Introduction aux livres
des petits Prophètes
1. Sujets traités par les livres prophétiques
Grandes catégories de sujets, liés souvent à la date de la prophétie
Avant d’entrer dans l’examen particulier des petits prophètes, je saisirai
l’occasion que nous fournit leur étude, pour faire quelques remarques sur les
livres prophétiques en général, au point de vue des sujets qu’ils traitent. On
peut, sous ce rapport, classer ces livres en quatre catégories principales, et
remarquer que leur sujet se lie souvent à leur date :
Prise de Jérusalem et
ses conséquences
1° Ceux qui parlent de la grande crise de la prise de Jérusalem et de ses
conséquences : ce sont Jérémie, Ézéchiel, Daniel, tous les grands prophètes,
sauf Ésaïe. Cet événement, en effet, a changé le gouvernement du monde et mis de
côté, en jugement, le peuple élu. Je place Daniel dans cette catégorie, bien que
son thème principal soit les conséquences de la prise de la ville sous la
domination des gentils, jusqu’à la venue du Seigneur, parce que tout en parlant
des gentils, il le fait en rapport avec la substitution de la monarchie des
gentils à celle de Dieu en Israël, et en vue du sort de ce peuple.
Gouvernement des
gentils
2° Ceux qui s’occupent du gouvernement des gentils, comme tels ; ce sont Jonas,
Nahum, Abdias.
Décadence d’Israël et
jugement moral sur Juda, puis voies de grâce de Dieu à la fin
3° Ceux qui s’occupent de la décadence complète d’Israël et du sort qui déjà
menaçait Juda, — comme Ésaïe, Osée, Amos, Michée. Ils portent un jugement moral
sur le peuple, en développant, avec plus ou moins d’étendue, les voies de Dieu
en grâce à la fin. Si l’on en excepte Amos, qui a prophétisé sous le règne d’Ozias,
avant les trois autres, ils ont tous vécu du temps des rois Ozias, Jotham, Achaz
et Ézéchias. Le règne de ce dernier roi fait époque dans ces prophéties,
l’Assyrien, pendant son règne, ayant renversé le royaume d’Israël et menacé
Jérusalem.
Prophéties après la
captivité, pour encourager le peuple ou témoigner contre lui
4° Enfin, les prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, qui ont prophétisé après la
captivité, les deux premiers pour encourager le peuple, le dernier pour
témoigner contre l’infidélité des Juifs revenus de la captivité, et pour
annoncer le témoignage et le jugement des derniers jours, qui sépareraient le
résidu des méchants dont ils étaient entourés.
Cas particulier de Joël
et Habakuk, signalant les jugements des derniers temps
Je n’ai pas parlé de Joël, ni de Habakuk, parce que ces deux prophètes ont
chacun un caractère particulier. Leur prophétie ne s’applique pas au jugement
des gentils, comme celle de Nahum ou d’Abdias, et il n’y a pas non plus de date
qui leur donne une portée morale fondée sur l’état d’Israël. Les deux signalent,
d’une manière spéciale, les jugements des derniers temps. Joël parle d’une
invasion particulière de la terre, et du jugement des nations qui s’accomplit à
la même époque, en rapport avec la bénédiction d’Israël. L’Esprit, dans Habakuk,
tout en prenant l’occasion d’un jugement particulier, fait ressortir les
affections spirituelles et les exercices de cœur produits par la vue du mal et
du jugement qui en est la suite, et montre sur quel terrain l’âme enseignée de
Dieu se trouve en vue de ces choses.
Sujets moraux des
prophéties
Ainsi, nous trouvons dans les prophètes (les sujets qu’ils traitent étant
envisagés moralement) :
Jugement général du
peuple, même si la famille de David est à part
1° Le jugement du peuple en général, la famille de David étant épargnée pour un
temps, Dieu suscitant Ézéchias, et à cette occasion le vrai fils de David
annoncé. Ce sont Osée, Amos, Ésaïe et Michée.
Jugement de Jérusalem
et substitution des gentils au peuple
2° Le jugement de Jérusalem et la substitution de la monarchie des gentils, le
peuple étant entièrement mis de côté. Ce sont Jérémie, Daniel et Ézéchiel ; ce
dernier discutant tous les grands principes de relation avec Dieu et le sort de
l’ensemble comme nation et pays.
Jugement du monde
3° Le jugement du monde. Ce sont Jonas, Nahum, Abdias.
Désolation finale, et
bénédiction temporelle après le jugement
4° La désolation des derniers jours par l’armée du nord, et le jugement des
nations, et, après le jugement, la bénédiction temporelle d’Israël et de toute
chair, spirituellement. C’est Joël.
Châtiment du peuple par
la violence permise à l’homme, et foi produite par cela
5° Le châtiment du peuple de Dieu par le succès de la violence de l’homme,
succès que Dieu permet dans ce but. L’esprit du prophète, accablé par le mal
qu’il voit dans le peuple, et plus encore par la vue de l’oppression qu’il
attire sur lui, comprend que le juste vivra par la foi, et que Dieu a dû
permettre cette oppression, pour châtier le mal et laisser monter l’orgueil de
l’homme à ce degré d’iniquité qui devait amener le jugement qui mettrait fin à
cet orgueil pour toujours. C’est Habakuk. Le dernier chapitre est l’expression
des sentiments produits par cette circonstance, des désirs, des souvenirs et de
la confiance de la foi, foi qui se repose en Dieu lui-même à travers tous les
exercices auxquels l’histoire de son peuple donne lieu dans le fidèle :
précieuse consolation, quand on pense à tout ce qui se prévaut du nom de Dieu.
Circonstances des Juifs
ramenés à Jérusalem
Ensuite, nous avons ce qui concerne les circonstances spéciales des Juifs
ramenés à Jérusalem, en vue de la venue du Christ, et les conséquences de cette
venue, aussi bien que de la responsabilité propre du peuple, eu égard aux
circonstances dans lesquelles il était déjà placé : ce sont Aggée, Zacharie et
Malachie.
