Introduction
Ce que présente le Pentateuque
Principes des relations entre Dieu et l’homme, et délivrance du peuple de Dieu
Nous avons parcouru, par la bonté de Dieu, les cinq livres de Moïse, qui nous
ont présenté, d’un côté, les principes sur lesquels reposent dans leurs grands
éléments, tels que la rédemption, le sacrifice, etc., les relations de l’homme
avec Dieu et de Dieu avec l’homme ; et de l’autre, la délivrance d’un peuple mis
à part pour Lui, et toutes les conditions sous lesquelles il se trouve placé,
soit sous la grâce, soit sous forme de promesse, soit sous la loi, soit sous le
gouvernement de Dieu établi sur lui par la médiation spéciale de Moïse.
Histoire du peuple dans
le désert et des conseils divins à son égard
Nous avons pu y examiner son histoire dans le désert, et le modèle des choses
qui devaient être révélées plus tard présenté dans le Tabernacle, les sacrifices
et la sacrificature, moyens de relation avec Dieu accordés aux pécheurs, où
manque, il est vrai, l’image de la parfaite liberté que nous avons de nous
approcher de Dieu, le voile n’étant pas encore déchiré, mais où l’ombre des
choses célestes se trouve placée devant nos yeux avec un détail infiniment
intéressant [(Héb. 8:5)]. — Enfin nous avons vu que Dieu ayant, à la fin du
trajet dans le désert, prononcé la justification définitive de son peuple [(Nomb.
23:21)], et fait reposer sur lui sa bénédiction malgré les efforts de ses
ennemis, déclare sous quelles conditions le peuple retiendrait la possession de
la terre, et y jouirait de sa bénédiction dans la liberté et la grâce du don de
Dieu, en relation immédiate avec Lui-même [(Deut. 28:1-14)] ; enfin, quelles
seraient les conséquences de la désobéissance, révélant en même temps ses
conseils à l’égard de ce peuple, conseils qu’Il accomplirait pour sa gloire [(Deut.
28:15-68)]1. Ceci nous amène à la prise en possession de la terre de la promesse
par le peuple, sous la conduite de Josué.
1 Les révélations typiques contenues dans ces premiers livres et qui, bien qu’entremêlées avec l’histoire, en forment le sujet principal, sont d’une valeur inappréciable pour nous. Seulement les privilèges spéciaux que la grâce souveraine confère aux chrétiens et à l’Assemblée de Dieu n’y sont pas mentionnés.
Le livre de Josué
présente les combats dans l’héritage promis
Parallèle avec les Éphésiens, pour le combat chrétien dans les lieux célestes
Comme le livre des Nombres nous a présenté le voyage spirituel à travers le
désert, voyage pendant lequel la chair est mise à l’épreuve, ce livre-ci est
plein intérêt et d’enseignement, comme nous présentant en type les combats des
héritiers des cieux avec les malices spirituelles dans les lieux célestes [(Éph.
6:12)], lorsque nous y sommes entrés, avec le droit assuré d’y être, mais ayant
à en prendre possession par une énergie qui remporte la victoire sur les
ennemis, alors qu’ils voudraient nous en interdire l’accès. Si l’Église est
bénie de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes [(Éph. 1:3)],
c’était de bénédictions temporelles dans les lieux terrestres qu’Israël allait
jouir. Il est facile de comprendre que si l’on peut, avec raison, employer le
nom de Canaan comme expression figurée du repos du peuple de Dieu, il s’agit
ici, non du repos même, mais des combats spirituels qui assurent aux vrais
croyants la jouissance des promesses de Dieu. La fin de l’épître aux Éphésiens
nous présente ce qui répond précisément à la position d’Israël dans ce livre.
L’Église ayant été vivifiée et ressuscitée avec Jésus, c’est dans les lieux
célestes qu’elle a ses combats ; c’est pour ceux qui y habitent qu’elle est un
témoignage, le témoignage de la sagesse infiniment diverse de Dieu [(Éph.
3:10)]. Si le Jourdain représente la mort, et Canaan le repos et la gloire,
remarquez combien les vues ordinaires des chrétiens s’écartent de la vraie
position chrétienne, car le résultat du passage du Jourdain est la guerre.
L’Ange de l’Éternel vient avec son épée nue, comme chef de l’armée de l’Éternel
[(Jos. 5:13-14)]. Cela nous amène à voir ce que le chrétien doit apprendre,
c’est que dès ici-bas il est mort et ressuscité, qu’il est placé dans les lieux
célestes en Christ [(Éph. 2:6)] et que ses vrais combats ont lieu dans cette
position.
Josué, type de Christ
conduisant Son peuple
Josué représente donc Christ, non pas venant d’en haut en personne pour prendre
possession de la terre, mais conduisant son peuple par la puissance de l’Esprit
qui agit et demeure au milieu de ce peuple. Toutefois, en Josué, ainsi que dans
toutes les autres personnes typiques, on retrouve les fautes et les péchés qui
trahissent la faiblesse de l’instrument et la fragilité du vase où, pour le
moment, Dieu avait daigné mettre sa gloire. Appliquons-nous maintenant à l’étude
de ce livre.
Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-6 — Ordre de l’Éternel à Josué pour faire entrer le peuple en Canaan
Ch. 1 v. 1-2 — Josué, employé par Dieu pour faire passer le Jourdain à Israël
[1:2] Ce chapitre nous montre Josué employé à l’œuvre par l’Éternel, qui lui
ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants
d’Israël.
Possession des
promesses commandées par Moïse de la part de Dieu
Arrêtons-nous un instant sur cette commission directe de l’Éternel. Moïse tient
ici la place, non du médiateur vivant, mais de la Parole écrite. Tout ce qu’il a
commandé, l’ayant été de la part de Dieu, était, il est évident, la parole de
Dieu pour Israël. Josué est l’énergie qui lui fait posséder les promesses.
Ch. 1 v. 3-6 — Prise de
possession en usant de la puissance de Dieu par l’Esprit]
[1:3] Premièrement, nous avons le principe de la prise de possession. Ce n’est
pas par le simple exercice de la puissance divine, comme cela aura lieu à la fin
des temps, mais par l’énergie de l’Esprit et en rapport avec la responsabilité
de l’homme. [1:4] Les limites du pays de la promesse sont données, mais la
connaissance des limites assignées de Dieu ne suffisait pas ; Dieu les avait
tracées très exactement, [1:3] mais la possession était attachée à une condition
: « Je vous ai donné tout lieu que foulera la plante de votre pied ». Il fallait
y aller, surmonter les obstacles avec le secours et par la puissance de Dieu, et
en prendre possession de fait. Sans cela, ils ne le posséderaient pas ; et, en
effet, c’est ce qui est arrivé. Ils n’ont jamais pris possession de tout le pays
donné de Dieu. [1:5] Cependant, pour la foi, la promesse était sûre. « Personne
ne tiendra devant toi, tous les jours de ta vie ». La puissance de l’Esprit de
Dieu, de Christ par son Esprit (vraie énergie du croyant), suffit à tout. Car
elle est, en effet, la puissance de Christ lui-même, qui a toute puissance. En
même temps la promesse de n’être jamais délaissé ni abandonné conservait toute
sa force. Voilà, dans le service du Seigneur, sur quoi l’on peut compter : — sur
une telle puissance de sa présence que nul ne subsistera devant son serviteur,
puissance qui ne l’abandonne jamais. [1:6] C’est avec un tel encouragement, que
celui qui marche par l’Esprit est appelé à se fortifier et à être ferme (v. 6).
Ch. 1 v. 7-9 —
Principes de la vie spirituelle, pour Josué
Ch. 1 v. 7 — Force spirituelle pour obéir selon la parole de Dieu
Nécessité du courage de la foi pour marcher selon Dieu et non selon l’homme
[1:7] Vient ensuite, au verset 7, l’exhortation de l’Éternel : « Seulement
fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon toute la loi
que Moïse, mon serviteur (titre qui lui est toujours donné ici), t’a commandée »
(voyez Deut. 31:6, 8). La force et l’énergie spirituelle, le courage de la foi
sont nécessaires, pour que le cœur ait assez de confiance pour obéir et soit
libre des influences, des craintes et des motifs qui agissent sur l’homme
naturel et tendent à détourner le croyant du chemin de l’obéissance, et qu’il
puisse faire attention à la parole de Dieu.
La force de la présence
de Dieu est indispensable contre la chair
Rien de si déraisonnable, dans le monde, que la marche présentée dans la Parole
; rien qui nous expose comme elle à la haine de son prince. Si donc Dieu n’est
pas avec nous, rien de si insensé ; s’il y est, rien de si sage. Si l’on n’a pas
la force de sa présence, on n’ose pas prendre garde à sa Parole, et dans ce cas
il faut bien se garder de commencer la guerre. Mais, ayant le courage qu’inspire
la toute-puissance de Dieu par sa promesse, on peut retenir la bonne et
précieuse Parole de notre Dieu ; ses préceptes les plus sévères ne sont que la
sagesse pour discerner la chair, et une direction pour la mortifier ; de sorte
que la chair ne nous aveugle ni ne nous entrave.
Le chemin de la
communion avec Dieu est celui du combat, avant le bonheur éternel
Le chemin le plus difficile, celui qui nous mène aux plus rudes combats, n’est
que le chemin de la victoire et du repos, nous faisant avancer dans la
connaissance de Dieu. C’est le chemin dans lequel on est en communion avec Dieu,
Lui qui est la source de toute joie ; ce sont les arrhes et l’avant-goût du
bonheur éternel et infini.
Avancer selon l’ordre
divin pour faire Son œuvre, par grâce
[1:7] Si seulement cette parole du Dieu souverain se fait entendre : « Ne t’en
écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras »,
quelle joie pour celui qui, par la grâce, se met en avant pour faire l’œuvre de
Dieu !
Ch. 1 v. 8 — Étude de
la Parole pour marcher selon Dieu
Principes de l’activité spirituelle : puissance de Dieu et soumission à Sa
Parole
[1:8] Puis l’Éternel l’exhorte à l’étude assidue de ce Livre de la loi, « alors
tu feras réussir les voies, et alors tu prospéreras ». Voilà donc les deux
grands principes de la vie et de l’activité spirituelles : — l° [1:5] La
présence assurée de la toute-puissance de Dieu, de sorte que rien ne pourra
subsister devant son serviteur ; — 2° [1:7] la réception de sa Parole ; la
soumission à sa Parole ; [1:8] l’étude assidue de sa Parole, la prenant pour
guide absolu du chemin, ayant le courage de le faire à cause de la promesse et
de l’exhortation de Dieu.
L’Esprit et la Parole,
indissociables pour suivre le chemin de Dieu
En un mot, l’Esprit et la Parole sont le tout de la vie spirituelle. Munie de
cette force, la foi va en avant, fortifiée par la parole encourageante de notre
Dieu. Dieu a un chemin dans le monde où Satan ne peut nous atteindre. C’est le
chemin où Jésus a marché. Satan est le prince de ce monde, mais il y a un chemin
divin pour le traverser et il n’y en a pas d’autre. C’est là qu’est la puissance
de Dieu. La Parole en est la révélation. Ce fut ainsi que le Seigneur lia
l’homme fort [(Marc 3:27)]. Il agit par la puissance de l’Esprit et se servit de
la Parole. On ne saurait séparer l’Esprit et la Parole, sans tomber dans le
fanatisme d’un côté, ou dans le rationalisme de l’autre, sans se mettre hors de
la dépendance et de la direction de Dieu. La raison s’emparerait des uns,
l’imagination des autres.
La raison et
l’intelligence de l’homme le mettent sous l’influence de Satan
Au reste, rien de plus imaginatif que la raison dépourvue d’un guide ! Comme
résultat, l’ennemi des âmes s’emparerait des uns et des autres. On aurait
l’homme sous l’influence de Satan, à la place de Dieu. Triste échange, dont
l’incrédule se console en se flattant qu’il n’y a rien au-delà de sa portée,
parce qu’il réduit tout aux limites de sa propre intelligence. J’avoue que rien
ne me paraît plus mesquin que cette incrédulité qui prétend qu’il n’y a rien
dans la sphère morale et intellectuelle au-delà des pensées de l’homme, et qui
refuse à l’homme la capacité de recevoir des lumières d’une intelligence plus
excellente, seule chose qui élève l’homme au-dessus de lui-même tout en le
rendant moralement excellent, en lui donnant de l’humilité par le sentiment de
la supériorité d’un autre.
Recevoir la sagesse de
Dieu met l’homme à sa vraie place
Béni soit Dieu de ce qu’il s’en est trouvé qui ont profité de la grâce qui a
communiqué à l’homme de sa sagesse parfaite ! Lors même que le vase imparfait
qui l’a reçue en a altéré un peu les traits et la perfection, néanmoins ils en
ont profité pour se mettre à leur place. Heureuse place devant la présence de
Celui dont la connaissance est la joie infinie et éternelle !
Ch. 1 v. 9 — Agir selon
la volonté de Dieu et avec Lui
Courage d’agir en ayant le sentiment que c’est le commandement de Dieu
[1:9] Il y a encore une règle pratique importante à reconnaître dans ces
paroles, 1:9 : Ne t’ai-je pas commandé ? Si l’on n’a pas la conscience de faire
la volonté de Dieu ; si, avant de commencer d’agir, on ne s’en est pas assuré
auprès de Lui, jamais on n’aura de courage dans l’exécution. Peut-être bien que
ce qu’on fait est la volonté de Dieu ; mais, n’en ayant pas la conscience, on
agira avec hésitation, sans courage et sans joie ; on reculera devant la moindre
objection. Tandis que, lorsqu’on est assuré d’être dans la volonté de Dieu, et
qu’Il a dit : Ne t’ai-je pas commandé ? rien, par la grâce, ne saurait nous
effrayer.
La force dans l’œuvre
ne vient pas de la révélation, mais de la présence de Dieu
J’ajoute cependant un mot, ou plutôt j’attire l’attention du lecteur sur ce que
Dieu dit. Car, bien que le commandement de Dieu inspire un courage qu’on
n’aurait pas eu sans cela, aucune révélation n’est par elle-même la force pour
agir ; [1:9] mais Dieu ajoute : « Ne te laisse point terrifier, et ne sois point
effrayé ; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi partout où tu iras ». Nous avons
dans le Nouveau Testament un exemple frappant du principe dont je viens de
parler. L’apôtre Paul monte dans le troisième ciel, où il entend des choses dont
il n’est pas permis à l’homme de parler [(2 Cor. 12:2, 4)]. Est-ce que cela a
été sa force dans le combat ? Sans doute cela donnait à ses vues une portée
intérieure qui réagissait sur toute son œuvre, mais ce n’était pas sa force dans
l’œuvre. Au contraire, cela tendait à alimenter la fausse confiance de la chair.
