Introduction
Luc présente la puissance de Dieu en grâce envers l’homme
Le Sauveur nous est présenté dans Luc sous le caractère de Fils de l’homme
déployant la puissance de l’Éternel en grâce au milieu des hommes. C’est
pourquoi cet évangile fait davantage mention de l’action présente de la grâce et
de ses effets, et rapporte même la prophétie au temps présent. Elle ne le
remplace pas, comme en Matthieu, par d’autres dispensations, mais le remplit de
la grâce céleste qui sauve. Au commencement, sans doute (et précisément, parce
qu’Il devait être révélé comme homme et en grâce envers les hommes), nous le
voyons, dans une espèce de préface, dans laquelle nous avons un tableau exquis
du résidu pieux, présenté à Israël auquel il avait été promis et en relation
avec lequel, selon la chair, il s’est placé par sa naissance dans ce monde. Mais
ensuite, cet évangile nous présente des principes moraux qui s’appliquent à
l’homme quel qu’il soit, tout en manifestant pour le moment au milieu du peuple
et de diverses manières cette puissance de Dieu en grâce dans son application
aux besoins des hommes.
Plan et détails de
l’évangile de Luc — Les relations de l’homme avec Dieu en Jésus
Après la transfiguration qui est rapportée dans Luc plus tôt1 que dans les
autres évangiles [(9:29)], nous trouvons le jugement de ceux qui ont rejeté
Jésus, et le caractère céleste de la grâce qui, puisqu’elle est grâce, s’adresse
aux nations, aux pécheurs, sans avoir égard particulièrement aux Juifs,
renversant les principes légaux par lesquels ceux-ci prétendaient être en
relation avec Dieu, et quant à leur position extérieure, y avaient été appelés à
l’origine en Sinaï. Les promesses inconditionnelles faites à Abraham, etc., et
leur confirmation prophétique, sont un autre sujet. Elles seront accomplies en
grâce et devaient jusque-là être saisies par la foi. [chap. 21] Ce qui devait
arriver à ce peuple selon le juste gouvernement de Dieu, nous est annoncé
ensuite ; [chap. 22-24] et à la fin, nous trouvons le récit de la mort et de la
résurrection du Sauveur, événements qui accomplissent la rédemption. Il est à
remarquer que Luc qui, sous le rapport moral, met de côté le système judaïque
pour établir les relations de l’homme avec Dieu sur la base de la révélation de
Dieu lui-même, donne beaucoup plus de développements que les autres évangélistes
à son récit des faits qui tiennent aux relations de Jésus avec les Juifs. C’est
lui qui introduit le Fils de l’homme comme l’homme devant Dieu selon le coeur de
Dieu, en le faisant voir comme rempli de toute la plénitude de Dieu demeurant en
lui corporellement [(Col. 2:9)]. L’homme devant Dieu selon le coeur de Dieu,
Jésus, est Médiateur entre l’homme et Dieu, et centre d’une sphère morale
beaucoup plus vaste que celle du Messie au milieu des Juifs : et c’est
essentiellement de ces nouvelles relations (vraiment anciennes dans les conseils
de Dieu) que Luc s’occupe. Cependant nous trouverons dans les premiers chapitres
de son évangile beaucoup plus de détails qu’ailleurs à l’égard de l’entrée de
Jésus au milieu des Juifs (représentés par le pieux résidu de ce peuple),
lorsqu’Il a été fait chair, ainsi que sur les faits qui se sont succédés à cette
époque, faits propres à servir pour ce peuple de preuves de la mission de Jésus
en entrant dans ce monde, à attirer son attention et à la fixer sur l’enfant qui
leur était né.
1 C’est-à-dire, quant au contenu de cet évangile. Le récit du dernier voyage du Seigneur se rendant à Jérusalem commence au chap. 9 et continue jusqu’au chap. 18. Au vers. 31 de ce chapitre est mentionné le fait qu’il monte à Jérusalem, et dès lors l’évangéliste donne surtout une série d’instructions d’une portée morale et montre les voies de Dieu en grâce qui vont être introduites. Au vers. 35 du chap. 18, nous trouvons l’aveugle de Jéricho déjà mentionné comme formant le début de la dernière visite du Seigneur à Jérusalem.
Luc présente la
personne même de Jésus, ce qu’il est
Il faut ajouter que ce qui caractérise le récit de Luc, et donne son intérêt
particulier à cet évangile, c’est qu’il nous présente ce que Christ est, —
Lui-même ; et non pas sa gloire officielle ou une position relative prise par
Lui, ni la révélation de sa nature divine en elle-même, non plus que sa mission
comme le grand Prophète. C’est Lui tel qu’il était, homme sur la terre ; la
personne que j’aurais rencontrée chaque jour si, en ce temps-là, j’eusse vécu en
Judée ou en Galilée.
Remarque sur la manière
dont Luc expose les faits
J’ajouterai une remarque concernant le style de Luc, qui pourra faciliter au
lecteur l’étude de cet évangile. Il condense souvent une quantité de faits dans
un court récit général, et développe ensuite un fait isolé, où sont exposés des
principes moraux et la grâce.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-4 — L’origine de l’écriture de l’évangile de Luc
[1:1] Plusieurs avaient entrepris de donner le récit de ce qui était
historiquement reçu au milieu des chrétiens, [1:2] selon que les compagnons du
Seigneur le leur avaient raconté. [1:3] Or Luc ayant suivi ces choses depuis le
commencement et en ayant eu ainsi une exacte connaissance, avait trouvé bon d’en
écrire méthodiquement à Théophile, [1:4] afin que celui-ci eût la certitude des
choses dans lesquelles il avait été instruit. C’est ainsi que Dieu a pourvu à
l’instruction de l’Église tout entière, par la doctrine contenue dans le tableau
de la vie de Jésus que nous devons à cet homme de Dieu, qui, mû personnellement
par des motifs chrétiens, a été dirigé et inspiré par le Saint Esprit pour le
bien de tous les croyants1.
1 L’union des motifs et de l’inspiration que les incrédules ont voulu mettre en contradiction se trouve à chaque page de la Parole ; aussi ces deux choses ne sont-elles incompatibles que dans l’esprit borné de ceux qui ne connaissent pas les voies de Dieu. Dieu ne peut-il donc point donner des motifs et par ces motifs engager un homme à entreprendre une tâche quelconque, et puis le diriger parfaitement et absolument en tout ce qu’il fait ? Eût-ce été même une pensée humaine (ce que je ne crois pas), si Dieu l’approuvait, ne pouvait-il pas veiller sur l’exécution, afin que le résultat fût entièrement selon sa volonté ?
Ch. 1 v. 5-7 — Le cadre
judaïque des événements
[1:5] Au vers. 5, l’évangéliste commence par les premières révélations de
l’Esprit de Dieu relatives à ces événements, événements dont l’état du peuple de
Dieu et l’état du monde dépendaient tout entiers, et dans lesquels Dieu devait
se glorifier pour toute l’éternité.
Le récit nous fait entrer de suite dans l’atmosphère judaïque, au milieu des institutions judaïques : ce sont les ordonnances juives de l’Ancien Testament, les pensées et l’attente qui s’y rattachent qui forment le cadre dans lequel le grand et solennel fait est placé. [1:5] Hérode, roi de Judée, en fournit la date ; et c’est un sacrificateur de l’une des vingt-quatre classes, homme juste et intègre, que nous rencontrons aux premiers pas sur notre chemin. Sa femme était des filles d’Aaron, [1:6] et tous les deux justes devant Dieu, marchant sans reproche dans tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur (Jéhovah). Tout chez eux était en règle devant Dieu selon sa loi, dans le sens judaïque ; [1:7] mais ils ne jouissaient pas de la bénédiction souhaitée par tout Juif : ils n’avaient pas d’enfant. Cependant il était selon les voies, on peut dire, ordinaires de Dieu dans son gouvernement au milieu de son peuple, d’accomplir sa bénédiction en manifestant la faiblesse de l’instrument dont il se servait ; faiblesse qui, d’après les pensées humaines, ôtait dans ce cas-ci tout espoir. Telle avait été l’histoire des Sara [(Gen. 18:11)], des Rebecca [(Gen. 25:21)], des Anne [(1 Sam. 1:5)], et de bien d’autres dont la Parole nous parle pour nous instruire dans les voies de Dieu.
Ch. 1 v. 8-17 —
L’annonce de Jean le Baptiseur, réponse aux prières de Zacharie
L’annonce de la naissance et du ministère de Jean
[1:13] Cette bénédiction, objet des voeux, souvent exposés à Dieu, du pieux
sacrificateur, ne lui avait pas été accordée jusqu’alors : l’exaucement tardait.
[1:8] Mais maintenant lorsque, au moment d’exercer son ministère régulier, [1:9]
Zacharie s’approche pour offrir l’encens qui, selon la loi, devait monter
(figure de l’intercession du Seigneur) comme un parfum devant Dieu, [1:10] et
tandis que le peuple priait en dehors du lieu saint, [1:11] l’ange de l’Éternel
se présente au sacrificateur à la droite de l’autel des parfums (vers. 8 et
suiv.). [1:12] À la vue de ce glorieux personnage, le trouble s’empare de
l’esprit de Zacharie ; [1:13] mais l’ange l’encourage en lui déclarant qu’il
porte de bonnes nouvelles, et en lui faisant connaître l’exaucement de ses
voeux, longtemps et en apparence inutilement présentés à Dieu : « Ne crains pas,
Zacharie, parce que tes supplications ont été exaucées, et ta femme Élisabeth
t’enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean », c’est-à-dire « la faveur
de l’Éternel ». [1:14] « Et il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse,
et plusieurs se réjouiront de sa naissance », qui sera pour eux un sujet
d’actions de grâces. Mais ce n’est pas seulement comme fils de Zacharie, que cet
enfant devait réjouir les coeurs de plusieurs : l’Éternel le donne à Zacharie,
[1:15] et il sera grand devant le Seigneur ; il sera Nazaréen et rempli du Saint
Esprit dès le ventre de sa mère, [1:16] et aussi il fera retourner le coeur de
plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu. [1:17] Il ira devant sa
face dans l’esprit d’Élie et avec la même puissance, pour rétablir en Israël,
dans ses sources mêmes, l’ordre moral, pour ramener les désobéissants à la
pensée des justes, et pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé.
L’esprit du service de
Jean le Baptiseur, quant aux relations entre Dieu et son peuple
[1:17] « L’esprit d’Élie » était un zèle ferme et ardent pour la gloire de
l’Éternel et pour l’établissement ou le rétablissement, par la repentance, des
relations d’Israël avec Lui. Le coeur de Jean tenait à ce lien du peuple avec
leur Dieu, selon la force et la gloire de ce lien même, mais dans le sentiment
de l’état de décadence du peuple, et conformément aux droits de Dieu qui se
rattachaient à ces relations elles-mêmes. En effet, quoique la grâce de Dieu
envers son peuple eût envoyé Jean, l’esprit d’Élie était un esprit légal en un
certain sens ; il faisait valoir les droits de l’Éternel en jugement. La grâce,
par lui, ouvrait la porte à la repentance ; c’était la grâce, mais non la grâce
souveraine qui apporte le salut même, quoique cependant elle en préparât la
voie. C’est dans la force morale de son appel à la repentance que Jean est ici
comparé à Élie, dans le but de rapprocher Israël de l’Éternel. Or l’Éternel, en
effet, était là quand Jésus a paru.
Ch. 1 v. 18 — Le manque
de foi de Zacharie
[1:18] Mais la foi de Zacharie en Dieu et dans sa bonté n’était pas, cas trop
ordinaire, hélas ! à la hauteur de sa requête ; et quand celle-ci est exaucée à
une époque qui rendait nécessaire une intervention particulière de la puissance
de Dieu, il ne sait pas marcher sur les traces des Abraham et des Anne, et il
demande encore comment la chose peut se faire ?
Ch. 1 v. 19-23 — Le
châtiment de Dieu sur Zacharie
[1:20] La bonté de Dieu fait tourner le manque de foi de son serviteur en un
châtiment instructif pour lui [1:22] et pour le peuple, en une preuve que
Zacharie a été visité d’en haut : [1:20] Zacharie restera muet jusqu’à ce que la
parole de l’Éternel soit accomplie ; [1:22] et les signes qu’il fait au peuple
[1:21] étonné de sa longue station dans le sanctuaire, [1:22] en expliquent la
cause.
Ch. 1 v. 24-25 —
L’accomplissement de la promesse divine et l’attitude pieuse d’Élisabeth
[1:24] Or la parole de Dieu s’accomplit en faveur de Zacharie ; et Élisabeth,
[1:25] reconnaissant la bonne main du Seigneur qui l’avait bénie, [1:24] se
cache avec un tact qui tenait à sa piété. [1:25] La grâce qui la bénissait ne la
rendait pas insensible à ce qui était une honte en Israël, et qui, tout en étant
ôté, laissait aux yeux des hommes des traces de cet opprobre dans les
circonstances surnaturelles mêmes de la bénédiction qui lui était accordée. Il y
avait là une justesse de sentiment convenable à une sainte femme. Mais ce qui se
dérobe justement à l’homme, a toute sa valeur devant Dieu, [1:43] et Élisabeth
est visitée dans sa retraite par la mère du Seigneur.
Ch. 1 v. 26-27 — Les
circonstances préparées de Dieu de l’annonce du Sauveur
Ici la scène change pour introduire le Seigneur lui-même dans cette scène
merveilleuse qui se déroule devant nos yeux. [1:26] Dieu, qui avait tout préparé
d’avance, envoie maintenant annoncer à Marie la naissance du Sauveur. Dans le
lieu que l’homme eût le moins soupçonné, et dont la renommée suffisait aux yeux
du monde pour la condamnation de ceux qui en sortaient [(Jean 1:47)], [1:27] une
jeune fille inconnue à tous ceux que le monde connaissait, était fiancée à un
pauvre charpentier ; Marie était son nom. Or tout était renversé en Israël : le
charpentier était de la maison de David. Mais les promesses de Dieu qui jamais
ne les oublie, et jamais ne méconnaît ceux qui en sont les objets, trouvaient
ici le lieu de leur accomplissement ; la puissance et les affections de Dieu se
dirigent ici selon leur énergie divine. Qu’importait que Nazareth fût grand ou
petit, sinon pour montrer que Dieu ne s’attend pas à l’homme, mais que c’est à
l’homme de s’attendre à Dieu ! [1:26] Gabriel est donc envoyé à Nazareth, [1:27]
« à une vierge, fiancée à un homme dont le nom était Joseph, de la maison de
David » (vers. 27).
Ch. 1 v. 28-38 —
L’annonce de la naissance de Jésus
L’oeuvre de la grâce souveraine de Dieu en Marie
[1:13] Le don de Jean à Zacharie avait été une réponse aux prières de celui-ci —
Dieu était fidèle à sa bonté envers un peuple qui s’attend à Lui. [1:30] Mais
ici, il y a une visitation de la grâce souveraine : Marie, vase d’élection,
avait dans ce but trouvé grâce aux yeux de Dieu ; [1:28] elle était favorisée
par la grâce souveraine et bénie entre les femmes1. [1:31] Elle devait concevoir
et enfanter un fils qu’elle appellerait Jésus. « Et voici, tu concevras dans ton
ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand
et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône
de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y
aura pas de fin à son royaume » (vers. 31-33).
1 Les expressions « eureV carin », tu as trouvé grâce et « kecaritwmenh », favorisée par la grâce, n’ont pas du tout la même signification. [1:30] Personnellement, Marie avait trouvé grâce, de sorte qu’elle ne devait pas craindre ; mais Dieu, dans sa souveraineté, lui avait accordé cette grâce, cette faveur immense d’être la mère du Seigneur ; [1:28] elle était en cela l’objet de la faveur souveraine de Dieu.
Jésus vu comme un
enfant né dans ce monde
[1:31] On remarquera que le sujet placé ici devant nos yeux par le Saint Esprit
est la naissance de l’enfant, tel qu’il serait ici-bas dans ce monde, tel qu’il
serait, enfanté de Marie : Lui qui serait né. L’instruction du Saint Esprit sur
ce point est divisée en deux portions ; [1:31-33] l’une concernant l’enfant qui
naîtra ; [1:35] l’autre relative à la manière de sa conception et à la gloire
qui découlera de son résultat. Ce qui est présenté ici n’est pas la nature
simplement divine de Jésus, la Parole qui était Dieu et qui a été faite chair
[(Jean 1:1, 14)], [1:31] mais ce qui était né de Marie [1:35] et la façon
particulière de cette naissance. Nous savons bien que c’est de ce même précieux
et divin Sauveur proclamé par l’apôtre Jean qu’il est question en Luc ; mais il
est présenté ici sous un autre aspect d’un intérêt infini pour nous, et nous
devons le considérer sous le jour dans lequel le Saint Esprit le montre comme né
de la vierge Marie dans ce monde de larmes. Occupons-nous d’abord des vers.
31-33.
Ch. 1 v. 31-33 — Jésus
venant ici-bas comme homme
Ch. 1 v. 31 — L’enfant Jésus, né vraiment comme un homme
[1:31] Celui qui était annoncé par l’ange était un enfant vraiment conçu dans le
sein de Marie qui l’a enfanté au temps réglé pour la nature humaine par Dieu
lui-même : elle l’a porté jusqu’au terme pour accoucher. Ceci ne nous dit rien
encore du comment : c’est le fait qui est révélé, fait pour nous d’une
importance impossible à exagérer ou à mesurer : Il était réellement et vraiment
homme, né comme nous d’une femme, non pas quant à la source, ni quant à la
manière de sa conception dont nous ne parlons pas encore, mais quant à la
réalité de son existence comme homme ! C’était une personne vraiment et
réellement humaine, redisons-le encore.
Le nom de Jésus,
manifestation de l’Éternel
Mais d’autres choses qui se rattachent à la personne de Celui qui doit naître
sont aussi racontées. [1:31] Son nom sera appelé Jésus, c’est-à-dire, Jéhovah le
Sauveur : il sera manifesté dans ce caractère et avec cette puissance : car il
était réellement celui dont il portait ainsi le nom. [Matt. 1:21] Ceci n’est pas
rattaché au fait « qu’il sauvera son peuple de leurs péchés », comme en
Matthieu, où l’on trouve la manifestation de la puissance de l’Éternel, du Dieu
d’Israël, à ce peuple dans l’accomplissement des promesses à lui faites. [1:31]
Ici nous voyons que Jésus a droit à ce nom ; mais le titre divin reste caché
sous la forme d’un nom personnel ; car Celui que Luc nous présente c’est le Fils
de l’homme, quelle que fût d’ailleurs sa puissance divine.
Ch. 1 v. 32 — Le titre
de Fils du Très-Haut attribué à un homme
[1:32] Ensuite, selon les paroles de l’ange, celui qui naîtrait « serait grand »
; et né dans ce monde, il « serait appelé le Fils du Très-Haut ». Avant que le
monde fût, il était le Fils du Père ; mais né dans ce monde, cet enfant, tel
qu’il serait ici-bas, serait appelé Fils du Très-Haut, titre qu’il démontrerait
avoir le droit de porter, et par ses actes et par tout ce qui manifesterait ce
qu’il était. Pensée précieuse et pleine de gloire pour nous ! un enfant né d’une
femme jouit à juste titre de ce nom, suprêmement glorieux pour quelqu’un qui
avait la position d’un homme et l’était réellement devant Dieu.
La royauté éternelle de
Jésus comme homme sur son peuple
Mais à celui qui naîtrait se rattachent encore d’autres choses : [1:32] Dieu lui
donnera le trône de David, son père. De nouveau, nous le voyons bien ici, il est
considéré comme né homme dans ce monde ; le trône de David, son père, lui
appartient : Dieu le lui donnera. Il est par droit de naissance héritier des
promesses terrestres, qui, quant à la royauté, se concentraient dans la famille
de David : mais ce sera selon les conseils et la puissance de Dieu. [1:33] Il
régnera « sur la maison de Jacob », non seulement sur la Judée et dans la
faiblesse d’une puissance passagère et d’une vie éphémère ; ce sera « à
toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume ». — En effet, ainsi que
Daniel l’avait dit (chap. 2:44), ce royaume « ne sera jamais détruit » et « ne
passera point à un autre peuple » : il sera établi selon les conseils de Dieu
qui ne changent pas, selon sa puissance qui ne fait pas défaut. [1 Cor. 15:24]
Jusqu’à ce qu’il remette le royaume à Dieu le Père, Jésus exercera une royauté
indiscutable que, tout étant accompli, il remettra à Dieu, mais dont la force
royale ne défaudra jamais entre ses mains. [1:33] Tel serait l’enfant qui allait
naître, [1:35] cet enfant véritablement né d’une manière miraculeuse comme
homme. [1:31] Pour celui qui savait comprendre son nom, il était Jéhovah le
Sauveur, [1:33] et il serait roi sur la maison de Jacob selon une puissance qui
ne défaillirait, ni ne manquerait jamais, jusqu’à ce qu’elle se confondît avec
la puissance éternelle de Dieu comme tel.
Ch. 1 v. 34-35 — La
conception miraculeuse de l’enfant Jésus
[1:31] Le grand sujet de la révélation donnée par l’ange à Marie, c’est que
l’enfant serait conçu et né : [1:32-33] ce qui est ajouté encore, c’est la
gloire qui lui appartient étant né. [1:34] Mais c’est la conception que Marie ne
comprend pas ; et Dieu lui permet de demander à l’ange comment elle aurait lieu.
La question de Marie était selon Dieu ; et je ne crois pas qu’ici il y eût
manque de foi. [1:13] Zacharie avait constamment demandé un fils, et il ne
s’agissait que de la puissance et de la bonté de Dieu pour réaliser ses voeux.
[1:18] Amené par la déclaration positive de Dieu au point où il n’y avait plus
qu’à se confier dans une promesse, il ne s’y fie pas, lors même qu’il n’y avait
dans un ordre de choses naturel, qu’à attendre un exercice extraordinaire de la
puissance de Dieu. [1:34] Mais Marie demande avec une sainte confiance, [1:28]
puisque Dieu la favorisait ainsi, [1:34] comment s’accomplirait, en dehors de
l’ordre naturel, la chose qui lui était annoncée : de l’accomplissement elle ne
doute pas1 ; elle demande le comment de ce qui s’accomplira, puisque cela doit
se faire hors de l’ordre de la nature. [1:35] L’ange poursuit sa mission en
communiquant à Marie la réponse de Dieu à cette question qui, dans les voies de
Dieu, a été, grâce à la réponse qu’elle a reçue, une occasion de révéler la
conception miraculeuse de Jésus. Il s’agissait de Sa naissance de la vierge
Marie : c’était de cela que l’ange parlait. Le Seigneur Jésus était Dieu et il
était homme. Cette personne née, et née de la vierge Marie, et qui a marché
ici-bas, était Dieu, et elle est devenue homme. Ce n’est pas cela toutefois qui
nous est spécialement déclaré ici, mais bien la manière de la conception ; ce
n’est pas non plus ce qu’elle était auparavant, mais la conception miraculeuse
de Celui qui est né tel qu’il a été dans ce monde. Selon les paroles de l’ange,
le Saint Esprit viendrait sur Marie et agirait en puissance sur ce vase de
terre, sans la volonté de celui-ci, ni celle d’aucun homme. Dieu est donc la
source de la vie de l’enfant promis à Marie en tant que né dans ce monde, et par
Sa puissance cet enfant est sorti du sein de Marie, de cette femme élue de Dieu
: « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la
sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (vers. 35). Saint par sa
naissance, conçu par l’intervention de la puissance de Dieu agissant sur Marie,
puissance qui était le principe divin de son existence ici-bas dans ce monde,
celui qui commencerait ainsi son existence, ce fruit du sein de Marie, aurait
dans ce même sens le titre de Fils de Dieu ; cette sainte chose qui serait née
de Marie serait appelée le Fils de Dieu. Ce n’est pas ici la doctrine de la
relation éternelle du Fils avec le Père : l’évangile de Jean, l’épître aux
Hébreux, celle aux Colossiens constatent cette précieuse vérité et signalent son
importance ; mais ici, c’est ce qui a été né en vertu de la conception
miraculeuse qui est, à ce titre-là, appelé Fils de Dieu.
1 Voyez, au verset 45, ce que dit Élisabeth : « Bienheureuse est celle qui a cru ! »
Ch. 1 v. 36-38 — La
soumission de Marie à la toute-puissance de Dieu
[1:36] Ensuite, l’ange annonce à Marie la bénédiction d’Élisabeth par la
toute-puissance de Dieu ; [1:38] et devant la volonté de son Dieu, Marie
s’incline soumise à Ses desseins, comme vase de leur accomplissement,
reconnaissant dans ces desseins une élévation qui ne lui laissait, à elle, leur
passif instrument, que la place de la soumission à ce que Dieu voulait. C’était
sa gloire par la faveur de son Dieu.
Ch. 1 v. 39-56 — La
visite de Marie à Élisabeth
Ch. 1 v. 39-50 — Le témoignage d’Élisabeth à Christ, et l’humble louange de
Marie envers la grâce divine
Mais il convenait que des merveilles accompagnassent et rendissent un juste
témoignage à cette intervention miraculeuse de Dieu. [1:39] La communication de
l’ange ne reste pas sans fruit dans le coeur de Marie, et dans une visite à
Élisabeth, elle va reconnaître ces voies merveilleuses de Dieu. La piété de la
vierge se montre ici d’une manière touchante. L’intervention miraculeuse de Dieu
l’a rendue humble au lieu de l’élever : elle a vu Dieu et non pas elle-même dans
ce qui est arrivé ; et bien plus, la grandeur de ces merveilles a amené Dieu
assez près d’elle pour la cacher à elle-même. [1:38] Elle se courbe devant sa
sainte volonté : mais dans tout ceci, Dieu est trop proche de son coeur pour
qu’elle s’y voie comme quelque chose d’important. [1:40] La visite de la mère du
Seigneur d’Élisabeth à cette dernière était toute naturelle, [1:36] car Dieu
avait visité la femme de Zacharie (l’ange le lui avait annoncé), et elle
s’intéressait aux choses de Dieu, parce que Dieu était près de son coeur par la
grâce qui l’avait visitée. [1:41] Conduite par le Saint Esprit dans son coeur et
dans ses affections, Élisabeth, parlant par cet Esprit, [1:42] reconnaît la
gloire qui se rattachait à Marie en vertu de la faveur de Dieu [1:43] qui
l’avait élue pour être la mère de son Seigneur. [1:45] Sous l’influence de la
même inspiration, elle reconnaît aussi la foi pieuse de Marie et lui annonce
l’accomplissement de la promesse que Dieu lui avait faite. Tout ce qui se passe
est un témoignage éclatant rendu à Celui qui devait naître au milieu d’Israël et
des hommes. — [1:46] Alors le coeur de Marie s’épanche en actions de grâce.
[1:47] Elle reconnaît Dieu son Sauveur dans la grâce qui l’a remplie de joie,
[1:48] et sa propre petitesse, figure de l’état du résidu d’Israël, [1:49]
petitesse qui servait d’occasion à la grandeur de Dieu pour intervenir avec un
plein témoignage que tout était de Lui. Quelle que fût la piété convenable à un
instrument qu’il employait, piété qui se trouvait en effet chez Marie, celle-ci
n’était grande qu’en tant qu’elle se cachait, car alors Dieu était tout, et
c’était par elle qu’il intervenait pour la manifestation de ses voies
merveilleuses. [1:48] En faisant quelque chose d’elle-même, elle perdait sa
place : mais elle n’a rien fait ainsi. Dieu l’a gardée par sa grâce, afin que Sa
gloire fût pleinement déployée dans l’événement divin. Et Marie reconnaît cette
grâce, et en même temps que tout est grâce envers elle.
Ch. 1 v. 51-55 — Marie
célèbre l’intervention de Dieu envers Israël
Le caractère et l’application des pensées qui remplissent le coeur de Marie,
sont tout judaïques. On peut rapprocher du cantique qui nous les fait connaître,
le cantique d’Anne (1 Samuel 2) qui célèbre prophétiquement cette même
intervention divine (voyez les vers. 44-45). [1:55] Mais Marie, il faut le
remarquer, remonte aux promesses faites aux pères, non pas à Moïse, [1:54] et
elle embrasse tout Israël. [1:52-53] On voit dans ses paroles la force de Dieu
qui s’accomplit dans l’infirmité [(2 Cor. 12:9)] quand il n’y a plus de
ressource et que tout est contraire. C’est le moment qui convient à Dieu ; et
pour cela, il lui faut des instruments qui soient nuls, afin que Lui soit tout.
L’expression de la foi
personnelle de Marie dans son cantique
Il n’est pas dit, chose à remarquer aussi, que Marie fût remplie du Saint Esprit
; et il me semble que c’est une distinction honorable pour elle. [1:41] Le Saint
Esprit visitait Élisabeth et Zacharie d’une manière exceptionnelle ; mais
quoique l’on ne puisse douter que Marie ne fût sous l’influence de l’Esprit de
Dieu, la réponse de celle-ci était un effet plus intérieur de l’action de cet
Esprit et se rattachait davantage à sa propre foi, à sa piété, et aux relations
habituelles de son coeur avec Dieu, formées par cette foi et cette piété. Marie
s’exprimait par conséquent en termes qui étaient davantage la voix de ses
propres sentiments. [1:48] Elle rendait grâces pour la bonté et la faveur dont
elle était l’objet, elle de si basse condition, [1:54] et cela en relation avec
les espérances et la bénédiction d’Israël. Dans tout ceci, il y a, ce me semble,
une convenance très frappante avec la grâce merveilleuse qui avait été faite à
Marie. Je le répète, Marie est grande en tant qu’elle n’est rien ; [1:28] mais
étant favorisée de Dieu d’une manière sans pareille, [1:48] tous les âges la
diront bienheureuse. Mais dans le cantique qui nous occupe, sa piété et ce qui
l’exprime ayant un caractère plus personnel, étant une réponse à Dieu plutôt
qu’une révélation de sa part, Marie se borne clairement à ce qui, pour elle,
devait être la sphère de cette piété, savoir Israël, les espérances de ce peuple
et les promesses à lui faites. Elle atteint, nous l’avons vu, au point de vue le
plus élevé des relations de Dieu avec Israël ; mais elle ne le dépasse pas.
La communion de coeurs
pieux, à l’écart du monde, avec Dieu
[1:56] Marie reste trois mois auprès d’Élisabeth, de la femme bénie de Dieu, de
la mère de celui qui sera la voix de Dieu dans le désert [(3:4)] ; puis elle se
retire pour suivre humblement sa propre voie, afin que celles de Dieu
s’accomplissent. Rien de plus beau dans son genre que ce tableau des entretiens
de ces femmes pieuses, inconnues au monde, mais instruments de la grâce de Dieu
pour accomplir ses desseins glorieux, infinis dans leurs conséquences. Elles se
cachent et se meuvent dans une scène où rien n’entre que la piété et la grâce :
mais Dieu est là, pas plus connu du monde que ces pauvres femmes qu’il ignorait,
mais préparant et accomplissant ce que les anges désirent sonder jusqu’au fond
[(1 Pier. 1:12)]. Cela se passe dans l’ombre, loin d’un monde qui ne connaît pas
Dieu ; mais les coeurs des pieuses femmes, visités de Dieu et touchés par sa
grâce, répondaient par leur piété mutuelle à ces visites merveilleuses d’en haut
; et la grâce de Dieu se reflétait d’une manière vraie dans le calme du coeur de
Marie qui reconnaissait Sa main et Sa grandeur en se confiant en Sa bonté et en
se soumettant à Sa volonté. C’est une grâce pour nous d’être admis là d’où le
monde a été exclu par son incrédulité et son éloignement de Dieu, et où Dieu a
agi de la sorte.
Ch. 1 v. 57-80 — La
naissance de Jean le baptiseur
La manifestation de Dieu à son peuple annoncée par la naissance de Jean
Mais ce que la piété reconnaît en secret par la foi, dans les visitations de
Dieu, doit enfin se publier et s’accomplir à la face des hommes. [1:57] Le fils
de Zacharie et d’Élisabeth est né, [1:64] et son père, obéissant à la parole de
l’ange, cesse d’être muet (vers. 57 et suiv.) ; [1:69] il annonce la venue du
rejeton de David, de la corne du salut d’Israël dans la maison du roi élu,
[1:72-73] pour accomplir toutes les promesses faites aux pères [1:70] et toutes
les prophéties par lesquelles [1:71] Dieu avait annoncé la bénédiction future de
son peuple. [1:76] L’enfant que Dieu a donné à Zacharie et à Élisabeth ira
devant la face de l’Éternel pour lui préparer le chemin ; [1:78] car le Fils de
David est « l’Éternel qui vient », selon les promesses et la parole par laquelle
Dieu avait annoncé la manifestation de sa gloire.
La promesse du bonheur
pour Israël accomplie par Jésus présent ici-bas
[1:78] La visitation d’Israël par l’Éternel, célébrée par la bouche de Zacharie,
embrasse tout le bonheur du millénium. Ce bonheur se rattache à la présence sur
la terre de Jésus, l’apportant dans sa personne qui en fait le centre et la
sûreté. Toutes les promesses sont oui et amen en Lui ; toutes les prophéties
l’entourent de la gloire qui se réalisera à cette époque (dans le millénium), et
font de Lui la source même d’où elle jaillit. Abraham trouvait sa joie à voir la
journée glorieuse du Christ [(Jean 8:56)]. — C’est ce que fait toujours le Saint
Esprit quand il s’agit de l’accomplissement de la promesse en puissance : il
s’avance jusqu’au plein effet que Dieu opère à la fin. La différence ici est que
ce ne sont plus des joies annoncées pour un avenir lointain, quand il y aurait
eu pour cela un Christ ou un enfant à naître, pour introduire ces jours de
réjouissance, en des temps encore obscurs à cause de leur éloignement : le
Christ est là, à la porte, et c’est l’effet de sa présence qui est célébré. Nous
savons que, puisqu’il a été rejeté et qu’il est maintenant absent,
l’accomplissement de ces choses est nécessairement renvoyé à son retour ; mais
sa présence amènera cet accomplissement qui est annoncé comme rattaché à cette
présence.
Le chapitre 1 se limite
aux relations entre Dieu et Israël, par la foi
On observera que ce premier chapitre se renferme dans les strictes limites des
promesses faites à Israël, c’est-à-dire aux pères. [1:8] Nous y trouvons les
sacrificateurs, [1:32] le Messie, [1:17] le précurseur de celui-ci, [1:55] les
promesses faites à Abraham, [1:72-73] l’alliance de la promesse et le serment de
Dieu. Ce n’est pas la loi ; mais l’espérance d’Israël, fondée sur la promesse,
l’alliance et le serment de Dieu, et confirmée par les prophètes, qui trouve sa
réalisation dans la naissance de Jésus, du Fils de David. Ce n’est pas la loi,
je le répète, mais Israël sous la bénédiction, non encore accomplie, sans doute,
mais dans les relations de la foi avec Dieu qui devait l’accomplir. Il ne s’agit
que de Dieu et d’Israël, de ce qui s’était passé en grâce entre Lui et son
peuple seul.
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-7 — La naissance de Jésus dans ce monde
Ch. 2 v. 1 — La domination de la puissance païenne sur le peuple de Dieu pécheur
La scène change ici. [2:1] On sort de ces relations selon la grâce entre Dieu et
Israël, pour être placé de prime abord devant l’empereur païen du monde, le chef
du dernier empire de Daniel, exerçant sa puissance sur la terre d’Emmanuel et
sur le peuple de Dieu, comme si Dieu ne les connaissait pas. [2:7] Cependant
nous assistons à la naissance du Fils de David, d’Emmanuel lui-même ; [2:1] mais
cet événement s’accomplit extérieurement sous la puissance du chef de la Bête,
d’un empire païen. Quel étrange état de choses le péché n’introduit-il pas ?
Toutefois ce qui le fait ressortir ici, c’est la grâce, l’intervention de Dieu.
— Mais d’autres circonstances encore, auxquelles il est bon de faire attention,
se rattachent à la mission de Jésus au milieu de cet état de choses. Lorsqu’il
est question des intérêts et de la gloire de Jésus, toute cette puissance qui
gouverne sans la crainte de Dieu, toute cette puissance qui domine en cherchant
sa propre gloire là où le Christ devait dominer, toute la gloire impériale,
n’est qu’un instrument entre les mains de Dieu pour l’accomplissement de ses
desseins. Pour ce qui est du fait public dont la Parole nous entretient, nous
voyons l’empereur romain exerçant un pouvoir despotique et païen là où aurait dû
être le trône de Dieu, si le péché du peuple n’eût rendu l’établissement de ce
trône impossible dans « la sainte cité ». L’empereur veut que tout le monde se
fasse enregistrer, [2:3] et chacun se rend dans sa ville. La puissance terrestre
se signale par un acte qui montre sa suprématie sur ceux qui (comme le peuple de
Dieu) auraient dû être libres de tout, sauf du gouvernement de leur Dieu, ce qui
d’ailleurs fait leur gloire ; et cet acte par son caractère montre la complète
dégradation et l’assujettissement du peuple : ils sont, à cause de leurs péchés,
esclaves des païens dans leurs corps et dans leurs biens1 ; [2:4] mais cet acte,
d’ailleurs, n’aboutit à autre chose qu’à accomplir l’admirable dessein de Dieu,
qu’à faire naître le Roi libérateur dans le village où, selon le témoignage de
Dieu, sa naissance devait avoir lieu. Et plus que cela, cette divine Personne
qui devait faire éclater la joie et les louanges du ciel, est née au milieu des
hommes, lui-même un enfant dans ce monde.
1 Néhémie 9:36, 37
Ch. 2 v. 2 — Le dessein
de Dieu s’accomplissant par l’autorité du monde
[2:1] L’enregistrement ordonné ici par César Auguste est d’autant plus
remarquable, que, sitôt le dessein de Dieu accompli, [2:2] il n’a pas eu de
suite sur le moment, mais plus tard seulement, sous le gouvernement de
Cyrénius1.
1 Je ne doute nullement que la seule vraie traduction de ce passage ne soit : « Le recensement même n’a eu lieu que lorsque Cyrénius était gouverneur de la Syrie », ou, si l’on veut, « a premièrement eu lieu quand Cyrénius, etc. ». Le Saint Esprit rapporte cette circonstance pour faire voir qu’une fois le dessein de Dieu historiquement accompli, ce n’est que plus tard qu’on a donné suite au décret de l’empereur. Ce passage qui, pour moi, est simple et clair dans son texte, a donné lieu à beaucoup de discussions.
Jésus vient prendre sa
place dans un monde loin de Dieu
[2:1] L’état de choses que nous rencontrons ici en Israël et dans le monde,
c’est donc la suprématie des gentils et l’absence du trône de Dieu. [2:7] Le
Fils de l’homme, le Sauveur, Dieu manifesté en chair, vient y prendre place,
mais une place que la grâce seule avait pu trouver et occuper dans un monde qui
ne le connaît pas.
Ch. 2 v. 7 — Le monde
n’a pas de place pour Dieu
[2:7] Le Fils de Dieu est né dans ce monde, mais il n’y trouve pas de place. Le
monde est chez soi, ou au moins il trouve par ses ressources mondaines une place
dans l’hôtellerie : le Fils de Dieu n’en trouve que dans la crèche. Est-ce pour
rien que le Saint Esprit relève cette circonstance ? Non certes. Dans ce monde
il n’y a pas de place pour Dieu, ni pour ce qui est de Dieu ; mais l’amour qui a
amené Dieu ici-bas en est d’autant plus parfait. Jésus commença sa carrière dans
une crèche et la termina sur la croix ; et, durant sa vie, il n’avait pas un
lieu où reposer sa tête.
Ch. 2 v. 8-14 — La
vision céleste de la naissance de Jésus
La naissance de Jésus, objet de l’attention des anges et des pauvres ici-bas
[2:7] Dans le monde, le Fils de Dieu paraît, enfant participant à toute la
faiblesse et à toutes les circonstances de la vie humaine ainsi manifestée1.
Mais si Dieu entre dans le monde et qu’une crèche le reçoive dans la nature
qu’il a prise en grâce, [2:9] les anges s’occupent de cet événement duquel
dépend le sort de tout l’univers et en qui s’accomplissent tous les conseils de
Dieu : car Dieu se choisit les choses faibles pour anéantir les choses fortes
[(1 Cor. 1:27)]. Ce pauvre petit enfant est l’objet de tous les conseils de
Dieu, le soutien et l’héritier de la création tout entière, le Sauveur de tous
ceux qui hériteront de la vie et de la gloire éternelles. [2:8] De pauvres gens
qui s’acquittaient fidèlement de leur tâche pénible, loin de l’inquiète activité
d’un monde ambitieux et pécheur, [2:11] reçoivent les premières nouvelles de la
présence du Seigneur sur la terre. Le Dieu d’Israël ne cherchait pas les grands
de son peuple, mais avait égard aux pauvres du troupeau [(Zac. 11:11)].
