Introduction
Expression de l’expérience chrétienne normale, selon Dieu
Dans l’épître aux Philippiens nous trouvons beaucoup plus d’expérience
chrétienne que dans la plupart des autres épîtres : les exercices du cœur y sont
aussi développés davantage. C’est en réalité l’expérience chrétienne normale. La
doctrine et la pratique se retrouvent dans toutes les épîtres ; mais à la seule
exception de la seconde à Timothée, qui a un autre caractère, aucune épître ne
renferme autant que celle-ci l’expression de l’expérience que fait le chrétien
dans sa vie de labeur ; aucune ne présente comme celle-ci les ressources qui
sont ouvertes au chrétien pour traverser cette vie, et les motifs qui doivent le
gouverner dans sa course. On peut même dire que cette épître nous présente
l’expérience de la vie chrétienne dans son expression la plus élevée et la plus
parfaite — disons plutôt, dans son état normal sous la puissance de l’Esprit de
Dieu. Dieu a daigné nous fournir ce magnifique tableau, comme ailleurs il nous
présente les vérités qui nous éclairent et les règles d’après lesquelles nous
devons nous diriger.
Communion des
Philippiens dans les peines liées à l’Évangile
L’occasion s’en offrait tout naturellement. Paul était en prison [(1:13)], et
les Philippiens qui lui étaient très chers et qui, au commencement de ses
travaux, lui avaient témoigné leur affection par des dons semblables
[(4:15-16)], venaient encore de lui envoyer des secours par Épaphrodite [(4:18)]
dans un moment où il se trouvait, déjà depuis quelque temps à ce qu’il paraît,
dans le besoin [(4:11)]. Une prison, le besoin, l’Assemblée de Dieu privée de
ses soins vigilants, l’expression de l’affection qui pensait à lui dans ses
nécessités, quoiqu’il soit loin, n’étaient-ce pas là les circonstances les plus
propres à ouvrir le cœur de l’apôtre et à amener l’expression des sentiments de
confiance en Dieu dont il était animé ? N’y avait-il pas là tout ce qu’il
fallait pour l’amener à exprimer ce qu’il sentait à l’égard de l’Assemblée,
quand elle se trouvait privée de l’appui des soins apostoliques et qu’elle
devait se confier directement en Dieu Lui-même. Or il était tout naturel que
Paul épanche son cœur dans le sein de ses chers Philippiens qui venaient de lui
donner ce témoignage de leur affection ; c’est pourquoi il parle plus d’une fois
de la communion des Philippiens avec l’Évangile [(1:5)], c’est-à-dire de la part
qu’ils prenaient aux travaux, aux peines, aux nécessités, dont la prédication de
l’Évangile était l’occasion pour ceux qui s’y vouaient [(4:14)]. Leurs cœurs
s’associaient à l’Évangile, comme font ceux dont parle le Seigneur, qui
reçoivent un prophète en qualité de prophète [(Matt. 10:41)].
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-2 — Caractères de l’épître, différent des autres : affection et
intimité
[1:7] Les diverses circonstances que nous venons de rappeler mettent l’apôtre
dans un rapport d’intimité particulière avec cette assemblée de Philippes, et
elles sont devenues l’occasion de cette épître, [1:1] que Paul et Timothée (qui
avait accompagné l’apôtre dans ses travaux en Macédoine, en vrai fils de Paul
dans la foi et dans l’œuvre) adressent aux fidèles et à ceux qui avaient les
charges dans cette assemblée particulière. Ce n’est pas ici une épître qui plane
à la hauteur des conseils de Dieu, comme le fait celle aux Éphésiens, ni qui
règle tout l’ordre qui convient aux chrétiens où qu’ils soient, comme le font
les deux épîtres aux Corinthiens ; ce n’est pas non plus une épître qui pose les
fondements des rapports de toute âme quelconque avec Dieu, comme celle aux
Romains. La lettre que Paul et Timothée adressent aux Philippiens n’était pas
destinée, comme d’autres que notre apôtre a écrites, à mettre les chrétiens en
garde contre les erreurs qui se glissaient au milieu d’eux ; elle se place sur
le terrain de l’intimité précieuse, de l’affection ordinaire des chrétiens entre
eux, mais de cette affection comme l’éprouvait le cœur d’un Paul animé et dirigé
par le Saint Esprit. C’est pourquoi aussi nous trouvons mentionnées les charges
ordinaires qui existaient dans l’intérieur d’une assemblée, les surveillants et
les serviteurs, charges d’autant plus importantes à rappeler que les soins
immédiats de l’apôtre étaient devenus impossibles. L’absence de ces soins fait
ici la base des instructions de l’apôtre, ce qui donne une importance
particulière à cette épître.
Ch. 1 v. 3-11 —
Introduction de l’épître
Expression des sentiments selon Dieu, et de ce qu’ils produisent
Ch. 1 v. 5-6 — Amour et dévouement, fruits de l’action de Dieu en bénédiction
dans les fidèles
[4:10] L’affection des Philippiens, qui avait trouvé son expression dans l’envoi
de secours à l’apôtre, [1:3] rappelait à celui-ci l’esprit que les chrétiens de
Philippes avaient montré dans tous les temps : [1:5] ils s’étaient associés de
cœur aux travaux et aux peines de l’Évangile. Or cette pensée conduit l’apôtre
plus haut, à ce qui domine le courant d’idées de l’épître : pensée des plus
précieuses pour nous ! [1:6] Qui est-ce qui avait opéré dans les Philippiens cet
esprit d’amour et de dévouement aux intérêts de l’Évangile ? C’était bien le
Dieu de la bonne nouvelle et de l’amour ; et cela donnait une entière garantie
que Celui qui avait commencé la bonne œuvre, l’accomplirait jusqu’à la journée
de Christ. Douce pensée, maintenant que nous n’avons plus l’apôtre, que nous
n’avons plus les surveillants et les serviteurs, comme les Philippiens les
avaient dans ce temps-là [(1:1)]. Dieu ne peut nous être ôté ; la vraie et
vivante source de toute bénédiction nous reste, immuable et élevée au-dessus des
faiblesses et des fautes mêmes qui privent les chrétiens de toute ressource
intermédiaire ! L’apôtre avait vu Dieu agissant dans les Philippiens : les
fruits disaient quelle était la source de la bénédiction ; dès lors, il comptait
sur la perpétuité de la bénédiction dont ils devaient jouir. Mais il faut de la
foi pour tirer ces conséquences. L’amour chrétien est clairvoyant et plein de
confiance à l’égard de ses objets, parce que Dieu Lui-même et l’énergie de sa
grâce sont dans cet amour.
Désir de l’opération
croissante de Dieu en puissance et en amour, dans le cœur de chacun
[1:6] Pour en revenir au principe qui inspire de la confiance à l’apôtre, il est
le même pour l’Assemblée de Dieu : elle peut bien perdre beaucoup quant aux
moyens extérieurs et quant à ces manifestations de la présence de Dieu qui
tiennent à la responsabilité de l’homme, mais ce qui est essentiel dans la grâce
de Dieu ne peut être perdu : la foi peut toujours compter sur cela. [1:5] Ce
sont les fruits de la grâce au milieu des saints qui inspirent cette confiance à
l’apôtre, ainsi qu’en Héb. 6:9, 10 ; et 1 Thess. 1:3, 4. Il comptait bien, en 1
Cor. 1:8, et dans les Galates [(5:10)], sur la fidélité de Christ, malgré
beaucoup de choses pénibles. La fidélité du Seigneur l’encourageait à l’égard
des chrétiens, dont autrement l’état donnait lieu à de grandes angoisses. [1:6]
Ici, assurément, au milieu de circonstances certainement bien plus heureuses, la
marche même des chrétiens conduit l’apôtre à la source de sa confiance à leur
égard. [1:3-4] Il se souvient avec affection et avec tendresse [1:5] de quelle
manière ils s’étaient comportés envers lui en tout temps, [1:6] et ce souvenir
se transforme en souhait que le Dieu qui avait opéré ces choses, produise, pour
leur propre bénédiction, les fruits parfaits et abondants de cet amour. [1:7] Il
leur ouvre aussi son cœur tout entier. Les Philippiens prenaient part à l’œuvre
de la grâce de Dieu en lui, par la même grâce qui agissait en eux à son égard,
en produisant une affection qui s’identifiait avec lui et son œuvre ; [1:8]
aussi le cœur de l’apôtre se tournait vers eux en leur rendant avec effusion
l’affection qu’ils lui avaient témoignée et en montrant combien le désir de son
cœur se portait vers eux. Dieu qui était la source de ces sentiments et à qui
Paul présentait tout ce qui se passait dans son cœur, ce même Dieu qui agissait
dans les Philippiens, était témoin entre eux (maintenant que Paul ne pouvait pas
donner, par son travail au milieu d’eux, d’autre preuve de son affection)
combien il les désirait tous. [1:9] Il sentait leur amour, mais il désirait de
plus que non seulement cet amour soit cordial et actif, mais qu’il soit dirigé
aussi par la sagesse et par l’intelligence données de Dieu, [1:10] par un
discernement du bien et du mal selon Dieu, fruit de la puissance de son Esprit,
de sorte qu’en agissant en amour, ils marchent aussi selon cette sagesse, et
comprennent ce qui, dans ce monde de ténèbres, était vraiment selon les
perfections et selon la lumière divines, afin qu’ils soient sans reproche
jusqu’à la journée de Christ. Combien ceci est différent de la froideur avec
laquelle bien des chrétiens se contentent d’éviter des péchés positifs ! Le
désir sincère d’atteindre à toutes les excellences et à toute la ressemblance de
Christ que la lumière divine peut nous faire apercevoir est ce qui caractérise
la vie de Christ en nous.
Marche du chrétien
selon la lumière divine, et abondant en fruits pour Dieu
[1:5] Déjà les fruits montraient que Dieu était avec eux : [1:6] et il
accomplira l’œuvre jusqu’au bout. [1:10] Mais Paul désirait que les Philippiens
marchent tout le long du chemin selon la lumière donnée de Dieu, de sorte que
lorsqu’ils seraient au terme de la route, il n’y ait rien qu’on puisse leur
reprocher, [1:11] mais qu’au contraire, débarrassés de tout ce qui pourrait les
détourner du droit chemin ou les affaiblir, ils abondent dans les fruits de la
justice qui sont par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu. Beau
tableau pratique de l’état normal du chrétien dans sa marche journalière, dans
son chemin vers le but ; car, souvenons-nous-en, dans l’épître aux Philippiens,
nous sommes toujours sur le chemin, vers notre repos céleste, dans lequel la
rédemption nous a placés.
Souhaits du cœur de
l’apôtre pour les Philippiens
Telle est l’introduction de cette épître. [1:9] Après les souhaits de son cœur
que l’apôtre, comptant sur leur affection, fait pour les saints de Philippes,
[1:12] il parle de ses liens, auxquels ils avaient pensé [(1:7)], mais il en
parle en rapport avec Christ et l’Évangile qu’il avait à cœur par-dessus tout.
Mais avant de quitter l’introduction et de passer au sujet même de l’épître, je
désire faire remarquer les pensées qui donnent lieu aux sentiments exprimés ici.
Détermination des trois
caractères de l’épître
Il y a trois grands éléments qui impriment leur caractère sur cette épître.
Pèlerinage chrétien
dans le désert, ayant le salut pour but
En premier lieu, elle parle du pèlerinage du chrétien dans le désert, et elle
considère le salut comme un résultat à obtenir à la fin du trajet. La rédemption
accomplie par Christ est bien posée comme base de ce pèlerinage [(1:29)], ainsi
qu’elle l’a été pour Israël à son entrée dans le désert ; mais le sujet propre
de l’épître, c’est notre présentation devant Dieu ressuscités et glorifiés,
lorsque nous avons remporté la victoire sur toutes les difficultés : — et c’est
ce qui est ici appelé le salut [(1:28)].
L’assemblée doit
combattre, en l’absence de l’apôtre
En second lieu, la position de l’assemblée est caractérisée par l’absence de
l’apôtre, de sorte que l’assemblée a dû soutenir elle-même le combat [(2:12)] :
elle devait vaincre, au lieu de jouir de la victoire que remportait l’apôtre sur
la puissance de l’Ennemi quand il était avec eux et pouvait se faire faible avec
chaque faible.
Ressources inépuisables
de Dieu pour Son assemblée
Enfin, en troisième lieu, la vérité importante dont nous avons déjà parlé est
mise en évidence, savoir que, dans ces circonstances, l’assemblée était rejetée
immédiatement sur Dieu [(4:6)], ressource inépuisable de grâce et de force pour
elle, dont elle devait profiter directement par la foi, ressource qui ne pouvait
jamais lui faire défaut1.
1 Nous trouverons ici tout le cours d’une vie qui était l’expression de la puissance de l’Esprit de Dieu manifestée dans cette vie. C’est pourquoi le péché, c’est-à-dire la chair qui produit le mal en nous, n’est nullement mentionné dans cette épître. Nous y voyons les manifestations et les traits de la vie de Christ ; car si nous vivons par l’Esprit, nous devrions marcher par l’Esprit [(Gal. 5:25)]. Nous trouvons la grâce déployée dans la vie chrétienne (chap. 2), l’énergie de la vie chrétienne (chap. 3) et sa supériorité sur toutes les circonstances (chap. 4). Dans le premier chapitre, l’apôtre, comme c’était naturel, ouvre davantage son cœur quant à ses circonstances présentes et ses sentiments du moment. L’exhortation commence au chapitre 3. Toutefois, même au chapitre 1er, nous trouvons l’apôtre entièrement au-dessus des circonstances par la puissance de la vie spirituelle.