Au moins la chair en aurait profité pour s’enorgueillir [(2 Cor. 12:7)].
Exemple de Paul en 2
Cor. 12:1-10 et nécessité de l’infirmité de la chair
[2 Cor. 12:7] De telles révélations rendaient l’humiliation nécessaire, et
amenaient de la part de Dieu, non de nouvelles grâces (quoique tout fût grâce),
mais ce qui humiliait et rendait l’apôtre infirme et méprisable1 selon la chair
[(2 Cor. 10:10)]. [2 Cor. 12:10] Alors, étant faible, la force lui est donnée
autrement : non dans l’emploi, ni dans la conscience des révélations, cela
l’aurait rendu faible en prêtant à l’élévation de la chair, mais dans la grâce
et la force de Christ qui agissait dans cette infirmité. Là était sa seule force
; [2 Cor. 12:9] et il se glorifie de cette infirmité dans laquelle la puissance
de Christ s’accomplissait en lui, qui était l’occasion de la manifestation de
cette puissance, et qui, en démontrant que Paul était faible, démontrait que
Christ lui-même était dans l’œuvre avec Paul. Il nous faut toujours une force
immédiate de Christ, agissant de sa part, — force qui s’accomplit dans
l’infirmité, pour faire son œuvre — force constante ; hors de lui nous ne
pouvons rien faire. Souvenons-nous de cette vérité.
1 Une vaine curiosité cherche quelle pouvait être cette écharde. Peu nous importe ce que c’était. Il peut y avoir une écharde différente pour chaque cas où Dieu trouve bon d’en envoyer. Ce sera toujours quelque chose de propre à humilier celui qui en a besoin. Il suffit pour notre instruction spirituelle de savoir, par la Parole, que c’était, quant à Paul, une infirmité qui tendait à le faire mépriser dans sa prédication (voyez Gal. 4:14 ; 2 Cor. 10:10). Le but de Dieu dans une telle épreuve est trop évident à toute âme spirituelle, pour qu’il soit nécessaire d’y insister.
Ch. 1 v. 12-18 — Cas de
ceux qui ont choisi leur héritage en deçà du Jourdain
Héritage choisi hors de Canaan, bien que dans les limites d’Israël
Je n’ajoute qu’un mot sur la fin du chapitre. [1:14] Il est des chrétiens (je ne
puis dire approuvés de Dieu) qui s’arrangent en deçà du Jourdain (c’est-à-dire
en deçà de la puissance de la mort et de la résurrection appliquées à l’âme par
l’Esprit de Dieu). Le territoire où ils s’établissent n’est pas l’Égypte ; il
est au delà de la mer Rouge ; il est dans les limites du pays d’Israël ; hors
d’Égypte et en deçà de l’Euphrate, fleuve babylonien. Mais ce n’est pas Canaan.
C’est un pays qu’ils ont choisi pour leur bétail et pour leurs possessions ; ils
y établissent leurs enfants et leurs femmes. Ce n’est pas Josué qui a conquis ce
pays-là ; ce n’est pas le lieu du témoignage de la puissance de l’Esprit de
Dieu, ce Canaan qui est au-delà du Jourdain.
Participation aux
combats d’Israël, et exposition première à l’ennemi
[1:14] Cependant, lors même qu’on peut y placer ses enfants et les siens, il
faut, bon gré malgré, que les hommes de guerre prennent part aux combats des
enfants de Dieu, [1:15] qui ne veulent du repos que là où se trouve la puissance
de Dieu, c’est-à-dire en Canaan, dans les lieux célestes, tous les ennemis en
ayant été chassés. Aussi, lorsque le péché d’Israël, et la faiblesse qui en
était la suite, ont exposé le peuple aux attaques triomphantes de leurs ennemis,
des ennemis de Dieu, ce pays est tombé le premier en leur pouvoir. « Savez-vous
que Ramoth de Galaad est à nous ? » (1 Rois 22:3) n’a pas porté bonheur au
peuple mécontent de sa perte. [1:16-17] Pour le moment tout allait bien,
c’est-à-dire aussi longtemps que Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé
demeuraient sous l’autorité de Josué, et que, par lui, la puissance de Dieu
conduisait le peuple. [1:18] Eux aussi, disent à Josué ce que Dieu lui avait dit
: « Fortifie-toi et sois ferme ».
Tristes conséquences
d’une marche dans un chemin inférieur à celui de Dieu
Que de fois, au milieu des enfants de Dieu, il s’introduit une marche ou un
principe inférieur à l’excellence de l’œuvre qui se fait dans l’intention de
Dieu ; qui, aussi longtemps que la puissance de Dieu agit selon cette intention,
ne se dégage pas, pour ainsi dire, de l’œuvre, pour se mettre en relief et y
produire de l’affliction et du malaise ! Mais, lorsque le fleuve divin baisse à
la suite de l’infidélité de l’homme, alors paraissent des fruits amers : des
pertes spirituelles, de la faiblesse, de l’amertume de cœur, de ces divisions
qui résultent de l’impossibilité de concilier ce qui est spirituel avec ce qui
est charnel, et de conserver un témoignage spirituel en se conformant à la
marche du monde [(chap. 23)]. Or, ce témoignage est au-delà du Jourdain. Que les
deux tribus et demie suivent ce chemin, à la bonne heure [(22:19)] ; mais on ne
peut sortir de Canaan pour prendre place avec elles. Hélas ! ces belles
prairies, propres à nourrir le bétail, n’ont trouvé que trop de Lot et de tribus
d’Israël pour s’y arrêter en pure perte. Les bas-fonds qui se rencontrent dans
notre voyage chrétien se traversent sans danger peut-être à la marée haute ;
mais, lorsque la marée est basse, il faut des pilotes habiles pour les éviter et
flotter toujours dans le plein courant de la grâce de Dieu, dans le lit qu’elle
s’est creusé elle-même, et pour elle-même ; mais il en est un sûr et constant,
et nous y sommes en sûreté si nous sommes contents de le suivre. Dieu nous a
donné ce qu’il faut pour cela. Peut-être faudra-t-il se contenter d’un petit
canot — le pilote infaillible y sera.
Les pensées de la foi
ne regardent qu’aux promesses, non aux considérations matérielles
Au premier moment, Moïse n’avait pas été satisfait de la proposition des deux
tribus et demie [(Nomb. 32)]. La chose était permise sans doute. Mais, en
général, les premières pensées de la foi sont les meilleures ; elles
n’envisagent que les promesses, le plein effet des promesses et des pensées de
Dieu. Les considérations qui viennent après ne se rapportent pas à cela.
Chapitre 2
Nous avons ici l’histoire intéressante de Rahab.
La grâce divine brille
même au-delà de ses limites, pour la foi
Jalons de la grâce pour la foi, quand Dieu doit rétrécir Ses voies envers
l’homme
Qu’il est beau de voir la grâce de Dieu plaçant, dès le commencement, ses jalons
pour que les yeux de la foi aient une direction sûre à mesure que Dieu est
obligé de rétrécir ses voies à l’égard de l’homme, et de se limiter dans ses
relations avec lui, jusqu’à ce que le précieux sang de Christ ait donné à cette
grâce tout son essor et sa liberté. Semence de la femme, semence d’Abraham,
semence de David, cela se rétrécit toujours plus. Les promesses même, quant au
gouvernement de Dieu, font place à la loi, jusqu’à ce qu’un petit résidu
d’Israël devienne le vase, orgueilleux en proportion de sa misère, d’un encore
plus petit résidu de fidèles qui attendaient la rédemption d’Israël.
Dieu dépasse en grâce
les limites de Ses voies, pour les fidèles affaiblis
Et que de pensées bornées, quoique vraies, se trouvèrent dans le cœur de ces
précieux fidèles, comparées à l’attente d’un Abraham et aux déclarations
solennelles d’un Énoch ! Le Seigneur, toujours parfait, toujours précieux, a
bien pu dire (on le comprend, quoique les profondeurs de son cœur aient été
infiniment au delà de notre courte sonde) : « J’ai à être baptisé d’un baptême ;
et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » [(Luc 12:50)].
Mais il y a toujours eu de ces jalons pour la foi. Si Dieu agit, il va au-delà
des bornes qui limitent ses voies gouvernementales du moment, et dépasse ses
relations établies avec les hommes.
Exemple parfait de
Jésus avec la femme syrophénicienne, en Matt. 15
C’est ainsi que la nature divine de Jésus et les droits divins de sa personne se
manifestent. Il n’est envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël [(Matt.
15:24)]. Voilà les limites de ses relations formelles avec les hommes. Mais si
la foi saisit la bonté de Dieu, est-ce que cette bonté peut se nier, ou se
borner à ceux qui, pour le moment, servent de cadre à ses voies de gouvernement
? Non, Christ ne saurait dire : Dieu n’est pas bon ; je ne suis pas bon comme
vous le supposez. Comment Dieu se renierait-Il ? La syrophénicienne obtient ce
qu’elle demande [(Matt. 15:28)]. Précieuse prérogative de la foi qui sait
connaître et reconnaître Dieu à travers tout, qui l’honore tel qu’Il est et le
trouve toujours ce qu’Il est.
Manifestation de la foi
de Rahab
La foi de Rahab reconnaît que Dieu est avec Son peuple, même misérable
En quoi se manifeste la foi de Rahab que l’apôtre cite comme exemple [(Héb.
11:31)] ? démonstration admirable que la manière dont Dieu agit en grâce est
avant et au-dessus de la loi, que la grâce franchit la limite imposée aux hommes
par la loi, tout en maintenant son autorité ; autorité toutefois qui ne se fait
jour qu’en condamnation. Quelle est, dis-je, cette foi de Rahab ? [2:9] C’est la
foi qui reconnaît que Dieu est avec son peuple, tout faible et tout petit qu’il
soit, ne jouissant pas de son héritage, errant sans patrie sur la terre, mais
aimé de Dieu.
Puissance du peuple de
Dieu quand Il le conduit, malgré l’adversité
Si Abraham a cru Dieu lorsqu’il n’y avait point de peuple, Rahab s’est
identifiée avec ce peuple, lorsqu’il n’avait autre chose que Dieu. [2:9] Elle
savait bien que l’héritage était à ce peuple ; [2:11] elle comprenait, quelle
que fût la puissance de ses ennemis, malgré leurs villes murées et leurs
chariots de fer, que leur cœur s’était fondu. C’est toujours le cas des
instruments de l’ennemi, quelles que soient, du reste, les apparences, lorsque
le peuple de Dieu est sous la conduite de l’Esprit de Dieu dans le chemin de
l’obéissance que Dieu lui a tracé.
Salut par la foi pour
tous ceux qui croient, pour la gloire de Dieu
Ainsi, au milieu des gentils, cette pauvre pécheresse, membre méchant et méprisé
d’une race maudite et vouée à la destruction, est sauvée, et son nom est un
témoignage à la gloire de Dieu. [2:18-19] Sa maison reconnue à cette marque
assurée, le cordon de fil écarlate, devient la retraite et la sauvegarde de tous
ceux qui s’y retirent ayant la foi à la parole donnée.
Chapitre 3
Le Jourdain, image de la mort comme puissance spirituelle
Contraste entre la mer Rouge et le Jourdain, deux images différentes de la mort
La mort, délivrance du jugement de Dieu ou opposition de l’ennemi
Maintenant le peuple va entrer dans la terre de la promesse. Mais comment y
entrer ? Voilà le Jourdain, au plus fort de la crue de ses eaux [(3:15)], qui se
présente comme une barrière devant le peuple de Dieu, gardant les domaines de
ceux qui s’opposent à ses espérances. Or, le Jourdain représente la mort, mais
la mort envisagée plutôt comme terme de la vie humaine et signe de la puissance
de l’ennemi, que comme fruit et témoin du juste jugement de Dieu. Le trajet de
la mer Rouge était bien aussi la mort, mais le peuple était là comme participant
à la mort et à la résurrection de Jésus (en figure), comme accomplissant son
rachat et les libérant pour toujours de l’Égypte, lieu de leur esclavage,
c’est-à-dire de leur place dans la chair et ainsi de toute la puissance de
Satan, comme le sang sur les linteaux des portes les avait délivrés du jugement
de Dieu1. C’est alors que le peuple entrait dans le pèlerinage du désert.
Œuvre accomplie par
Jésus dans Sa mort, et notre position avec Lui
1 Il est important de considérer d’abord Jésus seul, soit dans la vie, soit dans
la mort. C’est là que nous voyons dans sa perfection la position chrétienne. Il
est également important de savoir que Dieu nous voit comme ayant été en Lui dans
la mort et que sa position exprime la nôtre, que Dieu nous voit comme étant en
Lui dans sa vie, et que telle est notre place actuelle devant Dieu. Mais nous
sommes aussi appelés à prendre de fait et par la foi cette position en Esprit.
La mer Rouge vient en premier lieu : c’est la mort, mais la mort de Christ. Le
Jourdain est notre entrée dans la mort avec Christ. La mer Rouge était la
délivrance d’Égypte, le Jourdain, l’entrée en Canaan ou plutôt un état subjectif
qui s’y rapporte spirituellement. Ce n’est pas la possession du pays, tel que
Christ ressuscité seul nous l’a acquise, mais cette possession réalisée par la
foi en ceux qui sont maintenant ressuscités avec Christ.
Être assis dans les lieux célestes est une chose entièrement distincte, établie sur un pied distinct, comme étant absolument l’œuvre de Dieu.
La mer Rouge était la condamnation du péché dans la chair en Christ fait péché et mort pour le péché et pour nous la délivrance quand elle est connue par la foi. De fait, cette délivrance est le Jourdain, seulement ce dernier va plus loin : il nous amène, comme ressuscités avec Lui, dans l’état qui convient à ceux qui ont part à l’héritage des saints dans la lumière. En traversant le Jourdain, le peuple suivait l’arche, mais cette dernière restait au milieu du fleuve, y déployant sa puissance contre la mort jusqu’à ce que tout le peuple eût passé [(3:17)].
