Introduction
La décadence d’Israël et l’intervention de Dieu en grâce
Le livre des Juges est l’histoire de la décadence d’Israël. Josué nous montre
l’énergie de Dieu agissant au milieu du peuple, qui néanmoins commet des fautes.
Dans les Juges, nous voyons la misère du peuple devenu infidèle, et, en même
temps, l’intervention du Dieu de miséricorde dans les circonstances où se
trouvait Israël, par suite de son infidélité. C’est ce qui correspond à ce qu’on
appelle des réveils, dans l’histoire de l’Église de Dieu.
Dans ce livre, on ne voit plus la bénédiction et la puissance signalant l’établissement du peuple de Dieu. Ce n’est pas non plus l’accomplissement des conseils de Dieu, après que le peuple a manifesté son impuissance à conserver la bénédiction qui lui avait été donnée, accomplissement qui est encore futur pour lui comme pour l’Assemblée ; ni les formes et le gouvernement, qui pouvaient, malgré la méchanceté et l’infidélité intérieure du peuple, maintenir son unité extérieure jusqu’à ce que Dieu le jugeât dans ses chefs. Dieu était encore seul chef reconnu en Israël ; en sorte que le peuple portait constamment lui-même la peine de son péché.
L’histoire du peuple et
de la miséricorde de Dieu
La misère où son infidélité le jetait, excitant les compassions de Dieu, sa
puissante grâce suscitait par son Esprit des libérateurs au milieu du peuple
déchu et malheureux ; « son âme fut en peine de la misère d’Israël » (10:16).
[2:16] « Et l’Éternel suscita des juges ; et ils les délivrèrent de la main de
ceux qui les pillaient ». [2:18] « Et quand l’Éternel leur suscitait des juges,
l’Éternel était avec le juge, et les délivrait de la main de leurs ennemis,
pendant tous les jours du juge ; car l’Éternel avait pitié, à cause de leur
gémissement devant ceux qui les opprimaient et qui les accablaient ». [2:17]
Mais Israël n’était pas changé : « Mais même leurs juges, ils ne les écoutèrent
pas ». [2:19] « Et il arrivait que, lorsque le juge mourait, ils retournaient à
se corrompre plus que leurs pères, marchant après d’autres dieux pour les servir
et se prosterner devant eux : ils n’abandonnaient rien de leurs actions et de
leur voie obstinée » (2:16-19). Voilà la triste histoire du peuple de Dieu, mais
c’est aussi l’histoire de la grâce de Dieu et de ses compassions envers son
peuple.
La chute continuelle du
peuple jusqu’au rejet de Dieu comme roi
Ainsi, au commencement du livre, nous voyons du mal et des chutes, et aussi des
délivrances simples et précieuses. Mais, hélas ! le tableau s’assombrit de plus
en plus. Les juges eux-mêmes nous présentent des traits affligeants dans leur
conduite, et l’état d’Israël va toujours en empirant, [1 Sam. 8:5] jusqu’à ce
que, fatigué de l’effet de sa propre incrédulité, malgré la présence du prophète
et la parole expresse de Dieu, il abandonne la royauté du Tout-Puissant, pour
adopter les formes du gouvernement humain et s’établir régulièrement sur le même
pied que le monde, [1 Sam. 8:7] lorsqu’il avait Dieu pour son Roi !
Chapitre 1er
L’Éternel laisse des nations pour éprouver son peuple infidèle
[3:1] C’est à cause de cette infidélité, sans doute prévue de Dieu, qu’il a
laissé quelques-unes des nations au milieu de son peuple, pour l’éprouver. La
présence de ces nations était déjà une preuve du manque d’énergie et de
confiance du peuple dans la puissance de Dieu qui, cependant, l’aurait garanti
des désastres qui lui sont arrivés plus tard. Mais, dans ses sages conseils,
Dieu, qui connaissait son peuple, a laissé ces nations au milieu de lui, comme
moyen de l’éprouver. Israël ne sera béni pleinement que sous le Messie, qui
introduira sa bénédiction par sa puissance, et par sa puissance la lui
conservera.
Les réveils et les
manquements de l’Église — L’homme gâte tout ce que Dieu établit
Hélas ! cette histoire d’Israël en Canaan est aussi celle de l’Église ; plantée
en bénédiction céleste sur la terre, elle a, dès le commencement, manqué à la
réalisation de ce qui lui était donné, et le mal s’est développé en elle lors du
départ des premiers et puissants instruments de bénédiction qui lui avaient été
accordés. Cela est allé de mal en pis. Il y a eu des réveils, mais le fond
d’incrédulité était toujours le même, et la décadence de chaque réveil a marqué
un nouveau progrès dans le mal et l’incrédulité, en proportion du bien qu’on
avait ainsi abandonné, en s’éloignant de la source primitive de bénédiction et
de force. Le réveil n’est jamais dans des proportions tellement étendues, qu’on
appréhende ce que Dieu est — ce qu’il a révélé au commencement pour son peuple,
ou quelle fut alors la puissance de sa révélation, et l’action de l’Esprit. Une
fois qu’on s’est éloigné de Dieu, on le perd de plus en plus. La partie de sa
bénédiction, mise de nouveau en évidence, est négligée et abandonnée au point
qu’il en résulte un oubli plus complet de Dieu ; la vieille nature et le monde
reprennent leur place, avec cette différence qu’elle est maintenant reprise non
seulement sans Dieu, mais à l’exclusion de Dieu et pour élever l’homme et sa
propre nature, en s’éloignant de la source primitive de bénédiction et de force.
Il y a un fait frappant dans l’histoire de l’homme : La première chose qu’il
fait toujours est de gâter l’oeuvre que Dieu vient d’établir sur la terre. [Gen.
3:6] L’homme mange du fruit défendu ; [Gen. 9:21] Noé s’enivre ; [Lév. 10:1] les
fils d’Aaron offrent un feu étranger ; [Ex. 32:4] Israël fait le veau d’or ; [1
Rois 11:5] Salomon tombe dans l’idolâtrie ; [Dan. 3:1] Nébucadnetsar érige son
idole [Dan. 3:6] et devient persécuteur. Et tout du long la patience de Dieu
continue à s’occuper des âmes malgré tout.
La fidélité de Dieu
envers les siens et pour son Assemblée, malgré tout
Toutefois, Dieu a toujours eu les siens, et sa fidélité ne leur a jamais fait
défaut, soit dans le secret, soit ouvertement, dans sa bonté, pour manifester sa
grâce en puissance publique envers son Assemblée ; puissance dont elle aurait dû
toujours jouir. Cette triste succession de chutes finira à la venue de Jésus,
qui accomplira dans sa gloire céleste ses desseins à l’égard de cette Église qui
aurait dû toujours en être le fidèle témoin ici-bas.
La puissance de Dieu
toujours présente pour la foi
[1:1-2] La puissance et la présence de Dieu n’avaient pas abandonné Israël lors
du départ de Josué. On Le trouvait toujours là où il y avait de la foi pour en
profiter. C’est la première vérité présentée dans ce livre. [Phil. 2:12-13]
C’est ce que dit Paul aux Philippiens : « Non seulement comme en ma présence,
mais beaucoup plus maintenant en mon absence, travaillez à votre propre salut
avec crainte et tremblement : car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et
le faire ».
[1:4] Cette présence de Dieu en bénédiction pour la foi se vérifie, soit par la victoire remportée sur les ennemis les plus puissants (chap. 1:1-7), [1:15] soit par l’obtention de bénédictions spéciales, des sources jaillissantes, et dans tout le détail de la réalisation des promesses (vers. 13-15). [1:18] Les Philistins même sont dépossédés (vers. 18). Mais, en même temps, la foi de Juda et de Siméon, d’Éphraïm et de Manassé, et de toutes les tribus a manqué, et par conséquent leur énergie et le sentiment du prix de la présence de Dieu et de leur propre consécration à Lui, et par conséquent aussi le sentiment du mal qu’il y avait chez leurs adversaires ; sentiment qui aurait rendu leur présence au milieu d’eux insupportable.
L’indifférence et le
manque de foi laissent subsister le mal avec Israël
Quel déshonneur fait à Dieu, quel péché de laisser là, de supporter de telles
gens ; quelle infidélité envers Dieu, quelle source infaillible de mal et de
corruption pour Israël, que cette indifférence ! Mais il n’était guère sensible
à tout cela. Le discernement spirituel lui manquait aussi bien que la foi, et
les sources de mal et de misères demeuraient à côté du peuple dans le pays même,
le pays de Dieu et d’Israël !
Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-5 — De Guilgal à Bokim
Dieu vient au milieu du peuple qui pleure
Hélas ! puisque tel était l’état du peuple et qu’il s’en contentait, il ne
s’agissait plus de châtier, comme à Aï. [2:1] Mais l’Ange de l’Éternel (la
présence agissante de Dieu au milieu du peuple) quitte Guilgal (cette
circoncision spirituelle du coeur qui précède les victoires et retrempe l’âme,
pour qu’on soit victorieux dans les combats), et vient s’établir à Bokim, [2:4]
dans la place des pleurs, au milieu du peuple, [2:3] en déclarant qu’il ne
chasserait plus les ennemis qu’Israël avait épargnés.
