jacob, la mer
s’enfuit et le Jourdain retourna en arrière. Pourquoi cela ? Ce n’était certes
pas par frayeur devant la présence de l’homme. [114:7] La terre doit trembler,
maintenant aussi, devant Celui qui apparut alors pour la délivrance de son
peuple [114:8] et qui, pour l’amour de lui, changea la mer en une terre sèche et
la pierre dure en une source d’eau !
Psaume 115
Ps. 115-117 — Alléluia envers l’Éternel
Psaume 115
Le Ps. 115 nous montre quel est le vrai et parfait fondement de cette
délivrance, dont le cœur jouit par la foi. [115:1] Ce n’est point aux fidèles
que revient la louange, mais à l’Éternel, particulièrement pour sa miséricorde,
ensuite pour sa fidélité à sa promesse. [115:2] L’homme pieux, par l’Esprit, se
réfère alors au cri de la douleur amère dont il est parlé en Joël [(Joël 2:17)]
et à laquelle font allusion les Ps. 42 [(v. 3, 10)] et 43 : Pourquoi les nations
diraient-elles : Où donc est leur Dieu ? Moïse parlant dans le même esprit,
avait dit de même : « Les Égyptiens l’entendront, et que feras-tu à ton grand
nom ? ». Sainte et heureuse hardiesse de la foi ! Ce caractère de l’affliction
du résidu montre comment sur la croix et dans ses dernières souffrances, Christ
entra dans ce genre de douleur. Les Juifs lui tinrent alors effectivement le
langage que nous lisons ici [(Matt. 27:43)], mais ils n’auraient jamais pu le
lui tenir auparavant. [115:3] L’Israélite fidèle répond : Notre Dieu est aux
cieux ! [115:4-7] Puis il met son Dieu en contraste avec les idoles ; [115:9-11]
Israël, la maison d’Aaron, et tous ceux qui craignent l’Éternel sont invités à
se confier en lui. Cette dernière invitation ouvre la porte à tous les Gentils
qui recherchent la face de Jacob. [115:12] Vient ensuite ce que nous avons
indiqué comme le fondement des Psaumes qui nous occupent, savoir que l’Éternel
s’était souvenu des Israélites, et qu’il voulait les bénir, même de plus en
plus, [115:13] les petits avec les grands : [115:14] « vous et vos fils ».
[115:15] Ils étaient les bénis de l’Éternel, le Créateur des cieux et de la
terre. [115:16] Les cieux lui appartenaient, mais il avait donné la terre aux
fils des hommes. Ce trait montre bien clairement que c’est de la bénédiction
terrestre qu’il s’agit ici, car Dieu ne nous a pas donné à nous la terre, mais
la croix sur la terre, avec le ciel et les choses qui y sont, pour notre part :
nous cherchons les choses qui sont en haut, non celles qui sont sur la terre
[(Col. 3:1-2)]. [115:17] De même, d’une manière presque plus frappante, les
morts ne loueront point Jah, [115:18] mais, nous, dit l’Esprit par la bouche du
résidu, nous le louerons dès maintenant (c’est-à-dire depuis le moment de la
délivrance finale) et à toujours ! Pour nous, chrétiens, nous disons : « Déloger
et être avec Christ est de beaucoup meilleur ! » [(Phil. 1:23)].
Psaume 116
Le Psaume 116 célèbre cette délivrance qui échoit aux fidèles [116:3] quand ils
sont sur le point de mourir. [116:8] Jéhovah les exauce [116:9] et ils
marcheront devant l’Éternel, dans la terre des vivants. Sous ce rapport, ce
Psaume est un récit continu de la miséricordieuse bonté de l’Éternel envers les
Israélites qu’il avait secourus lorsqu’ils étaient abaissés ; [116:1] et cela
avait provoqué leur amour pour Lui. Au reste, voici quel est le caractère de
l’Éternel : [116:6] il garde les simples ; [116:7] l’âme si douloureusement
éprouvée, peut retourner en son repos ; [116:15] la mort de Ses saints est
précieuse devant ses yeux ; [116:18-19] et maintenant, devant tout son peuple,
dans les parvis de la maison de l’Éternel, au milieu de Jérusalem, le fidèle
rendra les vœux qu’il avait faits en sa détresse quand il invoquait l’Éternel.
[116:17] Il offrira le sacrifice d’actions de grâces. La citation de ce Psaume
par l’apôtre Paul [(v. 10 ; 2 Cor. 4:13)] fait voir l’usage qu’on peut faire des
Psaumes qui nous occupent comme renfermant, pour tout fidèle, de saints
principes de conduite. Malgré la souffrance et l’épreuve, la confiance en
l’Éternel ouvrait la bouche du fidèle. Quand Paul disait en Rom. 3:4 : « Que
Dieu soit vrai et tout homme menteur », ce n’était pas dans le même esprit qu’au
verset 11 de notre Psaume, quoiqu’il y ait quelque chose de semblable dans
l’expression de l’apôtre : « Tous cherchent leurs propres intérêts » (Phil.
2:21). Mais, quant au principe, l’apôtre peut l’adopter. Le mot traduit par «
agitation » ne signifie pas « agitation » dans les sens d’un défaut moral, comme
trop de hâte, mais plutôt : « dans ma détresse », et mieux encore : « dans ma
détresse ou mon alarme subite », c’est-à-dire par l’effet de la pression des
circonstances ; une alarme qui fait qu’on est agité.
Psaume 117
[117:1] Le Ps. 117 est l’invitation aux autres nations et aux autres peuples à
venir célébrer l’Éternel, qui désormais sera roi sur toute la terre. Les peuples
se réjouissent et sont heureusement introduits dans cette relation, l’Éternel
s’étant révélé à eux par ses voies à l’égard d’Israël. [117:2] Ici, comme
toujours, la bonté vient d’abord ; et la vérité demeure à toujours, aucune chute
du peuple n’y mettant fin. Comme les Psaumes précédents, celui-ci est un «
Alléluia ».
Psaume 118
Ps. 118 v. 1-18 — Fidélité de l’Éternel envers Son peuple, même dans l’épreuve
[118:1] Au Ps. 118 nous trouvons, mais pas d’une manière aussi formelle, la
louange et l’action de grâces, rattachées à la formule bien connue : « Sa bonté
demeure à toujours ! » — ou plutôt, fondées sur elle. [118:2-4] Les mêmes
personnes que le Ps. 115 [(v. 9-11)] invitait à se confier en l’Éternel, sont
maintenant invitées à le célébrer. Depuis le verset 5, le Saint Esprit parle,
dans la personne d’Israël délivré, de cette fidélité de Jah. [118:6] Maintenant
que l’Éternel est pour ses saints, ils n’ont plus à redouter l’homme. [118:8]
L’Éternel vaut mieux que l’homme. [118:9] L’Éternel vaut mieux que les
principaux (versets 6-9). Les versets 10-18 exposent les circonstances et les
voies par lesquelles Israël avait passé : [118:10] toutes les nations l’avaient
environné ; [118:11] au nom de l’Éternel, il les avait détruites ; [118:12]
elles avaient été éteintes comme un feu d’épines. [118:13] La puissance de
l’ennemi avait rudement poussé Israël ; mais l’Éternel lui avait été en secours.
Les vers. 14-17 célèbrent le résultat de cette intervention dans un chant de
joie et d’allégresse. Au vers. 18, nous trouvons un autre aspect de la même
scène. Les circonstances qu’Israël avait traversées étaient le châtiment de Jah,
qui l’avait châtié sévèrement, mais ne l’avait point livré à la mort qui
constituait la puissance de l’ennemi sur le peuple. Nous apprenons donc ici ce
qu’est réellement l’épreuve, comme nous pouvons le voir aussi dans Job — d’abord
les instruments, les hommes, même toutes les nations [(118:10)] ; ensuite
l’ennemi qui agit, par leur moyen, et sur l’esprit, poussant l’âme rudement
[(118:13)] ; mais derrière cela, source de tout ce qui arrive, nous voyons Dieu
qui châtie, mais qui n’abandonne pas [(118:18)]. Ceci est plein d’instruction
pour nous dans beaucoup de circonstances par lesquelles nous passons et où se
trouvent tous ces divers éléments d’épreuve.