La mer Rouge : salut
acquis par la mort de Christ, introduisant dans le pèlerinage terrestre
Le rachat, le salut parfait qui a été acquis par le précieux sang de Jésus,
introduit le chrétien dans ce pèlerinage. Avec Dieu, il ne fait que traverser le
monde comme une terre déserte, altérée et sans eau [(Ps. 63:1)]. Cependant ce
pèlerinage, tout en étant la vie d’un racheté, n’est que la vie ici-bas1.
1 À cela répond l’épître aux Romains.
Épreuve de la position
chrétienne ici-bas, et combats spirituels contre Satan
Mais, ainsi que nous avons vu, il y a la vie céleste, les combats qui se livrent
dans les lieux célestes, en même temps que la traversée du désert. Quand je dis
en même temps, je ne veux pas dire dans le même moment, mais dans la même
période de notre vie naturelle en ce monde. Autre chose sont les moments où nous
traversons ce monde fidèlement ou infidèlement dans les circonstances de chaque
jour, sous l’influence de l’espérance d’une meilleure patrie [(Héb. 11:16)] ;
autre chose est de livrer des combats spirituels pour la possession des
promesses et des privilèges célestes. Cela suppose que nous sommes réellement
nés de nouveau. (Rom. 8:29-30). Le voyage du désert après Sinaï suppose le fait
de cette position chrétienne, mais sa réalité individuelle y est mise à
l’épreuve. C’est à cela que se rapportent tous les « si » du Nouveau Testament.
Ils envisagent le chrétien comme étant en chemin pour atteindre le pays céleste,
mais ayant la promesse certaine, s’il est dans la foi, d’être gardé jusqu’à la
fin. Les « si » nous gardent dans la dépendance, mais dans celle de la fidélité
infaillible de Dieu quand il s’agit de remporter la victoire sur le pouvoir de
Satan. Il n’y a pas de « si » pour la rédemption ou pour la position actuelle de
ceux qui ont été scellés. Nous sommes des hommes déjà morts et ressuscités,
comme n’étant absolument plus de ce monde. Ces deux choses se réalisent dans la
vie chrétienne. Or, c’est comme mort et ressuscité en Christ qu’on est dans le
combat spirituel. Pour faire la guerre en Canaan, il faut avoir passé le
Jourdain1.
1 À cela répond l’épître aux Éphésiens ; seulement cette épître n’a rien à faire avec notre mort au péché. On n’y trouve quant à cette question que l’acte de Dieu qui nous a pris, quand nous étions morts dans nos péchés, pour nous placer en Christ dans les lieux célestes. L’épître aux Colossiens touche partiellement ces deux points et nous présente une vie de résurrection ici-bas, mais elle ne nous place pas dans les lieux célestes — seules nos affections s’y trouvent. Par « vie céleste » j’entends : vivre en Esprit dans les lieux célestes. Christ ici-bas y était divinement ; nous y sommes comme unis à Lui par le Saint Esprit.
Le Jourdain : Position
céleste nouvelle de ceux morts et ressuscités avec Christ — Lien avec Phil. 3
Le Jourdain est donc la mort et la résurrection avec Christ, considérées dans
leur puissance spirituelle, non dans leur efficace pour la justification du
pécheur, mais dans le changement de position et d’état opéré en ceux qui ont
part à la mort et à la résurrection pour réaliser la vie en rapport avec les
lieux célestes où Christ est entré1. La comparaison de Phil. 3 et Col. 2 et 3
montre la liaison de la mort et de la résurrection avec le vrai caractère de la
circoncision de Christ. En Phil. 3 [(v. 20-21)], le retour de Christ est
introduit comme devant mettre la dernière main à l’œuvre par la résurrection du
corps. [Phil. 3:14] Nous ne sommes pas considérés comme étant maintenant
ressuscités avec Lui, mais dans les Philippiens nous sommes engagés pratiquement
dans la course vers le but, ayant en vue Christ et la résurrection qui
caractérisent cette épître. On n’y trouve pas ce que la foi affirme au sujet de
notre position, mais la course présente, en vue de l’atteindre et de la
posséder. [Phil. 3:8-10] Cet état est donc objectif en ce sens qu’il n’est pas
question d’être en Christ ou même avec Lui, mais de gagner Christ et la
résurrection d’entre les morts. Paul avait fait la perte de toutes choses à
cause de l’excellence de cette connaissance et il désirait connaître la
puissance de la résurrection de Christ. Même la justification est considérée
dans cette épître comme étant à la fin de la course. Dans l’un et l’autre
passage, il y a une application du moment actuel à la vie céleste, mais il y a
séparation complète, même ici-bas, entre le pèlerinage et cette vie céleste,
quoique cette dernière influe puissamment sur le caractère de notre vie de
pèlerinage, et cela introduit un sujet très important, mais que je ne puis
traiter à fond ici : le rapport entre la vie, en tant que manifestée ici-bas, et
les objets qu’elle poursuit. « Ceux qui sont selon l’Esprit » ont leurs pensées
« aux choses de l’Esprit » [(Rom. 8:5)]. La vie nouvelle découle de ce qui est
divin et céleste — de Christ (et ceci est le sujet spécial de l’enseignement de
Jean) ; de là vient qu’elle appartient à l’état de résurrection en gloire, où
elle a sa place et son plein développement. — [Phil. 3:20] Notre « bourgeoisie »
est céleste, ce qui fait de nous des pèlerins — la vie céleste appartient au
ciel : « Le second homme est venu du ciel » (1 Cor. 15:47). Le plein
développement de cette vie ne comporte pas le pèlerinage ; nous sommes chez
nous, dans la maison du Père, comme Christ, tandis qu’ici-bas cette vie se
développe dans notre pèlerinage et a le caractère de son origine céleste. Son
développement est croissant, croissante son intelligence de ce qui est céleste
(voyez 2 Cor. 3:3, 17, 18 ; Éph. 4:15 ; 1 Jean 3:2, 3 et beaucoup d’autres
passages).
1 Ceci n’est pas simplement : posséder une vie communiquée par le Fils de Dieu, mais passer comme être moral d’une condition dans une autre, d’Égypte en Canaan, le désert étant omis et considéré comme un autre sujet. Sous cet aspect la mer Rouge et le Jourdain sont en liaison immédiate.
Mort et résurrection de
Jésus nous introduisant dans la vie céleste qu’Il a vécue
Notre vie ici-bas découle de la mort et de la résurrection de Christ, à Son
image
Notre objet étant dans le ciel, cela fait nécessairement de nous des étrangers
et des pèlerins ici-bas, déclarant dans la mesure de notre fidélité que nous
recherchons une patrie (Hébr. 11:14), la patrie à laquelle notre vie appartient.
En vertu de cela cette vie se forme pour représenter Christ ici-bas ; elle
s’adapte à la scène que nous traversons, y a des devoirs, une obéissance, un
service. Le point de départ de cette vie se trouve en ce que, sous un aspect,
nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et que, sous l’autre, nous sommes
assis en Lui dans les lieux célestes [(Éph. 2:6)]. Le second aspect n’est pas
notre sujet ici ; il touche à la doctrine des Éphésiens, tandis que le premier
est plutôt la doctrine des Colossiens. Christ, comme homme dans ce monde,
quoiqu’il fût lui-même cette vie et sa manifestation ici-bas durant le
pèlerinage, avait cependant des objets : « À cause de la joie qui était devant
lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis… » (Hébr. 12:2),
et cela est d’un profond intérêt. Sa vie — Dieu lui-même — est davantage la
doctrine de Jean ; elle était ce qui devait être exprimé — exprimé dans son
adaptation à la terre qu’il traversait ; mais, étant un vrai homme, il marchait,
ayant des objets devant lui qui agissaient sur sa conduite.
Vie céleste manifestée
en Christ, sans rien de commun avec ce qui est de la terre
Le fait qu’il était cette vie et que, pour la vivre, il n’avait pas à mourir à
Lui-même, comme nous avons à mourir à notre mauvaise nature, rend son cas plus
difficile à saisir ; mais l’obéissance (et il l’a apprise [(Héb. 5:8)]), la
souffrance, la patience, tout cela se rapportait à sa position ici-bas ; la
compassion, la grâce envers ses disciples et tous les traits de sa vie (bien
qu’elle fût divine et qu’il pût dire : le fils de l’homme qui est dans le ciel
[(Jean 3:13)]) toutes ces choses étaient le développement de la vie céleste et
divine ici-bas. Son influence était absolue et parfaite dans le cas du Seigneur
Jésus. Mais sa vie en relation avec les hommes, bien qu’expression toujours
parfaite de l’effet de sa vie de communion céleste et de nature divine, en était
évidemment distincte. La joie de la vie céleste mettait absolument de côté tous
les motifs d’agir de la vie terrestre ; et, amenant les souffrances de sa vie
terrestre en relation avec l’homme, produisait la vie de patience parfaite
devant Dieu. En lui tout était sans péché, mais sa joie elle-même était ailleurs
— sauf en agissant en grâce au milieu de l’affliction et du péché — une joie
divine. Dans le chrétien, aussi, rien n’est commun entre ses deux vies. La
nature n’entre nullement dans celle d’en haut. Dans celle d’ici-bas, il est des
choses qui tiennent à la nature et au monde, non dans le mauvais sens du mot
monde, mais en tant que création. Rien de cela n’entre dans la vie de Canaan.
Christ traverse la mort
et ressuscite par la puissance divine, nous frayant le chemin
Christ seul a pu traverser la mort, épuisant sa force en se tenant là pour
répandre le sang de l’alliance éternelle, et a pu en ressortir dans la réalité
de la puissance de la vie qui était en lui, « car en lui était la vie » [(Jean
1:4)]. Mais cela eut lieu par une puissance divine propre. Dieu a ressuscité
Christ d’entre les morts en témoignage de la pleine acceptation de son œuvre.
Christ étant Dieu pouvait dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le
relèverai » [(Jean 2:19)]. Et : « Il n’était pas possible qu’il fût retenu par
la mort » (Actes 2:24), mais ce n’est pas par aucune puissance de vie
spirituelle comme homme, qu’il s’est ressuscité lui-même ; quoique nous sachions
que, comme il laissa sa vie lui-même, il la reprit, et cela par le commandement
qu’il avait reçu de son Père [(Jean 10:18)]. En sorte qu’en ceci nous ne pouvons
séparer la déité et l’humanité. Je parle de l’acte et non de la personne. Il
avait le pouvoir de reprendre sa vie, mais c’était toujours l’obéissance. C’est
ainsi que nous sentons à chaque pas que nul ne connaît le Fils sinon le Père
[(Matt. 11:27)]. Il a frayé ce chemin. Il a fait de la mort une puissance qui
détruit cette chair qui nous entrave, et une délivrance de ce qui, en nous,
donne prise à l’ennemi avec lequel nous avons à combattre, étant dès lors
introduits en Canaan. C’est pour cela que l’apôtre dit : « Toutes choses sont à
vous,… soit vie, soit mort » [(1 Cor. 3:22)]. Or, tout vrai chrétien est mort et
ressuscité en Jésus ; le savoir et le réaliser, c’est autre chose. Mais la
parole de Dieu nous présente les privilèges du chrétien selon leur vraie force
en Christ.
Jésus nous ouvre le
chemin à travers la mort qu’il a vaincue
[3:4] L’arche de l’Éternel passait devant le peuple qui devait laisser la
distance de deux mille coudées entre elle et lui, afin qu’il connût le chemin où
il devait marcher ; car il n’avait pas ci-devant passé par ce chemin-là. Qui, en
effet, a traversé la mort pour ressusciter au delà de sa puissance, avant que
Christ, vraie arche de l’alliance, ait frayé ce chemin ? L’homme innocent et
l’homme pécheur n’y pouvaient rien. Ce chemin leur était également inconnu,
ainsi que la vie céleste qui en est la suite. Celle-ci, dans sa propre sphère,
et dans les exercices dont il est parlé ici, est tout entière au delà du
Jourdain ; les scènes des combats spirituels n’appartiennent pas à l’homme dans
la vie d’ici-bas, bien que, comme nous l’avons vu, la réalisation des choses
célestes dans lesquelles nous sommes introduits, agisse sur le caractère de
notre marche, et que les afflictions et les épreuves que nous rencontrons,
tendent, par la grâce de Dieu, à nous rendre plus claire la vision de la gloire
que nous espérons (voyez Rom. 5:2, 5, et comment le v. 5 revient à l’espérance
du v. 2). Toute l’expérience du désert, quelque fidèle qu’elle soit, n’y entre
directement pour rien, bien que les grappes de Canaan puissent encourager sa
marche [(Nomb. 13)]. Mais Christ a détruit pour les siens toute puissance de
mort, en tant que puissance de l’ennemi et symbole de son empire ; elle n’est
que le témoin de la puissance de Jésus. C’est bien la mort mais, comme nous
l’avons dit, c’est la mort de ce qui nous entrave.
Accomplissement de tous
les conseils éternels de Dieu
Dieu accomplira, en puissance et en gloire, Ses conseils auxquels l’homme a
manqué
J’ajouterai quelques courtes remarques. [3:11] C’est le titre de « Seigneur de
toute la terre », que Josué répète comme étant celui que Dieu prend ici ; car
c’est en témoignage de cette puissante vérité que Dieu avait planté Israël en
Canaan. Aussi Il établira en puissance selon ses conseils ce qui avait été placé
entre les mains d’Israël, pour qu’il le gardât selon sa responsabilité. Ce
dernier principe est la clef de toute l’histoire de la Bible, quant à l’homme, à
Israël, à la loi et à tout ce dont elle s’occupe. Toutes choses sont d’abord
confiées à l’homme qui faillit toujours, et alors Dieu les accomplit en
bénédiction et en puissance, mais avec une gloire infiniment supérieure, selon
ses conseils dans le second Adam, avant la création du monde.
L’établissement
d’Israël, accomplissement du but final de Dieu pour Son peuple
Ainsi ce chapitre nous fournit des indices très clairs de ce dont Dieu assure
l’accomplissement dans les derniers jours, [3:11] lorsqu’il se montrera en effet
Seigneur de toute la terre, en Israël ramené en grâce par sa puissante efficace.