Dieu, à Guigal, donnait
sa force à ceux qui se jugeaient pour lui
[2:1] Dieu avait donc été à Guilgal ! Quelle grâce dans ces exercices et ces
combats intérieurs du coeur, où s’accomplit la vraie circoncision pratique, où
la source et l’influence du péché se font sentir pour être jugés devant Dieu,
afin que, le péché étant mortifié, on puisse dans les combats (et aussi dans la
communion), jouir de la force de Dieu, qui ne saurait l’accorder à la chair et
au péché.
La force de Dieu se
trouvait à Guilgal — Sa grâce demeure avec le peuple affligé à Bokim
Cette mortification intérieure est une œuvre sans éclat et sans apparence,
petite et mesquine aux yeux des hommes ; elle nous rend petits à nos propres
yeux, mais exalte Dieu et sa grâce, et associe notre coeur avec Lui, en nous
donnant moralement conscience de Sa présence. Ce n’est pas que nous soyons forts
; nous avons, au contraire, le sentiment d’entière dépendance (cf. 2 Cor. 12 [v.
9-10]), mais d’une dépendance de la force divine qui, en réalité, accomplit
toutes choses, bien que Dieu puisse, pour cela, se servir d’instruments s’il le
juge bon. Dans ce cas, la responsabilité de l’homme intervient. À Jéricho, Dieu
fait tout Lui-même pour montrer, entièrement en dehors de l’homme, qui est
l’Auteur. À Aï, nous trouvons la responsabilité. À Guilgal, nous ne voyons pas
la force ; elle est manifestée à Gabaon contre les Amoréens de la montagne (Jos.
10 [v. 10]), mais le peuple l’avait acquise à Guilgal. Historiquement il ne
paraissait pas que la force de Dieu fût à Guilgal, la manifestation de cette
force aurait détruit l’oeuvre proprement dite de Guilgal, c’est-à-dire le
jugement, en humiliation à cause de Dieu, de tout ce qui pourrait être une
occasion d’agir pour la chair. Lorsqu’on a abandonné Guilgal, on trouve que
l’ange de l’Éternel y avait été ; on l’échange contre des pleurs, mais on pleure
les bénédictions perdues. — [2:5] En Bokim, on peut adorer Dieu. [2:1] Sa
relation avec le peuple n’est pas changée. [2:4] Il accepte ces pleurs. Mais
quelle différence ! la force et la clarté de la face de l’Éternel n’y sont pas.
Mais Il reste toujours le même et la foi peut compter sur Lui, comme lorsque la
mer Rouge s’enfuit de devant sa face et que le Jourdain retourna en arrière. La
douleur de la position présente est sentie, mais allégée par le sentiment que sa
grâce ne peut ni ne veut faire défaut. Ce changement de Guilgal à Bokim est la
clef du livre ; ce n’est que trop souvent, hélas ! celle de l’état des enfants
de Dieu.
Le Saint Esprit, ayant posé ces bases générales, en vient au développement historique de cette position d’Israël.
Ch. 2 v. 6-9 —
L’infidélité suit le départ des fidèles du début
[2:7] Pendant les jours de Josué et des anciens qui lui ont survécu, Israël a
marché devant l’Éternel. C’est l’histoire de l’Église : tant que les apôtres ont
été là, elle était gardée ; mais Paul (Actes 20:29) et Pierre (2 Pierre 2 [v.
1]) ont également averti les fidèles, que leur départ amènerait les fâcheuses
conséquences de l’infidélité et de la révolte. Déjà, les principes en étaient
là. Le mélange avec des personnes infidèles, oeuvre de l’ennemi, allait devenir
le moyen par lequel le mal se développerait et les envahirait.
Le Seigneur l’avait dit (Matth. 13), et Jude en développe la marche et les conséquences avec une clarté et une précision solennelles.
Ch. 2 v. 10-23 — Dieu
châtie Israël infidèle, mais les sauve aussi en compassion
[2:10] Mais lorsqu’il s’élève en Israël une génération qui n’a pas connu
l’Éternel, qui n’a pas été témoin oculaire des oeuvres de sa puissance, [2:12]
et qu’elle sert les dieux des nations qu’elle avait laissé subsister, [2:14]
Dieu ne veut plus la protéger. Infidèles au dedans, les Israélites tombent entre
les mains des ennemis du dehors. [2:18] Puis, comme nous avons dit, dans leur
affliction, l’Éternel, touché de compassion, suscite des juges, qui,
reconnaissant son nom, ramènent la manifestation de sa puissance au milieu du
peuple.
Chapitres 3 et 4
Ch. 3 v. 1-4 — Dieu permet l’épreuve de son peuple pour son apprentissage
[3:1] Dieu, sachant ce qu’était ce peuple et quel était son état, avait laissé
dans les limites du pays ce qui mettait l’obéissance à l’épreuve : [3:3] les
Philistins, les Sidoniens, etc., [3:2] afin qu’Israël apprît « ce que c’est que
la guerre », et fît l’expérience des voies et du gouvernement de l’Éternel.
[3:2] En ceci, la sagesse et la prescience de Dieu, qui connaît l’homme, faisaient tourner l’infidélité du peuple en bénédiction. [3:1] La prospérité extérieure, sans épreuves, n’aurait pas ôté ce qu’il y avait d’infidélité dans le coeur, et aurait privé le peuple des exercices et des combats dans lesquels il a pu comprendre ce qui en était de son Dieu, de Ses voies et de Ses relations avec lui, et en même temps ce qu’était son propre coeur.
Nous faisons, et par les mêmes causes, les mêmes expériences.
L’histoire du peuple :
chute, châtiment par l’asservissement, puis cri à l’Éternel et délivrance divine
Maintenant, je repasserai les principaux sujets présentés dans l’histoire de ce
livre. — [3:9] Othniel, [3:15] Éhud [3:31] et Shamgar ont été successivement les
instruments suscités de Dieu pour la délivrance de son peuple.
[3:6] On remarque ici la chute du peuple, qui se met à servir des faux dieux ; [3:8, 14 ; 4:3] puis sa servitude ; [3:9, 15 ; 4:3] et alors, dans sa détresse, il crie à l’Éternel. C’est toujours ainsi que la délivrance arrive (3:9, 15 ; 4:3). Dans ce dernier cas l’Éternel sort de ses voies ordinaires. [4:5] Tout Israël avait perdu sa force et son énergie, même dans les affaires intérieures. Voilà l’effet des rechutes ; on perd la conscience de la puissance de Dieu.
Ch. 4 v. 4-9 — Le
manque de foi dans l’obéissance, et le manque d’honneur qui en découle
[4:4] À l’époque dont nous parlons, une femme juge Israël. C’était un signe de
la toute-puissance de Dieu, car elle était prophétesse. Mais c’était une voie
extraordinaire de Dieu, [4:9] et une honte pour l’homme. [4:6] Débora appelle
Barak (car là où l’Esprit de Dieu agit, Il discerne et dirige) ; elle lui
communique le commandement de Dieu. [4:10] Il obéit, [4:8] mais la foi lui
manque pour aller comme celui qui jouit de communications directes avec Dieu, et
par conséquent n’a pas besoin d’en avoir d’autres. Ces communications directes
donnent la conscience que Dieu est là, qu’il intervient pour son peuple. Barak
ne veut pas aller sans Débora. [4:9] Mais ce manque de foi n’est pas à son
honneur. Les hommes resteront à la place qui correspond au degré de leur foi, et
ce sera encore par le moyen d’une femme que Dieu se glorifiera. [4:8] Barak a
assez de foi pour obéir, s’il a près de lui quelqu’un qui sache s’appuyer
directement sur Dieu, mais non pour s’y appuyer ainsi lui-même. C’est ce qui
arrive souvent. [4:9] Dieu ne le repousse pas, mais il ne l’honore pas. En
effet, ce n’est pas du tout la même foi en Dieu. Or, c’est par la foi que Dieu
est honoré.
Ch. 4 v. 10-24 —
L’exercice de la guerre contre l’ennemi
[4:14-16] Ici aussi, nous avons, non la destruction immédiate de l’ennemi, mais
l’exercice du peuple à la guerre, pour le faire sortir de l’état d’abattement
moral dans lequel il était. Le commencement était petit. [4:9] Une femme en
était l’instrument, car la crainte n’honore pas Dieu, et Dieu ne peut pas faire
reposer sa gloire sur un tel état ; [4:24] mais peu à peu « la main des fils
d’Israël avançait toujours et pesait durement sur Jabin, jusqu’à ce qu’ils
l’eurent retranché ».
Chapitre 5
[5:2] En général, l’effet d’une oeuvre pareille du Saint Esprit est de présenter
le peuple comme étant de bonne volonté (chap. 5:2). [5:16-17] Toutefois,
l’Esprit de Dieu nous a fait voir que l’effet de l’incrédulité dans le peuple a
été que plusieurs se sont tenus en arrière ; ce qui les a fait manquer à la
manifestation et à l’expérience de la puissance de Dieu. [5:23] Le jugement de
Dieu va jusqu’à la malédiction, là où il y avait une réserve complète, un refus
de s’associer au peuple dans sa faiblesse.