Ch. 1 v. 12-30 — Place
primordiale de Christ dans l’œuvre, le combat et la marche
Ch. 1 v. 12-18 — Effets de l’emprisonnement de Paul sur l’annonce de l’Évangile
Mais reprenons la considération du texte par le verset 12 qui commence
proprement l’épître, à la suite de l’introduction. [1:13] Paul était prisonnier
à Rome. L’Ennemi paraissait avoir remporté une grande victoire en restreignant
ainsi l’activité de l’apôtre ; [1:12] mais par la puissance de Dieu qui ordonne
tout et qui agissait en Paul, les ruses même de l’Adversaire tournaient à
l’avancement de l’Évangile. [1:13] Premièrement, l’emprisonnement de l’apôtre
faisait connaître l’Évangile là où autrement on n’en aurait pas entendu parler,
dans les hautes régions à Rome ; [1:14] et beaucoup d’autres frères, rassurés
quant à sa position1, s’enhardissaient pour annoncer l’Évangile sans crainte.
[1:17] Mais cette même absence de l’apôtre se faisait sentir d’une autre manière
: plusieurs de ceux qui, lorsqu’ils se trouvaient en présence de sa puissance et
de ses dons, étaient nécessairement des personnes insignifiantes et sans force,
pouvaient se donner quelque importance lorsque dans les voies de Dieu,
insondables mais parfaites, ce puissant instrument de sa grâce était mis de côté
; ils pouvaient espérer de briller et d’attirer l’attention quand les rayons de
cette lumière resplendissante étaient interceptés par les murs d’une prison.
Jaloux, mais cachés lorsqu’il était présent, ces hommes profitaient de son
absence pour se mettre en activité : faux frères ou chrétiens jaloux, ils
profitaient de l’absence de l’apôtre pour tâcher de nuire à son autorité dans
l’assemblée et à son bonheur. [1:18] Ils ne faisaient qu’ajouter à cette
autorité et à ce bonheur : Dieu était avec son serviteur, et le désir pur de la
proclamation de la bonne nouvelle de Christ, dont il sentait profondément toute
la valeur et qu’il désirait avant tout, quel que soit le moyen employé, tenait
chez lui la place de la recherche de soi-même qui animait ces tristes
prédicateurs de la vérité.
1 Dans la première édition j’avais pris ceci comme étant l’effet de l’emprisonnement de l’apôtre en stimulant la foi de ceux qui avaient été inactifs lorsque lui était actif. Tel serait le sens de la version anglaise (« encouragés par mes liens »), et c’est là un vrai principe. Mais il semble que la force des mots soit : « ayant pris plutôt confiance quant à mes liens ». Ils couraient le danger d’avoir honte de lui, comme s’il était un malfaiteur.
L’Assemblée remise aux
soins de Dieu seul, une fois les apôtres retirés
Action de l’Esprit dans l’Assemblée, pour témoigner de la victoire sur Satan, ou
pour rétablir ce qui a manqué
[1:18] Déjà ici l’apôtre, dans ce qui le regarde individuellement, trouve sa
ressource dans l’opération de Dieu, indépendamment de l’ordre spirituel de sa
maison, à l’égard des moyens qu’il emploie. L’état normal de l’Assemblée c’est
que l’Esprit de Dieu agit dans les membres du corps, et dans chaque membre à sa
place, pour la manifestation de l’unité du corps et de l’énergie de ses membres,
exercée mutuellement pour l’avantage l’un de l’autre. Christ, ayant vaincu
Satan, remplit de son propre Esprit ceux qu’il a délivrés de la puissance de cet
ennemi, afin qu’ils montrent à la fois la puissance de Dieu et la réalité de
leur délivrance de la puissance de l’Ennemi, et cela dans une marche qui, étant
l’expression des pensées et de l’énergie de Dieu lui-même, ne laisse plus aucune
place pour les pensées et l’énergie de l’Adversaire. Les chrétiens forment
l’armée et le témoignage de Dieu contre l’Ennemi dans ce monde. Mais alors,
chaque membre, depuis l’apôtre jusqu’au plus faible chrétien, agit efficacement,
chacun à sa place : dans un tel corps, la puissance de Satan ne trouve aucun
lieu ; le dehors répond au-dedans et à l’œuvre de Christ. Celui qui est en eux
est plus grand que celui qui est dans le monde [(1 Jean 4:4)]. Mais pour cela,
il faut partout de la puissance et l’œil net. Il est un autre état de choses,
dans lequel, quoique tout ne soit pas en activité, à sa place, selon la mesure
du don de Christ, l’énergie réparatrice de l’Esprit, dans un instrument tel que
l’apôtre, défend l’Assemblée, ou la remet dans son état normal, quand elle a
partiellement failli. L’épître aux Éphésiens d’un côté, et celles aux
Corinthiens et aux Galates de l’autre, nous présentent ces deux phases de
l’histoire de l’Assemblée.
État de l’Assemblée
privée de l’énergie apostolique, mais non de Dieu et de Ses ressources
L’épître aux Philippiens traite, mais par la plume d’un apôtre divinement
inspiré, d’un état de choses où cette dernière ressource venait à manquer.
L’apôtre ne pouvait pas travailler de la même manière qu’auparavant, mais il
pouvait nous donner le coup d’œil de l’Esprit sur l’état de l’Assemblée,
lorsque, selon la sagesse de Dieu, celle-ci était privée de ces énergies
normales : elle ne pouvait l’être de Dieu. Sans doute, l’Assemblée ne s’était
pas alors éloignée de son état normal comme elle l’a fait maintenant ; mais le
mal germait déjà. Tous cherchent leurs propres intérêts, dit l’apôtre, non pas
ceux de Jésus Christ [(2:21)] ; et Dieu a permis qu’il en soit ainsi du vivant
des apôtres, afin que nous ayons la révélation de ses pensées à l’égard d’un
état semblable et que nous soyons dirigés vers les véritables ressources de sa
grâce dans ces circonstances.
Paul doit remettre
l’Assemblée à Dieu, qui produit Son œuvre en chacun
L’apôtre devait d’abord faire lui-même l’expérience de cette vérité. Les liens
qui l’unissaient à l’Assemblée et à l’œuvre de l’Évangile étaient les plus forts
qui existent sur la terre, mais il fallait qu’il remît l’Assemblée et l’évangile
au Dieu à qui ils appartiennent. Effort pénible, mais qui rend l’obéissance, la
confiance, la netteté de l’œil et le renoncement à soi, parfaits dans le cœur,
c’est-à-dire parfaits selon la mesure de l’opération de la foi. Toutefois la
douleur causée par cet effort trahit l’incapacité de l’homme à maintenir l’œuvre
de Dieu à sa hauteur propre. Mais si tout ceci arrive, c’est afin que Dieu ait
toute la gloire de l’œuvre ; et il devait en être ainsi, afin que ce qu’est la
créature soit, sous tous les rapports, manifesté selon la vérité. Il est
extrêmement précieux de voir comment ici et en 2 Timothée, là où il y a de la
foi, le déclin de la vie individuelle et de l’énergie dans l’Assemblée a pour
effet de faire se développer plus pleinement que partout ailleurs, d’un côté, la
grâce dans la personne du fidèle et, de l’autre, l’énergie dans le ministère. Il
en est réellement toujours ainsi. C’est aux jours des Pharaon, des Saül et des
Achab que l’on trouve les Moïse, les David et les Élie.
Ch. 1 v. 18-21 —
Importance de Christ seul, et non de l’œuvre, pour Paul
Prix de la gloire et de la victoire de Christ pour Paul, toujours plus uni à Lui
L’apôtre ne pouvait rien faire : il devait voir prêcher l’Évangile sans lui.
[1:15] Quelques-uns le prêchaient par un esprit d’envie et de débat, [1:16]
d’autres par amour. [1:14] Ceux-ci, encouragés quant aux liens de l’apôtre,
voulaient le soulager en continuant son œuvre. [1:18] Quoi qu’il en soit, Christ
était prêché, et les motifs qui encourageaient les prédicateurs se perdaient
pour l’apôtre dans la contemplation de cet immense fait qu’un Sauveur, le
Libérateur envoyé de Dieu, était annoncé au monde. Christ, et même les âmes,
étaient plus précieux pour Paul que l’œuvre, dans la mesure où elle était son
œuvre ; Dieu travaillait dans l’œuvre ; et ainsi ce serait pour le triomphe de
Paul qui s’unissait aux desseins de Dieu1. L’apôtre comprenait le grand combat
qui se livrait entre Christ (dans ses membres) et l’Ennemi : [1:12] et si ce
dernier semblait avoir remporté une victoire en jetant Paul en prison, Dieu se
servait de cette circonstance même pour avancer l’œuvre de Christ par
l’Évangile, [1:18] et pour remporter ainsi en réalité de nouvelles victoires sur
Satan, victoires auxquelles Paul était associé, [1:16] parce qu’il était établi
pour la défense de cet Évangile. [1:19] Ainsi, tout ceci tournait à salut pour
Paul, confirmé qu’il était dans sa foi par ces voies d’un Dieu fidèle, qui
dirigeait encore davantage sur Lui les yeux de son fidèle serviteur. Soutenu par
les prières des autres et le secours de l’Esprit de Jésus Christ, au lieu d’être
abattu et terrifié par l’Ennemi, [1:20] Paul se glorifiait toujours davantage
dans la sûre victoire de Christ qui était la sienne. Aussi exprime-t-il la
confiance inébranlable qu’en rien il ne sera confus, mais qu’il lui sera donné
d’user de toute hardiesse et que Christ sera glorifié en lui, soit par sa vie,
soit par sa mort : et la mort était devant ses yeux. Appelé à comparaître devant
César, sa vie pouvait lui être ôtée par le jugement de l’empereur ; humainement
parlant, son sort était tout à fait incertain : plusieurs passages de notre
épître font allusion à ce fait : chap. 1:22, 30 ; 2:17 ; 3:10. Mais, vivant ou
mourant, Paul avait maintenant ses regards dirigés plus sur Christ que sur
l’œuvre elle-même, quelque grande place que cette œuvre pût avoir dans la pensée
d’une vie qui s’exprimait dans un seul mot : « Christ ! ». [1:21] Vivre était,
pour lui — non pas l’œuvre en elle-même, ni seulement le fait que les fidèles
tiennent ferme dans l’Évangile, bien que ceci ne puisse être séparé d’avec la
pensée de Christ, parce qu’ils étaient membres de son corps — pour lui, vivre
était « Christ » ; mourir était un gain, car, en mourant, il serait avec Christ.
1 Il y a en ceci un profond bonheur pour la foi. Mais il faut alors que le serviteur ait fait de l’œuvre sa vie même. « Pour moi, vivre c’est Christ » [(1:21)]. Dans ce cas, si l’œuvre prospère, il prospère ; si Christ est glorifié, il est content en lui-même, même si le Seigneur l’a mis de côté.
Dieu travaille en Paul
pour que Christ ait toute la place, et non son œuvre
Tel était l’effet purifiant des voies de Dieu, qui avaient fait passer l’apôtre
par le creuset, terrible pour lui, d’être séparé depuis des années, peut-être
depuis quatre ans, de son œuvre pour le Seigneur. Le Seigneur lui-même avait
remplacé l’œuvre — pour autant du moins qu’elle se rattachait à Paul
personnellement — et l’œuvre était confiée au Seigneur Lui-même. Le fait qu’il
était si absorbé par l’œuvre peut avoir contribué à ce qui conduisit à son
emprisonnement ; car c’est la pensée de Christ seule qui maintient l’âme en
équilibre et met chaque chose à sa vraie place. Dieu a fait que, par cet
emprisonnement, Christ est devenu tout pour l’apôtre, non que l’œuvre eût perdu
son intérêt pour lui, mais Christ a seul la première place, et Paul voit tout et
l’œuvre même, en Lui.
Dieu ne manque jamais,
quoiqu’il en soit du service
Quelle consolation pour nous, lorsque nous sentons peut-être que notre faiblesse
a été manifestée et que nous n’avons pas su profiter de la puissance de Dieu
dans notre service ; quelle consolation, dis-je, se trouve pour nous dans la
certitude que Celui qui seul a le droit d’être glorifié ne fait jamais défaut !
Ch. 1 v. 21-25 — Paul
décide de son sort selon la pensée de Christ seul]
[1:21] Pour Paul, Christ était son tout. C’était donc un gain évident pour lui
de mourir, car ainsi il serait avec Christ. [1:22] Toutefois il valait la peine
de vivre (car c’est là la force du commencement du verset 21), puisque vivre
c’était Christ et le service de Christ : et il ne savait que choisir. [1:23] En
mourant, l’apôtre gagnait Christ pour lui-même, ce qui était de beaucoup
meilleur. [1:22] En vivant, il servait Christ ; il avait davantage quant à
l’œuvre, [1:21] puisque vivre c’était Christ, et la mort y mettrait un terme.
