Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-2 — La grâce enseigne le support et la soumission
[3:1] À l’égard de la conduite des chrétiens vis-à-vis du monde, la grâce a fait
disparaître la violence et l’esprit de rébellion et de résistance qui agite le
coeur de celui qui ne croit pas, et qui a sa source dans la volonté de maintenir
ses droits vis-à-vis des autres.
[3:1] Le chrétien a sa portion, son héritage ailleurs que dans ce monde ; il est tranquille et soumis ici-bas, prêt à faire du bien. [3:2] Lors même que les hommes sont injustes et violents à son égard, il le supporte, [3:3] se souvenant que, dans le temps, il n’était pas autrement lui-même. Leçon difficile à apprendre, car la violence et l’injustice font bouillonner le coeur ; [3:2] mais la pensée que l’injustice dont on souffre est le péché et qu’on était soi-même aussi auparavant son esclave, produit la patience et la piété. C’est la grâce seule qui a fait la différence ; et selon cette grâce on doit agir envers les autres.
Ch. 3 v. 3-7 — La bonté
du Dieu sauveur envers les pécheurs que nous étions
Ch. 3 v. 3-5 — La bonté de Dieu envers nous dirige notre conduite envers les
hommes
[3:3] L’apôtre donne ici le triste résumé des traits caractéristiques de l’homme
selon la chair — de ce que nous étions : le péché, c’était la folie, c’était la
désobéissance ; on était trompé, esclave des convoitises, rempli de malice,
plein d’envie, haïssable et haïssant les autres. Tel est l’homme caractérisé par
le péché. [3:4] Or la bonté d’un Dieu sauveur, sa bienveillance et son amour
envers les hommes (doux et précieux caractère de Dieu)1 sont apparus (vers. 4).
Il a revêtu ce caractère de Sauveur, nom qui Lui est particulièrement donné dans
ces trois épîtres [(1 Tim. 1:1 ; 2:3 ; Tite 1:3 ; 2:10)], afin que dans notre
marche nous portions l’empreinte de ce caractère, que notre esprit en soit
pénétré. Notre marche dans le monde et notre conduite envers les autres hommes
dépendent des principes de nos relations avec Dieu ; ce qui nous a rendus
différents d’avec les autres n’est pas quelque mérite en nous, quelque
supériorité personnelle : [3:3] nous étions nous-mêmes comme eux — [3:4] c’est
le tendre amour, la tendre grâce du Dieu de miséricorde. Il a été bon et
miséricordieux envers nous ; quand on a appris cette miséricorde, on est
miséricordieux dans ses relations avec les autres. [3:5] Il est vrai que cette
miséricorde a agi en nous purifiant et nous renouvelant par un principe et dans
une sphère de vie, tout nouveaux : nous ne pouvons marcher avec le monde comme
nous le faisions auparavant ; [3:2] mais nous agissons envers les autres qui
sont encore dans la fange de ce monde, comme Dieu a agi envers nous pour nous en
tirer, et pour nous faire jouir des choses dont nous désirons, selon le même
principe de grâce, que les autres jouissent aussi. [3:3] Le sentiment de ce que
nous étions, [3:4] et le sentiment de la manière dont Dieu a agi envers nous,
[3:2] se réunissent pour gouverner notre conduite envers les autres.
1 C’est, en grec, le mot philanthropie qui, dans les Écritures, n’est appliqué qu’à Dieu seul, et qui, du reste, a une force beaucoup plus grande que le mot français, car philos est une affection particulière pour un certain objet, une amitié.