Chapitre 6
Dieu choisit l’instrument de la délivrance et donne sa force à la foi
[6:1] Mais de nouveau les Israélites firent ce qui déplaît à l’Éternel, et il
les livra entre les mains des Madianites. [6:6] Et les enfants d’Israël crièrent
de nouveau à l’Éternel. [6:8-10] Dieu révèle à la conscience du peuple la cause
de sa détresse. C’était déjà une réponse ; mais, pour le moment, il les laisse
dans leur état. Il n’agit pas au milieu d’eux en les délivrant aussitôt ; [6:12]
mais il agit pour eux dans l’instrument qu’il a choisi pour opérer leur
délivrance. [6:14] Dieu se glorifie en lui ; mais cette action, concentrée en
Gédéon, montre dans le peuple un état plus bas qu’auparavant. Toutefois, dans
ces circonstances humiliantes, Dieu choisit les moyens qui déploient sa gloire
de toutes manières. [6:16] Là où il agit, là est la force ; [6:27] et aussi la
foi qui agit selon cette force dans la sphère qui lui est propre.
Ch. 6 v. 11-14 — La foi
de Gédéon
Les pensées de Gédéon, sous l’oppression de l’adversaire, sont tournées vers
Dieu
Nous examinerons un peu l’histoire de Gédéon et les traits de l’oeuvre de
l’Esprit dans cette délivrance, ainsi que dans la foi de celui qu’il a suscité.
[6:13] Il est évident que bien des pensées et de sérieuses réflexions s’étaient
présentées à Gédéon, avant que l’Ange lui eût parlé. Mais la visite de l’Ange a
été l’occasion qui lui a fait formuler et exprimer les pensées dont son coeur
était occupé. Gédéon souffrait avec les autres de l’oppression des ennemis de
Dieu, mais cela l’a porté à penser à Dieu, [6:11] au lieu de prendre son parti
de subir le mal comme un esclavage nécessaire. [6:12] L’Ange lui dit : «
L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme ».
Gédéon pense au peuple
d’Israël et s’associe avec
[6:13] C’est ici que nous voyons ce qui préoccupait le coeur de Gédéon : ce
n’était pas sa position à lui, mais la relation entre l’Éternel et Israël.
Peut-être ne trouve-t-on pas ici la hauteur des promesses faites à Abraham, mais
c’est le pouvoir rédempteur de l’Éternel se manifestant en faveur d’Israël.
C’est un peu le cas de Moïse auquel l’Éternel dit : « Ton peuple » et qui répond
toujours à l’Éternel : « Ton peuple » (Ex. 32:7-13). Gédéon, de même, ne peut se
séparer de tout Israël, le peuple de Dieu. [6:12] « L’Éternel est avec toi »,
dit l’ange. [6:13] « Si l’Éternel est avec nous », répond Gédéon, « pourquoi
donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont toutes ses
merveilles que nos pères nous ont racontées, en disant : L’Éternel ne nous
a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Et maintenant l’Éternel nous a
abandonnés, et nous a livrés en la main de Madian ».
La relation de
l’Éternel avec son peuple dans cet état misérable
[6:13] C’était en effet la foi qui faisait jaillir tous ces raisonnements, ces
exercices du coeur. L’Éternel. avait fait toutes ces merveilles. Il avait fait
monter le peuple du pays d’Égypte. Si l’Éternel était avec Israël, si telle
était la relation de l’Éternel avec son peuple, comment le peuple pouvait-il
être dans ce triste état ? (Oh ! comme un semblable raisonnement peut
s’appliquer à l’Église !)
La foi regarde à Dieu
et à la relation avec lui, par-delà les circonstances difficiles
[6:13] Gédéon reconnaît aussi que c’est l’Éternel qui a livré le peuple entre
les mains des Madianites. Comme la pensée de Dieu élève l’âme au-dessus des
misères où l’on est ! En pensant à Lui on reconnaît, dans ces misères mêmes, la
main et tout le caractère de Celui qui les a envoyées. [6:11] C’est là ce qui
relevait ce pauvre Israélite travaillant sous le poids de l’oppression. [6:14] «
L’Éternel le regarda et lui dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras
Israël ». La visite et le commandement de l’Éternel prêtaient leur forme et leur
force à ce qui auparavant n’était qu’un exercice de coeur. Néanmoins, c’était
cet exercice de coeur qui était sa force ; [6:13] car c’était un lien intérieur
de foi avec tout ce que l’Éternel était pour son peuple opprimé, dans la
conscience de la relation qui subsistait entre eux.
Ch. 6 v. 15-24 —
L’affermissement de la foi et la paix de Dieu
Dieu affermit la foi du serviteur qui sent sa faiblesse
Voyons maintenant le développement et la mise à exécution de cette foi, pour la
délivrance du peuple de Dieu. [6:15] Gédéon éprouve d’abord le sentiment de sa
propre petitesse, quelle qu’ait été la relation entre l’Éternel et le peuple
(vers. 15). [6:16] La réponse de l’Éternel lui montre le seul moyen, si simple :
— « Moi je serai avec toi ». Précieuse condescendance, doux et puissant
encouragement pour l’âme ! [6:17] La foi de Gédéon était faible. [6:13] L’état
présent du peuple tendait par sa durée à effacer le souvenir des merveilles
opérées par l’Éternel à la sortie d’Égypte, et à affaiblir la conscience de sa
présence. [6:18] Maintenant l’Ange de l’Éternel daigne s’arrêter auprès de lui
pour affermir sa foi.
La révélation de Dieu à
l’homme l’anéantit et le fortifie
[6:17] Gédéon qui s’était adressé à lui, dans la conscience secrète que c’était
le Seigneur, [6:22] sait actuellement qu’il a vu l’Ange de l’Éternel — d’Élohim,
face à face. C’était une révélation positive, propre à l’anéantir en lui-même,
ainsi que cela eut lieu, mais aussi à le fortifier, d’une manière puissante,
dans sa marche au milieu des autres qui n’avaient pas connu de la même manière
l’Éternel. Quoique ce ne soit pas avec de telles visions, il en est toujours
ainsi lorsque Dieu suscite un instrument spécial pour la délivrance de son
peuple.
Ch. 6 v. 23-24 — La
paix et la bénédiction de Dieu
[6:23] L’Éternel s’était manifesté, et maintenant il rassure Gédéon. « Paix te
soit, dit-il ; ne crains point, tu ne mourras pas ».
[6:22] L’homme, anéanti par la présence de Dieu, [6:24] jouit de sa force si cette présence est en bénédiction. C’est ce que Gédéon saisit et reconnaît pour lui-même : l’Éternel est avec lui en paix et en bénédiction. [6:23] Le mot (Shalom) « Paix te soit » est le même [6:24] que celui de l’autel : « L’Éternel de paix ».
L’adoration dans les
relations de paix établies par Dieu avec lui-même
Lorsque Dieu agit puissamment sur le coeur, le premier effet se montre toujours
dans les relations avec lui. [6:13] Gédéon est préoccupé de l’Éternel, il
l’était avant cette manifestation. [6:24] Mais étant rempli de l’Éternel, c’est
par l’adoration1 qu’il exprime les sentiments de son coeur, [6:23] lorsqu’il
reçoit de Lui la réponse à tout ce qui s’y passait2. [6:24] Il élève un autel à
l’Éternel de paix. Ainsi, les relations de paix sont établies entre Dieu et son
serviteur ; mais tout ceci est entre Gédéon et l’Éternel.
1 On voit un sentiment analogue chez Éliézer (Gen. 24:27). Il est très intéressant d’étudier les diverses circonstances dans lesquelles on a bâti des autels à l’Éternel. Je cite ici quelques passages. (Gen. 8:20, et 12:7 ; comp. 13:4 ; voyez 21:33 ; 22:9 ; 26:25 ; 33:20 ; 35:7. — On peut remarquer encore Exode 24:4 ; Jos. 8:30. Ici, Juges 6). Il paraît même que Gédéon en a bâti deux : [6:24] l’un pour lui-même en adoration, [6:26-27] et l’autre par commandement en témoignage. (1 Sam. 7:17 ; 14:35 ; 1 Rois 18:32. — On peut ajouter 2 Sam. 24:25 ; Esd. 3:2).
2 Il est instructif de remarquer ici la différence entre les exercices de coeur qui résultent de la foi, et la réponse de Dieu aux besoins et aux difficultés que produisent ces exercices. [6:13] Au verset 13, nous avons l’expression de ces exercices dans une âme sous le poids de la même oppression que ses frères, mais qui la sent, parce que sa foi en l’Éternel était réelle. [6:23] Ici, nous avons la réponse qui produit la paix, [6:24] et, avec la paix, l’adoration. [Jean 20:19, 21] Il en est de même lorsque, après avoir subi la mort, Jésus, ressuscité, se révèle à ses disciples avec les mêmes mots dont Dieu se sert ici, et pose les bases de l’Église réunie pour le culte. [Luc 7:38] En Luc 7, nous retrouvons les mêmes expériences chez la femme de mauvaise vie. Elle croyait en la personne de Jésus. Il était son tout par sa grâce ; [Luc 7:48] mais elle ne savait pas encore qu’une femme comme elle était pardonnée [Luc 7:50] et sauvée, et pouvait s’en aller en paix. Cette assurance fut la réponse donnée à sa foi. Or, cette réponse est ce qu’annonce l’Évangile à tout croyant. Le Saint Esprit annonce Jésus. Cela produit la conviction de péché. La connaissance de Dieu en Christ et la connaissance de soi-même atterre (car le péché est là, et l’on est charnel, vendu au péché [(Rom. 7:14)]) ; mais elle produit des combats, peut-être des angoisses. Souvent l’âme se débat avec le péché et ne peut se tirer d’affaire ; elle demeure au même point (la plupart des sermons dont elle attend la lumière ne vont pas plus loin). Mais l’Évangile annonce les ressources de Dieu lui-même pour sortir de cet état. — [Luc 7:48] Paix te soit, tes péchés te sont pardonnés. — [Luc 7:50] Ta foi (car elle existait), dit Jésus à la femme pécheresse, t’a sauvée. Voilà ce qu’elle ne savait pas encore. (Comp. Actes 2:37, 38).