Et il faut être attentif à ce témoignage rendu au but de Dieu en établissant
Israël dans sa terre. [3:15] Le temps de la moisson viendra et la force de
l’ennemi débordera. Mais comme chrétien on est déjà au delà. La force de
l’ennemi a franchi toute limite dans la mort de Jésus, et l’on ne dit pas
maintenant : « Seigneur de toute la terre », mais : « Il a toute puissance dans
les cieux et sur la terre ».
Remarquons encore comment Dieu encourage son peuple. [1:2-3] Il faut combattre, il faut que la plante des pieds soit posée en chaque lieu de la terre de promesse pour la posséder, et que dans les combats on sente et la force de l’ennemi et l’entière dépendance de Dieu. Mais quand on combat franchement pour lui, Dieu veut aussi qu’on sache que la victoire est assurée. [2:24] Les espions disent à Josué : « Oui, l’Éternel a livré tout le pays en nos mains, et aussi tous les habitants du pays se fondent devant nous ». Voilà ce qu’on sait et ce qu’on éprouve par le témoignage du Saint Esprit, si différent de celui de la chair, apporté par les dix hommes qui étaient revenus avec Caleb et Josué [(Nomb. 13:32-34)].
Chapitre 4
Mémorial de la mort dont le peuple a été délivré
Mais si l’on est introduit dans une vie qui est au delà de la mort par la
puissance de l’Esprit de Dieu, en tant que morts et ressuscités en Christ, il
faut se souvenir de cette mort par laquelle on a été délivré de ce qui était en
deçà d’elle, de la ruine de l’homme tel qu’il est et de la création déchue à
laquelle il appartient. [4:2] Douze hommes, un de chaque tribu, [4:3] devaient
apporter des pierres du milieu du Jourdain, du lieu où les sacrificateurs
s’arrêtaient de pied ferme avec l’Arche, pendant que tout Israël passait à sec.
Le Saint Esprit apporte avec lui, pour ainsi dire, le mémorial émouvant de la
mort de Jésus, par la puissante efficace de laquelle il a fait tourner en vie et
en délivrance tout l’effet de la force de l’ennemi de nos âmes. La mort monte
avec nous du fond de la tombe de Jésus, non plus maintenant comme mort ; elle
est devenue vie pour nous. [4:20] Ce mémorial devait être placé à Guilgal,
circonstance dont la force sera considérée dans le chapitre suivant ; nous ne
nous arrêtons ici que sur le mémorial même. Les douze pierres pour les douze
tribus présentaient l’ensemble des tribus de Dieu. Ce nombre est le signe de la
perfection dans les instruments humains, en rapport ici comme ailleurs avec le
Christ, comme dans le cas des pains de proposition [(Lév. 24:5-7)].
Mémorial de la mort de
Christ pour les chrétiens unis en un
Ici encore l’Esprit nous assigne une place plus avancée, à nous chrétiens. Il y
avait douze pains de proposition, et nous n’en formons qu’un seul dans notre vie
d’union par le Saint Esprit avec Christ notre chef, vie qui est celle dont nous
parlons ici. Or, c’est sa mort qui nous est rappelée par le mémorial que nous a
laissé la tendre bonté du Seigneur, qui daigne attacher du prix à notre souvenir
de son amour [(Luc 22:19-21)].
Boire le sang de Christ
comme mémorial de Sa mort qui nous délivre
Je ne parle ici de ce mémorial que comme étant le signe de ce qui devrait
toujours être une réalité. Nous mangeons sa chair, nous nous abreuvons de sa vie
donnée pour nous [(Jean 6:53-56)]. Étant un maintenant dans la puissance de
notre union avec Christ ressuscité et glorifié, car je parle ici de notre
position tout entière, étant morts au monde et au péché, [4:8] c’est du fond du
fleuve où Il est entré pour en faire le chemin de la vie pour nous, de la vie
céleste, que nous rapportons le précieux mémorial de son amour et du lieu où il
a accompli son œuvre. [1 Cor. 11:24-25] C’est un corps1 dont la vie par le sang
est terminée, que nous mangeons, un sang versé que nous buvons ; et c’est
pourquoi le sang était absolument interdit à Israël selon la chair [(Lév.
17:14)] ; car, comment boire la mort quand on est mortel ? Mais nous nous en
abreuvons, parce que, vivant avec Lui, nous vivons par la mort de Christ, et
c’est en réalisant la mort de ce qui est mortel que nous vivons avec lui. Le
souvenir du Jourdain, de la mort lorsque Christ y était, est celui de la
puissance qui a assuré notre délivrance dans la dernière forteresse de celui qui
avait l’empire de la mort. C’est le souvenir de l’amour qui y est descendu, afin
que, quant à nous, elle perdît toute sa puissance, sauf pour nous faire du bien
et nous être témoin d’un amour infini et immuable.
1 Le mot rompu (1 Cor. 11:24) a été introduit à tort dans le texte ordinaire. Ce fut après que, dans l’intégrité de sa force, il eut remis son esprit entre les mains de son Père [(Luc 23:46)], que le sang fut répandu par la lance du soldat [(Jean 19:34)]. Il a laissé sa vie de Lui-même [(Jean 10:18)].
La puissance de la vie
de résurrection donne la force pour nous appliquer la mort
La puissance de la vie en résurrection ôte toute force à Satan. « Celui qui est
né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » [(1 Jean
5:18)]. Dans notre vie terrestre, ayant la chair en nous, nous sommes exposés à
la puissance de l’ennemi, quoique la grâce de Christ soit suffisante pour nous,
sa puissance s’accomplissant dans l’infirmité [(2 Cor. 12:9)], mais la créature
n’a pas de force contre lui, lors même qu’elle ne serait pas entraînée dans un
mal positif. Mais si la mort est devenue notre abri, nous faisant mourir à tout
ce qui donne prise à Satan, celui-ci que pourrait-il faire ? Peut-il tenter un
mort ou vaincre celui qui vit après la mort ? Or, si cela est vrai, le réaliser
en pratique est nécessaire aussi. Vous êtes morts, c’est pourquoi mortifiez
(Col. 3 [v. 3, 5]). C’est là ce que veut dire Guilgal. Bien plus, il nous faut
toujours porter dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus
soit manifestée dans notre corps. (2 Cor. 4:10)1.
1 Col. 3:3 est la déclaration de Dieu au sujet de notre position. Rom. 6 [(v. 11)], l’exhortation à prendre cette position par la foi. 2 Cor. 4 [(v. 10)], sa réalisation en pratique quant à l’homme intérieur. De même Col. 3:5-17.
Chapitre 5
Ch. 5 v. 1-9 — La circoncision, mortification de la chair
La circoncision, première étape en Canaan, avant la conquête
La mortification de soi-même précède la lutte contre l’ennemi
Il ne s’agit pas encore de prendre des villes, de réaliser les magnifiques
promesses de Dieu. Il faut auparavant la mortification de soi-même. Avant de
vaincre Madian, Gédéon a dû renverser l’autel qui était chez lui [(Jug. 6)].
Le désert est l’épreuve
de la chair, non la mort qui lui est appliquée
[5:5] Remarquez ensuite que le désert n’est pas le lieu où s’accomplit la
circoncision, lors même qu’on y a été fidèle. Le désert est le caractère que
prend le monde quand nous avons été rachetés. C’est là que la chair qui est en
nous est actuellement éprouvée. La mort et notre entrée dans les lieux célestes
jugent toute la nature dans laquelle nous vivons dans ce monde. Mais alors, en
vertu de notre mort et de notre résurrection avec Christ, la mort est appliquée
pratiquement et la circoncision est l’application de la puissance de l’Esprit à
la mortification de la chair chez celui qui a part à la mort et à la
résurrection de Jésus (comp. 2 Cor. 4:10, 12). Ainsi, Paul dit (Phil. 3 [v. 3])
: « Nous sommes la circoncision ». Quant à la vie extérieurement morale, il
l’avait déjà. Avait-il ajouté la vraie piété à sa religion de forme, la vraie
crainte de Dieu à ses bonnes œuvres ?
Pour les chrétiens, la
circoncision est l’application de la mort de Christ au péché
Participation à la vie céleste de Christ ressuscité
C’était bien plus que cela. Christ avait tout remplacé en lui : premièrement, en
fait de justice, ce qui est le fondement ; mais, de plus, l’apôtre dit : « Pour
le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection… étant rendu conforme à sa
mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection
d’entre les morts » [(Phil. 3:10-11)]. Aussi, est-ce en courant vers le but
qu’il attend la venue de Jésus [(Phil. 3:14)], pour accomplir cette
résurrection, quant à son corps. Dans l’épître aux Colossiens, chap. 2 [(v.
11)], il nous parle de la circoncision de Christ. Est-ce seulement qu’il a cessé
de pécher (effet certain, au reste, de cette œuvre de Dieu) ? Non ; car pour
décrire cette œuvre de Dieu, il ajoute : « Étant ensevelis avec Lui par le
baptême, par lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en
l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts » [(Col. 2:12)]. Les
conséquences de la vie céleste se trouvent au chapitre 3, verset 1, qui est en
rapport immédiat avec le verset que nous venons de citer. Aussi l’œuvre est-elle
ici couronnée par la manifestation des saints avec Jésus lorsqu’Il paraîtra
[(Col. 3:4)], non pas lorsqu’Il viendra les enlever. La part céleste est omise
dans les Colossiens, sauf que notre vie est cachée dans le ciel [(Col. 3:3)] et
que ce qui s’y trouve est un effet de l’espérance. Nous sommes rendus « capables
d’y participer » et c’est précisément ce que notre passage nous présente.
Puissance active pour
nous appliquer la mort de Christ — Enseignement des différentes épîtres
[Col. 3:5] Notre Guilgal est au 5me verset. « Mortifiez donc… ». Ce n’est pas :
« Mourir au péché », « Mortifiez » est une puissance active. Cela repose sur la
puissance de ce qui est déjà vrai pour la foi. Vous êtes morts, mortifiez donc.
— Étant dans cette position, on la réalise. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts
», dit l’apôtre (Rom. 6 [v. 11]), en parlant du même sujet (1*). C’est la force
en pratique de la figure des pierres tirées du Jourdain [(4:20)]. Elles étaient
un signe de notre union avec Christ qui a été mort (2*). [Col. 3:1] Mais nous
sommes aussi ressuscités avec Lui (3*), comme étant morts avec Lui. Mais il y a
un autre aspect de la vérité : « Nous étions morts dans nos péchés » [(Éph.
2:1)]. Il descendit en grâce où nous étions, et descendant ainsi les expia. Dieu
nous a ressuscités avec Lui, nous ayant pardonné tous nos péchés (4*). Tout ce
qu’il a fait était pour nous. Associé avec Lui vivant, uni à Lui par l’Esprit,
je suis aussi assis en Lui [(Éph. 2:6)], mais pas encore avec Lui dans les lieux
célestes (5*). Je m’approprie, ou plutôt, Dieu m’attribue tout ce qu’il a fait,
comme si cela me fût arrivé à moi-même ; il est mort au péché, en Lui je suis
mort au péché. Alors, je « mortifie » ; ce qu’on ne saurait faire comme étant
encore vivant dans la chair. Où était la vie et la nature dans laquelle on
pouvait le faire ? Dans les Colossiens, je suis ressuscité avec Lui, et aussi
assis en Lui dans les lieux célestes, mais cette épître ne nous présente pas la
doctrine des Éphésiens au sujet du dessein et des conseils de Dieu, doctrine qui
nous fait voir, comme conséquence de l’exaltation de Christ à la droite de Dieu,
le simple acte de puissance divine qui nous prend, lorsque nous étions morts
dans nos péchés, pour nous placer en Lui. Dans les Colossiens nous trouvons,
pour ainsi dire, les opérations par lesquelles nous passons, comme ayant été
vivants (non pas morts) dans nos péchés, pour être amenés, par la mort, dans une
vie meilleure en Christ. L’autre côté, celui des Éphésiens, est également vrai,
ce qui me fait en parler, mais les Colossiens nous parlent du changement, — d’un
changement essentiel, mais subjectif, quant à la mort et à la résurrection. Il
correspond à ce que nous enseigne en type le livre de Josué.
Cette progression
présente trois degrés : 1° Le jugement de Dieu : « Vous êtes morts » [(Col.
3:3)]. 2° L’acceptation de ce jugement par la foi : « Tenez-vous vous-mêmes pour
morts » [(Rom. 6:11)]. 3° Enfin sa réalisation en pratique : « Portant toujours
partout dans le corps la mort de Jésus » [(2 Cor. 4:10)].
L’épître aux Romains ne nous sort pas du désert, mais nous parle de la position
que la mort de Christ nous y a donnée. La foi accepte cette position : la mort
au péché et la vie à Dieu dans ce monde. Cette vie à Dieu est la conséquence du
fait que nous avons été sauvés par sa mort et baptisés pour elle ; mais l’épître
aux Romains ne parle pas de notre résurrection, car cette dernière nous sort du
désert. C’est le sujet de l’épître aux Colossiens et du Jourdain.
L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà.
L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà, seulement elle ne nous considère pas
comme morts dans nos péchés, mais comme ayant vécu dans le péché et étant
maintenant morts et ressuscités.
C’est l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. C’est l’acte souverain de la
puissance divine qui nous a pris lorsque nous étions morts dans nos péchés et
nous a placés en Christ.
La mortification n’est possible que par la grâce, réalisant la mort de Christ
Or, la circoncision étant l’application pratique de la mort de Christ, au péché,
à tout ce qui est appelé « le corps de la chair » (Col. 2:11), et qui s’oppose à
notre condition d’hommes ressuscités avec Christ, nous nous souvenons de la mort
de Jésus, et la mortification de nos membres qui sont sur la terre s’accomplit
par la grâce, dans la conscience de la grâce. Autrement, ce ne serait que
l’effort d’une âme sous la loi, et dans ce cas on aurait une mauvaise conscience
et point de force. C’est ce qu’ont essayé des moines sincères ; mais la grâce,
Christ et sa force n’étaient pas dans leur tentative. S’il y avait de la
sincérité, il y avait aussi la misère spirituelle la plus profonde. Pour
mortifier, il faut la vie ; et si nous avons la vie, nous sommes déjà morts en
Celui qui est mort pour nous.