2. Détails sur certains
prophètes
Renvoi par grâce du jugement sur un monde humilié, malgré le prophète, en Jonas
Quelques détails restent encore à signaler. Jonas nous présente, d’une manière
bien frappante, la patiente bonté de Dieu envers un monde de pécheurs
orgueilleux et insouciants, et cela en contraste avec l’impatience qu’éprouve
celui à qui sont confiés ses oracles, et qui appelle leur accomplissement pour
sa propre satisfaction, lors même que ce serait par l’exécution du jugement, que
la grâce renvoie à cause de l’humiliation de ceux qui en étaient l’objet.
Exécution finale du
jugement contre ceux qui s’élèvent contre Dieu, en Nahum
Nahum nous fait voir, néanmoins, que ce jugement doit être à la fin exécuté, et
qu’une patience inutile à tout, sinon à la gloire de Dieu, ferait enfin place à
un jugement qui mettrait fin définitivement et pour toujours à tout ce qui
s’élevait contre Lui.
Haine contre le peuple
de Dieu de ceux qui sont en rapport avec lui, en Abdias
Abdias nous révèle, non pas cet orgueil général et public du monde, mais la
haine contre le peuple de Dieu qui se trouve spécialement chez ceux qui,
extérieurement, étaient en rapport avec lui et prétendaient, selon la chair,
avoir droit à l’héritage du premier-né.
Rapports de Dieu avec
le monde en Jonas, et voies gouvernementales avec Israël en Ésaïe
La notion que Dieu nous donne dans ces prophètes, de ses rapports avec le monde
et de sa manière de l’envisager, est pleine d’intérêt. Jonas nous fait
comprendre la force de l’expression de Pierre : « un fidèle créateur » [(1 Pier.
4:19)]. On a pu remarquer, dans Ésaïe, le riche développement des voies de Dieu
en rapport avec Christ et avec Israël, et la liaison de ces choses entre elles
et avec le jugement du monde. Les plans de Dieu en gouvernement y sont largement
exposés.
Importance de la
puissance ôtée d’Israël pour être confiée aux gentils, en Jérémie, Ézéchiel et
Daniel
Les trois autres grands prophètes nous font comprendre la vaste importance de
cette crise dans l’histoire du monde entier, — ce moment critique où l’Éternel a
cessé de le gouverner au milieu de son peuple, a transporté le siège de sa
puissance au milieu des gentils, et a placé cette puissance entre les mains des
hommes.
Gouvernement moral de
Dieu envers Son peuple, en Amos et Osée
Amos et Osée nous fournissent quelque précieuse lumière sur le gouvernement
moral de Dieu ; ils fournissent au lecteur de la Bible, des tableaux frappants
de l’état de choses existant au milieu de son peuple, les faits qui ont servi de
motif au jugement que Dieu infligeait ; non seulement les faits qui résultaient
des voies de Dieu, mais aussi la conduite de ceux qui donnaient lieu à ces voies
à l’égard de son peuple. Cet exposé de leur conduite est plein d’humiliant
intérêt.
Promesses au peuple en
rapport avec Christ, en Michée et Ésaïe
Michée (Ésaïe également), tout en s’occupant des mêmes circonstances, s’étend
davantage sur les promesses en rapport avec le Christ, dont l’effet relèverait
le peuple de l’état où le péché et le jugement de Dieu à la suite du péché,
l’avaient placé. Nous avons déjà pu remarquer dans Ésaïe, qu’au début, tout en
parlant du Seigneur Jésus, il s’occupe essentiellement de Juda, d’Israël et des
nations ; et à la fin, spécialement du Christ et des conséquences de son rejet
par le peuple.
État du peuple et
conséquences du rejet de Christ, en Aggée, Zacharie et Malachie
Ce que j’ai déjà dit des trois prophètes qui ont prophétisé après le retour de
la captivité, aura pu faire comprendre que ces deux sujets les occupent aussi.
Le Christ paraît dans Aggée, et avec plus de détails encore dans Zacharie ; dans Malachie, il s’agit davantage de l’état et du sort du peuple, le tout en rapport avec les derniers jours.
3. Détails sur la
prophétie par rapport au commentaire général avant Ésaïe
Sujets principaux de la prophétie, qui est l’intervention de la grâce divine
pour maintenir des relations avec le peuple infidèle
Je désire ajouter quelque chose de plus détaillé et de plus précis que ce que
j’ai dit au sujet de la prophétie au commencement d’Ésaïe. La prophétie est
l’intervention de la souveraine grâce de Dieu en témoignage, pour maintenir ses
relations avec son peuple, lorsque celui-ci a manqué à sa responsabilité envers
Dieu dans la position où il avait été placé, de sorte que sa relation avec Dieu,
dans cette position, avait été rompue, et avant que Dieu en ait établi de
nouvelle par sa propre puissance en grâce. Les sujets dont la prophétie
s’occupe, sont par conséquent les suivants : les voies de Dieu en gouvernement
sur la terre au milieu d’Israël ; les détails moraux de la conduite du peuple
qui a amené sa ruine ; l’intervention de Dieu en grâce, à la fin, par le Messie,
pour établir son peuple dans un état de bénédiction assurée par la puissance de
Dieu lui-même selon son propos.
Sujets liés : jugement
des nations et rejet de Christ par les Juifs
Deux choses se lient à ces sujets principaux : le jugement des nations, jugement
nécessaire pour l’établissement d’Israël dans son pays ; et le rejet du Christ
par les Juifs lors de sa première venue dans ce monde.