Ps. 118 v. 19-29 —
Louange envers l’Éternel comme résultat de l’épreuve
[118:19] Maintenant les portes de justice s’ouvrent devant Israël. Ce
changement, introduit tout à coup, comme résultat de l’épreuve, est de toute
beauté : « J’y entrerai, je célébrerai Jah ; [118:20] c’est ici la porte de
l’Éternel, les justes y entreront ! ». [118:21] Israël célébrera là ses
louanges, car l’Éternel lui a répondu et a été son salut. [118:22] Mais ici
paraît une vérité plus élevée et plus profonde : Israël ne peut être restauré
sans le Messie, et Israël reconnaît maintenant Celui qu’il avait méprisé jadis.
« La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée est devenue la tête de
l’angle. [118:23] Ceci a été de par l’Éternel ; c’est une chose merveilleuse
devant nos yeux » (versets 22, 23). Cette expression « nos yeux », nous révèle
qui est réellement celui qui parle, et, quoiqu’on n’entende qu’une seule voix,
qui sont ceux qui prennent part au chant de louange. [118:24] C’est ici le jour
que l’Éternel a fait ; c’est sa journée, la journée de la bénédiction de son
peuple en rapport avec le Messie ; son peuple se réjouit en elle. [118:26]
Maintenant ils crient : Hosannah au Fils de David, au Roi d’Israël, et disent :
Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel ! (vers. 24-26). Nous apprenons,
d’après le propre enseignement du Seigneur, quels sont ceux qui parlent dans ce
Psaume et à quel temps il s’applique ; car la maison a été laissée déserte, et
ils ne le verront pas de nouveau jusqu’à ce qu’ils disent : « Béni soit celui
qui vient ! » [(Matt. 23:38-39)]. En sorte que c’est bien Israël, c’est-à-dire
le résidu, qui parle, et cela au jour de sa repentance, sous la grâce, quand il
est près de voir de nouveau le Messie. Ils bénissent celui qui vient de la
maison de l’Éternel. [118:27] L’Éternel est Dieu, il a donné la lumière à Israël
; maintenant le culte et le sacrifice sont offerts à celui qui a délivré et béni
; [118:28] maintenant ils disent : « Tu es mon Dieu, je te célébrerai, je
t’exalterai ! ». [118:29] Le Psaume se termine par l’expression bien connue de
la louange et de la gratitude reconnaissante d’Israël : « Célébrez l’Éternel,
car il est bon, car sa bonté demeure à toujours ! ».
Parfaits résultats de
la bénédiction d’Israël et de la manifestation de l’Éternel
Ainsi l’intelligence spirituelle des voies de Dieu à laquelle arrive le peuple,
sa venue pour adorer l’Éternel en justice, et la confession qu’il fait du
Messie, de Jésus, jadis méprisé et rejeté, tout cela est développé en rapport
avec la délivrance et la bénédiction d’Israël et avec la parfaite manifestation
de la nature et du caractère de l’Éternel. Plusieurs versets de ce Psaume sont
cités au terme des souffrances du Sauveur ; dans aucun autre Psaume on ne trouve
autant de rapprochements entre Lui et les douleurs ou les promesses d’Israël.
Psaume 119
La loi écrite dans le cœur et les exercices s’y rapportant
Le Ps. 119 nous présente, dans son contenu général, la loi écrite dans le cœur.
Ce Psaume prend ainsi, dans la série des Psaumes, une place importante. Il se
rattache aussi nettement aux souffrances d’Israël dans les derniers jours, et
aux précédentes infidélités du peuple envers Dieu ; chacune de ses vingt-deux
parties présente, ce me semble, une phase différente des exercices du cœur en
rapport avec la loi qui y est écrite, quoique le principe général soit le même
d’un bout à l’autre. Je signalerai très brièvement la portée principale de ces
diverses divisions.
Ps. 119 v. 1-8 —
Principe général et béatitude à marcher avec Dieu après s’être égaré
La première division nous présente naturellement le grand principe général.
[119:1-3] C’est la troisième fois que nous rencontrons la déclaration de la
béatitude comme manifestation du retour de l’âme dans l’épreuve et dans la
détresse, à la grande vérité exprimée dans le Ps. 1 [(v. 1-2)], où l’effet en
est vu sous le gouvernement immédiat de Dieu. Au Ps. 32 [(v. 1-2)], le bonheur
du pardon est célébré ; ici, c’est celui que l’on goûte à marcher avec Dieu,
quand on est revenu de ses égarements, en dépit de toutes les difficultés et du
mépris que l’on peut rencontrer. À la vérité, il y a une autre béatitude à la
fin du premier livre, où nous avons vu Christ si pleinement introduit : le Ps.
41 [(v. 1)] déclare bienheureux celui qui comprend le pauvre, qu’il s’agisse de
Christ ou de ceux qui marchent sur ses traces. Le Psaume premier supposait le
bonheur sous le gouvernement d’un Dieu qui prenait en main la cause des justes,
mais nous savons que, de fait, cette bénédiction n’a pas été réalisée sur la
terre, et c’est même ce qui a introduit une justice céleste et la rédemption.
Dès lors, au Ps. 41, la vraie béatitude consiste dans le discernement et
l’intelligence de la position que le Seigneur a prise comme rejeté des hommes,
Lui, le vrai pauvre, se plaçant lui-même, pratiquement, dans cette condition
qu’il déclare bienheureuse, comme nous le montre le sermon sur la montagne, où
se trouve établie la grande vérité de la loi dans le cœur. [119:8] Ici, dans
notre Psaume, nous voyons apparaître aussi les circonstances adverses dans ce
cri : « Ne me délaisse pas tout à fait ! ».
Ps. 119 v. 9-16 —
Connexion entre Dieu et la parole, à laquelle le cœur s’attache
Dans la deuxième division du Psaume, la parole est liée à Dieu. [119:9] Non
seulement celui qui garde la parole est l’homme bienheureux, mais la parole le
purifie : [119:16] le désir de son cœur est positivement fixé sur elle.
Remarquez la connexion intime entre Dieu et sa parole, aux versets 10, 11.
Ps. 119 v. 17-24 —
Appui du fidèle sur la miséricorde divine, dans l’épreuve
La troisième division nous présente la manière dont celui qui a la loi dans son
cœur s’appuie, dans l’affliction, sur la miséricorde divine. Le fidèle Israélite
regarde aux voies pleines de bonté de l’Éternel pour être conduit à garder sa
parole (vers. 17). Le vers. 19 décrit l’état de ce fidèle ; le vers. 21, ainsi
que nous l’avons remarqué dans tout ce livre, l’intervention de l’Éternel qui
s’est fait connaître déjà par la délivrance, mais pas encore par la complète
bénédiction. Les vers. 22 et 23 font voir le mépris sous lequel se trouve le
résidu affligé [119:24] qui, dans cet état, a fait de la loi de l’Éternel ses
délices et sa consolation.
Ps. 119 v. 25-32 —
Épreuve intérieure attachant le cœur à Dieu selon Sa parole
Dans la quatrième division, l’épreuve est plus intérieure. [119:25] L’âme du
fidèle est attachée à la poussière, mais il s’attend au secours de Dieu, selon
sa parole ; il désire éprouver l’effet de cette eau vive qui vient de Dieu.
[119:26] Il a été sincère devant Dieu ; il lui a déclaré ses voies ; il en est
toujours ainsi. [119:29] Il demande que Dieu éloigne de lui la voie du mensonge
: [119:31] il s’est tenu fermement à la parole et s’attend à ce que Dieu ne le
rendra point honteux. [119:32] Mais il demande que son cœur soit mis au large,
afin de pouvoir courir librement dans la voie des commandements de Dieu. C’est
là le résultat certain de la discipline : une âme qui a pris plaisir à la
volonté de Dieu et à la sainteté, souhaite encore de courir en liberté.
Quoiqu’il s’agisse ici de commandements, c’est-à-dire d’un côté extérieur de la
parole, c’est pourtant toujours la parole dans le cœur. Nous retrouvons la même
chose chez Zacharie et Élisabeth [(Luc 1:6)], qui sont une belle expression
morale du résidu. Pour le chrétien, ces choses auront un caractère plus absolu
et intérieur ; ce sera plutôt la sainteté que les témoignages (quoiqu’il puisse
peut-être commencer par ceux-ci) soit quand Dieu l’appelle pour la première
fois, soit après la discipline ; il s’agit pour lui de « marcher dans la lumière
comme Dieu est dans la lumière » [(1 Jean 1:7)] ; il ne s’agit point des
ordonnances et des commandements de l’Éternel. Néanmoins, en principe, la nature
de ces exercices est essentiellement la même. Faire aujourd’hui aux saints
l’application directe de ce Psaume, c’est abaisser le niveau divin de leurs
pensées ; mais on peut appliquer d’une manière fort instructive la nature de
l’exercice moral qui y est présenté, — car la soumission et la confiance au sein
de l’épreuve sont toujours convenables et bonnes, quoique les formes en soient
chez le Juif tout à fait inférieures à ce qu’elles sont chez le chrétien
(comparez avec ce que nous avons ici, l’épître aux Philippiens, où nous trouvons
l’expérience chrétienne).