Ch. 6 v. 25-32 — Baal
et le mal sont ôtés avant que Dieu délivre son peuple
Le service public de Gédéon et son témoignage pour l’Éternel
[6:25] Maintenant vient son service public, qui aussi s’accomplit en
rétablissant premièrement au sein de sa famille et de sa ville les relations
entre Dieu et son peuple. Il faut que Baal soit ôté d’Israël avant que Dieu
chasse les Madianites. Pourquoi le ferait-il, si la bénédiction pouvait être
attribuée à Baal ?
[6:26] Il est donc commandé à Gédéon de rendre un témoignage éclatant, qui attire l’attention de tout le peuple sur la nécessité de rejeter Baal, afin que Dieu puisse intervenir.
Dieu réclame
l’obéissance avant de donner la force
La fidélité au dedans précède la force au dehors : le mal doit être ôté d’Israël
avant que les ennemis soient chassés. L’obéissance, puis la force : voilà
l’ordre de Dieu.
Lorsque la puissance de Satan en superstition, manifestée extérieurement de quelque manière que ce soit, est méprisée, elle est détruite ; en supposant toujours que Dieu est avec celui qui la méprise, et que celui-ci est dans le chemin de l’obéissance.
L’opposition de
l’ennemi est vaincue par la foi agissant dans la présence de Dieu
[6:27] Gédéon renverse Baal ; [6:30] et en réponse à la colère du peuple que la
superstition remplit de terreur, [6:31] celui-là même à qui l’autel appartenait
leur dit : « S’il est dieu qu’il se défende lui-même ». La puissance de Dieu
agissait sur les esprits, car il y avait la foi. Mais l’opposition de l’ennemi
ne cesse pas pour cela : rien de plus méprisable qu’un Dieu méprisé. Si Satan ne
peut pas être Dieu parmi les hommes, il n’est pas au bout de ses ressources : il
suscitera les hommes en hostilité ouverte contre ceux qui renversent ses autels
; mais lorsqu’on agit de la part de Dieu, cette guerre de l’ennemi n’aura
d’autre effet que de l’amener en présence de la puissance de Dieu, et de nous
donner la victoire, la délivrance et la paix.
Ch. 6 v. 33-35 — Dieu
prépare tout pour manifester sa puissance
[6:33] Les Madianites montent contre Israël. Tout est préparé pour que l’Éternel
intervienne. [6:34] L’Esprit de Dieu revêt Gédéon. Nouvelle phase dans cette
histoire ; ce n’est pas seulement la fidélité, c’est la puissance. Gédéon sonne
de la trompette, [6:28, 30] et ceux qui naguère avaient voulu le tuer, [6:34]
marchent maintenant à sa suite. [6:35] Il envoie des messagers à toute sa tribu.
Ceux de Zabulon, d’Aser et de Nephthali viennent aussi. La puissance de l’Esprit
qui mène les esprits des hommes, est avec la foi qui reconnaît Dieu, qui le
reconnaît dans sa relation avec son peuple, et rejette fidèlement le mal
incompatible avec cette relation.
Ch. 6 v. 36-40 — La
condescendance de Dieu pour la faible foi de l’homme
[6:38] Dieu donne encore une preuve de sa grande condescendance en accordant un
signe [6:36] pour fortifier la foi, faible, mais réelle et sincère, de Gédéon,
[6:39] qui sent, lorsqu’il répète sa demande (vers. 39), que Dieu pourrait bien
le châtier pour son manque de foi. [6:40] Cependant l’Éternel lui accorde ce
qu’il demande.
Chapitre 7
Ch. 7 v. 1-8 — Dieu choisit ceux qui lui donnent toute la place, pour sa gloire
seule
La foi personnelle seule glorifie Dieu
[7:3] Trente-deux mille hommes suivaient Gédéon. [7:2] Mais l’Éternel ne veut
pas un si grand nombre. Lui seul doit être glorifié dans cette délivrance. [7:3]
En effet, la foi était si faible, lors même que l’Esprit de Dieu agissait,
qu’une fois en présence de l’ennemi vingt-deux mille hommes sont contents de se
retirer, sur l’invitation de Gédéon. Le mouvement produit par la foi d’autrui
est loin d’être une foi personnelle.
Un coeur tout entier
pour Dieu est seul digne de participer à son oeuvre
[7:4] Mais dix mille hommes sont encore trop. Le nom de l’Éternel doit seul
paraître. [7:5] Ceux-là seuls doivent rester, qui ne s’arrêtent pas pour se
désaltérer à leur aise, mais se rafraîchissent à la hâte, comme l’occasion se
présente, plus occupés du combat que de leurs aises, pendant le chemin. [7:7] Le
peuple avait besoin de comprendre que l’Éternel devait avoir, par la foi, toute
la place dans son coeur ; et il convenait au juste jugement de Dieu que ceux qui
ne lui donnaient pas cette place fussent privés de la part qu’ils auraient pu
avoir à cette oeuvre glorieuse.
La pleine et entière
confiance en l’Éternel de Gédéon
[6:8] Ici, Gédéon déploie une entière confiance en Dieu. [6:15] Précédemment, la
faiblesse de sa foi faisait que son coeur se reportait trop sur lui-même, au
lieu de regarder simplement à Dieu. Le profond sentiment qu’il avait de l’état
d’Israël l’empêchait d’hésiter un instant, parce que le peuple n’était pas avec
lui ; que faire de ce peuple ? [6:36] Dans la défiance qui venait de cette
disposition à se reporter sur lui-même, il avait senti le besoin de s’assurer
que l’Éternel était avec lui ; mais maintenant qu’il a la certitude que
l’Éternel veut délivrer Israël par son moyen, il s’en rapporte entièrement à
lui.
Ch. 7 v. 9-25 —
L’Éternel donne confiance à Gédéon et terrifie ses ennemis
[7:14] L’Éternel jette l’effroi et l’épouvante au milieu des ennemis, [7:10-11]
et le fait connaître à Gédéon. Il est touchant de voir les soins que Dieu prend
pour inspirer de la confiance à son serviteur, selon les besoins que l’état de
choses avait créés. [7:14] Aussi, le nom de Gédéon retentissait-il déjà avec
effroi dans la nombreuse armée des Madianites. [7:21-22] Saisis de terreur, ils
se détruisent les uns les autres. La confiance des Madianites, basée seulement
sur l’incapacité d’Israël, se fondait devant l’énergie de la foi ; car les
instruments de l’oeuvre de l’ennemi ont toujours une mauvaise conscience. C’est
l’Éternel qui fait tout. [7:20] Les trompettes et les flambeaux seuls
annonçaient sa présence et celle de son serviteur Gédéon. [7:23] La multitude
d’Israël poursuit les ennemis, profitant de l’oeuvre de la foi sans en avoir :
résultat ordinaire d’un pareil mouvement.
Chapitre 8
Ch. 8 v. 1-17 — La foi de Gédéon agit selon Dieu pour châtier ou apaiser le
peuple incrédule
[8:1] Tous cependant ne se joignent pas à Gédéon pour la poursuite de l’ennemi.
[8:6] Mais, pour le moment, Gédéon méprise la lâcheté qui le méconnaît et qui
craint encore la force de l’oppresseur. [8:16-17] En revenant, il châtie selon
la juste indignation de sa foi, ceux qui s’étaient montrés favorables à l’ennemi
[8:4] dans un moment où les serviteurs de Dieu étaient fatigués, mais
poursuivant toujours. [8:7, 9] Tandis que l’oeuvre était à faire, ils
s’occupaient de l’oeuvre et passaient outre ; [8:16-17] on a tout le temps de se
venger lorsqu’elle est achevée. [8:2] Gédéon a aussi la prudence de s’effacer
pour calmer la susceptibilité de [8:1] ceux qui se sentaient blessés dans leur
importance parce que lui avait eu plus de foi qu’eux. Ils ne s’étaient pas
vantés de leur importance, et n’avaient pas demandé à être appelés lorsque
Madian était en force sur le territoire d’Israël. [8:3] On aurait tort de
contester avec de telles gens. Si l’on est content d’avoir fait l’oeuvre de
Dieu, ils seront contents des dépouilles qu’ils trouveront à la poursuite de
l’ennemi : ils s’en feront une victoire. [7:24-25] Il faut la leur laisser ;
car, en effet, ils ont été utiles à la cause de l’Éternel, quoique tardifs à y
entrer. Ils sont venus lorsqu’ils ont été appelés et, à ce qu’il paraît, de bon
coeur ; ils ont suivi la direction de Gédéon et lui ont rapporté les têtes des
chefs. Le secret de la foi et de l’Éternel était avec Gédéon. C’était inutile de
leur en parler. Israël ne comprenait pas sa faiblesse. Gédéon devait être fort
de la part de l’Éternel pour Israël, puisque Israël ne pouvait être fort avec
lui. [8:1] Or, par cette même raison, ils ne pouvaient comprendre pourquoi ils
n’avaient pas été appelés auparavant. La chose a dû être laissée sans
explication ; preuve du triste état d’Israël. [8:2-3] Mais le danger a été
écarté et la difficulté résolue en ce que Gédéon se contentait sagement de les
tranquilliser, en n’insistant pas sur sa propre importance, sentiment qui tenait
à une foi dont eux ne se croyaient pas incapables et dont ils ne sentaient pas
les difficultés, parce qu’ils ne la possédaient pas. Il faut être près de Dieu
pour sentir ce qui manque dans l’état de son peuple avec lui ; car c’est en Lui
que nous trouvons ce qui nous rend capables de comprendre et sa force et les
exigences de nos relations avec Lui.