Gouvernement de la
puissance des gentils, et prophétie dans le Nouveau Testament, en rapport avec
l’Église et le résidu
Israël avait été le centre et la clef de voûte du système établi à la suite du
jugement exécuté à Babel sur la famille de Noé, à cause de son orgueil. D’après
ce système, le trône et le temple de Dieu à Jérusalem étaient, l’un le siège de
l’autorité divine sur tous les peuples, et l’autre le lieu de leur rendez-vous
pour adorer Celui qui y était assis entre les chérubins. Or, Israël ayant manqué
à l’obéissance, qui était la condition de sa bénédiction et la base de tout
l’ordre reconnu de Dieu sur la terre, un autre système de suprématie humaine est
établi dans la personne de Nebucadnetsar. La prophétie s’occupe donc aussi de ce
qui regarde cette puissance unitaire et ses rapports avec le peuple de Dieu sur
la terre, et de sa culpabilité pour s’être révoltée contre Dieu, s’être associée
à Israël dans le rejet du Christ, s’être élevée à la fin en opposition ouverte
contre Lui. S’étant ainsi unie aux Juifs dans le mal, elle est enveloppée avec
eux dans le même jugement. Ce qui a été dit ici au sujet de la prophétie, se
rapporte évidemment à l’Ancien Testament dont nous nous occupons, mais soulève
la question de la différence entre la prophétie du Nouveau Testament et celle de
l’Ancien. L’Assemblée n’est pas la scène du gouvernement terrestre de Dieu, elle
est assise dans les lieux célestes ; c’est pourquoi la prophétie ne peut pas
être l’action directe de l’Esprit sur son état présent, comme elle l’était en
Israël. Les communications viennent directement du Père et du Seigneur, selon
les relations qui existent entre elle et eux ; il en était de même pour la
prophétie chez les Juifs. Mais l’Esprit peut regarder en avant dans l’Assemblée,
vers le moment où la ruine du système extérieur préparera le chemin à la
réintroduction du gouvernement direct de Dieu dans la personne de Christ. C’est
ce que nous trouvons, en général, dans l’Apocalypse, depuis le commencement de
la décadence de l’assemblée jusqu’à sa réjection, et ensuite dans le monde.
C’est pourquoi, nous avons aussi les prophéties qui annoncent le déclin et la
ruine de l’Assemblée après la mort des apôtres, comme nous voyons en 1 Tim. 4:1
; 2 Tim. 3, et 2 Thess. 2 ; les épîtres de Jean, de Jude, et la seconde épître
de Pierre parlent de la ruine elle-même. Un autre sujet se rattache à ceci, et
met la prophétie dans la bouche du Seigneur, et l’épître de Jacques s’y
rapporte, mais ne concerne pas l’Assemblée, à proprement parler : je parle des
rapports de Christ comme ministre de la circoncision avec le peuple juif, tels
que nous les donnent Matt. 24, et les passages parallèles dans Marc et dans Luc,
et même Matt. 10, depuis le verset 15 jusqu’à la fin, où la part du résidu, dans
son service en Israël, est tracée jusqu’à la venue du Seigneur. Ainsi donc, la
ruine morale de l’assemblée sur la terre et l’histoire du résidu, nous
fournissent les liens qui unissent ensemble ces jours et la mission de Christ à
Israël avec sa venue dans les derniers jours.
Introduction au livre
d'Osée
Osée, contemporain d’Ésaïe, traite de l’état moral du peuple et de la patience
de Dieu envers lui
Le prophète Osée a prophétisé dans la même période de temps qu’Ésaïe ; mais il
s’occupe davantage de l’état actuel du peuple, et en particulier d’Israël,
quoique aussi il parle souvent de Juda. Sa prophétie est plus simple dans son
caractère que celle d’Ésaïe ; son style, au contraire, est extrêmement énergique
et rempli de transitions abruptes. [1:1] Le règne du roi d’Israël, dont le nom
sert de date à la prophétie, était extérieurement un moment de prospérité pour
cette partie du pays. La prophétie elle-même nous fera savoir son état moral. La
patience de Dieu a longtemps supporté la rébellion de son peuple, dont
l’affliction excitait sa pitié (voyez 2 Rois 14:26), aussi longtemps que cette
patience pouvait servir de témoignage au vrai caractère de Celui qui en usait,
et ne niait pas la sainteté et la justice, qu’elle n’était pas une sanction
donnée au péché, et qu’il était ainsi possible de bénir le peuple sans
sacrifier, aux yeux des nations, tout témoignage de ce que Dieu lui-même était ;
en un mot, jusqu’à ce qu’il n’y eût point de remède.
Ch. 1 v. 1 — Règnes
sous lesquels Osée a longtemps prophétisé
[1:1] Jéroboam a régné à une époque qui précède de quelques années les règnes
d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda. Ozias a commencé son
règne quatorze ans avant la fin du règne de Jéroboam. Il a régné cinquante-deux
ans. Jotham a régné seize ans. Achaz seize ans, Ézéchias vingt-neuf ans ; de
sorte qu’Osée a prophétisé pendant plus de cinquante ans1, et peut-être pendant
plus de temps encore, témoin de la rébellion d’Israël contre l’Éternel pendant
ces longues années, navré et brisé par l’iniquité d’un peuple qu’il aimait, et
dont la prospérité lui tenait au cœur, parce qu’il était le peuple de l’Éternel.
1 Une partie du règne de Jotham (la plus grande peut-être) coïncidait avec celui d’Ozias qui fut mis de côté comme étant lépreux [(2 Chron. 26:21)].
Deux parties de la
prophétie, et destinataires de celle-ci, qui est une plainte
La prophétie d’Osée se divise en deux parties : la révélation des desseins de
Dieu à l’égard d’Israël, et les remontrances que le prophète adresse au peuple
au nom de l’Éternel. Souvent, dans cette dernière partie, il parle d’Israël
comme d’un tout ; souvent aussi, il distingue entre Israël ou Éphraïm et Juda.
Mais je ne vois pas qu’il s’adresse directement à Éphraïm, soit aux dix tribus.