Ps. 119 v. 33-40 —
Désir d’être enseigné de Dieu dans Sa loi
La cinquième division exprime le désir d’être guidé et enseigné de Dieu dans ses
voies et dans l’observation de sa loi.
Ps. 119 v. 41-48 —
Demande de l’aide divine pour un marche fidèle
La sixième implore la bonté et le salut de Dieu dans cette marche, afin qu’on
ait du courage devant les adversaires et qu’on tienne ferme la loi de Dieu.
Ps. 119 v. 49-56 — Le
fidèle compte sur la parole de Dieu, qui le soutient
Dans la septième, le fidèle, [119:50] vivifié par la parole, compte sur elle,
car Dieu a fait qu’il s’y est attendu comme en Sa parole, en sorte que
maintenant il s’appuie sur toutes ses déclarations. Au milieu des peines et des
chagrins, quand il n’y avait au dehors rien de réjouissant pour la nature, la
parole a soutenu son cœur.
Ps. 119 v. 57-64 —
L’Éternel comme portion du cœur du fidèle
Cela amène la huitième division : C’est pourquoi l’Éternel est la portion du
fidèle. Il l’avait recherché, [119:59] il s’était jugé et avait rebroussé chemin
vers les témoignages de l’Éternel. Il comptait sur lui [119:62] et voulait le
célébrer dans les veilles secrètes de la nuit, où son cœur était laissé à
lui-même. [119:63] Il s’accompagnait de ceux qui le craignaient. L’Éternel
illumine ses pensées [119:64] et il voit la terre remplie de sa bonté. C’est une
belle peinture des mouvements du cœur.
Ps. 119 v. 65-72 —
Circonstances environnant le fidèle, et sentiments qu’elles produisent
La neuvième division expose les circonstances dans lesquelles se trouve le
fidèle au moment de ce Psaume. Par l’effet de la consolation dont nous l’avons
vu jouir, dans la partie qui précède, il peut considérer les circonstances qui
l’environnent avec l’œil et la pensée de Dieu. Aussi cette portion du Psaume
met-elle, beaucoup plus que les autres, ces choses devant nous, du moins les
sentiments auxquels ces circonstances donnent lieu. [119:65] L’Éternel avait
déjà fait du bien à son serviteur, selon sa parole ; [119:66] et celui-ci
recherche l’enseignement de Dieu, afin de bien comprendre sa pensée. [119:67] Il
avait été sous la discipline ; avant de s’y être trouvé, il allait à travers
champs, mais maintenant il marchait dans l’esprit et le sentier de l’obéissance.
[119:69] Il voit les orgueilleux dire des mensonges contre lui, [119:70] et leur
cœur épaissi comme la graisse, sans aucun lien avec Jéhovah ni dans leur état,
ni dans l’esprit d’obéissance ; [119:71] et il reconnaît combien il lui est bon
d’avoir été affligé, afin qu’il apprît les statuts de l’Éternel. Il n’y a pas de
meilleure marque de la bonne condition de l’âme, que de voir celle-ci revenir à
la volonté de Dieu, — « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » — et considérer
comme bon tout ce qui a contribué à l’amener à cet état : elle donne à la
volonté de Dieu, comme autorité et moralement, la place qui lui appartient dans
le cœur.
Ps. 119 v. 73-80 —
L’Éternel créateur du fidèle, et Sa fidélité qui l’afflige
La dixième division renferme deux pensées principales. [119:73] L’Éternel est le
Créateur du fidèle, Celui qui l’a formé ; ce dernier regarde à Lui pour qu’il
dirige sa pauvre créature, comme un fidèle Créateur. [119:74] Ceux qui craignent
l’Éternel se réjouiront, quand ils le verront, parce qu’il s’est attendu à sa
parole. [119:75] En second lieu, il connaît que c’est dans sa fidélité même que
l’Éternel l’a affligé, [119:77] et il attend que ses compassions viennent sur
lui, [119:78] que les orgueilleux soient couverts de honte [119:79] et que ceux
qui craignent l’Éternel reviennent à lui. [119:80] Tout cela se rattache à
l’intégrité du cœur dans les statuts de l’Éternel.
Ps. 119 v. 81-88 — Cri
pressant du fidèle pressé par l’épreuve
Le cri devient plus pressant dans la onzième division. Le fidèle est sous la
pression de l’épreuve, [119:81] son âme se consume en attendant la délivrance ;
— [119:84] en attendant que l’Éternel exécute le jugement ; [119:87] car il
marche dans ses préceptes. [119:85-86] Les orgueilleux le persécutent, sans
cause : ils ne tiennent point compte de l’Éternel, ni de sa loi.
Ps. 119 v. 89-96 —
Fidélité de Dieu dans la création et envers le fidèle qui Lui appartient
Dans la douzième division, la création rend témoignage à la fidélité permanente
de Dieu. [119:89] Sa parole est établie dans les cieux où rien ne peut
l’atteindre ni l’ébranler. [119:92] N’eût été la loi de l’Éternel qui avait
soutenu son cœur, le fidèle eût péri sous le poids de l’affliction. Combien il
est précieux de posséder la Parole dans un monde pareil ! Nous avons plus que
des commandements, [119:96] mais nous pouvons dire : « J’ai vu la fin de toute
perfection ». [119:94] Et une autre pensée plus rassurante surgit de tout cet
exercice du cœur : « Je suis à toi ! ».
Ps. 119 v. 97-104 —
Délices du fidèle dans la loi de Dieu, et résultats pour lui
Dans la treizième division, le fidèle exprime les délices qu’il prend
intérieurement dans la loi de l’Éternel, et l’effet qu’il en retire, en
intelligence spirituelle.
Ps. 119 v. 105-112 —
Marche dirigée par la loi, malgré l’adversité
[119:105] Dans la quatorzième division, la loi le dirige dans sa marche.
[119:107] Affligé et opprimé, il attend sa consolation de Celui dont il a pris
les jugements pour sentier, [119:110] en dépit des méchants et de leurs pièges.
Ps. 119 v. 113-120 —
Dieu appui et asile du fidèle contre les méchants
[119:113] La quinzième division nous dit l’horreur que le fidèle éprouve pour
ceux qui sont doubles de cœur, [119:114] et comment il regarde à Dieu comme son
asile, [119:115] et rejette les méchants. [119:116] Il compte sur l’appui de
l’Éternel pour ne pas être confus dans son espérance, [119:119-120] et il
considère avec une solennelle frayeur le jugement assuré des méchants.
Ps. 119 v. 121-128 —
Insistance pour que l’Éternel intervienne en délivrance
Dans la seizième division, le fidèle insiste plus vivement pour que l’Éternel
intervienne en vue de la délivrance. [119:126] La manière dont les méchants ont
annulé la loi [119:127] ne fait que le porter, lui, à s’y attacher plus
étroitement. [119:126] Il est temps que l’Éternel agisse.
Ps. 119 v. 129-168 —
Effets de l’attachement du fidèle à la loi
Toutes les divisions qui suivent manifestent les effets de ce fort attachement à
la loi et aux témoignages de l’Éternel, la valeur de la loi, sous tous les
rapports, pour le cœur du fidèle. Nous y voyons l’épreuve sous laquelle il était
encore dans ce sentier de la justice, comment il voulait marcher dans les voies
de l’Éternel lorsqu’il serait délivré, et sa profonde douleur quant aux
transgresseurs. Il demande à être enseigné, vivifié, gardé, [119:152] et
rappelle le caractère éternel des témoignages de Dieu ; [119:157] en sorte qu’il
demeure ferme, quoique opprimé par les méchants.