[8:28] Pendant les jours de Gédéon, Israël fut en paix.
Le bas état du peuple
de Dieu, qu’il délivre
Bien que les détails de cette délivrance soient d’un intérêt particulier, il me
paraît que l’état du peuple s’y montre plus bas qu’à l’époque des délivrances
précédentes. [3:10, 28] Alors on trouvait tout simple que quelque serviteur de
l’Éternel, comptant sur son bras, délivrât le peuple du joug qui pesait sur lui.
[4:10] Ou bien le peuple, réveillé par les paroles d’une prophétesse, secouait
le joug [4:24] et remportait lui-même, par le secours de Dieu, la victoire sur
ses ennemis. [6:25-26] Mais ici il fallait rétablir chez le peuple la conscience
des relations de l’Éternel avec lui. C’est ce que Dieu fait avec Gédéon, comme
nous l’avons vu, et cela avec une tendresse et une condescendance touchantes.
Mais il a fallu le faire. [7:22] Aussi Dieu accomplit-il seul la délivrance de
son peuple. [7:2] Il ne faut pas y employer le peuple, de peur que le peuple ne
se l’attribue ; car plus on est éloigné de Dieu, plus on est disposé à se faire
une grande part dans l’oeuvre qui n’est due qu’à Lui.
Chapitre 9
[8:33] Après la mort de Gédéon, nous voyons les suites de cet éloignement de
Dieu, [9:5] dans les luttes intestines qui eurent lieu entre les enfants
d’Israël. [8:35] Ils sont ingrats envers la postérité de Gédéon, [9:20] et la
guerre éclate entre eux par le chef qu’ils s’établissent, et qui, au lieu de
combattre les ennemis de Dieu, ne cherche qu’à dominer sur le peuple
actuellement en repos.
Chapitres 10 à 12
Ch. 10 — Nouvelle chute, nouveau châtiment, nouveau cri vers l’Éternel
[9:56-57] La chute des seigneurs de Sichem et d’Abimélec est suivie d’une paix
momentanée, [10:6] après laquelle Israël recommence son iniquité idolâtre,
[10:7] et l’Éternel le livre entre les mains des peuples dont il sert les dieux.
[10:10] Serré de près par les ennemis, Israël crie à l’Éternel, [10:13] qui lui
reproche son passé [10:14] et le renvoie aux dieux qu’il servait. [10:16] Alors
le peuple ôte du milieu de lui ses faux dieux. L’Éternel est touché de
compassion.
La délivrance par
Jephthé souligne le déclin continuel du peuple
[10:18] Israël, sans conducteur, [11:6] s’adresse au capitaine d’une bande de
gens sans aveu, [11:8] et lui promet de le reconnaître pour son chef s’il veut
se mettre à leur tête.
[11:11] Jephthé y consent. [11:33] Mais, quoique ce fût une délivrance, on voit en tout ceci combien Israël est tombé. [11:35] Jephthé lui-même souffre cruellement de son voeu téméraire, [12:1] et de plus l’orgueil d’Éphraïm l’ayant poussé à se plaindre de ce qu’on ne tenait pas assez compte de lui, [12:3] on ne trouve pas chez lui le calme et la sagesse d’un homme aussi près de Dieu que l’était Gédéon [(8:2-3)]. Quelle différence entre cette époque et celle de Josué ! Dieu multiplie ses délivrances ; mais ces délivrances n’arrêtent point l’incrédulité du peuple, et son état ne cesse d’aller en empirant.
Commencement des
rapports d’Israël avec ses ennemis Philistins
[12:7-15] Après Jephthé, Israël jouit encore d’un temps de calme sous la
direction des juges que Dieu lui suscite. [13:1] Mais il ne tarde pas de
retourner à son ancien train de péché, et d’être livré par l’Éternel entre les
mains des Philistins. L’histoire de Samson nous raconte le commencement des
rapports d’Israël avec ces ennemis acharnés, et qui ne cessèrent que lorsque
David les eut subjugués. Les Philistins étaient à cette époque au faîte de leur
puissance. Mais ici l’histoire importante est celle de Samson.
Chapitre 13
Les Philistins, l’ennemi habitant dans le pays
Samson, comme figure, nous présente le principe du Nazaréat, la séparation
entière pour Dieu, source de force dans les combats contre nos ennemis,
envisagés comme des ennemis qui cherchent à prendre le dessus au milieu du
peuple de Dieu, dans leur territoire même et dans leur propre coeur.
Les Philistins n’étaient pas des fléaux, des châtiments envoyés du dehors ; ils habitaient dans le territoire même d’Israël, au pays de la promesse. [3:5-7] Auparavant, sans doute, d’autres nations laissées dans l’intérieur de Canaan par l’infidélité du peuple, lui avaient été en piège, l’entraînant à des mariages avec des idolâtres et au culte des faux dieux, et l’Éternel les avait livrés entre les mains de leurs ennemis. Mais actuellement ceux qui avaient été laissés dans les pays conquis, prétendent dominer sur Israël.
La séparation pour Dieu
Le nazaréat, séparation pour Dieu, est la seule force du fidèle contre les
ennemis intérieurs
Ici donc, ce qui peut rendre la victoire et la paix aux héritiers de la
promesse, c’est la force que donne la séparation de tout ce qui tient à l’homme
naturel, et la consécration complète à Dieu, dans la mesure où elle est
réalisée. Ce Nazaréat est la puissance spirituelle, ou plutôt ce qui la
caractérise lorsque les ennemis sont au dedans du pays. Car Samson a jugé Israël
pendant la domination des Philistins (15:20). Dans la suite, Samuel, Saül et
surtout David, ont entièrement changé l’état de choses.
Quand les Cananéens, quand la puissance de l’ennemi domine dans le pays, il n’y a que le Nazaréat qui puisse donner la supériorité à celui qui est fidèle. C’est un secret inconnu des mondains. Christ en était le parfait exemple. Le mal dominait dans le peuple. La marche de Christ était une marche à part, séparée du mal. Il était du peuple, mais, comme Lévi (Deut. 33:9), il n’en était pas. Il était Nazaréen. Or, il y a une distinction à faire à cet égard.
Christ est toujours
entièrement séparé des pécheurs
Moralement, Christ était aussi séparé des pécheurs pendant sa vie sur la terre,
qu’il l’est maintenant. Mais extérieurement il était au milieu d’eux ; et, comme
témoin et expression de la grâce, il était spirituellement aussi au milieu
d’eux. Depuis sa résurrection, il est complètement séparé des pécheurs. Le monde
ne le voit et ne le verra plus, sinon en jugement.
Le croyant doit être
séparé du monde, comme son Sauveur
C’est dans cette dernière position, et comme ayant revêtu ce caractère de
séparation entière du monde, que l’Église, que les chrétiens, sont en rapport
avec Lui. Un tel souverain Sacrificateur nous convenait [(Héb. 7:26)]. L’Église
garde sa force, les vrais chrétiens gardent leur force, en tant qu’ils se
tiennent dans cet état de séparation complète dont le monde ne se rend pas
compte et auquel il lui est impossible de participer. La joie, la sociabilité
humaines n’y entrent pas ; la joie divine, la puissance du Saint Esprit s’y
trouvent. La vie de notre adorable Sauveur était une vie sérieuse, toujours
sérieuse et en général à l’étroit, non pas au dedans de lui, car son coeur était
une source jaillissante d’amour, mais à cause du mal qui le serrait de tous
côtés. Je parle de sa vie et de son coeur à Lui. Pour ce qui concerne les
autres, sa mort levait les écluses, pour que cet amour débordât en plein sur les
pauvres pécheurs.
Il n’y a pas de joie au
milieu d’un monde où le mal domine
Cependant, quel que fût le recueillement continuel du Sauveur, il pouvait dire à
l’égard de ses disciples : « Je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient
ma joie accomplie en eux-mêmes » [(Jean 17:13)]. C’était le meilleur des
souhaits, c’était la joie divine au lieu de la joie humaine. [Matt. 26:29] Le
temps viendra où ces deux joies seront réunies, lorsqu’il boira du fruit de la
vigne, nouveau avec les siens, dans le royaume de son Père ; et tous seront son
peuple. Mais, pour le moment, cela ne se peut pas ; le mal domine dans le monde
; il dominait en Israël, où la justice aurait dû être ; il domine dans la
chrétienté, où la sainteté et la grâce devraient être manifestées dans toute
leur beauté.