Il parle d’Éphraïm, mais non à Éphraïm. Au reste, le caractère général de sa
prophétie est une espèce de plainte soutenue, qui exprime son angoisse à l’égard
de l’état du peuple, en développant toutes les voies de Dieu envers lui, sauf le
chapitre 14, où il invite Israël à la repentance telle qu’elle aura lieu aux
derniers jours.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 2-5 — Ruine d’Israël, jugé car révolté contre Dieu
Ch. 1 v. 2-4 — Jugement de Dieu sur Israël et la famille de Jéhu
Les trois premiers chapitres composent la première partie ou la révélation des
desseins de Dieu à l’égard d’Israël. [1:2] Dès l’entrée, Israël est traité comme
étant dans un état de révolte contre Dieu. Le prophète devait s’unir à une femme
corrompue (image prophétique, je n’en doute pas), dont la conduite était
l’expression de celle du peuple. [1:4] Le fils qu’elle enfante est un signe, par
le nom que le prophète doit lui donner, du jugement de Dieu sur la famille de
Jéhu, et sur le royaume d’Israël, qui devait cesser d’exister. En effet, après
l’extinction de la famille de Jéhu, quoiqu’il y ait eu plusieurs rois, tout
était confusion dans le royaume d’Israël ; le royaume était perdu. Il paraît
bien que, quoique le zèle de Jéhu ait été énergique pour extirper l’idolâtrie,
de sorte que Dieu, dans son gouvernement extérieur, a pu, et, comme témoignage,
a dû y mettre sa sanction et le récompenser, les mobiles de ce chef étaient loin
d’être purs. Dieu donc, tout en le bénissant dans son gouvernement public, nous
montre ici, où il révèle ses pensées et sa véritable appréciation des choses,
qu’il juge justement et saintement, qu’il sait dévoiler ce que l’homme met dans
ses actes d’ambition, de cruauté et même de ce faux zèle qui n’est au fond que
de l’hypocrisie (couvrant du nom de zèle pour l’Éternel, ce qui n’est que la
satisfaction de la volonté propre), en un mot, tout ce qui est de l’homme, et
lui infliger sa juste rétribution, et cela d’autant plus qu’il se pare du nom de
l’Éternel.
Ch. 1 v. 3 — Jizreël,
témoin de la ruine d’Israël après celle d’Achab
[1:5] Jizreël, autrefois témoin du jugement de Dieu exécuté sur la maison
d’Achab, serait maintenant témoin de la ruine de tout Israël.
Ch. 1 v. 6-11 —
Jugement du peuple, puis grâce envers lui, à travers les enfants du prophète
Ch. 1 v. 6-7 — Lo-Rukhama, jugement final sur le peuple, hors la grâce divine
[1:6] Une fille ensuite est née à la femme que le prophète a prise. Dieu dit au
prophète de l’appeler Lo-Rukhama, c’est-à-dire : plus de miséricorde. Non
seulement le jugement était exécuté sur Israël, mais à part la grâce souveraine
dont l’exercice était réservé pour les derniers temps, ce jugement était final.
La patience de Dieu ne trouvait plus de place pour s’exercer envers le royaume
d’Israël ; [1:7] Juda serait encore préservé par la puissance de Dieu.
Ch. 1 v. 9-11 — Rejet
du peuple par Dieu, puis grâce souveraine pour lui et les gentils
[1:9] Un second fils s’appelle Lo-Ammi, c’est-à-dire : pas mon peuple ; car
maintenant l’Éternel ne reconnaissait plus le peuple comme sien. Juda, qui pour
un temps s’était maintenu dans cette position, quoique les dix tribus fussent
perdues, a aussi, par son infidélité, plongé Israël tout entier sous le jugement
terrible de n’être plus le peuple de Dieu et d’être abandonné par l’Éternel, qui
ne voulait plus être son Dieu. Dieu ayant ainsi brièvement, mais clairement,
prononcé le jugement du peuple, [1:10] annonce immédiatement, avec une égale
clarté, la grâce souveraine à son égard. Néanmoins, dit-il par la bouche du
prophète, le nombre des fils d’Israël sera comme le sable de la mer, qu’on ne
saurait compter. Mais cette grâce ouvre la porte à d’autres qu’aux Juifs ; là où
il avait été dit : vous n’êtes pas mon peuple, là ils seront appelés : fils du
Dieu vivant1. L’application de ce passage aux gentils est constatée par
l’apôtre, Rom. 9:24-26. Il cite, dans ce passage, la fin du second chapitre de
notre prophète, comme exprimant la grâce envers les Juifs, et le verset que nous
examinons, la miséricorde envers les gentils ; au contraire, 1 Pierre 2:10, qui
ne s’adresse qu’aux Juifs convertis, ne cite que la fin du second chapitre. Il
n’y a pas de doute que les Juifs ne rentrent, selon ce principe, aux derniers
jours ; mais le Saint Esprit s’exprime ici, comme il l’a fait dans une foule de
passages cités par l’apôtre, de manière à s’adapter à l’admission des gentils,
lorsque le temps prévu de Dieu serait arrivé. [1:11] Mais il va plus loin ici,
et il annonce le retour des fils de Juda et des dix tribus, réunis et soumis à
un seul chef dans la grande journée de la2 semence de Dieu. Il est dit qu’ils
remonteront hors du pays ; mais c’est plutôt : « ils monteront du pays ». On a
supposé que c’est le retour d’un pays étranger ; mais j’ai l’idée que le sens
est plutôt que tous monteront à Jérusalem, comme un seul peuple, dans leurs
fêtes solennelles.
1 On peut remarquer qu’il n’est pas dit : Ils seront mon peuple, expression moins applicable aux gentils, mais : « Fils du Dieu vivant », ce qui est précisément le privilège accordé en grâce à ceux amenés à la connaissance du Seigneur depuis la résurrection de Christ.