Souvenir de la mort de
Christ, qui nous introduit dans ce nouvel état
Le mémorial de l’œuvre de la grâce est là où la mort doit s’appliquer
[4:20] C’étaient des pierres prises au fond du Jourdain qui étaient posées en
Guilgal, et le Jourdain était déjà passé avant qu’Israël fût circoncis. Le
mémorial de la grâce et de la mort comme témoignage d’un amour qui a accompli
notre salut, en s’occupant en grâce de nos péchés, se trouvait là où la mort au
péché devait avoir lieu. Christ mort pour les péchés, en amour parfait, en
efficace immanquable, et sa mort au péché, nous donnent la paix par son sang au
sujet du péché et des péchés, mais aussi nous rendent capables, par grâce, de
nous tenir nous-mêmes pour morts au péché [(Rom. 6:11)], et de mortifier nos
membres qui sont sur la terre [(Col. 3:5)].
Par la mort avec
Christ, nous sommes dans une nouvelle condition, hors du péché
En chaque circonstance il faut donc se souvenir qu’on est mort et se dire : Si
je suis mort par la grâce, qu’ai-je à faire du péché, qui suppose que je vis
encore ? C’est dans cette mort qu’est Christ dans la beauté et dans la puissance
de sa grâce, c’est la délivrance même, et moralement l’introduction dans une
condition qui nous rend « capables de participer au lot des saints dans la
lumière » [(Col. 1:12)]. Quant au progrès, l’apôtre dit : Je poursuis, cherchant
à le saisir, vu aussi que j’ai été saisi par le Christ » [(Phil. 3:12)]. Mais ce
n’est pas le sujet qui nous occupe.
Revenir à Guilgal,
nécessité pour réaliser la communion avec Jésus
Étant morts, notre vie n’a plus aucun lien avec ce monde, qu’aime la chair
[5:9] Ainsi, en étant mort, et seulement ainsi, l’opprobre d’Égypte sera ôté.
Tout signe du monde est un opprobre pour celui qui est céleste. L’homme céleste
seul qui est mort avec Christ, se débarrasse de ce qui tient à l’Égypte. Or, la
vie de la chair y tient toujours ; mais le principe de la mondanité est déraciné
chez celui qui est mort et ressuscité avec Christ, et qui vit d’une vie céleste.
Il y a dans la vie de l’homme vivant comme tel dans ce monde (Col. 2:20), un
lien nécessaire avec le monde tel que Dieu le voit, c’est-à-dire pécheur et
corrompu ; il n’y en a plus chez un mort. La vie d’un ressuscité n’est pas de ce
monde, elle n’a pas de lien avec lui. Celui qui la possède peut le traverser et
faire bien des choses que d’autres font. Il mange, travaille, souffre ; mais,
quant à sa vie et à son but, il n’est pas du monde, comme Christ n’était pas du
monde [(Jean 17:16)]. C’est Christ, ressuscité et monté en haut, qui est sa vie.
Il mate sa chair, il la mortifie ; car elle est de fait ici-bas ; mais lui ne
vit pas en elle. [5:10] Le camp était toujours à Guilgal. C’est là qu’après ses
victoires et ses conquêtes, se rendait le peuple, — armée de l’Éternel [(10:15,
43)]. Si nous ne le faisons pas, nous serons faibles, la chair nous trahira et
nous serons livrés à l’ennemi au moment du combat, et même du combat sincèrement
engagé dans l’œuvre de Dieu. [4:20] C’est à Guilgal qu’est élevé le monument des
pierres du Jourdain ; car, si la conscience d’être mort avec Jésus est
nécessaire pour pouvoir mortifier la chair, c’est dans cette mortification qu’on
parvient à connaître pratiquement ce que c’est qu’être ainsi mort.
La communion avec Jésus
se réalise dans la mortification de la chair
On ne réalise pas la communion intérieure (je ne parle pas maintenant de la
justification), la douce et divine jouissance de la mort de Jésus pour nous,
avec une chair non mortifiée. Cela ne se peut pas. Mais, si l’on revient à
Guilgal, à la mortification bénie de notre propre chair, on y trouve toute la
douceur (et elle est infinie), toute la puissante efficace de cette communion
avec la mort de Jésus, avec l’amour qui s’y est manifesté. « Portant toujours
partout », dit l’apôtre, « dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi
de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). Ainsi nous ne restons
pas dans le Jourdain ; mais il reste dans le cœur tout ce qu’il y a de précieux
dans cette œuvre magnifique, œuvre que les anges désirent sonder, qui est pour
nous, et que Christ nous approprie dans son amour. Il se trouve avec nous à
Guilgal, endroit sans apparence ni victoire qui ait de l’éclat devant les
hommes, mais où Celui qui est la source de toute victoire, se trouve dans la
force et la communion qui nous rendent capables de vaincre.
5.1.5 - [Contemplation
de l’œuvre accomplie par Jésus
Contemplation de l’œuvre de la délivrance accomplie par Christ seul
[4:9] Mais il y avait encore douze pierres posées au milieu du Jourdain ; et, en
effet, si nous appliquons la puissance de la mort de Christ à la mortification
de la chair, le cœur exercé et jouissant pleinement des choses célestes aime à
retourner vers le Jourdain, là même où Christ est entré en puissance de vie et
d’obéissance, pour contempler cette Arche de l’alliance, qui a été là et a bridé
ces eaux impétueuses jusqu’à ce que le peuple fût passé. On aime, en considérant
la force de la mort dans toute son étendue, y contempler Jésus qui y est entré,
mais qui en a détruit la puissance pour nous. Dans le débordement des nations,
Christ sera la sûreté et la délivrance d’Israël ; mais il a été notre sûreté et
notre délivrance à l’égard d’ennemis plus terribles encore. Le cœur aime à se
placer au bord de ce fleuve déjà traversé, et à réaliser, en étudiant ce que
Jésus a été, l’œuvre et l’amour étonnant de Celui qui y est entré seul, jusqu’à
ce que tout fût accompli. — Mais, dans un sens, nous y étions ; les douze
pierres montrent que le peuple se rattachait à cette œuvre, quoique l’Arche
seule y ait été lorsqu’il s’est agi de brider le fleuve.
Les Psaumes montrent
Jésus traversant victorieusement la mort
Les Psaumes nous donnent particulièrement à contempler ainsi le Seigneur,
maintenant que nous sommes en paix au delà du fleuve. Oh ! si l’Église savait
s’asseoir là, et y étudier Jésus, descendu seul dans la mort qui « regorgeait
par-dessus tous ses bords » [(3:15)], atteint par son aiguillon et par la
puissance du jugement divin qui en était la conséquence ! En doctrine, les
Psaumes montrent aussi la liaison entre la mort de Jésus et le passage du fleuve
de tribulation par Israël aux derniers jours.
Le peuple est à sa
vraie place en Canaan, devant Dieu
Voilà donc le peuple hors d’Égypte et en Canaan, selon la vérité de la promesse
de Dieu, mais ne possédant actuellement rien en Canaan et n’ayant encore
remporté aucune victoire. Nous avons ici un type de ce que les Colossiens nous
enseignent : « Rendus capables de participer », mais n’ayant encore « le lot des
saints dans la lumière » qu’en espérance [(Col. 1:12)]1, non seulement racheté
d’Égypte, mais introduit en Canaan, l’opprobre d’Égypte étant ôté et le peuple
de Dieu ayant pris sa place à Guilgal, cette vraie circoncision du cœur dont
nous avons parlé.
1 L’état de Christ (il est vrai, déjà ressuscité) entre sa résurrection et son ascension, nous aide à comprendre cela. Il appartenait évidemment au ciel et non pas à ce monde, quoiqu’il ne fût pas dans le ciel.
Ch. 5 v. 10-12 —
Communion du peuple avec Dieu à Guilgal
Ch. 5 v. 10 — Communion avec Dieu devant les ennemis, avant le combat
Célébration de la Pâque comme signe de communion avec Dieu
[5:10] Israël campait à Guilgal.
Le caractère de la communion du peuple avec Dieu est signalé avant ses victoires. Il célèbre la Pâque dans les campagnes de Jéricho. L’Éternel leur a dressé une table en présence de leurs ennemis [(Ps. 23:5)].
Caractère différent de
la Pâque d’avec son institution en Égypte
Ce n’était plus comme en Égypte, le sang mis sur le linteau et les deux poteaux,
afin qu’Israël fût à couvert de la vengeance, et garanti du juste jugement qui
mettait la frayeur où n’était pas le sang.
Souvenir et jouissance
de l’œuvre accomplie dans notre position nouvelle
Nous avons besoin du sang de Christ de cette manière, étant dans le domaine du
péché et de Satan, quoique appelés de Dieu à en sortir. La justice de Dieu et
nos consciences l’exigent. Ce n’est plus cela ici ; c’est le mémorial d’une
délivrance accomplie. Ce n’est pas non plus la participation par la grâce à la
puissance de la mort et de la résurrection de Christ. C’est la communion du
cœur, c’est le doux souvenir spirituel d’une œuvre toute de Lui, de sa mort
comme Agneau sans tache. Nous en mangeons, comme étant son peuple racheté, dans
la jouissance de cette position dans le pays de promesse et de Dieu, pays qui
nous appartient à la suite de ce rachat et de notre résurrection avec Christ. On
ne jouit ainsi de la mort de Jésus qu’au delà du Jourdain, étant ressuscité avec
Lui. Alors, en paix, dans sa communion et avec un sentiment ineffable d’action
de grâces, on revient à la mort de l’Agneau, on le contemple, on s’en nourrit ;
le bonheur et l’intelligence célestes ne font qu’ajouter à son prix.
Ch. 5 v. 11-12 — Se
nourrir d’un Christ céleste, une fois dans le pays
Christ céleste remplace la manne, Christ nourriture pour l’homme au désert
[5:11] Dès le lendemain de la Pâque, le peuple mangea du cru du pays. Ainsi
ressuscités et assis en espérance dans les lieux célestes, c’est un Christ
céleste qui nourrit et entretient l’âme dans la vigueur et dans la joie1. [5:12]
Dès lors aussi, la manne cesse. Ceci est d’autant plus remarquable, que Christ,
nous le savons, est la vraie manne ; mais Christ ici-bas, Christ selon la chair,
adapté à l’homme et à ses besoins dans le désert, bien qu’il ne soit jamais
oublié comme tel. Je contemple avec adoration Jésus (Dieu manifesté en chair),
je nourris mon âme des attraits puissants de sa grâce dans son humiliation, je
jouis du précieux témoignage de l’amour de Celui qui a porté nos langueurs et
s’est chargé de nos douleurs [(És. 53:4)] ; j’apprends à n’être rien en suivant
Celui qui a pris la dernière place. C’est de cette manière que sont entretenues
les douces affections du cœur pendant notre passage ici-bas. Toutefois, dans cet
état, il restait seul. Le grain de froment doit tomber en terre et y mourir,
sinon il reste seul [(Jean 12:24)].
1 Remarquons aussi que la simplicité et la sincérité chrétienne, la sainteté pratique de la vie chrétienne, le pain sans levain (qui se mangeait le lendemain de la Pâque) est une chose céleste. Rien en deçà du Jourdain ne peut l’être : c’est du cru de ce pays-là [(5:12)] ; aussi se lie-t-il à Jésus et à la paix de sa mort comme à une chose qui précède.
Nous connaissons Christ
ressuscité dans le ciel, sur la base de Sa mort
Mais, tout en connaissant ce qu’il a été, c’est un Christ assis là-haut,
descendu du ciel, mort et ressuscité, remonté où il était auparavant, que je
connais maintenant. Le mémorial de sa mort dont nous avons parlé, est bien sans
doute la base de tout. Rien de plus précieux. Mais c’est maintenant à un Christ
céleste que nous avons affaire.
Contraste entre la
nourriture pour le désert, et la nourriture céleste pour le ciel
Ici-bas, contemplation de la grâce et nourriture d’un Christ céleste
Nous contemplons, en cherchant à l’imiter, ce précieux modèle qu’il nous a donné
comme homme céleste sur la terre. Mais, contemplant à face découverte la gloire
du Seigneur, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme
par le Seigneur en Esprit [(2 Cor. 3:18)]. Il s’est sanctifié lui-même pour
nous, afin que nous soyons sanctifiés par la vérité [(Jean 17:19)]. Nous
trouvons nos délices dans la contemplation de toute sa grâce ici-bas, et nos
affections sont attirées par un Sauveur souffrant. Rien de plus précieux que de
voir le Fils de Dieu gagner la confiance du cœur des hommes envers Dieu, par son
amour pour eux quand ils étaient encore entièrement éloignés de Lui. Mais notre
communion actuelle est avec un Christ dans le ciel. Et le Christ que nous
connaissons sur la terre est un Christ céleste, et non un Christ terrestre,
comme les Juifs le connaîtront plus tard. C’était sans doute le pain sur la
terre, mais le pain descendu du ciel, et c’est une considération très
importante. En traversant le désert (et nous le traversons), Christ, comme
manne, nous est infiniment précieux. Son humiliation, sa grâce nous consolent,
nous soulagent aussi et nous soutiennent : nous sentons qu’il a passé par les
mêmes épreuves ; et le cœur est soutenu par cette pensée, que ce même Christ est
avec nous. C’est le Christ dont nous avons besoin pour le désert, le pain
descendu du ciel.
Association et demeure
avec Christ dans le ciel, nous nourrissant des choses célestes
Mais, comme peuple céleste, c’est Christ comme appartenant au ciel et les choses
célestes qui sont notre nourriture, en tant qu’associés avec Lui, « le vieux blé
du pays » [(5:11)] ; car c’est à Christ assis en haut que nous sommes unis ;
c’est là qu’il est notre vie. En un mot, nous nous nourrissons des choses
célestes, de Christ là-haut, de Christ humilié et mort comme doux souvenir, de
Christ vivant comme puissance actuelle de vie et de grâce. [5:10] Nous nous
nourrissons du souvenir de Christ sur la croix : c’est la Pâque. [5:11] Mais
nous célébrons la fête avec un Christ, centre des choses célestes (Col. 3:1-2),
et en nous nourrissant de tout ce qui se trouve en elles. C’est le cru du pays
dans lequel nous sommes entrés, car Christ est du ciel.