1 C’est-à-dire comme un petit enfant. Il n’a pas paru comme le premier Adam sortant dans sa perfection des mains de Dieu : Il est fils de l’homme, et né de femme, ce qu’Adam n’était pas.
La double action
angélique
Deux choses se présentent ici : [2:10] l’ange qui vient annoncer aux bergers de
Judée [2:11] l’accomplissement des promesses de Dieu à Israël ; [2:13] et le
choeur des anges qui, dans leurs louanges célestes, [2:14] célèbrent la portée
réelle de ce merveilleux événement.
Ch. 2 v. 10-11 —
L’annonce de la bonne nouvelle de la naissance de Christ
[2:11] « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le
Christ, le Seigneur », dit le messager céleste aux pauvres bergers qu’il visite.
[2:10] C’était annoncer une bonne nouvelle pour eux et pour tout le peuple.
Ch. 2 v. 14 — La portée
de la naissance de Jésus ici-bas
La grâce manifestée dans cette naissance surabonde là où le péché se montrait
Mais la naissance du Fils de l’homme, Dieu manifesté en chair [(2 Tim. 3:16)],
et l’accomplissement de l’incarnation avaient une portée tout autrement grande.
[2:12] Le fait que ce pauvre petit enfant était là méconnu et abandonné à son
sort, humainement parlant, avait une portée qui, pour les intelligences
célestes, [2:13] pour la foule des armées célestes, dont les louanges
retentissaient lors de la déclaration faite par l’ange aux bergers, se résumait
ainsi : [2:14] « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre, paix
; et bon plaisir [de Dieu] dans les hommes ! ». Ces quelques mots embrassent une
telle étendue de pensées que, dans un travail comme celui-ci, il est difficile
de s’en occuper convenablement : quelques remarques sont cependant nécessaires.
— [2:14] D’abord, il est profondément doux de voir que la pensée de Jésus dont
les anges sont remplis, exclut tout ce qui pouvait oppresser le coeur dans ce
qui a accompagné sa présence sur la terre. [2:12] Le péché était là ; hélas ! il
était manifesté dans la position même où se trouvait cet enfant merveilleux.
Mais si le péché l’avait placé là, la grâce l’y avait placé aussi : la grâce
surabonde [(Rom. 5:20)] ; [2:14] et en pensant à Lui, la bénédiction, la pensée
de Dieu à l’égard du péché, ce que Dieu est, en tant que manifesté en la
personne de Jésus, absorbent l’esprit, possèdent le coeur, et sont pour lui un
soulagement dans un monde comme celui-ci. On ne voit que la grâce ; et le péché
ne fait que rehausser la plénitude, la domination et la perfection de cette
grâce. Dieu, dans ses voies glorieuses, efface le péché à l’égard duquel il agit
et qu’il montre ainsi dans toute sa difformité : mais il y a ce qui surabonde.
Jésus, venu en grâce, remplit le coeur. Il en est de même dans tous les détails
de la vie chrétienne ; et c’est là la vraie source de puissance morale, de
sanctification et de joie.
La manifestation
parfaite de tout ce qu’est Dieu
[2:14] Ensuite, cette présence de Jésus né comme un enfant sur la terre, fait
ressortir d’abord ce qui est exprimé par ces mots : « Gloire à Dieu dans les
lieux très-hauts ! » L’amour de Dieu, sa sagesse, sa puissance qu’il a
manifestés non pas en tirant l’univers du néant, mais en se mettant au-dessus du
mal, et en faisant de l’effet de toute la puissance de l’Ennemi, l’occasion (et
cela par le moyen de la faiblesse même dont Il s’était revêtu) de montrer que
cette puissance n’était qu’impuissance et folie devant ce que l’on peut appeler
la faiblesse de Dieu ; l’accomplissement de ses éternels conseils ; la
perfection de ses voies là où le mal était entré ; la manifestation de Lui-même
au milieu de ce mal de manière à se glorifier devant les anges : toutes ces
choses réunies donnaient lieu à ces louanges. Dieu, en un mot, était manifesté
de telle sorte par la naissance de Jésus, que l’armée des cieux, à laquelle sa
puissance était familière depuis longtemps, pouvait entonner : « Gloire à Dieu
dans les lieux très-hauts ! » Et toute voix se joignait à la célébration de ces
louanges. Quel amour que cet amour ! et Dieu est amour. Quelle pensée purement
divine que celle de Dieu devenu homme ! Quelle suprématie du bien sur le mal !
Quelle sagesse, si Dieu voulait s’approcher du coeur de l’homme ! Quelle
convenance de s’adresser ainsi à l’homme ! Quel maintien de la sainteté de Dieu
! Quelle proximité du coeur de l’homme, quelle participation à ses besoins,
quelle expérience de son état ! Mais par-dessus tout, Dieu au-dessus du mal en
grâce, et visitant dans cette grâce le monde souillé, pour se faire connaître
comme jamais il n’avait été connu.
La paix amenée sur la
terre par la présence de Jésus
[2:14] La présence de Celui qui manifestait Dieu sur la terre, a, en second
lieu, pour effet que la « paix » sera sur la terre. Rejeté, son nom y sera une
occasion de guerre, mais le choeur céleste occupé du fait de sa présence et du
résultat de cette présence, quand elle aura produit tout son effet, et
considérée dans ses propres fruits, en célèbre les conséquences bénies et
bienheureuses. Le mal disparaîtra ; l’introduction de l’amour parfait bannira
toute inimitié : Jésus, puissant en amour, dominera et prêtera le caractère dans
lequel il est venu à toute la scène qui l’entourera, au monde où il venait de
paraître, afin que celui-ci fût selon son coeur qui trouvait dans ce caractère
ses propres délices (voyez Prov. 8:31)1. Voyez, dans des termes plus brefs, Ps.
85:10, 11. Les moyens par lesquels ces bénédictions seront accomplies, savoir la
rédemption, la destruction de la puissance de Satan, la réconciliation de
l’homme avec Dieu par la foi, et celle de toutes choses dans les cieux et sur la
terre, ne sont pas indiqués. Tout dépendait de la présence et de la personne de
Celui qui était né : tout se renfermait en Lui. L’état de bénédiction annoncé
dans le choeur des anges naissait avec la naissance de cet enfant. Offert à la
responsabilité de l’homme, l’homme est incapable d’en profiter ; et la
bénédiction renfermée dans la présence du Seigneur manque tout entière : la
position même de l’homme en est aggravée. Mais pour celui qui s’attachait à la
personne de Jésus, toutes les conséquences bénies de sa présence en découlaient
nécessairement. C’était, après tout, l’intervention de Dieu accomplissant les
conseils de son amour, le propos arrêté de son bon plaisir ; et une fois Jésus
là, la conséquence ne pouvait pas manquer, quelqu’interruption qu’il y eût à son
accomplissement : Jésus en était le garant ; il était venu au monde ; il
contenait et il exprimait dans sa personne toutes ces conséquences. Le Fils de
Dieu au milieu des pécheurs, disait pour l’intelligence spirituelle : « Paix sur
la terre ! »
1 Cette citation nous conduit à une connaissance glorieuse à la fois de ce qui avait lieu alors et de notre bénédiction. L’intérêt spécial de Dieu est dans les fils des hommes ; la sagesse (Christ est la sagesse de Dieu) fait les délices de l’Éternel tous les jours, se réjouissant en la partie habitable de sa terre, avant la création, suivant son dessein, et ses délices dans les fils des hommes. Son incarnation en est la preuve certaine. En Matthieu, nous avons notre Seigneur, lorsqu’il prend sa place avec le résidu, pleinement révélé. C’est dans le Fils, prenant cette place comme homme et étant oint du Saint Esprit, que toute la Trinité est pleinement révélée. C’est une merveilleuse révélation des voies de Dieu.
La grâce de Dieu a
choisi l’homme pour être le centre de ses conseils
[2:14] Cette présence de Jésus sur la terre, a pour troisième effet : « le bon
plaisir1, l’affection de Dieu dans les hommes ». Rien de plus simple : puisque
Jésus était un homme, il n’avait pas pris les anges, mais la semence d’Abraham
[(Héb. 2:16)] ; les hommes étaient les objets de sa grâce infinie. C’était un
témoignage glorieux que l’affection, le bon plaisir de Dieu se concentraient sur
cette pauvre race dans laquelle, tout éloignée qu’elle fût de Lui, il voulait
accomplir tous ses conseils glorieux. En Jean 1, « la vie était la lumière des
hommes » [(v. 4)]. En un mot, c’était la puissance de Dieu présente en grâce
dans la personne du Fils de Dieu, prenant part à la nature et s’intéressant au
sort d’un être qui s’était éloigné de Lui, et faisant de cet être même la sphère
de l’accomplissement de tous ses conseils et de la manifestation de sa grâce et
de sa nature à toutes ses créatures. Quelle position pour l’homme ! car c’est
bien dans l’homme que tout cela s’accomplissait. Tout l’univers devait apprendre
dans l’homme et dans ce que Dieu était pour l’homme, ce que Dieu est en
lui-même, le fruit de tous ses conseils glorieux, ainsi que « son repos »
parfait en sa présence et d’après sa nature d’amour.
1 C’est le même mot lorsqu’il est dit de Christ : « En qui j’ai trouvé mon plaisir » [(Matt. 3:17)]. Il est beau de voir ces êtres célestes célébrer sans arrière-pensée l’élévation d’une autre race à cette place glorieuse, par l’incarnation de la Parole. C’était à la gloire de Dieu, et cela leur suffisait. Combien cela est beau !
Ch. 2 v. 15-20 — La foi
des bergers reçoit la bénédiction annoncée
Voilà ce qu’impliquait la naissance de [2:12] cet enfant dont personne ne tenait
compte, [2:14] mais qui était le sujet naturel et merveilleux des louanges des
saints habitants du ciel, [2:13] de ces multitudes de l’armée céleste auxquelles
Dieu en avait donné la connaissance. [2:15] « Et il arriva, lorsque les anges
s’en furent allés d’avec eux au ciel, que les bergers dirent entre eux : Allons
donc jusqu’à Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée que le Seigneur
nous a fait connaître » (vers. 15). La foi était en exercice dans ces simples
Israélites ; [2:16] elle trouvait sa joie dans la bénédiction qui
s’accomplissait devant leurs yeux, et qui donnait une réalité vivante à cette
grâce que Dieu leur avait faite en leur annonçant la bénédiction elle-même.
[2:17] Ces mots : « la parole qui leur avait été dite », ajoutent leur
témoignage de bonté à tout ce dont nous jouissons en grâce de la part de Dieu.
Ch. 2 v. 21-24 —
L’accomplissement de la loi pour la naissance de Jésus
La loi est encore la règle du peuple d’Israël
[2:21] L’enfant reçoit le nom de Jésus le jour de sa circoncision, selon les
coutumes des Juifs (comp. chap. 1:59), mais selon les conseils et les
révélations de Dieu communiqués par les anges de sa puissance. [2:22] Tout au
reste s’accomplit selon la loi : car historiquement nous nous trouvons toujours
en rapport avec Israël. Celui qui est né de femme « est né sous la loi » (Gal.
4:4).
Le sacrifice offert
démontre la pauvreté dans laquelle Jésus vint
[2:24] La pauvreté des circonstances dans lesquelles Jésus a été placé ici-bas
se montre encore dans le sacrifice offert pour la purification de sa mère.
[2:22] « Et quand les jours de leur purification, selon la loi de Moïse, furent
accomplis, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur (selon
qu’il est écrit dans la loi du Seigneur, que tout mâle qui ouvre la matrice sera
appelé saint au Seigneur), et pour offrir un sacrifice, selon ce qui est
prescrit dans la loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou deux jeunes
colombes » (vers. 22-24).
Ch. 2 v. 25-38 — Le
résidu pieux d’Israël reconnaît le Christ
Dieu éclaire le résidu fidèle par son Esprit et manifeste sa bonté envers Israël
Mais un autre point important est ici mis en relief par le Saint Esprit, tout
chétif en apparence que puisse être Celui qui en fournit l’occasion. [2:25]
Jésus est reconnu du résidu pieux d’Israël en tant que le Saint Esprit agit en
celui-ci, [2:35] et il devient une pierre de touche pour toute âme en Israël.
[2:26] L’état de ce résidu enseigné par le Saint Esprit, c’est-à-dire conduit
par la grâce, et qui, ainsi éclairé de la lumière de Dieu, avait pris sa vraie
position, était celui-ci : [2:32] il avait la conscience de la misère et de la
ruine d’Israël, mais s’attendait au Dieu d’Israël et à sa fidélité immanquable
pour la consolation de son peuple ; et Dieu était avec ce résidu. [2:26] Il
avait fait connaître à ceux qui comptaient ainsi sur sa bonté, la venue du
rédempteur d’Israël qui avait été promis et qui devait être l’accomplissement de
cette bonté pour le peuple (vers. 25 et suiv.).
Le résidu se console
par la promesse de la gloire d’Israël, malgré la ruine du peuple
Ainsi, en présence de l’oppression des gentils et de l’iniquité d’un peuple qui
mûrissait dans le mal, le résidu qui compte sur Dieu ne perd pas ce que, dans le
chapitre précédent, nous avons vu appartenir à Israël [(1:68-75)] : [2:32] dans
la misère du peuple, il a pour consolation ce que la promesse et la prophétie
annonçaient pour la gloire d’Israël.
Ch. 2 v. 25-32 — La
joie de Siméon dans la bénédiction liée à la présence de Jésus
[2:26] Le Saint Esprit avait averti Siméon qu’il ne mourrait point avant d’avoir
vu le Christ du Seigneur : voilà sa consolation, et elle était grande ; elle se
renfermait dans la personne de Jésus le Sauveur, sans aller plus loin dans les
détails de la manière ou des temps de l’accomplissement de la délivrance
d’Israël. [2:29] Siméon aimait Israël et s’en allait en paix, puisque Dieu le
bénissait selon les désirs de sa foi. [2:32] La joie de la foi s’arrête au
Seigneur et à son peuple, mais elle voit dans la relation qui existe entre eux,
toute l’étendue de ce qui donne lieu à cette joie. [2:30] Le salut, la
délivrance de Dieu étaient venus en Christ ; [2:32] et la présence de Christ
était pour la révélation des gentils jusqu’alors cachés dans les ténèbres de
l’ignorance sans révélation, et pour la gloire d’Israël, peuple de Dieu. Ce que
le Saint Esprit dit ici par la bouche de Siméon, est l’expression du résultat du
gouvernement de Dieu en Christ, c’est-à-dire du millénium. Mais si l’Esprit
révélait à ce pieux et fidèle serviteur de Dieu l’avenir qui dépendait de la
présence du Fils de Dieu, [2:28] il lui révélait qu’il tenait ce Sauveur
lui-même dans ses bras, [2:29] lui donnant ainsi une paix présente et une telle
conscience de la faveur de Dieu que la mort en avait perdu ses terreurs. Ce
n’était pas une connaissance de l’oeuvre de Jésus qui se rapportait à une
conscience éclairée et convaincue ; mais c’était l’accomplissement des promesses
faites à Israël, la possession du Sauveur et la preuve de la faveur de Dieu, de
sorte que la paix qui en découlait remplissait l’âme de Siméon. Il y avait pour
lui trois choses : [2:26] la prophétie qui annonçait la venue du Christ, [2:28]
la possession du Christ, [2:32] et l’effet de sa présence dans tout le monde.
Nous sommes ici en rapport avec le résidu d’Israël, et par conséquent nous ne
trouvons pas l’Église et les choses célestes proprement dites : [2:34] le rejet
de l’objet de ces témoignages vient après. Ce qui nous est présenté dans cette
portion de l’évangile est tout ce qui appartient au résidu en fait de
bénédiction par la présence de Jésus ; l’oeuvre du Seigneur n’est pas le sujet
dont l’Esprit de Dieu parle dans ces passages.
Ch. 2 v. 34-35 — Les
communications de l’Esprit à Siméon — L’effet de la présentation du Messie à
Israël
[2:26] Quel beau tableau et quel témoignage rendu à cet enfant, dont nous
suivons l’histoire pas à pas, que la manière dont, par la puissance du Saint
Esprit, il remplissait le coeur de ce saint homme sur la fin de sa vie terrestre
! Et remarquez quelles étaient les communications de l’Esprit de Dieu à ce
faible résidu inconnu au milieu des ténèbres qui couvraient le peuple ! Qu’il
est doux en même temps de penser combien de ces âmes, remplies de grâce et de la
communion du Seigneur, ont fleuri dans l’ombre, inconnues de l’homme, mais
connues et chéries de Dieu, de ces âmes qui, quand elles paraissent, sortant
selon sa volonté de leurs retraites pour rendre témoignage à Christ, jouissent
elles-mêmes et nous parlent d’une manière si douce pour nos coeurs, d’une oeuvre
de Dieu qui se fait malgré tout ce dont l’homme s’occupe, et s’accomplit
derrière la scène pénible et pleine d’amertume qui se déploie dans ce monde !
Mais le témoignage de Siméon, ce saint homme de Dieu, était plus que
l’expression des pensées profondément intéressantes qui avaient rempli son
coeur, comme fruit de ce qui se passait entre Dieu et lui. [2:34] Cette
connaissance de Christ et des pensées de Dieu à son égard qui se développe en
secret entre Dieu et l’âme, donne de l’intelligence sur l’effet de la
manifestation au monde de Celui qui est l’objet dont l’âme s’occupe. L’Esprit
parle de cet effet par la bouche de Siméon. [2:32] Précédemment, nous recevions
de la même source et par le même moyen la déclaration du sûr accomplissement des
conseils de Dieu dans le Messie, la joie de son propre coeur ; [2:34]
maintenant, c’est l’effet de la présentation de Jésus comme le Messie à Israël
ici-bas qui nous est dépeint. [2:35] Quelle qu’ait été la puissance de Dieu en
Christ dans la bénédiction, Dieu mettait le coeur de l’homme à l’épreuve. Il
serait ainsi, en découvrant les pensées de plusieurs, [2:34] une occasion de
chute pour plusieurs, le moyen de relever plusieurs de leur état d’abaissement
et de dégradation ; [2:35] car il était lumière en lui-même et les pensées de
bien des coeurs seraient d’autant plus découvertes qu’il a été abaissé dans un
monde rempli d’orgueil. Marie même, toute mère du Messie qu’elle fut, aurait le
coeur transpercé d’une épée ; car son enfant serait rejeté, les relations
naturelles du Messie avec le peuple rompues et méconnues. [2:34] Ainsi la
contradiction des pécheurs contre le Seigneur mettrait à découvert les coeurs,
leurs désirs, leurs voeux, leur ambition, quelles que fussent les formes de la
piété.
Christ révèle les
conseils de Dieu et le coeur de l’homme
Tel était le témoignage rendu au Christ en Israël selon l’action de l’Esprit de
Dieu dans le résidu, au milieu de la misère et de l’esclavage du peuple : [2:32]
dans sa personne était renfermé le plein accomplissement des conseils de Dieu
envers Israël [2:31] et envers le monde par Israël, pour la joie du coeur du
fidèle qui avait espéré dans les promesses, [2:34] mais l’épreuve, dans ce
moment-là, de tous les coeurs par un Messie auquel on contredirait. Les conseils
de Dieu et le coeur de l’homme se révélaient en Lui.
Ch. 2 v. 36-38 — Anne
et le résidu fidèle qui attendaient le Messie
[Mal. 3:16] Malachie avait dit que ceux qui craindraient l’Éternel dans le
mauvais temps où l’on tiendrait pour heureux les orgueilleux, s’entretiendraient
souvent ensemble (Mal. 3:15-16) : ce temps était bien arrivé en Israël. Depuis
Malachie jusqu’à la naissance de Jésus, Israël n’avait fait que passer de la
misère à l’orgueil qui, du reste, commençait à poindre déjà du temps du prophète
; mais ce que Malachie disait du résidu : « Ils ont parlé l’un à l’autre »,
s’accomplissait aussi. [2:38] Nous voyons qu’ils se connaissaient mutuellement
dans ce tableau ravissant du peuple de Dieu. « Elle parlait de Lui à tous ceux
qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » (v. 38). [2:36] Anne paraît ici,
[2:37] cette sainte veuve qui ne quittait pas le temple et qui, consciente de la
misère d’Israël, assiégeait le trône de Dieu avec un coeur de veuve pour une
nation dont Dieu n’était plus le mari, et qui était réellement veuve comme elle.
[2:38] Anne sort pour annoncer à tous ceux qui repassaient ces choses ensemble,
que le Seigneur avait visité son temple. Ils attendaient la délivrance à
Jérusalem, et le Libérateur méconnu des hommes était là. Quel sujet de joie pour
ce pauvre résidu ! Quelle réponse à sa foi !
Ch. 2 v. 39-52 —
L’enfance de Jésus comme homme
La parfaite humanité de Jésus et sa relation avec le Père comme Fils de Dieu
Après tout néanmoins, Jérusalem n’était pas le lieu où Dieu visitait le résidu
de son peuple, mais cette ville était le lieu de l’orgueil de ceux qui disaient
: « le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel… » (Jér. 7:4). [2:39] Joseph
et Marie ayant accompli ce que la loi exigeait, vont prendre leur place et Jésus
la sienne, dans le lieu méprisé dont il devait porter le nom, et dans les
contrées où le résidu méconnu, les pauvres du troupeau, avaient pour la plupart
leur place, et où le témoignage de Dieu avait annoncé l’apparition de la lumière
[(És. 9:1-2)]. [2:40] Là sa vie d’enfant s’écoule dans l’accomplissement
physique et intellectuel de la nature véritablement humaine qu’il avait prise :
simple et précieux témoignage ! [2:46] Mais quand le moment est arrivé pour Lui
de s’entretenir avec les hommes, il n’en a pas moins la conscience de sa
relation avec son Père. [2:52] Cette humanité et sa relation avec le Père se
trouvent réunies dans ce qui est dit à la fin du chapitre. Dans le développement
de son humanité se manifeste le Fils de Dieu sur la terre. [2:33] Joseph et
Marie qui, tout en s’étonnant de tout ce qui lui arrivait, [2:50] ne
connaissaient pas sa gloire d’une manière complète par la foi, [2:48] blâment
l’enfant selon la position dans laquelle il se trouvait personnellement par le
fait, et extérieurement vis-à-vis d’eux (de fait, Joseph n’était pas son père du
tout). [2:51] Or ceci donne lieu à la manifestation d’un autre caractère de
perfection de Jésus. S’il était Fils de Dieu et en avait toute la conscience, il
était homme obéissant, essentiellement et toujours parfait et sans péché ; il
était enfant obéissant, quel que fût d’ailleurs le sentiment d’une relation qui
n’avait en elle-même aucun rapport avec celle de la soumission à des parents
humains ; la conscience de l’une de ces relations ne nuisait pas à sa perfection
dans l’autre : que Jésus fût Fils de Dieu, assurait sa perfection comme homme et
enfant sur la terre.
La relation de Jésus
avec le Père, indépendante de toute autre chose
Mais il y a une autre chose importante à remarquer ici : c’est que cette
perfection ne tenait pas à ce qu’il fût oint du Saint Esprit. Il a accompli son
ministère public d’après la puissance et la perfection de cette onction sans
doute ; [2:49] mais sa relation avec son Père tenait à sa personne même. Le lien
subsistait entre Lui et son Père : il en avait toute la conscience, quel que fût
le moyen ou la forme de sa manifestation publique et de la puissance de son
ministère. Il était tout ce qu’un enfant doit être, mais c’était le Fils de Dieu
qui était tel. Sa relation avec son Père lui était aussi connue [2:51] que son
obéissance à Joseph et à sa mère était belle, convenable et parfaite.
Le commencement du
ministère parfait de Christ
C’est là que nous terminons cette touchante et divine histoire de la naissance
et des premiers jours du divin Sauveur, Fils de l’homme, histoire qui, donnée de
Dieu, porte l’empreinte de la grâce qui nous l’a accordée et qui a été
manifestée dans les faits dont elle parle. Impossible de trouver quelque chose
de plus profondément intéressant. Désormais, c’est dans son ministère, dans sa
vie publique, que nous allons le retrouver, rejeté des hommes, mais
accomplissant les conseils et l’oeuvre de Dieu ; et séparé de tous pour le
faire, selon la puissance du Saint Esprit qui était en Lui sans mesure, et pour
fournir cette carrière à laquelle rien ne peut se comparer : elle est le centre
et le moyen, et le seul possible, comprenant sa mort, son offrande sans tache à
Dieu, de toute relation de nos âmes avec Dieu, la perfection de la manifestation
de sa grâce, et le fondement des seules relations que Dieu puisse maintenant
reconnaître de toutes les créatures avec Lui.
Chapitre 3
Le témoignage de la venue de Dieu pour tous
Au chapitre troisième, nous trouvons l’exercice du ministère de la Parole envers
Israël, par un témoignage qui annonce en même temps l’introduction du Seigneur
dans ce monde : ce ne sont pas les promesses à Israël et ses privilèges assurés
de la part de Dieu, ni la naissance de l’enfant, héritier de toutes les
promesses ; l’empire même, témoin de la captivité d’Israël, servant d’instrument
à l’accomplissement de la Parole qui concernait le Seigneur.
Ch. 3 v. 1-2 — L’état
de choses en Israël
L’empire romain et le système juif
[3:1] « Or, en la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant
gouverneur de la Judée, et Hérode tétrarque de la Galilée, etc. » (vers. 1-2).
Les années sont comptées ici d’après le règne des gentils : la Judée est une
province entre les mains de l’empire des gentils, et les autres parties du pays
de Canaan sont partagées entre divers chefs subordonnés à l’empire. [3:2] Le
système juif cependant continue ; et les souverains sacrificateurs sont là pour
indiquer par leurs noms les années de leur assujettissement aux gentils, et en
même temps pour conserver l’ordre, la doctrine et les cérémonies des Juifs,
autant que cela était possible dans les circonstances où Israël se trouvait.
Les communications de
Dieu avec son peuple, par le prophète
[3:2] « Or, en la quinzième année de Tibère César… la parole de Dieu vint à
Jean, le fils de Zacharie, au désert. Et il alla dans tout le pays des environs
du Jourdain, prêchant le baptême de repentance en rémission de péchés » (vers. 3
et suiv.). Or la parole de Dieu est toujours sûre, et lorsque le peuple de Dieu
a manqué de fidélité, de sorte que ses relations avec Dieu ne trouvent pas de
fondement dans l’intégrité du peuple, lorsque, en un mot, il n’y a point d’autre
moyen que celui-là, alors Dieu maintient ses relations souverainement, par le
moyen des communications d’un prophète. Mais dans le cas présent, le message de
l’Éternel à son peuple avait un caractère particulier, car Israël était ruiné,
ayant abandonné le Seigneur. La bonté de Dieu avait encore laissé subsister le
peuple et l’avait laissé extérieurement dans la jouissance des formes de son
culte et du service divin ; [3:1] mais le trône du monde était transféré aux
gentils. [3:3] Il s’agissait pour Israël de se repentir, d’être pardonné, et de
prendre une nouvelle place par la venue du Messie.
Ch. 3 v. 3-20 — Le
ministère de Jean
Ch. 3 v. 3-14 — L’appel de Jean et l’annonce de la venue de Dieu
La préparation de la venue de Dieu et ce qui y convient
[3:4] Le témoignage de Dieu n’est donc point en rapport avec ses ordonnances à
Jérusalem (quoique le juste s’y soumette) : le prophète non plus ne les appelle
pas à être fidèles, sur le terrain sur lequel ils se trouvaient ; c’est la voix
de Dieu dans le désert, [3:5] aplanissant ses sentiers, afin que Dieu arrivât
comme du dehors pour celui qui se repentirait et qui se préparerait à son
arrivée. [3:6] Aussi, puisque c’était l’Éternel lui-même qui venait, sa gloire
ne serait pas renfermée dans les étroites limites d’Israël : « Toute chair »
verra la délivrance opérée par Dieu (vers. 6). [3:7] L’état du peuple même,
était cet état duquel Dieu, en annonçant la colère qui allait fondre sur une
nation rebelle, [3:8] appelait les âmes à sortir par la repentance. Au reste, si
Dieu venait, il voulait des réalités, des fruits réels de justice, et non un
peuple qui n’en eût que le nom ; aussi en susciterait-il un pour lui-même, selon
sa puissance souveraine qui savait former pour elle-même ce qu’elle voulait
avoir devant ses yeux. Dieu arrivait : il voulait la justice quant à la
responsabilité de l’homme, car il était juste. Il pouvait se susciter une
semence d’Abraham par sa puissance divine, et cela de pierres même s’il le
trouvait bon. C’est la présence, la venue de Dieu lui-même qui caractérise tout
ici.
Jean exhorte à porter
des fruits selon la crainte de Dieu
[3:9] Or la cognée était « déjà » mise à la racine des arbres, et chacun était
jugé d’après ses fruits. Il ne suffisait pas de s’appeler Juif : si l’on
jouissait de ce privilège, où en étaient les fruits ? Là où Dieu trouverait des
fruits selon son coeur, il reconnaîtrait le bon arbre. [3:11] Jean s’adresse à
la conscience de tous. [3:12] Ainsi, les péagers haïs des Juifs comme
instruments de l’oppression fiscale des gentils, [3:14] et les soldats qui
exécutaient les ordres arbitraires des gouverneurs païens ou des rois imposés au
peuple par les Romains, [3:13-14] étaient exhortés à faire ce que la vraie
crainte de Dieu devait leur enseigner, en contraste avec l’iniquité qui se
pratiquait habituellement selon la volonté de l’homme. [3:11] Jean exhorte à la
charité pratique la foule [3:10] qui l’interroge ; [3:7] tandis que le peuple,
envisagé comme peuple, est à ses yeux une race de vipères qu’attendait la colère
de Dieu. La grâce agit à leur égard, en les avertissant du jugement qui était à
la porte.
Plan de la prédication
de Jean
Dans les vers. 3-14, nous avons donc ces deux choses : vers. 3-6, la position de
Jean vis-à-vis du peuple comme tel, dans la pensée que Dieu lui-même allait
paraître ; vers. 7-14, l’appel de Jean à la conscience des individus, faisant
comprendre (vers. 7-9) que, devant la présence du Dieu juste et saint, [3:8] les
privilèges formels du peuple ne présentaient aucun abri : s’en couvrir n’était
qu’attirer sur soi la colère, [3:7] car le peuple était sous le jugement et
exposé à la colère de Dieu. Au vers. 10, Jean en vient aux détails ; puis, vers.
15-17, la question du Messie se résout.
Dieu va paraître, et
l’homme doit se repentir
Du reste, comme nous l’avons dit, le grand sujet de tout ce passage, la grande
vérité qui éclate aux yeux du peuple dans le témoignage de Jean le baptiseur,
c’est que Dieu lui-même va paraître. [3:8] L’homme doit se repentir : les
privilèges accordés en attendant, comme moyens de bénédiction, ne sauraient être
invoqués contre la nature et la justice de Celui qui venait, ni détruire la
puissance par laquelle il pouvait se créer un peuple selon son coeur ; toutefois
la porte de la repentance est ouverte selon sa fidélité envers un peuple qu’il
aimait.
Ch. 3 v. 15-17 —
L’oeuvre du Messie en jugement sur le mal
[3:16] Or il y avait une oeuvre spéciale pour le Messie, selon les conseils, la
sagesse et la grâce de Dieu. « Lui vous baptisera de l’Esprit Saint et de feu »
(vers. 16), c’est-à-dire qu’il introduirait la puissance et le jugement qui
écartent le mal — l’Esprit Saint, écartant le mal par une puissance qui agit en
sainteté et en bénédiction — le feu, symbole de ce jugement qui consume et
détruit ce qui s’oppose à la volonté de Dieu. Le Christ baptise de l’Esprit
Saint : ce n’est pas simplement un renouvellement de désirs, mais la puissance
en grâce au milieu du mal ; il baptise de feu : c’est le jugement qui consume le
mal. [3:17] Ensuite ce jugement s’applique à Israël, son aire. Christ mettra le
froment ailleurs en sûreté ; la balle sera brûlée par le jugement.
Ch. 3 v. 18-20 — La fin
du témoignage de Jean
[3:20] Mais Jean est mis en jugement par le chef royal du peuple : non pas que
cet événement ait eu lieu historiquement au moment dont il vient d’être question
; mais l’Esprit de Dieu veut montrer la fin du témoignage de Jean au point de
vue moral, pour commencer le récit de la vie de Jésus, le Fils de l’homme, mais
né Fils de Dieu dans ce monde.
Ch. 3 v. 21-22 — Le
commencement du ministère de Jésus
Ch. 3 v. 21 — Jésus prend place, en grâce, avec le résidu repentant
C’est avec le vers. 21 que cette histoire commence ; et de quelle manière
étonnante et pleine de grâce ! [3:3] Dieu avait appelé par Jean le baptiseur son
peuple à la repentance ; [3:7] et ceux qui écoutaient sa parole venaient se
faire baptiser par celui-ci : c’était le premier signe de la vie et de
l’obéissance. [3:21] Et comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi vient,
Jésus, parfait en vie et en obéissance, vient en grâce pour le résidu de son
peuple ; il prend place avec ce résidu ; il est baptisé du baptême de Jean,
comme le résidu l’avait été. Touchant et merveilleux témoignage ! Jésus n’aime
pas de loin, ni en pardonnant seulement ; il vient se placer par la grâce là où
le péché de son peuple avait placé celui-ci : c’était une place prise sous
l’influence du sentiment que l’Esprit convertissant et vivifiant de son Dieu
donnait à ce peuple. Jésus y pousse son peuple par sa grâce ; mais il
l’accompagne dans le chemin dans lequel il l’introduit, dès le premier pas qu’il
y fait ; il prend place avec lui dans toutes les difficultés du chemin et marche
à la rencontre de tous les obstacles qui s’y présentent, s’identifiant
réellement avec le pauvre résidu, ces « excellents de la terre en qui il
trouvait ses délices », appelant l’Éternel, son Seigneur, s’anéantissant et
disant que sa bonté ne s’élevait point jusqu’à l’Éternel (Ps. 16 [v. 2-3]). En
s’identifiant ainsi avec les siens dans leur confession, le Seigneur ne prend
pas sa place éternelle, mais celle de l’humiliation, et partant de la
perfection, dans la position jusqu’à laquelle il s’était abaissé, mais une
perfection qui reconnaissait l’existence du péché ; parce qu’en effet il y avait
du péché, et le résidu a dû le sentir en retournant à Dieu : ce sentiment était
le commencement du bien, de l’oeuvre de la grâce et de l’Esprit dans le résidu.
C’est là que Jésus prend place avec lui pour aller jusqu’au bout. En Christ,
quelque humble que fût la grâce, c’était la grâce qui s’accomplissait par la
justice, car c’était en Lui l’amour et l’obéissance, ainsi que la marche par
laquelle il glorifiait son Père. Il est entré par la porte.
Jésus, objet des
délices du Père, manifeste sa grâce par rapport au péché
[3:21] Jésus donc, en prenant cette position d’humiliation que demandait l’état
du peuple bien-aimé, et dans laquelle la grâce le plaçait, [3:22] Jésus se
trouvait dans celle de l’accomplissement de la justice et de tout le bon plaisir
du Père dont il devenait ainsi l’objet. Le Père pouvait le reconnaître comme
satisfaisant son coeur là où se trouvait le péché (et en même temps les objets
de sa grâce), de sorte qu’il pouvait donner libre cours à sa grâce. La croix
était le plein accomplissement de cette oeuvre de grâce, dans laquelle Jésus
s’est identifié avec les siens pour porter toutes les conséquences de leur état.
Il y a une différence, il est vrai, entre la croix et cette identification avec
eux dans sa vie d’amour, et nous dirons un mot de cette différence en parlant de
la tentation du Seigneur : mais le principe de ce qu’il fait est le même dans
les deux cas. [3:21] Christ était ici avec le résidu, au lieu d’être substitué
et mis à sa place pour expier le péché. [3:22] Mais l’objet des délices du Père
[3:21] avait pris place par grâce avec son peuple, lorsque ce peuple confessait
son péché devant Dieu1 et qu’il était en ce sens dans son péché, quoique
renouvelé pour le confesser ; sans quoi le Seigneur n’aurait pu être avec lui,
sauf comme témoin pour lui adresser la grâce prophétiquement.
1 [3:21] Il prenait cette place au milieu du résidu pieux et avec lui, dans l’acte qui les distinguait de ceux qui ne se repentaient pas ; cette place était celle qui convenait au peuple, le premier acte de la vie spirituelle. Le résidu qui entoure Jean représente le vrai Juif prenant sa vraie place devant Dieu. C’est là que Christ entre avec lui.
Ch. 3 v. 21 — Le ciel
s’ouvre sur Jésus, l’homme parfait en relation avec Dieu
[3:21] Jésus, ayant pris cette position et priant, occupe la place de l’homme
pieux dépendant de Dieu ; et son coeur s’élevant à Lui, dirigé vers Dieu (encore
l’expression de la perfection dans cette position !), le ciel s’ouvre à lui. Par
le baptême, il prenait sa place avec le résidu ; en priant, il montrait sa
perfection dans ses propres rapports avec Dieu dans la place qu’il avait ainsi
prise. La dépendance de Dieu et le mouvement du coeur vers Dieu, comme la
première chose qui y surgit et l’expression de son existence pour ainsi dire,
est la perfection de l’homme ici-bas ; et dans ce cas-ci, de l’homme dans les
circonstances où il se trouvait dans ses relations avec Dieu, et Jésus avec lui.
Ici, le ciel peut s’ouvrir ; et remarquez-le, ce n’est pas le ciel s’ouvrant
pour chercher quelqu’un qui était éloigné de Dieu, ni la grâce ouvrant le coeur
à la conscience de cet éloignement ; mais c’est la grâce et la perfection de
Jésus qui fait ouvrir le ciel, comme il est dit : « À cause de ceci le Père
m’aime, c’est que moi je laisse ma vie » [(Jean 10:17)]. Ainsi aussi c’est la
perfection positive de Jésus1 qui est le motif de l’ouverture du ciel. Une fois
que ce principe de réconciliation existe, remarquez-le aussi, le ciel et la
terre ne sont plus aussi éloignés l’un de l’autre. Il est vrai que, jusqu’après
la mort de Jésus, cette relation de paix et de communion a dû se concentrer sur
la personne de Jésus lui-même ; mais le fait qu’elle était établie en Lui,
renfermait toutes les conséquences précieuses qui en découlent pour nous. La
proximité entre le ciel et l’homme était établie en grâce, quoiqu’elle ne pût
s’étendre encore plus loin ; car le grain de froment a dû rester seul jusqu’à ce
qu’il tombât en terre et mourût [(Jean 12:24)]. Cependant les anges, ainsi que
nous l’avons vu, ont pu dire : « Sur la terre, paix ; et bon plaisir [de Dieu]
dans les hommes » ; et nous voyons l’ange avec les bergers et l’armée céleste, à
la vue et à l’ouïe de la terre, louant Dieu de ce qui est arrivé [(2:13-14)],
mais ici, le ciel ouvert sur l’homme et le Saint Esprit descendant sur lui
visiblement.
1 Remarquez ici que Christ n’a pas, comme Étienne, un objet dans le ciel sur lequel fixer son attention [(Act. 7:55)]. Lui est l’objet du ciel. Il est l’objet d’Étienne par le Saint Esprit, lorsque les cieux s’ouvrent devant le premier martyr. Sa personne demeure toujours clairement en évidence, même lorsqu’il met son peuple dans la place qu’il occupe, ou lorsqu’il s’identifie avec lui. Voyez sur ce sujet l’évangile de Matthieu.
L’Esprit Saint vient
sur Jésus homme, au milieu du résidu
Examinons la portée de ce dernier fait. [3:21] Christ a pris place avec le
résidu dans son faible et humble état ; mais en y accomplissant la justice.
[3:22] La parfaite faveur du Père repose sur lui, et l’Esprit Saint vient
l’oindre et le sceller de sa présence et de sa vertu. Fils de Dieu, homme dans
ce monde, le ciel est ouvert à Jésus, et toute l’affection du ciel se concentre
sur Lui et sur tous les siens en Lui1. [3:21] Le premier pas que font ces âmes
humiliées dans le chemin de la grâce et de la vie, voit Jésus là avec elles, et
s’il est là, [3:22] c’est la faveur et la dilection du Père et la présence de
l’Esprit. Et souvenons-nous toujours que c’est sur Lui homme, quoiqu’il soit en
même temps Fils de Dieu.
1 Je ne parle pas ici de l’union de l’Église avec Christ en haut ; mais de ce qu’il a pris place avec le résidu qui vient à Dieu par la grâce, amené par l’efficace de sa Parole et par la puissance de l’Esprit. C’est, je présume, la raison pour laquelle nous voyons tout le peuple être baptisé, et alors Jésus vient et s’associe avec eux.