2 C’est le sens de Jizreël, ou plus exactement : Dieu sèmera.
Révélation des voies de
Dieu, en jugement puis en grâce pour tous
Ainsi, le jugement du peuple, d’un peuple corrompu et infidèle, et la grâce
envers les gentils, puis envers Israël comme peuple, sont très clairement
annoncés en peu de mots, mais de manière à embrasser toute la série des voies de
Dieu.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1 — Résidu reconnu comme peuple par Dieu et objet de restauration
Le chapitre 2 introduit quelques événements nouveaux d’un haut intérêt, et en
même temps une magnifique révélation des voies de Dieu en grâce envers Israël.
[2:1] Les premiers mots du chapitre reconnaissent, il me semble, le principe
d’un résidu reconnu pour peuple par le cœur de Dieu, et objet de miséricorde,
pendant que la nation en corps est rejetée par le Seigneur. Mais la pensée de la
restauration d’Israël, annoncée au dernier verset du chapitre 1, donne au résidu
sa valeur et sa place selon les conseils de Dieu. Dieu n’a pas rejeté son peuple
qu’il a préconnu. L’Éternel, cependant, dit au prophète par l’Esprit, non pas :
J’ai épousé ta mère, ou : Je ne la répudierai pas ; mais : « Dites à vos frères,
Ammi (mon peuple) et à vos sœurs, Rukhama (reçue en grâce) » c’est-à-dire qu’il
s’adresse à ceux qui, touchés par l’Esprit, entrent vraiment dans la pensée du
prophète quant à leurs cœurs, à ceux qui ont le caractère qui a fait dire à
Jésus : Voilà mes frères et mes sœurs [(Matt. 12:49)]. Ceux-là ont, aux yeux du
prophète, la position de peuple et de bien-aimés de Dieu. C’est ainsi que Pierre
l’applique, chapitre 2:23, à ce résidu, que Paul raisonne, Rom. 9, et que le
Seigneur lui-même peut s’appeler « le vrai cep » [(Jean 15:1)].
Ch. 2 v. 2-15 — Actions
de l’Éternel envers le peuple, en jugement et en grâce
[2:1] Le prophète donc (lui seul le pouvait) devait reconnaître ses frères et
ses sœurs comme en relation avec Dieu, selon tout l’effet de la promesse,
quoique cet effet ne fût pas encore accompli. [2:2] Mais de fait, quant aux
voies de Dieu, il a dû plaider avec sa mère, avec Israël envisagé comme un tout.
Dieu ne voulait pas le reconnaître pour sa femme ; lui-même ne serait pas son
mari. Elle devait aussi se repentir, [2:3] pour ne pas être punie et mise à nu
devant le monde. [2:4] L’Éternel n’aurait pas non plus pitié de ses enfants, car
elle les avait enfantés dans son commerce avec les faux dieux. [2:5] Israël
attribuait toutes les bénédictions dont l’Éternel l’avait comblé, à la faveur
des faux dieux. [2:6] C’est pourquoi l’Éternel l’arrêterait forcément dans son
chemin ; [2:8] et puisque Israël ne reconnaissait pas que c’était l’Éternel qui
lui prodiguait cette abondance, [2:9] il la lui ôterait [2:10] et le laisserait
nu [2:11] et dépourvu de tout. [2:13] Il visiterait sur lui les jours des Baals,
pendant lesquels Israël les avait servis et avait oublié l’Éternel. [2:14] Mais
après avoir amené cette femme infidèle dans le désert, où elle devait apprendre
que ses faux dieux ne pouvaient l’enrichir, après l’avoir lui-même attirée là,
l’Éternel parlerait à son cœur en grâce. Ce serait là, lorsqu’elle aurait
compris où son péché l’avait amenée et qu’elle serait seule avec l’Éternel dans
le désert où il l’avait attirée, [2:15] qu’il lui donnerait la consolation et
une porte pour entrer dans la jouissance des bénédictions dont il était seul le
donateur.
Ch. 2 v. 15-23 —
Bénédiction du peuple entièrement rétablie, par la grâce de Dieu
La circonstance par laquelle Dieu exprime ce retour à la grâce, est d’un
touchant intérêt. [2:15] La vallée d’Acor serait sa porte d’espérance. Là où le
jugement de Dieu avait commencé à tomber sur le peuple infidèle après son entrée
dans la terre [(Jos. 7:26)], lorsque Dieu agissait d’après la responsabilité du
peuple, là il ferait voir que la grâce maintenant surmontait tout son péché. La
joie de sa première délivrance et de sa rédemption lui serait rendue ; ce serait
un recommencement de son histoire en grâce ; seulement, ce serait une
bénédiction assurée. [2:16] Le principe de ses relations avec l’Éternel serait
changé. Il ne serait pas comme un maître (Baal) envers qui elle était
responsable, mais comme un mari qui l’avait épousée. [2:17] Les Baals seraient
entièrement oubliés. [2:18] Il ôterait toute espèce d’ennemi de dessus la terre,
soit bête féroce, soit homme violent, [2:19] et il l’épouserait en justice, en
jugement, en tendresse, en miséricorde et en fidélité. [2:20] Elle connaîtrait
que c’était l’Éternel. Israël étant ainsi fermement épousé par l’Éternel, et
tels étant les principes assurés de ses relations avec Lui, [2:21-22]
l’enchaînement de bénédiction entre l’Éternel et son peuple sur la terre, serait
certain et non interrompu. L’Éternel serait en rapport avec les cieux, les cieux
avec la terre ; la terre rapporterait ses bénédictions, et celles-ci
répondraient à tous les besoins d’Israël, semence de Dieu ; [2:23] aussi Dieu le
sèmerait dans la terre, et son nom serait Rukhama (reçue en miséricorde ou en
grâce), Ammi, c’est-à-dire mon peuple, et Israël dirait : « Mon Dieu ». En un
mot, il y aurait un entier rétablissement de bénédiction, mais sur le pied de la
grâce et de la fidélité de Dieu.