Ch. 3 v. 5-6 — L’oeuvre
de Dieu en nous : lavage et renouvellement, par le Saint Esprit
[3:4] Or, lorsque cette bonté d’un Dieu sauveur est apparue, elle n’était pas
quelque chose de vague et d’incertain : [3:5] Il nous sauva, non par des oeuvres
de justice que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde en
nous lavant et nous renouvelant. Ces derniers mots expriment le double caractère
de l’oeuvre en nous : ce sont les deux mêmes points qui se trouvent dans
l’entretien du Sauveur avec Nicodème (Jean 3 [v. 3 et 5]). [3:6] Il est
toutefois ajouté ici ce qui a maintenant sa place à cause de l’oeuvre de Christ,
savoir que le Saint Esprit est aussi répandu richement sur nous pour être la
force de la nouvelle vie dont il est la source. [3:5] L’homme est lavé, purifié.
Il est lavé de ses anciennes habitudes, de ses anciennes pensées, de ses anciens
désirs, dans le sens pratique. On lave ce qui existe. L’homme était
naturellement mauvais et souillé dans sa vie intérieure et extérieure. Dieu nous
a sauvés, en nous purifiant ; il ne pouvait le faire autrement : pour être en
relation avec Lui, il faut la pureté pratique.
Le don de la vie
nouvelle, venant de Dieu
[3:5] Mais cette purification est foncièrement faite : ce n’est pas le dehors du
vaisseau ; c’est la purification par la régénération, autrement dit, et sans nul
doute, la communication d’une nouvelle vie, source de nouvelles pensées en
rapport avec la nouvelle création de Dieu, et capable de jouir de sa présence et
de la lumière de sa face ; mais cette nouvelle vie en elle-même est un passage
de l’état où nous étions à un autre entièrement différent — de la chair par la
mort, à l’état d’un Christ ressuscité.
L’action du Saint
Esprit
L’Esprit, puissance de la vie nouvelle, produit le renouvellement
Mais il y a une puissance qui agit dans cette nouvelle vie et qui l’accompagne
dans le chrétien. Ce n’est pas seulement un changement subjectif, comme on dit ;
mais il y a un agent actif, divin, qui communique quelque chose de nouveau, dont
il est Lui-même la source, savoir le Saint Esprit Lui-même, Dieu agissant dans
la créature (car c’est toujours par l’Esprit que Dieu agit immédiatement sur la
créature) ; [3:5] et c’est sous le caractère du Saint Esprit qu’il agit dans
cette oeuvre de renouvellement. Il y a une nouvelle source de pensée en relation
avec Dieu : non seulement une capacité vitale, mais une énergie qui produit ce
qui est nouveau en nous.
Le Saint Esprit est la
source de la vie nouvelle et agit pour toute sa croissance
[3:5] On s’est demandé quand a lieu ce renouvellement par le Saint Esprit ?
Est-ce au commencement, ou bien après la régénération (*) dont l’apôtre parle.
Je crois que l’apôtre en parle selon le caractère de l’oeuvre, [3:6] et qu’il
ajoute : « répandu sur nous » (ce qui caractérise la grâce de ce temps-ci) pour
faire voir qu’il y a encore une autre vérité, savoir que le Saint Esprit, étant
« répandu sur nous », continue son action, pour maintenir par sa puissance la
jouissance de la relation dans laquelle il nous a placés. L’homme est purifié en
rapport avec ce nouvel ordre de choses, mais le Saint Esprit est une source
d’une toute nouvelle vie, de toutes nouvelles pensées — non seulement d’un être
moral, mais de la communication de tout ce en quoi ce nouvel être se développe.
On ne peut séparer une nature des objets à l’égard desquels elle se développe,
et qui forment la sphère de son existence et la caractérisent.
1 paliggenesia, le mot employé ici, n’est pas naître de nouveau (anagennaw). Sauf ici, on le trouve seulement à la fin de Matthieu 19 [v. 28] pour le millénium. Le renouvellement du Saint Esprit est une chose distincte de la régénération. Cette dernière est le passage d’un état de choses à un autre.
Tout dans le nouvel
homme vient de l’Esprit
C’est le Saint Esprit qui donne les pensées, qui crée et forme l’être moral tout
entier du nouvel homme : la pensée et le pensant ne sauraient se séparer
moralement là où le coeur s’occupe de la pensée. Le Saint Esprit est la source
de tout, dans l’homme sauvé ; c’est parce qu’il en est ainsi que l’homme en
définitive est sauvé.