La force divine ne
vient qu’avec la séparation pour Dieu
Cette mise à part pour Dieu est, dans ce cas, le seul moyen de jouir de la force
de Dieu ; c’est la position essentielle de l’Église. Si elle y a manqué, elle a
cessé de manifester le caractère essentiel de son Chef, en rapport avec Celui
qui est « séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux » [(Héb. 7:26)].
Elle n’est qu’un faux témoin, une preuve au milieu des Philistins que Dagon est
plus fort que Dieu ; elle n’est qu’un prisonnier aveugle [(16:21, 23)].
Dieu juge le monde qui
fait sortir le fidèle de sa séparation
Toutefois, il est remarquable que toujours, lorsque le monde, par ses
séductions, s’empare de ceux que Dieu en a séparés pour être à lui, cela
provoque le jugement de Dieu sur le monde et l’entraîne à sa ruine. (Telle Sara
dans la maison du Pharaon [(Gen. 12:17)], tel dans ce cas-ci, Samson aveugle et
prisonnier aux mains des Philistins [(16:30)] ; telle de nouveau Sara dans la
maison d’Abimélec, quoique Dieu, par égard pour l’intégrité du coeur de ce
dernier, n’eût fait que le reprendre [(Gen. 20:3, 6)]).
Le nazaréen, image de
Christ, de l’Église, et du croyant
Le Nazaréen représente donc Christ, tel qu’il était ici-bas de fait et par
nécessité, et aussi tel qu’il est maintenant complètement et de plein droit,
assis dans le ciel à la droite de Dieu, caché en Dieu, où notre vie est cachée
avec lui [(Col. 3:3)]. Le Nazaréen représente l’Église, ou un chrétien pris
individuellement, en tant que l’un et l’autre sont séparés du monde et consacrés
à Dieu, et qu’ils gardent le secret de cette séparation.
L’Église est en
relation avec Christ dans une position de séparation
C’est la position de l’Église, la seule qui soit reconnue de Dieu ; l’Église
étant unie à Christ séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux [(Héb.
7:26)], ne peut être à lui d’une autre manière. Elle peut être infidèle à cette
relation, mais c’est dans cette relation qu’elle a été placée avec Christ. Elle
ne peut être reconnue dans une autre.
Samson est l’image du
nazaréen et des conséquences de la négligence de cette position
Samson nous représente aussi la tendance de l’Église et du chrétien à sortir de
cette position, tendance qui ne produit pas toujours ses mauvais fruits au même
degré, mais qui entraîne la négligence pratique et intérieure du Nazaréat, et
amène bientôt la perte de toute force, lorsque l’Église se livre au monde. Dieu
peut encore se servir d’elle, se glorifier par les dégâts qu’elle fait sur le
territoire de l’ennemi (qui devrait être à elle), et même la garantir du péché
auquel conduit la pente glissante où elle se trouve. Mais la disposition qui l’a
amenée là tend à l’entraîner plus bas encore.
Chapitres 14 et 15
Ch. 14 v. 1 à 15 v. 8 — Dieu peut se servir de la force de ceux qui lui sont
attachés, même si leur marche est infidèle
[14:3-4] Dieu se sert du mariage de Samson avec une femme d’entre les
Philistins, pour punir ce peuple. [14:19] Encore dans la fraîcheur de sa force,
le coeur près du Seigneur, et mû par le Saint Esprit, Samson agit dans la
puissance de cette force au milieu des ennemis qu’il s’est suscités, [14:20] et,
de fait, il n’épouse jamais la femme de leur nation.
[14:4] J’ai dit : Dieu s’en sert. C’est ainsi que Dieu peut employer la force spirituelle de l’Église, aussi longtemps que, pour le fond, elle lui demeure attachée, quoique sa marche ne soit pas fidèle et qu’il ne puisse l’approuver. [14:3] Car il est clair que le mariage de Samson avec la fille de Thimna était un péché positif, une contravention flagrante aux ordonnances de l’Éternel, [15:5] que ne justifie nullement la bénédiction que Dieu lui accorde lorsque les Philistins lui faisaient tort. [15:6] Car ce n’est pas dans son mariage qu’il a trouvé de la bénédiction, mais bien le contraire.
Ch. 15 v. 8-16 — Le
peuple infidèle est opposé au nazaréen de Dieu
[15:12] Aussi, Samson n’a pas Israël avec lui dans les combats que lui suscite
son mariage ; l’Esprit de Dieu n’agit pas sur le peuple comme il l’a fait dans
le cas de Gédéon [(6:35)], de Jephthé [(11:29)] ou de Barak [(4:10)].
Du reste, quand il s’agit du Nazaréat, il faut s’attendre à l’opposition du peuple de Dieu. On est Nazaréen au milieu du peuple, parce que le peuple ne l’est plus. [15:11] Or, s’il ne l’est plus, il n’a plus de force et s’accommode de la domination du monde, pourvu qu’on lui laisse sa paix extérieure ; et il ne veut pas qu’on agisse par la foi, parce que cela inquiète le monde et l’excite contre lui. « Ne sais-tu pas », dit Israël, « que les Philistins dominent sur nous ? » (15:11). [15:13] Tout en reconnaissant Samson pour un des leurs, les Israélites veulent le livrer aux Philistins, afin de conserver leur tranquillité.
Le mélange avec le
monde amène toujours du mal pour le croyant
Mais dans cette première phase de la vie de Samson, il y a quelques détails qui
exigent plus d’attention.
La recherche de
relations avec le monde est un mal, devant Dieu
Son mariage était un péché. Mais la séparation du peuple de Dieu avait cessé de
recevoir son application pratique dans la mesure que lui assignent les pensées
de Dieu. [14:2-3] Le fait était inexcusable, parce qu’il avait pour motif la
volonté de Samson et que Dieu n’avait pas été consulté. [15:3] Mais, par l’effet
des circonstances, Samson n’avait pas, en ce moment, la conscience du mal qu’il
commettait ; et Dieu permit qu’au lieu de la guerre avec le monde cananéen
(c’est-à-dire le monde dans l’enceinte du peuple de Dieu), il cherchât la paix
et l’amitié avec lui, [15:7] de sorte que, quant aux Philistins, Samson était
dans son droit à l’égard des combats qui ont suivi.
La force pour la
victoire trouvée en Christ est le secret du croyant
[14:6] Avant son mariage, Samson avait tué le lion [14:8] et il y avait trouvé
du miel. [14:6] Il avait la force de la part de Dieu pendant qu’il marchait dans
son intégrité. [14:12] C’est l’énigme du peuple de Dieu, son secret. [14:14] Le
lion est privé de force contre celui qui est à Christ. Christ a détruit la force
de celui qui avait l’empire de la mort [(Héb. 2:14)]. Par la puissance de
l’Esprit de Christ notre combat est victoire, et le miel en découle. Mais ceci
s’effectue dans le secret de la communion de l’Éternel. David a mieux gardé
cette position dans la simplicité du devoir.
Les liaisons avec le
monde n’amènent que des mécomptes au croyant
[14:11] Samson ne s’est pas préservé avec le monde, des liaisons auxquelles
prêtait l’état du peuple. C’est toujours le danger pour le chrétien. Mais quelle
que soit leur ignorance, quand les enfants de Dieu s’allient au monde et
poursuivent ainsi un chemin opposé à leur vrai caractère, ils y trouveront
infailliblement des mécomptes. Ils ne se gardent pas à part pour Dieu ; [14:17]
ils ne gardent pas leur secret avec Lui, secret qui n’est connu que dans Sa
communion. [14:18] Leur sagesse s’en va, le monde les séduit, [14:19] leurs
relations avec le monde deviennent plus mauvaises qu’auparavant, [14:20] et le
monde les méprise et fait ses affaires, [15:2] sans égard pour eux quand ils
s’indignent des choses qu’il leur fait éprouver.
Les conséquences des
relations avec le monde
Dieu se sert de l’union avec le monde pour forcer la séparation, en la rompant
[15:1] Qu’est-ce que Samson avait à faire à aller visiter sa femme ? (15). Sa
propre volonté est en exercice et se mêle avec l’emploi de la force que Dieu lui
avait donnée (comme Moïse lorsqu’il tua l’Égyptien [(Ex. 2:12)]). On porte
toujours un peu du monde avec soi, lorsqu’on y a été mêlé étant enfant de Dieu.
Mais Dieu se sert de cela pour nous en séparer forcément et tout de bon, et
rendre notre union avec lui impossible, en nous mettant en conflit direct avec
le monde, là même où nous étions liés avec lui. On eût mieux fait de ne pas
l’être. Mais ces voies de Dieu sont nécessaires, lorsque l’union de l’Église
avec le monde est une chose habituelle et reconnue d’elle1. On ne s’aperçoit pas
des circonstances les plus flagrantes. Pensez à un Nazaréen marié avec une
Philistine ! [14:20] Dieu doit rompre cette union [14:19] en faisant naître des
inimitiés et des hostilités, puisqu’il n’y a pas l’intelligence de la proximité
morale de Dieu, qui sépare du monde et place dans cette tranquillité qui,
puisant sa force en Dieu, sait vaincre et chasser l’ennemi, lorsque Dieu nous
engage dans le combat par la révélation claire de sa volonté.