[1:23] Ainsi il était pressé des deux côtés ; [1:24] mais il avait appris à
s’oublier lui-même en Christ, et il voyait Christ parfaitement occupé de
l’Assemblée et selon la parfaite sagesse. [1:25] C’est ce qui décidait pour lui
la question ; car ainsi instruit de Dieu, et ne sachant que choisir [(1:22)],
Paul disparaît à ses propres yeux, et le besoin seul de l’Assemblée, selon la
pensée de Christ, reste devant lui. Il était avantageux pour l’Assemblée, pour
une seule assemblée même, qu’il reste ; ainsi il resterait. Et voyez quelle paix
donne au serviteur de Dieu ce regard vers Christ qui a détruit l’égoïsme à
l’égard de l’œuvre. Christ, après tout, a toute-puissance dans le ciel et sur la
terre, et il dispose de tout, selon sa volonté : ainsi, sa volonté étant connue
(et sa volonté est amour pour l’Assemblée) je peux dire, elle sera faite ! Paul
décide sur son propre sort, sans s’inquiéter des dispositions de l’empereur et
des circonstances du temps. Christ aime l’Assemblée, c’est un bien pour
l’Assemblée que Paul reste : Paul restera donc ! Jusqu’à quel point Christ est
tout ici ! Quelle lumière, quel repos qu’un œil net, qu’un cœur expérimenté dans
l’amour du Seigneur ! Combien il est précieux de voir que le moi a en
conséquence entièrement disparu, et que l’amour de Christ pour l’Assemblée est
ainsi le fondement sur lequel tout repose selon le conseil divin.
Ch. 1 v. 25-30 —
Opération de l’Esprit dans l’Assemblée, dans la marche et le combat
Or si Christ est tel pour Paul et pour l’Assemblée, il veut que l’Assemblée soit
ce qu’elle doit être pour Christ, et partant pour le cœur de Paul, pour qui
Christ est tout. [1:25] C’est donc vers l’Assemblée que se tourne son cœur.
[1:26] La joie des Philippiens sera abondante par le retour de l’apôtre au
milieu d’eux ; [1:27] seulement, son vœu pour eux, c’est que leur conduite,
qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas, soit digne de l’Évangile de Christ. Deux
choses préoccupaient l’apôtre, soit qu’il vît les chrétiens de Philippes, soit
qu’il apprît de leurs nouvelles, savoir la constance et la fermeté dans l’unité
de cœur et d’esprit entre eux, [1:28] et l’absence de crainte à l’égard de
l’Ennemi dans le combat qu’ils devaient lui livrer avec la force que cette unité
leur donnait. C’est là le témoignage de la présence et de l’opération de
l’Esprit dans l’Assemblée quand l’apôtre n’est pas là. [1:27] Il tient les
chrétiens unis ensemble par sa présence : ils n’ont qu’un cœur et qu’un objet ;
ils agissent en commun par l’Esprit ; [1:28] et puisque Dieu est là, la crainte
que le méchant esprit et leurs ennemis pouvaient leur inspirer (et c’est là ce
qu’il tâche toujours de faire ; comparer 1 Pierre 5:8), disparaît ; ils marchent
selon l’Esprit d’amour, de puissance et de conseil [(2 Tim. 1:7)]. Leur état
devient ainsi un témoignage évident du salut, d’une entière et finale
délivrance, puisque dans leur combat avec l’Ennemi ils ne ressentent aucune
crainte, la présence de Dieu leur inspirant d’autres pensées. Quant à leurs
adversaires, la découverte de l’impuissance de tous leurs efforts leur fait
sentir que leurs ressources sont insuffisantes. Bien qu’ils eussent la puissance
du monde et de son prince tout entière, ils avaient rencontré une puissance
supérieure à la leur — savoir celle de Dieu — et c’est de cette puissance qu’ils
étaient les adversaires. Triste conviction pour ceux-ci ; profonde joie pour
ceux-là ! Non seulement la délivrance et le salut final des enfants de Dieu
étaient ainsi assurés, mais étaient démontrés être le salut et la délivrance de
la part de Dieu lui-même. [1:29] Ainsi le fait que l’Assemblée était dans le
combat et l’apôtre absent (lui-même étant aux prises avec toute la force de
l’Ennemi) était un don de grâce. Joyeuse pensée ! Il était donné aux saints de
souffrir pour Christ aussi bien que de croire en Lui. Ils avaient une précieuse
part de plus avec Christ et même pour Christ ; [1:30] et la communion des saints
avec son fidèle serviteur, dans les souffrances pour Lui, les unissait plus
intimement en Lui.
Vie supérieure à la
chair dans toutes ses circonstances, par l’action de l’Esprit
Remarquons ici que jusqu’à présent nous avons le témoignage de l’Esprit rendu à
une vie qui est supérieure à la chair, et nullement une vie de la chair. [1:20]
L’apôtre n’avait été confus en rien, et il avait toute confiance qu’il ne le
serait jamais, mais que Christ serait, comme il l’avait toujours été auparavant,
magnifié dans son corps, soit par la vie, soit par la mort. [1:22] Il ne sait
pas s’il doit choisir la vie ou la mort, car dans l’une et dans l’autre il y a
une si grande bénédiction ; [1:21] vivre c’est Christ ; mourir un gain, bien
qu’alors le travail prenne fin ; [1:25] telle est sa confiance en l’amour de
Christ pour l’Assemblée, qu’il décide de son cas devant Néron d’après ce que cet
amour veut opérer. [1:17] L’envie et l’esprit de contention contre lui, qui en
conduisent d’autres à prêcher Christ, [1:18] ne feront que produire de
victorieux résultats pour lui-même : il est content si Christ est prêché. Cette
supériorité à la chair, cette vie si entièrement au-dessus de la chair ne
signifie pas que la chair ne soit plus là, ni qu’elle ait changé de nature. Paul
avait, comme nous l’apprenons ailleurs, une écharde pour la chair, un ange de
Satan pour le souffleter [(2 Cor. 12:7)]. Mais c’est un glorieux témoignage à la
puissance et à l’œuvre agissante de l’Esprit de Dieu.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-11 — Pleine réalisation de l’amour dans l’union et l’humilité
Ch. 2 v. 1-4 — Perfection de la joie découlant d’un amour et d’une affection
fraternelle complets
[2:1] Mais ceci aussi produisait ses effets. [2:2] L’apôtre voulait que cette
joie des Philippiens soit pleine, et que leur union entre eux soit parfaite ;
car son absence avait laissé germer quelques semences de désunion et de malaise.
L’amour avait été démontré d’une manière bien douce et bien puissante dans leur
envoi à l’apôtre [(4:18)] : [2:1] les consolations en Christ, le soulagement de
l’amour, la communion de l’Esprit, les tendres compassions se déployaient dans
ce témoignage d’affection et avaient causé à Paul une profonde joie. [2:2] Il
leur demande donc qu’ils rendent cette joie parfaite, par le plein
affermissement de ce même lien d’union qui subsistait déjà entre eux : étant
d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose, ayant un même amour les
uns pour les autres, ayant tous une même pensée ; [2:3] il voudrait que la
rivalité et la vaine gloire ne se montrent en rien. Tel est le vœu de l’apôtre.
[2:2] Lorsqu’il goûte de la joie en pensant à leur amour envers lui, il veut que
leur bonheur soit complet dans la perfection de cet amour entre eux : c’est
ainsi que son bonheur à lui sera parfait. Belle et touchante affection ! C’est
l’amour en lui, qui, sentant l’affection des Philippiens, ne pense qu’à eux.
Quelle délicatesse dans la manière dont une bonté de cœur, qui n’aimait pas à
faire une répréhension, a su préparer le chemin à ce qui en était réellement
une, répréhension que ne pouvait omettre un cœur qui joignait l’amour à
l’affection fraternelle [(2 Pier. 1:7)] !
Ch. 2 v. 5-11 — Exemple
parfait de Christ vu comme homme s’abaissant
Ch. 2 v. 5-9 — Abaissement parfait de Christ en amour, et élévation dans la
gloire
Or le moyen de cette union entre les saints, le moyen pour le maintien de cet
amour se trouvait dans l’anéantissement de soi-même, dans l’humilité, dans
l’esprit qui s’abaisse pour servir. [2:5] C’est ce qui s’était montré
parfaitement en Christ, en contraste avec le premier Adam. [2:6] Celui-ci avait
cherché à se rendre semblable à Dieu par un vol, lorsqu’il était en forme
d’homme ; [2:8] il avait cherché à s’élever aux dépens de Dieu, étant en même
temps désobéissant jusqu’à la mort. [2:6] Christ, au contraire, quand il était
en forme de Dieu, [2:7] s’est anéanti par amour, de toute sa gloire extérieure,
de la forme de Dieu, et a pris la forme d’un homme, [2:8] et même quand il a été
en forme d’homme, il s’est encore humilié, faisant ainsi un second pas en
s’abaissant. [2:7] Comme Dieu, il s’est anéanti ; [2:8] comme homme il s’est
humilié et est devenu obéissant jusqu’à la mort, à la mort même de la croix.
[2:9] Dieu l’a haut élevé : car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui
s’abaisse sera élevé [(Luc 14:11)]. Amour parfait, glorieuse vérité, précieuse
obéissance ! Un homme, par le juste jugement et l’acte de Dieu, s’est élevé à la
droite du trône de la majesté divine. Quelle vérité que la personne de Christ !
Quelle vérité que cette descente, et cette ascension par laquelle il remplit
toutes choses comme Rédempteur et Seigneur de gloire ! [2:7] Dieu descendu en
amour, [2:9] l’homme monté dans le ciel selon la justice. En descendant, tout
amour, toute obéissance par amour aussi. Maintenant lui qui a été digne, de
toute éternité, quant à sa personne, d’être ainsi à la droite de Dieu, est comme
homme élevé par Dieu à sa droite. C’est une justice de Dieu qu’il soit là : et
nos cœurs peuvent y prendre part, joyeux dans sa gloire à Lui, joyeux d’y avoir
part aussi par la grâce dans notre place à nous.
Ch. 2 v. 9-11 —
Exaltation de Christ devenu homme, Lui qui est Dieu
[2:6-7] Son humiliation même est la preuve qu’il est Dieu : Dieu seul pouvait
quitter son premier état dans les droits souverains de son amour ; pour une
créature quelconque, quitter son premier état c’est péché. Cette humiliation est
aussi l’amour parfait. Mais cette preuve de la divinité de sa personne est
donnée, cet amour accompli dans le fait qu’il est homme. Quelle place il nous a
acquise en lui-même ! Mais c’est à lui que l’apôtre pense, non à nous qui sommes
les fruits de cette humiliation. [2:9] Il se réjouit dans la pensée de
l’exaltation de Christ. Dieu l’a souverainement élevé et Lui a donné un nom qui
est au-dessus de tout nom, [2:10] de sorte que tout être dans les cieux et sur
la terre, et même tout être infernal, doit fléchir les genoux devant cet homme
exalté, [2:11] et toute langue confesser que Jésus Christ est Seigneur, à la
gloire de Dieu le Père.
Jésus vu dans Sa
seigneurie comme homme, humilié puis élevé
[2:11] On remarquera que c’est la seigneurie de Jésus qui est présentée ici, non
sa divinité en elle-même, [2:6] bien que sa divinité soit le point de départ. En
effet, tout a son origine dans la divinité de sa personne : l’amour,
l’anéantissement, l’humiliation, la merveilleuse condescendance. Rien de tout
ceci n’aurait pu être, ni n’aurait eu sa valeur sans cela ; [2:11] mais c’est
comme Seigneur, dans sa personne complète, selon la position qu’il a prise comme
homme, qu’il est envisagé ici. [2:7-8] C’est Celui qui s’est humilié, [2:9] que
Dieu (lorsqu’il est descendu le plus bas possible) a élevé. [2:6] C’est de Jésus
qui pouvait sans s’élever être égal à Dieu, [2:8] mais qui s’est anéanti jusqu’à
la mort, que l’apôtre parle : [2:11] de Jésus, Seigneur de tout, [2:9] et qui,
ainsi élevé, homme, [2:11] sera reconnu de toute la création d’un bout à
l’autre, comme Seigneur, à la gloire de Dieu le Père1.
1 Remarquez aussi que ce n’est pas à l’égard de ce qu’il a souffert, comme effet de sa soumission à la volonté de Dieu dans la position qu’il a prise, que Christ nous est présenté ici, comme modèle à imiter. [2:7] C’est de son humiliation volontaire qu’il s’agit, du fait que, par amour, il a pris la dernière place — la plus basse — [2:5] dans laquelle nous sommes appelés à le suivre. [2:7] L’amour sert, l’amour s’humilie, prend volontairement la position la plus vile (la plus vile selon l’orgueil de l’homme), pour servir, et y trouve ses délices. Christ a agi par amour, Christ a voulu servir, Christ a voulu prendre la place la plus basse — Lui qui pouvait s’humilier — et nous… ?