Jouissance des fruits
du pays préalable aux combats pour nous l’approprier
Ainsi, avant de livrer le combat, devant les murs mêmes de Jéricho, signe de la
puissance de l’ennemi, Dieu nous donne de jouir du fruit du pays comme étant
tout à nous. [5:10] On se souvient de la mort de Jésus comme d’un rachat dès
longtemps accompli, [5:11] et l’on se nourrit du cru du pays et des choses
célestes comme nous appartenant actuellement. Car, étant ressuscités avec Christ
par sa grâce, tout est à nous.
Ch. 5 v. 13-15 —
Nécessité de la présence de Dieu pour les combats
Préparation nécessaire pour les combats inévitables à venir
Après ce beau tableau de la position et des privilèges du peuple de Dieu, qui,
selon les droits de Dieu lui-même, pouvait jouir de tout avant de livrer un seul
combat, ces combats doivent ensuite arriver. Or une chose est nécessaire pour
entrer en guerre et conquérir les bénédictions.
La présence du
Seigneur, pour diriger ou sauver Son peuple, exige la sainteté
[5:14] Le Seigneur se présente comme chef de l’armée de l’Éternel : c’est
lui-même qui nous conduit. [5:13] Il est là, une épée nue à la main. Dans les
choses célestes, la foi ne connaît pas de neutralité1. Josué demande : « Es-tu
pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de
l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant » (v. 14). [5:15] Or, la
présence du Seigneur comme chef de l’armée exige la sainteté et le respect,
autant que lorsqu’il descend pour la rédemption de son peuple (Ex. 3 [v. 5]),
dans la sainteté et la majesté divines, manifestées selon leurs justes exigences
dans la mort de Jésus, qui s’est donné afin de les relever et de les assurer
pour toujours. Tel qu’était Celui qui s’appelle « Je suis » [(Ex. 3:14)],
lorsqu’il est ainsi descendu en justice et en majesté, tel est-il lorsqu’il se
place au milieu de son peuple pour le bénir et le conduire dans le combat.
1 Je dis dans les choses célestes, parce que le cœur peut bien reconnaître de belles qualités dans la créature. Le Seigneur a aimé le jeune homme riche [(Marc 10:21)], lorsqu’il a entendu ses réponses. Mais lorsqu’il s’agit de suivre un Sauveur rejeté et monté en haut, la volonté se dessine toujours pour ou contre. La foi le sait ; elle connaît aussi les droits de Dieu et les maintient.
La puissance de Dieu ne
peut s’exercer que si Sa sainteté est maintenue
La toute-puissance de Dieu est avec l’Église dans ses combats : mais sa
toute-sainteté y est aussi, et Dieu ne fera pas valoir sa puissance si sa
sainteté est compromise par les souillures, la négligence et l’insouciante
légèreté des siens, par le manque du sentiment qui convient à la présence de
Dieu lui-même ; car c’est Dieu lui-même qui est là.
Chapitre 6
Obéissance entière à Dieu et confiance en Ses promesses
Dieu fait tout, et le peuple se soumet à Lui en face du monde
Dans le chapitre 6, nous trouvons les principes sur lesquels sont basées les
conquêtes des Israélites. L’œuvre est tout entière de Dieu. Il peut bien exercer
son peuple dans le combat, mais c’est Lui qui fait tout. [6:20] Chacun monte
devant soi. Il y a là soumission à l’emploi des moyens, contentement à suivre
une marche absurde et sans but aux yeux du monde, mais qui proclame hautement la
présence de l’Éternel au milieu de son peuple, une entière dépendance de Dieu,
une parfaite confiance en Lui, qui déclare en face de tous qu’on a à faire ce
qu’il dit.
Conviction de la foi
qui fait agir en obéissance, étant sûr de la réussite
La promesse est sûre ; on agit en obéissance ; voilà le principe. [6:16] Josué,
type de l’énergie et de l’intelligence du Saint Esprit dans un homme qui jouit
de la communion du Seigneur, est assuré de la réussite, et dans cette conviction
de foi il agit sans hésitation. [6:20] Effectivement toute la puissance de
l’ennemi tombe sans l’emploi d’aucun moyen dont il puisse se rendre compte.
Séparation complète de
tout ce qui est du monde et de l’ennemi
[6:18] Un autre principe, c’est qu’il ne peut y avoir aucune communion
quelconque avec ce qui fait la puissance de l’ennemi de Dieu, avec le monde et
ce qui en fait la force : tout est interdit. Il en est de même avec nous dans ce
monde. Si le monde de Sodome avait enrichi Abraham [(Gen. 14:23)], Abraham
aurait été dépendant de ce monde ; il lui aurait dû quelque chose ; il n’aurait
pas été libre de ce monde pour être entièrement à Dieu. Si l’on prend de
l’interdit, on devient « interdit ». [6:19] Dieu peut employer ces choses en se
les consacrant, s’il le veut : [6:18] mais si l’homme, si le chrétien s’en mêle,
le Seigneur le jugera. Les murs qui montent jusqu’au ciel [(Deut. 9:1)], les
plus grands obstacles ne sont rien ; comment peut-il y avoir un obstacle pour
Dieu ? Mais la sainteté, la séparation complète du monde, parce que la puissance
est de Dieu, voilà ce qui est la condition de la force. [6:26] Jéricho,
expression de la force et des armes de l’ennemi, en tant que première ville
placée comme barrière pour arrêter la marche du peuple de Dieu, est mise pour
toujours en interdit, et un jugement est prononcé contre celui qui la relèverait
(voyez 1 Rois 16:34). Les principes abstraits de la force de Dieu et de la
puissance de l’ennemi, sont présentés par cette ville dans leur évidence et leur
contraste. [6:25] Or, si Dieu est là, et le monde entièrement condamné, sa grâce
retire de ce monde un peuple qui par la foi est sauvé de ses abominations, et
Rahab, une pauvre pécheresse indigne, est sauvée de ce jugement, prend place
avec le peuple de Dieu et en fait partie. De plus, elle entre dans la lignée
royale du Seigneur (Matth. 1:5).
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1-9 — Impuissance du peuple, sans la puissance de Dieu
Ch. 7 v. 1-8 — Sans Dieu, le peuple est vaincu et sans ressource
Le chapitre 7 expose les principes du gouvernement de Dieu ou ses voies au
milieu de son peuple engagé dans le combat. La victoire amène de la négligence.
[7:3] On croit que l’œuvre est facile. À la suite de la manifestation de la
puissance de Dieu, on a une certaine confiance, qui en réalité n’est que la
confiance en soi-même, car elle néglige Dieu. Ce qui le prouve, c’est que Dieu
n’est pas consulté. Aï n’était qu’une petite ville ; deux ou trois mille hommes
devaient facilement s’en rendre maîtres ; [7:2] on a reconnu le pays, mais Dieu
est oublié. Nous allons en voir les conséquences. Si l’on avait consulté
l’Éternel, ou bien il n’eût pas répondu à cause de l’interdit, ou il aurait
signalé cet interdit. Mais on ne le consulte pas ; [7:4] on va de l’avant, et
l’on est battu. Le peuple de Dieu, entouré de ses ennemis, a perdu sa force et
recule devant la plus petite ville du pays. [7:5] Que fera-t-il maintenant ?
C’est ce qu’il ne sait pas ; il est engagé dans le combat et ne peut pas
vaincre. Que fait-il là, où la victoire seule peut le mettre en sûreté ? « Le
cœur du peuple se fondit et devint comme de l’eau ». [7:7] Josué crie à
l’Éternel ; car dans un pareil cas, l’homme même qui a l’Esprit se trouve pris
au dépourvu, n’ayant pas agi selon l’Esprit. [7:6] Il faut se jeter à terre
devant l’Éternel, car la position n’est pas normale, n’est pas selon l’Esprit,
seul guide et seule sagesse de son peuple. [7:7] Toutefois, Josué rappelle la
puissance par laquelle Dieu avait fait traverser le Jourdain au peuple, [7:8] et
la met en contraste avec sa position actuelle, qui ne s’y accordait nullement.
[7:7] « Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous
livrer en la main de l’Amoréen, pour nous faire périr ? Si seulement nous avions
su être contents, et que nous fussions demeurés au delà du Jourdain ! Hélas,
Seigneur ! que dirai-je ? »
Ch. 7 v. 7-9 — Trouble
venant de l’incrédulité mêlée au souvenir des œuvres de Dieu
[7:7] C’était un état d’âme troublé : l’effet de l’incrédulité mêlée avec les
souvenirs de ce qu’avait fait la puissance de Dieu, dont Josué rappelle les
merveilles. [7:9] Josué aime le peuple et il place devant Dieu la gloire de son
nom ; [7:7] mais avec un désir craintif d’être demeuré de l’autre côté du
Jourdain (et que faire là ? car l’incrédulité raisonne toujours mal), hors du
combat qui amenait ces désastres, désir qui trahissait l’incrédulité dont son
cœur était troublé.
Ch. 7 v. 10-12 — Le
péché est ce qui empêche Dieu d’agir pour Son peuple
Le péché interrompt l’action de Dieu pour Son peuple, car Il ne peut s’y
associer
La puissance de Dieu ne peut agir que quand l’état est conforme à Sa nature
Tel est l’état de l’âme du croyant dans le combat où l’introduit le Saint
Esprit, lorsque intérieurement cet état ne répond pas à la présence du Saint
Esprit, seule force dans le combat. Il n’y a pas moyen d’en sortir. Sa position
exige absolument la puissance ; mais la nature de Celui qui agit se refuse
nécessairement à l’emploi de cette puissance. On se plaint, on reconnaît la
puissance, on craint l’ennemi. On parle de la gloire de Dieu ; mais on pense à
sa propre frayeur et à son état à soi. [7:11] Cependant la chose était fort
simple : « Israël a péché ». L’homme, même celui qui est spirituel, regarde aux
effets, parce qu’ils le touchent de près, tout en reconnaissant la puissance de
Dieu et le lien entre Lui et son peuple. Mais Dieu regarde à la cause et en même
temps à ce qu’Il est. Il est amour, il est vrai ; mais il ne veut pas sacrifier
les principes de son Être même, ni se renier lui-même dans les relations qui
sont fondées sur ce qu’Il est. Sa gloire est certainement liée par la grâce au
bien-être de son peuple : mais il saura la revendiquer et même bénir son peuple
à la fin, sans compromettre ses principes. La foi doit compter sur le résultat
certain de Sa fidélité, mais doit mettre le cœur, soumis aux voies de Dieu, en
accord avec ces principes.
Dieu ne peut associer
Sa gloire et Sa nature en relation avec le péché
Ce ne serait pas maintenir sa gloire au milieu de son peuple, s’il permettait en
lui des choses contraires à son caractère essentiel et usait de sa puissance
pour maintenir le peuple dans un état qui renierait Sa nature ; la relation
serait faussée et Dieu lui-même compromis, chose absolument impossible. Il y
avait du péché, et la force de Dieu ne se trouvait plus là ; car Dieu ne veut
pas s’identifier avec le péché.
Dieu sonde tout et
découvre tous les détails du péché, comme réponse à Josué
Et souvenons-nous ici, qu’il y avait aussi du péché dans la négligence qui
allait de l’avant sans consulter Dieu. [7:9] Le cri de Josué n’amène pas tout de
suite la délivrance, [7:11] mais premièrement la découverte du péché, à l’égard
duquel Dieu est très précis et très exact. Remarquez qu’il sonde tout et prend
connaissance des plus petits détails quand il s’agit du gouvernement de son
peuple (voyez le verset 11 de ce chapitre 7).
Impossibilité de
subsister sans la force de Dieu, qui patiente toutefois en grâce
[7:12] Aussi Dieu ne dit-il pas qu’ils continueraient à être faibles ; mais «
ils ne pourront subsister ». Triste changement ! Auparavant, c’était : « Nul ne
pourra subsister devant toi » ; maintenant ils ne pourront subsister eux-mêmes.
Quand il n’y a pas sainteté, Dieu laisse voir en pratique la faiblesse de son
peuple ; car il n’y a de force qu’en Lui, et Lui ne veut pas sortir avec eux, ni
donner ainsi sanction et encouragement au péché. Cependant remarquons ici, que
souvent Dieu ne retire pas tout de suite sa bénédiction de ceux qui ne sont pas
fidèles : il les châtiera d’un côté, et les bénira de l’autre. Il agit avec
patience, il les instruit dans sa grâce ; il ne les bénit pas là où le mal se
trouve, mais il agit avec une tendresse admirable et une parfaite connaissance
de cause, se donnant la peine, pour ainsi dire, de suivre l’âme en détail, selon
son état et pour son bien ; car il est plein de grâce. Que de fois il attend
ainsi la repentance de son peuple ! Hélas, que de fois il l’attend en vain !
Mais ici, nous avons le grand principe sur lequel il agit, comme en Jéricho sa
puissance exercée en faveur de son peuple, manifestant que tout est entièrement
de Lui.
Solidarité de tout le
peuple avec le péché commis, devant Dieu
[7:11] Un autre principe important nous est présenté ici : le peuple de Dieu est
solidaire, quant aux effets du péché qui s’y trouve. La présence de Dieu est au
milieu de Lui. Le péché s’y commet. Il y est. Or, puisqu’il n’y a qu’un seul
Dieu, là, et un seul peuple, et que Dieu est offensé, Dieu ne peut agir, et tout
le peuple en subit les conséquences, car Dieu est sa seule force. [7:13] Le seul
remède est d’ôter l’interdit.
Ch. 7 v. 13-26 —
Discipline envers le méchant pour la bénédiction de l’ensemble
Nécessité d’ôter le méchant pour que la relation du peuple avec Dieu soit
rétablie
Nous trouvons la même chose à Corinthe, modifiée selon les principes de la grâce
: il faut que le méchant soit ôté [(1 Cor. 5:13)]. Sans cela, le peuple est
solidaire du péché, jusqu’à ce qu’il l’ait ôté et se soit ainsi « montré pur
dans cette affaire » [(2 Cor. 7:11)]. En le faisant, il prend le parti de Dieu
contre le péché, et la relation entre le corps et Dieu se rétablit dans son état
normal. Cependant tout cela ne manquera pas de produire certains effets
pénibles. Lorsqu’il y a de l’interdit, bien que Dieu soit glorifié en ce que la
perfection de ses voies est manifestée, de même que sa jalousie du mal, sa
connaissance parfaite de tout ce qui se passe (car la confession d’Acan montrait
la justice de Dieu et le peuple n’avait rien à dire [(7:19)]), toutefois,
quoique le péché ne soit plus nié, il faut que la discipline s’effectue. Acan,
dont le péché avait été mis à découvert par l’obéissance du peuple ou de Josué
aux directions de l’Éternel, ne fait que ratifier aux yeux de tous, par sa
confession, le juste jugement de l’Éternel.
