Introduction
Si l’on examinait de près les divers caractères des peuples qui ont été en
rapport avec le peuple de Dieu, peut-être trouverait-on en chacun d’eux une
forme spéciale de mal assez nettement dessinée. Dans tous les cas, cela a lieu
dans les principaux ennemis de ce peuple : l’Égypte, Babylone, Ninive, portent
sur leur front une empreinte très manifeste de ce qu’elles désignent moralement.
L’Égypte est le monde dans son état naturel, le monde d’où le peuple est sorti ;
Babylone, la corruption agissant en puissance, sous l’esclavage de laquelle le
peuple est tombé, Ninive est la gloire orgueilleuse du monde, qui ne connaît que
sa propre importance — le monde, l’ennemi déclaré du peuple de Dieu, simplement
par son orgueil ; elle sera jugée comme tout le reste et disparaîtra, pour
toujours, sous le jugement du Tout-Puissant. L’Éternel a donné un commandement
contre elle : il n’en naîtra plus de son nom. Ce jugement est si simple que la
prophétie qui en parle, exige très peu d’explications.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-6 — Caractère de Dieu vis-à-vis de l’orgueil de l’homme
Dieu est jaloux et tire vengeance, mais pour délivrer du monde méchant
Elle commence en mettant en avant le caractère de Dieu en vue de ce qu’il a à
supporter de la part de l’orgueil des hommes ; [1:2] Dieu est jaloux, et
l’Éternel tire vengeance. [1:3] Solennelle pensée que, quelque grande que soit
sa patience, le temps viendra où il sera démontré qu’il ne supporte pas le mal ;
consolante pensée, car la vengeance de Dieu est la délivrance du monde de
l’oppression, de la misère, du joug de l’ennemi et des convoitises, pour qu’il
fleurisse sous le doux regard de Celui qui l’a délivré.
Dieu est patient, mais
sa colère est terrible et s’occupe du péché
Il permet, sans doute, longtemps le mal ; il n’est pas impatient comme nos
pauvres cœurs ; [1:3] il est lent à la colère, colère d’autant plus terrible que
c’est la justice de Celui qui ne s’impatiente jamais. Il est grand en force et
ne tient pas le coupable pour innocent1. [1:6] Qui subsistera devant son
indignation, ou demeurera ferme devant l’ardeur de sa colère ?
1 Cela est toujours vrai et d’une immense importance. Dieu ne tient jamais le coupable pour innocent : c’est chose contraire à sa nature, et ce ne serait pas la vérité. Il peut faire passer le péché et recevoir le pécheur purifié, mais il ne peut agir comme si le péché n’existait pas, lorsqu’il existe, ni y demeurer indifférent en restant lui-même. Il peut châtier pour le bien et pour montrer son gouvernement, c’est-à-dire s’occuper du péché ; ou bien il peut, à ce point de vue, l’ôter et l’effacer complètement, selon les exigences de sa propre nature et de sa gloire, ce qui est pour nous le salut ; ces deux manières d’agir sont vraies. Mais Dieu ne peut jamais laisser subsister le péché sans s’en inquiéter, comme une chose qui n’est pas ou qui est indifférente.
Ch. 1 v. 7-10 —
Dévastation totale du jugement, mais bonté protégeant ceux qui se confient en
Dieu
Mais ce n’est pas tout : son indignation n’est pas vague, dévastant sans
distinction lorsqu’il lui lâche la bride. [1:7] Il est bon ; il est une
forteresse au temps de la détresse. Quand le mal et le jugement débordent, le
mal, qui est un jugement, et le jugement devant lequel rien de ce qui est
atteint ne subsiste, il est lui-même la sûre protection de ceux qui se confient
en Lui. Il les connaît lui-même. [1:10] Quant à la gloire de l’ennemi, elle sera
détruite, effacée, réduite à néant. Plongés dans leurs plaisirs, enivrés et sans
appréhension, ils seront consumés comme la paille sèche.