Ch. 2 v. 12-18 — Marche
des chrétiens sur la terre, selon l’image de Christ
Ch. 2 v. 12-13 — Travail et lutte des Philippiens, sans l’apôtre mais avec Dieu
opérant en eux
Le cœur de l’apôtre s’épanouit toujours quand il parle du Seigneur Jésus ; mais
il se tourne maintenant vers les objets de sa sollicitude, [2:7] et comme il
avait parlé de l’anéantissement de soi-même [2:5] et de l’humiliation de Christ
comme moyen de produire l’union en ôtant toute occasion à la rivalité charnelle,
[2:8] il avait aussi été amené à parler de l’obéissance de Christ, en contraste
avec le premier Adam et la chair. [2:12] Il applique maintenant ce principe de
patiente humilité à l’instruction des Philippiens : « Ainsi donc, dit-il, mes
bien-aimés, de même que vous avez toujours obéi » — et ici l’effet de son
absence, de son éloignement de l’œuvre est introduit — « non seulement comme en
ma présence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence, travaillez à votre
propre salut avec crainte et tremblement : car » ajoute-t-il, « c’est Dieu qui
opère en vous et le vouloir et le faire » (vers. 12, 13). C’est-à-dire que
pendant que l’apôtre avait été au milieu des Philippiens, il avait travaillé à
l’œuvre de leur salut ; maintenant ils étaient eux-mêmes aux prises avec
l’Ennemi, sans le secours de sa présence et de son énergie spirituelle ; [2:13]
mais Dieu lui-même travaillait en eux. [2:12] Ils devaient travailler d’autant
plus sérieusement qu’ils se trouvaient dans un tel combat, [2:13] Dieu lui-même
étant engagé pour eux, en tant qu’il agissait en eux pour ce combat, et
qu’eux-mêmes ils se trouvaient immédiatement aux prises avec la puissance de
l’Ennemi. [2:4] Ce n’était pas le moment pour eux de se vanter de leurs petits
dons, à cause de l’absence de l’apôtre qui les jetait auparavant dans l’ombre,
[2:2] ni celui d’être en lutte les uns avec les autres. [2:13] D’ailleurs, si
les Philippiens étaient privés de Paul, ils ne l’étaient pas de Dieu : Dieu
lui-même agissait en eux. C’est le grand principe et la grande consolation de
l’épître. Les chrétiens, privés des secours puissants de l’apôtre, sont rejetés
plus immédiatement sur Dieu. L’apôtre, séparé de l’assemblée, trouve lui-même
ses propres consolations en Dieu, et remet l’assemblée, privée de ses soins
personnels, à Dieu lui-même, auprès duquel il avait trouvé ces consolations.
[2:12] Il est bon de remarquer soigneusement ici que c’est tout l’opposé d’une
exhortation à travailler nous-mêmes en contraste avec la puissance opérante de
Dieu. « Votre propre » est en contraste avec Paul en son absence, lui qui avait
travaillé pour les Philippiens, [2:13] parce que Dieu opérait en eux le vouloir
et le faire. [2:12] Ils avaient à travailler parce que, si Paul était absent,
Dieu opérait en eux. J’ai déjà fait remarquer que partout dans cette épître le
salut et toute bénédiction sont considérés comme étant au bout de la course,
même la manifestation de la justice du chrétien (chap. 3:9). Ce passage en est
un exemple. Il y a deux manières dont le chrétien est envisagé dans le Nouveau
Testament. En Christ — ici aucun progrès à faire, rien n’est en question : il
est accepté en Lui — état complet, parfait, actuel. Mais le chrétien est aussi
un pèlerin sur la terre, ayant à atteindre le but ; il est toujours vu ainsi
dans l’épître aux Philippiens. Ceci donne occasion à toute espèce
d’exhortations, d’avertissements et de « si ». C’est ainsi qu’il apprend
l’obéissance et la dépendance — les deux caractères du nouvel homme. Mais en
outre, il est rejeté sur la fidélité sûre et infaillible de Dieu pour lui faire
tout traverser jusqu’à la fin, et il doit compter là-dessus. Voir 1 Cor. 1:8,
que je cite parce que les Corinthiens étaient dans un très mauvais état ; mais
il y a un grand nombre d’autres passages.
[2:12] La diligence et le sérieux doivent caractériser la marche des chrétiens dans des circonstances comme celles-ci, où les rapports immédiats avec Dieu et le combat personnel avec l’Ennemi se réalisent.
Ch. 2 v. 14-16 —
Conformité à Christ de chaque détail de la marche chrétienne
[2:14] L’apôtre revient ensuite à l’esprit de douceur et de paix, dans lequel
les fruits de justice se sèment [(Jac. 3:18)]. « Faites toutes choses, dit-il,
sans murmures et sans raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs,
des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d’une génération tortue et
perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde,
présentant la parole de vie » (vers. 14-16), passage très frappant, car on
trouvera que dans chaque membre de phrase il décrit exactement ce qu’était
Christ. Quelles que soient les circonstances dans lesquelles l’Assemblée se
trouve, tels devraient toujours être, quant à elle, son état et sa marche ; la
grâce qui suffit pour cela est toujours là en Christ.
Ch. 2 v. 15-18 — Foi et
service, offrande agréable à Dieu
[2:15] L’unité d’esprit entre eux, par la grâce, et une marche selon Dieu afin
qu’ils soient comme des luminaires célestes au milieu des ténèbres morales de ce
monde, [2:16] présentant toujours et mettant ainsi en évidence la parole de vie
— tel est le souhait de l’apôtre. Ils devaient donner ainsi, par la constance et
l’effet pratique de leur foi, la preuve que l’apôtre n’avait ni couru ni
travaillé en vain ; et ils seraient ainsi eux-mêmes sa gloire au jour de Christ.
Oh ! si l’Assemblée avait continué à marcher dans cette voie ! Mais quoi qu’il
en soit, Christ sera glorifié. L’apôtre unit ainsi son œuvre et sa récompense au
jour de Christ à la bénédiction de l’Assemblée : il ne veut pas être séparé
d’elle dans sa mort. Ce lien de cœur et de foi est très touchant. [2:17] Paul se
présente lui-même (c’est-à-dire sa vie) comme pouvant être répandu comme une
aspersion sur le sacrifice et le service de la foi des Philippiens. Ceux-ci
avaient montré leur dévouement à Christ en pensant même à son serviteur [(1:7)]
; et l’apôtre voit leur foi tout entière comme une offrande au Sauveur et à Dieu
; il les considère, eux qui appartiennent à Christ, comme la substance de
l’offrande, la chose importante, et se considère lui-même seulement comme
l’aspersion — sa vie répandue sur l’offrande. Peut-être sa vie sera-t-elle
répandue dans le service de l’évangile, auquel les Philippiens se consacraient
de leur côté [(1:7)], et mettra-t-elle le sceau à cette offrande de leur part,
offrande consacrée à Dieu par ce lien sacré qui les unissait à l’apôtre. Paul se
réjouit s’il doit en être ainsi, si sa vie est répandue : ce serait le
couronnement de son œuvre pour les Gentils ; [2:18] il veut donc que les
Philippiens aussi, dans le même esprit, se réjouissent de la même chose. [2:17]
Leur foi et la sienne, ainsi que leur service commun, ne formaient qu’un seul
tout offert à Dieu, et qui lui était agréable. [2:18] Or la preuve la plus
élevée qui pût en être donnée devait être la source de la joie la plus sacrée.
Ce monde n’était pas la scène réelle de ce qui se passait : ce que nous voyons
ici en rapport avec l’œuvre divine n’est que le dehors. L’apôtre parlait le
langage de la foi qui voit toujours les choses devant Dieu.
Ch. 2 v. 19-30 — Soins
de Paul, même absent, pour les Philippiens
Ch. 2 v. 19-24 — Manifestations pratiques de l’amour de Paul pour les
Philippiens
Ch. 2 v. 19-21 — Timothée, messager de la sollicitude et de l’amour de Paul
[1:19] Cependant, bien qu’il remît les Philippiens à Dieu, les soins vigilants
de Paul ne discontinuaient pas. Il en est toujours ainsi : l’amour, et la foi
qui remet tout à Dieu, ne cessent pas de penser selon Dieu à ce qui lui est
cher. Ainsi Jean, dans sa première épître, au chap. 2, tout en disant que les
petits enfants en Christ n’avaient pas besoin qu’on les enseigne [(v. 27)], les
enseigne néanmoins avec tendresse et avec toute prévoyance. Ici aussi l’apôtre,
plein d’une sainte sollicitude pour ces âmes chères à Christ, espère envoyer
bientôt Timothée pour savoir quel est leur état. Mais la situation dans laquelle
Paul et l’œuvre de Dieu se trouvent perce partout : [2:20] Paul envoie Timothée
parce qu’il n’a personne d’autre qui pense à eux avec un cœur dans lequel les
mêmes sentiments jaillissent de la même source d’amour ; [2:21] tous cherchaient
leurs propres intérêts, et non pas ceux de Jésus Christ (vers. 19-21). Quel
exercice pour la foi ! Mais quelle occasion pour son exercice !
Ch. 2 v. 22-24 — Force
des liens de l’amour dans l’évangile
[2:22] Toutefois, quant à Timothée, ces chers Philippiens pouvaient le recevoir
avec un cœur répondant à la confiance de l’apôtre : ils savaient comment
Timothée avait servi Paul dans l’Évangile. Les liens de l’amour, dans
l’évangile, Dieu soit loué, ne sont que plus forts, quand tout se refroidit. Et
remarquez que Dieu poursuivait son œuvre, [2:21] lorsque tout, quant au
témoignage commun de l’Assemblée, manquait par une froideur qui pesait sur le
cœur de l’apôtre : car Dieu ne se lasse pas dans son œuvre. [2:23] Toutefois, le
lien de l’amour ne manque pas non plus entre Paul et les Philippiens : aussitôt
qu’il saura la tournure que prendront ses affaires, il leur enverra Timothée ;
[2:24] mais, comme il l’avait dit [(1:25)], il a confiance dans le Seigneur
qu’il ira les voir bientôt lui-même.
Ch. 2 v. 25-30 —
Manifestations de l’affection fraternelle
Ch. 2 v. 25-27 — Affection fraternelle entre Épaphrodite et les Philippiens
[2:25] Mais il y avait aussi Épaphrodite, qui était venu pour apporter à
l’apôtre le témoignage d’affection de la part des Philippiens [(4:18)] : [2:30]
fidèle instrument et expression de leur amour, Épaphrodite avait hasardé sa
propre vie [2:27] et avait eu à souffrir une dangereuse maladie pour accomplir
leur service envers l’apôtre. De tous les côtés jaillit ici ce beau témoignage
de l’amour chrétien. [2:26] Épaphrodite compte tellement sur l’affection des
Philippiens qu’il est très inquiet, parce qu’ils avaient appris qu’il était
malade. Il est certain de leurs sentiments envers lui — de la place qu’il occupe
dans leurs affections. N’en serait-il pas ainsi d’un fils affectueux qui
apprendrait qu’on a donné à sa mère des nouvelles de lui, pareilles à celles-ci
? Il se hâterait de communiquer à sa mère son rétablissement pour tranquilliser
un cœur dont il connaît l’amour. Telle est l’affection chrétienne, tendre et
simple, confiante parce qu’elle est pure et sans soupçon, et parce qu’elle
marche dans la lumière de Dieu et avec Lui, ainsi que dans les affections que
Christ a consacrées comme homme. L’amour divin, cela n’est pas douteux, s’élève
plus haut ; mais l’amour fraternel qui agit dans la présence des hommes, et
comme fruit de l’amour divin au milieu d’eux, se déploie ainsi dans la grâce.
Ch. 2 v. 27-28 —
Encouragements et prévenances de l’amour fraternel
[2:25] L’apôtre répond à cette affection des Philippiens pour Épaphrodite, qui
les avait enseignés et avait travaillé dans le Seigneur pour eux (le Saint
Esprit en tient compte ici), [2:28] et il renvoie Épaphrodite en encourageant et
en cherchant à nourrir ce sentiment dans les cœurs des Philippiens. Lui-même y
prend part, [2:27] et y introduit la tendresse de Dieu lui-même. Il aurait eu
tristesse sur tristesse, et il en avait beaucoup, si les Philippiens avaient
perdu leur cher serviteur et messager par les services que celui-ci leur avait
rendus ; mais Dieu avait épargné Épaphrodite, et l’apôtre lui-même. [2:28]
Toutefois, Paul veut que les Philippiens soient complètement rassurés en voyant
de nouveau Épaphrodite au milieu d’eux, et qu’ainsi le cœur de l’apôtre, quitte
de toute frayeur sur ce point, soit allégé aussi. Quel tableau de prévenances et
d’amour mutuel !
2.3.2.3 - [Place de
chacun dans cette chaîne de l’amour, venant de Dieu
[2:27] Remarquez comment Dieu, selon l’apôtre, prend part à ces tendres
compassions mutuelles des chrétiens : ce sont ses compassions, non pas les
conseils de son amour ; mais ce sont des compassions dignes de Dieu, et des
affections qu’il approuve parmi les hommes. On craint quelquefois ces affections
et cette estime pour les ouvriers du Seigneur, et cela d’autant plus que
l’Assemblée, en effet, doit se dégager de toute fausse dépendance des hommes ;
mais c’est quand, par l’absence de l’apôtre [(2:12)], tout manque de force
manifeste et de lien extérieur et organisateur, que l’Esprit de Dieu développe
le jeu de ces affections et de ces liens intérieurs entre les chrétiens pour
l’instruction de l’Assemblée, comme il reconnaît en même temps tout ce qui reste
des débris de la position primitive de celle-ci et de ses liens extérieurs
[(1:1)]. Il ne les crée pas de nouveau, mais il reconnaît ce qui existe encore :
c’est seulement au premier verset de l’épître que l’Esprit en parle — c’est tout
ce qu’il fallait — mais il développe largement les liens intérieurs, non pas
comme doctrine, mais de fait. Dieu lui-même, l’apôtre, son fidèle Timothée,
Épaphrodite le serviteur apprécié des Philippiens, qui leur était si cher,
compagnon d’œuvre de Paul [(2:25)] serviteur du Seigneur, les Philippiens
eux-mêmes, tous trouvent leur part dans ce précieux et bel enchaînement d’amour.