La position de l’homme
accepté de Dieu, parfaitement dévoilée en Jésus
Telle est la position de l’homme accepté devant Dieu : Jésus nous présente cette
position comme en étant lui-même la mesure, l’expression. [3:22] Elle est
caractérisée par ces deux choses, que l’homme fait les délices du Père, et qu’il
est scellé du Saint Esprit dont la puissance repose sur lui. Ensuite cela a lieu
dans ce monde, et est connu de celui qui en jouit. Le ciel est ouvert à l’homme
en Jésus. Il y a cette différence maintenant, déjà notée dans notre position
actuelle, d’avec celle de Jésus, que nous regardons par le Saint Esprit dans le
ciel où est Jésus ; mais nous prenons sa place ici-bas.
[3:21] Il nous faut contempler l’homme tel qu’il est vu dans la personne et la position de Jésus dans ce moment — le ciel ouvert — [3:22] la puissance du Saint Esprit sur Lui et en Lui — le témoignage du Père — et la relation du Fils avec le Père.
Ch. 3 v. 23-38 — La
généalogie de Jésus, jusqu’à Adam
[3:23] « Et Jésus lui-même commençait d’avoir environ trente ans, étant, comme
on l’estimait, fils de Joseph : d’Héli, etc. » (vers. 23 et suiv.). — On
remarquera qu’ici la généalogie de Jésus est tracée non jusqu’à Abraham ou à
David, afin qu’Il soit héritier des promesses selon la chair, [3:38] mais
jusqu’à Adam, pour montrer que Jésus est le vrai Fils de Dieu, homme dans ce
monde, où le premier Adam avait perdu son titre, tel qu’il le possédait. Le
second Adam, le Fils de Dieu, accepté du Père, était là, et se préparait à
prendre sur Lui les difficultés dans lesquelles le péché et la chute du premier
Adam avaient placé ceux qui, d’entre sa race, s’approchaient de Dieu sous
l’influence de la grâce. L’Ennemi était par le péché en possession du premier
Adam, et il faut que Jésus remporte la victoire sur lui, s’il veut délivrer ceux
qui étaient sous sa puissance ; il doit lier l’homme fort [(Matt. 12:29)] : le
vaincre en pratique, c’est la seconde partie de la vie chrétienne. La joie avec
Dieu, la lutte avec l’Ennemi, voilà ce qui compose la vie du racheté, scellé du
Saint Esprit et marchant par sa puissance ; il est avec Jésus et Jésus avec lui
dans ces deux parties de sa vie.
Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-13 — Les tentations au désert
Ch. 4 v. 1-2 — Jésus est tenté comme homme, combattant à part du péché
[3:22] Reconnu Fils de Dieu sur la terre, [4:1] Jésus est mené au désert par le
Saint Esprit, [3:22] par lequel il avait été scellé, [4:2] pour subir la
tentation de l’Ennemi auquel Adam avait succombé. Mais Jésus subit cette
tentation dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons — non dans
celles où se trouvait Adam — c’est-à-dire dans toutes les difficultés de la vie
de la foi : il la sentit à part le péché, car il « a été tenté en toutes choses
comme nous, à part le péché » [(Héb. 4:15)]. Remarquez qu’il ne s’agit pas ici
de l’esclavage du péché, mais du combat ; quand il s’agit d’esclavage, il s’agit
de délivrance et non de combat. Israël combattait en Canaan ; il avait été
délivré d’Égypte : il ne s’agissait pas là de combat.
La perfection de
l’homme ici-bas : l’obéissance à Dieu, selon sa Parole
Dans l’évangile de Luc, les tentations sont rapportées d’après leur ordre moral
: [4:3] ainsi d’abord, nous trouvons ce que les besoins du corps exigent ;
[4:6-7] puis le monde ; [4:9-11] enfin la subtilité spirituelle. Dans toutes, le
Seigneur garde la position d’obéissance et de dépendance, en donnant à Dieu et à
ses communications à l’homme — sa Parole — leur vraie place : simple principe
qui nous met à l’abri de toute atteinte ; mais qui, par sa simplicité même, est
la perfection. Cependant souvenons-nous qu’il en est ainsi ; car ce n’est pas de
nous élever à de merveilleuses hauteurs qui est exigé de nous, mais d’appliquer
à l’état humain la règle normale de sa conduite. Il s’agit d’obéir, il s’agit de
la dépendance, de ne rien faire qu’autant que Dieu le veut ; il s’agit de la
confiance en Lui. Cette marche suppose l’existence de la Parole, et que nous
possédons cette Parole pour nous diriger et nous faire connaître la volonté de
Dieu. La Parole est l’expression de la volonté, de la bonté et de l’autorité de
Dieu, applicables à toutes les circonstances de l’homme tel qu’il est : elle
montre que Dieu s’intéresse à tout ce qui concerne l’homme. Pourquoi l’homme
agirait-il de son chef sans regarder à Dieu et à cette Parole ? Hélas ! en
parlant des hommes en général, ils ont une volonté propre : se soumettre et être
sous la dépendance est précisément ce qu’ils ne veulent pas ; ils sont trop
inimitié contre Dieu pour se confier en Lui. C’était donc cette soumission,
c’était l’obéissance, qui distinguaient le Sauveur. Le pouvoir d’opérer un
miracle, Dieu pouvait le conférer à qui il voulait ; mais un homme obéissant,
sans aucun vouloir de faire quoi que ce soit, là où la volonté de Dieu n’était
pas exprimée, un homme qui vivait de la Parole et sous la dépendance complète de
Dieu, ayant cette parfaite confiance qui n’exige aucune autre preuve de la
fidélité de Dieu que sa Parole, et aucun autre moyen de certitude qu’il veuille
intervenir, que la promesse de le faire, un homme qui s’attendait à cette
intervention de Dieu dans le chemin de Sa volonté — voilà ce qui était plus que
du pouvoir. C’était la perfection de l’homme dans la position où l’homme se
trouvait ; c’était l’homme, non pas simplement innocent (car l’innocence n’a pas
besoin de se confier en Dieu à travers les difficultés, les peines, les
questions soulevées par le péché, la connaissance du bien et du mal), mais une
perfection plaçant celui qui était tel à l’abri de toute attaque que Satan lui
livrerait : car que pouvait Satan contre celui qui ne s’écartait pas de la
volonté de Dieu et qui avait dans cette volonté son seul motif d’action ? Or la
puissance de l’Esprit de Dieu était avec celui qui agissait dans cet esprit
d’obéissance.
Dépendance, confiance
en Dieu et obéissance triomphent des attaques de Satan
Ainsi donc la simple obéissance, dirigée par la Parole, se trouve être la seule
arme employée par Jésus. Cette obéissance exige la dépendance de Dieu et la
confiance en Dieu pour l’accomplir. [4:4] Jésus vit de la Parole ; c’est là la
dépendance. [4:12] Il ne veut pas tenter Dieu, c’est-à-dire le mettre à
l’épreuve, pour voir s’il est fidèle ; c’est là la confiance. [4:4] Il agit
quand Dieu veut, fait ce que Dieu veut, et parce qu’il le veut : le reste, il le
laisse à Dieu. C’est là l’obéissance ; et, remarquons-le, non pas l’obéissance
comme soumission à la volonté de Dieu quand il n’y avait point de volonté
opposée, mais quand la volonté de Dieu était le seul motif pour agir. Nous
sommes sanctifiés pour l’obéissance de Christ [(1 Pier. 1:2)]. [4:13] Satan est
vaincu et impuissant devant le second Adam, [4:1] agissant selon la puissance de
l’Esprit dans la place où se trouve l’homme, par les moyens que Dieu a donnés à
l’homme et au milieu des circonstances dans lesquelles Satan exerce sa
puissance. De péché, il n’y en avait pas en Jésus : s’il y en avait eu, c’eût
été succomber et non vaincre : le péché était exclu par l’obéissance. Mais Satan
est vaincu dans les circonstances de tentation au milieu desquelles l’homme se
trouve. [4:3] Les tentations se rapportent aux besoins du corps qui seraient
devenus convoitise si la volonté propre s’y était introduite, [4:4] au lieu de
s’attendre à la volonté de Dieu ; — [4:6] au monde et à toute sa gloire qui, en
tant qu’objet de la convoitise de l’homme, est en effet l’empire de Satan, [4:7]
terrain sur lequel Satan a voulu amener Jésus et s’est montré Satan en le
faisant ; — [4:9] enfin, à l’élévation de soi-même, religieusement, [4:10-11]
par les choses que Dieu nous a données. Voilà les points d’attaque de l’Ennemi ;
mais il n’y avait pas recherche de soi en Jésus.
Nous avons à combattre
l’ennemi vaincu par Jésus, homme parfait
Nous avons donc trouvé dans ce que nous venons de parcourir : [1:35] d’abord,
l’homme né du Saint Esprit, [4:1] rempli du Saint Esprit ici-bas, [3:22]
parfaitement agréable à Dieu et objet de son affection, Fils bien-aimé de Dieu
dans sa position de dépendance ; [4:2] nous l’avons trouvé en second lieu, homme
vainqueur de Satan au milieu des tentations par lesquelles celui-ci a
ordinairement prise sur l’homme. Nous l’avons vu vaincre dans ce combat par la
vertu du Saint Esprit, et pour remporter cette victoire, employer la Parole
comme dépendant et obéissant, et se confier en Dieu dans les circonstances où
nous nous trouvons tous. Dans la première position, Jésus se trouvait avec le
résidu ; et dans la seconde, comme en Gethsémané et sur la croix. Toutefois il
était là pour nous : et acceptés comme Jésus, en un certain sens, nous avons
l’Ennemi à vaincre : mais c’est un ennemi battu auquel nous résistons par la
puissance de l’Esprit qui nous est donné en vertu de la rédemption. Si nous
résistons à l’Ennemi, il s’enfuit, car il a rencontré son vainqueur ; la chair
ne lui résiste pas : — il trouve Christ en nous. La résistance selon la chair ne
conduit pas à la victoire.
Les moyens de notre
victoire sont ceux utilisés par Jésus
Jésus a vaincu et a ensuite pillé les biens de l’homme fort [(Matt. 12:29)] ;
mais dans la tentation, ce qui caractérisait Jésus c’était l’obéissance, c’était
d’avoir la volonté de Dieu pour sienne ; c’était enfin l’emploi de la Parole en
se tenant sous la dépendance de Dieu, toutes choses que le premier Adam avait
abandonnées. C’est ainsi que Jésus a remporté la victoire sur l’Ennemi ; et
après cette victoire, nous aussi, comme serviteurs de Christ, nous remportons
des victoires positives, ou plutôt nous recueillons les fruits de la victoire
déjà remportée en la présence de Dieu.
Ch. 4 v. 14-30 — Le
commencement de l’oeuvre du Seigneur par l’Esprit
Ch. 4 v. 14-15 — Jésus, tel que vu jusque là, accomplit la volonté du Père par
l’Esprit
Le Seigneur a maintenant, pour ainsi dire, pris sa place pour l’oeuvre du second
Adam, de l’homme en qui est l’Esprit sans mesure, Fils de Dieu dans ce monde par
sa naissance. [1:31] Il a pris cette place comme semence de la femme ([1:35]
conçu toutefois par l’Esprit Saint) ; [3:22] il l’a prise comme Fils de Dieu
parfaitement agréable à Dieu dans sa personne en tant qu’homme ici-bas ; [4:13]
il l’a prise comme vainqueur de Satan. [3:22] Reconnu Fils de Dieu et scellé du
Saint Esprit par le Père, [3:21] le ciel étant ouvert sur lui, comme homme,
[3:38] il fait remonter pourtant sa généalogie à Adam. [4:1] Descendant d’Adam,
sans péché, ainsi que rempli du Saint Esprit ([4:4] comme homme obéissant, la
volonté de Dieu étant son seul mobile), [4:13] il vainc Satan ; [4:15] puis il
se met, et cela comme homme, par la puissance du Saint Esprit, à accomplir
l’oeuvre que son Père lui a confiée dans ce monde. [4:14] Il retourne en
Galilée1 par la vertu de l’Esprit, et sa renommée se répand dans tout le pays
d’alentour (vers. 14).
1 [4:1] Remarquez ici que c’est comme oint de l’Esprit Saint, et conduit par Lui, que Jésus va pour être tenté, [4:14] et qu’il revient dans la même puissance. Aucun n’était perdu, et cette puissance se manifestait aussi bien dans le résultat, en apparence négatif, d’avoir vaincu, qu’ensuite, dans la manifestation miraculeuse de cette puissance envers les hommes.
Ch. 4 v. 16-22 —
L’accomplissement en grâce des promesses en Jésus
[4:18] C’est dans ce caractère que Jésus se présente ici : « L’Esprit du
Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux
pauvres ; il m’a envoyé pour publier aux captifs la délivrance… et pour publier
l’an agréable du Seigneur » (vers. 18-19). Là il s’arrête : ce qui suit dans le
prophète et qui a rapport à la délivrance d’Israël par le jugement qui tire
vengeance des ennemis du peuple, est omis par le Seigneur. [4:21] Or Jésus
n’annonce pas des promesses, mais leur accomplissement en grâce par sa propre
présence. [4:22] L’Esprit est sur cet homme plein de grâce ; et le Dieu de
grâce, en Lui, manifeste sa bonté. [4:21] Le temps de la délivrance est là ; le
vase de la faveur de ce Dieu de grâce pour Israël se trouve au milieu de ce
peuple.
Christ est la parfaite
manifestation de la grâce envers Israël
L’examen de la prophétie rend ce témoignage cité par le Seigneur d’autant plus
remarquable, que l’Esprit, ayant déclaré le péché du peuple et son jugement dans
les chapitres qui précèdent [(És. 58-59)], ne parle que de grâce et de
bénédiction envers Israël, en introduisant le Christ, l’Oint. Lors même que
c’est la vengeance qui s’exécute, elle est exécutée contre les adversaires du
peuple pour le délivrer : mais ici c’est la grâce dans la personne du Christ.
[4:18] Cet homme, Fils de Dieu, est plein du Saint Esprit pour annoncer la
miséricorde d’un Dieu fidèle à ses promesses, [4:19] pour consoler et relever
les pauvres en esprit et ceux qui ont le coeur brisé : [4:21] la bénédiction
était là qui se présentait devant leurs yeux. Ils ne peuvent la méconnaître ;
[4:22] mais ils ne voient pas le Fils de Dieu, et ils disent : « Celui-ci
n’est-il pas le fils de Joseph ? » (vers 20-22). Voilà toute l’histoire de
Christ : [4:24] il a été la parfaite manifestation de la grâce au milieu
d’Israël, son pays et son peuple ; et ensuite, il a été méconnu : « Aucun
prophète n’est reçu dans son pays » (vers. 24).
Ch. 4 v. 25-30 — Israël
rejette la grâce, pour lui comme pour les autres
[4:24] Mais ce rejet du Seigneur donnait lieu à une grâce qui franchissait les
limites que voulait lui imposer un peuple rebelle : [4:25-26] la femme de
Sarepta [4:27] et Naaman lui servaient de témoins que cette grâce dépassait les
limites d’Israël selon la volonté de Dieu (vers. 25-27). [4:28] Alors la colère
s’empare d’un peuple qui ne veut pas la grâce ; [4:29] incrédules et incapables
de voir la bénédiction qui les avait visités, ils ne veulent pas qu’elle aille
ailleurs. L’orgueil qui les rendait incapables d’apprécier la grâce, ne voulait
pas entendre parler de sa communication à d’autres : alors ils veulent détruire
Jésus ; [4:30] mais Lui poursuit son chemin. Encore une fois, nous trouvons dans
cette scène toute l’histoire de Jésus au milieu du peuple tracée à l’avance.
Ch. 4 v. 31-44 — Le
travail de Jésus en grâce parmi le peuple
[4:31] Jésus poursuit son oeuvre ; et l’Esprit nous raconte les faits et les
guérisons qui caractérisent son ministère sous le rapport de l’efficace de la
grâce et de son extension à d’autres qu’à Israël. [4:36] La puissance était dans
Celui dont la grâce était rejetée. [4:34, 41] Il est reconnu par les démons s’il
ne l’est pas d’Israël : [4:35] d’un seul mot il les chasse. Toute la puissance
de l’Ennemi, les tristes effets extérieurs du péché, disparaissent de devant
Lui. [4:40] Il guérit les malades ; [4:42-43] il guérit, puis se retire malgré
les sollicitations des foules [4:37] qui, à cause de l’effet de ses oeuvres, lui
rendaient un honneur qu’il ne cherchait point. [4:43] Il s’en va travailler
ailleurs dans le témoignage qui lui avait été confié, car il cherche à accomplir
son oeuvre et non à être honoré. [4:44] Il prêche partout au milieu du peuple ;
il chasse l’Ennemi et la souffrance, et annonce la bonté de Dieu aux pauvres
(vers. 31-44).
Chapitre 5
Ch. 5 v. 1-16 — La grâce appelle Pierre et veut guérir le lépreux, mais en étant
encore sous la loi
Homme, Jésus était venu pour les hommes et il veut s’associer d’autres hommes
pour être ses compagnons dans cette oeuvre glorieuse : il en a le droit. S’il
est serviteur en grâce, il l’est selon la pleine puissance du Saint Esprit ;
[5:6] et il opère un miracle propre à frapper ceux qu’il voulait appeler, un
miracle qui leur faisait sentir qu’il disposait de tout, que tout dépendait de
Lui et qu’il pouvait tout, [5:5] là où l’homme ne pouvait rien (vers. 4-7).
[5:8] Pierre, frappé jusque dans sa conscience par la présence du Seigneur,
confesse son indignité : Il se jeta « aux genoux de Jésus, disant : Seigneur,
retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (vers. 8). [5:10] La grâce le
relève, et dispose son coeur à parler d’elle à d’autres ou à pêcher des hommes,
en lui donnant la capacité de le faire. Déjà Jésus n’était pas un prédicateur de
justice au milieu du peuple de Dieu, mais Celui qui attirait dans son filet ceux
qui étaient loin de cette justice. [5:1] Il attirait autour de Lui, comme étant
la manifestation sur la terre de la puissance de Dieu et de son caractère :
c’était la grâce qui se trouvait là. [5:13] Il était là, avec la volonté et la
puissance de guérir ce qui était le signe du péché, la lèpre, ce mal incurable à
moins d’une intervention directe de la puissance de Dieu : et Dieu intervenait
en grâce. Jésus peut dire, et il dit à celui qui reconnaît sa puissance et
doutait de sa volonté : « Je veux, sois net »1. [5:14] Toutefois, il se
soumettait aux ordonnances comme un Juif obéissant sous la loi ; [5:16] il
priait comme un homme dépendant de Dieu (vers. 16) : c’était sa perfection comme
homme né sous la loi. D’ailleurs, il fallait que Christ reconnût l’autorité des
ordonnances de Dieu qui, Lui n’étant pas encore rejeté n’étaient point abrogées
: il était au milieu d’Israël. [5:14] Mais cette obéissance comme homme lui
serait pour témoignage ; car la puissance de l’Éternel seule pouvait guérir la
lèpre, et les sacrificateurs devaient reconnaître ce qui était arrivé au lépreux
et ainsi constater l’intervention de Dieu.
1 [5:13] Quand un homme touchait un lépreux, il était impur. Mais ici, la grâce opère, et Jésus qui ne pouvait être souillé touche le lépreux (Dieu en grâce, sans souillure, mais homme, touchant l’objet souillé pour le nettoyer).
Ch. 5 v. 17-26 — Le
pardon des péchés est venu avec Jésus ici-bas
[5:20] Mais Jésus apporte le pardon de nos péchés [5:13]aussi bien que le
nettoiement de nos souillures. [5:24] Il en donne la preuve en ôtant toute
infirmité et en donnant la force à celui qui n’en avait point (vers. 17 et
suiv.). Ce n’est pas la doctrine que Dieu pouvait pardonner, car cela on le
croyait bien ; mais Dieu était intervenu, et le pardon était là. On n’attendrait
plus au dernier jour ou à un jour de jugement pour savoir ce qu’il en était ; un
Nathan ne serait plus nécessaire pour venir, de la part de Dieu dans le ciel,
annoncer ce pardon aux siens sur la terre [(2 Sam. 12:13)] : le pardon était
arrivé dans la personne du Fils de l’homme venu sur la terre. Or en tout ceci le
Seigneur donne des preuves de la puissance et des droits de l’Éternel (c’est
dans le cas qui nous occupe l’accomplissement du Ps. 103:3) ; mais il les
présente en même temps comme accomplis par la puissance de l’Esprit sans mesure
dans l’homme, dans sa personne, vrai Fils de Dieu. « Le Fils de l’homme a le
pouvoir sur la terre de pardonner les péchés » (vers. 24). En effet, l’Éternel
était venu, homme sur la terre : le Fils de l’homme était là devant leurs yeux à
tous, en grâce, pour exercer cette puissance, preuve de la présence de Dieu
ici-bas.
Jésus nettoie et
pardonne, en rapport avec Israël
Dans ces deux cas1 le Seigneur, tout en déployant une puissance propre à
s’étendre et qui devait s’étendre au-delà de cette sphère, agit en rapport avec
Israël. [5:13] Le nettoiement était la preuve de la puissance de l’Éternel au
milieu d’Israël ; [5:20] et le pardon, un pardon qui se rapportait à son
gouvernement au milieu de ce peuple, [5:24] démontrait ainsi, par la guérison
parfaite de celui qui souffrait, la présence de celui qui, selon le Ps. 103 déjà
cité, accordait ce pardon et accomplissait la guérison2. Sans doute de tels
droits ne se bornaient pas à Israël, mais ils s’exerçaient dans ce moment-là en
rapport avec ce peuple. [5:13] Jésus le nettoyait en grâce de ce dont l’Éternel
seul pouvait le nettoyer. [5:20] Il lui pardonne [5:21] ce que l’Éternel seul
pouvait lui pardonner, [5:24] en ôtant toutes les conséquences de son péché.
C’était dans ce sens un pardon gouvernemental : la puissance de l’Éternel était
présente pour restaurer et rétablir pleinement Israël, là du moins où la foi
voulait en profiter. Plus tard, nous trouverons le pardon pour la paix de l’âme.
1 L’appel de Pierre est plus général en ceci qu’il se rattache à la personne du Christ. Cependant, [5:10] quoique Pierre fût pêcheur d’hommes (un mot employé évidemment en contraste avec les poissons, dont il était occupé), il a exercé son ministère plus particulièrement en rapport avec Israël : mais c’est la puissance dans la personne de Jésus qui a gouverné son coeur, de sorte que, pour le fond, cette influence était une chose nouvelle ; toutefois elle a été exercée dans la sphère des rapports du Messie avec Israël, quoique s’étendant plus loin. C’est à la fin du chap. 7 et au chap. 8, que nous entrons sur un terrain en dehors des limites étroites d’Israël.
2 Comparez Job 33 et 36, et Jacq. 5:14-15, le premier, en dehors des économies, et Jacques sous le christianisme. En Israël, c’est le Seigneur lui-même en grâce souveraine.
Ch. 5 v. 27-39 — La
manifestation de la puissance de la grâce
[5:27] L’appel de Lévi et ce qui suit (vers. 27-39), [5:32] montre non seulement
qu’une telle puissance de grâce qui apportait la paix et la vie devait s’étendre
au-delà d’Israël, [5:37] mais que le « vieux vaisseau » ne saurait la supporter
: [5:38] elle devait se former elle-même des vaisseaux pour elle.
Ch. 5 v. 17-20 — La
persévérance de la foi pour obtenir la réponse à ses besoins
[5:19] On peut également remarquer ici, d’un autre côté, la persévérance comme
caractère de la foi. [5:18] Le sentiment du mal, d’un mal sans remède, uni à
l’assurance que Celui qui peut guérir est là, ne nous permet pas de nous laisser
rebuter, ni ne renvoie le soulagement de notre besoin. [5:17] Or la puissance de
Dieu était là en réponse à ce besoin.
L’exercice de la
puissance divine en grâce par Jésus, en Israël
Les récits de l’exercice de la puissance en Israël, avant le contraste entre la
grâce et le judaïsme
Ceci termine les récits qui révèlent d’une manière positive la puissance divine,
visitant la terre en grâce par la personne du Fils de l’homme, et s’exerçant en
Israël dans la condition dans laquelle le Fils de l’homme le trouvait.
Ch. 4 v. 31 à 5 v. 26 —
La manifestation de la puissance — Les âmes mises en rapport avec Dieu
Ce qui suit caractérise l’exercice de cette grâce en contraste avec le judaïsme.
Mais ce que nous avons déjà examiné se divise en deux parties, ayant des
caractères distincts qu’il vaut la peine d’examiner. Ainsi, au chap. 4:31-41,
[4:40-41] on voit la puissance du Seigneur qui se manifeste de sa part,
triomphant (sans rapport particulier avec les pensées de l’individu) de toute la
puissance de l’Ennemi, [4:39] soit dans les maladies, [4:35] soit dans les
possessions. La puissance de l’Ennemi est là : Jésus chasse l’Ennemi [4:40] et
guérit ceux qui souffrent. [4:44] Mais son occupation est proprement de prêcher.
Cependant le royaume n’était pas seulement la manifestation d’une puissance qui
chassait toute celle de l’Ennemi, mais d’une puissance qui aussi mettait les
âmes en rapport avec Dieu. C’est ce qui se voit au chap. 5:1-26. Dans ce
passage-ci, l’état des âmes devant Dieu, le péché, la foi, sont en question — en
un mot, tout ce qui tenait à leur relation avec Dieu. Nous voyons par conséquent
ici l’autorité de la parole de Christ sur le coeur, la manifestation de sa
gloire : [5:8] Jésus est reconnu Seigneur. La conviction du péché, la juste
jalousie pour sa gloire dans le sentiment de sa sainteté qui devait se garantir
de toute atteinte, font que l’âme prend le parti de Dieu contre elle-même, parce
qu’elle aime la sainteté et respecte la gloire de Dieu, tout en subissant en
même temps l’attrait de sa grâce ; [5:11] et par ces moyens, poissons, barque,
dangers, filets, tout est oublié ! Une chose possède l’âme déjà. [5:10] Ensuite
la réponse du Seigneur ôte toute frayeur, et il s’associe l’âme délivrée, dans
la grâce qu’il exerçait envers elle et dans l’oeuvre qu’il accomplissait en
faveur des hommes.
Ch. 5 v. 1-11 — La
délivrance de l’âme et sa mise à part
Déjà l’âme était délivrée moralement de tout ce qui l’entourait ; maintenant,
jouissant pleinement de la grâce, elle est affranchie par la puissance de cette
grâce, étant toute à Jésus. Le Seigneur, parfaite manifestation de Dieu, en
créant de nouvelles affections par cette révélation de Dieu, sépare le coeur de
tout ce qui l’attachait à ce monde et à l’ordre du vieil homme, afin de le
mettre à part pour Lui-même ou pour Dieu. Le Seigneur délivre les âmes
moralement, en étant le centre des affections qui les gouvernent et qui sont
formées par cette révélation.
Ch. 5 v. 12-16 — Jésus
nettoie du péché, dans la dépendance divine
[5:13] Ensuite (ce que l’Éternel seul pouvait faire), le Seigneur nettoie de la
lèpre (vers. 12-16) ; [5:14] toutefois, il ne sort pas de sa position sous la
loi : [5:15] quelque grande que soit sa renommée, [5:16] il garde sa place de
parfaite dépendance comme homme vis-à-vis de Dieu. Le lépreux, le souillé
peuvent désormais revenir à Dieu.
Ch. 5 v. 17-26 — Le
pardon en réponse à la foi qui cherche Jésus
Puis le Seigneur pardonne (vers. 17-26). Le coupable ne l’est plus vis-à-vis de
Dieu : il est pardonné ; en même temps il acquiert de la force. Toutefois c’est
toujours le Fils de l’homme qui est là ; et dans les deux cas dont il vient
d’être question, la foi cherche le Seigneur en lui présentant ses besoins.
Ch. 5 v. 27-39 — La
souveraineté de la grâce dans ses actions
La grâce agit envers l’homme selon ses besoins, sans restrictions
Maintenant (vers. 27 et suiv.), le Seigneur montre le caractère de cette grâce
vis-à-vis des objets dont elle s’occupait. Étant souveraine, étant de Dieu, elle
agit en vertu de ses droits ; les circonstances humaines ne l’arrêtent pas. Elle
s’adapte par sa nature même à des besoins et non à des privilèges humains : elle
ne se soumet pas aux ordonnances1, ni ne s’introduit en elles. La puissance de
Dieu par l’Esprit était là, agissant pour elle-même ; [5:38] et elle produisait
ses effets en laissant de côté ce qui était vieux, [5:39] ce à quoi l’homme
s’attachait2 [5:37] et à quoi la puissance de l’Esprit ne pouvait être
restreinte.
1 Christ né sous la loi [(Gal. 4:4)], s’y soumettait ; mais c’est autre chose. Ici, c’est la puissance divine agissant en grâce.
2 [5:34-35] Mais ici aussi le Seigneur, en donnant les raisons pour lesquelles les disciples ne suivent pas les institutions et les ordonnances de Jean et des pharisiens, rattache ces raisons aux deux principes que nous avons déjà signalés, savoir sa position au milieu d’Israël, [5:32] et la puissance de la grâce qui en franchissait les limites. [5:34] Le Messie, l’Éternel lui-même était au milieu d’Israël dans cette grâce d’après laquelle l’Éternel s’appelait : « Je suis l’Éternel qui te guérit » (Exode 15:26). Il y était malgré la chute du peuple sous la loi, malgré son assujettissement aux gentils ; — au moins il était là, pour la foi, dans la suprématie de la grâce. Ceux qui le reconnaissaient pour le Messie, l’époux d’Israël, pouvaient-ils jeûner lorsqu’il était présent ? [5:35] Il les quitterait, sans doute ; ce serait leur temps pour jeûner. [5:36] De plus, il ne pouvait (car c’est toujours impossible) adapter le drap neuf du christianisme au vieil habit du judaïsme (par sa nature incapable de recevoir son énergie ou de s’adapter à la grâce) usé en même temps, comme dispensation, par le péché, et sous lequel, en jugement, Israël était assujetti aux gentils.
Ensuite, la puissance de l’Esprit de Dieu en grâce ne saurait se restreindre aux ordonnances légales : elle les détruirait par le fait même de sa force. [5:27] L’appel de Lévi violait, et de la manière la plus publique, tous les préjugés des Juifs. Leurs propres compatriotes servaient d’instruments d’extorsion à leurs maîtres, et leur rappelaient de la manière la plus pénible leur assujettissement aux gentils. [5:32] Mais le Seigneur était là en grâce pour chercher les pécheurs.
Ce qui est mis ici devant nos yeux par le Saint Esprit, est la présence du Seigneur ; ce sont les droits qui se rattachent nécessairement à sa personne et à sa grâce souveraine entrée au milieu d’Israël, mais dépassant nécessairement les limites de cette nation, et, en résultat, mettant de côté le système légal qui ne pouvait recevoir le nouvel état de choses. C’est là la clef de tous les récits qui viennent de nous occuper ; [6:5] et encore, dans ce qui suit à l’occasion du sabbat. Le premier cas dont il est question (chap. 6:1-3) montre la suprématie que sa personne glorieuse donnait au Seigneur sur ce qui était le signe de l’alliance elle-même. [6:9] L’autre cas (chap. 6:6-11) fait voir que la bonté de Dieu ne peut abandonner ses droits et sa nature ; il voulait faire du bien, même en un jour de sabbat.
L’énergie divine
remplace les formes anciennes selon l’homme
[5:30] Les pharisiens et les scribes ne veulent pas que le Seigneur soit avec
les méchants et les gens de mauvaise réputation ; [5:32] mais Dieu cherche en
grâce ceux qui ont besoin de Lui, les pécheurs. [5:33] Lorsqu’on demande au
Seigneur pourquoi ses disciples ne suivent pas les habitudes et les ordonnances
de Jean et des pharisiens, par lesquelles ceux-ci dirigeaient la piété légale de
leurs disciples, [5:36-37] sa réponse est que la chose nouvelle ne saurait
s’assujettir aux formes de ce qui tenait à l’ancien et ne supportait pas
l’énergie et la force de ce qui venait de Dieu. L’ancien, c’étaient les formes
dans lesquelles l’homme selon la chair cherchait sa religion ; le nouveau,
c’était l’énergie de Dieu selon le Saint Esprit. [5:34] Ce n’était pas le moment
alors pour une piété, qui prenait dans ce temps-là un caractère de mortification
de soi. Que pouvait donc faire l’homme ? Mais l’Époux était là. [5:39] Toutefois
quelque occasion de joie, quelque énergie de Dieu qu’il y eût, l’homme aimerait
mieux ce qui était vieux, parce que c’était l’homme et non pas l’énergie de
Dieu.
Chapitre 6
Ch. 6 v. 1-11 — La mise de côté du sabbat par la grâce
Les récits qui se trouvent ici, vers. 1-10, et que nous avons mentionnés déjà en
passant, ont trait à la même vérité et sous un point de vue important. Le sabbat
était le signe de l’alliance entre Dieu et Israël ; le repos après le travail
achevé. [6:2] Les pharisiens blâment les disciples de ce qu’ils broient des épis
entre leurs mains. [6:4] Mais un David rejeté franchissait les barrières de la
loi quand ses besoins l’exigeaient. Lorsque l’Oint de Dieu fut rejeté et mis
dehors, toutes choses devinrent, pour ainsi dire, communes [(1 Sam. 21:5)].
[6:5] Le Fils de l’homme (fils de David, rejeté comme le fils de Jessé, roi élu
et oint), était Seigneur du sabbat. Dieu était Seigneur du sabbat, puisqu’il
avait établi cette ordonnance. Il l’avait établie et, lors de sa présence en
grâce, l’obligation de l’homme cédait devant la souveraineté de Dieu ; et le
Fils de l’homme était là avec les droits et la puissance de Dieu : fait
merveilleux ! [6:9] Aussi la puissance de Dieu, présente en grâce, ne laissait
pas subsister la misère, parce que c’était le jour de la grâce. Mais c’était
mettre de côté le judaïsme, l’obligation de l’homme envers Dieu, et Christ était
la manifestation de Dieu en grâce envers les hommes1. [6:10] Jésus se prévalant
des droits de la bonté suprême et montrant la puissance qui légitimait ses
prétentions à faire valoir ces droits, guérit en pleine synagogue un homme qui a
la main sèche. [6:11] Mais ceux qui étaient là sont remplis de fureur contre
cette manifestation de puissance qui déborde et qui rompt les digues de leur
propre justice et de leur orgueil. Toutes ces circonstances, comme on peut le
remarquer, sont rassemblées dans un ordre et une relation parfaite entre elles2.
1 Ceci est un point important. Avoir part au repos de Dieu est le privilège distinctif des saints du peuple de Dieu. L’homme ne le possédait pas à la chute et cependant le repos de Dieu n’en demeure pas moins la portion spéciale de son peuple. Il ne l’a pas obtenu sous la loi. [Ex. 20:8-11 ; 31:13-17 ; Lév. 23:3 ; Deut. 5:12-15] Mais avec chaque institution nouvelle sous la loi, Dieu insiste de nouveau sur le sabbat, cette expression formelle du repos de premier Adam, et Israël en jouira à la fin de l’histoire de ce monde. Jusque-là, comme dit le Seigneur, dans cette précieuse parole : « Mon Père travaille… et moi je travaille » [(Jean 5:17)]. Pour nous, le jour du repos n’est pas le septième jour, cette fin de la semaine du monde, mais bien le premier jour, le jour après le sabbat, le commencement d’une nouvelle semaine, d’une nouvelle création, le jour de la résurrection de Christ, le point de départ d’un nouvel état pour l’homme, dont la création qui nous entoure attend l’accomplissement, tandis que nous sommes devant Dieu en Esprit, comme Christ l’est lui-même. De là vient que le sabbat, le septième jour, le repos de la première création sur un terrain humain et légal, est toujours rejeté dans le Nouveau Testament, bien qu’il ne soit vraiment mis de côté que lorsque le jugement sera exécuté ; mais, comme ordonnance, le sabbat mourut avec Christ dans la tombe où Il le passa — seulement il avait été donné à l’homme comme une faveur. Le jour du Seigneur est notre jour, avant-goût béni du repos céleste.
2 Je puis remarquer ici que lorsque l’ordre chronologique est suivi dans Luc, c’est le même ordre que celui de Marc, l’ordre des événements eux-mêmes ; non pas comme en Matthieu où les faits sont placés de manière à faire ressortir le but de l’Évangile. Seulement Luc introduit de temps en temps une circonstance qui a pu se passer à un autre moment afin d’illustrer le sujet présenté historiquement. Mais au chapitre 9, Luc arrive au dernier voyage à Jérusalem (vers. 51), et dès lors suivent une série d’instructions morales jusqu’au chap. 18:31 ; ces instructions ont sans doute été pour la plupart sinon toutes données durant la période du voyage, mais elles n’ont guère à faire avec les dates.
Ch. 6 v. 12-19 — Christ
est le centre de ceux qui recherchent Dieu
Ch. 6 v. 12-16 — Jésus s’entoure des siens et les envoie témoigner de la
manifestation de Dieu en lui
[5:32] Le Seigneur a montré que la grâce qui avait visité Israël, selon tout ce
qu’on pouvait attendre du Dieu tout-puissant fidèle à ses promesses, ne pouvait
cependant se borner aux limites étroites de ce peuple, [5:36] ni s’adapter aux
ordonnances de la loi ; [5:39] il avait montré que les hommes voulant le vieux,
[5:38] la puissance de Dieu agissait selon sa propre nature ; [6:5] il avait
montré que le signe le plus sacré, le plus obligatoire de l’ancienne alliance
devait reconnaître son titre à Lui, supérieur à toute ordonnance, [6:9] et faire
place aux droits de l’amour divin qui était en activité. Mais les choses
anciennes étaient ainsi jugées et disparaissaient. [5:11] Le Seigneur s’était
montré lui-même en tout, particulièrement par l’appel de Pierre, comme le centre
nouveau autour duquel devait se grouper tout ce qui cherchait Dieu et la
bénédiction ; car il en était la manifestation vivante dans l’homme. Ainsi Dieu
était manifesté, l’ancien ordre de choses usé et incapable de contenir cette
grâce, le résidu séparé. [6:13] Celui-ci entoure le Seigneur du monde — d’un
monde qui ne voyait aucune beauté en Lui qui fît qu’il le désirât [(És. 53:2)].
Le Seigneur agit maintenant selon la nouvelle position qu’il a prise : la foi le
cherche encore en Israël, mais cette puissance de grâce manifeste Dieu d’une
autre manière. Dieu, comme centre de bénédiction dans le Christ homme, s’entoure
des hommes ; mais il est amour, et dans l’activité de cet amour, il cherche ce
qui était perdu. Nul, sauf un seul, Celui qui était Dieu et qui le révélait, ne
pouvait s’entourer de ses compagnons. Aucun prophète ne le fit (voyez Jean 1).
Nul autre que Dieu ne pouvait envoyer avec l’autorité et la puissance d’un
message divin. Christ avait été envoyé, et maintenant il envoie (vers. 12 et
suiv.). Et cette mission d’apôtres (ou d’envoyés, car Jésus les nomme ainsi)
renferme cette profonde et merveilleuse vérité que Dieu est actif en grâce. Il
s’entoure des bienheureux ; [5:32] il cherche des malheureux, de pauvres
pécheurs ; [6:13] et si Christ, vrai centre de bonheur et de grâce, s’entoure de
ceux qui le suivent, il envoie les siens pour rendre témoignage de l’amour qu’il
est venu manifester. Dieu s’est manifesté dans l’homme et cherche les pécheurs
par l’homme qui a une part dans le déploiement le plus immédiat de la nature
divine des deux manières. Il (l’homme) est avec Christ comme étant tel,
c’est-à-dire homme ; il est envoyé par Christ. Christ lui-même — comme homme,
l’homme rempli du Saint Esprit — envoie : [6:12] aussi le voit-on toujours
manifesté dans la dépendance de son Père ; avant de choisir les apôtres, il se
retire pour prier et passe toute la nuit en prière.
Ch. 6 v. 17-19 — La
puissance de Dieu manifestée en Jésus attire à lui
Et maintenant, il va plus loin que de se manifester comme personnellement rempli
du Saint Esprit pour introduire la connaissance de Dieu au milieu des hommes ;
[6:13] il devient le centre duquel doivent s’approcher ceux qui cherchent Dieu,
et la source d’une mission qui accomplit son amour : le centre de la
manifestation de la puissance divine en grâce ; et ainsi, il appelle autour de
Lui le résidu qui devait être sauvé. [6:17] Sa position à tous égards se résume
dans ce qui est dit lorsqu’il est descendu de la montagne. De sa communion avec
Dieu il descend avec ses apôtres dans la plaine1 ; il est entouré de la foule de
ses disciples, et ensuite d’une grande multitude attirée par sa parole et ses
oeuvres (vers. 17). L’attrait de la parole de Dieu les rassemble autour de Lui ;
puis il guérit la misère de l’homme [6:18] et chasse la puissance de Satan.
