Chapitre 1er
L’ordre et les principes de la marche chrétienne, sujet de l’épître
[1:5] Ici, dans son épître à Tite, l’apôtre dit expressément qu’il avait laissé
Tite en Crète pour mettre en bon ordre les choses qui restaient encore à régler,
et pour établir des anciens dans chaque ville. Bien que des dangers plus ou
moins semblables à ceux que nous trouvons mentionnés dans l’épître à Timothée se
présentent aussi à sa pensée, l’apôtre aborde son sujet immédiatement et avec
une tranquillité qui montre que son esprit n’était pas préoccupé de ces dangers
de la même manière, et que l’Esprit pouvait l’occuper plus entièrement de la
marche ordinaire de l’Assemblée ; de sorte que l’épître à Tite est beaucoup plus
simple dans son caractère. La marche qui convient aux chrétiens à l’égard du
maintien de l’ordre dans leurs relations les uns avec les autres et les grands
principes sur lesquels cette marche est fondée, tel est le sujet du livre.
L’état de l’Assemblée se présente peu à notre vue. Les vérités qui découlent
plus entièrement de la révélation chrétienne et la caractérisent, occupent plus
de place dans cette épître que dans celles à Timothée. D’un autre côté, les
prophéties à l’égard de l’avenir de la chrétienté, et le développement de la
chute de celle-ci déjà en voie de s’accomplir, ne sont pas répétées ici. Tout en
constatant d’une manière remarquable certaines vérités du christianisme, le ton
de l’épître est plus calme, plus ordinaire.
La promesse de la vie
dans les épîtres à Timothée et à Tite
[1:2] Toutes les trois, elles parlent plus particulièrement de la promesse de la
vie [(1 Tim. 4:8 ; 2 Tim. 1:1)]. Au reste, cette promesse distingue le
christianisme et la révélation de Dieu (comme Père) en Christ, d’avec le
judaïsme.
Ch. 1 v. 1-3 —
Introduction de l’épître
Les grands principes du christianisme
Mais ici, dès les premiers mots, les grands principes du christianisme sont mis
en avant. [1:1] La foi des élus, la vérité qui est selon la piété, [1:2] la
promesse de la vie éternelle avant les temps des siècles [1:3] et la
manifestation de la parole de Dieu par la prédication, forment le sujet de
l’introduction de l’épître. Comme dans les épîtres à Timothée [(1 Tim. 1:1 ;
2:3)], le titre de « Sauveur » est ajouté à celui de Dieu ( [1:4] ainsi qu’à
celui de Christ).
Le sujet du ministère
de Paul, révélation pour la foi
Cette introduction n’est pas sans importance. [1:3] Ce qu’elle renferme est
présenté par l’apôtre à Tite, comme caractérisant son apostolat, et comme le
sujet spécial de son ministère. [1:2] Ce ministère n’était pas un développement
du judaïsme, mais la révélation d’une vie et d’une promesse de vie qui
subsistait (savoir dans le Christ, objet des conseils divins) avant les temps
des siècles ; [1:1] aussi la foi se trouvait-elle, non dans la confession des
Juifs, mais dans les élus, amenés à la connaissance de la vérité par la grâce.
La vraie foi chrétienne était la foi des élus : vérité importante et qui
caractérise la foi dans le monde. D’autres peuvent bien adopter cette foi comme
système, mais la foi est, en soi, « la foi des élus ».
Ch. 1 v. 1 — La foi des
élus
La foi place dans une relation personnelle avec Dieu, hors du système juif
Au milieu des Juifs, il n’en était pas ainsi : la confession publique de leur
doctrine et la confiance dans les promesses de Dieu appartenaient à tout homme,
Israélite de naissance. D’autres que les élus peuvent prétendre à la foi
chrétienne, [1:1] mais elle est « la foi des élus » : elle est, de sa nature,
telle que la nature humaine ne l’embrasse point, ne la conçoit pas ; elle est
une pierre d’achoppement pour cette nature ; elle décèle une relation avec Dieu
qui, pour la nature, est inconcevable et en même temps présomptueuse et
insupportable. Pour l’élu, cette relation est la joie de son âme, la lumière de
son intelligence et l’appui de son coeur. La foi le place avec Dieu dans une
relation qui est tout ce que le coeur de l’élu peut désirer, mais qui dépend
entièrement de ce que Dieu est ; et c’est là ce que le croyant veut. C’est une
relation personnelle avec Dieu Lui-même ; c’est pourquoi c’est la foi des élus
de Dieu. Par conséquent, elle est pour tous les gentils, aussi bien que pour les
Juifs.