Ch. 1 v. 11-15 — Fléau
de l’Assyrien, jugement de Dieu
Jugement d’Israël par l’Assyrien, puis délivrance par sa destruction
Au verset 11, nous retrouvons celui duquel les prophètes parlent si souvent,
l’Assyrien, qui machine du mal contre l’Éternel. Le verset 12, quoique obscur,
s’applique, il me semble, à Israël. Israël, hélas ! lui-même, se vantant de sa
sécurité et de sa force selon l’esprit du monde, subira l’invasion, le
débordement des grosses eaux, le fléau de Dieu. Lorsque le fléau traversera la
terre, celle d’Israël, ils seront retranchés1. Comparez És. 28:18, 19, et 14:25.
Or, ce fléau comble le jugement de Dieu, et la délivrance d’Israël, dit le
prophète, sera maintenant complète et finale. Comparez És. 10:5, 24, 25. [1:13]
Le joug de l’Assyrien serait brisé pour toujours, et la puissance hostile et
orgueilleuse du monde, détruite (comme la corruption et la rébellion
antichrétiennes avaient déjà été jugées). [1:15] La bonne nouvelle de la pleine
délivrance se répandrait, et Juda observerait en paix ses fêtes solennelles.
1 Sinon la pensée est que les Assyriens, tout en étant prospères et nombreux, seront (comme Sankhérib) retranchés, lorsqu’ils envahiront Juda, et alors la délivrance d’Israël sera (comme dans És. 10) finale.
Occasion de l’invasion
de Sankhérib pour annoncer le jugement final
Je ne doute pas que l’invasion de Sankhérib n’ait été l’occasion de cette
prophétie ; mais il est de toute évidence que sa portée est beaucoup plus grande
et que le jugement est final. C’est un nouvel exemple de ce que nous avons sans
cesse retrouvé dans les prophéties : un jugement partiel servant d’avertissement
ou d’encouragement au peuple de Dieu, mais n’étant qu’un avant-coureur de celui
dans lequel toutes les voies de Dieu seraient résumées et manifestées. [1:15] Le
méchant ne devait, maintenant, plus pouvoir troubler Juda. Il serait
définitivement retranché.
Chapitres 2 et 3
Si Dieu permettait que tout Jacob fût dévasté et ruiné, c’est que le temps du
jugement était arrivé, jugement qui ne s’arrêterait pas là. Il commencerait par
sa maison, sans doute ; mais s’arrêterait-il là ? Non. Quelle serait donc la fin
des ennemis du peuple de Dieu, s’il ne supportait plus le mal chez son peuple ?
À Ninive donc maintenant de se défendre, si elle le pouvait ; [2:11] mais non,
cette fosse aux lions serait envahie [2:13] et les jeunes lions détruits. Ils
sont incapables de se défendre ; voyez ce même raisonnement dans Ésaïe, à la fin
du chapitre 2 et au commencement du chapitre 3 : Jacob était jugé, toute la
famille aussi bien qu’Israël visitée et ruinée, et maintenant c’était le tour du
monde ; [3:8] quel que fût l’orgueil de Ninive, elle ne valait pas mieux que
d’autres dont elle avait accompli probablement elle-même la ruine ; car
l’Assyrie et l’Égypte étaient longtemps rivales. [3:12] Ainsi, Ninive verrait
ses forteresses, sans force, tomber comme des figues à la première secousse ;
[3:13] son peuple ne serait que comme des femmes, sans force ; la ruine serait
totale. [3:15] Le feu la dévorerait. Il n’est pas douteux que ceci n’ait eu un
accomplissement historique dans la chute de Ninive. Mais son accomplissement
complet aura lieu lorsque l’Assyrien reviendra, je ne dis pas à l’égard de la
ville même qui a été détruite, mais de la puissance qui possédera le territoire
et héritera de l’orgueil du pays de Nimrod.
Commentaire entier
John Nelson Darby