[6:19] Le pouvoir qu’il exerçait résidait dans sa personne ; la vertu qui
sortait de Lui donnait ces témoignages extérieurs de la puissance de Dieu
présente en grâce : l’attention du peuple était attirée sur Lui par ces moyens.
[5:37] Cependant, ainsi que nous l’avons vu, les choses vieilles [5:39]
auxquelles les masses s’attachaient, s’en allaient : [6:13] le Seigneur
s’entourait lui-même des coeurs fidèles à Dieu, des appelés de sa grâce. Ici
donc (vers. 20 et suiv.), il n’annonce pas proprement, comme dans Matthieu, le
caractère du royaume, pour montrer quel serait celui de l’économie à venir, en
disant : « Bienheureux les pauvres en esprit ; bienheureux, etc. » [(Matt. 5:3
et suiv.)] ; mais il distingue le résidu par son attachement à Lui. [6:20] Il
déclare aux disciples qui le suivaient qu’ils étaient des personnes bénies : —
ils étaient pauvres et méprisés, mais ils étaient bienheureux : ce seraient eux
qui auraient le royaume. Ceci est important, car le Seigneur sépare le résidu et
le met en relation avec lui-même pour recevoir la bénédiction : il dépeint d’une
manière remarquable le caractère de ceux qui sont ainsi bénis de Dieu.
1 Proprement : « un terrain uni » sur la montagne.
Ch. 6 v. 20-49 — Le
discours du Seigneur sur la montagne
Le discours du Seigneur se divise en plusieurs portions, comme suit :
Ch. 6 v. 20-26 —
Contraste entre le résidu des disciples et le monde
Vers. 20-26. [6:20-23] Contraste entre le résidu manifesté par le fait que ceux
qui le composaient étaient devenus ses disciples, [6:24-25] et la masse qui se
contentait du monde. [6:26] Le Seigneur ajoute un avertissement à ceux qui
occupaient la position de disciples et qui, dans cette position, gagnaient la
faveur du monde. Malheur à eux ! [6:22] Il est à remarquer à ce propos qu’au
vers. 22, il n’est pas question, comme en Matthieu, d’être persécuté pour la
justice, mais seulement de ce que l’on subira pour l’amour de Son nom : la
position de chacun se dessinait par son attachement à la personne de Jésus.
Ch. 6 v. 27-36 — Les
fidèles doivent manifester les caractères du Père
Vers. 27-36. — Caractère de Dieu leur Père dans la manifestation de sa grâce en
Christ, caractère que l’on devait imiter et qui est particulièrement développé.
[6:36] Il révèle, remarquez-le, le nom du Père [6:35] et les place dans la
position d’enfants.
Ch. 6 v. 37-38 — Le
caractère divin pleinement développé en Christ ici-bas
Vers. 37-38. Ce caractère est particulièrement développé dans la position de
Christ tel qu’il était venu dans ce temps-là, Christ accomplissant son service
sur la terre. [6:38] Ceci impliquait le gouvernement et les récompenses de la
part de Dieu, principe qui trouvait son application à la vie et au service du
Christ lui-même.
Ch. 6 v. 39 — Le peuple
d’Israël et ses conducteurs d’alors
Vers. 39. Condition des conducteurs de la masse du peuple en Israël, et relation
de celle-ci avec eux.
Ch. 6 v. 40 — Les
disciples et leur maître
Vers. 40. Condition des disciples en relation avec Christ.
Ch. 6 v. 41-42 — Le
jugement de soi-même est nécessaire au disciple
Vers 41-42. Moyen de parvenir à cette condition et de voir clair au milieu du
mal : [6:42] pour arriver à ce dernier but, il faut ôter le mal de soi-même.
Ch. 6 v. 43-49 — La
mise en pratique caractérise la réalité du coeur
Vers. 43 et suiv. [6:44] En général, le propre fruit de chaque arbre caractérise
l’arbre. [6:46] Il s’agissait non pas d’entourer Christ pour l’entendre, [6:47]
mais que le Christ eût pour le coeur une telle valeur que les motifs qui
arrêtaient le coeur fussent ôtés et que l’on mît en pratique ce qu’il disait.
Résumé des chapitres 5
et 6
En résumé, dans ces chap. 5 et 6, Christ agit dans une puissance qui chasse le
mal, parce qu’Il le trouve, et que lui-même est bon : Dieu seul est bon
[(18:19)]. [5:8] Il atteint la conscience [5:11] et appelle les âmes autour de
Lui ; [5:13] il agit en rapport avec l’espérance d’Israël et la puissance de
Dieu pour nettoyer le peuple, [5:20] lui pardonner [5:24] et lui donner de la
force. [5:32] Mais c’est une grâce dont nous avons tous besoin : et la bonté de
Dieu, l’énergie de son amour qui restaure, ne se bornaient pas à ce peuple ;
[5:36] l’exercice de cette puissance ne s’accordait pas avec les formes dont les
Juifs vivaient, ou plutôt ne pouvaient vivre ; [5:38] et le vin nouveau devait
être mis dans des outres neuves. [6:5] La question du sabbat tranchait celle de
l’introduction de cette puissance : le signe de l’alliance lui faisait place ;
Celui qui exerçait la puissance était le Seigneur du sabbat. [6:9] La bonté du
Dieu du sabbat n’était pas arrêtée, comme si elle était placée entre des mains
liées par ce qu’il avait ordonné en rapport avec cette alliance. [6:12] Alors,
selon la volonté de Dieu, [6:13] le Seigneur rassemble autour de lui-même les
vaisseaux de sa grâce et de sa puissance (vers. 12 et suiv.) : [6:20] ils
étaient les bienheureux, les héritiers du royaume. [6:21] Le Seigneur dépeint
aussi leur caractère : ce n’était pas l’insouciance et l’orgueil que donnait
l’ignorance de Dieu, de Dieu justement aliéné d’Israël qui l’avait offensé, et
qui méprisait la glorieuse manifestation de sa grâce en Jésus. [6:22] Les
disciples partagent la honte et la douleur qu’un tel état du peuple de Dieu
devait produire chez ceux qui avaient part aux pensées de Dieu : c’est leur
gloire d’être haïs, proscrits, honnis pour l’amour du nom du Fils de l’homme qui
était venu porter leurs misères. [6:23] Ils auront part à sa gloire quand la
nature de Dieu se glorifiera en faisant tout selon ses pensées : dans le ciel
ils ne seront plus haïs ; ils auront là leur récompense, et non pas en Israël. «
Leurs pères en ont fait de même aux prophètes ». [6:24-25] Malheur à ceux qui
étaient à leur aise en Sion dans l’état de péché où Israël se trouvait et où le
Messie était rejeté et maltraité !
[6:20-26] En un mot, nous trouvons ici le contraste entre le caractère du vrai résidu et celui des orgueilleux d’entre le peuple. Puis vient la conduite convenable aux disciples ; conduite qui, quant à ses éléments essentiels, se résume dans un mot, savoir le caractère de Dieu en grâce, tel qu’il s’est manifesté en Jésus sur la terre. Mais Jésus, tout en étant la manifestation de Dieu en chair, avait aussi un caractère de service qui lui appartenait comme Fils de l’homme. L’application de ceci aux circonstances particulières des disciples est ajouté aux vers. 37-38, comme il a été dit plus haut ; et aux vers. 39 et 40, nous sont présentés les gouverneurs d’Israël et la portion des disciples. [6:40] Rejetés comme Jésus, les disciples auront sa portion, mais en supposant qu’ils le suivront parfaitement. Ils auront cette portion en bénédiction, en grâce, en caractère, en position aussi. Quelle grâce !1 [6:42] Aussi le jugement de soi-même, et non pas de son frère, est-il le moyen de voir clair moralement. [6:43] L’arbre étant bon le fruit le sera : le jugement de soi-même s’applique aux arbres ; et il en est partout et toujours ainsi. Dans le jugement de soi-même, ce ne sont pas seulement les fruits qui sont corrigés, mais on l’est soi-même ; [6:44] ensuite l’arbre est connu par son fruit : non seulement par du fruit bon, mais par son fruit. [6:47] Le chrétien porte le fruit de la nature de Christ ; mais il faut nous souvenir qu’il s’agit du fruit du coeur et de l’obéissance pratique et réelle.
1 Ceci cependant n’a pas trait à la nature d’une manière intrinsèque, car en Christ, il n’y avait pas de péché. Le mot que nous traduisons par « parfait » [cf Matt. 5:48 différent de Luc 6:36; accompli en 6:40] n’a pas non plus ce sens-là. Il signifie quelqu’un qui a été instruit à fond, qui a été complètement formé par l’enseignement de son maître, omnibus numeris absolutus. [6:40] Il sera semblable à son maître, dans tout ce en quoi il a été formé par lui. Christ était la perfection ; nous croissons en Lui en toutes choses, « selon la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (cf. Col. 1:28).
Les principes de la vie
nouvelle en Christ
Ici donc, la Parole place devant nos yeux les grands principes de la nouvelle
vie dans son plein développement pratique en Christ ; c’est la chose neuve, le
goût et le caractère du vin nouveau [(5:38)], le résidu assimilé à Christ qu’il
suivait, à Christ, le nouveau centre du mouvement de l’Esprit de Dieu et de
l’appel de sa grâce. Christ est sorti de la cour murée du judaïsme dans la
puissance d’une vie nouvelle et par l’autorité du Très-Haut qui avait apporté la
bénédiction au-dedans de cette enceinte où l’on ne savait pas le reconnaître. Il
en est sorti quant aux principes de cette vie même qu’il annonçait ; mais
historiquement il faisait encore partie du système qui y était renfermé.
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1-10 — La foi du centurion de Capernaüm
[7:9] Dès lors, l’Esprit agissant dans le coeur d’un gentil, il s’est manifesté
plus de foi que dans qui que ce fût d’entre les enfants d’Israël. [7:7] Humble
de coeur [7:5] et aimant le peuple pour l’amour de Dieu, duquel c’était le
peuple, élevé ainsi dans ses affections au-dessus de la misère pratique du
peuple, [7:8] le centenier sait voir en Jésus quelqu’un qui commandait à tout,
comme lui-même commandait aux soldats et à ses serviteurs. [7:7] Il ne savait
rien du Messie, mais il reconnaissait en Jésus1 la puissance de Dieu. Ce
n’étaient pas des idées, c’était la foi ; [7:9] et il n’y avait pas une telle
foi en Israël !
1 Nous avons vu que ceci est précisément le sujet que l’Esprit a en vue dans notre Évangile.
Ch. 7 v. 11-17 — La
puissance du Seigneur, qui rend toutes choses nouvelles, ressuscite un mort
Ensuite (vers. 11-17), le Seigneur agit avec une puissance qui doit être la
source de ce qui est nouveau pour l’homme : il ressuscite un mort. C’était bien
sortir du giron des ordonnances de la loi. [7:13] Le Seigneur a compassion des
afflictions et de la misère de l’homme : [7:15] la mort pesait sur lui et il
l’en délivre. Il n’y a pas seulement ici nettoyage d’un Israélite lépreux
[(6:13)], ou pardon et guérison des croyants parmi son peuple [(6:24)] : le
Seigneur rend la vie à celui qui l’avait perdue. Israël, sans doute, en
profitera ; mais c’est la puissance essentielle à l’accomplissement de cette
oeuvre qui rend toutes choses nouvelles partout où celle-ci s’opère.
Ch. 7 v. 18-35 — Les
rapports entre Jésus et Jean le Baptiseur
Ch. 7 v. 18-23 — La foi doit recevoir le témoignage de Christ dans sa position
nouvelle
Le changement dont nous parlons, et dont ces deux exemples sont de frappantes
illustrations, est constaté dans les raisonnements que nous trouvons ici sur les
rapports entre Christ et Jean-Baptiste. [7:18] Celui-ci ayant entendu parler de
ces miracles de Jésus, [7:19] envoie ses disciples pour apprendre de sa bouche
quel était le caractère de celui qui les faisait. Jean était alors en prison
[(3:20)], et sans doute il se disait en lui-même que le Messie, exerçant sa
puissance, l’eût délivré de ses liens. Jésus était-il donc le Messie, ou Jean
devait-il en attendre un autre ? Jean a assez de foi pour s’en rapporter à la
réponse de Celui qui faisait ces miracles ; mais renfermé dans la prison, son
esprit cherche quelque chose de plus positif ; et cette circonstance amenée de
la part de Dieu, donne lieu à une explication relative à la position respective
de Jean et de Jésus. Le Seigneur ne reçoit pas ici, comme ailleurs, témoignage
de Jean [(Jean 5:33)] ; [7:22] mais Jean doit recevoir Christ sur le témoignage
que Jésus donne de lui-même, et cela en tant qu’ayant pris une position qui
était en scandale à ceux qui en jugeaient d’après des idées juives et charnelles
— position qui rendait nécessaire une foi fondée sur un témoignage divin ; et en
elle, le Seigneur s’entourait, par conséquent, de ceux qu’un changement moral
rendait capables d’apprécier ce témoignage.
Ch. 7 v. 24-28 — Jésus
rend témoignage à Jean, placé hors du nouvel ordre de choses
[7:21] Le Seigneur, en réponse au message de Jean, opère des miracles qui
démontrent la puissance de Dieu présente en grâce et en service, s’exerçant en
faveur des pauvres ; [7:23] il déclare heureux celui qui ne se scandalisera pas
de la position humble qu’il a prise pour accomplir ce service. [7:26] Mais s’il
ne reçoit pas témoignage de Jean, Jésus, lui, rend témoignage à Jean. Jean
avait, et avec raison, attiré l’attention du peuple : il était plus qu’un
prophète, [7:27] préparant le chemin du Seigneur lui-même. [7:28] Mais malgré
cela, s’il préparait le chemin, le changement immense et complet qui devait
s’opérer n’était pas accompli. Ce ministère mettait Jean, par sa nature même, en
dehors de l’effet de ce changement : il devançait celui-ci pour annoncer Celui
qui devait l’opérer, et dont la présence introduirait la puissance du nouvel
ordre de choses sur la terre. Le plus petit donc dans le royaume était plus
grand que Jean (vers. 28).
Ch. 7 v. 29-35 — La
sagesse de Dieu le reconnaît et le glorifie ; celle des hommes rejette ses
avertissements et sa grâce
[7:29] Le peuple qui avait reçu avec humilité la parole envoyée par
Jean-Baptiste, rendait témoignage dans son coeur aux voies et à la sagesse de
Dieu ; [7:30] mais ceux qui s’appuyaient sur eux-mêmes rejetaient les conseils
de Dieu qui s’accomplissaient en Christ. [7:31] Là-dessus (vers. 31 et suiv.),
le Seigneur déclare clairement l’état de ces derniers : [7:33] ils rejetaient
également les avertissements [7:34] et la grâce de Dieu ; [7:35] mais les
enfants de la sagesse, ceux en qui la sagesse de Dieu opérait, la
reconnaissaient et la glorifiaient dans ses voies (vers. 32-35) ; et c’est là
l’histoire de la réception soit de Jean, soit de Jésus. La sagesse de l’homme
dénonçait les voies de Dieu. [7:33] La juste sévérité des témoignages de Dieu
contre le mal et contre l’état de son peuple, n’était pour l’homme que
l’influence d’un démon : [7:34] la perfection de la grâce qui descendait d’en
haut jusqu’aux malheureux pécheurs et se présentait à eux là où ils étaient,
c’était se vautrer dans le péché, se faire connaître par sa société ! La propre
justice de l’homme ne pouvait le supporter. [7:35] La sagesse de Dieu serait
pourtant reconnue par ceux, mais ceux-là seuls, qui seraient enseignés par elle.
Ch. 7 v. 36-50 — La
pécheresse chez le pharisien
Les affections d’un coeur brisé répondent à la grâce souveraine qui pardonne
Les voies de Dieu envers le plus misérable des pécheurs, et leur effet (placés
en contraste avec l’esprit pharisaïque), sont manifestés dans l’histoire de la
pécheresse qui entre dans la maison du pharisien (vers. 36-50). [7:47] Ce récit
révèle un pardon, non en rapport avec le gouvernement de Dieu sur la terre, en
faveur de son peuple (gouvernement auquel se rattachait la guérison d’un
Israélite sous la discipline de Dieu), mais un pardon absolu, [7:50] impliquant
en soi la paix de l’âme, accordé à la plus misérable des pécheresses. [7:39] Il
ne s’agit pas seulement d’un prophète, ce que la propre justice du pharisien
n’avait pas des yeux pour voir ; [7:47] mais il s’agit d’une âme qui aime Dieu,
parce que Dieu est amour, ce qu’en voyant Jésus, elle a appris à l’égard de ses
propres péchés et par leur moyen, quoique ne connaissant pas encore le pardon ;
c’est la grâce ! [7:44-46] Rien de plus touchant que la manière dont le Seigneur
montre la présence des qualités qui maintenant rendaient cette femme réellement
excellente, qualités qui se rattachaient à la perception de Sa personne, par la
foi, de la part de la femme. Il y avait chez celle-ci intelligence divine de la
personne de Christ, non pas raisonnée comme doctrine, mais éprouvée par ses
effets dans son coeur, sentiment profond de son propre péché, humilité,
attachement à ce qui était bon, dévouement à Celui qui l’était. Tout montrait en
elle un coeur où régnaient des sentiments propres à des relations avec Dieu et
découlant de sa présence révélée dans le coeur, parce qu’il s’y était fait
connaître. Ce n’est pas ici l’occasion de méditer sur ce sujet ; mais il est
important de remarquer ce qui a une grande valeur morale, lorsqu’a été révélé ce
qu’est un pardon gratuit, quel est l’effet pratique de la grâce qui s’exerce de
la part de Dieu, quand elle est reçue dans le coeur. [7:47] Les affections qui
répondent à cette grâce et que rien d’autre ne saurait produire, sont en rapport
avec la grâce elle-même et avec le sentiment qu’elle produit à l’égard du péché
; elles donnent la conscience profonde du péché, mais en rapport avec la bonté
de Dieu : et ces deux sentiments s’accroissent dans une mutuelle proportion. La
chose nouvelle, la grâce souveraine seule, peut produire ces qualités qui
répondent à la nature de Dieu lui-même, nature dont le coeur a saisi le vrai
caractère et avec laquelle il est en communion, jugeant le péché comme celui-ci
le mérite en présence d’un tel Dieu. On remarquera : l° que ceci se rattache à
la connaissance de Christ lui-même, qui est la manifestation de ce caractère :
la vraie source par grâce des sentiments de ce coeur brisé ; et aussi : 2° que
la connaissance du pardon des péchés1 vient après le discernement de la personne
de Jésus lui-même.
1 Pour expliquer l’expression du vers. 47 : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé », il faut distinguer entre la grâce révélée dans la personne de Jésus et le pardon qu’il annonçait à ceux qui avaient été touchés par cette grâce. Le Seigneur pouvait faire part de ce pardon, et il le révèle à la pauvre femme [(7:48)]. C’était ce qu’elle avait vu en Jésus lui-même, ce qu’il était pour des pécheurs tels qu’elle-même, qui, par la grâce, avait fondu son coeur et produit cet amour. Elle ne pense qu’à Lui : il a pris possession de son coeur, de manière à en exclure d’autres influences. [7:37] Ayant su que Jésus était là, elle entre dans la maison de l’orgueilleux pharisien sans s’inquiéter d’autre chose que du fait que Jésus est là : la présence de Jésus répondant à toutes les difficultés ou les empêchant de s’élever. Elle voyait ce que Jésus était pour un pécheur, et quelle ressource trouvait en Lui le plus malheureux et le plus honni des hommes. [7:47] Elle sentait ses péchés comme les fait sentir cette parfaite grâce qui, ouvrant le coeur, gagne la confiance ; et elle aimait beaucoup. La grâce qui était en Christ avait produit son effet : cette femme aimait Jésus à cause de cet amour ; c’est pourquoi le Seigneur dit : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé ». Ce n’était pas que pour cela l’amour de la femme fût méritoire ; mais Dieu révélait ce glorieux fait, que les péchés de celui qui avait eu le coeur tourné vers Dieu, étaient pleinement pardonnés, quelque nombreux et abominables qu’ils fussent. Il y a bien des âmes tournées vers Dieu qui aiment Jésus et ne savent pas que leurs péchés sont entièrement pardonnés. Jésus prononce ici sur leur cas, [7:50] et les renvoie en paix avec autorité. C’est une révélation ou une réponse faite aux besoins et aux affections produits par la grâce dans le coeur, rendu repentant par la révélation de cette grâce dans la personne de Christ. Si Dieu se manifeste dans ce monde et avec un tel amour, il doit mettre de côté dans le coeur toute autre considération. [7:44-46] Et sans qu’elle s’en rendît compte, cette pauvre femme était la seule qui, dans cette circonstance, agît selon les convenances ; car elle appréciait la toute importance de Celui qui était là, un Dieu Sauveur : et Lui étant présent, qu’importait Simon et sa maison ? Jésus devait faire oublier tout le reste. Souvenons-nous de ceci. Le commencement de la chute de l’homme a été le manque de confiance en Dieu, provenant de la suggestion trompeuse de Satan, prétendant que Dieu avait refusé ce qui pouvait rendre l’homme pareil à Lui [(Gen. 3:5)]. Une fois la confiance en Dieu perdue, l’homme cherche à se rendre heureux en faisant sa volonté propre : les convoitises, le péché, la transgression en sont la suite. Christ, c’est Dieu dans son amour infini regagnant la confiance du coeur de l’homme envers Dieu. La culpabilité ôtée et le pouvoir de vivre pour Dieu, sont autre chose et se trouvent dans la place qui leur est propre par Christ, comme le pardon se trouve à sa place ici. Mais, par grâce, la pauvre femme avait senti qu’il y avait au moins un coeur dans lequel elle pouvait mettre sa confiance, et que c’était le coeur de Dieu.
Dieu est lumière et Dieu est amour [(1 Jean 1:5 ; 4:8)]. Ce sont là deux noms essentiels de Dieu et on les trouve en rapport avec chaque conversion véritable. Ces deux attributs de Dieu se rencontrent à la croix ; le péché y est amené en pleine lumière, mais une lumière qui révèle parfaitement l’amour. Ainsi dans le coeur la lumière révèle le péché, c’est-à-dire Dieu le révèle comme lumière, mais cette lumière est donnée en amour parfait pour le faire. Le Dieu qui montre les péchés est là en amour parfait pour les montrer. Christ était tel dans ce monde. En se révélant, il doit être ces deux choses ; ainsi Christ était l’amour dans ce monde, mais il en était la lumière [(Jean 8:12)]. Il en est de même pour le coeur. L’amour, par grâce, donne la confiance ; et ainsi la lumière est admise avec joie, et en se fiant à cet amour, tout en se voyant dans la lumière, le coeur a pleinement rencontré le coeur de Dieu : il en était ainsi de cette pauvre femme. C’est là que le coeur de l’homme et Dieu se rencontreront toujours et c’est là seulement qu’ils peuvent se rencontrer.
Le pharisien ne possédait pas ces choses. Il se trouvait dans une obscurité profonde, sans amour et sans lumière. Dieu, manifesté en chair, était dans sa maison et il ne voyait rien ; [7:39] il se contentait d’affirmer que Jésus n’était pas un prophète. Quelle scène étonnante à contempler que ces trois coeurs. Celui de l’homme, comme tel, se reposant sur une fausse justice humaine ; celui de Dieu et de la pauvre pécheresse se rencontrant parfaitement. [7:35] Qui donc était l’enfant de la sagesse ? car le récit dans son entier n’est qu’un commentaire de cette expression. Et notez que, si Christ a subi le mépris sans en rien dire, il ne demeurait pourtant pas insensible à la négligence qui lui avait refusé les attentions les plus élémentaires. [7:39] Pour Simon, Jésus n’était qu’un pauvre prédicateur, dont il jugeait les prétentions ; certainement il ne le tenait pas pour un prophète. Pour la pauvre femme, Il était Dieu en amour, mettant son coeur à l’unisson du sien quant à ses péchés et quant à elle-même, car elle avait mis sa confiance dans l’amour. Notez également que c’est en s’attachant étroitement à Jésus que l’on trouve la vraie lumière : [7:47] ici, quant à une révélation efficace de l’évangile ; [Jean 20:17] dans le cas de Marie de Magdala, quant aux privilèges les plus élevés des saints.
L’âme attachée à Jésus
jouit du pardon accordé par sa grâce qui suffit à tout
C’est Jésus lui-même, sa personne, sa grâce qui attirent la femme et produisent
l’effet moral sur son coeur ; [7:50] elle s’en va en paix, [7:48] quand elle
comprend l’étendue de la grâce qui lui est faite dans le pardon que Jésus a
prononcé. Et ce pardon même a sa force en ce que Jésus était tout pour cette âme
: si Lui pardonnait, elle était contente sans s’en rendre compte ; et la source
de son contentement était la révélation de Dieu à son coeur, et non
l’approbation d’elle-même, ni le jugement que d’autres pouvaient former sur le
changement opéré en elle. La grâce avait tellement pris possession de son coeur,
la grâce personnifiée en Jésus, et Dieu était tellement manifesté à cette femme,
que son approbation en grâce, son pardon, l’emportaient sur tout le reste : s’il
était content, elle l’était aussi ; elle avait tout, en attachant cette
importance à Jésus. La grâce trouve sa joie à bénir ; et l’âme qui attache assez
d’importance à Jésus, est contente de la bénédiction qu’elle accorde.
Le jugement de l’homme
contraste avec la foi qui saisit les dons parfaits de la grâce
Qu’elle est frappante la fermeté avec laquelle la grâce veut être elle-même et
ne craint pas de faire face au jugement de l’homme qui la méprise ! [7:44] Elle
prend sans hésitation fait et cause pour le pauvre pécheur qu’elle a touché.
[7:39] Le jugement de l’homme ne prouve autre chose que ceci, c’est que l’homme
ne connaît, ni n’apprécie Dieu dans la plus parfaite manifestation de sa nature.
Pour l’homme, sage qu’il est, Jésus n’est qu’un pauvre prédicateur qui se trompe
en se donnant pour un prophète, [7:44] et auquel il ne vaut pas la peine de
donner un peu d’eau pour se laver les pieds. [7:50] Pour le croyant, l’amour est
parfait et divin, la paix est parfaite, s’il a foi en Christ. Les fruits ne sont
pas encore là pour l’homme ; mais ils le sont pour Dieu, si Christ est apprécié
; et celui qui apprécie Jésus ne s’occupe ni de soi-même, ni de ses fruits (sauf
des mauvais pour les juger), mais de Celui qui, lorsque l’on n’était encore que
pécheur, a été pour le coeur le témoignage de la grâce.
La grâce est la chose
nouvelle manifestée par Dieu en Christ pour le pécheur
Voilà donc une chose nouvelle, la grâce, et même ses fruits dans leur
perfection. Le coeur de Dieu est manifesté en grâce, et le coeur de l’homme
pécheur y répond par la grâce, ayant saisi la parfaite manifestation de cette
grâce en Christ, ou plutôt ayant été saisi par elle.
Chapitre 8
Au chapitre 8, le Seigneur explique la portée et l’effet de son ministère, et en
particulier de ce ministère parmi les Juifs.
Ch. 8 v. 1-3 — L’oeuvre
de Jésus, et les fruits et témoins qui l’accompagnent
Quelle que soit l’incrédulité, Jésus poursuit son oeuvre jusqu’à la fin, et les
fruits de cette oeuvre paraissent. [8:1] Jésus va prêcher la bonne nouvelle du
royaume ; [8:2] ses disciples, par la grâce, fruits et témoins (selon leur
mesure et de la même manière que Lui) de sa parole puissante, l’accompagnent
avec d’autres disciples, fruits aussi de cette même parole, et témoins de son
efficace par leur propre délivrance de la puissance de l’Ennemi, [8:3] et par
l’affection et le dévouement qui en découlaient. La grâce agit par eux selon
l’affection et le dévouement qui les attachent à Jésus ; et ici, les femmes ont
une bonne part1. L’oeuvre s’affermissait, se consolidait et se caractérisait
dans ses effets.
1 Il est excessivement intéressant de considérer les parts respectives des disciples, et des femmes. Celle de ces dernières est la bonne part, ainsi que nous l’avons fait remarquer. Nous les retrouvons à la croix et au sépulcre alors que tous les disciples, sauf Jean, s’étaient enfuis ; et encore, lorsque les femmes appellent les disciples au sépulcre, ceux-ci s’en retournent chez eux, après avoir constaté sa résurrection.
Ch. 8 v. 4-18 — La
parabole du semeur et sa révélation pour le résidu seul
Le Seigneur explique la vraie nature de son oeuvre. Il ne prenait pas possession
du royaume ; [8:5] il ne cherchait pas des fruits : il semait le témoignage de
Dieu pour produire des fruits. C’est d’une manière frappante une chose
entièrement nouvelle, [8:11] dont la Parole est la semence. [8:10] Aussi
était-il donné aux seuls disciples qui avaient suivi Jésus, en s’attachant à sa
personne par la grâce, et en vertu de la manifestation de la puissance de Dieu
et de sa grâce dans sa personne, de comprendre les mystères, les pensées de Dieu
révélées en Christ à l’égard de ce royaume qui ne s’établissait pas publiquement
par la puissance. Ici, le résidu tranche bien nettement sur la nation : aux
disciples il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais aux
autres, le Seigneur parlait en paraboles pour qu’ils ne comprissent pas : — pour
comprendre il fallait recevoir le Seigneur lui-même, moralement. D’autres
paraboles n’accompagnent pas ici, comme ailleurs, celle de la semence ; celle-ci
seule suffit pour dessiner la position, et l’avertissement déjà considéré en
Marc, l’accompagne (vers. 16 et suiv.). [8:16] La lumière de Dieu n’était pas
mise en évidence pour être cachée ; [8:17] d’ailleurs tout serait manifesté ;
[8:18] c’est pourquoi l’on devait faire attention comment on écoutait : car
celui qui possédait ce qu’il entendait, recevrait davantage ; sinon cela même
lui serait ôté.
Ch. 8 v. 19-21 — Jésus
annonce la Parole, base de toute relation avec lui
Le Seigneur confirme par sa conduite le témoignage déjà rendu dans ses
enseignements paraboliques, témoignage qui donnait clairement à comprendre qu’il
s’agissait non de la réception du Messie par Israël, mais de la publication de
la Parole qui attirait à Dieu et à Lui les âmes destinées à jouir de la
bénédiction. [8:21] Il confirme également que la Parole était le fondement de
toute relation avec Lui, en déclarant, quand on lui parlait de sa mère et de ses
frères, par lesquels il était en relation avec Israël selon la chair, qu’il ne
reconnaissait point d’autres parents que ceux qui écoutaient la parole de Dieu
et qui l’observaient (vers. 19-21).
Ch. 8 v. 22-56 —
Différents aspects et effets de l’oeuvre de Jésus
Outre la puissance évidente manifestée dans les miracles, les récits qui suivent
jusqu’à la fin du chap. 8, présentent divers aspects de l’oeuvre de Jésus, de sa
réception et de ses conséquences.
Ch. 8 v. 22-25 — Le
Seigneur associé à ses disciples dans l’orage, et garant de leur salut
[8:23] D’abord (vers. 22 et suiv.), le Seigneur est associé avec ses disciples
dans les difficultés et les orages où ils se trouvent en vertu du service qu’ils
ont entrepris, bien qu’en apparence il ne prenne pas connaissance de leur
position. Nous avons vu qu’il s’entoure d’eux ; ils sont dévoués à son service ;
le danger le plus imminent les menace, et les ressources humaines n’offrent
aucun moyen pour les garantir d’une ruine inévitable. Les vagues sont prêtes à
les engloutir, et d’après ce que l’homme pouvait voir, Jésus ne s’occupait pas
de leur position critique et sans espérance ; mais Dieu a permis cet exercice de
foi. [8:22] Si les disciples sont là à cause de Jésus et avec Lui, Lui est avec
eux ; [8:24] et la puissance de Celui pour l’amour duquel ils sont dans l’orage,
est là pour les en garantir. [8:22] Ils sont ensemble avec Lui dans la même
nacelle ; [8:24] et si, considérés à part, en eux-mêmes, ils pouvaient périr,
dans les conseils de Dieu ils étaient associés à Jésus ; sa présence les
garantissait. [8:23] Jésus permet l’orage ; mais il est lui-même dans la
nacelle, [8:24] et quand il se réveillera et se manifestera, tout deviendra
calme.
Ch. 8 v. 26-39 — La
délivrance du résidu et le rejet par le monde chez les Gadaréniens
La guérison du démoniaque, au pays des Gadaréniens, nous offre une peinture
vivante de ce qui avait lieu.
À l’égard d’Israël, [8:29] quelle qu’ait été la force de l’Ennemi, [8:35] le résidu est délivré ; [8:37] quant au monde (vers. 34-37), il engage Jésus à s’en aller, parce qu’il désire un repos que la présence et la puissance de Dieu troublent davantage qu’une légion de démons. Jésus s’en va donc ; [8:38] l’homme qui avait été guéri — le résidu — voudrait être avec Lui ; [8:39] mais Jésus le renvoie dans le monde qu’il quitte, Lui, afin qu’il soit un témoin de la grâce et de la puissance dont il a été l’objet (vers. 38-39).
[8:33] Le troupeau de pourceaux nous présente, je n’en doute pas, le progrès violent et aveugle d’Israël vers la destruction après le rejet du Seigneur.
Le monde s’habitue à la puissance de Satan, quelque dure qu’elle soit parfois ; mais jamais à celle de Dieu.
Ch. 8 v. 40-56 — La foi
présente ses besoins, et la grâce y répond
La puissance de Jésus saisie par la foi guérit le résidu, en chemin
Les deux récits qui suivent nous présentent l’effet de la foi et les vrais
besoins auxquels a affaire la puissance de la grâce qui y répond. [8:41-42] La
foi du résidu cherche Jésus pour conserver la vie de ce qui s’en va mourir : le
Seigneur vient pour répondre à cette foi, et y répond. [8:42] Tandis qu’il est
en chemin (c’est là qu’il se trouvait, et quant à la délivrance finale il y est
encore), au milieu de la foule qui l’entourait, [8:44] la foi le touche (vers
43-48). La pauvre femme qui, s’approchant par derrière, l’avait ainsi touché,
[8:43] avait une maladie inguérissable par tous les moyens humains. [8:46] Mais
la puissance se trouve dans l’Homme-Jésus et sort de lui pour la guérison de
celle [8:48] en qui la foi se trouve, en attendant l’accomplissement final de sa
mission sur la terre. [8:47] La femme est guérie ; elle reconnaît devant Jésus
son état et tout ce qui lui est arrivé ; et ainsi, par le moyen de la foi, il y
a un témoignage rendu à Christ. Le résidu est manifesté ; la foi le distingue
d’avec la masse ; l’état de ce résidu étant le fruit de la puissance divine en
Christ.
La puissance divine se
manifeste en donnant la vie à ceux qui étaient morts
Ce principe s’applique à la guérison de tout croyant, et par conséquent à celle
des gentils, ainsi que Paul le démontre dans l’épître aux Romains. [8:46] La
puissance qui guérit est dans la personne de Jésus : [8:44] la foi, par la grâce
et l’attrait de Christ, en profite. Il ne s’agit pas de la relation du Juif avec
le Messie, quoique le Juif dût être le premier à en profiter quant à sa position
; il s’agit de ce qui se trouve dans la personne du Christ — et de la foi dans
l’individu. [8:48] Si la foi est là, ce qui est dans le Christ agit, et
l’individu s’en va en paix, guéri par la puissance de Dieu lui-même. — [8:49] De
fait cependant, si l’on considère en plein l’état de l’homme, il ne s’agissait
pas simplement de maladie, mais de mort. [8:41-42] Christ, avant la pleine
manifestation de l’état de l’homme (savoir un état de mort), a rencontré
l’homme, pour ainsi dire, en chemin ; mais, comme dans le cas de Lazare [(Jean
11:1, 17)], la manifestation de cet état de mort a été permise. Pour la foi,
c’est dans la mort de Jésus que cette manifestation a eu lieu. [8:49] De même
ici, il est permis que la fille de Jaïrus meure avant l’arrivée de Jésus. [8:50]
Mais la grâce, et la grâce venue pour ressusciter, est dans la puissance divine
qui seule peut l’accomplir ; et Jésus, en rassurant le pauvre père, l’engage à
ne pas craindre, mais à croire : « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera
sauvée ». C’est par la foi dans sa personne, dans la puissance divine qui est en
Lui, ou dans la grâce qui vient pour exercer cette puissance, que l’on obtient
la joie et la délivrance. [8:51] Mais ici, Jésus ne cherche pas la foule ; la
manifestation de cette puissance n’est que pour la consolation de ceux qui en
ont besoin et pour la foi de ceux qui sont vraiment attachés à Lui. [8:53] La
foule reconnaît bien que la fille de Jaïrus est morte ; [8:52] elle se lamente
et ne comprend pas cette puissance de Dieu qui relève d’entre les morts. [8:55]
Jésus remet à ses parents la jeune fille à laquelle il a rendu la vie. De même à
la fin, un résidu des Juifs, au milieu de l’incrédulité de la masse de ce
peuple, sera ressuscité de la mort pour avoir part aux bénédictions de Dieu, en
vie devant Lui. En attendant, nous goûtons cette joie d’avance par la foi ;
convaincus que de nature nous sommes dans cet état de mort, nous vivons par la
grâce : seulement, pour nous, cette vie est en rapport avec Christ dans le ciel,
prémices d’une nouvelle création.
Le témoignage de Jésus
envers l’homme, dans son chemin
[8:56] Jésus, quant à son ministère, veut que cette oeuvre se cache : il doit
être reçu selon le témoignage qu’il rend à la conscience et au coeur. Tandis
qu’il était en chemin, ce témoignage n’était pas entièrement terminé ; et nous
allons voir, dans les chapitres qui suivent, ses derniers efforts sur le coeur
incrédule de l’homme.
Chapitre 9
Ch. 9 v. 1-6 — La mission des douze en Israël, en témoignage définitif
[9:2] Au chap. 9, le Seigneur charge les douze de la même mission en Israël, que
celle qu’il avait remplie lui-même. [9:1-2] Ils prêchent le royaume, guérissent
les malades et chassent les démons. Mais il y a ceci d’ajouté, que leur oeuvre
prend le caractère d’une mission finale ; non pas dans le sens que le Seigneur
ait cessé de travailler, puisqu’il a envoyé les soixante et dix [(10:1)] ; mais
finale dans ce sens qu’elle devenait un témoignage définitif envers le peuple,
s’il la rejetait. [9:5] Les douze devaient secouer la poussière de leurs pieds
en sortant des villes d’où on les repousserait. Ceci se comprend, au point où
nous sommes arrivés dans cet évangile, et se répète avec plus de force encore
lors de la mission des soixante et dix, dont nous parlerons au chapitre suivant
[(10:10-11)], et qui a lieu après la manifestation de la gloire de Jésus aux
trois disciples [(9:28-29)]. [9:6] Mais le Seigneur, aussi longtemps qu’il se
trouvait présent, continuait l’exercice de la puissance en grâce, car c’était ce
qu’il était personnellement ici, et la bonté souveraine en Lui était au-dessus
de tout le mal qu’il rencontrait ici-bas.
Ch. 9 v. 7-18 — La
puissance de Jésus rassasie son peuple, mais toujours dans la dépendance de Dieu
[9:7] Mais reprenant notre chapitre, nous voyons par ce qui suit le vers. 7, que
le bruit des oeuvres merveilleuses de Jésus était parvenu jusqu’aux oreilles du
roi. Israël était donc sans excuse, car pour peu qu’il y eût de la conscience,
celle-ci était saisie par l’effet de la puissance de Jésus : [9:11] le peuple
aussi le suivait. [9:10] Retiré à l’écart avec ses disciples revenus de leur
mission, [9:11] le Seigneur est bientôt entouré de la foule ; il se montre le
serviteur en grâce de ces gens auxquels il prêche malgré leur incrédulité, et
dont il guérit les malades. Mais il veut leur donner une preuve nouvelle et
toute spéciale de la puissance et de la présence divine qui se trouvait au
milieu d’eux. Il avait été dit que, dans le temps de la bénédiction d’Israël par
l’Éternel, lorsqu’il ferait fleurir la corne de David, l’Éternel rassasierait
ses pauvres de pain (Ps. 132 [v. 17, 15]) ; [9:17] et Jésus le fait maintenant.
Mais il y a plus ici. Nous avons vu que, dans tout cet évangile, Jésus exerce
cette puissance dans son humanité par l’énergie illimitée du Saint Esprit. De là
une bénédiction merveilleuse pour nous, accordée selon les conseils souverains
de Dieu, par la sagesse parfaite de Jésus dans le choix de ses instruments.