La foi entre dans
l’intimité avec Dieu, dans la piété
Cette foi des élus de Dieu a un caractère intime, en relation avec Dieu Lui-même
: elle repose sur Lui, elle connaît le secret de son conseil éternel, de cet
amour qui a fait des élus l’objet des conseils divins. Mais un autre caractère
se rattache à cette foi, savoir, la confession devant les hommes. [1:1] Il y a
la vérité révélée, par laquelle Dieu se fait connaître et réclame la soumission
de l’esprit de l’homme et l’hommage du coeur de l’homme. Cette vérité place
l’âme dans une relation vraie avec Dieu ; elle est la vérité selon la piété.
La confession de la
vérité accompagne la foi
La confession de la vérité est donc un caractère important du christianisme et
du chrétien. Il y a dans le coeur la foi des élus, la foi personnelle en Dieu et
dans le secret de son amour, et puis la confession de la vérité.
Ch. 1 v. 2 — La
promesse de la vie éternelle
La vie éternelle est l’espérance de la foi
[1:2] Or ce qui faisait l’espérance de cette foi, ce n’étaient pas les biens de
la terre, une postérité nombreuse, la bénédiction terrestre d’un peuple reconnu
de Dieu comme sien ; c’était la vie éternelle, promise de Dieu en Christ avant
les temps des siècles, une vie en dehors du monde, du gouvernement divin du
monde et du développement du caractère de l’Éternel dans ce gouvernement.
La vie éternelle,
émanation et reflet de la nature de Dieu lui-même
[1:2] C’était la vie éternelle. Cette vie est en rapport avec la nature et avec
le caractère de Dieu Lui-même ; c’est une vie qui, ayant sa source en Lui,
venant de Lui, était la pensée de sa grâce et avait été déclarée telle en
Christ, avant qu’il y eût un monde, dans lequel le premier homme fut introduit
sous une responsabilité1, et qui formât la sphère du déploiement du gouvernement
de Dieu sur ce qui Lui était assujetti, chose bien différente de la communion
d’une vie par laquelle on participe à sa nature et qui est le reflet de cette
nature. C’est là l’espérance de l’Évangile (car nous ne parlons pas ici de
l’Assemblée), le secret trésor de la foi des élus, ce dont la vérité révélée
nous assure.
1 L’histoire du premier homme, c’est son manquement à cette responsabilité jusqu’à Christ, le second homme, et la croix sur laquelle Christ a porté pour nous les conséquences de ce manquement et nous a obtenu auprès de Lui la vie éternelle, dans toute la gloire de cette vie.
Notre part à la vie
éternelle est l’objet des conseils éternels de Dieu
[1:2] L’expression : « promise avant les temps des siècles » est une expression
remarquable et importante : on est admis aux pensées de Dieu avant que cette
scène changeante et mélangée ait existé — cette scène, témoin de la faiblesse et
du péché de la créature, de la patience et des voies de Dieu en grâce et en
gouvernement. La vie éternelle se rapporte à la nature immuable de Dieu, à des
conseils qui restent fermes comme sa nature, à ses promesses dans lesquelles il
ne saurait nous tromper, auxquelles il ne saurait manquer. Notre part dans la
vie existait avant la fondation du monde, non seulement dans la personne du
Fils, mais dans les promesses faites au Fils comme notre part en Lui. Cette vie,
et la part que nous devions y avoir, était le sujet de ces communications du
Père au Fils, dont nous étions les objets, le Fils en étant le dépositaire1 :
merveilleuse connaissance qui nous a été donnée des communications célestes dont
le Fils était l’objet, afin que nous comprenions la part que nous avons dans les
pensées de Dieu dont nous étions l’objet en Christ avant tous les siècles !
1 Comparez Proverbes 8:30, 31 ; Luc 2:14 et Psaume 40:6-8, « tu m’as creusé des oreilles », c’est-à-dire « formé un corps », la place d’obéissance, ou d’un esclave (Phil. 2 [v. 7]), ainsi traduit par les Septante et accepté comme correct dans l’épître aux Hébreux.