Le but de la discipline
est de rétablir l’âme, pour la gloire de Dieu
Mais il est bon de se souvenir ici, que la discipline chrétienne a toujours pour
but de rétablir l’âme. Lors même que celui qui est en chute serait livré à
Satan, c’est pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans
le jour du Seigneur [(1 Cor. 5:5)], raison de toute force pour exercer cette
discipline selon la capacité spirituelle de ceux qui le font, au delà de
laquelle ils ne sauraient aller. On pourra du moins toujours s’affliger devant
Dieu, afin que le mal soit ôté. Être indifférent à la présence du mal dans
l’Église, c’est être coupable de haute trahison envers Dieu ; c’est profiter de
son amour pour nier sa sainteté, le mépriser et le déshonorer devant tous. Dieu
agit en amour dans l’Église ; mais il agit avec sainteté et pour conserver la
sainteté, sinon ce ne serait pas rechercher le bonheur des âmes.
Dieu montre et ôte le
mal qui empêche la bénédiction des fidèles
[7:26] Il est intéressant de voir que cette vallée d’Acor, témoin et mémorial du
premier pas dans le péché d’Israël introduit au pays, soit donnée à ce peuple
comme « porte d’espérance » (Osée 2:15), lorsque la grâce souveraine de Dieu
agira. Il en est toujours ainsi. Craignez le péché, mais ne craignez pas
l’amertume de sa découverte, ni celle de son châtiment : c’est là que Dieu
commence à reprendre le chemin de la bénédiction. Que son nom de grâce en soit
béni ! Suivons l’histoire de ce rétablissement du peuple dans la faveur de Dieu.
[7:21] Hélas ! Shinhar (Babylone) et l’argent commencent bientôt leur influence
dans les voies du peuple de Dieu ; il les trouve chez ses ennemis, et le cœur
charnel les convoite. Remarquez aussi que, s’il y a fidélité et obéissance, Dieu
ne manque jamais de montrer et d’ôter ce qui empêche la bénédiction de son
peuple.
Chapitre 8
Ch. 8 v. 1-29 — Victoire sur Aï par le retour du peuple à Dieu
Le chapitre 8 nous montre le retour d’Israël à sa force en Dieu.
Nécessité des
expériences pour se connaître et connaître Dieu
Si tout le peuple a été compromis par le péché d’Acan, il faut qu’il soit
rétabli dans la confiance d’une manière sensible, qu’il soit affermi, et que par
conséquent il subisse ce qui est nécessaire pour son rétablissement. Il doit
faire des expériences. On en éviterait beaucoup en marchant dans la simplicité
et l’intégrité de la foi. Jacob en fit plus qu’Abraham, et c’est lors de ses
infidélités qu’Abraham en a fait le plus, qu’il a fait au moins celles qui sont
réellement senties comme exercice du cœur. Toutefois Dieu s’en sert pour que
nous apprenions ce que nous sommes et ce qu’Il est, deux choses, si nous les
ignorons, qui rendent les expériences nécessaires.
Peine à déployer pour
le retour, malgré le succès assuré, contre l’orgueil de l’homme
[8:1] Le succès est maintenant certain ; mais il faut que tout le peuple monte à
l’attaque de cette petite ville qui, à en juger selon la force humaine, pouvait
être prise par deux ou trois mille hommes [(7:3)]. L’orgueil et la fausse
confiance reçoivent ici une sévère leçon. Que de peine Josué doit se donner !
[8:2] Dresser une embuscade, [8:5] feindre de fuir, [8:7] tout cela pour prendre
une petite ville, et pas beaucoup de gloire après tout. Il faut plus de peine
pour revenir dans le chemin de la bénédiction, que pour se tenir loin du mal.
Mais la simplicité de la foi et sa vigueur naturelle ne se retrouvent qu’après
toute cette peine.
Direction de Dieu dans
toutes les actions, pour la victoire du peuple
[8:18] Cependant la puissance de Dieu l’accompagne et tout réussit, quoique la
manifestation de cette puissance ne soit pas telle qu’à Jéricho. Enfin, par la
direction de Dieu, Josué étend vers la ville le javelot qui était dans sa main.
Il ne paraît pas que l’embuscade l’ait vu, ni que ce fût un signal convenu1.
[8:19] Mais aussitôt qu’il est étendu, l’embuscade se lève, entre dans la ville
et y met le feu. C’est ainsi que le Seigneur, agissant par son Esprit au moment
opportun, produit de l’activité en ceux même qui ne savent peut-être pas
pourquoi. À un moment donné, ils sont poussés en avant, et croient agir par des
motifs qui leur sont propres, tandis que c’est le Seigneur qui dirige tous leurs
mouvements, afin qu’ils correspondent à ce qui se fait ailleurs sous sa main, et
amène ainsi la réussite de toute l’affaire.
1 Il paraît d’autant plus que ce n’était pas un signal convenu et que cet acte a le sens que je lui donne ici, que Josué ne retira pas le javelot, jusqu’à ce qu’on eût entièrement défait les habitants d’Aï, à la façon de l’interdit [(8:26)], ce qui ne s’accorde pas avec l’idée d’un simple signal.
Le Seigneur met tout en
mouvement pour amener le résultat qu’Il veut
Il est d’un grand intérêt de voir le Seigneur être ainsi le ressort caché de
toute l’action, donnant l’impulsion à l’activité des siens qui, en détail,
ignorent ce qui les met en mouvement, quoique en général ils aient la révélation
des pensées de Dieu, comme Israël avait la direction générale de Josué. [8:18]
Lorsque Christ étend le javelot, [8:19] tout se met en mouvement pour accomplir
les desseins de sa sagesse et amener les résultats voulus de sa puissante grâce.
Que nous ayons seulement de la foi pour le croire !
Ch. 8 v. 30-35 — Josué
prend possession du pays au nom de l’Éternel]
La victoire vient de la puissance du Seigneur, et Israël s’empare du pays promis
Il nous reste encore dans ce chapitre deux autres points importants à
considérer. Le Seigneur avait déjà montré dans la prise de Jéricho, que c’était
sa puissance seule qui faisait remporter la victoire, ou plutôt qui mettait tout
dans les mains d’Israël, le prince de ce monde n’ayant aucune force contre lui ;
et que, l’or et l’argent étant à l’Éternel [(6:19)], le peuple ne devait pas
chercher dans le monde conquis les trésors qu’il contenait, ni s’enrichir de ses
dépouilles [(6:17-18)]. En général cependant Israël, ayant exterminé entièrement
ses ennemis, s’empare de tout comme du pays de promesse [(8:27)].
Conditions de la prise
de possession : puissance de Dieu avec Son peuple, et Sa sainteté maintenue
Maintenant que ces deux grands principes sont posés, savoir que la puissance de
Dieu est avec son peuple, et qu’il veut que la sainteté et la consécration à Lui
soient conservées dans le camp, Josué prend formellement possession de tout le
pays comme appartenant à l’Éternel.
Pays vu comme
appartenant à l’Éternel, par la force spirituelle
Ce n’est pas ici célébrer le mémorial de leur délivrance par le sang de l’Agneau
[(5:10)], ni se nourrir du cru du pays céleste dans le lieu du repos où l’on se
souvient en paix de la grâce et de la perfection de Christ et de l’œuvre de
rédemption qu’il a accomplie [(5:12)]. Le peuple traite le pays même, comme
appartenant de droit à l’Éternel, selon la puissance de la force spirituelle qui
est en activité, pour faire valoir ses droits, et qui les reconnaît lors même
que la conquête du pays n’est encore que commencée. À Jéricho on participait (en
figure) à la croix et aux choses célestes, sans qu’il fût question de combattre.
Preuves données pour
manifester que le pays appartient à l’Éternel
Ch. 8 v. 29 — Respect de la loi manifestant la victoire complète
Ici, les conditions du combat posées, on déclare d’avance publiquement que le
pays est à l’Éternel. Quoique Satan soit encore en possession du terrain
contesté de la puissance spirituelle, de droit il appartient à l’Éternel. Voici
deux faits par lesquels Josué le constate. [8:29] Il fait descendre de la
potence le corps du roi d’Aï, avant le coucher du soleil. C’était l’ordonnance
de Deutéronome 21:22-23 : « Son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois ;
mais tu l’enterreras sans faute le jour même, car celui qui est pendu est
malédiction de Dieu ; et tu ne rendras pas impure la terre que l’Éternel, ton
Dieu, te donne en héritage ». — La victoire d’Israël était complète. La
malédiction pesait sur les ennemis qui étaient les ennemis de Dieu. Ils étaient
faits malédiction et signalés comme tels. Or, selon la foi de Josué, la terre
était déjà tellement donnée à Israël de par l’Éternel, qu’elle ne devait point
être souillée, de sorte qu’il fit descendre le corps mort de la potence pour
qu’elle ne le fût pas en effet.
Ch. 8 v. 30 — Autel
dressé sur la montagne d’Ébal, selon le commandement divin
Lien entre le peuple et Dieu, en jouissant des effets de Sa grâce
[8:30] Le second fait c’est que Josué bâtit l’autel sur la montagne d’Ébal. Ayant pris possession de Canaan comme terre consacrée, ils reconnaissent l’Éternel comme le Dieu d’Israël, en l’adorant sur cette terre. L’autel était là, comme témoignage et comme lien entre le peuple et l’Éternel qui lui avait donné le pays. En étudiant le Deutéronome, il a déjà été fait mention de l’emplacement de cet autel ; je n’y reviens pas (Deut. 27:4-8). Je laisse au lecteur à juger si Josué eût mieux fait de dresser cet autel, aussitôt après avoir passé le Jourdain. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas toujours à Dieu que nous pensons premièrement, lorsque nous jouissons des effets de sa puissance. C’est bien notre folie, soit pour ce qui concerne la joie, soit pour ce qui tient à la sûreté.
Rappel de toute la loi de Dieu donnée au peuple en gouvernement
[8:34] Josué fait lire ici non seulement les malédictions attachées comme menaces aux violations de la loi, [8:35] mais aussi tout ce qui parlait des voies de Dieu dans son gouvernement du peuple.
Chapitre 9
Opposition de l’ennemi, par la force ou par la ruse
[9:2] Mais si une telle position proclame les droits de Dieu et manifeste la
confiance du peuple, elle amène bientôt les combats. L’ennemi ne consent pas à
ce qu’on s’empare du territoire qu’il a usurpé, et à ce que tout soit envahi.
[9:4] Mais les ruses de l’ennemi sont plus à craindre que sa force, et même
elles sont toutes à craindre ; car dans sa force il rencontre le Seigneur ; dans
ses ruses il trompe ou cherche à tromper les fils des hommes. Si l’on résiste au
diable, il s’enfuit [(Jac. 4:7)] ; mais, pour parer à ses ruses, il faut toutes
les armes de Dieu. Christ répond à ses ruses par la Parole, et lorsque l’ennemi
se déclare, il lui dit : « Va-t’en, Satan » [(Mat. 4:10)].
La confiance dans la
sagesse humaine fait tomber dans le piège de l’ennemi
[9:6] Les habitants de Gabaon feignent d’être venus de loin. [9:15] Les
principaux d’Israël usent de la sagesse humaine, [9:14] au lieu de consulter
Dieu. Cette fois ce n’est pas confiance dans la force, mais dans la sagesse de
l’homme. [9:15] Les principaux, accoutumés à réfléchir et à diriger, sont plus
portés à donner dans ce piège. [9:18] Tout méchant qu’il soit, dans son
incrédulité, le peuple, désireux du résultat, est souvent plus près de la pensée
de Dieu, pour qui le résultat est sûr. [9:7] Le doute s’est présenté à l’esprit
des principaux, de sorte qu’ils sont sans excuse : en apparence c’était beaucoup
gagner que d’avoir des alliés là où il y avait tant d’ennemis. [9:9] Les
Gabaonites les flattent comme étant le peuple de l’Éternel. Il y avait tout ce
qui était nécessaire pour tranquilliser l’esprit de l’homme.
La communion avec Dieu
seule fait marcher fidèlement
Satan peut parler religion, aussi bien qu’un autre ; mais il ne trompe que
lorsqu’on prend sur soi de conduire les affaires et qu’on ne consulte pas
l’Éternel [(9:14)]. [9:7] Il faut la communion avec lui pour discerner que ces
gens sont du pays, des ennemis qui n’osent pas l’être ; mais avoir la paix avec
de telles gens, c’est se priver d’une victoire et du droit de faire valoir le
jugement et la gloire de Dieu, pour posséder sans mélange le pays de
bénédiction. Des alliés ne font que mettre de côté la seule dépendance de Dieu
et la pureté des relations morales, qui se trouvent dans Ses rapports avec les
siens, lorsqu’il n’y a que sa puissance qui les soutienne. [9:18] On épargne
l’ennemi, et le nom de l’Éternel qui a été introduit, oblige son peuple à
conserver un piège continuel au milieu de lui.
Se confier en un autre
que l’Éternel est toujours un mal
Quatre siècles plus tard, au temps de Saül, cela a porté ses tristes fruits [(2
Sam. 21:1-7)]. Pour un cœur spirituel, la présence des Gabaonites était toujours
un mal. Enfin quel besoin Israël avait-il d’alliés ? L’Éternel ne leur
suffirait-il pas ? Qu’il nous donne de nous assurer en lui, de le consulter
toujours, de n’avoir que lui et de marcher dans sa soumission. Ce sera la
victoire assurée sur tous ses ennemis, et le pays sera tout à nous, peuple de
Dieu.
