Psaume 80
Circonstances historiques d’Israël, et ses épreuves extérieures
Le Ps. 80 montre, d’une manière remarquable, que nous sommes ici sur le terrain d’Israël, de ses circonstances historiques dans le passé ou dans l’avenir : ce n’est point Christ qui nous y est présenté, quoique naturellement tout dépende de lui, ni les Juifs fidèles au milieu de la congrégation apostate. Nous voyons bien Jérusalem prise, des assemblées de peuples, d’anciennes délivrances d’Israël, en un mot l’histoire de la nation, ou la prophétie au sujet de circonstances nationales, mais tout est extérieur ; point d’épreuves intérieures de nature à faire intervenir Christ personnellement sur la scène, sauf quand il reçoit la congrégation, alors que les fidèles en Israël sont distingués. Ce n’est pas non plus à l’Éternel qu’on s’adresse (sauf pour l’avenir, quand on entre dans la nouvelle alliance), jusqu’au jugement de la dernière confédération, qui fait connaître l’Éternel comme le Très-Haut sur toute la terre. Je pense que ces Psaumes n’excluent pas les Juifs ; ils font partie d’Israël, et c’est en Judée que Jéhovah sera révélé : seulement ce qui est introduit d’une manière historique, c’est tout Israël, y compris Joseph ; la nation, en un mot. [80:1] Dieu est invoqué comme le Berger d’Israël qui mène Joseph comme un troupeau et qui est assis entre les chérubins : encore ici, il s’agit d’Israël dans le sens historique ; ce n’est point Dieu appelant ou venant du ciel ; il n’est vu par la foi, que lorsqu’il a pris sa place en Israël.

Attente de la manifestation de la puissance de Dieu, et cette puissance sur le fils de l’homme
Le Psaume qui nous occupe est un Psaume remarquable. [80:1] Dieu est en Israël, et son trône y est aussi, de droit ; on s’attend à ce qu’il fasse reluire sa splendeur [80:2] et réveille sa puissance pour secourir son peuple ; on lui rappelle les temps anciens, lorsque autrefois, en Israël dans le désert, Éphraïm, Benjamin et Manassé se trouvaient immédiatement après l’arche, derrière le tabernacle, et que, le camp étant en marche, le sanctuaire allait immédiatement devant eux, et l’on demande que ces temps se renouvellent. [80:4] C’était Jéhovah, le Dieu des armées. [80:3] La foi soupire après sa présence, en puissance, au milieu de son peuple, comme au temps jadis. [80:4] La question est celle-ci : « Jusques à quand » (l’ardent désir de la foi) « ta colère fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? ». Tels sont ici les pensées et le langage de la foi ! [80:8] La vigne, transportée d’Égypte, [80:16] était ravagée ; [80:12] sa haie, selon la menace proférée par Ésaïe [(És. 5:5)], était rompue ; [80:5] des larmes étaient le seul breuvage du peuple de l’Éternel ; [80:14] le fidèle supplie Dieu de regarder des cieux et de visiter la vigne : [80:15] le cep qu’il avait planté et le provin [branche de vigne qui prend racine] qu’il avait fortifié pour lui-même — ce dernier signifiant la famille de David, je suppose. [80:16] Néanmoins l’état d’Israël était un châtiment de la part de Dieu. En outre, la foi s’attend à ce que la puissante main divine soit sur l’homme de cette puissance, le Fils de l’homme que Dieu s’était fortifié pour Lui-même (vers. 17). Nous pouvons comprendre d’après ce passage, et non pas seulement d’après Dan. 7 [(v. 13-14)] qui donne simplement au Fils de l’homme une place particulière, pourquoi le Seigneur prend habituellement le titre de Fils de l’homme. Quoique rejeté, il est celui sur lequel la droite de Dieu doit être en puissance. C’est à ce passage que le Seigneur fait allusion en Luc 22:69, en disant : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu ». Descendu ici-bas en grâce, sa mission était terminée ; désormais on ne le connaîtrait plus qu’élevé au pouvoir judiciaire. Cela donne une grande importance à ce nom qui, selon le Psaume 8, apporte la délivrance du résidu d’Israël selon toute la vaste portée de sa puissance. Comme Fils de l’homme, l’humanité, dans sa Personne et selon les conseils de Dieu, est élevée au-dessus de toutes les œuvres de la main de Dieu [(Ps. 8:6)]. Il est le Seigneur de tout, mais comme homme, et en vertu de son œuvre en faveur de son peuple, il effectue cette délivrance du résidu d’Israël. De cette manière, le peuple de Dieu sera gardé. Telle est la portée de la requête de ce Psaume : [80:1-2] l’intervention en puissance de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; [80:17] la puissance placée sur le Fils de l’homme ! La requête a sa source dans la grande détresse d’Israël ; cependant la foi s’attend à l’Éternel, et le voit intervenir en Israël. [80:18] Lorsqu’il les aura visités ainsi, ils ne se retireront plus en arrière de lui ; quand il leur aura rendu la vie, ils invoqueront son nom de Messie. Les vers. 3, 7 et 19 montrent le sujet du désir : « Ramène-nous » ; cependant c’est encore la délivrance extérieure qu’ils attendent. Le verset 17 demande une attention spéciale au point de vue déjà signalé : il indique ce qui était dans la pensée du Seigneur, lorsqu’il présentait aux siens cette immense anomalie que le Fils de l’homme devait souffrir. Le Psaume 8 donne la clef des desseins de Dieu, quant à l’humiliation et à l’exaltation, et à la place de l’homme ; c’est sur cette humiliation que le Seigneur insistait auprès de ses disciples. [80:17] Ici, les fidèles attendent que la puissance divine se déploie en lui. L’Église et son union avec Christ, puis l’adoption connue individuellement, sont les seules choses qui ne soient pas, que je sache, révélées dans l’Ancien Testament. Tout ce qui concerne Christ y est révélé, sauf encore peut-être, la position présente de Christ comme sacrificateur. Ni l’une ni l’autre de ces choses ne sont mentionnées parmi les titres donnés à Christ dans le premier chapitre de l’évangile de Jean.