Ch. 1 v. 3 — La Parole
est la révélation des pensées de Dieu, en Christ
[1:3] Par ce passage nous comprenons aussi plus clairement ce que c’est que la
Parole. La Parole est la communication, dans le temps, des pensées éternelles de
Dieu Lui-même en Christ. Elle trouve l’homme sous la puissance du péché, révèle
la paix et la délivrance, et montre comment il peut avoir part aux fruits des
pensées de Dieu ; [1:2] mais ces pensées mêmes ne sont autre chose que le
dessein, le propos éternel de sa grâce en Christ, de nous donner la vie
éternelle en Christ, une vie qui existait par devers Dieu avant les temps des
siècles. [1:3] La Parole est prêchée, manifestée, c’est-à-dire la révélation des
pensées de Dieu en Christ. [1:2] Or ces pensées nous donnent la vie éternelle en
Christ, et la promesse en a été faite avant les siècles. Les élus, en croyant,
savent cela et possèdent la vie elle-même ; ils ont le témoignage en eux-mêmes :
[1:3] mais la Parole est la révélation publique sur laquelle la foi est fondée
et qui a une autorité universelle sur les consciences des hommes, qu’ils la
reçoivent, ou qu’ils ne la reçoivent pas. Exactement comme dans 2 Timothée 1:9,
10, elle est présentée comme étant le salut, mais ayant été alors manifestée.
Le caractère des
vérités communiquées par les apôtres
La foi est la vérité connue des fidèles, annoncée par Paul
[1:1] On remarquera que, ici, « la foi » est la foi personnelle dans une vérité
connue, la foi que peuvent seuls avoir les élus qui possèdent la vérité comme
Dieu l’enseigne. L’expression de « la foi » est employée aussi dans la Parole
pour le christianisme comme système, en contraste avec le judaïsme ; ici, « la
foi » est le secret de Dieu en contraste avec une loi promulguée à un peuple
extérieur. [1:2] Cette promesse qui datait dès avant les siècles révélés, et qui
était souveraine dans son application, [1:3] était particulièrement confiée à
l’apôtre Paul pour qu’il l’annonçât par la prédication (vers. 3).
L’accomplissement des
promesses, développé par Pierre
L’évangile confié à Pierre est davantage la proclamation de l’accomplissement
des promesses faites aux pères, lesquelles Paul reconnaît aussi, avec les faits
évangéliques qui confirmaient ces promesses et les développaient par la
puissance de Dieu manifestée dans la résurrection de Jésus, témoin de la
puissance de cette vie.
Les caractères de la
vie de Christ, présentés par Jean
Jean nous présente davantage la vie dans la personne de Christ, et ensuite
communiquée à nous, une vie dont il nous montre les traits caractéristiques.
Ch. 1 v. 4-11 —
L’établissement des anciens, mission de Tite en Crète
Contraste des relations de Paul avec Timothée et Tite — L’autorité et la sagesse
apostoliques, bases de la mission de Tite
On trouvera qu’il n’y a pas chez l’apôtre la même intimité de confiance à
l’égard de Tite qu’à l’égard de Timothée : Paul n’ouvre pas son coeur à Tite de
la même manière. [1:4] Tite est un bien-aimé et fidèle serviteur de Dieu,
l’enfant aussi de l’apôtre, dans la foi ; mais Paul ne lui ouvre pas son coeur
de la même manière ; il ne lui communique pas ses plaintes, son inquiétude, il
n’épanche pas son coeur dans le sien, comme il le fait avec Timothée. Dire à une
personne tout ce qu’on voit de brisant, d’inquiétant dans l’oeuvre à laquelle on
travaille, voilà la preuve de la confiance ; on a de la confiance à l’égard de
l’oeuvre, mais l’on parle aussi de l’oeuvre à l’égard de soi, à l’égard de tous
; on se laisse aller sans réserve et en toute liberté à parler de soi, de ce
qu’on sent, de tout. C’est ce que l’apôtre fait avec Timothée, et ce dont le
Saint Esprit a voulu nous donner le tableau. La doctrine préoccupait l’apôtre
par-dessus tout, dans ses communications à Timothée. C’était par là que l’Ennemi
travaillait et s’efforçait de ruiner l’Assemblée. Les surveillants ne viennent
dans la pensée de Paul que comme chose accessoire quand il parle à Timothée [(1
Tim. 3:1)] ; [1:5] ici, ils sont en première ligne. L’apôtre avait laissé Tite
en Crète pour mettre en bon ordre les choses qui restaient à régler, et pour
établir des anciens dans chaque ville suivant qu’il le lui avait déjà ordonné.