Chapitre 3
Le chapitre 3 révèle un autre détail de l’histoire du peuple, pendant le temps
de son délaissement suivi par son retour vers Dieu. [3:4] Israël resterait
longtemps à part pour attendre son Dieu. Il n’aurait ni vrai Dieu, ni faux
dieux, ni roi, ni sacrificateur, ni sacrifice ; [3:5] mais après, il
retournerait, il chercherait l’Éternel son Dieu et David son roi ; en d’autres
termes, tout Israël chercherait la vraie royauté de promesse donnée de Dieu,
dont Christ est l’accomplissement. Son cœur fléchirait devant l’Éternel et
devant sa bonté aux derniers jours.
Chapitres 4 et 5
Ch. 4 v. 1-14 — Péchés de tout le peuple, et des sacrificateurs en particulier
[4:1] Au chapitre 4, on voit que le prophète s’adresse à tout le peuple
ensemble. Au verset 15, il distingue Juda d’Israël, en avertissant le premier de
ne pas suivre celui-ci dans son apostasie. Il insiste, verset 2, sur les péchés
dont le peuple était coupable ; [4:6] Israël est rejeté pour ne plus être un
peuple de sacrificateurs à l’Éternel, gloire qui lui avait été promise (Ex. 19
[v. 6]). Ceci introduit le jugement des sacrificateurs proprement dits, [4:8]
qui trouvaient leur satisfaction dans les péchés du peuple, pour se nourrir des
sacrifices. [4:9] Le proverbe : « Comme le peuple, ainsi le sacrificateur »,
s’accomplirait à leur égard. [4:11] La corruption et le vin ôtaient tout
jugement sain du cœur, [4:12] et le peuple de Dieu demandait conseil à son bois
et à son bâton, [4:13] sacrifiait dans les hauts lieux et s’y prosternait. Dieu
le livrerait aux fruits de son iniquité.
Exhortation à Juda de
ne pas suivre Éphraïm dans son iniquité
[4:15] C’est alors que Dieu engage Juda à ne pas suivre ce train. Cependant,
l’Esprit de l’Éternel développant toute l’iniquité d’Éphraïm, qui était
accomplie sous ses yeux, montre que Juda aussi était coupable devant Lui (ch.
5:10, 13).
Ch. 5 — Éloignement de
Dieu et difficulté à revenir à Lui
[5:1] Sacrificateurs, peuple, roi, tous sont interpellés comme objet du
jugement, comme étant tous adonnés à la violence malgré les répréhensions de
Dieu. [5:4] Ils ne voulaient pas revenir à Dieu. [5:6] Plus tard, ils le
chercheraient et ne le trouveraient point. Il se serait retiré d’avec eux. Un
autre péché leur est reproché à tous les deux. [5:13] Éphraïm s’est aperçu de
son affaiblissement, conséquence de son péché, et Juda de sa plaie ; mais ils
s’étaient trop éloignés de l’Éternel pour avoir recours à Lui ; ils sont allés
chercher du secours en Assyrie. Délivrerait-elle le peuple méchant du jugement
de Dieu ? Sûrement pas. [5:14] Dieu les déchirerait, comme un lion déchire sa
proie ; [5:15] puis il se retirerait pour se renfermer dans sa demeure, jusqu’à
ce qu’ils reconnussent leur offense. Dans leur affliction, ils mettraient de la
diligence à le chercher.
Chapitres 6 et 7
Ch. 6 à 7 v. 2 — Plaidoyer du prophète pour faire revenir le peuple à l’Éternel
Ceci inspire au prophète (ch. 6) son touchant plaidoyer, [6:1] dans lequel il
engage le peuple à se retourner vers l’Éternel. La foi a toujours cette
ressource, parce qu’elle voit la main de Dieu, de son Dieu, dans le châtiment,
et peut en appeler à la miséricorde d’un Dieu qu’elle connaît. Au verset 4,
l’Esprit exprime la tendresse de Dieu envers son enfant rebelle, et montre
combien sont passagers les quelques petits mouvements vers le bien qui peuvent
exister dans son cœur. [6:5] C’est pourquoi Dieu avait envoyé le témoignage des
prophètes, un moyen extraordinaire, comme nous l’avons vu, pour maintenir
encore, et cela moralement et réellement, la relation du peuple avec Dieu. [6:6]
Il ne s’agissait pas, pour le cœur de Dieu, de formes extérieures ; les rapports
moraux avec Dieu manquaient. Il avait suscité des prophètes comme moyen de
relation avec Lui, pour ramener le cœur du peuple à lui-même. [6:7] Mais, comme1
Adam l’avait fait dans le jardin d’Eden, ils avaient violé l’alliance de
laquelle dépendait la jouissance des bénédictions dont Dieu les avait comblés ;
ils avaient agi en traîtres à son égard. [7:1] L’Éternel, leur Dieu, était tout
disposé à relever Israël de sa ruine ; [7:2] mais s’il intervenait, sa présence
mettrait à découvert cette iniquité, qui présentait une barrière morale à ce
relèvement. [7:3-7] Là-dessus, le cœur du prophète déborde de nouveau en
plaintes à l’égard de l’iniquité du peuple.
1 Il faut lire : « Ils ont transgressé l’alliance, ainsi que l’a fait Adam ». Adam, en hébreu, est un nom propre et un nom de race. Mais ce dernier a ordinairement l’article (ha). C’est à ce passage que Paul fait allusion dans Rom. 5:14.
Ch. 7 v. 3-16 — Tableau
moral du peuple jugé, ne voulant pas se tourner vers Dieu
La prophétie d’Osée est importante sous ce rapport, qu’elle fournit le tableau
moral du peuple que Dieu a jugé, l’état de ce peuple qui a rendu ce jugement
absolument nécessaire. Rien de plus touchant dans la bouche de Dieu que ce
mélange de reproches, de tendresse, d’appel de retour à des moments plus
heureux. Mais tout a été vain ; Dieu a dû juger et avoir recours à sa grâce
souveraine, qui amènera Israël à la repentance et à Lui. [7:3] Le peuple
encouragerait le roi et les princes dans leur iniquité. [7:9] Déjà, le fruit de
l’iniquité d’Israël se manifestait dans sa faiblesse ; des étrangers aussi le
dévoraient (ch. 7:9) ; [7:10] mais ce n’était pas un motif pour qu’il revînt à
l’Éternel. [7:14] Si, sensible parfois à sa misère, il poussait des cris sur son
lit, il ne criait pas à Dieu. Quel tableau de l’homme sous l’effet du péché : il
ne veut pas se tourner vers le Seigneur !