1 Dans cette union, lorsqu’elle a lieu entre le monde et les vrais chrétiens, ou du moins ceux qui professent la vérité, le monde domine toujours ; lorsque c’est au contraire avec la hiérarchie que le monde a affaire, c’est une hiérarchie superstitieuse qui domine, parce qu’elle est nécessaire pour restreindre la volonté de l’homme, par des liens religieux qui s’adaptent à la chair.
Le rapprochement avec
le monde est toujours le fait du croyant, qui est ainsi toujours défait
Mais, liés avec le monde, le monde a toujours de l’empire sur nous ; nous
n’avons pas le droit de nous refuser à des relations que nous avons nous-mêmes
formées. Nous pouvons nous approcher du monde, car la chair est en nous. Le
monde ne saurait s’approcher réellement des enfants de Dieu, car il n’a que sa
nature déchue et pécheresse. Le rapprochement est tout d’un côté, et toujours en
mal, quelles que soient les apparences. Porter un témoignage au milieu du monde,
c’est autre chose.
Le secret de Dieu ne
concerne que les siens ; le communiquer, c’est le renier
[14:16] Aussi l’on ne saurait invoquer le secret de l’Éternel, les relations
intimes du peuple de Dieu avec Lui et les sentiments qui en découlent ; car le
secret et la force de l’Éternel sont exclusivement le droit et la force de son
peuple racheté. Comment le dire à sa femme philistine ? Quelle influence
auraient les privilèges exclusifs du peuple de Dieu, sur celle qui n’en fait pas
partie ? Comment en parler, quand on les renie par la relation même dans
laquelle on se trouve ? [14:17] On les renie en communiquant ce secret ; car on
cesse d’être séparé et consacré à Dieu, dans une confiance qui ne peut reposer
sur d’autre que Lui. [14:18] Cette expérience aurait dû, pour l’avenir,
préserver Samson d’une marche pareille. Mais, sous bien des rapports, dans les
choses de Dieu, l’expérience est inutile, parce qu’il faut la foi au moment même
; car c’est Dieu lui-même dont nous avons besoin.
Les conseils de Dieu
s’accomplissent, malgré les fautes des siens, par eux
Cependant ici la force de Samson demeure. [14:4] Les conseils souverains de Dieu
s’accomplissaient dans cette affaire, quoique à travers des fautes très graves,
suite de l’état général des choses auxquelles Samson participait. [15:14-15] Une
fois dans le combat, il manifeste la force de l’Éternel qui était avec lui ;
[15:18] et, en réponse à ses plaintes, [15:19] l’Éternel lui fournit le
rafraîchissement dont il avait besoin. (15:17-19).
Dieu agit malgré l’état
de choses contraire et l’infidélité des siens
C’est là que se termine l’histoire générale de Samson. [15:12] Nous avons vu que
le peuple de Dieu, ses frères étaient contre lui : règle générale en pareil cas.
C’est l’histoire de la puissance de l’Esprit de Christ agissant dans le
Nazaréat, dans la séparation d’avec le monde, pour Dieu ; mais au milieu d’un
état de choses entièrement contraire à cette séparation, et dans lequel celui
qui est soutenu par la force de cet Esprit, se retrouvant placé dans la sphère
de ses habitudes, est toujours en danger d’être infidèle, et cela d’autant plus
(s’il ne se tient pas près de Dieu dans le calme de l’obéissance) qu’il sent que
la force est avec lui.
Christ, le parfait
nazaréen
La perfection et le secret de la marche de Christ en Dieu
Christ était la perfection de la marche divine en pareil cas. On voit que
personne n’a compris quelle était la source de sa puissance, ou son autorité
[(Luc 4:32, 36)]. Il a dû renoncer à tout espoir de satisfaire les hommes sur
les principes d’après lesquels il marchait [(Matt. 21:27)]. On aurait dû être
comme Lui pour le comprendre ; et, dans ce cas, on n’aurait plus eu besoin
d’être convaincu. Agir devant Dieu et lui remettre sa justification, voilà tout
ce qu’il y avait à faire. Il réduisait ses adversaires au silence sur des
principes reconnus de Dieu et de toute bonne conscience ; mais il ne pouvait
point révéler le secret entre lui et le Père, le principe de sa vie et le
ressort de toute sa conduite. [Jean 8:42] Si la vérité a percé quand Satan a
poussé les choses au point qu’il n’y avait que cela à dire, ses adversaires
l’ont traité de blasphémateur, [Jean 8:44] et Lui les a dénoncés ouvertement
comme enfants de Satan. C’est ce qui se trouve particulièrement dans l’Évangile
de Jean (voyez chap. 8). Mais alors Jésus n’avait plus sa même relation avec le
peuple, qui, de fait, dès le commencement de cet Évangile, est traité comme
réprouvé, tandis que la personne du Fils de Dieu est mise en évidence.
Christ a marché dans
une dépendance constante de Dieu, totalement isolé des hommes
[Luc 4:14] Dès le début de son ministère, il a conservé la place d’un serviteur
obéissant, ne commençant à agir en public que lorsqu’il y fut appelé de Dieu,
[Matt. 3:13] après avoir pris la dernière place dans le baptême de Jean. Ce fut
la question débattue lors de la tentation dans le désert. [Matt. 4:3] Le
tentateur a voulu le faire sortir de sa position d’homme obéissant, parce qu’il
était Fils de Dieu. Mais l’homme fort fut lié là [(Matt. 12:29)] : demeurer dans
l’obéissance est le seul moyen pour lier l’adversaire. Christ a toujours marché
dans cette séparation parfaite de l’homme intérieur, dans la communion de son
Père et dans une entière dépendance de lui ; dans l’obéissance, sans avoir un
seul instant de volonté propre. C’est pourquoi on le voit le plus débonnaire et
le plus accessible des hommes ; on remarque dans ses démarches une tendresse et
une bonté qui ne se voient en aucun homme, mais on sent toujours un étranger. Ce
n’est pas qu’il soit venu pour être étranger dans ses relations avec les hommes
; mais ce qu’il y avait de plus profond en lui, ce qui constituait sa nature
même, et, par conséquent, déterminait sa marche en vertu de sa communion avec le
Père, était entièrement étranger aux mobiles qui agissent sur les hommes. De
fait, il était absolument isolé. N’est-il pas frappant de voir qu’aucun de ses
disciples n’a compris ce qu’il disait [(Luc 18:34)] ? Marie de Béthanie est le
seul exemple d’un coeur qui le comprît, aussi ce que cette femme avait fait
devait être publié dans le monde entier en mémoire d’elle [(Matt. 26:13)]. Son
coeur était plein de sympathie pour chaque souffrance ; il ne rencontrait aucune
sympathie pour les siennes.
Toute la vie de Christ
montre sa dépendance, son obéissance à Dieu
Cet esprit d’abnégation, de renoncement à toute sa volonté propre, d’obéissance
et de dépendance de son Père, perce constamment dans la vie de Jésus. [Luc
3:21-22] Après le baptême de Jean, il priait lorsqu’il reçoit le Saint Esprit.
[Luc 6:12-13] Avant de nommer les apôtres, il passe toute la nuit en prières.
[Matt. 14:23] Après le miracle des cinq pains pour nourrir cinq mille hommes, il
passe aussi la nuit sur la montagne, en prières. [Matt. 20:21] Si l’on demande
de s’asseoir à sa droite et à sa gauche dans son royaume, [Matt. 20:23] ce n’est
pas à lui de le donner, sinon à ceux pour lesquels cela est préparé par son
Père. [Luc 22:42] Dans l’agonie de Gethsémané, l’attente et la frayeur de la
mort sont placées entièrement devant son Père, [Jean 18:11] et « la coupe que
son Père lui a donné à boire, ne la boirait-il pas ? » Aussi, comme tout est
calme en présence des hommes ! Il est le Nazaréen, séparé des hommes par sa
parfaite communion avec son Père, et l’obéissance d’un Fils qui n’avait d’autre
volonté que d’accomplir le bon plaisir de son Père. [Jean 4:34] C’était sa
nourriture de faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé et d’achever son
oeuvre.
Jésus rejeté prend le
caractère complet de naaréen, et les siens doivent ainsi marcher comme lui
Mais c’est lorsque l’homme n’a pas voulu le recevoir, et qu’il n’y eut plus de
relation quelconque entre l’homme et Dieu, que Jésus a pris pleinement le
caractère de Nazaréen, de séparé des pécheurs, élevé plus haut que les cieux
[(Héb. 7:26)]. C’est Christ dans les cieux qui est le vrai Nazaréen, et qui,
ayant reçu du Père la promesse du Saint Esprit, l’a répandu sur ses disciples
[(Act. 2:33)], afin que dans la puissance du Saint Esprit ils pussent maintenir
la même position sur la terre, par la communion avec Lui et avec son Père ;
marchant dans la sainteté de cette communion, et capables ainsi de se servir de
cette puissance avec une intelligence divine, propre à éclairer et à soutenir
l’obéissance pour laquelle ils sont mis à part en vue de la gloire de Jésus et
de son service. [Jean 15:7] « Si vous demeurez en moi », dit-il à ses disciples,
« et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et
il vous sera fait ». [Jean 17:14] Ils n’étaient pas du monde, comme Lui n’était
pas du monde. L’Église, qui a été formée de ses disciples, doit marcher comme
séparée du monde et consacrée à Lui dans une vie céleste.