L’oeuvre de l’Esprit se
continue en nous pour nous communiquer ce qui vient de Christ
Le Saint Esprit ne donne pas seulement une nouvelle nature : il nous la donne en
relation avec un ordre de choses tout nouveau (« une nouvelle création ») et
nous remplit, quant à nos pensées, des choses qui s’y trouvent. C’est pourquoi,
quoique nous soyons placés dans cette nouvelle création, une fois pour toutes,
l’oeuvre, quant à l’opération du Saint Esprit, se continue, parce qu’il nous
communique toujours davantage des choses de ce monde nouveau dans lequel il nous
a introduits : il prend les choses de Christ et il nous les montre ; et tout ce
que le Père a est à Christ [(Jean 16:14-15)]. [3:5] Je crois que « le
renouvellement de l’Esprit Saint » comprend tout cela, [3:6] puisque l’apôtre
dit que Dieu l’a « répandu richement sur nous » ; en sorte que ce n’est pas
seulement que nous sommes nés de Lui, mais il opère en nous, nous communiquant
tout ce qui est nôtre en Christ.
Ch. 3 v. 7 — La
justification par la grâce nous rend héritiers dans la vie éternelle
[3:6] Le Saint Esprit est répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre
Sauveur, [3:7] afin qu’ayant été justifiés par la grâce de ce Sauveur, nous
soyons héritiers selon l’espérance de la vie éternelle. Je crois que
l’antécédent d’« afin que » est [3:5] « le lavage de la régénération et le
renouvellement de l’Esprit Saint », [3:6] et que la phrase « qu’il a répandu
richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur », est une parenthèse
accessoire qui doit montrer que nous avons la plénitude de la jouissance de ces
choses par la force du Saint Esprit.
[3:5] Ainsi il nous a sauvés par ce renouvellement [3:7] pour être héritiers selon l’espérance de la vie éternelle. Ce n’est rien d’extérieur, de terrestre, de tangible. La grâce nous a donné la vie éternelle. C’est afin que nous la possédions que nous avons été justifiés par la grâce de Christ1. Ainsi il y a énergie, force, espérance par le riche don du Saint Esprit. Pour que nous puissions en être participants, nous avons été justifiés par sa grâce, et notre héritage est dans la joie incorruptible de la vie éternelle.
1 C’est parce que « Christ » se trouve dans la parenthèse et non dans la phrase principale, que nous lisons ekeinou.
Tout dans le salut
vient de Dieu, tant l’oeuvre que les pensées
[3:5] Dieu nous a sauvés, non par des oeuvres, ni par le moyen1 de ce que nous
sommes, mais par sa miséricorde ; mais alors il a agi envers nous selon les
richesses de sa propre grâce, selon les pensées de son propre coeur.
1 Ici, comme ailleurs, la responsabilité de l’homme est clairement distinguée d’avec la grâce qui sauve, par laquelle aussi Dieu accomplit ses desseins.
Ch. 3 v. 8-11 —
L’application pratique pour Tite
Ch. 3 v. 8 — Marcher en rapport avec notre relation pratique avec Dieu lui-même
[3:8] C’est de ces choses que l’apôtre veut que Tite s’occupe — de ce qui nous
met, avec des actions de grâces, en relation pratique avec Dieu Lui-même, et
nous fait sentir ce que c’est que notre part, notre part éternelle devant Lui.
Cela agit sur notre conscience, nous remplit d’amour et de bonnes oeuvres, nous
fait respecter toutes les relations dont Dieu Lui-même est le centre. Nous
sommes en relation avec Dieu selon ses droits à Lui ; nous sommes devant Dieu
qui fait respecter par la conscience tout ce qu’il a Lui-même établi.