Ps. 119 v. 169-176 —
État moral d’Israël craignant Dieu à la fin
La dernière division, la partie finale, est d’un caractère plus général, quoique
dans le même esprit que les autres ; elle est, pour ainsi dire, le résumé de
tout le Psaume. [119:169-170] Le fidèle exprime le désir que le cri de
l’opprimé, qui prenait ses délices dans la loi, monte devant l’Éternel ; il
demande l’intelligence et la délivrance selon sa parole ; [119:171] et il
déclare que ses lèvres publieront sa louange, quand il lui aura enseigné ses
statuts : [119:172] sa langue s’entretiendra de sa parole ; il a le sentiment de
la justice de ses commandements ; [119:173] il attend que sa main lui soit en
secours, parce qu’il a choisi ses préceptes. [119:174] Il avait ardemment désiré
le salut de l’Éternel (il n’avait point mis sa confiance en l’homme) ; la loi de
Jéhovah avait été ses délices, — non point sa volonté, ni les voies de l’homme
prospère. [119:175] Il demande de vivre afin de célébrer les louanges de
l’Éternel, et que ses ordonnances lui soient en aide ; car il a devant lui la
puissance de la mort et du mal. [119:176] Enfin il reconnaît qu’il s’était égaré
et s’attend au Berger d’Israël, pour le chercher, car il n’avait point mis en
oubli ses commandements. Tel est l’état moral d’Israël dans les derniers jours,
lorsque de retour dans son pays, la loi est écrite dans son cœur, mais que la
pleine délivrance et la bénédiction finale ne sont pas encore venues. De fait,
ce Psaume développe l’état moral du cœur de ceux qui craignent Dieu dans les
circonstances prophétiquement introduites par le Ps. 118.
Psaume 120
Ps. 120 à 134 — Cantiques des degrés
Nous arrivons maintenant, avec les Psaumes 120-134, aux cantiques appelés «
Cantiques des degrés ». Ils décrivent, je n’en doute point, les circonstances
extérieures de la même période dont nous venons de parler, alors qu’Israël est
dans le pays, mais que la puissance de Gog n’est pas encore détruite. [120:1]
Psaume 120
Le Ps. 120 est la première expression du cri que le fidèle dans la détresse fait
monter vers l’Éternel qui l’a exaucé. [120:2] Ici la plainte est
particulièrement relative au mensonge et à la tromperie : [120:4] le jugement
atteindra tout cela. Mais il ne s’agit point de l’oppression et de la violence
contre Jérusalem, ni de celles qu’exerce le peuple apostat ; il s’agit des
mensonges et des tromperies proférées contre le fidèle lui-même : [120:5] son
malheur est de séjourner en Méshec, et de demeurer dans les tentes de Kédar.
[120:6] Le mal est dans le cœur de ceux qui sont devant lui ; [120:7] et lorsque
le fidèle parle de paix, ils sont pour la guerre. Il me semble que ce Psaume ne
traite pas de l’oppression exercée à Jérusalem par l’antichrist ou par la Bête,
mais qu’il s’applique à ceux qui, dans le pays, se trouvaient là où le dernier
ennemi qui avait feint de les favoriser1, et en avait amené plusieurs à
apostasier pour l’amour du repos et de la prospérité, se manifeste maintenant
comme n’étant qu’un perfide oppresseur.
1 C’est en rapport avec Daniel 8, non pas avec Daniel 9.
Psaume 121
[121:2] Au Ps. 121 l’assurance est donnée que l’Éternel est la protection du
fidèle, [121:4] lui qui ne sommeille ni ne s’endort jamais ; [121:3] « il ne
permettra point que ton pied soit ébranlé ». La portée générale de ce Psaume est
évidente ; [121:1] mais je ne suis pas absolument certain de celle du premier
verset, à moins d’identifier l’Éternel, le Créateur des cieux et de la terre
avec la montagne de Sion1 et la ville du grand Roi. Quoi qu’il en soit
cependant, le sujet du Psaume est l’Éternel comme la grande sécurité des fidèles
; c’est pourquoi son nom est souvent répété. [121:2] Ce nom est mentionné en
rapport avec le double caractère de Créateur des cieux et de la terre, [121:4]
et de gardien d’Israël, du fidèle en particulier. [121:8] L’Éternel le gardera
en toutes circonstances, dès maintenant et à toujours !
1 La montagne est ordinairement le symbole d’une puissance élevée, une haute montagne comme la montagne de Basan. Ici, c’est la montagne du Seigneur.
Psaume 122
Le Ps. 122 célèbre Jérusalem. [122:1] Le saint se réjouit d’y aller ; [122:4]
c’est là que montent les tribus, [122:5] et que les trônes de jugement, les
trônes de la maison de David, se trouvent. [122:8] Son cœur y est attaché pour
l’amour de ses frères et de ses compagnons [122:9] et à cause de la maison de
l’Éternel, le Dieu d’Israël, le Dieu des Israélites fidèles. Il s’agit du
rétablissement des relations avec Jérusalem, le souvenir des anciennes relations
revient à l’esprit, et les nouvelles sont établies.
Psaume 123
Au Ps. 123 nous revenons aux douleurs du résidu, et à ce qui constitue sa
ressource. La bénédiction n’est pas complètement venue ; [123:1] le résidu
regarde à l’Éternel dans les cieux ; [123:2] mais en regardant à lui comme Dieu
d’Israël, il dit maintenant : « notre Dieu ! ». [123:4] Toutefois il est encore
accablé par les insultes de ceux qui sont à leur aise et par le mépris des
orgueilleux.
Psaume 124
Au Ps. 124 la puissance de l’ennemi venait de se déployer contre les fidèles
qui, dans le pays, se confiaient en l’Éternel ; [124:7] ils avaient échappé,
[124:1-2] mais uniquement parce que l’Éternel avait été pour eux, [124:3] sans
quoi ils eussent été entièrement engloutis par le dernier effort de la puissance
de l’ennemi, je pense, quand la Bête apostate et l’antichrist ont disparu de la
scène.
Psaume 125
[125:1] Le Ps. 125 célèbre la bénédiction de ceux qui se confient en l’Éternel,
[125:2] en vertu de son intervention qui leur fait dire que désormais l’Éternel
est autour de son peuple, dès maintenant et à toujours. [125:5] La paix sera sur
Israël. Quant à ceux qui se détournent dans leurs voies tortueuses, l’Éternel
les amènera en jugement avec les ouvriers d’iniquité. [125:3] Le bâton de la
méchanceté ne reposera point sur le lot des justes : ce bâton de méchanceté, qui
représente le règne des méchants, sera absolument exclu, ainsi que le mal qu’il
fait, pour que les justes ne s’écartent pas du droit chemin. Je pense que tout
cela est relatif à la dernière invasion de Gog au terme de sa puissance, à la
dernière condition de l’Assyrien, peut-être au huitième chapitre de Daniel ;
seulement ce passage nous donne l’ensemble du caractère de cette invasion, et
non pas simplement son caractère final ; peut-être aussi tout cela est-il
relatif au dernier roi du Nord qui entre en scène après le roi qui fait selon sa
volonté en Dan. 11 [(v. 40)].
Psaume 126
Après avoir éprouvé la délivrance, le cœur du fidèle trouve son centre en Sion,
car il en sera ainsi. Combien Sion avait été abaissée, selon le Ps. 124 ! (comp.
És. 29:4 ; 17:12-14, et d’autres passages). [126:1] Et maintenant c’était comme
un songe, tant la joie était complète, tant elle était inattendue ! [126:2] Les
nations elles-mêmes reconnaissent la main du Seigneur. [126:4] Mais le fidèle
attend la pleine bénédiction et demande à l’Éternel de rétablir ses captifs pour
que cette bénédiction soit entière. Cependant Dieu s’était déjà manifesté ;
[126:5] et, pour le fidèle qui s’était chargé de son témoignage dans la
souffrance, dans la honte et l’opprobre, il y avait maintenant une moisson
d’allégresse. Il en est toujours ainsi, car ce n’est que par la souffrance
qu’arrive la joie parfaite, le témoignage de Dieu étant placé dans un monde
d’iniquité.
Psaume 127
[127:1] Au Ps. 127, nous voyons que c’est l’Éternel qui bâtit la maison, qui
garde la ville, [127:3] qui accorde la faveur ardemment désirée, de nombreux
enfants, [127:2] et que sans lui l’homme travaille et veille en vain. Le
caractère de la bénédiction est ici entièrement juif.