[9:16] Il veut que ce soient les disciples qui distribuent le pain ; et
toutefois, c’est bien sa puissance à Lui qui accomplit le miracle, [9:13] car
les disciples ne voyaient rien au-delà de ce que leurs yeux pouvaient mesurer. —
[9:17] Puis s’il est l’Éternel qui rassasie, [9:18] dans la nature qu’il a
revêtue, il prend toujours place sous la dépendance : il se retire avec ses
disciples, et là, loin du monde, il prie (vers. 18). Et comme dans les deux
circonstances remarquables1, celle de la descente du Saint Esprit [(3:21)] et
celle du choix des douze [(6:12)], ici sa prière est également une occasion de
manifester sa gloire, la gloire qui lui était due, mais que le Père lui donnait
comme étant homme, une gloire liée toutefois à la souffrance et à l’humiliation
que, dans son grand amour, il subissait volontairement.
1 Remarquez aussi ici que ses prières ne sont pas offertes seulement à l’occasion des actes de puissance ou des témoignages rendus à la gloire de sa personne en réponse à ses prières. [9:22] Son entretien avec les disciples sur le changement qui allait s’accomplir dans les dispensations de Dieu, cet entretien dans lequel il parle de ses souffrances [9:21] et leur défend de dire qu’il est le Christ, [9:18] est également introduit par la prière. Retiré avec eux dans un lieu éloigné du bruit du monde, il présente ses requêtes à Dieu. L’abandon de son peuple pour un temps, préoccupe son coeur autant que la gloire. Au reste, il épanche son coeur avec Dieu, quel que soit le sujet qui le préoccupe selon les voies de Dieu.
Ch. 9 v. 19-26 — La
gloire de Jésus, au-delà de celle du Messie, se manifesterait, mais après la
souffrance
[9:19] L’attention du peuple avait été attirée sur le Sauveur, mais elle ne
dépassait pas les spéculations de l’esprit humain. [9:20] En Jésus, la foi des
disciples reconnaissait sans hésitation le Christ (vers. 20) ; [9:21] mais il ne
devait plus être annoncé comme tel : [9:22] il fallait que le Fils de l’homme
souffrît. Des conseils plus importants, une gloire plus excellente que celle du
Messie, devaient se réaliser, mais au travers de la souffrance [9:23] que les
disciples devaient partager, comme épreuves de la part des hommes, en suivant
Jésus. [9:24] Et dans ce cas, en perdant la vie pour Lui, on la gagnerait ; car
il s’agissait, en suivant Jésus, de la vie éternelle de l’âme, non pas seulement
du royaume. [9:26] Du reste, celui qui était maintenant rejeté reviendrait dans
sa propre gloire, savoir comme Fils de l’homme (selon le caractère qu’il prend
dans cet évangile), dans la gloire du Père, en tant que Fils de Dieu, et dans
celle des anges, comme l’Éternel, le Sauveur, au-dessus desquels il prenait
place (il en était digne tout en étant homme, puisqu’il les avait créés). Le
salut de l’âme, la gloire de Jésus reconnue selon ses droits, tout était pour
les disciples un avertissement de le reconnaître, lors même qu’il était méprisé
et méconnu.
Ch. 9 v. 27-36 — La
manifestation de la gloire de Jésus sur la montagne
Ch. 9 v. 27 — Jésus fortifie la foi des siens
[9:27] Or Jésus fortifie la foi de ceux dont il voulait faire des colonnes
(comp. Gal. 2 [v. 9]), et celle de tous par leur moyen ; et il déclare que
quelques-uns ne goûteraient point la mort qu’ils n’eussent vu le royaume de
Dieu.
Ch. 9 v. 29-33 — La
gloire du royaume céleste se lie à la mort de Christ
On remarquera ici que cette manifestation de la gloire du royaume et du Sauveur
avait lieu en faveur de personnes qui ne savaient pas ce que c’était que la mort
qui était un gain [(Phil. 1:21)] à cause de la possession sentie de la vie
éternelle, en faveur de ceux qui ne savaient pas non plus attendre Jésus pour
les recevoir lui-même dans le ciel. [9:28] À la suite de cette déclaration du
vers. 27, on trouve, huit jours plus tard, Jésus retiré sur une montagne avec
les trois disciples Pierre, Jacques et Jean, pour prier. [9:29] Là il est
transfiguré ; il paraît dans la gloire et les disciples le voient ; [9:30-31]
mais Moïse et Élie partagent la gloire avec Lui, parce que les saints de
l’Ancien Testament ont en Christ, et par sa mort, une part à la gloire du
royaume. Moïse et Élie s’entretiennent avec Lui de cette mort (vers. 31). Ils
avaient parlé d’autre chose dans leur temps ; ils avaient ou établi la loi, ou
agi pour y ramener le peuple, afin d’introduire la bénédiction. Mais, dès qu’il
est question de la gloire nouvelle, tout dépend de la mort du Christ et de cela
seul : et tout le reste disparaît. [9:36] « Et la voix s’étant fait entendre,
Jésus se trouva seul » (vers. 30-36). [9:31] La gloire du royaume céleste et la
mort sont placées immédiatement en rapport ; [9:33] Pierre ne voit que
l’introduction de Christ dans une gloire égale à celle de Moïse et d’Élie, en
liant celle-ci dans son esprit à ce que chacun des deux était pour un Juif, et
en y associant Jésus. [9:36] C’est alors que ces deux hommes de Dieu
disparaissent entièrement et que Jésus reste seul : [9:35] les disciples doivent
l’écouter, Lui seul. Le rapport de Moïse et d’Élie avec Jésus dans la gloire
dépendait du rejet de leur témoignage par le peuple auquel ils s’étaient
adressés.
Ch. 9 v. 34-35 — Le
Père révèle le Fils dans la gloire nouvelle où les disciples sont introduits
Or ce n’est pas tout. L’Église proprement dite n’est pas en scène ici ; [9:34]
mais le signe de la gloire excellente ou de la présence de Dieu, se montre,
savoir la nuée où l’Éternel demeurait en Israël. Jésus y introduit les disciples
comme témoins : [9:36] Moïse et Élie disparaissent ; [9:34] et Jésus ayant
introduit ses disciples tout près de la gloire, [9:35] le Dieu d’Israël se
manifeste comme le Père, reconnaissant Jésus comme le Fils en qui il trouve ses
délices. Tout est ainsi changé dans les relations de Dieu avec l’homme : car le
Fils de l’homme mis à mort sur la terre est reconnu dans la gloire excellente
comme Fils du Père. Les disciples le connaissent ainsi par le témoignage du
Père, ils sont en communion avec Lui ; ils sont comme introduits dans la gloire
où le Père reconnaissait lui-même Jésus pour son Fils, et où le Père et le Fils
se trouvent. L’Éternel se fait encore connaître comme le Père en révélant le
Fils. [9:34] Et les disciples se trouvent associés sur la terre avec le séjour
de gloire d’où l’Éternel lui-même avait de tout temps protégé Israël. [9:35]
Jésus y était avec eux, Lui, le Fils de Dieu. Quelle position, quel changement
pour eux ! C’est en effet la transformation en gloire céleste de ce qui était le
plus excellent dans le judaïsme, la transformation qui s’opérait dans ce moment
pour rendre toutes choses nouvelles1.
1 Il s’agit du déploiement du royaume et non de l’Église dans les lieux célestes. [9:34] Je pense que les mots « ils entraient » doivent se rapporter à Moïse et à Élie. Mais la nuée couvrit aussi les disciples. Cependant nous sommes transportés au-delà de cette scène terrestre. Le mot « couvrit » est le même que les 70 emploient en parlant de la nuée qui vint remplir le tabernacle [(Ex. 40:34-35)]. [Matt. 17:5] En Matthieu nous apprenons que c’était une nuée lumineuse. Il s’agissait donc du Shekina de gloire qui avait été avec Israël dans le désert — je pourrais l’appeler, la demeure du Père. [9:35] La voix du Père en sortait. [9:34] C’est là qu’ils entrent, et c’est cela qui, en Luc, remplit les disciples de frayeur. Dieu avait parlé à Moïse depuis la nuée [(Ex. 33:9)] ; maintenant les disciples y pénètrent. Ainsi, outre le royaume, nous trouvons ici la vraie demeure des saints. Luc seul nous montre ce côté-là. [9:29] Nous y voyons le royaume, [9:30-31] Moïse et Élie dans la même gloire que le Fils, [9:32] d’autres hommes vivants sur la terre, [9:34] mais aussi la demeure éternelle des saints.
Les saints dans la
gloire avec Christ
Ch. 9 v. 28-31 — Les rapports des saints avec Jésus, dans la gloire du royaume
Le profit que l’on peut tirer personnellement de ce passage est grand en ce
qu’il nous révèle, d’une manière frappante, l’état céleste et glorieux. [9:31]
Les saints sont dans la même gloire que Jésus ; ils y sont avec lui, ils
s’entretiennent familièrement avec lui de ce qui est le plus près de son coeur —
de ses souffrances, de sa mort ; et ils s’en entretiennent avec les sentiments
produits par les circonstances qui affectent le coeur. Au lieu de recevoir le
royaume à Jérusalem la bien-aimée, Jésus devait y mourir : et les saints s’en
entretiennent avec l’intelligence des conseils de Dieu, car les faits eux-mêmes
n’étaient pas encore arrivés. Tels sont les rapports des saints avec Jésus dans
le royaume : [9:29] car jusqu’ici, il n’est question que de la manifestation de
la gloire telle que le monde la verra, [9:31] en y joignant les entretiens des
glorifiés avec Jésus. [9:28] Les trois se trouvaient sur la montagne.
Ch. 9 v. 34-36 — La
communion des disciples avec le Père et le Fils
Mais les trois disciples sont conduits plus loin : [9:34] ils entrent dans la
demeure du Père, [9:35] ils sont enseignés de Lui ; le Père leur communique, par
le Fils, ses propres affections. Moïse et Élie ont rendu témoignage à Jésus et
seront glorifiés avec Lui, [9:36] mais Jésus reste seul pour l’Église. Or ceci
est plus que le royaume : c’est la communion avec le Père et avec son Fils
Jésus, sûrement incomprise alors, mais qui l’est maintenant par le Saint Esprit.
[9:34] Quelle merveille que cette entrée des saints dans la gloire magnifique,
le Shekina, la demeure de Dieu, [9:35] et que ces communications faites par le
Père, des affections qu’il porte à son Fils ; c’est plus que la gloire ! [9:36]
Toutefois Jésus reste invariablement l’objet qui remplit la scène pour nous.
L’intimité avec Jésus
dès ici-bas
[9:44] Et quant à notre position ici-bas, remarquons que le Seigneur, avec ses
disciples sur la terre, parle aussi intimement de sa mort qu’il le fait avec
Moïse et Élie (vers. 44). Ceux-ci ne sont pas plus intimes avec Lui que Pierre,
Jacques et Jean. Quelle douce et précieuse pensée ! Le ciel n’est pas si loin de
nous que nous le croyons1.
1 Remarquez aussi que [9:29] si Jésus fait voir à ses disciples la gloire du royaume [9:34] et l’entrée des saints dans l’excellente gloire où se trouvait le Père, [9:31] Jésus descendit aussi sur cette terre pour y trouver la croix et la puissance de Satan, là où nous avons à marcher.
Ch. 9 v. 37-45 — La
grâce agit encore tant que Jésus est parmi les hommes
[9:37] Ce qui suit (v. 37 et suiv.) montre le contraste de tout ceci avec l’état
des choses au bas de la montagne. [9:40] Les disciples sont incapables de
profiter de la puissance de Jésus déjà manifestée, pour chasser celle de
l’Ennemi, ce qui justifie Dieu dans ce qu’il révélait de ses conseils sur la
montagne, [9:41] et, pour introduire l’accomplissement de ceux-ci, amène la mise
de côté du système juif. [9:42] Mais cela n’empêche pas l’action de la grâce de
Jésus pour délivrer les hommes, [9:41] tandis qu’il était encore avec eux,
jusqu’à ce qu’il soit ôté lui-même et que finalement l’homme le rejette. —
[9:43] Maintenant, se soustrayant à l’étonnement sans fruit du peuple, [9:44]
Jésus insiste auprès des siens sur son rejet et son crucifiement, [9:48] en
poussant l’application de ce principe jusqu’à l’anéantissement de soi-même et à
l’humilité qui accepte ce qui est petit.
Ch. 9 v. 46-62 —
L’égoïsme de la chair — L’appel de la grâce pour suivre Christ
L’égoïsme en contraste avec le dévouement de Jésus — L’appel de Jésus en
contraste avec la volonté de l’homme
Le reste du chapitre, depuis le vers. 46, nous présente les différents traits de
l’égoïsme et de la chair, placés en contraste avec le dévouement et la grâce
manifestés en Christ, et tendant à empêcher le croyant de marcher sur les traces
de Jésus. Les vers. 46-48, 49, 50 et 51-56 en présentent des exemples1. —
Ensuite, vers. 57-62, l’Esprit de Dieu place devant nos yeux le contraste entre
[9:57] la volonté illusoire de l’homme [9:59] et l’appel efficace de la grâce ;
la découverte de la répugnance de la chair en présence d’un appel réel, et la
nécessité de l’abnégation absolue de tout pour pouvoir y répondre2.
1 Ces trois passages indiquent successivement chacun une espèce d’égoïsme : [9:46-48] l’égoïsme personnel, [9:49] l’égoïsme de corps (celui qui se rattache à un corps auquel on est associé), [9:54-55] et l’égoïsme qui se revêt d’une apparence de zèle pour le Christ, mais qui ne porte pas son image, égoïsme plus subtil que les autres, et qui est plus difficilement aperçu de l’homme.
2 [9:57] Remarquez que lorsque la volonté de l’homme agit, [9:58] il ne sent pas les difficultés, mais il n’est pas qualifié pour l’oeuvre. [9:59] Quand il y a un appel véritable, les obstacles se font sentir.
Ch. 9 v. 49-50 — Le
danger de l’égoïsme d’un corps constitué pour suivre Jésus
[9:49] Au vers. 49, nous trouvons Jean interrogeant Jésus et lui disant : «
Maître, nous avons vu quelqu’un qui chassait des démons en ton nom, et nous le
lui avons défendu, parce qu’il ne te suit pas avec nous ». [9:50] Le Seigneur,
en réponse à l’esprit qui, oublieux de la croix, cherche ici-bas
l’agrandissement d’un corps ou d’une compagnie, exprime aux disciples ce qu’il
ne se cachait pas à lui-même, ce qui était la vérité devant Dieu, savoir que
tous étaient tellement contre eux que celui qui ne l’était pas se montrait par
là-même déjà pour eux : « Ne le lui défendez pas, car celui qui n’est pas contre
vous est pour vous ». Une autre raison donnée ailleurs (Marc 9:40 [et v. 39]),
n’est pas répétée ici, l’Esprit se bornant à ce sujet, au point de vue de
l’évangile qui nous occupe.
Ch. 9 v. 51-56 — Jésus,
venu en grâce, supporte les rejets plutôt que de se venger
[9:51] Ensuite (vers. 51 et suiv.), Jésus dresse sa face pour monter à
Jérusalem, [9:52] et étant entré dans une bourgade des Samaritains, [9:53] il
n’y est pas reçu. [9:54] Aux yeux des disciples, les Samaritains, repoussant le
Messie, méritaient d’être détruits par le feu du ciel ; [9:55] mais Christ
n’était pas descendu du ciel pour perdre la vie des hommes, mais pour les
sauver. Rejeté, il ne juge personne, il ne se venge pas ; [9:56] il supporte
l’insulte et va ailleurs.
Ch. 9 v. 57-62 — La
consécration entière et exclusive à Jésus de celui qui est appelé
[9:57] Enfin (vers. 57 et suiv.) quelqu’un veut servir Jésus ici-bas ; [9:58]
mais Jésus n’a pas où conduire celui qui est ainsi disposé. [9:60] En attendant,
et à cause de son amour que rien n’affaiblissait, la prédication du royaume
était pour Jésus la seule affaire. L’homme mort à Dieu pouvait s’occuper des
morts : celui qui était appelé et qui vivait, ne devait s’occuper que d’une
chose, savoir du royaume pour en rendre témoignage, et s’en occuper sans
arrière-pensée, distrait de toute autre chose par l’urgence de celle-là. [9:62]
Celui qui avait mis la main à la charrue ne devait pas regarder en arrière ; le
royaume, en présence de l’inimitié et de la misère de l’homme, et de tout ce qui
était contre lui, demandait que l’âme, par la puissance de Dieu, fût entièrement
absorbée par les intérêts de Dieu. L’oeuvre de Dieu, en présence du Christ
rejeté et de toutes les conséquences de ce fait, exigeait une consécration
absolue.
Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-16 — La mission des soixante-dix
Ch. 10 v. 1-12 — Le caractère particulier de la mission des soixante-dix, fondée
sur la gloire révélée de Jésus et son rejet
[10:1] Nous trouvons au chap. 10, la mission des soixante-dix, mission
importante dans son caractère pour le développement des voies de Dieu. En effet,
ce caractère est différent à quelques égards de celui du commencement du chap. 9
[(v. 1-6)], parce que la mission des soixante-dix est fondée sur la gloire de
Jésus manifestée dans le chap. 9 [(v. 29-36)]. Cela tranche nécessairement
davantage la question des relations du Sauveur avec les Juifs : car la gloire
venait à la suite de son rejet par la nation et en était le résultat quant à sa
position humaine. [9:28] Ce rejet n’étant pas encore accompli, la gloire de
Jésus n’était révélée qu’à trois de ses disciples, [9:42] et il exerçait encore
son ministère au milieu du peuple ; mais dans la mission qu’il confie aux
soixante-dix on prévoit des changements. Jésus y insiste sur ce qui est moral et
éternel, [10:3] sur la position qui résultera pour les siens de son rejet,
[10:16] sur le véritable effet de son témoignage dans le monde, [10:13-15] et le
jugement qui allait s’accomplir sur les Juifs. — [10:2] Cependant la moisson
était grande, car l’amour, non refroidi par le péché, discernait des besoins au
travers de l’opposition extérieure : seulement il y en avait peu qui fussent mus
par cet amour. Le Seigneur de la moisson pouvait seul y pousser de vrais
ouvriers. [10:3] Jésus leur annonce déjà qu’ils sont comme des agneaux au milieu
des loups. Quelle différence entre ceci et la présentation du royaume au peuple
de Dieu ! [10:4] Les soixante-dix devaient s’appuyer, comme les douze avaient dû
le faire [(9:3)], sur les soins du Messie, présent ici-bas, qui disposait des
coeurs avec une puissance divine. [10:5] Ils devaient aller comme ouvriers du
Seigneur, en avouant leur but ; [10:7] ils ne devaient pas aller de maison en
maison comme s’ils pouvaient fatiguer leurs hôtes, ne travaillant pas, mais en
vrais ouvriers du Seigneur lui-même, ayant des droits de sa part. [10:4] Tout
entiers à leur oeuvre, ils ne devaient saluer personne : car le temps pressait,
le jugement allait arriver. [10:6] En Israël, il y en avait qui n’étaient pas
des enfants de paix ; mais le résidu se manifesterait par l’effet que produirait
sur lui la mission des disciples opérant dans les coeurs : ce ne serait pas
encore le jugement qui séparerait la masse d’avec ce résidu. La paix reposerait
sur les enfants de paix. [10:9] Les soixante-dix envoyés exerceraient la
puissance acquise par Jésus sur l’Ennemi et qu’il pouvait ainsi conférer à
d’autres (ce qui était plus qu’un miracle) ; et ils devaient déclarer à ceux
qu’ils visitaient que le royaume de Dieu s’était approché d’eux : témoignage
important ! Quand le jugement ne s’exécutait pas, il fallait la foi pour
reconnaître le royaume de Dieu dans le témoignage qui en était rendu. [10:10] Si
les envoyés n’étaient pas reçus dans une ville, [10:11] ils devaient dénoncer
cette ville, en assurant aux habitants que, reçu ou non, le royaume de Dieu
s’était approché d’eux. Quel témoignage solennel maintenant, que ce qui comblait
l’iniquité de l’homme, allait s’accomplir — que Jésus allait être rejeté !
[10:12] L’infâme Sodome sera dans un état plus supportable que celui de « cette
ville-là », au jour où le jugement sera exécuté ! (vers. 12).
Ch. 10 v. 13-16 —
L’annonce du jugement sur ceux qui rejetaient Jésus
Ceci caractérise assez nettement ce témoignage des soixante-dix. [10:13] Le
Seigneur indique1 (vers. 13-16), par leurs noms, en les menaçant, les villes où
il avait agi ; [10:16] et il affirme aux disciples que, les repousser dans leur
mission, c’était le rejeter lui-même et, en même temps, Celui qui l’avait
envoyé, savoir le Dieu d’Israël, le Père.
1 Nous trouvons ici, vers. 25 et plus loin chap. 13:34, des exemples de cet ordre moral de Luc, duquel nous avons parlé. Les témoignages du Seigneur sont parfaitement en place, et aident beaucoup à comprendre toute la suite du passage ; tandis que leur position ici jette une grande lumière sur leur propre portée. Il ne s’agit pas d’ordre historique : ce n’est nullement ici la question. La position qu’Israël, que les disciples, que tous prenaient par suite du rejet du Christ qui aurait lieu, forme le sujet dont l’Esprit s’occupe. Ces passages s’y rapportent et montrent très clairement où en était ce peuple qui avait été visité par Jésus, quel était son vrai caractère, comment dans ses conseils Dieu a introduit les choses célestes par le moyen de la chute d’Israël, et enfin comment se lie avec le rejet de Christ par le peuple, cette introduction des choses célestes, de la vie éternelle et du salut des âmes. — La loi n’était pourtant pas violée : seulement, elle était de fait remplacée par la grâce qui, en dehors de la loi, opérait ce qu’elle ne pouvait opérer par la loi. C’est ce que nous verrons en poursuivant notre étude de ce chapitre.
Ch. 10 v. 17-24 —
L’introduction du royaume dans la sphère céleste
Ch. 10 v. 17-20 — La puissance manifestée annonce le royaume — La révélation
d’un peuple avec Christ dans sa position céleste
[10:17] À leur retour, les soixante-dix annoncent au Seigneur quelle puissance
avait accompagné leur mission (vers. 17 et suiv.) : les démons se soumettaient à
leur parole. [10:18] Jésus leur répond qu’en effet ces signes de puissance
avaient rendu présent à son esprit le plein établissement du royaume, Satan
complètement chassé du ciel : ces actes de puissance opérés par eux n’étaient là
que des exemples isolés de cette puissance. [10:20] Toutefois il ajoute : « Ne
vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais
réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux ». La puissance
qui se manifestait était vraie, et l’établissement du royaume qui en serait le
résultat, était sûr ; mais une autre chose se découvrait maintenant : la
révélation d’un peuple céleste commençait à poindre, d’un peuple qui devait
avoir sa part avec Celui que l’incrédulité des Juifs et du monde devait renvoyer
dans le ciel. Ceci dévoile nettement la position de chacun : le témoignage du
royaume rendu en puissance, laisse Israël sans excuse ; et Jésus prend une autre
position qui est la céleste. [10:21] C’était là le vrai sujet de joie qu’au
reste les disciples ignoraient encore. Mais la personne et la puissance de Celui
qui devait les introduire dans la gloire céleste du royaume, et ses droits à ce
royaume glorieux de Dieu leur avaient été révélés par le Père.
Ch 10 v. 21-24 — Le
Père et le Fils, dans leur gloire, connus par Jésus seul
[10:21] Aveugler judiciairement l’orgueil de l’homme et donner efficace à la
grâce du Père envers les petits, c’était ce qui convenait à Celui qui, par
l’humiliation de Jésus, accomplissait les conseils de sa grâce souveraine, et
cela était en harmonie avec le coeur de Celui qui était venu pour l’accomplir.
[10:22] Du reste, toutes choses étaient données à Jésus, et le Fils était trop
glorieux pour être discerné, sinon par le Père que personne ne connaissait non
plus que par la révélation du Fils : c’était à Celui-ci qu’il fallait venir. Le
fond de ce qui faisait la difficulté de la réception de Jésus par les hommes,
était la gloire de la personne de Celui qui était connu du Père seul, et cette
gloire du Père qui exigeait le Fils lui-même pour la révéler. Or voilà ce qui
était là en Jésus sur la terre. [10:23] « Et se tournant vers les disciples, il
leur dit en particulier : Bienheureux sont les yeux qui voient ce que vous voyez
! » [10:24] Oui, Jésus pouvait dire à ses disciples en particulier, qu’ayant
discerné en Lui le Messie et sa gloire, ils avaient vu ce que des rois et des
prophètes avaient en vain souhaité de voir. Le Père leur avait été annoncé, mais
ils n’avaient guère compris. Dans les pensées de Dieu, connaître le Père était
leur portion, réalisée plus tard par la présence du Saint Esprit, l’Esprit
d’adoption.
L’introduction du monde
céleste suite au rejet du royaume terrestre
[10:19] On peut remarquer ici la puissance du royaume conférée aux disciples,
[10:23-24] et leur jouissance, dans ce moment-là, de la vue des choses dont les
prophètes avaient parlé (jouissance provenant de la présence du Messie lui-même
apportant avec lui le pouvoir du royaume, qui renversait celui de l’Ennemi).
[10:10] On voit en même temps le rejet de leur témoignage [10:13-15] et le
jugement d’Israël au milieu duquel ce témoignage avait été rendu ; et enfin,
l’appel du Seigneur ([10:18] tout en reconnaissant dans leur oeuvre toute la
puissance qui établira le royaume) [10:20] à ne pas se réjouir dans le royaume
ainsi établi sur la terre, mais dans cette grâce souveraine de Dieu qui, dans
ses conseils éternels, leur avait accordé une place et un nom dans les cieux, en
rapport avec leur rejet sur la terre. L’importance de ce chapitre sous ce point
de vue est évidente. Luc nous introduit fréquemment dans la sphère meilleure et
invisible d’un monde céleste. [10:22] L’étendue de la domination de Jésus, en
conséquence de ce changement du terrestre au céleste, et la révélation des
conseils de Dieu qui l’accompagnait, nous sont données au vers. 22, ainsi que la
découverte de la relation de la gloire du Père et du Fils ; [10:21] en même
temps la grâce faite aux humbles, selon le caractère et les droits de Dieu le
Père lui-même. Ensuite, nous y trouvons le développement du changement qui
devait avoir lieu dans le caractère moral qui découlait de ces relations
diverses.
Ch. 10 v. 25-37 —
L’obtention de la vie éternelle
Ch. 10 v. 25-29 — Par la loi réclamant de l’homme l’amour de Dieu et du prochain
[10:25] Le docteur de la loi demande les conditions auxquelles il pourra
acquérir la vie éternelle. Sa demande ne se rapporte ni au royaume, ni au ciel,
mais à une partie de la révélation judaïque qui tenait aux relations de l’homme
avec Dieu. La possession de la vie était présentée aux Juifs, par la loi. Par
des développements scripturaires, postérieurs à la loi, cette vie avait été
reconnue être la vie éternelle, à laquelle les pharisiens du moins se
rattachèrent autant qu’à l’observation de cette loi — une vie qui sera la part
des glorifiés dans le ciel ainsi que des bénis sur la terre, durant le
millénium, vie que nous possédons actuellement dans des vases d’argile, et que
la loi, par des citations tirées des livres prophétiques, proposait comme
l’effet de l’obéissance1. [10:28] « Fais cela, et tu vivras ». [10:25] Le
docteur demande donc ce qu’il fallait faire pour vivre ainsi ? [10:28] La
réponse était claire : la loi avec toutes ses ordonnances, ses cérémonies, avec
toutes les conditions desquelles la bénédiction de Dieu dépendait selon les
principes de son gouvernement terrestre, [10:27] la loi, dis-je, que le peuple
avait enfreinte, contenait les deux grands principes de la vérité à cet égard,
bien que ses conditions violées amenassent le jugement annoncé par les
prophètes, jugement qui, du reste, serait suivi par l’établissement du royaume
en grâce, de la part de Dieu. La loi exprimait nettement les conditions de la
vie éternelle si l’homme devait en jouir selon la justice humaine, justice qu’il
accomplirait, dans laquelle il vivrait lui-même. Ces conditions se résumaient en
ce peu de mots : « Aime Dieu de tout ton coeur et ton prochain comme toi-même ».
Le docteur présentant ce résumé, [10:28] le Seigneur l’accepte, et répète les
paroles du législateur : « Fais cela, et tu vivras » [(Lév. 18:5)]. [10:27] Mais
l’homme n’a pas accompli la condition ; il en a la conscience. Quant à son
obligation d’aimer Dieu…, Dieu est loin ; et l’homme s’en débarrasse aisément :
il rendra à Dieu quelques services extérieurs et s’en vantera. Mais l’homme est
là, présent : son égoïsme le rend sensible à l’accomplissement de ce second
précepte, dont l’observation ferait son bonheur — ferait de ce monde une sorte
de paradis. Les violations se répètent à chaque instant dans des circonstances
quotidiennes où cet égoïsme est en jeu ; l’entourage de l’homme et ses rapports
sociaux donnent la conscience de ces violations, lors même que l’âme ne s’en
inquiétait pas elle-même. [10:29] C’est ici que le coeur du docteur se trahit :
« Qui est mon prochain ? » dit-il.
1 On peut remarquer que le Seigneur n’emploie jamais les mots vie éternelle, en parlant du résultat de l’obéissance. « Le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle » [(Rom. 6:23)]. S’ils avaient été obéissants, cette vie aurait pu être sans fin ; mais de fait et en vérité, maintenant que le péché était survenu, l’obéissance n’était pas le chemin pour obtenir la vie éternelle, et le Seigneur ne l’énonce pas.
Ch. 10 v. 30-37 — Par
la grâce introduite, qui fait agir l’amour divin en nous
La réponse du Seigneur (vers. 30 et suiv.) montre le changement moral qui a lieu
par l’introduction de la grâce, et par la manifestation de cette grâce dans
l’homme ou dans la personne du Sauveur lui-même. Nos devoirs de relation
vis-à-vis des autres se mesurent maintenant par ce que doit produire la nature
divine en nous : et cette nature, c’est l’amour. Sous la loi, l’homme se
mesurait par l’importance qu’il pouvait s’attribuer à lui-même, ce qui est
toujours l’opposé de l’amour : la chair se glorifiait d’une proximité de Dieu
qui n’était pas réelle parce qu’elle ne consistait pas dans une participation à
Sa nature. [10:31-32] Le sacrificateur et le lévite voyant le pauvre homme
blessé et à demi-mort, passent outre. [10:33] Le Samaritain, méprisé sous le
rapport de la proximité avec Dieu, ne demande pas qui était son prochain ;
l’amour dans son coeur le faisait prochain de celui qui était dans le besoin.
C’est ce que Dieu lui-même faisait en Christ ; mais alors les distinctions
légales et charnelles disparaissaient devant le principe de l’amour qui,
agissant d’après son propre mouvement, trouvait une occasion de s’exercer au
milieu des besoins qui se présentaient à lui. Ceci termine cette partie des
discours du Seigneur.
Ch. 10 v. 38-42 — La
réception de la Parole, seule chose nécessaire à l’homme
Un nouveau sujet commence au vers. 38 ; et à partir de là jusqu’au chap. 11,
vers. 13 inclusivement, le Seigneur expose à ses disciples les deux grands
moyens de bénédiction, savoir : la Parole et la prière. [10:39] En Marie, nous
est présentée l’énergie qui s’attache au Seigneur pour recevoir la Parole de
lui, et qui laisse tout de côté, afin d’écouter sa Parole, parce que l’âme est
saisie par les communications de Dieu en grâce. On peut remarquer que les
circonstances sont en harmonie avec la révolution morale qui avait lieu dans ce
moment solennel. [10:42] La réception de la Parole est substituée aux
prévenances dues au Messie et demandées par sa présence sur la terre. Dans
l’état où était l’homme (car il rejetait le Sauveur), il avait besoin de la
Parole ; et Jésus, dans son amour parfait, ne veut qu’être écouté quand il
parle. Pour l’homme, pour la gloire de Dieu, cette seule chose était nécessaire
: ce que Jésus désire, c’est que l’homme soit attentif à la parole de Dieu ;
quant à Lui, il se passera de tout pour cela. [10:38] Mais Marthe, quoique
occupée à recevoir le Seigneur, ce qui était assurément juste, [10:40] montre
cependant quel rôle le moi joue dans ce genre de service, car elle n’aime pas à
en avoir seule tout le souci.
Chapitre 11
Ch. 11 v. 1-13 — La ressource de la prière
Ch. 11 v. 1-4 — Jésus enseigne à prier le Père, avant la venue du Saint Esprit
[11:2] La prière que Jésus enseigne ici à ses disciples se rapporte aussi à la
phase dans laquelle ils entraient avant le don du Saint Esprit. [11:1] Jésus
priait lui-même comme homme dépendant sur la terre. [11:2] Il n’avait pas encore
reçu, étant élevé au ciel, la promesse du Père pour la répandre sur les
disciples [(24:49)] ; mais ceux-ci étaient cependant en relation avec Dieu comme
avec leur Père. La gloire de son nom, la venue de son royaume devaient les
préoccuper tout premièrement. [11:3] Ils dépendaient de Lui pour leur pain du
lendemain : [11:4] et ils avaient besoin de pardon et d’être gardés de la
tentation. Le sujet de la prière, c’était le désir du coeur vrai devant Dieu, le
besoin du corps remis aux soins de leur Père dans le ciel ; la grâce dont les
disciples avaient besoin pour leur marche, après qu’ils avaient péché, et pour
que la chair ne se manifestât pas ; enfin qu’ils fussent gardés de la puissance
de l’Ennemi.
Ch. 11 v. 5-13 — Le
Père répond aux prières, expressions d’un vrai besoin exposé avec persévérance
[11:5-8] Ensuite (vers. 5-13), le Seigneur insiste sur la persévérance, ou sur
ce que les requêtes ne soient pas celles d’un coeur indifférent au résultat.
[11:9] Il assure ses disciples que leurs prières ne resteraient pas sans effet ;
[11:13] aussi leur Père céleste donnerait le Saint Esprit à ceux qui le
demanderaient. Ils sont ainsi placés dans Ses propres relations sur la terre
avec Dieu.
Les ressources de la
vie chrétienne : écouter la Parole, et prier le Père
[10:39] Écouter Dieu [11:2] et s’adresser à Lui comme à un Père, est le tout de
la vie pratique chrétienne.
Ch. 11 v. 14-32 — Les
deux armes du témoignage
Ch. 11 v. 14-26 — La puissance de Dieu seule peut délivrer l’homme des démons
Après ces choses, les deux grandes armes du témoignage sont mises en relief,
savoir : l’expulsion des démons, et l’autorité de la Parole. [11:14] Christ
avait manifesté la puissance qui chassait les esprits malins, [11:15] et on
attribuait cette puissance au prince des démons. [11:22] Toutefois Christ avait
lié l’homme fort et pillait ses biens. [11:20] Or si la puissance de Dieu était
là dans la personne du Christ, le royaume de Dieu était réellement arrivé ;
[11:23] et dans ce cas, Dieu étant venu délivrer l’homme, chaque chose se
rangeait à sa vraie place, d’un côté ou de l’autre : tout était du démon ou de
l’Éternel. [11:24] De plus, encore que l’esprit immonde fût sorti de la maison,
[11:26] si Dieu n’y était pas, l’esprit qui était sorti rentrerait avec sept
autres esprits plus méchants encore, et le dernier état de cet homme-là serait
pire que le premier (vers. 26).
Ch. 11 v. 27-32 — La
bénédiction est pour celui qui écoute la Parole
Cette manifestation de la puissance du royaume s’accomplissait dans ce
moment-là. [11:27] Mais ce n’étaient pas les miracles seuls qui
s’accomplissaient : le Seigneur avait annoncé la Parole ; et une femme, sensible
à la joie que devait éprouver toute mère d’avoir un tel fils que Jésus, déclare
hautement ce bonheur d’une parenté selon la chair avec lui. [11:28] Le Seigneur,
comme il l’avait fait dans le cas de Marie (chap. 10 [v. 42]), déclare de son
côté que cette bénédiction est pour tous ceux qui écoutent et observent sa
Parole ; il dit : « Mais plutôt, bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de
Dieu et qui la gardent » (vers. 28). [11:32] Ceux de Ninive avaient écouté
Jonas, [11:31] la reine de Sheba avait écouté Salomon, sans qu’un miracle eût
accompagné le témoignage de l’un ; [11:32] et un plus grand que Jonas était là !
Ch. 11 v. 33-36 — La
lumière du témoignage divin dévoile le coeur de chacun
Deux choses sont ici devant nos yeux dans les rapports de Jésus avec Israël :
[11:33] le témoignage pleinement, clairement rendu à la vérité (vers. 33), —
[11:34] et les motifs qui gouvernaient ceux qui l’entendaient. Si la vraie
lumière luit dans le coeur, il n’y reste point de ténèbres. Si la parfaite
vérité est présentée selon la sagesse de Dieu lui-même et se trouve repoussée,
c’est le coeur qui la rejette : l’oeil est mauvais. Les notions et les motifs
d’un coeur éloigné de Dieu ne font que l’obscurcir ; mais un coeur qui n’a qu’un
but, savoir Dieu et sa gloire, sera tout plein de lumière ; [11:36] car la
lumière ne se montre pas seulement, elle éclaire tout ce qui l’entoure. Si la
lumière de Dieu luit dans une âme, celle-ci en sera remplie sans aucunes
ténèbres (vers. 34-36).
Ch. 11 v. 37-54 — Jésus
juge l’état de la nation d’Israël
[11:37] Dans les vers. 37-52, Jésus, invité dans la maison d’un pharisien,
[11:39] juge l’état de la nation et l’hypocrisie de sa prétendue justice,
mettant le doigt sur les dehors blanchis et sur la convoitise et l’égoïsme
intérieurs, [11:46] sur le fait de rendre la loi de Dieu pesante pour les
autres, tandis qu’ils en négligeaient l’accomplissement pour eux-mêmes ; [11:49]
il annonce la mission des prophètes et des apôtres du Nouveau Testament,
[11:50-51] dont le rejet comblerait la mesure de l’iniquité d’Israël, [11:47-48]
et mettrait à une épreuve finale ceux qui hypocritement bâtissaient les tombeaux
des prophètes, que leurs pères avaient tués. [11:50]Alors tout le sang à propos
duquel Dieu avait exercé sa patience en envoyant des témoignages pour éclairer
le peuple, tout le sang qui avait été versé à cause de ces témoignages, [11:51]
sera enfin redemandé au peuple rebelle. [11:53-54] Les paroles du Seigneur ne
font qu’exciter la malice des pharisiens qui cherchent à le prendre en faute
dans ses discours. Je le répète, au lieu d’avoir un Messie accomplissant les
promesses, nous trouvons ici la parole du témoignage, mise pleinement en relief
; puis le jugement d’une nation qui avait rejeté Parole et Messie, [11:49] et
qui même rejette ce qu’ensuite la grâce leur envoie pour les ramener.
Chapitre 12
Ch. 12 v. 1-12 — La position de témoignage des disciples après le départ du
Seigneur
La Parole et le Saint Esprit sont la base du témoignage devant Dieu ici-bas
Ce chapitre place les disciples dans cette position de témoignage par la
puissance du Saint Esprit, dont nous venons de parler plus haut, et, une fois le
Seigneur parti, en butte à l’opposition du monde : — au lieu du Messie, c’est la
Parole et le Saint Esprit qui sont sur la terre. [12:4] Mais les disciples
doivent à la fois ne pas craindre l’opposition, et ne pas se fier à eux-mêmes :
[12:5] c’est Dieu qu’ils doivent craindre [12:7] et dans le secours duquel ils
doivent se confier. [12:12] Quant à ce qu’ils auront à dire, le Saint Esprit le
leur enseignera. [12:2-3] Puis, un jour, toutes choses seront révélées ; [12:5]
Dieu atteint l’âme ; [12:4] l’homme touche seulement le corps. Ici, ce qui
dépasse les promesses du temps présent, ou les rapports de l’âme avec Dieu, se
trouve mis en avant ; on sort du judaïsme pour se trouver devant Dieu. [12:8]
L’affaire des disciples était donc de manifester, à tout prix, Dieu au monde,
pour la foi, avant que toutes choses fussent manifestées : il pouvait leur en
coûter vis-à-vis des hommes, mais Jésus les confessera devant les anges. C’était
amener les disciples dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, et à la
crainte de Dieu, par la Parole et la foi, quand la puissance du mal était à
l’oeuvre ; [12:2] tout ce mal, quoique caché, serait amené à la lumière.