Chapitre 8
Au chapitre 8, c’est spécialement la violation hardie et continuelle de la loi
de son Dieu, qui est ouvertement reprochée à Israël, et qui est présentée comme
devant amener le jugement avec la rapidité d’un aigle. Ici, remarquez que le
dévastateur dont Israël est menacé, vient jusqu’au temple de l’Éternel. [8:11]
Israël avait abandonné l’Éternel pour se faire ses propres autels, [8:14] et
Juda s’était appuyé sur un bras de chair. [8:13] On peut remarquer également
ici, que la prophétie présente Éphraïm comme ayant entièrement abandonné Dieu,
et comme étant plongé dans l’iniquité et exposé à un jugement certain ; Juda
comme étant encore extérieurement fidèle, mais au fond infidèle de cœur aussi
(voyez 6:11 ; 8:14 ; 11:12). Le jugement devait venir sur l’un et sur l’autre.
Chapitres 9 à 11
Ch. 9 — Péché et corruption d’Éphraïm, et son jugement
Nous avons sous les yeux ce touchant mélange d’affection et de jugement, qui se
reproduit si souvent dans ce prophète. [9:3] Éphraïm ne resterait pas dans la
terre qui était celle de l’Éternel, car Dieu n’abandonnait pas ses droits,
quelle que fût l’iniquité du peuple. Celui-ci irait en captivité [9:4] et ne
s’approcherait plus du Seigneur. [9:7] Le prophète et l’homme spirituel ne lui
serviraient plus de lien avec l’Éternel ; Dieu le confondrait par le moyen de ce
qui aurait dû l’éclairer et le conduire. [9:8] Le prophète serait même un piège
pour son âme, quoique autrefois il eût été une sentinelle de la part de Dieu.
[9:9] La corruption d’Éphraïm était profonde, comme dans les jours de Guibha,
dont l’histoire est racontée à la fin des Juges, et il serait visité. [9:10]
Dieu avait pris Israël d’entre les nations, comme objet de ses délices ; et
Israël avait suivi Baal-Péor même avant d’entrer dans le pays. Si Dieu supporte
longtemps, il prend connaissance de tout. [9:17] Maintenant Éphraïm serait
vagabond parmi les nations.
Ch. 10-11 — Israël
transporté, puis ramené par Dieu dans Sa bonté
À la fin du chapitre 9 et au chapitre 10, [10:1] l’Esprit reproche à Israël ses
autels et ses veaux d’or ; il serait transporté en captivité ; [10:11] Juda même
aussi porterait le joug. [10:5-6] L’Assyrien prendrait ces veaux qui avaient été
la confiance d’Israël. Après tout (ch. 11), [11:1] Dieu se souvient de sa
première affection pour Jacob. [11:3-4] Il leur rappelle toute sa tendresse, sa
bonté, ses soins. [11:5] Ils ne retourneraient pas à leur ancien état en Égypte,
mais seraient captifs en Assyrie. [11:8] Mais, quelque grand que soit le péché
d’Israël, le cœur de leur Dieu se refuse à abandonner son peuple ; [11:9] il ne
les détruirait pas. Il était Dieu, et non point un homme ; [11:11] et enfin,
soumis et tremblant, le peuple serait replacé par Lui dans ses demeures.
Chapitre 12
L’Esprit présente un autre côté des relations d’Israël avec Dieu. [12:3] Dieu
punirait Éphraïm, et Juda porterait la peine de ses fautes. [12:4] Mais il leur
rappelle que, dans le temps, Jacob avait su lutter avec son Dieu, [12:5] le
supplier et être le plus fort ; qu’ensuite il l’avait trouvé à Béthel, et que là
Dieu, l’Éternel même lui avait parlé, [12:6] lui avait révélé son nom : en
effet, il ne l’avait pas fait à Peniel. Remarquez bien ici, comment Dieu entre
dans tous les détails de ses relations morales avec Israël, pour faire
comprendre la force, la portée et la justice du « Lo-Rukhama » qu’il prononce
sur le peuple. Il raconte toute son affection pour lui au commencement, ses
tendres soins, de quelle manière il en avait été récompensé déjà à Baal-Péor,
l’iniquité affreuse de Guibha maintenant renouvelée, leur corruption, leur
idolâtrie, leur refus d’écouter, enfin, de quelle manière ils avaient réussi
anciennement à détourner Sa colère, et comment Dieu s’était alors révélé à eux.
Or, le nom qu’il avait annoncé à cette occasion était son mémorial pour
toujours. [12:7] Qu’ils reviennent donc à Dieu et s’attendent à Lui. [12:8] Mais
non, tout est corruption, [12:9] et Éphraïm ne veut pas non plus reconnaître son
péché. [12:10] Celui qui l’avait fait monter d’Égypte le ferait encore demeurer
dans des tentes, sans patrie. [12:11] Dieu avait parlé constamment par ses
prophètes ; mais l’iniquité était là. [12:13] Israël avait été déjà pauvre,
vagabond et fugitif, et Dieu avait dû intervenir souverainement par un messager
de délivrance, lorsqu’il n’y avait pas d’alliance sur laquelle le peuple pût
compter comme étant en vigueur pour sa délivrance.