Chapitre 10
Simplicité du combat avec l’Éternel, assurant la victoire
Victoire certaine quand Dieu livre les ennemis à Son peuple
[10:4] Du reste, cette paix avec les Gabaonites ne fait qu’attirer sur Israël de
nouvelles attaques. Mais ici tout est simple. [10:8] L’Éternel dit à Josué : «
Ne les crains pas, car je les ai livrés en ta main ». Voilà tout ce que veulent
dire les combats pour celui qui marche devant Dieu selon l’Esprit. Il faut bien
le combat, mais combat n’est que victoire. C’est l’Éternel qui a livré les
ennemis entre nos mains ; aucun d’eux ne subsistera devant nous.
Dieu combat pour Son
peuple, qui revient ensuite à sa place devant Lui
Toutes choses sont à notre disposition. [10:13] Le soleil s’arrête et la lune
suspend sa marche, témoins de la puissance de Dieu et de l’intérêt qu’il met à
bénir son peuple. Nous pouvons être assurés que là où l’Esprit veut aller, les
roues y vont (voyez Ézéch. 1:20). [10:10] Josué battit donc tous ses ennemis,
[10:14] parce que l’Éternel, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël. Ici il y
a fidélité ; point de paix. Qu’avaient à faire des Cananéens dans la terre de
l’Éternel ? Satan a-t-il droit au pays de promesse ? C’est ainsi que Josué
considère toujours la terre de Canaan (chap. 10:27). [10:15] Mais, après la
victoire, Israël retournait au camp à Guilgal. Nous avons déjà expliqué ce
qu’était Guilgal [(chap. 5)]. Mais ce retour dans ce lieu des vainqueurs des
rois de Canaan, contient la leçon instructive, que, quelles que soient nos
victoires et nos conquêtes, il nous faut toujours revenir à la place qui nous
convient devant Dieu, dans l’anéantissement de nous-mêmes ; à l’application de
la connaissance que nous avons de Dieu, la résurrection de Christ nous ayant
introduits dans le pays céleste ; au jugement et à la mortification de la chair
; à la circoncision spirituelle, qui est la mort de la chair par la puissance de
la résurrection. Il y a un temps pour agir et un temps pour l’inaction en se
tenant devant Dieu pour que nous soyons propres à agir. L’activité, la puissance
qui nous accompagne, le succès, tout tend à nous éloigner de Dieu, ou du moins à
distraire nos cœurs légers.
Guilgal est le point de
départ de la victoire
[10:7] Mais le camp, le point de départ pour la victoire, est toujours Guilgal.
Ce n’est pas là que l’ennemi nous attaque si nous sommes fidèles. Les attaques
partent de notre côté, quels que soient les mouvements de nos adversaires.
Dieu fait tout
concourir au bien des siens
La bénédiction est donnée par Dieu aux fidèles, malgré les manquements
Remarquons aussi que, malgré tous les manquements du peuple et de Josué, en
résultat tout a bien tourné. Il y a eu des fautes, et ces fautes ont reçu leur
châtiment, comme dans le cas de Gabaon et celui d’Aï. Mais la marche du peuple
étant fidèle au fond, Dieu fait tout concourir au bien. Ainsi la paix avec
Gabaon amène la victoire sur les rois qui l’attaquent. Dans les détails, il y a
sujet d’humiliation et de châtiments ; dans l’ensemble, la main de Dieu paraît
avec la dernière évidence.
Le Seigneur fait tout
triompher dans Son but, même si les faux pas ont leurs conséquences
Il est rare que chaque pas de notre course soit un pas que la foi et la
dépendance de Dieu aient dirigé. On s’en humilie justement ; mais lorsque le but
est celui du Seigneur, le Seigneur va en avant et conduit tout pour faire
triompher son peuple dans cette sainte guerre, qui est la sienne. Seulement nos
fautes peuvent porter leurs fruits pendant longtemps.
Chapitre 11
Dieu détruit le siège de l’influence de l’ennemi, faisant tout nouveau
[11:5] Les victoires d’Israël appellent de nouveau la guerre sur lui ; [11:8]
mais la confédération de ses ennemis ne sert qu’à les livrer tous ensemble entre
ses mains. [11:20] Si Dieu ne permet pas la paix, c’est qu’il veut la victoire.
Ici un nouveau principe nous est présenté. [11:11] Dieu ne veut absolument pas
que le siège d’influence pour le monde le devienne pour son peuple, car son
peuple ne relève que de Lui. [11:10] La conséquence naturelle de la prise de
Hatsor eût été d’en faire le siège du gouvernement de Dieu, en sorte que cette
ville fût pour Dieu ce qu’elle avait été auparavant pour le monde, car « Hatsor
avait été la capitale de tous ces royaumes ». [11:11] Mais c’est tout le
contraire ; Hatsor est détruite totalement. Dieu ne veut pas laisser une trace
de l’influence qui auparavant gouvernait ; il veut faire toutes choses
entièrement nouvelles [(Apoc. 21:5)]. La capitale et l’influence seront siennes,
entièrement et exclusivement siennes : leçon bien importante pour ses enfants,
s’ils veulent garder leur intégrité spirituelle.
Ch. 11 v. 23 — Le pays
est conquis mais les ennemis demeurent
[11:23] Dans un certain sens, la conquête du pays semblait complète,
c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de force extérieure qui subsistât et qui formât
un royaume. Mais il restait bien des ennemis d’Israël dans le pays, ennemis qui
ne le troublaient guère, il est vrai, pendant qu’il était fidèle ; mais qui
cependant introduisaient le peuple dans des voies qui, plus tard, devaient
amener sa ruine. On avait divisé le pays conquis ; il était tranquille, sans
avoir de guerre. Lorsque tout est fini, on peut compter ses victoires, mais non
auparavant ; jusque-là il s’agit plutôt d’en remporter d’autres.
Conséquences des fautes
commises sur le résultat des voies de Dieu
Nous pouvons remarquer ici, que la faute commise avant l’attaque d’Aï, s’était
comme effacée dans le résultat des voies de Dieu, et même avait contribué au
développement de ses plans. Précédemment, cela avait retardé et avait été puni ;
mais Dieu s’appliquait à restaurer moralement Israël dans la confiance de la
foi, et cela ne retardait nullement le grand résultat des voies de Dieu. Ce
n’est pas une excuse, mais c’est une douce et puissante consolation qui porte
d’autant plus à l’adoration. La faute commise à l’occasion des Gabaonites me
paraît plus grave. Elle ne retardait pas la marche ; mais comme acte de Josué et
des principaux, elle faussait pour toujours leur position vis-à-vis de ceux
qu’ils épargnaient.
Chap. 1-11 — Victoires
de Josué, image du Seigneur, pour posséder la promesse
Le chapitre 11 termine la première partie du livre, c’est-à-dire l’histoire des
victoires de Josué ; soit, en type, celle de la puissance du Seigneur par
l’Esprit, pour mettre son peuple en possession des promesses.
Chapitre 12
Le chap. 12 n’est qu’un résumé des résultats obtenus. Or, le Saint Esprit ne
nous donne pas seulement de remporter la victoire sur nos ennemis, il nous fait
saisir et reconnaître toute l’étendue du pays, et définit la possession dont
chacun jouit en particulier, nous donnant le détail de tout ce qui s’y trouve,
des parfaits arrangements de Dieu pour que tout soit bien approprié à la
distribution des tribus de son peuple, de manière à produire un ensemble bien
ordonné, un et parfait dans toutes ses parties selon la sagesse de Dieu. Mais
nous en venons ici à la réalisation de la distinction maintenue dans le Nouveau
Testament, entre les dons de Dieu et la jouissance des choses données. « Vous
avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses » [(1 Jean
2:20)]. « Nous sommes assis dans les lieux célestes » [(Éph. 2:6)] (par la même
puissance qui y a placé Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et l’a
placé au-dessus de tout nom qui se nomme [(Éph. 1:20-21)]). Hélas ! que de
choses terrestres restent encore non vaincues chez les chrétiens ! Mais le Saint
Esprit prend connaissance de cet état, en vue et par rapport à ce qui leur
appartient de droit : — c’est ce qui fait comprendre la seconde partie de ce
livre.
Chapitres 13 à 22
Distribution du pays aux tribus, et repos assuré à la fidélité
[13:1] Quoiqu’il restât une assez grande partie du pays, [13:6] Josué partage le
tout entre les tribus selon le commandement de l’Éternel, qui déclare que
Lui-même chassera les habitants devant Israël. Mais le peuple n’a guère répondu
à cette promesse. Les villes des Philistins ont bien été prises, mais leurs
habitants n’ont pas été exterminés ; ils sont restés et ont bientôt retrouvé
leurs forces. Ici, on peut remarquer que, là où il y a de la fidélité, il y a du
repos. [11:23] L’œuvre de Josué eut pour effet que le pays fut tranquille sans
avoir la guerre. Même résultat pour celle de Caleb (14:15). Dans la distribution
des villes aux Lévites, on retrouve cette même vérité (21:43-44). Dans les
détails il n’en est pas ainsi ; toute l’étendue du pays est donnée à Israël, et
chaque tribu a sa part ; aussi ce qui est échu à chaque tribu lui est donné en
plein droit par l’Éternel lui-même. Les limites en sont marquées, car l’Esprit
de Dieu prend connaissance de tout pour distribuer tout l’héritage spirituel, et
à chacun selon les pensées de Dieu. Rien n’est incertain dans les arrangements
de Dieu. Mais on trouve que pas une tribu n’a chassé de son domaine tous les
ennemis de Dieu, pas une seule n’a réalisé la possession de tout ce que Dieu lui
avait donné [(Jug. 1)].
Prise de possession de
l’héritage, assuré par l’Esprit
[chap. 15-16] Juda et Joseph prennent possession de leurs portions ; nous savons
qu’ils sont toujours restés à la tête d’Israël, accomplissant ainsi les conseils
de Dieu, quant à la royauté pour Juda et au droit d’aînesse échu en grâce à
Joseph (chap. 15-17 ; voyez 1 Chron. 5:2) ; le tabernacle de Dieu est aussi posé
en paix (chap. 18 [v. 1]) ; [18:3] mais une fois en repos, les tribus sont bien
lentes à prendre possession de ce qui leur appartient, — histoire trop
constamment réalisée du peuple de Dieu. Ayant trouvé du repos, il néglige ce que
Dieu a promis. Cependant, comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu n’a pas manqué
de désigner au peuple, en détail, tout ce qui lui appartient. Nous avons déjà pu
voir toute la portée de ce commandement, mais nous voulons encore faire
remarquer ici que non seulement nous trouvons en figure, devant Jéricho, le
titre à la possession de toutes choses selon l’Esprit [(chap. 6)], les droits du
Seigneur maintenus dans le cas du roi d’Aï et au mont Ébal [(chap. 8)], comme
étant la base de la possession actuelle, mais nous voyons encore qu’il a été
pourvu à la restauration de la jouissance de l’héritage dans ses détails,
lorsque cette jouissance serait perdue pour un temps. Ce qui s’applique en
figure au peuple dans les derniers jours.
Chap. 20 —
Établissement des villes de refuge
[20:2] Les villes de refuge sont établies (chap. 20), c’est-à-dire la terre
étant à l’Éternel, il est pourvu à ce qu’elle ne soit pas souillée, [20:6] et à
ce que chacun puisse retrouver son héritage, lorsqu’il en aura été éloigné pour
un temps par sa faute, [20:5] parce que sans préméditation il avait tué
quelqu’un.
Chap. 22 — Difficultés
des tribus en deçà du Jourdain, même fidèles
L’établissement des deux tribus et demie de l’autre côté du Jourdain, donne lieu
à des difficultés et à des soupçons ; toutefois ces tribus étaient fidèles au
fond. Elles ont souffert de leur position, l’égoïsme ayant tant soit peu gâté
l’énergie de leur foi ; mais la fidélité de l’Éternel se trouvait en elles.
Chapitres 23 et 24
Josué place le peuple devant le choix de l’obéissance et de la bénédiction
Malédiction ou bénédiction, selon l’obéissance du peuple au milieu de
l’idolâtrie
[chap. 23] Enfin Josué place le peuple, par voie d’avertissement, sous la
malédiction ou la bénédiction, selon sa désobéissance ou son obéissance ;
[24:1-15] et puis il lui raconte son histoire, comment ses pères avaient été
idolâtres, et que ses voisins l’étaient toujours.
Le peuple place sa
jouissance du pays sous condition d’obéissance
[24:17] Mais le peuple ayant encore la conscience de la puissance de Dieu, qui
l’avait béni, [24:18] déclare qu’il ne suivra que l’Éternel. [24:22] Il est
placé ainsi sous les conséquences de sa conduite, et entreprend d’obéir, comme
condition de sa jouissance du pays et de l’effet de la promesse de Dieu. Ils
sont laissés là en paisible possession de tout, il est vrai, mais sous la
condition d’obéissance, après qu’ils ont déjà permis à ceux qui auraient dû être
exterminés, de rester dans le pays, et quand, dès le début, ils n’avaient pas
réalisé du tout ce que Dieu leur avait donné. Quel tableau de l’Église dès le
temps des apôtres !
Possession des choses
par Christ, sans en jouir encore
Réalisation limitée des choses dont nous avons la possession assurée
Il y a encore une remarque à faire. Lorsque Christ reviendra dans la gloire,
nous posséderons toutes choses, Satan étant lié. Or l’Église, par le Saint
Esprit, devrait réaliser la puissance de cette gloire. Mais il y a des choses
célestes proprement dites qui sont à nous, comme étant notre demeure, notre
position, notre vocation ; d’autres qui sont la sphère d’exercice de la
puissance dont nous jouissons, et qui nous sont assujetties. Ainsi les limites
de la demeure d’Israël étaient plus étroites que celles du territoire qu’il
était en droit de posséder. Le Jourdain était la limite de sa demeure,
l’Euphrate celle de sa possession. Les choses célestes sont à nous. Mais la
manifestation de la puissance de Christ sur la création et la délivrance de
cette création nous est accordée. Elle sera délivrée lorsque Christ lui-même
exercera cette puissance.
Manifestation encore
partielle de la puissance de Christ en délivrance
Ainsi « les miracles du siècle à venir » [(Héb. 6:5)]1 étaient des délivrances
du joug de l’ennemi. Ce n’étaient pas des choses qui nous fussent propres ;
toutefois elles étaient à nous.
1 Ainsi appelés, je n’en doute pas, parce qu’ils étaient des échantillons de cette puissance qui assujettira entièrement l’ennemi lorsque Christ paraîtra.
Commentaire entier
John Nelson Darby