Ch. 12 v. 10 — Le
blasphème contre le témoignage
[12:10] Non seulement cela : les blasphèmes prononcés contre le témoignage,
seront pires, plus impardonnables que les blasphèmes contre Jésus. Or, parler
contre le Fils de l’homme pouvait être pardonné, et l’a bien été, et le sera à
la fin aux Juifs envisagés comme nation ; mais si quelqu’un parlait en
blasphémant contre le témoignage des disciples, ce sera mal parler contre
l’Esprit, ce qui ne sera jamais pardonné. Le Seigneur agit sur le coeur des
disciples, aussi bien que sur leur conscience.
Trois encouragements
aux disciples dans leur mission
Jésus encourage ici ses disciples par trois choses : [12:7] par les soins dont
ils seraient l’objet de la part de Celui qui comptait les cheveux de leurs
têtes, quelles que fussent les épreuves de leur foi ; — [12:8] par le fait qu’au
ciel et devant les anges, leur fidélité à Christ dans cette pénible mission
serait reconnue de Lui ; — [12:10] et enfin, par l’importance de leur mission,
dont le rejet entraînerait une condamnation plus définitive que le rejet du
Christ lui-même : car Dieu avait fait un pas, et un pas final, dans ses voies de
grâce et dans son témoignage. [12:2] Tout serait manifesté, [12:7] et Dieu
aurait soin d’eux ; [12:8] ils seraient reconnus par Christ dans le ciel ;
[12:12] la puissance du Saint Esprit serait avec eux. Tels sont les motifs et
les encouragements présentés ici aux coeurs des disciples pour leur mission
après le départ du Seigneur.
Ch. 12 v. 13-48 — Les
enseignements du Seigneur sur la position prochaine des disciples
Les principes de la marche : se confier en Dieu, et avoir le coeur en haut
Ce qui suit est un développement encore plus distinct de la position où, par ce
départ, vont se trouver désormais les disciples, selon le conseil de Dieu (vers.
13). [12:14] Le Seigneur, maintenant, refuse formellement de rendre la justice
en Israël : ce n’était pas sa place. [12:15] Il s’adresse aux âmes et porte leur
attention sur une vie qui succède à celle-ci ; [12:14] et au lieu de partager
l’héritage entre des frères, [12:15] il avertit la foule de se tenir en garde
contre l’avarice, [12:16-21] les enseignant par la parabole de l’homme riche
retiré de ce monde au milieu de ses projets. [12:20] Qu’était devenue son âme ?
— Mais après avoir posé ce fondement général, le Seigneur présente à ses
disciples les grands principes d’après lesquels ils devaient marcher : [12:22]
ils ne devaient pas penser au lendemain, mais se confier en Dieu ; — [12:26]
quant au reste, ils n’y pouvaient rien (vers. 26). [12:31] Ils devaient chercher
avant tout le royaume de Dieu, et tout le nécessaire leur serait ajouté. Telle
était leur position dans ce monde qui rejetait leur Maître ; [12:32] en outre,
le coeur du Père était intéressé à leur égard ; par conséquent, ils n’avaient
rien à craindre, parce que c’était le bon plaisir de leur Père de leur donner le
royaume. [12:34] Étrangers et pèlerins ici-bas, leur trésor devait être dans le
ciel, et là serait leur coeur, car le coeur suit le trésor1 ; — [12:36] de plus,
ils devaient attendre le Seigneur.
1 Ce n’est pas, comme les hommes disent : Où est votre coeur là est votre trésor — mon coeur ne s’y trouve pas ; mais : « Là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur ».
L’attente du Seigneur
marque toute la position des fidèles
Trois choses devaient donc agir sur leurs âmes : [12:32] le Père leur donnant le
royaume ; — [12:33] le trésor de leurs âmes dans le ciel ; — [12:36] et
l’attente du retour du Seigneur. [12:35] Jusqu’à l’arrivée de celui-ci, ils
seraient appelés à veiller et à avoir leurs lampes allumées ; toute leur
position devait se ressentir de cette attente continuelle du Seigneur, et en
être l’expression ; ils devaient être comme des hommes qui attendent, avec leurs
reins ceints. [12:37] Et alors, quand, selon le coeur du Seigneur, tout serait
rétabli par sa puissance, ils les introduirait dans la maison de son Père, les
ferait asseoir, et lui-même se ceindrait pour les servir.
Ch. 12 v. 36-37 —
L’amour du Seigneur récompensera ceux qui l’attendent fidèlement
[12:36] Il est important d’attirer l’attention du lecteur sur ce point, que ce
que le Seigneur a en vue ici, n’est pas de retenir clairement la vérité de la
venue du Seigneur à la fin du temps actuel, mais d’attendre le Seigneur, dans la
réalité de la profession chrétienne avec un coeur spirituellement en ordre.
[12:37] Ceux qui seront tels, le Seigneur les fera asseoir comme ses hôtes, et
rester ses hôtes pour toujours, dans la maison de son Père, où ils les aura
introduits et lui-même les servira en les comblant de bénédictions. Ce service
d’amour rendra les bénédictions dix mille fois plus précieuses, comme étant
reçues de sa main. L’amour aime à servir, l’égoïsme à être servi. Mais il n’est
pas venu pour être servi [(Matt. 20:28)]. Il ne renoncera jamais à cet amour.
Rien de plus exquis que la grâce exprimée dans ces versets 36 et 371.
1 [12:36] Ici, se trouve la portion céleste de ceux qui attendent le Seigneur pendant son absence. C’est le caractère du vrai disciple regardant vers le ciel, tandis qu’ici-bas le service est sa place. — Le Seigneur a aussi été serviteur ici-bas (Jean 13:1-4), et en montant en haut comme notre Avocat [(1 Jean 2:1)], il devient serviteur pour nous laver les pieds, pour notre bonheur dans le ciel. Au chap. 21 de l’Exode [(v. 5-6)], l’esclave qui avait accompli son service, s’il ne voulait pas sortir libre, était amené aux juges, et on le fixait à la porte par une alène qui lui perçait l’oreille en signe de servitude perpétuelle. Jésus, à la fin de sa vie terrestre, avait parfaitement accompli son service envers le Père [(Jean 17:4)]. — Au Ps. 40 [v. 6], il dit que Dieu lui avait creusé les oreilles, c’est-à-dire « formé un corps » (Hébr. 10 [v. 5]), ce qui est la position de l’obéissance (comp. Phil. 2:6-8) et l’incarnation. Or ce service avait été accompli dans sa vie d’homme sur la terre, mais il nous avait trop aimés, et il avait trop aimé le Père, dans le caractère de serviteur, pour abandonner ce service ; et à sa mort, son oreille a été percée, selon Ex. 21 [v. 6], et il est demeuré serviteur pour toujours, étant toujours homme maintenant pour nous laver les pieds. [12:37] Plus tard, il le sera encore quand il nous prendra à lui-même dans le ciel, selon le passage que nous étudions. Quel glorieux tableau de l’amour de Christ !
L’attente du retour du
Seigneur, et le service, caractérisent les disciples pendant l’absence de Jésus
[12:41] Sur la demande de Pierre, qui voulait savoir à qui Jésus adressait ses
instructions (vers. 41), [12:42] le Seigneur le renvoie à la responsabilité de
ceux auxquels il confiait des devoirs pendant son absence. Ainsi, nous avons ici
les deux caractères des disciples après le départ de Jésus rejeté, savoir
l’attente de son retour, et le service. [12:35] L’attente vigilante qui, avec
les reins ceints, [12:36] s’apprête à recevoir Jésus, [12:37] trouve sa
récompense dans le repos et le festin où le Seigneur se ceindra pour servir
(ministère béni exercé par lui-même) : [12:43] et la fidélité dans le service
[12:44] est rétribuée par le gouvernement de tout ce qui appartient au Seigneur
de gloire. Nous trouvons de plus ici, quelles sont les relations spéciales entre
la marche des disciples et leur position dans le monde à venir, [12:33] ainsi
que la relation qu’il y a entre la vérité générale du renoncement au monde où le
Sauveur avait été rejeté, [12:32] et la possession du royaume par le don du
Père.
Ch. 12 v. 45-48 —
L’infidélité du serviteur, conséquence de l’oubli du Seigneur
[12:45] Dans ce que le Seigneur dit ensuite du service de ceux qui, pendant son
absence, porteront son nom, il fait mention de ceux qui, dans cette position,
seront infidèles, signalant ainsi ceux qui, tout en exerçant publiquement un
ministère dans l’Église, auront leur portion avec les incrédules. Le secret du
mal qui caractérisera leur infidélité, consiste en ce que leur coeur éloignera
le moment du retour de Jésus, [12:36] au lieu de le désirer, de le hâter par
leurs soupirs, et de servir dans l’humilité afin d’être trouvés fidèles. [12:45]
Jésus ne va pas revenir tout de suite, diront-ils : — et la conséquence en sera
qu’ils feront leur propre volonté, s’accommoderont à l’esprit du monde, et
s’arrogeront de l’autorité sur leurs compagnons de service. Quel tableau de ce
qui est arrivé dans la chrétienté ! [12:46] Or, le Maître (car il l’était,
quoique n’ayant pas été vraiment servi par eux) viendra dans un moment où ils ne
l’attendaient point, [12:39-40] comme un larron dans la nuit ; [12:46] et les
infidèles, tout en professant d’être ses serviteurs, auront leur part avec les
incrédules. [12:47] Il n’en sera pas de même toutefois pour les uns que pour les
autres, car le serviteur qui, connaissant la volonté de son propre Maître, au
lieu de se préparer pour lui (fruit d’une vraie attente), n’accomplira pas sa
volonté, sera sévèrement puni ; [12:48] tandis que la punition sera moins sévère
pour qui n’aura pas eu cette connaissance. [12:47] J’ai dit : le serviteur qui a
connu la volonté de « son propre Maître », selon le texte original, parce que «
propre » indique une relation avouée avec le Seigneur, et l’obligation qui pèse
sur le serviteur en vertu de cette relation. [12:48] L’autre serviteur, il est
vrai, a ignoré la volonté explicite du Seigneur ; néanmoins il est coupable en
ce qu’il faisait le mal, que, en tout cas, il n’aurait pas dû faire. Tout ceci
est l’histoire des vrais et des faux serviteurs de Jésus, de l’église de
profession et du monde en général. [12:45] Mais il ne peut y avoir un témoignage
plus solennel quant à ce qui a amené l’infidélité dans l’Église et l’a conduite
à sa ruine et au jugement prochain, savoir l’abandon de l’attente actuelle de la
venue du Seigneur. [12:48] Et si l’on exige de quelqu’un en proportion de ce
qu’il aura reçu, qui sera coupable comme ceux qui s’appellent ministres du
Seigneur, s’ils ne servent pas le Seigneur comme attendant son retour ?
Ch. 12 v. 49-53 — La
présence du Seigneur sur terre amène des divisions
[12:49] Cependant le Seigneur rejeté était venu amener le conflit et le feu sur
la terre (vers. 49). Sa présence allumait le feu [12:50] avant que fût accompli
son rejet par le baptême de mort au travers duquel il devait passer ; néanmoins
ce n’était qu’après ce baptême de mort que sa puissance en amour aurait pleine
liberté. Aussi son coeur qui était amour, même selon l’infini de Dieu, était à
l’étroit jusqu’à ce que l’expiation donnât libre cours à l’exercice de cet
amour, ainsi qu’à l’accomplissement de tous les desseins de Dieu, où sa
puissance serait manifestée selon cet amour, et auxquels cette expiation était
absolument nécessaire comme base de réconciliation de toutes choses dans les
cieux et sur la terre1. — Dans les vers. 51-53, le Seigneur montre en détail les
divisions qui seraient le résultat de sa mission : — le monde ne tolérerait pas
plus la foi dans le Sauveur, que le Sauveur lui-même auquel elle se rattachait
et qu’elle confessait. Il est bon de remarquer comment la présence du Sauveur
fait sortir le mal du coeur humain. L’état décrit ici se trouve dans Michée ;
c’est l’état le plus affreux du mal qu’on puisse concevoir (Mich. 7:1-7).
1 C’est une chose précieuse à constater ici que, quel que soit le mal dans l’homme, il contribue toujours et malgré tout à l’accomplissement des conseils de la grâce de Dieu. [12:50] L’incrédulité de l’homme refoulait l’amour divin dans le coeur de Christ ; il n’était pas affaibli pour cela, mais il ne pouvait se répandre au-dehors et s’exprimer. Mais le plein effet de cette incrédulité à la croix, ouvrit les écluses de l’amour divin qui se répandit sans empêchement en faveur même du plus vil pécheur, dans une grâce qui règne par la justice. Ce passage est singulièrement intéressant et précieux.
Ch. 12 v. 54-59 —
L’avertissement au peuple quant aux temps et à son chemin
[12:56] Ensuite Jésus s’adresse au peuple pour l’avertir des signes qui
distinguaient le temps où ils vivaient. Il place son témoignage sur un double
terrain ; [12:54-55] sur les signes évidents que Dieu donnait de ce temps ;
[12:57] et en deuxième lieu, sur les preuves morales qui, sans signes, devaient
se recommander à la conscience, et obliger ainsi le peuple à recevoir le
témoignage. [12:58] Quel que fût l’aveuglement du peuple et de ses chefs, ils
étaient en chemin pour aller au Juge ; et une fois livrés à lui, ils ne
sortiraient que quand le châtiment de Dieu serait pleinement exécuté à leur
égard (*) (comp. Ésaïe 40:2).
Résumé des chap. 12 et
13
Résumons ici, dans une note, le contenu de ces deux chap. 12 et 13, afin de
mieux comprendre les enseignements qui s’y trouvent. Dans le chap. 12, le
Seigneur parle en vue de détacher du monde les pensées de tous : [12:5] celles
des disciples, il les dirige vers Celui qui dispose de l’âme comme du corps ;
[12:7] il les encourage par la promesse des soins fidèles du Père, [12:32] ainsi
que par son dessein de leur donner le royaume. [12:22] En attendant, ils doivent
être étrangers et pèlerins, ne se donnant aucun souci à l’égard des
circonstances par lesquelles ils passent ici-bas. [12:20] Quant à la foule, le
Seigneur lui fait voir que l’homme, dans l’état le plus prospère, ne saurait
s’assurer un jour d’existence ; mais il ajoute à ceci une révélation positive.
[12:36] Ses disciples devaient l’attendre constamment du jour au lendemain ;
[12:37] et non seulement le ciel serait leur portion, mais là ils jouiraient de
tout dans le repos. Ils seraient assis au banquet, le Seigneur lui-même les
servant : c’est la portion céleste de l’Église au retour du Seigneur. [12:36] La
part de l’Église est le service, jusqu’à ce qu’il vienne, et ce service exige
une vigilance incessante. [12:37] Alors ce sera le tour de Jésus de servir ceux
qui auront été fidèles pendant son absence. — [12:44] Nous avons ensuite
l’héritage des disciples, [12:46] le jugement de l’église professante et celui
du monde. [12:51] L’enseignement de Jésus produisait la division, au lieu
d’établir un royaume avec puissance, mais Jésus devait mourir ; [12:58] et ainsi
est amené un autre sujet, le jugement présent des Juifs. Ils étaient en chemin
avec Dieu pour aller vers le jugement. (Chap. 13) [13:2, 4] Le gouvernement de
Dieu ne se manifesterait pas en distinguant les méchants en Israël par des
jugements partiels : — [13:3, 5] tous devaient périr, s’ils ne se repentaient.
[13:8] Le Seigneur soignait le figuier pour la dernière année, [13:7] et si le
peuple de Dieu ne produisait pas du fruit cela gâtait son jardin ; [13:15-16]
c’était hypocrisie que de professer la loi en l’opposant à un Dieu présent avec
eux, à ce Dieu qui leur avait donné la loi. — [13:18] Quant au royaume, il ne
doit pas s’établir par la puissance du Roi manifestée sur la terre ; [13:19] il
croîtra d’une petite semence, jusqu’à ce qu’il soit devenu un immense système de
pouvoir ici-bas, [13:21] et une doctrine qui, comme système religieux, pénétrera
toute la masse. — [13:23] Interrogé sur le nombre du résidu, [13:24] Jésus
insiste sur l’entrée par la porte étroite de la conversion et de la foi en Lui ;
[13:25] car plusieurs qui désireront entrer dans le royaume ne le pourront pas,
quand le Maître de la maison s’étant levé, c’est-à-dire Christ rejeté par
Israël, la porte sera fermée. [13:26] En vain diront-ils qu’il a été dans leurs
villes : [13:27] des ouvriers d’iniquité ne peuvent entrer dans le royaume !
[13:28] Le Seigneur s’occupe ici entièrement des Juifs : ceux-ci verront dans le
royaume les patriarches, les prophètes, [13:29] des gentils même de tous pays,
tandis qu’eux seront laissés dehors. [13:32] Cependant l’accomplissement du
rejet de Christ ne dépendait pas de la volonté de l’homme [13:31] ou du faux roi
qui, au dire des pharisiens, cherchait à se débarrasser de Lui. [13:34] Les
desseins de Dieu et l’iniquité de l’homme, hélas ! s’accomplissaient ensemble ;
Jérusalem devait combler la mesure de son iniquité ; [13:33] il ne se pouvait
qu’un prophète pérît hors d’elle : — [13:35] mais alors, c’est sur la
responsabilité de l’homme que retombe le rejet de Jésus.
[13:34] Ensuite, le Seigneur prononce des paroles magnifiques, comme ferait Jéhova lui-même. Que de fois ce Dieu de bonté aurait voulu rassembler sous ses ailes les enfants de Sion ; mais ils ne l’avaient pas voulu ! Si ce rassemblement eût dépendu de la volonté de l’homme, il y aurait eu séparation et désolation complète, ce qui de fait s’accomplissait alors. Tout lien avec l’Éternel était maintenant rompu de la part d’Israël vis-à-vis de Lui, mais non du côté de l’Éternel à l’égard d’Israël. La part du prophète était de compter sur la fidélité de son Dieu, assuré qu’il était que la relation fondée sur ses promesses ne pouvait manquer ; et que, si le jugement arrivait, ce ne serait que pour un temps ; il pouvait demander : « Jusques à quand ? » (És. 6:11 ; Ps. 79:5). La misère est complète quand il n’y a pas de foi pour tenir ce langage (Ps. 74:9). — [13:35] Ici donc, le grand Prophète est repoussé ; mais, fondé sur les droits de sa grâce, il leur annonce, comme étant l’Éternel, et sans qu’ils le lui demandent, la fin de leur désolation : « Vous ne me verrez point jusqu’à ce qu’il arrive que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Cette manifestation subite des droits de sa divinité même, et de sa divinité en grâce, quand, eu égard à leur responsabilité, tout était perdu, quels qu’eussent été les soins de sa bonté, est d’une beauté que rien ne peut surpasser. C’est Dieu lui-même qui se montre quand toutes ses voies sont terminées.
Il résulte du résumé ci-dessus que le chap. 12 nous donne la portion céleste de l’Église — le ciel — et la vie à venir ; et que le chap. 13, y compris les vers. 54-59 du chap. 12, nous présente le gouvernement d’Israël et de la terre avec la forme extérieure de ce qui est venu le remplacer, quand Jésus est rejeté et le judaïsme mis de côté.
Chapitre 13
Ch. 13 v. 1-17 — Les derniers efforts de la grâce avant le jugement
[13:1] Or, comme dans ce moment-là on rappelle au Seigneur le jugement terrible
tombé sur quelques-uns d’entre eux, Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang
avec leurs sacrifices (vers. 1), [13:2] il leur déclare que ni ce cas-là, [13:4]
ni un autre dont il les fait souvenir, [13:3, 5] ne sont exceptionnels ; et que,
s’ils ne se repentent pas, il leur en arriverait de même à tous (vers. 2-5).
[13:6] À cela, le Seigneur ajoute une parabole pour expliquer à ceux qui lui
parlaient la position du peuple. Israël était le figuier planté dans la vigne de
Dieu [13:7] qui déjà, depuis trois ans, menaçait de le retrancher ; car le
figuier ne faisait que nuire à la vigne, qu’encombrer le terrain, et l’occuper
inutilement ; [13:8] cependant Jésus faisait encore un dernier effort pour qu’il
produisît du fruit, [13:9] et si cela ne réussissait pas, la grâce n’avait qu’à
laisser la place au juste jugement du Maître de la vigne, car pourquoi cultiver
ce qui ne faisait que du mal ? (vers. 6-9). [13:16] Néanmoins Jésus agit en
grâce et en puissance envers la fille d’Abraham, selon les promesses faites à ce
peuple (vers. 10-17), [13:14] tout en lui démontrant que sa résistance, en
prétendant opposer la loi à la grâce, [13:15] n’était que de l’hypocrisie.
Ch. 13 v. 18-21 — La
nouvelle forme du royaume de Dieu laissé à la responsabilité de l’homme
[13:18] Cependant (vers. 18-21) à la suite du rejet de Christ, le royaume de
Dieu devait prendre une forme inattendue : [13:19] semé par la Parole et non
introduit en puissance, il croîtrait dans le monde jusqu’à ce qu’il devînt une
puissance mondaine ; [13:21] et, comme doctrine et profession extérieure, il
pénétrerait toute la masse à lui préparée dans les conseils souverains de Dieu.
Or ce n’était pas là le royaume établi par la puissance qui agit en justice,
mais quelque chose de laissé à la responsabilité de l’homme bien
qu’accomplissant les conseils de Dieu (comp. Matth, 13, Dan. 4 et Ézéch. 31).
Ch. 13 v. 22-35 — La
position du résidu et le sort de Jérusalem
Ch. 13 v. 22-30 — L’entrée dans le royaume de Dieu
Enfin, le Seigneur entame directement la question de la position du résidu et du
sort de Jérusalem (vers. 22-35). — [13:22] Comme il parcourait les villes et les
bourgades accomplissant l’oeuvre de la grâce, quel que fût le mépris du peuple,
[13:23] on lui demande si le résidu, ceux qui échapperaient au jugement
d’Israël, serait nombreux ? [13:24] Il ne répond pas quant au nombre, mais il
s’adresse à la conscience de l’interrogateur, lui ordonnant d’entrer par la
porte étroite, en y employant toute son énergie. Non seulement la masse
n’entrerait pas, mais plusieurs, ayant mis de côté cette porte, désireraient
bien d’entrer dans le royaume, mais ne le pourraient pas ; [13:25] et de plus,
une fois le maître de la maison levé et la porte fermée, ce serait trop tard ;
il leur dirait : « Je ne vous connais pas ni ne sais d’où vous êtes ! » [13:26]
En vain ils insisteraient sur ce qu’il avait prêché dans leurs villes ; [13:27]
il leur déclarerait qu’il ne les connaissait pas, eux, ouvriers d’iniquité : il
n’y avait pas de paix pour les méchants [(És. 48:22 ; 57:21)] ; c’était par la
conversion seule qu’on entrait dans le royaume ; [13:28] la masse d’Israël
n’entrerait pas ; et dehors, dans les pleurs et dans l’angoisse, [13:29] ils
verraient les gentils assis [13:28] avec les dépositaires des promesses, tandis
qu’eux-mêmes, enfants du royaume selon la chair, ils en seraient exclus et
d’autant plus misérables qu’ils en étaient plus rapprochés. [13:30] Ceux qui
paraissaient les premiers, seraient donc les derniers ; et les derniers, les
premiers (vers. 30).
Ch. 13 v. 31-35 — La
fin du travail du Seigneur en grâce, et l’abandon de Jérusalem
[13:31] Sous prétexte de considération pour Jésus, des pharisiens l’engagent
alors à s’en aller (vers. 31-35). [13:32] Le Seigneur s’en réfère en dernier
lieu sur ce sujet à la volonté de Dieu dans l’accomplissement de son oeuvre : le
pouvoir de l’homme sur Lui était ici hors de cause ; [13:33] Jésus avait à finir
un travail, puis à partir, [13:34] parce que Jérusalem n’avait pas connu le
temps de sa visitation, visitation accomplie par lui-même, son vrai Seigneur,
l’Éternel. Que de fois il aurait voulu rassembler sous ses ailes les enfants de
la ville rebelle ! Mais ils ne le voulaient pas ! — [13:35] Et maintenant, le
dernier effort de sa grâce était fait, et leur maison allait leur être laissée
déserte jusqu’à ce qu’ils se repentissent et qu’ils se retournassent vers
l’Éternel, en disant avec le Ps. 118 [(v. 26)] : « Béni soit celui qui vient au
nom du Seigneur ! » Alors, étant convertis, ils le verront.
Le travail en faveur
d’Israël jusqu’au retour de Jésus
Rien de plus clair et de plus fort que la suite de ces entretiens du Sauveur.
C’était un dernier message pour Israël, une dernière visitation de Dieu. Ils
l’avaient rejeté. [13:35] Ils étaient abandonnés de Dieu (quoique toujours aimés
à cause des pères [(Rom. 11:28)]), jusqu’à ce qu’ils réclamassent Celui qui les
avait rejetés ; ensuite de quoi, Jésus reparaîtrait, tout Israël le verrait et
ce serait « la journée que l’Éternel a faite » [(Ps. 118:24)]. Quant au rejet du
Seigneur lui-même, [13:19] en admettant l’établissement du royaume sous la forme
d’un arbre [13:21] ou du levain pendant l’absence de Jésus, [13:35] il portait
son fruit parmi les Juifs jusqu’à la fin. Le dénouement de tout ceci au milieu
de cette nation aux derniers jours, et le retour de Jésus lors de la repentance
de cette nation, n’en seraient pas moins un résultat de ce grand acte de péché
et de rébellion. Mais ceci donne lieu à d’autres renseignements importants
relatifs au royaume.
Chapitre 14
Ch. 14 à 16 : La pleine révélation de la grâce, et l’attitude qui y convient
dans ce monde
Quelques points spéciaux de morale sont développés dans les chapitres suivants1.
1 Les chap. 15 et 16 nous présentent l’énergie souveraine de la grâce, ses fruits et ses conséquences, placés en contraste avec toute bénédiction terrestre apparente, avec le gouvernement de Dieu envers Israël sur la terre, et l’ancienne alliance. Le chap. 14, avant de nous introduire dans cette pleine révélation, nous montre la place que l’on devait prendre dans un monde tel que celui-ci, en vue de la justice distributive de Dieu ou du jugement qu’il exécutera quand il viendra. [14:11] L’élévation de soi-même dans ce monde conduit à l’abaissement, tandis que s’abaisser soi-même, s’anéantir selon ce que l’on est, d’un côté, — et de l’autre, agir en amour, nous procure l’élévation de la part de Celui qui juge moralement. — Vient ensuite la responsabilité découlant de la présentation de la grâce, et ce qu’il en coûte de s’en acquitter dans un monde tel que celui-ci. En un mot, le péché existant ici, s’élever soi-même c’est lui satisfaire, c’est l’égoïsme, c’est aimer le monde où le péché se déploie ; on s’abaisse moralement, et moralement on est loin de Dieu. — L’amour agissant, c’est représenter Dieu aux hommes de ce monde ; — toutefois, c’est en renonçant à tout, que nous devenons ses disciples.
Ch. 14 v. 1-14 —
L’humilité et l’exercice de l’amour conviennent dans ce monde, et la récompense
à notre position future
[14:1] Le Seigneur, invité à manger chez un pharisien, [14:3] y revendique les
droits de la grâce contre le sabbat, le sceau de l’ancienne alliance, [14:5] en
jugeant l’hypocrisie qui savait bien le violer, quand l’intérêt personnel y
était engagé. [14:11] Puis il montre quel esprit d’humilité et de petitesse
convient à l’homme devant Dieu, [14:13-14] et comment cet esprit doit s’unir à
l’amour quand on possède les biens de ce monde. Sans doute, une pareille marche
— qui était réellement celle de Christ — opposée qu’elle est à l’esprit du
monde, nous y ôte notre place : la société n’y paie pas de réciprocité. Mais il
y avait une autre époque de lumière plus excellente que celle qui aurait lui par
la présence d’un Messie terrestre, une époque de lumière dont les rayons
perçaient déjà au travers des ténèbres causées par le rejet du Messie, l’époque
de la résurrection des justes, bannis par le monde de son sein. Quelles que
fussent même les ténèbres qui accompagnaient ce rejet, celui-ci amenait, comme
conséquence nécessaire dans la sagesse de Dieu, cette merveilleuse lumière. Dans
ce déploiement de la puissance de Dieu, ces justes auraient leur place à part :
il y aurait une résurrection des justes, où l’on aurait la récompense de ce que
l’on aurait fait par amour et pour le nom du Seigneur. On comprend la force de
cette allusion à la position dans laquelle se trouvait alors le Seigneur, prêt à
être mis à mort dans ce monde-ci.
Ch. 14 v. 15-33 —
L’entrée dans le royaume est pour tous, en renonçant à tout lien avec la terre
Et le royaume, que deviendrait donc ce qui le concernait dans ce moment-là ? Le
Sauveur en donne le tableau dans la parabole renfermée dans les vers. 16-24.
[14:18-20] Méprisé par les principaux des Juifs [14:16] que Dieu invitait à
participer au grand souper, [14:21] le Seigneur chercherait d’abord les pauvres
du troupeau ; [14:22] mais comme il y avait encore de la place dans sa maison,
[14:23] il enverrait dès lors chercher les gentils, et les introduirait par son
appel puissant et efficace, lorsqu’ils ne le chercheraient pas ; — c’était
l’activité de sa grâce. — [14:24] Les Juifs, comme Juifs, n’y auraient pas de
part. [14:26] Mais il en coûterait à ceux qui voudraient entrer (vers. 28-33) :
il faudrait tout abandonner dans ce monde et rompre tout lien avec lui. Plus une
chose serait près du coeur, plus elle serait dangereuse et plus il fallait la
haïr ; non que les affections soient mauvaises, mais Christ étant rejeté du
monde, tout ce qui lie à la terre devait coûte que coûte être sacrifié pour lui.
[14:27] Il fallait le suivre, savoir haïr sa propre vie et la perdre, plutôt que
de se relâcher ou de tenir compte de quelque chose en marchant à la suite de
Jésus ; [14:33] pour le suivre, il fallait sacrifier tout ce qui tenait à la vie
naturelle, car il s’agissait du salut, du Sauveur et de la vie éternelle. Aussi
charger sa croix et suivre Jésus était le seul moyen d’être son disciple ;
[14:28] et sans la conviction qu’il en était ainsi, on ne devait pas commencer à
bâtir. [14:31] Il fallait voir si, ayant la conscience qu’extérieurement
l’ennemi est beaucoup plus fort que nous, on oserait, comme parti pris et quoi
qu’il en fût, aller à sa rencontre par la foi en Christ ; et il fallait
également rompre avec tout ce qui tenait à la chair comme telle.
Ch. 14 v. 34-35 — Le
témoignage à rendre, conformément à Dieu
[14:34] Au reste (vers. 34, 35), chacun était appelé à rendre un témoignage
particulier et en même temps à porter le caractère de Dieu lui-même, tel qu’il
avait été rejeté en Christ, caractère dont la croix était la vraie mesure.
[14:35] Si les disciples ne réalisaient pas ces choses, ils ne valaient rien,
puisque Dieu ne les laissait ici-bas qu’en vue de cela. L’Église l’a-t-elle
conservé, ce caractère ? Question solennelle pour nous tous !
Chapitre 15
La grâce
Le contraste entre la grâce qui a sa source en Dieu et ce qui est de l’homme
Ayant ainsi développé la différence du caractère des deux économies de la loi et
de la grâce, et les circonstances de la transition de l’une à l’autre, le
Seigneur aborde des principes plus élevés et les sources de l’économie qui
s’introduisait par la grâce. Ici, elles sont bien mises en contraste, ainsi que
dans les chapitres précédents ; mais ce contraste remonte à sa source glorieuse,
la propre grâce de Dieu, laquelle fait contraste en effet avec la misérable
propre justice de l’homme.
Ch. 15 v. 1-2 — La
grâce attire les pécheurs, mais la propre justice la rejette
[15:1] Les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre.
Pour ceux qui avaient besoin de la grâce, cette grâce avait une vraie dignité ;
[15:2] mais la propre justice repoussait ce qui n’était pas aussi méprisable
qu’elle-même, et, en même temps, Dieu dans sa nature d’amour : les pharisiens et
les scribes murmuraient contre Celui qui était le témoin de la grâce en
l’accomplissant.
Les grands principes
liés à la grâce
Impossible de méditer proprement ici ce chapitre, qui a fait la joie de tant
d’âmes et fourni le sujet de tant de témoignages rendus à la grâce depuis le
temps où le Seigneur a prononcé ces paroles ; et cette difficulté à ne pas
s’étendre sur cette grâce parfaite, dans son application au coeur, se rencontre
constamment en méditant la portion de la Parole qui nous occupe. Je dois me
borner ici à relever les grands principes qui s’y trouvent, en laissant le
développement à ceux qui prêchent la Parole. C’est une difficulté qui se
présente constamment dans cette portion de la Parole.
La joie de Dieu à faire
grâce
Le grand principe que le Seigneur expose et sur lequel il fonde la justification
des voies de Dieu (triste est l’état du coeur qui l’exige ! — merveilleuses sont
la grâce et la patience qui l’accordent !), ce grand principe, dis-je, c’est que
Dieu trouve sa propre joie à faire grâce. [15:2] Quelle réponse à l’affreux
esprit des pharisiens qui en faisaient une objection contre Jésus ! [15:6] C’est
le berger qui éprouve de la joie, quand la brebis perdue est retrouvée ; [15:9]
c’est la femme qui en ressent, quand la drachme est dans sa main ; [15:32] le
père, quand son fils est dans ses bras. Quelle expression de ce que Dieu est !
Et que Jésus est bien celui qui peut nous le dire ! C’est sur cela seul que la
bénédiction de l’homme peut être fondée, et en cela que Dieu glorifie sa grâce.
Mais il y a dans cette grâce deux parties distinctes, l’amour qui cherche, et
l’amour avec lequel on est reçu.
Les deux caractères de
la grâce
Ch. 15 v. 3-10 — L’amour qui cherche ce qui est perdu
L’oeuvre de Christ et du Saint Esprit envers les pécheurs
Les deux premières paraboles dépeignent le premier caractère de cette grâce.
[15:4] Le berger cherche sa brebis, [15:8] la femme sa pièce de monnaie ; la
brebis et l’argent n’agissent en rien. [15:4] Le berger cherche, [15:8] ainsi
que la femme, jusqu’à ce qu’il trouve, parce qu’il s’intéresse à l’objet qu’il
poursuit ; [15:5] et quand la brebis est fatiguée de ses errements, elle n’a pas
besoin de marcher pour s’en retourner ; le berger la met sur ses épaules et la
porte chez lui. Il se charge de tout, heureux de ravoir sa brebis. C’est là
l’esprit du ciel, quel que soit le coeur de l’homme sur la terre : c’est
l’oeuvre de Christ, le bon Berger. [15:8] Le travail de la femme est une image
des soins que Dieu se donne dans son amour, de sorte que son oeuvre représente
davantage celle de l’Esprit ; on apporte la lumière, la femme balaie la maison
jusqu’à ce qu’elle retrouve sa pièce : c’est ainsi que Dieu en agit dans le
monde, cherchant les pécheurs. [15:2] L’odieuse et haïssable jalousie de la
propre justice ne trouve pas de place dans l’esprit du ciel où Dieu demeure et
où il reproduit, dans le bonheur qui l’entoure, le reflet de ses perfections.
Le travail effectué
dans le coeur n’est pas ce qui donne la paix
Toutefois, bien que ni la brebis, ni la drachme ne fassent rien pour être
retrouvées, il y a pourtant une oeuvre réelle opérée dans le coeur de celui qui
est ramené ; mais cette oeuvre, toute nécessaire qu’elle soit pour qu’un homme
ait la paix ou même qu’il la cherche, n’est pas ce sur quoi cette paix est
fondée.
Ch. 15 v. 11-32 —
L’amour qui reçoit celui qui est perdu
Le retour et la réception du pécheur sont dépeints dans la troisième parabole.
L’oeuvre de la grâce accomplie par la seule puissance de Dieu, et complète dans
ses effets, est décrite dans les deux premières ; [15:17-19] dans la troisième,
le pécheur revient avec des pensées que nous allons examiner, pensées produites
par la grâce, mais qui, avant qu’il ait été reçu, ne sont jamais montées à la
hauteur de la grâce manifestée dans l’accueil qui lui a été fait. — La Parole
nous dépeint d’abord son éloignement de Dieu. [15:13] Aussi coupable, au moment
où tournant le dos à son père, il franchit le seuil de la maison paternelle,
[15:16] qu’à l’époque où il mange les gousses avec les pourceaux, l’homme,
trompé par le péché, est présenté ici dans le dernier état de dégradation où le
péché le conduit. [15:14] Ayant dépensé tout ce qui lui est échu selon la
nature, le dénuement dans lequel il se trouve (plus d’une âme ressent la famine
qu’elle a attirée sur elle-même, le vide de tout ce qui l’entoure sans un désir
après Dieu ou la sainteté, et souvent dans l’avilissement du péché) ne le pousse
pas vers Dieu, [15:15] mais le conduit à chercher une ressource dans ce que lui
fournit le pays de Satan, où rien ne se donne ; et il se trouve avec les
pourceaux. [15:17] Mais la grâce agit, la pensée du bonheur qui se trouvait dans
la maison de son père se réveille dans son coeur, ainsi que celle de la bonté
qui rendait tout béni à l’entour d’elle. Lorsque l’Esprit de Dieu agit, on
trouve toujours deux choses : la conviction dans la conscience et l’attraction
du coeur. C’est réellement la révélation de Dieu à l’âme, et Dieu est lumière et
il est amour [(1 Jean 1:5 ; 4:8)] ; comme lumière, la conviction est produite
dans l’âme, mais comme amour, il y a l’attraction de la bonté et une vraie
confession est produite. [15:18] Ce n’est pas simplement que nous avons péché,
mais que nous avons affaire avec Dieu, retenus, tout en le désirant, par la
crainte de ce qu’il est, et cependant nous sommes conduits à aller. Ainsi la
femme du chap. 7, et Pierre, dans sa nacelle [(5:8)]. [15:17] Cela produit la
conviction que l’on périt, et un sentiment faible peut-être, mais réel, de la
bonté de Dieu et du bonheur qui se trouve en sa présence, quoique l’on ne soit
pas assuré d’être reçu : mais on ne reste pas où l’on périt. [15:18] Il y a
sentiment du péché et humiliation, sentiment qu’il y a de la bonté en Dieu, mais
pas encore sentiment de ce qu’est la grâce de Dieu : celle-ci attire, on va vers
Dieu, [15:19] mais on serait content d’être reçu comme un domestique — preuve
que, quoique le coeur ait été travaillé par la grâce, il n’a pas encore
rencontré Dieu. Mais le progrès de l’âme dans les choses spirituelles, bien que
réel, ne donne jamais la paix. Il y a un certain repos du coeur qui découle du
fait qu’on retourne vers Dieu, mais on ne sait quel accueil on trouvera après
l’abandon de Dieu dont on est coupable. Plus l’enfant prodigue approche de la
maison, plus son coeur doit battre à la pensée de sa rencontre avec son père.
[15:20] Mais le père prend les devants avant son arrivée, et agit envers son
fils, non selon les mérites de celui-ci, mais selon son coeur de père à lui,
seule mesure des voies de Dieu envers nous. Il est sur le cou de son fils encore
dans ses haillons, [15:21] avant que celui-ci ait pu dire : « Traite-moi comme
l’un de tes mercenaires ». Le fils, objet d’un pareil accueil, ne pouvait plus
parler ainsi : c’était la demande d’un coeur, anticipant comment il serait reçu,
et non pas d’une âme qui avait rencontré Dieu. Celle-là sait la manière dont
elle a été reçue. [15:18-19] Le prodigue se proposait de le dire (on parle
souvent d’un « humble espoir » et « d’une basse condition ») ; [15:21] mais,
quoique la confession fût complète, lorsqu’il arrive, il ne peut plus dire : «
Traite-moi comme l’un de tes mercenaires ». Comment aurait-il pu le dire ? La
position du fils était fixée par le coeur du père, par les propres sentiments du
père, par l’amour qu’il avait pour son enfant et par la position dans laquelle
son coeur l’avait mis à l’égard de celui-ci : la position du père décidait de
celle du fils. Voilà sur quoi se fondaient les relations entre le père et le
fils ; mais ce n’était pas tout. [15:22] Le père aimait son fils quelle qu’eût
été sa conduite ; mais il ne l’introduirait pas tel quel dans la maison : le
même amour qui l’accueillait comme fils, voulait qu’il y entrât tel que devait
être le fils d’un tel père. Les serviteurs sont invités à apporter la plus belle
robe et à l’en revêtir. — Ainsi aimés et accueillis de Dieu dans nos misères,
nous sommes revêtus de Christ pour être introduits dans la maison du Père ; nous
n’apportons pas cette meilleure robe ; notre Dieu et Père nous la fournit ;
c’est une chose entièrement nouvelle : c’est Christ lui-même ; et nous devenons
justice de Dieu en Lui. C’est la plus belle robe du ciel ! [15:23-24] Tout est
maintenant joie, [15:28] sauf chez l’homme à propre justice, le vrai Juif.