[1 Tim. 3:1] Il ne s’agit pas ici du désir que quelqu’un pourrait avoir de
devenir surveillant ; [1 Tim. 3:2-7] il ne s’agit pas non plus de décrire le
caractère qui convenait à cette charge ; [1:5] mais il s’agit d’établir des
surveillants, tâche pour l’accomplissement de laquelle Tite était muni
d’autorité de la part de l’apôtre. [1:6-9] Les qualités nécessaires lui sont
communiquées afin qu’il puisse décider, selon la sagesse apostolique ; [1:5] de
sorte que, d’un côté, il était revêtu d’autorité par l’apôtre pour les établir,
[1:6-9] et que, d’un autre, il était instruit de sa part à l’égard des qualités
requises. L’autorité et la sagesse apostoliques concouraient ensemble pour
rendre Tite capable d’accomplir cette oeuvre importante et sérieuse.
L’autorité confiée de
Dieu dans les assemblées
[1:5] On voit aussi que ce délégué apostolique était autorisé à mettre en ordre
ce qui était nécessaire pour le bien-être des assemblées en Crète ; ces
assemblées, fondées déjà, manquaient encore de direction sur bien des détails de
leur marche ; et les soins apostoliques étaient nécessaires pour leur donner des
directions, ainsi que pour l’établissement de fonctionnaires dans les assemblées.
L’apôtre avait confié cette tâche à la fidélité approuvée de Tite, muni par
parole et, ici, par écrit, de l’autorité de l’apôtre lui-même, de sorte que
rejeter Tite, c’est rejeter l’apôtre et, par conséquent, le Seigneur qui l’avait
envoyé. C’est une chose sérieuse que l’autorité dans l’assemblée de Dieu, une
chose qui vient de Dieu Lui-même. Elle peut s’exercer comme influence par le don
de Dieu, par des fonctionnaires, lorsque Dieu les établit par des instruments
qu’il a choisis et envoyés dans ce but.
Les qualités requises
du surveillant
[1:6-9] Il est inutile d’entrer ici dans le détail des qualités qui sont
nécessaires pour remplir convenablement la charge de surveillant ; elles sont au
fond les mêmes que celles mentionnées dans l’épître à Timothée [(1 Tim. 3:2-7)].
Ce sont des qualités, non pas des dons — des qualités extérieures, morales, et
de circonstance, qui démontrent l’aptitude de l’individu à la charge de
surveiller les autres. [1:7] On peut s’étonner peut-être que l’absence de fautes
grossières trouve une place dans la liste de ces qualités ; mais les assemblées
étaient plus simples qu’on ne le pense ; les personnes qui les composaient
étaient sorties récemment des habitudes les plus fâcheuses. Une conduite
précédente qui commandait le respect des autres était, par conséquent,
nécessaire pour donner du poids à l’exercice des soins de surveillance. [1:9]
Ceux qui étaient revêtus de cette charge devaient aussi pouvoir réfuter les
contredisants : [1:10] car ils en rencontreraient, et en particulier parmi les
Juifs, qui étaient toujours et partout actifs pour s’opposer à la vérité, et
subtils pour pervertir les esprits.
Ch. 1 v. 12-14 — Les
difficultés liées aux Crétois nécessitaient de la fermeté
[1:12] Le caractère des Crétois occasionnait d’autres difficultés et exigeait
l’exercice d’une autorité péremptoire ; [1:14] le judaïsme se mêlait chez eux
avec l’effet du caractère national. [1:13] Il fallait être ferme et agir avec
autorité pour que les Crétois chrétiens demeurassent sains en la foi.
Ch. 1 v. 15-16 — La
pureté du coeur et les ordonnaces extérieures
[1:15] Au reste il s’agissait encore d’ordonnances et de traditions, ces
interdits dans l’Assemblée de Dieu, qui le provoquent à la jalousie et
s’opposent à sa grâce en exaltant l’homme. Ceci, disait-on, n’est pas pur, et
cela est défendu par une ordonnance : mais Dieu veut le coeur. Toutes choses
sont pures pour ceux qui sont purs ; celui qui a le coeur souillé n’a pas besoin
de sortir de lui-même pour trouver ce qui est impur, mais il est commode pour
lui de le faire afin de pouvoir oublier son impureté. Les pensées et la
conscience sont déjà corrompues. [1:16] On parle de la connaissance de Dieu, on
le renie dans ses oeuvres ; on est inutile et, à l’égard de toute oeuvre
vraiment bonne, réprouvé.