Déploiement de la grâce
dans la vie chrétienne, en lien avec Christ abaissé et élevé
Le déploiement de la grâce dans la vie chrétienne se trouve ainsi développé dans
toutes les parties de ce chapitre : [2:2] la délicatesse de la répréhension de
l’apôtre au sujet de l’esprit de division, [2:23] son envoi de Timothée quand il
pourra faire savoir aux Philippiens la tournure que prendront ses affaires,
[2:25-26] mais l’envoi immédiat d’Épaphrodite parce qu’ils avaient entendu dire
qu’il était malade. [2:8] Ce déploiement de grâce, et cette considération pour
les autres, remarquons-le, se lient à un Christ qui s’abaisse lui-même. [2:6] Un
Christ humble, qui, ayant la forme de Dieu, [2:8] la laisse pour s’abaisser
jusqu’à la mort, c’est là la source de l’humble esprit de grâce ; [2:9] un
Christ élevé, que l’œil de la foi va chercher dans la gloire est la source de
l’énergie qui estime tout comme des ordures afin de le gagner Lui [(3:8)].
Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-3 — Expérience de la joie en Christ, et ce qui s’y oppose
Ch. 3 v. 1-2 — Joie dans le Seigneur qui ne change pas, malgré le mal
[3:1] Après tout, c’est dans le Seigneur lui-même que les Philippiens devaient
se réjouir ; [3:2] et maintenant l’apôtre les met en garde contre ce qui avait
été le ver rongeur de la vie de l’Assemblée et avait produit les fruits pénibles
qui jetaient de l’angoisse dans son propre cœur ; nous en voyons aujourd’hui,
selon la prophétie de l’apôtre, les conséquences déplorables, conséquences qui
doivent encore mûrir pour le jugement de Dieu. Quoi qu’il en soit, le Seigneur
ne change pas. [3:1] « Réjouissez-vous dans le Seigneur », dit Paul : là, en
lui, tout est sûr.
Ch. 3 v. 3 — Expérience
du chrétien dans le chemin de la jouissance de la gloire
[3:2] Ce qui pouvait empêcher les Philippiens de se réjouir ainsi est ensuite
développé, [3:3] et en même temps la vraie connaissance de Christ qui nous
garantit du mal que l’apôtre a en vue : non pas ici selon la doctrine et la
pratique qui tiennent à la haute position de l’union de l’Assemblée avec un
Christ glorifié, comme son corps, et selon l’unité qui découle de cette union —
c’est le sujet de l’épître aux Éphésiens — ni selon l’urgente nécessité qu’il y
a pour les saints de se tenir collés à la Tête, puisque toute la plénitude est
en lui [(Col. 2:9)] — c’est l’instruction de l’épître aux Colossiens — mais
selon le caractère général de l’épître qui nous occupe, le sujet est traité ici
en rapport avec les expériences personnelles du chrétien et celles de l’apôtre
en particulier. Ici aussi, ainsi que nous l’avons vu dans la partie de l’épître
où nous avons trouvé l’expression de ses afflictions individuelles, l’apôtre se
trouve sur le chemin qui conduit à la pleine jouissance de l’objet qu’il a
appris à connaître, et de l’état que son cœur souhaite. Telle doit être
l’expérience des chrétiens, car si, par l’Esprit, je suis uni à la Tête comme
membre du corps de Christ, et que je saisisse cette union par la foi, il n’en
est pas moins vrai que mon expérience personnelle, bien que cette foi en soit la
base, est nécessairement en rapport avec le chemin que je dois suivre pour
arriver à la gloire à laquelle cette union me donne droit ; non que les
sentiments, réveillés par ce que je rencontre sur le chemin, faussent ou
contredisent ma position en Christ, ou détruisent la certitude de mon point de
départ ; mais, tout en possédant cette certitude et parce que je la possède, je
sais que de fait je n’ai pas atteint le résultat de cette position dans la
gloire. Or, dans l’épître qui nous occupe, nous sommes sur le chemin ; nous
sommes individualisés dans nos rapports avec Dieu : car les expériences sont
toujours individuelles, quoiqu’une partie de ces expériences soit la réalisation
pratique de notre union entre nous comme membres de Christ.
Danger du mélange des
principes judaïques avec Christ
Revenir au système juif, c’est rétablir la chair avec la caution de la loi
[3:4] Au verset 4 de notre chapitre, Paul reprend son exhortation ; [3:1] mais
il n’éprouve pas d’ennui à le faire, et c’était la sûreté des Philippiens (car
le danger existait et son tendre amour était vigilant) : il renouvelle ses
avertissements et ses instructions sur le mélange de principes judaïques et de
la doctrine d’un Christ glorifié. Introduire ces principes était, en effet,
détruire cette doctrine et réintégrer la chair à sa place (or la chair, c’est le
péché et l’éloignement de Dieu) ; c’était le premier homme déjà rejeté et
condamné, et non pas le second. Mais la chair ne paraît pas ici sous la forme du
péché, mais sous forme de la justice, de tout ce qui est respectable et
religieux, sous la forme des ordonnances qui avaient le poids vénérable de
l’autorité que leur prêtait l’antiquité de leur origine et, si tout le système
judaïque n’avait pas été abrogé en Christ, de l’autorité de Dieu lui-même.
Danger d’éloigner le
chrétien de Christ pour le replacer dans la ruine de la chair
Pour l’apôtre qui connaissait Christ dans le ciel, tout ceci n’était qu’un appât
pour entraîner le chrétien loin de Christ et le replacer dans la ruine d’où
Christ l’avait tiré — ruine d’autant plus affreuse qu’on abandonnait ainsi un
Christ connu et glorifié, et qu’on retournait à ce qui avait été démontré
n’avoir aucune valeur à cause de la chair. [3:2] C’est pourquoi l’apôtre
n’épargne ni cette doctrine ni ceux qui l’enseignent.
Dureté de Paul envers
ceux qui ramènent au judaïsme, par son expérience de ses effets sur l’Assemblée
La gloire qu’il avait vue, ses combats avec les faux docteurs, l’état dans
lequel ceux-ci avaient plongé l’Assemblée, Jérusalem et Rome, sa liberté et sa
prison — tout lui avait fait acquérir l’expérience de ce que valait le judaïsme
pour l’Assemblée de Dieu. [3:2] Ce sont « des chiens », dit-il, que ces
docteurs, de mauvais ouvriers, c’est-à-dire des ouvriers de méchanceté et de
malice. Leur circoncision (faite de main) n’était pas la circoncision : Paul la
traite avec un profond mépris, et avec des paroles d’une dureté que légitimait
son amour pour l’Assemblée (car l’amour est dur pour ce qui, sans conscience,
corrompt les objets de cet amour) ; c’était « la concision ».
Dénonciation de la
fausse doctrine, avec la fermeté de l’amour
L’amour dénonce fortement le mal, sans douceur, à cause de ses conséquences
[3:2] Quand le mal sans honte et actif pour produire la ruine sous un honteux
semblant de religion est manifesté sous son vrai caractère, la douceur est un
crime contre les objets de l’amour de Christ. Si nous aimons Christ, le mal,
dans nos entretiens avec l’Assemblée, sera dénoncé en ce que nous lui donnerons
ouvertement le caractère qu’il voudrait cacher. Agir ainsi est le véritable
amour et la fidélité à Christ. Certes l’apôtre n’avait pas manqué de
condescendance pour les faibles à cet égard : il avait poussé cette
condescendance très loin : sa prison en était un témoignage ; et maintenant
l’Assemblée, privée de son énergie et de sa décision spirituelle et pleine
d’affection pour le bien, était plus en danger que jamais. L’expérience acquise
pendant toute une vie d’activité et la plus grande patience, des réflexions
faites pendant quatre années de prison, amenaient ces fortes et pressantes
paroles : « Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez
garde à la concision » (vers. 2). La doctrine de l’épître aux Éphésiens, les
exhortations de celle aux Colossiens, l’affection qui a dicté celle aux
Philippiens et la dénonciation contenue dans le passage que nous venons de citer
datent de la même époque et portent l’empreinte du même amour.
Dénonciation des faux
docteurs et puissance de l’Esprit qui en délivre en Christ
[3:2] Mais ici, il suffisait de dénoncer ces faux docteurs. Ailleurs, où ils
n’étaient pas bien connus, l’apôtre donne des détails, comme nous le voyons dans
ses instructions à Timothée, qui devait veiller encore sur l’Assemblée [(cf. 1
Tim. 1:7 et suiv.)] ; ici, il suffisait de donner leur caractère bien connu.
Tout ce qui judaïsait, tout ce qui travaillait à mêler la loi et l’Évangile, la
confiance dans les ordonnances et l’Esprit, était sans honte, malfaisant et
méprisable. [3:3] Mais l’apôtre s’occupe plutôt de ce qui était la puissance qui
en délivrait. « Nous sommes la circoncision », c’est-à-dire, nous sommes ce qui
est vraiment séparé du mal, ce qui est mort au péché et à la chair, nous qui
adorons Dieu, non avec les fausses prétentions des ordonnances, mais par la
puissance du Saint Esprit, spirituellement ; nous qui nous glorifions en Christ,
le Sauveur, et non pas dans la chair, dans laquelle au contraire nous n’avons
aucune confiance. Paul met Christ et l’Esprit en contraste avec la chair et
soi-même.
Ch. 3 v. 4-10 —
Changement en Paul après avoir vu Christ glorifié
Changement complet dans l’homme ayant devant lui Christ glorifié
Disparition de la justice selon l’homme devant la gloire de Christ manifestée
[3:4] Il pouvait bien, s’il le fallait, se vanter en tout ce qui tenait à la
chair : [3:5] tout ce qui était privilège judaïque, il le possédait au plus haut
degré ; [3:6] il avait dépassé tous les autres dans un saint zèle contre les
novateurs. [3:7] Mais une chose avait à elle seule tout changé : Paul avait vu
un Christ glorifié. Dès lors, tout ce qu’il possédait selon la chair était pour
lui une perte, plaçant quelque chose entre lui et le Christ de sa foi et de son
désir, le Christ qu’il connaissait. Et remarquez qu’ici ce ne sont pas les
péchés de la chair que Christ expie et abolit qui font le sujet de
l’animadversion de Paul : c’est la justice de la chair. La chair n’a point de
justice, peut-on dire ; mais lors même que l’apôtre eût possédé quelque justice
de la chair (comme de fait il en possédait extérieurement), il ne la voulait
pas, parce qu’il en avait vu une meilleure. En Christ qui lui était apparu sur
le chemin de Damas, il avait vu la justice divine pour l’homme, et la gloire
divine dans l’homme ; il avait vu un Christ glorifié qui reconnaissait les
pauvres et faibles membres de l’Assemblée comme étant une partie de lui-même.
Paul ne voulait que cela. [3:8] L’excellence de la connaissance du Christ Jésus,
son Seigneur, avait éclipsé et changé en perte tout ce qui n’était pas cela. Les
étoiles, comme les ténèbres, disparaissent devant le soleil. [3:9] La justice
légale, la justice de Paul, tout ce qui le rendait distingué parmi les hommes
disparaissait devant la justice de Dieu et la gloire de Christ.
Changement moral
complet en Paul, désirant gagner Christ et Le connaître
C’était pour Paul un changement complet dans tout son être moral. [3:7] Son gain
était maintenant une perte pour lui ; Christ était devenu son tout. Ce n’était
pas le mal qui disparaissait ; mais tout ce qui se rattachait à Paul comme
avantage pour la chair disparaissait ; c’était une autre personne que lui-même
qui lui était maintenant précieuse. Quel changement profond et radical dans tout
l’être moral de l’homme, quand l’homme cesse d’être le centre de sa propre
importance, et qu’un autre que lui-même, et qui est digne de l’être, devient le
centre de son existence morale — une personne divine, un homme qui avait
glorifié Dieu, en qui la gloire de Dieu brillait devant la foi, en qui la
justice de Dieu était réalisée, son amour et sa tendresse parfaitement révélés,
connus des hommes et exercés envers les hommes ! [3:8] C’était Celui-là que Paul
voulait gagner, posséder — car ici nous sommes toujours sur le chemin, dans le
désert — [3:9] il voulait être trouvé en Lui. « Afin que je gagne Christ »,
dit-il, « et que je sois trouvé en Lui » (vers. 8, 9). Deux choses étaient
devant sa foi, dans ce souhait : avoir la justice de Dieu Lui-même comme sienne
(en Christ, il la posséderait), [3:10] ensuite connaître Christ et la puissance
de sa résurrection — car il ne le connaissait que ressuscité — et avoir part,
selon cette puissance, aux souffrances de Christ, en étant rendu conforme à sa
mort.
La mort de Christ,
démonstration de Son amour selon la perfection de Sa vie
[3:10] C’était dans cette mort que l’amour parfait avait été démontré ; là avait
été posée la base parfaite de la justice divine et éternelle ; là, en pratique,
le dépouillement de soi était parfait, parfaitement manifesté en Christ, qui
était pour l’apôtre l’objet parfait que la foi saisissait et voulait selon le
nouvel homme. Christ avait passé par la mort selon la perfection de cette vie
dont la puissance était manifestée dans la résurrection.