Chapitre 13
Mélange de jugement sur le péché et de grâce en Dieu
Le chapitre 13 exprime le conflit perpétuel des affections et du jugement de
Dieu. La pensée du péché fait annoncer le jugement, nécessaire, immanquable ; le
jugement une fois prononcé, le cœur de Dieu retourne à ses propres pensées de
grâce (voyez versets 1-3, 4, 7, 9, 12, 14, et les deux derniers). Il est beau de
voir ce mélange de nécessité morale de jugement, de juste indignation de Dieu
contre un tel péché, et d’arguments pour engager Israël à abandonner ses
mauvaises voies et à chercher l’Éternel, qui se laisserait sûrement fléchir, et
puis de retour aux conseils éternels de la grâce qui assurent le peuple de la
jouissance de ce dont son iniquité le privait, et en même temps lui rappellent
les anciennes relations soutenues avec lui, le peuple de la dilection de Dieu.
Quelle condescendance et quelle grâce de la part de son Dieu, bien qu’Israël eût
mérité cette sentence, tout affreuse qu’elle fût, précisément en proportion de
tout ce que Dieu s’était montré pour lui : « Je ne ferai plus miséricorde ». Le
Seigneur Jésus peut bien dire : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants,
comme une poule sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! ».
9.2 - [Histoire de
l’iniquité continuelle d’Israël, et moyens de retour à Dieu]
Voyez aussi comment Dieu déduit l’histoire de l’iniquité d’Israël, depuis le désert même, et présente les moyens mis à sa disposition pour revenir à Lui, expose ses voies quand il avait dû résister à Jacob l’infidèle, mais l’avait béni lorsqu’il avait lutté par la foi, Lui qui ne change pas, et qui était encore le même pour Israël. Toute la conduite d’Israël avait été remarquée par Dieu, était conservée dans sa mémoire, et reproduite pour l’instruction du peuple, si, en quelque manière, il avait été possible de l’épargner.
Conseils et affections
immuables de Dieu pour Son peuple
Tout l’ensemble de ce tableau, fait par Dieu lui-même, nous fournit une profonde
instruction, et nous engage à nous tenir près de Lui qui, quelle que soit sa
patience, prend connaissance de toutes nos voies, et fait que nous moissonnons
ce que nous avons semé. Rien non plus ne fait mieux voir la longue et
merveilleuse patience de l’amour de Dieu. C’est le but spécial de cette
prophétie, que de faire ressortir
— l’état moral du peuple, qui a abouti à la sentence de Lo-Rukhama, et ensuite à celle de Lo-Ammi, développée dans le résumé des voies de Dieu avec le peuple, donné dans les chapitres 1-3,
— la relation qui subsiste entre les voies morales de Dieu et ses conseils immuables,
— le rapport entre ces conseils et les affections d’après lesquelles Dieu les accomplit,
— l’ingratitude de l’homme dans sa conduite à l’égard de ces affections,
— la longue patience dont Dieu use dans son amour à l’égard de son peuple ingrat,
— et enfin, cet éloignement de Dieu, qui laisse son peuple en proie à sa propre corruption et aux séductions de l’ennemi.
En dernier résultat, l’état dans lequel son peuple se trouve, oblige Dieu à faire venir le jugement que le péché de ce peuple réclame, lorsque tous les avertissements de Dieu par ses messagers ont été inutiles ; mais ceci fait place à l’accomplissement des conseils de Dieu, qui amène son peuple à la repentance, après l’avoir longtemps abandonné aux fruits de ses propres voies, et le fait ainsi jouir de l’effet de ces conseils.
Chapitre 14
Ch. 14 v. 1-7 — Israël revient de cœur à l’Éternel, qui les aime et les bénit
C’est cette dernière œuvre que présente le chapitre 14 du prophète. [14:1]
Israël, revenant à l’Éternel, [14:2] reconnaît son iniquité, et s’adresse à la
grâce de son Dieu. C’est ainsi qu’il pouvait lui rendre un culte agréable.
[14:3] Son cœur, instruit et purifié, refuse le secours d’Assur, qu’il avait
cherché dans son incrédulité, quand il ne voulait pas son Dieu qui sondait ses
voies ; il ne s’appuie plus sur le bras de la chair ni sur la force charnelle,
et repousse les faux dieux devant lesquels il avait fléchi le genou. Son recours
serait auprès de Celui qui avait compassion des orphelins. Dieu n’attendait que
le retour du cœur du peuple, retour qu’il a produit par sa grâce, lorsque le
châtiment nécessaire à sa gloire morale et au bien du peuple était terminé.
[14:4] Dieu lui-même (le prophète nous le fait voir) guérirait leur abandon de
Lui, et les aimerait volontairement. Sa colère s’était détournée de son peuple.
[14:5] Il l’arroserait de bénédiction et de grâce. La beauté et la fertilité
divines reparaîtraient en Israël, son peuple.
Ch. 14 v. 8-9 —
Repentance du peuple et voies de Dieu comprises par le sage
Je lis le huitième verset de la manière suivante : « Éphraïm dira : Qu’ai-je
plus à faire avec les idoles ? » L’Éternel dit : « Moi, je lui répondrai et je
le regarderai ». Puis Éphraïm : « Moi, je suis comme un cyprès vert ». Ensuite
la réponse de l’Éternel : « De moi provient ton fruit ». C’est la repentance,
dont l’Éternel prend connaissance, la conscience joyeuse d’un état béni, que
Dieu fait sentir, qui procède de lui seul, et qui par là devient certain et
s’accroît sous sa main. [14:9] Le dernier verset nous fait comprendre ce que
nous avons cherché à faire remarquer déjà, savoir, que cette histoire fait
connaître les voies de Dieu que le sage, divinement enseigné dans son cœur,
comprendra bien ; « car les voies de l’Éternel sont justes », quelque grande que
soit sa miséricorde ; l’Éternel va droit devant Lui quand il agit. Le juste,
soutenu et aidé par la force de Dieu, peut marcher dans ce chemin ; mais le
transgresseur y sera renversé par la force même qui y agit.
Ensemble des voies de
Dieu donné par Osée
Il n’y a pas de prophète, en effet, qui donne l’ensemble de ces voies, comme
Osée le fait.
Commentaire entier
John Nelson Darby