Christ, antitype
parfait du nazaréat
Christ est donc l’antitype de cette histoire de Samson, quant au principe
qu’elle contient. Mais les faits nous montrent ce principe de puissance confié à
ceux qui n’étaient, hélas ! que trop capables de manquer à la communion et à
l’obéissance, et ainsi d’en perdre la jouissance.
Chapitre 16
Ch. 16 v. 1-21 — Samson trahit son secret avec Dieu à une étrangère
Les liens avec une étrangère séparent le coeur de Samson de Dieu
[16:1] Samson pèche encore par ses liens avec la « fille d’un dieu étranger »,
[16:4] avec des femmes d’entre les Philistins, au milieu desquels étaient la
maison de son père et la tribu de Dan. [16:9] Mais il retient sa force jusqu’à
ce que l’influence de sa liaison soit telle, [16:17] qu’il révèle le secret de
sa force en Dieu. Son coeur, séparé de Dieu, place dans une Philistine la
confiance qui ne devait exister qu’entre son âme et Dieu.
Dieu abandonne celui
qui trahit son secret
Posséder et garder un secret, c’est ce qui témoigne de l’intimité avec un ami.
Mais le secret de Dieu, jouir de sa confiance, est le plus haut des privilèges.
Le trahir auprès d’un étranger, de qui que ce soit, c’est mépriser la précieuse
position que sa grâce nous a faite ; c’est la perdre. [16:18] Qu’est-ce que les
ennemis de Dieu ont à faire avec ses confidences ? C’est ainsi que Samson se
livre à ses ennemis. [16:17] Tous les moyens étaient sans force contre lui,
aussi longtemps qu’il gardait son Nazaréat. [16:20] Cette séparation une fois
perdue, quoique en apparence Samson fût aussi robuste, son extérieur aussi
remarquable qu’auparavant, l’Éternel n’était plus avec lui. « Je m’en irai comme
les autres fois, et je me dégagerai. Or il ne savait pas que l’Éternel s’était
retiré de lui ».
Le mélange avec le
monde conduit à l’aveuglement
[16:17] On ne peut guère supposer une folie plus grande que celle de confier son
secret à Delila, [16:9, 12, 14] après avoir été saisi tant de fois par les
Philistins, au moment où elle le réveillait. — De même, une fois que l’Église
s’est laissée aller au monde, elle perd toute intelligence, même tout sens
commun. [16:21] Pauvre Samson ! le voilà aveugle pour toujours, [16:30] lors
même que sa force lui reviendra.
Mais « qui s’est endurci contre Lui et a prospéré ? » (Job 9:4).
Ch. 16 v. 22-31 — Le
jugement final du monde, avec le croyant tombé
Dieu se sert de son serviteur humilié et ruiné pour châtier l’ennemi qui l’a
vaincu
[16:23] Les Philistins attribuent leur succès à leur faux dieu. [16:28] Dieu se
souvient de sa gloire et de son pauvre serviteur humilié et châtié de sa faute.
[16:23] Les Philistins s’assemblent pour jouir de leur victoire et glorifier
leurs faux dieux. Mais l’Éternel avait l’oeil sur tout cela. [16:22] Dans
l’humiliation, la pensée de l’Éternel avait plus de puissance sur le coeur de
Samson ; son Nazaréat reprenait de la force. [16:28] Il fait à Dieu son touchant
appel. — Qui craindrait un aveugle prisonnier et affligé ? Mais qui, d’entre le
monde, connaît le secret de l’Éternel ? [16:27] Esclave et aveugle pour
toujours, l’état de Samson amène une occasion que sa force n’avait pas su
obtenir, avant que son infidélité l’en eût privé. [16:30] Mais il est aveugle et
esclave, et il faut qu’il périsse lui-même dans le jugement qu’il attire sur
l’impiété de ses ennemis. Il s’était identifié avec le monde en l’écoutant, il
faut qu’il le soit dans le jugement qui tombe sur le monde. On trouve quelque
chose de semblable chez Jonathan, quoique sous une forme et d’une manière très
différentes. Sa voie n’était pas parfaite. Il donnait une main au monde et
l’autre à David, quoiqu’il pût avoir pour excuse ses relations naturelles.
Dieu, en jugeant le
fidèle corrompu, détruit le monde qui l’a ruiné
Si l’infidélité de l’Église donne lieu à la puissance du monde sur elle, d’un
autre côté, le monde, lorsqu’il corrompt l’Église, porte atteinte aux droits de
Dieu, [16:30] et s’attire ainsi, au moment même de son plus grand triomphe, un
jugement qui, s’il met fin à l’existence comme à la misère du Nazaréen, détruit
en même temps, dans une ruine commune, toute la gloire du monde.
L’image prophétique de
la fin du peuple juif et de l’église professante
Dans les détails de la prophétie, ceci s’applique à la fin de l’histoire du
peuple juif. Seulement le Résidu y est mis à l’abri, afin d’être établi sur une
base nouvelle pour l’accomplissement des conseils de Dieu. Le cas de l’Église
professante est quelque peu différent : Les saints sont ravis dans la gloire, et
la profession apostate tombe sous le jugement ; mais le fait du jugement sur le
monde est identique dans l’un et l’autre cas.
Chapitres 17 à 21
Le peuple loin de Dieu est châtié pour qu’il se juge
Les chapitres qui suivent ne sont pas compris dans l’ordre historique de ce
livre. Ils soulèvent le voile pour nous montrer quelques détails de la vie
intérieure de ce peuple que la patience de Dieu a supporté si longtemps, touché
de l’affliction d’Israël dans les maux qui lui arrivaient à cause de son péché.
Si le peuple avait été obéissant quand l’Éternel était son Roi, son bonheur eût
été assuré. [17:6 ; 18:1; 19:1] Avec l’esprit de propre volonté qui agissait en
lui, l’absence de frein, lorsqu’il n’y avait point de roi, lâchait la bride à
tous les écarts. Le dernier événement raconté dans ce livre montre jusqu’à quel
point le désordre était allé en Israël ; mais il en ressort une leçon très
importante. [20:13] Si l’état de l’ensemble du peuple de Dieu donne occasion à
des iniquités qui exigent la discipline, [20:21, 25] le peuple entier est
entraîné dans les châtiments qui en résultent, [20:26] et dont l’effet est de
lui faire prendre à coeur l’état qui les lui a attirés. Cet état a empêché que
l’iniquité fût réprimée ou punie, au moment où elle a été commise. Mais le
peuple est placé en présence de Dieu, qui juge toute l’affaire, et tout le
peuple doit s’en mêler.
Ch. 20 — La discipline
de Dieu sur l’état du peuple
L’Éternel discipline son peuple avant de juger le mal par lui
[20:8-10] Israël, au commencement, n’a pas même consulté l’Éternel, pour savoir
ce qu’il y avait à faire contre le péché. Il a agi dans l’indignation naturelle
(qui, du reste, était bien juste). L’Éternel a permis tout cela, pour que le
peuple apprît où il en était. Le mal, qui exigeait le châtiment, avait tellement
aveuglé leur état spirituel, qu’ils n’ont pas même la pensée de s’attendre au
Seigneur en premier lieu, afin de savoir ce qu’il y avait à faire. Ils se
décident pour leur manière d’agir, avant de Le consulter, car ils sont loin de
Dieu. [20:18] Ils se bornent à demander quelle tribu doit marcher la première.
L’Éternel indique celle de Juda, [20:21] mais Juda est vaincu. [20:21, 25] Battu
deux fois, quand il comptait sur un succès facile, [20:26] le peuple, humilié et
en pleurs, [20:28] a de nouveau recours à l’Éternel pour demander s’il doit
sortir de nouveau. [20:35] Alors l’Éternel leur donne la victoire. Guibha avait
mérité cette discipline ; mais pour en être l’exécuteur, Israël avait besoin
d’être discipliné lui-même, et Dieu a permis que tous y prissent part, afin de
la faire porter sur tous.
Dieu dévoile l’état
intérieur du peuple qu’il supporte
[20:14] Mais dans quel état étaient-ils, pour que la tribu entière de Benjamin
se joignît aux hommes de Guibha, coupables d’une telle énormité ? [20:28] Et
remarquez que Phinées était encore souverain sacrificateur, lui qui était déjà
homme fait dans le désert. Quelle patience de Dieu avec le peuple, en le
délivrant lorsqu’il s’était si vite jeté dans le péché, et dans un tel abîme de
péché ! Qu’est-ce que Dieu ne voit pas dans le monde, et même au milieu de son
peuple ? Il est important de remarquer que l’état intérieur du peuple qui, dans
l’histoire générale, n’est pas découvert, est ainsi mis en lumière.
Le désastre vient du
dedans, pour conséquence de l’abandon de Dieu
Quel éclat de lumière tout ceci ne jette-t-il pas sur les voies de Dieu ! Mais
il faut considérer que cette histoire est le désastre et la honte au dedans et
provenant du dedans, le résultat d’avoir abandonné Dieu, suivi de sa discipline,
mais non le jugement par les ennemis du dehors.
Commentaire entier
John Nelson Darby