Voir Christ dans la
gloire, et ses conséquences sur la marche pratique
Christ, unique objet du cœur de Paul, désirant Le connaître et Le gagner
[3:10] Paul, ayant vu cette perfection dans la gloire, et étant uni (faible en
lui-même) à Christ la source de cette puissance, désirait connaître la puissance
de sa résurrection pour pouvoir le suivre dans ses souffrances. Les
circonstances tenaient cette souffrance jusqu’à la mort, devant ses yeux ; son
cœur ne voyait, ne voulait voir que Christ, pour le suivre dans ce chemin. Si la
mort se rencontrait sur le chemin, il n’en serait que d’autant plus semblable à
Christ. [3:11] Peu lui importait ce qu’il lui en coûterait, si en quelque
manière que ce fût il pouvait y parvenir. L’énergie du cœur tendait ainsi tout
entière vers un unique objet. [3:10] C’est bien le connaître tel qu’il a été,
lorsqu’il a été complètement mis à l’épreuve, et ainsi connaître tout ce qu’il a
été, sa perfection dans l’amour, dans l’obéissance, dans le dévouement,
complètement manifestée ; [3:8] mais le but c’est de le gagner, lui, tel qu’il
est.
Connaître le chemin de
Christ pour Le suivre et y marcher avec Lui
[3:10] Ayant vu le Seigneur dans la gloire, l’apôtre comprenait le chemin qui
l’avait conduit là et la perfection de Christ dans ce chemin ; participant de sa
vie, il voulait réaliser sa force selon sa gloire pour le suivre, afin d’être là
où Jésus était, et dans la gloire avec lui. C’était agir selon ce que le
Seigneur a dit (Jean 12:23-26). Qui donc comme Paul avait saisi Christ par la
grâce de Dieu ? Remarquez ici la différence qu’il y a entre lui et Pierre.
Pierre dit de lui-même : « Moi qui suis… témoin des souffrances de Christ, qui
aussi ai part à la gloire qui va être révélée » (1 Pierre 5:1). Paul, témoin de
la gloire telle qu’elle est dans le ciel (« tel qu’Il est », dit Jean), désire
participer à ses souffrances. Or ces vérités à l’égard de Christ sont le
fondement spécial de la place de l’Assemblée, de la marche dans l’Esprit, selon
la révélation de la gloire de Christ. C’est ce qui, je n’en doute pas, fait dire
à Pierre que dans toutes les épîtres de Paul — qu’il reconnaît, du reste, comme
étant une partie des Écritures — il y a des choses difficiles à comprendre [(2
Pier. 3:16)]. Ceci retire complètement l’homme de tout l’ancien ordre de choses.
Ch. 3 v. 9-10 — Justice
de Dieu en Christ, et connaissance de Christ
Ayant donc vu Christ dans la gloire, il y avait deux choses pour Paul : [3:9] la
justice de Dieu en Christ, [3:10] et la connaissance de Christ. [3:9] La
première effaçait complètement tout ce dont la chair pouvait se vanter, savoir «
ma justice », la justice de l’homme d’après la loi : elle était la justice de
Dieu, laquelle est par la foi ; c’est-à-dire que l’homme n’est pour rien dans
celle-ci ; c’est la justice de Dieu : l’homme y a part en croyant, c’est-à-dire
par la foi au Christ Jésus. Celui qui croit a sa place devant Dieu en Christ,
dans la justice de Dieu lui-même, justice qu’il a manifestée en élevant Christ
dans la gloire, après s’être glorifié en lui. Quelle position ! Péché, justice
humaine, tout ce qui est de l’homme est exclu ; notre place étant selon la
perfection dans laquelle Christ, comme homme, a parfaitement glorifié Dieu. Mais
cette place est nécessairement la place de Celui qui a accompli cette œuvre
glorieuse. [3:10] Nous trouvons donc ici la seconde chose : le connaître lui,
Christ, dans sa personne et sa position actuelle1, est l’expression de notre
place : le connaître lui, c’est connaître notre position. Il est là selon la
justice divine. Être là comme Christ y est, c’est ce que la justice divine a
obtenu gratuitement mais nécessairement pour l’homme, pour nous, en Christ. Dès
lors, ayant vu la justice de Dieu en ce que Christ est là, je désire savoir ce
que c’est que d’être là : je veux connaître Christ. Mais, en réalité, ceci
embrasse tout ce que Christ a été dans l’accomplissement de l’œuvre elle-même.
La gloire me révèle la force qu’il a employée dans l’œuvre, et le résultat de
l’œuvre. Ce qu’il a souffert est l’œuvre dans laquelle il a glorifié Dieu, de
sorte que la justice divine a été accomplie par son exaltation comme homme dans
la gloire divine. Or ici, amour divin, dévouement complet à la gloire de son
Père, obéissance constante et parfaite, tout endurer pour rendre témoignage de
l’amour de son Père envers les hommes, patience parfaite, souffrances
insondables pour que l’amour fût et possible et parfait pour les pécheurs ; en
un mot, tout ce que Christ a été et qui se rattache à sa personne, tout cela
fait de cette personne un objet qui gouverne, possède, délivre et fortifie le
cœur, par la puissance de sa grâce, agissant dans la nouvelle vie dans laquelle
nous sommes unis à lui par le lien indestructible de l’Esprit : grâce par
laquelle il devient le seul objet qui soit devant nos yeux.
1 Non point, cela va sans dire, quant à sa séance à la droite de Dieu — ceci est personnel.
Contraste de ce que
Paul désire avec les disciples ou le jeune homme de Marc 10
[3:8] Ainsi Paul veut avoir ce que Christ peut donner, sa coupe et son baptême
[(Marc 10:38-39)], et laisser au Père ce que Christ lui a laissé, la
distribution des places dans le royaume[(Marc 10;40)] ; il ne désire pas, comme
Jean et Jacques, être assis à la droite ou à la gauche du Seigneur [(Marc 10:35,
37)], c’est-à-dire avoir une bonne place pour lui-même : il désire Christ ; il
veut gagner Christ. Il ne suit pas Christ en tremblant comme les disciples dans
ce même chapitre 10 de Marc [(v. 32)] ; [3:10] il désire souffrir, non pas que
la souffrance soit en elle-même l’objet de ses désirs ; mais son désir est
d’avoir part aux souffrances de Christ. Aussi, au lieu de s’éloigner, comme le
jeune homme dont Marc nous parle dans le même chapitre, parce qu’il possédait
beaucoup de ce dont la chair peut jouir [(Marc 10:22)], et de s’en tenir, comme
lui, à la loi pour acquérir la justice [(Marc 10:19-20)], [3:9] Paul renonce à
cette justice qu’il avait eue comme le jeune homme. [3:8] Tout ce qu’il avait
alors n’était pour lui que des ordures.
Ch. 3 v. 11-14 — La
résurrection, but céleste de la course
Ch. 3 v. 11 — Paul désire avoir part à la résurrection comme Christ
Paul désire une part avec Christ glorifié, par la résurrection
Ici donc nous trouvons l’expérience pratique et personnelle du grand principe
que l’apôtre a exposé dans d’autres épîtres, savoir que nous avons part à un
Christ glorifié. [3:11] Aussi, Paul, en parlant du résultat quant à lui-même,
parle de sa propre résurrection conformément au caractère de la résurrection de
Christ. Il ne contemple pas ici ce dont Pierre parle, comme nous l’avons vu,
savoir de participer à la gloire qui sera révélée [(1 Pier. 5:1)] ; il s’attache
à ce qui précède la manifestation de la gloire. Paul ayant vu Christ dans la
gloire, selon la puissance de sa résurrection, désire avoir part à ce qu’il a vu
ainsi ; et c’est la force de cette expression : « si en quelque manière ». Il
voulait avoir part à la résurrection d’entre les morts — s’il fallait, comme
Christ, passer par la mort pour y arriver, lui aussi voulait passer par la mort,
coûte que coûte, quelque pénible qu’elle fût — et la mort était à ce moment
devant ses yeux avec ses terreurs humaines : il voulait avoir une pleine part
avec Christ.
Caractère de la
résurrection : sorti de la mort et d'entre les morts pour Dieu, comme Christ
[3:11] Or le caractère de la résurrection dont l’apôtre parle est clairement
indiqué : ce n’est pas simplement la résurrection des morts, mais une
résurrection d’entre les morts. Une telle résurrection signifie qu’on sort, par
la faveur et par la puissance de Dieu (pour ce qui regarde Christ, et en ce qui
nous concerne, à cause de Christ, en vertu de la justice de Dieu), de l’état du
mal dans lequel le péché avait plongé l’homme. On quitte les morts après avoir
été mort dans les péchés, et maintenant mort au péché ; on quitte les morts par
la faveur, la puissance et la justice de Dieu. Quelle grâce, et quelle
différence ! En suivant Christ selon la volonté de Dieu, dans la position où
Dieu nous a placés, nous avons part à la résurrection de Christ. Il y a la même
abnégation de soi-même à se contenter de la position la plus basse, si Dieu nous
l’a donnée, qu’à travailler dans la plus élevée : le secret de l’une et de
l’autre est que Christ soit tout et que nous-mêmes nous ne soyons rien. Or,
cette pensée d’avoir une part avec Christ est une pensée pleine de paix et de
joie, et qui remplit le cœur d’amour pour lui. Joyeuse et glorieuse espérance
qui brille devant nos yeux en Christ, et dans ce précieux Sauveur glorifié !
Objets de la faveur divine en lui, nous quittons, parce que l’œil de Dieu est
sur nous, parce que nous sommes à lui, la demeure de la mort qui ne peut pas
retenir ceux qui sont siens, parce que la gloire et l’amour de Dieu
s’intéressent à nous : Christ est l’exemple et le modèle de notre résurrection.
Le principe (Rom. 8) et l’assurance de notre résurrection sont en Lui. Le chemin
qui nous y conduit est celui que l’apôtre nous trace ici.
Ch. 3 v. 11-14 — Course
vers la perfection, le but céleste, ayant Christ en vue
[3:11] Or, puisque la résurrection et la ressemblance à Christ dans la gloire
étaient le but de l’espérance de l’apôtre, [3:12] il est très évident qu’il n’y
était pas parvenu. Si c’était là sa perfection, il ne pouvait pas encore être
parfait. Il était, nous l’avons dit, sur le chemin ; mais Christ l’avait pris
pour cela, et il courait en avant pour saisir le prix, sachant que Christ
l’avait saisi pour qu’il en jouisse. [3:13] Non, je ne pense pas avoir atteint
le but, répète-t-il à ses frères ; [3:14] mais il pouvait dire une chose au
moins : il oubliait tout ce qui était derrière lui et courait avec effort dans
la direction du but, le gardant toujours en vue, pour obtenir le prix de la
vocation de Dieu qui se trouve dans le ciel. Heureux chrétien ! C’est beaucoup
que de ne jamais perdre de vue le but céleste, de ne jamais avoir le cœur
partagé, de ne penser qu’à une chose, d’agir et de penser toujours selon
l’énergie positive qu’opère le Saint Esprit dans le nouvel homme en le dirigeant
vers ce seul et céleste but. Ce n’est pas ses péchés proprement que Paul dit ici
qu’il oublie ; il oublie son progrès, ses avantages, tout ce qui était déjà
derrière lui. Ce qui l’animait n’était pas seulement l’énergie de la première
impulsion : il tenait toujours toutes choses pour des ordures, parce qu’il avait
toujours Christ en vue [(3:8)]. C’est la vraie vie chrétienne. Quel triste
moment pour Rebecca si, au milieu du désert avec Éliézer, elle avait oublié
Isaac et avait recommencé à penser à Béthuel et à la maison paternelle. S’il en
avait été ainsi, qu’aurait-elle eu à faire dans le désert avec Éliézer ?
Ch. 3 v. 15-21 — Vie et
marche chrétiennes selon ces caractères
Ch. 3 v. 15-17 — Exemple de Paul comme homme dans cette marche
Ch. 3 v. 15-16 — Paul, exemple d’un homme parfait en Christ, Jésus Lui-même
ayant un caractère particulier
Telles sont la vraie vie et la position chrétiennes. Comme Israël, bien
qu’étant, par le sang, gardé de l’ange du jugement, n’était à sa vraie place
qu’au-delà de la mer Rouge, un peuple affranchi, et sur le chemin de Canaan, car
il appartenait à Dieu ; [3:15] ainsi le chrétien, jusqu’à ce qu’il comprenne la
nouvelle position que Christ a prise comme ressuscité d’entre les morts, n’est
pas spirituellement à sa vraie place, n’est pas parfait, ou homme fait en
Christ. Non pas, certes, que lorsqu’il a compris la place que la rédemption lui
a donnée, il doive mépriser les autres. S’ils avaient « un autre sentiment »,
dit l’apôtre, Dieu leur révélerait la plénitude de la vérité ; [3:16] et tous
devaient marcher ensemble, n’ayant qu’une seule pensée, dans les choses
auxquelles ils étaient parvenus (vers. 15-16). Là où l’œil est net, il en sera
toujours ainsi ; [3:15] plusieurs, sans doute, étaient d’un autre esprit ; mais
l’apôtre leur fournissait lui-même un exemple. C’était beaucoup dire. Pendant la
vie de Jésus, la puissance particulière de cette vie de résurrection ne pouvait
être de la même manière ; et de plus, Jésus marchait ici-bas dans la conscience
de ce qu’il était avec son Père avant que le monde fût [(Jean 17:5)] ; de sorte
que, bien qu’il endurât la croix à cause de la joie qui était devant lui [(Héb.