[15:23-24] La joie est la joie du père ; mais toute la maison y participe.
[15:25] Le fils aîné qui n’est pas dans la maison, quoique près, [15:28] refuse
d’y entrer : [15:30] il ne veut pas de la grâce qui fait d’un pauvre prodigue le
sujet de la joie de l’amour. [15:28] Néanmoins la grâce agit ; le père sort pour
le prier d’entrer. C’est ainsi que sous l’Évangile, Dieu en a fait pour le Juif
: [15:29-30] mais la justice de l’homme qui n’est qu’égoïsme et péché, repousse
la grâce. [15:32] Or, Dieu ne veut pas abandonner cette dernière qui est propre
à sa nature : Dieu veut être Dieu ; et il est amour.
Voilà ce qui vient remplacer les prétentions des Juifs qui ont rejeté le Seigneur et l’accomplissement des promesses en Lui. Ce qui donne la paix et qui caractérise notre position selon la grâce, ce ne sont pas les sentiments agissant dans nos coeurs et qui existent réellement, mais ceux de Dieu lui-même.
Chapitre 16
Résumé du chap. 16
[16:1-13] Ici, l’effet de la grâce sur la marche nous est présenté, ainsi que le
contraste existant (vu le changement d’économie) entre la conduite exigée par le
christianisme à l’égard des choses du monde, [16:14-15] et la position des Juifs
sous ce rapport. [16:16-18] Or celle-ci n’était l’expression que de la position
de l’homme, mise au clair par la loi. La doctrine ainsi formulée dans la
parabole de l’économe infidèle, [16:19-31] est confirmée dans l’histoire
parabolique de l’homme riche et de Lazare, dans laquelle le Saint Esprit lève le
voile qui cache cet autre monde, où le résultat de la conduite des hommes est
manifesté.
Ch. 16 v. 1-13 —
L’homme, responsable des biens confiés par Dieu
Ch. 16 v. 1-9 — L’usage des biens terrestres en vue de l’avenir
[16:1] L’homme est l’économe de Dieu, c’est-à-dire que Dieu lui a confié des
biens : Israël se trouvait particulièrement dans cette position. Mais l’homme a
été infidèle : Israël l’avait été beaucoup ; — [16:2] aussi Dieu lui a ôté sa
charge. Néanmoins, l’homme est encore en possession des biens, les administre au
moins de fait, ainsi qu’Israël le faisait dans le moment où le Sauveur parlait.
Il est question ici des choses d’ici-bas, de ce que l’homme peut posséder selon
la chair. [16:4-7] Ayant perdu sa charge par son infidélité et étant encore en
possession des biens qui lui ont été confiés, l’homme se sert de ce qu’il a pour
se faire des amis parmi les débiteurs de son maître, et cela en leur faisant du
bien : [16:9] c’est ce que le chrétien devrait faire des biens de cette terre,
c’est-à-dire en user pour les autres en vue de l’avenir. [16:3-4] L’économe
aurait pu emporter l’argent dû à son maître, mais il aime mieux se faire des
amis avec cet argent et sacrifier un avantage présent à un meilleur avenir.
[16:9] Nous pouvons convertir les misérables richesses de ce monde en moyen
d’accomplir la charité : l’esprit de grâce qui remplit nos coeurs, en tant
qu’objets de la grâce, s’exerce à l’égard des choses temporelles ; on se sert de
ces biens pour les autres ; — quant à nous, c’est en vue des tabernacles
éternels. Cette expression : « Afin qu’ils vous reçoivent » équivaut à : « Afin
que l’on vous reçoive » ; c’est une expression employée dans Luc pour désigner
un fait, sans parler de ceux qui l’accomplissent, quoiqu’il soit dit : « ils
vous reçoivent ».
Ch. 16 v. 10-13 — Les
richesses de la terre et celles du ciel
[16:12] Remarquez que les richesses de cette terre ne sont pas celles qui sont
nôtres ; tandis que les richesses célestes le sont pour le vrai chrétien.
[16:11] Celles-là sont « injustes » en ce qu’elles se rattachent à l’homme en
chute et non à l’homme céleste, ni n’avaient aucune place, lorsque Adam était
innocent.
Ch. 16 v. 19-31 —
L’homme riche et Lazare : un aperçu sur l'autre monde
Les principes contrastés des deux économies quant à ce monde et à l’autre
Or, lorsque se lève le voile qui est sur l’autre monde, la vérité est mise au
grand jour, et l’on découvre clairement le contraste existant entre les
principes des deux économies juive et chrétienne. Le christianisme manifeste
l’état de ce monde et, quant à son principe, appartient au ciel. Le judaïsme,
d’accord avec les principes gouvernementaux de Dieu pour le monde, promettait
aux justes les bénédictions terrestres. Mais tout était en désordre à l’égard
des principes sur lesquels ce système était fondé : le chef même du système
judaïque, le Messie était rejeté. [16:1] En un mot, Israël envisagé comme
responsable, ou devant jouir du bonheur terrestre à condition d’obéir, avait
entièrement failli. [16:2] L’homme, dans ce monde, placé sur le même pied, ne
pouvait plus être le moyen de rendre témoignage à Dieu quant à ses voies de
gouvernement. Il y aura un temps de jugement terrestre, mais il n’est pas encore
là ; et en attendant, la possession des richesses n’était rien moins qu’une
preuve [= plus du tout une preuve] de la faveur de Dieu. [16:19-21] Cette
possession était, chez le Juif, caractérisée par l’égoïsme de l’homme, et hélas
! par l’indifférence envers un frère misérable assis à sa porte. — Mais la
Révélation découvre l’autre monde à nos regards. L’homme dans ce monde est un
être en chute et méchant : [16:25] s’il y a reçu ses biens, il y a pris la part
de l’homme pécheur ; et ainsi, dans l’autre monde, il sera tourmenté, tandis que
celui qu’il avait méprisé y trouvera le bonheur. Il ne s’agit pas ici de ce qui
donne droit d’entrer dans cet autre monde, mais du caractère des principes du
monde visible et du monde invisible, et du contraste qui existe entre eux. Le
Juif, ayant choisi ce monde, l’a perdu et l’invisible aussi : et celui qu’il
tenait pour misérable se trouve dans le sein d’Abraham. Toutes les expressions
de la parabole du riche et du pauvre Lazare font voir que cette parabole se lie
avec la question de l’espérance d’Israël, et l’idée que les richesses étaient
une preuve de la faveur de Dieu : idée qui, toute fausse qu’elle fût dans tous
les cas, même en Israël, se comprend pourtant, si ce monde est la scène du
bonheur sous le gouvernement de Dieu.
Ch. 16 v. 27-31 — Les
Juifs, qui ont rejeté le témoignage de Dieu, sont jugés et mis de côté
Ce qui est à la fin de la parabole montre encore de quoi il s’agissait. [16:30]
Le malheureux riche veut que ses frères soient avertis par quelqu’un qui soit
ressuscité d’entre les morts ; [16:31] Abraham lui déclare l’inutilité de ce
moyen : — c’en était fait d’Israël. Dieu n’a point présenté son Fils ressuscité
à la nation qui, méprisant la loi et les prophètes, l’avait rejeté ; le
témoignage rendu à sa résurrection n’a trouvé chez elle que l’incrédulité qui
l’avait accueilli sa vie durant aussi bien que le témoignage des prophètes avant
Lui. — [16:25] Dans l’autre monde il n’y a pas de consolation si dans celui-ci
l’on rejette le témoignage de la Parole à la conscience. [16:26] L’abîme qui
sépare les bienheureux et ceux qui ont cherché leur satisfaction dans ce monde
de péché, ne se traverse pas ; [16:31] et un Seigneur revenu d’entre les morts,
ne convaincrait pas, là où la Parole a été méprisée. Tout ceci est en rapport
avec le jugement des Juifs, qui devait mettre fin à l’économie légale ; [16:9]
comme la parabole précédente montre quelle devrait être la conduite des
chrétiens à l’égard des choses temporelles. Et tout ici aussi découle de la
grâce qui accomplissait le salut de l’homme de la part de Dieu en amour, et
mettait de côté l’économie légale et ses principes en introduisant les choses
célestes.
Chapitre 17
Ch. 17 v. 1-22 — La marche selon la grâce — Le changement du système juif au
royaume de Dieu
La grâce est le ressort de la marche chrétienne et en fournit les règles.
[17:1-2] On ne méprise donc pas impunément les faibles, [17:3-4] et sans se
lasser on pardonne à son frère ; [17:6] on dispose, pour ainsi dire, de la
puissance de Dieu par la foi, celle-ci fût-elle comme un grain de moutarde.
[17:10] Toutefois, quand on a tout fait, on n’a fait que son devoir (vers.
5-10). — Puis dans les vers. 11-37, Jésus montre la délivrance du joug du
judaïsme, et il juge le système qu’il reconnaissait encore. [17:11] Comme il
parcourait la Samarie et la Galilée, [17:12-13] dix lépreux le supplient de loin
de les guérir, [17:14] et il les renvoie aux sacrificateurs : c’était par le
fait leur dire qu’ils étaient nets. Le Seigneur ne les envoyait pas aux
sacrificateurs pour leur faire reconnaître leur souillure, puisqu’ils savaient
qu’ils avaient la lèpre. Prenant donc Jésus sur parole, ils s’en vont dans la
confiance qu’ils se présenteront nets aux sacrificateurs, et ils sont guéris
aussitôt en chemin. [17:17] Contents d’avoir profité de sa puissance, neuf
d’entre eux poursuivent leur route vers les sacrificateurs et restent Juifs, ne
sortant pas de l’ancien bercail. Jésus connaissait bien le bercail, mais eux ne
le reconnaissaient que pour profiter de la présence du Sauveur et rester là où
ils étaient. Ils ne voyaient ni dans sa personne, ni dans la puissance de Dieu
en lui, rien qui les attirât : ils étaient Juifs. [17:15-16] Mais le dixième
lépreux, ce pauvre étranger, un Samaritain, reconnaît la bonne main de Dieu, et
se prosterne devant le Seigneur en lui rendant grâces ; [17:19] celui-ci le
renvoie dans la liberté de la foi : « Lève-toi, et t’en va ; ta foi t’a guérie !
» Le Samaritain n’a pas besoin d’aller chez les sacrificateurs, car il a trouvé
Dieu et la source de bénédiction en Christ ; et il s’en va affranchi du joug qui
allait se rompre judiciairement pour tous ; [17:21] car le royaume de Dieu était
là pour qui le pouvait discerner, le Roi étant au milieu d’Israël. [17:20] Le
royaume ne venait pas, il est vrai, de manière à attirer l’attention du monde,
[17:21] mais il était au monde ; [17:22] de sorte que les disciples désireraient
voir l’un des jours dont ils avaient joui pendant la présence du Seigneur sur la
terre, et ils ne le verraient point (v. 22).
Ch. 17 v. 23-37 — Le
jour du Fils de l’homme et le jugement qui l’accompagnera
[17:23] Ensuite, le Seigneur annonce à ses disciples les prétentions des faux
christs, [17:25] le vrai Christ ayant été rejeté ; [17:23] de sorte que le
peuple sera en proie aux ruses de l’Ennemi ; mais les disciples doivent se
garder de les suivre. En tant qu’en rapport avec Jérusalem, ils seront exposés à
ces tentations ; mais ils ont, pour les traverser, les directions du Seigneur.
[17:24] Or le Fils de l’homme, dans son jour, sera comme l’éclair ; [17:25]
avant cela néanmoins, il doit souffrir beaucoup de la part des Juifs incrédules.
[17:26, 28] Le jour du Fils de l’homme sera comme les jours de Noé et de Lot : —
[17:27] les hommes seront à leur aise et occupés à réaliser des projets
charnels, comme le monde surpris par le déluge, [17:28-29] ou comme Sodome
surprise par le feu du ciel. [17:30] Ainsi en sera-t-il lors de la révélation du
Fils de l’homme, révélation publique, éclatante et soudaine. — [17:31] Tout ceci
concernait Jérusalem : ainsi avertie, toute son affaire était d’échapper au
jugement qui éclaterait, lors de la venue du Fils de l’homme, contre la ville
qui l’avait rejeté, car ce Fils de l’homme qu’ils avaient méconnu reviendrait
dans sa gloire. Alors pas de regard en arrière ! — car ce serait avoir son coeur
là où était le jugement : [17:33] mieux valait tout perdre, jusqu’à la vie,
plutôt que de s’associer avec ce qui devait être jugé. Si par infidélité on
avait échappé à ceux qui avant le jugement n’épargnaient pas les fidèles, et
cherché à sauver sa vie, [17:34] le jugement, étant celui de Dieu, saurait
atteindre les gens dans leur lit, et distinguer entre deux qui s’y trouvaient,
[17:35] comme entre deux femmes broyant leur grain aux mêmes meules. Le
caractère de ce jugement montre qu’il ne s’agit pas de la destruction de
Jérusalem par Titus ; on y voit la main de Dieu qui sait discerner, prendre et
épargner. Aussi n’est-ce pas un jugement de morts, mais un jugement sur la terre
: [17:34] l’un est dans un lit, [17:35] l’autre au moulin, [17:31] celui-ci sur
le toit, [17:36] celui-là dans les champs. Prévenus par le Seigneur, ceux qui
avaient des oreilles pour écouter avaient à tout abandonner, et ne devaient
avoir égard qu’à Celui qui était venu pour juger.
[17:37] À qui s’enquerrait du lieu du jugement, la réponse était qu’il aurait lieu « là où est le corps mort » : le jugement descendrait là comme les aigles que l’on ne voit pas, mais auxquels leur proie n’échappe pas.
Chapitre 18
Ch. 18 v. 1-8 — La prière, ressource constante de la foi des fidèles
[18:1] Or, en présence de toute la puissance des ennemis et des oppresseurs (car
il y en aurait, comme nous l’avons vu, puisque l’on pouvait être dans le cas de
perdre la vie [(17:33)]), il y avait une ressource pour le résidu affligé,
savoir la persévérance dans la prière en tout temps, du reste, la ressource du
fidèle, de l’homme, s’il comprend qu’il en est ainsi. [18:7] Dieu vengera ses
élus, quoique, quant à l’exercice de leur foi, il mette celle-ci à l’épreuve.
[18:8] Mais quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il sur la terre cette
foi qui s’attend à son intervention ? Telle était la solennelle question à
laquelle il est laissé à la responsabilité de l’homme de répondre ; question qui
implique qu’à peine on peut s’attendre à ce qu’on trouvera la foi sur la terre,
quoiqu’elle dût y être. Néanmoins, là où il y a de la foi, elle est agréable à
Celui qui la cherche, et elle ne sera pas désappointée ni confondue.
Le royaume présenté en
Jésus, et dans l’exécution du jugement sur les ennemis
On remarquera que le royaume — et c’est bien le royaume qui est en cause — est
présenté de deux manières au milieu des Juifs dans ce temps-là, savoir : 1°
[17:21] dans la personne de Jésus, alors présent (chap. 17:21) ; 2° [18:7-8]
dans l’exécution du jugement au milieu duquel les élus seuls seront épargnés, la
vengeance de Dieu s’exerçant en faveur de ces élus. C’est pourquoi aussi ceux-ci
ne devaient penser qu’à plaire à Dieu, quelque paisible ou quelque oppresseur
que le monde pût être. Il s’agit du jour du jugement des méchants et non de
l’enlèvement des justes pour le ciel : ceux-ci sont préfigurés plutôt par
Abraham et Énoch ; les autres qui sont épargnés pour vivre sur la terre, par Noé
et Lot [(17:27, 29)]. Cependant il y a des oppresseurs desquels le résidu doit
être vengé. Le vers. 31 du chap. 17 nous indique que le résidu ne doit penser
qu’au jugement et, comme hommes, ne se lier à rien : dans un pareil moment, ceux
qui en faisaient partie devaient s’attendre à Dieu seul comme des gens détachés
de tout.
Ch. 18 v. 9-14 — La
reconnaissance de son péché donne accès au royaume plutôt que la propre justice
Au vers. 9 du chapitre 18, le Seigneur reprend la description des caractères qui
étaient propres pour entrer dans le royaume maintenant, en Le suivant. Depuis le
vers. 351, la grande transition s’approche historiquement. Le vers. 8 de ce
chapitre termine l’avertissement prophétique à l’égard des derniers jours. Le
Seigneur continue ensuite à montrer quels sont les caractères personnels en
harmonie avec l’état de choses introduit par la grâce. [18:9] Ainsi, la propre
justice est loin d’être une recommandation pour entrer dans le royaume (vers.
9-14) : [18:13] le plus misérable pécheur qui reconnaissait son péché, [18:14]
était justifié devant Dieu plutôt que le propre juste ; — celui qui s’élève sera
abaissé ; celui qui s’abaisse sera élevé. Quel exemple et quel témoin de cette
vérité que Jésus Christ, le Seigneur lui-même !
1 [18:35] Le cas de l’homme aveugle à Jéricho est, comme cela a déjà été indiqué, le commencement (dans tous les évangiles synoptiques) des derniers événements de la vie de Christ ici-bas.
Ch. 18 v. 15-17 — Seul
l’esprit d’un enfant convient pour entrer dans le royaume
[18:16] Puis, l’esprit d’un enfant, petit, simple, croyant ce qu’on lui dit, de
peu d’importance à ses propres yeux, contraint de céder à tous, voilà ce qui
convenait aussi pour le royaume de Dieu (vers. 15-17). [18:17] Quel autre esprit
le Seigneur aurait-il pu admettre dans ce royaume ? De plus, les principes du
royaume, tel qu’il serait établi par le rejet de Jésus, formaient un entier
contraste avec des bénédictions temporelles liées à l’obéissance à la loi, toute
bonne que fût, à sa place, cette loi. [18:19] Il n’y avait nulle bonté dans
l’homme : Dieu seul est bon (vers. 18 et suiv.).
Ch. 18 v. 18-30 —
L’obstacle des biens terrestres quant à l’entrée dans le royaume
[18:21] Le jeune homme qui avait observé cette loi extérieurement dans sa marche
[18:22] est appelé à tout quitter pour suivre le Seigneur. Jésus connaissait les
circonstances de ce jeune homme et son coeur, et il met le doigt sur la
convoitise qui y régnait [18:23] et qui était alimentée par la fortune dont il
jouissait. [18:22] « Une chose te manque encore : vends tout ce que tu as, et
distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; et viens,
suis-moi ». Il fallait tout vendre et suivre Jésus, ensuite de quoi, il y avait
un trésor dans les cieux. [18:23] Mais le jeune homme s’en va tout triste.
[18:24] Les richesses, qui aux yeux de l’homme semblaient être un signe de la
faveur de Dieu, n’étaient plus qu’un obstacle dès qu’il s’agissait du coeur et
du ciel. [18:29] En même temps, le Seigneur annonce que l’homme qui
abandonnerait pour le royaume de Dieu ce qui avait du prix à ses yeux, [18:30]
recevrait beaucoup plus dans ce monde, et, dans le siècle qui vient, la vie
éternelle. Nous pouvons remarquer que le Seigneur ne fait que poser ici un
principe universel en rapport avec le royaume (vers. 21-34).
Ch. 18 v. 31-34 — Le
Seigneur anticipe ce qui l’attend au bout de son chemin
[18:31] Enfin, le Seigneur, en chemin pour Jérusalem, déclare explicitement et à
part à ses disciples, [18:32] qu’il allait être livré, maltraité [18:33] et mis
à mort pour ressusciter ensuite : [18:34] ce à quoi les disciples ne comprennent
rien, [18:31] quoique ces choses fussent l’accomplissement des paroles des
prophètes. Si le Seigneur devait faire partager sa croix à ceux qui le
suivaient, il ne pouvait pas ne pas la porter lui-même. Il marchait devant ses
brebis dans ce chemin d’abnégation et de dévouement [(Jean 10:4)] ; et il était
seul à frayer le chemin, car les pieds de son peuple n’avaient pas encore passé
par là, et ne pouvaient le faire qu’après Lui.
Ch. 18 v. 35-43 — La
guérison de l’aveugle qui reconnaît le Fils de David
[18:35] Maintenant commence, au vers. 35, l’historique du dernier voyage du
Seigneur à Jérusalem. Il va s’y présenter de nouveau pour la dernière fois comme
le Fils de David, mettant sur la conscience de la nation ses droits à ce titre,
tout en faisant voir les conséquences du rejet qu’on ferait de lui. Près de
Jéricho1, la ville de malédiction, [18:43] il rend la vue à l’aveugle [18:38]
qui croit à son titre de Fils de David. C’est bien ce qui est arrivé à ceux
d’entre les Juifs qui ont cru et l’ont suivi ; et ils verront de plus grandes
choses encore.
1 En Luc, la venue du Seigneur à Jéricho est rapportée comme un fait général en rapport avec son voyage tout entier dont il est question à partir du chap. 9:51. C’est effectivement en sortant de Jéricho qu’il voit l’aveugle. Nous n’avons ici que le fait général, rapporté ainsi afin de donner au récit dans son ensemble — à l’histoire de Zachée et à celle de l’aveugle — sa place morale.
Chapitre 19
Ch. 19 v. 1-10 — La grâce qui apporte le salut à Zachée
[19:1] Étant entré dans Jéricho, [19:5] Jésus exalte la grâce, [19:7] en dépit
de l’esprit pharisaïque, [19:9] et reconnaît Zachée comme fils d’Abraham, [19:2]
qui, dans une position fausse, il est vrai, pour quelqu’un qui l’était, [19:8]
avait une conscience délicate et un coeur généreux1. [19:9] Par la grâce, sa
position ne lui ôtait pas, aux yeux de Jésus, le caractère de fils d’Abraham (si
tel était le résultat, qui aurait pu être béni ?), [19:10] et ne barrait pas le
chemin au salut destiné à ce qui était perdu, [19:9] puisque ce salut entrait
avec Jésus dans la maison de ce fils d’Abraham. [19:10] Jésus apportait le salut
à quiconque devait l’hériter.
1 [19:8] Je ne doute pas que Zachée n’expose à Jésus ce qu’il faisait habituellement auparavant. [19:9] Néanmoins, c’était le salut qui entrait ce jour-là dans sa maison.
Ch. 19 v. 11-27 — Le
caractère du royaume en l’absence de Jésus
La responsabilité de chaque serviteur, et sa récompense
[19:12] Toutefois le Seigneur ne leur cache point son départ, et le caractère
que le royaume devait prendre par son absence. [19:11] Les Juifs étaient
préoccupés de Jérusalem et de l’attente du prochain royaume : et le Seigneur
leur explique ce qui va arriver (vers. 11 et suiv.). [19:12] Lui s’en va pour
recevoir un royaume dans l’intention de revenir ; [19:13] en attendant il confie
de ses biens (les dons de l’Esprit) à ses serviteurs pour les faire valoir
pendant son absence. La différence entre cette parabole et celle de Matth. 25
[(v. 14-30)] est celle-ci : [Matt. 25:15] Matthieu présente la souveraineté et
la sagesse de celui qui donne, et qui varie ses dons selon l’aptitude de ses
serviteurs ; [19:13] tandis que la parabole de Luc relève plus particulièrement
la responsabilité des serviteurs qui ont reçu chacun la même somme. [19:16, 18]
Ici, l’un profite de ce qu’il a reçu dans l’intérêt de son Maître plus que
l’autre ; [Matt. 25:21, 23] aussi n’est-il pas dit, comme dans Matthieu : «
Entre dans la joie de ton Maître », la même chose à tous, plus excellente encore
; — [19:17] mais il est dit à l’un : « Aie autorité sur dix villes », [19:19] et
à l’autre : « Sois établi sur cinq villes » ; c’est-à-dire qu’à chacun est
donnée une part dans la gloire du royaume selon son travail de serviteur.
[19:25] Aussi le serviteur ne perd-il pas ce qu’il a gagné, quoique cela
appartienne à son Maître. Il jouit de ce qu’il a gagné, [19:20] sauf celui qui
n’a pas utilisé la mine qu’on lui avait donnée, [19:24] et qui est donnée
ensuite à celui qui en avait gagné dix. [19:26] Ce que nous avons acquis
ici-bas, au spirituel, en intelligence et connaissance de Dieu par l’Esprit,
n’est pas perdu dans l’autre monde ; au contraire, nous en recevons davantage ;
la gloire de l’héritage nous est aussi donnée selon notre travail : tout est
grâce.
Le rejet de Jésus par
les Juifs, et leur jugement
Mais il y a encore un autre élément dans l’histoire du royaume. [19:14] Les
concitoyens de l’homme noble, les Juifs, non seulement ont rejeté le roi, mais
quand il est parti pour recevoir le royaume, ils envoient un messager après lui
pour lui déclarer qu’ils ne le veulent pas comme roi. Ainsi les Juifs, lorsque
Pierre (Act. 3) leur montre leur péché [(v. 13-14)] et leur annonce le retour de
Jésus et avec Lui les temps de rafraîchissement, s’ils se convertissent [(v.
19)], repoussent ce témoignage, et, pour ainsi dire, envoient Étienne après
Jésus, pour attester qu’ils ne veulent de lui en aucune manière [(Act. 7:57-60)]
: aussi la race perverse est-elle déjà jugée pour le moment où Jésus reviendra
en gloire. [19:27] Les ennemis avoués du Christ recevront la récompense de leur
rébellion.
Ch. 19 v. 28-40 —
Jésus, fils de l’homme, est présenté comme le roi à Jérusalem
[19:38] Jésus ayant déclaré ce qu’était et ce que serait le royaume, vient
maintenant, afin de le présenter pour la dernière fois dans sa propre personne
aux habitants de Jérusalem, selon la prophétie de Zacharie 11 [(Zac. 9:9)]. Dans
l’étude de Matthieu [(21:1-11)] et de Marc [(11:1-10)], cette scène remarquable
a été, du reste, déjà considérée par nous dans son aspect général, mais quelques
circonstances particulières demandent à être relevées ici. [19:37] Toute la
multitude de ses disciples se rassemble au lieu où le Sauveur fait son entrée :
[19:39] les disciples et les pharisiens sont en contraste. [19:44] Jérusalem est
au jour de sa visitation et ne le connaît pas. [19:38] Quelques paroles
remarquables sortent de la bouche des disciples, mus, dans cette occasion, par
l’Esprit de Dieu. [19:40] S’ils s’étaient tus, les pierres se seraient écriées
en proclamant la gloire du Rejeté. [19:38] Le royaume que saluent leurs
acclamations triomphales, n’est pas le royaume seulement dans sa partie
terrestre, [Matt. 21:9] comme dans Matthieu : là, ainsi que nous l’avons vu, les
disciples s’écrient : « Hosanna au fils de David ! » et « Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » C’est au fond
la même chose ; [19:38] mais ici nous avons quelque chose de plus. Le Fils de
David disparaît. Il est, il est vrai, le Roi qui vient au nom du Seigneur ; mais
ce n’est plus le résidu d’Israël qui cherche le salut dans le nom du Fils de
David, en reconnaissant ce titre de Jésus, c’est la « paix au ciel et la gloire
dans les lieux très hauts ! » Le royaume est considéré ici comme dépendant de ce
que la paix est établie dans les cieux célestes : le Fils de l’homme élevé en
haut et victorieux de Satan, a réconcilié les cieux ; et la gloire de la grâce y
est établie dans sa personne pour la gloire éternelle et suprême du Dieu
d’amour. Le royaume sur la terre n’est qu’une conséquence de cette gloire que la
grâce a établie. La puissance qui a chassé Satan établit la paix dans les cieux.
Au chap. 2:14, de notre évangile, nous trouvons dans la grâce célébrée par les
anges : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et
bon plaisir [de Dieu] dans les hommes ». Pour l’établissement du royaume la paix
est faite dans le ciel, et la gloire de Dieu est entièrement établie dans les
lieux les plus hauts.
Ch. 19 v. 41-48 — Le
sort de Jérusalem qui a rejeté Jésus
[19:41] On remarquera ici que le Seigneur, en s’approchant de la ville, pleure
sur elle (vers. 41), ce qui n’est pas rapporté en Matthieu où, raisonnant avec
les Juifs, Jésus leur montre la ville comme celle qui, ayant repoussé et tué les
prophètes, était dès maintenant, et jusqu’à son retour, vouée à la désolation :
Emmanuel même, l’Éternel en avait été ignominieusement rejeté, lui qui si
souvent avait voulu en rassembler les enfants sous ses ailes.
[19:44] Voici l’heure de sa visitation, et elle ne l’a point connue ! [19:42] Si, à cette heure-là, elle avait seulement répondu à l’appel que lui adressait le témoignage de son Dieu !… [19:43] Mais elle est laissée entre les mains des gentils, ses ennemis, [19:44] qui n’en laisseront pierre sur pierre sans être démolie. C’est-à-dire que, n’ayant pas connu qu’elle était visitée de Dieu en grâce dans la personne de Jésus, elle est mise de côté ; le témoignage ne se poursuit pas ; et place est faite pour un autre ordre de choses. — C’est la destruction de la ville par Titus qui est ici en saillie. [19:46] Le Seigneur a égard au caractère moral du temple (vers. 46) : et l’Esprit n’en fait pas mention ici comme « d’une maison de prière pour tous les peuples » en faisant ainsi un centre pour le culte des autres en dehors d’Israël [(És. 56:7)]. C’est dans la même intention que, chap. 20:16, il est dit simplement : « Il donnera la vigne à d’autres ». Ils ont heurté contre la pierre d’achoppement [(Rom. 9:32)] ; quand celle-ci tombera sur eux — à la venue de Jésus en jugement — elle les réduira en poussière [(20:18)].
Chapitre 20
Ch. 20 v. 27-38 — La réponse aux sadducéens quant à la résurrection
[20:34] Dans sa réponse aux sadducéens, trois choses importantes sont ajoutées à
ce qui est dit en Matth. 22 [(v. 29-32)]. [20:36] Jésus ne parle pas seulement
de l’état des ressuscités [20:37] et de la certitude de la résurrection, mais il
parle aussi : 1° [20:35] d’un siècle qu’une certaine classe de gens, qui en sera
jugée digne, atteindra seule, une résurrection à part celle des justes (vers.
35) ; [20:36] puis 2°, il annonce que cette classe se compose des fils de Dieu
qui sont reconnus tels en tant qu’ayant part à cette résurrection d’entre les
morts (vers. 36) ; [20:38] et 3°, qu’en attendant cette résurrection, les âmes
survivent à la mort : toutes vivent pour Dieu, quoique cachées aux yeux des
hommes (vers. 38).
Les traits
caractéristiques de la parabole des noces
La parabole des noces, rapportée en Matth. 22 [(v. 2-14)], est omise ici ; nous
l’avons trouvée au chap. 14 de notre évangile [(v. 16-24)], mais avec des traits
caractéristiques, savoir une mission dans les rues de la ville, destinée aux
méprisés de la nation [(14:21)] et qui n’est point en Matth. 22, où se trouve
par contre le jugement de Jérusalem avant l’évangélisation des gentils [(Matt.
22:7)]. Tout ceci caractérise la parabole. En Luc, on voit la grâce, un état
moral de l’homme devant Dieu, et le nouvel ordre de choses fondé sur le rejet de
Christ.
Ch. 20 v. 45-47 — La
position morale des scribes, en contraste avec Matt. 23
Les deux évangélistes se rencontrent naturellement dans les grands traits
relatifs à l’incrédulité des Juifs et à ses conséquences pour eux, aussi ne
m’arrêterai-je pas sur les points que Luc raconte en commun avec Matthieu. Si
l’on compare Matth. 23 avec Luc 20:45-47, on verra tout de suite pourquoi il y a
différence. En Luc, l’Esprit nous donne, en trois versets, ce qui moralement met
les scribes à part ; et en Matthieu est développée toute leur position en
rapport avec l’économie légale, avant la manifestation du Messie en gloire,
considérée, [Matt. 23:2-3] soit comme possédant une certaine autorité pour
prescrire aux autres aussi longtemps que Moïse avait cette autorité, [Matt.
23:13, 15] soit comme coupables devant Dieu dans cette place.
Chapitre 21
Ch. 21 v. 1-27 — La prophétie sur le jugement de Jérusalem et des Juifs
Le témoignage des disciples et le jugement de Jérusalem jusqu’à la fin,
contraste entre Matthieu et Luc
Les discours du Sauveur dans ce chapitre, indiquent d’une façon particulière le
caractère de l’évangile qui nous occupe. [21:1-4] L’esprit de grâce contrastant
avec l’esprit judaïque, se retrouve dans le récit de l’offrande de la pauvre
veuve : mais la prophétie du Sauveur, qui suit, exige plus de détails. [21:6] Le
vers. 6, ainsi que nous l’avons dit à la fin du chap. 19 [(v. 43-44)], ne parle
que de la prochaine ruine de la Jérusalem d’alors, par les Romains. [21:7] La
question des disciples, ici, se rapporte à ce même événement. Ils ne disent rien
de la fin du siècle. [21:8] Alors le Seigneur fixe les devoirs des disciples
dans leurs circonstances avant cette heure-là. Au vers. 8, il dit, ce que nous
ne retrouvons pas en Matthieu, que « le temps est proche » ; [21:12] il entre
aussi dans beaucoup plus de détails à l’égard du ministère des disciples pendant
la période dont il leur parle. [21:18-19] Il les encourage [21:14-15] et leur
promet les secours nécessaires pour les difficultés dans lesquelles ils se
trouveraient placés : — [21:13] les persécutions leur seront pour témoignage
(vers. 11-19). [Matt. 24:4-14] Les passages correspondants de Matthieu ne
fournissent pas ces détails relatifs aux disciples ; ils présentent bien l’état
général des choses dans le même sens que Luc, mais en y ajoutant la condition
des Juifs [Matt. 24:10-12] et en particulier des Juifs faisant plus ou moins
profession de recevoir la parole. [Matt. 24:9-14] Tout ce qui regarde le
témoignage, envisagé comme s’exerçant en rapport avec Israël, mais s’étendant
aux nations, se trouve au commencement du chap. 24 de Matthieu (vers. 1 jusqu’à
la fin du vers. 14). En Luc 21, ce témoignage est le service prochain des
disciples jusqu’au moment où le jugement de Dieu mettrait fin à ce qui avait été
virtuellement terminé par le rejet de Christ. [21:20] Le Seigneur ne dit rien
par conséquent, au vers. 20, de l’abomination de la désolation de Daniel [(Dan.
11:31 ; Matt. 24:15)] ; mais il parle du fait du siège de Jérusalem et de la
proximité de la désolation de cette ville, et non pas de la fin du siècle, comme
en Matthieu. [21:22] « Ce sont là des jours de vengeance » sur les Juifs, qui
avaient, par leur rejet du Seigneur, mis le comble à leur rébellion. [21:24] Et
ainsi « Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps
des nations soient accomplis », c’est-à-dire les temps assignés par les conseils
de Dieu, révélés par le prophète Daniel, à la durée des empires gentils. C’est
la période dans laquelle nous vivons encore.
Ch. 21 v. 25-27 — Les
derniers événements de la domination des nations
[21:24] Ici, il y a un arrêt dans le discours du Seigneur parce que le sujet
principal est terminé ; [21:25-27] mais il reste la révélation de quelques
événements de l’arrière-scène qui clôt l’histoire de cette suprématie des
gentils.
La fin des temps sur
laquelle s’achève la prophétie
Il est à observer aussi, que bien que les circonstances dont Luc parle (vers.
20-23), soient le commencement du jugement dont [21:24] Jérusalem ne se relèvera
pas jusqu’à ce que son temps de détresse soit accompli et son iniquité tenue
pour acquittée (Ésaïe 40:1, 2), cependant il n’est pas fait ici mention de « la
grande tribulation » [(Matt. 24:21)]. [21:23] Il y a grande colère et détresse
sur le peuple, qui ont en effet pesé sur lui durant le siège de Jérusalem par
Titus ; — [21:24] et aussi les Juifs ont été emmenés captifs. Il n’est pas dit,
comme en Matthieu : « Aussitôt après la tribulation de ces jours-là » [(Matt.
24:29)] ; néanmoins, sans désignation d’époque, et aussitôt après que sont
mentionnés les temps des gentils, voici la fin des temps qui arrive ! [21:25] Il
y a dans les cieux des signes, sur la terre de la détresse, un mouvement
puissant dans les flots de la population humaine. [21:26] Les coeurs, saisis par
une alarme prophétique, prévoient des calamités, qui, encore inconnues, les
menacent : car toutes les influences qui gouvernent les hommes sont alors
ébranlées. — [21:27] Dans ce moment-là, ils verront le Fils de l’homme,
autrefois rejeté de la terre, venant du ciel avec les insignes de l’Éternel,
avec puissance et une grande gloire (vers. 27). C’est ce « Fils de l’homme »
dont Luc nous a toujours occupés. Et ici se termine la prophétie. Nous n’y
trouvons pas, comme en Matthieu, le rassemblement des élus dispersés d’entre les
Juifs [(Matt. 24:31)].
Ch. 21 v. 29-36 — Les
exhortations pour ce temps de détresse, jusqu’au jour de Christ
[21:31] Ce qui suit (vers. 28 et suiv.) se compose d’exhortations, dont le but
est de faire du jour de détresse un signal de délivrance pour la foi de ceux
qui, s’appuyant sur l’Éternel, obéissent à la voix de son serviteur. [21:32]
Quant à la « génération » ou « race » (expression déjà expliquée en Matthieu),
elle ne passera pas jusqu’à ce que tout soit accompli. — La durée du temps qui
s’est écoulé depuis la destruction de Jérusalem et celui qui doit s’écouler
encore jusqu’à la fin, est laissée dans l’ombre. Les choses célestes ne se
comptent pas par des dates. Le moment, du reste, de l’apparition du Fils de
l’homme est caché dans les conseils du Père : [21:33] toutefois ciel et terre
passeront, mais non les paroles de Jésus. — [21:34] Ensuite, comme habitants de
la terre, les disciples devaient être sur leurs gardes pour ne pas laisser
appesantir leur coeur par des choses qui l’entraîneraient dans le monde au
milieu duquel ils devaient être témoins. [21:35] Car ce jour arriverait comme un
filet sur tous ceux qui avaient ici-bas leur habitation ou qui s’y fixaient par
le fait. [21:36] Veiller et prier était le devoir des disciples, afin d’échapper
à ces jugements et de subsister en présence du Fils de l’homme. Ici encore se
retrouve le grand sujet de l’évangile de Luc : le Fils de l’homme et un état en
rapport avec ce qu’il est. Être avec Lui comme des réchappés sur la terre,
d’entre les 144000 marqués sur la montagne de Sion [(Apoc. 14:1)], sera un
accomplissement de cette bénédiction ; mais aucun lieu n’est indiqué. En
supposant fidélité chez ceux auxquels Jésus parlait personnellement, l’espérance
que réveillaient ses paroles devait s’accomplir d’une manière encore meilleure
en sa présence céleste au jour de la gloire.
Chapitre 22
Ch. 22 v. 1-20 — Le dernier témoignage d’amour du Seigneur, et la haine des
hommes
L’oeuvre d’amour de Jésus continue jusqu’à la fin
Ici commence l’historique de la fin de la vie du Sauveur. [22:2] Les principaux
sacrificateurs, craignant le peuple, cherchent comment ils pourront se défaire
de Lui. [22:3] Judas, sous l’influence de Satan, [22:6] se propose comme
instrument pour se saisir de Jésus, loin de la foule. [22:7] Le jour de la Pâque
arrive, et le Seigneur continue son oeuvre d’amour dans les circonstances où il
se trouvait. Je relèverai celles de ces circonstances qui tiennent au caractère
de notre évangile, soit les changements qui ont lieu directement et
immédiatement en rapport avec la mort du Seigneur. [22:15] Ainsi d’abord, Jésus
dit aux siens : « J’ai fort désiré de manger cette Pâque avec vous, avant que je
souffre ; [22:16] car je vous dis que je n’en mangerai plus jusqu’à ce qu’elle
soit accomplie dans le royaume de Dieu », savoir par sa mort. [22:17] Puis ayant
pris la coupe, il leur dit : « Prenez ceci et le distribuez entre vous, [22:18]
car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le
royaume de Dieu soit venu ». [Matt. 26:29] Mais le Seigneur ne dit pas ici,
comme il le dit ailleurs : « Je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce
fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le
royaume de mon Père » ; [22:18] il dit seulement : Je n’en boirai plus « jusqu’à
ce que le royaume soit venu ». Si les temps des gentils sont en vue comme une
chose présente, ainsi ici, c’est la chrétienté, le royaume tel qu’il est
maintenant, et non pas le millénium. Et quelle touchante expression d’affection
pour ses disciples n’avons-nous pas ici ! — Son coeur avait besoin de ce dernier
témoignage d’amour avant de les quitter.