Psaume 128
[128:3] Le Psaume 128 rappelle qu’une postérité nombreuse est un don et une
bénédiction de Dieu, [128:1] et déclare que les bénédictions qui viennent d’être
mentionnées sont la part de quiconque craint l’Éternel. Il s’agit d’une
bénédiction temporelle et actuelle, — [128:5] de bénédictions qui viennent de
Sion ; et le désir du cœur de l’Israélite fidèle, c’est de voir tous les jours
de sa vie la prospérité de Jérusalem. Quoique le résidu soit l’objet direct des
bénédictions présentées, Dieu voulait, comme principe, que le fidèle gentil,
celui qui craignait l’Éternel et qui reconnaissait le Dieu d’Israël, y eût part
aussi et se réjouît avec son peuple.
Psaume 129
Le Ps. 129 revient maintenant avec joie aux souffrances et aux épreuves par
lesquelles ont passé les enfants de Sion. [129:4] Mais l’Éternel est juste ; il
a coupé les cordes des méchants. [129:5] Tous ceux qui ont Sion en haine (car
Sion est toujours ici la pensée dominante), [129:6] sont desséchés comme l’herbe
des toits, [129:7] comme des choses sans valeur que personne ne désire.
Psaume 130
Le Ps. 130 traite un autre sujet, dont nous avons rencontré, ailleurs déjà, des
traces manifestes : il s’occupe des péchés d’Israël comme question entre le
peuple et Dieu. Nous ne trouvons point ici cependant une détresse purement
légale : la confiance en Jéhovah caractérise le sentiment que le résidu a de ses
péchés, bien que ce sentiment soit accompagné de celui d’une détresse et d’une
humiliation profondes. C’est l’effet que produit toujours dans l’âme la vue du
péché unie à l’expérience de la miséricorde. La détresse purement légale est
plus personnelle dans sa terreur, quoiqu’elle soit merveilleusement efficace
pour détruire la confiance en soi, et nous jeter dans les bras de la miséricorde
; la conviction de péché avec le sentiment de la miséricorde implique davantage
le sentiment d’avoir offensé le Dieu de bonté, et c’est une œuvre plus profonde.
[130:4] Ici, « il y a pardon » auprès de Jah, afin qu’il soit craint, [130:5] et
l’âme attend l’Éternel, [130:1] quoiqu’elle ait crié des lieux profonds ; elle
le désire, la grâce est ce à quoi elle regarde ; l’Éternel est celui qu’elle
attend, vers. 5. Le fondement de son espérance est déclaré au vers. 7, tandis
que le vers. 8 montre sa confiance dans un résultat complet. Au vers. 3, l’âme
reconnaît sincèrement ce qui a donné lieu au besoin auquel la grâce vient
répondre ; le verset 7 expose ce sur quoi on peut compter en grâce : la bonté et
la rédemption en abondance ; au vers. 8 la foi compte pleinement sur cela en
faveur d’Israël. [130:8] Israël sera racheté, non pas de ses peines, mais de ses
iniquités.
Psaume 131
Le Ps. 131 établit en peu de mots la marche du fidèle dans l’humilité et dans
l’éloignement de toute confiance en lui-même. [131:3] Israël doit se confier en
l’Éternel dès maintenant et à toujours.
Psaume 132
Le Ps. 132 est, sous quelques rapports, un Psaume très intéressant. [132:8] Il
nous présente le rétablissement de l’arche de l’alliance dans le lieu de son
repos, [132:11] et les promesses de l’Éternel en réponse à la supplication de
son serviteur. Son point de départ est l’établissement de l’arche en Sion par
David. Ce fait, comme nous l’avons vu en étudiant les livres historiques, est
d’une très haute importance. En lui se manifesta la grâce agissant en puissance,
lorsque Israël avait manqué si complètement que le lien entre le peuple et Dieu
était entièrement rompu, en tant que basé sur le principe de la responsabilité
du peuple, et que l’arche avait été menée en captivité et que « I-Cabod » avait
été écrit sur tout cet état de choses1. [132:5] Mais maintenant avaient été
trouvées, en un sens plus complet et plus durable, des demeures pour le Puissant
de Jacob, [132:7] des demeures où les fidèles se prosterneraient devant son
marchepied, [132:12] car la semence de David, le Messie de Jéhovah, devait
s’asseoir sur son trône à toujours et à perpétuité. [132:8] L’Éternel entrait
maintenant dans son repos, lui et l’arche de sa force. Auparavant (voir Nombres
10:35-36), s’il se levait, c’était pour disperser ses ennemis, et il retournait
ensuite aux dix mille milliers d’Israël. Maintenant les ennemis étaient
dispersés, et l’Éternel se levait pour trouver son repos en Israël. Remarquez au
verset 13 l’élection souveraine de Dieu. Remarquez aussi que la promesse qui
répond à la supplication, va chaque fois au delà de la requête : cela ressort de
la comparaison des versets 14 et 15 avec le verset 8 ; du verset 16 avec le
verset 9 ; et des versets 17 et 18 avec le verset 10. C’est du plus haut intérêt
comme manifestation de la grâce du Seigneur, en faisant voir tout l’intérêt
qu’il porte à son peuple et comment son amour dépasse toutes les espérances de
celui-ci.
1 Les trois formes de gouvernement avaient été manifestées, en Israël. D’abord la responsabilité directe envers Dieu, sous la sacrificature. Celle-ci avait failli avec Héli et I-Cabod avait été prononcé. C’en était fait d’Israël sur la terrain de la responsabilité. Alors Dieu était intervenu par un prophète : il pouvait encore le faire ; c’était un acte de sa souveraineté. Mais le prophète manque aussi et, de même, la royauté établie par le peuple. Nous voyons alors, en troisième lieu, la royauté établie comme puissance en grâce, comme elle le sera en Christ, et l’arche est ramenée. C’est ce que nous avons dans ce Psaume.
Psaume 133
[133:1] Maintenant les frères habitent ensemble dans l’unité. [133:2] C’est
comme l’huile de l’onction d’Aaron, qui, répandue sur sa tête, communiquait à
tout le reste le parfum de la faveur divine ; [133:3] comme la rosée abondante
de l’Hermon, qui, quelque élevée que fût sa source, portait sa puissance
rafraîchissante là où Dieu avait commandé la bénédiction et la vie pour
l’éternité1. Je ne vois pas la nécessité de chercher près de l’Hermon quelque
montagne du même nom, mais plutôt le contraire.
1 C’est un des deux passages de l’Ancien Testament, où il est parlé de la vie éternelle ; l’autre est en Daniel 12 [(v. 2)] ; les deux la présentent comme devant être accomplie au temps de la bénédiction à venir. Je n’ai pas besoin de dire que, dans le Nouveau Testament, elle est pleinement révélée en Christ et que celui qui croit en Lui a la vie éternelle.
Psaume 134
[134:1] Le Ps. 134 clôt la série des Psaumes des degrés en invitant les
serviteurs de l’Éternel à le bénir : nuit et jour ils doivent le célébrer
[134:2] et élever des mains pures dans le lieu saint pour le bénir. Il est là,
et ses serviteurs y sont aussi pour célébrer ses louanges. [134:3] L’Éternel qui
a fait les cieux et la terre, bénit maintenant, non pas simplement du ciel, mais
de Sion. Sion est le lieu où l’on bénit Jéhovah, et d’où Jéhovah bénit. Je
serais disposé à considérer le dernier verset comme prononcé par la bouche de
Christ comme Fils de David et dans le caractère de Melchisédec, qui disait : «
Béni soit le Dieu Très-Haut, et béni soit Abram de par le Dieu Très-Haut ! »
[(Gen. 14:19-20)]. J’observe seulement que Christ parle ainsi spécialement en
rapport avec l’Éternel (comme en Zach. 6:13), bénissant de Sion le résidu
fidèle. Ce dernier verset est une espèce de réponse à l’invitation contenue dans
ceux qui précèdent ; l’Esprit de Christ dans le résidu invite les serviteurs de
l’Éternel à le bénir ; et eux bénissent de sa part le fidèle.
Psaumes 135 et 136
Ps. 135-136 — Célébration de l’Éternel qui a délivré Israël
Les Ps. 135 et 136 célèbrent l’Éternel qui a délivré Israël et habite désormais
dans Jérusalem ; ils rendent grâce à Celui dont la miséricorde demeure à
toujours, le Créateur de toutes choses, en bonté, qui d’abord avait délivré le
peuple et s’était souvenu de lui pour le racheter lorsqu’il était déchu et
abaissé.