12:2)], et que sa vie fût le modèle parfait de l’homme céleste, il jouissait
d’un repos, d’une communion qui, quoiqu’ils nous instruisent (car le Père nous
aime comme il aimait Jésus, et Jésus aussi nous aime comme le Père l’a aimé),
ont un caractère tout particulier : ce n’est pas l’énergie de quelqu’un qui doit
courir pour atteindre ce qu’il n’a jamais encore possédé [(3:13-14)] ; Jésus
parlait de ce qu’il connaissait et rendait témoignage de ce qu’il avait vu
[(Jean 3:11)], de ce qu’il avait quitté par amour pour nous, Lui le Fils de
l’homme qui était dans le ciel [(Jean 3:13)].
Ch. 3 v. 17 — Paul,
exemple pour les chrétiens, contrastant avec Jean et Pierre
Jean entre plus que Paul dans ce caractère de Christ ; ainsi, dans l’épître du
disciple bien-aimé, ce que Jésus est dans sa nature et dans son caractère est
plus développé que ce que nous serons avec lui dans la gloire. Pierre, bâtissant
sur le même fondement que les autres, attend néanmoins ce qui sera révélé : son
pèlerinage est bien dirigé vers les cieux, pour avoir un trésor qui y est
conservé, qui sera révélé au dernier temps, mais il est rattaché plutôt à ce qui
était déjà révélé [(1 Pier. 1:4-5)]. L’étoile du matin en vertu de laquelle Paul
vivait ne paraissait qu’à l’extrême horizon du point de vue de Pierre, pour qui
la vie pratique était celle de Jésus au milieu des Juifs. [3:17] Pierre ne
pouvait pas dire comme Paul : « Soyez… mes imitateurs » (vers. 17). L’effet de
la révélation faite à Paul, de la gloire céleste de Jésus, de la gloire dans
laquelle Jésus se trouve entre son départ et sa future apparition, et de l’union
de tous les chrétiens dans le ciel, se réalisait pleinement dans le seul apôtre
qui en avait reçu la révélation. Fidèle, par la grâce, à cette révélation,
n’ayant pas d’autre objet qui dirige ses pas ou partage son cœur, Paul se
donnait pour exemple. Il suivait bien Christ, mais la forme de sa vie était
toute particulière à cause de la manière dont Dieu l’avait appelé ; et c’est de
cette manière que les chrétiens qui jouissent de cette révélation doivent
marcher.
Aussi Paul parle-t-il d’une administration qui lui est confiée (Col. 1:25 ; Éph. 3:2).
Ch. 3 v. 18-21 —
Pensées et marche célestes ou terrestres
Ch. 3 v. 17-19 — But céleste constant de l’apôtre, et abaissement de l’état
spirituel général
Le but de Paul n’était pas de détourner de Christ les yeux des Philippiens ; il
insiste, au contraire, sur la nécessité d’avoir le regard constamment fixé sur
Lui : [3:17] c’est ce qui caractérise l’apôtre, et c’est en cela qu’il se donne
pour exemple. Mais le caractère de ce regard était spécial : le Christ qui
préoccupait Paul n’était pas un Christ connu sur la terre, mais un Christ
glorifié qu’il avait vu dans le ciel. [3:14] Courir toujours vers ce but, voilà
ce qui caractérisait sa vie, comme cette même gloire de Christ — témoignage de
la justice de Dieu révélée en notre faveur et de la position de l’Assemblée —
faisait la base de sa doctrine. [3:17] C’est pourquoi il peut dire : « Soyez…
mes imitateurs ». Il ne détournait pas sa vue du céleste Christ qui avait
resplendi devant ses yeux, et qui resplendissait encore devant sa foi. Les
Philippiens devaient marcher ensemble ainsi, et porter leurs regards sur ceux
qui suivaient l’exemple de l’apôtre, [3:18] puisque plusieurs (car il s’agit,
nous le voyons, d’un temps où l’Assemblée dans son ensemble s’était bien
éloignée de son premier amour et de son état normal), puisque plusieurs, dis-je,
qui portaient le nom de Christ, et qui avaient donné bon espoir, de sorte que
l’apôtre parlait d’eux en pleurant, étaient des ennemis de la croix de Christ ;
car la croix sur la terre, dans notre vie, répond à la gloire céleste en haut.
Il ne s’agit pas ici de l’assemblée de Philippes, mais de l’état de l’Assemblée
extérieure et universelle. [3:19] Déjà beaucoup de gens se donnaient pour
chrétiens, qui unissaient à ce beau nom une vie qui avait la terre et les choses
terrestres pour but. L’apôtre ne reconnaissait pas ces personnes. Il y en avait
de telles ; leur état n’était pas une affaire de discipline locale, mais un état
de la chrétienté, dans laquelle tous même cherchaient leur propre intérêt
[(2:21)], où la spiritualité était ainsi abaissée, le Christ de gloire peu
réalisé, et où plusieurs pouvaient — sans avoir la vie du tout — marcher sans
être découverts par ceux qui avaient eux-mêmes si peu de cette vie et qui ne
marchaient guère mieux qu’eux. Il ne paraît pas que ceux qui avaient leurs
pensées aux choses terrestres aient fait des choses mauvaises qui exigent une
discipline publique. L’abaissement général de la spiritualité des vrais
chrétiens laissait les autres libres de marcher avec eux ; et la présence de ces
derniers ravalait davantage encore la mesure de la piété et de la vie.
Fixer les yeux sur un
Christ glorieux, seul principe moral pour le fidèle
Mais cet état de choses n’échappait pas à l’œil spirituel de l’apôtre ; son
regard fixé sur la gloire discernait facilement et clairement tout ce qui
n’avait pas cette gloire pour mobile : et l’Esprit nous a donné le jugement
divin sur cet état de choses, jugement si sérieux et si solennel. Sans doute,
cet état de choses a énormément empiré depuis lors, et ses éléments se sont
développés et établis dans des proportions et d’une manière bien autrement
caractéristiques ; mais les principes moraux de la marche restent toujours les
mêmes pour l’Assemblée. Le même mal existe toujours, et le chrétien doit
l’éviter ; le moyen aussi, qui seul est efficace pour marcher ainsi, subsiste
encore ; le même précieux exemple à suivre demeure, le même Sauveur céleste,
objet éclatant devant les yeux de la foi, la même vie à vivre, si nous voulons
être vraiment chrétiens.
Ch. 3 v. 20-21 —
Attente du chrétien : être dans la gloire, semblable à Christ
[3:19] Ce qui caractérisait les personnes professant le nom de Christ, dont il
est ici question, c’était qu’elles avaient leur cœur aux choses terrestres :
ainsi la croix n’avait pas pour elles sa force pratique ; en réaliser la force
aurait été une contradiction de toute leur marche. Aussi leur fin était la
destruction. [3:20] Le vrai chrétien n’est pas ainsi : sa bourgeoisie est dans
les cieux et non sur la terre ; sa vie morale se passe dans les cieux ; ses
vraies relations sont là : de là, il attend Christ comme Sauveur ; [3:21] il
l’attend pour être délivré de la terre, de ce système éloigné de Dieu qui
l’entoure ici-bas ; car le salut est toujours envisagé, dans l’épître qui nous
occupe, comme résultat final du combat, résultat dû à la toute-puissance du
Seigneur. Alors, quand Jésus viendra pour prendre l’Assemblée à lui, les
chrétiens, vraiment célestes, lui seront semblables dans sa gloire céleste, et
cette ressemblance est l’objet de leur poursuite en tout temps (comp. 1 Jean
3:2). Christ accomplira cette œuvre en eux en transformant leur corps
d’humiliation à la ressemblance de son corps glorieux, selon le pouvoir qu’il a
de s’assujettir toutes choses. Alors l’apôtre et tous les chrétiens auront
atteint le but — la résurrection d’entre les morts [(3:11)] !
Résumé du chapitre 3 :
Désir de gagner Christ glorifié, et ressemblance à Lui dans la marche
Tel est l’ensemble de ce chapitre. [3:8] Christ vu dans la gloire est la source
de l’énergie pour la vie chrétienne, l’objet étant de gagner Christ, de sorte
que tout le reste est une perte ; [3:10] d’autre part, Christ s’anéantissant
lui-même est la source de la grâce chrétienne déployée dans la marche : ce sont
là les deux parties de la vie chrétienne que nous sacrifions trop facilement
l’une à l’autre, ou du moins si nous visons à l’une nous oublions souvent
l’autre. Toutes deux brillent avec éclat chez Paul. Le chapitre suivant parle de
la supériorité aux circonstances. Cette supériorité est aussi l’expérience et
l’état de l’apôtre ; car on remarquera que c’est l’expérience personnelle de
Paul qui est décrite dans le résumé de toute sa conduite (humainement parlant)
sans reproche, et non la perfection [(3:5-6)]. [3:21] Pour la perfection, la
seule mesure est la ressemblance à Christ dans la gloire. Au sujet de ce
troisième chapitre, plusieurs ont demandé si le but dont l’apôtre s’occupe était
une assimilation spirituelle à Christ ici-bas, ou une assimilation complète à
lui dans la gloire. C’est oublier un peu la portée de ce que dit l’apôtre,
savoir, [3:10-11] que la vue et le désir de la gloire céleste, [3:12] le désir
de posséder Christ lui-même ainsi glorifié, est ce qui forme le cœur ici-bas. Le
chrétien ne peut trouver en lui-même un objet ici-bas, puisque Christ est en
haut : avoir quoi que ce soit ici-bas comme objet serait séparer le cœur de
l’objet [3:21] qui le forme à sa propre ressemblance. [3:13] Mais, quoique nous
n’atteignions jamais le but ici-bas, [3:12] parce que le but est un Christ
glorifié [3:11] et la résurrection d’entre les morts, [3:10] la poursuite de ce
but nous rend néanmoins toujours plus semblables à lui. Le but dans la gloire
forme la vie qui répond ici-bas à ce but. Si une lumière est placée au bout
d’une longue allée droite, je n’ai jamais la lumière elle-même, avant d’être
arrivé au bout de l’allée : mais à mesure que je vais en avant, j’ai toujours
plus de lumière ; je connais mieux cette lumière, je suis moi-même davantage
dans la lumière. Ainsi en est-il à l’égard d’un Christ glorifié, et telle est la
vie chrétienne (comp. 2 Cor. 3).
Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-3 — Fermeté et travail par la grâce, dans la marche ici-bas
Ch. 4 v. 1 — Demeurer ferme dans le Seigneur, en ayant les yeux sur Lui
Conséquences difficiles de la fermeté, même parmi les saints
[4:1] Ainsi, les Philippiens devaient donc demeurer fermes dans le Seigneur.
C’est une chose difficile lorsque la mesure spirituelle de la vie chrétienne a
universellement baissé ; c’est une chose pénible aussi ; car en demeurant
fidèle, on s’isole beaucoup et les cœurs des autres sont gênés. Mais l’Esprit
nous a donné très clairement l’exemple, le principe, le caractère de cette
marche et la force nécessaire pour la suivre. Si on a les yeux sur Christ, tout
est facile : sa communion donne de la clarté et de la certitude, et vaut tout le
reste, tout ce que, peut-être, nous perdons.
Douceur de Paul sur ce
sujet, en contraste avec celui des faux docteurs
Cependant l’apôtre parle avec douceur de ces personnes ; elles n’étaient pas
pour son cœur comme les faux docteurs judaïsants, qui corrompaient les sources
de la vie et barraient le chemin qui conduit l’âme à la communion de Dieu en
amour. Les premiers avaient perdu la vie de communion ou n’en avaient jamais eu
que l’apparence. Paul les pleurait [(3:18-19)].
Ch. 4 v. 2-3 — Pensée
de Paul pour tous ceux qui travaillent pour Christ
Je pense que l’apôtre avait envoyé sa lettre aux Philippiens par Épaphrodite
[(2:28)], qui aussi, il est probable, avait écrit cette lettre sous sa dictée ;
Paul ayant dicté toutes ses épîtres, sauf celle aux Galates, qu’il a écrite de
sa propre main, ainsi qu’il nous le dit lui-même [(Gal. 6:11)]. [4:3] Quand donc
l’apôtre dit : mon « vrai [ou fidèle] compagnon de travail » (chap. 4:3), il
parle, je le pense, d’Épaphrodite, et s’adresse à lui. [4:2] Mais il pense aussi
à deux sœurs qui n’étaient pas d’accord pour résister à l’Ennemi. Il voulait de
toute manière qu’il y ait unité de cœur et d’esprit ; [4:3] il prie Épaphrodite
(si c’est bien de lui qu’il est question ici), comme ouvrier du Seigneur,
d’aider ces femmes fidèles qui avaient travaillé de concert avec Paul pour
propager l’Évangile. Peut-être Évodie et Syntyche étaient-elles de ce nombre.
L’enchaînement des pensées le fait supposer. L’activité de ces deux femmes,
ayant dépassé la mesure de leur vie spirituelle, se trahissait en des mouvements
de volonté propre qui les mettaient en désaccord l’une avec l’autre. Cependant
elles ne sont pas oubliées à côté de Clément et d’autres coouvriers de l’apôtre
lui-même, dont les noms sont dans le livre de vie ; car l’amour du Seigneur se
souvient de tout ce que fait sa grâce, et cette grâce a une place pour chacun de
ceux qui lui appartiennent.