Ch. 3 v. 9 — Éviter
tout ce qui détruit la simplicité des relations avec Dieu
[3:9] Les questions oiseuses, les disputes sur la loi, Tite devait les éviter,
ainsi que tout ce qui pouvait détruire la simplicité des relations des fidèles
avec Dieu, selon la révélation immédiate de Lui-même et de sa volonté en Jésus
Christ. C’est toujours le judaïsme gnostique qui s’élève contre la simplicité de
l’Évangile : la loi et la justice de l’homme sont ce qui détruit, par
l’introduction des êtres intermédiaires, la simplicité et le caractère immédiat
de nos relations avec le Dieu de la grâce.
Ch. 3 v. 10-11 —
Vouloir imposer la pensée de l’homme est pécher contre Dieu
[3:10] Lorsqu’un homme voulait faire prévaloir sa propre opinion et par ce moyen
faisait des partis dans l’assemblée, après l’avoir admonesté une et deux fois,
on devait le rejeter ; [3:11] la foi d’un tel homme est renversée [(2 Tim.
2:18)] ; il pèche, il est condamné par lui-même ; [3:10] il ne se contente pas
de l’Assemblée de Dieu, de la vérité de Dieu ; il veut faire de la vérité à lui.
Pourquoi est-il chrétien, si le christianisme tel que Dieu l’a donné ne lui
suffit pas ? En faisant un parti pour ses propres opinions, [3:11] un tel homme
se condamne lui-même.
Ch. 3 v. 12-14 — Les
soins de Paul pour l’Assemblée, selon l’amour divin
Le souci des soins continus envers les Crétois
Nous trouvons, à la fin de l’épître qui vient de nous occuper, un petit aperçu
de l’activité chrétienne que produit l’amour de Dieu, et des soins qu’on prend
pour que les troupeaux jouissent de tous les secours que Dieu fournit à
l’Assemblée. [3:12] Paul désirait que Tite vînt auprès de lui ; mais les Crétois
avaient besoin de ses soins, et l’apôtre met l’arrivée d’Artémas ou de Tychique
(ce dernier bien connu par les services qu’il a rendus à l’apôtre) comme
condition du départ de Tite du champ où il travaillait. [3:13] Nous trouvons ici
aussi Zénas, docteur de la loi, et Apollos qui avait aussi déployé son activité
à Éphèse et à Corinthe, disposés tous deux à venir s’occuper en Crète de
l’oeuvre du Seigneur.
La joie dans l’activité
pour le Seigneur, d’où qu’elle vienne
Remarquez que nous trouvons aussi les deux genres d’ouvriers, [3:12] savoir ceux
qui étaient en relation personnelle avec l’apôtre comme compagnons d’oeuvre, qui
l’accompagnaient et qu’il envoyait ailleurs pour continuer l’oeuvre qu’il avait
commencée, quand il ne pouvait plus s’en occuper lui-même ; [3:13] et puis ceux
qui travaillaient de leur propre mouvement et sans avoir été envoyés par
l’apôtre. Or cette double activité n’entraînait avec elle aucune jalousie. Paul
ne négligeait pas les troupeaux qui lui étaient chers ; il se réjouissait de ce
que, qui que ce fût, sain dans la foi, arrosât les plantes qu’il avait plantées
lui-même [(1 Cor. 3:6)]. L’apôtre encourage Tite à témoigner à ces ouvriers
toute affection et à pourvoir à tous leurs besoins pour leur voyage. [3:14]
Cette pensée lui suggère l’exhortation qui suit, savoir que les chrétiens
feraient bien d’apprendre à faire des choses utiles pour subvenir aux besoins
des autres, comme aux leurs propres.
Ch. 3 v. 15 — Les
salutations de Paul
[3:15] L’apôtre termine son épître par les salutations que l’amour chrétien
produit toujours ; mais comme nous l’avons vu déjà au commencement de cette
épître, il n’y a pas ici l’effusion qui se trouve dans les communications de
Paul à Timothée. La grâce est la même partout ; mais il y a des affections et
des relations spéciales dans l’Assemblée de Dieu.