Psaume 135
Le Ps. 135 a un caractère très marqué, car il donne une clef remarquable pour
l’interprétation du livre tout entier, qu’il rattache aux anciennes déclarations
de Jéhovah touchant sa relation avec Israël, de manière à faire de l’histoire du
peuple un seul tout. [135:1] Il a pour sujet : « Louez Jah. Louez le nom de
l’Éternel ! » car Il est bon ; c’est une chose agréable de le célébrer. [135:4]
Il s’est choisi Jacob et Israël pour son trésor particulier. Puis au verset 6,
l’Éternel est célébré comme le Dieu Tout-Puissant qui fait tout ce qui lui plaît
et dispose chaque jour de la création ; [135:8-9] ensuite, comme celui qui a
exécuté le jugement sur les oppresseurs d’Israël, [135:10-11] qui a délivré le
peuple [135:12] et lui a donné le pays des nations qu’il a chassées. [135:13]
Après cela vient le nom de l’Éternel en rapport avec Israël et en contraste avec
les idoles ; puis aux versets 13 et 14, deux passages qui sont rapportés d’après
Exode 3:15 et Deut. 32:36. Dans l’un de ces passages nous voyons que Dieu se
chargea pour toujours d’Israël, sous le nom de l’Éternel, et l’autre annonce
d’une manière prophétique la délivrance du peuple après qu’il aura totalement et
complètement failli. Dans le premier, lorsque Dieu envoie Moïse pour les
délivrer, Dieu prend le nom de l’Éternel, le Dieu de leurs pères, le Dieu
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et il déclare que c’est là son nom
éternellement, et son mémorial dans tous les âges [(Ex. 3:15)]. Il fait ensuite
la promesse de délivrer Israël et de l’introduire dans le pays [(Ex. 3:17)]. Le
second passage se trouve dans le cantique prophétique de Moïse, après qu’il a
placé sous les yeux des enfants d’Israël le tableau de leur apostasie, de leur
tache qui n’est point une tache d’enfants de Dieu ; car ils quittèrent le Dieu
qui les avait faits et l’émurent à jalousie par les dieux étrangers [(Deut.
32:15-16)] ; alors l’Éternel cacha d’eux sa face [(Deut. 32:20)], et se serait
décidé à abolir leur mémoire d’entre les hommes, n’eût été la crainte que
l’homme, dans son orgueil, n’en prît occasion de s’exalter [(Deut. 32:27)]. Mais
ensuite, lorsque le peuple sera dénué de tout appui et sans espérance en
lui-même, l’Éternel jugera son peuple et se repentira en faveur de ses
serviteurs [(Deut. 32:36)] ; il exécutera des jugements sur les nations et fera
qu’elles se réjouiront avec son peuple [(Deut. 32:43)]. En sorte que nous
trouvons dans ces deux versets la première délivrance et le dessein de Dieu,
ainsi que ses jugements et ses voies aux derniers jours, où les Psaumes nous ont
amenés. Ils nous fournissent ainsi une clef qui rend aisée l’application des
Psaumes. Puis les versets 15-18 présentent le jugement exercé sur les idoles
dont il est question en Deut. 32, et qui avaient été une occasion de chute pour
le peuple. [135:19-20] Le Psaume se termine par une invitation solennelle à
bénir l’Éternel, adressée aux diverses classes déjà signalées : la maison
d’Israël, la maison d’Aaron, la maison de Lévi et tous ceux qui craignent
l’Éternel. [135:21] C’est maintenant de Sion qu’on loue l’Éternel, dont on
pouvait dire désormais qu’il habitait dans Jérusalem.
Psaume 136
Le Ps. 136 peut être considéré comme la réponse à l’invitation solennelle du
Psaume précédent. Ce qui le caractérise, c’est la formule, déjà souvent
remarquée, qui exprime la bonté immuable de l’Éternel pour Israël en dépit de
tout : « Sa bonté demeure à toujours ! ». [136:5-9] Le Psaume célèbre Dieu comme
Créateur, [136:2] Dieu des dieux [136:3] et Seigneur des seigneurs, [136:11-12]
Libérateur des enfants d’Israël [136:16] qu’Il avait conduits par le désert ;
[136:17-18] Celui qui ayant exterminé par son pouvoir de grands et puissants
rois, [136:21] avait donné l’héritage du pays à son peuple ; [136:23] Celui qui,
se souvenant enfin des siens dans leur état d’extrême abaissement, [136:24] les
avait délivrés, [136:25] Celui qui fournissait la nourriture à toute créature
vivante, [136:26] lui, le Dieu des cieux. Dans un sens, ce Psaume clôt les
Psaumes historiques.
Psaume 137
Ps. 137-144 — Afflictions du résidu et voies de l’Éternel envers lui
Viennent ensuite deux séries supplémentaires : d’abord une série de Psaumes, qui
nous présentent les afflictions caractéristiques du résidu et les voies de
l’Éternel à son égard dans les derniers jours ; ensuite une autre série que
remplissent les louanges millénaires. Les afflictions dont nous parlons, se
trouvent à partir du Ps. 137 jusqu’au Ps. 144 ; ce dernier toutefois exprime
l’attente de la délivrance et de la bénédiction. Le Ps. 139 a aussi un caractère
particulier, comme nous allons le voir.
Psaume 137
[137:1] Le Ps. 137 est le seul qui fasse mention de Babylone pour donner
l’histoire complète des souffrances d’Israël ; dans les derniers jours il n’aura
qu’un accomplissement mystique, mais qui a son importance, parce que c’est au
temps de la captivité de Babylone que la présence divine dans Jérusalem a pris
fin et que la puissance des Gentils a été établie. [137:4] La foi ne pouvait pas
être heureuse sur une terre étrangère, ni y chanter les cantiques de Sion. Ces
fidèles que nous trouvons ici, ne forment point un peuple céleste ; [137:5]
c’est pourquoi leur pensée se tourne vers Jérusalem que la foi n’oublie jamais.
[137:8] Babylone doit être détruite ; son jugement est ardemment désiré :
[137:7] l’inimitié d’Édom n’est point oubliée. [137:1] Le but du Psaume est
d’exprimer tout l’attachement que, dans leur captivité, les fidèles portent à
Sion ; le cœur ne pouvait être séparé d’elle sur la terre étrangère.
Psaume 138
Le Ps. 138 nous présente le fondement sur lequel la foi repose ; savoir la
parole de Dieu. [138:2] Le fidèle arrive maintenant à reconnaître cette Parole
dans le culte ; [138:4] lorsque les rois de la terre l’auront ouïe, ils se
convertiront, célébreront l’Éternel [138:5] et chanteront dans ses voies. Mais
il y a autre chose à célébrer que sa vérité : [138:6] quoique haut élevé,
l’Éternel voit ceux qui sont en bas état ; [138:7] il vivifie, il protège,
[138:8] il achève tout ce qui concerne le croyant fidèle : « Sa bonté demeure à
toujours ! ».
Psaume 139
Exercices de cœur devant Dieu qui connaît tout et s’intéresse à nous en bonté
Dans le Ps. 139 nous trouvons tous les exercices de cœur qui appartiennent aux
voies de Dieu. Quoique la fidélité de Dieu accomplisse toute la bénédiction
qu’il s’est proposée, [139:2] pas une de nos pensées ne lui échappe ; il n’est
pas possible à l’homme de se tenir en sa présence, mais il n’est pas non plus
possible de s’enfuir et de se cacher de Lui, comme la conscience pourrait le
désirer. Cela révèle une autre vérité : Dieu voit tout et connaît tout, parce
qu’il a tout formé. Cette pensée se rattache à la pensée si précieuse pour nous,
que c’est en bonté qu’il prend une connaissance parfaite de nous. Il s’intéresse
à nous, veille sur chacun de nos membres, comme il connaît chacune de nos
pensées. Mais s’il connaît nos pensées, Lui, a les siennes ; [139:17] et combien
elles nous sont précieuses !