Ch. 22 v. 20 —
L’établissement de la nouvelle alliance par le sang
[22:20] La nouvelle alliance est fondée sur le sang qui est bu ici en figure.
C’en était fait de l’ancienne alliance, et il y avait besoin de sang pour
établir la nouvelle. Celle-ci n’était pas encore établie (ce qui se fera avec
Israël), mais, du côté de Dieu, tout était fait pour cela. Le sang n’était pas
répandu pour donner force à une alliance de jugement, comme la première, mais il
était versé pour ceux qui recevaient Jésus, en attendant le temps où l’alliance
même se traiterait de fait avec Israël [(comp. Héb. 8-9)].
Ch. 22 v. 21-40 — Les
disciples de Jésus après son départ
Ch. 22 v. 21-30 — Le coeur et la marche des disciples, jusqu’à la fin
[22:23] Les disciples, croyant à la parole de Jésus que l’un d’eux le trahirait,
mais ne se connaissant pas eux-mêmes, se demandent qui ferait cette action-là
(vers. 23 et suiv.), expression frappante de foi [22:21-22] en tout ce que le
Seigneur disait — car aucun, sauf Judas, n’avait mauvaise conscience — et
témoignant de leur innocence. [22:24] Ils pensent en même temps au royaume d’une
manière charnelle, ils se disputent pour y occuper la première place, et cela en
présence de la croix, à la table où le Seigneur leur donnait les derniers gages
de son amour. Il y avait de l’intégrité dans le coeur, mais quel coeur pour
contenir cette intégrité ! [22:27] Quant à Lui, il avait pris la dernière place
comme étant, quand on aime, la plus excellente pour l’oeuvre ; elle appartenait
à Lui seul. [22:28] Les disciples devaient le suivre d’aussi près que possible,
et sa grâce reconnaît qu’ils l’avaient fait comme s’il avait été leur débiteur
pour cela, pour leurs soins ici-bas au temps de la détresse. [22:29] Il leur en
tient compte ; [22:30] et au jour du royaume, ils seront assis sur douze trônes,
comme chefs de cet Israël au milieu duquel ils l’ont suivi.
Ch. 22 v. 31-40 — Les
soins et les recommandations de Jésus pour ses disciple
[22:31] Mais Jésus devait passer par la mort, et comme ses disciples l’avaient
suivi jusqu’ici, et ne pouvaient, en tant qu’hommes vivant sur la terre, le
suivre plus loin, quelle occasion pour l’Ennemi de les cribler ! Tout ce qui
appartenait à un Messie vivant était renversé de fond en comble, et la mort
était là. Qui y passerait ? Satan voulait en profiter et cherchait les disciples
pour les cribler. [22:32] Jésus (car ils ne pouvaient y échapper, vu qu’il
devait y passer lui-même et que leur espérance était en Lui) ne cherche pas à
épargner ce crible à ses disciples. Il faut que la chair soit mise à l’épreuve
de la mort ; mais Jésus intercède pour que la foi de l’un des siens, [22:31]
qu’il nomme spécialement, [22:32] ne défaille pas. Simon, ardent selon la chair,
était plus que tous exposé au danger d’une fausse confiance provenant de cette
chair ; il savait se conduire, mais là elle ne pouvait le soutenir. Toutefois,
étant l’objet de la grâce de la part du Seigneur, sa chute serait le moyen de sa
force. Sachant désormais ce que c’était que la chair, d’un côté, et la
perfection de la grâce, de l’autre, il serait capable de fortifier ses frères.
[22:33] Pierre prétend sortir de tout victorieusement — même dans les choses où
il allait entièrement faillir. [22:34] Le Seigneur l’avertit brièvement de sa
chute prochaine. [22:36] Jésus en prend occasion de prévenir les disciples que
tout allait changer dans leur position et dans les principes sur lesquels leurs
relations avec lui étaient fondées : [22:35] au lieu d’un Messie qui prenait
soin d’eux sur la terre, [22:37] c’était un Sauveur rejeté et monté en haut, et
eux extérieurement laissés et exposés aux flots de ce monde. [22:35] Pendant sa
présence ici-bas, vrai Messie, Emmanuel, il les avait garantis de toutes les
difficultés en les envoyant parmi les Juifs. Ils n’avaient manqué de rien.
[22:36] Désormais (le royaume ne venant pas encore en puissance), ils seraient
comme Lui en butte aux mépris et à la violence, et humainement parlant, ils
auraient à prendre soin d’eux-mêmes. [22:38] Pierre, toujours prompt, prenant
les paroles de Christ à la lettre, a eu la permission d’exprimer sa pensée en
présentant deux épées. Le Seigneur l’arrête par une parole qui lui montre
l’inutilité d’aller plus loin : les disciples n’étaient pas alors en état de le
faire. [22:39] Quant à Jésus, il suit avec une tranquillité parfaite ses
habitudes de chaque jour. [22:40] Pressé en esprit par ce qu’il allait arriver,
il exhorte les disciples à prier pour ne pas « entrer en tentation » ;
c’est-à-dire pour que si, en marchant avec Dieu, ils étaient mis à l’épreuve,
ces moments-là leur devinssent une occasion d’obéir à Dieu et non de s’éloigner
de Lui. Car il y a en effet de tels moments permis de Dieu, où tout est mis à
l’épreuve par la puissance de l’Ennemi.
Ch. 22 v. 41-71 — La
soumission de Jésus au Père, face à toute la méchanceté de l’homme
Jésus parfaitement dépendant de son Père
La dépendance du Seigneur comme homme est ensuite mise en scène de la manière la
plus frappante. La scène entière de Gethsémané et la croix, en Luc, représentent
l’homme dépendant entièrement. [22:41] Il prie ; [22:42] il se soumet à la
volonté de son Père, [22:43] et un ange le fortifie, c’était leur service envers
le Fils de l’homme1 ; — [22:44] puis dans un combat qui atteignait les
profondeurs de son âme, il prie plus instamment. Homme dépendant, il est parfait
dans sa dépendance. L’intensité du combat augmente sa relation avec son Père.
[22:45] Quant aux disciples, ils sont accablés par l’ombre seulement de ce qui
faisait prier Jésus ; ils se réfugient dans l’oubli que donne le sommeil :
[22:46] mais le Seigneur, avec la patience de la grâce, répète son
avertissement. [22:47] Ensuite arrive la troupe de ceux qui venaient pour le
prendre (vers. 47 et suiv.) ; [22:33] et Pierre confiant, quand il est déjà
averti, [22:45] et dormant à l’approche de la tentation [22:41] quand Jésus
prie, [22:50] frappe de l’épée [22:51] quand Jésus se laisse mener comme un
agneau à la boucherie [(És. 53:7)], [22:57] et ensuite, hélas ! renie Jésus,
[22:70] quand celui-ci confesse la vérité. [22:42] Mais quelque soumis que soit
le Sauveur à la volonté de son Père, [22:51] il fait voir clairement que sa
puissance ne l’a point abandonné, et cela en guérissant le mal que Pierre avait
fait au serviteur du souverain sacrificateur. [22:53] Après quoi, il se laisse
emmener en se contentant de faire remarquer à la troupe que c’était « leur heure
et le pouvoir des ténèbres » ; triste et terrible association de choses !
Les détails de ces
scènes dans Luc révèlent Christ comme l’homme parfait
1 Des détails du plus profond intérêt apparaissent si l’on compare cet évangile
à d’autres : détails qui démontrent de la manière la plus frappante le caractère
de l’évangile qui nous occupe. [22:44] En Gethsémané, le combat du Seigneur est
présenté d’une manière plus intense par Luc que par aucun des autres
évangélistes ; [23:34] mais sur la croix nous trouvons Jésus au-dessus des
souffrances qu’il doit traverser. Elles ne sont pas exprimées ; il les domine.
Ce n’est pas le côté divin qui ressort, comme en Jean. [Jean 18:1] Dans ce
dernier évangile, il n’y a pas d’agonie en Gethsémané ; [Jean 18:6] quand le
Seigneur se nomme, ses adversaires reculent et tombent à terre. [Jean 19:30] Sur
la croix, nous n’entendons pas son cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? » [(Matt. 27:46 ; Marc 15:34)], mais il remet son esprit entre les
mains de Dieu. En Luc, il n’en est pas ainsi. [22:44] À Gethsémané, nous voyons
l’Homme de douleurs, un homme qui réalise dans toute sa profondeur l’abîme de
souffrances qui se trouve devant lui et qui regarde à son Père : « Étant dans
l’angoisse du combat, il priait plus instamment ». Sur la croix nous avons Celui
qui, comme homme, s’est courbé devant la volonté de son Père ; nous voyons le
calme de Celui qui, quelles que soient la douleur et la souffrance, se trouve
au-dessus de ces choses. [23:28] Il dit aux femmes qui se lamentent de pleurer
sur elles-mêmes et non pas sur Lui, [23:31] le bois vert, [23:29] car le
jugement approche. [23:34] Il prie pour ceux qui le crucifient ; [23:43] il
parle de paix et de joie divine au pauvre brigand converti. Il allait entrer
dans le paradis avant l’apparition du royaume. La même chose est présentée quant
à sa mort. [Jean 19:30] En Jean, il remet son esprit ; [23:46] ici : « Père !
entre tes mains je remets mon esprit ». Dans la mort, il confie son esprit à
celui qu’il connaît, Lui, l’Homme qui connaît Dieu comme son Père et croit en
Lui comme tel. [Matt. 27:46] En Matthieu nous avons l’abandon de Dieu et ce que
ressent alors le coeur de Christ. Ce caractère de notre évangile révélant Christ
comme un homme parfait, et comme l’Homme parfait par excellence est du plus
profond intérêt. Il traverse Ses souffrances avec Dieu, puis, dans une paix
parfaite, il les domine. Sa confiance en son Père est absolue, même jusque dans
la mort, dans ce chemin où aucun homme n’avait marché jusqu’alors, où aucun des
rachetés ne devra jamais marcher. [Jos. 3:15-17] Si le Jourdain regorgeait
par-dessus tous ses bords au temps de la moisson, l’arche cependant ouvrait dans
les profondeurs du fleuve un chemin par lequel le peuple de Dieu pouvait
pénétrer à pied sec jusque dans son héritage.
Le témoignage
tranquille de Jésus devant les hommes
[22:42] Dans toute cette scène se montre la soumission complète de l’Homme,
tandis que la puissance de la mort est sentie au plus haut degré comme épreuve ;
mais à part ce qui se passait dans son âme et devant son Père (en quoi se voit
la réalité de ces deux choses), on trouve chez lui la plus parfaite
tranquillité, et le calme le plus doux vis-à-vis des hommes1, une grâce en un
mot qui ne se dément pas. [22:61] Aussi quand Pierre l’a renié, comme son Maître
le lui avait prédit, Jésus regarde vers lui au moment opportun, sans être
distrait par tout l’appareil de son procès inique ; [22:62] et Pierre fléchit
devant ce regard (vers. 62). [22:67-70] Quand maintenant on questionne Jésus,
ses réponses sont brèves, parce que son heure était venue. [22:42] Soumis à la
volonté de son Père, il acceptait de sa main la coupe [22:71] que les juges, qui
ne faisaient qu’accomplir la volonté de Dieu, lui apportaient. [22:67] Il ne
répond pas lorsqu’on veut qu’il déclare s’il est le Christ — ce n’était plus
temps de le faire ; — on ne le croirait pas, [22:68] et on ne lui répondrait pas
s’il leur posait des questions qui feraient ressortir la vérité ; on ne le
libérerait pas non plus. [22:69] Mais, ainsi que nous l’avons vu si souvent en
lisant cet évangile, Jésus déclare ouvertement quelle place prendrait, dès cette
heure-là, le Fils de l’homme : il serait assis à la droite de la puissance de
Dieu. On voit aussi que c’est la place qu’il prend dès ce moment-là ; [22:70] et
ceux qui l’entourent en tirent tout de suite cette conséquence : « Tu es donc le
Fils de Dieu » ? (comp. Daniel 7 [(v. 13-14)]). Jésus rend témoignage à cette
vérité : « Vous dites vous-mêmes que je le suis » ; — [22:71] et tout est fini.
[22:67] Ainsi Jésus laisse indécise la question qui lui a été posée, s’il est le
Messie ; pour Israël cette question était hors de place, puisqu’il allait
souffrir : [22:69] mais il se déclare le Fils de l’homme, qui va entrer dans la
gloire, [22:70] et le Fils de Dieu.
1 Il est excessivement frappant de voir Christ traverser chaque circonstance dans laquelle il se trouvait, selon sa perfection divine. Ces circonstances ne servent qu’à faire ressortir cette perfection. Il les sentait, mais ne se laissait gouverner par aucune d’entre elles ; il les rencontrait, mais restait toujours Lui-même. Cette vérité est merveilleusement démontrée ici. [22:42] Il prie en réalisant pleinement ce qui l’attend, la coupe qu’il devra boire ; [22:45-46] il s’en revient et avertit ses disciples ; il les reprend doucement et excuse Pierre — comme s’ils cheminaient encore en Galilée — car, dit-il, la chair est faible [(Matt. 26:41)] ; [22:44] puis, il s’en retourne et son angoisse devient plus profonde encore en présence de son Père. La grâce convenait quand il s’adressait à Pierre, mais l’angoisse était sa part en la présence de Dieu ; Il manifestait la grâce avec Pierre ; il était dans l’angoisse à la pensée de la coupe qui l’attendait.
Chapitres 23 et 24
Ch. 23 v. 1-32 — La responsabilité d’Israël dans la condamnation de Jésus, et
son jugement à venir
C’en était fait d’Israël quant à sa propre responsabilité. La gloire céleste du
Fils de l’homme et la gloire personnelle du Fils de Dieu allaient bientôt
éclater ; [23:1] et afin que tout soit accompli, Jésus est livré aux gentils.
Ceux-ci, dans l’évangile qui nous occupe, ne sont pas présentés comme
volontairement coupables. On trouve, sans doute, chez eux une indifférence qui
est une injustice flagrante en pareil cas, et une insolence inexcusable ;
[23:20] mais Pilate fait ce qu’il peut pour délivrer Christ, [23:11] et Hérode
désappointé, le renvoie sans jugement : [23:5, 10, 21, 23] la volonté positive
de lui nuire est toute entière du côté des Juifs. C’est là le caractère de cette
partie de l’historique dans l’évangile selon Luc. [23:22] Pilate aurait aimé ne
pas se charger d’un crime inutile, et il méprisait les Juifs ; [23:21] mais
ceux-ci voulaient que Jésus fût crucifié [23:18] et ils demandent qu’on relâche
Barabbas, homme séditieux et meurtrier (vers. 20-25).1 [23:26] Aussi le
Seigneur, allant au Calvaire, [23:27] annonce aux femmes qui pleuraient sur Lui
avec des sentiments naturels de pitié, [23:28] que c’en était fait de Jérusalem
— qu’elles n’avaient pas à pleurer sur son propre sort, mais sur le leur —
[23:29] qu’il viendrait sur Jérusalem des jours auxquels elles estimeraient
heureuses celles qui n’avaient jamais été mères, [23:30] des jours auxquels on
chercherait en vain un abri contre la frayeur et le jugement : [23:31] car si en
Lui, l’arbre vert, ces choses s’accomplissaient, que deviendrait l’arbre sec du
judaïsme sans Dieu ?
1 Ce forfait volontaire des Juifs est raconté aussi dans des termes expressifs dans l’évangile de Jean, c’est-à-dire leur crime national. [Jean 19:14-15] Pilate les traite avec mépris, c’est alors qu’ils disent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ».
Ch. 23 v. 33-43 — La
mort de Christ, fin des espérances juives et délivrance pour les pécheurs
Le peuple juif mis de côté par la mort de son roi, et le salut pour tout pécheur
repentant
[23:33] Cependant le Seigneur, au moment de son crucifiement, [23:34] intercède
pour Israël, disant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font »
(vers. 34) ; intercession à laquelle le discours que Pierre fait aux Juifs
(Actes 3 [v. 17]), est la remarquable réponse par le Saint Esprit descendu du
ciel. [23:35] Aveuglés entièrement, les principaux des Juifs, aussi bien que le
peuple, insultent Jésus comme ne pouvant pas se délivrer, ignorant que cela
était impossible, s’il était un Sauveur ; tout leur était ôté. — Dieu
établissait un autre ordre de choses, fondé sur l’expiation, une puissance de
vie éternelle par la résurrection. — [23:36] Affreux aveuglement duquel les
pauvres soldats n’étaient imitateurs que selon la malignité de la nature humaine
; [23:37] mais le jugement d’Israël était dans leur bouche, [23:38] et de la
part de Dieu, sur la croix. Celui qui était sur cette croix était le roi des
Juifs ; bien abaissé, sans doute, [23:39] car un malfaiteur pendu à ses côtés
pouvait l’outrager ; [23:43] mais placé là par l’amour, pour le salut éternel et
présent des âmes, comme cela se manifeste dans le moment même. [23:35] Les
paroles insultantes par lesquelles on reproche au Sauveur de ne pouvoir se
délivrer lui-même de la croix, [23:43] trouvent leur réponse dans la conversion
du malfaiteur qui doit aller rejoindre Jésus ce jour-là même dans le paradis. Ce
récit est la démonstration frappante du changement auquel cet évangile de Luc
nous conduit. — [23:35] Le roi des Juifs, du propre aveu de ceux-ci, n’est pas
délivré ; il est crucifié : c’est la fin des espérances de ce peuple. [23:43]
Mais en même temps un pécheur grossier, converti par la grâce sur le gibet même,
va droit au paradis : une âme est éternellement sauvée. [23:42] Ce n’est plus le
royaume, comme on voit, [23:43] mais une âme hors du corps dans le bonheur avec
Jésus. [23:39] On peut remarquer ici comment la présentation de Christ met en
action la méchanceté du coeur humain. Aucun malfaiteur n’aurait pu se moquer ou
adresser des reproches à l’un de ses compagnons sur le gibet. Mais du moment où
Christ se trouve là, c’est ce qui lui arrive.
Ch. 23 v. 40-43 — La
conversion du brigand et la réponse de la grâce
Je voudrais dire quelques mots sur la condition de l’autre malfaiteur et sur la
réponse de Christ. [23:41] On trouve chez ce malfaiteur tous les signes de la
conversion [23:42] et de la foi la plus remarquable. [23:40] La crainte de Dieu,
le commencement de la sagesse, est là — [23:41] une conscience droite et
énergique. Il ne dit pas à son compagnon « et justement », mais « nous y sommes
justement », reconnaissant la parfaite justice sans péché de Jésus que ce pauvre
pécheur témoigne être le Seigneur, quand ses propres disciples l’ont abandonné
et renié. [23:33] Et tout cela a lieu dans le moment où il n’y avait aucun signe
de la gloire ni de la dignité de la personne de Jésus, dans le moment où les
hommes ne voyaient dans celui-ci qu’un être semblable au brigand, [23:37] et où
son royaume n’était qu’un sujet de moquerie dans la bouche de tous. [23:42] Le
pauvre malfaiteur est enseigné de Dieu ; tout lui est clair. Il est aussi
certain que Christ aura le royaume, que s’il régnait actuellement en gloire.
Tout son désir est que Christ veuille se souvenir de lui alors ; [23:41] et
quelle confiance en Christ il témoigne par la connaissance de Sa personne,
malgré son crime qu’il avoue ! [23:42] Cela montre combien Christ remplissait
son coeur, et comment sa confiance dans la grâce, par sa clarté, faisait
disparaître la honte humaine, car qui aurait aimé qu’on se souvînt de lui dans
la honte d’un gibet ! L’enseignement divin est particulièrement manifesté ici.
[23:41] Ne savons-nous pas par cet enseignement que Christ était sans péché,
[23:42] et être assuré de son royaume, c’était une foi au-dessus de toutes les
circonstances. Le malfaiteur seul devient la consolation de Jésus sur la croix,
[23:43] et pour répondre à sa foi, Jésus doit penser à ce paradis qui attendait
son âme pour le moment où il aurait achevé l’oeuvre que son Père lui avait
confiée. L’état de sanctification où était ce pauvre homme, par la foi, n’est
pas moins à remarquer. [23:42] Dans l’agonie de la croix, lors même qu’il croit
que Jésus est le Seigneur, il ne cherche en Lui aucun soulagement à ses maux
corporels, mais demande au Seigneur de se souvenir de lui dans son royaume, en
venant pour régner, préoccupé qu’il est d’une seule pensée, celle d’avoir sa
portion avec Jésus. Il croit au retour du Sauveur, à la résurrection, au
royaume, quand le Roi est crucifié, rejeté, et que, selon l’homme, il n’y avait
plus d’espoir pour la délivrance du peuple sur la terre ; [23:43] mais la
réponse de Jésus va plus loin que la révélation de ce qui est propre à cet
évangile, il introduit, comme objet d’attente prochaine, non le royaume, mais la
vie éternelle, le bonheur de l’âme. [23:42] À ce qu’avait demandé le malfaiteur,
que Jésus se souvînt de lui quand viendrait son règne, [23:43] Jésus répond
qu’il n’attendrait pas, pour jouir du bonheur, jusqu’à ce jour de gloire
manifeste et visible au monde : mais que, ce jour-là même, le pauvre pécheur
croyant serait avec Lui en paradis : — précieux témoignage et parfaite grâce !
Jésus crucifié était plus que Roi, il était Sauveur. Le pauvre malfaiteur en
était le témoignage, il était la joie et la consolation du coeur du Seigneur,
prémices de l’amour qui les avait placés l’un à côté de l’autre, où, [23:41] si
le pauvre brigand portait, de la part de l’homme, le fruit de ses péchés, le
Seigneur de gloire en portait le fruit de la part de Dieu, [23:33] traité
lui-même comme un malfaiteur dans la même condamnation. [23:43] Par une oeuvre
inconnue à l’homme, sauf à la foi, les péchés de son compagnon étaient loin pour
toujours, ils n’existaient plus, leur souvenir n’était plus pour lui que le
souvenir de la grâce qui les avait ôtés et qui en avait nettoyé pour toujours
son âme, la rendant à l’instant propre pour entrer dans le paradis comme Jésus
lui-même, son compagnon ici-bas.
Ch. 23 v. 44-46 — La
mort de Jésus et le chemin vers Dieu ouvert
[23:46] Enfin, ayant tout accompli, le Seigneur encore plein de force, rend
lui-même son esprit à son Père ; il le lui confie, dernier acte de ce qui
faisait toute sa vie, savoir la parfaite énergie du Saint Esprit, agissant dans
une parfaite confiance en son Père et sous sa dépendance. Il remet son esprit à
son Père, et il expire ; car c’était la mort qu’il avait devant lui, mais la
mort avec une foi absolue de confiance en son Père, la mort avec Dieu par la
foi, et non celle qui sépare de Lui. [23:44] À ce moment-là, la nature se voile,
comme pour proclamer que Celui qui l’a créée, a quitté le monde (vers. 44-46) :
tout est ténèbres ; — [23:45] mais d’un autre côté, Dieu se révèle : le voile du
temple se déchire de haut en bas. Dieu jusque-là s’était caché dans l’obscurité,
et le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté, mais maintenant il
n’y a plus de voile : ce qui a ôté le péché fait luire l’amour parfait de Dieu,
et la sainteté de sa présence fait la joie de l’âme et non son tourment. Ce qui
nous introduit en présence de la sainteté parfaite sans voile, abolit le péché
qui nous empêchait de nous trouver là. Notre communion est avec Lui par Jésus,
nous sommes saints et irrépréhensibles devant Lui en amour.
Ch. 23 v. 47-56 — Les
suites immédiates de la mort de Christ
Ch. 23 v. 47-48 — Les effets sur la conscience des hommes
[23:47] Frappé de tout ce qui s’est passé, le pauvre centurion, — tel est
l’effet de la croix sur la conscience — reconnaît que le Jésus qu’il a crucifié,
était certainement l’homme juste (vers. 47). Je dis : l’effet sur la conscience,
parce que je ne prétends pas dire que la chose allât plus loin chez le
centurion. [23:48] On voit un effet semblable chez les spectateurs qui
entouraient la croix ; ils s’en vont en se frappant la poitrine, voyant que
quelque chose de solennel était arrivé, que l’on s’était fatalement compromis
avec Dieu (vers. 48).
Ch. 23 v. 49-56 —
L’ensevelissement de Jésus
Mais le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, avait tout
préparé pour l’ensevelissement de son Fils qui l’avait glorifié en se livrant à
la mort. Dans sa mort, il est avec le riche (És. 53:9). [23:50] Joseph, homme
juste [23:51] qui n’avait pas consenti au péché de son peuple, [23:53] place le
corps du Sauveur dans un sépulcre où personne n’avait été mis encore. [23:54]
C’était le jour de la préparation avant le sabbat ; mais le sabbat s’approchait.
[23:55] Les femmes qui avaient accompagné le Sauveur jusque-là, lors de sa mort,
tout ignorantes qu’elles fussent, fidèles à l’affection qu’elles avaient eue
pour Lui, pendant sa vie, voient où son corps a été déposé [23:56] et vont
préparer ce qu’il fallait pour l’embaumer. Luc ne parle de ces femmes qu’en
général ; et nous suivrons son récit tel quel : les détails se trouveront
ailleurs (vers. 49-56, et chap. 24:1-11).
Ch. 24 v. 1-43 — La
résurrection de Jésus et sa révélation aux disciples
Ch. 24 v. 1-33 — La résurrection révélée aux femmes au sépulcre, puis aux
disciples d’Emmaüs
[24:1] Les femmes viennent, [24:2] trouvent la pierre enlevée [24:3] et le
sépulcre ne contenant plus le corps de celui qu’elles avaient aimé ; [24:4]
mais, en perplexité à ce sujet, elles voient deux anges à côté d’elles, [24:5]
qui leur demandent pourquoi elles viennent chercher le vivant parmi les morts,
[24:6] et ils leur rappellent les paroles si claires de Jésus lui-même,
prononcées en Galilée. [24:9] Elles, étant retournées, vont annoncer ces choses
à tous les disciples [24:11] qui ne peuvent croire leur récit ; [24:12] mais
Pierre court au sépulcre où il voit tout en ordre ; et il s’en va étonné de ce
qui venait d’arriver (vers. 12). Il n’y avait en tout ceci aucune foi en la
parole de Jésus, ni en ce que disaient les Écritures. [24:13] Mais dans le
voyage à Emmaüs, [24:27] le Seigneur fait le rapprochement de ces Écritures avec
ce qui lui était arrivé, [24:21] dévoilant aux esprits des deux disciples encore
préoccupés de la pensée d’un royaume terrestre, [24:26] que, selon ces Écritures
qui révèlent les conseils de Dieu, Christ devait souffrir et entrer dans sa
gloire, un Christ rejeté et céleste. [24:32] Il réveille en eux cette attention
ardente qui absorbe le coeur quand il est touché ; [24:30] ensuite il se révèle
à eux en rompant le pain, acte qui était la figure de sa mort, non que ce qu’il
ait fait là fût la célébration de la cène, mais cet acte particulier se
rattachait dans sa signification au fait solennel rappelé aussi par la cène : —
[24:31] alors les yeux des disciples sont ouverts et Jésus disparaît. C’était
bien réellement Lui, mais Lui ressuscité, [24:27] qui venait de leur exposer le
contenu des Écritures, et qui se présentait vivant [24:30] avec les symboles de
sa mort. Les deux disciples s’en retournent à Jérusalem.
Ch. 24 v. 33-43 — Les
preuves réelles de la résurrection dans le corps données aux disciples
[24:34] Le Seigneur s’était déjà montré à Simon, et cette apparition dont nous
n’avons pas d’autres détails, est mentionnée par Paul (1 Cor. 15 [v. 5]), comme
étant la première dont les apôtres jouirent. [24:33] Pendant que les deux
disciples, ayant trouvé les onze assemblés et ceux qui étaient avec eux, [24:35]
racontaient ce qui leur était arrivé, [24:36] Jésus se présente lui-même au
milieu d’eux ; [24:37] mais leurs pensées ne s’étaient pas encore faites à la
vérité de sa présence en résurrection ; ils ne savent pas réaliser l’idée de la
résurrection du corps ; aussi la présence de Jésus les agite. [24:38] Le
Seigneur fait servir leur trouble (très naturel, humainement parlant) à notre
bénédiction, [24:39-40] en leur donnant les preuves les plus sensibles que
c’était bien lui ressuscité qu’ils voyaient, et lui avec le corps et l’âme qu’il
avait avant sa mort ; il les invite à le toucher, [24:43] et il mange devant eux
(*) ; pas de doute donc que ce ne fût Lui.
(*) Rien ne peut être plus touchant que la manière avec laquelle Il entretient leur confiance en Celui qu’ils ont connu, homme, tel qu’il avait été auparavant, homme toujours, bien que dans un corps spirituel. [24:39] « Touchez-moi », dit-il, « voyez… que c’est moi-même ». Béni soit Dieu, il est pour toujours un Homme, le même que nous avons connu, dans son amour parfait, au milieu de notre faiblesse.
Ch. 24 v. 44-53 — La
mission des disciples après le départ de Jésus
Ch. 24 v. 44-48 — Les disciples sont témoins, d’abord aux Juifs, avec la Parole
comme base
[24:44] Il y avait encore une chose importante à leur communiquer — base d’une
foi vraie : les paroles de Christ et le témoignage des Écritures. C’est ce qu’il
place devant eux. Mais deux choses étaient encore requises : [24:45]
premièrement, la capacité de comprendre la Parole. Jésus ouvre donc leur
intelligence pour entendre les Écritures, [24:48] et secondement il les établit
comme témoins capables de dire, non seulement : Il en est ainsi, car nous
l’avons vu, — [24:46] mais aussi : Il en devait être ainsi, parce que Dieu l’a
dit dans sa Parole, et le témoignage de Christ a été accompli, confirmé dans sa
résurrection. — [24:47] Maintenant la grâce manifestée en Jésus rejeté des
Juifs, en Jésus mort pour nos péchés et ressuscité pour le salut de nos âmes,
doit être annoncée à toutes les nations, c’est-à-dire la repentance et la
rémission des péchés. C’est une grâce manifestée à la suite de la résurrection
de Jésus, lorsqu’il a fait la paix et donne la vie selon la puissance de sa
résurrection, lorsque la purification du péché étant faite, le pardon est déjà
accordé dans le don de la vie. En même temps, on devait commencer là où la
patiente grâce de Dieu reconnaissait encore un lien par l’intercession de Jésus
[(23:34)], mais qui ne pouvait être atteint que par la souveraine grâce, et où
le péché le plus aggravé rendait le pardon plus nécessaire, et cela par un
témoignage qui, venant d’en haut, devait agir avec Jérusalem, comme il agissait
avec tous. Ils devaient prêcher la repentance et la rémission des péchés à
toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Le Juif, enfant de colère comme
les autres, devait rester sur le même pied que ceux-ci. Le témoignage venait
d’une plus haute source, où la différence de Juif et de gentil, la différence
entre le formalisme légal du premier et le péché plus grossier du dernier
pouvait être distinguée, bien qu’il l’envoie encore : « au Juif premièrement ».
Ch. 24 v. 49-53 — Le
Saint Esprit, puissance du service, envoyé par Jésus élevé au ciel
Mais il fallait encore quelque chose pour l’accomplissement de cette mission,
savoir la puissance : [24:49] il fallait que les disciples restassent à
Jérusalem jusqu’à ce qu’ils fussent revêtus de la puissance d’en haut, d’où
Jésus allait leur envoyer le Saint Esprit par lui promis, et duquel les
prophètes mêmes avaient parlé. — [24:50] Après avoir béni ses disciples, les
cieux et la grâce céleste caractérisant ses relations avec eux, [24:51] Jésus se
sépara d’eux et fut élevé dans le ciel, [24:52] et eux revinrent à Jérusalem
avec joie (vers. 48-53).
Jérusalem et Béthanie,
liens entre Jésus et les Juifs, et Jésus et les disciples
On aura remarqué que le récit de Luc est très général ici et renferme les grands
principes sur lesquels sont basées la doctrine et les preuves de la
résurrection. [24:11] On y trouve l’incrédulité du coeur naturel dépeinte d’une
manière frappante dans des récits simples et touchants ; [24:21] l’attachement
des disciples à leur propre espérance du royaume ; [24:25] la peine avec
laquelle la doctrine de la Parole s’empare de leur coeur, [24:32] quoiqu’il
s’ouvre avec joie à cette doctrine à mesure qu’ils la réalisent ; [24:39] la
personne de Jésus ressuscité, encore un homme, l’excellente personne qu’ils
avaient connue ; [24:44] la doctrine de la Parole ; [24:45] l’intelligence de la
Parole donnée ; [24:49] la puissance de l’Esprit accordée — tout ce qui tenait à
la vérité et à l’ordre éternel des choses mis en évidence. [24:47] Toutefois,
Jérusalem, encore reconnue comme point de départ de la grâce sur la terre selon
les dispensations de Dieu envers elle, [24:50] n’est pas, même comme localité,
un point de contact et de liaison entre Jésus et ses disciples. Ce n’est pas de
là qu’il les bénit, [24:49] bien que, selon les vues de Dieu envers la terre, ce
fût là qu’ils dussent attendre le Saint Esprit. [24:50] Mais pour ce qui
concerne les disciples eux-mêmes et leurs rapports avec lui, le Seigneur les
conduit jusqu’à Béthanie, d’où il était parti pour se présenter à Jérusalem
comme roi [(19:29)]. C’est dans ce lieu que s’était accomplie la résurrection de
Lazare [(Jean 11)] ; c’est là qu’il avait été reçu par cette famille, type le
plus frappant du caractère du résidu qui s’attache à sa personne maintenant
rejetée, avec des espérances meilleures [(Jean 12:1-3)]. C’était là que Jésus
s’était retiré quand il avait accompli pour les Juifs son témoignage, afin que
son coeur pût se reposer pendant quelques moments au milieu de ces bien-aimés
qu’il aimait et qui, à leur tour, l’aimaient par la grâce [(Matt. 21:17)]. Et
c’est là aussi que, quant aux circonstances extérieures, il établit le lien
entre le résidu attaché à sa personne, et le ciel : [24:51] et de là il est
enlevé en haut.
[24:47] Jérusalem n’est que le point de départ public des apôtres, pour leur ministère, comme elle avait été le dernier lieu de la scène de son propre témoignage. [24:50-51] Quant aux apôtres eux-mêmes, leur souvenir de la personne de Jésus, séparé d’avec eux, se lie à Béthanie et au ciel ; et c’est de là que le témoignage devait venir pour Jérusalem même. Ceci est d’autant plus frappant, si nous le comparons avec Matthieu. [Matt. 28:16] Là, le Seigneur va en Galilée, le lieu d’association avec le résidu juif, il n’est pas fait mention de l’ascension, [Matt. 28:19] et la mission confiée aux disciples est exclusivement envers les nations ; c’était rapporter à ceux-ci ce qui avait été confié aux Juifs avec défense de le réintroduire désormais.
Note sur les
souffrances et la mort de Christ
J’ai suivi strictement le passage du texte, et j’ajoute à ce qui vient d’être
dit, quelques développements, en liant cet évangile-ci aux autres :
Deux côtés distincts
Il y a deux côtés distincts dans les souffrances de Christ : 1° [22:41-44] Ce
qu’il a souffert, lui, homme, sous la puissance de Satan, dans sa lutte avec la
puissance de l’ennemi qui avait l’empire de la mort, — ceci en communion avec
son Père et en lui présentant ses requêtes ; — 2° ce qu’il a souffert pour
accomplir l’expiation du péché, lorsque portant nos péchés, il fut fait péché
pour nous [(2 Cor. 5:21)], et buvant la coupe que la volonté de son Père lui
avait donnée à boire [(Jean 18:11)].
En méditant sur l’évangile de Jean, je m’étendrai davantage sur le caractère des tentations du Sauveur ; ce que je ferai seulement remarquer ici, [4:2] c’est qu’au commencement de la vie publique de Jésus, le Tentateur s’est appliqué à détourner Jésus de l’obéissance [4:3, 6, 9] en lui présentant les attraits des privilèges qui lui appartenaient comme Messie et comme Fils de l’homme, ou des choses qui pouvaient lui être agréables comme homme, auxquelles sa propre volonté pouvait collaborer. Satan aurait désiré faire sortir Christ, étant Fils, de la place qu’il avait prise comme serviteur. Christ, par simple obéissance, a lié l’homme fort quant à cette vie, [4:14] puis retournant en Galilée par la puissance de l’Esprit, il l’a dépouillé de ses biens [(Marc 3:27)].
Ôtant et portant les
péchés
Ôter les péchés et porter nos péchés étaient une autre chose. [4:13] Alors
repoussé, Satan le quitta « pour un temps » ;
Gethsémané
mais en Gethsémané, le voilà revenu ; [22:44] et cette fois, c’est avec la
frayeur de la mort qu’il se présente, afin de jeter de l’angoisse dans le coeur
du Sauveur. Et Jésus devait passer par la mort ; et la mort n’était pas
seulement la puissance de Satan, mais le jugement de Dieu sur l’homme, si
l’homme devait être délivré, car c’était la portion de l’homme ; et Jésus seul
en y entrant pouvait en briser les chaînes. Jésus s’était fait homme pour que
l’homme pût être non seulement délivré, mais glorifié ; [Matt. 26:38] aussi la
détresse de son âme fut complète : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la
mort ». L’âme du Sauveur était donc ce que doit être celle de l’homme devant la
présence de la mort, quand Satan y déploie toute sa puissance, avec la coupe du
jugement de Dieu qui n’était pas encore bue ; seulement Christ y était dans la
perfection, car c’est une partie de la perfection que d’être mis à l’épreuve
dans tout ce qui était possible à l’homme. [Héb. 5:7] Mais Jésus fait avec
larmes des requêtes et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la
mort. Pour le moment, l’agonie augmente, car présenter la source de sa
souffrance à Dieu, rend la souffrance plus sensible : c’est ce qui arrive dans
nos petits combats. Mais ainsi la question est résolue en perfection devant
Dieu. [22:44] Son âme est entrée avec Dieu dans ce qui l’éprouve : aussi Jésus
prie avec plus d’instance. Maintenant, il est indispensable qu’il boive cette
coupe, par Lui placée devant les yeux du Père, et que Satan lui présente comme
la puissance de la mort pour son âme. Mais pour obéir à son Père, Jésus la prend
en paix ; et alors la boire n’est que l’obéissance parfaite, au lieu d’être la
puissance de Satan, — quoiqu’elle dût absolument être bue.
La croix
Sur la croix, Jésus, Sauveur de nos âmes, entre dans la seconde phase de ses
souffrances ; il passe sous la mort, comme jugement de Dieu. Séparation de l’âme
de la clarté de la face de Dieu — tout ce que cette âme qui ne jouissait de rien
que de la communion avec Dieu, pouvait souffrir d’une telle privation, le
Sauveur l’a enduré selon sa mesure parfaite de communion avec Dieu, interrompue
dans ce moment solennel. Et il rendait cependant gloire à ce Dieu disant : « Et
toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël » (Ps. 22:3).
La coupe de la colère (car je laisse de côté les outrages et les insultes des
hommes ; — nous pouvons y avoir part) la coupe était donc bue ; mais qui dira
l’horreur de cette souffrance ! C’était la mort avec ses vraies douleurs,
comprise comme Dieu la comprend, et sentie selon la valeur de sa présence
divinement connue, dans un homme qui dépendait de cette présence en tant
qu’homme. Mais tout est accompli ; et ce que Dieu exigeait à l’égard du péché,
est fait, est épuisé, et Dieu est glorifié par cette oeuvre ; de sorte qu’il n’a
qu’à bénir celui qui vient à lui par un Christ vivant, et qui a été mort, et qui
vit éternellement comme homme devant Dieu [(Apoc. 1:17-18)].
Souffrances dans le
corps — Souffrances de la part de l’homme
Quant aux souffrances de Christ dans son corps, toutes réelles qu’elles fussent,
les insultes et les menaces des hommes n’étaient que comme la préface de ses
souffrances, qui, en le privant comme homme de toute consolation, le laissaient
entièrement dans la place du jugement comme étant fait péché, de ses
souffrances1 qu’il endurait en rapport avec le jugement du péché, lorsque Dieu,
qui aurait été sa pleine consolation, l’avait abandonné ; c’était là la source
de l’affliction, laissant tout le reste dans l’oubli.
1 Le Ps. 22 est l’appel de Christ à Dieu devant la violence et la méchanceté de l’homme, quand il se trouve là abandonné et fait péché devant Dieu, mais toutefois parfait dans cette position. Christ a tout souffert de la part de l’homme — hostilité, injustice, désertion, reniement, trahison, et ensuite, quoique se confiant en Dieu, l’abandon. Mais quel tableau que celui du seul Homme juste, qui avait placé sa confiance en Dieu, et qui doit déclarer ouvertement et à tous, à la fin de sa carrière, qu’Il était abandonné de Dieu!
Commentaire entier
John Nelson Darby