Ch. 4 v. 4-9 — Marche
pratique ici-bas, selon notre vocation céleste
Ch. 4 v. 4 — Christ, source immuable de joie pour le fidèle, même dans les
difficultés
[4:4] L’apôtre revient maintenant aux exhortations pratiques, adressées aux
fidèles pour leur vie ordinaire, afin qu’ils marchassent selon leur vocation
céleste. « Réjouissez-vous… dans le Seigneur », leur dit-il (vers. 4). [3:18]
S’il pleure même sur un grand nombre qui se disent chrétiens, [4:4] il se
réjouit néanmoins toujours dans le Seigneur : en Lui se trouve ce que rien ne
peut changer. L’état du cœur de Paul en présence des sujets de tristesse n’est
pas un état d’indifférence qui empêche de pleurer, mais il y a pour lui une
source de joie qui ne fait qu’augmenter dans la détresse, à cause de son
immutabilité, et qui devient toujours plus pure dans le cœur, en devenant
toujours plus sa seule joie ; et elle est en soi la seule source de joie
infiniment pure. Quand elle est notre seule source, la conséquence en est que
nous aimons les autres. Si nous les aimons à part de lui, nous perdons quelque
chose de lui. Lorsque le cœur est sevré de toute autre source de joie par les
exercices qu’il traverse, la joie en Christ demeure dans toute sa pureté, et
l’intérêt que nous portons aux chrétiens participe à cette pureté d’affection.
Rien non plus ne trouble cette joie, parce que Christ ne change pas : plus il
est connu, mieux nous savons jouir de ce qui ne fait que grandir par sa
connaissance. Mais l’apôtre exhorte les chrétiens à se réjouir : c’est leur
témoignage à la valeur de Christ, c’est leur vraie portion. Quatre ans de prison
enchaîné à un soldat ne l’avaient pas empêché de se réjouir, ni de pouvoir en
exhorter d’autres dans des circonstances plus faciles que les siennes.
Ch. 4 v. 5-6 — Douceur
et tranquillité en jouissant de Christ seul
[4:5] Or la même chose rend les chrétiens modérés et doux ; les passions, quand
on jouit de Christ, ne s’excitant pas dans la recherche d’autres choses. [4:6]
D’ailleurs, Christ est près. Encore un peu de temps, et tout ce pour quoi
l’homme s’agite cédera la place à Celui dont la présence tient la volonté en
bride (ou plutôt la met de côté) et remplit le cœur ; en attendant qu’Il vienne,
on ne s’inquiète pas des choses d’ici-bas. Quand il viendra, nous serons occupés
d’autre chose que de ce pauvre monde.
Ch. 4 v. 6-7 —
Confiance en exposant tous nos soucis à Dieu, et paix qui en découle
[4:5] Non seulement la volonté et les passions doivent être bridées et se taire,
[4:6] mais les soucis pareillement. Nous sommes en relation avec Dieu. Il est
notre refuge en tout. Or les événements n’inquiètent pas Dieu. Il connaît la fin
de toutes choses depuis le commencement ; il sait tout, et le sait d’avance. Les
événements n’ébranlent ni son trône, ni son cœur ; ils accomplissent toujours
ses desseins. Mais Dieu est amour pour nous ; nous sommes par la grâce les
objets de ses tendres soins ; il nous entend et incline son oreille pour nous
écouter. En toutes choses donc, au lieu de nous inquiéter et de peser les choses
dans nos propres cœurs, nous devons présenter nos requêtes à Dieu avec prière,
avec supplication, avec un cœur qui se met à nu ; car nous sommes des êtres
humains, mais connaissant le cœur de Dieu, qui nous aime parfaitement : de sorte
qu’en demandant même, nous pouvons déjà rendre grâces, parce que nous sommes
sûrs de la réponse de sa grâce, quelle qu’elle soit ; ce sont nos propres
requêtes aussi que nous devons lui présenter. Et ce n’est point là un froid
commandement de découvrir quelle est sa volonté et puis de venir : nous devons
aller porter nos requêtes. [4:7] C’est pourquoi, il n’est pas dit : Vous aurez
ce que vous demandez, mais : La paix de Dieu gardera vos cœurs. C’est avoir
confiance ; et sa paix, la paix de Dieu lui-même, gardera nos cœurs. L’apôtre ne
dit pas que nos cœurs garderont la paix de Dieu, mais lorsque nous avons jeté
notre fardeau sur Celui dont rien ne peut troubler la paix, sa paix garde nos
cœurs. Notre trouble est devant lui, et la paix constante du Dieu d’amour, qui
se charge de tout et sait tout d’avance, tranquillise notre cœur déchargé et
nous communique la paix qui est en lui. Et cette paix, en effet, surpasse toute
intelligence (ou du moins par elle il garde nos cœurs), comme lui-même il
surpasse toutes les circonstances qui peuvent nous inquiéter, et le pauvre cœur
de l’homme qui s’en inquiète. Oh ! quelle grâce que nos soucis mêmes fassent que
nous soyons remplis de cette merveilleuse paix, si nous savons les apporter au
Dieu qui est fidèle. [4:6] Qu’il nous soit donné de savoir bien maintenir ces
entretiens avec Dieu et leur réalité, afin qu’il y ait beaucoup de communication
entre nos âmes et lui, et que nous connaissions ses voies à l’égard des
croyants.
Ch. 4 v. 8-9 —
Communion avec Dieu dans la marche, dans tout ce qui est bon
[4:8] Au reste, le chrétien, quoique marchant au milieu du mal et des épreuves,
ainsi que nous l’avons vu, doit s’occuper de tout ce qui est bon ; il doit vivre
dans cette atmosphère, de sorte que son cœur soit pénétré de son influence et
qu’il soit habituellement là où Dieu peut se trouver. Cet avertissement est de
la plus haute importance. On peut s’occuper du mal pour le condamner, et l’on
peut avoir raison, mais ce n’est pas là avoir communion avec Dieu dans ce qui
est bon. Mais quand on est occupé par sa grâce de ce qui est bon, de ce qui
vient de lui, [4:9] le Dieu de paix lui-même est là présent. [4:7] Dans les
détresses nous aurons ainsi la paix de Dieu ; [4:9] dans notre vie ordinaire, le
Dieu de paix, si cette vie est celle dont Paul était l’exemple pratique [(3:17)]
; quant à leur marche, en le suivant, dans ce qu’ils avaient appris, entendu de
lui, et vu de lui, les Philippiens trouveraient ainsi Dieu avec eux.
Ch. 4 v. 10-20 —
Expérience de ce qu’est Dieu en toutes circonstances
Ch. 4 v. 10-18 — Joie dans la libéralité des fidèles, comme fruit pour Dieu, et
non pour Paul
[4:10] Cependant, quoique telle fût son expérience, Paul se réjouissait beaucoup
de ce que les soins affectueux des chrétiens de Philippes pour lui avaient
refleuri. [4:11] Il pouvait bien, quant à lui, se réfugier auprès du Seigneur ;
[4:10] mais il lui était doux dans le Seigneur d’avoir ce témoignage d’affection
de la part des Philippiens. Il paraît que l’apôtre avait été dans le besoin,
mais ce besoin même était devenu pour lui l’occasion d’une confiance plus
complète en Dieu. On peut le supposer par ses paroles ; mais, ajoute-t-il avec
une grande délicatesse, il ne voulait pas, en disant que les soins des
Philippiens pour lui avaient refleuri maintenant enfin, faire supposer qu’ils
l’avaient oublié. Ces soins étaient dans leurs cœurs, seulement, l’occasion
d’exprimer leur amour avait manqué. [4:11] Aussi Paul ne parlait-il pas eu égard
à ses besoins ; il avait appris — et c’était le résultat béni de ses expériences
que nous trouvons ici — à se contenter de tout et ainsi à ne dépendre de
personne : [4:12] il savait être abaissé, il savait être dans l’abondance ; de
toute manière il était instruit à être rassasié et à avoir faim, à être dans
l’abondance et dans la pénurie ; [4:13] il pouvait tout par Celui qui le
fortifiait. Douce et précieuse expérience ! non seulement parce qu’elle rend
capable de faire face à toutes les circonstances — ce qui est d’un grand prix —
mais parce que le Seigneur est connu comme l’ami constant, fidèle et puissant,
du cœur. La pensée que l’apôtre veut exprimer n’est pas : « je puis toutes
choses », mais « je puis toutes choses en celui qui me fortifie ». Il parle
d’une force continuelle découlant d’une relation avec Christ et de rapports avec
lui entretenus dans le cœur. Il ne dit pas non plus seulement : « on peut toutes
choses » — cela est vrai ; mais Paul l’avait appris en pratique ; il savait de
quoi il pouvait être assuré et à quoi s’en tenir — sur quel terrain il était
maintenant. Christ lui avait été toujours fidèle, l’avait fait passer par tant
de difficultés et de moments prospères, que Paul avait appris à se confier en
lui, et non dans les circonstances. Or, Lui restait le même. [4:14] Toutefois,
les Philippiens avaient bien fait (vers. 14) ; aussi ce qu’ils avaient fait
n’était pas oublié par Paul. [4:15] Dès le commencement, Dieu leur avait fait
cette grâce, et ils avaient suppléé aux besoins de son serviteur, [4:16] même
quand il n’était pas avec eux. Il s’en souvenait avec affection ; [4:17] non
qu’il recherchât un don, mais il recherchait du fruit à leur propre profit.
[4:18] « Or j’ai amplement de tout », dit-il, son cœur revenant à la simple
expression de son amour ; « je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant
reçu d’Épaphrodite ce qui m’a été envoyé de votre part…, un parfum de bonne
odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (vers. 18).
Ch. 4 v. 19-20 —
Connaissance de Dieu par l’expérience, et repos en Lui
[4:19] Le cœur de l’apôtre se reposait en Dieu ; son assurance à l’égard des
Philippiens l’exprime. Mon Dieu, dit-il, suppléera à tous vos besoins, richement
: il ne souhaite pas que Dieu le fasse : il avait appris ce qu’était ce Dieu,
par sa propre expérience. Mon Dieu, dit-il, Celui que j’ai appris à connaître
dans toutes les circonstances par lesquelles j’ai passé, vous comblera de tous
les biens. Et ici Paul revient au caractère de Dieu tel qu’il l’avait connu.
Dieu agirait ainsi à l’égard des Philippiens selon ses richesses en gloire par
le Christ Jésus. C’était dans la gloire que Paul avait appris à le connaître au
commencement : tel il l’avait connu tout le long de son chemin varié, plein
d’épreuves d’ici-bas, et de joie d’en haut. [4:20] Aussi c’est en unissant les
Philippiens à lui-même dans cette confiance que l’apôtre termine l’épître : « Or
à notre Dieu et Père (car tel était Dieu, pour les Philippiens aussi) soit la
gloire aux siècles des siècles ! » (vers. 20). Il applique aux Philippiens ses
propres expériences de ce que Dieu était pour lui, et de la fidélité de Christ ;
c’est ce qui satisfaisait son amour et lui donnait du repos à leur égard. C’est
là une consolation quand on pense à l’Assemblée de Dieu.
Conclusion de l’épître
Ch. 4 v. 21-22 — Salutations pour les Philippiens
[4:21] Paul envoie aux Philippiens les salutations des frères qui sont avec lui
[4:22] et celles des saints en général, et en particulier de ceux de la maison
de César : car là même Dieu avait trouvé des âmes dociles par la grâce à la voix
de son amour.
[4:22] Il termine l’épître par la salutation qui servait de garantie dans toutes ses épîtres, qu’elles étaient bien de lui.
Expérience normale du
chrétien dans sa marche
Confiance en Dieu même dans la ruine
L’état des assemblées de nos jours, l’état des enfants de Dieu dispersés de
nouveau, souvent comme des brebis sans berger, est bien autrement un état de
ruine que ne l’était celui des assemblées à l’époque où l’apôtre écrivait : mais
cela ne rend que plus précieuse l’expérience de l’apôtre, dont Dieu a bien voulu
nous donner le tableau dans cette épître ; expérience d’un cœur qui se confiait
en Dieu seul et appliquait cette expérience à l’état des âmes privées des
ressources naturelles qui se rattachaient au corps organisé de Christ tel que
Dieu l’avait formé sur la terre. L’ensemble de l’épître présente l’expérience
chrétienne normale, c’est-à-dire la supériorité que donne la marche selon
l’Esprit sur tout ce que nous avons à traverser. Il est remarquable que le péché
ne s’y trouve pas mentionné, ni la chair non plus, si ce n’est pour dire que
l’apôtre n’avait pas confiance en elle [(3:3)].
Supériorité de la
marche par l’Esprit, sans même mention du péché
Il avait lui-même alors une écharde pour la chair [(2 Cor. 12:7)] ; mais
l’expérience normale du chrétien consiste à marcher selon l’Esprit au-dessus et
à l’abri de tout ce qui peut mettre la chair en activité.
Sujets des différents
chapitres de l’épître
Le lecteur remarquera que le chapitre 3 place la gloire devant le chrétien et
présente l’énergie de la vie chrétienne ; au chapitre 2 nous trouvons
l’anéantissement et l’abaissement de Christ [(v. 7-8)], dont les résultats se
voient dans un esprit de grâce chez le chrétien, et dans les égards pour les
autres, tandis que le dernier chapitre nous donne une supériorité sur toutes les
circonstances, laquelle est pleine de bénédictions.
Commentaire entier
John Nelson Darby