Relation avec Dieu
produite par la loi, et séparation des méchants
Ce sont là précisément les effets produits par la loi. Elle commence
nécessairement par la conscience, sous l’œil de Dieu, car elle nous amène en sa
présence ; ensuite elle nous conduit aux pensées de Dieu, qui nous a formés pour
lui-même, puis a déployé devant nous les sphères infinies de sa bénédiction et
de ses voies. [139:18] Dieu veille sur le fidèle dans le silence du sommeil, en
sorte que, s’il se réveille, il se trouve avec Dieu. [139:19] Mais, de plus,
cette relation avec Dieu, le sépare entièrement des méchants : Dieu les tuera ;
le fidèle les somme de se retirer loin de lui. [139:21] Par conséquent, il
regarde les méchants avec haine et horreur à cause de ce qu’ils sont à l’égard
de Dieu : [139:23] pour ce qui le concerne lui-même, il désire être sondé à
fond, afin qu’il ne reste pas de méchanceté en lui.
Le cœur de l’homme doit
être sondé, pour être conduit par Dieu
Quoique ce Psaume ait spécialement en vue le jugement extérieur des méchants, il
nous fait pénétrer profondément dans la relation de l’esprit de l’homme avec
Dieu et son langage s’adapte à notre propre condition comme chrétiens. Le grand
sujet qui y est traité directement, [139:23] c’est que le cœur de l’homme doit
être entièrement sondé, comme il le sera lors du jugement, comme il doit l’être
toujours. Si cette recherche de l’état du cœur, cette opération qui consiste à
le sonder à fond, a lieu lorsque nous sommes dans une position de responsabilité
personnelle, [139:7] le résultat est nécessairement ce cri : « Où fuirai-je loin
de ta face ? ». Mais lorsque nous sommes devenus l’ouvrage de Dieu,
c’est-à-dire, lorsque la grâce et la puissance sont intervenues, [139:17] les
pensées de Dieu nous deviennent précieuses, [139:23] et nous pouvons demander
d’être sondés, connus et éprouvés (plus nous le serons, mieux ce sera), afin
que, dépouillés de nous-mêmes, nous soyons capables de jouir de Dieu. [139:24]
Alors aussi nous demandons à Dieu de nous conduire. La volonté est brisée, comme
les pensées sont jugées, et notre désir est d’être conduits par Dieu. [139:19]
Nous voyons aussi que le caractère de ce Psaume le rattache aux derniers jours :
« Ô Dieu, si tu voulais tuer le méchant ! ». Celui qui parle attend le jugement
; [139:21] il exprime sa haine pour ceux qui haïssent Dieu et l’horreur qu’ils
lui inspirent.
Psaume 140
Ps. 140-144 — Application à Israël restauré mais dans le combat
Dans les cinq Psaumes qui suivent nous sommes sur le même terrain que nous avons
déjà parcouru très en détail ; seulement, ils s’appliquent à un Israël restauré,
mais qui se trouve encore dans le combat, et n’est pas pleinement béni.
Psaume 140
Au Ps. 140, [140:1] le fidèle demande à être délivré de l’homme mauvais et de
l’homme violent. Israël est en relation avec l’Éternel, [140:5] mais les
orgueilleux l’enserrent de toutes parts.
Psaume 141
Instruit au sujet du gouvernement de l’Éternel, le fidèle est attentif à ses
paroles et à ses pensées pour être gardé et béni par Lui. [141:5] Il accepte
comme une discipline d’être frappé par le juste ; il compte sur l’exaucement de
ses requêtes ; [141:6] et même lorsque le jugement fond sur les orgueilleux
(Israël, je pense), il envisage ce jugement comme le moyen de leur faire
entendre la parole de l’Éternel. C’est un Psaume, comme David eût pu l’écrire
quand Saül le poursuivait. Le fidèle prévoit le jugement dont le méchant va être
frappé, mais il désire que les calamités servent à en arrêter quelques-uns.
Psaume 142
Le Ps. 142 regarde à l’Éternel comme à l’unique refuge.
Psaume 143
Le fidèle implore particulièrement la miséricorde et la bonté de l’Éternel,
[143:3] afin qu’au milieu des persécutions dont il est l’objet de la part de
l’ennemi et des maux qui le pressent, [143:2] Dieu n’entre point en jugement
avec lui, [143:8] mais fasse voir sa miséricorde. [143:10] Comme serviteur de
l’Éternel, il demande à être enseigné et conduit. Tous ces Psaumes expriment
donc les sentiments de personnes plongées dans une profonde détresse, mais qui,
étant en relation avec l’Éternel, — non pas chassées loin de Jérusalem et ne le
connaissant que comme Dieu — [143:12] attendent que leurs ennemis soient
retranchés.
Psaume 144
[144:1] Le Ps. 144 bénit l’Éternel comme source de la force. [144:3] Le motif
qu’il allègue pour la destruction des ennemis, est : « Qu’est-ce que l’homme ?
». Pourquoi l’Éternel tiendrait-il compte1 d’un ver semblable et différerait-il
d’introduire la bénédiction en ajournant ainsi le jugement ? [144:15] On attend
donc la délivrance comme la parfaite, la vraie bénédiction finale d’Israël : «
Bienheureux le peuple pour qui il en est ainsi ! Bienheureux le peuple qui a
l’Éternel pour son Dieu ! ». Ce Psaume s’applique directement à David lui-même,
[144:10] car il y est nommé [144:2] et reconnaît Dieu comme assujettissant son
peuple sous lui (le peuple de Dieu), en un mot comme la source du pouvoir royal.
Je ne vois pas qu’il introduise personnellement quelqu’un sur la scène au
dernier jour. S’il le faisait, ce serait à l’égard du « prince » ; car il y aura
alors sur la terre une maison de David selon la chair. Mais ce que nous avons
ici, c’est l’introduction du peuple dans l’état de soumission à Christ, où il
sera un peuple de franche volonté au jour de sa puissance [(110:3)], et
s’établira un chef dans la grande journée de Jizréel (Osée 1:11) ; alors
l’Éternel dissipera entièrement la puissance de ses ennemis, [144:9] fournira au
peuple un nouveau cantique, et le bénira. Le Messie sera certainement son chef,
mais cela est dit d’une manière prophétique par David en personne. Le véritable
bien-aimé sera Chef sur Israël.
1 Comp. le Ps. 8 [(v. 4)] : la manière dont la grâce l’envisage et l’impatience de Job (7:17, 18) contre la discipline ; ainsi que la connaissance que Dieu, sous le rapport de son gouvernement, prend des voies de l’homme.
Psaume 145
Ps. 145-150 — Louanges millénaires
Psaume 145
Christ entonne les louanges de Dieu au milieu des saints
Le Ps. 145 avance prophétiquement jusqu’au millénium, quand la détresse est
passée et que la parfaite délivrance peut être célébrée. Nous avons ici Christ
en esprit, peut-être même en personne, entonnant les louanges de Dieu au milieu
d’Israël et réveillant ces louanges parmi les hommes. De là vient que, quoique
n’étant que l’expression d’un dessein, ce Psaume a le caractère d’un dialogue.
[145:1-2] Il exprime dès l’abord le dessein de Christ de célébrer Dieu à
toujours et à perpétuité : [145:4] une génération dira à l’autre la louange de
ses œuvres. [145:5] « Je parlerai ! ». Son cœur, on le voit, est plein de
louange ; et il en parle (vers. 5). [145:6-7] Et les hommes « diront la force de
tes actes terribles, et moi je déclarerai tes grands faits. Ils feront jaillir
la mémoire de ta grande bonté, et ils chanteront hautement ta justice ». [145:8]
Il s’interrompt alors, par un mouvement plein de beauté, pour parler de la
miséricorde ; ici encore, de l’abondance du cœur la bouche parle [(Matt. 12:34)]
: [145:10] Toutes les œuvres de l’Éternel le célébreront. Ses saints le
béniront. [145:11] Ils prendront pour sujet la gloire du royaume de l’Éternel et
ils diront sa puissance, [145:12] afin de faire connaître à l’ensemble du genre
humain ses actes puissants et la magnificence glorieuse de son royaume [145:13]
qui est un royaume de tous les siècles. Puis les versets 14-20 décrivent le
caractère de l’Éternel. Le vers. 21 revient au dessein du cœur de celui qui a
entonné la louange.
Diverses personnes
louant l’Éternel, selon différents caractères
C’est comme homme que Christ parle ici ; au verset 1, il dit : « Mon Dieu » ; et
l’Éternel est envisagé comme Roi. En général, les actes extérieurs et la
grandeur de l’Éternel sont célébrés par d’autres, appelés « ils » dans le
Psaume, tandis que tout en mentionnant ses actes merveilleux et ses grands faits
celui qui dit « je » ou « moi » (Christ) célèbre surtout l’Éternel lui-même, ce
qu’Il est. C’est de la grandeur, de l’excellence et de la majesté de l’Éternel
que nous voyons son cœur rempli, dans les vers. 3, 5, 8-10 ; mais il mentionne
aussi, d’une manière générale, ses voies et son caractère de bonté et de
miséricorde (versets 14-19). Il convient de remarquer que ceux qui parlent dans
ce Psaume, sont : celui qui conduit les louanges, les saints (le résidu juif),
et le monde en général, les fils d’Adam. À ce point de vue, il présente un grand
intérêt, car nous y voyons le Messie, le premier à louer l’Éternel dans la
grande congrégation. Et combien son cœur n’est-il pas rempli de ses louanges !
Le règne de l’Éternel est établi ; tout s’unit pour le louer, à commencer par le
Messie au milieu d’Israël, puis viennent les saints préservés, et, sous leur
direction, le monde entier : ils célèbrent Sa grandeur, Sa grande bonté et Ses
actes merveilleux.
Psaume 146
Le Ps. 146 introduit les dernières louanges. [146:1-2] D’abord, c’est l’effusion
du cœur qui loue l’Éternel [146:5] comme Celui qui a été le secours de Jacob,
qui célèbre ce qu’il est, ainsi que la consolation qu’il y a à se confier en
lui, [146:6] le Créateur, [146:7] le libérateur des opprimés et des prisonniers,
le consolateur des humbles, [146:8] Celui qui aime les justes [146:9] et qui
renverse le train des méchants. [146:10] L’Éternel, le Dieu de Sion, régnera à
toujours, de génération en génération. Après tout ce que nous venons de voir, le
caractère de cette louange est fort simple.
Psaume 147
Maintenant les saints prennent leur place dans Jérusalem et en Sion pour dire ce
qu’est l’Éternel : [147:1] il est leur Dieu ; [147:2] il bâtit Jérusalem et
rassemble ceux d’Israël qui étaient dispersés, [147:3] guérissant ceux qui sont
brisés de cœur et bandant leurs plaies. Les vers. 4, 5, 6 chantent sa grandeur,
sa bonté et ses jugements ; les vers. 7-9, sa bonté manifestée dans les
bénédictions qu’il accorde à la terre ; les vers. 10-11, le plaisir qu’il prend,
non dans la force animale, mais en ceux qui le craignent. Au vers. 12 on
retrouve le cantique de louange pour célébrer encore ses voies à l’égard de
Jérusalem. Les vers. 15-18 célèbrent sa puissance, manifestée dans l’ordonnance
des saisons ; les vers. 19, 20 disent comment il a déclaré ses paroles à Jacob
et ses statuts à Israël, ne faisant ainsi à aucune nation ; ces dernières ont pu
voir la puissance, en création et en providence, du Dieu de Jacob, mais sa
pensée et ses lois étaient la portion de son peuple.
Psaume 148
[148:1-4] Le Ps. 148 appelle d’abord les cieux et tout ce qui s’y trouve à
prendre leur part dans le grand Alléluia, en louant l’Éternel [148:5] qui les a
créés [148:6] et les maintient dans leur position ; [148:7-12] ensuite, il
invite la terre et tout ce qu’elle renferme à se réunir pour louer Celui
[148:13] dont le nom seul est haut élevé, dont la majesté est au-dessus de la
terre et des cieux, [148:14] mais qui exalte la corne de son peuple, la louange
de tous ses saints que nous avons rencontrés partout dans les Psaumes, mais qui
désormais sont la plénitude d’Israël, du peuple qui est près de lui. Le grand
Créateur que les cieux et la terre doivent célébrer, est le Dieu d’Israël, et
Israël est son peuple.
Psaume 149
Le Ps. 149 invite Israël à la louange. Nous avons vu constamment l’ancienne
création et Israël allant ensemble (comme la nouvelle création et l’Église), et
formant la sphère des Psaumes. [149:1] Cependant ici, l’on chante dans la
congrégation des saints. [149:2] La relation dans laquelle se trouve Israël est
double : l’Éternel l’a formé pour sa louange ; il est son roi en Sion. Le Psaume
présente ensuite les raisons qu’il y a de le célébrer : [149:4] l’Éternel prend
plaisir en son peuple : mais nous apprenons quels sont ceux auxquels appartient
cette place : « Il pare les débonnaires de salut » ; [149:5] alors les saints se
réjouissent de la gloire. [149:6] Mais si les louanges de Dieu sont dans leur
bouche, l’épée du jugement terrestre et de la vengeance est dans leur main
[149:7] pour exécuter ce jugement sur les nations et sur les peuples, [149:8]
pour lier les puissants qui les avaient opprimés jadis. [149:9] C’est là le
jugement qui était écrit. Cette gloire est pour tous ses saints. Les personnes
présentées ici sont donc, d’une manière évidente, les débonnaires d’Israël,
maintenant délivrés, avec le Seigneur Jésus, roi en Sion, et exécutant le
jugement sur ceux qui les avait opprimés. Tel est véritablement, selon
l’expression du Psaume, « le jugement qui était écrit » ; cela confirme l’aspect
sous lequel j’ai envisagé les deux derniers livres. Le millénium lui-même n’est
pas décrit : les Psaumes nous y introduisent ; mais, par la manière dont ils
rattachent Christ, tel que nous le voyons dans les évangiles, avec le résidu
d’Israël aux derniers jours, ils jettent la plus vive lumière sur les évangiles
eux-mêmes.
Psaume 150
Le Ps. 150 est une dernière invitation générale à louer l’Éternel — [150:1]
seulement, remarquez-le, il s’agit maintenant de le louer en liberté dans son
saint lieu, aussi bien que dans le firmament de sa force. [150:3-5] On le loue
dans le saint lieu avec tous les instruments du temple. [150:2] On le loue pour
ses actes puissants et pour l’étendue de sa grandeur. [150:6] Tout ce qui
respire est invité à louer Jah ! Ce Psaume est comme un chœur final éclatant,
plein de puissance et d’énergie, bien approprié à la position juive et au
service du temple.
Conclusion du livre des
Psaumes
Nous terminons ici cette étude si intéressante et si instructive, à l’égard de
laquelle je ne pouvais espérer d’apporter d’autre aide que l’esquisse des
principes généraux qui peuvent mettre le lecteur en état d’user lui-même du
Livre des Psaumes. Je n’ai pas eu la pensée de présenter en détail le contenu si
varié et si merveilleux de cette portion des Écritures : un tel travail aurait
exigé des volumes, tant pour ce qui concerne les rapports prophétiques du
contenu des Psaumes, que pour ce qui regarde les exercices et les sentiments de
la foi, en tant que nous pouvons en faire l’application aux saints
d’aujourd’hui.
Psaumes 55 à 57
Ch. 55-57 — Instruction morale se rapportant au jour futur de la bénédiction sur
la terre
Les chapitres 55, 56, 57, contiennent des exhortations adressées en vue de ces
choses. Le chapitre 55 proclame la pleine grâce gratuite, qui conséquemment
embrasse les gentils. C’est pourquoi on peut en principe en faire l’application
à l’évangile. Son accomplissement aura lieu au temps de la bénédiction de la
terre par la présence du Seigneur. Le chapitre 56 fait connaître quel est le
caractère moral nécessaire pour qu’on puisse jouir de la bénédiction, qui n’est
plus selon les étroits principes légaux d’autrefois. [56:7] Le temple est en
effet une maison de prière pour tous ceux dont le cœur est vraiment tourné vers
le Dieu d’Israël ; ils jouiront de la bénédiction. Le chapitre 57 continue, on
peut dire, sur le même principe ; il dénonce ceux qui, fussent-ils Israël même,
marcheront moralement d’une manière contraire à la volonté de l’Éternel. [57:1]
Le juste peut périr, mais la mort n’a pour effet que de l’ôter de devant les
mauvais jours. [57:21] Mais il n’y aura pas de paix pour le méchant, qu’il soit
Israélite ou non. Ces trois chapitres fournissent donc l’instruction morale qui
se rapporte à ces jours-là. Le fidèle et le débonnaire, quels qu’ils soient,
seront bénis ; le méchant jugé, qu’il soit Israélite ou non. Avec le chapitre
57, se termine, comme je l’ai dit, la seconde subdivision de cette partie de la
prophétie.
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John Nelson Darby